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L’école des femmes : acte II


scène 5
Introduction ±2' avec lecture
Éléments de l'intro
→ Présentation auteur: Molière, auteur du XVII° siècle. Arts codifiés par les règles
du Classicisme (notamment les bienséances et les trois unités).
→Présentation de son œeuvre: La pièce traite de l'éducation des femmes et de leur
place dans la société de l'époque. Intrigue: Arnolphe, tuteur d'Agnès, l'a élevée
dans l'ignorance dans le but de l'épouser car, étant donné sa sottise, elle ne pensera
pas à lui être infidèle. Mais l'amour qu'elle éprouvera pour Horace lui apprendra
beaucoup de choses.
→ Présentation du texte: Le texte se situe à l'acte II, et Arnolphe tente d'extorquer
des informations à Agnès sur son amourette avec Horace
→ Problématique et enjeu du texte: Comment Molière critique-t-il la société de son
époque par le rire ?
→Trois mouvements du texte:

A. Arnolphe cherche à savoir ce qu'il s'est passé entre Horace et Agnès (v 571 → v
586)

B. Arnolphe tente de discréditer son rival (v 587 → 589)


C. Arnolphe explique à sa pupille qu'une relation avec un homme est normale tant
qu'elle se fait dans les règles du mariage (v 600 v 613)

Commentaire
Mouvement 1

→ Vers 571 - Vers 576: Les répliques ne sont pas réparties en alexandrins: Arnolphe
finit les vers d'Agnès et inversement. Il s'agit d'une stichomythie, qui montre ici une

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tension entre Arnolphe (qui questionne Agnès) et Agnès (qui a peur de parler). En
effet, on devine chez le barbon une certaine impatience, bien qu'il essaie d'être
rassurant. Il laisse néanmoins éclater sa colère au vers 576, en jurant "Diantre !".
Agnès, quant à elle, redoute la colère de son tuteur. Elle le formule explicitement au
vers 572: "vous vous fâcherez peut-être contre moi".

→ Vers 577: Montre la souffrance d'Arnolphe car il aime malgré tout sa pupille
→ Vers 578: Le ruban crée un comique grivois, il symbolise la virginité d'Agnès.
Horace a, au sens littéral, pris le ruban. Au sens symbolique, il a pris sa virginité. Ce
n'est pas explicite car cela choquerait les bienséances. Enfin, Arnolphe a donné le
ruban à Agnès, il l'avait donc en sa possession, et se réservait la virginité d'Agnès
pour lui seul.

→ Vers 579: L'expression "s'en défendre" est utilisée par une femme lorsqu'elle
repousse les assauts de celui qui la séduit. Agnès cède donc aux avances du
galant.

→ Vers 581: Ce vers est une question indirecte avec restriction "ne que". Le barbon
est pris à son propre jeu. En effet, il veut soutirer des informations à sa pupille sans
que cette dernière ne perde son innocence.

→ Vers 582: Fait rire jaune. Reflète en effet la situation de la femme à l'époque. La
relation entre Agnès et Arnolphe touche à l'inceste, et l'ignorance de la jeune fille
rend le spectateur mal à l'aise.

→ Vers 583-586: Métaphore filée de la maladie d'amour (vocabulaire de la maladie).


Agnès, elle, prend l'idée au premier degré, notamment à cause de son ignorance.
Elle pense ainsi "secourir" Horace de sa maladie et, si besoin est, "tout [lui]
accorder". Cette expression se dit notamment vis-à-vis du mari, pour lequel la
femme accorde tout.
Mouvement 2

→ Vers 587 et 588: Arnolphe utilise la religion pour justifier sa chance. Il se parle à
lui-même ce qui montre son inquiétude.

→ Vers 589: "Chut". Cette interjection prouve la posture dominante du tuteur sur sa
pupille, qui transparaît aussi dans la proportion du texte attribué à Arnolphe. Le
barbon maîtrise ainsi la parole d'Agnès (qui n'est autorisée qu'à répondre à ses
questions), et donc sa pensée. De plus, Arnolphe confine Agnès dans son
"innocence". L'éducation, qui permet normalement de trouver de nouveaux chemins
de réflexion, assujettit ici Agnès.

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→ Vers 590: Arnolphe passe le discours: "ce qui s'est fait est fait". Il veut se montrer
magnanime, bon, en faisant croire à Agnès qu'il pardonne sa faute. Pourtant, Agnès
n'a pas fauté: elle est dans son bon droit. Molière critique ainsi les pères du XVII°
siècle, qui doivent être vu comme trop bons de pardonner des sentiments normaux
et légitimes.

→ Vers 591 et 592: Arnolphe essaie de discréditer Horace, qui mentirait en "flattant"
Agnès. Cependant, s'il est dit au vers 592 que le galant souhaite "abuser" d'Agnès,
c'est en réalité Arnolphe qui cherche à la manipuler (ce que ferait le galant par la
flatterie) pour ensuite abuser d'elle.

→ Vers 594: Jeu sur le mot "foi", qui permet à Arnolphe d'amener lentement l'idée de
la religion mais aussi du mariage. Le vers est une mise en garde contre Horace

→ Vers 596: Arnolphe critique les "blondins" en général. En effet, il ne mentionne


pas Horace, bien qu'il connaisse son identité. Il parle au présent de vérité générale
et au pluriel. Enfin, il accuse les galants de débiter des "sornettes", afin d'attirer les
jeunes filles comme Agnès
→ Vers 597-598: On note la présence du champ lexical de l'amour physique
"baiser", "langueur", "chatouiller". Arnolphe, et Molière à travers lui sous entendent
bien plus, mais utilisent ces euphémismes afin de ne pas choquer les bienséances.
Ainsi Arnolphe, obnubilé par la possession d'Agnès, discrédite Horace sur ce que
lui-même fait.

→ Vers 599: Arnolphe tente d'épouvanter Agnès par la peur de la mort et du pêché
qu'il a cultivé chez cette dernière. Il tente de la manipuler par la religion. Mouvement
3

→ Vers 600: Le procédé d'Arnolphe a fonctionné: Agnès est effrayée par le "pêché
mortel". Elle en demande cependant la raison. En effet, son innocence la rend
immunisée à l'emprise que pourrait avoir la morale sur elle, emprise existante de la
religion sur les contemporains de Molière.
→ Vers 601-602: Arnolphe essaie à nouveau d'effrayer Agnès. Il insinue qu'une
autorité suprême a pronocé un "arrêt" qu'il faudrait à tout prix respecter. Cette loi
transgressée courouccerait selon lui le Ciel, créant un orage.

→ Vers 603-606: Agnès est ici si innocente qu'elle en vient à se rebeller contre la
morale, qu'elle ne peut pas comprendre, et qu'elle va même jusqu'à contredire. Ses
questions sont en effet très pertinentes, et resteront dans son esprit jusqu'à la fin de
la pièce, lorsqu'elle s'opposera à Arnolphe.. Elle sous entend par "tout cela"
beaucoup de choses, qui, comme le "le" du début de la scène, sont implicites afin de
ne pas choquer les bienséance.

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→ Vers 607-608: Arnolphe argumente par concession. Il utilise l'ambiguité sur le mot
"tendresses". Ainsi, il présente peu à peu sa vision de l'amour en admettant une
partie de celle de sa pupille. Il reconnaît lui-même apprécier les compliments. Ces
derniers sont cependant ambigus, ils peuvent avoir des sous-entendus sexuels,
qu'Agnès ne peut comprendre.

→ Vers 609-610: Selon Arnolphe (et selon la religion), on doit être marié pour effacer
le pêché d'être amoureux. Il amène donc Agnès vers l'idée du mariage, qui lui
permettrait de se laver de ses pêchés. Ainsi, il pense qu'elle va naturellement se
diriger vers lui comme son futur marié.
→ Vers 612: Ce vers noue un quiproquo. En effet, tandis qu'Agnès pense qu'elle va
se marier à Horace, tandis qu'Arnolphe souhaite se marier à sa pupille, et compte
bien lui imposer ce mariage.

Conclusion
En définitive, nous avons abordé la manière dont Arnolphe tente d'extorquer des
informations à Agnès. Nous avons ensuite étudié comment Arnolphe discrédite
Horace. Au terme de cette analyse, nous nous sommes intéressés à la vision des
relations amoureuses du barbon et à la façon dont il tente d'enseigner cette vision à
sa pupille. Molière, par cette scène, se montre vivement critique sur plusieurs sujets,
notamment l'ignorance dans laquelle les pères maintiennent les femmes à cette
époque. Il critique aussi l'emploi de la religion comme un argument de domination
masculine. Le comique est ici employé dans sa fonction de rire jaune et le texte
adopte un ton cruellement ironique. Agnès finira néanmoins par s'instruire et
répondra dans la scène 4 de l'acte 5 aux idéologies prônées par le barbon.

L’école des femmes : acte II scène 5 4

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