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Thème 2 géo Une

diversification des espaces et


des acteurs de la production
Introduction :
Dans le cadre de la mondialisation, les acteurs économiques (individus, entreprises,
collectivités locales, Etats, organisations régionales…) recherchent la compétitivité.
A cet effet, ils sélectionnent et hiérarchisent les espaces productifs. Ces derniers
sont des espaces sur lesquels se réalise une production de biens matériels ou de
service. Ces espaces de production sont de plus en plus diversifiés et de plus en
plus interconnectés. Tous n’ont toutefois pas le même degré de spécialisation. On
assiste d’ailleurs à une recomposition des lieux et des acteurs mais aussi à une
réorganisation des réseaux de production. Ce qui s’explique par l’évolution des
moyens de transport et de communication. Ce qui tient enfin à la concurrence que
se livrent les espaces productifs.
Quelles sont les caractéristiques et recompositions majeures des espaces et des
acteurs de la production ?

I – Les espaces de production dans le monde : une diversité


croissante
Comment les espaces productifs se recomposent dans le cadre de la
mondialisation ?

EDC : L’aéronautique et l’aérospatiale en Europe : une production en


réseau (p. 106/109)

Comment expliquer la réussite internationale de la production aéronautique et


spatiale européenne ?

A) Des industries variées et complexes (p. 106/107)


1. L’industrie aéronautique et spatiale européenne est née après la Seconde Guerre
mondiale, durant les 30 Glorieuses, grâce à la construction européenne qui a
favorisé le volontarisme des États et la coopération des acteurs publics et privés du

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secteur pour mutualiser leurs ressources. Ainsi se concrétisent et réussissent les
projets Airbus et Ariane, devenus des leaders mondiaux.

2. Les principaux concurrents de l’Europe sont les États-Unis, la Russie, le Japon et


la Chine. L’Europe est particulièrement compétitive par rapport à eux dans tous les
secteurs : aéronautique avec Airbus face à Boeing, spatial avec le lanceur Ariane et
les satellites de télécommunication (Thales, EADS) mais aussi le positionnement par
satellites Galileo plus performant que les concurrents (GPS, Glonass, Beidu, QZSS).

3. Des secteurs d’activité particulièrement complexes :


− La multitude d’acteurs publics et privés, civils et militaires impliqués, à intégrer et à
coordonner.

Des processus à l’origine de chaînes longues et de réseaux fortement intégrés :


de la conception

– innovation (R&D) à la commercialisation des solutions et services en passant par


la production industrielle avec les constructeurs et leurs nombreux sous-traitants
− Le caractère hyperspécialisé des très hautes technologies mises en œuvre au
service de l’innovation et de la recherche : aéronautique civile et militaire, missiles,
fusées, satellites civils et militaires parfois en constellations, systèmes de
positionnement…

4.

B) Des coopérations multiples (p. 108)

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5. Le système de production d’Airbus et d’Ariane correspond à un gigantesque «
mécano ». De multiples acteurs européens hyperspécialisés (10 pays pour Ariane et
3 pays pour les sites de production de l’A350) produisent un ou des éléments
spécifiques sur plusieurs sites répartis tout le continent, mis en réseau par de
puissants moyens logistiques (navires dédiés, convois routiers exceptionnels, avions
Beluga) avant l’assemblage final.

6. De nouveaux constructeurs concurrencent Airbus : Sukhoï en Russie, Comac en


Chine, Embraer au Brésil, Bombardier au Canada et Mitsubishi au Japon. Malgré ce
contexte de compétition mondiale, Airbus prend des participations chez ses
homologues (ce qu’a fait Airbus avec Bombardier en rachetant sa branche court
courriers, renommée série A200), implante des centres de recherche dans les pays
rivaux ou s’impose comme un fournisseur indispensable. Tous sont concurrents et
complémentaires.

C) Des espaces industriels  spécialisés et aménagés (p. 109)


7. Les deux pôles principaux d’Aerospace Valley sont en premier lieu Toulouse, puis
Bordeaux. Ces deux pôles concentrent le plus grand nombre d’emplois, les plus
diversifiés et les plus qualitatifs (ingénierie et informatique, commercialisation,
fabrication d’éléments de haute technologie, assemblage final).

8. Le pas de tir de la future Ariane 6 est un aménagement de très grande envergure
au sein du CSG à Kourou. Des voies spécifiques sont aménagées pour permettre
l’acheminement du lanceur sur le pas de tir. Ce dernier doit être éloigné des
installations humaines et supporter la puissance des moteurs au décollage. Compte-
tenu du caractère hautement inflammable du carburant des propulseurs et de
l’importance du volume embarqué, un important réservoir d’eau est indispensable à
proximité du lanceur.

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9. 

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II – 

A) Une croissance des espaces de production


Un espace productif constitue une partie du territoire, aménagé et mis en valeur,
directement dédiée à la production de richesses. La production mondiale se définit
comme l’ensemble des opérations et des processus qui permet de réaliser un profit
un produit fini et/ou de la richesse. Cette richesse, qui est calculée à l’aide du produit
intérieur brut (PIB), a doublé en 25 ans et a connu une croissance d’environ 3 % par
an.
Quels sont les facteurs expliquant cette croissance ?

Le premier d’entre eux est la mondialisation. La mondialisation les processus


d’intensification et d’accélération des échanges. La mondialisation s’est accélérée
depuis les années 1990 avec le développement de l’Organisation mondiale du

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commerce (OMC) et les accords de libre-échange. La deuxième cause tient au recul
de la pauvreté et à l’augmentation de la consommation mondiale. Ainsi, par
exemple, l’enrichissement important de la population chinoise et indienne a permis
d’ouvrir de nouveaux marchés et de de trouver de nouveaux consommateurs. Ce qui
accroît la production industrielle. Sa valeur a augmenté de 30 % en 10 ans. Dans les
pays les moins avancés (PMA), l’apparition d’une classe moyenne a permis, elle
aussi, de soutenir la croissance.
Or, cette croissance ne profite pas à tout le monde. Elle a même entraîné une
explosion des inégalités (et donc des tensions). Aujourd’hui 1 % de la population
mondiale concentre près de 46 % des richesses mondiales. Quant aux 73 % des
plus pauvres, ils n’ont accès qu’à 2,4 % de la production mondiale.

B) Des espaces hiérarchisés


Cette production de richesse(s) dessine une carte des puissances économiques en
recomposition.

On trouve tout d’abord les centres dominants de l’économie. Cinq pays concentrent
70 % de la recherche et développement (R&D). Et Dix pays concentrent 70 % de la
production industrielle. Ce sont les puissances traditionnelles. Parmi elles figurent
les États-Unis (à eux seuls 1/3 des R&D), l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France et
le Japon. Ces pays conservent des atouts importants avec notamment la domination
de l’économie numérique, des activités de services et des dépenses de R&D.
On trouve qu’une deuxième catégorie de pays. Ce sont les puissances émergentes.
On les appelle les BRICS (Brésil / Russie / Inde / Chine / Afrique du Sud). Ces
puissances économiques émergent et concurrencent désormais les pôles
traditionnels de l’économie mondiale. Ainsi, la Chine a bénéficié d’un essor
économique sans précédent depuis les années 80. Ce qui lui a permis de devenir
« l’usine du monde » mais surtout de s’imposer comme la première puissance
industrielle et commerciale. Elle concurrence désormais les puissances
économiques traditionnelles dans les secteurs de pointe (exemple de la technologie
de la 5G).
Une autre catégorie correspond aux pays de la périphérie intégrée. Elle regroupe les
pays (surtout Amérique latine et Afrique) qui fournissent des matières premières
agricoles, minérales et/ou énergétiques. Elles ont parfois une importance stratégique
en fonction de la valeur de la matière première. Ainsi, les puissances pétrolières
(comme l’Arabie Saoudite ou le Qatar), même si elles diversifient leur économie

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(exemple du Qatar avec les investissements sportifs) , restent très dépendantes des
cours des hydrocarbures.

On trouve également des pays qui s’appuient sur une main-d’œuvre bon marché
pour attirer des entreprises industrielles et textiles. Ce sont les pays ateliers. Ainsi, le
Bangladesh et le deuxième exportateur mondial pour le textile. Ces pays
concentrent les emplois à faible qualification mais subissent une très forte
concurrence entre eux. On peut aussi citer le cas des call centers francophones qui
quittent désormais le Maghreb pour s’installer à Madagascar. Mais les conditions de
travail sont très difficiles et les salaires faibles. Et ces pays restent dépendants des
centres de l’économie.

Dernière catégorie, ce sont les pays en marge. Ces pays cumulent les difficultés
(instabilité politique, guerre civile et/ou crise majeur). Les investissements y sont
faibles et leur économie reste très largement agricole. L’absence d’infrastructures et
le manque de stabilité empêchent le développement des espaces productifs
mondiaux. Ce sont les pays qu’on regroupe sous la catégorie des pays moins
avancés (PMA).

Cette hiérarchisation est connue sous le terme de division internationale du


travail (DIT).

C) Quels acteurs organisent les espaces productifs ?


Les firmes transnationales (FTN) sont les acteurs (privés) majeurs de la production.
Ces FTN regroupent près de 80 millions de salariés, génèrent les 2/3 des échanges
mondiaux et 1/4 du PIB mondial. Elles sont majoritairement issues des pays du
Nord. Ainsi, 427 des 500 premières FTN viennent des pays développés (États-Unis,
Europe occidentale et Japon). Les FTN des pays émergents occupent toutefois
désormais une place croissante (notamment celles des BRICS). Ces FTN sont
généralement issues de l’économie traditionnelle. On peut citer les hydrocarbures
(Shell, Exxon, Total, Gazprom, Petro China…) ou bien encore l’agroalimentaire
(autour de groupes tels que Danone ou Nestlé) ou encore l’automobile (Toyota,
Volkswagen ou Tata) ou l’aéronautique (Boeing ou Airbus). Mais les FTN les plus
puissantes aujourd’hui sont issues de l’économie numérique. Ce qui vaut pour les
GAFAM (Google / Amazone / Facebook / Apple / Microsoft) ou certains groupes
comme Alibaba (Chine). Ces FTN conservent un ancrage national important pour les
fonctions stratégiques (la direction, la recherche, etc.) et disposent d’un pouvoir
d’influence très important. Elles s’appuient sur leur État d’origine, notamment en cas
de conflits commerciaux ou les lutte pour obtenir des contrats. Ils organisent leur

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production en réseaux de plus en plus complexes avec des filiales et des sous-
traitants. Ce qui est, par exemple, le cas du groupe thaïlandais Foxconn. Ce dernier
rassemble les produits Apple comme ceux de Samsung en Asie. C’est ce qu’on
appelle la décomposition internationale du processus de production (DIPP).

Le deuxième acteur majeur, cette fois-ci public, ce sont les États. Pour attirer les
investissements directs à l’étranger des FTN, les États valorisent leurs atouts et
mettent en œuvre des politiques  actives :

politiques fiscales avantageuses,

création de zones franches,

législation environnementale et sociale peu contraignantes, etc.

Ils mettent également en place des infrastructures nécessaires à l’implantation des


FTN : ports, aéroports, autoroutes, data center, internet à haut débit, etc. Or, ces
territoires sont en concurrence les uns avec les autres. Ils se distinguent par
l’importance de l’innovation et de la recherche. Des espaces productifs (comme
Bangalore en Inde, Shenzhen en Chine, la Silicon Wadi en Israël ou la Silicon Oasis
à Dubaï) cherchent ainsi à rivaliser avec des espaces traditionnels comme la Silicon
Valley (Californie). Chercheurs, universitaires et entrepreneurs du monde s’y
retrouvent pour coopérer dans des pôles de l’innovation. On assiste
progressivement à un déplacement des activités de l’électronique et de
l’informatique vers l’internet ou l’intelligence artificielle.

D’autres acteurs interviennent enfin dans ces espaces productifs :

associations régionales (comme l’Union européenne, l’ALENA ou Mercosur),

les organisations internationales (comme la banque mondiale ou l’organisation


internationale du travail),

des organisations non gouvernementales qui cherchent à imposer des règles de


bonne. Ce qui se traduit par des tentatives pour réguler les activités des FTN,
pour lutter contre les paradis fiscaux et pour dénoncer les abus et le non-respect
des règles (travail des enfants, conditions de travail mauvaises, etc.).

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