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Je vais désormais vous parler de l’argumentation indirecte. Les formes que nous
connaissons le mieux de cette argumentation sont la fable et le conte philosophique,
qui sont deux types de textes qui, tout en racontant une histoire ludique, délivrent un
message et suscitent la réflexion du lecteur. Il y a donc une double visée : à la fois
didactique et argumentative. Cette argumentation passe par le biais d’histoires. Plus
généralement on les appelle « apologues ».
Cette argumentation s’exprime le plus souvent à travers une allégorie qui permet
d’incarner des principes à des personnages à valeur symbolique. Prenons un
exemple assez connu : le Loup et l’Agneau de Jean de la Fontaine. On remarque
directement que le Loup incarne le mal et l’Agneau l’innocence. Cependant, il reste
un travail d’interprétation de la part du lecteur pour saisir le message que l’auteur
veut faire parvenir.
L’auteur choisit des personnages le plus souvent antithétiques, afin qu’il n’y ait pas
trop de risque que le lecteur ne s’éloigne du message de l’auteur. Les textes
d’argumentation ont souvent recours à l’ironie et débordent de message cachés, qu’il
faut repérer pour en comprendre le sens. La morale n’est d’ailleurs pas toujours
explicite, comme dans les œuvres de Voltaire par exemple. Ainsi, la célèbre fable de
La Fontaine « La Cigale et la Fourmi », qui ne comporte pas de morale, peut
apparaître comme une critique de l'insouciance (incarnée par la cigale) ou au
contraire de la mesquinerie (incarnée par la fourmi).
L’une des idées principales du mouvement des Lumières est d’instruire par le
divertissement. Les fictions argumentatives remplissent parfaitement ce rôle.
Le conte comme la fable peuvent aborder tous les sujets et livrer des enseignements
dans toute sorte de domaines. La leçon peut aussi bien être morale que sociale,
politique ou philosophique. Ce qui met en valeur les principes des lumières qui sont
de prôner une égalité humaine.
La fonction ludique des fictions argumentatives rend l’œuvre plus agréable à lire que
des essais par exemple. C’est ainsi que l’argumentation indirecte se développa
énormément au 18ème siècle, avec ce besoin de renouveau et de liberté, pour
contester le pouvoir établi. Cependant, il demeure un risque que le lecteur ne
saisisse pas le message que veut faire parvenir l’auteur. C’est pourquoi
l’argumentation directe était également beaucoup utilisée pour pallier ce problème.
Florian, Fables,
« La fable et la vérité » ?
Cette fable, comme toutes les autres, est dotée d’une morale. Les hommes fuient la
vérité à son passage. On comprend ici que les hommes n'aiment pas « la vérité toute
nue », toute vérité n'est pas belle à voir. La vérité dérange. L'homme préfère la
beauté de la fable. La fable dit à l’homme ce qu'il a envie d'entendre et ménage son
orgueil. Florian fait ici un éloge de la fable capable selon lui de corriger les hommes.
Candide de Voltaire :
Candide de Voltaire est une autre forme d’argumentation indirecte. Il s’agit d’un
conte philosophique dans lequel Candide traverse une multitude de péripéties aux
côtés d’un philosophe Pangloss, savant qui ne semble ne s’inquiéter de rien car il est
convaincu qu’il faut accepter le monde tel qu’il est, étant qu’il ne pourrait pas être
meilleur. Voltaire fait ici référence à l’optimisme de Leibniz qui pense que c’est le
meilleur monde possible, car c’est Dieu qui l’a créé et que Dieu est parfait. Pangloss
est en quelque sorte une caricature de Leibniz, car il demeure optimiste en toutes
circonstance, malgré tout ce qu’il subit. Voltaire préfère l'idée selon laquelle le monde
est horrible, comme on peut le constater avec les mésaventures de Candide et ses
compagnons, mais que les hommes sont capables de surmonter l'adversité. Il défend
l’idée que chacun est capable d'améliorer sa condition humaine aussi déplorable
soit-elle.