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Introduction
Accroche
De nombreux personnages de la Comédie Humaine finissent
prématurément, épuisés par leurs passions. Le Père Goriot se sacrifie
pour ses filles. Henriette, dans Le Lys dans la Vallée, meurt, délaissée par
Félix séduit par Lady Dudley… Louise de Chaulieu, dans Les Mémoires de
deux jeunes mariées, meurt d’avoir suivi ses passions.
Situation
Dans La Peau de Chagrin, Raphaël de Valentin rejoint la galerie de ces
personnages qui épuisent leur énergie vitale, ne trouvant pas de réelle
place dans une société écrasante.
On peut alors se demander si l’alternative énoncée par le vieil
antiquaire et résumée par Émile, est absolument inévitable :
— Tuer les sentiments pour vivre vieux, ou mourir jeune en acceptant le martyre
des passions, voilà notre arrêt.
Problématique
Les personnages de La Peau de Chagrin sont-ils fatalement condamnés
à l’épuisement de leur énergie vitale ?
Annonce du plan
D’abord, il semblerait en effet que la plupart des personnages du
roman La Peau de Chagrin soient pris dans une logique d’épuisement de
leur énergie vitale, marqués par les affres des passions.
Et pourtant certains personnages proposent d’autres solutions qui
promettent une certaine réussite, mais dont la réalisation est pourtant
incertaine.
Finalement, si l’alternative est effectivement réductrice, elle semble
belle et bien imposée par des mécanismes historiques et sociaux que
Balzac s’attache à décrire en profondeur.
Mais encore ici, ce qui empêche Raphaël d’aimer Pauline, ce sont les
contraintes et les vanités de la société. Tout se passe, dans ce roman,
comme si le poids de la société était la véritable force tragique
dépassant et écrasant les personnages.
Mais Raphaël de Valentin est aussi un héros réaliste, dans le sens où les
forces qui le dépassent ne sont pas divines mais historiques et sociales.
Il est déterminé par un passé extrêmement lourd : héritier d’une
aristocratie ruinée et balayée par les crises successives de l’Ancien
Régime, il fait partie de ces personnages victimes d’une société que
Balzac s’apprête à décrire en détails et sans concession.
Tels sont, mon cher Émile, les événements qui maîtrisèrent ma destinée, modifièrent
mon âme, et me placèrent jeune encore dans la plus fausse de toutes les situations
sociales.
Conclusion
Pourtant, Balzac insiste sur ces autres valeurs, battues en brèche par le
monde qui l’entoure. Les vertus représentées par le tableau de
Raphaël, la douceur et l’amour qui se manifestent dans le dévouement
de Pauline, la poésie qui donne une couleur aux sentiments, sont bien
présentes dans l’œuvre de Balzac, souvent, en creux, cachées sous de
profondes strates géologiques.