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Eléments biographiques
Le père de Charles BAUDELAIRE (un prêtre « défroqué »), meurt en 1827 lorsque
son fils a 6 ans. Un an plus tard, sa mère se remarie avec le chef de bataillon Jacques
AUPICK, un militaire très strict qui deviendra ambassadeur et qui ne comprendra jamais
l’artiste.
Renvoyé du lycée Louis-le-Grand en 1839, pour une broutille, Baudelaire mène une
vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par sa mère et son beau-père. Celui-
ci, jugeant la vie de son beau-fils "scandaleuse", décide de l'envoyer en voyage vers les
Indes, qu'il n'atteindra jamais.
De retour à Paris, il s'éprend de Jeanne Duval, jeune métisse (on trouve souvent le
terme « mulâtresse »), avec laquelle il connaîtra les charmes et les amertumes de la
passion. Dandy endetté, il est placé sous tutelle judiciaire et connaît dès 1842, une vie
misérable. Il commence alors à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal.
Le recueil paraît en 1857 à 500 exemplaires. Il sera poursuivi en 1861 pour « offense à la
morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs », seul ce
dernier chef d'inculpation condamnera Baudelaire à une forte amende de 300 francs, qui fut
réduite à 50 francs suite à une intervention de l'impératrice Eugénie (Epouse de Napoléon
III).
Il meurt de la syphilis en 1867 sans avoir pu réaliser le projet d'une édition définitive,
comme il la souhaitait, des Fleurs du Mal, travail de toute une vie. Il est enterré au cimetière
de Montparnasse (6ème division), dans la même tombe que son beau-père le général
AUPICK et que sa mère.
L’esthétique baudelairienne
(Le mot spleen a pour origine grecque splēn et signifie "rate" en anglais. Ce terme fut
popularisé par le poète mais il était déjà utilisé au XVIIIème siècle par les poètes
romantiques allemands)
Dans la section des Fleurs du mal, intitulée "Spleen et Idéal", il prend une place
centrale et constitue le mal auquel est confronté le poète qui tente de lui opposer le
contrepoison de l'Idéal, représenté par exemple par l'amour idéalisé ou la quête de la
Beauté. Il décrit cet état spécifique qui définit, selon lui, la condition humaine : «Tout enfant,
j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires : l'horreur de la vie et l'extase de
la vie.»
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Toute la construction des Fleurs du Mal repose sur la question existentielle
suivante : Comment échapper au mal ?
Baudelaire, tout jeune encore, pour des raisons familiales, pour des raisons de
caractère qui lui font choisir une certaine forme de vie, souffre d'une hantise qui l'a poussé
à tenter de se suicider à 24 ans : « Je me tue parce que je suis inutile aux autres — et
dangereux à moi-même. Je me tue parce que je me crois immoral, et que j'espère. » Sauvé,
il se livrera ensuite à une activité fiévreuse et incohérente, continuant d'accumuler les
poèmes qui composeront Les Fleurs du Mal, tardivement publiées en 1857, condamnées,
modifiées et rééditées en 1861 et en 1868.
Le poète multiplie les tentatives et se réfugie auprès des femmes, abuse des drogues
et de l’alcool. Il invoque le Voyage, l’Elévation vers un mystérieux ailleurs mais la seule issue
véritable qui lui est offerte pour échapper à un monde voué au mal, c'est le sommeil, la mort.
Celle-ci est donc saluée sans horreur, elle est même d'une étrange douceur.
D'ailleurs, si le poète aspire à partir vers l’ailleurs, vers un autre monde, c'est que ce monde-
là n'est pas sa patrie véritable. L'âme ici-bas est en exil. De cette tendance il en résulte que
chez Baudelaire toute recherche est en même temps une évasion « N’importe où hors du
monde » (Le Spleen de Paris).