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Cours d’analyse economique 1 Ababacar

KEITA FASEG-UCAD
Le terme « économie » provient de mots grecs « oïkos » et « nomos » qui signifient
respectivement maison et ordre. Le premier à utiliser ce terme est ARISTOTE (384-322 avant J
C). Pour lui l’économie serait la science de l’organisation de la maison. D’une manière générale,
la science économique ou économie politique ou encore analyse économique peut être définie
comme la science qui étudie : « la manière dont les hommes vivant en société affectent leurs
ressources limitées à la production des biens, la manière dont ils répartissent et consomment
ces biens ». Bibliographie Indicative :
- ABRAHAM-FROIS Gilbert : « Economie Politique » édition Economica
- ARROUS Jean : « Introduction à l’économie Politique » édition Dalloz
- BARRE Raymond : « Economie Politique » édition PUF
- DIAW Adama : « Analyse Economique » édition Codesria
- FLOUZAT Denise : «Analyse Economique » édition Masson
Plan du cours :
 Chapitre Introductif : Les besoins, les biens, la rareté et les grands courants de la pensée
économique
 Chapitre 2 : Eléments de Comptabilité Nationale
 Chapitre 3 : Eléments de Commerce International et Balance des Paiements
 Chapitre 4 : Monnaie et Création Monétaire

CHAPITRE INTRODUCTIF

Dans ce chapitre introductif nous aborderons les notions de besoin, de bien et de rareté qui
sont des notions essentielles pour la science économique avant de terminer sur l’étude des
grands courants de la pensée économique.

SECTION 1 : Les besoins, les biens et la rareté


A- La notion de besoin
Un besoin est un état d’insatisfaction éprouvé par un individu ou un groupe d’individus
Les besoins humains sont multiples :
 certains sont communs à tous : notamment les besoins physiologiques tels que manger,
se vêtir, se loger etc.
 d’autres varient en fonction des goûts, du temps et de l’espace.

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B – La notion de bien

Un bien est une entité susceptible de satisfaire un besoin. La science économique exclut de son
champ d’étude les biens dont l’abondance est telle que l’homme n’a pas besoin de les produire.
Ces biens à l’exemple de l’air sont utiles mais ils ne sont pas rares. Les biens économiques sont
des biens rares. Et ils peuvent être classés selon différents critères :

 en biens matériels et biens immatériels ou services : les biens matériels sont des biens
tangibles (des objets) alors que les biens immatériels ou services ne le sont pas
(transport, soins médicaux)
 en biens durables (réfrigérateur, camion) et non durables (lait, beurre)
 en biens d’investissement et en biens de consommation : les biens d’investissement
sont des biens durables servant à la fabrication d’autres biens.
Les biens de consommation eux se divisent en deux catégories : les biens de consommation
finale et les biens de consommation intermédiaire. Les biens de consommation finale sont les
biens durables ou non durables destinés à la satisfaction directe des besoins humains (le pain
familial, le réfrigérateur familial).
Les biens de consommation intermédiaire sont des biens non durables utilisés pour produire
d’autres biens.
 en biens divisibles et non divisibles : les biens divisibles sont ceux qui peuvent être
fractionnés pour (sucre, riz) alors que les biens non divisibles ne peuvent pas l’être
(tracteurs ; voitures).
 enfin en biens privés et biens publics : un bien privé est un bien qui ne peut satisfaire
que les besoins d’une seule personne à la fois. Alors que le bien public ou bien collectif
peut satisfaire simultanément les besoins de plusieurs individus.

C-La rareté et la science économique


La rareté des ressources oblige les hommes à faire des choix. Choisir d’engager des ressources
dans la production d’un bien revient à sacrifier la production d’un autre bien. C’est pourquoi la
science économique est aussi considérée comme la science de la rareté ou des choix. Le
concept de coût d’opportunité a été introduit dans l’analyse économique pour mesurer ce que
coûte un choix à un pays où à un agent économique. Par exemple considérons un pays qui ne
peut produire seulement que deux biens : le coton et le mil.
Le coût d’opportunité de la production du mil est la quantité de coton à laquelle on renonce
pour pouvoir produire une unité de mil. Faisons le graphique de la courbe des possibilités de
production avec le mil en abscisses et le coton en ordonnées.

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La courbe des possibilités de production est la courbe représentative des combinaisons de mil
et de coton qui épuisent les ressources du pays.
La droite LH représente la courbe des possibilités de production.
Au point L toutes les ressources sont consacrées à la production du coton.
Au point H toutes les ressources sont affectées à la production de mil.
Au point A il produit une quantité OC de coton et une quantité OD de mil.
Au point B il produit la quantité OE de coton et OF de mil.
En se déplaçant de la gauche vers la droite on augmente la quantité de mil au détriment du
coton.
Par exemple si on passe du point A au point B le coût d’opportunité de la production de mil a
pour expression:
CE / DF
Si CE = 12 tonnes et DF = 10 tonnes, le coût d’opportunité de la production d’une tonne de mil
est : 12 / 10 = 1,20 tonnes. Donc pour produire une tonne de mil on doit renoncer ou sacrifier
1,20 tonne de coton.

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Par ailleurs au-delà de la droite LH nous avons le domaine des productions irréalisables ou
inaccessibles à cause de l’insuffisance des ressources. En dessous de la droite de la droite LH
nous avons le domaine des productions réalisables mais inefficientes c'est à dire qui se
traduisent par un gaspillage de ressources : exemple au point G. Si le producteur choisit ce
dernier point cela signifie que pour une quantité OD de mil il se contente de la quantité OE de
coton alors qu’il peut avoir la quantité OC de coton.

SECTION 2 : Les grands courants de la pensée économique


Parmi les courants qui ont marqué l’histoire de la pensée économique nous pouvons retenir : le
mercantilisme, la physiocratie, l’école classique, l’école néoclassique, le marxisme, le
keynésianisme et le monétarisme.

A- Le Mercantilisme (1450—1750)

Ce terme provient du latin « mercari » qui signifie faire du commerce. Le mercantilisme est un
courant de pensée qui considère que la richesse d’un pays dépend de la quantité d’or, d’argent
ou de métaux précieux qu’il possède. Ces métaux précieux peuvent être gagnés notamment
grâce à un excédent de la balance commerciale. Le mercantilisme a pris plusieurs formes : le
mercantilisme métalliste ou primitif, le mercantilisme industriel ou colbertisme et le
mercantilisme commercial et financier ou commercialisme.

Le mercantilisme métalliste ou primitif

Il fut pratiqué par l’Espagne et le Portugal. Il se caractérise par la recherche d’or dans les mines
des colonies et la mise en place d’une réglementation limitant les sorties d’or.

Le mercantilisme industriel ou colbertisme

Il fut pratiqué par la France. Il porte le nom de Jean Baptiste COLBERT (1619-1683) ministre des
finances du roi français Louis XIV. Cette forme de mercantilisme repose sur l’idée que l’or et
l’argent peuvent être acquis grâce à un excédent de la balance commerciale. C’est-à-dire que
les exportations soient supérieures aux importations. Il faudrait notamment accroître les
exportations de produits industriels ou manufacturés. Pour cela l’Etat se doit d’aider au
développement des industries. COLBERT contribua à la création de beaucoup de manufactures
ou d’industries appartenant à l’Etat Français.

Le mercantilisme commercial et financier ou commercialisme

Il fut pratiqué par des pays comme l’Angleterre et la Hollande. Il repose principalement sur
l’idée que c’est par le commerce qu’un pays gagne l’or et l’argent qui lui permet de s’enrichir.
Les pays doivent alors créer de grandes compagnies commerciales qui vont échanger avec le

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monde. Parallèlement il faudrait aussi abaisser les taux d’intérêt pour rendre le crédit
commercial moins cher et ériger des barrières à l’entrée des produits étrangers afin de
favoriser les produits locaux.

B- La Physiocratie (1750—1775)
Ce mot vient d’un physiocrate Pierre Samuel Dupont de Nemours (1739 – 1817). Il signifie le
pouvoir de la nature. Cette philosophie économique fut défendue par des auteurs dont le chef
de file était François QUESNAY (1694 –1774).Son ouvrage majeur est le « Tableau Economique
» paru en 1758.Les physiocrates rejettent la thèse mercantiliste. Ils estiment que seule la terre
est créatrice de richesses. La terre multiplie la matière. C’est en cultivant la terre (l’agriculture)
qu’on crée une richesse nouvelle qualifiée de « produit net ».Ils distinguent aussi trois classes :
la classe productive ou classe des agriculteurs, la classe des propriétaires fonciers et la classe
stérile (artisans, commerçants, professions libérales, fonctionnaires etc.).
François QUESNAY donna une description de la circulation de la richesse créée par la classe
productive dans un tableau économique
Exemple :
Supposons qu’en début de période la classe productive dispose de la totalité du revenu national
soit 5 milliards de F.CFA : la circulation du revenu peut être présentée par le tableau suivant :

Commentaires du tableau :
La classe productive a utilisé 2 milliards pour des achats nécessaires au maintien de leur
production et leur subsistance, 2 milliards pour payer les loyers des terres aux propriétaires
fonciers et 1 milliard pour acheter des produits à la classe stérile. De leur côté les propriétaires
fonciers utilisent leurs 2 milliards en achetant pour 1 milliard de produits agricoles à la classe
productive et 1 milliard de produits à la classe stérile. La classe stérile a reçu 1 milliard de
chaque classe soit au total 2 milliards. Elle les utilise en achetant des produits alimentaires et
des matières premières à la classe productive. Avec ce tableau F. QUESNAY est considéré
comme le précurseur de la Comptabilité Nationale. Les physiocrates étaient aussi des libéraux.
Ils préconisaient la liberté du commerce. Ils estimaient que c’est « le laissez-faire » et le «
laissez –passer » qui permettaient d’obtenir de bons prix pour les produits agricoles. Par leur
philosophie libérale ils furent aussi considérés comme les précurseurs de l’école classique.
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C- L’Ecole Classique (1750—1870)

Le fondateur de l’école classique est Adam SMITH (1723—1790). Il publia en 1776 son ouvrage
majeur « La recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Il considère que
ce qui est bon pour un individu est bon pour la collectivité car les intérêts particuliers
s’identifient à l’intérêt général. L’exaltation de l’individualisme et de la libre concurrence le
conduit à prescrire qu’il faut « laissez- faire » les individus et « laissez-passer » les
marchandises. Et une « main invisible » conduira l’économie vers un équilibre de plein emploi.
Une économie où le rôle de l’Etat sera limité à la fourniture des biens collectifs (assurer la
sécurité, la défense du territoire, la justice …) et à la surveillance de l’observation des règles de
la concurrence : c’est la thèse de « l’Etat Gendarme ».
D’autre part A.SMITH pense que le travail est le facteur essentiel sur lequel repose la valeur des
biens. Et la division du travail est un élément essentiel pour la croissance de la richesse d’un
pays. Il aura plusieurs disciples parmi lesquels : David RICARDO, Jean Baptiste SAY et Thomas
MALTHUS.
 David RICARDO (1772—1823)
Dans son ouvrage « Principes d’Economie Politique » publié en 1817 insista à son tour sur
l’importance de la division du travail comme facteur de croissance de la richesse des nations
et comme fondement du commerce international. Il construisit aussi une théorie de la
répartition des revenus en rente foncière, salaire et profit.
La rente foncière est le revenu des propriétaires fonciers. Elle est versée par les entrepreneurs
capitalistes. Et elle est égale à la différence entre le produit d’une terre et le produit de la terre
la moins fertile.
Le salaire ou prix du travail est déterminé par l’offre et la demande de travail. Mais il tend à
s’ajuster à son prix naturel. Le prix naturel du travail est celui qui fournit aux ouvriers les
moyens de subsistance.
Le profit est un revenu de nature résiduelle c'est-à-dire ce qui reste du produit après le
paiement des salaires et de la rente foncière par les entrepreneurs.
 Jean Baptiste SAY (1767-1832)
Il publia en 1803 son ouvrage « Traité d’Economie Politique ». Il s’est rendu célèbre par sa « loi
des débouchés » selon laquelle l’offre crée sa propre demande. En d’autres termes toute
production de biens entraîne la distribution des revenus nécessaires à leur acquisition.
Une des conséquences est l’impossibilité d’une crise de surproduction.

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 Thomas MALTHUS (1766-1831)
Il s’est surtout rendu célèbre par sa thèse sur la population. Il publia en 1798 son ouvrage «
Essai sur le principe de population » qui est une recherche sur les causes de la grande misère
qui sévissait à la fin du 18ème siècle en Angleterre Il estime que la population livrée à elle-même
augmente en progression géométrique alors que les biens de subsistance augmentent en
progression arithmétique. En d’autres termes il y a un écart entre la très forte croissance de la
population et la croissance modérée de la nourriture ; un écart source de misère. Et si rien n’est
fait la misère va prospérer et à terme la nature va se charger d’établir l’équilibre en décimant
les couches pauvres. Il faudrait alors freiner la croissance de la population. T.MALTHUS a
inspiré et continue d’inspirer la politique de contrôle des naissances à travers le monde.
D- Le Courant Néoclassique
Parmi les nombreux auteurs qualifiés de néoclassiques nous pouvons retenir :
-Stanley JEVONS (1835 – 1882), ouvrage majeur« Théorie de l’économie Politique » en 1871
-Léon WALRAS (1834 –1910), ouvrage majeur« Eléments d’économie politique » en 1874
-Vilfrédo PARETO (1848—1923), ouvrage majeur « Cours d’économie politique » en 1896-1897
Les néoclassiques sont considérés comme les héritiers des classiques du fait de leur philosophie
libérale. Cependant ils s’en distinguent par leur thèse sur la valeur des biens. Pour ces
néoclassiques, la valeur d’un bien dépend de son utilité marginale c'est-à-dire de l’utilité de la
dernière unité disponible d’un bien.
Exemple
Si un individu dispose d’une très faible quantité d’eau, cette eau a une grande valeur car elle lui
permet de satisfaire un besoin vital tel que boire. S’il dispose d’une quantité d’eau plus
importante il pourra satisfaire des besoins de moins en moins urgents tels que se laver, cuisiner
… arroser le jardin. Ainsi l’utilité de l’eau ira en diminuant pour se fixer sur celle de l’arrosage.
Les néoclassiques sont les fondateurs de la microéconomie, cette branche de l’économie qui
étudie notamment les comportements individuels des consommateurs, des producteurs et les
marchés.

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E- Le Courant Marxiste ou Matérialiste
Karl MARX (1818—1883), ouvrages importants : « Le manifeste du parti communiste » en 1848
avec F.ENGELS et « Le capital » en 1867.L’analyse marxiste est dominée par le « matérialisme
historique », une théorie qui constate que les systèmes économiques sont en changement
permanent Par exemple l’économie capitaliste s’est substituée à l’économie féodale. Cette
dernière s’est substituée à l’économie esclavagiste.
Dans tous ces systèmes nous avons une classe dominée et une classe dominante. La classe
dominée dans l’économie esclavagiste est constituée des esclaves et la classe dominante des
maîtres La classe dominée dans l’économie féodale est constituée des serfs et la classe
dominante des nobles ou seigneurs. La classe dominée dans l’économie capitaliste est
constituée des travailleurs ou prolétaires et la classe dominante des capitalistes ou bourgeois.
Le fondement de la domination dans l’économie capitaliste est la propriété des moyens de
production. Dans une telle économie les travailleurs sont exploités par les capitalistes qui leur
extorquent la plus-value.
La plus-value est du travail non payé. C’est la différence entre la valeur produite par la force de
travail et la valeur de la force de travail. L’ampleur de l’exploitation du travailleur est mesurée
par le taux d’exploitation ou taux de plus-value. Le taux d’exploitation ou taux de plus-value
(TPL) se définit comme le rapport entre la plus-value (PL) et le capital variable ou valeur de la
force de travail (V) :
TPL = PL /V
Le taux de profit (Π) est le rapport entre la plus-value (PL) et la somme du capital variable (V) et
du capital constant ou valeur de l’équipement et des matières premières (C) :

Le taux de profit tend à baisser. L’origine de la baisse tendancielle du taux de profit : K. MARX
rappelle que la plus-value (PL) n’est produite que par le capital variable (V) et non par le capital
constant.
Or la concurrence pousse les capitalistes à augmenter le capital constant au détriment du
capital variable. Cela se traduit par une hausse de la composition organique du capital (Ko)
c'est-à-dire du rapport capital Constant (C) sur capital variable (V) et une baisse du taux de
profit(Π) si le taux de plus-value (TPL) reste constant. Démonstration : nous avons vu que :

Ko = composition organique du capital= C/V et C = Ko V


TPL = taux de plus-value ou taux d’exploitation

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Nous pouvons réécrire la formule donnant le taux de profit :

On remplace C par son expression en fonction de Ko c'est-à-dire


C= Ko V

On voit que si le TPL est constant, une hausse de Ko entraîne une baisse du taux de profit (Π).
Par ailleurs K.MARX estime que l’exploitation des travailleurs ne pourra être éternelle à cause
notamment de la contradiction entre la recherche effrénée du profit et le versement de salaires
de subsistance ou de misère à la grande majorité de la population constituée par les
travailleurs. Cependant l’économie capitaliste subsiste toujours montrant que les prédictions de
K .MARX ne se sont pas encore réalisées.
Les raisons sont multiples :
 la baisse du taux de profit suppose la constance du taux de plus-value or avec le progrès
technique celui-ci ne peut être une constante.
 l’apparition d’une classe moyenne qui s’est enrichie avec le développement du
capitalisme. Etc.
F- Le courant Keynésien

Ce courant a comme chef de file John Maynard KEYNES (1883-1946).Son ouvrage majeur est la
« Théorie Générale de l’Emploi de l’Intérêt et de la Monnaie » en 1936.KEYNES s’est singularisé
notamment par sa critique des thèses des classiques et néoclassiques. C’est un contemporain
de la grande crise économique de 1929. Et une de ses préoccupations était de trouver une
solution à cette crise. Une solution qui ne pouvait provenir des classiques et néoclassiques car
cette crise était la manifestation de l’inadéquation de leur thèse. KEYNES s’est aussi fait
remarquer par sa « loi psychologique sur la consommation » et son « multiplicateur
d’investissement ».

1- La critique des thèses classique et néoclassique

Elle est marquée notamment par le rejet de la loi des débouchés de SAY et la contestation de
l’hypothèse de concurrence pure et parfaite.

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 le rejet de la loi des débouchés de SAY

Pour KEYNES l’offre ne crée pas sa propre demande. Il y a des fuites dans le système de
production. L’entreprise ne réinvestit pas automatiquement tous ses bénéfices. Et le salarié
n’offre pas toute son épargne aux entreprises qui veulent investir, il peut garder une partie sous
une forme liquide. Pour KEYNES c’est la demande qui commande l’offre, plus précisément la
demande effective. Cette dernière est la demande anticipée de biens et services par les
entrepreneurs. Et la crise de 1929 aurait pour origine une insuffisance de la demande effective.

 la contestation de l’hypothèse de concurrence pure et parfaite:

Les marchés de biens et services sont en général des « marchés imparfaits »: c’est-à-dire des
marchés où ne règne pas la concurrence pure et parfaite
KEYNES constate que sur les marchés on trouve notamment des oligopoles, des barrières à
l’entrée et un manque de transparence. Bref des facteurs contraires aux conditions qu’exige la
concurrence pure et parfaite.

2- La « loi psychologique » keynésienne sur la consommation :

Pour Keynes :
Revenu = Consommation + Epargne
Quand le revenu augmente la consommation et l’épargne augmentent.
Mais la part de la consommation diminue au profit de l’épargne.
Par exemple :
C = aY+b = 0,8Y+140
Y= Revenu
b= consommation incompressible ou autonome=140
a = propension marginale à consommer=C’ ; avec 0< a<1
La propension marginale à consommer « a » est un coefficient qui nous renseigne sur la
variation de la consommation finale lorsque le revenu varie.
« a » est positif donc si Y augmente, la consommation augmente.
Par ailleurs, la part de la consommation dans le revenu est appelée « la propension moyenne à
consommer ».
C’est le rapport entre la consommation et le revenu.

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On constate que la propension moyenne à consommer ou la part de la consommation dans le
revenu diminue lorsque le revenu augmente. La part de l’épargne augmente quand le revenu
augmente
Par exemple :
Keynes définit l’épargne comme la partie non consommée du revenu.
E=Y–C
E = Y – ( aY + b ) = Y – aY – b
E = Y (1 – a) – b
Si (1 – a) = s = propension marginale à épargner (PmE)
Avec a= 0,8 et b = 140, nous aurons :
s = (1-0,8) = 0,20
E = sY – b = 0,2OY-140
E’= s = 0,20 >0
Donc si Y augmente l’épargne augmente aussi. La propension moyenne à épargner (PME)
représente la part de l’épargne dans le revenu.

On constate que la propension moyenne à épargner ou la part de l’épargne dans le revenu


augmente lorsque le revenu augmente.

3- Le multiplicateur d’investissement

En cas d’insuffisance de la demande effective l’Etat peut augmenter ses dépenses


d’investissement en demandant à la Banque Centrale de lui créer de la monnaie. Cela va
pousser les entreprises à produire plus et distribuer des revenus pour satisfaire la demande de
l’Etat. Cette augmentation des revenus va entraîner une hausse de la consommation …
Par exemple :
Si Δ I = 100 milliards de FCFA et a = propension marginale à consommer= 0,8
Nous aurons le tableau simplifié suivant :

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L’augmentation de l’investissement public a un effet plus que proportionnel sur le revenu
national. Et l’effet sera d’autant plus important que la propension marginale à consommer «
a» est élevée.
Par ailleurs la conception keynésienne du rôle de l’Etat par rapport à l’économie est une
conception « d’Etat –Providence ».

G- Le courant monétariste

Les monétaristes sont aussi des libéraux dont le chef de file est Milton FRIEDMAN (1912-2006),
prix Nobel d’économie en 1976.
Ce dernier a publié plusieurs ouvrages dont : « Une théorie de la fonction de consommation »
en 1957 ; « Capitalisme et liberté » en 1962 et « Histoire monétaire des Etats-Unis » en 1963
avec Anna SCHWARTZ. Milton FRIEDMAN et ses disciples de l’école de Chicago privilégient
l’évolution de la quantité de monnaie dans l’explication des crises économiques.
Ainsi lorsque la création monétaire est excessive elle provoque l’inflation. Lorsqu’elle est
insuffisante elle entraîne la récession comme pour la crise de 1929. Il faudrait alors réguler la
quantité de monnaie en circulation pour éviter ces problèmes.

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Contrairement aux keynésiens, les monétaristes estiment que la politique budgétaire est
inefficace car elle crée l’inflation. Il faudrait plutôt une politique monétaire.
La science économique est redevable à tous ces courants de pensée que nous venons
brièvement de présenter. La science économique est aujourd’hui éclatée en plusieurs branches
parmi lesquelles : la comptabilité nationale, le commerce international, l’analyse monétaire etc.

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