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Microéconomie
Paul Anthony Samuelson est un des pères fondateurs de la microéconomie. Il est l'auteur
de L'Économique (première édition 1948), un des manuels de référence dans la discipline
au XXe siècle et de Foundations of Economic Analysis.
Pour Paul Krugman et Robin Wells, « l'un des thèmes majeurs de la microéconomie est la
recherche de la validité de l'intuition d'Adam Smith, à savoir que des individus cherchant
à satisfaire leurs intérêts propres contribuent souvent à promouvoir les intérêts de la
société dans son ensemble57. » En effet, ce qui intéresse la microéconomie, c'est tout
d'abord l'étude des choix des agents économiques, c’est-à-dire de la manière dont ils
procèdent à des « arbitrages » entre différentes options possibles, en comparant leurs
avantages et leurs inconvénients pour la poursuite de leurs objectifs ou la satisfaction de
leurs intérêts, postulat utilitariste.
Cette théorie doit son existence à la synthèse opérée par l'économie mathématique
néoclassique des années 1940 et 1950 entre les apports du courant marginaliste du
XIXe siècle et la théorie de l'équilibre général de Walras61 et de Pareto62. John Hicks et Paul
Samuelson sont considérés comme « les pères » de la microéconomie traditionnelle
actuelle63. Celle-ci s'organise autour de quatre volets :
La poursuite de l'intérêt particulier conduit souvent à l'intérêt général mais pas toujours.
Dès le début du XXe siècle et les travaux de Arthur Cecil Pigou, le concept de défaillance du
marché s’est imposé dans la théorie économique orthodoxe. C’est un cas dans lequel le
marché échoue dans l'allocation optimale des ressources économiques et des biens et
services65. Si la théorie économique décrivait déjà des situations de monopole (ou d'un
cartel), ce concept décrit également d’autres situations, comme celle où coexistent
chômage et pénurie de main d'œuvre (logements vides et personnes sans logements, etc.),
ou encore la présence de pollution.
Une défaillance de marché, qui concerne l'allocation économique, est une notion
différente de celle plus financière d'anomalie de marché, au sens de non efficience du
marché. Cette dernière concerne plutôt une anomalie du rendement financier (et une
anomalie de prixnotes 4, puisque le rendement a pour dénominateur le prix) due à des
phénomènes comportementaux. Les deux phénomènes peuvent toutefois être les causes
ou la conséquence l'un de l'autre, ou résulter de causes communes.
À partir des années 1970, le paradigme dominant de la microéconomie connaît une forte
inflexion68 de façon à mieux intégrer toutes les défaillances et imperfections du marché.
Pour Pierre Cahuc « la nouvelle microéconomie s'est constituée progressivement, à partir
de critiques éparses, souvent initialement isolées, du modèle walrasien »64. Plus
généralement, pour l'économiste Anne Perrot, l'édifice théorique de la microéconomie
traditionnelle laissait « désarmé l'économiste à la recherche d'une représentation
positive du fonctionnement du marché »69.
Le cadre général de la nouvelle microéconomie est davantage réduit à l'analyse d'un seul
marché et sa démarche scientifique est plus axée sur la recherche de constat jugé
représentatif du fonctionnement de l'économie (constats appelés « faits stylisés »69).
« Ces approches relèvent […] certains des défis que l'économie hétérodoxe,
« institutionnaliste », a longtemps adressés à la théorie néoclassique »69.
John von Neumann (1903-1957) est l'auteur de Theory of Games and Economic Behavior,
un ouvrage fondateur de la théorie des jeux et de la théorie de l'utilité espérée.
La théorie des jeux, quant-à-elle, est une branche des mathématiques appliquées qui
étudie les interactions stratégiques entre agents. Dans cette théorie les agents choisissent
les stratégies qui maximiseront leurs bénéfices étant donné les stratégies que les autres
agents choisiront. Elle fournit une modélisation formelle des situations dans lesquelles
ceux qui prennent des décisions interagissent avec d'autres agents70. La théorie des jeux
généralise l'approche maximisatrice développée d'abord pour l'analyse des marchés, elle
a été développée à partir du livre de 1944 Theory of Games and Economic Behavior, de
John von Neumann et Oskar Morgenstern.
L'extension de l'approche microéconomique a également conduit au développement de la
« théorie des contrats ». Cette théorie conçoit les organisations, les institutions, les
familles ou les entreprises, comme des ensembles de contrats (des « nœuds de contrats »
dans le jargon économique)71,68. Une entreprise est, par exemple, un nœud composé de
contrats de travail, liant l'entreprise à ses salariés, de contrats la liant à ses clients et à ses
fournisseurs, de contrats d'engagements bancaires et financiers, de contrats légaux la
liant à son État ou ville de résidence en matières fiscale et règlementaire. Les marchés
sont un autre cas particulier de tels nœuds de contrats, ici des contrats d'échange. Les
États, au sens des organisations politiques gérant des espaces géographiques déterminés,
sont un autre exemple de nœud contractuel, les Constitutions (ou les Chartes) se
présentant comme des contrats généraux liant ces organisations aux peuples qu'ils
gouvernent.
Macroéconomie
La macroéconomie étudie l'économie dans son ensemble pour expliquer les grands
agrégats (indicateurs économiques) et leurs interactions, en utilisant une forme
simplifiée de l'équilibre général73. Ces agrégats comprennent le revenu national, la
production, le taux de chômage, les prix, l'inflation et d'autres agrégats comme la
consommation totale et les dépenses d'investissement et leurs composants. Elle étudie
également les effets de la politique monétaire et de la politique budgétaire.
Depuis au moins les années 1960, la macroéconomie a été caractérisée par une recherche
d'intégration dans les modèles du comportement de l'individu, y compris la rationalité
des acteurs, l'utilisation efficace de l'information sur le marché et la concurrence
imparfaite74.
Croissance économique
Le modèle de Harrod-Domar a ouvert la voie et a été suivi par le modèle de Solow75. Alors
qu'Harrod Domar raisonne avec une fonction de production à coefficient fixe, c'est-à-dire
où il ne peut y avoir substitution capital travail, l'approche de Solow met l'accent sur la
substitution capital travail et sur le progrès technique. L'opposition entre les modèles sur
la substitution capital-travail est à replacer dans le contexte des années 1950 et 1960 et
de l'opposition entre deux courants keynésiens : les post-keynésiens pour qui l'économie
est relativement « rigide » et les tenants de la synthèse néo-classique plus libéraux. Pour
Robert Solow, c'est grâce au progrès technique que la production peut augmenter et qu'il
y a croissance sur la longue période76. Toutefois, cette théorie explique mal d'où provient
ce progrès qu'elle considère comme exogène77,75.
Cycle économique
Keynes préconise des réponses politiques actives - mesures de politique monétaire par la
banque centrale et de la politique budgétaire - de la part du secteur public par le
gouvernement pour stabiliser la production au cours du cycle. Ainsi, une conclusion
centrale du keynésianisme est que, dans certaines situations, le marché n'arrive pas
automatiquement à résoudre le problème du sous-emploi ; il faut donc une intervention
externe. Le modèle IS/LM constitue le cadre théorique qui a servi à étayer la théorie de
Keynes38.
Si la pensée keynésienne a dominé la scène durant les Trente Glorieuses, elle a aussi
suscité une vive opposition82. Milton Friedman et le monétarisme ont soutenu que l'action
de l'État notamment en matière monétaire est inutile, voire nuisible.
Au fil des ans, la compréhension du cycle économique s'est diversifiée dans plusieurs
écoles, liées à ou opposées au keynésianisme. La jonction sera faite entre les deux
principaux courants de l'époque au sein de ce que Paul Samuelson a qualifié de synthèse
néo-classique. Cette synthèse indique que le keynésianisme est d'application à court
terme, mais à long terme la théorie néoclassique explique aisément le cycle.
La nouvelle école classique, qui doit notamment aux critiques de Milton Friedman, est un
courant de pensée économique qui s'est développé à partir des années 1970. Elle rejette
le keynésianisme et se fonde entièrement sur des principes néoclassiques. Sa particularité
est de reposer sur des fondations micro-économiques rigoureuses, et de déduire des
modèles macroéconomiques à partir des actions des agents eux-mêmes modélisés par la
micro-économie. Elle postule une rationalité des agents (qui cherchent à maximiser leur
utilité), une anticipation rationnelle et qu'à chaque instant, l'économie possède un
équilibre unique (avec plein emploi et pleine utilisation des capacités de production) et
cet équilibre est atteint par un mécanisme d'ajustement des prix et des salaires83.
La théorie des cycles réels, qui tente d'expliquer les fluctuations de court terme des
économies comme le résultat de chocs fréquents et de faibles ampleur affectant les
techniques de production constitue l'apport théorique majeur développée par ce
courant84.
Timbre de 1000 marks du Reich allemand émis lors de l'hyperinflation des années 1930.
La politique monétaire est l'action par laquelle l'autorité monétaire, en général la banque
centrale, agit sur l'offre de monnaie dans le but de remplir son objectif de stabilité des prix
(limiter l'inflation). Elle tâche également d'atteindre les autres objectifs de la politique
économique, qualifié de triangle keynésien : la croissance, le plein emploi, l'équilibre
extérieur.
Au demeurant, on note quatre niveaux au sein des dispositifs mis en place par les
politiques monétaires : les objectifs finaux, les objectifs intermédiaires (agrégats de la
monnaie ou les taux de change), les indicateurs (inflation, etc.) et les instruments (taux de
facilité de prêt marginal, taux de facilité de dépôt, opérations d'open market […]).
L'économie des organisations étudie les organisations avec les outils de l'analyse
économique. L'économie des organisations fait partie de la théorie des organisations.
Au XVIIIe siècle, Adam Smith91 est un des premiers auteurs à réfléchir au fonctionnement
de l'entreprise. Il met en valeur le fait que la division du travail par la spécialisation en
fonction des compétences permet de dynamiser le marché (exemple de la manufacture
d'épingle). Dans cette optique, l'entreprise et donc l'organisation reste une « boîte noire »
dans la mesure où il n'analyse pas les phénomènes se produisant en son sein, mais
simplement les motivations des individus et les conséquences sur le marché.
Pour Ronald Coase92, mais aussi pour Oliver Williamson93, la firme existe quand les coûts
de coordination internes sont moins élevés que les coûts de transaction sur le marché,
c'est-à-dire, par exemple, si pour produire un bien, il est moins cher d'engager des salariés
et de les faire travailler que d'acheter le produit sur le marché.
Économie publique
Économie du bien-être
L'analyse économique du droit (Economic Analysis of Law ou Law and Economics selon
l’appellation américaine) est la discipline qui cherche à expliquer les phénomènes
juridiques grâce aux méthodes et concepts de la science économique96. Entre la théorie
juridique et la science économique, l’analyse économique du droit emprunte à ces deux
disciplines pour expliquer d’une nouvelle façon les phénomènes juridiques.
Économie internationale
L'économie internationale est la branche des sciences économiques qui s'intéresse aux
relations commerciales et économiques entre pays. Charles Kindleberger soulignait que
« le seul fait que des nations souveraines existent entraîne des complications qui nous
obligent à modifier nos instruments habituels d'analyse économique, si nous voulons les
appliquer aux questions économiques internationales97. » Paul Krugman au contraire
estime que l'économie internationale recourt aux mêmes méthodes analytiques que les
autres branches de l'économie. Toutefois, il insiste lui aussi sur le fait que « la matière de
l'économie internationale porte sur les problèmes résultant des interactions entre États
souverains »98.
Autre point important de l'économie internationale : la monnaie vue sous l'angle du taux
de change, de la balance des paiements et des prix relatifs. Puis viennent les problèmes de
coordination au niveau international des politiques macro-économiques. Cette partie
peut inclure les mouvements globaux de capitaux. Néanmoins, Kindleberger préférait les
traiter à part dans ce qu'il appelait les mouvements des facteurs qui comprenaient, outre
les flux financiers, les migrations de main d'œuvre.
Finance
La finance désigne les méthodes et les institutions qui permettent aux entreprises et aux
particuliers d'obtenir les capitaux nécessaires et aux épargnants de placer leurs capitaux.
Les acteurs de la finance sont donc tous les agents économiques qui recherchent des
capitaux ou qui souhaitent les placer.
Économie du développement
L'économie du développement est une branche de l'économie qui applique des techniques
de l’analyse macroéconomique et microéconomique à l’étude des problèmes
économiques, sociaux, environnementaux et institutionnels que rencontrent les pays dits
en développement99. Elle s'intéresse aux déterminants de la pauvreté et du sous-
développement ainsi qu'aux politiques à mettre en œuvre pour sortir les pays en
développement de leur sous-développement.
L'origine de l'économie du développement moderne est liée à l'industrialisation de
l'Europe de l'Est après la Seconde Guerre mondiale100. Parmi les auteurs importants, on
compte notamment Paul Rosenstein-Rodan101, Kurt Mandelbaum102 Ragnar Nurkse103, et
Sir Hans Wolfgang Singer. À partir de cette même période d'autres auteurs vont
s'intéresser à de nombreux pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine dont certains sont
créés à la suite du mouvement de décolonisation. Au cœur de ces études, on trouve des
auteurs comme Simon Kuznets et W. Arthur Lewis104 qui développent non seulement une
stratégie de croissance économique mais aussi de changements structurelsnotes 7.
Cette phase pionnière qui reflète les préoccupations des années 1950 sera suivie à partir
des années 1980 par une approche plus orientée vers le marché, préconisée alors par la
Banque mondiale. Depuis la fin des années 1990, certains économistes du développement
(notamment Michael Kremer et Esther Duflo) ont développé des outils permettant
d'appréhender les effets des politiques économiques au niveau microéconomique et ont
mis l'accent sur l'analyse d'expériences de terrain. Ils ont développé la théorie de la
randomisation, de l'évaluation aléatoire et insistent sur l'importance des micro-projets
dans les stratégies du développement. Pour certains, la randomisation aurait revitalisé la
discipline de l'économie du développement de sorte que parfois, on parle d'économie du
micro-développement105. Toutefois, l'approche macroéconomique et institutionnaliste
demeure dynamique avec des auteurs comme Daron Acemoglu, William Easterly,
Douglass North ou Dani Rodrik.
Économie du travail
Dans le cadre d'une économie capitaliste, les « offreurs » de force de travail sont les
travailleurs et les demandeurs sont les employeurs. L'économie du travail cherche à
analyser la fixation des salaires, le taux d'emploi et le chômage, et permet de déterminer
les meilleures politiques de l'emploi à mettre en place.
Il y a deux approches possibles pour étudier le marché du travail. L'économie du travail
peut être analysée à l'aide des techniques microéconomiques ou macroéconomiques. Les
techniques macroéconomiques s'intéressent aux interactions entre le marché du travail
et les autres marchés (bien, monnaie, commerce international). Il s'agit de savoir
comment ces interactions influencent les variables macroéconomiques telles que le
niveau de chômage, le taux de participation au marché du travail, le revenu agrégé et le
produit intérieur brut.
Depuis les années 1970, l'économie du travail s'est profondément renouvelée en lien avec
la nouvelle microéconomie. Elle s'est orientée vers la prise en compte des imperfections
informationnelles, de la concurrence imparfaite, et elle a intégré des éléments
appartenant au courant hétérodoxe : étude du syndicalisme, segmentation des
marchés106. Elle a utilisé des théories plus récentes : la théorie des contrats implicites, la
théorie du salaire d'efficience, la segmentation du marché du travail et la théorie des
insiders-outsiders107. L'économie du travail s'est aussi enrichie des travaux liés à
l'économie de l'immigration.
Économie de l'environnement
Économie de la culture
Toutefois, un fait saillant des XIXe et XXe siècles est l'apparition de la culture de masse par
le biais de biens à contenu culturel, mais produits selon des méthodes industrielles. La
naissance de la grande industrie a eu des répercussions considérables sur les modes de
pensée et d'action. L'apparition de l'objet de série, qui détrône la pièce unique autrefois
sacralisée par l'art, va profondément modifier les comportements114. Les économistes de
la culture ont fait valoir la difficulté à faire des distinctions dans ce domaine, qui relèvent
le plus souvent de jugements de valeurs subjectifs. Ils ont également mis en avant des
spécificités dans la sélection des produits, leur fabrication et leur demande qui
permettaient de différencier les biens culturels. Ainsi, ces derniers ont pour trait commun
d'incorporer un élément créatif dans leurs caractéristiques essentielles. Cependant, cette
caractérisation est trop large. L'importance croissante du design fait que pour certains
produits pouvant difficilement être considérés comme culturels (vêtements, baladeurs
numériques), la dimension de créativité fait l'essentiel de la valeur115.
C'est pourquoi les économistes du champ ont adopté le concept d'industries de contenu
pour désigner l'ensemble du secteur produisant des biens dont l'essentiel de la valeur
tient à leur contenu symbolique plutôt qu'à leurs caractéristiques physiques. Ainsi, un
livre est un bien culturel, que le texte soit relié ou non, la couverture solide ou non, tandis
qu'un baladeur numérique hors-service n'a plus de valeur malgré son design.
Organisation industrielle
Économie de la santé
Économie de l'éducation
Méthodologie et épistémologie
Pour John Stuart Mill, non seulement « la méthode à priori est un mode légitime
d'investigation philosophique dans les sciences morales » mais « elle en est le mode
unique118 ». Pour Daniel Hausman la méthode à priori ou inductive comporte trois
phases : l'observation des faits, des phénomènes ; la déduction de lois et enfin la
vérification des lois en examinant leur pouvoir prédictif. Il ne s'agit pas ici de vérifier la
véracité des lois mais leur pouvoir prédictif 119.
Méthode hypothético-déductive
William Nassau Senior (1790-1864) est le premier professeur d'économie dans une
université anglaise (Oxford 1825).
Cette méthode a dominé jusqu'aux années 1940. Elle a été utilisée par David Ricardo et
explicitement formulée par John Stuart Mill en 1836 et 1843 et Nassau Senior en 1836120.
Elle comporte quatre étapes : 1) formuler une hypothèse, 2) en déduire une prédiction, 3)
tester la prédiction, 4) évaluer l'hypothèse en fonction de la pertinence de la prédiction120.
Selon Mill, les hypothèses de base de l'économie sont constituées par des introspections
psychologiques (les individus veulent plus de richesses) soit sur des hypothèses que l'on
peut vérifier empiriquement (la loi des rendements décroissants). Pour lui, la science
économique est davantage destinée à vérifier les hypothèses de base que de tester la
précision des prédictions qui dépend de multiples causes. Pour Mill donc, l'économie est
une science inexacte qui ne peut dégager que des tendances et qui doit se confronter aux
tests empiriques de façon à progresser121. Senior pose les bases des axiomes de la
microéconomie classique en dessinant les contours de l'homo œconomicus122.
Cette méthode sera reprise par J. E. Cairns en 1875 et par John Neville Keynes en 1891121.
Si les néo-classiques de tradition autrichienne ou Walrassienne sont d'abord focalisés sur
la prise de décision individuelle et sur les effets micro-économiques de court terme,
néanmoins, ils adoptent eux aussi la méthode hypothético-déductive comme le montrent
les écrits de Frank Knight (1935 et 1940), de Ludwig Von Mises (1949, 1978, 1981) et de
Lionel Robbins (1935)123.
Le livre de Terence Hutchison intitulé The Significance and Basic Postulates of Economic
Theory est le premier à critiquer la théorie économique du point de vue de l'empirisme
logique. Il reproche à la théorie économique de ne pas avoir de contenu testable124 À sa
suite, Paul Samuelson va développer une approche qualifiée d'« opérationaliste » par
Daniel Hausman visant à donner une place importante au comportement des individus
mais qui entre en conflit avec une volonté d'avoir une théorie économique125. Fritz
Machlup accuse Hutchinson et Samuelson de vouloir directement atteindre les postulats
de la théorie économique au lieu de se focaliser sur leur conséquences observables126.
Milton Friedman dans son livre The Methodology of Positive Economics, l'ouvrage le plus
influent de la période insiste sur le fait que la science et la théorie ont exclusivement un
but prédictif. Aussi l'important pour juger d'une théorie ne réside pas dans le caractère
réaliste ou non des hypothèses mais dans la capacité de la théorie à prédire ce qui va se
passer127.
Méthodes
Modélisation
William Petty, considéré par Schumpeter comme un des précurseurs des études
empiriques, plus spécifiquement l'économétrie.
Au XIXe siècle, les économistes français comme Jules Dupuit ou Augustin Cournot ont été
pionniers dans l'utilisation des mathématiques.
Dans la seconde moitié du XXe siècle, le développement de la théorie des jeux a largement
renouvelé la modélisation économique.
Méthodes statistiques
Article détaillé : Économétrie.
L'économétrie a pris une place de plus en plus importante dans les publications
scientifiques depuis la seconde moitié du XXe siècle. On estime en effet qu'en 2011, 80%
des articles publiés dans les meilleures revues en économie contiennent au moins un test
empirique128.
Méthodes expérimentales
Depuis les travaux des psychologues Amos Tversky et Daniel Kahneman et de Vernon
Smith, les expériences de laboratoire sont devenues une méthode à part entière en
sciences économiques pour valider empiriquement la pertinence des théories
économiques. Ainsi, les travaux expérimentaux en théorie de la décision ont montré que
les agents ne se comportaient pas selon la théorie de l'utilité espérée (théorie développée
par John von Neumann et Oskar Morgenstern dans Theory of Games and Economic
Behavior). La théorie des perspectives, développée par Amos Tversky et Daniel Kahneman
(Kahneman et Tversky 1979), est plus conforme aux résultats expérimentaux.
Méthode historique
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Dès le XVIe siècle et l'avènement du mercantilisme, l'économie est à la fois une discipline
qui cherche à comprendre le monde et une discipline qui vise à orienter les politiques
publiques. Avec le glissement de la notion d'économie politique à la notion de science
économique au milieu du XXe siècle, l'économie a partiellement gommé sa nature
politique129.
Le développement durable vise à instaurer des normes qui permettent de satisfaire les
besoins humains tout en préservant l'environnement non seulement pour le présent mais
également pour le futur. Le développement durable vise à instaurer des normes qui
permettent de satisfaire les besoins humains, avec une triple préoccupation de protection
de l'environnement, d'équité sociale, et de performance économique, non seulement pour
le présent mais également pour le futur. Le terme a été utilisé par le rapport Brundtland
(1987) qui lui a donné sa légitimité et sa signification de « développement qui satisfait les
besoins du présent sans compromettre ceux des générations futures »130.
C'est en 1992, au sommet de la Terre de Rio de Janeiro, qu'ont été définis les trois piliers
du développement durable, ainsi que l'agenda 21 pour les collectivités territoriales, qui
reprend la triple préoccupation économique, sociale, et environnementale. Les Nations
unies ont défini en septembre 2015 dix-sept objectifs de développement durable qui, tout
étant lié, cconcernent tous directement ou indirectement l'économie. Par exemple,
l'objectif no 12 vise à « établir des modes de consommation et de production durables »,
étant donné que « La consommation et la production mondiales — véritables moteurs de
l’économie mondiale — reposent sur une utilisation de l’environnement et des ressources
naturelles d’une manière qui continue à avoir des effets destructeurs sur la planète »131.
Dans son Essai sur le don, Marcel Mauss théorisé le fonctionnement de sociétés non
marchandes.
L'économie est une science sociale. Elle partage avec d'autres sciences sociales certains
sujets d'études et certaines méthodes.
En étudiant les formes de l'échange dans les sociétés non occidentales, les anthropologues
ont découvert d'autres formes que le marché ou le troc. En particulier, en prenant appui
sur les travaux de Bronisław Malinowski, Marcel Mauss a mis en évidence le rôle du don
comme système d'échange économique.
Depuis les travaux de Gary Becker sur la famille (Becker 1981), la criminalité (Becker
1957) ou l'éducation (Becker 1964), les sciences économiques ont tendance à explorer
des sujets d'ordinaire réservés à la sociologie. On désigne par impérialisme économique
cette tendance des sciences économiques à analyser des sujets traditionnellement du
domaine de la sociologie.
À l'inverse, la sociologie économique analyse l'économie avec les outils et les théories
sociologiques. Ainsi les travaux de Mark Granovetter ont montré l'importance des réseaux
sur le marché du travail (ce que les économistes avaient ignoré jusque-là). De même, les
travaux de sociologie des marchés montrent le caractère socialement construit des
marchés à l'opposé de la vision naturaliste des économistes.
Les travaux pionniers de Daniel Kahneman et Amos Tversky sur la théorie de la décision
en univers risqué (Kahneman et Tversky 1978) ont donné lieu à un domaine de recherche
qui relève à la fois de la psychologie et de l'économie.
Jusqu'au milieu du XIXe siècle, les auteurs spécialisés dans les questions sociales ne
faisaient pas de distinction entre leurs écrits relevant de la science politique et leurs écrits
relevant de l'économie. La révolution marginaliste a conduit à une plus grande séparation
entre la science politique et l'économie. L'économie s'est alors recentrée sur les
mécanismes des prix sur un marché et adopté des outils mathématiques alors que la
science politique est restée dans une tradition plus littéraire133.
Pendant la première moitié du XXe siècle, la science politique et l'économie ont eu des
agendas séparés. À la fin des années 1950 et au début des années 1960, les économistes
ont utilisé leur corpus théorique pour analyser le comportement de l'électeur et des
hommes politique133.
Joan Robinson (1903-1983) est une des rares femmes économistes du courant du
XXe siècle. Elle est une figure importante de l'école de Cambridge et du keynésianisme.
Susan Athey (1970-) est la première femme lauréate de la médaille John-Bates-Clark.
L'économie est une discipline qui a longtemps été largement dominée par les hommes. On
peut souligner cependant quelques figures de femmes économistes. Harriet Martineau
(1802-1876) a joué un rôle important dans la diffusion de la pensée des classiques.
Charlotte Perkins Gilman publie également de nombreux ouvrages théoriques en
économie et sociologie sur la place des femmes137.
Seules deux femmes ont reçu le prix Nobel d'économie : Elinor Ostrom en 2009 et Esther
Duflo en 2019, et cinq la médaille John-Bates-Clark : Susan Athey en 2007, Esther Duflo
en 2010, Amy Finkelstein en 2012, Emi Nakamura en 2019 et Melissa Dell en 2020.
En 2017, une étude a fait scandale dans la profession en révélant les commentaires
sexistes sur un site de rumeurs sur le marché du travail des postes académiques en
économie aux États-Unis. Cette étude a mis en lumière un environnement toxique envers
les femmes dans la profession139.
Les femmes sont nettement sous représentées dans la profession (19% des auteurs dans
la base RePEc en 2018) et la proportion de femmes n'augmente pas140, quoique la
situation soit plus favorable pour les femmes en France qu'aux États-Unis : « Au niveau
du corps enseignant, l’Hexagone est en meilleure position que les Etats-Unis. « Alors
qu’outre-atlantique, seulement 29 % des “assistants professors” et 14 % des “full
professors” en économie sont des femmes, la situation est un plus équilibrée en France :
la proportion de femmes maîtres de conférences était de 43 % en 2016, et celle des
femmes professeurs d’université, de 24 % » » 141.
Critiques et controverses
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Il existe des prix par pays (le cas de médaille John-Bates-Clark pour les Etats-unis
d'Amérique, Prix du meilleur jeune économiste de France pour la France, Prix Nakahara
pour le Japon, etc.), pour la promotion du genre (le Prix Elaine-Bennett pour la recherche
nommée d'après l'économiste Elaine Bennett), par région ou continent (le cas Prix Yrjö-
Jahnsson pour le continent européen, par exemple), pour un domaine spécifique (le cas
de Prix Fischer-Black la finance, le cas de Prix IZA de l'économie du travail pour
l'économie du travail, par exemple), etc.
Elinor Ostrom est devenue en 2009 la première femme lauréat du Prix Nobel
d'économie145 pour ses recherches sur la gouvernance économique, et en particulier, celle
des biens communs »146,147.
En 2019 le prix Nobel d'économie est attribué pour la première fois à une femme française
et son équippe, Esther Duflo pour ses travaux sur la lutte contre la pauvreté148.
Bibliographie
Ouvrages fondamentaux
Xénophon, L'Économique
Aristote, Éthique à Nicomaque 5.5 et Politique I, 8-10
Aristote, Économiques, texte établi par B. A. van Groningen, traduction par André
Wartelle, Les Belles Lettres, 2002 (trois livres pas entièrement attribués à Aristote).
Antoine de Montchrestien, Traité d'économie politique, 1615
Richard Cantillon, Essai sur la nature du commerce en général, 1755 (lire sur Wikisource)
François Quesnay, Tableau économique, Versailles, 1759
Adam Smith (trad. de l'anglais), Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
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Wikisource)
Thomas Malthus (trad. de l'anglais), Essai sur le principe de population [« An Essay on
the Principle of Population »], Londres, 1798 (lire sur Wikisource)
Jean-Baptiste Say, Traité d'économie politique, 1803 (lire sur Wikisource)
David Ricardo (trad. de l'anglais), Des principes de l'économie politique et de l'impôt
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Carl Menger (trad. de l'allemand), Principes d'économie [« Grundsätze der
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(en) William Stanley Jevons, Theory of Political Economy, 1871, 278 p.
(en) Alfred Marshall et Mary Paley Marshall, The Economics of Industry, Bastian Books,
1879, 252 p. (ISBN 978-0-554-52524-2)
Léon Walras, Éléments d’économie politique pure : ou théorie de la richesse sociale, 1874
Alfred Marshall (trad. de l'anglais), Principes d'économie politique [« Principles of
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Ouvrages de vulgarisation
Articles de vulgarisation
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Manuels d'économie
Encyclopédies
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Notes et références
Notes
1.
La concomitance entre la période où Adam Smith écrit ses deux grandes œuvres la
Théorie des sentiments moraux (1759) et les Recherches sur la nature et les causes de la
richesse des nations abrégées en Richesse des nations (1776) avec la période où les
physiocrates sont actifs (1756-1777) (Villey 1985, p. 60) invite à les traiter ensemble de
manière à mieux cerner les proximités et les divergences.
Le plus ancien département d'économie du Royaume-Uni est le département
d'économie politique de University College London fondé en 1826 (lire en ligne [archive]).
Pourtant le cas n'est pas si évident que cela pour deux raisons. D'une part les
économistes américains jusqu'à la Seconde Guerre mondiale étaient à la fois orthodoxes
et hétérodoxes, d'autre part, les institutionnalistes américains ont été influents dans des
think tanks aussi importants que le NBER ou la Brookings Institution ou encore à la
London School of Economics. De manière analogue de nos jours la nouvelle économie
institutionnelle, bien qu'hétérodoxe, a une profonde influence sur une grande part de
l'orthodoxie constituée par l'école néoclassique. Quand on s'interroge sur ce qui
différencie l'orthodoxie de l'hétérodoxie, en général, on considère que la première
privilégie la trilogie équilibre-rationalité-individualisme tandis que la seconde est plus
orientée sur la trilogie structure sociale-institutions-histoire (Davis 2006)
Voir Edward Chamberlin et de Joan Robinson, La théorie de la concurrence
monopolistique, Paris, PUF, 1953, traduction depuis : (en) Theory of Monopolistic
Competition, Cambridge, Harvard University Press, 1933.
Voir sur ce point, parmi d'autres (en) Mancur Olson, The Logic of collective action,
1966 et Daniel Kahneman, Toward a Positive Theory of Human Choice, 1980.
L'analyse macroéconomique comme branche spécifique de l'analyse économique
date de la publication de la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie de
John Maynard Keynes en 1936. Pour autant, la macroéconomie moderne, comme
discipline qui s'attache à comprendre pourquoi l'économie connait des épisodes comme
la Grande Dépression et pourquoi l'emploi et la production fluctuent au cours du temps,
commence avec Keynes Joseph E. Stiglitz, Carl E.Walsh, Principes d'économie moderne,
2e édition, éd. de Boeck, 2004, p. 490
Voir(en) Bardhan, Pranab K. and Christopher Udry, Development Microeconomics,
Oxford, 2000
Voir (en) Ruth Towse, A Handbook of Cultural Economics, Edward Elgar, (ISBN 978-
1840643381), 2003