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FRATERNITE- JUSTICE- TRAVAIL
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Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique (MESRS)
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Cours de Macroéconomie
et de Microéconomie
Chargé
Dr Alfred DOSSA
Maître de Conférences du CAMES
Enseignant – Chercheur au CIFRED - UAC
1
SOMMAIRE
Partie Libellé Pages
1ère Généralités 4 - 20
Macroéconomie et Microéconomie 21 - 22
2ème Macroéconomie 23 - 48
Microéconomie 49 - 65
2
PARTIE 1 : GENERALITES
3
CHAPITRE 1 : HISTOIRE DE LA PENSEE ECONOMIQUE
I. Les Origines
Les premières réflexions économiques sont nées en Grèce antique : Platon aborde l’économie
comme la gestion de biens et des personnes de la façon la plus juste possible. Il est pour le
socialisme aristocratique, avec une communauté des biens et la division du travail en 3
classes : les magistrats/philosophes (ne produisent pas d’argent), les gardiens et les
producteurs/travailleurs (seuls à avoir le droit de propriété), précurseur de la période
classique. Pour lui, accumuler de la richesse n’est pas bien, donc on doit laisser seulement la
propriété des biens aux producteurs. Platon cherche à partager tout de même les biens en se
basant sur le collectivisme. Aristote fait la différence entre l’économie (dite naturelle : faire
des actions productives en donnant satisfaction aux besoins de chacun) et le chrématistique
(dit économie d’argent : faire de l’argent pour faire de l’argent sans donner de satisfaction). Il
fait donc la différence entre valeur réelle (valeur d’échange) et valeur subjective (économie
naturelle).
II. Mercantilisme
C’est une conception de l’économie (XVI-XVIII) où l’on s’intéresse à la relation entre
croissance économique et commerce extérieur. La croissance économique est l’accumulation
de biens (colonies, matières, métaux précieux, ...) à l’époque on parle de développement dans
les colonies, où la richesse est donc le stock d’or est d’argent et où la vente est un jeu à
somme nulle (exportateurs = gagnants, importateurs = perdants). Les mercantilistes sont pour
l’enrichissement via le commerce extérieur, permettant de dégager un excédent de balance.
Cet excédent va se faire grâce à l’industrialisation (économie à rendement croissant : plus l’on
produit sur une machine, moins le produit coûte cher, pensée néoclassique) ou grâce aux
politiques protectionnistes ce qui équivaut à établir des barrières tarifaires (droits de douanes)
afin de limiter les importations.
1. Le Bullionisme
Né en Espagne et appliqué peu après la découverte de l’Amérique, c’est le fait que la richesse
d’un pays repose sur les métaux précieux et l’or car ils sont impérissables. Ainsi l’or et
l’argent ne doivent pas sortir d’un pays.
2. Le Colbertisme
Né en France, c’est aux yeux des mercantilistes la richesse nationale dans l’industrie à travers
le progrès industriel (impliquer les forces de la nation : hommes, techniques, capitaux, par un
protectionnisme éducateur et exclusivement industriel, en mettant en place des subventions
pour l’exportation) et la valeur qualité (normes, produits de luxe, Versailles, et tout ce qui
peut être en compétition) qui sont les prémisses des barrières non-tarifaires.
III. La Physiocratie
Fondée par François Quesnay, c’est la circulation des richesses dans l’économie. Il précède
Adam Smith grâce aux modalités de création de richesses, mais aussi les diagrammes de flux
et de stocks (fonctionnement de l’économie), comment circulent les richesses.
Pour les physiocrates, la richesse (de l’ensemble Etat + Individus) se fait grâce à l’agriculture,
la richesse vient du travail (on reprend les théories grecques), et l’industrie et le commerces
sont des richesses stériles car ce n’est qu’une transformation des matières premières. Il y a 3
classes économiques en reprenant Platon : les paysans (producteurs), les stériles (marchands
et industriels), les propriétaires. Va précéder le courant classique.
Ricardo = classique = libéraux
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CHAPITRE 2 : LES CLASSIQUES
I. Introduction
Les classiques sont à l’origine de la pensée générale, de la globalisation, de la mondialisation
(politique et économique), de l’Europe et de ce qui a formé notre monde et notre pensée. Ils
définissent la science économique comme science qui étudie la formation et la répartition des
richesses créées dans une économie. L’objectif essentiel est d’expliquer les problèmes
d’accumulation du capital sur le long terme, c.à.d. la croissance économique. Le classique est
une période créée grâce à Smith en 1776 et qui doit sa fin après Mill en 1848. Le XVIIIème
siècle est un temps de révolution industrielle, avec un courant capitaliste, c’est à ce moment-là
que les Classiques ont voulu développer une approche scientifique de l’économie en
expliquant les phénomènes de croissance, de développement et de répartition des richesses
entre classes sociales. Ils fondent le libéralisme grâce à certain nombre commun de théories
(analyse de la valeur, répartition de la richesse, …).
5
- Les capitalistes : il fait du profit en investissant dans le système, et ce qui l’en reste sont les
profits. Plus le salaire et la rente des employés sont élevés, plus les profits sont bas.
V. L’offre
La Loi des débouchés (Say) : La problématique des classiques est principalement celle de la
formation des richesses. Leur analyse est donc centrée sur la production et l’offre. Tout
produit terminé crée des débouchés pour d’autres produits : à chaque fois qu’un producteur
augmente son activité, il crée en même temps de nouveaux salaires pour ses employés et un
surcroît d’activités pour ses distributeurs.
Un produit ne crée pas sa demande, il peut y avoir des crises de surproduction de tel ou tel
bien, mais pas de crises de surproduction générales et durables. Si un produit ne trouve pas de
preneur, ses producteurs cesseront de le produire et s’orienteront vers d’autres produits, il n’y
a que des engorgements sectoriels et momentanés à cause d‘une mauvaise prévision des
entreprises. Les crises ne sont alors pas endogènes économiquement, mais dues aux chocs
exogènes (guerres, sécheresse, famine, …).
Malthus et Sismondi, opposés à cette loi, théorisent en disant que l’offre n’est pas égale à la
demande, souvent une offre supérieure à la demande (crise de sous-consommation), dû à une
épargne excessive ou une thésaurisation, et donc en conséquence il y a un recul de l’activité
économique. Cette théorie va être reprise par Keynes.
6
CHAPITRE 3 : LES NEOCLASSIQUES
I. Introduction
Les néoclassiques sont les premiers à réellement parler du marché. Ils naissent de la
révolution marginaliste dans les années 1870. Ils deviennent la principale école de pensée
jusqu’à la crise de 1929 et l’avènement du keynésianisme, puis redeviennent dominant après
les chocs pétroliers dans les années 1970 comme courant « néolibéral ». Il y a 3 courants de
NC : les anglais (Jevons), les suisses (Walras, Pareto) et les autrichiens (Menger). Ils ont pour
doctrines le libéralisme économique, mais ne sont pas d’accords avec l’approche anglaise du
classique sur le concept de valeur de travail et sur la représentation de la société sous forme de
classes sociales (on représente la société comme marché). Ils se rapprochent plus de Say
(valeur d’utilité) et avec le marché comme lieu de socialisation des agents économiques : tout
le monde est offreur, demandeur ou les deux à la fois.
Les NC tentent de démontrer scientifiquement la supériorité du libéralisme économique en se
référant au modèle de Concurrence Pure et Parfaite. Sa version la plus élaborée cherche à
déterminer un ensemble de conditions suffisantes pour rendre compatibles les décisions
individuelles des agents économiques, soit : l’équilibre sur tous les marchés (homogénéité des
produits, la circulation, …), une norme sur l’organisation des marchés où l’on tend vers la
perfection.
II. Le marginalisme
Le marginalisme vient du fait que les calculs économiques se faisaient à la marge comme
déterminant de la valeur des biens, il y a formalisation mathématique de l’économie avec
analyses microéconomiques. Ils cherchent à renforcer les conclusions libérales des penseurs
classiques mises à mal par d’autres penseurs comme Marx, en reformulant les hypothèses de
base de l’analyse économique. Cette nouvelle approche passe par la définition d’une nouvelle
théorie de la valeur fondée sur l’utilité. L’utilité marginale est la valeur qui dépend de l’utilité
qu’apporte la consommation d’une unité supplémentaire, utilité qui est elle-même
décroissante. En effet les classiques anglais avaient fondé leurs analyses sur la théorie de la
valeur travail ouvrant ainsi la voie aux analyses marxistes. L’analyse NC dérive d’une étude à
la marge des phénomènes économiques.
Pour l’individualisme méthodologique va encadrer et régir la société grâce au rationalisme :
- selon la théorie du producteur, on embauche tant que la productivité marginale du travail est
supérieure au salaire (= rapporter plus que ce que ça nous coûte).
- selon la théorie du consommateur, c’est adopter une attitude rationnelle pour maximiser
l’utilité. Hiérarchiser ses préférences pour s’orienter vers le plus utile.
7
Graphique d’équilibre sur le marché des B&S :
x = quantités de B&S
f(x) = prix
P* = prix d’équilibre
Q* = quantité d’équilibre
V. L’optimum social
Pareto de son côté, s’appuie sur Walras pour dire que si l’équilibre général est respecté, alors
l’optimum social également. Si l’équilibre n’est pas un optimum parétien (situation où l’on ne
peut améliorer la satisfaction d’un agent sans nuire à au moins celle d’un autre agent), alors
l’Etat doit intervenir en tant qu’Etat correcteur, pour corriger les défaillances du marché
(pouvoir de marché, externalités négatives, fournitures de biens collectifs/publics, politique de
répartition)
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CHAPITRE 4 : LE KEYNESIANISME
I. Introduction
Keynes a écrit la théorie générale de l’intérêt, de la monnaie et de l’emploi. Cette œuvre,
marquée par l’entre-deux guerre avec un nouveau capitalisme (monopoles, syndicats, rigidité
des prix) et la crise de 1929, veut résoudre les problèmes et d’atteindre le plein emploi.
Keynes pose alors une nouvelle conception de la politique économique et du rôle de l’Etat, où
l’emploi est lié à la croissance. Pour obtenir le plein emploi, il faut accroitre la production
nationale et pour cela augmenter la demande, au besoin en augmentant le déficit budgétaire en
distribuant de meilleurs salaires : la dépense publique, moralement justifiée, devient le moteur
de la croissance : interventionnisme étatique.
Innovations de Keynes :
- Logique de circuit : on oublie les équilibres, et on étudie les flux entre agents.
- perspective macroéconomique centrée sur les agrégats
- intervention de l’Etat
Motif 1 (Y) : Transaction + Précaution, la demande de monnaie est liée au revenu. Le M1 est
une fonction croissante de Y.
Motif 2 (i) : Spéculation, la demande de monnaie est liée au taux d’intérêt. Le M2 est une
fonction décroissante de i.
9
Le taux d’intérêt est une variable purement monétaire, déterminé par l’équilibre entre la
demande de monnaie et l’offre de monnaie sur le marché, c’est le lien entre sphère réelle et
sphère monétaire.
Si le taux d’intérêt est bas, nous n’avons pas intérêt à placer l’argent. Le spéculateur préfère
alors détenir son épargne sous forme d’encaisses monétaires : la demande de monnaie est
forte. Si le taux d’intérêt est élevé, le spéculateur renonce à la liquidité en achetant des titres :
la demande de monnaie est faible.
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CHAPITRE 5 LES PRINCIPES DE L’ECONOMIE
Introduction
Le terme économie est dérivé d’un terme grec qui signifie « celui qui tient la maison ». Un
ménage et une économie doivent prendre de nombreuses décisions : qui travaillera ? Que
produire ? Quelles sont les ressources ? Qui consommera ? La gestion des ressources dans
une société est importante car ces ressources sont rares. Rareté signifie que la société ne peut
satisfaire les besoins de tout le monde. L’économie est l’étude de la manière dont la société
gère ses ressources rares. Les économistes étudient :
- comment les individus décident (principes 1, 2, 3 et 4) ;
- comment ils interagissent (principes 5, 6 et 7) ;
- comment les forces et les tendances affectent l’ensemble de l’économie (principes 8 et 9)
Principe n°1 : les gens doivent faire des choix pour obtenir une chose qui nous tente, il nous
faut en général renoncer à une autre chose que l’on aime. Prendre une décision revient donc à
comparer 2 objectifs.
Considérons des parents qui doivent décider comment dépenser le revenu familial. Ils peuvent
acheter de la nourriture, des vêtements ou s’offrir des vacances. Ou bien, ils peuvent
économiser une partie de leurs revenus pour leur future retraite ou pour financer l’éducation
de leurs enfants. Chaque franc qui sera dépensé sur l’un de ces biens ou services est un franc
qui ne sera plus disponible pour un autre bien ou service.
Quand les individus sont regroupés en sociétés, ils sont confrontés à d’autres types de choix.
Le choix traditionnel oppose « le beurre aux canons » . plus l’on dépense en défense
nationale pour protéger nos côtes contre une éventuelle agression (les canons) moins il restera
à dépenser pour améliorer notre niveau de vie à l’intérieur (le beurre).
La société doit aussi choisir entre efficacité et équité. L’efficacité c’est la capacité d’obtenir le
plus possible à partir des ressources rares de la société. L’équité consiste à distribuer
équitablement entre les membres de la société les produits de ces ressources.
En d’autres termes, l’efficacité se réfère à la taille du gâteau et l’équité s’intéresse à la façon
de le partager → les 2 objectifs sont en conflit.
Principe n°2 : le coût d’un bien est ce à quoi l’on est prêt à renoncer pour
l’obtenir prendre une décision implique d’être capable de comparer des coûts et des bénéfices
des diverses options possibles. Mais dans de nombreux cas, le coût d’une action n’est pas
aussi évident qu’il le paraît.
Ex : étudier à l’université (renoncer au salaire pendant le temps des études) ou travailler
Le coût d’opportunité d’un bien, c’est ce à quoi on renonce pour obtenir le bien désiré. Il faut
être capable d’évaluer le coût d’opportunité associé à chaque action possible.
Principe n°3 : les gens rationnels pensent en termes marginaux de nombreuses décisions
de la vie courante impliquent des petits ajustements à la marge d’un plan d’action préexistant.
Les économistes appellent ces ajustements des changements marginaux. la plupart du temps,
les meilleures décisions sont prises en raisonnant en termes marginaux.
il faut comparer les bénéfices et les coûts additionnels d’un choix :
11
- bénéfice marginal à BM
- coût marginal à CM
Les changements marginaux dans les coûts ou bénéfices motivent les gens à changer leur
comportement. Un décideur rationnel n’engage une action que si et seulement si le bénéfice
marginal de celle-ci est supérieur à son coût marginal.
Principe n°4 : les gens réagissent aux incitations dans la mesure où les individus prennent
leurs décisions en comparant coûts et bénéfices, leur comportement changera quand les coûts
ou les bénéfices changeront. En d’autres termes, les gens réagissent aux incitations.
L’influence des incitations sur le comportement des agents économiques est un point
extrêmement important pour les hommes politiques à l’origine des politiques publiques.
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La défaillance de marché peut engendrer une externalité qui est l’impact sur le bien-être
d’autrui des actions d’un individu.
La défaillance de marché peut également trouver son origine dans le pouvoir de marché qui
représente la capacité d’un individu ou d’un petit groupe de manipuler indûment les prix du
marché et à ce moment-là la main invisible est encore moins capable d’assurer une
distribution équitable de la prospérité économique (objectif de l’impôt sur le revenu ou du
système de sécurité sociale).
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CHAPITRE 6 : VOCABULAIRE, MODELES ET HYPOTHESE
EN ECONOMIE
1- Vocabulaire
- rareté : caractère limité des ressources de la société
- économie : étude de la manière dont la société gère ses ressources rares
- efficacité : capacité de la société à tirer le maximum de ses ressources rares
- justice ou équité : capacité de répartir équitablement les fruits de la prospérité entre tous
les membres de la société
- coût d’opportunité : ce à quoi il faut renoncer pour obtenir quelque chose
- changement marginal : petit ajustement d’un plan d’action
- économie de marché : économie qui répond sur les décisions décentralisées des ménages et
des entreprises se rencontrant sur les marchés des biens et services pour allouer les ressources
- défaillance de marché : situation dans laquelle le marché, livré à lui-même ne parvient pas
à allouer les ressources efficacement
- externalité : effet du comportement d’un agent sur le bien-être d’un tiers
- pouvoir de marché : capacité d’un agent économique (ou d’un petit groupe d’agents)
d’influer sur les prix du marché
- productivité : quantité de biens et services produite par heure travaillée
- inflation : hausse du niveau général des prix de l’économie
- courbe de Phillips : compromis de court terme entre inflation et chômage
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2.1.2- Le circuit économique complet
La comptabilité nationale compte 6 secteurs institutionnels définis à partir de leur fonction
principale et de leur ressource principale.
1 Les ménages (dont les Ils consomment des biens et Leurs revenus proviennent de
entreprises des services leur activité, de leur patrimoine
individuelles) ou de prestations sociales
2 Les sociétés non Elles produisent des biens et Leurs ressources sont issues de
financières des services marchands et la vente de leur production
investissent
5 Les institutions sans Elles produisent des Leurs ressources sont des
but lucratif au service services non- marchands ou adhésions, des dons et/ou des
des ménages à but non lucratif subventions versées par les
(ISBLSM) administrations publiques ;
6 Le reste du monde X &M X-M
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- Efficacité
On dit qu’un résultat est efficace si l’économie tire le maximum des ressources rares dont elle
dispose.
- Arbitrage
L’un des 10 principes de l’économie affirme que les gens doivent faire des choix. La frontière
des possibilités de production illustre l’un de ces choix. Une fois atteint un niveau efficace de
production, on ne peut augmenter la production de l’un des biens qu’en diminuant la
production de l’autre.
- Coût d’opportunité
Un autre des 10 principes de l’économie affirme que le coût d’un bien est ce que à quoi l’on
est prêt à renoncer pour l’obtenir. On parle de coût d’opportunité.
- Croissance économique
La frontière des possibilités de production indique le choix qui existe à un moment donné,
mais il peut varier avec le temps. Par exemple, une avancée technologique pourrait accroître
le nombre d’ordinateurs fabriqués à l’heure ; dès lors, pour une même production de voitures,
l’économie pourrait produire davantage d’ordinateurs.
N° Hypothèses Taux de
validation
11. Le plafond des loyers réduit la quantité et la qualité de l’habitat 93%
disponible
22. Les taxes et les quotas à l’importation réduisent le bien-être 93%
économique général
3 Les taux de change flexibles constituent une organisation monétaire 90%
internationale efficace
43. La politique fiscale exerce une influence simulatrice sur une économie 90%
en situation de sous-emploi
54. Si le budget doit être équilibré, cet équilibre doit être lié au cycle 85%
économique et non à l’année
6 Les versements en espèces (aux nécessiteux) sont préférables aux 84%
transferts en nature
75. Un déficit budgétaire important exerce un effet négatif sur l’économie 83%
86. le salaire minimal accroît le chômage des jeunes et des travailleurs non 79%
qualifiés
9 Le gouvernement devrait réorganiser son système de prestations 92%
sociales selon le principe de « l’impôt négatif sur le revenu »
10 Les permis de polluer négociables constituent un meilleur moyen de 78%
contrôler la pollution que les plafonds de pollution
11 L'écart entre les fonds et les dépenses de la sécurité sociale deviendra 85%
insoutenable dans les cinquante prochaines années si les politiques
actuelles restent inchangées
1
Gregory N. Mankiw (2012) : Principes de l’économie. 7è édition Rustica, 891 p.
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CHAPITRE 7 : LES LOIS EN SCIENCE ECONOMIQUE
La science économique a formulé de nombreuses lois : loi des débouchés, loi de Wagner, loi
d’Engel, loi de Gresham, loi de Malthus, loi psychologique fondamentale, etc. Le statut
épistémologique de ces lois est discuté. Par exemple, la loi des débouchés n’est vraie que
dans une économie de troc (ou si l’on considère que la monnaie est neutre) ; la prétention à
l’universalité de la loi de R. Malthus (1766-1834) a été contestée par K. Marx (1818-1883),
la loi psychologique fondamentale de J. M. Keynes (1883-1946) est vraie à un moment donné
du temps, mais non pour rendre compte d’une évolution historique, etc. En toute rigueur, il
serait préférable de parler de conjectures plutôt que de lois. Ces conjectures ont une
indiscutable portée heuristique, mais elles ne peuvent prétendre à une validité universelle.
Pour A. Marshall (1842-1924), toutes les lois économiques sont tendancielles.
17
deux monnaies circulent parallèlement et que, pour des raisons diverses, l’une d’entre elles est
préférée par le public, elle est thésaurisée. De ce fait, elle disparaît plus ou moins rapidement
de la circulation. Seule demeure alors, pour assurer les transactions, la monnaie considérée
comme « mauvaise ».
- Loi de Kaldor-Verdoorn
La loi de Kaldor-Verdoorn met en évidence le fait que le taux de croissance de la
productivité est une fonction croissante du taux de croissance du stock de capital par
travailleur. Cette loi économique repose sur l’hypothèse d’un progrès technique incorporé
au capital.
- Loi de King
Formulée par Ch. Davenant (1656-1714) et attribuée à G. King (1648-1712), elle énonce
qu’en cas d’insuffisance de l’offre dans le secteur agricole, une baisse relativement faible de
la quantité offerte se traduit par une augmentation proportionnellement plus forte du prix du
produit considéré. Cela résulte de l’inélasticité de la demande des consommateurs par rapport
au prix de ces produits.
- Loi de l’offre et de la demande
Processus par lequel la flexibilité du prix, toutes choses égales par ailleurs, conduit à un prix
d’équilibre qui assure l’égalité des quantités offertes et demandées sur un marché. Bien que
consacrée par l’usage, l’expression « loi de l’offre et de la demande » n’énonce pas une loi
scientifique.
- Loi de la valeur
La loi de la valeur a été formulée par K. Marx. Elle indique que la valeur d’échange des
marchandises est déterminée par la quantité de travail socialement nécessaire pour la
produire. Les rapports d’échange entre les marchandises sont donc déterminés par les
quantités relatives de travail nécessaires pour produire ces marchandises. Même si les prix ne
sont pas égaux à la valeur des marchandises, en moyenne et à long terme, les échanges, au
sein d’une économie de marché se produisent conformément à la loi de la valeur. Cette loi de
la valeur s’applique aussi à la marchandise particulière qu’est la force de travail. C’est ainsi
qu’une heure de travail qualifié sera payée en moyenne plus cher qu’une heure de travail non
qualifié. Pour Marx (Critique du programme de Gotha, 1875) la loi de la valeur s’applique
même dans la première phase de la société communiste. Ce n’est que dans une phase
supérieure, quand l’abondance est réalisée, que l’on peut renoncer à la loi de la valeur.
- Loi de Malthus
Selon la loi de Malthus (du nom de Th. R. Malthus, 1766-1834), la population tend à
s’accroître selon une progression géométrique, alors que les subsistances s’accroissent selon
une progression arithmétique. Les sociétés humaines sont donc menacées en permanence par
une tendance à la surpopulation absolue qui est la cause de la pauvreté. Malthus est donc
conduit à condamner les lois sur les pauvres qui, en favorisant la natalité, maintiennent la
pauvreté.
- Loi de Wagner
Pour A. Wagner (1835-1917), « une portion relative toujours plus grande et plus importante
des besoins collectifs d’un peuple civilisé en progrès se trouve satisfaite par l’État »
(Finanzwissenschaft, 1883). Personnalité marquante de ce que l’on a nommé le socialisme de
la chaire, cet économiste explique la croissance des dépenses publiques de plusieurs façons :
– le développement économique rend nécessaire l’accroissement des fonctions
d’administration publique comme l’adduction et l’épuration des eaux, les transports publics,
l’éclairage, la sécurité, etc.
– un pays dont le niveau de développement est élevé a des besoins importants dans les
domaines de l’éducation, de la santé et de la culture ;
18
– la croissance économique entraîne dans certains secteurs la création d’oligopoles ou de
monopoles qui justifient le contrôle de ces entreprises par l’État. A. Wagner cite le cas des
chemins de fer en Allemagne que seul l’État pouvait financer.
- Loi de Walras
La loi de Walras, formulée dans le cadre du modèle d’équilibre général, indique qu’en
situation de concurrence pure et parfaite, la somme nette des demandes excédentaires est
nulle à l’équilibre. Autrement dit, la valeur totale de tous les biens demandés est identique à
la valeur totale de tous les biens offerts. En effet, si on constate une quantité offerte supérieure
à la quantité demandée sur un marché, il y aura une quantité demandée supérieure à la
quantité offerte sur un autre marché, de telle sorte que la somme des demandes excédentaires
est nulle.
- Loi des débouchés
La loi des débouchés a été formulée par J.-B. Say (1767-1832). Pour lui « les produits
s’échangent contre des produits », c’est-à-dire que l’offre crée sa propre demande. En effet,
la contrepartie de la valeur de la production est intégralement distribuée sous forme de
revenu et les agents économiques ne thésaurisent pas, ils consomment et placent la partie du
revenu non consommée. La loi des débouchés (ou loi de Say) fonde l’économie de l’offre
selon laquelle il n’y a pas lieu de craindre une insuffisance des débouchés. Le niveau de
l’activité économique dépend des conditions de l’offre, la demande en découle
automatiquement. Cette conception repose aussi sur la dichotomie réel/monétaire. Pour J.-B.
Say, la monnaie est neutre, les grandeurs réelles se déterminent entre elles et toute économie
est en fait conceptualisée comme une économie de troc.
- Loi des rendements marginaux décroissants
Selon la loi des rendements marginaux décroissants, lorsque l’on augmente la quantité d’un
facteur de production, l’autre restant fixe, on constate que :
– dans un premier temps la productivité marginale de ce facteur augmente, c’est la phase
des rendements marginaux croissants ;
– dans un second temps la productivité marginale diminue, c’est la phase des rendements
marginaux décroissants. C’est dans cette phase que se situe l’équilibre du producteur.
Il ne faut pas confondre les rendements marginaux ou encore rendements factoriels avec les
rendements d’échelle. Les premiers concernent la courte période (un facteur reste fixe,
l’autre varie) et les seconds la longue période (les deux facteurs sont variables).
L’hypothèse des rendements marginaux décroissants est une nécessité logique du modèle de
concurrence parfaite. Si les rendements étaient croissants, l’efficience productive
augmenterait avec le niveau de production et une situation de monopole naturel s’établirait
sur le marché, ce qui n’est pas compatible avec l’hypothèse d’atomicité du marché. À
technologie donnée, il est presque toujours impossible d’accroître sans fin les rendements
(c’est-à-dire la productivité), ce qui corrobore la loi des rendements décroissants. La loi des
rendements décroissants avait déjà été présentée par D. Ricardo (1772-1823) dans son analyse
de la rente foncière.
- Loi organique relative aux lois de finances (LOLF)
La loi organique relative aux lois de finances (LOLF) détermine le cadre juridique des lois de
finances. Il s’agit d’un « ensemble de programmes concourant à une politique définie ». Un
programme est un regroupement de « crédits destinés à mettre en œuvre une action ou un
ensemble d’actions relevant d’un même ministère et auxquels sont associés des objectifs
précis, définis en fonction de finalités d’intérêt général, ainsi que des résultats attendus et
faisant l’objet d’une évaluation ». Une action est un élément d’un programme et regroupe des
crédits ayant la même finalité. La LOLF s’inscrit dans une logique de « performance » : les
crédits ne sont plus attribués par Ministère mais affectés à une action qui s’inscrit dans un
19
programme. La lisibilité accrue permet de vérifier plus facilement que les objectifs fixés à une
politique publique ont été atteints. Par ailleurs, chacune des 34 missions fait l’objet d’un vote
par les parlementaires (et non plus seulement les dépenses nouvelles comme antérieurement).
- Loi psychologique fondamentale
La loi psychologique fondamentale est un postulat formulé par J. M. Keynes (1883-1946) qui
exprime « qu’en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur
consommation à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que
l’accroissement du revenu » (Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie,
1936). Keynes ne donne aucune justification empirique à cette loi qui s’appuie selon lui, sur
des données intuitives relatives à la nature humaine.
- Lois de Gossen
H. H. Gossen (1810-1858) a exprimé le principe de l’utilité marginale décroissante, repris
par la théorie néoclassique. Il postule que la jouissance supplémentaire décroît avec les doses
additionnelles consommées (1ère loi de Gossen). Selon la deuxième loi de Gossen, pour
obtenir le maximum de satisfaction, le consommateur doit égaliser les utilités marginales des
biens pondérées (divisées) par les prix. Selon la troisième loi de Gossen, les individus
réalisent des échanges de biens entre eux, de telle sorte qu’il y a égalisation de la satisfaction
procurée par la dernière unité de bien obtenue par chaque individu.
20
PARTIE 2 : LA MACROECONOMIE
ET LA MICROECONOMIE
21
• La macroéconomie est un domaine de la science économique qui se consacre a l’étude du
fonctionnement d’ensemble du système économique. Alors que la microéconomie prend
pour point de départ le comportement des agents économiques (le consommateur, le
producteur) et analyse la coordination de leurs décisions décentralisées, la macroéconomie
prend pour point de départ des agrégats calcules au niveau de l’économie globale (la
production, la consommation, l’épargne, etc.) et s’efforce de construire des modèles qui
rendent compte des relations entre ces agrégats. La définition ci-dessus a longtemps été
admise et on la retrouve encore souvent dans les manuels de macroéconomie. On a d’ailleurs
parle d’un no bridge entre la microéconomie (étudiée dans le cadre de la théorie néoclassique)
et la macroéconomie (étudiée dans le cadre keynésien). Mais depuis les années 1970, les
choses ont beaucoup évolue. En effet, la macroéconomie contemporaine est dorénavant
microonde, elle prend donc elle aussi pour point de départ, l’étude des comportements
individuels. M. de Vorey propose de distinguer deux types de modèles :
– les uns, issus des travaux de L. Walras et du modèle Arrow-Debreu, sont hautement
abstraits et ne prétendent pas avoir de portée pratique immédiate. Ils constituent la
microéconomie ;
– les autres sont plus simples, plus concrets et plus orientes vers les questions de politique
économique. Ils constituent la macroéconomie. Pour de Vroey (2009): «Nous proposons donc
de concevoir la macroéconomie comme une modalité particulière de l’équilibre général. »
En définitive, la Macroéconomie est l’approche qui consiste à analyser les liens entre des
variables économiques globales, de grands agrégats censés représenter la situation
d’économies nationales, tandis que la Microéconomie est l’approche qui consiste à analyser
les phénomènes économiques en partant des choix individuels des agents.
22
MACROECONOMIE
23
Chapitre 1 : Le produit intérieur brut
Le produit intérieur brut (PIB) représente une mesure de la production et une approximation
de la richesse créée. Il constitue un agrégat essentiel pour apprécier les performances d’une
économie. Deux indicateurs doivent plus particulièrement retenir l’attention : le produit global
(et sa croissance) ainsi que le produit par tête (PIB rapporté au nombre d’habitants).
1. DÉFINITIONS
Le produit intérieur brut constitue une approximation de la richesse créée par les agents
économiques résidant dans un espace donné au cours d’une période de temps (généralement
l’année). Le PIB est égal à la somme des valeurs ajoutées des branches productives de
l’économie (somme des valeurs ajoutées brutes + taxes sur la valeur ajoutée + droits de
douanes – subventions à l’importation).
La valeur ajoutée est la différence entre la valeur de la production finale et les consommations
intermédiaires engagées pour l’obtenir (biens et services utilisés pour produire).
Le PIB global d’une économie est exprimé en valeur, c’est-à-dire en unités monétaires
courantes. Une part de sa croissance résulte d’une progression nominale des variables
économiques. Le calcul d’un PIB en unité monétaire déflatée est réalisé pour évaluer la
croissance réelle du PIB, sa croissance en volume.
Le PIB peut être décomposé en un PIB marchand et un PIB non marchand.
PIB = PIB marchand + PIB non marchand
Le PIB marchand comptabilise les valeurs ajoutées réalisées par les branches marchandes de
l’économie (sociétés non financières, sociétés financières, entreprises individuelles).
Le PIB non marchand comptabilise les valeurs ajoutées réalisées par les administrations
publiques et les institutions à but non lucratif.
Le produit national brut (PNB) se définit, quant à lui, comme étant égal au produit intérieur
brut plus les revenus de facteurs reçus de l’étranger moins les revenus de facteurs envoyés à
l’étranger.
La croissance du produit global fonde à long terme la puissance économique d’une nation.
La puissance économique a des avantages qui peuvent être cumulatifs. Le progrès technique
étant un moteur de la croissance, le produit global révèle une avance technologique qui peut
aller de pair avec une domination militaire. Dans ce cas, l’économie dominante possède une
25
capacité à influencer les règles du jeu international en matière monétaire, financier et
commercial (voir bien sûr l’exemple des États-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale). Par
ailleurs la profondeur du marché financier (liquidité et acceptabilité d’une devise comme le
dollar) et la garantie d’une rentabilité du capital renforcent le statut de monnaie internationale
de la devise de la « superpuissance ». L’émission de monnaie internationale offre ensuite des
marges de manœuvre importante en matière de politiques économiques : possibilité plus
grande d’accumuler des déficits courants, possibilité d’abaisser davantage les taux d’intérêt
du fait de prime de risque inférieure, douce insouciance concernant le change. Ces séquences
participent de l’auto-entretien d’un leadership mondial que deux exemples historiques
peuvent nourrir : l’Angleterre avant 1913 et les États-Unis depuis 1945.
Le tableau ci-dessus propose une hiérarchie des économies nationales suivant le produit
global courant et le produit global correspondant à la parité des pouvoirs d’achat (PPA) des
monnaies nationales. Il fait ressortir l’ampleur de la domination américaine en termes de
produit global (13 276 milliards de dollars en 2006, soit plus du quart du PIB mondial, 48 273
milliards de dollars), seule l’Union européenne avec 14 545 milliards de dollars en 2006
rivalise en termes de puissance économique avec les États-Unis sans, pour autant, lui
contester son leadership mondial faute d’intégration politique. Le Japon est, sur la base du
produit global courant, la deuxième puissance économique mondiale avec un PIB de 4 360
milliards de dollars.
Le cas complexe de la Chine mérite une attention particulière. Son produit global courant
s’élève pour 2006 à 2614 milliards de dollars. Ce chiffre résulte d’une conversion en dollar,
au cours de change courant, du PIB exprimé au préalable en yuan. Compte tenu « du relatif
faible niveau de développement » de la Chine, le pouvoir d’achat en biens et services d’un
dollar en Chine est environ 3 fois supérieur à ce qu’il est aux États-Unis d’où l’intérêt de
proposer un PIB correspondant à la PPA (intégrant de facto la sous-évaluation réelle de la
monnaie chinoise, le yuan). Sur cette base, la Chine apparaîtrait paradoxalement dès
aujourd’hui comme la deuxième puissance économique mondiale, assez loin devant le Japon.
Le même phénomène est à l’œuvre pour l’Inde, la Russie, le Brésil, puissances montantes. Le
produit intérieur brut constitue une mesure exclusivement quantitative des performances des
économies, il n’intègre pas les conséquences sociales et environnementales du processus
d’accumulation. La notion de développement (et ses variantes) cherche à intégrer des
dimensions plus qualitatives du bien-être humain.
26
Chapitre 2 : Les revenus
L’évolution du revenu disponible brut (RDB) conditionne celle du pouvoir d’achat des
ménages. Le RDB résulte des revenus primaires versés et des choix politiques opérés en
matière de redistribution.
Le revenu primaire est la somme des revenus de facteurs de production. Le terme primaire
signifie qu’il est calculé avant tout prélèvement fiscal ou social et toute redistribution. Les
revenus primaires des ménages rémunèrent leur participation aux activités productives, ils
constituent la rémunération du travail et du patrimoine. Les revenus du travail sont constitués
des salaires et traitements.
Les revenus du patrimoine se composent :
- des intérêts reçus (par les détenteurs d’obligations par exemple) ;
- des dividendes reçus (par les détenteurs d’actions) ;
- des loyers (qui rémunèrent la propriété immobilière et foncière).
Des revenus mixtes (revenus du travail non salarié) rémunèrent le travail et le capital dans le
cas des entreprises individuelles (professions libérales, entreprises agricoles…)
Il n’existe pas de norme d’équité en matière de distribution des revenus. Chacun peut porter
une appréciation sur la situation. Partant la question devient de nature politique. Le vote doit
déterminer une orientation sur la question des inégalités. Historiquement l’offre politique voit
s’opposer des tenants de l’accroissement des inégalités (libérer les énergies…) et des tenants
de la réduction des inégalités (nécessaire solidarité). Il convient de se situer entre deux cas
polaires (imaginaires). D’un côté à droite dans le tableau ci-dessous, la forme absolue du
libéralisme qui est la jungle. Il n’y aurait pas de place pour celui qui aurait des handicaps et
serait dans l’incapacité de participer à la production, il devrait être laissé sur le bord de la
route, sans revenu, ni soin… De l’autre, à gauche sur le schéma, l’égalité absolue qui conduit
à une société figée. Les individus s’engagent peu dans le travail et innovent peu. Cette
situation pourrait correspondre à une économie de type soviétique (ETS) sans mécanisme
d’incitation. La perspective est ici la stagnation et le gaspillage des ressources.
27
L’ambition de Keynes était de parvenir à dépasser cette opposition entre efficacité
économique et efficacité sociale. Chez Keynes la redistribution peut, sous certaines
hypothèses, ramener l’économie vers un équilibre de plein-emploi. Pour Rawls (Théorie de la
justice sociale, 1971) les inégalités économiques et sociales se justifient à condition d’être
liées à des fonctions ouvertes à tous et surtout de profiter à tous à travers la dynamique
d’activité qu’elles engendrent. Si les inégalités produisent une société de rentiers, inertielle
avec une forte reproduction sociale, elles doivent être combattues.
28
Chapitre 3 : La consommation
L’analyse économique et sociale de la consommation est plurielle et complexe. Au niveau
microéconomique les comportements individuels de consommation (maximisation de la
satisfaction, l’arbitrage entre consommation présente et future…), ainsi que les propriétés des
différents biens sont étudiés. Au plan macroéconomique de grands déterminants de la
consommation sont isolés.
1. DÉFINITION
La consommation désigne l’utilisation d’un bien ou d’un service qui entraîne à terme sa
destruction. La consommation peut avoir deux buts : la production de satisfactions et la
production de biens. Lorsqu’elle est productive de satisfactions, la consommation est dite
finale. La consommation finale des ménages concerne principalement des biens et services
marchands (denrées alimentaires, vêtements, voitures…) et aussi des services non marchands
(forfait hospitalier, droits d’inscription à l’Université…). Lorsqu’elle est productive de biens,
la consommation est dite intermédiaire ou de capital fixe (amortissement).
3. LA STRUCTURE DE LA CONSOMMATION
Le coefficient budgétaire est la part qu’une dépense de consommation (d’un bien ou d’une
catégorie de biens) représente dans le total des dépenses de consommation. La loi d’Engel
désigne le fait que le coefficient budgétaire des dépenses de premières nécessités
(alimentation) diminue lorsque les ressources des ménages progressent.
L’effet Giffen constitue une exception à cette « règle » : la hausse du prix d’un bien inférieur
peut s’accompagner d’une hausse de sa demande. Si un bien occupe une grande place dans le
budget des ménages, la hausse de son prix provoque une baisse du pouvoir d’achat du revenu
et conduit le ménage à accroître la demande de ce bien inférieur qui se substitue à d’autres.
L’économiste Giffen étudie le cas particulier de la pomme de terre en Irlande au XIXe siècle.
La structure de la consommation diffère selon le niveau de vie des différentes catégories
sociales. Le coefficient budgétaire des dépenses de premières nécessités est plus élevé pour
29
les catégories populaires que pour les catégories moyennes et supérieures. À l’inverse les
coefficients budgétaires des biens de moindre nécessité comme les loisirs sont plus élevés
dans les catégories supérieures.
30
Chapitre 4 : L’investissement
L’investissement est une variable particulièrement décisive en économie. Il est à la fois une
composante de la demande et un puissant moteur de l’offre productive.
1. DÉFINITIONS ET TYPOLOGIE
L’investissement consiste fondamentalement à engager du capital dans le processus de
production. Par nature il constitue un pari qui revient à échanger une satisfaction immédiate
et certaine contre un espoir de gain. L’investissement matériel réalisé par l’entreprise est
qualifié d’investissement productif (équipements, machines…). À côté de cet investissement
de nature corporel, un investissement immatériel est réalisé (dépenses de recherche et
développement, de formation, acquisition de licences, de logiciels, dépenses de formation, de
publicité…). Si l’investissement brut (le nouveau flux annuel d’investissement) est supérieur
à l’amortissement (évaluation annuelle de la perte de valeur d’actifs ou de biens de production
frappés d’usure ou d’obsolescence) le stock de capital progresse. L’investissement net
représente la différence entre l’investissement brut et l’amortissement.
Investissement de remplacement, de capacité et de productivité :
- L’investissement de remplacement (ou de renouvellement) est destiné à maintenir les
capacités de production, il compense l’obsolescence et/ou l’usure des équipements.
- L’investissement de capacité (ou d’extension) est destiné à accroître le potentiel productif de
l’entreprise.
- L’investissement de productivité est destiné à rationaliser la production, à intégrer le progrès
technique dans la combinaison productive.
Au sein d’une économie le taux d’investissement se mesure par le rapport FBCF sur PIB. La
formation brute de capital fixe est constituée de l’investissement productif des entreprises,
de l’investissement des administrations et de l’investissement des ménages (achats de
logements). La FBCF doit être distinguée des placements financiers qui, eux, constituent une
épargne.
Si la VAN est positive, l’investissement est réalisé ; si elle est négative, il ne l’est pas. Selon
John Maynard Keynes l’efficacité marginale du capital désigne la rentabilité attendue de
l’investissement, les recettes attendues des projets ne sont pas « certaines », elles résultent des
anticipations des chefs d’entreprise. Le financement interne de l’investissement provient des
capacités d’autofinancement des entreprises (profits conservés en réserve). Le financement
externe est constitué soit par l’émission de titres de différentes natures (obligations, actions),
soit par un recours à l’emprunt.
L’entreprise peut émettre des obligations, c’est-à-dire des titres de créances qui représentent
une partie d’un emprunt à long terme. Le plus souvent elle verse aux détenteurs du titre une
rente annuelle et rembourse le capital à échéance.
L’entreprise peut aussi émettre des actions c’est-à-dire des titres financiers représentatifs
d’une partie du droit de propriété sur une entreprise. Le souscripteur de l’action contribue au
financement de l’entreprise en échange d’un droit de vote lors de l’assemblée générale (qui
31
élit le conseil d’administration) et d’un droit au partage des bénéfices à travers la perception
d’un dividende.
L’emprunt est un financement obtenu le plus souvent auprès d’une banque. Le coût de ce
mode de financement est constitué par le taux d’intérêt.
Un effet de levier de l’endettement se déclenche lorsque la rentabilité d’un projet
d’investissement est supérieure au coût de l’endettement destiné à le financer. Dès lors que le
taux de profit est supérieur au taux d’intérêt, l’entreprise est d’autant plus incitée à s’endetter.
Dans le cas contraire on évoque un effet de massue.
32
Chapitre 5 : L’épargne
L’épargne est la partie non consommée du revenu. Elle constitue un agrégat fondamental au
centre de controverses théoriques. Pour les néoclassiques, il ne saurait y avoir
d’investissement sans épargne préalable ; pour Keynes, elle est un résidu et ne saurait être
encouragée.
1. DÉFINITIONS
L’épargne représente la partie non consommée du revenu. En termes macroéconomiques,
c’est la différence entre le revenu national et la consommation globale. L’épargne nationale
inclut l’épargne des ménages, des entreprises et des administrations (éventuel excédent
budgétaire). L’épargne est un flux qui alimente le patrimoine des agents (qui, lui, est un
stock). Rappelons que le patrimoine d’un agent est l’ensemble de ses avoirs (actifs financiers,
logements..) et de ses dettes à un moment donné.
- Pour le ménage l’épargne peut être motivée :
• par le souhait d’accroître sa consommation future ;
• par un besoin de précaution (pour faire face au risque de dépenses imprévues) ;
• par la volonté de se constituer un patrimoine qui lui assure une reconnaissance sociale
et peut être légué aux générations futures.
- Pour l’entreprise, l’épargne est motivée par le souhait de dégager une capacité
d’autofinancement utile pour financer par la suite des investissements.
- Pour les administrations publiques, l’épargne est rare. Un solde budgétaire excédentaire peut
constituer une réponse à une situation d’urgence en termes de soutenabilité de la dette
publique.
33
souhaitent se constituer un patrimoine. L’agent qui épargne doit naturellement opérer un
arbitrage entre la liquidité et le rendement du produit d’épargne.
Pour les keynésiens, l’épargne constitue un résidu, c’est la part du revenu qui n’a pas été
consommée. Plus le revenu est élevé, plus l’épargne est élevée (la propension marginale à
épargner augmente avec le revenu). Pour Keynes comme pour les néoclassiques ex post,
l’épargne est égale à l’investissement mais Keynes inverse la causalité ex ante. Ex ante
l’investissement cause l’épargne. L'approche démographique en termes de cycles de vie
développée par Modigliani, Brumberg et Ando insiste sur le fait que les flux d'endettement et
d'épargne permettent aux ménages d'obtenir durant leur vie un profil de consommation stable
à partir de revenus fluctuants. En période de jeunesse, alors que les revenus sont inexistants,
l'emprunt permet de consommer. En période d'activité, les revenus sont élevés, l'épargne
progresse et un patrimoine est constitué. Durant la période de retraite, la consommation est
alimentée par une « désépargne ».
34
Chapitre 6 : Le développement
économique
La notion de développement vise à introduire des considérations qualitatives pour apprécier
les performances d’une économie. Les conceptions et les critères du développement
apparaissent pluriels, voire éclatés.
1. CARACTÉRISATIONS DU DÉVELOPPEMENT
Historiquement le développement désigne la transformation des sociétés et véhicule l’idée de
progrès. Depuis le milieu du XXe siècle, la notion s’est chargée d’un sens plus précis :
l’amélioration de la qualité de vie des hommes. Par rapport à la croissance économique, le
développement vise donc à réintroduire des caractéristiques plus qualitatives pour
apprécier les performances d’une économie.
François Perroux donne une définition du développement très usitée depuis « le
développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui
la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit global réel »
(1961). Par la suite Perroux paraît réintroduire plus ouvertement l’homme en précisant que le
développement désigne « le changement des structures mentales et sociales qui favorisent
l’entraînement mutuel de l’appareil de production et de la population au service de cette
dernière » (1972). Parmi la multitude des autres conceptions du développement celle de
A. Sen doit être mentionnée. Il conçoit le développement « comme un processus d’expansion
des libertés réelles dont jouissent les individus ». Dans l’ouvrage Development as Freedom
(1999), Sen affirme : «l’expansion des libertés constitue à la fois la fin première et le moyen
principal du développement, (…) le « rôle constitutif » et le « rôle instrumental » de la liberté
dans le développement.»
2. LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
Le développement durable (ou soutenable) est défini par le rapport Brudtland (1987)
comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité
des générations futures à répondre aux leurs ». Ce concept attire depuis l’attention sur les
conséquences environnementales de la croissance économique (émission de gaz à effets de
serre, épuisement des ressources naturelles…).
Au plan théorique deux visions s’opposent derrière cette définition du développement
durable. La première d’inspiration néoclassique fonde la soutenabilité exclusivement sur une
base environnementale. Elle cherche au niveau microéconomique à valoriser monétairement
les éléments naturels afin de pouvoir les analyser dans un calcul coûts-bénéfices. Cette
conception débouche sur la mise en place de mécanismes d’incitations (permis de polluer…).
Au plan macroéconomique dans la lignée du modèle de Solow, les économistes cherchent à
fournir des fondements théoriques à la relation vertueuse entre croissance et qualité
environnementale (rapport Stern de 2006). Ils cherchent à formuler une règle de soutenabilité
assurant le maintien de la valeur par tête du stock total de capital de la société en postulant
une parfaite substituabilité entre les différentes formes de capital (physique, humain, naturel).
La deuxième approche – qualifiée d’hétérodoxe – se veut plus globale en intégrant les
dimensions environnementale, sociale et économique du développement. Elle est associée au
maintien d’un stock de capital naturel dit « critique » et rejette le principe de la substituabilité
des facteurs au profit de leur complémentarité. Elle s’oppose à la valorisation monétaire des
éléments naturels. Elle peut déboucher sur l’idée de décroissance.
35
3. LES INDICATEURS DE DÉVELOPPEMENT
Parmi les indicateurs de développement, deux sont particulièrement répandus et scrutés :
l’IDH et l’IPH.
a) L’IDH (Indice de développement humain)
Cet indice a été créé par le Programme des Nations unies pour le développement en 1990, il
combine trois critères : la longévité (espérance de vie), le savoir (alphabétisation) et le
niveau de vie (PIB par tête).
Les résultats 2007 (Rapport mondial sur le développement humain), qui se fondent sur les
statistiques 2005 de 177 pays membres des Nations unies, font apparaître la hiérarchie
suivante. L’Islande est en tête, juste devant la Norvège et l’Australie.
Lorsque l’on compare la hiérarchie internationale sur les bases du PIB par tête et sur la base
de l’IDH, la principale différence concerne la place des États-Unis qui rétrogradent en termes
d’IDH (12e position).
b) L’IPH (Indice de pauvreté humaine)
L’indice de Pauvreté humaine a été créé par le PNUD en complément de l’IDH. Pour les pays
en développement il repose sur trois variables :
- le risque de mourir avant 40 ans ;
- le taux d’analphabétisme des adultes ;
- les conditions de vie mesurées par l’accès aux services de santé, à l’eau potable et la sous-
nutrition chez les enfants de moins de cinq ans.
Pour les pays développés, il tient compte en plus « du manque de conditions de vie décente »
appréhendé par le pourcentage de personnes vivant sous la demi-médiane du revenu
disponible des ménages.
36
Chapitre 7 : La pauvreté
La pauvreté est une notion relative, sa définition et sa mesure sont particulièrement
conventionnelles. Le concept n’a notamment pas le même sens au sein d’une économie en
voie de développement et d’une économie parmi les plus « avancées ».
En France au cours des trente dernières années le nombre de pauvres a eu tendance à diminuer
: il était de 4,36 millions en 1979 contre 3,73 millions en 2005. La France présente
aujourd’hui l’un des taux de pauvreté les plus bas du monde (6,3 %). Il convient de ne pas
oublier que le choix du seuil est important : dans le cas de la France si, pour 2005, on retient
le seuil de 60 % au lieu de 50 % le nombre de pauvres passe de 3,73 millions à 7,13 millions.
b) Pauvreté absolue
Sur cette base un individu est considéré comme pauvre s’il dispose de moins de un dollar ou
de moins de deux dollars par jour pour vivre. Cette approche est plus adaptée à la situation
des pays émergents ou en voie de développement.
Les estimations de la Banque mondiale font ressortir qu’en Asie de l’Est et du Pacifique
(Chine incluse), la part des individus vivant avec moins de deux dollars par jour est passée de
84,8% en 1981 à 40,7% en 2002. En Amérique latine cette proportion s’est réduite (de 29,6%
à 23,4 %). En Afrique subsaharienne la proportion est passée sur la même période de 73,3% à
74,9 %. En Asie la mondialisation économique s’est accompagnée d’une réduction de la
pauvreté alors qu’en Afrique subsaharienne la pauvreté a persisté malgré l’ouverture
économique.
37
3. APPROCHE NON MONÉTAIRE DE LA PAUVRETÉ
La conception de la pauvreté humaine a évolué au cours de la période récente vers une
approche dite non monétaire centrée sur les manques des individus en termes de santé, de
pouvoir, de capacité, voire de considération. L’IPH et le BIP 40 illustrent ce mouvement.
a) L’IPH
Ainsi l’Indice de pauvreté humaine (IPH) a été créé par le PNUD (Programme des Nations
unies pour le développement) en complément de l’IDH. Le calcul de l’IPH-1 adapté aux pays
pauvres repose sur trois variables :
- le risque de mourir avant 40 ans ;
- le taux d’analphabétisme des adultes ;
- les conditions de vie mesurées par :
• l’accès aux services de santé,
• l’accès à l’eau potable,
• la sous-nutrition chez les enfants de moins de cinq ans.
Le calcul de l’IPH-2 – adapté aux pays riches – combine quatre indicateurs :
- indicateur de longévité,
- indicateur d’instruction,
- indicateur de conditions de vie,
- indicateur d’exclusion.
b) Le BIP 40
Il s’agit d’un Baromètre des inégalités et de la pauvreté (BIP). C’est un indicateur synthétique
des inégalités et de la pauvreté créé en 2002 par des militants (collectif réseau d’alerte sur les
inégalités) en réaction et en référence au PIB et au CAC 40 (indice phare de la Bourse de
Paris). Le BIP est construit à partir de 58 critères qui concernent six dimensions (le travail, le
revenu, le logement, l’éducation, la santé, la justice).
38
Chapitre 8 : La monnaie
La monnaie est un bien économique qui est accepté en paiement de biens et services et en
remboursement de dettes. À travers son rôle d’intermédiaire, elle fluidifie les échanges.
1. LA DÉMATÉRIALISATION DE LA MONNAIE
À travers le temps les formes de la monnaie ont évolué. Une tendance historique à sa
dématérialisation est identifiable. La monnaie est constituée à l’origine, dans les sociétés
traditionnelles, de marchandises (coquillages, animaux, métaux). Peu à peu, l’utilisation du
métal se répand (cuivre, argent, or, divers alliages) pour des raisons pratiques, essentiellement
du fait de ses propriétés (rareté, facilité de transport et de transformation). Au XIXe siècle, la
monnaie fiduciaire (billets) parvient à vaincre la réticence des individus qui, à la suite de
catastrophes monétaires (ruine du système de Law, épisode des assignats révolutionnaires),
peinaient à associer papier et valeur. Jusqu’au début du XXe siècle, les billets émis par les
Banques centrales restent d’ailleurs théoriquement convertibles en métal pour asseoir la
confiance des agents. Aujourd’hui la monnaie est essentiellement scripturale. Cette monnaie
scripturale est constituée par l’ensemble des soldes créditeurs des comptes à vue gérés par
les institutions financières. Le terme monnaie électronique est parfois utilisé ; il désigne en
réalité le moyen de faire circuler la monnaie scripturale. Cette tendance historique à la
dématérialisation de la monnaie traduit une montée de la confiance des agents économiques
dans le système de paiement.
2. LA VALEUR DE LA MONNAIE
La valeur d’une unité monétaire est fondée sur la quantité de biens et services qu’elle permet
d’acquérir. Partant, la valeur interne de la monnaie est égale à l’inverse du niveau général
des prix. Le gonflement de la quantité de monnaie en circulation (l’inflation) se traduit par
une baisse de la valeur de la monnaie. Sur ces bases, une monnaie forte est une monnaie qui
conserve sa valeur sur le long terme. Une monnaie faible voit son pouvoir d’achat en
marchandises se réduire à travers le temps. La valeur externe de la monnaie nationale dépend
de l’évolution de son cours de change vis-à-vis des autres devises. À long terme, une monnaie
faible voit son cours de change se déprécier mais, à court terme, l’évolution des cours de
change ne peut constituer un indice fiable de force d’une monnaie (le cours euro/dollar fluctue
ainsi beaucoup alors que l’on est en présence de deux monnaies fortes).
39
4. LA MESURE DE LA QUANTITÉ DE MONNAIE : LES AGRÉGATS
MONÉTAIRES
Pour mesurer la quantité de monnaie au sein d’une économie, des agrégats monétaires sont
définis. Ils constituent des grandeurs synthétiques qui regroupent des actifs monétaires ou
quasi monétaires détenus par les agents non financiers auprès des institutions financières.
Les agrégats se distinguent par le degré de liquidité des éléments qui les composent. Au sein
de la zone euro, aujourd’hui trois grands agrégats sont pris en compte M1, M2 et M3 :
- M1 : agrégat étroit qui comprend la monnaie fiduciaire et les dépôts à vue détenus auprès
des institutions financières monétaires ;
- M2 : agrégat intermédiaire qui comprend M1 plus les dépôts remboursables avec un préavis
inférieur ou égal à trois mois (dépôts d’épargne à terme) et les dépôts d’une durée inférieure
ou égale à deux ans (dépôts à court terme) détenus auprès des IFM et de l’administration
centrale ;
- M3 : agrégat large qui comprend M2 plus les instruments négociables, les titres d’OPCVM
(Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières. Un organisme financier qui a pour
vocation : La collecte de l'épargne auprès des investisseurs pour la placer dans des valeurs
mobilières selon des critères bien défini) monétaires et les titres de créance d’une durée
initiale inférieure ou égale à deux ans émis par les IFM.
Notons que les institutions financières monétaires (IFM) sont un ensemble d’institutions
financières qui forment le secteur émetteur de monnaie au sein de la zone euro. Elles
comprennent l’Euro-système, les établissements de crédits résidents, les institutions
financières résidentes dont l’activité consiste à recevoir des dépôts ou de substituts des dépôts
d’entités autres que les IFM et qui consentent des crédits et/ou effectuent des placements en
valeurs mobilières.
40
Chapitre 9 : Les banques
Les banques sont des institutions financières qui recueillent les dépôts d’épargne des agents
économiques, accordent des crédits aux particuliers et aux entreprises et proposent des
services financiers de diverses natures.
41
b) Les banques d’affaires (banques d’investissement)
Ces banques sont spécialisées dans les prises de participation dans des sociétés, dans
l’ingénierie des rapprochements d’entreprise (conseils en fusions acquisitions), de
l’introduction des entreprises en Bourse ou encore dans le placement de grands emprunts. Au
niveau mondial, les grandes banques d’affaires ont pour nom Goldman Sachs, Meryll Lynch,
Lazard…Si, à la suite de la crise de 1929, le Glass-Steagall Act (1933) a imposé aux États-
Unis une séparation entre activité de banque de détail et activité de banque d’investissements
afin de garantir la stabilité bancaire et financière, la déréglementation financière a battu en
brèche cette séparation et permis l’émergence de grandes banques universelles (Citigroup et
Bank of America aux États-Unis, la BNP et la Société Générale en France…). Aujourd’hui les
banques ont même développé des activités dans le domaine de l’assurance.
42
Chapitre 10 : Les banques centrales
Les banques centrales sont, en quelque sorte, les banques des banques. Une Banque centrale
dispose du monopole d’émission de la monnaie sur un territoire donné et exerce un contrôle
sur le système monétaire et financier. Les principales fonctions d’une Banque centrale sont la
conduite de la politique monétaire et l’exercice du rôle de prêteur en dernier ressort.
43
banque de second rang peut prendre davantage de risques (dans l’octroi de crédits ou sur les
marchés financiers). La Banque centrale est la seule institution à pouvoir exercer pleinement
cette fonction de PDR. Pour pouvoir approvisionner un système en liquidité, il convient en
effet d’être émetteur de monnaie ultime. Une institution comme le FMI qui souhaiterait
s’affirmer comme PDR international se heurte à cette incapacité.
44
Chapitre 11 : Le Fonds monétaire
international (FMI) et la Banque Mondiale
(BM)
A- Le Fonds monétaire international (FMI)
Le Fonds monétaire international est une institution essentiellement chargée de promouvoir la
coopération monétaire internationale et d’assurer la stabilité du système monétaire
international.
45
- Recherche d’une attractivité vis-à-vis des IDE.
- Privatisations afin de réduire le poids de l’interventionnisme étatique.
- Déréglementation des marchés intérieurs (des capitaux, du travail…).
- Réforme fiscale orientée vers l’élargissement du nombre de contribuables, le développement
de la TVA et la baisse des taux marginaux de l’impôt sur le revenu.
- Renforcement des droits de propriétés.
Ces plans associés à la promotion de politiques macroéconomiques rigoureuses, à une
libéralisation interne et externe n’ont pas eu les effets attendus en matière de développement.
Stiglitz dans La grande désillusion (2002) dénonce le fait que ces « thérapies de choc »
accentuent l’instabilité au Sud. Les associations altermondialistes (comme ATTAC en France)
dénoncent le fait qu’elles ont servi les intérêts du Nord et n’ont pas fait reculer la pauvreté et
les inégalités. Au cours des années 2000, ces politiques ont été amendées et un nouveau
consensus a émergé : il ne saurait y avoir une voie unique vers le développement ; par ailleurs
l’importance des institutions et des particularités structurelles et culturelles des économies est
reconnue.
3. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT
Le siège du FMI se situe à Washington. Il compte aujourd’hui 185 États membres. La
structure dispose de 2 700 salariés environ, originaires de 165 pays. La gestion courante du
FMI est assurée par un conseil d’administration composé de 24 membres. Huit membres sont
permanents (États-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Japon, Chine, Russie et Arabie
Saoudite). Les 16 autres sont élus par les pays membres. Le directeur général (Dominique
Strauss-Kahn depuis septembre 2007) dirige, en collaboration avec trois directeurs adjoints,
les services du FMI et préside le conseil d’administration. Le budget administratif du FMI est
de 980 millions de dollars. Chaque pays membre verse une contribution au prorata de sa
part dans le commerce international (le versement s’effectue à hauteur de 25 % en or
jusqu’en 1976, le reste en monnaie nationale). Ces sommes peuvent servir à octroyer des
crédits aux pays qui en font la demande, souvent pour maintenir les parités sur le marché des
changes. Chaque pays dispose d’un droit de tirage proportionnel à sa contribution. Les crédits
sont accordés dans des conditions de plus en plus strictes à mesure que les montants
augmentent. Depuis la remise en cause du consensus de Washington, le volume des crédits
octroyés par le FMI baisse et avec lui ses recettes. L’encours des prêts atteint, en 2007, 28
milliards de dollars (répartis sur 74 pays).
47
Depuis les années 1980, elle cherche à coordonner ses actions avec celles du FMI à travers
la mise en place de programmes d’ajustements structurels dans les pays du Sud. Le FMI se
concentre sur les politiques macroéconomiques de stabilisation alors que la Banque mondiale
conserve une approche plus structurelle et sectorielle (transport, énergie, barrages…). Ces
politiques ont été accusées d’être responsables des échecs du développement, en particulier en
Afrique (surendettement, maintien de taux de pauvreté élevé…). Avec la remise en cause du
Consensus de Washington, les deux institutions doivent affronter une crise de légitimité. De
plus en juin 2007, le président de la Banque mondiale Paul Wolfowitz, accusé de népotisme,
est contraint à la démission et affaiblit un peu plus l’institution. La Banque mondiale se
concentre aujourd’hui sur la lutte contre la pauvreté après avoir défini sept domaines
d’action privilégiés :
• l’éducation pour tous ;
• la lutte contre le SIDA ;
• la santé maternelle et infantile ;
• l’approvisionnement en eau et l’assainissement ;
• le climat de l’investissement et le financement ;
• le commerce ;
• la viabilité écologique.
48
MICROECONOMIE
49
CHAPITRE 0 : RAPPELS
Le concept de pente est habituellement associé aux droites. Nous définissons d'ailleurs la
droite comme étant une fonction pour laquelle la pente est constante. En d'autres mots, quel
que soit le point où l'on regarde, l'inclinaison de la droite est la même. Or, en général, nous
travaillerons avec des fonctions qui ne sont pas nécessairement des droites, et pour lesquelles
la pente varie d'un point à l'autre. Il nous faut donc introduire la notion de dérivée, qui permet
d'obtenir la pente pour ces fonctions non linéaires.
Définition intuitive : La dérivée d'une fonction est définie comme étant la pente de sa droite
tangente en un point spécifique. L'illustration qui suit permet de visualiser la droite tangente
(en bleu) d'une fonction quelconque en deux points distincts. Remarquez que l'inclinaison
de la droite tangente varie d'un point à l'autre. La valeur de la dérivée d'une fonction
dépend donc du point où nous décidons de l'évaluer. Par abus de langage, nous parlerons
souvent de la pente de la fonction plutôt que de la pente de sa droite tangente.
2- CROISSANCE ET DECROISSANCE
Il existe une relation directe entre la croissance ou la décroissance de la fonction et la valeur
de sa dérivée en un point.
- Si la valeur de la dérivée est négative en un point, cela indique que la fonction est
décroissante en ce point.
- Si la valeur de la dérivée est positive en un point, cela indique que la fonction est croissante
en ce point.
Notation : Nous représentons la dérivée d'une fonction par un symbole primé.
Par exemple, écrire f ‘(x) représente la dérivée de la fonction f évaluée au point x. De même,
écrire (3x + 2)’ indique que l'on effectue la dérivée de la fonction (3x + 2) au point x.
3- DERIVEES USUELLES
Nous présentons ci‐dessous la liste de dérivées les plus importantes. Quoique ces formules
puissent être démontrées formellement, nous ne ferons que les énoncer. Nous vous
recommandons de les apprendre et de les maîtriser. Ne parler que des dérivées des fonctions
polynomiales.
50
Dérivée des fonctions usuelles :
51
Exercice :
Déterminer les minimum et maximum locaux des fonctions f et R de l'exercice précédent. Si
vous avez du temps faire l’étude des 4 fonctions. Faire un tableau des signes + ou –
autour des points critiques.
52
CHAPITRE 1 : MICROECONOMIE (OBJETS ET METHODES)
Par exemple, le charbon et le pétrole brut sont des marchandises de natures différentes. Le
pétrole brut qui sera disponible demain à Iran est aussi une marchandise différente du pétrole
brut qui sera disponible à Paris. De même, le charbon qui est disponible à Marseille
aujourd’hui est différent du charbon qui sera disponible à Marseille l’hiver prochain. Ces
exemples illustrent la caractéristique principale qui distingue les différents biens : ils ne
peuvent être considérés comme des substituts parfaits dans la production ou la
consommation : on ne peut supposer qu’un agent pourra consommer indifféremment l’un ou
l’autre de ces biens (car soient ils sont de nature différents, soit ils sont disponibles à des
moments ou des lieux différents). Nous devons donc distinguer les biens du point de vue ces
trois dimensions. Dans ce cours nous tiendrons compte des différences de nature et de date de
consommation. La notation que nous allons adopter pour représenter les différents biens va
donc tenir compte de ces deux caractéristiques. Ainsi, un bien l, détenu par l’agent i, à la date
t et en quantité x, sera noté par :
53
2- Les Prix
Sur les marchés, les biens s’échangent contre de la monnaie (ce qui est différent d’un système
de troc où les biens s’échangent contre des biens). Par conséquent, dans un système de
marché, on associe un prix à chaque bien : le prix auquel les agents échangent une unité de ce
bien sur le marché. Il est clair qu’en général on n’observera pas un seul prix pour un bien
donné mais si le système de marché fonctionne efficacement, on devrait observer un prix
quasiment unique pour les unités du bien qui sont identiques du point de vue des
caractéristiques que nous avons distinguées : la nature ; le lieu et la période de disponibilité.
On parle alors de la loi du prix unique.
Le prix d’un bien peut être exprimé de deux manières. Premièrement, nous pouvons choisir
un certain bien dans l’économie comme numéraire ; tous les prix sont alors exprimés en
termes de ce bien. Si par exemple le numéraire est l’or, le prix de chaque bien indique
combien d’unités d’or il faut donner en échange d’une unité de ce bien.
Le prix de l’or est naturellement égal à 1. En principe n’importe quel bien peut être retenu
comme numéraire (sur certaines îles on utilisait les coquillages comme numéraire).
Néanmoins certains biens conviennent mieux que d’autres à cette fonction pour faciliter les
transactions de marché. Les biens qui ne sont pas divisibles, ou qui sont encombrants ou
encore qui se détériorent facilement ne peuvent convenir en tant que moyen de paiement.
Nous devons aussi préciser que dans cette optique le numéraire ne correspond pas vraiment à
un moyen d’échange ou à la monnaie. Il s’agit uniquement d’une unité de compte, ou d’une
unité de mesure pour les prix d’une économie. Une fois le numéraire fixé, les prix expriment
le taux de change entre les biens et ils ont la dimension (unités de numéraire/unités du bien).
Par conséquent, ces prix ne sont pas indépendants des unités de mesure des différents bien.
Par exemple si l’on double les unités de mesure de tous les biens sauf le numéraire, il faudrait
multiplier par deux tous les prix.
L’autre manière que nous pouvons utiliser pour fixer les prix n’implique pas l’utilisation d’un
numéraire. En effet, nous pouvons décider qu’il existe une unité de compte abstraite qui n’est
pas la quantité d’un bien physique. Il s’agit de l’unité qui est utilisée dans l’enregistrement
des transactions dans les comptes : si une unité d’un bien est vendue alors le compte est
crédité du prix de ce bien (nombre d’unités de compte qui correspond à ce bien) et si une
unité d’un bien est achetée, le compte est débité du même nombre d’unités de compte (de
nouveau le prix du bien). On donne en général un nom à cette unité de compte : l’Euro, le
Yen, le Dollar ou la Livre sterling, le FCFA…. Si les comptes sont tenus dans des unités
différentes, un taux de change entre ces unités doit être établi avant que les transferts d’un
compte à l’autre puissent avoir lieu. Nous noterons ces prix monétaires sous la forme :
pl = le prix du bien l
Ces prix, exprimés en termes d’unités de compte, correspondent à la manière dont les prix
sont fixés dans la réalité. Ils ont été adoptés à la suite du développement d’un système
bancaire (pour tenir les comptes). Néanmoins on peut rétablir une correspondance claire entre
ces prix en termes d’unités de compte abstraite et les prix en termes de taux de change entre
les biens. Supposons qu’il y ait n biens dont les prix en euro sont p1, p2, . . . , pn. Nous
pouvons alors prendre le prix de n’importe quel bien, par exemple le bien n, et former n ratios
qui expriment le prix des biens en termes de ce bien qui devient alors le numéraire :
54
Nous pouvons interpréter chaque rj,, j = 1, 2...n ; comme étant le nombre d’unités du bien n
qu’on doit échanger contre une unité du bien j : les taux de change en termes de
marchandises avec n comme numéraire. Chaque rj a maintenant la dimension (unités du
bien n / unités du bien j) :
Ainsi chaque rj nous indique le nombre d’unités de bien n que nous pouvons acheter en
vendant une unité du bien j et en consacrant tout ce revenu (pj unités de compte) à l’achat de
bien n. Les rj sont des prix relatifs.
On doit aussi distinguer les marchés comptants (spot markets) des marchés à terme (forward
markets). Sur un marché comptant, on passe un accord qui implique que l’échange de
marchandises soit accompli dans la période présente. Sur un marché à terme, la transaction
concerne les marchandises qui seront livrés dans une période future. Une économie avec un
système complet de marché est une économie où il existe tous les marchés comptants et à
terme pour assurer l’échange de toutes les marchandises qui seront disponibles à tous les lieux
et à toutes les dates. Dans une telle économie, les accords concernant toutes les transactions
présentes et futures seraient conclus dans la première période et toutes les activités de marché
seraient terminées à la fin de cette période. Le reste du temps serait consacré à la réalisation
de tous les engagements de la première période. Les économies réelles ne possèdent
naturellement pas un tel système de marché. A chaque période il existe des marchés
comptants pour effectuer les transactions concernant cette période et quelques marchés à
termes pour les transactions dans le futur. Par conséquent, à chaque période un sous-ensemble
relativement petit de la totalité des marchandises peut être échangé. On observe donc une
suite de systèmes de marché, un à chaque période, et l’activité de marché a lieu normalement.
Le fonctionnement d’un marché résulte dans la détermination du volume des transactions sur
ce marché et du prix auquel ces transactions ont lieu (prix de marché). Le marché d’un bien et
service réalise la confrontation des offres et des demandes et il conduit à la détermination
d’un prix. A un moment donné, nous allons observer sur un marché des vendeurs qui essaient
de vendre le bien à des prix différents et les consommateurs qui cherchent à l’acheter au prix
le moins cher possible. En fonction des rencontres entre ces agents, les prix des biens
disponibles vont changer. Etant donné que nous considérons que les unités échangées sur le
55
marché sont identiques du point des vues des trois caractéristiques, les échanges ne vont se
stabiliser que quand le marché atteint un prix unique auquel tous les consommateurs qui
voulaient acheter le bien à ce prix pourront le faire et tous les vendeurs qui voulaient le vendre
à ce prix trouveront un acheteur : les décisions d’achat et de vente seront parfaitement
compatibles dans ce cas et nous appelons un tel état du marché l’équilibre du marché et le
prix correspondant, le prix d’équilibre. Nous pouvons représenter l’équilibre d’un marché
dans la figure 1.1.
On représente en abscisse les quantités totales proposées (pour l’achat et pour la vente) sur ce
marché à une période donnée, pour des différents prix de marché. La courbe décroissante
correspond aux quantités que les agents sont prêts à acheter pour chaque prix de marché (la
demande) : plus le prix est élevé, moins d’agents désirent acheter de ce bien. La courbe
croissante correspond aux quantités que les agents acceptent de vendre sur le marché pour des
différents prix (l’offre) : plus le prix est élevé, plus ils sont prêts à vendre.
Le seul prix où les désirs des acheteurs et ceux des vendeurs coïncident est p* : c’est le prix
d’équilibre ; il égalise l’offre et la demande sur le marché. A ce prix, tous les agents qui
étaient prêts à vendre ce bien vendent exactement les quantités qu’ils désiraient vendre et tous
les acheteurs achètent exactement les quantités qu’ils désiraient acheter. Ces quantités sont
égales à Q*, la quantité d’équilibre. On observe que pour tous les autres prix on a :
– soit la demande supérieure à l’offre (demande excédentaire - le cas de p1) ;
– soit l’offre supérieure à la demande (offre excédentaire - le cas de p2).
On peut aussi imaginer qu’à partir d’une des deux situations précédentes, on tende vers la
situation d’équilibre grâce à un ajustement des prix. Si l’on part d’une situation d’offre
56
excédentaire, on observe que le prix est trop élevé pour que toutes les quantités que les
vendeurs voudraient écouler soient achetées. Dans cette situation, ils peuvent être amenés à
réviser leur prix à la baisse de manière à attirer de nouveaux consommateurs et vendre toute
leur offre. Cette baisse doit alors continuer jusqu’à p* pour que toute l’offre puisse être
absorbée par la demande. En partant de p2, on tend donc vers P*
Jusqu’ici nous avons parlé d’acheteurs et de vendeurs. Nous allons voir plus précisément dans
le paragraphe suivant qui sont les agents économiques que nous allons considérer dans ce
cadre microéconomique.
Une firme est un décideur individuel qui procède à la production de marchandises par la
combinaison de différents facteurs de production (inputs) grâce à des procédés techniques.
Ces inputs sont des marchandises que la firme peut posséder en partie dans sa dotation
initiale. Elle doit acheter le reste sur les marchés correspondants. Certains inputs peuvent ne
pas être des marchandises : la lumière du soleil dans l’agriculture, par exemple. La distinction
entre les consommateurs et les firmes réside dans la nature de leur activité économique : les
consommateurs achètent des biens pour consommer et les firmes achètent des inputs pour
produire d’autres biens. Naturellement dans la réalité les choses sont plus complexes que dans
ces simplifications théoriques. En effet une unité de consommation correspond souvent à une
famille qui regroupe plusieurs individus et les décisions sont souvent des décisions de groupe.
Mais si les décisions des ménages respectent un minimum de rationalité et de cohérence notre
approche perd son caractère restrictif. De même, s’il existe encore des firmes individuelles, la
majeure partie de la production des marchandises est effectuée par des grandes corporations
qui peuvent contenir parfois des milliers d’individus et des structures organisationnelles
complexes. De nouveau, notre approche du processus général d’allocation des ressources est
simplificatrice mais elle reste suffisante tant que nos prédictions et nos résultats ne sont pas
infirmés par le comportement des firmes. On peut aussi se référer à d’autres travaux en
économie qui étudie surtout l’organisation des firmes.
57
bien vont souvent apparaître aux côtés opposés du marché de ce bien (respectivement du côté
de la demande et du côté de l’offre).
5- La rationalité
Quel que soit la classification adoptée entre les producteurs et les consommateurs, deux
éléments principaux caractérisent l’approche microéconomique. Le premier est l’adoption des
décideurs individuels comme l’unité de base de l’analyse. Le second est l’hypothèse selon
laquelle le décideur individuel est rationnel. Le concept de rationalité qui sera utilisé doit
être clairement défini. Nous dirons qu’un processus de décision rationnel prend la forme
suivante :
1. Le décideur énumère tous les alternatifs qui sont disponibles et il écarte les alternatifs qui
ne sont pas réalisables ;
2. Il tient compte de toute l’information disponible ou qu’il vaut la peine de collecter dans
l’établissement des conséquences du choix de chaque alternatif ;
3. En fonction de leurs conséquences, il classe les alternatifs selon son ordre de préférence.
Cet ordre doit satisfaire certaines conditions de cohérence et de complétude ;
4. Il choisit l’alternatif qui a la position la plus élevée dans cet ordre : il choisit l’alternatif
dont il préfère la conséquence à celle de tous les autres alternatifs disponibles.
Ces conditions semblent assez bien correspondre à l’utilisation courante du terme rationalité.
Néanmoins il est possible que certaines personnes se comportent d’une manière qui pourrait
apparaître comme irrationnelle selon cette définition : dans la prise de décision ils peuvent
ignorer des alternatifs réalisables connus ou ils peuvent se laisser influencer par des alternatifs
irréalisables, ils peuvent ignorer ou négliger de collecter certaines informations sur les
conséquences des alternatifs, ils peuvent se contredire dans le classement des alternatifs voire,
ils peuvent choisir un alternatif dont ils ont déjà évalué la conséquence comme étant
inférieure à une autre. Par conséquent, la rationalité est une hypothèse de notre analyse et ce
n’est pas une tautologie : cette hypothèse peut ne pas être vérifiée pour certains individus.
Mais avant de décider qu’il s’agit d’une décision irrationnelle, il faut bien vérifier toutes les
conditions et en particulier la condition (2) : la collecte d’information demande souvent
beaucoup de temps et elle n’est pas toujours gratuite. Essayez de connaître tous les prix
pratiqués sur Marseille ou Paris pour un type donné d’ordinateur ; vous passerez beaucoup de
temps dans les magasins ou sur Internet ! Donc la négligence apparente d’une information
peut être causée en réalité par le coût qu’il faudrait subir dans sa collecte et donc elle peut être
tout-à-fait rationnelle. Il faut néanmoins noter que de nombreuses observations indiquent que
les agents économiques réels ont trop souvent des comportements qui s’écartent ce cette
hypothèse. Depuis les travaux d’Herbert Simon et de Kahneman et Tversky, les
économistes développent aussi un cadre analytique qui ne fait pas recours à une hypothèse de
rationalité forte et qui cherche à respecter un certain réalisme cognitif. Le cadre de la
rationalité reste néanmoins une simplification commode que beaucoup d’analyses continuent
à adopter et on va le garder dans l’exposition des ces analyses dans cet ouvrage. Des cours de
microéconomie plus avancés et des cours de théorie des jeux vous proposeront des analyses
qui cherchent à faire l’économie de cette hypothèse.
6- Méthodes d’analyse
L’approche microéconomique suit une ligne de développement relativement systématique
(voir Figure 1.2). On commence avec les modèles des décideurs individuels, un
consommateur type et une firme type. Sous l’hypothèse de rationalité ces modèles prennent la
forme de problèmes d’optimisation sous contraintes : le décideur est supposé à chercher
l’alternatif le meilleur parmi un ensemble d’alternatifs disponibles (vérifiant les contraintes)
58
pour lui. En précisant relativement bien la nature de ces problèmes d’optimisation et en les
résolvant, on est capable d’établir certaines caractéristiques et propriétés des choix du
décideur. De plus, en étudiant comment le choix optimal se modifie suite à des modifications
des paramètres du problème (surtout des prix) on peut établir certaines relations de
comportement comme les courbes de demande et d’offre (on fait alors ce qui est appelé la
statique comparative).
Un des buts principaux des modèles de décision est de nous permettre d’imposer certaines
restrictions sur les comportements des agents, de manière à exclure ceux qui ne sont pas
compatibles avec les hypothèses de la théorie ou, du moins, de clarifier sous quelles
hypothèses on peut imposer des restrictions particulières (des courbes de demande
décroissantes, par exemple).
Quel que soit le niveau retenu, la méthode d’analyse est la même : la méthodologie
d’équilibre. L’équilibre (statique) d’un système est défini comme une situation où les forces
qui déterminent l’état du système sont en équilibre, par conséquent, les variables du système
n’ont plus à changer. Un équilibre d’un système d’agents économiques (que ce soit un marché
isolé ou toute l’économie) peut exister quand deux conditions sont satisfaites :
– les décideurs individuels ne désirent plus changer leurs plans ou leurs réactions ;
– les plans des décideurs individuels sont compatibles entre eux et donc ils peuvent se
réaliser.
59
Le concept d’équilibre est important car il nous donne un concept de solution pour nos
modèles. Les forces en action dans un système économique donné (un marché isolé par
exemple) une fois définies, nous nous demandons quel sera le résultat de l’interaction de ces
forces. La réponse est donnée par le concept d’équilibre : nous établissons les propriétés
d’équilibre du système et nous prenons ces propriétés comme le résultat que nous cherchons.
Cet état correspond à ce que nous observerions une fois que tous les problèmes de
coordination de décisions ont été résolus sur le marché. Il faut naturellement établir au
préalable l’existence et les propriétés (en particulier l’unicité et la stabilité) de cet équilibre.
Cette approche ne supprime pas l’intérêt que nous pouvons avoir pour les autres états du
système, états de déséquilibre dans lequel la question de la coordination des décisions
économiques est importante. L’analyse de ce type d’état est en général beaucoup plus difficile
que celle des équilibres.
60
CHAPITRE 2 : LA THEORIE DES CHOIX
Nous sommes tous des consommateurs. Nous avons tous des préférences. Nous devons donc
tous effectuer des choix. Le choix d’acheter tel livre plutôt que tel autre, le choix d’acquérir
moins de biens aujourd’hui mais d’épargner plus pour en acquérir davantage demain, ou
encore, le choix de travailler beaucoup (ce qui donne la possibilité de disposer de nombreux
biens) ou de travailler moins. Comment les consommateurs effectuent-ils leurs choix ?
Trois éléments sont essentiels pour répondre à cette question, qui est à la base de la théorie
micro-économique. La consommation d’un bien crée plus ou moins de satisfaction. Les biens
sont rarement gratuits et les ressources dont disposent les consommateurs rarement
inépuisables. L’objectif du consommateur rationnel consiste alors à tenter de maximiser sa
satisfaction, tout en respectant les contraintes qui pèsent sur lui.
61
1.3 Formulation mathématique de l’utilité
L’utilité marginale s’écrit :
Supposons que le consommateur fasse varier à la fois les quantités de biens X et de biens Y
par rapport à une structure de consommation initiale. La variation de l’utilité totale résultant
de ces modifications s’écrit :
62
Il existe une dernière condition importante à connaître : il s’agit de l’hypothèse de « non-
satiété » ou encore appelée « hypothèse de non-saturation » :
4) soient X et Y deux vecteurs de consommation, c’est-à-dire :
X = (x1, x2, ..., xn) et Y = (y1, y2, ..., yn)
où xi et yi représentent les quantités du bien n°i . Si ces vecteurs sont tels que yi ≥ xi pour tout
bien i, sauf au moins pour un bien, pour lequel on aura yi > xi , alors on dira que Y est préféré
à X. On dit qu’il y a non-saturation des préférences. L’axiomatique des préférences que nous
venons de rappeler permet d’élaborer une théorie ordinale de l’utilité, fondée pour l’essentiel
sur la notion de courbe d’indifférence ou courbe d’iso-utilité.
Puisque la fonction est continue, cette égalité peut être satisfaite par un nombre infini de
paniers de biens. Ainsi, on appelle « courbe d’indifférence » (ou « courbe d’iso-utilité
») le lieu géométrique de toutes les combinaisons de biens qui procurent un même
niveau d’utilité.
Les deux paniers A et B sont donc équivalents ; on peut écrire : (xa, ya) ∼ (xb, yb)
L’utilité augmente au fur et à mesure que l’on se déplace vers le haut et la droite : c’est la
conséquence de l’hypothèse de non-saturation des préférences. Sans changer les
quantités consommées de biens Y, si un individu rationnel consomme davantage de
biens X, alors sa satisfaction augmente et il se situe sur une autre courbe d’indifférence,
plus haute, par exemple U1 ou U2 . Pour une fonction d’utilité, l’ensemble des courbes
d’indifférence constitue la « carte d’indifférence » du consommateur.
63
2.3 Le taux marginal de substitution ou TMS
Dans le cas de deux biens X et Y, le TMS du bien Y au bien X est égal à la quantité
additionnelle de biens Y dont le consommateur doit disposer pour compenser la
réduction d’une unité de la consommation de biens X, à utilité inchangée. Autrement dit,
le TMS correspond au rapport entre la variation de consommation du bien porté en
ordonnée et la variation induite de consommation du bien porté en abscisse, à
satisfaction constante ; le TMS est aussi égal au rapport des utilités marginales des deux
biens :
3 L’équilibre du consommateur
3.1 Approche algébrique
Supposons que le consommateur dispose d’un revenu R qu’il répartit en achats de biens
X et Y selon des quantités x et y. Le prix unitaire du bien X est noté p et le prix unitaire du
bien Y est noté q. Le consommateur rationnel est conduit à résoudre le problème suivant
:
Maximiser : Ut = f (x, y)
Sous la contrainte : R = xp + yq
64
Afin de représenter la contrainte de budget sur le graphique où figure la carte
d’indifférence du consommateur, il est nécessaire de déterminer les courbes de niveau
associées à cette contrainte :
65