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« À une passante », Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », XCIII 1861.
À une passante
En 1857 Baudelaire publie pour la première fois, Les Fleurs du Mal. A cette époque, Paris
connait de profonds changements initiés par le Baron Haussman. La ville se transforme sous le
regard du poète et c’est dans ce contexte qu’une nouvelle édition des Fleurs du Mal, remaniée
après le procès, est publiée en 1861. Baudelaire ajoute à son recueil une section, « Tableaux
Parisiens », et y évoque dans un Paris en pleine mutation, des êtres marginaux évoluant dans un
espace urbain bouillonnant. Dans ce sonnet Baudelaire se remémore sa rencontre avec une belle
jeune femme dans les rues de la capitale. Nous nous demanderons dès lors comment ce rendez-
vous manqué incarne à la fois la recherche de l’idéal baudelairien et la victoire du spleen. Nous
verrons dans un premier temps que cette passante révèle l’idéal, puis dans un second temps, nous
montrerons que cette rencontre conduit le poète vers un spleen inévitable.
ANALYSE LINÉAIRE.
Piste de lecture : Comment Baudelaire renouvelle-t-il le topos de la rencontre amoureuse ?
Comment cette rencontre traduit-elle l’idéal baudelairien ?
Mouvements :
1e strophe : L’apparition de la passante
2e strophe : La fascination/Les émotions du poète
3e et 4e strophes : La chute : l’expression du désespoir ou Un amour impossible.
https://jpeuxpasjaibacdefrancais.wordpress.com/2020/11/05/explication-lineaire-n4-a-une-
passante-charles-baudelaire/
• Cette rencontre est à l’origine d’un coup de foudre, l’espoir d’un idéal pour le poète et
nous le distinguons dans le vers 9 via le substantif : « Un éclair ».
• Cependant, il laisse rapidement place à l’obscurité, au spleen. Les points de suspension
marquent une ellipse temporelle : « Un éclair … puis la nuit ! » et montrent que le départ
de la femme plonge le poète dans le désespoir.
• Ces points de suspension témoignent aussi de la fugacité de la rencontre qui n’a duré que
quelques instants.
• L’adjectif qualificatif : « Fugitive beauté » (v 8) n’est d’ailleurs pas choisi au hasard puisqu’il
exprime cette rapidité.
• Effectivement, le contre rejet : « Fugitive beauté / Dont le regard m’a fait soudainement
renaître » accentue la fuite de la passante.
• Elle incarne, cependant, un idéal amoureux pour le poète qui utilise le verbe : « renaître »
(v 10) afin de rendre compte de cette deuxième naissance offerte par la femme.
• Toutefois, la phrase interro-négative : « ne te verrai-je plus que dans l’éternité ? » (v 11)
nous indique que les retrouvailles avec la passante ne peuvent être envisagées que dans la
mort.
• Baudelaire montre que l’amour est impossible dans cette ville bruyante et hostile. La
gradation et la ponctuation expressive du vers 12 : « Ailleurs, bien loin d’ici ! Trop tard !
Jamais peut-être ! » insistent plus encore sur l’improbabilité de cet amour.
• L’énumération d’adverbes sous-entend parfaitement l’idée de fatalité. « Ailleurs », en
premier lieu, laisse imaginer une autre rencontre. « Bien loin » éloigne les chances de
revoir la passante. « Trop tard » et « jamais peut-être » révèlent la fatalité de cet amour.
• En outre, le chiasme du vers 13 grâce à la double négation : lexicale (« ignore ») et totale
(« ne sais ») : « Car j’ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais » montre que les destinations du
poète et de la passante ne sont pas les mêmes et que les chances de se croiser à nouveau
sont inexistantes.
• Le poème s’achève par une concetto (dernier vers dans un sonnet qui constitue une chute)
et l’utilisation du verbe aimer au subjonctif plus-que parfait, mode du possible: « ô toi que
j’eusse aimée » qui traduit le fait que Baudelaire aurait pu aimer cette femme mais que cet
amour est voué à l’échec.
Conclusion
Cette rencontre originale est source d’un espoir d’idéal mais la ville rend impossible ce rendez-
vous amoureux. La femme apparait ainsi comme une allégorie de l’idéal, mais cet absolu est
impossible à atteindre.
Le poète se retrouve donc confronté à sa solitude, en proie au spleen car cette rencontre n’aura
jamais lieu.
Ouverture :
Apollinaire dans « Sous le Pont Mirabeau » présente une métaphore lyrique sur la fuite du temps
et de l’amour.
La femme dans les Fleurs du Mal est source fait tendre le poète vers l’idéal ou vers le spleen. Dans
« L’invitation au voyage », Baudelaire imagine un voyage idéal loin de la ville. Mais ce voyage reste
hypothétique.
Objet d'étude : La poésie du XIX au XXIe siècle