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COMMENTAIRE COMPOSÉ SUR LE POÈME " LIBERTÉ " DE

PAUL ELUARD EXTRAIT DE POÉSIE ET VÉRITÉ (1942)

Introduction : Poésie et vérité de Paul Eluard a été publié pendant la


Seconde Guerre Mondiale.
Le poème « Liberté » est un hymne à la liberté où Eluard cherche à
encourager les lecteurs à échapper à la présence allemande en France.
Des milliers d’exemplaires de ce poème furent d’ailleurs parachutés sur
la France occupée. A première vue, on pourrait considérer que ce poème
est relativement simpliste, mais nous verrons que ce n’est qu’une
apparence.
Dès lors, on peut se demander :
Comment Eluard rend-il hommage à la liberté ?
Nous verrons d’abord que le poète rend son propos accessible, mais
aussi qu’il s’agit d’un acte politique, et finalement qu’il s’agit d’un
hymne.

Simplicité Le poème « Liberté » donne une impression de simplicité


du poème car sa forme semble peu complexe.

En effet, on peut avoir l’impression que le poète propose


une succession d’énumérations : « Sur la jungle et le
désert / Sur les nids sur les genêts / Sur l'écho de mon
enfance / J'écris ton nom // Sur les merveilles des nuits /
Sur le pain blanc des journées / Sur les saisons fiancées /
J'écris ton nom » (v. 9-16).

Le caractère très répétitif du poème est souligné par le


retour à la fin de chaque quatrain de la sorte de refrain
« J’écris ton nom ».

Facilité Le choix du lexique, extrêmement facile à comprendre,


de la donne aussi cette impression de simplicité formelle.
langue
Le propos du poème est également rendu accessible parce
que le poète évoque beaucoup d’éléments familiers à
chaque lecteur : les « pages » (v. 1 et 2), le « pain blanc
» (v. 14), les « bateaux » (v. 26), le « miroir » et la «
chambre » (v. 46) et le « chien » (v. 49), entre autres.

Tout cela donne une impression d’évidence et de familiarité


aux lecteurs, qui ont l’impression de parfaitement
comprendre de quoi on leur parle.
Facile à Finalement, le poème donne une impression de simplicité
compren- grâce à sa chute très claire.
dre
En effet, la dernière strophe du poème et l’ultime vers « Et
par le pouvoir d'un mot /Je recommence ma vie / Je suis né
pour te connaître /Pour te nommer // Liberté ».

En effet, la très longue énumération que constitue tout le


poème aboutit sur le thème fondamental du texte, annoncé
dès le titre. Or ce quatrain final est très simple à
comprendre, le lexique est très clair, ce qui permet au
lecteur de comprendre le propos du poème sans difficulté.

Poème Par ailleurs, le poème « Liberté » constitue un acte


parlant politique.
de la En effet, nombre d’éléments présents dans les
politique énumérations évoquent la solidarité : « le front de mes
amis / Sur chaque main qui se tend » (v. 122-123), « sur
les armes des guerriers » (v. 10), mais aussi la rébellion :
le titre, évidemment, mais aussi « Sur les sentiers éveillés /
Sur les routes déployées » (v. 41-42) ou encore « Sur mes
refuges détruits / Sur mes phares écroulés /Sur les murs de
mon ennui » (v. 69-71).

La liberté De même, le poète donne une valeur d’exemple à son


mis en poème, car il se donne lui-même en exemple, puisque c’est
avant lui qui agit : « J’écris ton nom » (refrain) ou encore « Et par
le pouvoir d'un mot /Je recommence ma vie / Je suis né
pour te connaître /Pour te nommer » (dernière strophe).

C’est lui qui fait l’éloge de la liberté pour en montrer les


vertus et son omniprésence afin d’inciter son lecteur à faire
de même.

Poème Ainsi, le but du poème est d’inciter les lecteurs à


engagé l’action. Le refrain « J’écris ton nom » n’est évidemment
pas un appel au street art pour écrire le terme « liberté »
partout, mais plutôt un appel à l’application de ce mot dans
tout ce qu’il implique.
Il est évident que Eluard cherche à inciter ses lecteurs à se
rebeller et à recouvrer leur liberté, comme il le dit : « Pierre
sang papier ou cendre / J’écris ton nom » (v. 3-4).
Dans ces deux vers, il incite à reconstruire ce qui a été
détruit, corps comme bâtiment. De même aux vers 69 et 70
: « Sur mes refuges détruits / Sur mes phares écroulés »,
ou au vers 75 : « Sur les marches de la mort », où il évoque
sans doute les destructions liées à la guerre.

Hymne à Finalement, il évoque la liberté sous la forme d’un hymne,


la liberté car le poème revêt l’aspect d’une chanson : chaque strophe
correspond à un couplet dont le dernier vers serait le refrain
: « J’écris ton nom », le vers final « Liberté » agissant
comme la coda d’une partition, c’est-à-dire un refrain-
variante.

De même, l’anaphore de « sur », filée sur quasiment


l’intégralité du poème renforce le caractère extrêmement
répétitif du texte et donc son aspect de chanson.
Éloge Il s’agit d’un hymne du point de vue formel mais aussi du
point de vue du sens.

En effet, il évoque la liberté grâce à de nombreux éléments


positifs tels que « Sur mon chien gourmand et tendre / Sur
ses oreilles dressées / Sur sa patte maladroite » (v. 49-51),
« Sur la lampe qui s’allume » (v. 45) ou encore « Sur les
ailes des oiseaux » (v. 26).

Ecrire un poème consacré à la liberté est déjà un éloge en


soi, mais évoquer cette abstraction par des images
délibérément mélioratives constitue d’autant plus un
hymne.
Liberté Enfin, la liberté est totalement divinisée à travers ce poème.
divine et D’abord parce qu’Eluard en fait une allégorie, puisqu’il
transfor- s’adresse à elle comme à une véritable personne : « J’écris
mé en ton nom » (refrain), ou encore « Je suis né pour te
alllégorie connaître / Pour te nommer » (derniers vers).

Par ailleurs, il montre son omniprésence en écrivant son


nom sur toutes sortes de supports : « Sur la jungle et le
désert / Sur les nids sur les genêts / Sur l'écho de mon
enfance » (v. 13-15), par exemple.
Conclusion : Pour conclure, Eluard propose un véritable hymne à la
liberté à travers son poème, en la convoquant sur tous les supports
imaginables, mais aussi en rendant son texte aisé à comprendre et
accessible pour tous ses lecteurs. On peut considérer que Boris Vian agit
de même, lorsqu’il écrit « Le Déserteur ».

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