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« Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or », telle est la vision de
Baudelaire face à sa poésie. Il est souvent considéré comme le pionnier du
symbolisme bien qu’il ne s’en définit pas comme tel. C’est un contemporain du
Parnasse, c’est-à-dire qu’il est à la recherche de la perfection de la forme.
Baudelaire dédie d’ailleurs Les Fleurs du Mal à Théophile Gautier poète
parnassien qu’il qualifie de « poète impeccable ». Le recueil Les Fleurs du Mal
publié en 1857, se divise en sept sections : Spleen et Idéal, Tableaux parisiens,
Le Vin, Fleurs du Mal, Révolte, La Mort, ainsi que Pièces condamnées. Le titre
de l’œuvre est provocateur, en effet, l’alliance antithétique de fleur liée à la
beauté, la grâce, la noblesse et le mal qui est en fait le Spleen. En vertu de ces
éléments, il s’avère légitime de se demander en quoi consiste l’esthétique
Baudelairienne du recueil Les Fleurs du Mal entre spleen et idéal. Dès lors, il
s’agira de voir les Tableaux parisiens comme objet poétique, avant d’étudier
l’état d’âme macabre et douloureux du recueil qui permet de donner l’or de la
forme, puis de finir sur l’écriture du recueil qui donne à voire l’Idéal plus que
le victimaire.

Tout d’abord, nous allons étudier les Tableaux Parisiens comme objet
poétique.
Pour commencer, la section Tableaux Parisiens a été écrite par
Baudelaire en tant que remède face au spleen. En effet, il décida de mener une
vie sociale active afin d’oublier ses malheurs. Le poème « le Cygne » fait
référence à la destinée humaine. Le poème souligne les douleurs de ceux qui
ont tout perdu et sont pendus dans la ville. En effet, le poète pensait que s’il
restait avec les plus démunis et misérable, il pourrait trouver un sens à sa
propre vie, et donc se libérer de ses maux. En ajout, le poème « Les Petites
Vieilles » montre un travail du vers de Baudelaire très surprenant.
Effectivement, il donne l’impression qu’il existe un cercueil dans lequel
doivent entrer les corps une fois mort, et seulement par la forme du poème.
Ensuite, la ville est prise en représentation des vices et des péchés par
Baudelaire. En effet, nous pouvons le constater notamment dans le poème
intitulé « le Jeu ». Ce poème a pour but de montrer par une scène banale a quel
point les bourgeois sont superficiels et vicieux. Le poète montre la vie de
débauche vécue par les Parisiens : « Voilà le noir tableau qu’en un rêve
nocturne/ Je vis se dérouler sous mon œil clairvoyant » (v.12/13). Baudelaire
dénonce la vie parisienne, il la dénigre. En plus, le poème « A une passante »
décrit le passage d’une courtisane devant le narrateur. Il compare sa jambe a
une statue, cela accentue la dimension éternelle du poème.

Nous allons maintenant étudier l’état d’âme douloureux et macabre qui


permet de donner l’or de la forme.
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Le Spleen est présent dans tout le recueil car il évoque le mal-être de


Baudelaire. En outre, le Spleen définit le mal, le satanique, le vice et le
macabre. Dans la section Spleen et Idéal, il y a quatre poèmes intitulés
« Spleen ». Ils décrivent cet état de tristesse et de mélancolie constante du
poète. En effet, Baudelaire parle de son angoisse envers le temps et de sa vision
de la mort. Il évoque à plusieurs reprises les cercueils et les cimetières, ce qui
accentue la dimension funèbre du poème. De plus, on remarque ce champ
lexical dans l’entièreté du recueil. La poésie donne à voir le beau dans la
lamentation et le souvenir d’une émotion douloureuse par le travail du style.
Effectivement, nous pouvons prendre comme exemple le poème intitulé
« L’Idéal » qui est un sonnet avec un réel travail des sonorités. La beauté
poétique nous fait voyager dans une expérience existentielle même si le poète
se voit emprisonner dans un monde de douleur.
Ensuite, nous observons que Baudelaire rompt avec la tradition
poétique. Le poème « Une Charogne » le démontre parfaitement. En effet, le
poète recrée la beauté à partir d’un animal en décomposition. Il exagère la
décomposition de l’animal dans un premier temps, afin d’ensuite permettre un
travail de recomposition par l’écriture et la sublimation. Baudelaire élabore un
univers nouveau uniquement possible grâce à la poésie. Nous pouvons
maintenant prendre Ronsard comme exemple de la tradition poétique. Dans son
poème Mignonne, allons voir si la rose » de son recueil Odes, Ronsard
compare Cassandre à une fleur. La beauté est éphémère, tout comme la fleur.
D’où, « Cueillir la Rose entre le matin et le soir avant qu’elle ne se fane ».
Mais Baudelaire, lui, ne choisit pas la rose mais plutôt la charogne en
décomposition qui rend le poème macabre et trivial.

Pour finir, nous allons voir que Les Fleurs du Mal est un recueil qui
donne à voir l’idéal plus que le victimaire.
Les poèmes du recueil donnent à voir le beau et permettent de faire de
l’or. Grâce à la femme aimée, par exemple, qui est dépeinte comme une figure
supérieure, presque divine. Comme dans le poème « la Géante », le poète
idéalise la figure féminine. Ainsi, le poème « La Chevelure » permet d’accéder
à un tout autre monde par la forte présence des sens tactiles et olfactifs :
« toisons moutonnantes », « encolures », « crinière » ou encore « je la veux
agiter dans l’air comme un mouchoir », ou « parfum ». Tout cela permet
d’effectuer un voyage spirituel qui mêle beauté et rêverie à travers l’idéal.
Ensuite, dans le poème intitulé « Invitation au voyage » dans la section
Spleen et Idéal, Baudelaire est à la recherche d’un monde idéal sublimé par le
langage poétique. Le poète interprète la langue de l’invisible « Tout y
parlerait / A l’âme en secret / Sa douce langue natale (v.24/26). Puis, le poème
« Moesta et errabunda » qui montre en fait par le jeu des sonorités et

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l’assonance en /r/ à la fin du poème, la beauté d’un souvenir d’enfance perdue


et l’envie de le retrouver.

Ainsi, l’esthétique Baudelairienne est le résultat d’un travail poétique.


L’alchimie de la boue et de l’or rendent beau des thèmes considérés comme
immoraux, triviales ou banales à travers l’élaboration d’une forme poétique
moderne et provocatrice. Le recueil Les Fleurs du Mal est une véritable source
d’inspiration pour de nombreux poètes et mouvements postérieurs qui
continuent par le biais de la poésie, d’enchanter l’ordinaire et lui donner un
sens nouveau, loin de la vision victimaire. Ce qui se donne à voir dans Les
Fleurs du Mal, c’est l’émergence d’un idéal.

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