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Charles Baudelaire est, pour l’essentiel l’auteur d’un seul recueil, les
fleurs du mal paru en 1857. Ouvre de vingt années de travail, ayant
révolutionné la poésie. Cet œuvre avait suscité l’admiration de figures
imminentes telles Hugo, Flaubert, Gautier qui avaient loué sa modernité et sa
profondeur. Toutefois scandale pour d’autres, l’époque est à la vertu,
caractérisée par un fort attachement aux valeurs morales et à l'ordre établi.
Considéré comme une offense aux bonnes mœurs et une atteinte à la morale
religieuse, l'œuvre de Baudelaire a été censurée et l'auteur lui-même condamné.
Le thème de la femme
« … La femme est l’être qui projette la plus grande ombre ou la plus
grande lumière dans nos rêves. La femme est fatalement suggestive ; elle vit
d’une autre vie que la sienne propre : elle vit spirituellement dans les
imaginations qu’elle hante et qu’elle féconde. » Baudelaire.
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La femme, sujet permanent de la poésie depuis la littérature courtoise du
moyen Age à nos jours ; Chez Baudelaire, elle occupe une place centrale au sein
de "Les Fleurs du Mal", où les réalités abstraites prennent forme à travers les
traits féminins, et où les références littéraires ou mythologiques souvent
évoquées sont incarnées par des figures féminines telles que Circé ou Eurydice.
Initialement, Baudelaire entretient un lien profond avec sa mère, qu'il célèbre en
la divinisant, l'idolâtrant et l'adorant véritablement, dans le sens le plus littéral
du terme, en lui rendant un culte divin. Cependant, il semble avoir éprouvé, dès
son enfance, une certaine douleur et une mélancolie face au mariage de sa mère
avec le commandant Aupick, ressentant cela comme un abandon, voire une
trahison. Le thème du souvenir, empreint de nostalgie pour une enfance
idéalisée, innocente et naïve, s'entremêle avec une quête mythique d'un paradis
perdu. Fondamentalement, le mouvement des "Fleurs du Mal" semble chercher
à retrouver cette innocence de l'enfance, bercée par des sentiments de bonheur
innocent, comme en témoigne le poème "Berceuse dont la main aux longs
sommeils m'invite". Les poèmes expriment ainsi un désir absolu et inassouvi.
Il est notable que Baudelaire ait principalement fréquenté des prostituées ou des
femmes issues du demi-monde, manifestant une aversion envers les jeunes filles
à marier. Cette préférence se reflète dans son utilisation d'une langue qui défie
les conventions formelles et poétiques classiques. Trois femmes, bien que de
milieux différents mais partageant une certaine liberté de mœurs, ont
profondément marqué la vie de Baudelaire. Le désir amoureux, teinté d'intimité
charnelle, est orienté par les aspects physiques tels que le visage, le corps, la
chevelure ou même l'odeur de la femme aimée. Chaque muse a éveillé en lui
des émotions distinctes, et chaque cycle poétique est associé à l'inspiratrice qui
a laissé son empreinte dans son œuvre, partagé entre le désir de la mulâtresse
aux yeux noir, l’ange aux yeux bleus et l’idole aux yeux verts.
Jeanne Duval
En 1842 devient l’amant de Jeanne Duval (la vénus noire) une actrice
métisse, avec qui il entretient une liaison tumultueuse qui imprègne
profondément son œuvre à travers des poèmes majeurs tels que "Parfum
exotique", "La Chevelure" et "Hymne à la Beauté". Dans ces vers, l'amante est
comparée en une seule strophe à diverses figures mythiques telles qu'un ange,
une sirène, une fée, une reine unique, symbolisant ainsi la diversité et la
singularité de sa beauté. Elle incarne également le rythme, le parfum, la lueur,
offrant à son amant un monde au-delà de la simple matérialité.
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Cette liaison avec Jeanne commence peu après le retour de Baudelaire de son
voyage dans l'océan Indien, et elle devient sa seule véritable compagne lorsqu'il
décide de rompre avec sa famille pour vivre selon ses propres désirs. Leur
correspondance témoigne des querelles, des infidélités réciproques et finalement
de leur rupture. Cependant, lorsque Jeanne tombe malade et perd de sa beauté,
Baudelaire continue à lui venir en aide avec une remarquable générosité. Même
après leur séparation, ils restent liés, Jeanne étant la seule à conjurer la solitude
du poète et révélant en lui une facette opposée à celle du dandy égoïste qu'il
affectionne d'incarner, mettant en lumière sa qualité d'âme et sa compassion.
Jeanne, à bien des égards, est le miroir de Baudelaire : dans ses poèmes, elle
représente à la fois l'exotisme et la sensualité, mais aussi la figure de la femme
fatale, puisqu'il est possible qu'elle soit à l'origine de l'infection de Baudelaire
par la syphilis. Elle incarne le démon tourmenteur, les métamorphoses du
vampire, à la fois divine et maléfique, indépendamment de toute considération
satanique ou divine (de Satan ou de Dieu qu’importe !)
La présidente
En 1852, Baudelaire fait la connaissance de Mme Sabatier, dite "la
Présidente", une mondaine entretenue par un homme d'affaires fortuné, qui
tenait un salon fréquenté par l'élite bohème, des artistes et écrivains de l'époque,
tels que Feydeau, Musset, Nerval, Gautier, Edmond de Goncourt et Flaubert.
Alliant beauté et intelligence, Mme Sabatier était comparée par Baudelaire à
une courtisane vénitienne, et il lui voua longtemps un amour platonique et
idéalisé. Il lui adressait des lettres enflammées sous le couvert de l'anonymat,
telles que « À une femme trop gaie », « Réversibilité », « L’aube spirituelle », «
Le flambeau vivant », la percevant comme « l'Ange gardien, la muse et la
Madone », adoptant un ton empreint de soumission. Pour Baudelaire, cette muse
adorée mais inaccessible représentait une figure maternelle idéalisée, élevant
ainsi le recours à l'anonymat comme une protection contre un idéal élevé, voire
une substitution à sa propre mère. Cette dévotion atteignit son apogée lorsque
Baudelaire fit relier un exemplaire des "Fleurs du Mal" pour sa mère : « Don à
la présidente ».
Marie Daubrun
Il est frappant de constater que Baudelaire exprime son amour à la fois à
Marie Daubrun, une actrice avec laquelle il a eu une brève liaison, et à Mme
Sabatier, dans des termes similaires. Cependant, sa relation avec chacune d'elles
est diamétralement opposée. Marie Daubrun, une actrice capricieuse qui avait
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préféré un autre homme, incarne pour lui l'amante inaccessible, symbolisant
l'idée que "La femme dont on ne jouit pas est celle que l'on aime". Elle conserve
ainsi une aura qui la protège de la souillure du désir, étant perçue comme l'autre
moitié de son être, tant convoitée mais jamais totalement saisie. Lorsque
Baudelaire s'adresse à Mme Sabatier ou à Marie Daubrun, que ce soit dans ses
lettres ou dans ses vers, il les idéalise. Mme Sabatier est perçue comme "l'ange,
la muse et la Madone", tandis que Marie Daubrun est qualifiée d'idole, "l'ange
plein de gaieté". Pour Baudelaire, Marie Daubrun facilite l'expression de son
moi, encouragent un lyrisme propice à la rêverie et à l'évasion vers des paradis
éphémères tels que la drogue ou l'alcool. Cette évasion vers un ailleurs
lumineux et apaisé, mais inaccessible, se confond avec elle-même, son corps et
son visage, ce qui lui confère une dimension quasi-religieuse, en tant que
"sœur" qui s'est donnée à Jésus par amour ou peut-être comme l'âme sœur tant
recherchée pour s'unir avec elle. Ainsi, elle devient une source d'inspiration, une
guide mystique, une initiatrice permettant à Baudelaire de retrouver l'unité
primitive du monde et de satisfaire sa nostalgie de l'innocence et de la pureté.
Structure et fond
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Conclusion
Bibliographie
- Charles Baudelaire : Spleen et Idéal, Edition présentée, annotée et
commentée par Hubert Curial. Edition Hatier-Paris 2018
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- Baudelaire devant la femme : Luc Decaunes, collections poètes
d’aujourd’hui, Editions Seghers, 2001.
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- Baudelaire, Etude de : Les fleurs du mal (Analyses et commentaires)
Gérard Conio. Edition Marabout, Alleur (Belgique) 1992.