Vous êtes sur la page 1sur 21

Institut des Hautes Etudes Economiques et Entrepreneuriales

(IHEE)

……………………………….

COURS D’ECONOMIE GENERALE

Chargé de cours

Dr ADECHI Bankole Emmanuel

BAA I
INTRODUCTION

Etymologiquement, l’économie vient du mot grec OIKONOMOS qui est une décomposition de deux mots ;
OIKOS ou OIKIA qui signifie « maison » et NOMOS qui signifie « règle ». Ainsi, économie veut
dire l’administration de la maison ; il s’agit de la science de l’administration du patrimoine de la maison ou
de l’entreprise ou plus généralement, la science de l’administration du patrimoine de la collectivité qui peut
être la cité ou la nation.

L’économie a donc pour objet, la satisfaction des besoins illimités des individus à partir des
ressources limitées ou rares.

Le besoin en économie se définit comme toute sensation de manque qu’un individu cherche à combler.

Le besoin est satisfait par la consommation d’un bien qui désigne tout ce qui permet de satisfaire un besoin
ou un désir. Il peut être matériel ou immatériel (service). Lorsqu’un bien est rare, disponible et utile, on dit
qu’il est économique.

Les biens peuvent être substituables ou complémentaires et de diverses natures.

Leur nature peut être déterminée par le calcul des élasticités.

Nous distinguons deux types d’élasticités :

 Elasticité-revenu : mesure la variation en % de la demande pour ce bien à la suite d’une


augmentation de 1 % du revenu.

Si l’élasticité-revenu est positive, il s’agit d’un bien normal. La hausse du revenu est suivie d’une
hausse de la demande. Parmi les biens normaux, nous pouvons distinguer les biens de luxe et les biens
prioritaires (ou de première nécessité).
Si l’élasticité-revenu est comprise entre 0 et 1, il s’agit d’un bien prioritaire : sa consommation
augmente, mais moins proportionnellement par rapport au revenu.

Si l’élasticité-revenu est supérieure à 1, il s’agit d’un bien de luxe : sa consommation augmente,


plus que proportionnellement par rapport au revenu.

 Elasticité-prix : mesure la variation en % de la consommation d’un bien à la suite d’une


augmentation de 1 % de son prix.

2
Si l’élasticité-prix est négative, il s’agit d’un bien ordinaire : une hausse du prix entraîne une baisse
de la demande
Si l’élasticité-prix est positive, il s’agit d’un bien Giffen : une hausse du prix entraîne une hausse de
la demande

Le marché est un lieu réel ou virtuel où les vendeurs (offre) et acheteurs (demande) interagissent pour
échanger les biens à un prix donné. Il est en équilibre lorsque, pour un prix déterminé, l’offre égalise la
demande.

Il peut être parfait ou imparfait.

En économie, on distingue principalement 5 agents économiques dont l’objet peut être apprécié en
fonction de la fonction et ressource principale. Parmi ces unités on note : les ménages, les entreprises, les
institutions financières, les administrations publiques, le reste du monde.

Les interactions entre ces agents sont représentées à travers un circuit économique qui peut être simple
ou composé.

MODULE 1 : L’HISTOIRE DE LA PENSEE ECONOMIQUE

Ce module a pour objet de montrer comment la pensée économique a progressé d’une école à l’autre depuis
le 15e siècle pour nous fournir cet ensemble de connaissance que nous appelons analyse économique.

Chapitre1 : La naissance du capitalisme

Les grandes découvertes entrainent un accroissement considérable du commerce ainsi qu’une inflation due
à l’afflux d’or et d’argent en provenance du nouveau monde qui a stimulé la technique déterminant la
première révolution industrielle (industrie de la laine, de la soie, des armements) et améliore le sort des
commerçants et des industriels. Ainsi, les changements importants dans les structures techniques sociales et
mentales ont eu pour conséquence la formation d’un capitalisme commercial et financier.

Section 1- Le précapitalisme et les interprétations théoriques


1.1- Interprétation mercantiliste
a/ Les fondements du mercantilisme
C’est dans ce milieu en profonde mutation, qu’apparait au 16e siècle une école réunissant des conseillers et
des publicistes du prince qui vont s’efforcer jusqu’au 18e siècle de préciser à l’usage des gouvernements les
règles d’une bonne politique économique. Leur principal objectif est d’attirer sur le territoire national et à
conserver les métaux précieux, considérés comme les premières de toutes les richesses. Ils préconisent donc
une politique protectionniste, les importations ayant pour conséquence une fuite de métaux précieux. Ainsi,
trois éléments essentiels vont constituer leurs fondements à savoir :
 Le commerce international ;
 Le rôle de la monnaie ;
3
 L’intervention de l’Etat dans l’économie.

b/ Les formes de mercantilisme


b.1-Bullionisme (Espagne et Portugal)
Il met un accent particulier sur la monnaie en montrant qu’un pays riche est un pays qui détient une forte
quantité de monnaie. Cela s’explique par le fait que l’Espagne en possédait énormément grâce à la conquête
de l’Amérique du Sud et Centrale.

b.2-Commercial (Angleterre)
Mis en œuvre en Hollande ou en Angleterre, il voit dans le commerce extérieur la source de la richesse d'un
pays.

b.3-Industriel (France)
Cette forme de mercantiliste trouve son origine en France avec Colbert et est encore appelé le colbertisme. Il
a pour objectif d’accroitre la richesse par le développement des manufactures qui permettent ainsi
d’augmenter les exportations et d’acquérir ainsi des quantités supplémentaires de métaux précieux. Ceci n’est
possible que par l’intervention de l’Etat

NB : Comme limites on note :


1°) les mercantilistes n’ont pas fait œuvre scientifique d’où le qualificatif, pré-scientifique, attribué à leur école
vu qu’ils étaient préoccupés par des problèmes de politique économique. Aussi, il existe d’autre forme de
mercantiliste : Jean BODIN (1530-1596) ; Antoine de MONTCHRETIEN (1576-1621) ; William PETTY (1623-
1687) ; Thomas MUN (1621) etc.
2°) Dans l’analyse mercantiliste, la richesse est définie en terme de stock comme une accumulation de valeur,
c'est-à-dire de métaux précieux (Or et argent).
3°) la conception du commerce consideré comme un jeu à somme nulle.

1.2- L’interprétation physiocratique (1758)


a/ Conception d’un ordre naturel
Les physiocrates estiment que l’économie est commandée par la nature et prône pour « un laisser faire
laisser aller ». Dès lors, ils estiment que la seule source de richesse reste la terre, le commerce et l’industrie
n’ajoutent rien aux autres matières premières qu’ils utilisent.

b/ la théorie du produit net


L’idée générale est que la création de la richesse passe par l’exploitation de la terre car elle est riche en sous-
sol et permet de dégager un produit net qui, comme le sang, circule dans tout le corps humain. Ainsi, il ne
s’attache qu’à l’étude du revenu agricole, considéré comme le seul revenu important.
Par ailleurs, il va répartir la société en trois classes : propriétaire, ouvrière et stériles.

c/ Le tableau économique de Quesney


Le tableau économique est la 1ère tentative d’une représentation chiffrée de l’économie. Car à travers ce
tableau, Quesney décrit la circulation des biens économiques dans la société. Il établit des flux réels ou
monétaires entre les différents agrégats, ce qui n’est pas sans rappeler le circuit de la comptabilité nationale.

Section 2- La révolution industrielle et l’apologie du capitalisme naissant

Cette section a pour but de faire un rappel sur les différents faits qui ont été au cœur du développement de la
science économique, d’une part et d’analyser comment les courants de pensée sont nés à travers le
développement des théories économiques qui font de cette discipline une science, d’autre part.

2.1- Rappel des faits

4
À partir du 18e siècle, l’apparition en Angleterre d’une série d’invention va modifier les conditions de
production dans plusieurs branches de l’industrie. Ainsi, on va assister au développement du chemin de fer
qui va faciliter le domaine du transport, le développement du textile avec l’invention de la navette volante
(Kay, 1733) et du coton (AKWRIGHT, 1767), l’invention de la 1ère machine à vapeur (James Walt, 1969).

2.2- Les écoles classiques

Ce courant de pensée va connaitre un essor considérable avec la publication de l’ouvrage de Smith,


« Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », en 1776. Ainsi, ce courant comprend deux
branches distinctes. La branche Anglaise pessimiste, d’une part et la branche optimiste, d’autre part.

a/ L’école classique Anglaise


Cette école est marquée par quatre grands auteurs : Adam Smith, Robert Malthus, David Ricardo et John
Stuart Mill.

a.1- Adam Smith (1723-1790) (optimiste)


Quatre grandes idées vont constituer l’objet de son ouvrage intitulé : « La recherche sur la nature et les causes
de la richesse des nations »(1776)
 La richesse des nations dont la source principale est le travail qui aboutit à la création de biens;
 La valeur des biens qui se mesure par la quantité de travail ; ainsi, il distingue deux cas :
une société primitive dont la valeur d’échange d’un bien s’explique par les quantités de travail
nécessaires pour acquérir ce bien : Une société avancée dont la valeur du bien tient compte du
profit du capital et de la rente foncière incorporés dans chaque produit.
 La division du travail qui conduit à la spécialisation et augmente la productivité du
travail, c’est-à-dire le rapport entre la production et la quantité de travail nécessaire pour obtenir
cette production ;
 La main invisible qui explique trois phénomènes : 1) le caractère individuel de l’homme qui le rend
égoïste, 2) le marché s’autorégule en cas de déséquilibre, 3) la non intervention de l’Etat dans le
fonctionnement de l’activité économique «laisser faire1, laisser aller2 ».

a.2- Robert Malthus (1766-1834) pasteur


Dans son ouvrage Essai sur le principe de la population (1798), il développe quatre grandes idées :
 La loi de la population qui selon lui tend à s’accroitre, comme les nombres de façon
géométrique (1, 2, 4, 8,16..), tandis que les ressources croissent de façon arithmétique (1-2-3-4-
5) ;
 La loi des rendements décroissants qui naissent de l’exploitation des terres les moins fertiles dû
à l’augmentation de la population. Ce qui explique plus ou moins le pessimisme des classiques
anglais3 ;
 La loi de Malthus qui s’énonce comme suite : « la population s’accroit plus vite que les
ressources alimentaires. La misère est inéluctable, à moins de parvenir à diminuer la croissance
de la population » ;
 Cycles demo-économiques qui mettent un accent sur la contrainte morale (retardé l’âge du
mariage) et dénonce les lois pour les pauvres.

a.3- David Ricardo (1772-1823) courtier à la bourse

1
Les individus.
2
Les marchandises.
3
Ils pensent que la croissance tend vers une limite désignée sous l’expression de l’état stationnaire ou encore croissance zéro.
5
Dans son ouvrage intitulé : Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817) il énonce quatre grandes
idées :
 La théorie de la valeur travail qui doit être incorporé et non commandé comme chez Smith,
ainsi il distingue le travail direct et indirect ;
 La valeur d’usage et la valeur d’échange ;
 La théorie de la rente différentielle qui tient compte de la loi de la population et des rendements
décroissants de Malthus. En effet, les terres les moins fertiles auront des coûts d’exploitations plus
élevé que les terres plus fertiles ;
 La baisse du taux de profit et l’état stationnaire vu que cela va entrainer un arrêt de
l’investissement. C’est l’état stationnaire.

a.4- John Stuart Mill (1086-1873) philosophe


Dans son ouvrage intitulé : « Principes d’économie politique (1848), il consacre un chapitre sur l’état
stationnaire qui traduit une situation ou la production et la population restent constantes et ou le système
économique se reproduit à l’identique ; et développe une doctrine sociale qui s’inscrit dans une
philosophie utilitariste. Le meilleur état est celui où « personne n’est riche et personne n’aspire à être
riche ».

b/ L’école classique Française

Jean baptiste Say (1767-1832) (optimiste), chef d’entreprise et 1er professeur d’économie
politique en France

Il va faire l’apologie du capitaliste en montrant le rôle fondamental de l’entrepreneur dans le capitaliste


industrielle. Il confère à l’entrepreneur un rôle important et ceci à travers sa loi des débouchés « un produit
terminé offre dès cet instant un débouché à l’autre produit pour tout le montant de sa
valeur ».

c/ Les caractéristiques communes aux auteurs

c.1- analyse scientifique qui repose sur des lois « urbis et turbis » : tel que la loi de répartition, de la
population, des débouchés.
c.2- analyse en terme d’équilibre qui est toujours réalisé par le jeu du marché ;
c.3- analyse en terme réelle car il sépare la théorie de la valeur de la théorie de la monnaie qui est pour
eux un voile dans l’échange vu qu’elle ne sert que de moyen de transaction.
c.4- la nécessité d’une politique libérale ils condamnent tous les interventions de l’Etat car ils croient
en l’harmonie sociale.

2.3- Les écoles néoclassiques


a/ Les fondements du marginalisme
L’école marginalisme trouve son fondement sur la fonction d’utilité qui va déboucher sur deux notions de la
valeur : objective et subjective.
La valeur objective : la valeur d’un bien dépend de son coût de production (classique) ;
La valeur subjective : la valeur d’un bien dépend de son utilité marginale4 et non totale (néo-classique).
b/ Les courants issus du marginalisme (l’école de Vienne ; Lausanne ; Cambridge)
On distingue trois écoles :
 L’école de vienne qui trouve son fondement chez Carl Menger avec son ouvrage « les fondements
de l’économie politique » publié en 1878 et montre qu’un bien n’a de la valeur que par rapport à un
besoin. Ainsi on peut procéder à une classification des biens selon leur utilité.

4
C’est l’utilité de la dernière unité de bien consommé.
6
 L’école de Lausanne. On distingue deux grands auteurs : 1°)Léon Walras (1834-1970) qui dans son
ouvrage « éléments d’économie politique pure » publié en 1874, fait une analyse en terme d’équilibre
général et développe trois idées : la théorie de l’échange (marchand), l’équilibre de l’économie
générale et présente un tableau synthétique de toute la vie économie.2°) Pareto (1840-1923) présente
le caractère ordinal de l’utilité dans son ouvrage « manuel de l’économie politique » ou il va
développer la notion d’optimum économique5.
 L’école de Cambridge avec Alfred Marshall (1842-1924) qui fait une analyse en termes d’équilibre
partiel.

Chapitre 2 : La remise en cause du libéralisme

Section 1- Karl Max et la critique du socialiste

Le marxisme est une analyse du système capitaliste et de ses contradictions: le capitalisme engendre deux
classes sociales : la classe bourgeoise qui détient le capital, et la classe prolétarienne, qui ne dispose que de
son travail (de sa force de travail, serait plus juste, car c'est plutôt le capitaliste qui dispose du travail de
l'ouvrier). S'inspirant de l'idée d'exploitation des travailleurs lancée par Proudhon, ainsi que de la pensée
ricardienne qui ramène la valeur économique à la valeur-travail, Marx pense que le capitaliste exploite le
travailleur en lui subtilisant une plus-value (c’est le « sur-travail »).

1- L’approche économique critique de Marx


L'économie politique naît au moment de la dissolution des rapports sociaux du mode de production féodal
(MPF) à la fois comme réflexion sur cette dissolution et comme arme pour la bourgeoisie dans sa lutte contre
la noblesse.
Dans la société féodale, le caractère spécifique de l'appropriation par les classes supérieures du sur-produit
social, c'est-à-dire tout ce qui n'est pas nécessaire à la subsistance des producteurs, rendait les rapports
sociaux transparents et donnait au travail individuel du serf un caractère immédiatement social. Avec le
dépérissement des liens de dépendance suzerain/serf dans le MPF lié à l'extension progressive de la
production marchande, qui en se généralisant devient capitaliste, cela n'est plus vrai. Selon Marx, l'histoire
de l'économie politique, de sa naissance à son apogée, peut se résumer à la découverte progressive du travail
humain comme source de la richesse et comme explication de la création de la marchandise, ce produit du
travail privé effectué en vue d'être vendu sur un marché.

2- Lutte de classes et nécessité d’une révolution sociale

Marx définit les éléments essentiels qui constituent une classe sociale. La position de l'individu dans les
rapports de production (travailleur ou exploiteur) est selon lui le principal élément qui permet la définition
de la classe sociale. En même temps, Marx considère que pour qu'il y ait véritablement une classe, il doit y
avoir une conscience de classe : la conscience d’avoir en commun une place dans la société. Marx a remarqué
qu'il ne suffit pas que de nombreux hommes soient côte à côte sur un même plan économique pour qu’un
esprit de classe se forme. Selon Marx, les acteurs centraux de la lutte des classes sont, à l’époque capitaliste,
les bourgeois et les prolétaires. Le communisme constitue pour lui l’état de la société débarrassée des
divisions en classes sociales, et donc une société sans lutte de classes.

Section 2- Le courant keynésien

Keynes a révolutionné la pensée économique dans les années 30 en proposant une alternative au libéralisme.
Il a théorisé l’impact positif d’un interventionnisme public dans l’économie, et a été à l’origine du

5
Augmentation d’un bien sans diminuer l’autre bien.
7
développement de l’État-providence. L’approche keynésienne a été hégémonique durant les Trente
Glorieuses, avant d’être remis en question à partir des années 70.

1- Les grands principes de l’analyse de Keynes

Le keynésianisme s'articule autour de six principaux traits dont trois concernent le fonctionnement de
l'économie et trois les politiques économiques. Les trois principes sur le fonctionnement de l'économie sont
: la demande agrégée est erratique ; les inflexions de la demande ont une plus grande
influence sur la production et l'emploi que sur les prix ; les prix et spécialement les salaires
réagissent lentement au changement de l'offre et de la demande.
À partir de là, les keynésiens avancent trois principes de politique économique : Le niveau usuel de l'emploi
n'est pas idéal car il est sujet à la fois aux caprices de la demande et à des ajustements des prix trop lents, d'où
pour certains keynésiens la nécessité de politiques de stabilisation et de façon encore moins unanime qu'au
point précédent, les keynésiens préfèrent les politiques visant à soutenir l'emploi à celles visant à lutter contre
l'inflation.

2- La nécessaire intervention de l’Etat

Deux moyens d’intervention: la politique budgétaire : hausse des dépenses publiques et déficit budgétaire
et la politique monétaire: baisse taux d’intérêt par la banque centrale.

MODULE 2 : L’ANALYSE DES AGREGATS MACROECONOMIQUES

Chapitre 1 : Consommation et épargne

Les ménages disposant d’un revenu disponible brut ont deux options. Soit ils le dépensent afin de satisfaire
leurs besoins (processus de consommation), soit ils l’épargnent afin de le dépenser plus tard lorsque la
nécessité s’en fera sentir (processus de consommation différée dans le temps).

Section 1 : La fonction de consommation Keynésienne

Consommer, c’est utiliser un bien ou un service à des fins individuelles ou collectives. Consommer, c’est
détruire immédiatement ou progressivement un bien ou un service dans le but de satisfaire un besoin. La
consommation est donc motivée par les besoins qu’un individu cherche à satisfaire à l’aide d’un bien ou d’un
service prévu à cet effet.

1.1- La « loi psychologique fondamentale »

Dans sa « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » (1936), Keynes énonce le principe
suivant : « En moyenne et la plupart du temps, les Hommes tendent à accroître leur consommation à mesure
que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. »

Selon Keynes, la consommation augmente lorsque le revenu augmente, mais pas dans les mêmes proportions,
car une partie du revenu est épargnée ; d’où l’écriture : Y=C+S (revenu = consommation + épargne).

Pour démontrer cette loi, Keynes va introduire la notion de propension à consommer. Il distingue :

- La propension moyenne à consommer : il s’agit de la part du revenu qui est consacrée à la


C
consommation, on note PMC 
Y

8
- La propension marginale à consommer : il s’agit de la variation de la consommation suite
C
à la variation du revenu, on note Pmc 
Y

La propension à consommer est positive et < 1 en vertu de la « loi psychologique fondamentale ».

Fonction de consommation keynésienne : C = C0 + cYd

1.2- Les différentes formes de la consommation

La consommation n’est pas une fonction homogène, elle peut être décomposée selon un certain nombre de
caractéristiques. On distingue en général :

Consommation finale : la consommation finale, qui est uniquement le fait des ménages, sert directement
à la satisfaction d’un besoin (carburant).

Consommation intermédiaire : la consommation intermédiaire, qui est le fait des entreprises,


représente l’acquisition des biens ou services qui sont incorporés dans le processus de production afin de
réaliser un bien ou service final (farine).

De même, la consommation concerne des biens ou services qui diffèrent selon certains critères :

Biens durables/ non durables : certains biens sont détruits dès la première utilisation (nourriture…)
alors que d’autres sont détruits progressivement (vêtements, machine à laver…).

Biens matériels/ non matériels : les biens matériels regroupent l’ensemble des biens physiques (stylo)
alors que les biens immatériels constituent les services (coiffure).

Biens marchands/ non marchands : tous les biens sont par nature marchands dans le sens où ils sont
échangés sur un marché à un prix couvrant au moins leur coût de production (ou coût de revient). Par contre,
certains services ne sont pas marchands, soit parce qu’ils sont gratuits, soit parce qu’ils sont cédés à un prix
inférieur à leur prix de revient (on parle de la production gratuite ou quasi-gratuite).

Enfin, on définit la consommation selon son caractère individuel ou collectif :

Consommation individuelle : le bien ou service consommé ne l’est que par un seul individu à l’exclusion
de tout autre (chaussure).

Consommation collective : un bien ou un service peut être consommé en même temps par plusieurs
individus sans possibilité d’exclusivité, et ce, en leur permettant de satisfaire le même besoin (transport en
commun).

1.3 Les déterminants de la consommation

Les agents économiques font acte de consommation afin de satisfaire des besoins. Néanmoins, le
consommateur est limité dans sa fonction de consommation par son revenu, et par le prix des biens et services
qu’il doit acquérir. Il doit donc procéder à des arbitrages permanents de manière à classer ses besoins par
ordre d’importance. Chaque agent économique fait donc des choix. Ces choix sont déterminés par un certain
nombre de facteurs.

a- Les déterminants économiques de la consommation

Les individus sont confrontés à deux contraintes économiques qui limitent leur capacité à consommer :

Le prix :

9
Par principe, plus le prix d’un bien est élevé, moins la demande le concernant émanant des ménages ou des
entreprises sera forte. Par contre, si le prix d’un bien diminue, la demande exprimée pour ce bien a de fortes
chances de s’accroître. Cette relation inverse entre le prix d’un bien et la demande exprimée par les agents
économiques définit ce que l’on appelle l’élasticité-prix de la demande. Cette élasticité permet de
mesurer la relation qui lie l’évolution du prix et l’évolution de la demande d’un bien.

Autrement dit, l’élasticité désigne la variation relative d’une grandeur (effet) par rapport à la variation relative
d’une autre grandeur (cause).

L’élasticité prix de la demande correspond à la sensibilité au prix de vente des consommateurs. Elle indique
la relation qui existe entre l’évolution des prix et l’évolution de la demande.

D
On note : e p  D  D * P
P P D
P

Elle se mesure de la manière suivante :

Trois cas peuvent se produire :

élasticité-prix négative : une hausse du prix de vente entraîne une diminution de la demande du bien de
la part des ménages. A l’inverse, une baisse du prix de vente se traduit par une augmentation de la demande
du bien (évolution à sens inverse).

élasticité-prix nulle : la variation du prix de vente d’un bien n’a aucune incidence sur la demande globale
adressée à ce bien (pas d’effet).

élasticité-prix positive : une hausse du prix de vente entraîne une augmentation de la demande adressée
à ce bien (évolution dans le même sens : cas des biens de luxe).

Le revenu

Par principe, une hausse du revenu se traduit par une augmentation de la consommation. Néanmoins, une
partie du revenu supplémentaire peut ne pas être consommée immédiatement, ce qui donne lieu à la
constitution d’une épargne. Le comportement de consommation évolue donc avec le niveau du revenu. Plus
le revenu est élevé, plus une partie importante sera épargnée.

Ce comportement est mis en évidence par l’élasticité-revenu de la demande. Elle se détermine de la


manière suivante :

Elasticité-revenu de la demande = variation de la demande (en %) / variation du revenu (en


%)

Trois cas peuvent se produire :

élasticité-revenu négative : une hausse du revenu entraîne une diminution de la consommation de la part
des ménages.

élasticité-revenu nulle : la variation du revenu n’a aucune incidence sur la consommation globale du
ménage, ce qui témoigne d’un comportement d’épargne.

élasticité-revenu positive : une hausse du revenu entraîne une augmentation de la consommation du


ménage.

La notion d’élasticité est fondamentale. Une entreprise par exemple doit tenir compte de l’élasticité prix du
bien ou service qu’elle vend de manière à fixer un prix de vente optimal. Une diminution du prix de vente,

10
décidée par exemple pour accroître les ventes, n’aura aucune incidence réelle si l’élasticité-prix du bien est
nulle. De même, une politique de relance économique par distribution de revenus aux ménages (baisses
d’impôts…) verra son impact réel sur la consommation globale des ménages varier en fonction de l’élasticité-
revenu de la demande…

En dehors de ces facteurs, la consommation des ménages est fonction de facteurs non économiques.

b- Les déterminants non économiques de la consommation

La classe sociale: la consommation d’un individu varie en fonction des habitudes qu’il a acquises de par
son éducation. La reproduction du mode de vie de la classe sociale d’origine influence donc la consommation.

La catégorie socio-professionnelle : dans le même ordre d’idée, la consommation peut être influencée
par la catégorie socioprofessionnelle à laquelle appartient l’individu. Ceci s’explique en partie par un besoin
de mimétisme et d’identification.

L’âge : un individu âgé consomme par exemple plus de services de santé qu’un adolescent…

Le comportement ostentatoire : le fait de consommer correspond ici à un besoin d’être reconnu par la
société comme appartenant à un groupe social particulier (effet de « snobisme »).

Le mode de vie: la consommation est en partie influencée par le mode de vie de l’individu (variables
sociologiques, psychologiques, démographiques : cas des femmes de l’Afrique de l’Ouest par rapport à celles
de l’Afrique Centrale).

L’effet d’imitation: la consommation répond parfois au besoin de copier la consommation de la classe


sociale supérieure.

La publicité: l’acte de consommer est en partie influencé par la publicité produite par les entreprises. La
consommation est donc provoquée par le producteur. On parle alors de « filière inversée » (Galbraith).

Section 2 : Les hypothèses du revenu permanent

2.1- L’hypothèse du revenu permanent (M. Friedman, 1957).

L’hypothèse du revenu permanent postule que les individus égalisent leur consommation à leur revenu
permanent, défini comme la valeur annuelle de la somme des actifs et de la valeur présente actualisée du
revenu disponible futur. Une implication importante de cette hypothèse est que les variations du revenu
transitoire sont (dés) épargnées et les variations permanentes sont consommées.
En effet, il suggère que les gens considèrent le revenu courant
Y ..comme..la...somme...de..deux...composante s, le..revenu.. permant ..Y P ..et.le..revenu..transitoir e..Y T en
d’autres termes : Y  Y P  Y T (3)

D’où la fonction de consommation suivante :

C  Y P ....avec.. ..une...cons tan te..quimesure ....la... fraction...consommée ...du.revenu...permanent Dès lors,


la consommation est proportionnelle au revenu permanent.

2.2- L’hypothèse de cycle de vie (F. Modigliani et Brumberg, 1954 ; Ando et Modigliani, 1963)

L’approche en termes de cycle de vie de la consommation et de l’épargne fait l’hypothèse que les individus
ont un horizon temporel fini et tentent de lisser leur sentier de consommation sur la base de leur richesse

11
(attendue) au cours du cycle de vie ou du revenu anticipé au cours de leur vie. L’épargne est considérée comme
servant à la retraite et varie systématiquement au cours de la vie de l’individu.
• Singulièrement, le modèle du cycle de vie prédit que le taux d’épargne devrait baisser à mesure que la
proportion des personnes à la retraite dans la population totale augmente ; ce résultat s’étend aussi à ceux
qui sont en dessous de l’âge de travailler. Par conséquent, plus le ratio de dépendance est élevé, plus le taux
d’épargne sera faible.
D’où la fonction de consommation suivante :

C  W  Y (4)

Où le paramètre  est la propension marginale à consommer une partie de la richesse et le paramètre  la


propension marginale à consommer une partie du revenu.
Remarque : ce modèle montre que l’épargne varie au cours de la vie des gens. Selon cette hypothèse et afin
de garder un niveau de consommation confortable durant leur vie, les jeunes qui travaillent épargnent et les
personnes retraitées désépargnent.

revenu revenu

A Épargne

Emprunt consommation

Revenu à la retraite

0 retraite décès âge

Figure : revenu, consommation et épargne dans le modèle de cycle de vie

Conclusion : nous avons vu comment l’interprétation du comportement du consommateur s’est


progressivement modifiée en passant en passant en revue l’ensemble des travaux de certains grands
économistes. Selon Keynes, la fonction de consommation est dans une large mesure fonction du revenu
courant. Or la prise en compte du caractère intertemporel, a réorienté leurs décisions de consommation vu
qu’ils anticipent leurs ressources et besoins futurs, ce qui rend plus complexe la fonction de consommation
Keynésienne.

Section 3 : L’épargne

L’épargne correspond à la partie du revenu disponible des ménages qui n’est pas consacrée à une
consommation immédiate. L’épargne est donc, en sciences économiques, considérée comme une
consommation différée dans le temps.

3.1 Les différents types d’épargne


L’épargne peut prendre deux formes essentielles :

- La thésaurisation : c’est la somme gardée par les agents économiques sous forme de
liquidité ;
12
- Les placements financiers : d’une part, les placements « sûrs », sans risque, à capital
garanti, dont la rémunération (les intérêts versés) est assurée ; d’autre part, les placements risqués, censés
générer des revenus ou des plus-values, dont le capital n’est pas garanti.

3.2 Les motifs de l’épargne

Les ménages épargnent pour trois raisons principales :

 Disposer de liquidités : afin de permettre une dépense de consommation plus importante dans un
futur proche.

 Disposer d’une réserve : cette réserve constitue une marge de sécurité afin de faire face aux aléas
de la vie (accident, maladie…).

 Constituer un patrimoine : ce patrimoine peut prendre des formes de placements différents et


sert soit à procurer un complément de revenu, soit à être transmis sous la forme d’un héritage aux
descendants de l’épargnant.

CHAPITRE 2 : L’investissement

L’investissement, en économie, désigne la part de la richesse destinée à accroître la production, par


l'accroissement ou le renouvellement des capacités productives. Autrement dit, il s’agit de l’acquisition de
produits qui sont destinés à produire dans le temps, d’autres biens.

Section 1 : Les différents types d’investissement

L’investissement peut être matériel ou immatériel.

1.1 Les différents types d’investissement matériels


L’investissement matériel comprend l’acquisition de l’ensemble des biens de production physiques, du genre
machine, locaux, terrain…

On distingue généralement :

L’investissement de remplacement : qui consiste à remplacer une machine par une autre machine, sans
modifier le volume global de production de l’entreprise

L’investissement de capacité : qui consiste à remplacer une machine par une machine permettant de
produire des volumes supérieurs.

L’investissement de productivité : qui consiste à remplacer une machine par une autre machine plus
performante, c’est à dire qui permet de produire le même volume à moindre coût.

En fait, cette distinction reste souvent théorique, et un investissement recouvre souvent deux aspects, car
même un simple investissement de remplacement se fait à l’aide d’une machine plus moderne que la
précédente, et elle est donc globalement plus productive que l’ancienne.

1.2 Les différents types d’investissement immatériels


L’investissement immatériel se distingue de l’investissement matériel par le fait qu’il n’augmente pas le stock
de biens durables de l’entreprise.

Les principaux investissements immatériels sont :

Les frais de recherche et de développement, la formation des salariés, l’acquisition de logiciels, l’achat de
brevets ou de licences d’exploitation, les frais publicitaires…
13
Les entreprises réalisent aussi des investissements financiers et des IDE.

L’investissement financier est une opération par laquelle une entreprise rachète ou prend participation dans
une autre entreprise.

L’IDE correspond à un accroissement de la capacité de production d’une entreprise à l’étranger, soit par
rachat ou prise de participation dans une entreprise locale déjà existante (investissement financier), soit par
création d’une filiale (investissement productif).

Section 2: Les déterminants de l’investissement

La décision d’investir est une décision prise par les entrepreneurs. Son caractère risqué incite les
entrepreneurs à considérer de nombreux paramètres, liés aux perspectives de débouchés, à la rentabilité
espérée et, enfin, aux moyens de financement.

2.1- Les perspectives de débouchés

L’entrepreneur prend la décision d’investir s’il anticipe une demande durable pour son produit.

Les perspectives de croissance sont déterminantes lorsque l’entrepreneur ne peut satisfaire la demande avec
les biens d’équipement déjà installés. Un taux d’utilisation des capacités de production élevé est donc de
nature à stimuler l’investissement.

2.2- Les perspectives de rentabilité


La rentabilité d’un projet d’investissement dépend de nombreux critères (coûts de production, caractère
innovant du produit, l’état de la concurrence, etc.).
L’entrepreneur compare la rentabilité escomptée de son projet d’investissement avec son coût financier. En
général, une baisse des taux d’intérêt encourage la décision d’investir : d’abord, parce qu’un plus grand
nombre de projets d’investissements se révèlent rentables lorsque le coût financier diminue ; ensuite parce
que la baisse des taux d’intérêt incite moins les entreprises, capables d’autofinancer leurs projets, à placer
leurs capitaux sur le marché financier.

2.3- Les moyens de financement

La décision d’investir est enfin contrainte par la recherche de son financement. L’entrepreneur dispose d’un
éventail de moyens de financement, chacun ayant ses avantages et ses inconvénients.

Les moyens Coût du Contraintes Incidence sur le


de financement financement contrôle de la
firme
Autofinancement Nul Exigences de profits Aucun
(coût d’opportunité) antérieurs
……………….. ……………….. ..……………… .....……………
Augmentation Quasi nul Rémunérer et Limités au pouvoir
de capital informer les du chef d’entreprise
actionnaires ; opter ou perte de contrôle
pour une structure
……………….. ...……………… sociétaire ..….……………
Emprunts bancaires Fonction des taux Risque de perte
ou obligataires d’intérêt ....……………… d’indépendance par
rapport aux banques
Accroissement des
charges financières

14
Section 3 : Les autres déterminants de l’investissement

Dans les PED, la décision d’investir dépend d’une variété de facteurs autre que ceux qui ont été présentés
précédemment. Parmi ces déterminants on peut évoquer : le rationnement du crédit, les contraintes de
devises, l’investissement public et l’instabilité macroéconomique.

3.1-Rationnement du crédit

L’absence de développement des marchés de capitaux propres rend les firmes très dépendantes du crédit
bancaire non seulement pour des besoins de capital circulant (associé par exemple, au besoin de payer les
travailleurs et d’acheter du matériel brut) mais aussi pour le financement à long terme de l’accumulation du
capital. Dans les pays où les taux d’intérêt sont très réglementés (de sorte que les taux d’intérêt réels sont
négatifs), l’excès de demande de crédits existera, obligeant les banques à rationner leurs prêts. Le fait que les
banques soient imparfaitement informées au sujet de la qualité des projets dans lesquels les firmes planifient
leurs investissements peut aussi entraîner un rationnement (endogène) du crédit. Les deux cas suggèrent que
la quantité de crédit, plutôt que son prix (le taux d’intérêt) devrait être considérée comme un déterminant de
l’investissement.

3.2-Contrainte de devises extérieures

Le taux de change réel (mesuré comme le prix des biens non-échangés par rapport au prix des biens échangés)
affecte l’investissement privé à travers le canal de la demande et le canal de l’offre :
• Du côté de la demande, une dépréciation du taux de change réel provenant d’une dépréciation nominale
réduit la richesse réelle et la dépense du secteur privé par son effet sur les prix domestiques ; la chute de
l’absorption domestique peut entraîner les firmes à réviser leurs anticipations de la demande future et réduire
les dépenses d’investissement, par le biais de l’effet de l’accélérateur.
• Du côté de l’offre, comme une dépréciation du taux de change réel augmente le prix des biens échangés
(mesuré en termes de monnaie domestique) par rapport au prix des biens domestiques, elle peut stimuler
l’investissement dans le secteur des biens échangeables et réduire la formation du capital dans le secteur des
biens non-échangeables.

3.3-Investissement public

L’investissement public a, en général, un effet ambigu sur l’investissement privé, en raison de deux effets
opposés :

• En augmentant le déficit budgétaire, l’investissement public peut évincer la formation de capital privé en
réduisant le crédit disponible au secteur privé ou en augmentant les taux d’intérêt.
• Dans le même temps, l’investissement public dans des projets d’infrastructures (les investissements publics
en énergie, télécommunication, transport, santé et éducation) peut être complémentaire à l’investissement
privé.

2.4-Instabilité macro-économique

Comme on l’a montré plus tôt, en présence d’irréversibilité et d’asymétrie des coûts d’ajustement, l’instabilité
macro-économique peut avoir de larges (et peut être négatifs) effets sur la formation de capital privé. Il y a
plusieurs autres canaux par lesquels l’instabilité macro-économique peut affecter l’investissement privé :
• Un environnement macro-économique instable est souvent caractérisé par un niveau élevé de l’inflation ; à
son tour, un taux élevé d’inflation peut réduire l’investissement en déformant les signaux de prix et le contenu
de l’information sur les variations des prix relatifs.

15
• L’instabilité macro-économique se traduit aussi par une forte variabilité de l’inflation, à son tour, un taux
d’inflation fortement variable peut avoir un effet défavorable sur la profitabilité attendue. Si les firmes ont
une aversion au risque, le niveau de leur investissement baissera.

3.5-L’effet de la charge de la dette


Un ratio élevé de la dette étrangère rapportée à la production peut avoir un effet défavorable sur
l’investissement privé à travers différents canaux :

• Un ratio dette/production élevé (et de façon concomitante un ratio service de la dette élevé) peut entraîner
les agents domestiques à transférer les fonds à l’étranger plutôt que d’épargner domestique en raison de la
crainte des engagements d’impôts futurs pour financer le service de la dette ; ceci est semblable à l’effet auquel
on a fait allusion précédemment dans le contexte d’épargne. Il tend à réduire l’investissement privé
directement et indirectement, dans le dernier cas, en augmentant le coût domestique des biens de capital.
• Une lourde charge de la dette extérieure pourrait décourager l’investissement direct étranger en augmentant
la probabilité que le gouvernement recourt à l’imposition de restrictions sur les obligations de paiements
extérieurs - paiements courants sur les revenus de l’investissement. Dans la mesure où l’investissement direct
étranger est complémentaire à l’investissement privé domestique, ce dernier baissera aussi.

Chapitre 3 : La production

La production est au centre du circuit économique, elle satisfait les besoins des agents économiques et
alimente le circuit en revenus. Néanmoins la production est une notion complexe, en mutation. Le revenu
qu’elle engendre n’est pas calculé sous forme de richesse globale mais de valeur ajoutée. La mesure de la
production connaît des limites multiples.

Section 1 : La notion de production

« La production est l’activité économique socialement organisée consistant à créer des biens et services
s’échangeant habituellement sur le marché ». On distingue la production marchande et non-marchande.
La production marchande s’échange sur un marché et les revenus qu’elle engendre doivent du moins
couvrir les coûts de production.
La production non-marchande réalisée par les administrations, vise à répondre à des besoins satisfaits
hors marché (sécurité, enseignement public). Néanmoins certaines activités comme l’enseignement ou la
santé peuvent être à la fois des productions marchandes et non-marchandes.

Section 2 : L’importance des productions marchandes et non marchandes

Il ne faut pas confondre secteur public et privé et production non-marchande et marchande. En effet cette
dernière regroupe aussi bien la production de biens et services par le secteur privé que la production de biens
et services privatifs par le secteur public.
La production non-marchande propose une grande diversité de services ainsi que d’agents productifs (Etat,
organismes sociaux etc.). L’Etat, peut se substituer au marché, on parle alors d’Etat entrepreneur. Ainsi il se
retrouve confronté à de nombreux choix de prix et de quantités proposées, choix de l’importance de la
production par rapport à la conjoncture et à ses possibilités et enfin choix entre quantité et qualité des services
proposés à la collectivité

Section 3 : Mesures de la richesse

Nous disposons trois principales approches pour mesurer la production : L'approche production, l’approche
dépense et l’approche revenue.

16
3.1. L’approche production

Dans l'approche production, le produit intérieur brut est calculé à partir de la valeur ajoutée, c'est-à-dire de
la différence entre la production et la consommation intermédiaire. En effet, la production mesure la
création de richesse et la consommation intermédiaire sa destruction au cours du processus de
production. La valeur ajoutée mesure donc la richesse effectivement mise à la disposition de l'économie par
le système productif.

La valeur ajoutée permet de mesurer la valeur dégagée par la production d’une unité.

VA = Valeur de la Production – Consommations intermédiaires

Le produit intérieur brut selon l'approche production est calculé de la manière suivante :

Produit intérieur brut = somme des valeurs ajoutées + impôts sur les produits - subventions
sur les produits

3.1. L’approche dépense ou demande

L'approche demande, encore appelée approche dépenses, montre comment la richesse créée a été
utilisée. Le calcul du produit intérieur brut qui lui correspond peut se déduire du compte de biens et services.
Celui-ci se présente sous la forme suivante :

Produit intérieur brut = Consommation finale


+ Formation brute de capital fixe
+ Variation des stocks
+ Acquisitions moins cessions d'objets de valeur
+ Exportations
− Importations

Nb : Variation des stocks + Acquisitions moins cessions d'objets de valeur = Investissement


Consommation finale = Consommation privée (ménage) + Consommation publique
(Dépense gouvernementale)

Donc :

Produit intérieur brut = Consommation privée + Investissement + Dépense


gouvernementale + Exportations − Importations

3.3. L'approche revenu

La production est également l'occasion d'une répartition de la richesse produite entre les salariés, les
entreprises et l'État. L'approche revenu met en évidence cette répartition. Le calcul du produit intérieur brut
selon cette approche dérive directement de la précédente, il suffit d'utiliser la décomposition de la valeur
ajoutée provenant du compte d'exploitation :

Valeur ajoutée = Rémunération des salariés + autres impôts sur la production − autres
subventions sur la production + excédent d'exploitation / revenu mixte

17
Section 4 : Les limites des mesures de la production

La comptabilité nationale prend en compte les aspects quantitatifs de la production. La mesure de la


production rencontre certaines limites, le débat rejoint celui qui lie la croissance et le développement, deux
notions distinctes. Ainsi Henri Montant propose un nouvel agrégat : le BNB (Bonheur National Brut). Les
comparaisons internationales basées sur les grands agrégats de la comptabilité nationale n’apprécient
qu’imparfaitement la situation d’un pays ; ils oublient le bien-être collectif. De nombreux facteurs sont
oubliés, tels que la saisie du travail domestique, l’économie dite souterraine ou parallèle, la prise en compte
des nuisances et la qualité des produits.
Face à ces lacunes, de nouveaux agrégats évaluant le développement des pays sont apparus tel l’Indice de
Développement Humain (l’IDH) et l’PH.

Chapitre 4 : L’équilibre macroéconomique (Cas pratique du modèle keynésien à faire en classe)

L’équilibre macroéconomique décrit l’égalité entre l’offre et la demande sur un marché.


Dans le cas d’une économie fermée, l’équilibre est donné par la relation suivante :
Y=C+I+G

En économie fermée, les relations avec le reste du monde sont prises en compte. L’équilibre devient :
Y+M=C+I+G+X

MODULE III : L’ANALYSE DES GRANDS DESEQUILIBRES MACROECONOMIQUES

Chapitre 1 : L’inflation

Section 1 : Définition et notions voisines


1.1- Définition
L’inflation désigne la hausse soutenue et continue, c'est-à-dire sur une longue période, du niveau général des
prix.

1.2- Notions voisines


- Désinflation : décélération (ralentissement) de la hausse des prix
- Déflation : baisse du niveau général des prix
- Stagflation : situation économique marquée par : l’inflation, la stagnation de l’activité économique
et le chômage.

Section 2 : Les causes de l’inflation


2.1- L’inflation par la monnaie
La théorie quantitative de la monnaie, développée par Milton Friedman décrit l’équation suivante :

MV=PT

Avec :

V : Vitesse de circulation de la monnaie (nombre de fois qu’une unité monétaire est dépensée au cours d’une
période)

T : Volume des transactions

M : Masse monétaire en circulation

P : Niveau général des prix

MV : Somme des dépenses


18
PT : Somme des ventes

Si M augmente, alors P augmente aussi.

Cette relation dépend de trois variables : M, V, T.

2.2- L’inflation par l’offre : les coûts de production

L’accroissement des coûts de production justifie l’augmentation du prix de vente.

2.3- L’inflation par la demande


L’accroissement de la demande peut être source de la hausse des prix.

Section 3 : Les conséquences de l’inflation

3.1- Perte de la valeur de réserve de la monnaie

L’inflation engendre une perte de la fonction de réserve de valeur de la monnaie puisque la hausse des prix
augmente la quantité de monnaie nécessaire à l’acquisition d’un bien.
En effet, la monnaie est une réserve de valeur qui peut être utilisée n’importe quand dans le temps. Elle
permet donc à son détenteur de conserver un pouvoir d’achat qu’il pourra mobiliser au moment de son choix.
L'évolution des prix (l'inflation) vient diminuer la valeur d'échange de la monnaie puisque la hausse des prix
augmente la quantité de monnaie nécessaire à l'acquisition d'un bien.

3.2- Perte de la valeur de l’instrument d’échange de la monnaie

L’inflation entraîne la perte de la fonction d’instrument d’échange de la monnaie. De ce fait, les individus
préfèrent utiliser d’autres monnaies (dollarisation) en lesquelles ils ont plus de confiance.

3.3- Effet sur la croissance

La croissance se définit comme l’augmentation de la production sur une longue période.

Selon John Maynard Keynes, l’augmentation de la demande effective entraîne l‘accroissement de la


production et donc des revenus. D’où une possible situation inflationniste liée à l’augmentation des revenus
(inflation par la monnaie). De même, l’augmentation des revenus justifie l’augmentation de la demande,
source de l’inflation (inflation par la demande).

Pour les libéraux, l’inflation freine la croissance.

En effet, en situation d’ouverture internationale, l’inflation réduit la compétitivité-prix des produits


nationaux. De ce fait, les consommateurs locaux privilégieront les produits étrangers (moins coûteux) au
détriment des produits locaux (plus chers), d’où la baisse de la production nationale.

Chapitre 2 : Le chômage

Section 1 : Définitions et typologies de chômage


1.1- Définition du chômage
Une personne est qualifiée de chômeur si et seulement si :

- Elle est en âge de travailler (à partir de 15 ans, norme BIT)


- Elle est sans emploi ;
- Elle est disponible pour prendre un travail dans les 15 jours ;

19
- Elle est à la recherche d’un emploi.
-
1.2- Typologies de chômage
- Le chômage frictionnel

Le chômage frictionnel est un chômage de prospection, donc volontaire. Il correspond au temps


nécessaire entre la cessation volontaire d’une activité et la reprise d’une autre activité professionnelle.

- Le chômage saisonnier

Il concerne l’ensemble des activités qui se déroulent selon un cycle qui n’est pas constant dans le temps. Ce
type de chômage concerne par exemple les activités liées au tourisme, ou encore certaines activités agricoles.

Il se rapporte au chômage technique, lié à une interruption de la production à la suite de panne, de pénurie,
de grève.

- Le chômage conjoncturel ou cyclique

Le chômage conjoncturel résulte du ralentissement de l’activité économique.

- Le chômage structurel

Il touche les actifs dont les qualifications ne correspondent plus à celles recherchées par les entreprises (cf.
inadéquation formation-emploi).

- Le chômage naturel

Il combine le chômage fonctionnel et le chômage structurel.

- Le chômage technologique

Il est lié à la substitution du capital au travail (remplacement des ouvriers par des machines)

- Le chômage d’exclusion

Il frappe les personnes ayant des grandes difficultés à trouver un emploi, généralement souffrant d’handicaps
sociaux (absence de diplômes, analphabétisme, habitat dans des quartiers ayant une mauvaise réputation.

- Le chômage d’insertion
Il concerne les jeunes ayant achevé leurs études qui entrent sur le marché du travail.

Section 2 : Causes et conséquences du chômage

2.1- Causes du chômage


- Ralentissement de l’activité économique aboutissant à la baisse de la production ;
- Le salaire minimum (SMIG, SMIC) ;
- Le progrès technique.

2.2 Conséquences du chômage : baisse de la production et de la croissance

Chapitre 3 : Croissance et politiques économiques

Section 1 : Croissance

La croissance économique constitue l’un des principaux objectifs de politique économique, à côté notamment
de la stabilité des prix, de la promotion du plein emploi et de la réalisation de l’équilibre extérieur, tel que
nous le présente le Carré Magique de Nicolas Kaldor.

20
En guise de définition, la croissance économique désigne l’augmentation soutenue et durable, c’est-à-dire sur
une longue période d’un indicateur de dimension tel que le PIB ou le PNB. De manière simplifiée, il s’agit de
l’augmentation sur une longue période de la production d’un pays.

Si l’augmentation de la production se fait sur une courte période, on parlera d’expansion. Si par contre on
observe un ralentissement de la production, mais celle-ci restant positive, alors on parlera de récession.
Par ailleurs une baisse de la production allant à être négative nous fait penser à la dépression.
Comme déterminants de la croissance on retrouve deux grands groupes :
 Les déterminants de la croissance exogène qui sont : l’épargne, le progrès technologique et la
croissance démographique (Solow, 1957 ; Romer) avec pour hypothèse les rendements d’échelle
décroissants.
 Les déterminants de la croissance endogène qui sont : l’innovation, la recherche et
développement, l’éducation, la santé…(Romer,1986-87 ; Barro,1990 ; Lucas,1988) avec pour
hypothèse les rendements d’échelle croissants.

Section 2 : Les politiques économiques

La politique économique désigne l’ensemble des décisions prises par les pouvoirs publics afin d’atteindre,
grâce à l’utilisation des différents moyens à leur disposition, certains objectifs concernant la situation
économique générale. Autrement dit, il s’agit de l’intervention des pouvoirs publics dans l’économie,
caractérisée par une hiérarchie des objectifs et un choix d’instruments appropriés pour l’atteinte de leurs
objectifs.

2.1 Les objectifs de la politique économique

On distingue les objectifs des politiques économiques selon la typologie suivante : objectifs économiques
purs, objectifs sociaux et « quasi-objectifs ». Les économistes proposent une représentation dite du « carré
magique » qui regroupe les quatre objectifs essentiels des politiques économiques : le plein-emploi, la
stabilité des prix, équilibre des comptes extérieurs et la croissance économique.

2.2 Les instruments de la politique économique


L’Etat peut utiliser des instruments dits de connaissance ou d’intervention pour mener une politique
économique. Celle-ci peut également être de deux types : conjoncturelle ou structurelle. La politique
conjoncturelle répond à un besoin ponctuel et est en général à court terme. A contrario, la politique
structurelle s’inscrit dans la durée et intervient plus en profondeur. Dans le cas du carré magique de
Kaldor, il s’agit précisément des politiques conjoncturelles.

2.3 Politiques budgétaires


La politique budgétaire peut être de deux types : libérale ou interventionniste. Dans le premier cas on
préconise la neutralité du budget et son équilibre, dans le second cas, le budget devenu actif sert à relancer
l’investissement, l’emploi. On parle alors d’entraînement positif sur l’ensemble de l’économie ainsi que d’effet
multiplicateur. Pour ce faire l’Etat peut agir sur les recettes (interventionnisme fiscal, recours à l’emprunt)
ou bien les dépenses publiques.

2.4 Politiques monétaires

L’objectif de la politique monétaire est de fournir un volume de monnaie adapté aux besoins de l’économie.
On distingue néanmoins les objectifs finaux (relatifs aux performances macro-économiques) et les objectifs
intermédiaires. Les politiques monétaires agissent essentiellement sur l’agrégat M3. La BEAC utilise
plusieurs instruments tels les taux d’intérêt pour mener à bien sa politique monétaire.
21

Vous aimerez peut-être aussi