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Révolution industrielle

transition vers de nouveaux procédés de fabrication en Europe et


aux États-Unis aux XVIIIe et XIXe siècles

Révolution
industrielle

Raffinerie de pétrole de
la Standard Oil à
Cleveland, Ohio, 1889.
Date Milieu du
xviiie siècle
Royaume-U
Début du
xixe siècle :
Belgique, Fr
Suisse
Milieu du
xixe siècle :
Allemagne[
Suède, Japo
États-Unis
Fin du xixe
Espagne, Ita
Autriche-Ho
Russie
Lieu Europe
Cause Contexte soci
économique,
monétaire, fin
technologique
idéologique,
juridique
Résultat Passage du sy
manufacturier
l'usine mécan
augmentation
croissance et
productivité,
mécanisation
rural et urban
développeme
transports et
télécommunic
émergence d'
classe bourge
d'une classe
ouvrière,
syndicalisme,
socialisme,
pollution.
Chronologie
1769 Watt met au poin
une machine à
vapeur qui
transforme en
énergie mécaniq
la vapeur produit
par l'eau chauffé
au charbon.
1779 Crompton élabor
une machine à fi
mécanique : la
mule-jenny.
1825 Stephenson inve
la locomotive et
crée la première
ligne ferroviaire
ouverte au public
1827 Niépce invente la
photographie.
1851 Première
exposition
universelle, à
Londres.
1855 Le procédé
Bessemer facilite
production d'acie
1858 Étienne Lenoir
invente le moteu
explosion à
essence.
1863 Louis Pasteur me
au point la
pasteurisation.
1869 Mendeleïev publi
son tableau
périodique des
éléments.
1871 Gramme invente
premier générate
électrique : la
dynamo.
1876 Bell invente le
téléphone.
1882 Edison et Swan
inventent l'ampou
électrique.
1886 À l'aide de son
moteur à explosi
Carl Benz met au
point la première
automobile.
1895 Les frères Lumiè
projettent le
premier film
cinématographiq
1896 Marconi met au
point la première
communication
radiophonique : l
télégraphie sans
(TSF).
1898 Pierre et Marie
Curie réussissen
isoler le radium,
ouvrant ainsi la v
à la physique
nucléaire.
1903 Les frères Wright
effectuent leur
premier vol
motorisé.
1911 Taylor publie The
Principles of
Scientific
Management où
présente une
organisation
scientifique du
travail (OST) à
travers la
séparation des
tâches.
1914 Henry Ford insta
une nouvelle
méthode de trava
le montage à la
chaîne.
1971 Hoff et Faggin,
ingénieurs chez
Intel, inventent le
microprocesseur
ouvrant ainsi l'ère
de la micro-
informatique.
La révolution industrielle est le processus historique du
xixe siècle qui fait basculer une société à dominante agraire et
artisanale vers une société commerciale et industrielle. Ainsi,
cette transformation, tirée par le boom ferroviaire des années
1840, affecte profondément l'agriculture[2], l'économie, le droit, la
politique, la société et l'environnement.

L'idée se fait jour sous la plume de l'économiste français Adolphe


Blanqui dans son Essai sur les progrès de la civilisation industrielle
de 1828, dans son Histoire de l'économie politique[3] de 1837 et
dans son Cours d'économie industrielle de 1838. La première
occurrence connue de l'expression littérale révolution industrielle
en français serait dans De l'industrie en Belgique de Natalis
Briavoine en 1839[4]. Elle apparaît en allemand en 1845 dans La
situation de la classe laborieuse en Angleterre de Friedrich
Engels[5]. Vulgarisée en Angleterre au xxe siècle par l'historien
Arnold Toynbee[6], elle fait partie depuis du vocabulaire usuel.

Certains historiens contestent la validité scientifique de cette


expression. Pour Werner Sombart (Le Capitalisme moderne, 1902),
la « révolution industrielle » est un phénomène ancien, qui
commence en fait à Florence au xive siècle avec l'émergence de la
civilisation bourgeoise. Fernand Braudel fait observer que le
caractère brutal qu'implique le terme de « révolution industrielle »
ne peut a priori s'appliquer qu'au Royaume-Uni. Pour les autres
pays, le terme d'industrialisation qualifie mieux un processus en
réalité assez progressif. Patrick Verley[7] insiste sur la continuité
du phénomène, le moteur de la croissance de l'industrie, à la fin du
xviie siècle, résidant d'abord dans le dynamisme de la demande de
biens de consommation, qui stimule en retour le progrès
technique.

Les mutations dans le domaine agricole


La « révolution industrielle » est le passage d'une économie
fondée traditionnellement sur l'agriculture à une économie
reposant sur la production mécanisée à grande échelle de biens
manufacturés dans des entreprises.

Les « révolutions industrielles » (au pluriel) désignent les


différentes vagues d'industrialisation qui se succèdent dans les
différents pays à l'époque moderne, car la révolution industrielle
émerge en réalité de façon décalée dans le temps et dans l'espace
selon les pays. Elle correspond à la maîtrise et au développement
de nouvelles sources d'énergies, à savoir les énergies fossiles, qui
sont essentielles dans le développent des industries : le charbon
d'abord, le pétrole et le gaz naturel ensuite[8]

Les premiers espaces à s'être industrialisés sont la Grande-


Bretagne à la fin du xviiie siècle, puis la Belgique, le Nord de la
France et la Suisse au début du xixe siècle : ce sont les pays de la
première vague. L'Allemagne et les États-Unis s'industrialisent à
partir du milieu du xixe siècle, le Japon à partir de 1868 (le début
de l'ère Meiji qui correspond à la date d'accession au pouvoir de
l'empereur Mutsuhito (1867-1912), puis la Russie à la fin du
xixe siècle : ils forment les pays de la deuxième vague.

Machine à filer mule-jenny, résultat d'innovations incrémentales


depuis le début du xviiie siècle.

Machine à vapeur de James Watt conçue en 1769.

Usines de filage mécanique du coton à Manchester vers 1820.

Fosse de la Compagnie des mines d'Anzin (France).


Marteau-pilon du Creusot (1841).

Machine des aciéries de John Cockerill à Seraing, foyer de


l'industrialisation belge.

Les transformations économiques, politiques et sociales sont


telles que certains, comme Max Pietsch[9] et David Landes[10],
veulent y voir une rupture avec le passé. D'autres pointent plutôt la
convergence d'éléments que le contexte historique favorise et
diffuse au xixe siècle. Karl Polanyi, dans La Grande Transformation
(1944), expose notamment l'idée d'un siècle marqué par :

1. Un équilibre politique international : absence de grandes


guerres entre 1815 et 1914[11] ;
2. Un équilibre monétaire : système de l'étalon-or et absence
d'inflation ;
3. Un équilibre économique : acceptation de l'économie de
marché.

Sans méconnaître l'impact colossal des transformations portées


par la révolution industrielle, (voir par exemple l'expression
« Rerum novarum » employée par le pape Léon XIII dans son
encyclique homonyme : un ensemble de « choses nouvelles »
forment un mouvement économique et social inédit et
déconcertant qui pose la question sociale), certains éléments
assurent une certaine continuité entre les périodes pré-
industrielles et industrielles. Walt Whitman Rostow est l'un des
premiers à en rendre compte[12]. Franklin Mendels parle d'une
situation de « proto-industrialisation » dans de nombreuses
régions d'Europe[13] et Pierre Léon note l'existence de
« nébuleuses industrielles » antérieures au xixe siècle[14]. De
même, Bernard Rosier et Pierre Dockès[15] montrent que
l'avènement du factory system fait suite à l'expérience antérieure
du manufactory system et Alexander Gerschenkron note que la
révolution industrielle est surtout le résultat d'obstacles
économiques, politiques et sociaux qu'opposaient les sociétés
traditionnelles et surmontés par chaque État. Enfin, Fernand
Braudel note : « Il n'y a jamais entre passé — même lointain — et
présent de discontinuité absolue, ou si l'on préfère de non-
contamination. Les expériences du passé ne cessent de se
prolonger dans la vie présente. » Ainsi, de nombreux auteurs
situent le début de la révolution industrielle au Moyen Âge (qui a
déjà révolutionné le monde du travail par le renouvellement des
sources d'énergie, hydraulique et éolienne, et par l'invention
technologique)[16] ou au début de la Renaissance. Paul Mantoux
parle de l'existence d'un capitalisme industriel dès le milieu du
xvie siècle, mais la révolution industrielle en soi date, selon lui, du
xviiie siècle[17].

Industrialisation massive : panorama sur les usines sidérurgiques


Carnegie à Youngstown dans l'Ohio, en 1910.

Avant la révolution industrielle


De la fin du Moyen Âge au xviiie siècle, la société est largement
seigneuriale et presque exclusivement agricole. À l'exception de
certaines régions, comme les Flandres, l'agriculture est encore
peu productive et marquée par l'archaïsme féodal. La pratique de
l'assolement triennal reste la règle et les champs sont exploités
de façon collective, l'absence de clôtures permettant le
mouvement du bétail d'un terrain à l'autre. L'Europe connaît
plusieurs phases de croissance démographique et de prospérité
économique qui sont toujours entrecoupées par des crises
profondes : épidémies, guerres et disettes. La mortalité infantile
est élevée, l'alimentation est essentiellement à base de
céréales[18]. L'hygiène reste désastreuse : les carences sont
attestées par des déformations et autres marqueurs
d'innombrables maladies relevés sur les squelettes de l'époque.
Toutefois, les premières corporations productivistes apparaissent
dès la Renaissance en Hollande et dans le Nord de l'Italie. Les
techniques enregistrent d'importants progrès : navigation,
imprimerie, horlogerie, extraction minière et méthodes bancaires.
Les foires qui se développent dans certaines régions d'Europe
attestent l'existence d'échanges se situant dans une économie de
marché plus élargie. Ces volumes demeurent cependant
modestes dans le total des échanges pratiqués par les
populations.

L'usine, au sens moderne, est inexistante. Les manufactures


établies par le pouvoir royal, en France notamment (comme à
Villeneuvette), restent une activité d'exception. Cependant,
certaines formes d'organisations basées sur une sous-traitance à
domicile (putting-out system) — comme l'établissage dans
l'industrie horlogère — annoncent la révolution industrielle ; les
marchands commencent à fournir les paysans en matières
premières, parfois en outils, en vue de récupérer ensuite un
produit transformé qu'ils revendront en ville. Les paysans en tirent
un complément de revenu. Ce mode de vie n'est donc plus tout à
fait le servage mais n'est pas encore le salariat. C'est un mélange
inédit d'agriculture et d'artisanat : l'économie moderne est en
germe. Ainsi, l'avènement des indiennes de coton dont la
fabrication implique la mise en œuvre de processus techniques
complexes provoquent le développement d'une proto-industrie
dans plusieurs régions d'Europe au xviiie siècle.
D'après les calculs d'Angus Maddison, l'Europe occidentale
connaît, de 1500 à 1800, une croissance démographique de
0,14 %, soit un taux faible mais déjà supérieur à celui des autres
régions du monde (0,02 %). C'est donc dès le xviiie siècle que
l'Europe commence à creuser l'écart économique avec le reste du
monde. Cette avance reste limitée[19] et si l'Europe occidentale
n'est pas plus riche que le reste du monde, elle commence déjà à
le dominer : les grandes compagnies de commerce profitent du
renouveau des techniques maritimes, pour rivaliser, prendre le
contrôle des mers et des comptoirs d'escale ou
d'approvisionnement. Ce commerce au long cours s'intéresse à
l'origine surtout aux produits de luxe : activité très risquée mais
qui procure à ceux qui y investissent des profits considérables[20].
L'idée d'investissement de rapport se diffuse d'abord chez les
financiers qui se lancent dans le négoce, puis chez des
négociants qui réussissent à s'autofinancer (sans s'endetter) ou à
trouver les moyens de se financer : création et développement des
banques, des bourses et des associations de « capitalistes » dans
les pays du Nord de l'Europe.

Contexte favorable, résultat d'une longue


évolution
Article connexe : Histoire du capitalisme.
Structures sociales, économiques et politiques

Évolution de la société

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Il est de coutume de voir un lien entre la réforme protestante au


xvie siècle et la révolution industrielle depuis la parution de
L'Éthique protestante et l'Esprit du capitalisme de Max Weber en
1905. Selon ce sociologue allemand, le protestantisme porte en
lui les germes de ce qui constitue un « terreau » de valeurs qui
révolutionnent la conception du travail et de la vie : le travail n'a
pas à être considéré comme le châtiment expiatoire du péché
originel comme le rapporterait l'éthique catholique. Ce serait au
contraire une valeur fondamentale au travers de laquelle chacun
s'efforce de se rapprocher de Dieu[21]. Selon Max Weber, le
capitalisme est un état d'esprit caractérisé entre autres par la
subordination de l'émotion et de la coutume à la raison
instrumentale (un terme de philosophie allemande désignant
l'usage de la raison pour déterminer le meilleur moyen d'atteindre
un but : le mot français est « rationalité ») et cet état d'esprit aurait
été créé par le calvinisme intransigeant apparu en Angleterre et
aux Pays-Bas au xviie siècle enseignant le rejet des plaisirs
superficiels tels que le jeu et le théâtre pour se concentrer sur le
travail, tandis que le dogme de la prédestination aurait encouragé
à rechercher des signes terrestres de son élection par Dieu. Enfin,
l’Église catholique a condamné l'usure jusqu'en 1830 alors que
Jean Calvin l'a autorisé rendant le protestantisme compatible avec
le libéralisme et la spéculation.

Cette analyse est en contradiction apparente avec le dogme


fondamental du protestantisme, la sola gratia, selon lequel Dieu
accorde sa grâce sans considération des actes. Max Weber ne
l'ignore pas, mais il analyse chez les protestants une forme de
déviation par rapport au dogme pur, qui consiste à voir dans la
fortune ici-bas un signe de l'élection divine et du salut. Cette
analyse n'explique pas pourquoi l'émergence du capitalisme se
produit deux siècles après l'apparition du protestantisme (voir
l'article Histoire du capitalisme) ; il est vrai que Weber n'avait pas à
sa disposition les études d'historiens postérieurs (le Belge
Raymond de Roover (en) ou les Britanniques Edwin S. Hunt et
James M. Murray ou encore le Français Fernand Braudel).

L'évolution des idées durant l'époque moderne est marquée par la


dimension prise par la bourgeoisie au sein de la société. Il est
notable que l'expansion économique précoce se fait souvent dans
un contexte politique déjà en partie affranchi du féodalisme.
Venise, en Italie du Nord, est dominée par les marchands et les
Provinces-Unies ainsi que l'Angleterre se sont dotées d'un régime
parlementaire.
Transformation de l'entreprise

Peinture de Hendrick Cornelisz Vroom


réalisée vers 1600, montrant le départ
de voiliers de la Compagnie
néerlandaise des Indes orientales.

Le capitalisme ne naît pas avec la révolution industrielle ; dès la fin


du Moyen Âge, l'historien Fernand Braudel note que les activités
du capitalisme marchand et financier sont déjà largement
développées dans le Nord de l'Italie, les Pays-Bas ou l'Allemagne
du Nord.

Dès le xviie siècle, les grandes compagnies commerciales


maritimes, comme la Compagnie anglaise des Indes orientales
(1600) ou la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (1602),
préfigurent l'« entreprise » moderne. Elles constituent en effet les
premières entités à explicitement viser le profit monétaire et, pour
ce faire, à savoir mobiliser hommes, capitaux et moyens matériels
(navires) pour exploiter les nouvelles connaissances
géographiques et les progrès technologiques : boussole, sextant,
etc.

Durant cette ère préindustrielle — ou « proto-industrielle » selon


l'expression de Franklin Mendels — des « nébuleuses
industrielles »[22] comme en Flandre au xviie siècle apparaissent
dans lesquelles se développent des formes embryonnaires
d'entreprises pour contourner les règles corporatives. Les
premières formes juridiques d'entreprises reposant sur la libre
association de sociétaires voient le jour, notamment la société en
commandite.

L'ampleur des besoins financiers engendrés par la révolution


industrielle pose rapidement la question de l'accumulation
primitive du capital et consécutivement celle du financement par
l'appel à l'épargne publique ou aux capitaux extérieurs. Jusque-là,
les « investisseurs » associés au sein de sociétés en nom
commun (SNC) découpées en parts non négociables, et non en
actions, ont la qualité juridique de « commerçants » et sont, à ce
titre, responsables sur leurs biens propres. Les premières sociétés
de capitaux comme les sociétés en commandite par actions
(actions négociables dans une bourse) remontent en France au
Code du commerce de 1807, mais restent marginales[23].

Or au xixe siècle, la révolution industrielle requiert — comme dans


les chemins de fer — une importante concentration de capitaux en
vue de financer des investissements de plus en plus importants.
Une nouvelle forme juridique d'entreprise, la société anonyme (SA)
facilite les apports en capitaux de plusieurs investisseurs : ceux-ci
n'engagent leur responsabilité qu'à hauteur des montants investis,
ce qui limite les risques encourus en cas de défaillance.

Ainsi en Angleterre, la mise en place des joint stock companies


(JSC) fait suite à l'abrogation du « Bubble Act » en 1825 et au
« Joint Stock Companies Act » de 1856. En France est instaurée la
société anonyme après les lois de 1863 et 1867 (et en Allemagne
en 1870). D'après François Caron[24], 11,4 % des sociétés créées
en France entre 1879 et 1913 le sont sous la forme de société
anonyme.

Libéralisme à l'aube de l'industrialisation

La réflexion sur le rôle de l'État dans l'économie, les thèmes du


libre-échange et du protectionnisme sont l'objet d'une longue
réflexion historique. Au xviie siècle, le mercantilisme
— « économie au service du prince » — énonce de manière
pragmatique et parfois assez formalisée (ainsi le colbertisme[25]
en France) les premières considérations et théories économiques
censées correspondre aux besoins des nations et royaumes. En
1776, un auteur libéral comme Adam Smith est partisan[26] d'un
État-gendarme capable d'assurer d'une part des prérogatives
régaliennes (de défense, de sécurité et de justice) et d'autre part
des fonctions tutélaires (les permissions et les interdictions). Il ne
s'agit donc pas à proprement parler d'un État minimal.

Par ailleurs, la division du travail est déjà à l'œuvre depuis au


moins un siècle dans les chantiers navals (par exemple, l'arsenal
de Venise) et illustrée par les planches de l'Encyclopédie. Elle est
source d'efficience et de meilleure productivité. En d'autres
termes, la division du travail permet d'atteindre les objectifs avec
des bas coûts et une production par unité de facteurs élevée. La
spécialisation et l'interdépendance qu'elle induit entre un nombre
croissant d'agents économiques qui y ont recours rend
nécessaires les échanges et contribue à généraliser les pratiques
de marché. Vincent de Gournay et le mouvement physiocratique
lancent au xviiie siècle : « Laissez faire les hommes, laissez
passer les marchandises. »

Le siècle des Lumières promeut la conception d'un État garant des


libertés individuelles, parmi lesquelles, la liberté du commerce et
de l'industrie et, son corollaire, la libre concurrence. Concrètement,
il s'ensuit en France l'abrogation des corporations à la suite de la
loi d'Allarde en mars 1791 et l'interdiction de toute coalition à la
suite de la loi Le Chapelier du 14 juin 1791 : « Il n'y a plus de
corporations dans l'État ; il n'y a plus que l'intérêt particulier de
chaque individu et l'intérêt général »[27].

En Angleterre, les Combination Acts de 1799 et 1800 engagent un


processus similaire. De telles mesures ont un impact décisif sur le
processus de révolution industrielle ; d'après Arnold Toynbee,
« l'essence même de la révolution industrielle est la substitution
de la libre concurrence aux règlementations qui, depuis le Moyen
Âge, étaient imposées à la production »[28].

Au xixe siècle alternent des périodes de libre-échange et de


protectionnisme. Paul Bairoch observe que « le protectionnisme
est la règle, le libre-échange l'exception »[29]. Le Royaume-Uni
commercialiste avait opté dès le xviie siècle pour des mesures
protectionnistes telles le « Navigation Act » de Cromwell en 1651,
et réitère en ce sens avec les « Corn Laws » de 1815 à la suite de
« l'Importation Act ». L'abrogation des « Corn Laws » par le « Peel
Act » le 15 mai 1846 constitue, au même titre que l'abrogation du
« Navigation Act » en 1849, un tournant fondamental du
xixe siècle. Autrement dit, la fin des années 1840 a été marquée
par la mise en place d'un ensemble de lois permettant l'ouverture
progressive des frontières vis à vis du reste du monde.

Ce libéralisme est donc à l'origine de la généralisation du marché


au xixe siècle : celui-ci — autrefois existant mais de manière
marginale — devient facteur décisif dans le processus
d'industrialisation. Karl Polanyi estime dans La Grande
Transformation (ouvrage publié en 1944) que le marché
fonctionne de manière autorégulée, sans intervention de l'État,
entre 1834, date de l'abolition de la loi de Speenhamland (1795-
1834) consacrant la marchandisation de la main d'œuvre, et 1929,
date de la grande crise économique qui provoque le retour et le
recours à l'État en vue d'intervenir activement et réglementer le
marché.

Progrès scientifiques

La révolution industrielle est aussi le fait de découvertes et


innovations qui favorisent l'industrialisation. La « grappe
d'innovation » qui survient[30], est d'une ampleur telle que la
révolution industrielle marque une véritable rupture sur le plan des
techniques.

Pourtant, de nombreuses industries ne sont pas à proprement


parler récentes : certaines comme l'imprimerie et la soierie
remontent au milieu du xve siècle. Les travaux d'Henri Hauser[31]
montrent que ces industries ont favorisé l'émergence des
premières manufactures dont certaines, en France, sont créées
sur décision royale dès le règne d'Henri IV mais surtout sous celui
de Louis XIV, influencé par les idées mercantilistes de Colbert.

De même, Lewis Mumford[32] considère l'invention de l'horloge


comme l'une des premières activités mécaniques, occasionnant le
perfectionnement de certaines techniques et favorisant la division
du travail (voir en particulier le modèle d'organisation assez
remarquable dit de l'« Établissage » en vigueur dans l'horlogerie du
Jura depuis au moins le xviiie siècle).

Fondements philosophiques

Article détaillé : Industrialisme.

La révolution industrielle se fonde sur la doctrine industrialiste.


Origines de l'industrialisme

Adam Smith (1723-1790), est


considéré par beaucoup comme un
des fondateurs de la pensée
économique moderne.

Bien que, par certains aspects, on puisse voir les origines de


l'industrialisme dans le fameux Parfait négociant, écrit par
Jacques Savary en 1675, les origines remontent plus
certainement à la seconde moitié du xviiie siècle, époque à
laquelle Montesquieu et Condorcet, parmi d'autres, défendent
l'idée selon laquelle le commerce et l'industrie entretiennent
l'amour de la paix, qu'ils ont besoin de liberté, et que leur essor est
l'un des signes du progrès que connaissent les sociétés
humaines. L'émergence de la grande industrie française, dans les
années 1780-1830, contribua à favoriser ces idées[33].

Il faut aussi mentionner le grand économiste écossais Adam


Smith (1723-1790), déjà cité, auteur de la Richesse des nations
(1776), considéré comme l'ouvrage fondateur de l'économie
moderne.
L’industrialisme, en tant qu’élément constitutif et élément
historiquement déterminant du libéralisme, a plusieurs sources
majeures :

La première est Destutt de Tracy, le dernier et le plus célèbre


représentant de la Société des idéologues français, ami de
Thomas Jefferson, qui a lui-même traduit en anglais[34], et
publié à Philadelphie[35], en 1811 avec une préface[36],[37], et fait
enseigner au collège de William et Mary, où il avait fait ses
études de 1760 à 1762[38], sous le titre de A Treatise on Political
Economy[39], le Commentaire sur l’Esprit des Lois de Montesquieu
(1806), qui contenait sa Politique, mais dont la publication ne
pouvait avoir lieu, en raison du régime politique alors en place
en France, en raison de sa défense des thèses républicaines et
démocratiques[40]. Dans cet ouvrage, Destutt de Tracy définit la
société, de son commencement le plus informe à son plus
grand état de perfection, uniquement comme une pure série
ininterrompue d’échanges, et dans laquelle les deux parties
contractantes sont toujours gagnantes[41].
De l’esprit de conquête et de l’usurpation (1813) de Benjamin
Constant constitue une autre source de la pensée industrialiste.
Selon Dunoyer, Constant a été le premier à distinguer nettement
entre l’âge moderne et la civilisation ancienne[42].
Mais c’est sans conteste le Traité d'économie politique, le
maitre-ouvrage de Jean-Baptiste Say, paru en 1803, qui a été la
principale influence intellectuelle sur l’industrialisme[42]. En
1815, Say enseigne à l'Athénée, diffusant les idées du grand
économiste écossais Adam Smith (1723-1790)[43].

Deux courants dans l'industrialisme

Articles détaillés : Le Censeur et Saint-simonisme.

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Claude-Henri de Rouvroy de Saint-


Simon.

À partir de la fin des années 1810, la doctrine industrialiste s’est


scindée en deux tendances : l’industrialisme libéral de Jean-
Baptiste Say, Charles Dunoyer et Charles Comte d’une part, et
l’industrialisme organisé de Claude-Henri de Rouvroy de Saint-
Simon, d’Auguste Comte et des saint-simoniens.

Sous la Restauration, de 1817 à 1819, deux jeunes libéraux,


Charles Comte et Charles Dunoyer, dirigent la revue libérale Le
Censeur européen. À partir du deuxième volume, un autre jeune
libéral, Augustin Thierry, a collaboré étroitement avec eux. Le
Censeur européen a développé et diffusé une version radicale du
libéralisme, qui a continué d’influencer la pensée libérale jusqu’à
Herbert Spencer et au-delà[44].

Saint-Simon semble avoir été le premier à avoir employé le mot


« industriel » comme substantif [45]. C'est lui qui a forgé le terme
« industrialisme », qu'il emploie, selon Henri Gouhier dès 1817, et
que l'on trouve en 1824 dans le catéchisme des industriels[46]. Il est
le penseur de la société industrielle. Le courant saint-simonien ne
s'est vraiment développé qu'après la mort de Saint-Simon en
1825. Les premiers disciples, parmi lesquels Prosper Enfantin
(surnommé le « Père Enfantin »), ont fondé le journal Le
Producteur qui expose la philosophie : « Il s'agit de développer et
de répandre les principes d'une philosophie nouvelle. Cette
philosophie, basée sur une nouvelle conception de la nature
humaine, reconnaît que la destination de l'espèce, sur ce globe,
est d'exploiter et de modifier à son plus grand avantage la nature
extérieure[47]. »

Mutations liées : agriculture et démographie

Révolution agricole

Article détaillé : Révolution agricole.

Selon certains historiens comme Georges Duby[48], le monde


agricole connaît une lente évolution amorcée depuis le xe siècle.
Ainsi Olivier de Serres considéré comme le père de l'agronomie
française a déjà expérimenté à la fin du xvie siècle sur son
domaine du Pradel (200 ha) des techniques nouvelles comme
l'assolement. Mais ces nouvelles techniques se diffusent
lentement et n'évoluent de manière significative qu'à partir du
xviiie siècle. À cette époque, seules les Provinces-Unies
connaissent une forte productivité agricole.

La révolution agricole, soit le bouleversement des techniques,


caractérisé par des innovations, va enregistrer un renouveau cette
fois dans le sud de la Grande-Bretagne. Dans le comté de Norfolk,
à partir de 1720, Charles Townshend expérimente un système
nouveau d'assolement continu qui se substitue à l'assolement
triennal avec jachère. C'est le début d'une nouvelle vague
d'innovations : drainage, marnage, invention du semoir par Jethro
Tull en 1701, etc.

Cependant, les mouvements d'enclosure entamés au xve siècle


représentent le bouleversement le plus considérable de l'exercice
de la production agricole. La mise en clôture des terres agricoles
par les landlords rompt avec le système traditionnel de l'openfield,
synonyme de profits collectifs. Les enclosures, inaugurées en
Angleterre par les Inclosure Acts dès 1760, permettent le
remembrement agricole et, consécutivement, l'application de
nouvelles techniques et l'accroissement de la production de
manière significative. Pour Karl Marx, les enclosures privent
nombre de ces petits paysans de leur moyen de subsistance, à
savoir la culture des biens communaux, et contraignent les
paysans à un exode rural massif. Ces paysans sans terre migrent
vers les villes et leurs faubourgs dans lesquels ils deviennent les
premiers ouvriers – ainsi que les premiers prolétaires – de la
révolution industrielle. Il s'ensuit le « triomphe de l'individualisme
agraire », d'après l'expression de Marc Bloch[49].

La France — qui refuse l'agriculture « à l'anglaise » — prend du


retard en matière d'innovation agricole. L'historien Jean-Claude
Toutain note tout de même que la forte croissance
démographique de la France au xviiie siècle est alimentée par un
accroissement de la production agricole en France de 20 à 30 %
par décennie de 1700 à 1780. De même, le marché agricole se
développe en France après la Révolution qui consacre la libération
de la terre, permettant, selon l'expression de Pierre Rosanvallon,
de « déterritorialiser l'économie et de construire un espace fluide
structuré par la seule géographie des prix »[50]. Ces éléments
remettent en cause l'idée répandue du conservatisme du monde
rural, notamment en Europe de l'Ouest. Le monde agricole de
l'Europe méditerranéenne et centrale, demeure quant à lui
traditionnel notamment en Russie où le servage n'est aboli que le
3 mars 1861.

La révolution agricole, amorcée au début du xviiie siècle, va se


poursuivre tout au long du xixe siècle. L'apparition du machinisme
agricole est marquée par la moissonneuse mécanique de Cyrus
McCormick en 1824, sa moissonneuse-batteuse en 1834, la
charrue de Mathieu de Dombasle en 1837. Les années 1840
voient naître l'utilisation des engrais artificiels grâce à la chimie
(recherches de Justus von Liebig).

Transition démographique

Le principe de la transition démographique.

Les pays ayant connu la révolution industrielle ont également tous


connu des mutations démographiques dont la plus importante est
la transition démographique. Celle-ci ne se produit pas forcément
au même moment que l'industrialisation, ce qui conduit à nuancer
les liens entre démographie et révolution industrielle.

La transition démographique correspond à une période de


déséquilibre entre les taux de natalité et les taux de mortalité.
Avant que ne débute la transition démographique, le régime
démographique traditionnel est celui d'une natalité et d'une
mortalité fortes qui se compensent.

Les progrès humains se caractérisent par la raréfaction des


famines et le meilleur traitement des épidémies, parfois combinés
à une absence temporaire de guerre, notamment au xixe siècle.
Les progrès de la médecine jouent un rôle important : vaccination
antivariolique de Edward Jenner en 1796, découverte de la
morphine en 1806, découverte du bacille de la tuberculose par
Robert Koch en 1882, vaccin contre la rage de Louis Pasteur en
1885, etc. Autrement dit, il s'agit du recul des « trois Parques
surmortelles » selon l'expression d'Alfred Sauvy[51]. Ces progrès
suscitent, dans le premier temps de la transition, une chute de la
mortalité sans que le taux de natalité en soit changé. L'écart
important, alors constaté entre la mortalité et la natalité, provoque
une hausse importante de la population. Par la suite, des
évolutions sociologiques et culturelles, liées à l'évolution des
modes de vie, des « mentalités collectives » et de la famille avec
l'enfant comme préoccupation centrale d'une famille qui tend à
devenir « nucléaire »[52], provoquent un recul de la natalité dont le
taux tend à converger vers celui de la mortalité.

La transition démographique est alors terminée, et laisse


généralement la place à une période de stabilité marquée par une
faible mortalité et une faible natalité.

La France est le premier pays à connaître la transition


démographique, au xviiie siècle, si bien qu'elle est la nation la plus
peuplée d'Europe en 1800, après la Russie. Certains font la
corrélation avec la prédominance de l'économie française à la
même époque ; le PIB de la France représente 15 % du PIB
européen soit 1/3 de plus que le PIB du Royaume-Uni et trois fois
plus que celui des États-Unis en 1820. Ensuite, le Royaume-Uni
connaît à son tour la transition démographique ; sa population est
multipliée par 9 entre 1500 et 1900 et passe de 6 à 21 millions
d'habitants entre 1750 et 1850. Parallèlement, le Royaume-Uni est
le premier pays à s'industrialiser. De même, la population des
États-Unis est multipliée par 15 entre 1820 et 1950 et dans le
même temps son PIB est multiplié par 14. On voit tout de même
que le lien entre essor démographique et industrialisation est
complexe puisque la France est le premier pays à entrer en phase
de transition démographique mais c'est le Royaume-Uni qui entre
le premier dans la révolution industrielle, ce même Royaume-Uni
qui entrera par la suite dans le processus de transition
démographique.

Trois bouleversements liés

Une batteuse en 1881, un exemple de


lien entre industrie et agriculture.

La révolution agricole permet de soutenir l'évolution


démographique en permettant la disparition des disettes.
L'accroissement de la population a cependant suscité certaines
craintes à l'époque. Thomas Malthus soutenait ainsi que la
croissance démographique évoluait de manière géométrique (1, 2,
4, 8, 16, 32, etc.) alors que l'agriculture n'évoluait que de manière
arithmétique (1, 2, 3, 4, 5, 6, etc.), d'autant plus que les gains de
productivité dans l'agriculture étaient confrontés aux rendements
décroissants des terres[53],[54].

La transition démographique a eu elle aussi des répercussions sur


l'agriculture, en lui offrant des perspectives de profit. Par ailleurs,
les études d'Ester Boserup montrent que l'accroissement
démographique a peut-être mis la population face à des
impératifs de productivité, « la nécessité étant la mère de
l'invention »[55].

Des auteurs comme Paul Bairoch[56] et Walt Whitman Rostow[57]


considèrent la révolution agricole comme endogène à la
révolution industrielle. L'augmentation de la productivité agricole
par tête a permis de réduire la part des travailleurs agricoles. Ces
derniers étant mis au chômage se sont rendus dans les villes et
ont fourni à l'industrie une importante main d'œuvre, essentielle à
son expansion. L'agriculture en évolution a aussi profité d'une
mécanisation croissante, qui s'est traduite par des commandes
industrielles. L'augmentation du produit brut agricole augmente la
rentabilité et la valeur des terres, et permet de dégager des
possibilités financières pour l'investissement.

Pourtant, les travaux de Phyllis Deane[58] montrent qu'il faut


relativiser cette théorie en soulignant le décalage géographique
qu'il existe entre les régions où se déroulent la « révolution
agricole » et celles où se développent l'industrialisation. Ainsi, le
Sud-Est de l'Angleterre, qui connait des progrès en matière
agricole, n'est pas la première région d'Angleterre à s'industrialiser.
Il existe un décalage similaire, cette fois-ci temporel, entre
transition démographique et industrialisation. Ainsi, les régions
dont la croissance démographique est importante ne sont pas
forcément celles qui connaissent le processus d'industrialisation
en premier, comme en Espagne. De même, d'autres régions qui
s'industrialisent ne connaissent pas une très forte poussée
démographique, comme dans la partie rhénane de l'Allemagne[59].

Le décalage est aussi chronologique, selon l'économiste Patrick


Verley dans la Révolution industrielle : les progrès agricoles ne
sont pas traduits partout par un exode rural, la croissance
démographique profitant surtout aux campagnes, où l'on mange
mieux et moins cher, meurt moins souvent jeune, et participe plus
nombreux aux travaux des champs, complétés par du travail à
façon à domicile[60]. Cette croissance démographique rurale ouvre
par contre des débouchés commerciaux à la révolution
industrielle. De plus, l'exode rural, quand il a lieu, est souvent
orienté vers les Amériques[61]. Quant aux témoignages écrits sur
le chômage (en Europe occidentale) au xixe siècle, ils
correspondent à des périodes de récession, les chômeurs étant
d'ex-ouvriers plutôt que d'ex-paysans. Dans un autre ouvrage
également titré La Révolution industrielle (p. 191), Jean-Pierre
Rioux note qu'en 1920, la population agricole représente encore
46 % de la population active de l'Angleterre, alors deux fois moins
peuplée que la France, relativisant la théorie marxiste de « l'armée
de réserve du capital ».

En outre, la théorie selon laquelle les excédents agricoles ont


soutenu l'industrialisation est elle aussi à relativiser. En effet, ces
excédents ont été réinvestis, pour une large part, dans
l'agriculture. En fait, ce sont plutôt les excédents industriels qui se
sont dirigés vers l'agriculture, notamment dans de grandes
propriétés, parfois au nom du prestige social qui faisait défaut à la
bourgeoisie. Toutefois, le rôle de l'agriculture, s'il n'est pas le seul
à permettre le processus d'industrialisation, n'en demeure pas
moins crucial dans les pays de la première vague[62] comme dans
ceux de la deuxième vague, notamment le Japon et la Russie.

Première révolution industrielle


Dans une perspective linéaire, à la manière de celle de Walt
Whitman Rostow, la première révolution industrielle débute en
Angleterre et en Wallonie dès le milieu du xviiie siècle, dans le
nord de la France et en Suisse au début du xixe siècle ; ce sont les
pays de la première vague, qui bénéficient dans le domaine textile
de la croissance de la proto-industrie au xviiie siècle en Suisse ou
en Alsace.
Importance des brevets

Le brevet de la Hebern single-


rotor machine (machine de
Hebern), brevet no 1510441
daté de 1918.

La première véritable législation attribuant un monopole pour les


inventions apparaît à Venise en 1474. Cette loi précise que le
monopole est la contrepartie de sa divulgation. Dès cette époque,
le brevet a deux fonctions :

1. Protéger les inventeurs contre la concurrence ;


2. Informer les innovateurs.

Pour Joseph Schumpeter, un économiste autrichien du début du


xxe siècle, le brevet est indispensable pour assurer une rente de
monopole à l'entrepreneur-innovateur, mais doit rester temporaire.
S'il est normal de protéger l'innovateur par une rente de monopole,
juste retour de l'investissement et des sacrifices consentis, elle
doit rester temporaire pour encourager à innover sans cesse
(dans cette analyse, Joseph Schumpeter utilise l'expression de
"destruction créatrice"[63]). Toujours selon Joseph Schumpeter, les
cycles de croissance de long terme – cycle de Kondratiev –
s'expliquent par l'existence de périodes de « grappes
d'innovations »[64] ou d'un processus de « destruction créatrice » :
« soit le processus interne au capitalisme qui révolutionne
incessamment de l'intérieur la structure économique, en
détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant
continuellement des éléments neufs »[65].

Le parlement britannique transforme les monopoles royaux en


brevets dès 1624 : il faut une réelle invention et la durée de vie est
limitée à dix ans. Mais les monopoles royaux reviennent dès la
restauration anglaise[66]. Le parlement qui gouverne le pays après
1688, lors de la révolution financière britannique, récompense les
inventeurs par des concours. Pour montrer l'exemple, il utilise
souvent le premier l'invention[67]. En 1714, il offre 10 000 livres à
qui trouve un moyen d'établir les longitudes en mer à un degré
près[68]. L'Angleterre dépose deux fois plus de brevets entre 1690
et 1699 que dans chaque décennie de la période 1660-1690. Le
2 juillet 1698, celui de l'ingénieur Thomas Savery pour le pompage
de l'eau dans les mines de charbon, est par exemple annoncé par
une publicité dans un journal, puis perfectionné par l'association
avec Thomas Newcomen en 1705. La loi est appliquée
strictement : en 1718, lors du brevet accordé à James Puckle (en)

pour une mitrailleuse, il doit prouver une « spécification ». L'énergie


des inventeurs est d'abord très mobilisée par la Royal Navy, sur
fond d'aventure coloniale.
L'acceptation du brevet de James Watt en 1769 établit un principe
important : un brevet peut être accordé pour l'amélioration d'une
machine (à vapeur, celle de Thomas Savery et Thomas
Newcomen) déjà connue, et pour des idées et des principes — à
condition qu'ils puissent être appliqués concrètement. Le fameux
brevet de Richard Arkwright pour des machines de filage fut
invalidé en 1777 pour absence d'une spécification adéquate, après
dix ans d'existence, alors qu'il améliorait la machine à filer
brevetée par l'immigré Huguenot Lewis Paul en 1738 et vantée en
1757 dans un poème du révérend John Dyer[69]. L'innovation des
premiers entrepreneurs du coton britannique est relancée par le
brevet du révérend Edmond Cartwright sur sa tisseuse à vapeur,
déposé en 1785 après avoir visité en 1784 l'usine de Richard
Arkwright et appris que le brevet expirait.

En France, la première législation sur les brevets est créée en


1791, mais dès 1762, le privilège royal autorisant une production
fut ramené à une durée de quinze ans[70].

Secteurs clés

Énergie : la vapeur

Machines à vapeur
Au ier siècle de l'ère chrétienne, Héron d'Alexandrie construit
l'Éolipyle, sorte de jouet à vapeur fonctionnant comme une turbine
à réaction. Il faut attendre d'autres inventeurs, comme Denis
Papin, pour montrer que la vapeur sous pression pouvait actionner
un piston dans un cylindre. La notion de travail est totalement
absente des premiers développements de cette machine. Les
travaux du physicien Sadi Carnot et la découverte de la
thermodynamique permettent de formaliser ce concept. C'est
précisément cette notion qui, attachée aux machines développées
au moment de la révolution industrielle, avec en parallèle
l'utilisation d'énergie fossile, fait basculer le système technique
vers la civilisation thermo-industrielle.

La première machine fonctionnant à vapeur utilisée


industriellement est celle du capitaine Thomas Savery en 1698.
Elle sert à exhaurer[71] les mines de Cornouailles. Bien que
simpliste et gourmande en charbon, elle sauve de nombreuses
mines de la ruine.
Fardier de Cugnot, premier véhicule
automobile en 1771.

Mine à charbon de Crachet Picquery à


Frameries.

Moteur atmosphérique à
vapeur de Newcomen.

La première véritable machine à vapeur, celle dont toutes les


machines alternatives descendent, est inventée et construite par
un forgeron du Devon : Thomas Newcomen, en 1712. Elle est
conçue comme machine de pompage pour une mine de charbon
située près de Dudley Castle, dans le Staffordshire. Très fiable,
cette machine fonctionne au rythme lent de douze coups par
minute, et consomme aussi beaucoup de charbon. En effet,
pendant son fonctionnement on envoie dans le cylindre
successivement de la vapeur, qui le réchauffe, puis de l'eau froide,
qui le refroidit : le charbon sert surtout à réchauffer le métal du
cylindre.

En 1764, frappé par la déperdition d'énergie de la machine de


Newcomen, James Watt imagine de ne plus condenser la vapeur
dans le cylindre, mais dans un condenseur séparé. Il en dépose le
brevet en 1769. L'application industrielle commence à partir de
1775, après que James Watt s'est associé avec Matthew Boulton,
propriétaire de la manufacture de Soho, près de Birmingham. Leur
démarche de commercialisation est elle-même innovante : ils
passent contrat avec un client équipé d'une machine Newcomen
et financent le remplacement par une machine de Watt. Les deux
associés se paient en prenant pour eux une part des économies
de charbon réalisées par le client, grâce au bon rendement
énergétique de la machine de Watt.

Machine à vapeur de Watt à Madrid,


école d'ingénieurs.

Watt brevette plusieurs autres inventions comme la machine


rotative et surtout la machine à double effet (1783) dans laquelle
le cylindre reçoit la vapeur alternativement par le bas et par le
haut, ainsi qu'un régulateur à boules ou centrifuge (1788) assurant
une vitesse constante au moteur.

La machine à vapeur est ainsi en mesure de remplacer les


moteurs hydrauliques, pour l'entraînement d'outils industriels.

Le développement est rapide : 496 machines à vapeur Boulton et


Watt sont en service en Grande-Bretagne en 1800. Les brevets de
Watt tombent dans le domaine public vers 1800. Le
développement de la machine à vapeur est l'une des raisons de la
précocité britannique. En 1830, le Royaume-Uni possède 15 000
machines à vapeur, la France 3 000 et la Prusse 1 000. La France
reste à la traîne dans ce domaine : en 1880, elle ne possède que
500 000 chevaux-vapeur installés contre deux millions pour le
Royaume-Uni et 1,7 million pour l'Allemagne.

Moyen de transport : le bateau

L'USS Cayuga, bateau à vapeur, 1861.

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La révolution industrielle, particulièrement dans sa première


phase, s'appuie sur la vapeur permettant de faire fonctionner des
bateaux à vapeur et des locomotives. Une autre énergie sera
développée, plus marginalement, durant cette période : le gaz.
Celui-ci sert notamment à éclairer les premières usines avant que
ne soit généralisé l'usage de l'électricité, à la fin du xixe siècle.

L'adaptation de la machine à vapeur à des bateaux se révèle plus


difficile que pour les chemins de fer : risque d'incendie avec les
coques de bois, risque de panne – un bateau dont la machine
tombe en panne est désemparé – faible autonomie due au
mauvais rendement des machines à vapeur. Toutefois, le
15 juillet 1783, le « Pyroscaphe » est le premier bateau à vapeur –
naviguant pendant un quart d'heure, sur la Saône – construit par
Jouffroy d'Abbans. La navigation à vapeur débute donc sur les
rivières, dans les ports pour les remorqueurs et sur des trajets
courts, comme la traversée de la Manche. Le nombre et le niveau
technique des bateaux à vapeur progressent rapidement : ainsi,
dès 1830 les premiers steamers (bateaux à vapeur) mettent dix
jours de moins sur le trajet New York-Londres que les voiliers les
plus rapides. L'augmentation de la taille des navires divise les frais
de transport par quatre entre 1820 et 1850 sur les liaisons
internationales.

En 1869, l'ouverture du canal de Suez permet aux bateaux à


vapeur de faire le trajet vers l'Inde en 60 jours, contre six mois
auparavant. D'autre part, des dizaines de bateaux à vapeur
sillonnent la Loire entre 1830 et 1850. Leur vitesse est
impressionnante (de 4 à 15 nœuds en remontant, 9 nœuds en
descendant) et donne lieu à des courses qui se terminent parfois
dans un banc de sable… Mais vers 1850, le chemin de fer entraîne
leur disparition : en 1910 la Royal Navy britannique prend la
décision de passer à une chauffe au fioul, et non au charbon, pour
ses nouveaux bâtiments. Cette évolution se généralise dans le
domaine du transport et instaure l'ère du pétrole pour le xxe siècle.
Un canal vers 1850.

Au cours de la première moitié du xviiie siècle, le développement


de l'industrie charbonnière repose sur les transports par bateaux,
soit sur les rivières navigables, soit par mer. Les routes ne
permettent pas de transporter des chargements lourds, surtout
après une pluie.

Francis Egerton, troisième duc de Bridgewater, peut voir dans son


grand tour d'Europe le Canal du Midi, ouvert en 1681. Possédant
des mines de charbon à Worsley, près de Manchester, il décide la
construction d'un canal pour transporter le charbon de ses mines
jusqu'à Manchester. Dirigée par James Brindley, la construction
commence en 1759 et se termine en 1776, pour un coût de
350 000 £ – énorme pour l'époque. Ce canal rapporte un grand
profit au duc et la prospérité à Manchester qui peut disposer d'un
charbon bon marché ; il est aussi intéressant pour les machines à
vapeur et l'industrie du coton qui commence à se développer.

Rapidement, un réseau de 4 800 km de canaux permet


l'acheminement du charbon et d'autres produits un peu partout :
par la route, un cheval transporte 120 kg, tandis que sur un canal,
le même cheval tire 50 tonnes à la vitesse moyenne de 6,5 km/h.
Des bateaux rapides tirés par deux chevaux (remplacés tous les
6,5 km) transportent des passagers à la vitesse moyenne de
16 km/h.

Pendant cinquante ans, les canaux sont les artères de la première


révolution industrielle, faisant la fortune de leurs propriétaires.
Puis le chemin de fer les remplace peu à peu, jusqu'à s'imposer
définitivement au cours de la deuxième révolution industrielle.

Textile

Articles connexes : Textile, Histoire de la soie, Premiers


entrepreneurs du coton britannique, Manufacture du textile en
Grande-Bretagne et Industrie textile.

Jusque vers 1750 la majorité de la production se fait soit à


domicile, soit dans des ateliers artisanaux avec quelques
apprentis : c'est le domestic system, qui fournit aux opérateurs un
revenu d'appoint, pendant les temps morts de l'agriculture. Ce
modèle rationnel – où les familles s'organisent par elles-mêmes –
constitue les prémices de l'industrialisation, appelées « proto-
industrialisation ».

Selon l'historien Fernand Braudel, l'industrie textile est la première


à être mécanisée. Dès la deuxième moitié du xviiie siècle les
premiers entrepreneurs du coton britannique, puis les innovateurs
français jouent un rôle majeur :
La spinning jenny de James
Hargreaves, 1765, musée à
Wuppertal, Allemagne.

Un métier Jacquard de 1801.

1733 : John Kay invente la navette volante qui permet de tisser


quatre fois plus vite et des tissus plus larges. Il fallait donc
quatre fileurs pour un tisserand. Cette rupture d'équilibre
provoque en cascade d'autres inventions techniques ;
1765 : James Hargreaves brevète la « spinning jenny », un rouet
où l'on peut poser huit broches. Hargreaves est un ouvrier
tisserand illettré. Sa machine est détruite par des ouvriers
tisseurs furieux de perdre leur travail et il meurt dans la
pauvreté ;
1769 : Richard Arkwright brevète la « water frame », première
fileuse mécanique qui utilise l'eau comme force motrice, basée
sur le modèle de machine à filer brevetée par Lewis Paul en
1738 ;
1779 : Samuel Crompton crée la « mule-jenny » qui met en
œuvre 400 broches à la fois (eau ou charbon nécessaire) ;
1785 : Edmond Cartwright, un « clergyman » (homme d'église)
du Leicestershire, invente le premier métier à tisser mécanique ;
1801 : Joseph Marie Jacquard met au point le métier Jacquard
conduit par un seul ouvrier au lieu de plusieurs comme
auparavant ;
1829 : Barthélemy Thimonnier dépose le brevet d'une machine à
coudre à fil continu ;
1846 : perfectionnement de la machine de Thimonnier par Elias
Howe.

Richard Arkwright achète leurs cheveux aux paysannes pour faire


des perruques. Après avoir inventé la mule-jenny, il crée en 1771
une usine à Cromfort (Derbyshire) où l'eau est abondante pour
actionner les machines, mais la main-d'œuvre est rare. Il fait venir
des familles pauvres, dont les femmes et les enfants travaillent
sur les métiers à tisser 13 heures par jour. En 11 ans, il crée deux
autres usines, employant 5 000 personnes. Son invention s'étend
rapidement : en 1780, 120 usines fonctionnent, la plupart dans le
nord-ouest de l'Angleterre. Ce succès lui vaut d'être anobli.

En 1800, 80 % du coton est tissé mécaniquement avec des


« mules » dans le Lancashire. En 1815, en Angleterre, 2 500
métiers mécaniques sont recensés contre 250 000 à bras.

La production est concentrée dans des manufactures qui utilisent


une très importante main-d'œuvre dans de mauvaises conditions
d'hygiène, d'éclairage, de bruit et de sécurité. L'utilisation de
machines à vapeur permet d'installer ces manufactures près des
villes, qui deviennent rapidement des villes industrielles. Les
ouvriers habitent à proximité de leur lieu de travail pour pouvoir s'y
rendre à pied : les journées de travail sont très longues et le temps
de repos trop court pour qu'il puisse être réduit par un long trajet.
Notons que certaines innovations contribuent à la dégradation
des conditions de vie et de travail des ouvriers[72]. Si la machine à
coudre d'Elias Howe en 1846 permet le maintien du travail à
domicile (le domestic system), l'intensification de
l'industrialisation entraîne l'augmentation des cadences dans les
filatures si bien que les conditions de vie et de travail dans le
textile se dégradent ; c'est le sweating system (travail à la sueur).

À la lumière des éléments cités, on comprend, en partie, la


précocité du Royaume-Uni dans le processus de révolution
industrielle.

Métallurgie

Articles détaillés : Métallurgie et Histoire de la production de


l'acier.
Travail du métal en 1568
(Allemagne).

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Le boom ferroviaire des années 1840 a très fortement augmenté


les besoins en acier, mais des progrès techniques étaient apparus
avant.

Le terme « sidérurgie » (employé en 1761 par le maître de forges


Pierre-Clément de Grignon dans ses mémoires à l'Académie des
sciences) préfigure un tournant dans les activités métallurgiques.
Les travaux au xviiie siècle de Gaspard Monge, Claude-Louis
Berthollet, Alexandre-Théophile Vandermonde caractérisent les
catégories d'acier selon leur mode d'élaboration.

Ces activités ne sont pas nouvelles : en France, entre 1084 et


1170, les Pères chartreux sont maîtres de forges dans le cadre
d'une métallurgie forestière[73]. En Grande-Bretagne, la métallurgie
charbonnière est exploitée de bonne heure : les moines de
Newbattle Abbey créent la première mine de charbon d'Écosse au
xiiie siècle et les mines écossaises produisent en 1700
400 000 tonnes, 2 000 000 tonnes en 1800. Le coke est fabriqué
exactement comme le charbon de bois, par une combustion
incomplète dans des meules. Charbon et coke sont employés à la
place du bois pour le chauffage domestique ou industriel
(verreries, tuileries, poteries). Cependant, la difficulté du procédé
vient de la teneur en soufre élevée des cokes, qui rend la fonte
impropre à l'utilisation.

En 1708, Abraham Darby, un quaker qui exploite une fonderie de


cuivre, s'installe à Coalbrookdale dans les gorges de la Severn.
Son intention est de réaliser ce qu'aucun maître de forge n'avait
réussi jusque-là : faire de la fonte en utilisant du coke au lieu du
charbon de bois, plus coûteux. Un vieux haut fourneau
fonctionnant au charbon de bois est loué au seigneur du lieu.
Après une année d'expérimentations, en sélectionnant des cokes
peu chargés en soufre, il réussit à produire une fonte utilisable.
Celle-ci est encore de qualité médiocre et ne permet pas d'obtenir
du fer. Mais elle reste assez bonne pour fabriquer des marmites
de cuisine bon marché, des plaques de cheminée et d'autres
produits analogues. Abraham Darby en vend dans toute l'Europe
et cela durant quarante ans, jusqu'en 1750.

En 1750, le fils d'Abraham Darby — Abraham Darby II — réussit à


obtenir du fer à partir de la fonte au coke, d'où une baisse du prix
du fer. En 1779, le petit-fils Abraham Darby III construit le premier
pont métallique, l'Iron Bridge, sur la Severn, en un lieu nommé
d'ailleurs depuis Ironbridge. Trois mois sont nécessaires à son
haut fourneau pour produire les 384 tonnes de fonte nécessaires.
Ironbridge est considéré comme le berceau de la révolution
industrielle. La société Darby cesse son activité en 1818, victime
de la crise consécutive à la fin des guerres contre la France et de
la concurrence.

Le premier pont métallique réalisé en France est le pont


d'Austerlitz, de 1807 (reconstruit en 1854 à cause de nombreuses
fissures).

Carreau de mine de La Houve à


Creutzwald (Lorraine).

La fonte, produite par le haut fourneau, est du fer contenant un


pourcentage élevé de carbone. En enlevant le carbone, on obtient
du fer. En 1784, Henry Cort invente le procédé du puddlage pour
obtenir du fer à partir de la fonte — procédé très bien décrit par
Jules Verne dans son roman les Cinq Cents Millions de la Bégum.
Avec ce métal est réalisée la tour Eiffel. On peut ensuite obtenir de
l'acier en ajoutant un peu de carbone au fer.

Le premier acier fabriqué est un acier de cémentation. Ce mode


de fabrication de l'acier, déjà connu dans l'Antiquité, consiste à
chauffer des barres de fer au milieu de charbon de bois dans un
four fermé. La surface du fer acquiert une importante teneur en
carbone. La méthode dite au creuset, initialement développée afin
de retirer les scories de l'acier issues de la cémentation, permet
de fondre ensemble le fer et d'autres substances dans un récipient
(le creuset) composé d'argile réfractaire et de graphite. On
homogénéise et allie ainsi l'acier. Sont ainsi fabriqués par exemple
les épées de Damas et de Tolède, moyennant un prix de revient
élevé.

En 1842, le marteau-pilon est inventé. Il permet de purger le fer de


son laitier (c'est le cinglage) et de forger avec précision de
grandes pièces.

Suprématie de la Grande-Bretagne dès 1750

Empire colonial britannique en 1897.

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En Europe, au xviie siècle, l'Angleterre est une exception à plus


d'un titre. Elle fait exception sur le plan culturel. Depuis le traité de
Westphalie de 1648, qui stabilise la situation en Europe, en
consolidant la France, l'Europe du Nord est stable sur le plan
religieux, l'anglicanisme s'impose et se rapproche du
protestantisme. Cette partie du monde se détache. Le
parlementarisme anglais émerge au moment de la révolution
financière britannique. Les conceptions économiques des
Britanniques prennent une évolution radicale avec le libéralisme
d'Adam Smith, qui reconnaît la valeur économique de l'individu,
avec des droits, à l'époque des Premiers entrepreneurs du coton
britannique dont il décrit et analyse l'émergence.

Le principe des corporations disparaît avec l'apparition des


brevets. Mais l'Angleterre étant une île, elle s'impose une politique
maritime ambitieuse. Au xviiie siècle, le Royaume-Uni possède une
importante flotte maritime, un grand capital technique et
économique. L'affrontement franco-anglais est à son paroxysme.
Les Anglais dominent la mer, malgré les grands efforts français.
L'avance anglaise est technique (exemple : chronomètre de
marine) et la richesse française se dilue alors dans sa puissance
démographique (un Européen sur cinq est alors français).

Le commerce triangulaire et la réduction en esclavage de millions


d'individus expliquent pourquoi le Royaume-Uni fut le premier pays
européen à s’industrialiser : il devança largement ses concurrents
dans la traite transatlantique, transportant près de 3 millions de
personnes, loin devant la France (1,27 million)[74].
Empire britannique

L'inauguration du Crystal Palace à


Londres, en 1851.

L'Empire colonial britannique est le plus étendu du monde au


xixe siècle avec environ 35 millions de km2 pour une population
représentant environ le quart de la population mondiale totale
d'alors, c'est-à-dire 500 millions d'habitants. Il s'agit d'un Empire
bien plus vaste que celui de la France, tant en superficie
(14 millions de km2) qu'en nombre d'habitants (150 millions).

Adoptant une stratégie coloniale différente des autres nations,


notamment de la France, le Royaume-Uni opte très tôt pour le
libre-échange avec ses colonies mais également avec les autres
nations. Le 26 septembre 1786, par exemple, la Grande-Bretagne
et la France signent un accord commercial – le traité Eden-
Rayneval – rendant la circulation des céréales quasiment libre et
interdit l'exportation de machines anglaises et l'émigration
d'ouvriers qualifiés britanniques. Toutefois le traité le plus
important entre les deux nations est celui du 23 janvier 1860, dit
traité Cobden-Chevalier. De tels accords sont soit négociés,
comme dans l'exemple précédent, soit obtenus par la force,
comme pour l'installation de concessions à Shanghai en 1842. On
s'achemine dès lors de plus en plus vers la fin d'une politique
d'obédience mercantiliste, que l'abrogation des corn laws (taxes
sur le blé) sanctionne définitivement en 1846. La Grande-Bretagne
verse alors dans un libre-échange de conception free trade, et non,
comme c'est le cas de nos jours, de conception fair trade (plus
« juste »). Toutefois, la Grande Dépression (1873-1896) pousse à
un retour vers des politiques teintées de protectionnisme, donc de
repli du commerce sur ses colonies.

Spécialisation industrielle précoce dès 1850

La dotation factorielle de la Grande-Bretagne est un élément


constitutif de sa précocité et de sa supériorité au début de la
révolution industrielle.

L'agriculture est sacrifiée au profit de l'industrie (à partir de 1846) ;


la part de l'activité agricole dans le PIB de la Grande-Bretagne
passe de 20 % en 1850 à 6 % en 1906. Si en valeur absolue les
données restent stables, en revanche en valeur relative on voit
bien la proportion prise par l'activité industrielle. D'autre part, une
telle diminution relative de l'agriculture peut s'expliquer par les
effets du libre-échange et le commerce avec les pays
« émergents » de l'époque comme les États-Unis. En effet,
l'annulation des taxes sur le blé importé en 1846 a eu deux
conséquences majeures sur l'économie britannique. D'une part, la
baisse du prix du blé provoquée par la concurrence du blé
étranger a permis de baisser et les salaires (à l'époque, ceux ci
étaient évalués en termes de blé) et la rente (revenu des
propriétaires agricoles). D'autre part, les bénéfices des industriels
ont augmenté à la suite de la diminution concomitante de ces
deux composantes essentielles du PIB.

L'agriculture sacrifiée, les efforts tournés vers l'industrie, la


domination industrielle de la Grande-Bretagne est assurée, au
moins pendant une grande partie du xixe siècle. Ainsi, la
production industrielle s'accroît fortement, notamment dans les
productions de charbon (qui augmente de 100 % entre 1830 et
1845), textile et sidérurgique dans lesquelles se spécialise la
Grande-Bretagne. Cette domination s'appuie notamment sur une
main-d'œuvre abondante grâce à l'essor démographique, acquise
aux nouvelles méthodes notamment organisationnelles avec la
division du travail selon les conceptions d'Adam Smith. Elle
s'appuie en outre sur la disponibilité des matières premières, fer et
charbon, sur les colonies et sur de nombreuses innovations
techniques.

On note cependant que l'hégémonie britannique est de plus en


plus contestée dans la seconde partie du xixe siècle, surtout par
les États-Unis et l'Allemagne qui s'industrialisent à une vitesse
telle qu'ils rattrapent la Grande-Bretagne. Cela se traduit par une
érosion de la balance commerciale dont le déficit passe de
11 millions de livres en 1820 à 140 millions à la fin du xixe siècle.
Toutefois, la suprématie financière se substitue à l'hégémonie
industrielle et permet de compenser le déficit commercial grâce à
des excédents colossaux.

Suprématie financière

La Grande-Bretagne domine incontestablement le monde durant


toute la première moitié du xixe siècle. En conséquence, la City,
place financière de Londres, est incontournable dans le domaine
financier en termes de transactions, pour les reconnaissances de
dettes, pour émettre des actions, emprunter, etc. Cette hégémonie
amène la Grande-Bretagne à constituer le plus vaste Empire
colonial et à devenir le plus important investisseur à l'étranger :
aux alentours de 1860, la Grande-Bretagne pèse à elle seule 1/5e
de la production mondiale. De plus, on y cote une majorité de
matières premières, malgré la concurrence de la bourse de
Chicago, et la monnaie de référence pour les échanges
internationaux demeure la livre sterling. La suprématie financière
et économique de la Grande-Bretagne est accentuée sous le règne
de Victoria (1837-1901).

Rôle précurseur de la Wallonie

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La Wallonie est, après l'Angleterre, la première région du continent
européen à connaître la révolution industrielle, dès la fin du
xviiie siècle. On reconnaît à la région trois qualités majeures :
d'abondantes ressources minérales, houille et minerais (limonite
et oligiste), une tradition proto-industrielle ancienne en quête de
renouvellement, un enthousiasme manufacturier. Entre 1810 et
1880, la Wallonie reste la deuxième puissance industrielle du
monde, derrière le Royaume-Uni.

Singularité du cas de la France

Paris en 1869 vue par le peintre Adolph von Menzel.

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On parle de singularité pour le processus de révolution industrielle


français car il ne correspond pas aux modèles établis. Certains
comme Jean Marczewski[75] considèrent que la révolution
industrielle se caractérise en France par l'absence d'une phase de
« take-off » (décollage) selon les critères établis par Walt Whitman
Rostow et son modèle normatif défini en 1960 dans ses Étapes de
la croissance économique : toute société est censée connaître un
processus de croissance en cinq étapes. L'une est primordiale,
celle du « take-off » où :

1. L'investissement total réalisé doit représenter au moins 10 %


du PIB total ;
2. Plusieurs secteurs moteurs, ainsi qu'un cadre politique et
social favorable doivent exister.

Or, la France ne suit pas ce modèle ; le début de la révolution


industrielle en France se caractérise, selon Maurice Lévy-Leboyer,
par une chronologie plutôt irrégulière :

1. De 1789 à 1815 : un contexte historique marqué par les


guerres révolutionnaires et napoléoniennes ;
2. De 1830 à 1860 : un développement industriel, malgré tout,
aux côtés de la Grande-Bretagne ;
3. De 1860 à 1905 : un ralentissement économique ;
4. À partir de 1905 : une forte reprise.
Contexte historique

Les débuts de la révolution industrielle en France sont marqués


par des troubles consécutifs aux guerres révolutionnaires et
napoléoniennes dont le coût est humain (600 000 victimes
françaises en tout [réf. nécessaire]), mais également économique : la
France perd à cette occasion son dynamisme démographique.
La France est aussi moins riche en charbon et en fer que ses
voisins belge, allemand ou anglais.

Le Blocus continental mis en place par Napoléon Ier en 1806


provoque simultanément une perte de débouchés pour les grands
ports français, comme Bordeaux, Marseille ou Nantes qui voient
faiblir leur activité et leur population migrer en partie vers les
régions industrielles du Nord-Est. Sur le plan industriel, il en
résulte une nouvelle spécialisation et une inversion des pôles
d'activité. Sur le plan commercial, le commerce français s'oriente
davantage vers le commerce continental.

La pensée française est fille du siècle des Lumières et de la


Révolution : héritière à la fois du libéralisme et d'une conception
plus « sociale », l'idéologie française adopte une voie intermédiaire
entre le libéralisme britannique et le protectionnisme allemand.

Importance de l'État

Dès le début de la Révolution, le pouvoir en place s'empresse de


« libérer les forces du marché » par la suppression des
corporations (loi d'Allarde, 1791) et l'interdiction de toute coalition
(loi Le Chapelier, 1791). Cette législation institue la liberté du
commerce et de l'industrie qui est, encore aujourd'hui, le
fondement du libéralisme économique en France. Par ailleurs, la
France se dote sous le Consulat d'une monnaie, le franc germinal,
et d'une Banque centrale, la Banque de France. Cette association
permet à la France de retrouver des bases monétaires stables et
un système centralisé. Celui-ci a en effet permis de juguler les
troubles monétaires nés des émois révolutionnaires, l'émission
trop abondante d'assignats ayant entraîné une forte inflation. En
outre, le franc germinal se caractérise par sa stabilité tout au long
du xixe siècle. Si la France se dote d'un système monétaire
centralisé, c'est qu'elle l'a hérité de sa tradition jacobine,
autrement dit centralisatrice.

De surcroît, la France procède à de nombreuses réformes comme


la création des lycées permettant la formation d'une élite dans le
cadre d'un processus de rationalisation de l'État entamé dès le
milieu du xviiie siècle avec, par exemple, la création de l'École
royale des ponts et chaussées en 1747, de l'École nationale
supérieure d'arts et métiers en 1780 ou de l'École polytechnique
en 1794. Mais la réforme majeure à retenir est celle de
l'instauration du Code civil par Napoléon en 1804. En effet, il
encadre le droit de propriété privée, élément essentiel dans le
processus de révolution industrielle. Mais il permet également de
fonder le droit contractuel ; la propriété privée est un bien cessible
et permet donc l'accumulation. Cela ne signifie pas que la
propriété n'était pas cessible sous l'Ancien régime, mais que la
propriété n'avait aucune fonction d'accumulation, elle était un
symbole social. Elle demeure ce symbole au xixe siècle mais y
ajoute la notion d'accumulation.
Puissance agricole et industrielle

Hall d'exposition de l'exposition


universelle de Paris, en 1900.

De plus, par le biais de lois, l'État se joint à la croissance


économique non seulement en la favorisant, mais également en y
participant. On peut citer par exemple la loi Guizot de 1842 qui
favorise l'extension du chemin de fer dont on connaît l'importance
dans le processus de révolution industrielle, les grands travaux
(travaux du baron Haussmann à Paris, assainissement de zones
marécageuses comme les Landes et la Sologne), le plan Freycinet
(1879-1882) pour relancer l'activité économique par le chemin de
fer et l'amélioration des infrastructures, etc. L'Empire colonial
français contribue également à soutenir l'industrialisation.

L'État est parfois à l'origine de négociations favorisant le libre-


échange, parfois à l'origine de mesures protectionnistes ; on
retrouve là encore la voie intermédiaire choisie par la France, ni
tout à fait libérale, ni totalement protectionniste. Dans le premier
cas, il établit des accords commerciaux, comme celui de 1786, dit
traité Eden-Rayneval, et surtout celui de 1860, dit traité Cobden-
Chevalier, qui limite les droits de douane sur les produits
industriels à 25 %. Dans le second cas, il prend des mesures
protectionnistes comme l'adoption de la loi Méline en 1892
permettant d'augmenter les droits de douane sur les céréales et la
viande importées en cas de surproduction.

L'agriculture conserve une place bien plus importante dans


l'économie française que dans l'économie britannique à la même
époque. Des inventeurs contribuent aux progrès de l'industrie
agricole comme André Grusenmeyer. Son importance est telle en
France qu'il suffit que l'agriculture prospère pour que l'ensemble
de l'économie s'en trouve améliorée. Au contraire, une agriculture
qui n'est pas prospère conduit à l'amplification des mouvements
de crises. L'agriculture est dominée en France par des petits
propriétaires, ce qui explique en partie le comportement
« malthusien » de la France au xixe siècle : faire moins d'enfants
permet d'éviter l'émiettement du patrimoine familial, d'épargner
davantage et de mieux les installer dans la vie.

La France est donc une puissance industrielle, néanmoins


inférieure à la Grande-Bretagne. Les changements y sont plus
progressifs qu'outre-Manche, expression d'un « malthusianisme »
caractéristique. La concentration d'entreprises (les constitutions
des monopoles) et la production de masse y sont aussi plus
tardives. De plus, l'industrie est dominée par une petite
bourgeoisie qui privilégie un marché intérieur modérément
dynamique.
Puissance financière

Bien que largement moindre que celui de la Grande-Bretagne, le


poids de la France en matière financière n'en demeure pas moins
important. En effet, la France dispose du plus important stock d'or
privé et représente le principal marché financier des
gouvernements européens[76]. Les liens entre banques et
industries demeurent cependant faibles et marquent une
différence avec la Grande-Bretagne. En effet, la France reste
frileuse après la triste expérience du système de Law. En outre,
l'activité bancaire, notamment à la fin du siècle, se caractérise par
une prudence que traduit la doctrine Germain consacrant la
séparation des fonctions de banque de dépôt et de banque
d'affaires.

Deuxième révolution industrielle


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Article connexe : Liste historique des régions et pays par PIB.

Alors que la production mondiale avait mis 120 ans pour doubler
entre 1700 et 1820, l'apparition et le développement de nouvelles
techniques permettent un premier doublement en cinquante ans
entre 1820 et 1870, puis un second doublement, en quarante ans,
entre 1870 et 1910.
Secteurs clés

Électricité et moteur électrique

Malgré tous les progrès précédemment cités, il restait encore une


étape cruciale à franchir. Un gigantesque bouleversement allait
bientôt survenir, peut-être le plus important de tous, en tous cas
celui qui allait avoir le plus de retombées sur l’instant comme
dans la durée aussi bien pour l’industrie que pour le particulier : la
maîtrise de l’électricité.

Après plusieurs approches en Amérique et en Europe, l’idée du


moteur électrique se précise peu à peu. Mais il faut attendre le
17 juillet 1871 pour que le Belge Zénobe Gramme présente la
première dynamo brevetée à l’académie des sciences de Paris : la
magnéto Gramme, machine rotative mue par une manivelle qui
permet la production mécanique de l’électricité. Antérieurement,
celle-ci était fournie par des piles polluantes et difficiles à
manipuler, et presque uniquement utilisée en galvanoplastie. On
ne lui voyait aucun débouché industriel et encore moins dans le
machinisme qui exigeait de fortes puissances. Mais cette
modeste machine électrique tournante avec sa manivelle, son
anneau de Gramme et son collecteur allait ouvrir la voie à
l'utilisation industrielle et domestique de l'électricité. La magnéto
a connu des perfectionnements postérieurs : dynamo industrielle
en 1873 génératrice de courant continu et sa réversibilité en
moteur à courant continu, puis alternateur générateur de courants
alternatifs polyphasés, enfin moteur à induction biphasé puis
triphasé. L'électricité pouvait entrer dans toutes les usines.

On peut souligner ici l'apport non négligeable de l'inventeur serbe


Nikola Tesla, à qui l'on doit le perfectionnement des machines à
courant alternatif et la mise au point à l'échelle industrielle de la
production, de la distribution et de l'utilisation de l'énergie
électrique comme force motrice. Plus tard, ses expérimentations
sur les courants alternatifs haute fréquence permettront de
donner les bases des systèmes de télécommunications sans fil
(de nombreux chercheurs tels que Marconi ayant ensuite utilisé et
revendiqué ses brevets), ainsi que des systèmes radio.

Le moteur électrique se généralise. Dans les ateliers et les usines


de la fin du xixe et du début xxe siècle, il est encore encombrant et
lourd mais il supplante rapidement le moteur à vapeur en
permettant un meilleur partage de la force motrice au sein des
ateliers. Avant lui, la force motrice était produite par le vent, puis
par l’eau des rivières et enfin par la vapeur. Tous ces systèmes
avaient en commun la distribution de la force motrice autour d’un
arbre central sur lequel étaient connectées par des jeux de
courroies et de poulies toutes les machines, avec pour les ateliers
sophistiqués des systèmes complexes de débrayage quand cela
était possible. Tous ces mécanismes occasionnaient de
nombreuses pertes et imperfections de fabrication parce qu'il
fallait suivre l’axe central de distribution de force au détriment de
l’agencement logique des unités de production. L’électricité
permet de s'affranchir de cette contrainte : la force motrice était
distribuée non seulement à la demande mais aussi seulement là
où elle était nécessaire. Le moteur électrique a ainsi permis une
rationalisation de la production à travers un nouvel agencement
des usines respectant mieux les étapes de la production, et offert
de meilleurs rendements et une meilleure qualité, à moindre coût.
On assiste alors à l’explosion des produits manufacturés, de la fin
du xixe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale, que vient
alimenter une concurrence toujours plus forte des entreprises
entre elles. Ce foisonnement de produits de qualité a été l’âge d’or
des fabrications occidentales, leur Belle Époque. Certains de ces
objets manufacturés se retrouvent d'ailleurs aujourd’hui, cent ans
plus tard, dans des brocantes et nombre de collections. Ils ont été
le prélude à la société de consommation que nous connaissons
aujourd’hui.

À peine dix ans après l’invention de la dynamo, l’Américain Edison


mit au point la lampe à incandescence, sonnant la fin des lampes
à arc électrique peu fiables et compliquées d’entretien, et
permettant de généraliser l'éclairage dans tous les domaines
(industrie, voie publique et transports, habitations, etc.).

L’électricité a eu pour autre incidence de permettre aux usines de


quitter les vallées puis les zones de distribution de charbonnage
en les disséminant partout sur le territoire, principalement autour
des grandes villes grâce aux lignes moyennes tensions. De petites
unités privées et autarciques ont cédé la place à de grosses
compagnies qui distribuaient leur propre courant sur de vastes
secteurs, aussi bien pour l'industrie que pour le particulier. En
France, ces compagnies de distribution se sont ensuite unifiées et
étatisées pour former EDF. Les tensions et fréquences différentes
vont disparaître : le courant triphasé 380 volts pour l'industrie et
celui de 110 volts puis 220 volts monophasé pour le particulier se
sont finalement généralisés.

Articles détaillés : L'électricité à la Belle Époque, Histoire de


l'électricité et Innovation en Europe à la Belle Époque.

Pétrole

Article détaillé : Histoire du pétrole.

Moteur à combustion interne

Article détaillé : Moteur à combustion et explosion.

Automobile

Article détaillé : Histoire de l'automobile.


Chimie

En 1897, chimiste chez Bayer, Felix Hoffmann (1868-1946), fit une


découverte retentissante. On cherchait alors depuis fort
longtemps une alternative à l'extrait d'écorce de saule, un
antidouleur naturel séculaire contenant de la salicine et de l'acide
salicylique.

Chemin de fer

Article détaillé : Histoire des chemins de fer.

Plan de la locomotive de Stephenson


(la « Rocket », ou « fusée ») de 1829.

Peinture d'Hans Baluschek de 1904.

En Angleterre, on utilise depuis 1760 des chemins de fer sur


lesquels les wagons sont tirés par des chevaux. Comparativement
aux routes, l'effort de traction nécessaire est bien inférieur.

Richard Trevithick est considéré comme l'inventeur de la traction à


vapeur : un monument lui est consacré à Merthyr Tydfil
(Carmarthenshire, Pays de Galles). En 1804, celui-ci adapte à la
traction sur rails une machine à vapeur fabriquée par les Pen-y-
darren Ironworks à Merthyr Tydfil : la vitesse de 5 miles à l'heure
est atteinte (8 km/h) en tirant une charge de 10 tonnes et 70
passagers de Merthyr Tydfil à Abercynon (en) , sur une distance de
14 km. Mais les rails se cassent sous les 5 tonnes de la
locomotive et la machine à vapeur est réutilisée à poste fixe.

La première locomotive à vapeur utilisée de façon régulière est


celle de l'ingénieur George Stephenson qui fabrique et brevète sa
première locomotive en 1815.

Chargé de construire une voie ferrée pour transporter le charbon


de Darlington à Stockton en Angleterre, Stephenson convainc les
propriétaires des mines de le financer pour construire une
locomotive. La première utilisation de la Locomotion a lieu le
25 septembre 1825. Elle tracte vingt wagons de voyageurs et dix
bennes de charbon. Alors qu'un cavalier portant un drapeau
galope devant la Locomotion, Stephenson ordonne au cavalier de
s'écarter car le train roule plus vite et dépasse l'homme à cheval.
Plusieurs années sont encore nécessaires pour que la traction à
vapeur devienne suffisamment fiable pour transporter des
passagers. En 1830, Robert Stephenson, le jeune fils de Georges,
crée la première ligne de chemin de fer moderne : Manchester-
Liverpool. Constituée d'une voie double sur toute sa longueur elle
offre pour la première fois des horaires fixes aux voyageurs.

Cela dit, l'Europe continentale n'est pas en reste : la première ligne


du continent date du 30 juin 1827 : c'est la ligne Saint-Étienne-
Andrézieux, mais elle se limite les premiers temps au transport du
charbon. S'y adjoint une ligne de voyageurs ouverte le
1er avril 1831 en France, sur une section entre Saint-Étienne et
Lyon. Durant l'année les recettes de passagers payants s'élèvent à
10 000 Francs (115 000 Francs dès 1832)[77]. À partir du
1er mars 1832, la ligne enregistre ses premiers passagers payants
(36 500 personnes en 1834).

En dehors de la Grande-Bretagne, la première ligne de chemin de


fer à vapeur à caractère régulier est inaugurée sur le continent
européen le 5 mai 1835 entre Bruxelles et Malines. Ce n'est pas un
essai voué à des transports épisodiques réservés aux riches mais
d'emblée, une ligne construite par l'État à l'instigation du ministre
Charles Rogier, partisan des idées fouriéristes : le chemin de fer
doit être accessible au peuple et se voit doté des attributs
principaux que vont adopter les chemins de fer du monde entier :
trois classes correspondant à trois types de voitures qui, au début,
reçoivent des noms inspirés de la terminologie traditionnelle des
transports, berlines, diligence et char à bancs[78].

Sidérurgie

Représentation d'un atelier avec deux


convertisseurs Bessemer avec leur
forme caractéristique en cornue.
Il fallait de plus en plus d'acier avec le développement industriel :
rails de chemin de fer, éléments de machines à vapeur, pièces de
machines textiles, coques de bateaux, etc. Ce fut l'Anglais Henry
Bessemer qui trouva la solution, avec son convertisseur breveté
en 1856. C'est une cornue de grande taille, à parois réfractaires,
que l'on remplit de fonte en fusion. On envoie alors par le fond de
l'air comprimé, qui fait brûler le carbone en produisant un
spectaculaire jaillissement d'étincelles. Vingt minutes après, le
convertisseur contient du fer ; on y introduit alors une quantité
précise de carbone qui, après quelques minutes de mélange,
donne l'acier correspondant aux spécifications. Il ne reste plus
qu'à incliner le convertisseur sur ses pivots pour le vider dans une
lingotière. Ce procédé permettait de convertir en une demi-heure
10 tonnes de fonte en autant d'acier ; consécutivement le prix de
l'acier doux passa de 50 £ la tonne à 3 £.

Pays concernés

États-Unis

Territoires

American Progress. Représentation de


la conquête de l'Ouest américain en
1872 par John Gast.
Article détaillé : Conquête de l'Ouest.

L'expansion du territoire des États-Unis tout au long du xixe siècle


propulse l'industrie des chemins de fer. La Louisiane était achetée
en 1803, les Floride cédées par l'Espagne en 1819, le territoire de
l'Oregon favorablement partagé en 1846, l'État du Texas admis
dans l'Union en 1845, la Californie, le Nouveau-Mexique et l'Utah
arrachés au Mexique en 1848. L'ordonnance cadastrale de 1785,
qui organisait la division des terres nouvelles en prévision de leur
vente (qui sera complétée par le Homestead Act de 1862, donnant
entre autres des terres à des conditions avantageuses) fournissait
le cadre légal à toute colonisation à venir. Constatant la masse de
colons prêts au départ vers l'ouest par suite de la découverte de
l'or en Californie en 1848, et pour éviter aux candidats à cette
migration la route du cap Horn autant que pour maîtriser le
territoire national dans sa nouvelle extension, le gouvernement
américain projette aussitôt le premier chemin de fer
transcontinental de l'histoire. Toujours pour rapprocher ces gains
territoriaux de la lointaine capitale fédérale, et immédiatement
l'achat Gadsden réalisé, qui apportait en 1853 l'ultime
agrandissement territorial des États-Unis, il en projette un second
transcontinental passant par le Nouveau-Mexique d'alors.
Quelques années après, il en imaginait un troisième à travers le
nord, en direction de l'Oregon. Ainsi, le rail remplaçait les pistes
qui jusque-là reliaient seules ces territoires lointains à l'Est.
Ce déplacement de la frontière vers l'ouest contribue fortement à
développer les chemins de fer. La couverture ferroviaire se
développe initialement sur la côte est, principalement au nord en
raison de son industrialisation et de sa desserte de peuplement
vers le Midwest. Après l'établissement de la première ligne en
1827 le développement de l'ensemble des réseaux atteint
49 100 km en 1860. Dès 1869 la liaison San Francisco-New York
est achevée et relie les côtes est et ouest en moins de sept jours
contre six mois auparavant. En 1870, le réseau ferré américain
représente désormais 85 100 km, et en 1913, 420 000 km, soit le
tiers du réseau mondial. On comprend qu'un tel développement a
eu des conséquences directes sur l'économie américaine et sur
son industrialisation grâce à des effets d’entraînement sur
l'activité industrielle. Par exemple, l'extension du chemin de fer
entraîne — plus encore à partir du moment où les États-Unis
cessent d'acheter tout leur matériel à la Grande-Bretagne, c'est-à-
dire à partir des années 1860 — le dynamisme des activités
sidérurgiques. De plus, le financement de ces travaux colossaux
entraîne le développement des activités boursières. Enfin,
l'urbanisation se développe au gré de l'industrialisation.
Cependant, certains historiens de l'économie contestent le rôle
majeur qu'aurait exercé le chemin de fer sur l'industrialisation des
États-Unis. Ainsi, Robert Fogel estime-t-il que l'impact du chemin
de fer sur la croissance est inférieur à 5 %[79]. Il s'agit, néanmoins,
d'une approche contestée.
Par ailleurs, il s'agit d'un territoire riche en matières premières.
Citons notamment la présence de pétrole dont l'exploitation a
permis aux États-Unis de prendre part très largement à la
deuxième révolution industrielle. En effet, il est souvent considéré
que le premier puits de pétrole a été creusé sous la direction
d'Edwin Drake à Titusville, Pennsylvanie, en 1859. Cela préfigure la
domination américaine dans le domaine de la production
pétrolière. On retiendra l'hégémonie de la Standard Oil de John D.
Rockefeller dont le monopole sera incontestable jusqu'à ce que la
compagnie tombe sous la juridiction du Sherman Antitrust Act où
elle a été divisée en plusieurs compagnies de moindre taille.
Ajoutons en guise de remarque que plusieurs de ces petites
compagnies grossiront au point de devenir les plus grosses
compagnies pétrolières actuelles comme ExxonMobil.

Raffinerie de pétrole de la Standard


Oil à Cleveland, Ohio, 1899.

C'est de plus un territoire qui contribue au développement et à la


puissance de l'agriculture américaine. En effet, l'agriculture
bénéficie de vastes territoires exploités grâce aux progrès de la
mécanisation ; la première moissonneuse mécanique est inventée
par Cyrus McCormick en 1831. De plus, l'agriculture peut
s'appuyer sur la diversité du territoire américain. Le Sud se
spécialise ainsi dans la culture et l'Ouest dans l'élevage dont la
production est facilement acheminée vers les ports d'exportation
par les infrastructures et notamment le chemin de fer. En outre, la
main-d'œuvre bon marché que constitue l'esclavage est un
élément déterminant de la puissance agricole américaine au point
que l'historien Robert Fogel[80] le considère comme élément
déterminant de la prospérité du Sud. Sur le plan extérieur,
l'agriculture bénéficie des avantages du libre-échange, notamment
de l'abolition des Corn Laws en 1846 en Grande-Bretagne.

Appliquée aux nouvelles méthodes de production, cette


diversification des activités contribue à établir la puissance des
États-Unis notamment lors de la deuxième révolution industrielle.
L'industrialisation, débutée au milieu du xixe siècle devait alors
être le facteur de la puissance américaine.
Après avoir atteint l'optimum de leur production domestique,
l'enjeu devint pour les États-Unis la sécurisation des
approvisionnements internationaux : lire l'article géopolitique du
pétrole.

Démographie

Les États-Unis connaissent un essor démographique tout à fait


remarquable. Cet essor est entretenu d'une part par la croissance
naturelle (naissances moins décès) et d'autre part par
d'importants flux migratoires, notamment européens. La
population des États-Unis croit de 25 % par décennie entre 1860 et
1890 si bien qu'en 1880 les États-Unis comptent 50 millions
d'habitants et 100 millions en 1918 (soit un doublement de sa
population en moins de 40 ans). L'immigration nourrit largement la
croissance démographique : les flux migratoires ont apporté 36
millions de personnes entre 1820 et 1920.

En outre, on peut fonder l'analyse de l'industrialisation américaine


sur des caractéristiques de la société américaine : il s'agit d'une
société méritocratique comme l'analyse Alexis de Tocqueville
dans De la démocratie en Amérique, 1835-1840.

Tournant de la guerre de Sécession

Article détaillé : Guerre de Sécession.

Guerre de Sécession (bataille de


Chattanooga, novembre 1863).

Avant la guerre de Sécession (1861-1865), la montée en


puissance des États-Unis s'appuie surtout sur ses activités
agricoles à tel point que l'agriculture demeure l'activité principale
jusqu'en 1880. En 1890, l'agriculture représente encore 75 % des
exportations américaines. Mais la guerre de Sécession change
quelque peu la donne. En effet, cette guerre n'est pas qu'une
guerre politique qui s'inscrit seulement dans la question de
l'esclavagisme. Elle est également une guerre issue des rivalités
économiques entre le Sud — conservateur, agricole et favorable au
libre-échange — et le Nord — ouvert aux idées nouvellement
venues d'Europe, en cours d'industrialisation rapide et favorable
au protectionnisme selon la pensée d'Alexander Hamilton, de la
théorie du « protectionnisme éducateur » de Friedrich List[81] et de
celles de Henry C. Carey. Par conséquent, la victoire du Nord
consacre l'évolution de l'industrialisation dont le financement est
en partie favorisé par l'inflation durant la guerre.

Allemagne

Carte de l'industrie et des mines en Allemagne en 1892.


Industrie textile
Coton
Laine
Lin cultivé
Soie
Industrie métallurgique
Houille
Lignite
Argent
Cuivre
Fer
Zinc

Article détaillé : Révolution industrielle en Allemagne.

L'industrialisation de l'Allemagne débute au même moment qu'aux


États-Unis, c'est-à-dire au milieu du xixe siècle. Elle dispose
également d'un important potentiel industriel, agricole et humain.
Unification pour s'industrialiser

La particularité de l'Allemagne est qu'elle n'existe pas en tant


qu'État-nation au début du siècle. À la suite du congrès de Vienne
en 1815, la Confédération germanique regroupe trente-neuf États
dont l'unité se construit autour de la langue mais également du
Zollverein à partir de 1834. Le Zollverein est une union douanière
qui met en place une zone de libre-échange à l'intérieur et qui
établit des tarifs extérieurs commun (TEC). De plus en 1857, le
thaler prussien devient la monnaie de la zone puis est remplacé
par le mark en 1871. Parallèlement, la Reichsbank (Banque
Centrale allemande) voit le jour en 1875. L'Allemagne adopte de ce
point de vue une position protectionniste qui contraste avec la
position libérale britannique.

Puissance industrielle

Mine à Ilmenau (Thüringe,


Allemagne), 1860.

Le démarrage de l'industrialisation est lent à cause de la disparité


entre bassins industriels ; ceux de l'Est sont bien moins
performants que ceux de l'Ouest comme la Ruhr. De plus,
l'Allemagne présente un retard technologique qui la rend
dépendante de la Grande-Bretagne mais aussi de la France.
L'annexion de l'Alsace et de la Moselle accroît son potentiel
industriel.

La montée en puissance de l'industrialisation est appuyée d'une


part par la tradition marchande du Nord de l'Allemagne et par le
soutien qu'apporte l'État. En effet, il existe une réelle tradition dans
le domaine du commerce grâce aux ports du Nord, hérités de
l'activité portuaire de la Hanse dès le xiiie siècle. L'État joue un rôle
primordial, en favorisant l'extension du chemin de fer qui facilite
l'unification de la Confédération allemande. Il a en outre favorisé
la constitution de grandes entreprises — les Konzerns — et permet
leur développement par le biais de mesures protectionnistes. De
plus, l'État allemand supporte la formation professionnelle.
L'Allemagne est le premier pays à se doter d'une forme de
protection sociale. En effet, la très forte concentration ouvrière
émanant de l'industrialisation commence à soulever des critiques
quant aux conditions de vie et de travail. C'est donc dans le but de
contrer le marxisme qu'Otto von Bismarck décide de mettre en
place les premières lois sociales. Dès 1883 une assurance
maladie est créée, suivie en 1884 d'une protection contre les
accidents du travail et enfin en 1889, création d'une assurance-
invalidité et vieillesse[82].

Ces éléments permettent à l'Allemagne de s'industrialiser


rapidement à partir des années 1850 et plus encore après 1870 où
les konzerns prennent une place primordiale dans l'activité
industrielle.

Agriculture

Les autres activités demeurent importantes mais restent


secondaires par rapport à l'industrie. La production agricole croit
tout au long du siècle ; les junkers, propriétaires fonciers, sont
politiquement conservateurs, économiquement innovateurs. Les
innovations en matière agricole sont de plus en plus nombreuses
après 1850 et complètent les innovations importées de Grande-
Bretagne. La spécialisation allemande dans la chimie lui confère
un rôle de premier ordre dans la recherche d'engrais ; les
recherches de Justus von Liebig dès 1840 sont fondatrices.

Faiblesse financière

Le financement de l'industrialisation s'appuie moins sur les


capitaux boursiers qu'en Grande-Bretagne. La spécificité
allemande est que le financement s'inscrit plutôt dans le cadre
d'investissements à long terme grâce aux liens étroits entre
banques et entreprises. Michel Albert montre que cette
particularité allemande est caractéristique de son capitalisme
contemporain, le capitalisme rhénan[83].

L'autre spécificité financière de l'Allemagne est la concentration


des capitaux vers son territoire national. En effet, les capitaux
allemands sont assez peu destinés à l'étranger ; on note toutefois
des investissements importants dans l'Empire ottoman. Cette
utilisation des capitaux s'inscrit dans la perception de l'économie
nationale en Allemagne ; l'économie réelle – l'industrie – c'est-à-
dire la puissance économique doit coïncider avec la puissance
nationale. On voit bien la divergence avec la conception
britannique.

Japon

Ouverture économique contrainte

Le Japon est un pays vieux de plusieurs millénaires mais son


ouverture sur l'extérieur est tardive ; le Japon demeure dans une
autarcie politique et économique (sakoku). Son ouverture sur
l'extérieur ne participe pas d'un choix délibéré mais le Japon y a
été contraint. En effet, l'amiral américain Matthew Perry entre en
baie de Tokyo en 1853 et impose au Japon l'ouverture par la
convention de Kanagawa en 1854, traité asymétrique au
désavantage du Japon. L'ouverture économique du Japon de l'ère
Meiji est donc le résultat de ce que l'on appelle la diplomatie ou
politique de la canonnière.

Ère Meiji (1868-1912)

Article détaillé : Ère Meiji.


Un train entrant en gare à Kobe.

L'empereur Meiji.

En 1868, l'empereur Meiji renverse le shogun et entraîne le Japon


dans la révolution industrielle. Dès les années 1870, le Japon
connaît un processus de croissance et de développement,
soutenu par l'intervention de l'État. Ce dernier met en place les
structures adéquates pour favoriser l'industrialisation. En effet, il
initie la création de chemins de fer et crée des entreprises
nouvelles. Une fois consolidées par l'État, ces entreprises sont
privatisées et passent sous le contrôle de grandes familles
japonaises ; c'est la naissance des zaibatsus dont les plus
connues sont Mitsui, Mitsubishi et Sumitomo. Celles-ci prennent
alors la forme de sociétés par actions. Pour accompagner ces
évolutions, le Japon met en place des institutions nouvelles :
création du yen (1871), de la Bourse (1878), de la Banque centrale
du Japon (1882), et se dote de diverses mesures législatives
encadrant le développement économique.

L'industrialisation du Japon va de pair avec son développement


agricole. Celui-ci se caractérise par une rupture avec le régime
féodal ; les terres détenues par les daimyos et les samouraïs sont
confisquées puis redistribuées aux paysans. Ces terres, allouées
aux paysans, sont une source importante de rentrées fiscales
pour l'État, qui s'en sert pour financer le développement industriel.
L'agriculture se développe d'autant plus qu'elle se diversifie par
l'utilisation des terres au nord de Japon, notamment en Hokkaidō.
L'agriculture est donc un facteur décisif de l'industrialisation du
Japon non seulement parce qu'elle génère des revenus pour l'État
mais également parce qu'elle contribue à diminuer la contrainte
extérieure du Japon, très fortement dépendant de matières
premières dont il est peu pourvu.

Finalement, le Japon connaît un fort développement économique,


son taux de croissance est supérieur à celui de l'Allemagne
quoique inférieur à celui des États-Unis, le commerce extérieur
augmente fortement, ainsi que sa production industrielle. En
outre, la population japonaise passe d'environ 30 millions en 1860
à 50 millions au début du xxe siècle.

Russie

Réformes agraires

La Russie est le dernier des pays de la deuxième vague à


s'industrialiser. L'archaïsme de son agriculture, même après avoir
été réformée, a nourri son retard industriel. Toutefois, on ne peut
penser le démarrage industriel sans, entre autres, le
développement agricole. Après la défaite russe lors de la guerre
de Crimée les dirigeants russes, en premier lieu l'empereur
Alexandre II, ont pris conscience du retard économique et social
de leur pays. Dans ce contexte, s'engage la réforme agricole,
précédée de l'émancipation générale des paysans avec l'abolition
du servage le 3 mars 1861. La réforme met en place des
communautés villageoises — appelées obshchina ou mir — dans
le cadre desquelles les paysans devaient payer des indemnités
pour les terres qu'on leur attribuait. Ces caractéristiques
expliquent l'échec de la réforme, la modernisation et le
développement de l'agriculture n'étant pas à la hauteur des
espérances. Toutefois, la Russie ne consentit pas davantage, dans
un premier temps, à faire évoluer son agriculture. En effet, cette
dernière suffisait à faire vivre le pays grâce à ses exportations et
les grands propriétaires bloquaient toute évolution. Pourtant, la
Russie doit s'engager « de fait », dès 1906, dans une nouvelle
réforme agricole à cause de la chute des cours sur les marchés
des céréales et des famines de 1891-1892 et 1902. Piotr Stolypine
conduit cette réforme qui aboutit à la suppression du régime des
communautés, c'est-à-dire des mirs. Toutefois, les efforts menés
seront stoppés avec le début de la Première Guerre mondiale en
1914 et la révolution de 1917. Finalement, la Russie ne sera pas
parvenue à hisser son industrie au niveau de celles des grands
pays européens, des États-Unis ou même du Japon, contre qui la
Russie perd la guerre qui les oppose en 1905. Cependant, cela ne
signifie pas que la Russie ne se soit pas du tout industrialisée.

Industrialisation

Travaux de réparation sur une ligne de chemin


de fer, peinture de Constantine Savitski
(1874).

À la fin du xixe siècle, la Russie est un pays en retard mais son


industrialisation est le fait d'un changement politique et profite de
l'avancée des autres grands pays. En premier lieu, la réforme
agricole des années 1860 accroît les rentrées fiscales de l'État, en
taxant les paysans, lui permettant de financer la construction de
routes, d'industries mais également de chemins de fer, comme le
transsibérien et le transcaspien. La carence en infrastructures de
transport était apparue après la défaite en Crimée, l'armée russe
ne parvenant pas à acheminer suffisamment de soldats sur le
front. D'autre part, l'État fait appel à des industriels étrangers pour
développer son industrie en bénéficiant des dernières innovations
techniques. Ainsi, le rôle de l'anglais John Hughes : en 1869 il
fonde la « Nouvelle Société russe » pour construire des hauts
fourneaux dans la région du Donetz. Le rôle de l'État est crucial
dans l'industrialisation de la Russie ; pour Alexander
Gerschenkron, l'État, en se substituant au marché, a permis de
dépasser les obstacles liés aux structures économiques et
sociales du pays[84]. Il faut, en outre, souligner le rôle important
des capitaux étrangers, notamment français et britanniques. Ainsi,
l'industrialisation de la Russie s'accélère dans les années 1880-
1890, notamment au bénéfice de l'armée impériale et de sa
marine (lire Complexe militaro-industriel de la Russie sous la
Russie impériale).

Évolutions sociales
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Cette révolution industrielle s'est manifestée dans le domaine


économique, mais elle n'en a pas moins transformé le domaine
social. Cet aspect de la nouvelle société industrielle a
principalement été étudié par Karl Marx. Selon K. Marx, la société
industrielle succède à la société féodale, et joue un rôle historique
primordial en tant qu'elle affirme le capitalisme et fait émerger le
prolétariat.

Plus récemment, après la Seconde Guerre mondiale (1939-1945),


on a perçu les conséquences de la révolution industrielle sur le
plan environnemental. Cet aspect a été étudié par Lester R. Brown,
qui considère que nous entrons dans une révolution
environnementale[85].
Évolution de la structure sociale en France

Représentation d'une cité industrielle


vers 1870 par Gustave Doré.

On pourra se rapporter au livre d'Olivier Marchand et Claude


Thélot, Le Travail en France (1800-2000), 1997, pour obtenir des
données statistiques fiables quant à l'évolution de la structure
sociale de la France depuis 1800.

Déclin agricole dès le milieu du xixe siècle

La population agricole continue de croître jusqu'en 1846 et


rassemble 9,3 millions d'agriculteurs, d'après les séries
statistiques étudiées par Olivier Marchand et Claude Thélot dans
Le Travail en France (1800-2000), 1997.

Selon les mêmes auteurs, la diminution de la population agricole


est due aux conséquences du traité de libre-échange franco-
britannique de 1860, aux difficultés liées aux phylloxera et à la
structure trop petite des exploitations, et à la faiblesse des
investissements.
Exode rural et urbanisation

De multiples causes provoquent l'exode rural soit le départ de


nombreux paysans, quittant leurs champs pour rejoindre villes
anciennes ou nouvelles agglomérations et contribuant ainsi à
nourrir la croissance urbaine. Raisons négatives avec l'enclosure
des terrains agricoles, ou la mécanisation de l'agriculture qui
accroît la productivité et libère de la main-d'œuvre. Raisons
positives dans la mesure où le départ vers les usines est perçu
comme une opportunité d'échapper à la misère, sinon d'améliorer
ses conditions de vie.

Toutefois, l'exode rural n'est pas l'unique cause de l'urbanisation.


L'industrialisation crée des usines, qui elles-mêmes provoquent la
concentration et l'installation de nombreux ouvriers dans les
faubourgs des villes, voire l'émergence de nouvelles
agglomérations (c'est par exemple le cas du Creusot ou de
Roubaix, ou bien de villes à la périphérie de Paris comme Saint-
Denis) voire la création de nouvelles conurbations (comme le
bassin minier du Nord-Pas-de-Calais). Se trouvent ainsi réunis par
la proximité : bassin de main d'œuvre, infrastructures de
transports performantes et vaste marché de consommation.

L'urbanisation contribue également à des évolutions sociales


importantes : début du développement de l'habitat collectif, des
premières politiques d'aménagement urbain (mise en place de
moyens de transports comme le métro à la fin du xixe siècle et
aménagements urbains comme les travaux effectués à Paris par
le baron Haussmann), etc.

Bourgeoisie triomphante

La Révolution de 1789 marque le triomphe d'une bourgeoisie, dont


le pouvoir au sein de la société avait commencé à croître dès le
règne de Louis XIV pour devenir majeur au cours du xixe siècle.
Tout d'abord, une partie de cette bourgeoisie joue un rôle décisif
au cours du processus d'industrialisation car elle dispose de
ressources financières. Cela est encore plus vrai pour le deuxième
xixe siècle au cours duquel les investissements nécessaires
représentent des sommes de plus en plus importantes. Toutefois,
une partie de cette bourgeoisie demeure passive par rapport à la
révolution industrielle, vivant de rentes issues de son patrimoine ;
ce sont les rentiers, particulièrement nombreux en France.

Tout au long du xixe siècle, le nombre de cette bourgeoisie


s’accroît et représente une grande partie de la société. La grande
bourgeoisie, à la tête d'entreprises industrielles, et la petite
bourgeoisie, les petits commerçants, pèsent un poids conséquent
dans la société[86]. Par ailleurs, outre son rôle économique et
social, la bourgeoisie est de plus en plus présente politiquement.
En France, cette présence politique est entretenue par la
formation de la bourgeoisie dans des écoles, comme l'école des
Hautes Études Commerciales (HEC) créée en 1881, dont elle a
seule, au xixe siècle, accès. Cela contribue à la formation d'un
corps de hauts fonctionnaires ou, de ce que Pierre Bourdieu
appelle une « noblesse d'État »[87].

Constitution du prolétariat

Le travail en usine vers la fin du xixe siècle représenté


par Adolph von Menzel (1872-1875).

Souvent associé au monde ouvrier, le prolétariat relève en fait


d'une réalité plus complexe. Si l'on retient de Karl Marx son
analyse économique de la société en deux catégories, les
capitalistes et les prolétaires[88], on oublie parfois qu'il avait déjà
compris la complexité de la société et du prolétariat au xixe siècle.
Il distingue en effet, au sein de la société, l'aristocratie financière,
la bourgeoisie industrielle, la petite bourgeoisie, la classe ouvrière,
le Lumpenproletariat (« prolétariat en haillons ») et la paysannerie
parcellaire[89]. Par ailleurs, il voit dans le prolétariat une classe
contrainte de vendre sa force de travail aux capitalistes, que Marx
accuse d'entretenir une situation favorable au développement de
cette « armée industrielle de réserve » (c'est-à-dire les sans
emploi). Pour comprendre la notion d'exploitation dont parle Marx,
il faut revenir à sa conception de la valeur. Il distingue, en effet,
valeur d'usage et valeur d'échange ; pour pouvoir réaliser une
« plus-value », le capitaliste doit contraindre les prolétaires au
« surtravail », d'autant plus que le capitaliste est confronté à une
« baisse tendancielle du taux de profit ».

En outre, on ne peut véritablement parler d'une classe ouvrière


relativement homogène qu'à partir du dernier quart du xixe siècle.
En effet, on retrouve, surtout au début du xixe siècle, des ouvriers
spécialisés que sont les artisans, des ouvriers issus de l'industrie
rurale, notamment en France, et le prolétariat des manufactures
puis des usines. Cette dernière catégorie d'ouvrier demeure
minoritaire jusqu'au milieu du xixe siècle. Par la suite,
consécutivement à la modernisation et à la concentration des
usines, le nombre d'ouvriers de la petite industrie rurale et
d'artisans devient plus faible. Ce n'est donc qu'après 1870-1880
que les ouvriers d'usines constituent une classe sociale
homogène, même si l'historien britannique Edward Palmer
Thompson a mis en évidence qu'en Angleterre tout au moins, la
classe ouvrière s'est formée au cours de la première moitié du
xixe siècle. Il précise que « pour la plupart des travailleurs,
l'expérience cruciale de la révolution industrielle fut vécue comme
une transformation dans la nature et l'intensité de
l'exploitation »[90].

Vers 1930, les ouvriers représentent encore près de 33 % de la


population active occidentale. Les salaires sont peu élevés (5 F
par jour en France de 1900 à 1914) et la nourriture absorbe une
grande partie des revenus (jusqu'à 60 %). Ainsi, chez les ouvriers,
toute la famille travaille : hommes, femmes et enfants. Les
journées de travail sont très longues, de 12 à 15 heures en
moyenne jusque vers 1860, avec de rares pauses. Le chômage est
fréquent du fait des licenciements abusifs et de l'importance
numérique de la population active. Il s’accroît nettement lors des
périodes de crises économiques. Les logements sont insalubres,
la nourriture est déséquilibrée et de mauvaise qualité, ce qui
engendre la sous-alimentation, le rachitisme et le développement
de maladies (choléra, tuberculose) tandis que le manque d'espoir
pousse à l'alcoolisme[91]. Les accidents du travail, liés à la fatigue,
à la pénibilité, aux difficiles conditions de travail sont fréquents
(22 pour 10 000 en France, 41 pour 10 000 aux États-Unis entre
1871 et 1875).

Évolution du monde du travail

Rationalisation du processus productif

Fabrication des épingles, planche de


l'Encyclopédie.

Article connexe : Rationalisation.


Les rédacteurs de l'Encyclopédie ou des économistes comme
Adam Smith[92] décrivent quelques-unes des nombreuses
pratiques qui existent dans l'industrie depuis le xvie siècle (voir
l'Arsenal de Venise) et se sont perfectionnées aux xvie et
xviiie siècles dans des secteurs d'activité comme les chantiers
navals hollandais ou l'horlogerie (voir la pratique de l'établissage).

Par suite, toujours dans la perspective d’accroître la productivité


du travail, les économistes vont s'attacher à améliorer
l'organisation concrète du processus productif. Cette recherche
de l'efficacité optimale se fait par des méthodes rigoureuses et
donnent naissance à :

l'émergence des sciences de gestion avec l'ingénieur des Mines


Henri Fayol qui, dans son ouvrage « l'Administration industrielle
et générale » (paru en 1916), plaide pour la mise en œuvre d'un
processus supérieur de pilotage « Prévoir, Organiser,
Commander, Coordonner et Contrôler » en vue de superviser
toutes les pratiques élémentaires à l'œuvre dans les processus
industriels ;
l'apparition de l'Organisation scientifique du travail (OST),
promue par Frederick Winslow Taylor dans son ouvrage
Principes du management scientifique paru en 1911 sous le titre
original : Principles of Scientific Management.
Précurseurs : l'exemple de Frédéric Japy

Frédéric Japy (1749-1812).

Frédéric Japy fonde en 1771 sa propre fabrique d'ébauches à


Beaucourt, la première de l'histoire en territoire français. La
fabrication de pièces pour l'industrie horlogère est, du temps de
Japy, le fait d'ouvriers spécialisés travaillant à domicile, et
fournissant chacun un type très spécifique de pièce. L'organisation
de la fabrique de montres Japy est sur ce point innovante :
Frédéric Japy regroupe ses ouvriers dans une usine à part de la
ville. Avec une conception et une utilisation de machines
destinées à la production en série, Japy augmente à faible cout
les cadences de production tout en réduisant la main d'œuvre
nécessaire. Frédéric Japy implante dans la manufacture, bien
avant d'autres, les lois dites du Taylorisme et du Fordisme.

Il dépose en 1799 les brevets de dix machines révolutionnaires,


dont une machine à tailler les roues, une machine à fendre les vis,
un tour pour tourner les platines des montres. Il insiste dans ses
descriptions sur le fait que ses machines peuvent être actionnées
facilement par des infirmes ou des enfants. Son inventivité
technique ne s'arrêtant pas à son cœur de métier, Frédéric Japy
invente en outre un modèle de pompe rotative encore en usage de
nos jours.

Lorsque Frédéric Japy installe sa fabrique à Beaucourt, les


montres sont encore fabriquées selon le système de
l'établissage : le fabricant achète toutes les ébauches nécessaires
et les assemble lui-même. Ainsi, 150 ouvriers en moyenne
interviennent pour réaliser le produit fini en se cantonnant chacun
à une opération bien spécifique. Mais Frédéric Japy a déjà fait
l'expérience d'un matériel beaucoup plus novateur. Ainsi, il passe
rapidement commande à Jeanneret-Gris d'une série de dix
machines différentes qui lui permettent de concevoir les 83 pièces
de l'ébauche. Un système productif particulièrement novateur est
dès lors en place : l'utilisation de la machine-outil lui permet
d'embaucher des ouvriers non qualifiés, des femmes, des
vieillards… Grâce à cette nouvelle division du travail, il est
désormais possible de produire les ébauches en série et dans un
atelier unique. Ces machines « infernales » imposent une
concurrence très rude à tout le monde artisanal et corporatif de
l'horlogerie : une ébauche de montre vendue à 7,50 F en 1793 sort
à 2,50 F des ateliers beaucourtois. Immédiatement, cette
concurrence engendre la fermeture de nombreux ateliers
jurassiens mais elle agit aussi en Suisse où la manufacture Japy
écoule 91,3 % de sa production. Ce faisant, Frédéric Japy impose
la machine-outil comme mode de production et se pose comme le
principal initiateur de la fabrication mécanique de montres. Cette
technicité Japy correspond sans conteste à l'un des trois
changements techniques nécessaires au démarrage de la
révolution industrielle : la substitution de l'invention mécanique
aux talents humains.

Vulgarisateurs : Frederick Taylor et Henry Ford

Mécanicien travaillant sur


une pompe à vapeur, Lewis
Hine, 1920.

Une ligne de montage aux usines Ford


en 1913 aux États-Unis.

Frederick Winslow Taylor, initiateur du taylorisme contribue au


début du xxe siècle à mettre fin aux usages et à l'organisation
individualiste et artisanale. Pour lui, la réussite industrielle
implique un mode de pensée et d'action plus cohérent : il
préconise une spécialisation des tâches à la fois verticale (il y a
ceux qui pensent les processus de travail et ceux qui les
exécutent) et Horizontale (délimitation et parcellisation des
tâches pour les ouvriers et les employés). Il apporte l'idée du « one
best way » (la meilleure façon de faire) : standardisation et
chronométrage des tâches simplifiées (les gestes sont
décomposés au maximum) des ouvriers, afin de minimiser leurs
mouvements et définir des cadences de travail. Sont ainsi
évacuées la « flânerie systématique » des ouvriers en vue d'obtenir
une régularité et un niveau plus élevé de production.

Henry Ford, début xxe siècle, avec le fordisme, introduit le travail à


la chaîne dans le secteur automobile en installant un tapis roulant
qui achemine les pièces vers les ouvriers spécialisés, ce qui leur
évite des déplacements inutiles.

Cette nouvelle organisation du travail n'est pas sans conséquence


sur les travailleurs, Karl Marx la décrit comme conduisant à
l'aliénation du prolétaire, qui n'est plus qu'un maillon d'une chaîne
de production : « C'est une simple machine à produire la richesse
pour autrui, écrasée physiquement et abrutie
intellectuellement » [réf. souhaitée] Plus tard, Georges Friedmann
qualifiera cette organisation du travail de « travail en miette »[93].
Ouvriers et syndicats ont souvent contesté ces méthodes de
travail.

Karl Marx met en évidence l'existence de l'armée de réserve de


travailleurs, une réserve de travailleurs au chômage permettant
aux capitalistes de disposer de main d'œuvre et de maintenir les
salaires au plus bas en faisant massivement appel aux femmes et
aux enfants dans les fabriques. Et l'historien Edward Palmer
Thompson précise : « Certains historiens économiques semblent
peu désireux […] de reconnaitre cette évidence : l'innovation
technologique, au cours de la révolution industrielle et jusqu'à
l'époque du chemin de fer, évince (sauf dans les industries
métallurgiques) la main d'œuvre qualifiée adulte »[94]. L'historien
Robert C. Allen met en évidence un phénomène de stagnation
salariale durant les premières décennies de la révolution
industrielle (pause d'Engels) qui avait été remarqué par Engels
dans son ouvrage La Situation de la classe ouvrière en Angleterre
en 1844[95].

Certains travailleurs perçoivent la machine comme directement


responsable du chômage, et l'on voit apparaître des mouvements
de briseurs de machines comme en Angleterre en 1811-1812 avec
les Luddites.

Travail des enfants

Article détaillé : Travail des enfants.

En France, à partir des années 1830, des enquêtes et des pétitions


commencent à alerter sur le sort des enfants-ouvriers. En 1840, la
publication de l'ouvrage de Louis René Villermé, Tableau physique
et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de
laine et de soie, a un fort retentissement. Son enquête décrit la
« misère de l'enfant de 5 ans à 5 sous par jour pour quinze heures
de travail. (…) Nourris d'un morceau de pain, ajoutant à
l'exténuation du travail celle de la longue étape matin et soir, ils
vivaient en pénurie de sommeil, de nourriture, d'habits. Affamés,
transis, épuisés, battus (…) ils mourraient vite. Les pays d’industrie
textile se plaignaient d'en manquer[96].

D'après lui, la future loi (la première loi du travail est adoptée le
22 mars 1841) « devrait concilier des intérêts opposés, celui des
fabricants, celui des ouvriers et de ne pas trop accorder à l'un de
peur de nuire à l'autre. C'est en rendant obligatoire l'assiduité des
enfants à l'école que l'on peut le mieux résoudre le problème
difficile de limiter leur emploi dans les manufactures jusqu'à un
certain âge. » Les autorités ne s'opposent pas au principe même
du travail des enfants. Il s’agit de le réguler : de fixer à huit ans
l’âge de l’embauche, de limiter à huit heures par jour le travail des
enfants âgés de huit à douze ans et à douze heures pour ceux
âgés de douze à seize ans, de rendre obligatoire la scolarisation
jusqu’à l’âge de douze ans, de mieux préserver la croissance et la
santé des plus jeunes afin de préserver la reproduction d’une force
de travail. Pourtant, la loi ne sera pas appliquée. Les inspecteurs
manufacturiers, patrons établis, ne pouvaient sévir qu'en s'attirant
des inimitiés préjudiciables à leur chiffre d'affaires. Il faudra
attendre 1874, en réalité, pour voir naître une « véritable » première
législation en matière de droit contrôlée par un corps d'inspection
étatique[96].

Dans les années 1850, la classe dirigeante britannique commence


à craindre que les futures réserves de main d’œuvre ne viennent à
diminuer. En 1871, les inspecteurs britanniques de la loi sur les
pauvres signalent : « Il est bien établi qu'aucun garçon des classes
pauvres qui a grandi en ville, en particulier à Londres, n'atteint [...]
la taille de quatre pieds dix pouces et demi [1,48 m] ou un tour de
poitrine de 29 pouces [73 cm] à l'age de quinze ans. Un certain
rachitisme est caractéristique de cette race ». Ainsi, quelques lois
vinrent réguler les heures de travail des enfants et interdirent
l'emploi des femmes dans les secteurs les plus susceptibles de
compromettre leur fécondité[97].

Évolution de l'environnement

Depuis les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur


l'évolution du climat (GIEC), on s'est rendu compte que les
émissions de gaz à effet de serre par la civilisation industrielle
constituent un facteur commun du développement des sociétés
actuelles. C'est en effet depuis la révolution industrielle que les
sociétés humaines extraient des énergies fossiles (charbon, puis
pétrole et gaz naturel), dont la combustion rejette dans
l'atmosphère des quantités très importantes de dioxyde de
carbone, dont l'accumulation dans l'atmosphère est responsable
de l'effet de serre et du réchauffement climatique global. Même si
les diverses formes de combustion d'énergies fossiles constituent
la source des émissions les plus évidentes, elles ne sont pas les
seules : il y a aussi la combustion de la biomasse, la
déforestation, la concentration urbaine (déchets), l'agriculture
(émissions azotées causées par les engrais), l'élevage[98], etc.

Même si certains facteurs préexistaient à la révolution industrielle,


il est indéniable que l'augmentation des émissions du carbone
fossile depuis 1860, et surtout depuis la Seconde Guerre
mondiale, a provoqué une accélération du phénomène du
changement climatique[99].

Le réchauffement climatique n'est pas la seule conséquence


environnementale. Il faut citer également la perte de biodiversité,
liée en grande partie à la déforestation, et les diverses formes de
pollution de l'eau, de l'air ou des sols.

Les risques environnementaux induits par la technoscience sur


les générations futures ont été analysés depuis 1979 par le
philosophe Hans Jonas[100].

Selon l'expert américain Lester R. Brown, la révolution industrielle


a libéré une énergie créatrice gigantesque en raison d'une
productivité supplémentaire. Elle a aussi donné naissance à de
nouveaux modes de vie et à l'ère la plus destructrice pour
l'environnement que l'histoire humaine ait jamais connue, en
risquant de remettre en cause la croissance économique. Il en
résulte la nécessité d'une restructuration de l'économie mondiale,
avec un changement conceptuel comparable à celui de la
révolution copernicienne[101].
Évolutions politiques des sociétés industrialisées

Évolution du rôle de l'État

Dès la fin du xvie siècle, le mercantilisme défend les conceptions


d'une « économie au service du prince ». L'intervention de l'État se
décline de manière variable selon les pays : En Angleterre qui
pratique un mercantilisme essentiellement commercial, elle sert
en premier lieu « Le commerce extérieur qui est d'après Thomas
Mun[102], la richesse du souverain, l'honneur du royaume, […], le
nerf de notre guerre, la terreur de nos ennemis ». En France, l'État
colbertiste intervient de façon plus complexe dans l'économie
avec notamment la mise en place de manufactures royales (voir
l'exemple de Villeneuvette).

Puis l'émergence de la physiocratie au xviiie siècle puis du


libéralisme au xixe siècle réduit l'importance des interventions de
l'État au sein de l'économie. Karl Polanyi estime qu'au xixe siècle,
exactement en 1834 et 1929, le marché est autorégulé, c'est-à-dire
fonctionne avec une intervention très restreinte de l'État.

Toutefois, marché autorégulé n'équivaut pas pour autant à


l'absence de toute forme d'intervention de l'État : « De capitalisme
entièrement privé, l'histoire n'en a jamais connu », (François
Perroux)[103], D'autre part, il faut nuancer l'idée selon laquelle
l'essor du libéralisme au xixe siècle conduit à l'absence de toute
intervention de l'État : Certains économistes classés comme
libéraux (par exemple Léon Walras le grand formalisateur de
l'équilibre du système économique) défendent l'intervention
publique dans certains domaines comme la répartition de la
formidable richesse produite par l'essor sans précédent favorisé
par le développement des processus industriels[104].

Économiquement, les États s'engagent financièrement dans le


processus de révolution industrielle. Ils initient, en effet, une
politique active pour mettre en place un environnement favorable
au développement économique en aménageant leur territoire :
grands travaux à Paris sous la direction du baron Haussmann,
aménagement de villes de province, création de villes nouvelles en
Angleterre, travaux d'assainissement (en Sologne, par exemple),
etc. De plus, ils contribuent à mettre en place des infrastructures
de transport modernes : plan Freycinet dès 1878 en France,
construction de métro ou tramway, etc. Par ailleurs, si le
libéralisme a été très influent sur l'orientation donnée au
commerce extérieur en imposant le libre-échange – abolition des
corn laws en 1846 et du Navigation act en 1849 en Angleterre,
signature du traité franco-britannique de libre-échange en 1860,
etc. —, les États n'hésitent pas à intervenir directement lorsque les
difficultés économiques les y contraignent. Ainsi, avec les
difficultés générées par la Grande Dépression les États
interviennent en revenant au protectionnisme : Loi et Tarif Méline
de 1892 et « loi du cadenas » de 1897 en France, tarifs Mac Kinley
en 1890 et Dingley en 1897 aux États-Unis, mise en place de
législations anti-trusts, notamment aux États-Unis avec les
Sherman Act de 1890 et Clayton Act de 1913. En fait, le degré de
protectionnisme et d'intervention de l'État dépend de chaque pays.
L'Allemagne demeure fidèle au « protectionnisme éducateur » de
Friedrich List[81], les États-Unis demeurent dans un isolationnisme,
tel qu'il est défini par la doctrine Monroe[105], justifiant le
protectionnisme tandis que le Royaume-Uni opte pour le
libéralisme et que la France adopte une voie intermédiaire.

Fait nouveau au xixe siècle, l'intervention de l'État s'étend au


domaine social sous l'effet conjugué d'une évolution de la pensée
politique et de la mobilisation des syndicats. L'État inaugure alors
un rôle qui, auparavant, était majoritairement le fait des paroisses ;
c'était le cas des poor laws en Angleterre. Les premières mesures
sociales peuvent être datées du début du xixe siècle en Angleterre,
terre du libéralisme. En effet, dès 1815 Robert Owen est à l'origine
d'une loi pour limiter le travail des enfants qu'il fera contrôler par
des inspecteurs du travail en 1833. Par la suite, l'Angleterre limite
la durée du travail des femmes en 1847. En France, une première
tentative de législation sociale concerne également le travail des
enfants avec la loi du 22 mars 1841 à l'initiative de Laurent Cunin-
Gridaine. Toutefois, les mesures les plus importantes sur le plan
social viennent de Prusse ; Bismarck met en place en 1883 une
assurance-maladie, en 1884 un système pour prémunir les
travailleurs contre les accidents du travail et en 1889 une
assurance-vieillesse. À la fin du xixe siècle certains auteurs
commencent à évoquer la notion de service public que le juriste
Léon Duguit définissait comme « toute activité dont
l'accomplissement doit être assuré, réglé et contrôlé par les
gouvernants, parce que l'accomplissement de cette activité est
indispensable à la réalisation et au développement de
l'interdépendance sociale, et qu'elle est de telle nature qu'elle ne
peut être réalisée complètement que par l'intervention de la force
gouvernante »[106].

Une telle intervention de l'État trouve un écho favorable chez


certains libéraux. Outre Léon Walras et Alfred Marshall, John
Stuart Mill défend l'importance de l'intervention publique dans le
domaine de l'éducation. Par ailleurs, Jean de Sismondi défend
l'idée d'un État au cœur de la régulation économique et garant du
bien-être de la population.

De même, avec l'émergence du concept de développement


durable à la fin du xxe siècle, les États ont commencé à s'engager
dans le domaine environnemental (directives européennes,
stratégies nationales de développement durable, et en France loi
relative aux nouvelles régulations économiques et Grenelle de
l'environnement).

Utopies sociales

Les grandes utopies du xixe siècle naissent donc dans ce


contexte. Ces dernières sont le plus souvent influencées par le
socialisme utopique, c'est-à-dire le socialisme précédant le
socialisme scientifique. En Grande-Bretagne, Robert Owen
imagine la création de colonies, fondées sur la mise en commun
des biens, dont la tentative de mise en place échouera. En France,
Claude-Henri de Saint-Simon prône un mode de gouvernement
contrôlé par un conseil formé de savants, d'artistes, d'artisans et
de chefs d'entreprise et dominé par l'économie qu'il convient de
planifier pour créer des richesses et faire progresser le niveau de
vie. De son côté, Charles Fourier pense une nouvelle forme
d'organisation sociale au travers de phalanstères[107] que son
disciple, Victor Considerant tentera, en vain, de concrétiser.
D'autres courants tenteront d'apporter plus de réalisme à ces
utopies. C'est le cas de Louis Blanc qui propose la mise en place
d'ateliers nationaux[108] ou bien de Philippe Buchez qui défend la
création de vastes coopératives[109]. En fin de compte, ces utopies
soulignent une critique du profit capitaliste, de la concurrence, ou
du moins ses excès[110] et parfois de la propriété privée[111].

Combat social

Dès la première moitié du xixe siècle, les « crises mixtes », c'est-à-


dire dont l'origine est encore agricole mais dont les effets sont de
plus en plus importants sur le plan industriel, suscitent les
premiers combats sociaux. En effet, la crise de 1836, provoquée
par la spéculation sur l'émission de titres publics espagnols et
portugais, conduit à une crise sociale avec la naissance du
chartisme. Auparavant, d'autres mouvements avaient déjà vu le
jour comme le luddisme en Grande-Bretagne ou bien la révolte des
Canuts à Lyon en 1831. Toutefois, la crise ayant eu le plus de
répercussions est celle de 1847, issue des mauvaises récoltes.
Tous les pays européens engagés dans le processus de révolution
industrielle connaissent des troubles qui culminent en 1848 avec
les mouvements révolutionnaires.

Néanmoins, les combats sociaux deviendront plus amples et plus


organisés dans la seconde moitié du xixe siècle. C'est le résultat
d'une plus grande concentration de la main-d'œuvre dans des
usines de plus en plus grandes. De surcroît, elle s'organise autour
du syndicalisme. En effet, le droit de grève est autorisé en
1864[112] en France et en 1875 en Angleterre, les syndicats sont
autorisés en France en 1884[113] par la loi Waldeck-Rousseau. De
ce fait, des grands syndicats sont créés à la fin du siècle :

le Trades Union Congress (TUC) en Grande-Bretagne est


légalisé en 1874 ;
l'American Federation of Labor (AFL) aux États-Unis en 1886 ;
la Confédération générale du travail (CGT) en France en 1895.

Ces syndicats mobilisent massivement les ouvriers lors des


crises, par exemple lors de la Grande Dépression (1873-1896).
D'autre part, ils sont influencés par le socialisme scientifique – le
marxisme – théorisé par Karl Marx et Friedrich Engels[114].
Question sociale

La question sociale est désormais clairement ouverte et posée


sur le plan politique.

Claude-Henri de Saint-Simon.

Robert Owen.

Charles Fourier.
Prosper Enfantin.

Pierre-Joseph Proudhon.

Louis Blanc.

Troisième révolution industrielle

Un ordinateur Apple Macintosh II.


Article détaillé : Troisième révolution industrielle.

Aussi désignée sous le terme de « révolution informatique », elle


démarre avec les années 1970 avec l'invention du
microprocesseur (Intel, 1971), de l'ordinateur de bureau (IBM
1975, Apple, 1977), des logiciels grand public (VisiCalc, 1979), des
imprimantes, des réseaux puis d'internet. Ces inventions vont
progressivement se diffuser à l'ensemble de l'économie
provoquant une rupture paradigmatique du processus de
production. Avec l'automatisation de la production industrielle, le
nombre d'ouvriers diminue au profit des professions tertiaires. La
sous-traitance se développe et les entreprises se spécialisent
alors que les employés deviennent polyvalents. C'est aussi une
révolution de l'information et de l'intermédiation, avec un essor
considérable des télécommunications et de la finance. Dans le
domaine social, elle s'accompagne souvent d'une hausse des
inégalités.

Quatrième révolution industrielle


Article détaillé : Industrie 4.0.

La quatrième révolution industrielle désigne le recours de plus en


plus courant aux imprimantes 3D, découpe laser, machine-outil à
commande numérique. Comme avec la révolution industrielle du
xixe siècle, il y a une crainte de la perte d'emplois, remplacés par
ces nouvelles machines-outils[115]. Cependant, il n'est pas un fait
reconnu pour la communauté des spécialistes que la quatrième
révolution industrielle ait commencé à l'heure actuelle[115]. Nous
nous situons plutôt dans une période où l'application de la
troisième révolution industrielle est rendue possible avec des
outils permettant de réaliser des applications, par exemple une
fusion homme-machine, augmentation de la durée de vie ou
encore l'amélioration du corps humain, cela étant théorisé depuis
une vingtaine d'années et financé par des multinationales comme
Calico (filiale d'Alphabet, anciennement Google), dans ce qu'il
faudrait appeler peut-être une révolution transhumaniste[116],
comme le livre éponyme.

Cependant, il semble que même si certains journaux titrent la


quatrième révolution industrielle[115], il n'y ait pas vraiment de
nouvelles sources d'énergie comme dans les deux premières
(charbon, hydroélectricité, pétrole). De plus, comme le présente
Jérémy Rifkin, la troisième révolution industrielle est aujourd'hui
une période de questionnement et de recherche de solutions pour
sortir d'une économie intensive en produits issus des énergies
fossiles. C'est la question de l'après-pétrole, ou comment en finir
durablement avec l'ère d'exploitation intensive du carbone[117] que
soulignent les journaux en parlant notamment de peur de la
quatrième révolution industrielle[115] à tort ou à raison. Ainsi, une
question essentielle se pose dans cette période de transition
énergétique (baisse concomitance de la production et de la
consommation d'énergie) : est-ce que les outils technologiques,
qui sont supposés en meilleure convergence, pourront permettre
de proposer de nouvelles énergies, par exemple avec le
développement de l'énergie verte, de la fusion nucléaire comme à
ITER et de l'économie circulaire ?

Notes et références
1. Au xixe siècle, l' « Allemagne » renvoie en réalité au Royaume
de Prusse (1701-1918), à la Confédération germanique (1815-
1848, 1850-1866), à la Confédération de l'Allemagne du Nord
(1867-1871) ou à l'Empire allemand (1871-1918).
2. Il convient cependant de distinguer l'impact de la révolution
industrielle sur l'agriculture et la révolution agricole elle-même.
3. Adolphe Blanqui, Histoire de l'économie politique en Europe
depuis les anciens jusqu'à nos jours, Paris, Guillaumin, 1837
(lire en ligne (https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=mdp.39015
070865061&view=1up&seq=7&skin=2021) [archive]).
4. Claude Fohlen, Qu'est-ce que la révolution industrielle ?, Paris,
Robert Laffont, coll. « Science nouvelle », 1971, 317 p., p. 17-
19.
5. François Jarrige, Technocritiques, Du refus des machines à la
contestation des technosciences, La Découverte, 2014. pp. 99-
100.
6. Arnold Toynbee, Lectures On The Industrial Revolution In
England: Public Addresses, Notes and Other Fragments,
together with a Short Memoir by B. Jowett. Londres,
Rivington's, 1884
7. La Révolution industrielle, coll. Folio Histoire, Gallimard, 2010.
8. Jean-Marc JAncovici, Éléments de base sur l’énergie au XXIe
siècle, Cours à l'Ecole des Mines, 2020, lire en ligne (pdf) (http
s://jancovici.com/wp-content/uploads/2020/07/Jancovici_Min
es_ParisTech_cours_1.pdf) [archive].
9. Max Pietsch, La Révolution industrielle, 1961.
10. David S. Landes, L'Europe technicienne ou le Prométhée libéré,
1980.
11. Karl Polanyi, La grande Transformation, 1944.
12. Walt Whitman Rostow, Les Étapes de la croissance
économique : un manifeste non communiste, 1960.
13. Franklin Mendels, « Protoindustrialization, the first phase of the
industrialization process », dans Journal of Economic History,
1972. La théorie ayant été soutenue lors de la thèse de
Franklin Mendels en 1969 à l'université du Wisconsin, États-
Unis, sous le titre : Industrialization and Population Pressure in
18th Century Flanders.
14. Des industries rurales à la protoindustrialisation : historique
d'un changement de perspective (http://www.persee.fr/web/re
vues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1984_num_39_
5_283112?_Prescripts_Search_tabs1=standard&) [archive] -
Franklin Mendels, 1984
15. Bernard Rosier, Pierre Dockès, L'Histoire ambiguë. Croissance
et développement en question, 1988.
16. Jean Gimpel, La Révolution industrielle du Moyen Âge, éditions
du Seuil, 1975, p. 9.
17. Paul Mantoux, La Révolution industrielle au xviiie siècle, 1906
et 1928.
18. Fernand Braudel, La Dynamique du capitalisme, 1985.
19. (en) Angus Maddison, When and Why did the West get Richer
than the Rest (http://www.ggdc.net/conf/Catchup_Conferenc
e/paper-maddison.pdf) [archive].
20. François Bellec, Marchands au long cours, Édition du Chêne,
Hachette, Paris, 2003.
21. Max Weber, L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme,
1905.
22. P. Léon.
23. Selon François Caron, 77 % des entreprises sont des sociétés
en nom commun entre 1840 et 1859. Histoire économique de
la France xixe – xxe siècle.
24. François Caron, Histoire économique de la France xixe –
xxe siècle.
25. Politique économique conçue par Colbert, ministre du roi de
France.
26. dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations.
27. Le Chapelier, Le Moniteur universel, t. 8, p. 661, cité par Pierre
Rosanvallon, L'État en France de 1789 à nos jours, source (htt
p://enssibal.enssib.fr/bbf/fiches_lecture/sarraz.htm) [archive].
28. Arnold Toynbee, Lectures on the Industrial Revolution in
England, 1884. « The essence of the industrial Revolution is the
substitution of competition for the medieval regulations which
had previously controlled the production and distribution of
wealth. ».
29. Mythes et paradoxes de l'histoire économique, 1994, p. ?.
30. pour reprendre l'expression de Joseph Schumpeter
31. Henri Hauser, Les Débuts du capitalisme, 1927.
32. Lewis Mumford, Technique et civilisation, 1950.
33. Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon, l'utopie ou la raison en
actes, Payot, p. 296
34. (en) Robert Leroux et David M. Hart, French Liberalism in the
19th Century : An Anthology, Paris, Routledge, 2012, 318 p.
(ISBN 978-0-415-68742-3, lire en ligne (https://books.google.co
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35. Portraits historiques : Thomas Jefferson, troisième président
des États-Unis, t. 2, Bruxelles, Méline, Cans & Co, 1837, 598 p.
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36. (en) William Howard Adams, The Paris Years of Thomas
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(ISBN 978-0-300-08261-6, lire en ligne (https://books.google.co
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p. 155.
37. (en) M. Andrew Holowchak (note 19), Jefferson’s Political
Philosophy and the Metaphysics of Utopia, Leyde ; Boston, Brill,
2017, 212 p. (ISBN 978-90-04-33942-2, lire en ligne (https://boo
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42. (en) Steven N. Durlauf et Lawrence E. Blume, The New Palgrave
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p. 479.
43. Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon, l'utopie ou la raison en
actes, Payot, p. 297
44. (en) Leonard P. Liggio, « The concept of liberty in 18th et 19th
century France », Journal des économistes et des études
humaine, vol. 1, no 1,‎printemps 1990.
45. Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon, L'utopie ou la raison en
actes, Payot, p. 459
46. « Industrialiste » dans le CNRTL (https://www.cnrtl.fr/definitio
n/industrialiste) [archive]
47. Olivier Pétré-Grenouilleau, Saint-Simon, L'utopie ou la raison en
actes, Payot, p. 393-394.
48. Georges Duby, L'Économie rurale et la vie des campagnes dans
l'Occident médiéval, 1975.
49. Marc Bloch, Les Caractères originaux de l'histoire rurale
française, 1931.
50. Pierre Rosanvallon, Le Libéralisme économique : histoire de
l'idée de marché, 1989.
51. Alfred Sauvy, Malthus et les deux Marx, le problème de la faim
et de la guerre dans le monde, 1963.
52. Voir Philippe Ariès, L'Enfant et la vie familiale sous l'Ancien
Régime, 1960, pour la France et Edward Shorter, Naissance de
la famille moderne, XVIIIe-xixe siècle, 1975, pour l'Angleterre.
53. Phénomène mis en lumière par Anne Robert Jacques Turgot,
baron de Laune dans Réflexions sur la formation et la
distribution des richesses, 1766.
54. Lorsque la quantité cultivée de terres est fixe, embaucher un
ouvrier agricole supplémentaire augmente toujours la quantité
totale produite. Mais, une fois que la courbe de la productivité
marginale du travail atteint son maximum, chaque ouvrier
agricole additionnel réalise une production supplémentaire de
moins en moins élevée. Pour des informations plus détaillées
cf. Jean Pierre Delas, Économie contemporaine, Faits,
concepts, théories, Éditions ellipses, Paris, 751 p., p. 63-66. Le
lecteur peut également se référer, avec profit, à Raymond Barre,
Économie politique, tome 1, Éditions P. U. F., Paris, 723 p., p.
484-494.
55. Ester Boserup, The Conditions of agricultural growth, 1965.
56. Paul Bairoch, Révolution industrielle et Sous-développement,
1963.
57. Walt Whitman Rostow, Les étapes de la croissance
économique. Un manifeste non communiste, 1960
58. Phyllis Deane, The First Industrial Revolution, 1965.
59. Jean-Pierre Rioux, La Révolution industrielle 1780-1880, 1971.
60. p. 254.
61. Les États-Unis est, très probablement, le pays vers lequel
l'exode de l'Europe vers le continent américain était le plus
important. Pour de plus amples détails, voir à ce sujet Jean-
Marie Albertini, Capitalismes et socialismes à l'épreuve.
Initiation à l'étude des régimes économiques, Éditions
ouvrières, Paris, 304 p.
62. « La révolution industrielle anglaise n'aurait vraisemblablement
pas eu lieu sans les progrès agricoles préalables », Jean-
Charles Asselain, Histoire économique. De la révolution
industrielle à la Première Guerre mondiale, 1985.
63. Joseph Aloïs Schumpeter, Capitalisme, socialisme et
démocratie, 1942.
64. Le cycle des affaires, 1939, Joseph A. Schumpeter. Titre
original : Business Cycle.
65. Joseph Alois Schumpeter, Capitalisme, socialisme et
démocratie, 1942 (dans l'édition française de 1951, Paris,
Payot, p. 106-107). « This process of Creative Destruction is
the essential fact about capitalism. It is what capitalism
consists in and what every capitalist concern has got to live
in. », chap. VII, The Process of Creative Destruction, Capitalism,
Socialism and Democracy, Joseph A. Schumpeter, Harper &
Brothers, New York, 1942.
66. Vers de nouveaux rapports entre l'éthique et le droit, par Willy
Apollon p. 120.
67. Histoire du chauffage urbain Par Michel Raoult, p. 59.
68. La vie et les travaux du chevalier Jean-Charles de Borda, 1733-
1799, par Jean Mascart.
69. Williams, Ralph M. Poet, Painter and Parson the Life of John
Dyer. New York : Bookman Associates, 1956.
70. Les mutations de l'économie mondiale, par Laurent Carroué,
Didier Collet et Claude Ruiz, p. 57.
71. « exhaure — Wiktionnaire » (https://fr.wiktionary.org/wiki/exha
ure) [archive], sur fr.wiktionary.org (consulté le
7 septembre 2016).
72. conditions de vie mises en lumière dans l'œuvre d'Emile Zola.
73. Auguste Bouchayer, Les Chartreux, maîtres de forges, Dideret
Richard, 1927 Grenoble.
74. « « L’effet combiné de la traite et de l’exploitation des
personnes esclavagisées a contribué à l’essor industriel du
Royaume-Uni » », Le Monde.fr,‎25 janvier 2023 (lire en ligne (htt
ps://www.lemonde.fr/idees/article/2023/01/25/l-effet-combin
e-de-la-traite-et-de-l-exploitation-des-personnes-esclavagisees-
a-contribue-a-l-essor-industriel-du-royaume-uni_6159182_3232.
html) [archive])
75. Jean Marczewski, « Y a-t-il eu un « take-off » en France ? »,
1961, dans les Cahiers de l'ISEA.
76. Remarque : cela explique la filiation historique du club de Paris
et du club de Londres.
77. « ARF, dates » (http://hhttp://arforez.free.fr/histoire_et_patrimo
ine_075.htm) [archive].
78. Ulysse Lamalle, Histoire des chemins de fer belges, éd. Office
de Publicité, S.A., Bruxelles, 1953
79. Robert William Fogel, Railroads and American Economic
Growth: Essays in Econometric History, 1964.
80. Robert William Fogel, Time on the Cross: The Economics of
American Negro Slavery, 1974.
81. Friedrich List, Système national d'économie politique, 1841
82. Christoph Conrad, « La naissance de la retraite moderne :
l'Allemagne dans une comparaison internationale (1850-
1960) », Population, no 3,‎1990, p. 531-563 (lire en ligne (http://
www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1990_num_45_3_36
1) [archive]).
83. Michel Albert, Capitalisme contre capitalisme, Éditions du
Seuil, 1991, 315 p. (ISBN 978-2-02-013207-7).
84. Alexander Gerschenkron, Economic backwardness in historical
perspective, a book of essays, 1962.
85. Lester R. Brown, Éco-économie, une autre croissance est
possible, écologique e durable, Seuil, p. 144.
86. Olivier Marchand, Claude Thélot, Le Travail en France (1800-
2000), 1997 [lire en ligne (http://www.sciences-sociales.ens.fr/
forma/agreg/hss2001/travail/statGen/statistiques.htm
l) [archive]] (voir archive).
87. Pierre Bourdieu, La Noblesse d'État. Grandes écoles et esprit
de corps, 1989.
88. Karl Marx, Le Capital, 1867.
89. Karl Marx, Le Dix-huit brumaire de Louis-Bonaparte, 1852.
90. Et il ajoute qu'« il ne s'agit pas ici de quelque notion
anachronique superposée à la réalité » dans Edward Palmer
Thompson, La formation de la classe ouvrière anglaise,
Gallimard-Le Seuil, Paris, 1988 (1re éd. originale : Londres,
1963), p. 178.
91. Voir l'œuvre d'Émile Zola, Les Rougon-Macquart : Histoire
naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire. Il
nous semble que le roman dans lequel E. Zola apporte plus de
détails sur le mode de vie de la classe ouvrière française du
dix-neuvième siècle est "l'assommoir" 409 p.
92. Murray Rothbard, Austrian Perspective on the History of
Economic Thought.
93. Georges Friedmann, Le Travail en miette, 1956
94. Edward Palmer Thompson, op. cit., p. 284.
95. (en) Robert C. Allen, « Engels’ pause: Technical change, capital
accumulation, and inequality in the british industrial
revolution », Explorations in Economic History, vol. 46, no 4,‎
1er octobre 2009, p. 418–435 (ISSN 0014-4983 (https://portal.i
ssn.org/resource/issn/0014-4983) ,
DOI
10.1016/j.eeh.2009.04.004 (https://dx.doi.org/10.1016/j.eeh.2009.0
, lire en ligne (http://www.sciencedirect.com/science/article/pi
i/S0014498309000199) [archive], consulté le
3 décembre 2020).
96. Marie-Françoise Lévy, « La naissance d'une protection » (http
s://www.monde-diplomatique.fr/1986/01/LEVY/3901
7) [archive], 1er janvier 1986.
97. Chris Harman, Une histoire populaire de l'humanité, La
Découverte, 2015, p. 420.
98. Rapport du Sénat français sur l'ampleur des changements
climatiques (http://www.senat.fr/rap/r01-224-1/r01-224-146.ht
ml#toc397) [archive].
99. Jean-Marc Jancovici, L'avenir climatique, Troisième partie,
p. 165.
100. Notamment dans Le Principe responsabilité et Pour une
éthique du futur.
101. Lester R. Brown, Éco-économie, une autre croissance est
possible, écologique et durable, Seuil, p. 143.
102. England's Treasure by Foreign Trade, 1664 (Lire le texte
transcrit sur Wikisource).
103. in Le Capitalisme, 1948.
104. Léon Walras, Études d'économie sociale. Théorie de la
répartition de la richesse sociale, 1896.
105. d'après le nom de James Monroe, cinquième président des
États-Unis, qui en 1823 définit l'isolationnisme des États-Unis
par rapport aux affaires du reste du monde.
106. Léon Duguit, Traité le droit constitutionnel, 1928.
107. Charles Fourier, Le nouveau monde industriel ou l'invention du
procédé d'industrie attrayante et naturelle distribuée en séries
passionnées , 1829.
108. Louis Blanc, L'Organisation du travail, 1839.
109. Philippe Buchez a fondé la revue L'Atelier en 1840 dans laquelle
il défend cette idée.
110. « La concurrence tue la concurrence », Pierre Joseph
Proudhon, Système des contradictions économiques ou
Philosophie de la misère, 1846.
111. « Qu'est-ce que la propriété ? C'est le vol », Pierre Joseph
Proudhon, Qu'est ce que la propriété ? Ou recherches sur le
principe du droit et du gouvernement, 1840.
112. loi Ollivier du 25 mai 1864.
113. loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884.
114. Karl Marx, Friedrich Engels, Manifeste du Parti communiste,
1848.
115. Les peurs de la 4e révolution industrielle (http://fr.euronews.co
m/2016/01/20/les-peurs-de-la-4eme-revolution-industriell
e/) [archive] sur Euronews.
116. Luc Ferry, La Révolution transhumaniste, Plon, 2016, 189 p.
(ISBN 978-2-259-25100-6, lire en ligne (https://books.google.co
m/books?id=VTffCwAAQBAJ&printsec=frontcover) [archive]),
Ne croyez surtout pas qu'il s'agisse de science-fiction : 18 avril
2015, une équipe de généticiens chinois entreprenait
d'améliorer le génome de quatre-vingt-trois embryons humains.
Jusqu'où ira-t-on dans cette voie ? Sera-t-il possible un jour
(bientôt ? déjà ?) d’augmenter à volonté tel ou tel trait de
caractère de ses enfants, d'éradiquer dans l'embryon les
maladies génétiques, voire d'enrayer la vieillesse et la mort en
façonnant une nouvelle espèce d'humains augmentés ? Nous
n'en sommes pas (tout à fait) là, mais de nombreux centres de
recherche transhumanistes y travaillent partout dans le monde,
avec des financements colossaux en provenance de géants du
Web tel Google. Les progrès des technosciences sont d'une
rapidité inimaginable, ils échappent encore à toute régulation.
En parallèle, cette infrastructure du monde qu'est le Web a
permis l'apparition d'une économie dite collaborative, celle que
symbolisent des applications comme Uber, Airbnb ou
BlaBlaCar. Selon l'idéologue Jeremy Rifkin, elles annoncent la
fin du capitalisme au profit d'un monde de gratuité et de souci
de l'autre. N'est-ce pas, tout à l'inverse, vers un
hyperlibéralisme, vénal et dérégulateur, que nous nous
dirigeons ? Certaines perspectives ouvertes par les
innovations technoscientifiques sont enthousiasmantes,
d'autres effrayantes. Ce livre cherche d'abord à les faire
comprendre, et à réhabiliter l'idéal philosophique de la
régulation, une notion désormais vitale, tant du côté de la
médecine que de l'économie..
117. « 3 minutes pour comprendre | Troisième révolution
industrielle » (http://www.troisiemerevolutionindustrielle.lu/co
mprendre/3-minutes-pour-comprendre/) [archive], sur
troisiemerevolutionindustrielle.lu (consulté le 1er mai 2016).

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages

Jean-Charles Asselain (1984), Histoire économique de la France


du xviiie siècle à nos jours, t. 1 : De l'Ancien Régime à la Première
Guerre mondiale, Points Histoire
Beauchamp Chantal (1997), Révolution industrielle et croissance
au xixe siècle, Ellipses Marketing, coll. « Les Économiques »
Caron F (1997) Les Deux Révolutions industrielles du xxe siècle,
Paris, Albin Michel,1997, 528 p. ;
Coutard Olivier (dir.), The Governance of Large Technical
Systems, Londres et New York, Routledge, 1999, 304 p. ; Gabriel
Dupuy et Jean-Marc Offner, « Réseau : bilans et perspectives »,
Flux, n° 62, « Clefs pour les réseaux », octobre-décembre 2005,
p. 38-45.
David Landes (2000), L'Europe technicienne ou Le Prométhée
libéré. Révolution technique et libre essor industriel en Europe
occidentale de 1750 à nos jours, Gallimard, 1975 (édition
originale : 1969). Réédition : 2000
Le Bot Florent& Perrin Cédric (dir.) (2011), Les chemins de
l'industrialisation en Espagne et en France. Les PME et le
développement des territoires (xviiie – xxie siècle), Bruxelles,
Peter Lang
Pierre Musso (2017), La religion industrielle. Monastère,
manufacture, usine. Une généalogie de l'entreprise. Fayard, Paris.
Peitsch M. (1963), La Révolution industrielle, Payot
Jean-Pierre Rioux (1989), La Révolution industrielle (1770-1880),
Points, collection "Histoire"
Patrick Verley (1999), La première révolution industrielle, Armand
Colin, coll. « Synthèse »
Patrick Verley (1997), La Révolution industrielle, Folio, collection
"Histoire"
Patrick Verley (2013), L'échelle du monde : Essai sur
l'industrialisation de l'Occident. Gallimard
Article

John Komlos, « Penser la révolution industrielle », Histoire,


économie & société, 1996, no 4, p. 615-629. [lire en ligne (http://
www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5
702_1996_num_15_4_1890) [archive]]

Articles connexes

A Division du travail Histoire de

E l'enfance en
Anthropisation Europe
Artificialisation Ère préindustrielle Homo
Arts industriels Entreprise oeconomicus

Automate F I
Automation
Facteurs de Industrialisation
C production Industrie

Capitalisme G Industrialisme

Concurrence Génie industriel Industrie 4.0

Croissance Informatique
H
économique industrielle

Destruction Histoire des Innovation


créatrice bourses de Invention
valeurs (technique)
D
L P Robotique

S
Libéralisme Pays
économique industrialisés Société
M Production en industrielle
série Société post-
Machine
Productivisme industrielle
Machinisme
Productivité T
Mécanique
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Mécanisation Taylorisme
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Modernisation Technocritique
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O industrielle Troisième
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industrielle
travail
Rationalisation U
Organisation
Révolution
industrielle Usinage
numérique
Usine
Révolutions industrielles :
en Suède | en Suisse | aux États-Unis | en Allemagne | au
Japon | en Russie tsariste

Liens externes

Première révolution industrielle (http://www.lethist.lautre.net/1e


r_systeme_technique.htm) [archive] : dossier documentaire de
l'académie de Rouen

Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :


Britannica (https://www.britannica.com/event/Industrial-Revol
ution) [archive] · Dictionnaire historique de la Suisse (http://ww
w.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F013825.php) [archive] · Dizionario di
Storia (http://www.treccani.it/enciclopedia/la-rivoluzione-industr
iale_(Dizionario-di-Storia)/) [archive] · Gran Enciclopèdia
Catalana (https://www.enciclopedia.cat/EC-GEC-0055148.xm
l) [archive] · Larousse (https://www.larousse.fr/encyclopedie/di
vers/wd/61047) [archive] · Nationalencyklopedin (https://www.
ne.se/uppslagsverk/encyklopedi/l%C3%A5ng/industriella-revolu
tionen) [archive] · Store norske leksikon (https://snl.no/den_ind
ustrielle_revolusjon) [archive] · Treccani (http://www.treccani.it/
enciclopedia/rivoluzione-industriale) [archive] · Universalis (http
s://www.universalis.fr/encyclopedie/revolution-industriell
e/) [archive]
Notices d'autorité :
BnF (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11950231q)
(données (http://data.bnf.fr/ark:/12148/cb11950231q) ) ·
LCCN (http://id.loc.gov/authorities/sh85065935) ·
GND (http://d-nb.info/gnd/4072790-7) ·
Japon (http://id.ndl.go.jp/auth/ndlna/00570120) ·
Espagne (http://catalogo.bne.es/uhtbin/authoritybrowse.cgi?action=
·
Israël (http://uli.nli.org.il/F/?func=find-b&local_base=NLX10&find_co
· Tchéquie (http://aut.nkp.cz/ph124743)

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