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La révolution industrielle est le processus historique du XIXe siècle qui fait basculer, une
société à dominante agraire et artisanale vers une société commerciale et industrielle. Cette
transformation, tirée par le boom ferroviaire des années 1840, affecte profondément
l'agriculture2, l'économie, le droit, la politique, la société et l'environnement.
L'expression a été utilisée pour la première fois en 1837 par l'économiste français Adolphe
Blanqui dans son Histoire de l'économie politique3 puis reprise dans les années 1840
par Friedrich Engels4. Vulgarisée en Angleterre au XXe siècle par l'historien Arnold Toynbee5,
elle fait partie depuis du vocabulaire usuel.
Certains historiens contestent la validité scientifique de cette expression. Pour Werner
Sombart (Le Capitalisme moderne, 1902), la « révolution industrielle » est un phénomène
ancien, qui commence en fait à Florence au XIVe siècle avec l'émergence de la civilisation
bourgeoise. Fernand Braudel fait observer que le caractère brutal qu'implique le terme de
« révolution industrielle » ne peut a priori s'appliquer qu'au Royaume-Uni. Pour les autres
pays, le terme d'industrialisation qualifie mieux un processus en réalité assez progressif.
Patrick Verley6 insiste sur la continuité du phénomène, le moteur de la croissance de
l'industrie, à la fin du XVIIe siècle, résidant d'abord dans le dynamisme de la demande de
biens de consommation, qui stimule en retour le progrès technique.
Sommaire
1Définition
2Avant la révolution industrielle
3Contexte favorable, résultat d'une longue évolution
o 3.1Structures sociales, économiques et politiques
3.1.1Évolution de la société
3.1.2Transformation de l'entreprise
3.1.3Libéralisme à l'aube de l'industrialisation
3.1.4Progrès scientifiques
o 3.2Fondements philosophiques
3.2.1Origines de l'industrialisme
3.2.2Deux courants dans l'industrialisme
o 3.3Mutations liées : agriculture et démographie
3.3.1Révolution agricole
3.3.2Transition démographique
3.3.3Trois bouleversements liés
4Première révolution industrielle
o 4.1Importance des brevets
o 4.2Secteurs clés
4.2.1Énergie : la vapeur
4.2.2Moyen de transport : le bateau
4.2.3Textile
4.2.4Métallurgie
o 4.3Suprématie de la Grande-Bretagne dès 1750
4.3.1Empire britannique
4.3.2Spécialisation industrielle précoce dès 1850
4.3.3Suprématie financière
o 4.4Rôle précurseur de la Wallonie
o 4.5Singularité du cas de la France
4.5.1Contexte historique
4.5.2Importance de l'État
4.5.3Puissance agricole et industrielle
4.5.4Puissance financière
5Deuxième révolution industrielle
o 5.1Secteurs clés
5.1.1Électricité et moteur électrique
5.1.2Pétrole
5.1.3Moteur à combustion interne
5.1.4Automobile
5.1.5Chimie
5.1.6Chemin de fer
5.1.7Sidérurgie
o 5.2Pays concernés
5.2.1États-Unis
5.2.1.1Territoires
5.2.1.2Démographie
5.2.1.3Tournant de la guerre de Sécession
5.2.2Allemagne
5.2.2.1Unification pour s'industrialiser
5.2.2.2Puissance industrielle
5.2.2.3Agriculture
5.2.2.4Faiblesse financière
5.2.3Japon
5.2.3.1Ouverture économique contrainte
5.2.3.2Ère Meiji (1868-1912)
5.2.4Russie
5.2.4.1Réformes agraires
5.2.4.2Industrialisation
6Évolutions sociales
o 6.1Évolution de la structure sociale en France
6.1.1Déclin agricole dès le milieu du XIXe siècle
6.1.2Exode rural et urbanisation
6.1.3Bourgeoisie triomphante
o 6.2Constitution du prolétariat
o 6.3Évolution du monde du travail
6.3.1Rationalisation du processus productif
6.3.1.1Précurseurs : l'exemple de Frédéric Japy
6.3.1.2Vulgarisateurs : Frederick Taylor et Henry Ford
6.3.2Travail des enfants
o 6.4Évolution de l'environnement
o 6.5Évolutions politiques des sociétés industrialisées
6.5.1Évolution du rôle de l'État
6.5.2Utopies sociales
6.5.3Combat social
6.5.4Question sociale
7Troisième révolution industrielle
8Quatrième révolution industrielle
9Notes et références
10Voir aussi
o 10.1Bibliographie
10.1.1Ouvrages
10.1.2Article
o 10.2Articles connexes
o 10.3Liens externes
Définition
La « révolution industrielle » est le passage d'une économie fondée traditionnellement sur
l'agriculture à une économie reposant sur la production mécanisée à grande échelle de biens
manufacturés dans des entreprises.
Les « révolutions industrielles » (au pluriel) désignent les différentes vagues
d'industrialisation qui se succèdent dans les différents pays à l'époque moderne, car la
révolution industrielle émerge en réalité de façon décalée dans le temps et dans l'espace
selon les pays.
Les premiers espaces à s'être industrialisés sont la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle,
puis la Belgique, le nord de la France et la Suisse au début du XIXe siècle : ce sont les pays
de la première vague. L'Allemagne et les États-Unis s'industrialisent à partir du milieu du XIXe,
le Japon à partir de 1868 puis la Russie à la fin du XIXe : ils forment les pays de la deuxième
vague.
Peinture de Hendrick Cornelisz Vroom réalisée vers 1600, montrant le départ de voiliers de
la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.
Le capitalisme ne naît pas avec la révolution industrielle ; dès la fin du Moyen Âge,
l'historien Fernand Braudel note que les activités du capitalisme marchand et financier sont
déjà largement développées dans le nord de l'Italie, les Pays-Bas ou l'Allemagne du Nord.
Dès le XVIIe siècle, les grandes compagnies commerciales maritimes, comme la Compagnie
anglaise des Indes orientales (1600) ou la Compagnie néerlandaise des Indes
orientales (1602), préfigurent l'« entreprise » moderne. Elles constituent en effet les
premières entités à explicitement viser le profit monétaire et, pour ce faire, à savoir mobiliser
hommes, capitaux et moyens matériels (navires) pour exploiter les nouvelles connaissances
géographiques et les progrès technologiques : boussole, sextant, etc.
Durant cette ère préindustrielle — ou « proto-industrielle » selon l'expression de Franklin
Mendels — des « nébuleuses industrielles »21 comme en Flandres au XVIIe siècle
apparaissent dans lesquelles se développent des formes embryonnaires d'entreprises pour
contourner les règles corporatives. Les premières formes juridiques d'entreprises reposant
sur la libre association de sociétaires voient le jour, notamment la société en commandite.
L'ampleur des besoins financiers engendrés par la révolution industrielle pose rapidement la
question de l'accumulation primitive du capital et consécutivement celle du financement par
l'appel à l'épargne publique ou aux capitaux extérieurs. Jusque-là, les « investisseurs »
associés au sein de sociétés en nom commun (SNC) découpées en parts non négociables,
et non en actions, ont la qualité juridique de « commerçants » et sont, à ce titre,
responsables sur leurs biens propres. Les premières sociétés de capitaux comme
les sociétés en commandite par actions (actions négociables à la Bourse) remontent en
France au Code du commerce de 1807, mais restent marginales22.
Or au XIXe siècle, la révolution industrielle requiert — comme dans les chemins de fer — une
importante concentration de capitaux en vue de financer des investissements de plus en plus
couteux. Une nouvelle forme juridique d'entreprise, la société anonyme (SA) facilite les
apports en capitaux de plusieurs investisseurs : ceux-ci n'engagent leur responsabilité qu'à
hauteur des montants investis, ce qui limite les risques.
Ainsi en Angleterre, la mise en place des joint stock companies (JSC) fait suite à l'abrogation
du « Bubble Act » en 1825 et au « Joint Stock Companies Act » de 1856. Ainsi en France est
instaurée la société anonyme après les lois de 1863 et 1867 (et en Allemagne en 1870).
D'après François Caron23, 11,4 % des sociétés créées en France entre 1879 et 1913 le sont
sous la forme des sociétés anonymes.
Libéralisme à l'aube de l'industrialisation
La réflexion sur le rôle de l'État dans l'économie, les thèmes du libre-échange et
du protectionnisme sont l'objet d'une longue réflexion historique. Au XVIIe siècle,
le mercantilisme — « économie au service du prince » — énonce de manière pragmatique et
parfois assez formalisée (ainsi le colbertisme en France) les premières considérations et
théories économiques censées correspondre aux besoins des nations et royaumes. En 1776,
un auteur libéral comme Adam Smith est partisan24 d'un État-gendarme capable d'assurer
d'une part des prérogatives régaliennes et d'autre part des fonctions tutélaires. Il ne s'agit
donc pas à proprement parler d'un État minimal.
Par ailleurs, la division du travail est déjà à l'œuvre depuis au moins un siècle dans les
chantiers navals (par exemple, l'arsenal de Venise) et illustrée par les planches de
l'Encyclopédie. Elle est source d'efficience et de meilleure productivité. La spécialisation et
l'interdépendance qu'elle induit entre un nombre croissant d'agents économiques qui y ont
recours rend nécessaires les échanges et contribue à généraliser les pratiques de
marché. Vincent de Gournay et le mouvement physiocratique lancent
au XVIIIe siècle : « Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises ».
Le siècle des Lumières promeut la conception d'un État garant des libertés individuelles,
parmi lesquelles, la liberté du commerce et de l'industrie et, son corollaire, la
libre concurrence. Concrètement, il s'ensuit en France l'abrogation des corporations à la suite
du décret d'Allarde en mars 1791 et l'interdiction de toute coalition à la suite de la loi Le
Chapelier du 14 juin 1791 : « Il n'y a plus de corporations dans l'État ; il n'y a plus que l'intérêt
particulier de chaque individu et l'intérêt général25 ».
En Angleterre, les Combination Acts de 1799 et 1800 engagent un processus similaire. De
telles mesures ont un impact décisif sur le processus de révolution industrielle ;
d'après Arnold Toynbee, « l'essence même de la révolution industrielle est la substitution de
la libre concurrence aux règlementations qui, depuis le Moyen Âge, étaient imposées à la
production »26.
Au XIXe siècle alternent des périodes de libre-échange et de protectionnisme. Paul
Bairoch observe que « le protectionnisme est la règle, le libre-échange l'exception »27. Le
Royaume-Uni commercialiste avait opté dès le XVIIe siècle pour des mesures protectionnistes
telles le « Navigation Act » de Cromwell en 1651, et réitère en ce sens avec les « Corn
laws » de 1815 à la suite de « l'Importation Act ». L'abrogation des « Corn Laws » par le
« Peel Act » le 15 mai 1846 constitue, au même titre que l'abrogation du « Navigation Act »
en 1849, un tournant fondamental du XIXe siècle.
Ce libéralisme est donc à l'origine de la généralisation du marché au XIXe siècle : celui-ci –
autrefois existant mais de manière marginale – devient facteur décisif dans le processus
d'industrialisation. Karl Polanyi estime dans La Grande Transformation que le marché
fonctionne de manière autorégulée, sans intervention de l'État, entre 1834, date de l'abolition
de la loi de Speenhamland consacrant la marchandisation de la main d'œuvre, et 1929, date
de la grande crise économique qui provoque le retour et le recours à l'État en vue d'intervenir
activement et réglementer le marché.
Progrès scientifiques
La révolution industrielle est aussi le fait de découvertes et innovations qui favorisent
l'industrialisation. La « grappe d'innovation » qui survient28, est d'une ampleur telle que la
révolution industrielle marque une véritable rupture sur le plan des techniques.
Pourtant, de nombreuses industries ne sont pas à proprement parler récentes : certaines
comme l'imprimerie et la soierie remontent au milieu du XVe siècle. Les travaux d'Henri
Hauser29 montrent que ces industries ont favorisé l'émergence des
premières manufactures dont certaines, en France, sont créées sur décision royale dès le
règne d'Henri IV mais surtout sous celui de Louis XIV, influencé par les
idées mercantilistes de Colbert.
De même, Lewis Mumford30 considère l'invention de l'horloge comme l'une des premières
activités mécaniques, occasionnant le perfectionnement de certaines techniques et
favorisant la division du travail (voir en particulier le modèle d'organisation assez
remarquable dit de l'« Établissage » en vigueur dans l'horlogerie du Jura depuis au moins
le XVIIIe siècle).
Fondements philosophiques
Article détaillé : Industrialisme.
La révolution industrielle se fonde sur la doctrine industrialiste.
Origines de l'industrialisme
Adam Smith (1723 - 1790, est considéré par beaucoup comme un des fondateurs de la
pensée économique moderne.
Bien que, par certains aspects, on puisse voir les origines de l'industrialisme dans le
fameux Parfait négociant, écrit par Jacques Savary en 1675, les origines remontent plus
certainement à la seconde moitié du XVIIIe siècle, époque à
laquelle Montesquieu et Condorcet, parmi d'autres, défendent l'idée selon laquelle le
commerce et l'industrie entretiennent l'amour de la paix, qu'ils ont besoin de liberté, et que
leur essor est l'un des signes du progrès que connaissent les sociétés humaines.
L'émergence de la grande industrie française, dans les années 1780-1830, contribua à
favoriser ces idées31.
Il faut aussi mentionner le grand économiste écossais Adam Smith (1723-1790), déjà cité,
auteur de La richesse des nations (1776), considéré comme l'ouvrage fondateur de
l'économie moderne.
L’industrialisme, en tant qu’élément constitutif et élément historiquement déterminant du
libéralisme, a plusieurs sources majeures :
Machines à vapeur
Au Ier siècle de l'ère chrétienne, Héron d'Alexandrie construit l'Éolipyle, sorte de jouet à
vapeur fonctionnant comme une turbine à réaction. Il faut attendre d'autres inventeurs,
comme Denis Papin, pour montrer que la vapeur sous pression pouvait actionner un piston
dans un cylindre. La notion de travail est totalement absente des premiers développements
de cette machine. Les travaux de Nicolas Léonard Sadi Carnot et la découverte de
la thermodynamique permettent de formaliser ce concept. C'est précisément cette notion qui,
attachée aux machines développées au moment de la révolution industrielle, avec en
parallèle l'utilisation d'énergie fossile, fait basculer le système technique vers la civilisation
thermo-industrielle.
La première machine fonctionnant à vapeur utilisée industriellement est celle du
capitaine Thomas Savery en 1698. Elle sert à exhaurer65 les mines de Cornouailles. Bien
que simpliste et gourmande en charbon, elle sauve de nombreuses mines de la ruine.
Fardier de Cugnot, premier véhicule automobile en 1771.
1733 : John Kay invente la navette volante qui permet de tisser quatre fois plus vite et
des tissus plus larges. Il fallait donc quatre fileurs pour un tisserand. Cette rupture
d'équilibre provoque en cascade d'autres inventions techniques.
1765 : James Hargreaves brevète la « Spinning-Jenny », un rouet où l'on peut poser huit
broches. Hargreaves est un ouvrier tisserand illettré. Sa machine est détruite par des
ouvriers tisseurs furieux de perdre leur travail et il meurt dans la pauvreté.
1769 : Richard Arkwright brevète la « water-frame », première fileuse mécanique qui
utilise l'eau comme force motrice, basée sur le modèle de machine à filer brevetée
par Lewis Paul en 1738.
1779 : Samuel Crompton crée la « Mule-jenny » qui met en œuvre 400 broches à la fois
(eau ou charbon nécessaire).
1785 : Edmund Cartwright, un « clergyman » (homme d'église) du Leicestershire, invente
le premier métier à tisser mécanique,
1801 : Joseph Marie Jacquard met au point le métier Jacquard conduit par un seul
ouvrier au lieu de plusieurs comme auparavant.
1829 : Barthélemy Thimonnier dépose le brevet d'une machine à coudre à fil continu.
1846 : perfectionnement de la machine de Thimonnier par Elias Howe.
Richard Arkwright achète leurs cheveux aux paysannes pour faire des perruques. Après
avoir inventé la mule-jenny, il crée en 1771 une usine à Cromfort (Derbyshire) où l'eau est
abondante pour actionner les machines, mais la main-d'œuvre est rare. Il fait venir des
familles pauvres, dont les femmes et les enfants travaillent sur les métiers à tisser 13 heures
par jour. En 11 ans, il crée deux autres usines, employant 5 000 personnes. Son invention
s'étend rapidement : en 1780, 120 usines fonctionnent, la plupart dans le nord-ouest de
l'Angleterre. Ce succès lui vaut d'être anobli.
En 1800, 80 % du coton est tissé mécaniquement avec des « mules » dans le Lancashire.
En 1815, en Angleterre, 2 500 métiers mécaniques sont recensés contre 250 000 à bras.
La production est concentrée dans des manufactures qui utilisent une très importante main-
d'œuvre dans de mauvaises conditions d'hygiène, d'éclairage, de bruit et de sécurité.
L'utilisation de machines à vapeur permet d'installer ces manufactures près des villes, qui
deviennent rapidement des villes industrielles. Les ouvriers habitent à proximité de leur lieu
de travail pour pouvoir s'y rendre à pied : les journées de travail sont très longues et le temps
de repos trop court pour qu'il puisse être réduit par un long trajet. Notons que certaines
innovations contribuent à la dégradation des conditions de vie et de travail des ouvriers66. Si
la machine à coudre d'Elias Howe en 1846 permet le maintien du travail à domicile
(le domestic system), l'intensification de l'industrialisation entraîne l'augmentation des
cadences dans les filatures si bien que les conditions de vie et de travail dans le textile se
dégradent ; c'est le sweating system (travail à la sueur).
À la lumière des éléments cités, on comprend, en partie, la précocité du Royaume-Uni dans
le processus de révolution industrielle.
Métallurgie
Représentation d'un atelier avec deux convertisseurs Bessemer avec leur forme
caractéristique en cornue.
Il fallait de plus en plus d'acier avec le développement industriel : rails de chemin de fer,
éléments de machines à vapeur, pièces de machines textiles, coques de bateaux, etc. Ce fut
l'Anglais Henry Bessemer qui trouva la solution, avec son convertisseur breveté en 1856.
C'est une cornue de grande taille, à parois réfractaires, que l'on remplit de fonte en fusion.
On envoie alors par le fond de l'air comprimé, qui fait brûler le carbone en produisant un
spectaculaire jaillissement d'étincelles. Vingt minutes après, le convertisseur contient du fer ;
on y introduit alors une quantité précise de carbone qui, après quelques minutes de mélange,
donne l'acier correspondant aux spécifications. Il ne reste plus qu'à incliner le convertisseur
sur ses pivots pour le vider dans une lingotière. Ce procédé permettait de convertir en une
demi-heure 10 tonnes de fonte en autant d'acier ; consécutivement le prix de l'acier doux
passa de 50 £ la tonne à 3 £.
Pays concernés
États-Unis
Territoires
Les États-Unis connaissent un essor démographique tout à fait remarquable. Cet essor est
entretenu d'une part par la croissance naturelle et d'autre part par d'importants flux
migratoires. La population des États-Unis croit de 25 % par décennie entre 1860 et 1890 si
bien qu'en 1880 les États-Unis comptent 50 millions d'habitants et 100 millions en 1918.
L'immigration nourrit largement la croissance démographique ; les flux migratoires ont
apporté 36 millions de personnes entre 1820 et 1920.
De surcroit, la majorité des flux migratoires provient du Royaume-Uni et d'Irlande mais
également des pays scandinaves. Ainsi, les immigrés qui débarquent aux États-Unis sont
souvent de religion protestante. Rappelons ici toute l'importance de l'éthique protestante en
nous basant sur les travaux de Max Weber. En outre, on peut baser l'analyse de
l'industrialisation américaine à partir des caractéristiques de la société américaine ; il s'agit
d'une société méritocratique comme l'analyse Alexis de Tocqueville dans De la démocratie
en Amérique, 1835-1840.
Tournant de la guerre de Sécession
Coton
Laine
Lin cultivé
Soie
Industrie métallurgique
Houille
Lignite
Argent
Cuivre
Fer
Zinc
Article détaillé : Révolution industrielle en Allemagne.
L'industrialisation de l'Allemagne débute au même moment qu'aux États-Unis, c'est-à-dire au
milieu du XIXe siècle. Elle dispose également d'un important potentiel industriel, agricole et
humain.
Unification pour s'industrialiser
La particularité de l'Allemagne est qu'elle n'existe pas en tant qu'État-nation au début du
siècle. À la suite du congrès de Vienne en 1815, la Confédération allemande regroupe 39
États dont l'unité se construit autour de la langue mais également du Zollverein à partir de
1834. Le Zollverein est une union douanière qui met en place une zone de libre-échange à
l'intérieur et qui établit des tarifs extérieurs commun (TEC). De plus en 1857,
le thaler prussien devient la monnaie de la zone puis est remplacé par le Mark en 1871.
Parallèlement, la Reichsbank voit le jour en 1875. L'Allemagne adopte de ce point de vue
une position protectionniste qui contraste avec la position libérale britannique.
Puissance industrielle
Évolutions sociales
Cette révolution industrielle s'est manifestée dans le domaine économique, mais elle n'en a
pas moins transformé le domaine social. Cet aspect de la nouvelle société industrielle a
principalement été étudié par Karl Marx. Selon K. Marx, la société industrielle succède à
la société féodale, et joue un rôle historique primordial en tant qu'elle affirme le capitalisme et
fait émerger le prolétariat.
Plus récemment, après la Seconde Guerre mondiale, on a perçu les conséquences de la
révolution industrielle sur le plan environnemental. Cet aspect a été étudié par Lester R.
Brown, qui considère que nous entrons dans une révolution environnementale78.
Évolution de la structure sociale en France
Le travail en usine vers la fin du XIXe siècle représenté par Adolph von Menzel (1872-1875).
Souvent associé au monde ouvrier, le prolétariat relève en fait d'une réalité plus complexe. Si
l'on retient de Karl Marx son analyse économique de la société en deux catégories, les
capitalistes et les prolétaires81, on oublie parfois que Karl Marx avait déjà compris la
complexité de la société et du prolétariat au XIXe siècle. En effet, Karl Marx distingue au sein
de la société, l'aristocratie financière, la bourgeoisie industrielle, la petite bourgeoisie, la
classe ouvrière, le Lumpenproletariat (« prolétariat en haillons ») et la paysannerie
parcellaire82. Par ailleurs, Marx voit dans le prolétariat une classe contrainte de vendre sa
force de travail aux capitalistes, que Marx accuse d'entretenir une situation favorable au
développement de cette « armée industrielle de réserve ». Pour comprendre la notion
d'exploitation dont parle Marx, il faut revenir à sa conception de la valeur. Il distingue, en
effet, valeur d'usage et valeur d'échange ; pour pouvoir réaliser une « plus-value », le
capitaliste doit contraindre les prolétaires au « surtravail », d'autant plus que le capitaliste est
confronté à une « baisse tendancielle du taux de profit ».
En outre, on ne peut véritablement parler d'une classe ouvrière relativement homogène qu'à
partir du dernier quart du XIXe siècle. En effet, on retrouve, surtout au début du XIXe siècle,
des ouvriers spécialisés que sont les artisans, des ouvriers issus de l'industrie rurale,
notamment en France, et le prolétariat des manufactures puis des usines. Cette dernière
catégorie d'ouvrier demeure minoritaire jusqu'au milieu du XIXe siècle. Par la suite,
consécutivement à la modernisation et à la concentration des usines, le nombre d'ouvriers de
la petite industrie rurale et d'artisans devient plus faible. Ce n'est donc qu'après 1870-1880
que les ouvriers d'usines constituent une classe sociale homogène même si l'historien
britannique Edward Palmer Thompson a mis en évidence qu'en Angleterre tout au moins, la
classe ouvrière s'est formée au cours de la première moitié du XIXe siècle. Il précise que
« pour la plupart des travailleurs, l'expérience cruciale de la révolution industrielle fut vécue
comme une transformation dans la nature et l'intensité de l'exploitation »83.
Vers 1930, les ouvriers représentent encore près de 33 % de la population active
occidentale. Les salaires sont peu élevés (5 F par jour en France de 1900 à 1914) et la
nourriture absorbe une grande partie des revenus (jusqu'à 60 %). Ainsi, chez les ouvriers,
toute la famille travaille : hommes, femmes et enfants. Les journées de travail sont très
longues, de 12 à 15 heures en moyenne jusque vers 1860, avec de rares pauses.
Le chômage est fréquent du fait des licenciements abusifs et de l'importance numérique de la
population active. Il s’accroît nettement lors des périodes de crises économiques. Leurs
logements sont insalubres, la nourriture est déséquilibrée et de mauvaise qualité, ce qui
engendre la sous-alimentation, le rachitisme et le développement de maladies
(choléra, tuberculose) tandis que le manque d'espoir pousse à l'alcoolisme84. Les accidents
du travail, liés à la fatigue, à la pénibilité, aux difficiles conditions de travail sont fréquents (22
pour 10 000 en France, 41 pour 10 000 aux États-Unis entre 1871 et 1875).
Évolution du monde du travail
Rationalisation du processus productif
l'émergence des sciences de gestion avec l'ingénieur des Mines Henri Fayol qui, dans
son ouvrage « l'Administration industrielle et générale », plaide pour la mise en œuvre
d'un processus supérieur de pilotage « Prévoir, Organiser, Commander, Coordonner et
Contrôler » en vue de superviser toutes les pratiques élémentaires à l'œuvre dans les
processus industriels ;
l'apparition de l'Organisation scientifique du travail (OST), promue par Frederick Winslow
Taylor dans son ouvrage Principes du management scientifique paru en 1911 sous le
titre original : Principles of Scientific Management.
Précurseurs : l'exemple de Frédéric Japy
Robert Owen
Charles Fourier
Louis Blanc
Karl Marx
Friedrich Engels
Troisième révolution industrielle