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La Fontaine est un moraliste, fabuliste et romancier français du 17ème siècle, appartenant

au classicisme. Ce mouvement littéraire et culturel prônant la clarté et l ’ordre, a pour


objectif de plaire et instruire. Le genre de la fable, de par sa longueur et la morale qu’elle
met en scène, est un moyen efficace de transmettre les valeurs prônées par ce courant
littéraire.
C’est surtout grâce à ces fables, qu’il publie entre 1669 et 1694, que la fontaine est connu
de nos jours : s'inspirant des vices qu'il observe à la cour de louis 14, La fontaine met en
scène des animaux, de manière à critiquer et délivrer des messages moraux, qui permettent
au lecteur d’atteindre l'idéal de l'honnête homme, un homme instruit et modeste.
Le rat et l'huître est publié en 1678. Cette fable au registre burlesque, satirique, comique et
polémique, écrit en octosyllabes et alexandrins, raconte l’histoire d’un rat peu cultivé et
arrogant qui part à la découverte du monde. Mais par un excès de confiance , celui-ci se
retrouve coincé dans la coquille d’une huître.

En quoi ce récit plaisant se met-il au service d’une satire de l’ignorance?

un Rat hôte d'un champ, Rat de peu de cervelle,


Des Lares paternels un jour se trouva sou.
Il laisse là le champ, le grain, et la javelle,
au vu du titre on pourrait penser rat
Va courir le pays, abandonne son trou.
superieur car evoqué en premier, et
Sitôt qu'il fut hors de la case,
revient souvent dans fables
Que le monde, dit-il, est grand et spacieux !
Voilà les Apennins, et voici le Caucase :
La moindre taupinée était mont à ses yeux.
Au bout de quelques jours le voyageur arrive
En un certain canton où Thétys sur la rive
Avait laissé mainte Huître ; et notre Rat d'abord
Crut voir en les voyant des vaisseaux de haut bord.
Certes, dit-il, mon père était un pauvre sire :
Il n'osait voyager, craintif au dernier point :
Pour moi, j'ai déjà vu le maritime empire :
J'ai passé les déserts, mais nous n'y bûmes point.
D'un certain magister le Rat tenait ces choses,
Et les disait à travers champs ;
N'étant pas de ces Rats qui les livres rongeants
Se font savants jusques aux dents.

Parmi tant d'Huîtres toutes closes,


Une s'était ouverte, et bâillant au Soleil,
Par un doux Zéphir réjouie,
Humait l'air, respirait, était épanouie,
Blanche, grasse, et d'un goût, à la voir, nonpareil.
D'aussi loin que le Rat voit cette Huître qui bâille :
Qu'aperçois-je ? dit-il, c'est quelque victuaille ;
Et, si je ne me trompe à la couleur du mets,
Je dois faire aujourd'hui bonne chère, ou jamais.
Là-dessus maître Rat plein de belle espérance,
Approche de l'écaille, allonge un peu le cou,
Se sent pris comme aux lacs ; car l'Huître tout d'un coup
Se referme, et voilà ce que fait l'ignorance.

Cette Fable contient plus d'un enseignement.


Nous y voyons premièrement :
Que ceux qui n'ont du monde aucune expérience
Sont aux moindres objets frappés d'étonnement :
Et puis nous y pouvons apprendre,
Que tel est pris qui croyait prendre.

1 er mouvement
Les deux premiers vers sont segmentés. Ils mettent en place le décor du récit. On y apprend
l’identité du personnage principal "Un Rat", le lieu de l’action "hôte d’un champ" et la psychologie
du personnage "Rat de peu de cervelle".
Le Rat a décidé de quitter le foyer familial mais la periphrase "Rat de peu de cervelle" porte de
l'ombre à cette décision. En effet l’inversion de l’ordre des mots de la phrase dénonce un choix
aléatoire tandis que l'énumération des vivres "le champ, le grain, la javelle" montre que le Rat
abandonne l’abondance. Cela marque ainsi son manque de sagesse et son irresponsabilité.
De plus c'est un départ précipité comme le montre l’utilisation du verbe "courir" ainsi que
l'octosyllabe du vers 5 et l'utilisation du passé simple “ trouva “.

Au vers 5 commence la description du voyage du Rat.


L’opposition entre les termes "case" et "monde" met en avant le changement de décor que vit le
personnage. Le champ lexical de la grandeur "grand" "spacieux" démontre l’émerveillement naïf,
appuyé par le !, de ce dernier qui est impressionné par ce monde qu'il découvre. Ainsi le Rat est
discrédité par ses propres paroles.
Au vers 7 le Rat commet une maladresse de langage : il inverse les présentatifs "Voilà" et "voici".
Cette inversion a pour effet de rétrécir le périmètre du lieu que visite le Rat, montrant ainsi que ce
dernier ne visite pas le monde entier mais simplement quelques endroits. De plus le Rat associe
deux lieux très éloignés géographiquement "les Apennins" et "le Caucase", montrant qu’il n’est
même pas capable d’identifier les paysages qui l’entourent. L’opposition entre la vision
grandiloquente du Rat "mont" et la vision réaliste du nar ki rateur "moindre taupinée" démontre
l’attitude excessive du Rat, appuyée par l’assonance entre "moindre" et "mont".

Le narrateur appelle avec ironie le Rat "le voyageur", lui attribuant ainsi l’expérience imaginaire
qu’il revendique. Mais les termes "au bout de quelques jours" indiquent que le voyage qu’a fait le
Rat est trop court pour qu’il puisse avoir visité beaucoup de choses et, surtout, qu'il est trop court
pour qu'il puisse en tirer de vrais enseignements

Au vers 11 le narrateur vient introduire un nouveau personnage les “Huître" ( adj ), il


tente d’en faire qql chose de banal avec l’ajd “mainte “, qui font d’elles rien de spéciales
à admirer.
Mais le rat qui apparaît dans le second hémistiche ne va pas respecter ce souhait : il vient
porter un jugement précipité , marqué par la polyptote “ voir en voyant “ ainsi que
l’enjambement
Cette analyse superficielle est à l'origine de son erreur : avec l’hyperbole “ vaisseau “ ,
de nouveau excessive

Le vers 13 marque le passage au discours direct, c'est-à-dire à une nouvelle prise de parole du
Rat. Celui-ci vient ridiculiser son père avec l’oxymore pauvre sire, car il s'oppose à son
caractère explorateur, représenté par les lieux évoqués. Mais en réalité, ces lieux le pêchent
car on comprend que le désert correspond au sable : le rat est un menteur.

Par ailleurs, L’affirmation "Pour moi" et l’adv “ certes “ montrent que le Rat est devenu sa
propre référence, un rat narcissique , ce qui est, une fois de plus, très prétentieux de la
part d’un ignorant.
Le narrateur reprend la parole au vers 17. Celui-ci reste vague sur la nature des
connaissances du Rat "choses" ainsi que sur la façon dont il les a acquis "certain magister".
On comprend dès lors que ces connaissances sont totalement inexistantes et qu’il s’agit de
pures spéculations du Rat.
Le narrateur explique au début du vers 18 que le Rat clame ses exploits et partage ses
sois-distantes connaissances : "les disait à travers champs". Non seulement le Rat a une
attitude contraire à l’idéal de l’Honnête Homme prôné au XVIIème siècle mais en plus il
est dangereux pour son entourage puisqu’il propage des connaissances erronées, il ne
puise pas ses connaissances de sources sûr "N’étant pas de ces Rats qui les livres rongeant"
, c’est une critique des faux savants marquée par la négation

2 ème mouvement

Des vers 21 à 25 le narrateur s’attache à décrire l’une des huîtres en prenant son point de
vue. Celle ci semble importante comme le souligne la personnification rejoue

Cette dernière est tellement confortablement posée que le temps semble s’allonger .
Cette dilatation est mise en évidence par son champ lexical "baillant", "réjouie",
"épanouie" ainsi que par le passage de l'octosyllabe à l’alexandrin.
Le vers, à l’image du temps, se rallonge.

De plus le cadre est idyllique : soleil zenith, des mots au registre élevés prouvent
l’érudition du narrateur , mais aussi qui s’oppose au caractère rude du voyage evoqué.
Ensuite, Celui s’attache à décrire l’intérieur de l’huître « blanche grasses» suçote appétit
du Rat, qui fait son apparition au vers 26.
Celui-ci marque une coupure par le retour au présent "voit". Il permet ainsi la reprise du
récit. Les termes "D'aussi loin" indiquent que le Rat porte un jugement précipité sur
l’huître. Ainsi les observations du Rat se font plus superficielles encore, comme si la faim
prenait dessus le jugement, cette omnipresence de la nourriture se retoruve avec le cl “
met “ .

Le rat se precipite vers l’huitre dont il ne connait pas la nature , on le remarque par les
adverbes “ quelques “ “certains “, Ce que trouve la fontaine particulierement stupide.

Suite à cette affirmation, le narrateur reprend la parole.

→ Il ridiculise son personnage d’une part par le lexique : Les termes "Maître Rat", à
vocation ironique, permettent au narrateur de se moquer du rat qui a l’orgueil d’essayer
de se faire passer pour un savant. Cela est confirmé par le dernier mot du vers "espérance"
qui rime avec le mot "ignorance" du vers 33.

→ Mais aussi à l'intérieur du récit : si les deux verbes d'actions "Approche", "allonge"
prouvent la témérité du Rat, la finalité de leur action n’est pas glorieuse → comparaison “
comme au lacs “ montre rat se retrouve enfermé, situation ridicule
Ainsi "voilà" a un rôle amphorique, il renvoie à l’ensemble du récit afin que le lecteur
puisse prendre l’histoire dans son intégralité afin de la comparer à la morale.

3 eme mouvement

La morale en question commence au vers 34. Le vers 34 forme une annonce du plan de la
conclusion, “ premièrement “ “ puis “ , rappelant l'érudition du narra ( opposée à celle du
rat )

La fontaine guide le lecteur en se plaçant lui-même en observateur critique comme nous


le montre le pronom "nous" et en ayant recours au présent de verité generale “ voyons “ .

Dans la premiere, il se rapporte à l’ignorance du rat : marqué par le fait que le mot
"expérience", ne rimant avec aucun autre mot du paragraphe → Selon La Fontaine
l’absence d’expérience devient une variante de l’ignorance ce qui lui permet de
discréditer ceux qu’il appelle les faux savants. Par ailleurs il generalise son comportement
pour en faire un contre exemple pour tous
La seconde morale s’étend des vers 38 à 39. Elle est unifiée par une rime en "prendre".
Cette seconde morale est exposée sous forme de proverbe. Elle réfère, cette fois, à
l’imprudence du Rat, qui s’est jeté sur l’huitre sans connaitre sa nature

conclusion :

l'étude de Cette fable semble bien montrer que le rire moqueur est un moyen d'instruire
ceux qui ne disposent pas d'un savoir solide , et ne s’en rendant peut être pas compte , se
comportent d'une manière qui leur est préjudiciable
De plus, le fabuliste se sert de ce récit plaisant pour transmettre à son lecteur un savoir
explicite par les moralités .

Il rejoint donc Rabelais qui , dans le prologue de gargantua pousse son lecteur à ne pas
s'arrêter au sens littéral mais à interpréter à plus haut sens ".

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