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INTRODUCTION

La détermination, la recherche de la croissance économique et du bien être social ont toujours


poussé les États à user de plusieurs moyens dans le but de s’enrichir. Ainsi, à partir de la seconde
moitié du XVe siècle, l’Europe connaît une dynamique économique nouvelle, à la fois
marchande et financière avec un fort développement de l’échange monétaire.

Par ailleurs, de grandes découvertes vont être à l’origine d’un changement profond quant à la
conception du monde : la découverte de l’Amérique, la découverte de l’Inde, etc. La pensée
économique de cette époque s’oriente vers la présentation des moyens à mettre en œuvre pour
accroître les richesses en métaux précieux des citoyens ; plus particulièrement des marchands
et du Trésor, c’est-à-dire de l’État dont les intérêts sont convergents. En effet, la richesse des
marchands permet aux États de réclamer plus d’impôts et donc plus de moyens pour assurer
leurs puissances.

On appelle ce courant doctrinal qui s’exprime de la fin du XVe siècle au milieu du XVIIIe le
mercantilisme qui se construit comme un instrument au service de l’idée nouvelle d’État-nation.
Ce courant voit dans le commerce extérieur l’un des facteurs principaux de sa croissance
économique.

Le sujet rêvait un intérêt d’ordre historique et politique dans la mesure où on a accès aux
informations sur l’histoire du mercantilisme et que ce dernier a entraîné la mise en place d’un
certain nombre de mesures.

Dès lors, qu’entend-on par mercantilisme et quel impact a-t-il eu ?

Afin de mener à bien notre étude du sujet, nous aborderons succinctement les fondements du
mercantilisme (I), de ses objets et procédés (II), de ses différentes formes (III) et de ses limites
(IV).
I- FONDEMENTS DE LA THEORIE MERCANTILISTE

I.1 Définition

Étymologie : le terme vient du latin mercari, « faire du commerce », et de la racine merx, « la


marchandise ».

Au sens courant : Le mercantilisme désigne Âpreté au gain dans l’exercice du commerce,


tendance à rechercher un gain ou un avantage matériel dans toute activité.

Au sens économique : Le mercantilisme est à la fois une doctrine et une politique économique
mise en place entre le 16e et 18e siècle. Influencé par la Réforme et la Renaissance, ce courant
est marqué par la séparation progressive du pouvoir politique et de l’Eglise, et par une nouvelle
façon d’appréhender la richesse. La pensée mercantiliste varie en fonction des pays et des
auteurs, mais l’objectif est toujours d’enrichir le souverain. La richesse étant vue
essentiellement sous la forme monétaire, les Etats tendent donc d’accumuler un maximum d’or.
Un des moyens recommandés pour cela est le commerce extérieur. Il s’agit d’avoir une balance
commerciale excédante. Enfin, les auteurs mercantilistes pensent que l’État doit intervenir dans
l’économie, par exemple en réglementant la production, en interdisant les importations ou en
attribuant des monopoles, c’est-à-dire l’importation des produits de base et des matières
premières dont la valeur faible, et l’exportation des produits fini dont la valeur forte.

I.2 Contexte historique du courant mercantiliste

À peu près tous les économistes européens qui ont écrit entre 1500 et 1750 sont, de nos jours,
étiquetés comme mercantilistes, bien qu’ils ne considéraient pas contribuer à une idéologie
unique. Le marquis de Mirabeau est le premier à employer ce terme en 1763, mais c’est Adam
Smith qui le popularisa en 1765 avant que les historiens ne l’adoptent. Le mercantilisme
apparaît à une époque où les rois souhaitent obtenir un maximum d’or.

Les théories mercantilistes sous-tendent cet objectif et développent une problématique basée
sur l’enrichissement en identifiant les activités ayant un rendement croissant, soit les produits
manufacturés par opposition aux produits bruts.

Dans ce cadre, on peut considérer que l’émergence d’idées mercantilistes est l’expression de la
montée en puissance Etats nations face à, d’un côté l’universalisme du pouvoir de l’Eglise cette
dernière qui dénonçait la chrématistique inspirée d’Aristote et Platon et condamnant
l’accumulation des richesses et le prêt, et, de l’autre, le localisme des Structures du pouvoir
féodal.

Au cours de cette période durant laquelle les hypothèses ont évolué, une littérature éclatée
apparaît, rendant l’idée d’un courant unifié assez vague.

Au XVIIe siècle, il se répandra dans la plupart des nations européennes en s’adaptant aux
spécificités nationales.

Enfin à signaler que les idées mercantilistes furent exprimées par de nombreux auteurs.

II- OBJET ET PROCÉDÉS DU MERCANTILISME

II.1 Objet

Le mercantilisme vise l’accroissement des richesses des nations. En effet, le mercantilisme


prône le développement économique de la nation par le commerce extérieur en se fondant sur
deux principes fondamentaux.

Premièrement, les mercantilistes considèrent que la richesse d’une nation se mesure par sa
quantité de métaux précieux en particulier l’or et l’argent.

Deuxièmement, ils estiment que le commerce extérieur est un moyen d’accumuler ces métaux
précieux, en exportant plus de marchandises qu’on en importe. Ce second principe est
également connu sous le nom de théorie de la balance commerciale positive. Les mercantilistes
pensaient que si une nation exportait plus de marchandises qu’elle n’en importait, elle
enregistrerait un excédent commercial. Cet excédent se traduirait par un afflux de métaux
précieux dans le pays, ce qui augmenterait sa richesse.

II.2 Procédés

Pour accroître les richesses des nations, les mercantilistes préconisent une série de politique
économique.

D’abord l’interventionnisme étatique : l’État doit jouer un rôle actif dans l’économie en
favorisant les exportations et en limitant les importations. Le mercantilisme a renforcé l’État en
lui donnant un rôle actif dans l’économie. Cela a permis aux États de collecter des revenus
supplémentaires et de financer des projets d’infrastructures.
Ensuite le protectionnisme : selon les mercantilistes, les droits de douane et autres barrières
douanières doivent être utilisés pour protéger les industries nationales de la concurrence
étrangère.

Enfin, la colonisation : celle-ci permet d’accéder à de nouvelles ressources et de nouveaux


marchés. Le mercantilisme a été à l’origine de la colonisation du nouveau monde, de l’essor du
commerce international et à l’émergence de nouvelles industries en encourageant les nations à
se spécialiser dans la production de biens qu’elles pouvaient exporter. En plus, cela a non
seulement permis aux nations de développer leurs économies et de créer de nouveaux emplois
mais a également conduit à l’innovation et à l’amélioration de la productivité.

III- LES DIFFÉRENTES FORMES DU MERCANTILISME

III.1 Le mercantilisme

Les différents pays qui appliquent à cette époque la théorie mercantiliste ne disposent pas des
mêmes résultats. En effet, tous n’ont pas la même vision de l’accumulation de richesses.

On peut considérer plusieurs types de mercantilismes :

Le mercantilisme bullionisme

De l’anglais « bullion », lingot. Cette variante développée au 16e siècle concerne


principalement l’Espagne et le Portugal. Ces pays ayant un approvisionnement en métaux
précieux d’Amérique du Sud, leur but est de conserver or et argent dans le territoire. La stratégie
appliquée consiste à empêcher les sorties d’or du pays, donc à limiter les importations.

Le mercantilisme commercialisme

Pratiqué par l’Angleterre et la Hollande durant le 17e siècle, le commercialisme met l’accent
sur le commerce maritime : la pratique consiste à vendre les produits plus chers qu’on ne les a
achetés, le commerce est vu comme moyen d’accumuler de l’or.

Des auteurs comme Thomas Mun (1571-1641), William Petty (1623-1687) ou Josiah Child
(1630-1699) soulignent l’importance du réseau colonial britannique et plaident pour un
monopole britannique du transport maritime, ceci afin de s’assurer d’avoir une balance
commerciale positive et de pouvoir toujours jouer le rôle d’intermédiaire.

Le mercantilisme caméralisme

Politique très protectionniste mise en place dans les principautés composant l’Allemagne du
16e siècle, le caméralisme a pour théoriciens des spécialistes du droit public (les
« caméralistes »). Ils travaillent pour une amélioration de l’administration, et leur idée clé est
que « l’économie doit avoir une direction et des contrôles administratifs très importants »
(Samuelson, 1990, p. 24).

Le mercantilisme colbertisme

La variante française du mercantilisme est théorisée par divers auteurs dont Laffemas (1545-
1611) et Montchrestien (1575-1621, auteur du premier « Traité d’économie politique ») et est
appliquée à la fin du 17e siècle par Jean-Baptiste Colbert, ministre de Louis XIV. L’accent est
mis sur l’agriculture, l’industrie et l’artisanat de luxe, avec des mesures protectionnistes telles
que l’octroi de subsides à l’exportation, ou la création de manufactures royales.

III.2 Le néomercantilisme

Le néomercantilisme est une doctrine économique qui vise à maximiser les exportations d’un
pays, freiner ses importations, dégager des excédents budgétaires et commerciaux les plus
élevés possibles. Cette doctrine donne un rôle stratégique à l’État en tant que puissance
incitatrice.

Il est généralement admis que cette politique nécessite des investissements importants de la part
de la puissance publique, qui ainsi s’ingère dans le jeu du libre marché.

Le gouvernement peut offrir des avantages à des entreprises, ses champions nationaux, afin de
les faire gagner des parts de marché à l’international.

Le néomercantilisme repose sur l’augmentation des dépenses de recherche et développement


afin de donner aux entreprises du pays un avantage compétitif, soutenir des pôles de
compétitivité (notamment au niveau régional, via des agents régionaux de développement
économique). La Chine, le Japon et Singapour sont qualifiées de néo-mercantilistes.
Pierre Baudry soutient dans un article de 2021 que l’Allemagne mène une politique néo-
mercantiliste.

III- Dans les autres pays du monde

Les autres nations ont épousé les thèses mercantilistes à des degrés divers. L’Espagne et le
Portugal qui recevaient l’or et l’argent de leurs colonies cherchaient surtout à les conserver :
d’où les mesures « bullionistes » consistant à interdire la sortie de ces métaux, à surévaluer les
monnaies étrangères pour les attirer dans le pays, à obliger les importateurs étrangers à repartir
des ports ibériques en emportant des marchandises et non des espèces, à obliger les exportateurs
espagnols à rapatrier leurs créances ; ces mesures étaient si peu efficaces que l’Europe se
demandait comment ces deux pays pouvaient se contenter d’une monnaie de billon et accepter
une situation économique si précaire.

Les multiples petits États italiens et allemands, n’ayant ni économie « nationale » ni


administration solide, se limitaient à des mesures fragmentaires, tandis que la Suède aidait sa
marine et, par les tarifs douaniers et des privilèges, ses manufactures et son commerce.

Les idées mercantilistes ont également alimenté les périodes de conflits armés des XVIIe et
XVIIIe siècle. Étant donné que l’idée dominante considère le stock de richesses comme fixe, la
seule façon d’accroître la richesse d’un pays devait se faire au détriment d’un autre.

De nombreuses guerres, dont les guerres anglo-hollandaise, franco-hollandaise, et franco-


anglaise ont dans leurs facteurs déclenchants les idées qui prônaient le nationalisme
économique.

Le mercantilisme contribua également au développement de l’impérialisme, puisque toute


nation qui le pouvait cherchait à s’emparer de territoires pour obtenir des matières premières.

Au cours de la période, le pouvoir des nations européennes s’est étendu tout autour du globe.

À l’instar de l’économie intérieure, cette expansion fut souvent le fait de monopoles, tels que
les Compagnie des Indes ou la Compagnie de la Baie d’Hudson.

IV- LES LIMITES DU MERCANTILISME

IV.1 Les limites selon David Hume et Adam Smith


Au 18éme siècle, la pensée Mercantiliste sera fortement critiquée par de nombreux auteurs et
sur plusieurs niveaux. En effet, David Hume à contester la possibilité de bénéficier durablement
d’un excédent de la balance commerciale et de l’afflux des métaux précieux qui l’accompagne,
en raison notamment. Des effets inflationnistes d’un tel afflux qui tend laminer la compétitivité
prix des excédentaires.

Adam Smith quant à lui montra que l’or était une marchandise comme les autres, et ne méritait
donc pas un traitement spécial ; l’or n’est rien d’autre qu’un métal jaune qui a une valeur élevée
uniquement du fait de sa rareté.

Pour Adam Smith : « La double fonction que remplit l’Argent, comme instrument de commerce
et comme mesure des valeurs, a naturellement livré cette idée populaire que l’Argent fait la
richesse, ou que la richesse consiste dans l’abondance de l’or et de l’argent. On raisonne de la
même manière à l’égard d’un pays.

Un pays riche est celui qui abonde en argent, et le moyen le plus simple d’enrichir le sien, c’est
d’y entasser l’or et l’argent. Du fait du succès croissant de ces idées, les différentes nations
d’Europe se sont appliquées, quoique sans beaucoup de succès, à chercher tous les moyens
possibles d’accumuler l’or et l’argent.

L’Espagne et le Portugal, possesseurs des principales mines qui fournissent ces métaux à
l’Europe, en ont prohibé l’exportation sous les peines les plus graves, ou l’ont assujettie à des
droits énormes.

Cette même prohibition a fait longtemps partie de la politique de la plupart des nations de
l’Europe. On la trouve même là où l’on devrait le moins s’y attendre, dans quelques anciens
actes du parlement d’Écosse, qui défendent, sous de fortes peines, de transporter l’or et l’argent
hors du royaume. La même politique a aussi été mise en place en France et en Angleterre.

IV.2 Limites : cas du Gabon

Le Gabon est un pays qui a longtemps été marqué par le mercantilisme. Au XIXe siècle, il était
une colonie française spécialisée dans l’exportation de l’ivoire et du bois. Au XXe siècle, il est
devenu un producteur majeur de pétrole.
La dépendance du Gabon vis-à-vis de l’exportation de ressources naturelles est un vestige du
mercantilisme. En effet, le pays exporte plus de 90% de sa production, principalement du
pétrole. Cette dépendance a des conséquences négatives sur l’économie gabonaise, notamment :

- Une volatilité des recettes publiques, en fonction des fluctuations des cours des matières
premières ;
- Une faible diversification de l’économie, qui rend le pays vulnérable aux chocs
externes ;
- Une concentration des richesses entre les mains d’une petite minorité, les élites
économiques et politiques.

Le gouvernement gabonais a pris des mesures pour réduire la dépendance du pays vis-à-vis du
pétrole, notamment en encourageant le développement du tourisme et de l'agriculture.
Cependant, ces efforts ont été jusqu’à présent insuffisants.

Pour sortir du mercantilisme, le Gabon doit diversifier son économie et développer des secteurs
productifs à forte valeur ajoutée. Cela nécessite des investissements importants dans
l’éducation, la formation et les infrastructures.

Voici quelques mesures concrètes que le gouvernement gabonais pourrait prendre pour sortir
du mercantilisme :

- Réduire les subventions aux entreprises pétrolières et investir dans d’autres secteurs de
l’économie ;
- Créer un environnement favorable aux investissements privés ;
- Renforcer la protection des droits de propriété intellectuelle ;
- Améliorer l’éducation et la formation des travailleurs.

La sortie du mercantilisme est un défi majeur pour le Gabon, mais c’est une condition nécessaire
pour le développement durable du pays.
CONCLUSION

Le mercantilisme et malgré les critiques qui lui ont été adressé, à contribuer de façon
remarquable a la formation de la science économique représentée par l’école classique, dont
le père fondateur est Adam Smith qui malgré ses grandes critiques au mercantilisme dans la
majorité de ces ouvrages prêtera certaines notions élémentaires de la pensée mercantilistes.
C’est plus par les services qu’il a rendus dans le passé, en contribuant à inventer la science
économique et à promouvoir le développement, que par son utilité actuelle et son intérêt
permanent que le mercantilisme a sa place dans l’histoire de la pensée et de l’économie. Il fut
reconnu que les politiques protectionnistes mercantilistes eurent un impact positif sur les États.

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