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Honoré de Balzac est un auteur français né en 1799 et mort en 1850, connu pour sa fresque
romanesque intitulée La Comédie humaine. Il a écrit plus de 90 romans et nouvelles et est de
fait, par le caractère prolifique et par la finesse, le réalisme et la beauté de son écriture,
considéré comme l’un des plus grands écrivains français.
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Si cela peut paraître très attrayant de prime abord, le vieillard met cependant en garde le jeune
homme : chaque désir exaucé fera diminuer la taille de cette peau. Cette dernière est en
réalité le symbole de sa vie : plus Raphaël de Valentin utilisera la peau pour réaliser ses
désirs, plus la taille de la peau diminuera, comme la durée de sa vie.
Le jeune homme accepte toutefois ce pacte diabolique. On peut y voir un acte de désespoir,
car son choix est biaisé par sa situation. De ce fait, il ne mesure pas les mises en garde de
l’antiquaire. Au début, après l’acquisition de la peau de chagrin, Raphaël ne se préoccupe pas
de cet avertissement et se lance dans des folies. Il devient extrêmement riche, dépense
beaucoup d’argent et adopte un train de vie fastueux, connaissant la gloire et les succès
mondains. La peau lui procure l’énorme héritage d’un oncle.
Or, très vite, le jeune homme fougueux qui envisageait de produire une grande œuvre (La
Théorie de la volonté), commence à vieillir. Il est en effet dévoré par une maladie que ni les
plus savants médecins ni les cures dans des villes d’eau ne peuvent sauver. C’est alors qu’il
réalise que la peau se rétrécit de manière inexorable. Il prend donc conscience que le temps lui
est compté. En espérant ralentir le processus, il s’enferme pour faire en sorte de ne pas avoir
l’occasion de formuler le moindre vœu. Sa survie devenant sa seule préoccupation, il constate
que, bien que doté d’un pouvoir extraordinaire, il n’en a rien fait, et il meurt rongé
d’amertume, foudroyé par un dernier désir, celui de vivre encore.
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Thèmes principaux
Ce conte a pour objet la présentation de l’opposition entre une vie fulgurante consumée par le
désir et la satisfaction des plaisirs, et la longévité terne, ennuyeuse et morne que donne le
renoncement à toute forme de désir.
Cette dualité est un thème récurrent dans la littérature française : pourquoi tendre vers une vie
longue, mais ascétique (vie austère, sobre, frugale et saine, visant le plus souvent une fin
supérieure selon la définition du CNRTL) alors que l’on peut jouir de la vie par excès, même
si cela implique une réduction de cette période de vie ?
Le meilleur et célèbre exemple est celui de la fable de La Fontaine « La Cigale et la
Fourmi ». En effet, la fourmi sera en mesure de vivre une vie longue, mais pénible, car elle
travaille et ne manque de rien. En revanche, rien ne garantit que ce dur et constant labeur lui
apportera le bonheur. La cigale quant à elle profite de tous les plaisirs de la vie, et cherche la
satisfaction de ses désirs dans le moment présent. Ce modèle n’est cependant pas durable, car
sans travailler, la cigale se retrouve sans ressources et questionne ce mode de vie peu durable.
L’enseignement que l’on peut tirer de ce dilemme est qu’il n’existe pas de solution parfaite,
mais uniquement un juste milieu, que chacun doit trouver en fonction de ses aspirations.
L’échec de la science
Au moment où Raphaël se met à rechercher une solution scientifique au rétrécissement de la
peau, les savants qu’il consulte se révèlent impuissants. Monsieur Lavrille, zoologue
reconnu, après lui avoir débité tout ce qu’il sait sur l’espèce des canards puis tout ce qu’il sait
sur l’onagre, lui conseille d’aller voir Planchette, le « célèbre professeur de mécanique », car
lui-même n’est pas en mesure de répondre à ses questions.
Planchette quant à lui, malgré son explication de la presse hydraulique, se révèle tout aussi
incapable d’aider Raphaël. En dernier recours, le chimiste Japhet chez lequel Planchette
conduit Raphaël est sollicité, mais là aussi sans succès.
Ce tour des savants par Raphaël est humoristique, en ce qu’il a vocation à présenter un état
des lieux des connaissances scientifiques du temps de Balzac. Ce passage met en avant
l’impuissance des savants, qui sont tournés en ridicule à cause de leurs tics et manies et de
leur manque, voire leur absence de résultats.
L’amour
L’intrigue amoureuse de La Peau de chagrin repose sur deux figures féminines
antithétiques (qui s’opposent). La première est celle de la comtesse Fœdora, présentée
comme la femme sans cœur dans la deuxième partie du roman, et Pauline, une jeune fille pure
et innocente dont Raphaël fait la rencontre lorsqu’il s’installe dans la modeste pension de
famille tenue par sa mère. Chacune de ces deux femmes représente les aspirations contraires
de Raphaël : l’ambition sociale et la fortune d’un côté, la sincérité et l’idéal amoureux de
l’autre.
La politique
La peinture faite par Balzac de la société exprime une désillusion politique. Balzac résume à
travers le personnage d’Émile l’instabilité politique de son époque et l’impasse où elle se
trouve : « Le gouvernement, c’est-à-dire l’aristocratie de banquiers et d’avocats qui font
aujourd’hui de la patrie comme les prêtres faisaient jadis de la monarchie, a senti la nécessité
de mystifier le bon peuple de France avec des mots nouveaux et de vieilles idées, à l’instar
des philosophes de toutes les écoles et des hommes forts de tous les temps. »
Conclusion
Pour conclure, La Peau de chagrin est une œuvre de tension, sans cesse tiraillée entre deux
idées : la création et la destruction. Ce conte philosophique est un texte de réflexion sur la
société du XIXe siècle, et qui propose de peindre l’âme humaine. Comme le rappelle la fiche
Eduscol, « le roman de Balzac oppose ainsi deux puissances contradictoires : celle de la
création et de l’effort — qui aurait pu permettre à Raphaël de faire œuvre — et celle de la
‘dissipation’ des énergies qui prend des formes variées : jeu, orgie, débauche. Tel est le
‘système dissipationnel’ qui représente parfaitement bien le ‘désenchantement’ de la
génération romantique » donc Balzac fait partie.