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Thibaut
La révolution industrielle
Patrick Verley
Folio 1997
Première partie : La révolution industrielle : histoire d’un problème
1) L’expansion des marchés
2) Les facteurs de la croissance industrielle
3) Les formes d’organisation de la production et la question de la «transition» vers l’industrie moderne
4) Voies nationales d’industrialisation
Père tanneur, et à sa mort en 1789, reprit l’entreprise familiale belge avec son frère.
Réussite repose sur ses talents d’inventeur et sur son attitude de collaboration avec les
occupants français (fournisseur aux armées : cuir + draps).
Vers 1800, de nombreuses activités : tannage, tissage et blanchiment du lin des cotonnades à
la prison dont il était le directeur, filage mécanique du lin.
Monta une filature de coton : fit venir d’Angleterre, en contrebande, un « assortiment » de
machines, non sans difficultés. Reconstitua les éléments manquants.
Après une période de troubles (« guerre des Paysans » contre l’occupation française), il monta
la première filature mécanisée de Gand (Belgique) en 1801. Mais comme production
insuffisante, 2° fabrique en 1803. Laissa la tannerie à ses frères et se concentra sur ses
activités textiles : fabrication des machines (qu’il ne vendait pas pour garder secret
fabrication), tissage à la prison et dans des structures rurales proto-industrielles, blanchiment,
indiennerie. Mais ces activités restaient séparées.
Blocus continental => hausse de la demande et de la spéculation.
Mais pas bases saines => crise de crédit en 1810.
Grâce relations avec administration française, prêt hypothécaire de 300 000 francs en 1811.
Situation financière ne s’améliora pas, et 1814 : ses biens furent saisis par ses créanciers.
Partit pour Paris en 1819 où il travailla au problème de la mécanisation de la filature de bourre
de soie.
Fils d’artisans. Berlin. Travailla treize ans dans la fabrique de machines d’Eggels (qui a
construit en 1825 la première machine à vapeur allemande). Devint directeur technique.
1837 : fonda une petite usine de construction de machines (50 ouvriers) grâce surtout à
emprunts à des amis (caractéristique entreprises fondées avant 1850). L’entreprise grossit
rapidement, et 1841, sortit sa première locomotive. 1847 : 1100 ouvriers, 67 locomotives par
an. Après crise de 1847-1848, intégration verticale (fonderie, mine de charbon + construction
machines à vapeur pour bateaux). En 1854, il avait fournit 1885 des 2512 locomotives en
circulation en Prusse.
Nécessité d’une accumulation primitive de capital => abondant fin XVIIIe et début XIXe.
« La disponibilité du capital dépendait beaucoup de l’attitude des Etats qui pompent le marché
lorsqu’ils empruntent, mais l’alimentent ensuite par le versement des intérêts. » p 181
Désendettement Etat après guerres napoléoniennes => accroissement du capital offert.
Jusqu’à construction chemin de fer, capital excédentaire => donc bon marché (tx d’intérêt 3-
4%). Encore fallait il que capital s’investisse dans l’industrie, directement ou indirectement.
3 sphères principales d’accumulation : rente foncière, profit commercial et proto-industriel,
l’Etat. => transfert que de manière limitée et inégale dans indus naissante. Contribution
agriculture faible.
Grand commerce : source d’accumulation massive, mais capital souvent dilapidé dans des
dépenses ostentatoires.
« Le négoce non colonial fut plus ouvert aux besoins industriels » p182. => intégration vers
l’amont des marchands-manufacturiers. => transition entre proto-industrialisation et
industrialisation.
Etat : dans un cadre mercantiliste, rôle d’entrepreneur (ex : Prusse, début XIXe, Seehandlung,
sorte de société de holding, mise en veilleuse ensuite car libéralisme l’emportait). GB : aucun
rôle de financement indus pour l’Etat. France : s’engagea dans de grandes entreprises (ex : le
Creusot), surtout sous Ancien Régime. L’Etat bourgeois fut libéral.
Etat rôle primordial par contre, tardivement, en Russie et au Japon.
« Les débuts de l’industrialisation nécessitèrent peu de capitaux : le préfinancement fut
rarement un problème» p 183. Pq faibles besoins en capital fixe ? Etroitesse des secteurs
concernés par la RI et la faiblesse des capitaux de départ d’une entreprise nouvelle (peu
d’ouvriers, bâtiments en réemploi). => pb non celui du démarrage, mais de la croissance de
l’entreprise : pas difficultés car profits très élevés (20 à 30 % en moyenne). Ex : frères Walker
=> 1746 : 600 livres, 1780 : 122 000 livres. Les entreprises grossissent en général par
autofinancement, et souvent surplus disponible pour aider création nouvelles entreprises.
=> pays germaniques, jusque vers 1840, profits réalisés supérieurs aux possibilités
d’investissement industriels.
« La RI put en effet économiser du capital : au lieu d’en consommer beaucoup plus, elle
l’utilisa de manière plus productive » p 184.
Complexité croissante des techniques et augmentation seuil minimal de rentabilité => niveau
du capital de démarrage s’accrut.
Avec la 2e RI, capitaux énormes pour ouvrir aciérie ou entreprise chimique.
Lorsqu’une entreprise se fondait, nécessité de beaucoup de capital circulant, peu de capital
fixe => structure commerciales et bancaires existantes permettaient d’accorder ce crédit à
court terme. Pays germaniques où banques moins développées, par le Trockenwechsel.
Mais banques aidaient aussi pour crédit à long terme. En GB, le système bancaire a pu faire
financer indirectement l’industrie par le capital foncier.
« En règle générale, l’industrie a financé l’industrie ». p187
Contribution chemins de fer toujours considéré comme importante et évidente => relance
industrialisation en GB, + contribué voire suscité RI dans les autres pays.
Travaux de R. Fogel (1964) et de A. Fishlow (1965), qui ont tenté de quantifier leur
contribution à la croissance.
Mesure de l’économie sociale (social saving) = dépenses supplémentaires qu’occasionnerait
une situation imaginaire où les chemins de fer n’existeraient plus. => exploitations agricoles
abandonnées (production plus compétitive cause coût de transport), sidérurgie produirait
moins… (ex : social saving en % du PNB : GB=11% en 1890, US=8.9% en 1890,
France=5.8% en 1872). Différence de taux en fonction de la répartition antérieure des trafics
entre voie d’eau (moins cher que chemins de fer) et réseau routier (plus cher). Ccl : les
chemins de fer n’ont que peu contribué à la croissance des US (10% =faible).
Mais : subjectif. Leur approche suppose que le trafic aurait crû de la même manière s’il n’y
avait eu les chemins de fer. Or demande de transport varie en fonction des coût qui ont
diminué rapidement : chemin de fer a contribué à augmenter fortement les trafics.
Un leading sector : pour chaque type de produit, importance de la demande ferroviaire
(chemins de fer achetèrent 30% de la fonte britannique). France, US, Allemagne : après phase
importation, production nationale : stimulant à l’adoption des technologies nouvelles +
impulsion aux grands établissements sidérurgiques. => Fr et Allgne : grâce à protection.
Pas protection en Italie ou en Espagne : pas eu de substitution à l’importation. Mais aussi
surtout incapacité de la sidérurgie nationale à répondre à la demande.
=>Transformèrent les marchés des capitaux, les systèmes bancaires et les flux internationaux
de capitaux. + posèrent le pb de l’intervention de l’Etat dans l’économie. Pression continue
sur l’innovation et poussèrent à la diffusion technologique. Grand nombre d’emplois créés :
250 000 en GB en 1875.
Facilita mobilité, migrations interrégionales et urbanisation + unification du marché
national. + une certaine spécialisation, mais aussi un rôle dans le processus de sous-
développement de certaines régions du Sud et de l’Est européen (Italie du Nord /
Mezzogiorno).
William Cockerill, « mécanicien » anglais (savait fabriquer les nouvelles machines textiles).
Passa sur le continent (Suède, pays germaniques). 1799 : Verviers, le centre lainier belge,
où la firme Simonis et Biolley l’employa à équiper leur entreprise. 1805 : monta sa propre
entreprise de construction de machines avec ses fils. 1807 : nouveaux ateliers à Lièges. 1810 :
atelier et comptoir de vente à Paris et en Allemagne (Berlin, Brandebourg et Saxe). 1813 : se
retira et laissa à ses fils, qui peu à peu intégration amont vers l’aval : filature et sidérurgie. Un
des fils, John, se lança dans construction machine à vapeur. Acheta palais de Séraing :
entreprise de construction mécanique, puis une fonderie en 1819 => fourneaux à coke,
fabrique de fer… = énormes et rapides investissements, non par autofinancement, mais grâce
à politique industrialiste du roi Guillaume I et par fonds de l’industrie nationale. En
contrepartie, 1825 : moitié de l’entreprise de Seraing fut cédée à l’Etat. Racheta ensuite par
annuités. Entreprise grossit progressivement : en 1840, c’était la plus grande du monde, à la
pointe de la technologie, intégrant tout le processus productif.
Mais fragile financièrement : demande ferroviaire fluctuante, + politique de Cockerill :
utilisait toutes les ressources dégagées par le profit à acheter de nouvelles entreprises.
Pb vis-à-vis de l’Etat : toute l’économie liégeoise dépendait de lui, et il refusait transformation
en SA de peur de perdre le pouvoir dans l’entreprise. A sa mort, phase de stabilisation pour
les établissements de Seraing. Les héritiers transformèrent l’entreprise en SA pour résoudre
les problèmes de financement.