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De l’objectif global
Le cours d’histoire économique destiné aux étudiants de troisième année de graduat
en sciences économiques poursuit un objectif global, celui d’outiller les étudiants avec les
informations sur l’évolution, au fil du temps, de la révolution industrielle dans le monde.
Des objectifs spécifiques du cours
Spécifiquement, à l’issue de ces enseignements, l’étudiant qui l’aura suivi avec
attention prouvée sera à mesure de :
- Connaitre les différentes phases de la révolution industrielle ainsi que leurs différents faits
marquants ;
- Identifier les activités dans la formation de la science économique ;
- Maitriser les pensées économiques dans leurs idées originelles ;
- Situer les causes du blocage industriel du tiers monde au 19è siècle et
- Renforcer ses connaissances par rapport à l’histoire d’industrialisation du Congo.
Il ne nous appartient pas de retracer ici les péripéties de l’occupation coloniale. On se
bordera dans le cadre de ce cours, à rappeler les faits essentiels dont les conséquences pèsent
toujours sur les structures économiques actuelles des Etats dits en développement ou en retard
de développement.
CHAPITRE I : LA REVOLUTION INDUSTRIELLE
La révolution agricole qui s’est développée en Angleterre, dans les premières années
du 18ème siècle a été caractérisée essentiellement par l’introduction d’un certain nombre
d’innovations dans les techniques agricoles.
Il s’est agi tout d’abord de la suppression progressive de la jachère qui fut remplacée
par un système de rotation continue des cultures. En effet, dans la majeure partie de l’Europe,
l’agriculture était basée sur deux types dominants d’assolement, et cela afin d’éviter un
épuisement des terres, il s’agit de :
- l’assolement biennal : c’est-à-dire une année des cultures suivie d’une année de jachère ;
- l’assolement triennal : c’est-à-dire deux années de cultures suivies d’une année de
jachère.
Cette forme d’exploitation des terres entraînera en quelque sorte et pour la première
fois une réelle intégration de l’agriculture et de l’élevage et conduisit à la disparition
progressive des jachères et par-là aussi à une augmentation de la productivité agricole du
moins de celle des terres d’une façon générale.
Il est intéressant de noter que deux siècles plus tard, l’apparition des machines
agricoles rentables seulement sur de grandes étendues a fait pression en Europe en faveur des
formes plus collectives pour certains travaux (moisson, battage) ou d’installations de
premières transformations (laitières, pressoirs,…) car les exploitations y étaient petites en
comparaison de celles des USA où la plupart des équipements avaient été mis au point.
Il s’agit en cinquième lieu, de l’extension de l’usage des chevaux dans les travaux
agricoles. La vitesse de traction du cheval étant en moyenne supérieure d’environ 50 % à celle
du bœuf, l’extension de son usage dans l’agriculture a conduit à accroître dans les proportions
voisines, la productivité d’une forte partie des travaux agricoles. Ainsi alors qu’au 17 ème
siècle, il était possible de labourer environ 0,4 hectare de terre par jour avec le bœuf, avec des
chevaux ce chiffre passe à 0,6 voire 0,8 hectare en incorporant l’amélioration de la charrue
vers la fin du 18ème siècle.
Au milieu du 19ème siècle, avec la traction à vapeur c’est cinq hectares par jour qu’il
sera possible de labourer. Aujourd’hui un bon tractoriste avec un équipement moderne peut
labourer jusqu’à 40 hectares en 12 heures.
Une des conséquences importantes des progrès du secteur agricole au cours du 18 ème
siècle a été sans conteste l’accroissement de la demande des biens autres que les produits
alimentaires. En effet, comme l’avait déjà déduit l’économiste allemand Ernest ENGEL, un
des précurseurs de l’économétrie, l’élasticité de la consommation alimentaire par rapport au
revenu est très faible. L’homme travaille pour assurer d’abord ; ses besoins alimentaires,
besoins qui sont vites satisfaits du fait qu’ils se heurtent rapidement à un plafond constitué par
la limite physiologique à savoir la capacité d’absorption de l’estomac. Dès lors que son
revenu vienne à augmenter, alors que ses besoins élémentaires se trouvent satisfaits, son
échelle de valeur se trouvera modifié.
En tenant compte de la structure des sociétés étudiées ici, sociétés dont environ 80 %
de la population active étaient occupés dans l’agriculture, il est aisé de comprendre qu’un
progrès de la productivité agricole, en entraînant un surcroît de ressources, nécessita avoir un
impact considérable sur les autres secteurs de l’économie et en particulier sur l’industrie
textile et l’industrie sidérurgique.
1. L’INDUSTRIE TEXTILE
2. L’INDUSTRIE SIDERURGIQUE
Tout au long de ces longs siècles, la question centrale de la « philosophie politique » demeure
celle de savoir comment constituer un ordre social harmonieux et, en particulier, comment
concilier harmonie sociale et liberté individuelle. C’est la question que se posent les
philosophes grecs après Socrate, c’est celle que reprennent les penseurs de l’Islam, puis de
l’église chrétienne ; c’est la même question que l’on retrouve à l’époque moderne au centre
des préoccupations des juristes (théoriciens du droit naturel, tels Hugues De Groot (Grotius)
ou Pufendorf) et des philosophes politiques (de Machiavel à Hobbes et Rousseau). Enfin,
c’est également celle des économistes, qui vont la décliner d’une manière particulière (en
l’identifiant à la question de la formation des grandeurs économiques, amalgamant société et
économie, plus précisément société et économie marchande) et y répondre de manière
spécifique : pour les premiers « économistes », c’est par le lien économique que se fonde
prioritairement le lien social et, en l’occurrence, ce lien économique ne se fonde correctement
qu’à la condition de laisser les individus poursuivre le plus librement possible leurs intérêts
particuliers.
Malgré les différences de réponses apportées à la question de l’ordre social, une quête
commune structure la pensée occidentale en la matière : c’est la quête de « l’ordre naturel des
sociétés ». Recherchant la meilleure manière d’organiser la vie des hommes en société, le
présupposé méthodologique assez largement partagé par les pensées dominantes qui se
succèdent est que cet ordre social, pour être harmonieux, doit obéir aux règles de la nature
(que celles-ci découlent d’une quelconque volonté divine ou résultent de la nature des «
choses » ou bien encore de la nature humaine). Cet ordre naturel, a priori non transparent, doit
donc être « découvert » et révélé : c’est la tâche que se fixeront successivement les
philosophes antiques, les docteurs scolastiques, les « politistes » et les juristes de la
Renaissance à l’époque classique, les économistes enfin. Cette « foi » en l’existence d’un
ordre naturel des sociétés, valable en tous lieux et en tout temps, relève de la tradition
socratique : c’est en effet Socrate qui le premier, en opposition aux sophistes, revendique le
caractère immuable des principes moraux qui doivent organiser la vie de la cité : l’ordre
politique est donc un ordre naturel en ce qu’il doit répondre à des impératifs moraux
immuables et éternels.
C’est en considération de ce long périple des pensées que nous sommes tentés de chercher
à comprendre en synthèse certaines théories et leurs maîtres mots.
II.3. De la définition de la science économique
L’économie politique est la science qui étudie le comportement de l’homme vivant en société
et guidé par la recherche du maximum d’efficience, dans son activité de production et de
consommation face au problème d’affectation des ressources rares à usages alternatifs entre
des besoins concurrents (E.WAUTHY).
C’est la science qui étudie comment les ressources rares sont affectées pour satisfaire les
besoins des hommes vivant en société. Elle s’intéresse aux opérations essentielles
(production-distribution-consommation des biens) ainsi qu’aux institutions et aux activités
ayant comme objet de faciliter ces échanges.
L’économie politique traite de la richesse des nations ; elle recherche les causes qui font
qu’une nation soit plus riche et plus prospère qu'une autre. Son but ultime est d'enseigner ce
qu'il faut faire pour diminuer autant que possible le nombre des pauvres, et mettre chacun à
même, en règle générale, d'être bien par le fruit de son travail.
Nous n'apprendrons rien en disant que l'économie politique est la science de la richesse, si
nous ne savons ce que la richesse. Sans doute bien des gens s'imaginent qu'il n'y a nulle
difficulté à savoir ce qu'est la richesse ; la vraie difficulté c'est de l'acquérir. Mais en cela, ils
se trompent. Il y a dans notre pays beaucoup de personnes qui se sont enrichies par elles-
mêmes et cependant peu d'entre elles ne serait capable d'expliquer clairement ce mot de
richesse.
L'idée populaire est que la richesse consiste en monnaie, en espèces, et que celles-ci sont
faites d'or et d'argent ; l'homme riche alors serait celui qui possède un coffre-fort, plein de
sacs de billets de banque, de monnaie d'or et d'argent. Mais loin s’en faut de l’être ; les riches,
en général, ont très peu d'argent en leur possession. Au lieu de sacs de monnaie, ils tiennent
un bon compte chez leur banquier. Mais encore une fois, cela ne nous dit pas ce que c'est que
la richesse parce qu'il est difficile d'expliquer en quoi consiste un compte bancaire. Le compte
bancaire s'exprime par quelques chiffres dans les livres du banquier.
Peut-être dirait-t-on que celui-là est riche à l’évidence, qui possède une grande quantité de
terres. Cela dépend entièrement de la situation de ces terres et de leur nature. L'homme qui
posséderait un lopin de terre en Angleterre serait très riche ; il pourrait posséder une égale
étendue de terre à Bokungu sans être remarquablement riche. Les pygmées, qui possèdent le
sol, dans le fin fond de la forêt équatoriale, possèdent un territoire immense, mais ils n'en sont
pas moins plongés dans la pauvreté la plus misérable. Il est donc évident que la terre seule
n'est pas la richesse.
On peut prétendre que pour être une richesse la terre doit être fertile, le sol bon, les rivières et
les lacs abondants en poisson, les forêts remplies de bois d'œuvre. Sous le sol il doit y avoir de
grandes quantités de diamant, de fer, de cuivre, de minerais d'or, …. Si, outre cela, un pays
possède un bon climat, beaucoup de soleil, assez, mais pas trop d'eau, il peut certainement
passer pour un pays riche. Il est vrai que ces choses ont été appelées biens naturels, mais nous
les citons dans le but d'indiquer qu'elles ne sont pas, par elles-mêmes, la richesse.
Les peuples peuvent vivre sur un sol abondant en biens naturels, comme nos parents vivaient
dans les régions qui forment aujourd'hui la RDC- avant l’arrivée des colonisateurs belges, et
être cependant très pauvres, parce qu'ils ne peuvent ou ne veulent pas travailler pour
transformer les biens naturels en richesse. D'autre part, des peuples, comme les japonais,
vivent sur des terres très pauvres (sans minerais, ni terres fertiles), et deviennent cependant
riches par l’habileté, le savoir, la technologie, la prévoyance, la prévision et la planification.
En somme, la richesse est due plutôt au travail et à l'adresse qu'à un sol fécond ou un climat
clément, mais ces derniers dons sont nécessaires pour qu'un peuple devienne aussi riche que
les habitants de l'Angleterre, de la France, de l’Allemagne, des Etats-Unis ou du Japon.
Le débat de la détention de la richesse a évolué sur une ligne de temps de telle sorte que dans
certaines époques, il était indéniable que posséder une richesse dépendait des valeurs socio-
réligieuses. Ainsi en scrutant le tableau ci-dessous, nous remarquons qu’à l’antiquité et le
moyen-âge(-500 av.J.C jusqu’en 1500 ap.JC), la prédominance de la conception morale et
réligieuse est gouvernée l’économie qui dépendait du pouvoir qui était pontificale. Tandisque
l’époque moderne est surdominée par la conception politique et l’époque contemporaine, le
lien socia est prédominé par la vision économique.
Sur cette même chronique de l’histoire, il est donc clair que l’éminence et la vitesse de
l’évolution de la science économique dépend de la sa place dans l’histoire. Cette histoire se
déploie sur 3 points de vue.
Le premier tient à son origine. Ici, l’histoire de la pensée économique considère le point de
vue de départ d’Adam Smith et sa théorie classique. Le risque serait alors de biaiser la vision
de la discipline par l’acceptation de l’idée que celle-ci serait nécessairement caractérisée par
certains traits constitutifs de la pensée classique, qui pourtant n’existaient pas avant elle et ne
seront pas admis unanimement après, y compris par des auteurs qu’il serait difficile d’exclure
du périmètre de la discipline. Ces traits constitutifs sont :
la croyance en des lois économiques naturelles, qui s’appliqueraient en tout lieu et en
tout temps, alors que le caractère historiquement déterminé des lois du capitalisme est
au contraire souligné par le marxisme, l’école historique, le keynésianisme ou l’école
institutionnelle;
la caractérisation de l’ordre économique comme un ordre marchand et la réduction
des relations économiques à un libre-échange généralisé source de la richesse, là où
certains auteurs, de la physiocratie à l’école classique – que pourtant Smith contribue à
fonder – insistent davantage sur la spécificité des relations de production, tandis que
d’autres, des mercantilistes aux keynésiens, confèrent à l’État, même dans une
économie de marché, un rôle essentiel dans la constitution de l’harmonie économique
et sociale ;
l’affirmation de la neutralité de la monnaie et la description du processus de
formation des grandeurs économiques en termes exclusivement réels, alors que
l’analyse de la monnaie et de son influence et la compréhension des relations
économiques à partir des relations monétaires sont au cœur de théories antérieures
(comme le mercantilisme) ou postérieures (comme celles de Marx ou Keynes).
Le second retrace son aboutissement. l’idée d’un progrès constant des connaissances
(Shumpeter , History of Economic Analysis, 1956). Les théories passées sont alors
étudiées et jugées à l’aune de ce qui constitue la science économique moderne : elles
apparaissent soit comme des avancées, soit comme des reculs sur le chemin qui conduit à
ce que la science économique est aujourd’hui. Évidemment, une telle vision conduit à
faire de l’histoire de la pensée économique une archéologie et, considérant que la théorie
économique moderne est l’état le plus avancé et le plus achevé de la science. L’histoire
de la pensée économique est jugée a priori inutilisable pour comprendre les débats
modernes ; le risque est alors grand de la faire sortir de la discipline : faire de l’histoire de
la pensée économique, ce serait alors davantage faire de l’histoire que faire de l’économie
(au sens de contribuer à l’avancement de la connaissance économique).
Le troisième souligne la question des débats fondamentaux. Une dernière possibilité est de
considérer l’histoire de la pensée économique comme un foyer qui éclaire les débats
contemporains. Ainsi, faire de l’histoire de la pensée économique, ce peut être resituer les
idées économiques, de manière chronologique, dans leur contexte, mais ce peut-être
surtout, au-delà de l’immersion dans le factuel, comprendre la logique du développement
de la discipline, de ses prémisses jusqu’à son état actuel, et souligner la permanence des
débats fondamentaux, repérer les questions non encore résolues, identifier les oppositions
irréductibles qui nourrissent le débat économique. Selon ce dernier point de vue, l’histoire
de la pensée économique fait alors partie intégrante de la théorie, au sens où elle contribue
au progrès de la discipline en lui permettant de prendre conscience de ses limites.
La période classique couvre le XIXe siècle. Elle commence avec Adam Smith (Recherches
sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776), se poursuit avec notamment David
Ricardo (Des principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817) et s’achève, à la fin du
siècle, avec Karl Marx qui est, d’une certaine manière, le « dernier des classiques ». Les
classiques sont donc des contemporains de la première révolution industrielle, du
développement du capitalisme industriel, puis de ses crises dans la seconde moitié du XIXe
siècle. Leur interrogation principale concerne donc ce qu’on appellerait aujourd’hui le
processus de croissance économique, c’est-à-dire le processus d’accumulation des richesses :
il s’agit de s’interroger sur :
1) les causes de la richesse (ce qui conduit à s’interroger sur le processus de production, le
mécanisme de la division du travail et les mécanismes de l’échange) ;
2) sur sa nature (ce qui conduit à s’interroger sur la nature de la monnaie et les concepts
de valeur et de prix) ;
3) sur sa répartition (détermination des revenus et mécanismes de la redistribution).
En corollaire, ils s’interrogent sur les limites éventuelles que pourrait rencontrer ce processus
d’accumulation des richesses, et ce, notamment à l’occasion de l’analyse des crises et des
cycles.
La science économique, science des choix en univers de rareté (époque
contemporaine)
La possession d’une richesse dépend de son acquisition. Une richesse ou un bien économique
tient à sa définition que lorsqu’elle (il) émane d’un processus de la production ou si elle (il)
dépend de la main-d’œuvre qui s’évertue à l’acquisition de ce bien ou de cette richesse.
Agent naturel que représente la terre ne devienne richesse ou bien économique que lorsque la
main-d’œuvre se décide par le travail structuré et méthodique à le(la) posséder.
Qu'est-ce que la richesse
Stanislas JEVONS, définit la richesse en ces mots : « sous ce terme nous comprenons toutes
les choses et seulement les choses qui sont transmissibles, limitées en quantité, et qui,
directement ou indirectement, produisent du plaisir ou empêchent de la peine ».
Il est nécessaire, avant tout, de saisir exactement la pensée de JEVONS.
Selon lui tout, ce que comprend le mot « richesse » doit avoir trois qualités distinctes et tout
ce qui possède ces trois qualités doit être une part de la richesse. Si ces qualités sont justement
choisies, nous possédons une définition correcte.
Au lieu cependant de la longue phrase « qui directement ou indirectement produisent du
plaisir ou empêchent de la peine », nous pouvons employer le simple mot « utile ». Cela
permet d’établir notre définition tout simplement ainsi : « on appelle richesse ce qui est (i)
transmissible, (ii) en quantité limitée, et (iii) utile.
La richesse est transmissible
Par transmissible, nous entendons une chose qui peut se passer (du latin trans à travers, mitto,
j'envoie) d'une personne à une autre. Parfois les choses peuvent littéralement se transmettre de
main en main, comme une montre ou un livre ; parfois elles peuvent se transférer par un acte
écrit ou par possession légale, comme dans le cas des terres ou des maisons.
Les services aussi peuvent se transmettre, comme lorsqu'un domestique se loue à un maître.
Un Professeur qui transmet les connaissances à un étudiant. Un musicien, un prédicateur
transmettent également leurs services quand leurs auditeurs ont le bénéfice de les entendre.
Toutefois, il existe beaucoup de choses utiles qui ne peuvent se transmettre d’une personne à
une autre.
Un homme riche peut louer un valet, mais il ne peut acheter la bonne santé de ce valet … De
même aussi, il est en réalité impossible d'acheter ou de vendre l'amour des parents, l'estime
des amis, le bonheur d'une bonne personnalité (conscience). La richesse peut faire bien des
choses, mais elle ne peut assurer ces biens plus précieux que les perles et les émeraudes.
L'économie politique ne prétend pas examiner toutes les causes du bonheur. Ainsi, ces
richesses morales, qui ne peuvent ni s'acheter ni se vendre, ne font pas partie de la richesse
dans le sens que nous allons donner à ce mot. Le pauvre qui possède une bonne conscience,
des amis dévoués, une bonne santé, peut, en réalité, se trouver plus heureux que le riche privé
de ces bénédictions.
La richesse est donc loin d'être la seule chose qui soit bonne, mais néanmoins elle est bonne,
parce qu'elle nous épargne les travaux trop durs et la crainte du besoin. De même, elle nous
met à même d'acquérir les choses agréables et les services qui sont transmissibles (comme les
connaissances, la bonne santé, le confort…).
La richesse est limitée en quantité
En second lieu, les choses ne peuvent être appelées richesses si elles ne sont limitées en
quantité. Si nous avons un objet autant que nous en désirons, nous n’estimerons aucunement
une nouvelle quantité de cet objet.
Ainsi, l'air qui nous environne n'est pas une richesse dans les circonstances ordinaires, parce
que nous n'avons qu'à ouvrir la bouche pour en absorber autant que nous pouvons en user. Cet
air que nous respirons en ce moment est excessivement utile parce qu'il entretient notre vie.
Mais nous ne payons d'habitude rien pour son emploi, parce qu'il en existe assez pour tout le
monde. Il en est de même de l’eau du fleuve, où la quantité illimitée ne permet à personne de
dépenser pour y avoir accès. Dans un internat cependant, la quantité d'eau devient limitée, et
l’eau qui est là peut alors être considérée comme une partie de la richesse.
D'un autre côté, les diamants, tout en ayant une grande valeur servent à bien peu d'usages : ils
font de splendides joyaux, ils coupent le verre ou percent les roches. Le haut prix (ou la
grande valeur) qu'on y attache provient surtout de leur rareté.
Naturellement, la rareté seule ne crée pas la valeur. Il existe beaucoup de métaux ou de
minéraux rares, dont on n'a jamais possédé que quelques fragments mais leur valeur reste
faible jusqu'au jour où quelque usage spécial se découvre pour eux. C’est le cas du coltan,
avant la découverte de l’utilité dans la fabrication des appareils de communication. L'iridium
se vend à très haut prix, parce qu'il sert à faire les becs des plumes d'or et qu’on ne peut
l'obtenir qu'en petites quantités.
La richesse est utile
En troisième lieu, nous pouvons facilement discerner que tout ce qui forme une partie de la
richesse doit être utile, ou avoir de l'utilité, c'est-à-dire servir à quelque usage, être agréable ou
désirable d'une façon ou d'une autre.
Jevons dit justement que les choses utiles sont celles qui, directement ou indirectement,
produisent du plaisir ou empêchent de la peine. Un instrument de musique bien travaillé et
bien joué produit du plaisir ; une dose de médicament évite de la peine à celui qui en a besoin.
Mais, il est souvent impossible de décider si une chose nous apporte un supplément de plaisir
ou une diminution de peine. Un dîner nous évite la peine de la faim et nous donne le plaisir de
manger de bonnes choses. Il y a utilité chaque fois que le plaisir est accru ou la peine
diminuée.
En ce qui concerne l'économie politique, la nature du plaisir importe peu.
Nous n'avons pas besoin de préciser si les choses produisent du plaisir directement, comme
les habits que nous portons, ou indirectement, comme les machines employées à fabriquer ces
habits. Les objets sont indirectement utiles, quand, comme dans le cas des outils, des
machines, des matières premières, etc., ils ne servent qu’à fabriquer (ou à obtenir) d’autres
objets (ou biens) qui seront plus tard consommés et utilisés par quelques personnes. La
voiture dans laquelle nous jouissons d'une agréable promenade est directement utile ; le
réchaud qui nous aide à préparer la nourriture l’est indirectement. Mais parfois nous pouvons
à peine faire la distinction.
Dirons-nous que la nourriture introduite dans la bouche est directement utile et que la
fourchette qui l'y porte l'est indirectement !
Biens et services
Nous savons maintenant exactement ce que c'est que la richesse, mais au lieu d'employer
continuellement ce mot, nous aurons souvent à parler de biens.
Un bien, c'est toute partie de la richesse, toute chose par conséquent à la fois utile,
transmissible, limitée en quantité. La laine, le coton, le fer, le thé, les livres, les souliers, les
pianos, etc., sont des biens en certaines circonstances, mais non en toutes circonstances. La
laine que porte un mouton sauvage perdu dans les montagnes n'est pas un bien, non plus que
le fer dans une mine qu'on ne peut exploiter. Un bien en un mot, est toute chose réellement
utile et désirable et telle qu'on puisse l'acheter ou la vendre.
En règle générale, un bien est matériel. Tout bien non matériel est appelé service. C’est le cas
de connaissances qui constitue une richesse. Les connaissances sont acquises moyennant un
coût (une dépense). Ces connaissances constituent de la richesse pour ceux qui en possèdent
(les professeurs). Ils peuvent vendre une partie de ces connaissances (sous forme de service)
aux étudiants et recevoir de l’argent. Apparemment, ces connaissances ne sont pas visibles
(car immatériels), mais celui qui les a, sait qu’il y a quelque chose en lui.
« Acheter » la bonne santé en consultant un médecin, c’est acheter un service. Si les services
d’un médecin ne parviennent pas à vous rendre la santé, il n’y a pas réduction de la peine.
Une bonne santé retrouvée, grâce au concours d’un médecin, c’est de la richesse. Donc, les
secrets de guérison livrés par un médecin à un patient, c’est un service ou bien non matériel.
Toutefois, tout bien n’intéresse pas l’économiste. Les biens qui intéressent
l’économie sont des biens économiques. Ce sont les activités qui génèrent les biens
économiques qui ont permis dans le temps la formation de l’analyse économique comme
science.
C’est à Xénophon (vers 426-354 av. J.-C.), élève de Socrate, que l’on doit donc le
terme « d’économie ». Après avoir servi comme soldat au service de Sparte, Xénophon se
retire pour exploiter un domaine agricole. Au sein d’une œuvre très diverse, quatre ouvrages
sont tirés de ses expériences, dont L’économique et Les revenus. Dans le cadre de ces traités
d’administration patrimoniale, « l’économique », terme dérivé de oikos (la maison) et nomos
(l’administration), se réduit aux règles de bonne gestion domestique. L’interrogation sur ces
questions ne peut donc par définition pas être une interrogation politique sur
l’ordonnancement des cités. Xénophon ne s’intéresse qu’à l’administration des domaines
ruraux, se contentant précisément de mettre en évidence l’importance de l’agriculture dans la
production des richesses. b) Platon : de la cité « réelle » à la Cité « idéale » Les réflexions
économiques de Platon (Aristoclès, dit Platon, 428-348 av. J.-C.) s’écartent de cette vision
étroite et ont une portée plus philosophique.
Il s’agit de s’interroger, comme dans La République, sur l’ordonnancement de ce que pourrait
être une Cité idéale (ordonnée, harmonieuse). Dans l’esprit de Platon, et concernant les
questions économiques, cela passe par un strict contrôle « collectif » des pratiques et des
relations économiques, à tel point que certains ont voulu y voir un plaidoyer en faveur d’une
forme de « communisme ». Ce système s’applique à une communauté de 5 040 citoyens, dans
laquelle les catégories sociales ne sont pas abolies, mais fondées sur la sélection et non sur
l’hérédité. La division du travail entre ces catégories doit être très stricte : au sommet, les «
races » d’or et d’argent fournissent respectivement les gardiens dirigeant la Cité (dont la
principale qualité doit être la sagesse) et les guerriers la défendant (dont la principale qualité
doit être le courage). En contrepartie de ces responsabilités éminentes, gardiens et guerriers
doivent être astreints à un régime d’une extrême rigueur ; tout particulièrement, puisque ces
deux catégories ont la charge d’assurer la sauvegarde des mœurs, et afin que leurs propres
qualités morales ne soient pas mises en danger, elles sont écartées de toute activité
économique. Dans ce système, la famille et la propriété privée, sources de passions
acquisitives, sont abolies. Seuls ceux, artisans et commerçants, qui se situent au bas de la
hiérarchie et doivent assurer le fonctionnement matériel de la Cité, conservent la jouissance
de la propriété privée. Lorsqu’il s’interroge dans Les Lois sur les cités possibles qui seraient à
même de se rapprocher de cet idéal, Platon y confirme que prospérité et richesse ne doivent
pas être une fin en soi et que les seules quêtes de ces cités doivent être la justice et l’harmonie
sociale, fondées sur le respect des vertus morales cardinales (sagesse, courage, justice,
tempérance).
À la fin du Moyen Âge, les conditions qui prévalaient au cours des siècles passés
sont brutalement modifiées, sur les plans politique (désagrégation de l’ordre féodal et
constitution progressive des États-nations), culturel (Renaissance), théologique (réforme
protestante), technique (l’invention de l’imprimerie favorise la diffusion des idées) et
économique (les grandes découvertes élargissent l’horizon des échanges, l’arrivée des trésors
du Nouveau Monde modifie en profondeur l’équilibre monétaire du passé et le regard porté
sur la richesse, la prospérité des nations et leur origine, les pratiques économiques,
marchandes et financières en particulier). La conjugaison de ces phénomènes est alors propice
au développement d’une réflexion économique nouvelle, sur laquelle ne pèsent plus les
interdits moraux prévalant jusqu’alors et qui porte les marques de la modernité. Cette période
est marquée par la ligne droite allant des pensées de Princes et marchands aux pensées de la
renaissance des nouvelles acceptions de l’économie politique. Elle s’étale sur les XVIe et
XVIIe siècles est une période jonchée et reflétée par des grands bouleversements dans les
domaines politique (effondrement de l’ordre féodal et constitution des États-nations, identifiés
à leur Prince, terme générique qui au XVIe siècle, désigne n’importe quel souverain), culturel
(Renaissance), religieux (Réforme) et économique (révolution monétaire et marchande induite
par les grandes découvertes).
Cette économie politique avant A. Smith renvoie aux apports des Mercantilistes et
des physiocrates, lesquels sont des précurseurs directs des classiques.
Le mercantilisme est une conception de l’Economie qui a couru du XVème siècle
jusqu’au milieu du XVIIIème siècle. Au cours de cette période, la pensée économique
s’émancipe de la préoccupation morale et religieuse. C’est ainsi que la richesse cesse d’être
condamnable et devient indispensable à l’accroissement du pouvoir du souverain :
l’Economie se met désormais au service du prince, le seul véritable sujet économique.
Le courant mercantiliste prend ses origines dans les grandes découvertes (Amérique : avec
Christophe Colomb, 1942 ; Cap de Bonne Espérance : avec Vasco de Gamma, 1498, …),
caractérisées par l’expansion du commerce et de l’activité économique. Les mercantilistes ont
le mérite d’:
avoir été les premiers à estimer que l’enrichissement est une fin louable et que les
princes doivent trouver à leurs sujets les moyens de s’enrichir ; ce qui accroit la
puissance de l’Etat ou du Prince, grâce au seigneuriage (entendu comme droit du
seigneur)
avoir soutenu que l’intérêt personnel est un stimulant qui conduit à la prospérité
générale ;
être métallistes : il n’y a que l’abondance d’argent (richesse) pour un Etat qui
fasse la différence de sa grandeur et de sa puissance.
III.3.2 Mercantilistes
Les mercantilistes ne sont pas des « penseurs » et ils ne forment pas une école
constituée portant un regard commun sur les réalités économiques. Ce sont bien plutôt des «
hommes de l’art », marchands et financiers le plus souvent, « fonctionnaires » parfois, qui,
dans le cadre de leurs activités, sont aux prises avec les questions économiques, en tirent des
conceptions pratiques dont ils essaient de déduire des convictions plus générales, convictions
qu’ils s’efforcent d’exposer auprès des puissants. Ils plaident le plus souvent, lorsqu’ils sont
marchands ou banquiers, en faveur de ce qu’ils nomment « la liberté économique », c’est-à-
dire en fait l’octroi d’avantages, de monopoles, d’interventions publiques pour développer ou
protéger leur activité. Ces plaidoyers peuvent différer d’un auteur à l’autre, mais un certain
nombre de convictions doctrinales leur sont néanmoins communes.
La doctrine
b) De l’État
III.3.2 Physiocrates
François Quesnay fonde, au milieu du XVIIIe siècle, le premier courant de pensée
organisé en économie politique, visant à influencer le débat public à partir d’une conception
rationnelle de la société. L’influence de cette « école physiocratique » sur l’opinion éclairée
fut important en France dans les années 1760, avant de décliner rapidement. Mais sa
contribution à la formation de la pensée économique fut beaucoup plus durable. Si la
physiocratie fournit en effet une représentation de l’économie marquée par les caractéristiques
de la société française de l’époque, à dominante agricole, elle innove sur de nombreux aspects
théoriques : la représentation de l’économie comme un système structuré à la fois en classes
sociales et en secteurs d’activité ; la distinction entre le capital (les avances) et le surplus (le
produit net) ; la distinction entre travail productif et travail improductif ; la conception de la
circulation de flux de dépenses assurant la reproduction de la société tout entière et dont le
blocage dégénère en crises économiques. Et enfin, l’identification de l’ordre naturel à un
système de lois économiques gouvernant les relations entre les individus, identification qui
conduit à la revendication explicite d’une autonomie et d’une prédominance de la pensée
économique sur le politique. La physiocratie est donc un moment essentiel dans la pensée
économique : précurseur de la pensée classique et libérale, en même temps qu’elle influence
des discours plus hétérodoxes, elle peut être présentée comme une véritable matrice de la
science économique.
Parmi les précurseurs de ce « libéralisme à la française », on peut citer :
Pierre le Pesant, seigneur de Boisguilbert (1646-1714), contemporain de Louis XIV et qui,
s’interrogeant dans Le détail de la France (1695), puis dans Le factum de la France (1705) sur
les causes de ce qui lui semble être un appauvrissement de la France, réclame des mesures de
libéralisation du commerce et de réforme fiscale et condamne la violence faite au peuple et
l’interventionnisme réglementaire de l’État. Il analysera l’ensemble de l’activité économique
sous l’angle de la circulation des richesses dans sa Dissertation de la nature des richesses, de
l’argent et des tributs (1707). Avec lui apparaît pour la première fois l’idée d’un ordre
économique naturel, qui sera développée par la physiocratie et l’école classique.
Richard Cantillon (1680-1734) effectue dans son Essai sur la nature du commerce en général
(1714-1725, publié à titre posthume en 1755) une transition entre mercantilisme et
physiocratie et sera l’un des principaux inspirateurs des physiocrates.
Vincent de Gourmay qui initie François Quesnay à l’économie et est l’auteur de la fameuse
devise « laissez faire, laissez passer ! ».
François Quesnay (1694-1774). Médecin du roi Louis XV et de la marquise de Pompadour, il
est le fondateur du mouvement physiocratique et l’auteur du Tableau économique (1758).
Marx, comme Schumpeter ont pu voir en lui le véritable créateur de l’économie moderne.
Anne Robert Jacques Turgo (1727-1781). Disciple de Quesnay, mais ayant développé une
vision propre, il est celui qui portera un temps les thèses physiocratiques au pouvoir, en
devenant contrôleur général des finances de Louis XVI.
La doctrine
Elle est, trait pour trait, un véritable anti-mercantilisme :
a) La nature de la richesse
La richesse est réelle : elle est constituée de biens matériels et non pas de monnaies d’or et
d’argent. La monnaie apparaît essentielle à la circulation des richesses (le Tableau
économique est un modèle d’appréhension du circuit des richesses monétaires et réelles, que
Quesnay, chirurgien, assimile à la circulation sanguine dans le corps), mais ne constitue pas
une fin de la circulation.
b) Les causes de la richesse
L’ambition de Quesnay, dans son « tableau », est de décrire la circulation des richesses entre
les différentes classes de la société et donc de révéler « l’ordre économique naturel ». On y a
souvent vu l’origine des comptabilités nationales. C’est davantage un petit modèle
macroéconomique avant l’heure. Le modèle de Quesnay est construit à partir de trois classes
définies par leur rapport au produit net : la classe productive, la classe des propriétaires et la
classe stérile. La richesse, c’est-à-dire le produit net, est donc dégagée par le seul travail
agricole à la condition que les « avances foncières » (investissements) soient réalisées : il faut
donc qu’en amont, la classe des propriétaires et le souverain acceptent de réaliser ces avances
(mise en état des terres, assèchement des marais, construction et entretien des moyens de
communication, achat du matériel et des matières premières…). Le produit net agricole
constituera alors la récompense des « avances foncières » (des investissements) et reviendra
logiquement, sous forme de rente, à ceux qui ont assuré les avances, les propriétaires fonciers
et le souverain. La richesse se diffuse ensuite entre les différentes classes de la société grâce
aux dépenses de chacune d’entre elles. Ce n’est alors qu’à la condition que le circuit de ces
dépenses soit scrupuleusement respecté que les avances foncières peuvent être reconstituées
et le produit agricole à nouveau dégagé à la période suivante. Il faut donc que chacun (et
notamment les classes dominantes, propriétaires fonciers et souverains) respecte ce schéma,
c’est-à-dire se soumette à l’ordre économique ainsi révélé, occupe la place et le rôle qui lui y
sont dévolus. De la même manière, c’est au titre de cet ordonnancement du tableau que les
physiocrates réclament, en aval, une réforme fiscale devant conduire à l’établissement d’un
impôt unique sur la rente foncière : là aussi, cela revient à convaincre l’aristocratie foncière
de se plier à un ordre économique qui lui est réputé supérieur. Bref, le Prince, et les classes
qui fondent son aristocratie doivent, non plus soumettre l’activité économique à leur bon
vouloir, mais se soumettre et accepter un ordre économique qui domine en importance leur
pouvoir politique. Il leur revient, pour le reste, de « laisser faire, laisser passer » (liberté du
commerce du grain notamment).
la naissance d’un paradigme et d’une science
a) L’apparition d’une science économique…
Pourtant, ce n’est généralement pas à la physiocratie que revient l’honneur d’être citée
comme fondatrice de la science économique. À cela, trois raisons principales :
La « physiocratie » pratique, portée par Turgot, va vite être écartée du mouvement de
l’histoire. Turgot est souvent présenté comme le dernier qui aurait pu sauver la monarchie
française. Il souhaitait des réformes en profondeur, mais ses théories sur la liberté
individuelle nécessaire au développement du royaume et au progrès de l’humanité
s’accordaient mal avec le pouvoir absolu hérité de Louis XIV et Louis XV. Aussi son échec,
au tout début du règne de Louis XVI, s’explique par les violentes hostilités auxquelles se sont
heurtées ses réformes. Après lui, le pays sera gouverné au jour le jour. Toujours est-il que la
physiocratie sera « oubliée » même si elle demeurait influente. Sa proximité avec la
monarchie, même s’il la souhaitait davantage « éclairée », l’avait en outre déconsidérée
auprès des révolutionnaires français.
Sur le plan analytique, son insistance sur la productivité exclusive de l’agriculture mettait la
physiocratie en décalage avec son temps, qui connaissait déjà, notamment outre-Manche, les
prémisses de ce qui allait devenir la première révolution industrielle.
Sur le plan conceptuel, le tableau laissait largement ouverte les questions de la valeur, des
revenus, de la détermination économique des classes sociales et de leurs rapports autant de
questions qui seront abordées et résolues par l’école classique anglaise.
Pour toutes ces raisons, ce sont donc les classiques anglais, contemporains de la Révolution
industrielle et ancrés dans la tradition libérale britannique, et tout particulièrement le premier
d’entre eux, Adam Smith, qui seront considérés comme les véritables fondateurs de la
science économique. Inspirée de la physiocratie, la théorie classique s’établira rapidement
comme le paradigme autour duquel se structurera la première période de « science normale
» de l’histoire de la pensée économique.
Ce que l’on appelle communément « école classique » a deux grandes œuvres repères : la
Richesse des Nations d’Adam SMITH et les Principes de l’économie politique et de l’Impôt
de David RICARDO.
L’économie, au sens moderne, est l’œuvre des classiques. L’idée centrale des classiques est
que le libre échange améliore la situation des nations : l’individu est plus apte que l’Etat à
créer des richesses et à réaliser le bien-être de tous en recherchant, de façon égoïste, son
propre intérêt.
Bien que l’école classique ne soit jamais définie comme telle, quatre idées fondamentales
caractérisent l’approche des Classiques :
(i) une analyse en termes de classes sociales,
(ii) le capital défini comme une avance monétaire,
(iii) une analyse centrée sur la formation de la valeur et des prix,
(iv) une perspective d’ensemble de l’évolution de l’Economie.
Quatre figures emblématiques se démarquent de l’école classique : A. Smith, T.R. Malthus, D.
Ricardo et J.B. Say.
Selon les auteurs classiques, les éléments à l’origine de la richesse des nations, du progrès
technique et du bien-être sont : le travail, l’accumulation du capital, la division du travail, la
libre concurrence et la liberté des contacts, l’individualisme, les lois du marché et
l’exploitation des avantages absolus du commerce international, les ressources naturelles.
Pour eux, l’Etat doit assurer à tous la liberté d’entreprendre et de contracter pour que
l’économie s’épanouisse. De ce fait, le rôle de l’Etat est d’établir les règles du jeu, d’instaurer
les institutions et de garantir la propriété.
Contemporain des physiocrates, A. Smith est considéré comme le père fondateur des Sciences
Economiques. Son ouvrage célèbre « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations » [1776] est considéré comme la bible des classiques.
1°) Du Smith philosophe…
Né à Kirkcaldy (Écosse), Smith obtient à l’âge de vingt-sept ans la chaire de logique à
l’université de Glasgow et plus tard celle de philosophie morale. En 1759, il publie une
Théorie des sentiments moraux, œuvre de philosophie qui le fait connaître en Grande-
Bretagne et au-delà. Dans ce livre, il essaie de comprendre comment l’individu, considéré
comme égoïste, parvient à porter des jugements moraux qui font passer son intérêt personnel
au second plan. Smith affirme que l’individu peut en fait se placer dans la position d’un tiers,
d’un observateur impartial, qui peut donc s’affranchir de son égoïsme et fonder son jugement
sur la sympathie. Au total, l’harmonie sociale n’est pas incompatible avec la liberté
individuelle, chaque individu sachant s’affranchir de son égoïsme : le lien social est fondé sur
les sentiments moraux des individus. Cet ouvrage est remarqué par l’homme politique Charles
Townshend, qui embauche Smith comme tuteur de son beau-fils pour le « Grand Tour » que
celui-ci part effectuer en Europe.
La problématique de la Richesse des nations est double : d’une part, expliquer pourquoi une
société mue par l’intérêt personnel peut subsister ; d’autre part, décrire comment le « système
de liberté naturelle » est apparu et comment il fonctionne. À cet effet, Smith utilise
systématiquement des données empiriques (exemples et statistiques) pour valider les principes
qu’il expose et les raisonnements abstraits sont maintenus au strict minimum. Cette méthode
largement « inductive » sera dénoncée par certains de ses successeurs après Ricardo, qui
imposera une méthode scientifique plus déductive et fondée sur le raisonnement logique. La
Richesse des nations est composée de cinq Livres :
Des causes qui ont perfectionné les facultés productives du travail, et de l’ordre
suivant lequel ses produits se distribuent naturellement dans les différentes classes du
peuple (sur la nature humaine, le travail, et « l’habileté, la dextérité et l’intelligence
qu’on y apporte »).
De la nature des fonds ou capitaux, de leur accumulation et de leur emploi (description
des marchands et du capital).
De la marche différente et des progrès de l’opulence chez différentes nations (histoire
du développement économique et politique économique).
Des systèmes d’économie politique (en particulier, le système du commerce
international).
Du revenu du souverain ou de la république (revenus, dépenses et objectifs du
gouvernement).
Dans cet ouvrage, A. Smith vante l’économie du marché (ou le capitalisme). Pour
lui, c’est au moyen du « laisser-aller » et du « laisser-faire » que l’on obtient une économie
prospère. Pas d’intervention publique, mais seulement l’égoïsme généralisé. Dans cet
ouvrage, il utilise l’expression « main invisible » comme un processus naturel par lequel la
recherche par chacun de son intérêt personnel concourt à l’intérêt général. « … il y a en
quelque sorte une sorte de main invisible qui fait que chacun obtient exactement ce qu’il veut
en fonction de ses calculs rationnels ». D’où l’intervention de l’Etat dans la sphère
économique n’est pas souhaitable.
Il est le premier à élaborer une théorie de la croissance de la population qui constitue la pierre
angulaire de toute pensée classique sur l’Economie politique. Le principe de la population de
T.R. Malthus soutient que, en l’absence de toute contrainte, la population tend à croitre selon
une progression géométrique, tandis que les substances (les denrées alimentaires) tendent à
s’accroitre selon une progression arithmétique.
Malthus est aussi l’auteur de la « Théorie de la rente foncière différentielle ». D’après cette
théorie, l’accroissement de la population entraîne l’accroissement de la demande des denrées
alimentaires. Pour répondre à cet accroissement de la demande, il faut mettre en valeur des
terres où les coûts de production deviennent plus élevés (les terres de moins en moins
fertiles). Comme l’ensemble de la production d’un bien donné est vendu sur un marché
unique, les meilleures terres rapportent une rente plus élevée que les mauvaises terres.
Ricardo est connu au travers des œuvres suivantes : Mise au point de la loi des rendements
décroissants, la théorie des avantages comparatifs, la théorie du travail incorporé. D. Ricardo
a aussi développé la théorie de la rente différentielle de façon plus explicite.
Dans sa théorie de la rente différentielle, D. Ricardo distingue trois facteurs de production : le
travail, le capital et la terre.
• Le travail (L) est rémunéré par le salaire, qui ne peut être inférieur au niveau de subsistance
et qui, lorsqu’il est supérieur, entraîne l’expansion démographique. Celle-ci à son tour détend
la situation sur le marché du travail, ramenant le salaire à son niveau de subsistance.
• La terre est un facteur fixe (non sujet à accumulation), contrairement aux deux autres. Elle
est donc source d’une rente pour ses propriétaires. Plus précisément Ricardo reprend la
théorie de la rente différentielle développée par Malthus : le prix de grains est égal au coût de
production sur les terres « marginales », c'est-à-dire les moins productives. En effet, s’il lui est
supérieur, il est alors rentable de mettre en culture d’autres terres, moins productives encore ;
et s’il lui est inférieur, ces terres sont cultivées à perte et seront promptement abandonnées.
• Le capital est rémunéré par le profit, lequel apparaît comme un revenu résiduel : c’est la part
du revenu national qui n’est pas captée par les travailleurs ni par les propriétaires fonciers. Le
profit constitue le motif de l’accumulation du capital : il doit dépasser un certain niveau
(strictement positif) pour que les capitalistes décident d’investir. L’investissement est donc
fonction de profit.
L’épargne qui finance l’investissement est essentiellement le fait des capitalistes : les
travailleurs (astreints au minimum vital) consomment l’intégralité de leur salaire (assimilé à
un salaire de subsistance) et les propriétaires fonciers (portés sur la consommation de luxe
(correspondant à des activités improductives) consomment tout leur revenu. Seul le profit
accumulé est réinvesti par les capitalistes.
Ainsi, à long terme, l’économie se dirige inéluctablement vers un état stationnaire, car la
décroissance de rendements marginaux dans l’agriculture va hypothéquer la poursuite du
processus de croissance économique.
La dynamique du système peut alors être résumée de la façon suivante : l’accumulation du
capital entraine une augmentation de la demande de main d’œuvre. Transitoirement, les
salaires sont plus élevés, jusqu’à ce que l’ajustement s’opère par la démographie. Une
quantité plus grande de travailleurs induit une demande plus grande de grains, qui justifie la
mise en culture de nouvelles terres, moins productives que les anciennes ; d’où une
augmentation du prix de grains, donc de la rente foncière mais aussi du salaire nominal
correspondant au minimum vital. Salaire et rente s’accroissent alors, au détriment du profit
qui diminue jusqu’à atteindre le niveau auquel cesse l’investissement (niveau de saturation).
L’arrêt de l’accumulation du capital signe celui de la croissance démographique, et donc la
stabilisation du système économique : c’est l’état stationnaire.
Dans sa théorie du travail incorporé, Ricardo soutient que « la valeur d’une marchandise, ou
la quantité de toute autre marchandise contre laquelle elle s’échange, dépend de la quantité
relative de travail nécessaire pour la produire, et non de la rémunération plus ou moins forte
accordée à l’ouvrier ».
Enfin Ricardo, en formulant le principe de spécialisation suivant les coûts de production
relatifs, fut le premier à élaborer une théorie particulière au commerce international : théorie
des avantages comparatifs ou thèse des coûts comparatifs.
L’approche néo-classique est dominée par l’étrange convergence des recherches de trois
auteurs qui ont développé de nouveaux concepts de base dans l’ignorance les uns des autres :
Carl Menger, Stanley JEVONS et Leon Walras.
L'École néoclassique naît de la « révolution marginaliste » dans les années 1870, en raison de
l’usage intensif qu’elle fait des mathématiques. Leur mérite est la capacité à « mathématiser »
et à « scientifiser » l'économie ainsi qu'à fournir des indications susceptibles de nous éclairer
sur les conduites à suivre. L’économie politique doit sa version mathématique au
marginalisme. Et, c’est ça l’avènement de la Microéconomie, entendue comme l’Economie
politique mathématisée.
Les marginalistes ne raisonnent pas sur des quantités globales, mais sur des unités marginales,
c’est-à-dire additionnelles. L’unité marginale représente donc l’instrument nécessaire pour
transformer l’économie en mathématique appliquée.
Selon les marginalistes, le consommateur ne se demande jamais combien il souhaite posséder
de vêtements, mais il se demande à un moment donné s’il a intérêt à acheter un vêtement
supplémentaire. Le producteur ne se demande jamais combien il doit embaucher en tout de
salariés, mais si à un moment donné il a intérêt à embaucher un salarié supplémentaire.
L’utilisation du calcul à la marge permet le recours à la formalisation mathématique, au calcul
intégral et différentiel. Une fois déterminée une fonction d’utilité, il est possible de dériver
cette fonction pour exprimer l’utilité marginale ; une fois déterminée une fonction de coût, il
est possible de dériver cette fonction pour exprimer le coût marginal. Le raisonnement à la
marge permet de comprendre pourquoi la demande est une fonction décroissante du prix et
l’offre une fonction croissante du prix.
Les marginalistes introduisent des concepts nouveaux (hypothétiques et abstraits) dans
l’analyse économique, notamment le concept « util ou utilon » et le concept « homo-
oeconomicus ». l’utilon est une unité de mesure imaginaire calculant l’utilité cardinale : si
l’utilité de la consommation d’une quantité qa du bien A est de 10 utilons et si celle obtenue
avec qb du bien B est de 5 utilons, cela signifie que l’utilité de qa est deux fois supérieure à
celle de qb.
La théorie néo-classique, selon le principe de l’individualisme méthodologique, considère
l’individu comme fondamentalement égoïste et rationnel, c’est-à-dire un homo-oeconomicus,
un individu qui connaît toutes les possibilités d’emploi de son revenu pour satisfaire ses
besoins et que son objectif est la maximisation de son utilité (ou de sa satisfaction).
Les keynésiens sont ceux qui font des idées de John Maynard KEYNES la parole d’évangile.
Les idées maîtresses des keynésiens sont contenues dans l’ouvrage de J.M. Keynes [1936]
intitulé « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie ». Cet ouvrage consacre
le début de la macroéconomie moderne et fait de Keynes le prince héritier de l’Economie
politique. L’Economie politique, en tant que Science, doit sa version macroéconomique à
John Maynard KEYNES.
Dans cet ouvrage, Keynes préconise la politique budgétaire (l’interventionnisme) pour
relancer l’économie et, par ricochet, revenir à des taux de chômage acceptable : « l’Etat a la
charge d’une nouvelle fonction, protéger les citoyens contre le chômage, comme il lui
appartient de les défendre contre le vol et la violence ». Keynes considère comme valeurs
ultimes l’altruisme et la justice sociale.
Concrètement, Keynes considère prône la politique de grands travaux financée par une lourde
taxe de l’Etat frappant les transactions afin d’éviter l’épargne stérile. Ainsi, l’Etat doit
intervenir de façon croissante dans l’investissement, car il est moins soucieux du court terme
et peut orienter la décision d’investissement dans un sens stratégique. Ce qui détournerait les
épargnes nationales de leurs investissements, relativement improductifs à l’étranger vers des
entreprises constructives encouragées par l’Etat, dans le pays lui-même, et entrainerait, de ce
fait, un regain de confiance.
En optant pour la politique de grands travaux, Keynes insiste sur les emplois indirects et pas
seulement directs qui peuvent résulter des dépenses concernant les infrastructures (routes,
chemins de fer, ports, ponts, aéroports, centrales électriques et téléphoniques, …). Ces
dépenses sont des incitations à investir et pallient aux éventuels défauts d’incitation.
A la fin des années 70, l’analyse dominante a été celle d’une nouvelle génération
d’économistes appelés « les monétaristes » avec Friedman M. comme leader intellectuel : on
s’attendait à ce que l’ajustement structurel réalisé à travers une libéralisation des marchés
(consensus de Washington » permette une amélioration de l’offre suffisante pour réduire, en
Europe, le chômage et accroître, aux Etats-Unis, la productivité. Le discours économique
allait dans le sens du « moins d’Etat ».
Les monétaristes sont, dans une certaine mesure, des keynésiens opposés à Keynes. Leur
analyse économique est macroéconomique.
Peu convaincu que les économistes en savaient assez pour stabiliser le produit global, ni
qu’on puisse faire confiance aux hommes politiques pour mener les actions appropriées,
Friedman propose l’utilisation des règles passives consistant à faire progresser la masse
monétaire à un taux constant identique au taux de croissance du PIB réel à long terme : « c’est
le fameux pilotage automatique ».
La vision économique des monétaristes a été acceptée par les spécialistes de la discipline, les
groupes de réflexion, les élites politiques, les intellectuels et, pour finir, les masses médias.
Chez les hommes politiques, elle s’est mise à ressembler à une profession de foi : « je crois au
libéralisme ».
Ainsi, convaincu que l’Etat n’a pas à se mêler des moyens qu’adoptent les citoyens pour
servir leur propre intérêt, la plupart des pays du monde ont mis en place des stratégies
nationales allant dans ce sens. En Angleterre, elle a donné lieu au thatchérisme (vague
massive de privatisation), aux USA, c’est le reaganisme.
Dans les années 80, beaucoup de pays industriels occidentaux se sont engagés dans des
programmes de privatisations inspirés par l’exemple britannique. Poussés entre autres par les
pays donateurs occidentaux et les institutions financières internationales, cet élan de
privatisation ont abouti, dans les PVD, à la mise en place des Programmes d’Ajustement
Structurel, avec le consensus de Washington comme cahier de charge.
En Amérique latine, à la fin des années 1980, le Mexique, le Brésil, le Chili et l’Argentine
avaient tous élus des présidents favorables à des politiques de privatisation énergiques.
Enfin, suite à l’effondrement du bloc socialiste d’Europe de l’Est en 1989 suivi des
privatisations en Hongrie, en Pologne et en Tchécoslovaquie, c’est le tour de la Russie avec la
mise en place de la « perestroïka » au début des années 90.
Fin 1980 et début 1990, les idées de Milton FRIEDMAN ont été remises en cause par la «
théorie de croissance endogène » : le discours libéral s’est pour le moins infléchi. D’une part,
une crise conjoncturelle a sévi en Europe et, avec elle, s’est fait sentir la nécessité d’une
intervention publique (au niveau européen et national). Ainsi la régulation conjoncturelle
traditionnelle (politique budgétaire et monétaire) a été réhabilitée. D’autre part, la faiblesse
criante des infrastructures publiques aux Etats-Unis a montré que les dépenses publiques sont
un facteur d’offre trop négligé.
L’école de croissance endogène présente une explication de la croissance dans les modèles
d’optimisation dynamique. En expliquant la croissance par les comportements
d’accumulation, la théorie de croissance endogène découvre les limites du marché et redonne
à la politique économique un rôle central pour favoriser l’incitation à l’accumulation et pour
pallier aux éventuels défauts d’incitations.
Dans leur formalisation, plusieurs modèles de croissance endogène existent, selon le moteur
de la croissance, selon le facteur accumulable privilégié. Quatre modèles de croissance
endogène sont analysés selon le « capital-moteur » considéré. Il s’agit :
-Le modèle de ROMER (1986) et REBELO (1991) : capital privé, moteur de la croissance
-Le modèle de LUCAS (1988) : capital humain, moteur de croissance
-Le modèle de BARRO (1990) : capital public, moteur de la croissance
-Le modèle de ROMER (1990) : capital technologique, moteur de la croissance.
Ces modèles se fondent sur l’hypothèse que la croissance génère par elle-même le progrès
technique. Ainsi, il n’y a plus de fatalité de rendements décroissants : la croissance engendre
un progrès technique qui permet que les rendements demeurent constants. En générant du
progrès technique, la croissance n’a donc plus de limite et constitue un processus qui s’auto-
entretient.
CHAPITRE IV :
LA SPATIALISATION DU FAIT COLONIAL : CAUSES DU BLOCAGE
INDUSTRIEL DU TIERS MONDE AU 19ème SIECLE
Avant d’aborder l’analyse des étapes de la mise en valeur coloniale des économies
sous-développées, on définira très brièvement le concept de l’« extraversion économique » ?
PANIKKAR a raison quand il écrit que la date du 27 mai 1498, qui est celle de
l’arrivée de VASCO de GAMA, dans un port du sud-ouest de l’Inde marque le tournant de
l’histoire de l’Asie et de l’Ethiopie. Mais déjà en 1492, la découverte de l’Amérique par
Christophe Colomb ouvrait une ère nouvelle dans l’histoire du Nouveau monde et,
indirectement, en raison de la traite des noirs, de celle de l’Afrique. Bref, la décennie 1490
est, sans contexte, un des plus importants tournants de l’histoire de l’Univers et surtout du
Tiers-Monde. L’histoire des relations économiques entre l’Europe et l’Asie depuis le début du
16ème siècle peut se diviser en deux périodes bien distinctes : La 1ère débute avec l’arrivé de
Vasco de GAMA en Inde et se termine aux environs de 1760.
1°. L’INDE
2°. L’INDONESIE
La domination exercée par les Pays-bas sur l’Indonésie fut d’abord limitée à Java où
de nombreuses cultures d’exportation notamment le café, le sucre, les épices etc. furent
organisées ; mais ce n’est que plus tard vers les années 1820 que débuta la véritable
colonisation de ce vaste territoire, colonisation qui se caractérisa essentiellement par la
confiscation des meilleures terres au profit de plantations gouvernementales, sur lesquelles les
paysans autochtones étaient forcés de travailler 200 jours par an. Vers les années 1860, ces
plantations gouvernementales en raison des excès furent transférées au secteur privé
hollandais, c’est là une forme de colonisation qui se retrouvera ailleurs et notamment au
Congo belge.
3°. L’INDOCHINE
La domination française sur l’Indochine a été beaucoup plus tardive SAIGON ne fut
occupé qu’en 1862. Mais là également le colonisateur utilisa le même processus de mise en
valeur basé sur les cultures d’exportation qui prirent une extension considérable en Indonésie
et en Indochine avec leurs séquelles et leurs conséquences économiques nuisibles décrites
déjà dans le cas de l’Inde.
4°. LA CHINE
La Chine, a cherché à réduire au minimum ces contacts avec les Européens, ces
barbares peu civilisés qui avaient si peu à lui offrir. CANTON fut déclaré seul port ouvert aux
commerçants étrangers et ces derniers, pour pouvoir écouler leurs produits, étaient en plus
obligés de passer par l’entremise des marchands chinois qu’avaient le droit de fixer les prix et
les quantités des produits à échanger. De ce fait, le commerce entre la Chine et l’Europe est
resté très limité durant le 18ème siècle et une bonne partie de la 1ère moitié du 19ème siècle. Mais
entre le milieu du 18ème siècle et les années 1830, le rapport des forces entre l’Europe et la
Chine s’était profondément modifié. L’Angleterre avait connu la révolution industrielle qui
lui avait conféré une puissance économique, technique et militaire sans précédent ; alors que
la Chine, qui avait enregistré son heure de gloire depuis le 17 ème siècle, était entrée vers la fin
du 18ème siècle dans un déclin tant politique qu’économique.
La dynastie de MANDCHOUS qui avait donné à la Chine durant deux siècles des
empereurs capables s’essoufflait. La production agricole et industrielle commençait à accuser
de retard par rapport au croît démographique.
C’est le moment choisi par les Anglais pour forcer les Chinois à ouvrir largement
leurs frontières aux produits étrangers. L’occupation proprement dite du territoire chinois a eu
lieu à la suite de ce que les histoires appellent la fameuse guerre de l’opium qui se termina en
1842 à l’avantage de l’Angleterre. Le traité de NANKIN imposé par la puissance victorieuse
aboutit à restreindre très fortement le pouvoir de la Chine tant au point de vue politique
qu'économique.
Les droits de douane furent réduits à 5 % et les autorités autochtones furent
contraintes d’ouvrir largement le pays au commerce avec l’Europe en voie d’industrialisation
rapide. Dès ce moment, les produits européens pouvaient pénétrer en quantité suffisante
(croissante) sur le sol chinois réduisant à néant les chances d’une industrialisation spontanée
de ce vaste pays.
En dépit du fait que la quasi-totalité des pays jadis colonisés sont aujourd’hui
indépendants, l’industrialisation du Tiers-monde reste hypothéquée par les conséquences
désastreuses découlant de la domination coloniale subie. En effet, la plupart des pays du
Tiers-monde restent dépendants des anciennes métropoles sur le triple plan : économique,
financier et technologique.
Or, si les investissements productifs sont financés par le capital étranger, ils doivent
nécessairement conduire tôt ou tard à un reflux grandissant, en sens inverse, des profits liés
aux investissements privés, d’une part, et des versements (amortissements et intérêts) liés à la
dette extérieure, d’autre part, de telle sorte que la croissance se bloque.
En outre, une telle prépondérance de capitaux étrangers dans le financement de
l’économie a pour effet de remettre la responsabilité de l’orientation du développement aux
fournisseurs de fonds (des capitaux).
Il y a donc dans ces pays, une transplantation ou une greffe d’une technologie
étrangère dans des structures économiques hétérogènes et désarticulées et qui, dans la plupart
des cas, ne disposent que d’une capacité d’absorption limitée. L’absence d’une technologie
qui soit à la fois moderne et conforme aux disponibilités des facteurs productifs locaux et
l’impossibilité pratique d’une imitation à l’aide des ressources traditionnelles de la
technologie en usage actuellement jointe aux problèmes de formation est un handicap sérieux
pour les économies en retard de développement.
Quand les pays développés d’aujourd’hui en étaient à une étape comparable à celle
que nous connaissons actuellement, et, lorsque par conséquent leur revenu par tête était
relativement modeste, la technologie correspondait à leur situation et exigeait également un
capital par homme c’est à dire par facteur travail relativement peu élevé.
Les améliorations techniques, les innovations apparurent dans la mesure où
l’augmentation de la productivité du revenu et de l’épargne permettait de mettre en
application les nouveaux procèdes technologiques.
Ainsi, la technique a avancé du même pas que les possibilités d’investissement.
Depuis lors, et jusqu’à ce jour, le progrès technologique a été véritablement prodigieux dans
les pays développés où il exige une forte densité de capital par actif. Mais, en même temps
que faisait irruption cette technologie hautement capitalistique, la productivité a augmenté de
sorte que le revenu par habitant est devenu suffisamment élevé, pour permettre une épargne
susceptible de donner naissance aux investissements considérables qu’imposent les recherches
scientifiques, l’adoption de nouveaux procèdes technologiques et de nouvelles méthodes.
Les pays sous-développés aujourd’hui ne disposent pas d’alternative technologique
compatible avec la rareté des capitaux disponibles. La technologie qu’ils sont contraints
d’aborder est une technologie qui correspond aux caractéristiques des pays dominants, en ce
sens que cette technologie repose sur l’abondance du facteur capital, la rareté du facteur
travail et le niveau élevé de salaire. Or, dans la plupart des pays sous-développés c’est plutôt
le phénomène inverse qui prédomine.
L’utilisation d’une technologie importée aggrave donc les vices structurels de ces
économies où la rareté de l’épargne a entre autre pour conséquence un excès de main-d’œuvre
employée à de tâches dont la productivité demeure médiocre. D’autres problèmes beaucoup
plus aigus, en effet, le contrôle du savoir technologique et de l’accès aux sources
d’innovations par les firmes multinationales est devenu de nos jours un moyen de domination
privilégiée des économies sous-développés. Le contrat de licence est une modalité concrète de
cette domination. En vertu d’un tel contrat, une entreprise étrangère multinationale peut
s’introduire sur le marché d’un pays sous développé, sans risque de capitaux et ne se réservant
dans de très nombreux cas, le droit de participer au capital social des sociétés locales, si tel est
son intérêt. Par exemple, les licences peuvent être payées par des actions de l’entreprise
désirant les obtenir et généralement à la suite des tels accords, les multinationales finissent par
absorber les entreprises locales sans apports de capitaux.
De plus, les contrats de licence peuvent comporter de clauses restrictives importantes
comme par exemple l’obligation faite à l’entreprise locale d’acquérir les pièces détachées, les
produits intermédiaires aux sources indiquée par l’entreprise qui octroie la licence, et bien
plus, d’utiliser les équipements déterminés, pour engager un certain nombre de conseillers
techniques, et d’écouler les produits finis à travers les circuits de distribution de l’entreprise
propriétaire de la licence. C’est ce qui entraîne généralement une surfacturation pour les
matières premières et autres produits vendus à l’entreprise utilisatrice de la licence d’une part,
et entrave, d’autre part, la transmission des effets bénéfiques de l’innovation dans l’espace
économique national.
Les répercussions bénéfiques de l’innovation seront ressenties dans l’économie
dominante. Les observations faites ci-dessus si elle s’appliquent d’une façon générale à
l’ensemble des économies du Tiers-monde, touchent cependant de façon singulière
l’économie congolaise (RDC) ; l’économie dont la dépendance quantitative et qualitative en
ce qui concerne le processus de formation interne du capital demeure encore très forte. La
dépendance quantitative des investissements publics et privés dans le cas précis de notre pays,
par rapport au commerce extérieur, se traduit par des pourcentages encore très élevés que
représente la participation des importations dans la formation intérieure brute du capital fixe,
tel que l’indique le tableau III.
Tableau VIII. Rapport des importations sur la formation brute du capital fixe en RDC
1968-1989
Source : Rapport de la Banque Nationale du Zaïre : 1968, 1978 ; 1990.
Dans les pays plus avancés dans la voie de l’industrialisation comme le Brésil,
l’Argentine,… la part des importations dans la formation intérieure brute de capital fixe
oscille entre 15 et 25 %. En faisant abstraction de la construction et en ne prenant en
considération que les seuls investissements en machines et en équipements destinés à
l’industrie, à l’agriculture et à l’infrastructure, la contribution des importations à la formation
intérieure brute de capital fixe atteint en moyenne 40 % dans le cas du Brésil, de l’argentine et
du Mexique, alors qu’elle s’élève à plus de 95 % dans le cas de la RDC où, la part de
l’industrie locale des biens d’investissements représente moins de 3 %. Ceci montre
clairement qu’en République Démocratique du Congo, l’expansion de la capacité productive
interne est encore en grande partie si pas en totalité assurée par l’importation, et en
conséquence demeure largement conditionnée par la possibilité de pouvoir importer de
l’extérieur les biens d’équipement et de production nécessaires.
Cette forte dépendance de l’extérieur constitue dans l’étape actuelle de
l’industrialisation du Congo, un facteur de vulnérabilité extrême et une source de domination
étant donné par ailleurs, l’instabilité permanente de sa capacité d’importation. Elle limite
considérablement les effets de diffusion que peuvent entraîner la fabrication locale des biens
d’équipement. Cette dépendance technologique des pays sous-développés n’est pas à
confondre avec la dépendance quantitative des pays développés en ce qui concerne les sources
d’approvisionnement, car, ceux-ci ont la capacité d’importation nécessaire pour ne pas subir
les effets de domination, et ils ont du reste, des sources d’approvisionnement en matières
premières très diversifiées.
En guise de conclusion, nous venons d’exposer clairement les raisons pour lesquelles
la révolution industrielle née en Angleterre n’a pas été transmise dans les pays sous-
développés, la déstructuration de ces économies ayant conduit à la triple dépendances ne
pouvait qu’entraîner le blocage.
CHAPITRE V :
HISTORIQUE DU PROCESSUS D’INDUSTRIALISATION AU CONGO
1
MUHINDUKA-di-KURUBA, « Aperçu de la politique économique et perspective », in Zaïre-Afrique, n° 276,
juin-juillet, août 1993.
2
BONGO BONGO et KITENGE N’LAYI, « La désindustrialisation de la RDC, facteurs explicatifs et
perspectives de relance, Tome I, Kinshasa, IRES, 2003, p. 22.
industriels orientés vers le marché intérieur ; limitée pour l’essentiel aux seuls biens de
consommation.
Ainsi, dès 1921-1923 le Congo vit s’implanter une cimenterie à Lukala, une savonnerie à
Léopoldville, une brasserie à Léopoldville et une autre à Élisabethville. Des textiles et
manufactures des cigarettes le seront respectivement en 1925 et vers 1928 jusqu’en 1930.
Historiquement, l’industrialisation du Congo s’est réalisée dans des étapes ci-après :
Durant cette période qui va de 1920 à 1960, il y a lieu de distinguer deux secteurs qui
obéissent à des impulsions différentes : une partie de l’industrie congolaise est orientée vers la
demande extérieure, tandis que l’autre répond aux sollicitations de la demande intérieure.
Il convient en outre de subdiviser cette période en deux sous-période marquée chacune par
une vague d’investissements marquée par un fait socio-économique précis.
La première vague trouve son origine dans l’implantation presque simultanée d’entreprises
industrielles, aux environs de 1925 et 1950 ; la seconde commerce en 1958 avec les
prodromes du processus de décolonisation.
3
LENGWA KIMA, Les causes du blocage industriel en RDC de 1970 à 1990 et pour une tentative de relance
de la société des brasseries SOBRABAND, mémoire, UNIKIN, 1999-2000.
producteur potentiel ;
2. la guerre, la révolution russe, l’instabilité de la Chine ont détourné les investissements
belges de leurs orientations privilégiées outre-mer, et donné un visage particulièrement
attrayant à la colonie qui apparaît comme un havre de sécurité ;
3. enfin, l’alignement de la monnaie coloniale sur le franc belge après 1919, crée des
conditions particulièrement favorables pour les exportations congolaises vu la
dépréciation continue de la monnaie métropolitaine par rapport à la livre sterling et au
dollar dans lesquels sont exprimés les cours des matières premières vendues sur le marché
mondial (4).
Dans ces conditions, les industriels belges désireux d’exporter au Congo devraient
lutter à armes égales contre la concurrence étrangère, tandis que qu’ils pouvaient espérer
l’appui des pouvoirs publics coloniaux pour protéger leur industrie implantée au Congo.
Les conditions dans lesquelles la Belgique accepta l’héritage colonial de Léopold II ont
influencé le développement économique du Congo dans le même sens que les conventions
internationales.
Par crainte d’entraîner leur pays dans les « aventures africaines » du roi, les parlementaires
belges ont consacré dans la charte coloniale le principe de l’autonomie monétaire et financière
du Congo belge à l’égard de la Belgique.
En vertu de ces dispositions, le Congo devrait assurer seul l’équilibre de sa balance des
paiements et la couverture de son budget. La logique de cette situation devrait très tôt
conduire l’administration coloniale à protéger l’industrie naissante par une politique fiscale et
douanière appropriée.
Entre 1948 et 1952, l’Europe croit être menacée d’une troisième guerre mondiale, et
l’Afrique paraît un refuge sûr pour les capitaux. Ceux-ci affluent sur le Congo dont on
n’imagine pas encore qu’il puisse être entraîné dans le processus général de décolonisation.
En outre, la guerre de Corée entraîne une vive augmentation de la demande extérieure pour
les produits d’exportation congolaise. L’accroissement consécutif des recettes d’exportation
favorise l’importation des biens d’équipement et stimule la demande intérieure. C’est la
seconde vague d’investissements « Forte des investissements réalisés au sortir de la seconde
guerre mondiale et de ceux réalisés dans le cadre du plan décennal, l’économie congolaise
connaît pratiquement de 1946 à 1957, une période de croissance économique plus nette
encore que celle d’entre deux guerres (5).
5
HUYBRECHTS, cité par MUHINDUKA, In Zaïre-Afrique, aperçu de première économie congolaise à la
veuille de l’indépendance, Bruxelles, avril 1960, pp. 45, 58-60.
Au cours de cette période, l’expansion de l’industrie manufacturière a été commandée par le
développement des autres activités économiques et de la demande de biens de consommation.
Cette expansion a été à ce point rapide qu’elle a en même temps contribué à réduire la
dépendance du Congo à l’égard des marchés extérieurs. Elle a même donné un courant
d’exportation vers les territoires voisins.
Le bilan de l’économie congolaise est très largement positif et présente les caractéristiques ci-
après :
- industrie minière ;
- industries alimentaires, textile et connexe, ciment, chimique la plus importante du sud du
Sahara, manufacture, de matériel électrique, chantier de construction navale, etc.
3. l’agriculture est prospère et le système de transport hérité » de la colonisation est unique
en Afrique par son étendue, ses complémentarités bien ajustées, le niveau technique de
l’infrastructure et du matériel, l’ampleur des trafics qu’il assure et la variété des voies
d’accès et d’évacuation.
Il est certes vrai que, à l’indépendance les congolais ont hérité d’un Congo à
économie prospère, bien qu’elle soit extravertie et dépendante : orientation de l’industrie
minière ou primaire, de l’agriculture moderne et du système de transport vers l’extérieur et
l’absence d’une véritable industriel manufacturière secondaire (industrie de biens
d’équipement et d’approvisionnement). Il était impérieux de l’industrie extravertie et
dépendante.
C’est ainsi, que l’administration publique est confiée entre les mains des nationaux
sans qualification ni expérience. Dans ces conditions, la cohérence du système social est bel et
bien rompue.
On peut noter sur le plan des infrastructures, l’entretien des réseaux routiers, fluvial et
ferroviaire n’était plus assurés ; ce qui entraîna une désarticulation du système des transports.
Celle-ci eut comme conséquence majeure, la disparition de nombreuses petites et moyennes
entreprises, la cessation de quelques-unes des exploitations minières et l’abandon d’un certain
nombre des plantations dans les régions rurales, particulièrement dans la partie nord-est du
pays.
De 1960 à 1964, l’économie congolaise est caractérisée par une forte inflation due à
l’expansion monétaire ; cette expansion est à la fois facteur et frein de l’industrie. Au premier
rang des facteurs d’expansion, il faut évidemment placer l’augmentation de la demande, qui a
élargi rapidement le débouché naturel, le déplacement des flux monétaires vers des catégories
de bénéficiaires qui faisaient peu de place aux produits importés dans leurs habitudes de
consommation. En outre, l’expansion de la production locale des biens de consommation a
provoqué, après quelque temps, l’apparition d’une demande dérivée de biens
d’approvisionnement et d’équipement que l’industrie locale s’efforce de satisfaire.
Les obstacles à l’expansion de l’industrie peuvent être ramenés à quatre points essentiels :
- L’insuffisance relative des allocations de devises pour l’importation des matières et pièces
de rechange ;
- La lenteur et l’irrégularité dans l’octroi des devises soumis à des procédures de contrôle
lourdes et complexes ;
- L’apparition dans certains secteurs de goulots d’étranglement dus au plein emploi des
capacités de production et au manque de devises pour l’importation des biens
d’équipement nouveaux ;
- La faiblesse de la demande en provenance des entreprises privées et publiques qui
compose toujours l’expression de la demande des particuliers.
Parmi les principales actions posées par l’Etat, l’on peut citer l’exploitation de l’Union
Minière du Haut-Katanga, la réforme monétaire du 24 juin 1967, la promulgation d’un
nouveau code des investissements et les mesures de Zaïrianisation et de radicalisation.
1. La nationalisation du UMHK
En date du 31 décembre 1966, l’UMHK devient la GECOMI qui plus tard deviendra
la GECAMINES. Le 1er janvier 1967, l’Union Minière se vit donc arracher ses avoirs et ses
concessions. Cette première mesure de nationalisation créa, un véritable traumatisme parmi
les entreprises industrielles et commerciales étrangères ce qui occasionna le repli
caractéristique, sur le plan d’investissements, des sociétés et des Holdings belges en RDC.
Pour les projets administratif et industriel, on trouve les projets tels que le centre de
commerce international au Congo (C.C.I.C), la tour de la voix du peuple, les réseaux
hertziens, l’échangeur de Limete…
Les décisions souvent incohérentes, sur le transfert des propriétés, prises dans l’application de
ces mesures provoquèrent par ailleurs des perturbations au niveau de l’ensemble de
l’économie perturbation dont les conséquences seront lourdes pour l’avenir du pays.
CONCLUSION
Ce cours d’histoire économique est un cours qui éclaire la lanterne des étudiants
de troisième graduat en sciences économiques et de gestion sur l’évolution des pensées
économiques selon l’ordre social, l’ordre politique et l’ordre économique dans la ligne de
temps. Il préfigure le cours de première licence des théories et doctrines économiques et
sociales.
Dans son contenu, il a été question, d’une part, de mettre en évidence les
différentes étapes de la formation de la science économique et les idées principales qui ont
prévalues pour la mise au point de cette discipline. Et d’autre part, il a été question de
présenter l’évolution de la révolution industrielle et les causes qui réfrènent cette dernière en
RDC.
La science économique a un soubassement relatif à la question de tous les époques en deux
aspects à savoir :
Primo, quelles sont les causes de richesse d’une nation ?
Deusio, la croissance économique des biens et services peut-elle être durable ? si oui, dans
quelles conditions ?
Ces questions ont trouvé les réponses évolutives selon leur époque et selon chaque courant
des pensées jusqu’à la formation des sciences économiques.
Les classiques et néo-classiques dont les pensées, émanant des physiocrates, sont assises sur
l’égoïsme et le maximum d’efficience des agents économiques affirment que la main
invincible ne peut pas permettre l’intervention de l’Etat dans la création des richesses.
Alors que les Keynésiens et les Néo-keynésiens pensent, en antipode des certaines idées
émises par les classiques, que les richesses sont génèrent par la demande effective de
l’économie globale. Et,pour ce faire, l’Etat doit intervenir pour comme « Etat-providence »
afin d’accroître les richesses pour le bien-être collectif.
BIBLIOGRAPHIE
- Alain Béraud et Gilbert Faccarello (2000), Nouvelle pensée économique, tome II, Ed.
le découverte, ParisXIII.
- BOFOYA KOMBA (2019), Cours d’éléments de microéconomie, inédit, ISPALE.
- BOFOYA KOMBA (2013), Economie politique, Ed. l’harmattan,Paris.
- LENGWA KIMA, Les causes du blocage industriel en RDC de 1970 à 1990 et pour
une tentative de relance de la société des brasseries SOBRABAND, mémoire,
UNIKIN, 1999-2000.
- MOKONDA BONZA, Histoire économique, Unikis-FSEG, Syllabus, G3 Econ, 2012-
2013
- URUBA, « Aperçu de la politique économique et perspective », in Zaïre-Afrique, n°
276, juin-juillet, août 1993.
- Réné SODILLOT (1989), Histoire morale et immorale de la monnaie, Ed. Bordas,
Paris.
- VERHAEGEN B., « Les safaris technologiques du Zaïre 1970-1980 », in politique
africaine, 18 juin 1985.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 1
a) La division traditionnelle.....................................................................1
b) La division de l’école historique allemande.......................................2
c) La division des économistes contemporains....................................3
CHAPITRE III : LA REVOLUTION INDUSTRIELLE...................................................43
III.1. LES ETAPES DE LA REVOLUTION INDUSTRIELLE......................................43
III.1.1. LA PREMIERE REVOLUTION INDUSTRIELLE 1780-1880...........................43
III.1.2. LA DEUXIEME REVOLUTION INDUSTRIELLE : 1880-1914........................44
III.1.3. LATROISIEME REVOLUTION INDUSTRIELLE : 1914-1980........................45
III.2. DE LA JUSTIFICATION DU TERME REVOLUTION INDUSTRIELLE.............45
III.3. LA REVOLUTION AGRICOLE........................................................................46
III.3.1. La rotation continue des cultures..............................................................46
III.3.2. L’introduction des cultures nouvelles........................................................47
III.3.3. Les progrès dans l’outillage......................................................................47
III.3.4. La sélection des semences des reproducteurs animaux et l’extension de
superficies cultivées................................................................................. 47
III.3.5. La traction chevaline.................................................................................48
III.4. LES CONSEQUENCES DE LA REVOLUTION AGRICOLE..............................48
III.4.1. Révolution agricole et première révolution démographique.....................48
III.4.2. La révolution agricole et demande industrielle.........................................49
1. L’INDUSTRIE TEXTILE................................................................................50
2. L’INDUSTRIE SIDERURGIQUE...................................................................50
CHAPITRE II : ACTIVITES ET FORMATION DE LA SCIENCE ECONOMIQUE
II.1. De la philosophie morale à l’économie politique
II.2 De la philosophie morale à l’économie politique : deux ruptures essentielles
II.3. De la définition de la science économique
II.4. De l’objet et division de l’Economie Politique
II.5. De la richesse et les biens naturels
CHAPITRE III : LES PENSEES ECONOMIQUES
III.1. L’Antiquité
III.1.1. Xénophon : l’économique comme art de la gestion domestique
III.1.2 Aristote et la condamnation morale de l’enrichissement
III.2. Le moyen-âge (la pensée médiévale)
III.2.1 La scolastique thomiste
III.2.2 Les premiers éléments de « modernité » : le « nominalisme » d’Oresme et Buridan
III.3. L’Economie politique avant Adam SMITH
III.3.1 la naissance d’une « économie politique »
III.3.2 Mercantilistes
III.3.3. Physiocrates
III.4. Les Classiques
III.4.1. Adam SMITH (5 juin1723 – 17 juillet1790)
III.4.2. Thomas Robert MALTHUS
III.4.3. David RICARDO
III.4.4. JEAN B. SAY
III.5. Les Néo-classiques
III.6. J.M. KEYNES et les Keynésiens
III.7. Milton FRIEMAN et les monétaristes
III.8. La macroéconomie dynamique : L’école de croissance endogène
CHAPITRE IV : 53
LA SPATIALISATION DU FAIT COLONIAL : CAUSES DU BLOCAGE INDUSTRIEL
DU TIERS MONDE AU 19ÈME SIECLE.............................................53
IV.1. LE CONCEPT DE L’EXTRAVERSION ECONOMIQUE....................................53
IV.2. LES ORIGINES DE L’EXTRAVERSION DU TIERS MONDE...........................54
IV.2.1. L’ASIE : DU COMMERCE DES EPICES A LA GUERRE D’OPIUMS.....56
1°. L’INDE......................................................................................................... 56
2°. L’INDONESIE..............................................................................................56
3°. L’INDOCHINE..............................................................................................57
4°. LA CHINE....................................................................................................57
IV.2.2. L’AMERIQUE LATINE : DE L’EXPANSION COMMERCIALE A
L’ENTREPRISE AGRICOLE....................................................................58
IV.2.3. L’AFRIQUE : DE LA TRAITE NEGRIERE A L’INTEGRATION DANS LE
MARCHE MONDIAL.................................................................................61
IV.3. LES CONSEQUENCES DE LA DESTRUCTION DES ECONOMIES DU TIERS-
MONDE : LA TRIPLE DEPENDANCE ECONOMIQUE, FINANCIERE ET
TECHNOLOGIQUE..........................................................................................62
IV.3.1. LA DEPENDANCE ECONOMIQUE.........................................................62
IV.3.2. LA DEPENDANCE FINANCIERE............................................................63
PAYS........................................................................................................................ 63
IV.3.3. LA DEPENDANCE TECHNOLOGIQUE..................................................64
ANNÉES.................................................................................................................... 67
I.B TOTAUX EN MILLIONS........................................................................................... 67
DE ZAÏRES (1)............................................................................................................67
CHAPITRE V : 69
HISTORIQUE DU PROCESSUS D’INDUSTRIALISATION AU CONGO......................69
V.1. LA PERIODE COLONIALE : INDUSTRIALISATION DU CONGO....................70
V.1.1. LA PREMIERE VAGUE D’INVESTISSEMENTS INDUSTRIELS
ORIENTES VERS LE MARCHE INTERIEUR..........................................70
V.1.2. LA DEUXIEME VAGUE D’INVESTISSEMENT DANS LA PERIODE
COLONIALE.............................................................................................73
V.2. APRES L’INDEPENDANCE : C’EST LA DESINDUSTRIALISATION DU CONGO
........................................................................................................................ 74
1. La nationalisation du UMHK........................................................................75
2. La réforme monétaire du 24 juin 1967..........................................................76
3. La promulgation d’un nouveau code des investissements............................76
4. Les mesures de zaïrianisation et de radicalisation......................................76
TABLE DES MATIERES