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Ophélie : Analyse linéaire

Introduction :
Arthur Rimbaud, né en 1854 à Charleville et mort en 1891 à Marseille, écrivit de nombreux
poèmes dans sa jeunesse, dont les premiers à quinze ans. Le poème Ophélie est extrait du
recueil Poésies. Ce poème communique la relation entre le personnage, repris par Rimbaud,
de Shakespeare et la Nature, que Rimbaud révère. Voyons donc comment il a su exprimer
celle-ci tout d’abord dans la spiritualité, puis dans l’aspect concret, physique, de ce
personnage.

Annonce du plan :
I. Un personnage spirituel
A. L’intégration à la nature
B. Une âme errante

II. Un personnage concret


A. Une femme fragile
B. Reprise du personnage d'Hamlet

Commentaire linéaire :

I. Un personnage spirituel

A. L'intégration à la nature

La comparaison « comme un grand lys » vers 2 semble déjà vouloir fondre Ophélie dans un
décor naturel. Personnification de chaque élément de la nature : « les nénuphars froissés
soupirent » vers 13 ; « plaintes des arbres et soupirs des nuits » vers 24, etc… La nature est
elle mise en valeur au vers 23 par l'emploi de la majuscule pour le N : c’est comme une
personne, une divinité à laquelle s’adresse le poète, ce qui rejoint la religion de Rimbaud.
Ophélie n’est pas étrangère à tout cela. En effet, ces éléments personnifiés ne sont là que
pour elle, ils semblent prendre vie pour assister et participer à la scène qui se déroule autour
de cette apparition : « Ses grands voiles bercés mollement par les eaux » vers 10 ; « les
saules frissonnants pleurent sur son épaule » vers 11 : la nature semble éprise de ce
personnage qu’elle va dorloter, prendre en son sein.

B. Une âme errante

Tout d’abord, élément de curiosité : « Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles/ La
blanche Ophélia flotte… » vers 1-2, qui fait se demander au lecteur si Ophélie est
véritablement une personne et non pas une apparition. Cette ambiguïté disparait au vers 6 :
« Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ». Egalement l’anaphore « Voici plus de mille
ans » vers 5 et 7 nous confirme cet état de fait. De plus, on observe une répétition de
« blanche » à la seconde et dernière ligne, l’une pour ouvrir le poème, l’autre pour le clore,
ainsi que l’adjectif « pâle » et la comparaison « belle comme la neige » vers 17. Cette
blancheur rappelle l'allure des spectres.

II. Un personnage concret

A. Une femme fragile

La nature, que Rimbaud révère, semble soumise à un instinct maternel : « sur son grand
front rêveur s’inclinent les roseaux » vers 12, comme si elle avait senti qu’Ophélie était
fragile. Egalement, on dénote une douceur permanente tout au long du poème exprimée
notamment par une allitération en [s] et [f] mais aussi par des expressions telles que « flotte
très lentement, couchée en ses longs voiles » vers 3 : il y a ici une idée de fragilité, de
douceur et de confort.

B. Reprise du personnage d'Hamlet

Mais il faut savoir que le personnage d’Ophélie, présent dans ce poème, remonte à presque
deux siècles : Rimbaud a repris le personnage de Shakespeare, qui apparait dans Hamlet pour
y mourir ensuite. On remarque de nombreux points commun au passage de la noyade
d’Ophélie à celui de son errance dans le poème rimbaldien : tout d’abord, la personnification
de la nature, déjà, était présente dans Hamlet, notamment dans la branche responsable de sa
noyade : « Un des rameaux, perfide, se rompit ». La nature parait honteuse, pleine de regrets
et l’instinct maternel que l’on trouve chez Rimbaud pourrait bien venir de là. Ici se rejoignent
les deux poèmes, que l’on peut considérer comme plus ou moins complémentaires à quelques
détails près : « voici plus de mille ans » alors que cela fait seulement deux siècles. Enfin, les
deux Ophélie semblent calmes, celle de Shakespeare se noie sans tenter quoi que ce soit
contre : « elle chantait des bribes de vieux airs, comme insensible à sa détresse ou comme un
être fait pour cette vie de l’eau. » ; et celle de Rimbaud flotte paisiblement sur l’eau calme.

Conclusion

Dans le poème Ophélie, Rimbaud est parvenu à nous peindre une scène suspendue dans le
temps, dans laquelle Ophélie, au premier plan, flotte paisiblement au milieu de la nature dont
elle fait désormais partie.

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