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L’oxymore est une alliance de mots qui consiste à allier deux mots de sens
contradictoires. L’antithèse consiste à rapprocher, dans le même énoncé,
deux termes, deux pensées, deux expressions qui sont à l’opposé pour créer
un effet de contraste. L’épiphore consiste à répéter un mot ou un groupe
de mots en fin de vers qui se suivent.
Les antithèses du premier quatrain sont liées par :
une virgule je vis , je meurs
une conjonction de coordination et
un verbe au gérondif en endurant
une double coordination et trop… et trop…
un adjectif entremêlés de
Bilan de la séance
Le poème exprime les tourments amoureux car l’auteur part de son expérience
personnelle pour décrire les émotions paradoxales que tout être peut éprouver
lorsqu’il aime.
Lecture d’image
Les nombreuses plantes peintes dans la toile ont toute été copiées d’après nature
lors de son séjour à la campagne et elles ont toutes une signification. Il faut dire que
l’Angleterre victorienne était friande du langage des fleurs. Ainsi, en étudiant la toile,
nous pouvons voir des violettes, symboles de fidélité, de chasteté et de mort, un
saule pleureur, des orties et des marguerites qui représentent l’amour abandonné, la
douleur et l’innocence. Les coquelicots du bouquet d’Ophélie eux aussi symbolisent la
mort… De bien jolies fleurs annonçant un bien sinistre avenir.
Une fois le décor peint, Millais ajoute la figure d’Ophélie vêtue d’une splendide
ancienne robe brodée de fleurs qui fut trouvée par le peintre et achetée pour 4 livres
anglaises. Elizabeth Siddal est la jeune femme qui sert de modèle au peintre. Son
visage vous est peut-être familier car on la retrouve très souvent dans les tableaux
des préraphaélites.
Pour l’œuvre de Millais, Elizabeth Siddal passe près de 4 mois dans une baignoire !
Oui, 4 mois ! Pour l’anecdote, l’eau de la baignoire était maintenue au chaud grâce à
des bougies placées en dessous. Cependant le peintre était tellement absorbé dans
son travail qu’il ne remarquait pas quand les bougies venaient à s’éteindre. Elizabeth
Siddal attrapa alors une mauvaise pneumonie. Le père de la modèle menaça alors de
poursuivre le peintre, mais renonça quand le peintre accepta de payer tous les soins
médicaux.
Explication linéaire
Strophe 1 : elle est marquée par l’omniprésence de la première personne
du singulier. La tonalité dominante est lyrique.
Vers 1 : la première personne du singulier souligne la forte implication de
l’amante. Les termes antithétiques « vis / meurs, brule / noie » rendent
compte de la souffrance amoureuse et de l’inconstance de l’amour, dans
l’héritage de Pétrarque.
Vers 2 : la dimension antithétique de l’amour est confirmée par le lexique
de la sensation (« chaud » /« froidure ») et même exacerbée par
l’adjectif hyperbolique « extrême ». Le verbe « endurer » au gérondif
révèle d’emblée la passivité de l’amante.
Vers 3 : le sujet est ici non plus le « je », mais la « vie », mise en valeur
par la diérèse, en tant qu’elle est liée à l’amour, voire au désir ou à
l’érotisme, associée à des sensations contradictoires et excessives :
« trop molle » / « trop dure ».
Vers 4 : ce vers vient clore le premier quatrain en explicitant les
sentiments contradictoires et extrêmes (« trop grands ») mêlés dans
l’amour, grâce au participe passé « entremêlez ». Le terme « ennuis »
possède un sens plus fort qu’aujourd’hui et signifie une tristesse
profonde, qui contamine et dépasse ici le sentiment de « joie ».
Strophe 2 : elle est encadrée par la présence des adverbes « tout à (un)
coup » (v.5, v.8) qui créent un effet de boucle et de structure. L’instant
n’empêche pourtant pas un sentiment d’éternité (« à jamais »).
Vers 5 : l’adverbe « Tout à un coup » ouvre le vers, en soulignant la
précipitation, la soudaineté, l’inattendu des réactions ou sentiments qui
envahissent l’amante. On retrouve le pronom personnel de la première
personne et une association de verbes antithétiques, évoquant des
réactions émotionnelles : « je ris »/ « je larmoie ».
Vers 6 : ce vers fait écho au vers 4 car il explicite la dualité de l’amour,
par l’antithèse entre « plaisir » et « maint grief tourment ». Par le nombre
de mots et de syllabes (malgré la synérèse avec « grief »), et le
sémantisme du verbe à la rime (« j’endure », déjà rencontré au vers 2),
la poétesse laisse entendre que la souffrance l’emporte sur le plaisir.
Vers 7 : ce vers exprime l’inconstance de l’amour. L’expression « mon
bien » peut renvoyer soit au bien-être ou au bonheur de l’amante, soit à
l’objet de son amour, son bien-aimé ou le cœur de celui-ci. Malgré le
déterminant possessif, la poétesse regrette qu’il lui échappe, ce que
montrent les verbes choisis, à nouveau antithétiques : « s’en va » / «
dure ». Peut-être veut-elle faire entendre que même lorsque l’amant est
absent, l’amour dure, exprimant ainsi la vision d’un amour éternel.
Vers 8 : dans ce vers, on retrouve l’adverbe « tout à coup » du vers 5. La
poétesse se compare à un végétal, une plante ou une fleur. Mais le
topos (voir la rose dans les poèmes du Moyen Âge et du xvie siècle) est
ici renouvelé grâce à l’énonciation (c’est la poétesse qui écrit et donc
exprime l’amour et le désir au féminin) et au choix de verbes exprimant
un paradoxe : la fleur « sèche » et « verdoie » en même temps, fane et
éclot en un instant. Louise Labé exprime ainsi le caractère éphémère de
l’amour.