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Pistes pour les lectures analytiques des poèmes des Fleurs du mal

Baudelaire

Eléments biographiques
Baudelaire Charles (1821/1867)
Critique D’art : lire à ce propos les Ecrits sur l’Art dans votre Manuel.
Traducteur de E.A. Poe
Poète : Les Fleurs du mal, recueil condamné pour son immoralité.
Le Spleen de Paris, recueil de poème en prose.
Baudelaire appelle Spleen (nom anglais) l’état physique et psychologique qui gagne tout son
être face à la laideur quotidienne et humaine. Le poète est partagé entre Spleen et idéal, la
quête d’Absolu et pour cela il doit chercher à «extraire la beauté du Mal ». C’est la fonction
que Baudelaire se fixe dans son recueil ; et notamment dans l’Albatros.

Quand le ciel bas et lourd.


-Cinq quatrains
-Anaphore de « Quand »dans les trois premiers quatrains qui ne forment qu’une seule et
même phrase. Le poète insiste ainsi sur les circonstances de l’apparition du spleen et la notion
d’enfermement : Le ciel est « lourd » en haut, la terre, en bas forme les murs d’un « cachot »,
dont les grilles se referment sur le poète « quand la pluie étalant ses immenses traînées.
D’une vaste prison imite les barreaux »
- le bestiaire infernal : «  chauve-souris, araignées. »
- Réseaux lexicaux : le noir, la tristesse, la morbidité voire le macabre.(« Vient tendre ses
filets au fond de nos cerveaux »).
- Un silence qui perdure pendant les trois premiers quatrains (on entend que les araignées avec
les allitérations en –R et en-S) et qui est brusquement rompu par la « furie » »des cloches »
qui sonnent le glas et annoncent le thème de la mort qui occupent les deux derniers quatrains.
- V.14 «  un affreux hurlement », personnification des cloches qui représentent le cri de
douleur absolue lancé par le poète.
-V.15/16 : Plainte du poète rendue par les allitérations en –R et –S. Le poète est harcelé par la
douleur du Spleen ( « o-pi-ni-â-tre-ment », diérèse, effet d’insistance). La quête du salut pour
Baudelaire inséparable de l’idée de libération du Spleen et de la condition humaine
-V.17 Le tiret qui marque chez Baudelaire un changement radical de thème : celui de la mort
et de l’enterrement : la mort apporte le repos et le calme : « sans tambours ni musique » et le
sonorités vocaliques sourdes.
-V.18 L’Esprit, après le corps, est gangrené et est gagné par la corruption. L’Espoir en
contre-rejet, pour montrer à quel point le poète est désespéré.
-V.19 : Rythme très travaillé pour rendre l’impression d’un cortège funèbre. La mort
( l’Angoisse) triomphe et l’Espoir et du poète.
V.20 : Le « drapeau noir » parachève le tableau funèbre, et connote le drapeau des pirates qui
usurpent une terre. En signe de soumission à ce pouvoir tyrannique, le poète «  s’incline.

Types de questions que l’on pourrait vous poser en vue de la lecture analytique du
texte :
1/ Comment le spleen s’exprime-t-il dans ce poème ?
2/ Par quels procédés le poète parvient-il à rendre son mal être plus poignant ?
3/Comment dans ce poème la douleur physique et la douleur morale sont –elles évoquées ?

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Correspondances 
Le thème de la comparaison, exprimé par le verbe se répondre(V.8) souligne l’idée de la
correspondances et de l’effet d’écho. La comparaison évoque l’univers symbolique que
Baudelaire désire mettre en place. C’est le thème du rapprochement et de la confusion (d’où
les oxymores :vaste/profond ; nuit/clarté.)
Les correspondances sont des synesthésies. Elles sont d’abord horizontales (de sens à sens)
et elles peuvent être verticales. (un objet concret ou un impression peuvent être liés à un
concept abstrait).
D’où les nombreuses métaphores. La nature est un temple. La métaphore est filée avec le
terme piliers, puis le terme arbre. .
 »On peut retrouver le fil conducteur du texte et la relation entre les strophes. Le premier
quatrain définit une situation, celle d’ l’homme dans la nature, et leurs rôles respectifs ;
Nature, espace sacré, permettant l’accès au divin ; homme « récepteur » de messages
s’adressant à la fois à sa sensibilité et à son esprit, les premiers conduisant aux seconds, tous
permettant de saisir la complexité analogiques du monde et le jeu constant de relations entre
les différents domaines de perception et de compréhension. Le second quatrain et les deux
tercets jouent alors le rôle d’illustration de la première strophe et d’explication des
fonctionnements analogiques. En donnant, par des exemples, la clé de ces fonctionnements, le
texte en explicite le contenu et met en relief à la fois la fonction des sens et celle du langage. »
Le rôle du poète et de la fonction poétique du langage sont donc fondamentale. Voilà
pourquoi le poète doit toujours être en quête d’un nouveau langage plus performant et façon à
éclairer les hommes sur le sens du monde.

Types de question que l’on pourrait vous poser :


1/ Quelle définition donneriez-vous du terme « correspondances » par rapport à ce poème ?
2/ Comment les figures de style récurrentes dans ce poèmes se mettent-elle au service du
terme « correspondance » ?
3/ Comment ce poème est-il construit ?

La mort des amants


Sonnet
V1 :sensualité et synesthésies ; les odeurs associées au confort des divans ( V.2 « divans
profonds »)
V2 : Association dès de vers du thème de l’amour et de celui de la mort par la comparaison
des divans avec les tombeaux.
V3 : Thème de l’odeur et jeu savant sur les sonorités é/t/r/g : étranges/étagères. Formant une
paronomase.
V4 : Ecloses : thèmes de la rose éclose cher à Ronsard = amour naissant et jeunesse
Cieux : connotations religieuses de ce pluriel = rédemption après la mort
V5 : chaleurs dernières : synesthésie odeur/ chaleur olfactif/tactile associées au thème de la
mort ( dernières)
V6 Association cœur/ flambeaux = amour = passion associée au thème du feu. Le feu de la
passion
V7 : Réfléchiront en rejet annonce le thème du miroir, symbole du passage d’un monde à
l’autre
V8 : Ces miroirs jumeaux : idée de fusion dans l’amour et idée de passage du monde des
vivants au monde des morts.
V9 : impression visuelle venant compléter les impressions olfactives et tactiles des premiers

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quatrains. Introduction du thème du mysticisme : le miroir est la porte vers l’au-delà, fin des
souffrances, du spleen enduré ici-bas ;
V10 : idée de lumière divine liée à l’amour.(cf. Platon)
V 11 : long sanglot à relier à la peine du deuil et de la séparation des amants.
V.12 : Vision très nette des portes du paradis avec l’Ange (allitération en-R pour rendre
l’ouverture des portes du paradis)
V.13 : Rejet de viendra : le futur, c’est la mort mais c’est aussi l’éternité
V.14 : Image d’éternité comme remède de l’au-delà au vieillissement et à la dégradation des
sentiments ; miroirs ternis, flammes mortes

Types de questions qu’on est susceptible de vous poser :


1/ Comment la thème de la mort et celui de l’amour s’articulent-ils dans ce sonnet ?
2/ Quelle conception Baudelaire véhicule-t-il ici de la mort ?
23/ En quoi le thème du miroir peut-il être lié aux thèmes de la mort et de l’amour ?

Resté à l’état d’ébauche voici l’épilogue que Baudelaire avait envisagé en 1860 pour les
Fleurs du mal :
 »O vous, soyez témoins que j’ai fait mon devoir
Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte(…)
Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence…
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. »

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L’Albatros

Ce poème définit le rôle du poète et explicite son inadaptation au monde des hommes..
Les trois premières strophes :
présentation des marins par une périphrase ( des hommes d’équipage) évoquant déjà le
caractère grégaire des hommes en société. Ces hommes s’ennuient et ils sont cruels.
Présentation des albatros, créatures privilégiées, au-dessus de la meute des hommes (césure
du V.2, au rejet ( procédés de mise en valeur). Leur vol est majestueux (vastes), ils sont
pacifiques et imperturbables ( indolents compagnons de voyage)
Le bateau n’est pas sans rappeler la métaphore de la vie : les hommes sont embarqués à leur
naissance, la vie est un voyage qui se terminera quand ils accosteront. ( mers/amers (mort))
Strophes 2 et 3 : Rupture brutale ( A peine) entre le milieu aérien et la terre ferme
( planche :azur). Opposition entre les comportements ( de part et d’autres des hémistiches et
objet d’un chiasme)Les oppositions des V 9et 10 sont accentuées par les exclamations et
renforcent le contraste entre les adjectifs mélioratifs et les adjectifs péjoratifs ;
La cruauté des hommes apparaît dans toute sa bêtise, elle est renforcée par le balancement,
l’un/ l’autre. Le verbe Voler est désormais à l’imparfait et l’oiseau est « infirme », le terme
est très fort.
Strophe 4 : sur le mode du discours ( et écrite après coup, lors d’une deuxième version du
poème) Elle met en valeur l’opposition entre les aspirations du poète : « prince des nuées, roi
de l’azur, hante la tempête, se rit de l’archer, indolents, voyageur ailé », et ses conditions de
vie quotidiennes : « exilé sur le sol, sur les planches, huées, comique,, empêchent de
marcher, boitant, traîner, piteusement. »
L’artiste est fait pour « voler », et on lui demande, sur le théâtre (champ sémantique de la
comédie) de la société, de ramper. Ce poème est un apologue une parabole.

Types de questions pour l’oral :


1/ Quelle définition du rôle du poète est-elle donnée ici ?
2/ Comment le poème est-il composé ?
3/ en quoi ce poème est-il un apologue ?

L’invitation au voyage
Alternance de couplets : pentamètres/ heptamètres : le vers impair donnant une impression de
légèreté propice au rêve
Et d’un refrain en heptamètres, allitération en-L pour rendre la fluidité et la légèreté.
Trois motifs de la même structure : 1/ Invitation au Voyage : Utilisation de l’impératif
« Songe » et du présent
2/ Projection au cœur du rêve « immobile ». Utilisation
de conditionnel présent notamment en rejet ( « Décoreraient »)
3/ Arrivée au port ou réveil ;De nouveau impératif
présent (« Vois ») , et indicatif présent ( « le monde s’endort »)

La structure ternaire du passage correspond aux trois périodes de la journée d’une voyage
imaginaire : 1/ le matin , 1ère strophe : « Les soleils mouillés/De ces ciels brouillés »
correspondant aux brumes matinales, 2/ 2ème strophe : La midi, la sieste, 3/ 3ème strophe : Le
soir, «  Dormir ses vaisseaux…Les soleils couchants/ Le monde s’endort/ Dans une chaude
lumière. »
Portrait de la femme aimée ( probablement Jeanne Duval) : Multiplication des archétypes
féminins ; l’enfant ; la sœur, la mère, la maîtresse, un peu traîtresse ( « De tes traîtres yeux »),

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mystérieuse (« Si mystérieux »), maîtresse aimante et comblée : « C’est pour assouvir/ Ton
moindre désir »
La femme aimée est liée à l’exotisme : « la splendeur orientale, Sa douce langue natale. ».
Au luxe et à la rareté
Elle est liée à l’univers calfeutré de la chambre (2ème strophe).
C’est une femme paysage, comme le sera la Femme surréaliste, qui offre la monde, ouvert et
infini ou clos et renfermé.
D’autres thèmes viennent interférer : celui du miroir V.22, celui des correspondances et du
nouveau langage( celui de la nature) à redécouvrir par le poète( Sa langue natale),
l’inquiétude et le spleen toujours menaçant ; «  soleils mouillés, ciels brouillés, traîtres
yeux,polis par les ans ( thème de la corruption de toute chose en ce monde).

Types de question pour l’oral :


1/ Comment ce poème est-il composé ?
2/ Quelles sont les thématiques abordées ?
3/ Quelle image de la femme aimée est-elle véhiculée dans ce poème ?

Harmonie du soir
Un pantoum : quatrains à rimes croisées ou les vers deux et quatre du 1er quatrain vont être
repris aux vers 1 et 3 du quatrain suivant.
Champ lexical de la religion : »Ostensoir, reposoir, encensoir », qui fournit la rime
suffisante ou riche.
Une forme très savante et très travaillée au service de la mise en relation des thèmes de la
religion et du couchant ;
-passage du temps : du crépuscule à la nuit. Passage du jour à la nuit.
- évolution dans l’espace : on passe du mouvement ( parfums et sons) à l’idée d’immobilité
- évolution des états d’âme : émotion ,souffrance puis évocation du souvenir.
1/ Le thème de la religion ; Voici venir les temps : évocation du ton prophétique et biblique,
très solennel. Insistance sur la mouvement ( vibrant, mouvement de l’encensoir,, le parfum
qui se répand.), souligné par l’allitération en –V
2/ le thème des correspondances entre parfums et sons ( tournent, valse, vertige) et la
régularité des vers 3 et 4 (4/4/4) et (2/4/4/2). Répétition des sonorités vocaliques.
Dans le deuxième quatrain, on observe la même combinaison des deux thèmes religion et
émotion. Le poème prend la forme d’une incantation par le fait des jeux d’échos des
répétitions du pantoum. La tristesse du poète s’y précise (afflige, violon, triste)
Dans la troisième strophe, on introduit le thème de l’obscurité et de la mort ( néant, vaste et
noir) lié au thème de l’immobilité ( absence de vie). La fusion des deux thèmes marque un
appel, comme souvent chez Baudelaire au mysticisme.
Enfin, c’est l’apparition dans le quatrième quatrain du thème du souvenir qui vient apaiser la
souffrance et l’appel de la mort ( passé, vestige, ton souvenir en moi,comme un ostensoir)
L’image de la femme aimée associée à l’hostie est rassurante, l’amour de la femme et l’amour
du divin ont valeur de consolation.

Types de question pour l’oral


1/ Quels sont les thèmes associés dans ce poèmes ?
2/ Quelles sont les raisons de Correspondances fonctionnant dans ce pantoum ?
3/ Comment et pourquoi le thème de la religion est-il présent dans ce poème ?

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