Vous êtes sur la page 1sur 37

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion

Licence 1
2e Semestre
2015-2016

HISTOIRE DE LA PENSEE ECONOMIQUE

Equipe pédagogique HPE


PLAN DU COURS
INTRODUCTION

A. LE MERCANTILISME
B. LA PHYSIOCRATIE
C. LE COURANT CLASSIQUE
D. LES SOCIALISTES
E. LE COURANT NEOCLASSIQUE
F. JOHN MAYNARD KEYNES ET LE KEYNESIANISME
G. LA PENSEE ECONOMIQUE CONTEMPORAINE

CONCLUSION
INTRODUCTION
La pensée économique repose sur les réflexions de quelques
grands économistes, fruit de leur époque et de leur courant de
pensée . Leurs ouvrages ont souvent servi de référence à
l’analyse économique. L’histoire de la pensée économique met
en jeu l’étude de différents courants de pensée aux approches
différentes, souvent complémentaires, parfois contradictoires.
S’il n’est pas possible de retracer toutes les étapes de cette
histoire depuis les débuts de l’humanité, il est, par contre,
possible d’en donner un résumé en retenant les moments les
plus caractéristiques.
Historiquement, les idées économiques sont d’abord apparues comme liées
à la philosophie, à la religion, à la politique. Puis, la pensée économique est
devenue autonome.
En effet, bien avant la révolution industrielle, les questions économiques
sont vivement débattues. Trois auteurs se sont particulièrement illustrés par
leurs réflexions économiques : PLATON (428 av. J.C., décédé à Athènes en
347 av.J.C.) et ARISTOTE (-384 à -322 av. J. C.) dans l’Antiquité, THOMAS
D’AQUIN au Moyen-âge. Deux questions concernant l’économie vont faire
débat entre PLATON et ARISTOTE :

• La première question est celle de la propriété : faut-il que celle-ci soit


collective, comme le pense PLATON, ou privée, ainsi que le soutient
ARISTOTE ?
• La seconde question est celle de la répartition de la richesse : celle-ci
doit-elle être distribuée égalitairement, comme l’exige PLATON, ou faut-il
qu’elle soit distribuée proportionnellement à l’effort de chacun comme va
l’expliquer ARISTOTE ?
Par la suite, THOMAS D’AQUIN, réfléchissant sur la pensée d’ARISTOTE, va
largement reprendre à son compte les idées du penseur grec et tenter, dans
un autre domaine, celui du taux d’intérêt, de faire évoluer la pensée de
l’église.
Il existe une méthodologie pour étudier les faits et les théories économiques
passées. En effet, nous distinguons deux écoles : l'école absolutiste et l'école
relativiste.
• L'école absolutiste : Pour cette école, il faut juger les théories du passé au
moyen des normes de la théorie moderne, c'est-à-dire avec ses outils et
ses concepts actuels. Les limites de cette approche, c'est de ne voir que les
erreurs et les défauts des auteurs étudiés sans apprécier ni les limites de
l'analyse dont ils sont les héritiers, ni les circonstances historiques et
économiques dans lesquelles ils écrivent.
Exemple : les mercantilistes étaient favorables au protectionnisme en matière
de commerce international. Dans l'optique absolutiste, on dira par exemple
qu'il n'avaient pas compris les bienfaits du libre-échange et que c'est pour
cela qu'ils étaient protectionnistes, ce qui est une erreur au regard de la
théorie actuelle.
• L'école relativiste : Elle soutient le contraire de la précédente. Selon
l'école relativiste, on ne doit pas juger les théories passées en utilisant
les connaissances actuelles. Ca donnerait l'impression (fausse) que la
théorie actuelle est juste et que tout ce qui ne correspond pas à la
théorie actuelle est "une erreur du passé". Pour l'école relativiste, il faut
apprécier la contribution de chaque auteur par référence au contexte
de son époque. Il faut essayer de montrer pourquoi tel auteur a
défendu une théorie en remontant au contexte historique et à la
formation de l'auteur.
• Exemple : les mercantilistes étaient protectionnistes, c'est un fait. Il ne
s'agit pas de dire que c'est une erreur. Mais de comprendre pourquoi ils
étaient protectionnistes. On dira par exemple que c'est parce qu'ils
avaient sous les yeux l'exemple de la conquête des Amériques par les
espagnols, dont les bateaux revenaient chargés d'or. Et que l'or était
considéré à l'époque comme le symbole de la richesse. Donc, il fallait
aller le chercher à l'extérieur, soit par la guerre, soit par le commerce.
Mais il fallait aussi l'empêcher de sortir, en évitant d'importer trop
puisque les importations sont sources de sorties d'or.
• Même s'il y a deux écoles, nous ne somme pas
obliger de nous rallier à une école spécifique.
Nous pouvons sans difficulté passer de l'une à
l'autre suivant celle qui est la plus appropriée
pour l'idée considérée. En économie, aucune
théorie n'est jamais définitivement éradiquée.
• Dans ce cours nous ne remonterons pas à
l'antiquité pour envisager l'histoire de la
pensée économique, le mercantilisme sera
notre point de départ.
A. LE MERCANTILISME
• Dans un contexte de capitalisme commercial, marqué par
la multiplication des transports, les grandes découvertes et
les monarchies absolues de France et d'Espagne se
développe le courant mercantiliste, qui dominera la
pensée économique européenne entre le 16e siècle et le
milieu du 18ème siècle.
• Jusqu'au Moyen Âge, les questions économiques étaient
traitées sous l'angle de la religion et les théologiens étaient
les principaux penseurs des questions économiques.
• Le mercantilisme marque, la fin de la prééminence des
doctrines de l'Église dans l'organisation sociale.
• I. LES PRINCIPES FONDAMENTAUX
Le mot « mercantiliste » vient de l'italien « mercante » qui signifie « marchand ».
Cette doctrine économique prône le développement économique par
l'enrichissement des Etats-nations au moyen de l’or d’abord, puis du commerce, mais
aussi de l'industrialisation. En effet, elle prend pour objectif le renforcement de la
puissance de l'État, représenté par le monarque absolu. Dans ce sens est prônée une
« guerre commerciale », se basant sur le protectionnisme et l'interventionnisme. Les
mercantilistes veulent une conquête des marchés extérieurs (ventes à l'extérieur des
produits manufacturés) mais une préservation (ou une extension) du marché.
• II. LES PRINCIPAUX COURANTS DE PENSEE MERCANTILISTE
De la fin du Moyen-âge au milieu du 18ème siècle, le mercantilisme se répandra
dans la plupart des nations européennes en s'adaptant aux spécificités nationales. Il
existe donc plusieurs écoles mercantilistes qui se différencient principalement sur la
façon de procéder pour accumuler la richesse. On distingue parmi les écoles
mercantilistes : le bullionisme (ou « mercantilisme espagnol ») qui préconise
l'accumulation de métaux précieux ; le colbertisme (ou « mercantilisme français »)
qui est tourné pour sa part vers l'industrialisation ; Le mercantilisme fiduciaire, le
commercialisme (ou « mercantilisme britannique ») qui voit dans le
commerce extérieur la source de la richesse d'un pays.
• 1. Le mercantilisme espagnol
Il est né en Espagne. On l'appelle aussi parfois le « Bullionisme » de l'anglais
« bullion » (lingot). Ce mercantilisme est né de la préoccupation spécifique
de l'Espagne qui était de conserver dans le pays l'or qui venait de ses
conquêtes. On retrouve aussi ce souci au Portugal, en Italie ou d’autres pays
européens tels l’Angleterre. L'augmentation de la richesse, selon cette «
école », se fait donc par accumulation d'or et d'argent.

• 2. Le colbertisme (ou « mercantilisme français »)


Il est représenté par des hommes tels que Jean BODIN (1530-1596), Antoine
de MONTCHRESTIEN (1575-1621) et Jean Baptiste COLBERT (1619-1683). Il
s'agit toujours d'enrichir l'Etat, mais par le développement industriel. L'Etat
doit donner l’impulsion en créant de grandes activités, « les manufactures ».
Ce mercantilisme est davantage un interventionnisme de l’Etat dans la vie
économique, un volontarisme industriel, qu’un protectionnisme. Il s’appuie
sur une conception de la richesse qui ne se réduit pas au métal précieux.
• 3. Le mercantilisme fiduciaire
Il a été expérimenté en France par l'Ecossais John LAW (1671-1729). Ce mercantilisme est
basé sur l'idée que le développement économique (donc l'enrichissement de l'Etat) ne peut
se faire que s'il existe un système bancaire moderne, basé sur la circulation de billets émis par
une banque centrale, ces billets étant eux-mêmes gagés sur l'or détenu par la banque. Cette
conception entraîne la prise en compte d'un élément essentiel dans les conditions du
développement : c'est la confiance que les agents économiques ont dans le système bancaire.

• 4. Le commercialisme (ou « mercantilisme britannique »)


Ce mercantilisme est essentiellement anglais et représenté par des hommes très liés à la
Compagnie anglaise des Indes Orientales, comme Thomas MUN (1551- 1641) ou Josiah CHILD
(1630-1699), qui prônent un mercantilisme basé sur l'enrichissement par le commerce en
général et le commerce maritime en particulier.
Dans son ouvrage « L'enrichissement de l'Angleterre par le commerce extérieur » publié en
1664, Thomas MUN souligne que le commerce extérieur, principalement maritime (vu que
l’Angleterre est une île) est le moyen essentiel d'enrichir le Trésor anglais.
Josiah CHILD, dans ses publications en 1668, défend l’idée que le commerce avec les colonies
doit demeurer un monopole anglais. Tout comme beaucoup de mercantilistes, il est
populationniste.
B. LA PHYSIOCRATIE
Les physiocrates ou comme ils s'appelaient entre eux la secte des économistes, vont s'opposer aux idées
des mercantilistes. Le terme de physiocrate, développé par Pierre Samuel du Pont de Nemours, signifie
littéralement « gouvernement de la nature » (du grec Phusi = nature et Kratos = pouvoir). L'école des
physiocrates est originaire de France et a eu son apogée au cours de la seconde moitié du 18ème siècle.
Le plus célèbre d'entre eux est François Quesnay, auteur du 1er « Tableau Economique d’Ensemble » en
1758, première représentation globale de économie nationale sous formes de circuit.
Il est donc le premier à penser l’économie comme un tout (« holisme méthodologique ») plutôt qu’une
somme d’entités économiques individuelles (« individualisme méthodologique »). C’est pourquoi il est
considéré comme le précurseur de la pensée de KEYNES.

• I. IDEES ESSENTIELLES
Les idées essentielles qui ressortent de l’école physiocrate sont :
• - La terre est présentée comme la seule créatrice de richesses. Les autres activités comme
l'artisanat ou la manufacture n'étant que transformatrices (« tout vient de la terre »). Ils s'élèvent
contre les politiques qui délaissent la terre au profit de l'industrie naissante ;
• - La croyance en des « lois naturelles » : contrairement aux mercantilistes, les physiocrates
s'opposent à l'intervention de l'État. Ils mettent en avant l'existence de lois économiques, comme il
existe des lois en physique. Du fait de l'existence d'un ordre naturel gouverné par des lois qui lui
sont propres, le seul rôle des économistes est de « révéler » ces lois de la nature. Les Physiocrates
sont donc partisans du libéralisme (liberté d'entreprendre, de faire du commerce). L'individu sait à
priori mieux que l'Etat ce qui est bon pour lui.
• II. LES AUTRES PHYSIOCRATES
François QUESNAY a su réunir autour de lui des hommes éminents qui furent
à la foi ses amis et contribuèrent à propager ses idées, voire à les appliquer au
plus haut niveau de l’Etat.

• 1. Vincent, marquis de GOURNAY (1712-1759)


Plus qu’un physiocrate ruraliste, GOURNAY est un libéral qui influença les
physiocrates à qui il transmet :
Il n’a pas laissé d’œuvre écrite et l’on ne connaît ses idées que par
l’intermédiaire de TURGOT. C’est à lui que l’on doit la célèbre formule «
Laissez faire, laissez passer, le monde va de lui-même ».

• 2. Victor de Riqueti Marquis de MIRABEAU (1715-1789)


Dans ses ouvrages : « L’ami des hommes » et la « Théorie de l’impôt », il
développe l’idée d’un retour aux valeurs de la terre et la nécessité d’une plus
grande liberté laissée par l’Etat aux agents économiques.
• 3. Paul Pierre le MERCIER DE LA RIVIERE, (1720-1794)
Physiocrate de l’entourage de QUESNAY avec qui il a sympathisé. Il défend
l’idée de GOURNAY selon laquelle, libéré des diverses réglementations que
l'Etat impose aux échanges, « le monde va de lui-même ». Il est l’auteur d’un
ouvrage intitulé « L'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques » (1767)
• 4. Anne Robert Jacques TURGOT (1727–1781)
Homme politique et économiste français, profondément physiocrate. Ami de
François QUESNAY mais aussi d’Adam SMITH, il constitue un trait d’union
entre la physiocratie et l’économie politique classique. Son ouvrage le plus
connu reste les « Réflexions sur la formation et la distribution des richesses
». Il partage pleinement l’idée de QUESNAY selon laquelle le sol est la seule
source de richesse.
• 5. Pierre Samuel DUPONT de NEMOURS (1735- 1817)
Un des proches de François QUESNAY avec qui il écrivit notamment
l’ouvrage Physiocratie (1768). Il fut l’un des rédacteurs du Traité de Versailles
de 1783, qui mit fin à la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique.
C. LE COURANT CLASSIQUE
La pensée classique accompagne les révolutions industrielles en occident. Elle marque
l'avènement de l'économie moderne.
La période classique commence avec le traité d’Adam Smith sur la Richesse des Nations
en 1776 et se termine avec la publication en 1848 des Principes de John Stuart Mill. Cette
pensée est historiquement développée en France et en Grande-Bretagne.
C'est Karl Marx qui inventera le terme classique en opposant les économistes classiques
aux économistes vulgaires. Keynes adopte une vision plus large lorsqu'il fait référence aux
Classiques car il étend cette école jusqu'aux travaux de Pigou (1930). Pour lui, l'ensemble
des économistes qui adhèrent à la loi de Say font partie de l'école classique.

• I. IDEES ESSENTIELLES
Les idées essentielles qui ressortent de l'école classique sont :
- croyance en des « lois naturelles », comme les physiocrates, c'est-à-dire un marché
autorégulé par la concurrence. L'équilibre économique se réalise spontanément
(notamment par les prix qui s'ajustent à la hausse ou à la baisse).
- partisans de la liberté économique, du libre échange « laisser faire, laisser passer » et
théorie de « l'Etat Gendarme » (l'État se contente d'assumer les fonctions régaliennes : la
police, la défense nationale, l'Éducation nationale, la justice).
II. QUELQUES AUTEURS CELEBRES

Parmi les grands auteurs de l'école classique on distingue : Adam SMITH, David RICARDO, Jean Batiste SAY,
Thomas Robert MALTHUS et John Stuart MILL.
• 1. Adam SMITH (1723-1790)
Philosophe et économiste écossais, il reste dans l’histoire comme le père de la science économique moderne.
Son œuvre principale : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, est un des textes
fondateurs du libéralisme économique.
Pour Smith, contrairement aux mercantilistes, l’or et la monnaie ne constituent donc plus la richesse, elles
n’ont en elles-mêmes aucune autre utilité que celle d’intermédiaire de l’échange. Pour lui, l'origine de la
richesse est le travail des hommes. Il pose ainsi les bases de la doctrine de la valeur travail, qui sera
pleinement théorisée par David RICARDO.
Analysant l’économie de son temps, Smith distingue trois grandes causes de l’enrichissement de la nation : la
division du travail, l'accumulation du capital et le marché.
• - La division du travail : Pour illustrer le principe de division du travail, Adam Smith a employé l'exemple
d'une manufacture d'épingles. Selon lui, la division du travail consiste en une répartition plus spécialisée
du processus de production de sorte que chaque travailleur peut devenir spécialiste de l’étape de la
production à laquelle il se dédie, accroissant donc l’efficacité de son travail, sa productivité.
• - l'accumulation du capital : Faisant la louange de l’épargne, qui n’est que la manifestation du
renoncement au bien-être immédiat afin que survive et prospère l’industrie, Smith voit dans l’
accumulation du capital, c’est-à-dire l’investissement en machines, l’occasion de décupler la productivité
et d’accroître la division du travail.
• - la main invisible du marché : La recherche pour chacun de son intérêt individuel permettra, en situation
de concurrence, d'atteindre l'optimum général ; la main invisible du marché permet de concilier l'intérêt
individuel et l'intérêt général
• 2. David RICARDO (1772-1823)

Economiste anglais, il est considéré comme l'un des économistes les plus influents de l'
école classique. Il élabore ses principes d'économie politique et de l'impôt (en 1817) à partir
d'une critique de la richesse des nations. Il reste célèbre par son apport théorique : théorie de la
valeur, l'avantage comparatif, l'étalon-or, théorie de la rente de la terre
• - Théorie de la valeur : Pour RICARDO la valeur d'échange d'un produit n'est pas fonction de
son utilité, la preuve en est que des produits très utiles comme l'eau n'ont aucune valeur
d'échange. C'est le travail qui fait la valeur d'échange des marchandises. De plus, Ricardo
distingue les biens reproductibles des non-reproductibles. La valeur d'échange de ces
derniers dépend de leur rareté.
• - L'avantage comparatif : En s'opposant au protectionnisme, RICARDO avance la théorie de
« l'avantage comparatif » (en supplément de la théorie de l'avantage absolu d'Adam Smith
) : à savoir que chaque nation a intérêt à se spécialiser dans la production où elle possède
l'avantage le plus élevé ou le désavantage le moins prononcé vis-à-vis des autres nations.
• - L'étalon-or : Ricardo dénonce l'émission excessive des billets de banque, source selon lui
de l'inflation. Il préconise que l'émission de monnaie soit limitée par le stock d'or, afin d'en
garantir la valeur.
• - La théorie de la rente de la terre : La richesse se répartit entre trois composantes que sont
les salaires, les profits et la rente. Pour Ricardo, l'évolution de la population mène
inévitablement à la hausse du prix des subsistances (du fait des
rendements décroissants de la terre) et à celle de la rente foncière (suite au besoin accru de
terres cultivables).
• 3. Jean Batiste SAY (1767-1832)
Grand industriel et français, il reste célèbre par sa loi des débouchés. En effet selon
lui, chaque produit crée son propre débouché ("les produits achètent les
produits"), ce qui exclut la possibilité de crises de surproduction.

• 4. Thomas Robert MALTHUS (1766-1834)


Pasteur de son Etat, il deviendra célèbre par son essaie sur le principe des
populations (1798). MALTHUS bien que libéral, s'oppose à l'optimisme
fondamental de SMITH et de SAY. En effet, selon lui, la population croît à un
rythme géométrique alors que les ressources n'augment qu'à un taux
arithmétique, car les terres marginales ne permettent qu'une augmentation très
lente des productions.

• 5. John Stuart MILL (1806-1873)


Philosophe et économiste britannique, il fut l'un des penseurs libéraux les plus
influents du XIXe siècle. En économie, il est l'un des derniers représentants de l'
école classique. Il se distingue par ses principes de l'économie politique (1848). Ce
livre constituera la synthèse la plus remarquable du système classique en même
temps qu'un effort pour combler les enseignement de RICARDO et de SAY.
D. LES SOCIALISTES
On distingue généralement, dans l'école socialiste, les socialistes avant MARX, qu'ils soient ou
non « utopistes », et MARX.
• I. LE SOCIALISME AVANT KARL MARX
Les socialismes avant MARX sont marqués par une grande diversité, mais aussi par une forme
assez prononcée d'utopisme, sauf peut-être chez le suisse Jean Léonard Sismonde de SISMONDI
(1773-1842)
• 1. Jean Léonard Sismonde de SISMONDI
En 1819, Jean de Sismondi (1773-1842), suisse, met l'accent sur les conséquences sociales de
l'industrialisation visibles dans l’Angleterre de son époque : chômage, inégalité, paupérisation…
et dénonce un libéralisme qui se construit en procurant des droits aux entrepreneurs et
imposant des obligations aux ouvriers.
Il affirme la prééminence du bonheur social sur la seule efficacité matérielle et rompt avec les
analyses des classiques libéraux. En effet :
• - il refuse la loi des débouchés de Say selon laquelle « les produits s’échangent contre des
produits » et le concept d'un équilibre général obtenu par le libre jeu de la concurrence.
• - il montre la possibilité de déséquilibres globaux dans l’économie, notamment sous la forme
de crises majeures de surproduction. Pour lui le progrès technique n’accroît pas
simultanément l’offre et la demande, car son premier effet est de permettre le licenciement
des ouvriers
• - il considère que l'économie doit aboutir au bonheur de tous et à la justice sociale.
• 2. Socialisme utopique

La notion de Socialisme utopique a été conçue par Friedrich Engels et reprise par les
marxistes (qui l'opposent à la notion de socialisme scientifique).

Le socialisme utopique diffère d'autres socialisme par sa méthode. Il ne prône


généralement pas de révolution, et ne fait pas confiance en l'action de l'État. Il prône
une mise en œuvre pratique immédiate de sociétés socialistes à petite échelle (les
communautés) à partir d'initiatives « privées » ou « citoyennes ». C'est la
multiplication des communautés socialistes qui doit progressivement remplacer la
société capitaliste.

Le socialisme utopique n'entend pas fonder de distinction entre les différentes classes
sociales ; elle s'adresse à tous, qu'ils soient riches ou pauvres, exploiteurs ou exploités
et ne projette pas de s'appuyer sur un groupe humain, plus que sur un autre dans sa
stratégie de transformation de la société. Les socialistes utopiques tournent
l'ensemble de leurs critiques du capitalisme autour de ses conséquences néfastes sur
le développement de l'homme. Ils prônent entre autres la réduction du temps de
travail.
De manière générale, l'amélioration des conditions de vie des travailleurs est le
meilleur moyen de lutter contre des maux sociaux tels que l'ivrognerie ou le
besoin de charité privée. Parmi les principaux utopistes, nous pouvons citer :

• - Charles FOURIER (1772-1837) : il préconise la vie en petite communauté,


les phalanstères (hôtel coopératif pouvant accueillir 1620 membres soit
810 hommes et 810 femmes au milieu d'un domaine de 400 hectares
réservé à la culture), qui sont un retour à une forme précapitaliste de la
société (en cela, il s'agit d'une rêverie utopique).

• - SAINT-SIMON (1760-1825) et les Saint-Simoniens : ils rêvent d'une société


élitiste, gouvernée par le mérite et d'où l'héritage serait absent.

• - PROUDHON (1802-1864) : après avoir déclaré « la propriété, c'est le vol »,


n'a cessé de développer de subtiles analyses sur la notion de relations
contractuelles qui se substitueraient progressivement à l'Etat, qui font
qu'aujourd'hui il est davantage revendiqué par les libéraux que par les
socialistes.
• II. KARL MARX : LE SOCIALISME SCIENTIFIQUE

Karl Marx (1818-1883), théoricien et révolutionnaire socialiste allemand a


profondément marqué la pensée économique et sociale au 19ème et 20ème
siècles.
Le socialisme de Karl MARX, qu'il a qualifié lui-même de « scientifique », est
beaucoup plus systématique.

Marx est l’initiateur du mouvement ouvrier international. Il a en particulier


développé le concept de classes sociales. Pour lui, l’« histoire de la société jusqu’à
nos jours n’a été que l’histoire de la lutte des classes ». Son œuvre réside dans une
analyse critique du capitalisme, qu'il condamne résolument.

Selon Marx, il y a deux (02) catégories fondamentales de personnes : les capitalistes


(détenteurs des moyens de production) et les prolétaires (ouvriers).
Les capitalistes achètent la force de travail des ouvriers le moins cher possible, juste
ce qu'il faut pour entretenir leur santé et survivre avec leur famille.
Naturellement, les ouvriers rapportent beaucoup plus que ce qu'ils coûtent : la
différence, c'est la plus-value, que les capitalistes s'approprient.
Des contradictions fondamentales s’imposent au sein du
capitalisme :

• - L'objectif des capitalistes : accumuler toujours davantage de


plus-value (« exploitation de l'homme par l'homme »). Ainsi petit
à petit : le système se concentre et le capital est aux mains d'un
nombre limité de capitalistes.

• - Le prolétariat prend conscience de son exploitation.


La théorie de la valeur-travail de Ricardo (travail : source unique de
la valeur) conduira Karl Marx, à considérer le profit des capitalistes
comme étant un résultat de l'exploitation de la force de travail des
prolétaires. Marx cite d'ailleurs fréquemment Ricardo dans «
le Capital » et reprendra la notion de « biens reproductibles » de
Ricardo sous le nom de « marchandises ».
E. LE COURANT NEOCLASSIQUE
Les néoclassiques approfondissent et rénovent la pensée classique. Approche
résolument microéconomique. La différence essentielle avec l’école classique
est :

• - Pour les classiques, la valeur des biens est fondée sur leur coût de
production, notamment le coût du travail (Ricardo).
• - Pour les néo-classiques, la valeur des biens est essentiellement fondée
sur leur utilité. L'école néo-classique donne également naissance à l'école
du marginalisme. Le terme marginalisme vient du fait que cette école a été
la première à utiliser l'utilité marginale comme déterminant de la valeur
des biens et le calcul différentiel comme instrument principal de
raisonnement. Elle se caractérise en particulier par une extrême
mathématisation. Parmi les principales écoles néoclassique on distingue :
l'école de Lausanne ; l'école de Cambridge ; l'école de vienne.
• I. L'ECOLE DE LAUSANNE
Représentée par Léon Walras (1834-1910), Français et par son successeur à
l'université de Lausanne, l'Italien Vilfredo Pareto (1848-1923), cette branche de la
théorie néoclassique se caractérise par un formalisme mathématique poussée. Les
thèmes centraux de cette école :
• - la théorie de l'équilibre générale (de WALRAS), c'est à dire de l'équilibre
simultanée sur l'ensemble des marchés. Tous les marchés sont interdépendants.
Un seul système de prix permet d’assurer simultanément leur équilibre.
• - PARETO complète cette théorie par une très importante théorie des états
efficaces, dits « optimum de Pareto ». L’optimum de Pareto caractérise une
situation où il n’est plus possible d’améliorer la situation d’un agent économique
sans détériorer la situation d’au moins un autre agent économique.
• La théorie de l'équilibre générale restera relativement ignorée jusque dans les
années trente, ou sera tirée de l'oubli par le Britannique John HICKS (né en 1904,
prix Nobel en 1972). Elle connaîtra ensuite d'importants développement avec les
contributions de l'Américain Kenneth ARROW (né en 1921, prix Nobel en 1983) et
du Français Maurice ALLAIS (né en 1911, prix Nobel en 1988).
• II. L'ECOLE DE CAMBRIDGE

Dominée par la personnalité d'Alfred MARSHALL (1842-1924), Anglais,


professeur d'économie à l'université de Cambridge (Angleterre), cette
branche de l'école néoclassique se présente comme moins mathématique et
plus concrète que l'école de Lausanne. Alors que l'analyse de l'équilibre
général repose sur l'interdépendance entre les différents marchés, MARSHAL
cherche à se débarrasser des complications nées de cette interdépendance
en développant la méthode de l'équilibre partiel, qui consiste à étudier un
marché sous l'hypothèse "toute choses égales par ailleurs". En effet, il
suppose que les différents marchés n’interfèrent pas de façon significative les
uns avec les autres. On lui doit également la distinction entre courte et
longue périodes. Devenue hégémonique en grande Bretagne, la doctrine de
MARSHALL est reprise et développée par Pigou (1877-1959) qui lui succède à
Cambridge. Elle fera cependant à partir des années vingt, l'objet
d'importantes critiques de la part de certains de ses disciples, dont le plus
célèbre est Keynes.
III. L'ECOLE DE VIENNE

Fondée par Menger, la branche autrichienne de l'école


néoclassique a comme principaux représentant Friedrich Von
WIESER (1851-1926), Eugen Von BOHM-BAWERK (1851-1914), et
plus tard Ludwig Von MISES (1881--1973) et Friedrich Von HAYEK
(1899-1992), prix Nobel en 1974. Les néoclassiques autrichiens
sont des adeptes rigoureux de l'individualisme méthodologique
(qui amènera HAYEK à rejeter toute forme de macroéconomie). Ils
mettent l'accent sur la dimension psychologique de leur doctrine,
refusent d'utiliser les mathématiques, et soutiennent les positions
libérales intransigeantes. Etrangers au formalisme de l'équilibre
général, ils proposent une théorie causale de la valeur dans
laquelle celle-ci, déterminée par l'utilité, « remonte » des biens de
consommation vers les biens de production (appelé « biens
d'ordre supérieur »).
F. JOHN MAYNARD KEYNES ET LE KEYNESIANISME

John Maynard Keynes (1883-1946) est né à Cambridge. Son livre clef


s’intitule : « Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie » (1936).
Keynes écrit dans le contexte de la crise économique des années
trente (années qui ont suivi la crise de 1929) et tente d'apporter les
moyens de compréhension et un schéma d'action pour lutter contre
la crise (crise marquée par baisse des prix, surproduction, faillites,
chômage, …).
Son analyse, strictement macroéconomique est menée en terme de
circuit. Pour lui la demande est fondamentale, et surtout la «
demande effective », c'est à dire la demande anticipée par les
producteurs. C'est elle qui détermine les autres éléments du circuit :
production, revenu, emploi...
• L'intervention de l'Etat dans l'économie est nécessaire, selon
Keynes, pour soutenir la demande. Le libre fonctionnement des
marchés ne conduit pas forcement à l'équilibre. Des
déséquilibres durables sont possibles, en particulier sur le
marché du travail où la demande des entreprises s'ajuste en
fonction de la demande effective même si cela ne correspond pas
au plein emploi. C'est pourquoi l'Etat doit agir (par une politique :
monétaire, budgétaire) pour relancer la consommation et
l'investissement de façon à amener la demande globale à un
niveau compatible avec le plein emploi.
• En somme, Keynes reste profondément libéral. Il ne remet pas en
cause, sur le plan des principes, la liberté d'entreprise. Il s’oppose
alors, aux économistes classiques et néoclassiques en particulier
sur le fait que pour lui l’économie de marché laissée à elle-même
ne permet pas d’assurer automatiquement le plein emploi.
G. LA PENSEE ECONOMIQUE CONTEMPORAINE

Les analyses économiques contemporaines peuvent être classées en deux grandes


catégories : celles qui reprennent le champ d'analyse d'un grand courant et celles qui s'en
distinguent. Les premières sont qualifiées d'« orthodoxes » et les autres d' « hétérodoxes ».
• I. LES ORTHODOXES
Les idées classiques, néo-classiques, marxistes et keynésiennes ont continué d'inspirer les
économistes bien après la mort de leurs fondateurs. Les concepts sont alors élargis, adaptés à
la période contemporaine ou renouvelés, mais la base théorique, les principes fondamentaux
demeurent.
• 1. L'expansion keynésienne
Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux économistes propagent et vulgarisent la
pensée macro-économique keynésienne. Par exemple, le modèle IS-LM de Hicks et Hansen est
une formalisation du système keynésien comportant une situation d'équilibre monétaire et
réel.
Les analyses keynésiennes de la croissance, à la suite du modèle d'Harrod et Domar, montrent
que la croissance ne peut être équilibrée qu'à certaines conditions d'investissement, de
consommation et de répartition. D'autres auteurs ont donné une interprétation keynésienne
des cycles économiques.
Les relations économiques internationales sont
intégrées dans l'analyse keynésienne en considérant
les exportations comme des moyens de compenser
la faiblesse de la demande intérieure
L'influence keynésienne sur les politiques
économiques est très grande. L'analyse keynésienne
inspire des politiques axées sur le soutien à la
demande par des moyens monétaires et budgétaires.
Les post-keynésiens montrent l'influence positive du
budget de l'État sur l'activité économique. En outre,
les systèmes de comptabilité nationale sont souvent
élaborés sur une base keynésienne.
• 2. Le renouveau néoclassique
L'intégration des idées keynésiennes dans une optique néoclassique est l'objectif de la
théorie du déséquilibre, qui interprètent les déséquilibres entre l'offre et la demande
comme un ajustement par les quantités lorsque l'ajustement par les prix est
impossible.
• Le monétarisme est une contestation plus radicale de Keynes. Hayeck et Friedman
s'opposent aux hypothèses retenues par Keynes, notamment en ce qui concerne
les anticipations des agents économiques. Ils montrent les effets négatifs des
politiques monétaires d'inspiration keynésienne et préconisent un strict contrôle de
la masse monétaire, condition de l'équilibre économique.
• Les théories de l'offre et l'école des choix publics (public choice) s'attaquent à
l'intervention de l'État, aux dépenses publiques. Laffer montre que « trop d'impôt
tue l'impôt ». Tullock et Buchanan font le lien entre les choix publics et les
processus électoraux.
• Les modèles de croissance d'inspiration néoclassique, comme celui de Solow par
exemple, partent de l'optimum concurrentiel néo-classique. Ils tracent le chemin
d'une croissance équilibrée à long terme.
• La nouvelle micro-économie abandonne les hypothèses les moins réalistes du
modèle de concurrence néo-classique. Dans la théorie des contrats, les agents ne
disposent pas du même niveau d'information. La théorie des jeux inclut les
possibilités d'influence des comportements des agents par les décisions des autres.
• 3. Les analyses d'inspiration marxiste

• L'analyse marxistes des crises capitalistes met l'accent sur la sous-


consommation des ménages et sur la suraccumulation du capital. La mercatique,
les exportations, les dépenses publiques ne sont alors que des soutiens
permanents à la demande.

• Le capitalisme monopoliste d'Etat interprète l'existence du secteur public


comme un moyen de lutter contre la baisse du taux de profit. L'Etat prend en
charge les secteurs les moins rentables et laisse au secteur privé les activités les
plus lucratives.

• La théorie de l'échange inégal dénonce l'impérialisme des pays développés dans


leurs échanges avec le tiers-monde et préconise un développement accentué.

• La théorie de la régulation explique la crise actuelle par la crise du mode de


régulation fordiste basée sur la production de masse et la consommation de
masse et rendue possible par de forts gains de productivité.
• II. HETERODOXES ET NOUVELLES VOIES DE RECHERCHE EN
ECONOMIE
Les hétérodoxes tentent de construire des modèles théoriques
totalement nouveaux, souvent en liaison avec d'autres
disciplines : histoire, sociologie...
• 1. L'analyse de Shumpeter
Shumpeter considère l'innovation comme la seule justification
du profit. Selon lui, le progrès technique est à l'origine d'un
processus de «destruction créatrice». Pour Shumpeter,
l'entrepreneur est l'agent propagateur des innovations
économiques, qui stimulent la croissance et favorisent la mise en
place de nouvelles structures. A l'inverse, lorsqu'une technologie
arrive à maturité, la croissance se ralentit. L'innovation fournit
donc aussi une explication des cycles longs.
• 2. L'institutionnalisme
L'institutionnalisme incorpore les raisonnements économiques dans un
ensemble complexe « d'institutions », c'est-à-dire de règles, d'habitudes,
de comportements, de conventions qui déterminent les actes des
individus, des groupes sociaux, des entreprises. Galbraith montre que les
entreprises capitalises peuvent imposer leur loi au consommateur
(théorie de la filière inversée). Pour la théorie des conventions et
l'économie des organisations, les entreprises et les ménages sont réunis
par un ensemble de règles, de conventions, qui organisent leur
fonctionnement économique.
• 3. Les nouvelles théories de la croissance
Les nouvelles théories de la croissance mettent l'accent sur le rôle de
l'innovation. Le progrès technique est une variable expliquée, qui renvoie
à des comportements et à des variables économiques. La politique
économique peut donc influencer la croissance à long terme, ce qui
réhabilite le rôle de l'État. La macroéconomie financière met en avant la
globalisation financière, qui accroît les interdépendances entre les pays
et amplifie les fluctuations réelles de la croissance.
CONCLUSION
Au sens strict, une histoire de la théorie économique (ou de la science
économique) qui entend privilégier l'élaboration des concepts, des
instruments d'analyse (le circuit économique, par exemple) débute
par des auteurs du début du XVIIIe siècle, souvent qualifiés de « pré-
classiques », tels que Boisguilbert ou Cantillon, ou bien avec des
auteurs de la seconde moitié du XVIIIe siècle, tels que François
Quesnay ou Adam Smith.

Mais une approche plus globale de l’histoire de la pensée économique


doit aussi prendre en compte les premières réflexions sur la vie
économique développées de l'Antiquité jusqu’à la scolastique
médiévale (partie non évoquée dans ce cours), avant d’aborder la
naissance de l’économie politique dans la période dite « mercantiliste
».
MERCI POUR VOTRE ASSIDUITE

Vous aimerez peut-être aussi