Vous êtes sur la page 1sur 27

Chapitre 1 : Qu’est ce que l’économie ?

I - Définir l’économie comme discipline.


A - De quoi parle l’économie ?
Le mot économie vient du grec « oikonomos », et signifie « celui qui
gère la maison ». Cette étymologie peut paraitre surprenante, mais il
y a entre des ménages et l’économie de nombreux points communs.
Un ménage fait face à de nombreuses décisions : qui effectue quelle
tâche, et que reçoit-il en retour ?
De la même manière, une société est confrontée à encore plus de
décisions ! Elle doit décider des emplois nécessaires, et de qui les
effectuera. Elle doit décider qui produit quoi. Et une fois la production
effectuée, elle doit décider de la répartition des biens et services
produits entre les membres de la dire société.
Ces décisions sont représentatives de ce que l’on peut appeler le
problème économique. Toute société doit répondre à trois questions :
1) Quels biens et services doivent être produits ?
2) Comment ces biens et services seront produits ?
3) A qui sont destinés ses biens et services ?
Si toutes les ressources étaient abondantes, et que la société pouvait
produire tous les biens avec peu d’effort, il n’y aura pas de problème
économique. La difficulté vient de ce que les ressources pour produire
des biens sont rares, que ce soit les matières premières, les terres, ou
le travail.
On distingue trois types de ressources pour produire des biens et
services.
1) La terre. Il s’agit en non seulement des champs ou des lieux pour
construire une usine, mais de manière générale de toutes les
1
ressources qui sont naturellement à notre disposition : mimerais, eau,
poissons, ressources alimentaires issues de la terre.
2) Le travail. Il s’agit de l’effort humain, physique ou intellectuel,
appliqué à la production. Ces formes sont variées, du travail du
paysan, à celui de l’ouvrier, du banquier ou de l’enseignant.
3) Le capital. Il s’agit de tous les équipements et de toutes les
structures pérennes (i.e. qui ne sont pas détruit lors du processus de
production) produites par l’homme qui servent à la production
d’autres biens et services. Les capitaux incluent bien sûr les outils et
les machines, mais aussi les infrastructures comme les routes, les
aéroports, les ports, les ordinateurs, et aussi, dans nos sociétés
modernes, les brevets.
Activité économique (Maurice Allais) :
« L’activité économique a essentiellement pour objet de satisfaire les
besoins pratiquement illimités des hommes avec les ressources
limitées dont ils disposent en travail, en richesses naturelles et en
équipements, compte tenu des connaissances techniques limitées
qui sont les leurs. »

Le problème clef est donc la rareté des ressources. Ces ressources


existent en quantité limitée à un instant donné et la société ne peut
pas produire tous les biens et services que les individus souhaiteraient
avoir.
Dans nos sociétés, l’allocation de ressources pour produire des biens
résulte donc de l’action combinée de millions de ménages et de firmes
en interaction permanente, au sein d’un système dit de marché.
(D’autres systèmes existent marginalement : la dictature, la
planification, ou plus récemment, les algorithmes).
Souvent aussi, ces activité et échanges sont spatialisés : on parle
d’agents économiques résidant dans une région, un pays, une union
2
de pays ou encore de la planète entière. L’économie d’un pays prend
en compte toutes les activités de production, d’échange et de
répartition réalisées sur ce territoire.
L’activité économique d’un pays, elle, donne une mesure de ces
opérations d’achat et vente dans son économie, pour une période
donnée.

Pour répondre aux trois questions posées précédemment (quoi


produire, comment, et pour qui ?) les économistes étudient trois
champs :
1) Comment les individus prennent leurs décisions. Combien d’heure
travailler, quoi acheter, combien dépenser ou épargner, etc…
2) Comment les individus interagissent entre eux. Les rencontres entre
les individus se font en général sur les différents marchés (du travail,
des biens et services, de l’épargne, de la monnaie, etc…) et
l’économiste cherche à comprendre leur fonctionnement (quel bien et
vendu à quel prix), leur organisation (libre marché, enchère, prix fixé…)
ou leur faiblesses (pb de concurrence, d’externalité).
3) Analysent les forces et tendances qui affectent l’économie dans sa
globalité (évolution des prix, du chômage, de la croissance, etc…) pour
tenter d’en définir les lois.

B- Les deux champs de l’économie : la macro-économie et la micro-


économie
Certaines questions relèvent plutôt de ce qu’on appelle la micro-
économie, alors que d’autres relèvent du domaine de la macro
économie.

L’étymologie est claire : micro = petit, macro = grand.


3
Comme en physique, avec d’un côté la théorie quantique (qui explique
ce qui passe dans l’infiniment petit) et la relativité générale (qui
explique ce qui passe à l’échelle du système solaire, des galaxies et de
l’univers), l’économie est divisée en deux selon l’objet que l’on étudie.
Cette distinction s’est affirmée avec le temps, est-elle claire depuis les
années 1930.
La micro-économie repose sur l’individualisme méthodologique : c’est
le comportement rationnel des agents économiques (les individus, les
consommateurs, les firmes) qui explique la demande, l’offre, et les prix
sur un marché donné. Elle suppose de plus que les agents sont très
rationnels et poursuivent uniquement leur intérêt, c’est le modèle de
l’Homo Oeconomicus. La micro-économie moderne s’est forgée dans
le dernier tiers du 19e siècle, avec des auteurs comme Léon Walras,
Carl Menger, Williams Stanley Jevons, ou Vilfredo Pareto.

Elle explique ce qui se passe sur un marché donné (ou quelques


marchés en interactions), mais n’explique pas ce qui se passe dans
l’économie en générale.

Par exemple, s’il est rationnel pour une seule entreprise de baisser le
salaire des ouvriers pour vendre ses produits moins chers, si toutes le
font, le revenu de tous les ouvriers baissent et les ventes de toutes les
entreprises chutent. Des solutions qui peuvent apparaître rationnels
au niveau individuel ne le sont plus forcément au niveau collectif.

La macro économie, elle, repose sur l’holisme méthodologique, terme


qui a été forgé par Jan Kristian Smuts.
« La tendance dans la nature à constituer des ensembles qui sont
supérieurs à la somme de leurs parties ».

4
L’idée est que les grands ensembles ont leur logique et leur lois
propres, qui peuvent être différentes de celles qu’on observe au
niveau individuel. Typiquement, c’est la démarche que l’on observe en
sociologie, ou l’on étudie les lois au niveau de la société, ou de groupe
dans la société.

John Meynard Keynes, en adoptant cette approche, sera le fondateur


dans les années 1930 de la macro-économie moderne, qui désormais,
dans ses outils ou ses méthodes, se distingue clairement de la
microéconomie
La macroéconomie propose donc une approche de globale de
l’économie.
Elle ne se préoccupe pas des détails d’une firme, d’un consommateur,
d’une banque mais elle étudie l’économie d’une zone (une région, un
pays, un groupe de pays) de manière globale.
De ce fait, elle raisonne sur des quantités agrégées.

Exemples :
Production d’une firme/ production du pays.
Choix d’un consommateur/ consommation globale.
Prix d’un produit / inflation.
Choix d’un métier/ chômage.

II - Penser comme un économiste


A) L’économie est-elle une science ?
Initialement, aux 18e et 19e siècle, personne n’aurait qualifié
l’économie de science. D’ailleurs, les anglo-saxons n’utilisent pas de
terme « economic sciences ». Les universités ont des départements,
des facultés d’économie. (Economics departement). L’économie ne

5
s’est que progressivement imposé comme science, en se détachant du
politique, du droit, de la philosophie.
Aujourd’hui, les économistes essaient d’aborder leur sujet de réflexion
avec la même objectivité que le physicien la matière ou le biologiste la
vie.
Définition des classiques (XVIIIe et XIXe siècles) par Edmond
Malinvaud :
L’économie est la science qui étudie comment les ressources rares
sont employées pour la satisfaction des besoins des hommes vivant
en société ; elle s’intéresse, d’une part, aux opérations essentielles
que sont la production, la distribution et la consommation des biens,
d’autre part, aux institutions et aux activités ayant pour objet de
faciliter ces opérations.
Définition de Lionel Robbins (1932) :
L’économie est la science qui étudie le comportement humain en
tant que relation entre des fins et des moyens rares à usages
alternatifs.

Ce qui fait d’une science une science, ce sont ses méthodes. Comme
les autres sciences, elle repose sur une méthode hypothético-
déductive.

Des hypothèses sont formulées, des modèles et des prédictions en


sont déduits. Ils sont confrontés ensuite à une réalité. Si elles passent
le test de la conformité avec la réalité, l’hypothèse est acceptée
(jusqu’à ce qu’elle ne soit pas réfuté par une meilleure théorie !).
Sinon, les hypothèses doivent être revues.

6
Formation d’hypothèses
réfutables

Élaboration de la théorie /
d'un modèle

Vérification empirique de la théorie


ou Rejet de le théorie

Le modèle est une simplification de la réalité. Quand Galilée fait


tomber une sphère en plomb depuis le sommet de la tour de Pise pour
étudier les lois du mouvement, il peut en première approximation
négliger les frottements. Dans ces premiers travaux sur la gravitation,
Newton suppose que la Terre est une sphère et sa masse est
uniformément répartie. Il faut donc dans un modèle savoir simplifier
les relations pour savoir lesquelles sont les plus pertinentes, et
lesquelles sont à négliger. De même, en géographie, la carte est une
image de la réalité, pas la réalité. Vous avez les informations
essentielles (les routes et les chemins) pour aller de Bayeux à Caen, et
cela vous suffit. C’est la même chose en économie. Il faut savoir
capturer les relations essentielles, et négliger certains aspects.
Attention, comme en physique, tout dépend de ce que j’étudie !
Négliger les frottements est une bonne idée de départ, mais si je veux
étudier la chute d’une feuille et non d’une sphère, je dois raffiner mon
modèle. De même en économie, des modèles simplifiés peuvent
7
donner une idée générale, mais il faut parfois passer à des modèles
plus compliqués pour avoir une vision plus fine. Ceci explique aussi
l’évolution des sciences, qui part en général de l’explication de cas
simples au début pour étudier ensuite des situations de plus en plus
sophistiquées, à la frontière de la science.

La méthode scientifique peut être inductive ou déductive.

Par inductive, on veut dire que l’on part des faits observés pour
construire une théorie.
La démarche déductive par elle aux contraires d’une théorie, pour en
recherche les effets dans la nature.
Les deux approches se complètent souvent, et vont de pair.
L’induction permet de faire des hypothèses, d’élaborer une théorie,
puis par déduction, on en tire des conséquences dont on peut vérifier
qu’elles sont vraies !

Il faut faire aussi une grande différence entre les variables exogènes et
les variables endogènes. Les variables exogènes sont celles que nous
observons, celles qui nous sont données, pas celle que recherchons.
Leur valeur est déterminée en dehors du modèle. Le modèle, à partir
des variables exogènes, va prédire les valeurs des paramètres que
nous recherchons. Les variables endogènes sont celles déterminé par
le modèle.

Par exemple en météorologie, les variables exogènes sont les


températures, la pression et les vents que nous observons aujourd’hui.
Le modèle prévision météorologique va reprendre ses valeurs, faire

8
tourner les modèles sur des ordinateurs, et donner des prévisions pour
demain (variables endogènes, que l’on prédit).
Le meilleur « modèle » est celui qui fait les meilleures prévisions.

Il existe cependant plusieurs grandes différences avec les sciences


physiques.
 L’économie est une science sociale, c'est-à-dire qu’elle étudie
des sociétés et des comportements humains qui ne sont pas
aussi stables dans le temps que les réalités physiques. Les
sociétés changent, les techniques changent, les institutions
changent, donc, une loi n’est valable que dans un contexte
historique donnée.
 La mesure n’est pas aussi précise qu’en physique car certaines
données sont des constructions difficiles en elle-même à
définit et évaluer. On peut de manière unique définir la masse
ou la vitesse, mais il est plus difficile de mesurer le PIB ou
l’inflation… Il y a donc plus d’imprécision dans les mesures.

La dernière grande différence avec les sciences exactes concerne les


expériences et la manière de valider les modèles. On ne peut pas faire
d’expérience en sciences humaines comme en science physique ! On
ne peut pas isoler l’environnement, et contrôler tous les paramètres
(température, masse, vitesse, etc…). Il faut donc avoir recours à
d’autres stratégies pour « vérifier » une hypothèse ou un modèle.
On va distinguer deux possibilités pour faire des « expériences » en
économie.
 Le premier est la collecte de données historiques, sur les prix,
les quantités échangées, produites, etc… On constitue des
bases de données, qui nous permettent d’étudier les
corrélations entre événements. C’est le domaine de
9
l’économétrie et des statistiques. La grande difficulté vient de
ce que tous les paramètres bougent en même temps, et qu’il
est difficile d’attribuer une cause unique à un effet observé.
 La deuxième possibilité est d’essayer de se rapprocher des
protocoles des sciences exactes. On peut rechercher des
expériences naturelles, c’est-à-dire trouver des chocs qui
n’impacte qu’une partie de la population et constater l’effet
différentiel ! (Exemple : le canabis1) On peut aussi, comme en
médecine, appliquer une politique aléatoirement à un
échantillon, et comparer les résultats (exemple : Education en
Inde2). Dans la même lignée, l’économie expérimentale
demande dans contexte donnée, à un groupe d’individu à
répondre à des questionnaires dans un laboratoire
d’économie expérimentale3 (Le jeu de l’ultimatum).

B) L’économiste comme décideur et conseiller

On demande souvent aux économistes ce qu’il ferait dans telle ou telle


situation. Que ferait-il pour remédier au chômage ? Dans quel
placement investir ? etc…

1“High” Achievers? Cannabis Access and Academic Performance Olivier Marie, Ulf ZölitzThe
Review of Economic Studies, Volume 84, Issue 3, 1 July 2017, Pages 1210–1237,
https://doi.org/10.1093/restud/rdx020

2Remedying Education: Evidence from Two Randomized Experiments in India, Quarterly


Journal of Economics, August 2007, with Abhijit Banerjee, Shawn Cole and Leigh Linden

3
Voir par exemple, le site de l’association française d’économie expérimentale
http://www.asfee.fr/
10
Quand l’économiste essaie d’expliquer le monde, il est dans une
démarche de scientifique. Quand on lui demande quels remèdes il
préconise, il est dans une démarche de conseiller politique.

Exemple : deux personnes discutent sur le chômage.


Emmanuel : Les lois sur le salaire minimum sont à l’origine du
chômage.
Jean Luc : Le gouvernement devrait augmenter le salaire minimum.
Si l’on vous demande si vous êtes d’accord avec l’un ou l’autre,
remarquez que leur discours n’est pas dans le même registre, dans la
même sphère. Le premier est une assertion positive, qui décrit une
réalité démontrée (ou qui peut être invalidé) par la science
économique et les faits, via une méthode scientifique. La deuxième est
une assertion normative, qui décrit le monde tel qu’il devrait être.
L’économiste rencontre constamment des discours des deux ordres,
et il y aussi souvent une frontière ténue entre les deux. Nous pouvons
espérer réfuter ou confirmer une assertion positive avec une méthode
scientifique (donnée, modèles, etc…). Par contre, l’assertion
normative implique en plus un jugement de valeur (il faut réduire les
inégalités).
Décider de ce qui est une bonne politique ne nécessite pas seulement
de connaître bien les mécanismes économiques, mais aussi de faire
des choix sur les valeurs que l’on porte.

Anecdote : Sarkozy/Lagarde.

De fait, quand les économistes ne sont pas d’accord entre eux, le


différent peut être un différent d’ordre scientifique ou un différend sur
les valeurs.
11
Faut-il des impôts sur le revenu ou sur les consommations ?
D’un point une vue économique, l’idée est d’un impôt sur la
consommation favorise l’épargne, donc l’investissement et la
croissance économique. D’autres économistes pensent que l’épargne
des ménages ne réagira pas à une telle incitation. On peut essayer de
prouver si l’une ou l’autre assertion est vrai (compliqué !)

Ou bien ils peuvent être en désaccord sur les valeurs. Le problème de


la banqueroute. Une firme fait faillite. Elle devait 100 000 € à Pierre et
200 000€ à Paul. Si le liquidateur dit qu’il n’a pu récupérer que
120 000€, comment répartir cette somme ? Égalitairement ? Aux gains
ou aux pertes ? Proportionnellement ? Par ordre de priorité ? Il faut
éliciter comment chacun perçoit ce qui est une situation juste ou
injuste, c’est du domaine de l’opinion, de la philosophie, pas de
l’économie !

Enfin, au-delà de son rôle de scientifique et de son rôle de conseiller,


l’économiste peut aussi jouer un rôle de décideur, d’expert. Faut-il
construire un hôpital à Caen ? Une nouvelle route ? L’entreprise doit-
elle construire une nouvelle usine ? Souvent, dans son métier, le rôle
de l’économiste est d’évaluer les coûts et les avantages, pour
permettre aux décideurs (collectivité, entreprise) de prendre la bonne
décision. Son rôle est alors de mobiliser les bons outils pour faire
prendre la bonne décision.

III – Un panorama des grands courants de pensée.


Le but de cette partie est de brosser un panorama rapide des grands
auteurs et des grands courants en économie. Il sert à « planter le
décors », et sera sommaire. Vous aurez un cours plus détaillé
d’histoire de la pensée économique en L2.
12
A) Les précurseurs de la pensée économique, du 16ième au 18ième siècle.
Les philosophes grecs, Platon et Aristote se sont intéressés à
l’économie et à la gestion de la cité. Mais ce n’est qu’au 16ième siècle
qu’émergent des écrits et des réflexions modernes autour d’une
question centrale, qu’est ce qui fait la richesse d’une nation ? Ce
mouvement accompagne la constitution de royaume fort et centralisé
en France, en Espagne, et en Angleterre.
Le courant mercantiliste regroupe tous les auteurs des 16ième et
17ième siècles. Trois thèmes de prédilections se retrouvent chez ces
auteurs. Le premier est le commerce est une source de richesse pour
l’état, notamment le commerce colonial. Il faut donc développer le
commerce. Deuxièmement, L’état doit favoriser le commerce, quitte
à avoir une politique protectionniste pour développer ses propres
manufactures aux dépends de celles des autres pays. Le troisième
thème est celui de la monnaie et de l’inflation. Faire circuler plus d’or
et d’argent favorise le crédit et le développement économique, mais
aussi l’inflation !
On peut citer comme référence le Traicté d’Economie Politique (1615),
d’Antoine de Montchrestien (Falaise, 1575- Les tourailles, 1621) dont
en retrouve des extraits dans les ouvrages destinés aux étudiants en
droit à Caen au 17ième !
Au 18ième siècle, émerge le courant des physiocrates, dont le
principal représentant est François Quesnay (1694-1774), médecin de
Louis XV. Ils attribuent à l’agriculture la source de toute richesse. C’est
pour eux la seule activité capable de dégager un surplus, « deux grains
en donnent cinq ». Ils divisent la société en trois classes :
- Les agriculteurs, la seule vraie classe productive
- La classe des rentiers, ou propriétaires terriens, qui reçoivent un
loyer, une rente, pour l’usage de leur terre de la part des
agriculteurs.

13
- La classe stérile, c'est-à-dire tout le reste (fonctionnaires,
artisans, clergé, etc.)

Notamment, F. Quesnay est le premier auteur à avoir présenté la


circulation des biens et service sous forme d’un circuit, idée que l’on
retrouvera chez les Keynésiens. Le Tableau Economique (1757),
préfigure les concepts de la comptabilité nationale moderne, telle
qu’elle se développera au 20ième siècle. (voir Figure 1).

Dans cette optique, les physiocrates pensent qu’il faut libérer


l’agriculture et le commerce de contraintes. Les agriculteurs doivent
pouvoir vendre leur production comme bon leur semble, ce qui aurait
pour effet d’augmenter la production agricole.

B) Les classiques.
Les premiers classiques se situent dans le siècle des lumières, et sont
inspirés par les idées philosophiques de l’époque. Beaucoup sont
autant philosophes qu’économistes.
Ils se situent dans le courant de la philosophie libérale et utilitariste
du 18ième siècle. Ce qui fait la valeur d’une chose, c’est l’utilité que
chacun en retire, (courant utilitariste) et la poursuite librement par
chacun de son intérêt personnel conduit à assurer l’intérêt général.
Ils sont aussi fortement influencés par le triomphe de la physique
avec les lois de la gravitation de Newton, et pensent que comme la
physique, la société est gérée par des lois naturelles immuables. Dans
ces lois, ils incluent la défense du marché, et les lois du marché.

Le plus célèbre est bien sur Adam Smith (1723-1790). Son premier
ouvrage, La théorie des sentiments moraux date de 1759, un ouvrage
14
philosophique sur l’émergence de la morale et l’empathie entre les
membres d’une même société.
Le second ouvrage, Recherche sur la nature et les causes de la
richesse des nations (1776, est considéré comme le texte fondateur
de l’économie moderne.

Il contient deux paraboles célèbres : celle de la main invisible et


l’exemple de la manufacture d’épingle.
In fine, les économies de marché ont mieux atteint l’objectif de
l’augmentation du bien être que les économies centralisées, alors
qu’elles ne sont pas « programmées » pour cela. C’est le paradoxe de
la main invisible, vanté par Adam Smith dans son livre de 1776,
Recherche sur la nature et la cause de la richesse des nations. Pour lui,
la somme des intérêts particulier rejoint l’intérêt général.
« Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et
du boulanger que nous attendons notre diner, mais bien du soin qu’ils
apportent à leurs intérêts. […] L’individu n’a pas du tout l’intention de
promouvoir l’intérêt public pas plus qu’il n’a l’idée de la mesure dans
laquelle il est en train d’y contribuer. […]. Il ne pense qu’à son propre
gain ; en cela, comme en beaucoup d’autres cas, il est conduit par une
main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses
intentions. [] Tout en cherchant son intérêt personnel, il travaille d’une
manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société, que s’il avait
réellement pour but d’y travailler »
De fait, le prix est le centre du mécanisme, il reflète à la fois le prix que
la société est prête à mettre pour que le bien soit acheté, et les coûts
que les producteurs encourent pour que le bien soit produit.
Cela dit, la version de Smith est « idyllique ». Si les marchés et les prix
sont un moyen efficace de coordonnées simultanément les actions de

15
millions d’acteurs économiques, rien ne dit que ce soit le meilleur
moyen de maximiser le bien être, ou de minimiser les inégalités.

Il y a derrière cette question le problème de la relation entre


l’efficacité et l’équité. L’efficacité est ici entendue comme la capacité
d’une économie à tirer le meilleur profit des ressources rares, c’est à
dire produire le plus de biens au coût le plus faible. L’équité elle
concerne la capacité d’une économie à distribuer les richesses de
manière équitable, sachant de plus que ce critère est plus subjectif…
On entre ici dans le domaine de la philosophie économique, de
l’économie du bien-être, qui tente de déterminer ce qu’est une société
juste…

La seconde thèse célèbre de Smith concerne la division du travail. Il


montre que dans une manufacture d’épingles, la production sera
supérieure si chaque ouvrière se spécialise dans une tâche
particulière, plutôt que si chacune réalise une épingle entièrement.
"Prenons un exemple dans une manufacture de la plus petite importance, mais où la division du
travail s'est fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles.
Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métier
particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention est
probablement due encore à la division du travail, cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-
être à peine faire une épingle dans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine.
Mais de la manière dont cette industrie est maintenant conduite, non seulement l'ouvrage entier forme
un métier particulier, niais même cet ouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart
constituent autant de métiers particuliers. Un ouvrier lire le fil à la bobille, un autre le dresse, un
troisième coupe la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout
qui doit recevoir la tête. Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper
est une besogne particulière; blanchir les épingles en est une autre; c'est même un métier distinct et
séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles; enfin l'important travail de faire une épingle
est divisé en dix-huit opérations distinctes ou environ, lesquelles, dans certaines fabriques, sont remplies
par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier en remplisse deux ou trois. J'ai
vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où par conséquent quelques-
uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations. Mais, quoique la fabrique fût fort pauvre et, par
cette raison, mal outillée, cependant, quand ils se mettaient en train, ils venaient à bout de faire entre
eux environ douze livres d'épingles par jour : or, chaque livre contient au delà de quatre mille épingles
de taille moyenne. Ainsi ces dix ouvriers pouvaient faire entre eux plus de quarante-huit milliers
d'épingles dans une journée; donc chaque ouvrier, faisant une dixième partie de ce produit, peut être

16
considéré comme faisant dans sa journée quatre mille huit cents épingles. Mais s'ils avaient tous
travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne
particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa,
journée, c'est-à-dire pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, et pas peut-être la quatre mille
huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division et d'une
combinaison convenables de leurs différentes opérations.

Dans tout autre art et manufacture, les effets de la division du travail sont les mêmes que ceux que
nous venons d'observer dans la fabrique d'une épingle, quoiqu'en un grand nombre le travail ne puisse
pas être aussi subdivisé ni réduit à des opérations d'une aussi grande simplicité. Toutefois, dans chaque
art, la division du travail, aussi loin qu'elle peut y être portée, donne lieu à un accroissement
proportionnel dans la puissance productive du travail. C'est cet avantage qui parait avoir donné
naissance à la séparation des divers emplois et métiers."

Adam Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776, Édition
Folio Essais, 1976, p. 38-39.

On voit que pour Smith, le fondement de la valeur est donc le travail


(plus que dans l’usage). C’est le paradoxe de la valeur : la valeur
d’une chose provient-elle de l’usage que l’on en fait (valeur utilité) ou
bien du temps qu’il a fallu pour la produire (valeur travail) ? La
question va parcourir tous les courants de l’économie au 18ième et au
19ième.

David Ricardo (1772-1823) approfondit l’analyse de Smith dans


Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817). Il est connu
pour introduire une vision de la société en trois classes sociales, les
salariées, les propriétaires terriens, et les capitalistes.
Il propose une vision pessimiste, assez commune au 19ième. Le
développement économique permis par le capitalisme induit une
hausse de la population, qui fait que de nouvelles terres moins
fertiles sont mises en culture. Les rendements moyens agricoles
baissent, alors que la demande augmente. Le prix du blé augmente,
ce qui renchérit les salaires, et les profits des capitalistes baissent
jusqu'à ce qu’ils n’aient plus intérêt à investir. Le système tend

17
fondamentalement vers un état stationnaire où il n’y aura plus de
croissance.
Les seules solutions sont soit augmenter la productivité agricole
grâce au progrès technique, soit faire chuter le prix du blé en
autorisant les importations (et donc, favoriser le commerce
international).
Ricardo est aussi célèbre pour la loi des avantages comparatifs, qui
stipule que comme les ouvriers, les états ont intérêt à ce spécialisé
dans la production des biens pour lesquels ils sont les plus
compétitifs.
Thomas Robert Malthus (1766-1834) partage cette vision pessimiste
de la croissance économique, qui inévitablement se termine par un
état stationnaire. Dans Essai sur le principe des populations (1798), il
avance que les populations croissent plus vite que les ressources
agricoles, condamnant une partie de plus en plus grande à la
pauvreté et à la misère. La seule solution pour Malthus est de limiter
la croissance de la population par le contrôle de la naissance. (D’où
l’adjectif malthusien, qui s’applique à toute politique visant à
contrôler la croissance.
Du coté des français, l’auteur principal est Jean Baptiste Say (1767-
1832), qui publie sont Traité d’économie politique en 1817.

Comme les anglais, il défend la libre concurrence et le marché. Il se


singularise sur deux points. Il se range du côté des défenseurs de la
valeur utilité, et non de la valeur travail. D’autre part, il défend l’idée
que l’offre de produit crée sa propre demande. « Tout produit crée
un débouché à d’autres produits pour le montant de sa valeur dans la
mesure où on ne peut se défaire de son argent qu’en demandant à
acheter un produit ».

18
Il ne peut donc y avoir de crise durable de surproduction, les
déséquilibres (trop de biens d’un type produit ou pas assez) ne sont
que temporaires, car la flexibilité des prix va rééquilibrer le marché,
garantissant un retour à l’équilibre entre offre et demande.

Karl Marx (1818-1883) peut être considéré comme le dernier


classique. Il pousse à son paroxysme la vision pessimiste de certains
classiques. Il s’interroge sur la responsabilité du système capitalisme
dans l’aggravation de la pauvreté en Angleterre au 19ième siècle.

Il reprend l’idée de valeur travail : le temps de travail moyen passé à


produire un bien est ce qui permet d’en fonder le prix. Il insiste sur
les rapports qui se nouent entre capitaliste et ouvriers autour du
processus de production. Ces rapports mettent face à face les
ouvriers, qui disposent du travail, et les capitalistes, qui disposent des
machines. Ces deux classes luttent pour l’appropriation des
richesses. Les capitalistes paient l’ouvrier en dessous de la valeur
qu’il produit, et s’accaparent la plus-value.

Il affirme que le mode production capitaliste génère trois


contradictions majeures qui le conduiront à sa perte : la classe
ouvrière devient de plus en plus pauvre, les capitalistes sont
confronté à une baisse inexorable de leurs taux de profits (la
fameuse baisse tendancielle du taux de profit) et le système finit par
générer des crises à répétition (plus assez de demande de la part des
ouvriers pour acheter les biens produits). Il finira donc par
s’effondrer, laissant la place à un système nouveau, le communisme
(possession par les ouvriers des moyens de productions).

19
Dans un certain sens, la pensée marxiste est le point culminant du
courant pessimiste des classiques, qui voient le système capitalisme in
fine s’effondrer sous ses contradictions.

C) Le renouveau de la pensée classique : les néo-classiques

Les œuvres fondatrices du courant néoclassique sont :

 Carl Menger, Principes d’économie ([Grundsätze der


Volkswirthschaftslehre], Vienne, 1871)
 William Stanley Jevons, Théorie de l’économie politique ([The
Theory of Political Economy], Manchester, 1871)
 Léon Walras, Éléments d’économie politique pure (Lausanne,
1874).

Apparemment, ces trois fondateurs du mouvement ne se sont jamais


rencontrés et n'ont échangé aucun élément de leurs recherches
respectives avant la publication de ces trois ouvrages. Ils ont donné
naissance à trois écoles distinctes : l'École de Lausanne, avec Léon
Walras et Vilfredo Pareto, l'École de Vienne, avec Carl Menger, et
l'École de Cambridge, avec William Jevons.

Les néo classiques opèrent plusieurs ruptures avec les classiques. Ils
ne s’intéressent pas au fonctionnement du système en entiers comme
les classiques ou les marxistes. Ils se concentrent sur le comportement
de l’individu. C’est l’acte fondateur de la micro-économie. Pour eux
l’individu fait des calculs rationnels, c’est un homo eoconomicus. Il fait
constamment des calculs à la marge, pour décider s’il doit consommer
une unité de plus de chaque bien, ou produire une unité de plus de
chaque bien. Méthodologiquement, les néo classiques utilisent
massivement les mathématiques : les compétemment des individus
sont décrits par des fonctions et la dérivé de ces fonctions décrit le
comportement à la marge !

20
On peut s’interroger sur le modèle de l’Homo Oeconomicus.
L’hypothèse selon laquelle les humains agissent de façon rationnelle
ignore des aspects importants du comportement humain. L’«homme
économique» (homo economicus) peut être considéré comme
notablement différent des hommes réels dans le monde réel. Quelle
que soit sa définition exacte, l’« homme économique » est-il :
- Une première approximation vers un modèle plus réaliste ?
- Un modèle dont la validité est limitée à certaines sphères de
l’activité humaine ?
- Ou un principe méthodologique général applicable à
l’économie ?

Les néo classiques rejettent la notion de valeur travail chère aux


classiques et aux marxistes. Pour eux, la valeur subjective que les
individus attribuent aux biens, c'est-à-dire l’utilité qu’ils en retirent,
fonde la valeur des biens. Quelle que soit le temps de travail mis pour
produire un bien, c’est sa capacité à satisfaire des besoins qui
détermine sa valeur.
« Le travail, une fois qu’il a été dépensé, n’a pas d’influence sur la
valeur future d’un objet : il a disparu et est perdu pour toujours »
(Jevons).

Léon Walras (1834-1910) ajoute à l’utilité le principe de rareté, qui


complète la valeur d’un bien. C’est la rencontre entre la demande pour
un bien (qui reflète son utilité) et la demande (qui reflète sa rareté) sur
un marché qui explique le prix d’un bien.
Un bien qui coute très cher à produire mais n’a pas de demande à un
prix faible ! (Où ne rencontre pas sa demande et disparaît).

21
Un bien très utile, l’air, mais qui n’est pas rare, n’a pas de prix non plus.
La micro-économie, s’intéresse à des marchés particuliers, dont elle
décrit comme chacun s’équilibre : quelles sont les quantités échangées
et à quels prix, en fonction de l’offre et de la demande.

Elle défend donc le marché comme moyen de régulation de


l’économie et reprend le flambeau des idées libérales (libre marché,
libre concurrence).

Son problème, c’est de concevoir l’économie dans son ensemble,


puisqu’on l’on part des comportements des consommateurs et des
producteurs pour analyser l’économie. C’est le problème de l’équilibre
général ! Tous les marchés peuvent –ils être simultanément en
équilibre ensemble ? La réponse positive à ce problème
« mathématique » ne sera donnée qu’en 1954 par Kenneth Arrow et
Gérard Debreu (mais sous certaines conditions restrictives) et la
portée réelle de ce tour de force mathématique reste débattue.
Cependant les années 1960-1970, la micro-économie modélise aussi
des situations plus complexes, plus réalistes (asymétries
d’information, imperfection de marchés) et ne prône plus aussi
systématiquement la supériorité du marché.

D) La Révolution Keynésienne.
John Meynard Keynes (1883-1946) révolutionne la pensée
économique en 1936 avec son livre Théorie Générale de l’emploi, de
l’intérêt et de la monnaie. Le contexte est celui de la crise de 1929, et
de l’échec des politiques libérales classiques à résoudre cette crise.

22
Il critique la figure de l’homo oeconomicus, et soulignent que si tous
les individus ont le même comportement rationnel, cela peut aggraver
une crise et non la résoudre. Si toutes les entreprises baissent les
salaires ou licencient quand la demande chute, celle si va encore plus
chuter !
Il privilégie donc un raisonnement macro-économique pour saisir
certains phénomènes.
Il revisite aussi le rôle de la monnaie et de l’épargne, qui à court terme
joue un rôle fondamental dans l’économie.
Il rejette la loi de Say selon laquelle il ne peut y avoir de déséquilibre
entre offre et demande. Pour lui, il peut y avoir déséquilibre si trop de
revenus sont épargnés, et ne sont pas dépensés. L’épargne est une
fuite dans le circuit économique, c’est-à-dire une possibilité pour créer
des déséquilibres. Pour rechercher l’équilibre, Keynes adopte une
nouvelle représentation macro-économique, celle du circuit
économique, et abandonne la représentation en termes d’équilibre
général.
Pour Keynes, ce n’est pas l’offre qui crée la demande, mais l’inverse !
Si la demande baisse (chute de la consommation des ménages, chute
de l’investissement des entreprises, etc…) et menace de créer du
chômage et une crise économique, l’état est en droit d’intervenir pour
soutenir la demande. Il peut augmenter la demande en investissant
plus dans l’économie. L’Etat gendarme/régalien du 19ième devient au
20ième un Etat providence impliqué dans la régulation fine de
l’économie.

5) Les évolutions récentes de la pensée économique.


Depuis WWII, la science économique s’est structurée autour de ces
deux pôles clairement identifiées que sont maintenant la micro-
économie (dans la lignée des néo-classique) et la macro économie

23
(dans la lignée de Keynes) avec des ponts et des oppositions entre ces
deux pôles.
Dans les années 1950, on voit se construire une synthèse des deux,
avec la modèles IS/LM (Investment-Saving/Liquidity-Monnaie) sous
l’égide de John Hicks (1904-1989). Il sera à la base des politiques
d’intervention de l’état jusqu’au milieu des années 1970 (et même
maintenant, les politiques des banques centrales et des états peuvent
être vu comme du IS/LM amélioré). Vous verrez le modèle IS-LM à la
fin du cours de macro économie cette année.
Face à ce modèle canonique, des courants libéraux ont tentés de
remettre au centre de l’analyse la régulation par les marchés seuls, en
contestant le rôle de l’intervention de l’état.
On citera Friedmann (1905-1977) et le courant monétariste, ou
Alexandre Laffer (1941-) et sa critique des taux d’imposition trop
élevés.

Les débats opposent aujourd’hui la Nouvelle Ecole Classique (qui


défend l’optimalité des mécanismes de marchés) à la Nouvelle Ecole
Keynésienne (qui rejettent que les marchés peuvent facilement
revenir à l’équilibre en cas de déséquilibre).

En parallèle, les outils à la disposition des économistes, qu’ils


proviennent de la macro économie, de la micro-économie, des
statistiques ou de l’économétrie, sont de plus en plus sophistiqués. La
grande révolution « technique » des années 1970 sera la prise en
compte de l’information, via, entre autre, la théorie de jeux, fondée en
1944 par John von Neuman (1903-1957) et Oscar Morgenstern (1902-
1977) dans Theory of Games and Economic Behavior (1944).

24
Conclusion :

On a survolé avec ce premier chapitre beaucoup de chose ! Certaines


vous ont surement parue obscure. Maintenant, il faut se lancer dans
le bain, et attaquer avec les concepts de base de la micro-économie et
de la macro économie. Vous ne verrez en licence qu’une partie de tout
ce que l’on peut voir et faire en économie. Mais globalement, tout ce
que je viens de vous dire sera abordé à un moment ou un autre dans
les trois prochaines années.

25
Figure 1 : Le tableau économique simplifié de François Quesnay

Propriétaires terriens Achats de produits artisanaux = 1 Mds


Rente = 2Mds

Achats de produits agricoles = 1Mds


Mds

Achats de produits artisanaux = 1Mds


Classe des Classe stérile = Artisans,
Mds
producteurs = commerçants, église, etc.
agriculteurs
Achats de produits agricoles = 2 Mds

26
27

Vous aimerez peut-être aussi