Vous êtes sur la page 1sur 5

Thème 2 

: Microéconomie, Macroéconomie et Économie comportementale :


trois courants théoriques pour penser le marché du travail et ses
problématiques
Introduction :

L’économie comportementale prend une grande place aujourd’hui. A partir des travaux des
neurosciences, un nouveau courant se développe. Elles permettent de comprendre les
comportements des consommateurs. L’économie est une science sociale, bien plus que
mathématique. C’est une science qui mobilise des théories opposées dans laquelle il faut avoir
conscience des outils qu’on utilise.

I. La « théorie économique standard » : l’approche microéconomique fondé sur individu


rationnel désirant « maximiser son utilité »

Economie = «  La science qui étudie le comportement humain comme une relation entre des fins et
des ressources rares ayant des usages alternatifs  »

La science éco se donne comme premier objet d’analyse le comportement humain et comment il
réfléchit pour atteindre ce qu’il désire donc maximiser son utilité. Les ressources qu’il va mobiliser
sont ses ressources et son temps pour travailler ou les loisirs. Chacun décide comment répartir cela.

Les comportements individuels peuvent se définir comme les choix opérés par les agents
économiques donnés.

Pour les travailleurs, la fin est l’utilité maximisée, dans un arbitrage loisir/ressources monétaires
permettent la consommation.

Côté entreprise, la fin va être claire : « je veux maximiser mon profit ». Dans les modèles micro, une
entreprise rationnelle ne fait pas de gaspillage. Elle a le choix entre travail et capital. Elle a une
fonction de production pr calculer cette maximisation.

La micro s’intéresse aux comportement humains cad aux choix économiques choisis par les individus.

Au XIXe siècle, il y a eu des débats mais on était encore dans une vision un peu psychologique de
l’humain. Chaque acteur est posé comme rationnel et a pour fonction de maximiser, toujours sous
contrainte. Le travailleur en a deux (son temps et son budget) et l’entreprise en a une, ses
ressources.

Pr un économiste, est rationnel, quelqu’un qui respecte les formes de rationalité. On a deux formes
de rationalité :

- En valeur : tout acte respecte les valeurs fixées par l’individu.


- En finalité : j’ai les moyens, l’objectif, comment je mobilise ces ressources pour atteindre mes
fins. L’individu fait des choix égoïstes pour atteindre son but. Ce sont les instruments que je
mobilise pour atteindre mes fins.

Les économistes adoptent l’idée de rationalité en finalité, ou rationalité instrumentale. Chaque choix
va donc être fait entre mon bonheur qui est augmenté et mon utilité qui est diminuée.

 Figure de l’homo economicus : dépourvu d’amour…seule l’utilité compte

Edgeworth et Pareto disent que tout ce qui relève de la valeur concerne la sociologie.
Si on veut comprendre la microéconomie, il faut comprendre qu’elle se base sur 8 axiomes :

1- Les agents économiques cherchent à maximiser leur satisfaction (sur le marché du travail :
les entreprises = le profit, les travailleurs = leur utilité
2- Les préférences des agents sont stables à contraintes données
3- Tout agent est capable d’ordonner ses préférences (=axiome de complétude). Ici, le
travailleur est capable de choisir entre deux situations différentes quant à sa satisfaction
(choisir rationnellement s’il préfère travailler 2h de plus ou pas par exemple).
4- Un agent est capable d’identifier deux situations identiques (axiome de réflexivité)
5- Les préférences sont transitives : si la situation A est préférable à B et B à C, alors A est
préférable à A.
6- Les préférences des agents sont continues
7- Le consommateur est insatiable : ici le travailleur ne refuse jamais un salaire plus élevé lui
permettant de consommer plus et le producteur ne gaspille plus (ici tout le facteur travail et
capital sont utilisés). L’autolimitation n’est pas pensable dans un modèle microéconomique.
8- Les préférences sont convexes : goût pr la diversité de la consommation à utilité égale

Si on a les axiomes 3, 5, 7 et 8, on est sûr d’être rationnel. Les modèles sont fondés sur une vision
très partielle de l’Homme.

On utilise ces modèles restrictifs car l’économie a été définie comme excluant toute action illogique.

L’échelle d’analyse de la microéconomie est donc situationnelle et individuelle (= une offre de travail
sur le marché du travail avec un prix de marché, une demande de travail d’une entreprise avec un
prix de marché). De fait, elle n’étudie pas les interactions réciproques entre plusieurs situations. Elle
exclut les comportements « non logiques » dictés par les normes sociales ou les valeurs. Cependant,
deux raisons principales poussent à conserver cette méthode d’analyse :

- C’est une manière « raisonnable » d’étudier l’économie


- Sa portée épistémologique se fonde sur sa faculté à faire des prédictions pertinentes
(Friedmann, 1953).

L’échelle de la micro exclut tous les comportements humains non rationnels laissés à la socio.

II. L’approche macroéconomique : une remise en cause profonde de l’échelle individuelle


comme échelle d’analyse pertinente

L’approche macroéconomique keynésienne se fonde sur une destruction de la « citadelle » (=la


théorie économique standard). Deux groupes d’économistes opposés pour Keynes (1934) : les
orthodoxes et les hérétiques.

Pour les orthodoxes et les néoclassiques, le marché s’autorégule par sa seule force. Keynes
contredit cette pensée sur le long terme car, selon lui, cela mène à un échec => mène à la fin de la
société. Selon cette vision, il ne peut y avoir d’excès d’offre par rapport à la demande et que si jamais
il y a cela, ça se régulera par le marché. De plus, il ne peut pas y avoir de chômage involontaire. Les
premiers semblent incapables d’expliquer les grands problèmes de son temps.

La pensée dominante n’arrive pas à expliquer les grands problèmes de son époque. A l’époque
de Keynes, le groupe dominant est le groupe des néoclassiques. Lui, il ne se situe pas dans ce groupe.

Les hérétiques, quant à eux, rejettent l’idée selon laquelle le système éco se régule
automatiquement et que certaines situations sont liées aux anticipations des agents menant à un
non-ajustement de l’offre et de la demande.
Keynes remet alors en cause ces idées. Cette dernière s’opère de différentes façons :

- Première fissure : la méthode, ne pas utiliser un langage mathématique (le futur n’est pas
probabilisable)
- Ensuite, le rôle que Keynes accordait à l’intuition et à la psychologie des agents éco
- Opérer un changement de braquet, en passant du « réductionnisme » des orthodoxes à la
prise en compte des interactions à grandes échelles entre les actions des différents agents.
Exemple, sur le marché du travail, de la logique individuelle de l’augmentation de la
demande de travail lorsque le prix est abs vs. son caractère illogique au niveau
macroéconomique.
- Dans la droite lignée de la critique keynésienne : le théorème SMD (Sonnenschein, Mantel,
Debreu, 1974).

L’analyse micro nous dit que quand le salaire augmente, l’entreprise baisse sa demande de travail. Et
quand le salaire baisse, elle embauche plus. Au niveau macro, si tt le monde perd du pouvoir d’achat,
on va droit dans la récession. Il n’y a pas de pont entre la décision individuelle et le résultat collectif.

En résumé : Keynes, dans la Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie (1936) :


«  Nous avons donné à notre théorie le nom de «  théorie générale  ». Par là nous avons voulu marquer
que nous avions principalement en vue le fonctionnement du système économique pris dans son
ensemble, que nous envisagions les revenus globaux, les profits globaux, la production globale,
l’emploi global, l’investissement global et l’épargne globale bien plus que les revenus, les profits, la
production, l’emploi, l’investissement et l’épargne d’entreprise ou d’individus considérés isolément. Et
nous prétendons qu’on a commis des erreurs graves en étendant au système pris dans son ensemble
des conclusions qui avaient été établies en considération d’une seule partie du système prise
isolément.  »

La baisse des prix peut faire qu’il y a une première hausse de la demande mais aussi des
licenciements dont les personnes touchées diminueront leur consommation.

L’économie, depuis la publication de la Théorie Générale de Keynes

Il existe 3 thèses pour définir la macroéconomie dont seules les 2 premières font consensus :

- Thèse 1 : les individus sont à l’origine des agrégats, au sens où, sans les individus, il n’y aurait
pas d’agrégats. Cela est relativement consensuel.
- Thèse 2 : la manière dont les individus se comportent affecte ou conditionne le
fonctionnement des agrégats. Ainsi, il convient d’examiner les comportements
- Thèse 3 : les agrégats ne sont rien d’autres que des stats reflétant les comportements
individuels.

La façon la plus courante pour mettre en œuvre la réduction de la macro à la micro est la stratégie de
l’agent représentatif. L’agrégation parfaite exige des préférences homothétiques et identiques.

Le modèle de l’agent représentatif suppose des préférences homothétiques et identiques entre des
agents pourtant largement différents (Bill Gates vs. Citoyen au revenu médian par exemple). Cela
signifie qu’un agent riche et un agent pauvre ont les mêmes consommations, or, ce n’est pas du tout
le cas. On va alors se demander si on a une forme de retour en arrière, débat qui est en réalité
toujours vivace.

La macroéconomie n’a donc plus trop d’intérêt à ce niveau-là.


III. L’éco comportementale : comprendre les individus tels qu’ils sont en mobilisant les
outils de la psychologie

La naissance de l’éco comportementale marque une « re-psychologisation » de l’économie. Par


les expérimentations, ces économistes ont mis en avant des « anomalies » de comportements, cad
des choix opérés qui sont contraires à la théorie standard. Cette économie veut compléter la théorie
néoclassique, sans la remplacer. Plusieurs « effets » sont en effet à la base de comportements
incompatibles avec la théorie standard.

Le XIXe a vu l’éco s’éloigner de la psychologie. On a quitté ça pour aller sur un langage bcp +
mathématique. En économie, on voit le comportement des individus en fonction de comment il
maximise son utilité mais la vision de celle-ci n’est pas la même pour tous. Le calcul mathématique
de cette dernière n’est pas le même que celle d’une vision ordinale de l’utilité qui permet de classer
ce qu’il préfère. Cette conception ordinale est celle retenue dans les modèles comme celui de Pareto.
En 1979, c’est la naissance de la théorie comportementale qui étudie le comportement des individus
via les expérimentations en condition réelles et en déduire des lois.

Les économistes comportementalistes vont mettre en avant les anomalies de comportement, qui
sont complètement contraire à ce qu’aurait prévu l’économie standard. Le 1 e effet que l’on va décrire
est l’effet de dotation, expérience de Knetsch en 1989 : les dotations initiales modifient le choix des
individus à situation de gains pourtant identiques. Les préférences de individus dépendent de ce que
ce dernier dispose au début. Cet effet est confirmé dans un système de marché avec Thaler,
Kahneman et Knestch en 1990. En effet, avec l’introduction de la monnaie, les individus acceptent de
vendre plus cher un mug dont il dispose initialement que d’acheter un mug.

La perte d’utilité d’un individu qui se sépare d’un bien est supérieure au gain d’utilité qu’il perçoit
en recevant le même bien. Or, cela apparaît irrationnel !

On va maintenant parler de l’effet d’ancrage (Ariely, Loewnstein et Prelec, 2003). Ils font une
expérience avec les deux derniers numéros de sécurité sociale. Ils demandent donc aux personnes
s’ils sont capables d’acheter à ce prix-là. Les gens qui ont comme numéro 99 refusent d’acheter le
bien à ce prix-là. Au niveau micro, le modèle de la demande est vérifié, elle est décroissante. L’effet
d’ancrage va influencer notre capacité à payer. Cet effet va nous faire consommer plus facilement. La
loi de la demande décroissante est donc vérifiée. Il n’y a pas de stabilité des préférences car les prix
proposés sont plus élevés pr ceux qui avaient les numéros les plus hauts.

Une expérience récente (Le Lec, Lumeau et Taroux, 2017) sur la manière dont les individus
prennent une décision selon l’endroit où ils sont a été menée. Ils constituent 2 groupes (un groupe
qui connait déjà les goûts et l’autre groupe qui les testent pour la 1e fois), ils goutent des colas. Les
individus doivent donner une note de satisfaction après avoir gouter des boissons au cola. Les
individus informés du choix réduisent l’écart de valorisation entre boissons testées une fois connu le
choix des autres. Les préférences sont non-stables car il y a un désir de conformité. Cette conformité
sociale influe sur nos préférences et nos choix qui les rend instable. Cela peut conduire à des
situations irrationnelles.

Un autre effet très important est celui du point de référence (Kahneman et Tversky). Le point de
référence peut être nos parents par exemple. S’ils gagnent moins de 6000€, on cherchera donc un
emploi qui se situe en dessous de ce montant. Les individus optent facilement pr des gains certains
et, lorsqu’ils sont confrontés au risque de pertes, choisissent des pertes incertaines. Ils constituent la
notion de « point de référence » : les individus prennent des décisions non pas en fonction d’une
évaluation objective et rationnelle des probabilités de pertes ou de gains, mais en fonction d’un point
de référence. La théorie de l’utilité est ainsi modifiée par ses fondements ! Image du parieur qui
prend de plus gros risques après une perte.

Les individus prennent donc des décisions non standard cad irrationnelles sur le marché. Elles ne
sont pas cohérentes par rapport au marché.

Vous aimerez peut-être aussi