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ANNEE SCOLAIRE 2023-2024

LES GRANDS COURANTS DE LA PENSEE ECONOMIQUE

I- LE COURANT LIBERAL
II- LE COURANT KEYNESIEN
III- LE COURANT MARXISTE

Introduction

La pensée économique repose sur les réflexions de quelques grands économistes dont chacun
appartient, à l’époque où il a vécu, à une école de pensée ou courant de pensée. Leurs ouvrages ont
souvent servi de référence à l’analyse économique.
Historiquement, les idées économiques sont d’abord apparues comme liées à la philosophie, à la
religion, à la politique. Jusqu'au Moyen Âge, les questions économiques étaient traitées sous l'angle de
la religion et les théologiens étaient les principaux penseurs des questions économiques. Puis, la pensée
économique est devenue autonome.
En effet, bien avant la révolution industrielle, les questions économiques sont vivement débattues. Trois
auteurs se sont particulièrement illustrés par leurs réflexions économiques :
PLATON et ARISTOTE dans l’Antiquité, THOMAS D’AQUIN au Moyen-âge.
Avant A. Smith, les analyses étaient partielles et ne s’intéressaient qu’à quelques problèmes économiques
particuliers, et non à l’économie dans sa globalité. Ce n’est qu’avec les classiques qu’on va avoir à la fois
des analyses des crises, fluctuations, croissance…Ils puisent dans les prémices philosophiques de la
pensée économique, puis les précurseurs seront les mercantilistes et les physiocrates.

Le mot "mercantiliste" vient de l'italien "mercante" qui signifie "marchand". Cette doctrine économique
prône le développement économique par l'enrichissement des Etatsnations au moyen de l’or d’abord, puis
du commerce, mais aussi de l'industrialisation. Elle marque la fin de la prééminence des doctrines de
l'Église dans l'organisation sociale.

Les principaux thèmes économiques étudiés par les mercantilistes sont principalement la réflexion sur le
commerce international, le rôle de la monnaie et l’intervention de l’Etat dans l’économie.
- Le commerce international est vu comme « un jeu à somme nulle ». Ce que gagnent les uns est
égal à ce que perdent les autres, lieu de compétition entre les nations. Selon eux, comme la richesse
repose sur l’or que détient un pays, il faut exporter beaucoup et être payé en or ou convertir les gains en
or. Les importations sont limitées car elles sont considérées comme néfastes.

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- L’analyse du rôle de la monnaie a suscité un clivage entre ceux qui pensent que l’augmentation
de la quantité de monnaie dans l’économie a des effets inflationnistes, et ceux qui pensent que cela
permet de soutenir l’activité économique. Chez certains mercantilistes, la quantité de monnaie est
confondue avec la richesse du pays : un pays riche, pour les Bullionistes (espagnol).
A cela, on oppose les auteurs dont l’analyse est plus fine et qui sont les précurseurs de la théorie
quantitative de la monnaie (Bodin).
- L’intervention de l’Etat se justifie à travers le colbertisme afin de favoriser le développement de
grandes manufactures et qui sont compétitives au niveau international (ex : manufacture des gobelins
pour contrer les britanniques).
Il existait au moyen-âge plusieurs écoles mercantilistes qui se différencient principalement sur la façon
de procéder pour accumuler la richesse. On distingue parmi les écoles mercantilistes : le bullionisme
(ou « mercantilisme espagnol ») qui préconise l'accumulation de métaux précieux ; le colbertisme (ou «
mercantilisme français ») qui est tourné pour sa part vers l'industrialisation ; le mercantilisme fiduciaire,
le commercialisme (ou « mercantilisme britannique ») qui voit dans le commerce extérieur la source de
la richesse d'un pays.

Les physiocrates (18ème siècle), notamment avec François Quesnay qui publia son Tableau Economique
en 1758, s’opposent au mercantilisme sur le commerce international. Contrairement aux mercantilistes,
les physiocrates croient en des "lois naturelles" et s'opposent par conséquent à l'intervention de l'État. Ils
sont donc partisans du libéralisme (liberté d'entreprendre, de faire du commerce). L'individu sait à priori
mieux que l'Etat ce qui est bon pour lui.

Pour les physiocrates, le seul créateur de richesse est l’agriculture car l’artisanat ou l’industrie ne crée
rien, elle transforme les matières premières produites par l’agriculture et le commerce ne fait que
déplacer la production agricole et industrielle.

Tableau économique de François Quesnay

Selon Quesnay, la société se compose de trois (3) classes d’agents économiques:


- La classe productive (exploitants agricoles) CP
- La classe des propriétaires fonciers CF
- La classe stérile (commerce, industrie, profession libérales) CS

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Source : l’auteur

Les fermiers ou agriculteurs (font apparaître le produit net), les propriétaires terriens
(Avancent le capital-la terre-) et la classe stérile, les façonniers ou la classe industrieuse.
Les fermiers disposent de la totalité du revenu national qui s’élève à 100 et qui sera réparti sous forme
de fermage (40), dépenses d’exploitation ou achat de l’agriculture à elle-même (40) et achat de produits
manufacturés (20).
Les propriétaires reçoivent 40 de fermage et les dépensent pour se nourrir, achats aux fermiers, (20) et
acheter des biens manufacturés aux façonniers (20).
Les revenus des façonniers en provenance des fermiers et des propriétaires (40) sont utilisés pour se
nourrir ou acquérir des matières premières, donc dépensés auprès des fermiers.
La classe productive reconstitue ce qu’elle avait, tandis que les classes stériles ont dépensé tout ce qu’ils
ont reçu.
L’histoire de la pensée économique permet de mettre en évidence trois principaux courants : le courant
libéral au XVIIIème siècle, le courant marxiste au XIXème siècle et le courant keynésien pendant les «
trente glorieuses ». Autour de ces trois courants, gravitent plusieurs théories économiques et écoles de
pensée fournissant des explications alternatives aux problèmes économiques contemporains.

I. LE COURANT LIBERAL

Le courant libéral se compose de deux écoles de pensée : l’une classique qui apparaît à la fin du
18ème siècle, l’autre néoclassique à la fin du 19ème siècle.

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1. Le courant classique

L’économie politique classique est née avec la société industrielle. Elle marque l'avènement de l'économie
moderne.
La période classique commence avec le traité d’Adam Smith sur la Richesse des Nations en 1776 et se
termine avec la publication en 1848 des Principes de John Stuart Mill. Cette pensée est historiquement
développée en France et en Grande-Bretagne.
La théorie libérale classique repose sur trois points essentiels :

a- L’individualisme des agents économiques

L’individu est un être rationnel, il est le seul capable de juger et de décider ce qui est bon pour lui. Chaque
individu poursuit son intérêt particulier (utilitarisme) par la maximisation des satisfactions et la
minimisation de l’effort (hédonisme).

b- L’affirmation de la liberté économique

La propriété privée des moyens de production est une garantie de la liberté. Les économistes classiques
prônent le libre échange c’est-à-dire "laisser faire, laisser passer" et la théorie de "l'Etat Gendarme" (l'État
se contente d'assumer les fonctions régaliennes : la police, la défense nationale, l'Éducation nationale, la
justice), pas d’intervention de l’Etat. Selon eux, le marché constitue le régulateur le plus efficace de
l’activité. Tout individu qui poursuit son intérêt individuel va en même temps contribuer sans le vouloir au
bien commun : c’est le principe de la« Main invisible » d’Adam Smith.

c- La permanence de l’équilibre économique

Un système économique conduit par le principe de la liberté économique tend naturellement vers
l’équilibre. Lorsque celui-ci n’est pas réalisé, les prix s’ajustent à la hausse ou à la baisse. La Loi des
débouchés de Jean-Baptiste Say stipule que « toute offre crée ses débouchés », c’est-à-dire que l’offre
crée une demande équivalente.

Quelques noms célèbres :


En Angleterre Adam Smith (1723-1790), Écossais, Recherche sur la nature et les causes de la richesse
des nations, 1776. Il est Considéré comme le "père de l'économie politique". Son apport principal : théorie
de la main invisible.
En France Jean-Baptiste Say (1767-1832), Traité d’économie politique, 1803. Il reste célèbre par sa "loi
des débouchés".
David Ricardo (1772-1823), anglais, Principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817.

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Apport principal : théorie des avantages comparatifs.

2. le courant néo-classique (ou marginaliste)

Apparue dans la seconde moitié du 19ème siècle, la pensée néoclassique tire son origine des travaux de
Léon Walras (1834 – 1910), Vilfredo Pareto (1848 – 1923) et Alfred Marshall (1842 – 1924). Les
néoclassiques approfondissent et rénovent la pensée classique d'où ce nom.

La théorie néoclassique cherche l’explication des phénomènes économiques au niveau des


comportements individuels guidés par le principe de rationalité. C’est la démarche de la microéconomie.
Elle se construit autour de trois idées principales :

Contrairement aux classiques, La valeur d’un bien ne dépend pas de la quantité de travail nécessaire
pour sa production mais de l’utilité qu’elle nous procure.
L’homo œconomicus est un être fictif, absolument rationnel, qui cherche à maximiser sa satisfaction. En
utilisant le calcul à la marge, les néoclassiques ont montré que l’utilité marginale représente la valeur à
laquelle le consommateur estime le bien. Ainsi, chaque agent compare le gain et le coût d’une unité
supplémentaire pour chaque décision économique1.
L’utilité totale croît mais l’utilité marginale est décroissante en fonction des quantités consommées pour
les biens qui existent en quantité illimitée (ceci est illustré par le principe de satiété du consommateur).
La théorie néoclassique insiste sur l’interdépendance des 4 marchés, en précisant (grâce aux égalités
comptables emplois – ressources des agents) que l’équilibre sur les marchés du travail, de la monnaie et
des titres, permet de conclure que le marché des biens et services est également en équilibre.
L’équilibre général
Equilibre sur le
Equilibre sur le Equilibre sur le
Equilibre sur le marché des titres
marché du marché de la
marché des biens
travail monnaie
et services = + +

Quelques noms célèbres :

Léon Walras (1834-1910), Français. Apport principal : l’équilibre général. Tous les marchés sont
interdépendants. Un seul système de prix permet d’assurer simultanément leur équilibre. Vilfredo Pareto

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Pour l’eau, l’utilité totale croît mais l’utilité d’une unité supplémentaire (um) décroit. Par contre, pour l’or, les
deux croissent.

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(1848-1923), Italien. Apport principal : l’optimum. L’optimum de Pareto caractérise une situation où il n’est
plus possible d’améliorer la situation d’un agent économique sans détériorer la situation d’au moins un
autre agent économique.
Alfred Marshall (1842-1924), Anglais. Apport principal : l’équilibre partiel. Il suppose que les différents
marchés n’interfèrent pas de façon significative les uns avec les autres.

II. LE COURANT KEYNESIEN

John Maynard Keynes (1883-1946) est né à Cambridge. Son livre clef s’intitule : « Théorie générale de
l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie » (1936).

1. Keynes et la crise de 1929 : Keynes écrit dans le contexte de la crise économique des années
trente (années qui ont suivi la crise de 1929) et tente d'apporter les moyens de compréhension et un
schéma d'action pour lutter contre la crise (crise marquée par baisse des prix, surproduction, faillites,
chômage, …).
Son analyse, strictement macroéconomique est menée en termes de circuit. Pour lui la demande est
fondamentale, et surtout la « demande effective », c'est à dire la demande anticipée par les producteurs.
C'est elle qui détermine les autres éléments du circuit : production, revenu, emploi...

2. L'interventionnisme Étatique : L'intervention de l'Etat dans l'économie est nécessaire, selon


Keynes, pour soutenir la demande. Le libre fonctionnement des marchés ne conduit pas forcement à
l'équilibre. Des déséquilibres durables sont possibles, en particulier sur le marché du travail où la
demande des entreprises s'ajuste en fonction de la demande effective même si cela ne correspond pas
au plein emploi. C'est pourquoi l'Etat doit agir (par une politique : monétaire, budgétaire) pour relancer la
consommation et l'investissement de façon à amener la demande globale à un niveau compatible avec
le plein emploi.
III. LE COURANT MARXISTE

Le Marxisme est apparu au XIXè siècle et propose une vision de l’économie très différente de celle
des classiques. Le marxisme fait un bilan très négatif du système capitaliste, et considère qu’il n’y a eu
aucun progrès social avec les classiques, malgré les progrès technologiques.

1- Théorie de la Valeur-Travail
La théorie de la Valeur-Travail dit que le travail donne de la valeur aux produits. La valeur associée aux
produits ne provient que du temps qui a été socialement mis en œuvre pour les produire. Il s’agit d’un
élément commun à toutes les marchandises dans l’échange.

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2- Plus-value et Exploitation
La plus-value est la différence entre le salaire versé à l’ouvrier et la valeur que son travail permet d’ajouter
au profit. Ainsi, il y a une exploitation des travailleurs. Ils ne sont pas rémunérés à leur juste valeur et en
regard du travail qu’ils ont fourni. Il y a alors une plusvalue empochée par l’employeur capitaliste.
L’appropriation de cette plus-value est le fondement de l’exploitation.

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