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INTRODUCTION

A partir du 16ème siècle, l’environnement économique, la structure sociale et les orientations


politiques des sociétés européennes ont connu une dynamique économique nouvelle et été
profondément transformés. L’accent a été mis sur la formation d’une sphère économique de
l’accumulation des richesses à la fois marchande et financière qui a affecté l’organisation des
entreprises et le monde du travail donnant lieu à un fort développement de l’échange monétaire.

La pensée économique de cette époque s’oriente vers la présentation des moyens à mettre en
œuvre pour accroître les richesses en métaux précieux des citoyens, plus particulièrement des
marchands et du Trésor royal, c’est-à-dire de l’État dont les intérêts sont convergents. En effet,
la richesse des marchands permet aux États de réclamer plus d’impôts et donc plus de moyens
pour assurer leurs puissances.

On appelle ce courant doctrinal qui s’exprime de la fin du XVe siècle au milieu du XVIIIe, le
mercantilisme, qui se construit comme un instrument au service de l'idée nouvelle d’État-
nation. Ce courant voit dans le commerce extérieur l’un des facteurs principaux de sa croissance
économique.

Le sujet rêvait un intérêt d'ordre historique et politique dans la mesure où on a accès aux
informations sur l'histoire du mercantilisme et que ce dernier a entraîné la mise en place d'un
certain nombre de mesures.

Dès lors, qu'entend-on par mercantilisme et quel impact a-t-il eu?

Afin de mener à bien notre étude du sujet, nous aborderons succinctement les fondements du
mercantilisme (I), de ses objets et procédés (II), de ses différentes formes (III) et de ses critiques
(IV).

1
I- FONDEMENTS DE L’ÉCOLE DE LA CONTINGENCE

I.1 Définition

Le terme mercantilisme repose sur une triple définition, partant de son étymologie à son sens
économique en passant bien évidemment par son sens courant.

Avant tout, le terme mercantilisme a le latin pour étymologie avec mercari, qui signifie « faire
du commerce », issu de la racine merx, « la marchandise ».

Ensuite, au sens propre, nous pouvons définir le mercantilisme comme étant l’attitude avide du
gain dans l’exercice du commerce, une tendance à rechercher un gain ou un avantage matériel
dans toute activité.

Enfin, le mercantilisme, au sens économique, est à la fois une doctrine et une politique
économique mise en œuvre entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Influencé par la Réforme1 et la
Renaissance, ce courant se caractérise par la dichotomie progressive du pouvoir politique et de
l'Eglise, et par une nouvelle façon d'appréhender la richesse.

I.2 Contexte historique

Le marquis de Mirabeau est le premier à employer ce terme en 1763, mais c'est Adam SMITH
qui le popularisa en 1765 avant que les historiens ne l'adoptent. Le mercantilisme apparaît à une
époque où les rois souhaitent obtenir un maximum d'or.

Le mercantiliste est le produit des conditions politiques, économiques et sociales de l’époque.


Il naît de la période transitoire pendant laquelle le système féodal2 était entré en décadence alors
que le système capitaliste n’avait pas encore réuni les conditions favorables à son émergence.

Le mercantiliste apparait en même temps que les États-nations3 et le développement du


capitalisme moderne.

Le mercantilisme a permis les premières descriptions du rôle des monnaies et de la production,


ainsi que les premières analyses des circuits économiques.

1
La Réforme protestante
2
Système politique, qui a existé entre le Xe et XIIe siècle en Occident chrétien, dans lequel l’autorité centrale
s’associe avec les seigneurs locaux ;
3
Concept juridique. Il correspond à une situation dans laquelle l’organisation politique coïncide avec un territoire
identitaire ;

2
Le mercantilisme, précédant les physiocrates, a été une étape majeure dans l’avènement de la
science économique moderne.

I.2-1 Les conditions socio-politico-économiques de l’émergence du mercantilisme :

- L’État-nation chapeautait le système politique dans presque tous les pays européens ;
- Des guerres intestines opposaient en permanence ces pays ;
- Les Grandes Découvertes attisaient la compétition entre les pays européens dans cette
ruée massive vers les richesses du nouveau monde;
- La puissance de l’État, notamment sur le plan militaire, constituait la seule garantie de
la cohésion nationale.

I.2-2 L’émergence du mercantilisme :

- La bourgeoisie marchande montante avait un grand besoin de développer ses affaires


sous la protection d’un État fort et puissant ;
- La puissance de l’État passait alors nécessairement par sa richesse dont la manifestation
la plus directe correspondait aux réserves d’or et d’argent détenues par le Trésor royal ;
- La pensée mercantiliste est qualifiée à juste titre de chryshédoniste4 ;
- Elle se souciait principalement de la richesse de l’État et non pas directement de l’intérêt
des individus ;
- L’intérêt des individus demeurait, aux yeux des mercantilistes, conforme à l’intérêt de
l’État.

I.2-3 Évolution du mercantilisme :

- Dans tous les pays, la richesse de l’État se retrouve à la base de toutes les politiques
mises en œuvre par les mercantilistes que ce soit en Espagne, au Portugal, en Angleterre,
aux Pays-Bas ou en France ;
- Le mercantilisme était marqué par son caractère contraignant et coercitif à ses débuts ;
- Le mercantilisme devient, surtout vers la fin du XVIIe et début du XVIIIe siècle, plus
tolérant vis-à-vis de l’individu en adoptant un discours favorable à l’initiative privée en
considérant que l’intérêt individuel se confondait avec l’intérêt général.

4
Du grec khrusos qui signifie or

3
Au XVIIe siècle, il se répandra dans la plupart des nations européennes en s'adaptant aux
spécificités nationales. Soulignons également que les idées mercantilistes furent exprimées par
de nombreux auteurs.

II- OBJET ET PROCÉDÉS DU MERCANTILISME

II.1 Objet

Le mercantilisme vise l'accroissement des richesses des nations.

D’une part, la pensée mercantiliste varie d’un pays à un autre et d’un auteur à un autre, mais le
but reste le même, celui de toujours enrichir le souverain. En effet, la richesse étant vue
essentiellement sous la forme monétaire, les Etats ont tendance à accumuler autant d'or que
possible. Car elle, la pensée mercantiliste, considère que la puissance d’un État est fonction de
ses réserves en métaux précieux, à savoir l’or et l’argent.

D’autre part, l’un des moyens recommandés pour y parvenir, c’est de prôner le développement
économique par l’enrichissement par le truchement du commerce extérieur. Du reste, il s'agit
d'avoir une balance commerciale excédante.

De même, les auteurs mercantilistes pensent que l'État est le premier responsable de la
promotion du développement en adoptant des politiques protectionnistes, par exemple
l’établissement des barrières tarifaires en réglementant la production, en interdisant les
importations ou en attribuant des monopoles, c'est-à-dire l'importation des produits de base et
des matières premières dont la valeur faible, et l'exportation des produits fini dont la valeur
forte.

II.2 Procédés

Pour accroître les richesses des nations, les mercantilistes préconisent une série de politiques
économiques.

II.2-1 Interventionnisme étatique

Cette accumulation de richesse passe tout d'abord par l'interventionnisme étatique. En effet,
l'État doit jouer un rôle actif dans l'économie en favorisant les exportations et en limitant les
importations. Le mercantilisme a renforcé l'État en lui donnant un rôle actif dans l'économie.
Cela a permis aux États de collecter des revenus supplémentaires et de financer des projets

4
d'infrastructures. En d’autres termes, dans la pensée mercantiliste, l’initiative privée doit se
conformer à la politique économique tracée par l’État et cette position interventionniste était
généralement appuyée par une position anticoncurrentielle puisque les mercantilistes en
général, hormis les derniers d’entre eux, n’étaient pas favorables à l’encouragement de la
concurrence.

II.2-2 La maîtrise des mers

La maîtrise des mers est l’une des méthodes du mercantilisme. Elle se manifeste par le
truchement de :

- Voies et moyens de transport maritime ;


- Le développement de la flotte et de l’armement maritime ;
- La fortification des ports maritimes et du développement de la marine marchande et
militaire ;
- L’expansion coloniale ;
- La création de grandes compagnies de commerce dotées de privilèges et de monopoles,
capables de rivaliser avec leurs concurrentes européennes.

II.2-3 Le protectionnisme

Selon les mercantilistes, les droits de douane et autres barrières douanières doivent être utilisés
pour protéger les industries nationales de la concurrence étrangère. Autrement dit, le
protectionnisme se manifeste à travers :

- Le contrôle du commerce extérieur ;


- L’interdiction de l’exportation des matières premières ;
- L’interdiction de l’importation des produits industriels et de luxe ;
- Le monopole de diverses manufactures et transactions commerciales soustraites à la
concurrence étrangère grâce à des droits de douane prohibitifs notamment en France, en
Espagne et au Portugal ;
- Le monopole du commerce avec les colonies instauré dans tous les pays.

II.2-4 La colonisation

La colonisation a été un élément mercantiliste, et pas de moindre, qui a su booster


l’accumulation de richesse. Celle-ci permet d'accéder à de nouvelles ressources et de nouveaux

5
marchés. Le mercantilisme a été à l'origine de la colonisation du nouveau monde, de l'essor du
commerce international et à l'émergence de nouvelles industries en encourageant les nations à
se spécialiser dans la production de biens qu'elles pouvaient exporter. En plus, cela a non
seulement permis aux nations de développer leurs économies et de créer de nouveaux emplois
mais a également conduit à l'innovation et à l'amélioration de la productivité.

III- LES DIFFÉRENTES FORMES DU MERCANTILISME

III.1 Le mercantilisme

Les différents pays qui appliquent à cette époque la théorie mercantiliste ne disposent pas des
mêmes résultats. En effet, tous ont la même finalité, à savoir l'accumulation de richesses mais
tous ne partagent pas la même vision du mercantilisme, c’est-à-dire, chacun d’eux a sa propre
pensée mercantiliste. Dès lors, quatre principales formes de la pensée mercantiliste sont mises
en avant, notamment le mercantilisme ibérique, français, anglais et hollandais.

III.1-1 Le mercantilisme ibérique5

Du XVIe siècle au XVIIe siècle, les empires coloniaux espagnol et portugais dominent le
monde et forment même un seul empire de 1580 à 1640 sous le roi Philippe II d’Espagne. Il a
pour principales motivations la colonisation de l’Amérique latine dans le but d’exploiter les
mines d’or et d’argent se trouvant principalement en Mexique, au Pérou et en Bolivie.

Les lingots d’or arrivent en Espagne par bateaux entiers multipliant ainsi par huit la quantité
d’or disponible en Europe. Cet énorme afflux d’or engendre alors une obsession pour la
conservation, la gestion de l’or, obstruction de l’effusion de cet en dehors des frontières.

Ce mercantilisme a eu des répercussions tant sur le plan interne qu’externe.

Tous les moyens sont mis en œuvre pour défendre l'or qui est considéré comme le symbole de
la puissance et de la prospérité. Le mercantilisme ibérique a développé alors des doctrines
défensives et thésaurisatrices sur le plan interne (thésaurisation ≠ épargne). Le mercantilisme
ibérique a recours à :

- Interdiction des sorties d’or, car la surabondance des pièces engendre une augmentation
des prix ce qui favorise l’attraction de marchandises étrangères;

5
Appelé également « bullionisme » de l’anglais bullion signifiant lingot ;

6
- Interdiction des importations, car : payer les importations en or, c’est favoriser la sortie
de l’or incitant le protectionnisme ;
- Interdiction des exportations, car : on a peur que l’or ne soit exporté sous forme de
marchandise.

Le mercantilisme ibérique a développé également des politiques protectionnistes sur le plan


externe (territoires colonisés) pour protéger ses intérêts économiques et son monopole
commercial, via :

- L’interdiction aux navires étrangers d’entrer dans les ports espagnols et, plus
généralement, interdiction aux commerçants étrangers d’exporter vers l’Amérique du
sud;
- L’instauration d’une « division du travail » entre l’Espagne et les colonies d’Amérique
du sud, au profit de la métropole (la production de certains biens était interdite dans les
colonies, afin de permettre à la métropole de les exporter);
- Le contrôle des flux commerciaux qui devaient passer par un seul port (Séville jusqu’en
1720 ; puis Cadix). Ce n’est qu’à partir de 1765 que le commerce international a pu être
étendu aux autres ports espagnols.

III.1-2 Le mercantilisme français6

Il se préoccupe de l'enrichissement de l'État via le développement industriel et non au détriment


des intérêts des agents économiques. En effet, l’État se charge de promouvoir la création de
grandes activités manufacturières. Ce pensée mercantiliste a une conception de la richesse qui
ne se réduit pas uniquement à la détention des métaux précieux mais elle est centrée davantage
sur l’interventionnisme de l’État dans la vie économique accompagné d’un volontarisme
industriel, et non pas sur le protectionnisme.

Par ailleurs, ce mercantilisme a deux piliers doctrinaux que sont :

D’une part, le populationnisme. En effet, les mercantilistes sont populationnistes, c'est-à-dire


favorables à l'augmentation de la population dans le pays. L’abondance de la main-d’œuvre
favorise le développement de l'industrie et du commerce, et des exportations ainsi,
l’enrichissement des industriels et des marchands qui en découle permet aussi de lever des
armées puissantes, ce qui bénéficie à l’État ;

6
Appelé également « mercantilisme industrialiste » ;

7
D’autre part, les harmonies économiques. Contrairement à l’Etat qui poursuit des objectifs
précis à savoir l’abondance des hommes, richesse et puissance (notamment militaire); les
marchands et industriels, quant à eux poursuivent l’objectif du profit.

Ces deux catégories d’objectifs ne se contredisent pas, mais se complètent plutôt. Les objectifs
des uns sont les moyens de l’autre, et vice et versa. Car, pour que l'industrie et le commerce se
développent, il faut de la main-d’œuvre et des capitaux en abondance.

Soulignons que pour Jean BODIN7 et Antoine de MONCHRESTIEN8, la richesse constitue la


valeur suprême, c'est la fin ultime de la vie sociale. Pour eux, l'Etat doit certes être riche, mais
il ne peut être riche que si les citoyens le sont aussi. De fait, la richesse est constituée par les
profits des marchands et des manufacturiers. Ce profit s'accumule et engendre ensuite de
nouveaux profits.

Jean-Baptiste COLBERT9 a mis en pratique les idées du mercantilisme à la française, qui


considère que la puissance de l'Etat dépend du développement de l'industrie et du commerce
extérieur. Sa politique économique est restée dans l'histoire sous la dénomination de
colbertisme.

III.1-3 Le mercantilisme anglais ou commercialiste

Ce mercantilisme considère le commerce extérieur comme étant la source principale de la


richesse de l’Etat. En effet, il se caractérise par un adossement incontournable de ce commerce
extérieur a une solide base industrielle dont se prévalait l’Angleterre, tirée principalement par
son industrie de la construction navale, et une politique agricole de conversion des terres non
cultivées en terres agricoles. Il se caractérise également par l’existence d’un contrôle étatique
allégé sur l'économie domestique comparativement aux autres pays européens.

Le mercantilisme anglais se manifeste à travers :

- Les monopoles contrôlés par l'État;

7
1530-1596, il est connu pour son célèbre aphorisme : « Il n’est de richesse ni de force que d’hommes ». Il
découvre le lien entre l’arrivée massive d’or et d’argent et la hausse des prix : la théorie quantitative de la monnaie ;
8
1575-1621, il fut le premier à employer le terme économie politique.
9
1619-1683, il va mettre en pratique ce volontarisme industriel et moderniser l'économie française en mettant en
place pour la première fois une véritable politique économique en France. Il développa l'industrie en créant des
manufactures d'État ; il fit venir de l’étranger des artisans pour former les artisans français; il développa aussi les
manufactures d’armes; il mena une politique dirigiste et protectionniste accompagnée d’un développement des
infrastructures et il favorisa et développa l'expansion coloniale;

8
- Le protectionnisme anglais (la forme d'un contrôle du commerce extérieur à travers la
mise en place d’un large éventail de mesures destinées à encourager les exportations et
décourager les importations);
- L’exportation de certaines matières premières était interdite et les marchands étrangers
ont dû subir l’interdiction de faire du commerce intérieur en Angleterre;
- Les colonies anglaises, dont le nombre s’est considérablement accru pendant cette
période, ont été placées sous contrôle, notamment en les soumettant à des règles qui les
obligeaient à produire des matières premières pour le colonisateur anglais et à lui
réserver l’exclusivité de leur commerce.

Des auteurs comme Thomas MUN10, William PETTY11 ou Josiah CHILD12 soulignent
l’importance du réseau colonial britannique et plaident pour un monopole britannique du
transport maritime, ceci afin de s’assurer d’avoir une balance commerciale positive et de
pouvoir toujours jouer le rôle d’intermédiaire.

III.1-4 Le mercantilisme hollandais

Ce courant mercantiliste régna aux Pays-Bas du Nord entre 1588 et 1650. Il fait partie des
précurseurs puisqu’il reposa sur la création des premières compagnies maritimes qui ont su
révolutionner la navigation maritime en augmentant sensiblement les charges utiles des navires
et, partant, tirer profit de leur flotte en matière de commerce international.

Le commerce extérieur hollandais était adossé à une solide activité industrielle tournée vers les
marchés étrangers. En effet, le développement du commerce extérieur néerlandais a grandement
favorisé le développement de la place financière d'Amsterdam où fut créée en 1611 la première
Bourse réunissant les négociants.

III.2 Le néo-mercantilisme

Le néomercantilisme est une doctrine économique qui vise à maximiser les exportations d'un
pays, freiner ses importations, dégager des excédents budgétaires et commerciaux les plus
élevés possibles.

10
1571-1641, il souligne que le commerce extérieur, principalement maritime, est le moyen essentiel d'enrichir le
Trésor anglais;
11
1623-1687, la valeur des marchandises se mesure par la quantité de travail qu’elles contiennent ;
12
1630-1699, il recommanda de mener une politique de faible taux d’intérêt.

9
Cette doctrine donne un rôle stratégique à l'État en tant que puissance incitatrice. Il est
généralement admis que cette politique nécessite des investissements importants de la part de
la puissance publique, qui ainsi s'ingère dans le jeu du libre marché.

Le gouvernement peut offrir des avantages à des entreprises, ses champions nationaux, afin de
les faire gagner des parts de marché à l'international.

Le néomercantilisme repose sur l'augmentation des dépenses de recherche et développement


afin de donner aux entreprises du pays un avantage compétitif, soutenir des pôles de
compétitivité (notamment au niveau régional, via des agents régionaux de développement
économique). La Chine, le Japon et Singapour sont qualifiées de néo-mercantilistes.

Pierre BAUDRY soutient dans un article de 2021 que l'Allemagne mène une politique néo-
mercantiliste.

IV- CRITIQUES ET LIMITES DE LA PENSÉE MERCANTALISTE

IV.1 Critiques

Au XVIIIe siècle, la pensée mercantiliste sera fortement critiquée par de nombreux auteurs et
sur plusieurs niveaux.

IV.1-1 Adam SMITH13

Dans son ouvrage, la Richesse Des Nations en 1776, A. SMITH a consacré une partie
importante de ses réflexions à l’analyse de la pensée mercantiliste. En effet, il reproche, aux
mercantilistes, en gros d’avoir commis deux erreurs : d’une part, la première est celle ayant
consisté à confondre richesse et détention de métaux précieux et d’autre part, la seconde est
d’avoir considéré le protectionnisme comme un indispensable rempart contre la sortie de ces
métaux précieux.

A. Smith demeure convaincu que seul le travail permet de créer des richesses, et que c’est la
liberté du commerce qui assure la croissance de la richesse. Autrement dit, c’est la production
des biens et leur commercialisation qui constituent la source de l’enrichissement, et non pas
uniquement le commerce.

13
1723-1790,

10
IV.1-2 Karl MARX14

K. MARX reproche aux mercantilistes également leur position favorable à la colonisation des
territoires lointains. En effet, il leur reproche finalement la promulgation de lois sur le travail
qui bafouent les droits des travailleurs. En somme, pour K. MARX, la pensée mercantiliste
relève de l’économie vulgaire.

IV.1-3 David HUME15

D. HUME a contesté la possibilité de bénéficier durablement d’un excédent de la balance


commerciale et l’afflux des métaux précieux qui l’accompagne, en raison des effets
inflationnistes d’un tel afflux qui tend laminer la compétitivité des prix excédentaires.

IV.2 Limites : cas du Gabon

Le Gabon est un pays qui a longtemps été marqué par le mercantilisme. Au XIXe siècle, il était
une colonie française spécialisée dans l’exportation de l’ivoire et du bois. Au XXe siècle, il est
devenu un producteur majeur de pétrole.

La dépendance du Gabon vis-à-vis de l’exportation de ressources naturelles est un vestige du


mercantilisme. En effet, le pays exporte plus de 90% de sa production, principalement du
pétrole. Cette dépendance a des conséquences négatives sur l’économie gabonaise, notamment :

- Une volatilité des recettes publiques, en fonction des fluctuations des cours des matières
premières ;

- Une faible diversification de l’économie, qui rend le pays vulnérable aux chocs
externes ;

- Une concentration des richesses entre les mains d’une petite minorité, les élites
économiques et politiques.

Le gouvernement gabonais a pris des mesures pour réduire la dépendance du pays vis-à-vis du
pétrole, notamment en encourageant le développement du tourisme et de l'agriculture.
Cependant, ces efforts ont été jusqu’à présent insuffisants.

14
1818-1883
15
1711-1776

11
Pour sortir du mercantilisme, le Gabon doit diversifier son économie et développer des secteurs
productifs à forte valeur ajoutée. Cela nécessite des investissements importants dans
l’éducation, la formation et les infrastructures.

Voici quelques mesures concrètes que le gouvernement gabonais pourrait prendre pour sortir
du mercantilisme :

- Réduire les subventions aux entreprises pétrolières et investir dans d’autres secteurs de
l’économie ;

- Créer un environnement favorable aux investissements privés ;

- Renforcer la protection des droits de propriété intellectuelle ;

- Améliorer l’éducation et la formation des travailleurs.

La sortie du mercantilisme est un défi majeur pour le Gabon, mais c’est une condition nécessaire
pour le développement durable du pays.

CONCLUSION

En somme, l’intérêt de l’étude de la pensée mercantiliste est le point de départ du processus en


termes duquel l’économie politique c’est constitué en entité indépendante. Les mercantilistes
se posent des questions sur la gestion économique des ressources, des échanges commerciaux
et de développement économique.

Le mercantilisme, et ce malgré les critiques qui lui ont été adressé, a contribuer de façon
remarquable à la formation de la science économique représentée par l’école classique, dont le
père fondateur est Adam SMITH qui malgré ses grandes critiques adressées à la pensée
mercantiliste et aux mercantilistes, dans la majorité de ces ouvrages prêtera certaines notions
élémentaires de la pensée mercantilistes. C’est plus par les services qu’il a rendus dans le passé,
en contribuant à inventer la science économique et à promouvoir le développement, que par son
utilité actuelle et son intérêt permanent que le mercantilisme a sa place dans l’histoire de la
pensée et de l’économie. Il fut reconnu que les politiques protectionnistes mercantilistes eurent
un impact positif sur les États.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :

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