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UNIVERSITE DE DSCHANG

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

Cours : Histoire des Faits Economiques

Dispensé par : Professeur Ningaye Paul

Assisté par : Dr. Melingui Bate

Niveau : Licence I

INTRODUCTION GENERALE

L’histoire des faits économiques est une science relativement récente. Elle a en effet pris son
essor vers 1840 lorsque certains économistes Allemands affirmèrent que toute doctrine
économique, pour ne pas tomber dans l’utopie, devait être étayée par les faits économiques.
Selon ces auteurs, il faut connaitre l’histoire pour comprendre le présent et mieux prédire
l’avenir. L’importance accordée a l’étude des faits économiques devait s’accentuer quelques
décennies plus tard ; lorsque Karl Marx prétendit que toute l’histoire du monde, y compris
l’histoire des idées et Religion s’expliquait par le développement des structures économiques.
C’est la thèse du matérialisme historique.
Ce double parrainage, à savoir celui des historiens Allemands et celui des Marxistes
expliquent l’esprit qui a inspiré les premiers auteurs d’histoire économique. Il s’agissait pour
eux de dégager, à travers l’évolution des faits, quelques idées maîtresses destinées à expliquer
ou même à justifier les théories économiques.
Sur le plan méthodologique, l’histoire des faits économiques a connu 2 phases principales
désignées en : « division en grandes phases économiques » et de « monographie de
l’histoire ».
Suivant la démarche par division en grandes phases économiques, de nombreuses
classifications chronologiques ont été proposées par diverses écoles historiques.
L’école des techniques économiques fondée par Frédéric List (1789-1846) appréhende les
faits économiques suivant les modifications intervenues dans les techniques de production.
C’est ainsi qu’elle distingue l’économie de chasse et de pêche, l’économie pastorale,
l’économie pastorale- agricole, l’économie pastorale- agricole- manufacturière et l’économie
agricole- manufacturière-commerciale.
L’école marxiste base ses étapes historiques autant sur l’évolution des techniques que sur les
rapports d’hommes à hommes. C’est ainsi qu’elle comprend la période de communautés
primitives, les phases esclavagistes, l’économie féodale, le capitalisme et le socialisme.
L’école des unités économiques, fondée par Rodbertus, insiste sur les unités économiques et
sur la distance entre le producteur et le consommateur et aboutit aux grandes étapes
suivantes : l’économie familiale fermée (antiquité), l’économie urbaine (moyen age) et
l’économie mondiale (de nos jours). Hil de Brand fait partie de cette école mais distingue les
grandes phases des faits économiques à partir des moyens d’échange utilisés ; d’où
l’économie naturelle, l’économie monétaire et l’économie de crédits.

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L’école des tendances des civilisations initiée par Andre Piettre (1955). Elle ne cherche pas à
discerner les grandes phases d’évolution en fonction des phénomènes économiques eux-
mêmes, mais des tendances profondes de chaque civilisation. Les civilisations prises en
compte sont la civilisation grecque, la civilisation romaine et la civilisation occidentale. En
allant du moyen âge à nos jours, l’auteur distingue l’économie subordonnée ou les réalités
économiques sont insérées dans un réseau de prescriptions, de rites, de coutumes morales
d’essence religieuse, l’économie indépendante ou les réalités économiques sont libérées des
normes antérieures, c a d qu’elles sont émancipées de tous les soucis moraux et politiques.
L’économie dirigée : dans la phase de l’indépendance économique, les réalités économiques
sont individualistes par essence, d’où les désabus. La société réagit en imposant des normes.
Les écoles qui se situent dans la méthode de division des faits économiques en grandes
phases économiques ont un point commun. Elle divise l’évolution de l’activité économique
en phases ordonnées et automatiques ; ce qui leur attire 3 types de critiques : leurs
classifications sont arbitraires dans la mesure où elles ne se fondent que sur un seul fait
économique. Par exemple, la distance entre le producteur et le consommateur dans la théorie
de Rodbertus. Or un seul fait ne saurait expliquer ni résumer la complexité économique. Dans
leur souci de simplification, la réalité historique se trouve faussée. Par exemple, aucune
économie n’a jamais été totalement naturelle au sens de Hildebrand (économie fermée et sans
échanges). De même, aucune économie n’a jamais été totalement subordonnée à des règles
religieuses.
Enfin, et c’est le reproche le plus grave, l’idée des phases économiques se succédant dans un
ordre automatique suppose une conception déterministe de l’histoire. Or, les civilisations
n’obéissent pas à des lois immuables et l’évolution économique d’une société ne se retrouve
jamais avec les mêmes caractères dans une autre société.
En réaction à ces reproches, la méthode fondée sur les monographies de l’histoire est
proposée par Charles Knies (1853).
Selon lui, il faut abandonner l’idée de L’homo-oeconomicus, c a d de l’homme réagissant
partout en tout temps de la même façon. Il faut également abandonner l’idée d’une société à
oeconomica c’est à dire d’une société évoluant toujours selon un rythme uniforme.
La méthodologie d’étude des faits économiques doit consister à observer des faits, décrire la
réalité historique, accumuler les documents qui relèvent de l’histoire ou de la statistique sans
nécessairement faire appel aux théories économiques. En adoptant cette méthodologie, de
nombreuses monographies des faits économiques ont été écrites, telles que l’histoire des
classes sociales, l’histoire de la classe ouvrière, l’histoire économique d’une ville.
Cette nouvelle méthodologie de l’histoire des faits économiques est qualifiée d’histoire du
détail ou histoire historisante et on lui reproche se s’intéresser plus aux phénomènes
secondaires ou superficiels parce que visible, qu’aux phénomènes essentiels, parce que
dissimilés.
La méthodologie adoptée dans ce cours est celle d’Imbert et Logoherel en 2004 qui essaie de
concilier l’approche par division en grandes phases à l’approche par les monographies de
l’histoire.

Partie I : les faits économiques antiques


Chapitre 1 : Les principales mutations intervenues dans le passé

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Chapitre 2 : Les systèmes économiques antiques

Partie II : les faits économiques médiévales ou du moyen âge (de 700 à 1500)

Chapitre 3 : L’essor des villes et la nouvelle conjoncture économique


Chapitre 4 : L’essor des activités manufacturières

Partie III : les faits économiques des temps modernes

Chapitre 5 : Les mutations des temps modernes ou contemporains


Chapitre 6 : La révolution industrielle

PARTIE I : LES FAITS ECONOMIQUES ANTIQUES

Chapitre 1 : Les principales mutations intervenues dans le passé

I. De l’économie de prédation à l’économie de production

La cueillette, la chasse et la pêche sont les principales activités de l’économie de prédation


ayant caractérisé la période préhistorique. Il s’agissait d’activités aléatoires et risquées ; car
les outils utilisés étaient très rudimentaires (Javelots pour la pêche et Sagaies pour la chasse).
Peu à peu, au cours d’un temps qui a duré des siècles, l’Homme a inventé l’agriculture et la
domestication des animaux sauvages tels que les loups, probablement entre 8 et 4000 ans
avant J.C, marquant ainsi le début de l’économie de production. Les archéologues en ont
rassemblé les principales caractéristiques : apparition de l’agriculture et de l’élevage,
sédentarisation et édification des premières cités suivie de l’émergence de la poterie, de la
métallurgie et de l’écriture.

Cependant, l’économie antique est caractérisée par une production inélastique et innovante.
La culture et l’élevage se sont développés par la mise en valeur des territoires plus vastes par
le progrès des méthodes, par l’utilisation rationnelle du sol et du climat ; ce qui a permis
d’accroître les rendements. Mais il est venu rapidement une époque où l’exploitation est
restée stationnaire faute de terres nouvelles à défricher et de nouvelles inventions techniques.
L’industrie c’est-à-dire la transformation des matières premières en objets destinés à
satisfaire les besoins humains, a progressé plus rapidement que l’agriculture à travers la
division du travail et la spécialisation. L’antiquité n’a cependant pas connu de véritable
développent industriel faute d’innovations technologiques et donc de manque de machines.
Le grand responsable de cette stagnation technique semble être l’esclavage et ses séquelles.
En effet, il fournit une solution paresseuse et peu coûteuse aux problèmes techniques de
l’époque.

II. De la pratique du commerce à l’émergence des villes

A l’opposé de la stagnation de la production, l’économie antique a connu un


perfectionnement sans cesse croissant des échanges. L’évolution du commerce a connu à ses

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origines le poids des contraintes sociales où l’échange des biens a été soumis à toutes sortes
de restrictions et de réglementations religieuses : c’était le temps des économies
subordonnées. Mais assez vite le commerce s’est développé dans un sens laïque et
individualiste, plus ou moins réglementé par les pouvoirs publics.

Dans ce sens, les échanges ont d’abord eu lieu sous forme de Rendez- vous périodiques puis
les marchés se sont formés suite à la fusion des groupes d’origines diverses. Ils constituent de
ce fait des centres de cristallisation d’une société nouvelle basée sur les différences et la
division du travail. Autour des marchés se sont établis des marchands et des artisans ;
donnant naissance aux villes qui sont en fait des marchés dont les installations sont devenues
fixées et qui sont devenues des centres de la vie commune.

Alexandrie en Egypte est un symbole historique de ce phénomène d’urbanisation et des


problèmes créés par l’émergence des villes. Le premier est celui de l’accroissement du
nombre de consommateurs par rapport aux producteurs (exemple : l’approvisionnement en
blé de la ville d’Alexandrie). Le second est celui de la rareté de certains produits que l’on ne
trouvait que dans certaines villes éloignées. Dans l’ensemble, l’urbanisation a permis le
développement du secteur des travaux publics ; ce qui a favorisé la diversification des
productions et des courants d’échange.

III. de l’économie de troc à l’usage des barèmes

Concernant l’antiquité, les phases du mécanisme des échanges sont bien connues. A
l’échange de dons et au troc a succédé l’usage d’un barème de référence servant d’étalon de
valeur et basé sur des poids ou des volumes de céréales ou encore de métaux bruts ou
façonnés. Quelques exemples antiques attestent de l’usage des barèmes. Le plus ancien
contrat connu par l’histoire est égyptien et date du 3è millénaire avant notre ère et fait
référence à la vente d’une maison. L’acheteur paie en meubles et en pièces d’étoffes.
Cependant, la maison ainsi que les objets échangés sont évalués en shat. Le shat est un
anneau d’or qui pèse environ 7.5 grammes. Du 7è au 14è siècle, plusieurs découvertes
attestent des ventes effectuées selon ce système primitif de troc, sachant que la valeur des
objets échangés est toujours fixée par référence à un poids d’or ou d’argent.

En Mésopotamie, et plusieurs siècles avant JC, les métaux précieux (or, argent) les céréales
(blé et orgue) et les dates ont été utilisés comme des barèmes de référence pour fixer les prix,
les traitements et les salaires ainsi que les taux d’intérêt.

La révolution sur le plan des échanges fut l’invention de la monnaie à caractère public et
officiel. Cette révolution date de 700 avant JC et la monnaie apparait en même temps chez les
grecques et chez les lydiens. Il s’agit d’une mesure commune à la valeur des choses,
commode par son caractère maniable et portatif, commode aussi par le caractère impersonnel
qu’elle donne aux transactions. C’est à Rome que sera instituée la première unité monétaire
officielle lorsque César décida de créer l’étalon or : l’aureus qui est une monnaie romaine de
la fin du 1er siècle avant JC. Les divers emplois de cette monnaie numéraire (prêts, avances)
prépareront la naissance du système bancaire et des mécanismes financiers car à la monnaie
comme premier instrument de circulation va se joindre un autre : le crédit. Il facilite la

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circulation parce qu’il permet d’échanger une richesse présente contre une richesse future.
C’est ainsi qu’est né le premier capitalisme appelé capitalisme commercial.

IV. L’émergence de la fonction du banquier dans l’antiquité

Dans la structure économique antique, la fortune est territoriale totalement différente du


capitalisme moderne où l’industrie est un élément majeur. C’est dans ce contexte qu’est
apparue une nouvelle classe en Mésopotamie vers 530 avant JC et que l’on peut assimiler
aux banquiers de notre temps. Les banquiers reçoivent ainsi les dépôts des particuliers, soit
en garde, soit à titre de placement et paient dépositaires un intérêt fixe. Ils utilisent ces
dépôts pour faire des prêts à des tiers. En même temps, les banquiers gèrent parfois les biens
immobiliers de leurs clients, passent à leur place des contrats d’exploitation et négocient la
vente de leurs produits.

En revanche, on a souvent dénié à ces personnages le titre de banquier parce qu’ils ne


faisaient pas le commerce de l’argent. La monnaie frappée n’apparait en effet que plus tard
et les paiements se font presque toujours en argent pesé. En somme, si le banquier est
considéré comme un agent économique qui manie l’argent, on dira alors que la Mésopotamie
n’a pas connu de banquier. Mais si on le considère comme un intermédiaire entre un
producteur et un capitaliste, alors cette fonction a bien existé.

La fonction de banquier à Rome (318-310 avant JC) a eu des objectifs plus variés. Chez les
romains, le mot argentarius désigne le banquier. Il a pour rôle d’acheter et de vendre la
monnaie, de l’échanger contre les monnaies étrangères. A ce titre, les opérations bancaires
sont variées et complexes. L’essai des monnaies consistait à vérifier que les pièces n’avaient
été ni rognées, ni grattées et n’avaient pas perdu trop de poids à l’usage. Le change de
monnaies étrangères ira en déclinant du fait de l’unification monétaire du mode romain.
Ainsi, la vente aux enchères est l’un des opérations les mieux connus des argentarii.

Le dépôt scellé consiste en la remise d’une somme d’argent dans un sac cacheté que le
banquier n’a ni le droit d’utiliser ni de faire fructifier et qu’il doit restituer tel que reçu. C’est
le dépôt non scellé que le banquier a le droit de faire fructifier, à change pour lui de restituer
l’équivalent. Il comporte deux catégories bien distinctes selon qu’il s’agit d’un dépôt de
paiement non rémunéré ou d’un dépôt de placement qui rapporte des intérêts au déposant.
On le considère alors comme un prêt.

A partir de l’argent déposé, le banquier peut effectuer de nombreuses opérations pour le


compte de son client. Premièrement, les virements existent entre les clients d’une même
banque mais aussi d’une banque à l’autre. Deuxièmement, même si le chèque endossable
n’existe pas, la pracscriptio lui ressemble beaucoup. Un client ayant chargé son banquier
d’effectuer un paiement pour son compte, celui-ci adresse une note de crédit (au mandat) au
créancier et c’est au vu de cette pracscriptio que les fonds lui seront versés. Troisièmement,
le receptum est un engagement pris par le banquier à l’égard d’un tiers à qui il promet de
verser l’argent dû par son client. C’est à la fois une opération de caisse, un cautionnement et
une ouverture de crédit.

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Par ailleurs, le banquier effectue des prêts mais uniquement à court terme. Malgré cette
diversité d’opérations, le banquier antique n’est pas le support financier de l’activité
commerciale, artisanale et encore moins industrielle car il n’y a pas de prêts à long terme. Il
n’y a pas à cette époque d’établissements financiers spécialisés.

V. L’émergence de la fiscalité dans l’antiquité

Dès le début de son règne (an 284), le jeune empereur de l’empire romain tardif nommé
Dioclétien et de son vrai nom Caius Aurelius Diocletianus Augustus est amené à créer un
impôt appelé capitation. L’Etat avait jusque-là vécu sur les profits tirés des conquêtes. Or,
non seulement les conquêtes ont cessé et les dépenses se sont alourdies, il faut financer
l’entretien des troupes qui assurent le pouvoir et faire face au renforcement de l’appareil
administratif.

La capitation est un mode de l’assiette de l’impôt sur le travail agricole. Dans ce système un
recensement est fixé tous les 5 ans pour fixer le nombre d’unités fiscales. Une unité fiscale
est la terre qui peut être travaillée par un homme et suffire à son entretien ( Jugum) ainsi que
la capacité de travail de l’individu (Caput). Cette double assiette foncière et personnelle
permet de toucher à la fois la terre et le travailleur afin d’éviter les injustices les plus
criantes : Ainsi, les trop petites terres et les personnes inaptes ne sont pas assujetties à
l’impôt et la force de travail des femmes n’étaient évaluée qu’à un demi caput. Les
propriétaires fonciers paient l’impôt pour les Juga qu’ils exploitent pour leur propre compte
et pour les esclaves (capita) qui les cultivaient. Selon les régions, l’impôt était exigé en
espèce ou en nature.

Le commerce et l’industrie avaient leur impôt appelé CHRYSAR GYRE payable tous les
04 ans. Il frappe tous ceux qui, sans être négociants, exercent de fait une activité industrielle
ou commerciale quelconque. Même les prostituées y étaient assujetties. Cette loi fiscale
n’admettait qu’un petit nombre d’exceptions en faveur du petit artisan ou du cultivateur qui
ne vendait que les produits de sa terre.

Les marchandises étaient frappées par l’impôt soit à l’occasion de leur circulation par les
droits d’octroi et de douane (Portaria) à 8% de la valeur de l’objet, soit en raison de leur
vente sur le marché (Actora à 12,5%). Pour collecter cet impôt, l’obligation de vendre dans
les boutiques ou sur les places de marché autorisées a été instituée.

VI. Les colonisations antiques et leurs conséquences

L’antiquité a connu trois principales colonisations aux méthodes différentiées : la


colonisation phénicienne, la colonisation grecque et la colonisation romaine.

-La colonisation phénicienne est allée de pair avec leur extension commerciale. Avant le
premier millénaire, ils se sont installés à Chypre, à Rhodes, en Crète et en Carthage. Leurs
colonies sont avant tout de simples comptoirs sans aucune ambition politique ni d’intention
de conquête ou de peuplement. Pour s’installer, les phéniciens n’emploient pas la force mais
ont recours à la persuasion, allant jusqu’à payer un léger tribu au Pharaon pour s’établir dans
le Delta. Les comptoirs créés dans les colonies sont des points de trafic avec l’arrière-pays.

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Fondé en 814, Carthage crée ses propres colonies dans toute la méditerranée prenant le relai
de sa métropole phénicienne. L’expédition carthaginoise la plus célèbre est connue sous le
nom de périple d’Hannon. Cet amiral de Carthage serait parti vers 425 avec 60 navires et
trente mille hommes et femmes afin d’établie des villes sur la cote africaine le long des
parties de la Lybie située au-dessus des colonnes d’Heraclès. Pour certains écrivains, il aurait
atteint le golfe de guinée, le Cameroun et le Gabon avant de rebourser chemin faute de
provisions.

-La colonisation grecque qui a débuté au 8è siècle a d’abord atteint la méditerranée orientale
avant de s’étendre à la partie occidentale où elle va fonder Marseille et Nice. Mais, si chez le
phénicien la colonie est d’abord un simple comptoir commercial, les colonies grecques quant
à elles sont des colonies de peuplement où les grecs pratiquent le commerce, l’industrie et
l’agriculture. Mais en Italie et en Sicile, les réactions violentes des populations contraindront
les colons grecs à réviser leurs programmes agricoles pour se limiter au commerce maritime.

-La colonisation romaine. Elle a connu deux séries de luttes. La première série en 500 et
264 donne aux romains la maitrise de la péninsule italienne jusqu’au détroit de Sicile. La
seconde série aboutie à la suprématie romaine sur Carthage, la Grèce, l’Italie du nord et
l’Espagne. Les deux étapes d’extension romaine sont assez différentes dans leur esprit et dans
leurs conséquences. A l’issue des première conquêtes, les vaincus forment une province qui
reçoit sa loi de Rome. A l’issu des secondes conquêtes en revanche, il y a eu beaucoup de
réduction en esclaves et pour ceux qui sont restés sur leurs sols natales, Rome est représenté
sur place par un gouverneur qui jouit de tous les pouvoirs.

Ces différentes colonisations antiques ont eu des conséquences significatives sur les activités
économiques de l’époque.

 La naissance de la première forme de sécurité sociale

Selon le principe général en vigueur dans l’antiquité, le vaincu devenait la propriété du


vainqueur. Les colons et notamment ceux de Rome en ont profité pour avoir une main
d’œuvre abondante. Par exemple, 150 mille esclaves sont ramenés à Rome après la seule
campagne macédoine en 148. Alors se gonfle à Rome une population oisive et sans ressource
qu’il va falloir occuper et surtout nourrir : c’est la naissance du chômage. Par une loi de 123,
il avait été concédé aux pauvres le droit d’obtenir chaque mois un boisseau de grains (8.75
litres) pour un prix en dessous du tarif habituel. Ensuite, c’est un système de distribution
gratuite qui fut instauré en l’an 58 malgré les protestations des sénateurs qui y voyaient un
encouragement à la paresse : se fut la première forme d’assistance sociale.

 Le ralentissement de la production industrielle

Les victoires ont rapporté aux colonisateurs surtout romains des richesses énormes sous
forme de métaux précieux, créant chez eux le goût du luxe. Ils n’ont plus senti la nécessité de
créer des industries productrices puisque les guerres subvenaient à leur besoins et même au-
delà.

Chapitre 2 : Les systèmes économiques antiques

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La manière dont les membres d'une société s'organisent pour produire les biens et services à
leur survie ainsi que d'assumer leur distribution constituent un système économique .Le
problème fondamentale de production est de trouver les institutions sociales susceptible de
mobilise l’énergie humaine à des fin productives .Si par ailleurs une solution satisfaisante
n'est trouvée au problème de distribution il peut avoir de l'agitation sociale ou même une
révolution.

Plusieurs systèmes économiques se sont côtoyés ou se sont succédé dans l'antiquité. Nous
allons les analyses à la lumière des trois systèmes économiques théoriques. Le système
traditionnel, le système autoritaire et le système de marché.

Le système traditionnel est le plus ancien et résout les problèmes de production et de


répartition en confiant aux enfants la charge de continuer l’activité de production de leurs
parents. Dans les systèmes autoritaires, la production est exécutée sous les ordres d'un
commandant en chef de l’économie : par exemple le pharaon d'Egypte. Mais quel que soit la
société l'autoritarisme peut devenir le seul moyen d'utiliser efficacement les forces humaines
en période de crise telles due ou les famines. Dans le système d'économie de marché,
personne n'est affecté à une tache précise chacun peut choisir lui-même son métier. La
distribution est assurée par le mécanisme de marchés suivant la loi de l'offre et de la
demande. Les producteurs se consacrent donc à la fabrication des produits et services qui
trouvent de la demande. Des solutions intermédiaires existent en combinant ces trois types de
systèmes économiques.

I. le système féodale ou féodalisme égyptien

Les structures institutionnelles et sociales Egyptiennes se caractérisent dans l'antiquité par le


fait que l’activité économique est tout entière dirigée par le pharaon ou par les seigneurs qui
ont hérité de son pouvoir. La seigneurie se trouve alors être la cellule économique.

La seigneurie était une vaste étendue de terre mesurant par fois des milliers d'hectares qui
appartenait à un seigneur. Le seigneur est maitre de tous ceux qui vivent sur ses terres. Ceux
qui étaient sous sa responsabilité sont appelés serfs ou vilains .ils ne sont pas esclaves mais
sont abstraits à une série d'obligations vis à vis du seigneur. Par exemple 4 à 5 jours de travail
par semaine. Comme salaire, serfe gardait une petite partie de sa production

En contrepartie, le seigneur garantissait aux serfs une sécurité militaire et économique. En


période de famine par exemple, c'est au seigneur de nourrir les serfs ainsi que les membres de
leur famille.

Comme pour l'agriculture, les produits industriels (tissage, ameublement et autres) vont
directement au pharaon par l'intermédiaire des seigneurs. Les exploitants industriels n'en
conservent qu'une part comme sort de salaire en nature.

Les structures économiques et techniques sont à l'image des structures institutionnelles et


sociales. Par conséquent, le paysan et l'artisan travaillent en fait sur commande, l'initiative
privée se trouve bridée ; la constance de l'offre et de la demande est peux favorable aux
progrès techniques. La structure psychologique et le système économique sont liées car celle-

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ci (structure économique) est orientée vers l'entretien de la classe supérieure et de pharaon en
particulier la liberté économique est donc inexistante tout comme le désir du profit.

II. le système libéral de type précapitaliste mésopotamien

Les structures institutionnelles et sociales sont caractérisées par la présence de deux


institutions juridiques qui caractérisent le système capitaliste actuel: le droit de propriété et le
droit des contrats.

Le droit de propriété est mis en évidence par les actes attestant l'existence de la propriété
individuelle des biens de production. Le système féodal n'a pas une influence directe sur
l’économie. Aux périodes féodales c'est à dire de la toute-puissance du roi, les populations
étaient astreintes à des prestations de travail pour l'entretien des digues, mais elles
exploitaient leur terre et vendaient leurs produits à leur guise.

Le droit des contrats est mis en évidence par la découverte de milliers d'actes conservés sur
les tablettes d'argiles: actes de vente, de prêt, de louage, les contrats de travail. Comme dans
les systèmes capitalistes actuels, l'Etat se borne à un rôle de gendarme, faisant respecter le
droit de propriété et le droit de contrats. Le code des affaires va jusqu'à prévoir la mise à mort
du débiteur insolvable.

La structure économique et technique du capitalisme mésopotamien est essentiellement


immobilière et en particulier terrienne. L’entrepreneur, propriétaire de la terre, est le
personnage central de la production, distributeur des revenus du travail et du capital, du
salaire et des intérêts. C'est la différence avec le capitalisme moderne ou l’industrie joue le
premier rôle.

La structure psychologique est libérale et n'est pas orientée vers l'entretien de la classe
supérieure comme en Egypte .La génération de la mentalité capitaliste se manifeste par le fait
que tout le monde peut se livrer aux activités marchandes pour ses propres intérêts.

Le système libéral précapitaliste de type phénicien

Le régime économique des phéniciens à une forme de capitalisme libéral fondé sur le
commerce alors que celui des mésopotamiens est un capitalisme foncier, c'est-à dire fondé sur
l'agriculture. Un tel régime n'a rien à voir avec le capitalisme moderne puis que la production
industrielle est reléguée au second plan.

La primarité accordé au commerce suppose la libre initiative individuelle, un respect absolu


du droit de propriété et du doit des contrats.

L'entrepreneur phénicien travaille essentiellement pour le marché et adapte son activité à la


clientèle. Seul compte le profit commercial. C'est le seul peuple de l’antiquité ayant su se
borner aux seuls avantages du bénéfice matériel sans songer à impose sa domination
politique. Ayant le sens du monopole, les phéniciens ont su garder secrets leurs itinéraires
maritimes et forment aux étrangers leurs parts.

Partie II : Les faits économiques de la période médiévale ou moyen-âge (de 700 à 1500)

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L’antiquité, en raison du mépris dans lequel elle tenait le travail manuel, avait été peu
favorable à la production industrielle faute du développement des sciences et des techniques.
Par exemple si les grecques l’avaient cherché et voulu, ils auraient pu tirer de leurs
découvertes scientifiques de nombreuses applications techniques.

Par ailleurs, il y a eu régression puis disparition de l’esclavage. Obligé de renoncer à la


ressource du travail servile, l’économie médiévale est caractérisée par le réveil de l’occident
qui doit s’organiser sur des nouvelles bases. Tout le monde intervient désormais dans la vie
économique et il faut déterminer la part de travail, d’autorité, de responsabilité incombant à
chacun. Il faut aussi trouver de nouveaux équilibres, une nouvelle hiérarchie et définir
d’autres rapports de dépendance. C’est une véritable révolution économique et sociale.

Chapitre 3 : l'essor des villes et la nouvelle conjoncture économique

I. les raisons de la renaissance des villes

Deux thèses sont en présence pour expliquer la renaissance des villes au moyen-âge

La thèse de Pirenne explique que la vie urbaine à une économie fondée sur le profit et les
spécialisations commerciales. En raison de l'invasion musulmane, cette vie urbaine avait
presque totalement disparu depuis la fin du VIIème siècle l'origine du nouvel essor des villes
il place l'action d'une spécialisée de marchands, les mercatores. Ils sont livrés au commerce
à longue distance, périlleux en raison de l'insécurité, mais très lucratif .Puis lassés de courir
les routes, mais désireux de ne pas abandonner le commerce, ces marchands se seraient fixés
près des villes ou des établissements ecclésiastiques. Leur activité commerciale aurait mal
supporté les contraintes économiques inhérentes à la seigneurie et ils auraient obtenues de gré
ou de force des privilèges commerciaux et une relative indépendance. La ville, leur lieu de
résistance, se serait alors placées en net contraste avec le reste de la seigneurie.

Selon la thèse de la continuité, le renouveau urbain est dû à une reprise générale de


l'économie dont la floraison des villes serait, tout à la fois un aspect et une conséquence.
L'histoire du renouveau urbain peut se schématiser en suivant trois étapes.

Les noyaux préurbains c'est-à-dire des agglomérations plus ou moins peuplés se sont
constitués

Le resserrement des liens entre la ville et la campagne, ainsi que le poids de l'économie rurale
ont joué ensuite un rôle décisif sur l'essor urbain. Ainsi donc, la ville médiévale s'est
constituée parfois dans le noyau préurbain lorsque celui-ci est assez vaste, mais le plus
souvent à côté ou au voisinage de ce noyau préurbain lorsqu'il est trop étroit.

L'épanouissement des villes se fait alors là ou se sont concentrés l'artisanat et les points
d'échange tels que les foires et les marchés. Le fait majeur de l’émergence de la fonction
économique de la ville au-delà de ses fonctions anciennes et traditionnelles qui sont militaires
politique et religieuses. Ainsi, dans la plupart des cas, l'extension de la ville s'est poursuivie
grâce aux productions agricoles accrues, accompagnées de la naissance d'industries locales

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II. les conséquences du développement urbain

Le bouleversement de la conjoncture économique par le développement des villes qui sont à


la fois centre de commerce et d'industrie a eu des conséquences importantes sur toute la vie
économique et sociale du moyen-âge lesquelles conséquences sont encadrées par les
principes religieux.

1. L'église et ses fins spirituelles

Deux idées essentielles vont s'opposer l'Eglise et le monde du commerce. D'une part l'Eglise
a hérité de la philosophie antique le principe géoéconomique selon lequel l'échange envisagé
est en lui-même est stérile. D'autre part, le christianisme a répandu l'idée philosophique du
danger de la richesse : produire pour vivre et pour faire vivre, rien de plus légitime. Mais
produire pour gagner plus est considéré comme péché.

Guidé par ce principe l'église va se tourner vers une politique économique de dépense et non
de profit. Ne pouvant s'orienter vers l'activité commerciale et va se consacrer à la charité. Ce
qui a entrainé deux conséquences au plan économique. D'abord, les mouvements des
populations sous forme de pèlerinages ou de croisades ont favorisé et activer les échanges
internationaux. Ensuite l'église a provoqué la construction des monuments les plus
somptueux.

Toujours guidée par le principe du danger de la richesse, l'Eglise va prendre des positions
claires et fermes à l'égard de certains aspects de la vie économique

L'USURA est le nom médiéval du prêt à intérêt, considéré par l'église comme plus grave
que l'homicide. L'argument majeur contre l'usura c'est que le travail de l'esprit et du corps
constitue la véritable source de richesse. Il n'y a pas d'autres justifications du gain que
l'activité de l'Homme. Toute une réglementation ecclésiastique s'édifie pour interdire le gain
sans risque comme l'usure. Mais s'il existe un risque, l'interdiction est levée. C'est pour cette
raison qu'un commerce ou chaque capitaliste apporte son argent qui pourra fructifier est
autorisé car chaque associé supporte une part de responsabilité tant en bénéfices qu'en perte.

Une fois de plus le principe du danger de la richesse amène l'église à préconiser le juste prix
qui ne devait varier ni avec la loi de l'offre et de la demande, ni avec les caprices individuel,
ni avec l'habitude du nouchard. Le devoir moral de l'acheteur et du vendeur est de rechercher
ce juste prix. A cette notion de juste prix correspond corrélativement celle de juste salaire.

Enfin, puisque le but du travail n'est pas de produire à outrance mais de produire pour vivre,
puisque le but de la vie n'est pas de produire mais de gagner son salut, la religion passe avant
la productivité. Ainsi s’est installé un chômage sacré. En raison de nombreuses fêtes, la
durée moyenne du travail hebdomadaire n'excède guère quatre jours

Il ne faut cependant pas en déduire que l'économie du moyen-âge a été une économie
totalement subordonnée à des règles religieuses strictes et paralysantes car l'église a fini par
outrepasser elle-même l' interdiction du prêt à intérêt .Par ailleurs, fixer un juste prix qui
puisse s'imposer aux artisans et aux commerçants était une véritable gaguere et était

11
inapplicable en pratique

2. LANAISSANCE DES CORPORATIONS

Le regroupement a constitué le fait originaire de l’émancipation des villes: groupements de


défense contre les périles des voyages, groupement de rébellion contre les seigneurs,
groupement d'entraide mutuelle ou de charité chrétienne. Ces groupements ont 2 origines.
Premièrement la confrérie est née des associations religieuses qui rassemblent les individus
d'un même métier pour une dévotion commune .Les membres des confréries se doivent
entraide réciproque. Cela se traduira par des secours à domiciles et même parfois par des
fondations de lits d'hopitaux. Les reunions organisées pour l'exercice de la solidarité ont servi
au fil du temps à des fins plus utilitaires touchants aux problèmes des métiers. Même si les
confréries ne sont pas devenues des syndicats d'intérêts et de défense, elles ont donné lieu à
une organisation strictement professionnelle qui sera appelée un siècle plus tard
CORPORATION

La seconde hypothèse s'appuie sur l'existence des GHILDES et des HANSES parallèlement
aux communautés de métiers qui naissent commerçants et artisans de la même profession, se
forment d'autres groupements économiquement plus puissants. Ils réunissent les gros
marchands et entrepreneur au sein des GHILDES. Par exemple, les ghildes de forgerons, de
bouchers. Puis il s'est créé des HANSES qui sont des groupements interurbains de gros
marchands d'une région .Les HANSES unissent les cités marchandes en de véritables ligues,
tellement puissantes qu'elles sont capables de lutter contre la puissance d’un roi: ces du
Danemark en 1358

3. De la noblesse a la bourgeoisie puis a l'économie artisanale

L'église ayant freiné l'utilisation capitaliste de l'argent par interdiction du prêt à intérêt, un
corps sociale appelé noblesse s'est constitué. Il se soucie plus de la puissance et d'un cadre de
vie ostentatoire que du profit. Les seigneurs sont à l'origine de la noblesse car elles ont mis
d'importants moyens financiers à la disposition des propriétaires terriens.

Grâce à ces revenus, la noblesse s'enrichissait mais elle ne plaçait pas son argent dans le
négoce. Elle le dépense dans le luxe des châteaux et les acquisitions de terres. On dit alors
que la seigneurie et la morale chrétienne ont joué jusqu'a cette époque un rôle négatif à
l'égard du développement industriel et du commerce

Mais à partir du XII iéme siècle l'église n’arrive plus à défendre le prêt à intérêt et à faire
valoir le juste prix. C'est ainsi qu'un nouveau groupe social va se consacrer exclusivement à
des activités commerciales et industrielles. C'est la bourgeoisie, c'est -à-dire de l'ensemble de
ceux qui, indépendamment de leur rang social, constituent la communauté urbaine. Etre
Bourgois c'est d'abord être un citoyen de la ville

En brisant les principes économiques qui régissent la vie ecclésiastique et les habitudes
nobilaires (noblesse), l'action des bourgeois a été essentielle dans le passage de l'économie
domaniale antarique à l'économie artisanale.

12
L'artisan a d'abord vendu dans sa propre ville uniquement. Puis a élargie son horizon
commercial en allant vendre dans les villes et seigneurie voisines. Il lui fallait de nouvelles
sources de financement et le recours au crédit devenait inévitable. Il lui fallait aussi accroître
ses volumes de production c'est ainsi que la structure de l'entreprise artisanale a évolué vers la
manufacture. De plus, qui dit commerce lointain suppose la remise en état des routes, le
recours à la navigation fluviale et maritime et l'équipement des lieus d'échange (entrepôts
installations portuaires)

D'une manière générale, le passage à l'économie de proximité citadine et artisanale à une


économie d'échanges plus intense et plus lointain va induire un accroissement de la
production manufacturière et conduire à une révolution commerciale.

Chapitre 4 : L’essor des activités manufacturières

I. L’essor des activités manufacturières au moyen âge

Aucune règle systématique n’a présidé au développement des activités de production


manufacturières au moyen âge. Elles sont nées spontanément sans plan préétabli en fonction
des matières premières locales, des initiatives individuelles et des courants du commerce
international. Deux faits peuvent expliquer ce développement. Il y a d’abord une
transformation des mentalités. Les occidentaux du moyen âge ne méprisent plus le travail
manuel.

Il y a ensuite un progrès technologique dont va bénéficier l’industrie ; même si ce progrès est


caractérisé par plus d’empirisme que de science. C’est dans la métallurgie que le progrès
technologique est sensible au XIIIè siècle avec la découverte de la fonte et au
perfectionnement des fours. Le charbon de terre remplace le charbon de bois. Le minerai
traité dans les fours de faible capacité donne directement du fer et de l’acier. Par la suite, en
emploi le four hydraulique pour obtenir une température plus élevée et plus régulière. Grâce
au fer et à l’acier, la fabrication des machines se généralise dans tous les domaines. Exemple
du foulage mécanique pour la laine.

II. Les conséquences de l’essor de la production manufacturière au moyen âge

1. La constitution des corps ou communautés de métiers

Les corps ou communautés de métiers se sont spontanément créés. C’est le cas par exemple
des corps de bouchers, le corps des tisserands. A l’origine, ils n’ont aucun caractère publique
ni juridique. Mais le besoin d’une réglementation précise se fait ressentir assez vite ; des
statuts fixés et rédigés par écrits deviennent nécessaires. Le plus souvent c’est la
municipalité qui prend l’initiative de cette rédaction : on parle alors de métiers réglés.
Lorsque c’est le métier qui rédige lui-même ses propres statuts, on parle de métiers jurés.

Naissance de la première forme d’inspection du travail

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La Jurande assure la direction des métiers, qu’il soit réglé ou juré. Les individus qui
composent la Jurande sont des Jurés. Ils sont élus par leurs confrères pour un an ou deux ans.
Nous pouvons ainsi qualifier la Jurande de naissance de l’inspection du travail. En effet, la
Jurande possède un pouvoir disciplinaire sur tous les membres de la communauté. Elle
assure le respect des règlements, en propose parfois des réformes et surveille les conditions
de travail des apprentis.

En tout temps et en toute heure, les jurés ont le droit de visiter les ateliers des maîtres, de
saisir les produits qui ne répondent pas aux normes et d’imposer des amendes. Par exemple,
les bouchers parisiens avaient si mauvaise réputation qu’une ordonnance fut rendue, leurs
interdisait de vendre de la viande si trois témoins ne certifiaient avoir vu la bête vivante et si
elle n’avait été visitée par des jurés. Les jurés en tant qu’experts accomplissaient ainsi un
véritable service d’inspection de travail et de police.

2. La naissance de la classe ouvrière

Dans les ateliers de production manufacturière, on trouve le maître et la main d’œuvre. Le


maître est propriétaire de l’atelier, de l’outillage et de la matière première. Seul, il garde les
profits de l’entreprise, mais il en supporte aussi les risques. La main d’œuvre est constituée
par les compagnons et les apprentis. L’apprenti est un individu qui désire apprendre un
métier. Il est alors agréé chez un maître pour trois ou quatre ans. Responsable de son
éducation et de sa formation professionnelle, le maître peut infliger des châtiments corporels
à l’apprenti.

Le compagnon est un ouvrier formé qui travaille toute sa vie en cette qualité ou qui accompli
le stage requis chez un maître pour accéder à la maîtrise. Les salaires étaient librement
débattus entre patrons et compagnons. La durée du travail fut l’objet de vives revendications
car dans certains métiers, on commençait le travail à 4h du matin pour l’achever à 9h du soir.
La grève est considérée comme un délit puni de prison. Malgré les interdictions et les
menaces de sanctions, compagnons et apprentis se rebellent parfois contre l’autorité
patronale des maîtres. Ainsi, à Beauvais en 1233 le roi fit emprisonner 1500 manifestants.

A côté de cet aspect troublé des relations sociales, l’ambiance chrétienne domaine la vie
morale autour des notions de qualité, de justice et de charité. La qualité se réfère au travail de
l’artisan qui doit être bien fait. Cette qualité est assortie d’une contrepartie qui tient à la
justice à travers la notion de juste prix, c’est-à-dire de juste rémunération et « chacun doit
vivre raisonnablement de son labeur ».

Cette justice conduit à la charité. Celle-ci s’exerce dans deux directions : éviter les conflits et
organiser l’entraide. L’entraide mutuelle apparait comme un système destiné à jouer le role
d’une caisse d’assurance maladie.

Partie III : Les faits économiques des temps modernes et contemporains

Chapitre 5 : Les mutations des temps modernes ou contemporains

14
Les mutations ayant eu un grand impact sur l’économie des temps modernes concernent
l’essor démographique, le progrès scientifique et l’essor industriel et la genèse de l’économie
moderne.

I. L’essor démographique

La croissance démographique est le fait majeur de l’histoire économique des temps


modernes. On peut résumer cette croissance autour de trois grandes phases.
Le XVIè siècle est le temps d’un boom démographique considérable. Malgré quelques
assauts de la peste, les épidémies sont moins fréquentes à partir du XVè siècle. La
conséquence est un taux de croissance de la population mondiale de 50% en 70 ans.
Le XVIIè siècle quant à lui est une période de crise qui ne s’achève qu’au lendemain de la
mort de Louis XIV. Trois fléaux infléchissent l’évolution démographique. D’abord la peste
qui resurgie en 1626 et sévie durant 30 ans. Ensuite il y a eu les guerres de religions, la guerre
de 30 ans. Enfin, il y a eu les famines. Dans l’ensemble, la population mondiale reste
stationnaire sur la période.
Le XVIIIè siècle se présente comme une période de fluctuations autour d’une courte
ascendante. La population s’accroît faiblement, mais de manière persistante. Parmi les
facteurs qui permettent cette progression il y a la baisse de la mortalité infantile et des adultes
du fait de la maîtrise des famines, des guerres et des épidémies. Les taux de natalité quant à
eux sont orientés vers la baisse. 40,5 pour mille entre 1700 et 1770, 36,5 pour mille entre
1771 et 1780.

II. Progrès scientifique et essor industriel

Jusqu’au XVIè siècle, les méthodes de production étaient plus proches de l’art et des
prospections intuitives que des observations rigoureuses, quantitatives et exactes. La
révolution qui se produit vers 1650 se caractérise par son aspect expérimental et
mathématique : toutes les expériences et toutes les observations sont systématiquement
employées dans le cadre d’une réflexion où les mesures quantitatives et les formules
mathématiques ont une importance primordiale. Gilbert, Kepler et Galilée ouvrent les voies
de la physique et de l’astronomie moderne. L’économie en tire profit avec la mécanisation du
système de production. Dans le domaine nautique : l’astronomie nautique, la cartographie, la
boussole permettent un repérage plus facile sur les espaces maritimes.
Ces avancées scientifiques dans le domaine nautique ont donné lieu aux grandes découvertes,
à la traite des esclaves et à la colonisation.
LA colonisation pour sa part a donné lieu à un pillage systématique des pays d’Afrique et
d’Amérique en termes d’argent et d’or. La conséquence est une hausse brutale des prix à
partir de 1520 ; année où les indices de prix passent de 100 à 530 en Europe.
Face à cette hausse des prix, les réactions ont été vives conduisant aux premières réflexions
théoriques sur la monnaie et son rôle dans l’économie comme sur les origines de la hausse
des prix. La controverse la plus célèbre a été celle ayant opposé Malestroit à Jean Bodin.
Selon Malestroit 1565, l’inflation est entièrement imputable à la dépréciation des monnaies,
c’est-à-dire à la baisse du contenu métallique de l’unité de compte. En revanche, le taux
d’échange entre les biens d’une part, l’or et l’argent d’autre part serait resté constant. Cette

15
analyse est peu scientifique puisque l’inflation s’accompagnait d’une augmentation du coût
de la vie (indice des prix qui tient compte du prix de l’ensemble des biens augmentait). Or, il
s’était contenté de l’observation de quelques produits seulement.
Selon Bodin, il y a eu inflation parce que les métaux précieux étaient plus abondants et
avaient perdu de leur valeur marchande. Ainsi, l’offre des métaux précieux excédant l’offre
en produits agricoles et fabriqués provoque une baisse de leurs prix par rapport aux autres
prix ou inversement une hausse de ces prix en termes d’or et d’argent. Ce fut la première
approche de la théorie quantitative de la monnaie. Elle est imparfaite parce que Bodin
n’établit pas un rapport proportionnel entre l’accroissement de la quantité de métaux précieux
et la hausse des prix ; mais plutôt une simple corrélation. C’est en 1588 que Florentin pousse
l’analyse en son terme et démontre que la hausse est proportionnelle à la quantité des métaux
précieux. Une autre réflexion de grande importance à cette époque autour de la monnaie est
celle de Thomas Gresham pour qui, la valeur d’une monnaie viendrait de sa rareté et non par
convention. Selon lui, lorsque deux monnaies sont en circulation, la plus rare, la bonne, se
cache pour laisser la place à la plus abondante, la mauvaise ou plus exactement la plus
dévalorisée. Comme il fallait s'y attendre, l’inflation avait été défavorable à la répartition des
fruits de la croissance dans l’équité.

III. La genèse de l’économie moderne

Le développement de la société moderne s’est inspiré des idées du développement


économiques émises par plusieurs auteurs relevant du domaine de l’économie de
développement. Entre autres auteurs on peut citer ROSTOW, avec ses réflexions sur les
« étapes de la croissance économique » où ADAM SMITH avec ses travaux sur la nature et
les causes de la richesse des nations.

1. ROSTOW et les étapes de la croissance économique

Pour Rostow, le développement serait un phénomène inéluctable. Certains pays ayant


simplement débuté le processus avant d’autres. Tout ne serait donc qu’une question de temps.
Sous cette hypothèse, Rostow dans son ouvrage intitulé « Les étapes de la croissance
économique » tente de dégager les caractéristiques uniformes de la modernisation des
sociétés. Selon lui, les sociétés parcourent au cours de leur développement cinq différentes
étapes : la société traditionnelle, les conditions préalables au décollage, le décollage, le
progrès vers la maturité et l’ère de la consommation de masse.
a. La société traditionnelle
C’est une société stationnaire où l’agriculture est l’activité principale et occupe au moins
70% de la population. Elle se réfère à un système de valeurs fondé sur le fatalisme et n’aspire
pas au changement. Hormis la consommation, le revenu national est dépensé à des fins non
productives. La société est hiérarchisée, le pouvoir concentré entre les mains des propriétaires
terriens, ou incarné dans une autorité centrale qui s’appuie sur l’armée et les fonctionnaires.

b. Les conditions préalables au décollage

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Cette étape se caractérise par de profondes mutations dans les trois secteurs non industriels
que sont : les transports, l’agriculture et le commerce extérieur. On assiste à la mise en place
de structures favorables au développement notamment par le développement du système
bancaire et la création d’infrastructures nécessaires au développement industriel.
Pour ce qui est de l’agriculture, ces changements portent sur les gains d productivité
qu’elle enregistre permettant de nourrir une population croissante, d’assurer les exportations
nécessaires à l’équilibre des échanges extérieurs et elle autorise la réunion des conditions
nécessaires au développement industriel.
Dans le domaine des échanges extérieurs, le changement se manifeste par
l’augmentation des importations, financées par une meilleure mise en valeur et l’exportation
des ressources naturelle.
Le développement des transports et des moyens de communication s’opère en liaison
avec la commercialisation des matières premières qui présente un intérêt économique pour
d’autres pays.

c. Le décollage

Le décollage est la période pendant laquelle la société finie par renverser les obstacles et les
barrages qui s’opposaient à sa croissance régulière. Selon Rostow, cette étape cruciale est
d’une durée assez brève, une à deux décennies. Trois conditions sont cependant essentielles
au décollage :
Le taux d’investissement productif passe de moins de 5% à plus de 10% du revenu
national. Dans tous les cas, il doit être supérieur à la pression démographique. Cette
augmentation des investissements peut se faire par un appel aux capitaux extérieurs
La création d’industries motrices susceptible d’entrainer l’apparition d’industries
d’amont et d’aval. Ces industries peuvent être stimulées dans leur croissance par le
développement du commerce extérieur ou encore la substitution de la production national aux
importations. Par ailleurs, une large diffusion des innovations et des taux d’intérêt faibles
facilitent le mouvement de l’industrialisation.
La mise en place rapide d’un appareil politique, social et institutionnel axé vers le
développement afin que « le taux de croissance de l’économie puisse par la suite rester
constant ». Comme le dit si bien Szentes « le décollage est accompagné d’une victoire
politique, sociale et culturel décisive des futurs responsables de la modernisation de
l’économique sur les partisans de la société traditionnelle ou ceux qui poursuivent d’autres
buts »

d. Le progrès vers la maturité

C’est une période de progrès soutenue au cours de laquelle la croissance gagne l’ensemble
des secteurs de l’économie et on assiste à une mise en œuvre plus générale des techniques
modernes :
Un nouvel accroissement du taux d’investissement qui passe de 10 à 20% du PIB
Une diversification de la production avec l’apparition de nouveaux secteurs dominants
dans l’industrie

17
La structure de la production active se modifie et on note un phénomène
d’urbanisation croissant.

e. L’ère de la consommation de masse

La production des biens de consommation durables et les services deviennent


progressivement les principaux secteurs de l’économie. Les objectifs de la société évoluent
vers la consommation et le bien-être. A ce stade, les Etats peuvent privilégier trois différentes
politiques :
- La recherche de la puissance et de l’influence extérieure
- La création d’un Etat providence
- L’élévation des niveaux de consommation pour dépasser les besoins alimentaires, le
logement et les vêtements nécessaires

2. ADAM SMITH (1776) : Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations

Cet auteur dans son ouvrage célèbre « Recherche sur la nature et les causes de la richesse
des nations » expose les biens faits de la division du travail et défend l’idée qu’une main
invisible coordonne l’ensemble des activités des agents économiques et aboutissent
spontanément à la création d’un optimum social sans aucune intervention de l’Etat.
L’individu en ne cherchant que son intérêt personnel travaille souvent d’une manière bien
plus efficace pour l’intérêt de la société. La « main invisible » est une métaphore qui signifie
simplement que dans une économie de marché, chaque individu qui prétend suivre son intérêt
personnel est en fait amené consciemment ou pas à participer à la réalisation de l’optimum
collectif. C’est le célèbre exemple du boucher et du Boulenger qui poursuivent chacun leurs
intérêts individuels ; mais qui sont utiles à la société toute entière. Adam Smith fut ainsi
fasciné par le gain prodigieux de productivité qu’entrainaient la division et la spécialisation
des taches.
Pour Adam Smith la division du travail et la spécialisation des taches accroissent certes la
productivité, mais ce qui est plus important c’est qu’elles permettent la croissance
économique et l’amélioration du niveau de vie.
Adam Smith pose de nouveau la distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange. Le plus
souvent ces deux valeurs sont extrêmement différentes pour une même marchandise.
Exemple de l’eau et le diamant : rien n’est plus utile que l’eau, mais on ne peut rien obtenir
en échange de celle-ci. Un diamant au contraire n’a presque pas de valeur d’usage mais on
peut obtenir une très grande quantité d’autres biens en échange du diamant.
Adam Smith a également prôné le « laisser faire ». Pour lui, les gouvernements sont
improductifs. Donc, moins un gouvernement intervient dans la vie économique, mieux elle se
porte. Adam Smith n’est cependant pas opposé à toute intervention de l’Etat dans l’économie
générale. Ce qu’il redoute est que le gouvernement entrave l’action de la main invisible
(mécanisme spontané par lequel l’intérêt individuel et la concurrence aboutissent à
l’allocation optimale des ressources).

18
Chapitre 6 : La révolution Industrielle

Introduction

La Révolution industrielle désigne une période historique qui va de la fin du XVIIIè siècle
au début du XXè siècle. Cette période est marquée par des changements et d’importantes
découvertes dans les domaines de la production agricole et industrielle, la médecine, les
transports et les communications, lesquels vont modifier profondément la vie humaine. Cette
révolution apparaît d’abord en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle avant de s'étendre au
cours du XIXe siècle au continent européen et aux Etats-Unis.

I- La révolution Anglaise

La révolution dite anglaise a porté sur trois grands secteurs d’activités: le textile, l’énergie, la
métallurgie, les transports et la démographie.

a- Le textile

L’innovation dans l’industrie textile est le point de départ de la révolution industrielle. Une
vague d’inventions a en effet révolutionné les méthodes de filage, de tissage et d’impression
des motifs et des couleurs. Cette industrie fut la première à être mécanisée. En effet,
lorsqu’en 1733 John KAY (1704-1780) inventa la Flying Shuttle (navette volante) la
production textile était encore réalisée soit à domicile, soit dans des ateliers artisanaux.
C’était le plus souvent un revenu complémentaire acquis pendant les temps morts de
l'agriculture. La production va être concentrée dans des manufactures, utilisant une très
importante main-d'œuvre dans de mauvaises conditions d'hygiène, d'éclairage, de bruit et de
sécurité.

b- L’énergie

Avant la révolution industrielle, les seules sources d’énergie disponibles étaient le vent, l’eau
et l’énergie humaine et animale brutes. Dès lors, l’apparition de la machine à vapeur, où
la combustion du charbon produit de la vapeur, laquelle vapeur, correctement canalisée,
permet d’actionner un mécanisme comme une roue ou un piston, allait représenter une
révolution. Si la première machine à vapeur peut être considérée comme ayant été
inventée par HERON d’Alexandrie (grec ayant vécu au premier siècle après J.-C.), plusieurs
historiens attribuent l’invention du mécanisme moderne de transformation de la vapeur en
énergie mécanique à TAQI AL-DIN (1526-1585). C’était un philosophe, scientifique et
astronome turque.
Malgré cette importante découverte, aucun scientifique de cette époque n’eut l’idée de les
appliquer de façon systématique à des processus industriels. C’est finalement beaucoup
plus tard que le français Denis PAPIN (1647-1712) met au point la première machine
à vapeur (ce fut d’abord un piston en 1690, puis une machine en 1707).
L’invention de PAPIN va être perfectionnée par Thomas SAVERY (1650-1715) en 1698,
puis par Thomas NEWCOMEN (1663-1729) qui ont chacun mis sur pieds des procédés

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d’extractions d’eau des mines de charbon à l’aide de machines actionnées par l’énergie
extraite de la vapeur.
Entre 1750 et 1850, la production anglaise de charbon se multiplie rapidement. L’invention
de SAVERY et NEWCOMEN va ensuite être perfectionnée par James WATT (1736-1819)
entre 1763 et 1765 qui y a ajouté un volant, un régulateur à boules, un tiroir à distribution
de la vapeur, un balancier avec son parallélogramme articulé et un condensateur externe,
toutes améliorations qu’il allait soigneusement breveter.

c- La métallurgie

Grâce à l’usage des machines-outils utilisant l’énergie issue de la vapeur (par exemple
pour refroidir le métal en fusion), mais aussi grâce à des procédés de fabrication
nouveau par HENRY CORT (1740-1800) et des moyens de transports plus pratiques et
rapides, le coût de production et de transport du fer a considérablement baissé à
partir des années 1760 à la suite du remplacement du bois par le charbon, d’une part, et
d’une série d’inventions d’autre part. La production anglaise de fer augmenta massivement.
Le fer sera alors utilisé en grande quantité dans la production de ponts, de chemins de fer et
d’immeubles.

d- Les transports

L’essor industriel et agricole de l’Angleterre n’aurait pas pu avoir lieu sans le


développement d’une infrastructure de transport sophistiquée. La particularité de ce
développement est qu’il a reposé sur l’initiative privée, bel exemple de l’existence
d’investissements à long terme qui sont dans l’intérêt le plus essentiel du progrès
économique d’une nation. Ainsi, l’essor des canaux et des routes c’est fait sur la base
d’initiatives privées. En ce qui concerne les routes, en particulier, l’idée de construire
des routes et de les rentabiliser au moyen de péages a donné naissance en Angleterre à des
entreprises spécialisées, les turnpike trusts.
C’est d’abord l’essor des canaux qui a considérablement réduit le coût de transport des
marchandises sur de longues distances. L’on a commencé à construire des canaux en
Angleterre vers la fin du 18ème, afin de relier les principaux centres industriels des
Midlands et du Nord avec les ports anglais et en particulier Londres qui était à cette
époque le centre manufacturier du pays. Ce fut la première technologie développée pour
permettre le transport de matières premières à travers le pays. Le réseau national de
canaux était pratiquement achevé vers 1820 et servit par la suite de modèle à la construction
des chemins de fer qui devinrent un moyen de transport de marchandises plus rentable à
partir de 1840.
Les très gros investissements nécessaires à la réalisation des canaux furent financés par des
prêts bancaires. Plusieurs milliers de kilomètres de canaux furent ainsi construits par le
secteur privé. Le réseau de canaux construits par les anglais à l’aube de la Révolution
industrielle est l’un des témoignages encore visible de cette époque.
C’est ensuite la création des routes qui a facilité les flux de population et de
marchandises entre les campagnes et les villes, sous l’impulsion d’hommes tels que John
METCALF (1717-1810), Thomas TELFORD (1757-1834) et John Loudon McADAM

20
(1756-1836) qui sont à l’origine d’un nouveau procédé de construction de routes
aux surfaces moins rudes et plus dures en même temps, dont le nom est resté dans l’histoire
sous l’appellation de « macadam ».
Les débuts du chemin de fer sont plus tardifs (la première ligne de chemin de fer fut
inaugurée en 1825). Contrairement à ce qui s’est passé dans des pays comme la
France, l’Allemagne ou les Etats-Unis, ce n’est pas le chemin de fer qui a été le
principal fer de lance de la révolution industrielle anglaise.
L’idée de faire circuler des véhicules sur des rails remonte à l’antiquité grecque avec le
DIOLKOS (du grec « dia » qui signifie de part en part et « holkos » qui signifie
transport) qui permettait de transporter les bateaux de part et d’autre de l’Isthme de Corinthe.
Par la suite, l’idée a été reprise à travers les chariots hippomobiles qui circulèrent en
France dès le 16ème siècle. Mais c’est bien sûr l’arrivée de la vapeur qui a permis l’essor du
chemin de fer et sa contribution à la révolution industrielle en Angleterre et ailleurs.

e- L’explosion démographique

Les historiens de l’économie admettent que la pression démographique est un des facteurs clé
du développement de l’humanité. On imagine mal en effet comment l’humanité aurait
pu atteindre le niveau de développement technique qu’elle connaît aujourd’hui si la
population mondiale était restée à son niveau de l’an zéro de notre ère (soit environ 250
à 300 millions d’habitants). Il n’est donc pas étonnant que la révolution industrielle anglaise
se soit accompagnée d’une très forte croissance démographique.
Entre 1701 et 1841, la population anglaise a pratiquement triplé, passant de 5,8 à
15,9 millions d’habitants (voir le graphique 5). Ce triplement est d’ailleurs à l’origine des
inquiétudes du pasteur anglais Thomas Robert MALTHUS (1766-1834).
Il faut noter que c’est également de la révolution industrielle que date l’accroissement
exponentiel de la population mondiale.

II- La révolution industrielle dans le reste du monde

Les premiers espaces à s'être industrialisés après la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIè siècle
sont la Belgique, le nord de la France et la Suisse au début du XIXe siècle : ce sont les pays de
la première vague. L'Allemagne et les États-Unis s'industrialisent à partir du milieu du XIXe,
le Japon à partir de 1868 puis la Russie à la fin du XIXè : ils forment les pays de la deuxième
vague.
Les transformations économiques, politiques et sociales sont telles que certains penseurs,
comme Max Pietsch et David Landes, veulent y voir une rupture avec le passé. D'autres
pointent plutôt la convergence d'éléments que le contexte historique favorise et diffuse
au XIXè siècle. Karl Polanyi, dans La Grande Transformation (1944), expose notamment
l'idée d'un siècle marqué en Amérique, en Asie et en Europe par :
- Un équilibre politique international avec une absence de grandes guerres entre 1815 et
1914.
- Un équilibre monétaire caractérisé par le système de l'étalon-or et l’absence
d'inflation.

21
- Un équilibre économique dominé par l’acceptation de l’idée de l'économie de marché.
Sans méconnaître l'impact des transformations portées par la révolution industrielle, (voir par
exemple l'expression « Rerum Novarum » employée par le Pape Léon XIII dans son
encyclique homonyme : un ensemble de « choses nouvelles » forment un mouvement
économique et social inédit et déconcertant qui pose la question sociale), certains éléments
assurent une certaine continuité entre les périodes préindustrielles et industrielles. Walt
Whitman Rostow est l'un des premiers à en rendre compte. è
Franklin Mendels parle d'une situation de « proto-industrialisation » dans de nombreuses
régions d'Europe et Pierre Léon note l'existence de « nébuleuses industrielles » antérieures
au XIXè siècle. De même, Bernard Rosier et Pierre Dockès montrent que l'avènement
du factory system fait suite à l'expérience antérieure du manufactory system et Alexander
Gerschenkron note que la révolution industrielle dans le reste du monde est surtout le résultat
d'obstacles économiques, politiques et sociaux qu'opposaient les sociétés traditionnelles et
surmontés par chaque État.
Enfin, Fernand Braudel note qu’il n'y a jamais entre passé et présent de discontinuité absolue,
ou si l'on préfère de non contamination. Les expériences du passé ne cessent de se prolonger
dans la vie présente. Ainsi, de nombreux auteurs situent le début de la révolution industrielle
au Moyen Âge (qui a déjà révolutionné le monde du travail par le renouvellement des sources
d'énergie hydraulique et éolienne et par l'invention technologique) 15 ou au début de
la Renaissance. Paul Mantoux parle de l'existence d'un capitalisme industriel dès le milieu
du XVIè siècle, mais la révolution industrielle en soi date, selon lui, du XVIIIe siècle.
La première locomotive à vapeur qui a fonctionnée sur des rails, a été construite par Richard
Trevithick et essayée en 1804 à Merthyr Tydfil au Pays de Galles. Cette tentative n’a pas été
réussie parce que l’appareil était trop lourd. En 1811, John Blenkinsop conçut la première
locomotive réellement utilisable. Il fit breveter un système de transport du charbon mû par
une locomotive à vapeur. La ligne fut construite, raccordant Middleton Colliery à Leeds. La
locomotive a été construite par Matthew Murray de Fenton, Murray and Wood. Le Middleton
Railway fut donc le premier chemin de fer à utiliser la vapeur avec succès dans un objectif
commercial. Le premier réseau voit le jour en Europe continentale dans la région de Saint
Étienne, en France, entre 1827 et 1830. En Europe et en Amérique du Nord, la période de
plus grand développement du chemin de fer va de 1848 à 1914.

III- Quelques conséquences majeures de la révolution industrielle

La révolution industrielle a eu de nombreuses conséquences sur les modes de production


mais aussi sur le quotidien des populations.

a- Les conséquences sur le travail et l’éducation des enfants et la hausse du


chômage

Avant la révolution industrielle, la majorité de la population travaillait dans les champs. La


main d’œuvre nécessaire était importante car le travail était long et difficile. Ainsi,
l’agriculture était la source principale de travail. Mais avec l’apparition de la machine à

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vapeur et la mécanisation de l’agriculture, le travail dans les champs est devenu plus facile,
plus efficace et nécessitait moins de travailleurs. Et comme la population dans les
campagnes augmente et que le travail diminue, il va y avoir une augmentation importante du
chômage.

Ces travailleurs vont alors se tourner vers les villes où se trouvent de grands
bâtiments : les usines, entrainant ainsi un phénomène d’exode rural, c’est-à-dire un
déplacement important des individus quittant la campagne pour aller habiter en ville pour y
trouver du travail et des conditions de vie meilleures. Cependant, les conditions de travail
dans les mines de charbons et les usines sont très pénibles, en particulier pour les
femmes et les enfants. Les journées de travail des ouvriers sont très longues, ils sont
très mal payés et également logés dans des habitations précaires. La conséquence directe
en a été le vieillissement rapide de la population et la réduction significative de l’espérance
de vie à la naissance.

Durant une grande partie du XIXè siècle, la plupart des enfants travaillent pour
rapporter un salaire et permettre à leur famille de survivre. Faute d’aller à l’école, ils
n’apprennent rien et n’ont d’autre choix que de faire les mêmes travaux pénibles toute leur
vie. L’industrialisation aggrave leur situation. Ils se retrouvent dans les usines ou les mines
isolés de leur famille. Ils ont les mêmes conditions de travail que les adultes, maltraités pour
travailler plus vite, longtemps et bien. Les conséquences sont le défaut d’éducation et
l’analphabétisme qui touchent un grand nombre d’enfants, souvent frappés par la
tuberculose, du fait de la poussière et de l’humidité présente dans les mines. Les enfants
souffrent plus particulièrement de scolioses et de rachitisme. Les garçons de onze et
douze ans des milieux ouvriers ont une taille en moyenne inférieure de 12 cm à ceux
des milieux bourgeois et aristocratiques qui allaient à l’école et connaissaient une vie plus
tranquille.

Cependant, les luttes et les revendications sociales vont donner lieu à des réformes. Vers
1840 en Europe et dans presque toutes les autres zones géographiques en plein essor
industriel, il sera interdit de faire travailler les enfants de moins de 8 ans. Vers 1850, les
ouvriers obtiennent le droit de se regrouper en syndicats, lesquels sont des associations de
personnes à but non lucratif et donc la mission consiste à défendre les droits des ouvriers et
de dénoncer les mauvaises conditions de travail et les mauvais traitements. Vers 1880, l’école
devient obligatoire en Suisse pour les enfants à partir de 6 ans révolus jusqu’à 14 ans révolus.
C’est donc la fin du travail pour les jeunes enfants de moins de 14ans. Vers 1890, le temps de
travail des femmes est limité à 11 heures et interdit la nuit. Celui des jeunes de moins de
18ans est limité à 10 heures. A la fin du XIXè siècle, le temps de travail est limité à 10 heures
par jour et par personne.

b- Les conséquences sur les transports et les moyens de communication

L’emploi de la machine a également favorisé le développement de nouveaux modes


transports, notamment celui du train qui est beaucoup plus rapide que les voitures tirées par
des chevaux. Les bateaux à vapeur gagnent font leur apparition et les longs voyages sont
rendus plus faciles. Ainsi, la construction des voies ferrées permet de relier les villes entre
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elles et de transporter plus rapidement des individus et les marchandises produites par
les usines. Les progrès des transports maritimes permettent également la multiplication des
échanges commerciaux et humains.

Dans la seconde moitié du XIXè siècle, les ingénieurs ont inventé le moteur à explosion qui
fonctionne au pétrole. Celui-ci a permis de mettre au point l’automobile (vers 1886) et
l’avion. Une autre invention qui a révolutionné la vie quotidienne des villes occidentales est
l’électricité. Plus pratique et moins dangereuse que le gaz, elle permet d’éclairer les
boulevards et les rues. Elle bouleverse encore les transports urbains, aboutissant à la
création des premiers tramways et des métros (1890 à Londres, 1900 à Paris). Finalement, la
transmission sans fil (TSF) avec ces chansons, ses émissions d’information et éducatives,
fait pénétrer le monde extérieur dans l’espace privé pour la première fois. Cependant, en
raison de son coût élevé, la radio reste assez peu répondue et ne deviendra un produit de
grande consommation qu’au milieu du XXè siècle.

c- Les conséquences sur la science et la santé

Deux grandes découvertes scientifiques vont considérablement marquer le XIXè siècle. En


effet, grâce aux innovations techniques qui découlent de la révolution industrielle, les
chercheurs vont pouvoir collaborer et faire progresser énormément les sciences. Ainsi, Marie
Curie, une physicienne française va, avec la collaboration de son mari, découvrir la
radioactivité qui permettra plus tard le développement de la médecine par rayon X. Louis
Pasteur qui également un scientifique français va découvrir l’action des microbes dans le
développement des infections. C’est ainsi qu’il va mettre au point un vaccin contre la rage.
Bien évident, plusieurs autres découvertes vont voir le jour grâce aux retombées de la
révolution industrielle, ce qui va améliorer les standards de vie dans le monde et réduire le
taux de mortalité dans le monde.

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