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La première désillution
Or dès le premier contact avec le monde extérieur que crée Voltaire (cf. l'agression
indirecte par Orcan), Zadig doit se rendre à l'évidence que le monde n'est pas le reflet
fidèle des espoirs qu'il avait investi en lui.
Sa première entreprise, la tentative de se construire un bonheur personnel privé, en
compagnie de la femme qu'il aime d'un amour sincère, se solde par un échec qui vient
quelque peu corriger la naïveté initiale du jeune homme.
Son premier grand amour est issu de la même classe sociale que le protagoniste. Belle
et fortunée, Sémire l'aimait avec passion tandis que Zadig ressentait un attachement
solide et vertueux envers elle. Le terme « passion », malgré toute la puissance
sentimentale qu'il inclue, a une connotation négative étant donné que c'est une
émotion éphémère.
La première expérience de Zadig se termine par un échec troublant. La belle Sémire et
le protagoniste tombent dans une embuscade préparée par Orcan, neveu d'un ministre,
étant particulièrement vaniteux, égoïste, ambitieux et jaloux.
Nous noterons d'ailleurs que ce nom est l'anagramme du chevalier Rohan, qui avait fait
bâtonner Voltaire pour une rivalité galante. C'est d'ailleurs ce chevalier qui a fait
emprisonner Voltaire, il le méprisait principalement parce que l'auteur ne possédait
pas de titre de noblesse. N'est-ce pas là une preuve flagrante du caractère arbitraire de
la justice ?
Critique de la religion
L'oeuvre de Voltaire est en fait un ensemble de critiques, toutes cachées par la satire,
l'ironie ou le sarcasme voltairien. C'est ainsi que la religion n'échappe pas aux griffes
du « roi Voltaire ». Zadig, étant savant et curieux de par nature, admet son ignorance
concernant la métaphysique étant donné qu'elle se situe en dehors des capacités
intellectuelles humaines.
Il soutient fortement la thèse de Nicolas Copernic, astronome polonais, célèbre pour sa
théorie astronomique selon laquelle le Soleil est immobile au centre de l'Univers, et la
Terre, tournant sur son axe une fois par jour, fait le tour du Soleil en une année
(système héliocentrique).
Voltaire soutient et prône l'utilisation de la raison avant toute croyance aveugle en
diverses théories religieuses émanant de quelques avides gourous perfides. Posséder
un savoir scientifique était plutôt dangereux à l'époque, étant donné qu'on se faisait
rapidement traité de sorcier. Les prêtres appliquaient souvent cette méthode afin
d'écarter tout révolutionnaire risquant d'affaiblir le pouvoir religieux.
Critique de la médecine
Après avoir critiqué, démantelé et ridiculisé la religion, la justice, l'amour et la société
babylonienne (en réalité parisienne), il s'attaque désormais à la médecine.
Hermès est un personnage mythologique, son nom d'origine est Hermès Trismégiste,
c'est-à-dire le « trois fois grand », nom donné par les Grecs à Thot, dieu de la Sagesse
pour les Égyptiens qui le considéraient comme l'inventeur de tous les arts et de toutes
les sciences.
Voltaire condamne le caractère ignorant du grand médecin. Son diagnostique est truffé
de superstitions incohérentes, l'auteur blâme le charlatanisme des docteurs inventant
des théories les plus absurdes et obscures possibles.
Le ridicule culmine lorsque la description satirique et ironique de Voltaire relate
l'arrivée de Hermès accompagné d'un immense cortège excessif depuis Memphis, ville
de l'ancienne Egypte.
Si c'eut été l'œil droit, je l'aurais guéri, mais les plaies de l'œil gauche sont incurables...
Voltaire lance ainsi une première attaque contre ce type de diagnostique et souligne
aussi la stupidité des citoyens croyant tout ce qu'on leur dit. Ces derniers ont une
confiance aveugle en Hermès qui ne fait que les duper. Suite à la guérison de Zadig, ce
grand personnage a même rédigé une œuvre entière ayant pour but de prouver
l'incurabilité du protagoniste. Cet acte absurde ne fait que renforcer le dégoût envers
ces charlatans.