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L’industrialisation et

l’accélération des
transformations économiques
et sociales en France
Introduction : 
De 1848 à 1870, la France connaît un processus d’industrialisation et
d’urbanisation aux conséquences multiples. Il engendre notamment un
accroissement sans précédent des productions. Il entraîne également une
modernisation du pays, par exemple, dans le domaine des transports.
L’ensemble des mutations en cours creuse les inégalités sociales. En ville,
une classe ouvrière émergente s’oppose à une bourgeoisie dominante. Les
campagnes se transforment plus lentement sous l’effet de l’industrialisation et
conservent un fonctionnement traditionnel.
Comment l’industrialisation transforme-t-elle la France ?

Dates

1840 début de la révolution industrielle

1853 Napoléon demande a Haussmann de revisiter Paris


1860 traité du libre échange avec RU (1e puisse éco mondiale)

25 mai 1864 droit de grève


Haussmann, préfet de la seine (1809-1891)

Paris = 20 ans de chantier pour l'hygiène leste

Fr perreires
1853 credit immobilier, modèle banquier qui se repends en fr, it esp

1863 fr perreires 19compagnies

L’industrialisation et l’accélération des transformations économiques et sociales en France 1


1855 création de la compagnie transatlantique liaison avc Amérique
1867 faillite crédit mobilier

I – Les transformations économiques

A) L’industrialisation
Dans les années 1840, avec près de cinq décennies de retard sur le Royaume-Uni,
la France entame sa révolution industrielle. Même si l’eau et le bois restent
longtemps des sources d’énergie très utilisées, le développement des mines de
charbon et l’essor de la production de houille permettent l’implantation massive de
machines à vapeur.
Les usines se multiplient dans le nord et l’est du pays.  Le travail à domicile décline,
le salariat et la mécanisation s’imposent. Les travailleurs sont désormais soumis au
rythme des machines et à la discipline imposée dans les ateliers par les règlements
et les contremaîtres.
Dans le textile, secteur qui emploie le plus d’ouvriers, le coton est à la pointe du
mouvement de mécanisation. Dans la sidérurgie, la famille de Wendel développe
son activité à Hayange en Moselle (concentrant mines, hauts-fourneaux et ateliers
de laminage) tandis qu’Eugène Schneider fait du Creusot un centre de construction
mécanique et d’armement qui utilise les techniques les plus modernes (comme les
aciers spéciaux ou le marteau-pilon).

B) Un État modernisateur


Ces mutations sont encouragées et encadrées par l’État. Séduit par les idées saint-
simoniennes, Napoléon III entend accompagner la modernisation du pays par une
action volontariste. L’État facilite ainsi le développement du réseau ferroviaire,
encourage les opérations d’aménagement des villes et des campagnes. Il met en
place un environnement juridique favorable à la croissance des entreprises.
Sous sa direction, les expositions universelles (comme celles de 1855  et 1867) sont
l’occasion d’exalter le progrès et la modernité et de promouvoir le savoir-faire des

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entrepreneurs nationaux. Le traité de libre-échange, signé en janvier 1860 avec le
Royaume-Uni, première puissance économique mondiale, est perçu par l’empereur
comme un moyen d’accélérer la modernisation de l’économie libéralisant
partiellement les échanges.

C) Une nouvelle génération d’entrepreneurs


PPO : Les frères Pereire, des acteurs de la modernisation économique (p.
114/115)

1) Emile et Isaac Pereire sont les fils d’un courtier et assureur maritime de
Bordeaux. Les deux frères commencent à travailler ensemble en 1852 quand ils
fondent le Crédit mobilier.

2) Le Crédit mobilier révolutionne le crédit car, en tant que banque de dépôt, il
amasse le crédit « des bourgeois et des masses populaires ». Les capitaux déposés
sont investis dans le commerce et l’industrie. Ce qui finance le développement et la
modernisation d’entreprises (exemple des chemins de fer).

3) Ce sont des entrepreneurs dynamiques  qui multiplient les créations de sociétés
et les investissements dans divers secteurs en France et en Europe :

la banque (Crédit mobilier)

les transports (chemin de fer, transatlantique ou omnibus)

la construction maritime

l’immobilier,

l’hôtellerie,

l’énergie (éclairage et chauffage à gaz)

les assurances,

les entrepôts

et magasins généraux.

En 1863, ils contrôlent 19 compagnies (pour un capital de 3,5 milliards de francs)

4) Ce bateau symbolise la modernité technologique car il fonctionne à vapeur (à une


époque où la marine à voile reste majoritaire). Le paquebot de la Transatlantique

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facilite les relations avec l’Amérique grâce aux liaisons régulières qu’elle assure
avec le continent.

5) Les frères Pereire gèrent les chemins de fer du Midi. Ils relient la station balnéaire
d’Arcachon à Bordeaux. Ce qui permet aux touristes régionaux mais aussi à ceux de
« Paris, d’Angleterre et d’Allemagne » de rejoindre cette station désormais très
prisée.

Bilan :

Fils d’un courtier et assureur maritime de Bordeaux, Isaac et Émile Pereire


fondent en 1852 le Crédit mobilier. Les deux frères révolutionnent le crédit. En
effet, l’établissement, au capital de 60 millions de francs divisé en 120 000
actions de 500 francs, est une banque de dépôt qui collecte l’épargne des
bourgeois et des classes populaires. Les capitaux ainsi accumulés sont prêtés
aux grandes entreprises pour les aider à se développer ou à se moderniser. Le
Crédit mobilier joue ainsi un rôle important dans l’affirmation du capitalisme
français sous le Second Empire. Les frères Pereire sont des entrepreneurs
dynamiques. Ils multiplient les créations de sociétés et les investissements
dans des secteurs divers, en France mais aussi en Europe. Ils sont présents
dans la banque avec le Crédit mobilier et les banques qu’ils créent sur le
même modèle en Italie et en Espagne, dans le secteur des transports
(Compagnie des chemins de fer du Midi, Compagnie générale des omnibus…),
dans la construction maritime (chantiers de Penhoët à Saint-Nazaire), dans
l’immobilier et l’hôtellerie avec l’Immobilière Rivoli (1854), dans le secteur de
l’énergie avec la Compagnie parisienne d’éclairage et de chauffage par le gaz,
dans les assurances et dans les entrepôts et magasins généraux. En 1863, ils
contrôlent 19 compagnies pour un capital de 3,5 milliards de francs. La
compagnie Transatlantique, qu’ils créent en 1855, assure les premières
liaisons régulières avec l’Amérique à partir du Havre. Les frères Pereire
participent aussi au développement de la station balnéaire d’Arcachon.
Propriétaires de la Compagnie des chemins de fer du midi, ils assurent le
prolongement de la ligne Bordeaux-La Teste en direction d’Arcachon. La
faillite du Crédit mobilier en 1867 ne doit pas faire oublier que les frères
Pereire ont bien été des acteurs de la modernisation économique sous le
Second Empire.

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II – Les transformations sociales

A) L’âge d’or du monde rural


Malgré l’entrée dans la première révolution industrielle, les campagnes occupent
encore une place considérable dans l’économie et la société du Second Empire
(plus de 70% de la population française est encore rurale dans les années 1850). Le
monde rural  connaît alors un véritable âge d’or. L’État favorise son désenclavement
et soutient l’assainissement et l’aménagement de nombreux terroirs, dans les
Landes ou en Sologne. Napoléon III soutient le développement de la viticulture,
notamment bordelaise. Nombre de propriétaires-exploitants voient leurs productions,
leurs exportations et leurs revenus fortement progresser. La production agricole est
quasiment multipliée par deux sous le Second Empire.
Mais cette prospérité ne profite pas à la masse des ouvriers agricoles. Une partie de
ces travailleurs de la terre décide de tenter sa chance en ville. Le second Empire est
ainsi marqué par le début de l’exode rural (130 000 départs par an en moyenne) et
le reflux de l’emploi agricole.

B) Un pays en voie d’urbanisation


L’urbanisation s’accélère mais le phénomène reste secondaire. La France passe de
9 millions de citadins en 1851 à 11,6 millions en 1866. L’essor des villes est d’abord
favorisé par le développement industriel comme celui de Saint-Etienne où la
population passe de 56 000 à 110 000 habitants entre 1851 et 1872.

Activité : Paris haussmannien, la transformation d’une ville

1) Napoléon III qualifie la capitale d’être « infecte », « sans air et sans soleil ». Paris
ressemble en effet à une ville médiévale aux ruelles étroites et insalubres.
Les différents objectifs de Louis-Napoléon Bonaparte pour transformer Paris sont :

privilégier les gares de chemins de fer,

percer de larges artères et de grandes voies pour faciliter les déplacements et


relier les bâtiments publics,

faciliter l’accès à tous les quartiers

installer des casernes,

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créer des espaces verts (parcs et jardins publics), des marchés, des halles.

2) Des travaux sont engagés pour remodeler la ville, détruire certains édifices et
élargir les voies de communication. Napoléon III a un projet précis. Il a lui-même
tracé les transformations sur un plan. Il nomme Georges-Eugène Haussmann, préfet
de la Seine, pour mener à bien ce projet et le mettre en œuvre au quotidien.

3) Les « grandes percées haussmanniennes » sont de grands axes nord-sud et est-


ouest (exemple des blds Sébastopol et St-Michel).

4) Les adversaires de l’haussmannisation (tel Jules Ferry) critiquent la démolition du


Paris historique ainsi que le phénomène socio-spatiale et reprochent au préfet
d’avoir largement dépassé le budget initial des travaux.

Bilan :

À Paris, Napoléon III charge le baron Georges Eugène Haussmann, préfet de la


Seine, de modifier en profondeur l’urbanisme de la cité à partir de 1853.
Pendant près de 20 ans, la capitale est en chantier au nom de l’hygiène, de
l’esthétisme et de la sécurité. De grands boulevards sont percés, des places
sont dégagées, des perspectives sont créées, des espaces verts sont
aménagés, des ponts, des gares ou des halles sont édifiés. Ces travaux
modifient totalement la physionomie de la « ville-lumière ».DE nombreux
habitats malsains (30 000 en 1860), le nombre de rues étroites et sinueuses est
réduit, les quartiers insalubres sont rasés, et les ouvriers sont chassés du
centre-ville par les loyers élevés.

C) La politisation de la question sociale

PPO : Le droit de grève (p. 121), le 25 mai 1864, répond à l’une des attentes
du mouvement ouvrier

1) Le droit de grève – ou de coalition – est une nouveauté importante pour les
ouvriers car le droit de coalition était interdit en France depuis la loi Le Chapelier de
1791, selon le principe qui veut qu’il n’y ait plus en France d’intérêt intermédiaire

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entre « l’intérêt particulier de chaque individu, et l’intérêt général ». À partir de
l’adoption de la loi du 25 mai 1864, les ouvriers peuvent se coaliser pour faire grève
ou défendre leurs intérêts.

2) Émile Ollivier pense que le droit de coalition « tuera la grève ». Faisant le


parallèle avec la guerre, il met en avant le caractère désastreux des grèves. Comme
il le dit au début du texte, l’octroi du droit de coalition permettra d’éviter « la certitude
des rudes épreuves réservées à ceux qui entreront dans des grèves… ».

3) L’octroi du droit de coalition permettra « des discussions loyales et conciliantes »


entre patrons et ouvriers et donc une pacification des relations sociales.

Bilan :

L’industrialisation du pays sous le Second Empire entraîne un essor du monde


ouvrier. Ces ouvriers, hommes, femmes et enfants, malgré la loi du 22 mars
1841, travaillent essentiellement dans le textile, le bâtiment et la métallurgie.
Leurs conditions de vie sont difficiles : les journées de travail sont longues, la
discipline usinière est sévère, les salaires peu élevés et les budgets étriqués.
Ils réclament des droits, notamment le droit d’association, et souhaitent être
représentés au Corps législatif par des députés issus du monde ouvrier. Ils
souhaitent au total que leurs intérêts soient mieux pris en compte et défendus.
Louis-Napoléon Bonaparte s’intéresse précocement à la question sociale. Au-
delà de ses nombreuses visites en Angleterre et à Londres, il profite de son
emprisonnement au fort de Ham, après l’échec de sa deuxième tentative de
coup d’État à Boulogne-sur-Mer en août 1840, pour rédiger un ouvrage dans
lequel il expose ses idées dans le domaine : L’Extinction du paupérisme
(1844). Il s’y livre à une critique sévère des conséquences sociales de
l’industrialisation et propose des pistes de réforme. Cet ouvrage contribue à le
rendre populaire dans le monde ouvrier.
Une fois empereur, il encourage le développement des mutuelles et, par le
biais de la loi du 25 mars 1864, accorde le droit de grève aux ouvriers. Il met
ainsi fin aux interdits posés par la loi Le Chapelier de 1791 sur le droit
d’association.  Le bilan de cette politique est décevant pour le pouvoir. La loi
du 25 mai 1864, qui autorise le droit de grève, était censée favoriser le
dialogue entre patrons et ouvriers et favoriser une pacification des relations

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sociales. Mais, contrairement aux attentes de Napoléon III, les grèves se
multiplient, à La Ricamarie en 1869 ou au Creusot en 1870. La grève du
Creusot, occasionnée par le licenciement de trois ouvriers, est d’autant plus
emblématique que le patron de l’établissement, Eugène Schneider, est très
proche du régime. Député-maire du Creusot, il est en effet président du Corps
législatif.

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