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En quoi le poème La
chanson du Mal-Aimé
d'Apollinaire reflète-t-
il les ruptures du
XXème siècle ?
2021-2022
Thibault Cremers
6E Collège Saint-Louis
Sommaire
Introduction 3
La Chanson du Mal-Aimé 4
Retranscription de la poésie à analyser 4
Texte 1 5
Retranscription du texte 5
Texte 2 9
Retranscription du texte 9
Texte 3 11
Retranscription du texte 11
Bibliographie 12
Sources secondaires 12
Site internet : 12
Document PDF : 12
Syllabus de français : 12
La Chanson du Mal-Aimé
Collège Saint-Louis PAGE 3
Retranscription de la poésie à analyser
Texte 1
Retranscription du texte
Collège Saint-Louis PAGE 4
(...) « La Chanson du Mal-Aimé » fait partie des poèmes d’Alcools relatant l’amour impossible d’Apollinaire
pour Annie Playden, gouvernante anglaise rencontrée lors d’un séjour en Allemagne.
Dans ce poème, le poète suit sa bien-aimée dans la ville de Londres, en vain. Les cinq premières strophes font
le récit de cette poursuite.
Le poème se présente comme un récit à la première personne sur le thème de l’amour : « Et je chantais cette
romance ».
Ainsi, dans les cinq premières strophes, les temps du récit dominent :
♦ Imparfait : « je chantais », « ressemblait » (v. 2), « sifflotait », « semblions » (v. 7-8), « se lamentaient » (v.
19), « C’était » (v. 21).
♦ Passé simple : « vint », « me jeta », « fit », « suivis » (v. 3 à 6), « fus » (v. 12), « sortit », « reconnus » (v. 23-
24).
De plus, un cadre spatio-temporel apparaît dès les premiers vers : « Un soir […] à Londres » (v. 1).
Ce récit est celui d’une déception amoureuse, ce qui est mis en évidence par la présence successive du champ
lexical de l’amour et de la blessure et de la souffrance : « mon amour », « rencontre » (v. 3), « bien aimée » (v.
12), « sœur-épouse », « l’amour unique » (v. 14-15), « l’amour » (v. 25), « brûlant » (v. 16), « plaies », «
sanguinolent », « se lamentaient » (v. 18-19), « cicatrice » (v. 22).
Le poète insiste sur la thématique amoureuse à travers la répétition du mot « amour », d’abord marqué par la
possessivité : « Mon amour » (v. 3).
Mais au fur et à mesure, la déception se lit dans la tournure négative des phrases (« Si tu ne fus pas bien aimée
», v. 12 et « Si tu n’es pas l’amour unique », v. 15) et dans le lexique péjoratif : « honte » (v. 5), « mauvais » (v.
6), « inhumaine » (v. 21), « saoule » (v. 23), « fausseté » (v. 25).
Dans « la chanson du mal aimé », le narrateur fait deux rencontres successives qui l’amènent à un rejet de
l’amour.
La femme aimée n’apparaît pas directement dans le poème. Elle est évoquée à travers les deux personnages que
rencontre le poète dans les rues de Londres : un voyou et une femme saoule.
Sa ressemblance avec les deux personnages est explicite : « Un voyou qui ressemblait à / Mon amour » (v. 2-3),
« Une femme lui ressemblant » (v. 20).
Le poète insiste d’ailleurs sur cette ressemblance à travers le champ lexical de la ressemblance et de l’illusion,
du paraître : « ressemblait » (v. 2), « semblions » (v. 8), « ressemblant » (v. 20). La ressemblance est donc
fortement soulignée à chaque rencontre.
Au vers 3, la femme aimée et le voyou sont presque confondus. En effet, le rejet de l’expression « Mon amour »
au début du vers 3 met en évidence la confusion du poète : le vers 3 constitue la suite du vers 2 (« Un voyou qui
ressemblait à / mon amour« ), mais peut également se lire de manière autonome (« Mon amour vint à ma
rencontre« ).
Cette ressemblance entre la femme aimée et deux personnages déplaisants déprécie la femme aimée.
Cette dégradation est à la fois physique et morale : « voyou » (v. 2), « mauvais garçon », « sifflotait mains dans
les poches » (v. 6-7), « regard d’inhumaine », « cicatrice à son cou nu », « saoule » (v. 21 à 23). Ces
caractéristiques connotent en effet la débauche.
Transition : Au fil de ce récit linéaire, le poète rejette progressivement la femme aimée et l’amour.
II – La mise à distance progressive du poète et de ses sentiments A – Projection des sentiments du poète sur le
décor
« mon amour » (v. 3), « l’amour unique » (v. 15) => « l’amour même ».
Apollinaire met alors à distance ses sentiments, qu’il projette sur le décor.
En effet, à la cinquième strophe, le paysage urbain personnifié s’anime : « une rue/Brûlant de tous les feux de
ses façades/Plaies du brouillard sanguinolent/Où se lamentaient les façades » (v. 16 à 19).
Si le poète ne s’épanche pas sur sa déception amoureuse, le décor souffre et se plaint à sa place à travers un
langage hyperbolique : « Brûlant de tous les feux », « sanguinolent ».
Dans « La chanson du mal-aimé », les personnages principaux ne sont pas nommés directement.
Le poète-narrateur n’est nommé que dans le titre à travers le néologisme « mal-aimé » et dans le poème par la
première personne : « je » (v. 6, 13, 24), « moi» (v. 10).
La femme n’est désignée qu’à travers des pronoms : « tu » (v. 12) dans le monologue intérieur du poète, ou à la
troisième personne à travers d’autres personnages ( « Une femme lui ressemblant » (v. 20)). Elle se situe ainsi
entre présence et absence.
Si le cadre spatio-temporel offre quelques précisions, l‘indétermination est amorcée à la seconde strophe à
travers l’emploi des articles indéfinis : « Un soir », « Un voyou » (v. 1-2), « une rue » (v. 16), « Une femme »
(v. 20).
De plus, le paysage devient de plus en plus flou : on passe de la « demi-brume » (v. 1) au « brouillard » (v. 18),
de la réalité au rêve.
C – Du réel au rêve
En effet, la métaphore biblique nous entraîne hors de l’espace-temps : « Nous semblions entre les
maisons/Onde ouverte de la Mer Rouge/Lui les Hébreux moi Pharaon » (v. 9-10), tout en soulignant le
caractère vain de cette poursuite.
En outre, le narrateur énumère à la quatrième strophe une série d’impossibilités qui indiquent bien le
basculement du côté du rêve : « Que tombent ces vagues de briques/Si tu ne fus pas bien aimée/Je suis le
Par exemple, dans l’oxymore « vagues de briques » (v. 12), l’élément solide se transforme en élément liquide et
inversement, nous plongeant dans un univers onirique1.
De plus, comme dans le rêve, les images s’enchaînent avec fluidité, comme le souligne les nombreux
enjambements entre les vers (v. 2 à 3 et 3 à 4, 6 à 7, 16 à 17).
Enfin le décor, bien qu’ancré dans le réel, s’anime, ce qui n’est possible que dans les mondes du rêve et de la
poésie.
Transition : A travers ce récit d’une romance qui vire au cauchemar, le poète renouvelle le lyrisme poétique.
III – Un poème entre tradition et modernité : un renouveau poétique A – Thème et images : l’amour revisité
Dans la dédicace à Paul Léautaud, Apollinaire annonce le thème principal de sa chanson, l’amour : « Et je
chantais cette romance ».
L’amour est un thème poétique traditionnel, mais Apollinaire va ici le renouveler et le moderniser.
En effet, même si les registres lyrique et élégiaque2 sont présents, l’expression des sentiments est ici projetée
sur le paysage.
Par ailleurs, ce poème ne fait pas l’éloge de la femme aimée, comme dans la poésie lyrique traditionnelle. Au
contraire, le poète prend conscience de l’aspect illusoire et dégradant de l’amour : « Au moment où je
reconnus/La fausseté de l’amour même » (v. 24-25).
Encore plus surprenant, il a recours à des figures de voyous et de prostituées, personnages rares dans la poésie
lyrique.
Il mêle tradition et modernité en employant l’octosyllabe, vers régulier et le plus ancien vers français, tout en le
libérant des contraintes de la rime et de la ponctuation.
Ainsi l’absence de ponctuation accélère le rythme et peut créer des ambiguïtés au niveau du sens.
Aux vers 2-3 par exemple, le rejet et l’absence de virgule reproduisent la méprise du poète, qui croit reconnaître
son aimée dans les traits du voyou.
Quant aux rimes, elles sont plutôt approximatives et basées sur un système d’assonances et d’allitérations : «
Londres »/ « rencontre »/« honte » (v. 1 à 5), « briques »/ « Égypte »/ « unique » (v. 11 à 15), « inhumaine »/ «
taverne »/ « même » (v. 21 à 25).
Par ailleurs, la structure du poème est marquée par la juxtaposition des discours, des tons, des points de vue, des
univers et des sentiments.
Ainsi le poète affirme son amour (« Si tu n’es pas l’amour unique », v. 15) puis le rejette (« Au moment où je
reconnus/la fausseté de l’amour même », v. 24-25).
1 Relatif aux rêves.
2 Qui exprime la mélancolie, qui a la tristesse de l'élégie
Le rêve et l’imaginaire (« Je suis le souverain d’Égypte », v. 13) se juxtaposent à la réalité (« Nous semblions
entre les maisons/Onde ouverte de la Mer Rouge/Lui les Hébreux moi Pharaon », v. 8-10).
Les vingt-cinq premiers vers de « La Chanson du Mal-Aimé » sont caractéristiques de l’ensemble du poème,
basé sur un savant mélange entre tradition et modernité.
Fidèle à la symbolique du Phénix évoquée dans la dédicace à Paul Léautaud introduisant le poème, Apollinaire
montre que l’un des rôles du poète est de renouveler la tradition poétique, la poésie renaissant constamment de
ses cendres à l’image de l’animal légendaire.
Le poète reprend ici des thèmes et registres traditionnels de la poésie qu’il modernise à travers une liberté du
vers et de la forme et selon l’esthétique cubiste que l’on retrouve par exemple dans « Zone« , poème liminaire3
du recueil.
Texte 2
Retranscription du texte
Le 1er mai 1909, à peine dix ans après son séjour dans la ville de Stavelot (été 1899), Guillaume Apollinaire
fait paraître dans le prestigieux Mercure de France un long poème de trois cents vers, La Chanson du malaimé,
qui sera repris dans son premier recueil Alcools en 1913. Celui qui n'avait encore que vingt-neuf ans livrait là
l'un de ses plus beaux textes, un « triste et mélodieux délire » évoquant sur le ton du regret son amour
malheureux pour l'anglaise Annie Playden, avec un art qui fait la transition entre la poésie ancienne et celle qui
s'annonce, et qui place ce long poème au seuil d'une modernité que le poète a grandement contribué à instaurer.
Texte 3
Retranscription du texte
Bibliographie
Sources secondaires
Site internet :
- VIOUX, Amélie, “La Chanson du Mal-Aimé d'Apollinaire : commentaire” sur
https://commentairecompose.fr/la-chanson-du-mal-aime/, date non défnie (date de consultation : 27
novembre 2021)
Document PDF :
Syllabus de français :
- VOLL, Françoise, “Paroles de poètes du début du XXème siècle. Quelles significations donner à la
“modernité” ?”, 2021, Liège, Belgique