Introduction : Poésie et vérité de Paul Eluard a été publié pendant la
Seconde Guerre Mondiale. Le poème « Liberté » est un hymne à la liberté où Eluard cherche à encourager les lecteurs à échapper à la présence allemande en France. Des milliers d’exemplaires de ce poème furent d’ailleurs parachutés sur la France occupée. A première vue, on pourrait considérer que ce poème est relativement simpliste, mais nous verrons que ce n’est qu’une apparence. Dès lors, on peut se demander : Comment Eluard rend-il hommage à la liberté ? Nous verrons d’abord que le poète rend son propos accessible, mais aussi qu’il s’agit d’un acte politique, et finalement qu’il s’agit d’un hymne.
Simplicité Le poème « Liberté » donne une impression de simplicité
du poème car sa forme semble peu complexe.
En effet, on peut avoir l’impression que le poète propose
une succession d’énumérations : « Sur la jungle et le désert / Sur les nids sur les genêts / Sur l'écho de mon enfance / J'écris ton nom // Sur les merveilles des nuits / Sur le pain blanc des journées / Sur les saisons fiancées / J'écris ton nom » (v. 9-16).
Le caractère très répétitif du poème est souligné par le
retour à la fin de chaque quatrain de la sorte de refrain « J’écris ton nom ».
Facilité Le choix du lexique, extrêmement facile à comprendre,
de la donne aussi cette impression de simplicité formelle. langue Le propos du poème est également rendu accessible parce que le poète évoque beaucoup d’éléments familiers à chaque lecteur : les « pages » (v. 1 et 2), le « pain blanc » (v. 14), les « bateaux » (v. 26), le « miroir » et la « chambre » (v. 46) et le « chien » (v. 49), entre autres.
Tout cela donne une impression d’évidence et de familiarité
aux lecteurs, qui ont l’impression de parfaitement comprendre de quoi on leur parle. Facile à Finalement, le poème donne une impression de simplicité compren- grâce à sa chute très claire. dre En effet, la dernière strophe du poème et l’ultime vers « Et par le pouvoir d'un mot /Je recommence ma vie / Je suis né pour te connaître /Pour te nommer // Liberté ».
En effet, la très longue énumération que constitue tout le
poème aboutit sur le thème fondamental du texte, annoncé dès le titre. Or ce quatrain final est très simple à comprendre, le lexique est très clair, ce qui permet au lecteur de comprendre le propos du poème sans difficulté.
Poème Par ailleurs, le poème « Liberté » constitue un acte
parlant politique. de la En effet, nombre d’éléments présents dans les politique énumérations évoquent la solidarité : « le front de mes amis / Sur chaque main qui se tend » (v. 122-123), « sur les armes des guerriers » (v. 10), mais aussi la rébellion : le titre, évidemment, mais aussi « Sur les sentiers éveillés / Sur les routes déployées » (v. 41-42) ou encore « Sur mes refuges détruits / Sur mes phares écroulés /Sur les murs de mon ennui » (v. 69-71).
La liberté De même, le poète donne une valeur d’exemple à son
mis en poème, car il se donne lui-même en exemple, puisque c’est avant lui qui agit : « J’écris ton nom » (refrain) ou encore « Et par le pouvoir d'un mot /Je recommence ma vie / Je suis né pour te connaître /Pour te nommer » (dernière strophe).
C’est lui qui fait l’éloge de la liberté pour en montrer les
vertus et son omniprésence afin d’inciter son lecteur à faire de même.
Poème Ainsi, le but du poème est d’inciter les lecteurs à
engagé l’action. Le refrain « J’écris ton nom » n’est évidemment pas un appel au street art pour écrire le terme « liberté » partout, mais plutôt un appel à l’application de ce mot dans tout ce qu’il implique. Il est évident que Eluard cherche à inciter ses lecteurs à se rebeller et à recouvrer leur liberté, comme il le dit : « Pierre sang papier ou cendre / J’écris ton nom » (v. 3-4). Dans ces deux vers, il incite à reconstruire ce qui a été détruit, corps comme bâtiment. De même aux vers 69 et 70 : « Sur mes refuges détruits / Sur mes phares écroulés », ou au vers 75 : « Sur les marches de la mort », où il évoque sans doute les destructions liées à la guerre.
Hymne à Finalement, il évoque la liberté sous la forme d’un hymne,
la liberté car le poème revêt l’aspect d’une chanson : chaque strophe correspond à un couplet dont le dernier vers serait le refrain : « J’écris ton nom », le vers final « Liberté » agissant comme la coda d’une partition, c’est-à-dire un refrain- variante.
De même, l’anaphore de « sur », filée sur quasiment
l’intégralité du poème renforce le caractère extrêmement répétitif du texte et donc son aspect de chanson. Éloge Il s’agit d’un hymne du point de vue formel mais aussi du point de vue du sens.
En effet, il évoque la liberté grâce à de nombreux éléments
positifs tels que « Sur mon chien gourmand et tendre / Sur ses oreilles dressées / Sur sa patte maladroite » (v. 49-51), « Sur la lampe qui s’allume » (v. 45) ou encore « Sur les ailes des oiseaux » (v. 26).
Ecrire un poème consacré à la liberté est déjà un éloge en
soi, mais évoquer cette abstraction par des images délibérément mélioratives constitue d’autant plus un hymne. Liberté Enfin, la liberté est totalement divinisée à travers ce poème. divine et D’abord parce qu’Eluard en fait une allégorie, puisqu’il transfor- s’adresse à elle comme à une véritable personne : « J’écris mé en ton nom » (refrain), ou encore « Je suis né pour te alllégorie connaître / Pour te nommer » (derniers vers).
Par ailleurs, il montre son omniprésence en écrivant son
nom sur toutes sortes de supports : « Sur la jungle et le désert / Sur les nids sur les genêts / Sur l'écho de mon enfance » (v. 13-15), par exemple. Conclusion : Pour conclure, Eluard propose un véritable hymne à la liberté à travers son poème, en la convoquant sur tous les supports imaginables, mais aussi en rendant son texte aisé à comprendre et accessible pour tous ses lecteurs. On peut considérer que Boris Vian agit de même, lorsqu’il écrit « Le Déserteur ».