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Macroéconomie
Cours d'analyse macroéconomique

Lardia Marcel THIOMBIANO


UNIVERSITE NAZI BONI
MACROECONOMIE

Marcel L. THIOMBIANO
Université Nazi Boni
│iii

Sommaire
4│A propos de la macroéconomie

Introduction générale
Ce cours de macroéconomie, très ambitieux, se veut un condensé des notions essentielles
à l’étudiant de Licence en économie. Des principes de base aux principes avancés, il fait
l’économie des notions essentielles en macroéconomie durant tout le parcours de licence
en économie. Ainsi, une lecture méthodique de ce cours permettra à l’étudiant de se
familiariser à l’analyse macroéconomique selon son niveau. L’étudiant de première année
pour alors se familiariser aux notions d’agrégats macroéconomiques, de croissance et de
politique économique. Celui de deuxième année trouvera des notions avancées sur
l’analyse macroéconomique de court terme. Quant à l’étudiant de troisième année, il
pourra approfondir sa connaissance de la discipline à travers un exposé clair et détaillé
sur les politiques économiques et la nouvelle macroéconomie.
En 1932 Lionel Robins définissait la science économique comme « […] une science qui
étudie les comportements humains comme une relation entre des fins et des moyens rares
ayant des usages alternatifs. » Il est difficile, même de nos jours, même pour nous,
économistes, d’en fournir une meilleure définition tant la simplicité et la justesse de celle
de Robin nous séduisent.
« La science économique est une science qui étudie les
comportements humains comme une relation entre des fins et des moyens
rares ayant des usages alternatifs. »
Lionel Robin, 1932
La science économique serait donc avant tout une science, mais surtout une science
sociale. En effet, son objet d’étude est le comportement humain. Elle étudie ce
comportement comme une relation entre fins et moyens rares. L’humain, caractérisé par
des capacités limitées, fait régulièrement face à des choix du fait de ses aspirations
illimitées. De nombreuses alternatives s’offrent alors à lui. En d’autres termes, vu ses
capacités limitées, de nombreux chemins susceptibles de le mener vers ses objectifs
s’ouvrent à lui. Le but de cette science qu’il applique intrinsèquement est de lui montrer
les différents usages possibles (chemins) de ses ressources rares et surtout les avantages
et les inconvénients liés à chacun d’eux. On l’appelle ironiquement la science des choix
puisque son rôle est juste de proposer aux décideurs, les différentes alternatives possibles,
connaissant leurs ressources, pour atteindre leurs objectifs, ou du moins certains objectifs
(un optimum).
Ainsi définie, la science économique s’invite dès lors que le besoin de faire des choix ou
un calcul coût-bénéfice s’impose. Elle est, de ce fait, l’une des rares sciences qui
s’infiltrent dans tous les domaines, donc l’une des plus vastes. La précision dans l’analyse
contraint donc les économistes contemporains à la spécialisation. Pour témoigner de la
largesse et du degré de spécialisation possible dans la science économique, il existe une
spécialité économique pour toute entité imaginable : économie de la croissance, économie
La macroéconomie│5
industrielle, économie de la pauvreté, économie du droit et, sans exagérer, économie de
l’industrie de la prostitution.
L’existence d’une discipline qui étudie l’économie dans son ensemble semble alors être
triviale, mais force est de constater que la macroéconomie moderne est une discipline très
jeune. De nombreux contemporains considèrent qu’elle est née de la révolution
keynésienne survenue pendant la crise de 1929. En effet, cette crise constitua un grand
tournant dans la pensée économique, car c’est à sa suite, en 1936, que Keynes publie sa
théorie générale considérée, par de nombreux contemporains, comme le premier exposé
de la macroéconomie moderne. Cependant, il serait judicieux de ne pas accorder à Keynes
la totalité de cette paternité puisque lui-même rendait hommage à Quesney pour son
tableau économique qui dès 1958 modélisait les interdépendances entre certains
évènements globaux au sein d’une économie. Par ailleurs, l’objet même de la richesse des
nations d’Adam Smith fait d’elle une œuvre à caractère macroéconomique tentant
d’expliquer les sources de la richesse d’une nation. De plus, en 1933 l’économiste
norvégien Ragnar Frisch (prix Nobel 1969) faisait déjà un exposé de macroéconomie,
mieux, il fonda le terme macroéconomie.
En réalité, le mérite de Keynes réside dans la rupture qu’il a créée avec la vision de ses
contemporains. En effet, sa théorie générale est une critique radicale de la vision,
aujourd’hui, dite classique, du fonctionnement de l’économie, véhiculée alors. Cette
vision classique représente l’économie telle une économie d’échange pure, car la monnaie
n’y joue aucun rôle et les marchés, lieu d’ajustement par excellence, permettent la
synchronisation des décisions à travers les prix. Elle est par ailleurs la vision qui fonde le
libéralisme et le « laisser-faire ». Malheureusement, c’est cette vision qui mènera
l’économie mondiale vers sa première crise majeure. Après avoir affiché son impuissance
face à cette crise née de ses principes fondateurs, Keynes lui oppose une alternative lui
permettant de justifier, rationnellement, l’interventionnisme de l’État. Pour lui, nous
vivons dans une économie monétaire de production où les marchés n’ont pas le pouvoir
d’ajustement que leur confèrent les théoriciens classiques. C’est ainsi que naît la
macroéconomie moderne dont les pères seraient Ragnar Frisch, John Maynard Keynes,
Michal Kalecki et Gunnar Myrdal. À leur suite, on assistera d’une période à l’autre à une
sorte de mouvement oscillatoire de la théorie économique entre les économistes
prokeynésiens et ceux proclassiques. Ce “ping-pong” théorique se poursuit jusqu’à nos
jours, mais d'une manière moins prononcée.
Ainsi donc, depuis sa naissance, l’histoire de la macroéconomie ressemble à une
succession de réfutation et de défense de la pensée de Keynes. Néanmoins, il est possible
aujourd’hui d’en faire une synthèse pour offrir à de jeunes économistes les outils
nécessaires à la compréhension de l’économie. Ce cours fait la synthèse des
connaissances actuelles en macroéconomie en deux grandes parties.
6│A propos de la macroéconomie
La macroéconomie│7

PARTIE I.
INTRODUCTION A LA MACROECONOMIE
8│A propos de la macroéconomie

Chapitre 1.
LA MACROECONOMIE
Introduction
Sous-discipline de la science économique, la macroéconomie peut être définie comme
une approche méthodique qui, considérant l’économie dans sa globalité, veut, non
seulement, l’analyser, c’est-à-dire la comprendre et l’expliquer, mais aussi agir sur elle
pour l’améliorer. Elle mène alors son analyse à travers l’étude de relations entre les
variables agrégées de l’économie. Elle se servira de modèles macroéconomiques pour
décrire ces relations qui peuvent être comptables ou de comportement. Afin de vérifier la
validité de ses modèles, l’économiste usera de méthodes statistiques appliquées à
l’économie (économétrie) et de données statistiques sur l’économie. Dans le cadre de
l’analyse macroéconomique, les données globales (agrégées) seront préférées à celles
individuelles (qui sont plutôt utilisées dans le cadre de l’analyse microéconomique).
La macroéconomie est une sous-discipline de la science
économique qui, par son approche, considère l’économie comme un tout
cohérent pour l’analyser et agir sur elle.
Par ailleurs, la logique de l’analyse économique demeure identique tant en
macroéconomie qu’en microéconomie. En fait, la majeure partie des relations de
comportement macroéconomique prennent leurs racines dans la microéconomie : on parle
d’un retour aux fondements microéconomiques. Néanmoins, la macroéconomie reste
l’étude de l’économie dans son ensemble et s’intéressera, pour cela, à des questions
économiques d’ensemble tels la croissance, les fluctuations, le chômage et autres.

1. A propos de la macroéconomie
1.1. Objet de la macroéconomie
L’objet principal de la macroéconomie ne s’éloigne pas de celle de la discipline mère qui
est la science économique. Comme précisés plus haut, les économistes, pour plus de
précision dans leurs analyses, se spécialisent. Le point, à la fois, commun et distinctif de
ces spécialités ou de ces économistes est la démarche entreprise dans l’analyse. Point
commun, car l’ossature de l’analyse économique est identique dans toutes ses spécialités.
Point distinctif, car l’approche permet de distinguer une analyse microéconomique d’une
analyse macroéconomique.
Ces approches se distinguent l’une de l’autre par leur centre d’intérêt et les variables
d’intérêts. L’analyse microéconomique étudie le comportement des unités indivisibles
(les plus petites possible) de l’économie (ménages, entreprises) et de leurs interactions
(marchés). Tandis que l’analyse macroéconomique s’intéresse à des unités plus grandes
ou agrégées tels la société, le pays, la région… Pendant que la microéconomie s’intéresse
La macroéconomie│9
aux variables liées à l’unité individuelle, la macroéconomie travaille sur des agrégats,
c’est-à-dire des variables qui mesurent une réalité à l’échelle de la nation.
Un agrégat économique est un indicateur synthétique qui
mesure un aspect de l’activité de l’ensemble de l’économie et qui, par-là,
permet la comparaison dans le temps et dans l’espace.
Ainsi, on parlera en macroéconomie de consommation des ménages de produit national
et d’indice des prix. Parallèlement, on parlera en microéconomie de consommation
individuelle, du chiffre d’affaires d’une firme particulière, du prix d’un bien donné. La
macroéconomie, telle que définie, veut comprendre l’économie et agir sur elle pour
l’améliorer. Cet objectif principal implique quatre sous-objectifs complémentaires.
La macroéconomie veut avant tout déterminer les variables ou agrégats permettant de
comprendre, décrire et suivre l’activité économique et le comportement des agents
économiques à l’échelle de l’économie. Cet objectif est incarné principalement par la
comptabilité nationale qui, par sa représentation schématique et quantifiée de l’activité
économique, offre à une large palette d’indicateurs (variables ou agrégats) permettant un
constat régulier de la santé de l’économie.
La comptabilité nationale est le système comptable
macroéconomique, tenue pour le compte et par les services de l'état, et qui
fournit une représentation quantifiée de l'économie du pays. Elle est une
représentation simplifiée de l'activité économique d'un pays sur une période
donnée (une année).
Elle veut ensuite analyser l’évolution de ces agrégats dans le temps et déterminer les
relations (qu'elles soient stables, instables, comptables ou non-comptables), voire les lois,
pouvant exister entre elles. Ces relations expliqueraient les interactions entre les différents
agents et s’expliqueraient par elles. Par cette volonté, elle ouvre la voie à la statistique
descriptive et l’inférence statistique qui s’immiscent dans sa démarche au point d’en être
(aujourd’hui) partie intégrante : l’économétrie. L’économie fournit des idées (théories)
sur les grandeurs économiques et les relations entre elles tandis que l'économétrie apporte
une vérification empirique et établit quantitativement ces corrélations.
L’économétrie est l’outil mathématique de la science
économique. Elle permet d’améliorer l’analyse économique par la
vérification empirique des relations ou lois identifiées théoriquement. En
faisant donc appel à l'analyse statistique et à la formulation mathématique,
elle exprime quantitativement les corrélations pouvant exister entre des
phénomènes économiques dont la théorie affirme l'existence.
Puis mettre en exergue les différents équilibres/déséquilibres possibles dans les
interactions entre agents et leurs conditions de réalisation. Analyser les déséquilibres et
10│A propos de la macroéconomie

rechercher leurs causes. La modélisation est la matérialisation de cette volonté de la


macroéconomie de déterminer les relations et les équilibres entre agrégats.
Enfin, elle veut agir sur l’économie à travers ses agrégats (en tenant compte des relations
mises en exergue) en changeant leur trajectoire d’évolution, en modifiant l’équilibre ou
en corrigeant les déséquilibres. Cette action, la politique économique, a pour finalité
d’accroitre le bien-être de la société. Elle étudie alors les moyens d’action, analyse de
politiques économiques, pour atteindre les objectifs de bien-être social de façon
efficiente.

1.2. Les grands thèmes macroéconomiques


La macroéconomie contemporaine s’intéresse essentiellement à trois grands thèmes : la
croissance économique, le chômage et l’inflation.

La croissance économique
S’il n’y avait qu’une variable d’intérêt pour la macroéconomie, ce serait bien la croissance
économique. L’intérêt des décideurs politique pour une croissance économique forte et
soutenue a fait d’elle l’une des plus étudiées en macroéconomie.
La croissance économique est l’accroissement (variation
positive) de la production dans une économie sur une période donnée. Le taux
de croissance économique, l’indicateur de croissance économique, est, dans
les faits, calculé sur la base du produit intérieur brut. Il est le taux de
croissance du PIB
Elle a longtemps été considérée comme exogène, et ne pouvait donc pas être affectée par
le décideur. L’évolution de la théorie permet aujourd’hui d’identifier de nombreux
déterminants sur lesquels le décideur politique peut s’appuyer pour accélérer la croissance
économique. Parmi ces déterminants, on peut retenir l’investissement privé, l’éducation,
les infrastructures publiques, les innovations…
Parallèlement, la croissance économique représentant la tendance haussière du produit
total de la nation, il convient d’évoquer ses variations autour de cette tendance. En effet,
l’activité économique n’étant pas harmonieuse, l’économie connait des fluctuations,
alternance de périodes de récession et de périodes de reprise. L’analyse de ses fluctuations
permet à l’économiste d’offrir aux décideurs les moyens d’agir. Les politiques
conjoncturelles adéquates sont alors menées pour stabiliser ces fluctuations.

Le chômage
Le chômage est une importante grandeur socio-économique. Sa mesure, le taux de
chômage, est un indicateur de santé socio-économique qui préoccupe tous les décideurs,
quel que soit leur bord politique.
La macroéconomie│11

Le chômage est la situation d’un individu en âge de


travailler, qui souhaite travailler et qui, malgré ses efforts de recherche
d’emploi, ne trouve pas de travail. Le taux de chômage est donc la mesure du
chômage au sein d’une économie, c’est-à-dire la proportion de la population
de cette économie se trouvant dans cette situation.
La macroéconomie s’attache à trouver les sources du chômage afin que les décideurs
puissent intervenir pour le réduire. A côté de cet indicateur se trouve celui des inégalités.
En effet, le chômage et les inégalités peuvent être considérés comme des résultats d’un
ruissèlement inégal de la richesse vers les populations.

L’inflation
Le niveau général des prix dans une économie peut réduire à lui tout seul les efforts de
croissance et de réduction du chômage. On se rappelle à cet effet la fameuse marche de
2008 contre la vie chère dans toutes les grandes villes du Burkina Faso. Le niveau général
de prix est une moyenne pondérée des prix de tous biens et services d’une économie
donnée. L’institut national de statistique (INSD) la nomme Indice Harmonisé des Prix à
la Consommation (IHPC).
L’inflation est une hausse durable et entretenue du niveau
général des prix.
Là aussi, la macroéconomie cherche à connaitre et étudier les sources et les effets de
l’inflation dans l’économie. Quatre principales sources peuvent être retenues ici : la
hausse de la demande, la hausse des coûts de production, l’augmentation de la masse
monétaire et l’inflation importée.

2. Les méthodes de la macroéconomie


2.1. La modélisation
Etant une sous-discipline de l’économie, sa méthodologie ne diffère donc pas du reste de
la discipline mère. Elle est aussi une science sociale et ses lois ne peuvent donc pas être
sujettes à l’expérimentation telles celles des sciences expérimentales. La démarche
scientifique en économie est simple. Elle commence par la méthode hypothético-
déductive qui est le fondement de la modélisation pour finir avec l’étude économétrique.
Un modèle économique est une représentation simplifiée de la réalité économique. La
modélisation consiste donc à la transformation de la réalité en un modèle. L’économiste
devra ôter de la réalité toute superflue qui pourrait compliquer, voire empêcher la
compréhension d’un processus ou d’un phénomène économique pour n’en laisser que
quelques éléments, uniquement ceux nécessaires à son analyse. La modélisation repose
sur une méthode hypothético-déductive. En effet, l’économiste émet des hypothèses, tire
12│Les méthodes de la macroéconomie

des conclusions qu’il confrontera à ses observations afin de confirmer ou infirmer son
hypothèse de départ (cette méthode est résumée par le diagramme suivant).

Hypothèses

Déduction des implications


(conclusions)

Confrontions aux observations


Prédictions / rétrodictions

Confirmation / réfutation

Figure 1: Méthode hypothético-déductive

Le modèle se concentre alors sur un aspect bien précis de la réalité économique et néglige
volontairement les autres aspects. Le modèle est censé faciliter la compréhension d’un
processus ou d’un phénomène. Il décrit les relations entre les grandeurs économiques sous
quatre types différents.
✓ la relation comptable est égalité entre ressource et emploi, entrée et sortie, elle est
toujours vérifiée ;
✓ la relation d’équilibre qui exprime l’équilibre sur un ou un ensemble de marchés ;
✓ la relation de comportement qui décrit le comportement des agents économiques ;
✓ la relation technique qui décrit les contraintes techniques que subit un agent.
Dans sa description des relations, deux catégories de variables interviennent : les
variables exogènes (inputs) qui sont déterminées à l’extérieur du modèle et les variables
endogènes (outputs) qui sont déterminées à l’intérieur du modèle. En macroéconomie,
chacune de ces variables peut être répartie entre deux sous catégories selon l’intérêt que
lui porte l’analyse. Les variables exogènes peuvent être soit des données si l’économiste
ne peut agir sur elles, soit des instruments s’il a la possibilité de changer leur niveau.
Quant aux variables endogènes, elles seront des objectifs si elles influencent l’utilité du
décideur ou des variables non pertinentes sinon.
La macroéconomie│13

Variables exogènes Variables endogènes

Instruments Objectifs
MODELE
Données Variables non
pertinentes

L’étude économétrique intervient quand il faut confronter le modèle aux faits. Par sa
méthode d’induction, il part des observations de la réalité, c’est-à-dire de l’histoire des
variables pour infirmer ou confirmer les hypothèses du modèle théorique.

2.2. Analyse positive ou normative


S’il n’est investi d’aucun rôle de décideur politique, le devoir de l’économiste serait de
faire de l’économie positive et non de l’économie normative. La différence entre les deux
principes est certes prononcée, mais simple. L’économie positive cherche à établir des
vérités objectives en analysant le fonctionnement de l’économie. L’économie normative
recommande des actions sur la base de jugement de valeur subjective sur le
fonctionnement de la société. Un simple exemple pourrait étayer ces propos. L’économie
positive analysera la construction de restaurant universitaire sous l’angle coûts et
bénéfices sociaux. Elle offrira ainsi les moyens de dire si cela vaut la peine d’être
construit. Mais d’un point de vue normatif, on affirmera qu’il ne le faut pas pour une
raison quelconque et subjective.

2.3. Les principes de l’analyse économique


Comme nous l’avions dit plus haut, l’analyse macroéconomique ne déroge pas aux
principes de base de l’analyse économique, car elle en est partie intégrante. L’économie
n’est rien d’autre que la société, composée d’individus qui interagissent les uns avec les
autres. L’orientation de l’économie dans son ensemble n’est donc que le reflet des
différentes décisions individuelles prises en son sein. Alors, macroéconomie ou
microéconomie, la science économique s’intéresse à l’étude des affections possibles de
ressources rares pour l’atteinte d’objectifs illimités. Pour ce faire, elle étudie les
comportements individuels au sein de l’économie. Elle étudie les interactions entre ces
individus et leurs effets sur l’économie. Elle étudie aussi l’évolution de l’économie dans
son ensemble. Quel que soit l’objet de l’analyse, l’économiste se fonde sur des principes
de base, hypothèses qui guideront son analyse de bout en bout. Puisque ces principes sont
évoqués, explicitement ou implicitement, dans tous les exposés d’économie, il convient
de les connaitre. Ils sont de trois types : il y’a d’abord les principes du comportement des
individus, ensuite les principes des interactions entre individus et enfin les principes de
fonctionnement de l’économie.
14│Les méthodes de la macroéconomie

Principes de comportement individuel


La science économique considère l’individu comme un être rationnel à la recherche de
l’optimum de satisfaction. Cet être, homo oeconomicus, a un comportement guidé par
quatre principes de base. La prise de décision est le point de départ de l’analyse
économique, car c’est la nécessité de décider qui nécessite l'analyse économique.
L’incapacité de l’individu à satisfaire tous ses besoins du fait de la rareté de ses ressources
l’oblige à choisir entre plusieurs alternatives. Ainsi, le choix nait de la rareté. L’individu
compare donc au moins deux situations alternatives et fait des compromis. Naturellement,
cette comparaison se fait sur la base d’une analyse des coûts et des bénéfices liés à chaque
alternative.
Comme l’individu doit toujours faire un choix entre plusieurs alternatives coûteuses, le
choix d’une implique l’abandon des autres. Que lui couterait son choix ? La réponse est
triviale, il y’a un coût pour tout bien et ce coût est tout ce qu’on abandonne pour ce bien.
Le coût de ce choix est alors la somme du coût de l’alternative choisie et des bénéfices
liés aux alternatives abandonnées. Ce coût est appelé coût d’opportunité et désigne tout
ce à quoi il renonce pour cette chose (un bien, une action…).
Un étudiant révise ses cours à la veille d’un examen. A chaque instant il fait face à un
dilemme : continuer la révision ou se reposer. Il évalue le gain lié à une minute
additionnelle de travail et celui d’une minute de sommeil. Il décidera d’arrêter de
travailler quand le gain de la minute additionnelle de travail sera plus faible que celui de
la minute de sommeil. De façon consciente ou non, l’individu décide toujours en
comparant les coûts et les gains additionnels ou marginaux. On parle de raisonnement à
la marge ou de rationalité des individus.
Du fait des trois principes précédemment cités, les individus prennent des décisions
rationnelles en évaluant les coûts et bénéfices. Par conséquent, ils sont sensibles à toutes
actions pouvant modifier les coûts ou les bénéfices auxquels ils font face. On dit qu’ils
sont sensibles aux incitations. L’incitation est une action prise dans l’intention de
modifier le comportement d’un individu ou d’un groupe d’individus.

Principes des interactions entre individus


L’individu vit dans une société d’homo oeconomicus qui interagissent les uns avec les
autres. Pour que la société ne soit pas un chao, ces interactions sont elles aussi régies par
trois principes de base.
D’abord, l’échange est bénéfique pour tous. Ce principe est nécessaire en sens qu’il
conditionne la participation de toutes les parties prenantes de l’échange. En effet, si
certains devaient perdre dans un échange, ils n’y participeraient tout simplement pas. Ce
principe est valable tant pour l’individu que pour une entité plus grande telle une nation.
L’échange international est mutuellement avantageux, car il permet, par la spécialisation,
l’accroissement de la production mondiale.
La macroéconomie│15
Les échanges entre individus seraient difficiles sans une institution pour l’organiser,
l’activité économique serait par la même occasion impossible. Deux types d’organisation
se sont affrontés dans l’histoire du monde : l’économie de marché et l’économie dirigée.
L’échec de la plupart des économies a montré l’importance du marché comme institution
d’organisation de l’activité économique. Les marchés offrent la meilleure allocation des
ressources. Les millions de décisions non coordonnées, prises par des ménages qui
poursuivent des intérêts égoïstes aboutissent comme par magie à une situation optimale
pour le bien-être de tous. Cette magie qui fait que les intérêts individuels conduisent à
l’intérêt général est la main invisible.
Le fonctionnement libre du marché peut occasionner des défaillances dans l’allocation
des ressources. Le marché peut être victime de son propre pouvoir en cas, par exemple,
de monopole, d’oligopole de présence d’externalité et autres. L’intervention de l’Etat est
alors recommandée pour améliorer l’allocation. La recherche de l’efficacité, de l’équité
et de la justice sociale est la motivation principale de l’Etat.

Principes de fonctionnement de l’économie


L’économie est faite de décisions individuelles et d’interactions. Néanmoins, son
fonctionnement d’ensemble est régi par des principes. Ces principes qui seront discutés
tout au long de ce cours seront simplement énumérés ici. Il s’agit d’abord de la relation
entre capacité de production et niveau de vie, ensuite de la relation entre émission
monétaire et inflation et enfin de l’arbitrage à court terme entre inflation et chômage.

3. Analyses structurelle et conjoncturelle


3.1. Court terme vs long terme
La distinction entre court terme et long terme (et souvent moyen terme) est assez délicate
à appréhender. Il serait faux de lier à chacun d’eux une durée en termes de temps. La
subtilité de leur définition vient du fait qu’elle tient aux caractéristiques de quelques
variables ou à un angle d’analyse théorique. Dans la littérature, on peut la voir, présentée,
de quatre manières non forcément différentes.
Nombreux sont les exposés qui lient la frontière entre court terme et long terme à une
capacité ou caractéristique particulière des variables nominales ou des prix. Le caractère
rigide ou flexible des prix serait alors l’indicateur du terme d'une analyse économique.
En effet, les rigidités étant le fait de délais de réaction ou d’ajustement, il va de soi,
qu’elles ne règnent qu’à court terme et qu'elles laissent à la flexibilité le long terme. La
frontière entre les termes se situera alors au moment exact où les valeurs nominales
cessent d’être rigides. Nous en arrivons alors à définir le court terme comme une période
suffisamment courte pour que les ajustements des variables nominales ne puissent se
produire.
16│Analyses structurelle et conjoncturelle

Par ailleurs, il faut noter que la qualité des anticipations est différente selon le terme
d’analyse. Cette dernière peut alors être utilisée pour comprendre et situer la limite entre
court terme et long terme. En effet, les anticipations des agents s’écartent, à court terme,
des réalisations. Ainsi les écarts entre les anticipations et les réalisations n’existent que
dans le court terme et sont source de fluctuations. A long terme par contre, les erreurs
d’anticipations disparaissent et les variables suivent une évolution tendancielle sans
fluctuation.
Il apparaît que le terme dans lequel se situe une analyse économique influencera surtout
son objet. Ainsi, une analyse macroéconomique de court terme s’attèlera à l’analyse des
fluctuations économiques et les politiques économiques qui en découleront seraient des
politiques de relance et de stabilisation. L’analyse macroéconomique de long terme
traitera, quant à elle, de croissance, de politiques de croissance, institutionnelle et
structurelle.
Dans l’analyse microéconomique, la distinction entre court terme et long terme admet des
fondements supplémentaires. Elle peut être liée à l’absence ou non de variation de certains
facteurs de production tels le capital et la technologie de production. Ainsi, à court terme
le capital est invariable et la technologie n’évolue pas. Par contre, à long terme le capital
varie et la technologie est susceptible d’évoluer par innovation.
En somme, quelle que soit la définition retenue, ni le court terme ni le long terme ne
prendront la forme d’un intervalle temporel bien défini. Ils se définissent au gré de
variables “clef” et la frontière entre elles reste très ambigüe. Elle est si ambigüe que
certains économistes contemporains, dans leurs analyses, évoquent un terme
intermédiaire qu’ils nomment le moyen terme.

3.2. Fluctuation et croissance


Observons l’évolution du produit intérieur brut du Burkina Faso de 1960 à 2012
représentée dans le graphique suivant. Ce produit est en croissant sur toute la période
étudiée. La courbe en pointillé est la tendance du produit sur la période, ici, déterminée
par une équation quadratique. Cette tendance est assez stable, mais on peut remarquer que
l’évolution du produit ne l’est pas, car il est éparpillé autour de sa tendance. Ceci est l’une
des caractéristiques des grandeurs macroéconomiques. Elles évoluent avec une tendance
assez stable, mais de légères variations irrégulières autour de cette tendance. L’effet
d’échelle donne, justement, l’impression que ces variations irrégulières sont légères,
faibles.
La macroéconomie│17

PIB par tête (Prix constant)


PIB/tête 235000

215000

195000

175000

155000

135000

115000

95000

75000
1960 1970 1980 1990 2000 2010
Années

Graphique 1 : Evolution du produit intérieur brut burkinabè

Mais si efface l’effet d’échelle en représentant les taux de croissance (graphique 2), elles
apparaitront plus prononcées que précédemment.
10

0
1990 1995 2000 2005 2010
-2

-4

taux de croissance annuel taux de croissance moyen

Graphique 2 : Evolution du taux de croissance du PIB burkinabè autour de sa moyenne

De plus, bien que la tendance générale soit à la croissance, on peut remarquer une nette
rupture en 1995. En effet, depuis cette date, l’évolution est beaucoup plus accentuée que
précédemment. On peut supposer l’avènement d’un changement structurel qui aurait
accéléré la croissance économique. La structure économique est donc relativement stable
sur les périodes 1960-1994 et 1995-2012.
18│Analyses structurelle et conjoncturelle

La tendance ou le trend est un mouvement de longue durée,


fondamentale, que l'on peut observer dans l'évolution d'un phénomène
économique. On peut la déterminer par des méthodes statistiques adéquates.
Elle peut être haussière, baissière ou neutre.
En somme, on remarque trois niveaux d’observation des variables macroéconomiques.
D’abord, des variations erratiques et accentuées autour d’une tendance qui donnent
l’impression de se réduire à grande échelle. Ensuite, la tendance même de la grandeur qui
peut être haussière, baissière ou neutre, mais stable. Enfin, à plus grande échelle, l’intérêt
pour les variations irrégulières disparait totalement et des changements dans la tendance
deviennent observables. Ainsi, l’analyse économique d’une variable macroéconomique
ne peut avoir le même objet quand on l’étudie à échelle réduite (c’est-à-dire à court terme)
qu’à grande échelle. De ce fait, l’objet de l’analyse macroéconomique est nécessairement
différent selon le terme. On distingue alors la macroéconomie de court terme de la
macroéconomie de long terme.
L’analyse macroéconomique de court terme est la partie de
l’analyse macroéconomique qui cherche à comprendre les fluctuations
économiques conjoncturelles.

Equilibre
Courbe IS
keynésien
Modèle
IS/LM
Théorie
quantitative
Courbe
de la monnaie LM
La synthèse que Hicks et Hansen font de Demande
la pensée keynésienne offre le meilleur agrégée
cadre jusqu’aujourd’hui construit pour Modèle
l’analyse de la conjoncture économique. DA/OA
Partant du revenu d’équilibre de Keynes Offre
pour déterminer une courbe IS et de la agrégée
théorie classique de la monnaie une
courbe LM, qui constituent le modèle Et peut-être une
IS/LM. Le modèle IS/LM est lui-même explication aux
un des éléments clés dans la construction fluctuations de
du modèle Demande Agrégée / Offre court terme
Agrégée.
Figure 2 : démarche de l’analyse macroéconomique de court terme

L’analyse macroéconomie de long terme s’intéresse à


l’explication des tendances de long terme des phénomènes économiques.

Conclusion
La macroéconomie est la partie de la science économique qui étudie l’économie dans son
ensemble. Etant une science, elle suit une démarche scientifique rigoureuse fondée sur la
méthode hypothético-déductive. Sur la base d’hypothèses, elle construit des modèles pour
analyser certains phénomènes économiques tels la croissance, le chômage, l’inflation ou
La macroéconomie│19
la mondialisation. Tandis que l’analyse macroéconomique de long terme s’attèle à étudier
la tendance des agrégats macroéconomique, l’analyse macroéconomique de court terme
se contente des fluctuations de ces agrégats.
20│Le circuit économique

Chapitre 2.
DESCRIPTION DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE
Introduction
Décrire l’activité économique est l’une des tâches de la macroéconomie. Une description
même élémentaire est nécessaire pour uniformiser le cadre de réflexion. Pour la même
raison, il sied d’harmoniser le vocabulaire en décrivant de même les agrégats
macroéconomiques qui mesurent cette activité.

1. Le circuit économique
1.1. Les acteurs
L’activité économique est le résultat des interactions de nombreux individus de qualité
diverse agissant pour des intérêts personnels. Pour les étudier, il convient de les regrouper
par catégorie selon leurs intérêts ou missions. Ce regroupement permet de donner la
description du comportement de l’individu représentatif du groupe et d’extrapoler un
agrégat économique lié au groupe. Les acteurs sont alors regroupés selon l'optique
d’analyse choisie. Pour une analyse sociologique, ils seront regroupés et classés selon
leur appartenance sociale : classe bourgeoise, classe moyenne et classe ouvrière. La
comptabilité nationale, elle, distingue quatre unités institutionnelles (ménages,
entreprises, Administrations publiques et association) qu’elle regroupe en six secteurs
institutionnels :
✓ Les ménages
✓ Les sociétés non financières (SNF)
✓ Les sociétés financières (SF)
✓ Les administrations publiques (APU)
✓ Les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM)
✓ Le reste du monde, constitué de toutes unités étrangères (RDM)
Pour une analyse fonctionnelle, une classification selon les fonctions économiques serait
recommandée : production, consommation, accumulation. La macroéconomie, de
manière générale, distingue quatre types d’acteur ou agents économiques pour son
analyse : le ménage, la firme, l’Etat et le reste du monde.
Un agent économique est une entité, contrainte par ses
ressources, dont le comportement visant la réalisation de ses missions a des
répercussions d’ordre économique. Cette entité peut être un ménage, une
entreprise, un Etat ou une collectivité locale ou le reste du monde.

Le ménage
C’est un agent économique dont les seules fonctions sont la consommation et l’épargne.
Il ne subit que la contrainte de revenu. Son revenu sera alors totalement reparti entre
Description de l’activité économique│21
consommation et épargne selon ses aspirations ou préférences. Ce revenu est obtenu en
offrant leur travail sur le marché en tant que facteur de production.

La firme / l’entreprise
Leur fonction principale est la production de biens et de services marchands. Elles sont
contraintes par la technologie de production. Elles investissent et demandent du travail
sur le marché afin d’exécuter leur mission principale qui est la production. La firme peut
appartenir à deux secteurs institutionnels qui sont : les sociétés non financières et les
sociétés financières.

L’Etat
L’Etat, les collectivités locales et les institutions sans but lucratif peuvent tous être
considérés sur le même pied. Leur fonction est de fournir des services, et ce, sans but
lucratif. Leurs ressources proviennent des cotisations de leurs membres. Deux secteurs
institutionnels, les APU et les ISBLSM, sont ainsi pris sur un pied d’égalité, car ils
fournissent les mêmes types de biens et services : les biens collectifs non marchands

Le reste du monde
Il regroupe tout simplement tous les agents non-résidents, toutes natures confondues, qui
effectuent des échanges avec l’économie nationale. En d’autres termes, il regroupe les
ménages, les SNF, les SF, les APU et les ISBLSM qui sont durablement en dehors des
frontières de l’économie étudiée.

1.2. Les marchés


Une multitude de biens et de services sont échangés dans une économie. En distinguant
des biens et des services les capitaux, le travail et les devises, on peut distinguer les
échanges de capitaux de travail et de devises. Supposons que l’économie soit composée
de N marchés. N étant un entier naturel strictement supérieur à trois. Il y’aurait donc un
marché du travail, un marché des titres, un marché de change et N-3 marchés de biens et
services. N-3 représente alors le nombre de types de biens et services échangés dans
l’économie. L’analyse macroéconomique considère ces marchés de façon globale et les
regroupe en quatre macro-marchés : le marché des biens et services, le marché du travail,
le marché de capitaux et le marché des changes.

Le marché des biens et services


Il regroupe l’ensemble des marchés microéconomiques de biens et services de
l’économie. Il est le lieu où se rencontrent l’offre de biens et services des firmes et la
demande de biens et services des ménages, des firmes et de l'Etat. C’est ici qu’est
déterminé le niveau de production de l’économie.
22│Le circuit économique

Le marché du travail
C’est que les firmes achètent un de leurs facteurs de production : le facteur travail. Les
ménages sont offreurs de travail et les firmes en sont demandeuses. C’est que naissent les
salaires, le niveau d’emploi et le taux de chômage de l’économie.

Le marché de capitaux
L’analyse de ce marché portera essentiellement sur le marché de la monnaie. Ici, la
rencontre entre l’offre et la demande de monnaie déterminera le taux d’intérêt réel dans
l’économie.

Le marché des changes


Sur ce marché s’échangent les devises des différents pays. Son analyse permettra de
comprendre la détermination du taux de change, c’est-à-dire le nombre d’unités de
monnaie nationale qu’il faut pour acquérir une unité d’une monnaie étrangère.

1.3. Le circuit
La modélisation se trouve au centre raisonnement macroéconomique. Le circuit
économique est un modèle basique permettant d’expliquer simplement le fonctionnement
de l’économie. Il est une représentation schématique de la réalité économique. Il se
focalise sur les échanges de flux entre les différents agents économiques. Il s’agit
principalement de flux réels et de flux monétaires.
Encadré 1 : Flux ou stocks
Imaginez qu’une économie soit identifiable à un seau de 20 litres que l’on essaye de remplir d’eau avec un
robinet. L’eau provenant du robinet entre dans le seau à un débit de 2litres/heure tandis qu’un trou au bas du
seau laisse fuir l’eau à un débit de 1,5 litre/heure. Au bout de 10 heures de remplissage, 20 litres d’eau sont
entrés dans le seau tandis que 15 litres en sont sortis. Seuls 5 litres sont restés dans le seau à l’instant où la
mesure est effectuée. L’entrée et la sortie d’eau sont des flux et les mesures qui en sont faites sont des variables
de flux. On parlera de flux entrant ou de flux sortant. Par contre, la quantité d’eau contenue dans le seau est un
stock et la mesure qui en résulte est une variable de stock.

Un principe essentiel régit le circuit macroéconomique : tout produit peut être perçu sous
deux angles de vision différents ; la dépense et le revenu. En effet, le produit est dû à une
dépense au sein de l’économie. C’est parce que des agents souhaitent dépenser que les
firmes produisent. A l’équilibre, on peut dire que toute production fit l’objet d’une
dépense adressée aux firmes. Par ailleurs, tout produit est source de revenu, car la valeur
ajoutée de chaque activité de production sert à rémunérer les facteurs de production.
Description de l’activité économique│23

Flux réel
Travail
Flux monétaire

Biens & Services


FIRMES
Mat.1ère et bien
intermédiaires

Capitaux

Figure 3: dépenses - revenus

1.3.1. Le plus simple des circuits


Cas 1 : Nous émettons deux hypothèses 1 de base pour construire ce circuit. Nous
supposons d’abord qu’il n’y a que deux agents économiques : les ménages et les firmes.
Nous supposons en plus que les ménages n’ont qu’une fonction, la consommation de
biens et services, à laquelle ils affectent la totalité de leur revenu. Le circuit économique
se réduit à un échange entre ces deux agents sur le marché du travail et le marché des
biens et services (voir figure ci-après). Le circuit met en exergue deux optiques de la
même réalité : le revenu national. La première est la production et la seconde le revenu.
Quelques égalités comptables peuvent se dégager de ce circuit. Le bouclage du circuit
implique l’égalité entre dépense et revenu. La production répond aux désirs de dépense
dans l’économie. Dans ce cas, il s’agira uniquement du désir de consommation. Le revenu
qui est la rémunération des facteurs est reparti entre les dépenses effectives de l’économie.

1
Les hypothèses permettent de simplifier la réalité dans le cadre de la construction d’un modèle
24│Le circuit économique

Travail Revenu
Offre de travail Facteurs de production

Ménages Firmes

Production
B&S

Biens & services


Dépenses Recettes
Flux monétaire
Flux réel
Les ménages offrent leur travail sur le marché du travail en échange
d’un revenu. Ce revenu est ensuite dépensé sur le marché des biens et
services pour acquérir des biens de consommation courante. Quant
aux firmes, c’est elles qui paie les revenus sur le marché du travail en
échange de facteur de production. Elles vont ensuite offrir leur
production sur le marché des biens et services. Les recettes ventes
serviront à leur tour à la rémunération des facteurs de productions,
réduits dans ce modèle, au facteur travail.

Figure 4: Circuit simple

Cas 2 : Ce cas est identique au premier à une hypothèse près. Les ménages répartirent
leur revenu entre consommation et épargne tandis que les firmes investissent pour
produire. Dans ce circuit apparait un troisième marché, le marché des capitaux. Il est le
lieu où les ménages échangeront la part non consommée de leur revenu contre
rémunération. C’est aussi là que les firmes trouveront de quoi financer leurs désirs
d’investissement.
Ici aussi, le bouclage du circuit, c’est-à-dire l’équilibre économique, implique l’égalité
entre la dépense et le revenu. La production est la somme des dépenses désirées au sein
de l’économie. En d’autres termes, elle est la somme de la consommation désirée par les
ménages (ou demande de biens de consommation) et de l’investissement désiré par les
firmes (ou demande de biens d’investissement). Quant au revenu, il représente la
rémunération des facteurs de production (travail et capital) et est utilisé en totalité pour
les dépenses effectives au sein de l’économie. En d’autres termes, le revenu est utilisé
pour la consommation et l’épargne effectives.
Il faut aussi noter la distinction faite ici entre dépense désirée et dépense effective. La
dépense désirée est la dépense ex ante c’est-à-dire un projet de dépense ou une
anticipation de dépense. Quant à la dépense effective, elle est une dépense ex post, celle
que les agents économiques ont effectivement réalisée. A l’équilibre macroéconomique,
la dépense désirée devrait être identique à la dépense effective.
Pour l’instant, en vue de simplifier l’analyse, nous la mènerons dans un environnement
certain. On dira alors que les volumes désirés sont identiques aux volumes effectifs. La
Description de l’activité économique│25
production est donc la somme des dépenses de consommations et d’investissement. Le
revenu lui est utilisé pour les dépenses de consommation et pour l’épargne.

Revenu Rémunération du travail


Travail
Offre de travail Facteur travail

Epargne Emprunt
Ménages Capitaux Firmes
Titres

B&S
Production
Biens & services
Consommation Recettes

Produit
Dépenses Revenu

Consommation C Consommation C
+
Investissement I
= +
Epargne S

Si on note C la consommation, S l’épargne, I l’investissement et Y les dépenses ou le


revenu selon l’optique du produit, alors :
C  I Y C S
Ce circuit simple permet d’expliquer une identité chère à l’analyse macroéconomique :
l’égalité entre épargne et investissement. Cette identité est vraie à l’équilibre
macroéconomique. I  S
Les facteurs intervenant dans la production sont le travail et le capital. Si l’on émet
l’hypothèse qu’ils sont échangés sur le même marché, c’est-à-dire le marché des facteurs
de production, alors le circuit peut encore être simplifié.
26│Le circuit économique

Revenu
Facteur
Offre de facteurs de Facteurs de production :
s Travail + capital
production

B & S d’investissement
Ménages Firmes
Dépenses
d’investissement
Production

B&S
Biens & services
Dépenses Recettes

1.3.2. Circuit économique avec Etat


Nous allons étendre le circuit afin de prendre en compte plus d’agents économiques. Dans
ce cas de figure, il y’a trois agents : les ménages, les firmes et l’Etat. La consommation
reste le fait des ménages et l’investissement et la production celui des firmes. L’Etat
effectue des dépenses publiques constituées de consommation publique ou dépenses de
fonctionnement et d’investissement public (G). Les recettes publiques qui permettent à
l’Etat de prendre en charge ses dépenses sont constituées des taxes sur l’économie (T)
diminuées des transferts sociaux (F). L’épargne est composée d’épargne privée et
d’épargne publique. Dans les circuits qui suivront, seuls les flux financiers seront
représentés.
Cas 1 : il y’a équilibre budgétaire. En d’autres termes, le montant total des taxes est égal
à celui des dépenses publiques. L’équilibre macroéconomique ou le bouclage du circuit
implique :
C  I  G  Y  C  S T  F
L’hypothèse d’équilibre budgétaire ayant été émise au départ, c’est-à-dire, l’égalité entre
la dépense publique et la recette publique, alors G  F  T . On retrouve alors la relation
d’équilibre du paragraphe précédent : I  S
Description de l’activité économique│27

Revenu
Travail

Transferts sociaux
Ménages Etat
Impôts et taxes

Consommation
publique
Epargne

Emprunt
Capitaux Firmes

Biens & services


Consommation Recettes

Produit
Dépenses Revenu

Consommation C Consommation C
+ +
Investissement I Epargne S
+
= +
Dépenses Impôts et taxes
publique G T-F

Cas 2 : Il n’y a pas systématiquement d’équilibre budgétaire. Dans la réalité, le solde


budgétaire varie entre les états de déficit, d’excédent et d’équilibre. Le circuit économique
reste identique, mais la relation d’équilibre change.
28│Mesure de l’activité économique

Revenu
Travail

Transferts sociaux
Ménages Etat
Impôts et taxes

Consommation
publique
Epargne

Emprunt
Capitaux Firmes

Biens & services


Consommation Recettes

C  I  G  Y  C  S T  F
I  S  T  G  F 

I  S  Sp

Ici, l’égalité entre l’investissement et l’épargne est toujours valide, mais avec une petite
nuance. L’investissement (I) est égal à la somme de l’épargne privée (S) et l’épargne
publique (Sp). L’épargne publique est la différence entre les recettes publiques et les
dépenses publiques.

2. Mesure de l’activité économique


Pour mesurer le niveau d’activité d’une économie donnée pendant une période donnée,
on peut utiliser le volume total de production, le volume total d’investissement, le revenu
total de tous les agents économiques ou la consommation totale. De ce fait, de nombreux
indicateurs peuvent être utilisés pour évaluer le niveau d’activité d’une économie. Ces
indicateurs seraient alors les agrégats de la comptabilité nationale utilisés pour approcher
chaque comportement économique cité plus haut. Le produit intérieur brut est, par-dessus
tous ces indicateurs, le plus utilisé par les techniciens et les politiciens pour apprécier
l’activité économique.

2.1. Le produit intérieur brut

2.1.1. Définition
Le produit intérieur brut, communément appelé PIB est un indicateur du niveau d’activité
économique. En effet, il évalue le niveau d’activité à l’intérieur d’une économie et pour
Description de l’activité économique│29
une période donnée. L’économie étant en général un Etat et la période l’année civile.
Cependant, le PIB est souvent calculé pour un continent, une région voire le monde.
Le Produit Intérieur Brut (PIB) est un indicateur de la
richesse totale produite au sein d’une économie, pour une période donnée. Il
est la somme des valeurs ajoutées nouvelles nées à l’intérieur de cette
économie, c’est-à-dire créées par des agents résidents, sur une période
donnée et évaluées au prix courant.
Définie ainsi, la notion de PIB implique la définition ou la précision d’autres notions qui
entreraient dans son calcul.

Valeur
Supposons une économie n’ayant qu’une seule firme qui produit un seul bien, le beignet
par exemple. Si la firme produit 200 unités de beignets qu’elle vend en totalité à 5 francs
l’unité. La production totale de cette économie est de 200 beignets. Etant donné qu’on ne
peut vivre que de beignets, supposons maintenant que dans cette économie il y’ait une
deuxième firme qui produit du Bissap. Si en plus des 200 unités de beignets la seconde
firme produit 150 unités de Bissap qu’elle vend en totalité à 4 francs l’unité. Ici la
production totale est de 200 beignets et 150 Bissap. En étendant à une économie réelle
contenant des centaines de milliers de biens et services, la difficulté de présenter une
production totale par unité de produit devient évidente. En toute logique il est donc
préférable d’évaluer le produit intérieur en valeur. Mais quelle valeur utiliser ?
Evalué au prix courant : Le prix courant ou la valeur marchande sera celui de prédilection
pour évaluer la valeur du produit intérieur, car il est pour l’économiste le reflet de la
valeur qu’accordent les agents économiques à chaque bien ou service. Ainsi, on peut
évaluer le produit intérieur comme somme des valeurs de chaque bien et service produit.
Quant à notre économie hypothétique, son produit intérieur serait :
200*5  150*4  1600 .

Valeur ajoutée
La notion de valeur ajoutée permet d’éviter le double décompte d’une production dans
l’évaluation du PIB. En effet, la production d’un bien implique des étapes qui ne font pas
toujours l’objet de l’activité d’une seule entreprise. Ainsi une firme produirait un bien dit
intermédiaire qui entrerait dans la production d’un autre bien dit final par une autre firme.
Seule la valeur des biens et services finaux sera incluse dans le calcul du PIB.
Un simple exemple étayera ces propos : supposons que la production d’un beignet vendu
à 5 francs nécessite du haricot vendu au producteur de beignet à 2 francs. Le calcul du
PIB ne tiendra compte que du bien final c’est-à-dire le beignet. En effet, le producteur de
beignet inclut déjà le prix du haricot dans celui du beignet, car ce prix constitue une charge
pour lui. Comptabiliser le haricot dans ce cas serait un double décompte de la même
valeur.
30│Mesure de l’activité économique

C’est donc parce que les biens et services finaux comptabilisent déjà la valeur des biens
et services intermédiaires que le PIB ne compte que la valeur des biens et services finaux.
C’est dans cet objectif qu’il compte les valeurs ajoutées.
La valeur ajoutée d’une firme est la valeur de sa production
diminuée de la valeur des biens et services intermédiaires qui interviennent
dans sa production. C’est donc la valeur (travail, capital, intellectuel…) que
cette dernière ajoute à l’input.
Dans le cas de l’exemple précédent, la valeur ajoutée de la firme qui produit l’unité de
haricot est 2 francs. Celle de la firme productrice de beignets est de 5-2=3 francs. Le PIB,
qui est la somme des valeurs ajoutées, sera donc égal à 2+3=5 francs. Ce montant est
identique à la valeur du bien final qui est 5 francs.

Valeur ajoutée nouvelle


Et les stocks, les biens d’occasion et d’antiquité, qu’est-ce qu’on en fait ?
Le bien d’occasion et celui d’antiquité ou de collection ne seront pas comptabilisés dans
l’évaluation du PIB. Pour la simple raison que l’économiste considère ces types de
transactions comme des transferts d’actif et non de la création de valeur. Un bien produit
dans le passé est pris en compte dans le PIB de cette période passée. Si pour une raison
quelconque il venait à faire l’objet d’une vente dans le présent,
il ne peut en aucun cas faire partir du PIB. Parce qu’il s’agit juste
d’un échange d’actif entre individus : actif liquide (argent)
contre actif physique. Par exemple une motocyclette des années
70 (CT) produite en 1975 est prise en compte dans le PIB de
l’année 1975. En 2017, cette moto est devenue une moto de Figure 5 : 50 CT.
Cyclememory.org
collection. Yam Soaba en possède une depuis les années 70. Il
décide d’accepter la proposition d’achat Wari Mougou qui est un collectionneur
d’anciennes motocyclettes. L’échange est effectué à un montant de 900000 francs. Cette
somme ne sera pas comptabilisée dans le PIB de 2017, car Wari Mougou et Yam Soaba
se sont juste échangés des actifs sans créer de la richesse.
De même, les stocks sont pris en compte l’année où le bien est produit et stocké.

Intérieur
Le PIB mesure la valeur de la production réalisée à l'intérieur d’une économie donnée.
Cette économie peut être un pays, un groupe de pays, une région, toute subdivision du
monde ou le monde lui-même. Ainsi, toute production faite à l’intérieur de cette
circonscription sera comptabilisée dans le PIB, qu’elle soit réalisée par un agent
économique membre ou non de la circonscription. Par exemple, la valeur ajoutée d’un
restaurant togolais installé au Burkina Faso et appartenant à des citoyens togolais sera
prise en compte dans le PIB du Burkina Faso. En revanche si un citoyen burkinabè
Description de l’activité économique│31
possède une usine en Italie, la production de cette usine n'est pas incluse dans le PIB du
Burkina Faso.

Période donnée
Le PIB mesure la valeur de la production d'une période de temps donné. L’année civile
est la périodicité la plus utilisée dans le calcul du PIB. Aujourd’hui, les pays ayant un
système performant de collecte de données évaluent leur PIB sur des périodes plus
courtes. En Europe et aux Etats-Unis, le calcul du PIB est fait mensuellement,
trimestriellement et annuellement. Une telle abondance de données sur l’activité
économique permet de faire des prévisions et facilite les politiques économiques.

2.1.2. Méthode d’évaluation du PIB


La somme des valeurs ajoutées
Sur la base de ce qui précède, une méthode de calcul du PIB serait alors la sommation
des valeurs ajoutées de toutes les unités de production de tous les secteurs d’activité de
l’économie. Il faut d’abord évaluer la production totale hors taxe de l’économie et le coût
total des biens et services de consommation intermédiaire. La différence entre les deux
donne le produit intérieur brut. On parle d’une évaluation selon l’approche production.
Le tableau suivant montre l’exemple du PIB burkinabè de 2004 et 2005 évalué selon la
méthode de la somme des valeurs ajoutées.
Tableau 1: PIB du Burkina Faso évalué selon l’approche production

2004 2005
Production 3686,8 4142,2
Consommations intermédiaires 1345,7 1536,7
Valeur ajoutée 2341 2605,5
Impôts et taxes 215,1 275,9
Produit Intérieur brut 2556,1 2881,4
Source 1: INSD

Le revenu
Comme nous l’avons montré à travers le circuit économique, toute production est source
de revenu : rémunération des travailleurs, rémunération du capital ou bénéfice de
l’entreprise, recettes publiques. Ainsi, il est possible d’évaluer le produit intérieur brut à
travers le revenu perçu par les agents économiques. Le PIB serait alors la somme des
rémunérations des salariés, le bénéfice des entreprises ou l'excédent brut d’exploitation
et les impôts réduits des subventions. On parle ici d’une évaluation selon l’approche
revenu. Le tableau suivant montre un exemple d’évaluation du PIB burkinabè selon
l’optique revenu par l’INSD.
Tableau 2: PIB du Burkina Faso, évalué selon l’approche revenu

2004 2005
32│Mesure de l’activité économique

Rémunération des salariés 585,3 648


Impôts nets de subventions 218,8 276,5
Excédent brut d'exploitation 1 751,90 1 957,00
Produit intérieur brut 2 556,10 2 881,40
Source 2: INSD

Les dépenses
Du circuit économique nous retenons que le produit est aussi identique à la dépense totale
de l’économie. Les dépenses de l’économie sont la consommation, l’investissement et les
dépenses publiques. Etant donné que nous raisonnons dans le cadre d’une économie
fermée, les dépenses de l’économie peuvent concerner tant les achats effectués au sein de
l’économie par des agents extérieurs (exportation) que ceux effectués en dehors de
l’économie par des agents domestiques (importation). Il importe alors d’ajouter ceux qui
constituent des dépenses à l’intérieur de l’économie et soustraire ceux qui ne le sont pas.
On introduit alors la notion d’exportation nette (XN) qui serait le volume des exportations
diminué du volume des importations. Selon cette approche dite approche dépense ou
approche demande ou encore approche emploi, le PIB est la somme de toutes les dépenses
adressées aux firmes domestiques ou toutes les dépenses effectuées à l’intérieur de
l’économie.
PIB  C  I  G  XN
Tableau 3:PIB burkinabè évalué selon l’optique emploi

2004 2005
Consommation finale 2 372,30 2 649,50
Ménage 1 841,30 2 079,90
Administrations publiques 531 569,6
Investissement 553,7 694,3
Formation brute de capital fixe 496,9 567,3
Privée 256 301,4
Publique 240,9 265,9
Variations des stocks 56,8 127
Exportations nettes -369,9 -462,4
Exportations 289,6 280,8
Importations 659,5 743,2
Produit intérieur brut 2 556,10 2 881,40
Source 3: INSD

PIB marchand et PIB non marchant


Exemple, la rédaction de ce cours de macroéconomie est tellement fastidieuse qu’elle
m’occupe depuis près de dix-huit mois, et je ne l’ai pas encore fini. Chaque heure de cours
me coute quatre heures de préparation en plus de tout ce temps consacré à écrire un
Description de l’activité économique│33
manuel. Tout calcul fait si devais commercialiser mon travail, je facturerais l’heure de
cours à cent mille francs CFA. Pourtant je ne suis payé qu’à cinq mille cinq cents francs
CFA de l’heure. Quel montant doit être pris en compte dans l’évaluation du PIB si je
dispense deux cents heures de cours dans l’année ?
Cet exemple pose le problème des biens et services non marchands. En effet, tous les
biens et services ne sont pas forcément commercialisés. Ils n’ont donc pas tous une valeur
marchande. Dans l’évaluation du PIB, on a coutume de distinguer les biens et services
marchands des biens et services non marchands. De cette distinction naissent le PIB
marchand et le PIB non marchand.
Le PIB marchand est le produit intérieur brut évalué à partir de la production de biens et
services marchand. Ces biens sont évalués et validés sur le marché à leur prix de vente.
Tandis que le PIB non marchand évalue le produit intérieur brut à partir de la production
de biens et services non marchands. Le secteur non marchand comprend les biens et
services collectifs et publics. Ces derniers évalués à leur coût de production, généralement
le salaire versé aux différents prestataires.
Tableau 4: Biens et services marchands et non marchands

Types Exemples
Biens Ils sont toujours marchands (sauf le - Habits
cas particulier du bien public) et - Sandwich
leurs prix couvrent en général plus
- …
de 50% de leurs coûts
Services Ils sont marchands si leur prix - Transport
couvre au moins 50% de leur coût - Crédit
- Consultance
Ils sont non marchands si leur prix - Enseignement
couvre au plus 50% de leur coût. Ils - Recherche
sont souvent gratuits.
- Hôpitaux
- Sécurité et défense
Si l’on revenait à moi et mon problème de départ : de combien mon travail fera-t-il croitre
le PIB burkinabè ?
a. 5500*200=1100000 francs CFA ;
b. 100000*200=20000000 francs CFA.
Seulement d’un million cent mille francs CFA, quel dommage.

2.1.3. Prix courant, prix constant et déflateur


La définition du PIB veut que le produit soit évalué au prix du marché. Etant donné que
les prix varient d’une année à l’autre et que le PIB doit servir d’indicateur de comparaison
de l’activité économique d’une année à l’autre, quel prix de marché doit être utilisé ?
34│Mesure de l’activité économique

La question est de savoir s’il est plus adéquat d’utiliser des prix courants ou des prix
constants. Le prix courant est le prix de l’année en cours. Si l’on veut comparer le PIB
d’une année à l’autre, c’est-à-dire l’évolution du PIB, serait-ce judicieux d’utiliser des
prix courants ? En effet, dans le cas d’une hausse exagérée des prix, même si la production
nationale ne croît pas, le PIB calculé au prix courant augmenterait. Le PIB calculé au prix
courant ne permet donc pas les comparaisons dans le temps, car il est entaché des
fluctuations des prix. Il est appelé PIB nominal.
Le Produit Intérieur Brut nominal est le produit évalué au
prix courant.
Le PIB nominal de 2017 sera calculé en utilisant les prix pratiqués sur le marché et pour
chaque secteur d’activité en 2017. Pour une économie à un bien produit à une quantité
Q2017 et vendu au prix P2017 le PIB de 2017 sera :
PIB2017  Q2017 .P2017

Etant donné que le PIB nominal se prête difficilement aux comparaisons temporelles, les
économistes préfèrent le PIB calculé à prix constants. Il s’agit de définir une année de
référence ou année zéro dont les prix serviront à calculer les PIB de toutes les autres
années. Le produit intérieur qui en résulte est appelé PIB réel.
Le produit intérieur brut réel est le produit calculé à prix
constants déterminés à partir d’une année de base ou de référence.
Le PIB réel de 2017 sera calculé en utilisant les prix pratiqués sur le marché et pour
chaque secteur d’activité à l’année de référence qui serait par exemple 2000. Pour une
économie à un bien produit à une quantité Q2017 et vendu au prix P2017 en 2017, mais qui
fut vendu en 2000 au prix P2000, le PIB de 2017 sera :
PIB2017  Q2017 .P2000

Le PIB réel se prête mieux aux comparaisons temporelles, car il a l’avantage de mettre
en évidence l’évolution réelle du produit, c’est-à-dire sans l’entacher des fluctuations des
prix. Le tableau suivant permet de percevoir la différence entre PIB nominal et PIB réel.
Tableau 5: PIB nominal et réel burkinabè

Prix courant Prix constant 1999


2004 2005 2004 2005
Consommation finale 2 372,30 2 649,50 2 221,70 2 383,50
Ménage 1 841,30 2 079,90 1 714,50 1 832,80
Administrations publiques 531 569,6 507,3 550,7
Investissement 553,7 694,3 515,1 609,2
Formation brute de capital fixe 496,9 567,3 504 584,8
Privée 256 301,4 262,5 317,5
Description de l’activité économique│35
Publique 240,9 265,9 241,5 267,3
Variations des stocks 56,8 127 11,1 24,3
Exportations nettes -369,9 -462,4 -368,7 -419,3
Exportations 289,6 280,8 194,5 199,3
Importations 659,5 743,2 563,2 618,6
Produit intérieur brut 2 556,10 2 881,40 2 368,20 2 573,30
Taux de croissance du PIB 0,12726419 0,08660586
Source 4: INSD

Le déflateur
Si le PIB réel mesure le niveau du produit en quantité réelle et que le PIB nominal mesure
le niveau de ce même produit en valeur nominale, on peut imaginer un troisième
indicateur qui permettrait de passer des valeurs réelles aux valeurs nominales. Cet
indicateur serait un indicateur du niveau général des prix du marché : c’est le déflateur du
PIB.
Le déflateur du PIB est un indice de prix qui mesure le niveau
général des prix du marché par rapport une année de base. Il est le rapport
entre le PIB nominal et le PIB réel.
PIBNOMINAL  PIBREEL .Déflateur

Le déflateur étant le rapport entre le PIB nominal et le PIB réel, on peut donc considérer
le comme une moyenne des prix pondérés par les quantités.
P .Qbien1  Pbien 2 .Qbien 2  ...
Déflateur  bien1
Pannéebase
bien1 .Qbien1  Pbien
annéebase
2 .Qbien 2  ...

En somme, le PIB nominal mesure la production intérieure en franc CFA, le PIB réel
mesure la production agrégée en quantité réelle et le déflateur mesure le prix d’une unité
de produit agrégé par rapport au prix de l’année de base.

2.1.4. Les limites du PIB

Mesure imparfaite
Exemple : Juste avant de commencer la rédaction de cette partie du cours, je me suis
cuisiné un succulent plat de salade. L’ensemble des intrants utilisé pour cela m’a couté
400 francs CFA. Quant à mon effort de cuisine, je l’estime à 200 francs CFA. Si je devais
vendre ce plat, je l’aurais fait à 800 francs au moins. Comment l’économiste intègrerait-
il ce produit dans le PIB ?
Exemple : Des dizaines d’étudiants créent de la valeur ajoutée sur les campus. Dans la
plupart des classes, il est possible d’y trouver un étudiant qui vend des boissons, un autre
qui vend des gâteaux et encore un autre qui vend des fournitures scolaires. Ces valeurs
ajoutées sont-elles prises en compte dans l’évaluation du PIB ?
36│Mesure de l’activité économique

Ces deux exemples montrent que le PIB tendra à sous-évaluer la richesse produite dans
l’économie. Le premier exemple met en exergue l’existence de biens et services qui ne
feront jamais l’objet d’une transaction monétaire. Ces biens sont principalement issus du
travail domestique et du bénévolat. Si un homme épouse sa femme de ménage, il ne lui
verserait plus de revenus pour le ménage. PIB diminuerait alors d’un montant égal au
salaire précédemment payé. Le second exemple met en exergue l’économie souterraine
communément appelée le « travail au noir » ou le « marché noir ». Qu’elles soient licites
ou illicites, de nombreuses activités sont menées à l’ombre, c’est-à-dire à l’insu des
autorités publiques, et sont génératrices de plus-values qui ne seront pas prises en compte
au moment d’estimer le produit domestique.

Comparaison difficile
On se rappelle que le calcul du PIB réel répondait à un besoin de comparaison
intertemporelle. Le PIB sert aussi d’élément de comparaison inter-individu, c’est-à-dire
entre économies. Une telle comparaison n’a de sens que si l’on considère qu’une unité
monétaire donnée à la même valeur réelle partout ailleurs.
Exemple : Un plat d’attiéké (couscous de manioc) au poulet coute 9000 Francs CFA au
Sénégal. Le même plat, de qualité quasi identique, coute au maximum 5000 francs CFA
au Burkina Faso. Peut-on dire que le pouvoir d’achat d’un CFA est plus élevé au Burkina
Faso qu’au Sénégal ?
De même, un sandwich pris au bord d’une ruelle de paris coute
3,40 et 4,99 euros (un pain complet, du beurre, un jambon et
quelques épices) soit en CFA 2230,4 à 3273,44 francs. Le même
sandwich peut être obtenu à un montant maximum de 2000 francs
CFA au Burkina Faso c’est-à-dire pour l’équivalent de 3,05 euros.
La question revient : le pouvoir d’achat d’un CFA (respectivement
de l’Euro) est-il plus élevé au Burkina Faso qu’en France ?
La comparaison des PIB de deux pays serait affectée du même problème de pouvoir
d’achat. Ainsi, deux pays ayant le même PIB n’auraient pas forcément produit la même
quantité réelle de biens et services. On peut en déduire que cette différence de pouvoir
d’achat déteint sur le taux de change officiel. Pour parer ce problème de pouvoir d’achat,
on calcule un taux de change corrigé des différences de pouvoir d’achat nommé la parité
de pouvoir d’achat (PPA). Evalué en PPA, le PIB se prête mieux aux comparaisons
interindividu. Elle n’est plus tributaire que de la qualité des systèmes statistique de chaque
pays.

La qualité de la vie
Le PIB mesure uniquement les quantités produites au sein de l’économie. Il ne tient pas
compte des aspects qualitatifs. Il n’émet aucun jugement de valeur sur les différents
Description de l’activité économique│37
secteurs d’activité. En effet, il comptabilisera de manière identique la production d’armes
et la production de vêtements. En somme, le PIB n’est pas un indicateur de bien-être.
De plus, le PIB est juste un indicateur volumétrique, il ne donne aucune idée sur la façon
dont la richesse est redistribuée au sein de l’économie. Même quand on le divise par le
nombre d’habitant pour obtenir le PIB par tête d’habitant, le résultat n’est qu’indicatif et
ne reflète pas les gains de chaque individu de la société. Un fort PIB peut donc coexister
avec des inégalités.
Le PIB se contente juste de donner le volume total de production domestique sans
s’attarder sur les contions dans lesquelles la production est faite : temps de travail, durée
des congés…
Enfin le PIB ne prend pas en compte les effets de la production sur l’environnement.

2.2. D’autres mesures de l’activité économique


Comme nous l’avions dit plus haut, il est possible d’utiliser d’autre grandeurs
macroéconomiques que la production totale pour évaluer le niveau de l’activité
économique. Il s’agit notamment du volume total d’investissement, du revenu total de
tous les agents économiques ou de la consommation totale. Ces grandeurs sont recensées
dans la comptabilité nationale sous les noms respectifs de formation brut de capital fixe,
revenu national disponible et consommation finale des ménages.

2.2.1. Le revenu national


Le revenu national (RN) mesure les revenus que tous les
agents membres de l’économie ont gagnés durant une période donnée.
Selon la comptabilité nationale, il est constitué des rémunérations des salariés, des
revenus des entrepreneurs individuels, des revenus de la propriété des particuliers et de
l’Etat, des bénéfices bruts des entreprises et des intérêts nets. Pour simplifier son calcul,
on passera par le PIB auquel on ajoutera et retranchera quelques éléments. Au fur et à
mesure de ces adjonctions et réductions, d’autres grandeurs macroéconomique
intéressantes apparaitront.

Le Produit National Brut


Si le PIB est la mesure de la production réalisée à l’intérieur de l’économie, le Produit
National Brut est, quant à lui, la production réalisée par les agents économiques résidents
de l’économie. Contrairement au PIB, le PNB comptabilise les gains que réalise par les
agents en dehors de leur économie.
Le Produit National Brut (PNB) est un indicateur de la
richesse totale produite par les unités résidentes d’une économie, pour une
période donnée. Il est égal au PIB augmenté des revenus des facteurs en
provenance du RDM et diminué des revenus des facteurs versés au RDM.
38│Mesure de l’activité économique

PNB=PIB + (revenus des facteurs en provenance du RDM) – (revenus des facteurs


versés au RDM)
Exemple : la valeur ajoutée d’un restaurant togolais installé au Burkina Faso et
appartenant à des citoyens togolais ne sera prise en compte dans le PNB du Burkina Faso
mais dans celui du Togo. En revanche si un citoyen burkinabè possède une usine en Italie,
la production de cette usine est incluse dans le PNB du Burkina Faso.
Cet indicateur n’est plus utilisé de nos jours. Il est remplacé dans la comptabilité nationale
par le Revenu National Brut (RNB) qui décrit la même réalité. Il est donc calculé de même
manière.
RNB=PIB + Revenu net des facteurs
On peut alors calculer le Revenu National Net. La seule différence de ce concept et celui
précédemment décrit est qu’il prend en compte l’amortissement du capital dû à l’usage.
Le Revenu National Net (RNN) est donc égal au RNB diminué des amortissements. En
comptabilité nationale, les amortissements sont dénommés consommation de capital fixe.
RNN  RNB  Amortissements
Dans la comptabilité nationale on s’intéresse aussi revenu disponible pour les dépenses
qui est le Revenu National Brut Disponible (RNBD). Il est égal au RNB augmenté des
transferts courants nets. A côté de cet indicateur, on peut calculer le Revenu National Net
Disponible en ajoutant au RNN les transferts courants nets.

2.2.2. L’investissement
L’investissement est une acquisition de bien de production, une dépense visant à
augmenter le stock de capital. Pour la comptabilité nationale, elle est la somme de la
formation brute de capital fixe et de la variation de stock.

La Formation Brute de Capital Fixe


La Formation Brute de Capital Fixe (FBCF) est la somme
de toutes les dépenses d’acquisition de biens et services qui intègrerons le
processus de production durant au moins un an.
Elle est brute parce qu’elle ne prend pas en compte la dépréciation du capital. C’est une
formation de capital fixe car elle mesure l’acquisition de nouveau capital. Elle mesure
donc le flux de nouveau bien de production venant s’ajouter au stock de capital existant
sans tenir compte des flux sortants (amortissements ou consommation de capital fixe,
CCF). Elle peut être considérer comme l’indicateur de l’investissement brut.
Encadré 2 : La formation brute de capital fixe
La formation brute de capital fixe (FBCF) est constituée par les acquisitions moins cessions d'actifs fixes
réalisées par les producteurs résidents. Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus
de production et utilisés de façon répétée ou continue dans d'autres processus de production pendant au moins
un an.
Source : INSEE http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/formation-brute-capital-
fixe.htm
Description de l’activité économique│39
Elle est constituée par les acquisitions moins les cessions d’actifs fixes réalisées par les producteurs résidents.
Les actifs fixes sont les actifs corporels ou incorporels issus de processus de production et utilisés de façon
répétée ou continue dans d’autres processus de production pendant au moins un an.
Source : CNS http://cns.bf/spip.php?id_article=209&page=theme-article

La variation de stock
La variation de stock (VS) est la fixation ou l’accumulation de capital circulant appelé.
Dans la comptabilité nationale, la variation de stock est définie comme la valeur des
entrées en stocks diminuée de la valeur des sorties de stocks et des pertes courantes sur
stocks. Elle est l’indicateur macroéconomique de l’investissement en stock.
L’investissement (I) est, comme précisé plus haut, la somme de la FBCF et de la VS :
I  FBCF  VS
L’investissement s’obtient en déduisant de l’investissement, c’est-à-dire la somme de la
FBCF et de la VS, la consommation de capital de fixe (CCF) ou amortissement :
I NET  FBCF  VS  CCF

3. Autres agrégats importants


3.1. Mesure de l’inflation

3.2. Mesure du chômage

Conclusion
40
Introduction aux fluctuations

Chapitre 3.
INTRODUCTION AUX FLUCTUATIONS
Introduction
Les économies guidées par les modèles capitalistiques ont une dynamique rythmée par
de nombreuses crises économiques. Depuis le début des années 1970, la plupart des
grands pays capitalistes connaît de graves difficultés économiques. Les jours étincelants
de la longue phase de croissance de l’après-guerre appartiennent à un passé désormais
révolu. Aujourd’hui est venu le temps de la crise avec de faibles taux d’expansion, une
forte inflation et surtout le chômage devenu une "épidémie". dont il faudrait analyser les
caractères, la spécificité, le ou les types de fluctuations au sein desquelles elles
s’inscrivent. Comme la vie sociale, l’activité économique est marquée de multiples
accélérations, décélérations. Depuis les origines de l’agriculture jusqu’au XIXe Siècle,
les pays d’Europe avaient des crises agricoles régulières liées à la sécheresse ou de façon
plus globale au climat. Avec l’apparition et l’expansion de l’industrie qui s’est très
largement affranchie des rythmes naturels, avec l’émergence d’une agriculture moins
soumises aux aléas climatiques, ce sont des rythmes nouveaux ou fluctuations de
l’activité économique qui apparaissent. Une observation plus fine des phénomènes de
crises permet de remarquer qu’elles apparaissent de façon quasi périodique tout au long
du XIXe Siècle et de la première moitié du XXe Siècle. Très étudiées, elles sont largement
reconnues comme un phénomène majeur, dont l’analyse a permis l’élaboration de la
notion de cycles économiques.

1. Notion de cycle
Avant tout propos, il faudrait préciser ce dont il est question dans ce cours. Nous excluons
donc de la notion de cycle, les cycles courts liés aux saisons ou à la particularité d’une
activité. Les cycles dont nous parlons ici sont ceux extraits d’une analyse de séries
longues. On peut considérer que croissance, fluctuations et crises sont intimement liés.
Du début de l’émergence de la société capitaliste comme système dominant en Angleterre
(XIX) jusqu’à la crise de 1929 on peut relever quatorze (14) crises économiques : la
première s’étant produite, en 1816 et la dernière en 1929. Ces crises ont été vécues sans
interprétation majeure par leurs contemporains. C’est par la suite que des historiens de
l’économie et des économistes à partir de sources documentaires de l’époque et d’analyse
de séries statistiques longues ont essayé de les interpréter sur la base de certaines
connaissances théoriques du phénomène. Les principaux indicateurs utilisés par les
chercheurs ont été :
✓ l’évolution de la production globale;
✓ celle des prix de production;
✓ celle de l’emploi dans le domaine industriel.
Si chacune de ces crises revêt des caractéristiques spécifiques, à cause de la nature et de
la conjoncture dans lesquelles elle s’inscrit, des traits généraux peuvent être mis en
évidence :
41
Introduction à la macroéconomie
✓ contraction brutale de la production
✓ chute des prix
✓ faillites nombreuses
✓ montée du chômage et recul du salaire
✓ tension sociale avec comme détonateur un krack boursier ou bancaire plus ou moins
retentissant.
En fait, le terme de crise désigne le moment de retournement de la conjoncture
économique. Ce moment représente le passage d’une période d’expansion ou d’essor
soutenu à celui d’une phase de dépression ou de contraction plus ou moins longue au
cours de laquelle finissent par se mettre en place les conditions de la reprise. L’ensemble
du mouvement est graphiquement repérable par l’analyse de séries longues dès lors qu’est
identifié l’existence des crises. Celles-ci ne peuvent d’ailleurs être saisies ou observées
en soi, sans faire référence aux fluctuations de l’activité économique.

Variable
d’intérêt :
Revenu
Investissement
Consommation
Cris
e
Reprise

Temps

En somme, les fluctuations sont repérables sur les séries longues telles l’investissement,
la consommation ou le produit. Dans la dynamique d’une variable ont peut distinguer
deux éléments :
✓ Le trend ou la tendance
✓ Les variations autour de la tendance
En observant l’évolution du produit intérieur brut du Burkina Faso de 1960 à 2012
représentée dans le graphique suivant. Ce produit est en croissant sur toute la période
étudiée. La courbe en pointillé est la tendance du produit sur la période, ici, déterminée
par une équation quadratique. Cette tendance est assez stable, mais on peut remarquer que
l’évolution du produit ne l’est pas, car il est éparpillé autour de sa tendance.
42
Introduction aux fluctuations
2. Typologie des cycles
Trois types de cycles ont été mis en évidence. Leur nom dérive des auteurs qui les ont
mis en évidence. Il s’agit des cycles de Juglar, Kitchin et Kondratiev. Ils peuvent être
réunis en deux grand groupes qui sont : les cycles courts et les cycles longs.
29

106
1
8
15
22

36
43
50
57
64
71
78
85
92
99

113
120
127
134
141
148
155
162
169
176
183
190
Série1 Série2 Série3 Série4 Série5 Série6

1 51 101 151

Série1 Série2 Série3 Série4

2.1. Les cycles courts


Un cycle Juglar est un cycle économique (période d’une durée déterminée qui correspond
plus ou moins exactement au retour d’un même phénomène) de l’ordre de 7 à 11 ans. Les
premiers écrits de Clément Juglar sur les cycles sont quelque peu antérieurs mais sa
publication la plus célèbre est sans aucun doute son ouvrage de 1862 dans lequel il
présente un cycle qui n’a que trois phases (et non quatre comme le représenteront les
auteurs qui suivront) du cycle économique traditionnel : expansion, crise et liquidation.
A noter que Clément Juglar est le premier économiste à s’être intéressé aux cycles
économiques. L’économiste Alvin Hansen a observé douze cycles de type Juglar entre
1837 et 1937 aux États-Unis. Ils ont duré en moyenne 8,33 années, cependant entre 1857
et 1937, leur durée moyenne chute à 8 ans.
Clément Juglar était un médecin français qui finit par se passionner pour l’économie.
Avant lui, les économistes se préoccupaient essentiellement de la crise, c’est-à-dire du
point de retournement où l’expansion économique et la prospérité se transforment en
chute de l’activité économique et en dépression. Les causes de ces crises étaient
généralement connues : forces aléatoires ou exogènes comme la guerre, les sécheresses,
les afflux d’or, le crédit et la croissance monétaire. Clément Juglar modifie la conception
43
Introduction à la macroéconomie
des études sur les fluctuations en affirmant que la seule cause de la crise était la phase de
prospérité qui précédait celle-ci. Il ajoutait que la dépression suivait toujours la crise. Les
excès de la phase de prospérité et les désajustements qui en résultent, rendent inévitables
la crise et la dépression. Il insistait surtout sur l’évolution du niveau des prix, qui avait
pour cause première les actions du système monétaire financier et de crédit.
Volatilité de la masse monétaire. La variabilité de régit par le recours au crédit, qui se
développe rapidement au XIXe constitue le principal mobile des fluctuations.
L’expansion du crédit s’opère selon un schéma cyclique. En période d’expansion, il se
développe plus vite que l’activité économique. L’émission monétaire dès cette époque
s’effectue par l’escompte d’effets commerciaux, eux-mêmes escomptés auprès de la
Banque Centrale. La Banque Centrale voit son portefeuille d’effets détenus gonfler de
manière disproportionnée par rapport à ses réserves d’or et est obligé de freiner le
mouvement. Ce qui met en difficulté les agents qui comptent sur le crédit pour assurer
leur échéance. Les banques elles-mêmes sont affectées par l’insolvabilité de ces clients
et la pyramide du crédit s’effondre comme elle avait été élevée. D’où il s’opère un
assainissement financier qui est la condition d’une reprise de l’expansion.

Cycle Kitchin
Un cycle Kitchin est un cycle économique (période d’une durée déterminée qui
correspond plus ou moins exactement au retour d’un même phénomène) de l’ordre de 3
à 4 ans. Découvert en 1923, ce cycle est considéré comme le cycle mineur, il ne connaît
pas de crises mais une détérioration du phénomène d’expansion perçu dans le cycle
Juglar. On considère, par simplification, qu’il y a deux cycles Kitchin dans un cycle
Juglar. Joseph Kitchin a déduit ces cycles courts d’une étude de la fluctuation des prix de
gros entre 1890 et 1922 aux États-Unis.

2.2. Les cycles longs


Un cycle de longue durée ou cycle de Kondratiev, est un cycle économique de l’ordre de
40 à 60 ans. Il est mis en évidence dès 1926 par l’économiste Nikolaï Kondratiev dans
son ouvrage "Les vagues longues de la conjoncture". Il présente deux phases distinctes :
une phase ascendante et une phase descendante. D’après les analyses de Nikolaï
Kondratiev on peut distinguer :

Longues périodes d’expansion Longues périodes de déclin

1790 à 1810 (1817) 1810 (1817) à 1844 (1851)

1844 (1851) à 1870 (1875) 1870 (1875) à 1890 (1896)

1891 (1896) à 1914 (1920) 1914 (1920) à 1940 (1945)


Selon Nikolaï Kondratiev, la phase ascendante du cycle s’accompagne progressivement
d’un excès d’investissement réalisé par les entreprises pour faire face à la concurrence.
L’entrepreneur répercute ses coûts de production sur les prix de vente provocant une
hausse des prix. La demande croissante de monnaie dans l’économie entraine, elle, une
hausse des taux d’intérêt. La crise nait de la surproduction et il s’ensuit donc un déclin de
44
Introduction aux fluctuations
l’activité économique durant laquelle les prix baissent ainsi que les taux d’intérêts, ce qui
permet une purge du système et prépare le terrain pour une nouvelle phase de croissance.
Peu satisfait par cette explication, Joseph Schumpeter propose une autre théorie pour
expliquer l’alternance des phases d’expansion et de récession. Il développe une
explication économique, sociologique et institutionnelle du fonctionnement du
capitalisme. La dynamique du modèle résiderait dans l’innovation. La dynamique n’est
pas stable mais cyclique. L’innovation, c’est la mise au point théorique tandis que
l’invention, c’est l’application pratique des découvertes (Mise au point d’un nouveau
produit, mise au point d’un nouveau procédé, découverte de nouveaux marchés, nouvelle
source de matières premières, nouvelle forme d’organisation). L’innovateur est un
entrepreneur qui brise la routine, il sort du circuit classique et il va générer la croissance
mais aussi le cycle. En l’absence d’innovateur, l’économie se reproduit à l’identique selon
une forme de circuit. Schumpeter fait le lien entre le cycle long et les évolutions
technologiques majeures. Ainsi les phases longues d’expansion seraient permises par les
innovations d’entrepreneurs capitalistes à la recherche de rentes de monopoles. Celles-ci
permettent une augmentation de la productivité au fur et à mesure qu’elles se diffusent.
Puis les effets de ces innovations s’épuisent alors qu’elles deviennent obsolètes, pour que
l’expansion revienne enfin avec de nouvelles innovations.

2.3. Histoire économique et cycles


De 1820 à 1870, la période Jevonienne : la périodicité est de 10 années. Les crises ont
une origine financière : pendant la phase d’expansion, le recours (excessif) au crédit
provoque une hausse des prix et, quand la demande d’or devient trop forte, une hausse du
taux d’intérêt. S’ensuivent des faillites et du chômage. La crise porte en elle les germes
d’une reprise en provoquant un assainissement financier de l’économie.
De 1870 à 1914, une période de cycles faibles : le cycle régulier de la période précédente
disparaît presque complètement. Ils sont amortis d’abord parce que le frein monétaire
serait appliqué plus tôt au cours de cette période. Mais, de l’avis de Hicks, cette
explication est incomplète et certaines causes réelles des cycles seraient également moins
présentes au cours de cette période (chemin de fer, progrès technique, innovation).
De 1914 à 1939, une période inclassable : de 1920 à 1929, la reconstruction assoit une
croissance forte ; de 1929 à 1934 se produisent une succession de crises. La crise de 1929
s’apparente à une crise de la période Jevonienne (mais d’une ampleur sans précédent) car
elle peut être reliée à des restrictions importantes et générales des autorités monétaires
américaines. Mais, contrairement à la crise de cette période, il n’y a plus de mécanisme
endogène de retour à l’équilibre.
De 1945 à 1973, les trente glorieuses : les fluctuations sont très atténuées. L’économie
évolue durablement sur un sentier de croissance équilibré de plein emploi. Les
fluctuations restent faibles, car :
Flexibilité de l’étalon dollar : le SMI oblige à maintenir un plafond monétaire, dicté par
la balance des paiements. Mais celui-ci est relativement souple et le recours aux
dévaluations n’introduit pas d’à-coups dans les évolutions macroéconomiques ;
45
Introduction à la macroéconomie
Les investissements induits (c’est-à-dire fonction de la conjoncture) sont restés très
stables. Selon Hicks, pendant cette période, les investissements induits sont moins fondés
sur l’état courant des affaires (source d’instabilité), que sur un ensemble d’informations
et de prévisions fourni par des instituts de conjoncture (notamment, la planification
indicative française) ;
Les cycles politico-économiques : le rôle de l’Etat est grandissant. Au cours de cette
période, les retournements de tendances sont souvent le reflet de modifications des
politiques économiques ; les variables clés sont la balance des paiements, le chômage et
l’inflation ; les revirements coïncident souvent avec les échéances électorales.

Période Innovations Pays dominant

1790-1847 Machine à vapeur et métier à GrandeBretagne,


tisser France

1848-1896 Charbon, acier et chemin de Grande Bretagne,


fer Allemagne, USA

1897-1940 Electricité, chimie, moteur à USA


explosion

1945-1995 Transport, bien de USA, Europe, Japon


consommation durable,
nucléaire

1995-... 2010 TIC, Biotechnologie USA, Europe, Asie


?

Selon les cas on peut identifier dans un cycle Kondratiev, cinq (5) à six (6) cycles Juglar
et dix (10) à dix-huit (18) cycles Kitchin (à raison de deux (2) à trois (3) cycles Kitchin
par cycle Juglar).

3. Explications des fluctuations

Conclusion
46
Introduction aux fluctuations

PARTIE II.
COMPORTEMENTS ET MARCHES
47
Comportements et marchés
Chapitre 4.
LA MICRO POUR LA MACRO
Les fondements microéconomiques de la macroéconomie
Introduction

1. La consommation
1.1. Définition
La consommation est une composante de la demande globale, de même que
l’investissement, les dépenses publiques et les exportations nettes. Elle peut être
considérée comme la plus importante des composantes de la demande. La consommation
est un comportement propre aux ménages. Elle n’est pas à confondre avec la
consommation intermédiaire d’une entreprise qui, elle, est considérée en macroéconomie
comme un investissement. La consommation d’un produit aboutit à sa destruction
immédiate ou progressive et à la satisfaction d’un besoin du ménage.
La consommation est un ensemble de comportements propre
aux ménages qui consiste en la destruction d’un produit par son usage.
Contrairement à la production, elle entraine la disparition du produit
consommé.

L’épargne est la partie du produit qui n’est pas


immédiatement détruite dans le processus de consommation. Théorisée, elle
est considérée comme une fuite du circuit économique. Elle y est réinjectée
quand elle est placée.
Longtemps considérée comme une fonction du prix, la consommation des ménages verra
sa description s’améliorer au fil des années, et ce, depuis la nouvelle approche proposée
par Keynes. Ce dernier décrit le comportement de consommation, à travers sa “loi
48
La micro pour la macro
psychologique fondamentale”, comme une fonction du revenu courant. Partant de cela,
d’autres auteurs, pour ou contre Keynes, tenteront de décrire au mieux le comportement
de consommation. Nous exposerons ici les modèles les plus pertinents pour comprendre
ce comportement.
Encadré 3 : La consommation selon le Conseil national de la statistique du BF
Biens et services de consommation acquis par les ménages, par leurs dépenses ou grâce aux transferts sociaux
en nature reçus des administrations publiques ou des institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBL-
SM).
La valeur de la consommation finale effective des ménages est donnée par la somme de trois composantes : (a)
la valeur des dépenses des ménages en biens et en services de consommation, y compris des dépenses en biens
et en services non marchands vendus à des prix économiquement non significatifs ; (b) la valeur des dépenses
supportées par les administrations publiques en biens ou en services de consommation individuels, fournis aux
ménages en tant que transferts sociaux en nature ; (c) la valeur des dépenses supportées par les ISBL-SM en
biens ou en services de consommation individuels, fournis aux ménages en tant que transferts sociaux en nature.
Source : Conseil national de la statistique, © 2013 http://www.cns.bf/spip.php?id_article=209&page=theme-
article le 25/04/2015 à 15h52

1.2. Le revenu courant dans la fonction de consommation

1.2.1. La première formulation


Enoncée par Keynes dans sa théorie générale, la loi psychologique fondamentale décrit
la consommation comme une part décroissante du revenu courant. En effet, pour lui,
« […] en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent à accroître leur
consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que
l’accroissement du revenu. »
En d’autres termes, si le revenu d’un individu augmentait d’une unité, pour diverses
raisons, il n’utiliserait qu’une partie de ce nouveau revenu dans la consommation et
épargnerait le reste. La consommation née de ce nouveau revenu est la propension
marginale à consommer (PmC).
La propension marginale à consommer est la variation de la
consommation induite par une variation unitaire du revenu nominal
disponible, toutes choses restant inchangées. Mathématiquement, elle est le
rapport entre la variation de la consommation et celle du revenu.
C
PmC 
R
La propension moyenne à consommer, quant à elle, est la
part de revenu nominal disponible utilisée pour la consommation.
Mathématiquement, la propension moyenne à consommer (PMC) est le rapport entre la
consommation totale et le revenu nominal disponible :
C
PMC 
R
Exemple : Supposons qu’un étudiant burkinabè ayant un revenu de 45000, en dépense
36000. Après augmentation, il dépense maintenant 45000 francs sur 60000 francs de
revenu. Sa propension marginale à consommer est :
49
Comportements et marchés
60000  45000
PmC   0,60
45000  36000
Tandis que sa propension moyenne à consommer est :
60000
PMC   0,75
45000
Telle qu’énoncée, la loi psychologique se prête à trois interprétations ou formulations
mathématiques :
✓ D’abord, une fonction linéaire, où, C  c.R la propension marginale à
consommer, c, est constante et égale à la propension moyenne à
consommer ;
✓ Ensuite, une fonction affine C  C0  c.R où C0 représente la
consommation incompressible. Ici, la propension marginale à consommer
est constante et la propension moyenne à consommer décroissante ;
✓ Enfin, une fonction concave qui aura la particularité d’avoir les deux
propensions décroissantes avec le niveau de revenu.
Graphiquement, ces interprétations donneront :

Fonction de consommation Fonction de consommation Fonction de consommation


linéaire affine concave

C C C

R R R

Selon l’interprétation faite de la loi psychologique, on déduit les trois représentations graphiques ci-dessus. La
fonction concave semble mieux convenir car sa pente (la PmC) est décroissante

Graphique 4-1 : La fonction de consommation selon la loi psychologique fondamentale

Une lecture approfondie de la théorie générale nous permet d’affirmer que la forme
fonctionnelle concave traduirait le mieux la pensée de Keynes. Cependant, et par souci
de simplifier l’analyse, la fonction de consommation affine sera la plus utilisée.
Par ailleurs, Keynes considère l’épargne comme le résidu de la consommation. Pour lui,
en effet, les gens « ont tendance à épargner la différence qui apparaît entre leurs revenus
effectifs et la dépense correspondant à leur train de vie habituel […] en général une
proportion de plus en plus importante du revenu est épargnée à mesure que le revenu réel
croît. »
La propension marginale à épargner est la variation de
l’épargne due à une variation unitaire du revenu. Elle est le complément à
50
La micro pour la macro
l’unité de la propension marginale à consommer
PmS  1  PmC
Elle est, par définition, le complément à l’unité de la propension marginale à consommer.
En d’autres termes, comme démontré ci-dessous, la somme des propensions marginales
à consommer et à épargner est égale à l’unité. Il sera de même pour les propensions
moyennes à consommer et à épargner.
RCS
D’où PmS  S R  (R  C) R
Puis PmS  (R  C) R
Et PmS  R R  C R
Enfin PmS  1  PmC
La forme fonctionnelle du comportement d’épargne dépendra alors de celle choisie pour
la consommation. On aura alors une fonction linéaire ( S  (1  c).R ), une fonction affine
( S  C0  (1  c).R ) ou une fonction convexe.

Fonction d’épargne linéaire Fonction d’épargne affine Fonction d’épargne concave

C
C
C

S
S
S

R SR R SR R

Graphique 4-2 : l’épargne selon la loi psychologique fondamentale

Dans les dernières représentations graphiques, on peut remarquer une désépargne avant
le niveau SR de revenu appelé seuil de rupture. Cette désépargne peut être considérée,
pour l’individu, comme un emprunt ou une consommation sur un patrimoine constitué
dans le passé, mais, à l’échelle de la nation, elle sera plutôt un emprunt à l’étranger ou
une vente de devises.
Encadré 4 : La loi psychologique fondamentale
Étant donc admis que la propension à consommer est une fonction assez stable, que l’influence de ses variations
propres peut être considérée comme secondaire, et que par conséquent le montant de la consommation globale
dépend essentiellement du montant du revenu global (les deux quantités étant mesurées en unités de salaire),
quelle est la forme normale de cette fonction ?
La loi Psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité, à la fois a priori
en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des renseignements détaillés de
l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent à accroître leur consommation à
mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. En d’autres
termes, CS étant le montant de la consommation et RS celui du revenu (mesurés tous deux en unités de salaires),
∆CS est de même signe que ∆RS, mais d’une grandeur moindre, i. e.
51
Comportements et marchés
dD S
d R S est positif et inférieur à l’unité.
[….] Le train de vie des individus a généralement la priorité dans l’emploi de leurs revenus et ils ont tendance
à épargner la différence qui apparaît entre leurs revenus effectifs et la dépense correspondant à leur train de vie
habituel ; ou bien, s’ils ajustent leurs dépenses aux variations de leurs revenus, ils ne peuvent le faire
qu’imparfaitement dans l’espace de courtes périodes. […]
[…] l’élévation absolue du montant du revenu contribue, en règle générale, à élargir l’écart entre le revenu et
la consommation. Car les motifs des individus à satisfaire leurs principaux besoins actuels, personnels et
familiaux, sont normalement plus puissants que leurs motifs à épargner, lesquels n’acquièrent une force réelle
qu’au moment où un certain niveau de confort est atteint. Ces raisons font qu’en général une proportion de plus
en plus importante du revenu est épargnée à mesure que le revenu réel croît. »
J. M. Keynes (1936), Livre III, chapitre VIII, III2

Le développement des systèmes de comptabilité nationale dans l’après-guerre à favoriser


l’accumulation de données et donc la constitution de bases de données statistiques sur de
nombreuses variables tels le revenu national, la consommation des ménages et autres. Sur
la base de ces données, les économistes tenteront de vérifier la validité de la fonction de
consommation keynésienne.
Contrairement à ce que pensaient de nombreux économistes, l’après-guerre fut une
période de croissance économique. Des études sur coupes transversales et séries
chronologiques furent menées et aboutissent pratiquement aux mêmes conclusions : la
fonction de consommation keynésienne est valide à court terme.
Par ailleurs, Kuznets retiendra qu’à long terme, la propension moyenne est stable de
décennie en décennie et n’est pas corrélée avec le revenu. Il notera en plus que la fonction
de consommation ne tient pas compte des catégories de ménages ayant des revenus
aléatoires et du cycle de vie de l’individu. La nécessité de la reformuler s’imposait alors
aux économistes d’après Keynes tels J. Duesemberry, T. I. W. Brown, F. Modigliani, I.
Fisher et M. Friedman.
Encadré 5 : La théorie face aux données
Confirmation dans les données en coupes instantanées : à un instant donné, on observe les niveaux de
consommation des ménages classés par niveaux de revenus. Les ménages à revenus élevés consomment une
part de leur revenu inférieure à celle des ménages à revenus moindres => relation négative entre PMC et revenu.
Confirmation dans les séries temporelles à court terme : exemple de la France de 1965 à 1974 : Ct = 0.82Yt +
12.58. c=0.82<1 ; c<PMC et PMC diminue quand Y augmente. Idem pour la France de 1985 à 1995 : Ct =
0.78Yt + 216 352. Cf. graphique de la France de 1970 à 1994. Ou encore pour la France en 1993 : PMC = 0.86
; c = 0.76.
Infirmation dans les séries temporelles à long terme : l’étude de KUZNETS en 1946 sur la période 1869-1938
aux USA montre que la part de la consommation dans le revenu est remarquablement stable, en dépit de la
hausse des revenus sur la période étudiée. C = 0.86Y => la propension à consommer ne baisse pas quand le
revenu augmente.
Source : http//:www.hermet.org/pages/textes/consommation_et_epargne.doc

1.2.2. Le revenu relatif


Pour Duesemberry, les biens sont consommés3 plus pour leur valeur symbolique que pour
eux-mêmes. Il parle d’effet d’imitation ou de démonstration. Il lève, en fait, l’hypothèse

2J. M. Keynes(1936), Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Traduit de l’Anglais par
Jean- de Largentaye (1942), Numérisé par Jean-Marie Tremblay dans le cadre de la collection : "Les
classiques des sciences sociales"
3
kmlklùù
52
La micro pour la macro
implicite d’indépendance de la consommation de l’individu à celle des autres : les
ménages déterminent leur consommation en imitant le mode de vie de la couche sociale
qui est immédiatement supérieure à la sienne. En d’autres termes, tout individu, quelle
que soit sa catégorie sociale, cherche à acquérir les biens distinctifs de la catégorie sociale
qui lui est immédiatement supérieure.
Effet d’imitation ou de démonstration : c’est une
modification de comportement (d’un individu) dans le but d’imiter (un autre
individu ou un groupe de classe supérieure à lui) ou de paraitre (comme ce
dernier).
Ainsi, la consommation serait influencée d’une part par le revenu du ménage et d’autre
part par son revenu relatif qui est la différence entre le revenu moyen de la société et son
revenu. Sous l’hypothèse du revenu relatif, l’agent consomme au-delà de son revenu si
celui-ci est inférieur à la moyenne et en deçà si celui-ci est supérieur à la moyenne. La
fonction de consommation s’écrit alors :
Ci  a.Ri  b.( R  Ri )
Où Ci et Ri représentent respectivement la consommation et le revenu de l’individu i et
R le revenu moyen au sein de la société.
En réécrivant cette équation, on aura : Ci  (a  b).Ri  b.R

Ainsi, la propension marginale à consommer de chaque ménage est a-b et est inférieure à
la propension moyenne qui est PMCi  a  b  b. R Ri . Ceci ne serait valable qu’à court
terme, car à long terme la consommation et le revenu sont lissés sur leur moyenne. Au
niveau agrégé, c’est-à-dire en faisant la somme des fonctions de consommation de tous
les individus, cette équation devient C  a.R . Les propensions marginale et moyenne de
long terme sont identiques.

C i  (a  b). Ri  b. R
1 1
N.
N
 Ci  (a  b).N .  Ri  b. R
N
N .C  (a  b).N .R  b.N .R
C  a.R

1.2.3. Inertie de la consommation : effet de cliquet


L’effet de cliquet définit le caractère irréversible de l’évolution d’une variable. Keynes
avait déjà fait la remarque sur l’hystérésis dans l’ajustement de la consommation aux
variations de revenu. Cette rémanence serait surement due au caractère incompressible,
ou du moins à court terme, de certaines consommations. Duesemberry, pour traduire cette
inertie des comportements de consommation, va proposer une fonction de consommation
dépendante à la fois du revenu courant du ménage et du revenu le plus élevé qu’il aurait
atteint par le passé.
53
Comportements et marchés
L’effet de cliquet définit le caractère irréversible de
l’évolution d’une variable. Il est identifiable à hystérésis dans l’ajustement
de cette variable par rapport aux variations d’un de ses déterminants.
T. I. W. Brown, trouvant la forme fonctionnelle de son prédécesseur trop rigide, propose
une version plus souple. Il lie alors la consommation présente du ménage à son revenu
présent et sa consommation antérieure (celle de la période précédente). Ici, le passé du
ménage influence sa consommation présente de façon continue à travers sa
consommation antérieure.
Ct  aRt  bCt 1  c

La propension marginale de courte période est alors a.


En supposant que la consommation croît de façon constante, d’une période à l’autre, et
ce, d’un taux g, c’est-à-dire Ct  (1  g )Ct 1 , on aura

b
Ct  aRt  Ct  c
1 g
1 g  b
Ct  aRt  c
1 g
1 g 1 g
Ct  a. Rt  c.
1 g  b 1 g  b
1 g
La propension marginale de long terme sera alors a. a
1 g  b
La propension de long terme est plus élevée que celle de court terme, car, à long terme,
le poids des habitudes baisse.

1.3. Le revenu futur dans la fonction de consommation

1.3.1. Arbitrage entre présent et futur


À la suite de Duesemberry et Brown, Irving Fisher proposera à son tour, plus qu’une
reformulation, une théorie sur la consommation des ménages. Il élargit l’horizon
temporaire du ménage en prenant en compte le futur dans son analyse. En effet, pour lui,
l’épargne n’est plus, telle que Keynes l’avait définie, le détritus de la consommation, mais
le résultat d’un arbitrage entre consommation présente et consommation future. De ce
fait, le consommateur impliquera, dans son arbitrage, les revenus présent et futur.
Si on limite l’analyse à deux périodes, le présent et le futur, le consommateur disposera
d’un revenu présent (R0) et d’un revenu futur (R1) pour sa consommation présente (C0)
et future (C1). On suppose qu’il a la possibilité d’emprunter ou d’épargner à un taux r.
En d’autres termes, il peut décider d’emprunter à un taux d’emprunt r ou épargner au
même taux.
En supposant que le ménage épargne, il est alors contraint dans la première période
d’égaliser son revenu à sa consommation et son épargne R0  C0  S0 . Dans la seconde
54
La micro pour la macro
période, il pourra alors consommer la totalité de son revenu augmenté de l’épargne
C1  R1  (1  r ).S0
rémunérée .
Par ailleurs si l’on suppose qu’il emprunte, il égalisera, dans la première période, sa
consommation à son revenu augmenté de l’emprunt net C0  R0  1 (1  r ).S1 . Dans la
seconde période, il consommera l’intégralité de son revenu diminué de l’emprunt
C1  R1  S1

Dans les deux cas, en combinant les deux équations on aura ce que Fisher appelle la
contrainte budgétaire inter temporelle :
C0  C1 (1  r )  R0  R1 (1  r )

Démonstration
Partant de C1  R1  (1  r ).S0

Et de R0  C0  S0 donc S0  R0  C0

On aura C1  R1  (1  r ).( R0  C0 )

D’où C1  (1  r ).C0  R1  (1  r ).R0

On peut aussi partir de C0  R0  1 (1  r ).S1

Et de C1  R1  S1 donc S1  R1  C1

Pour avoir C0  R0  1 (1  r ).( R1  C1 )

D’où C0 C1 (1  r )  R0  R1 (1  r )

Ainsi en fonction de sa préférence pour l’une ou l’autre des périodes, représenté par sa
fonction utilité déterminée par ses consommations présente et future, le ménage choisira
un panier de consommation sur sa contrainte budgétaire intertemporelle. Graphiquement,
cela se traduira comme suit :
C1
Période 2

Préteur

R21
R
C
C12* Emprunteur
E

Préférence

R C
R10 CC01* Période 1 0
Doté au départ de R1 et de R2 le consommateur maximise son
utilité intertemporelle et choisit de consommer au point E.
Dans ce cas précis, cet agent est un emprunteur net

Graphique 4-3 : Choix intertemporel

Généralisée à plusieurs périodes, la théorie des choix intertemporels propose alors la


contrainte suivante :
55
Comportements et marchés
n n
Ci Ri
 (1  r )   (1  r )
i 0
i
i 0
i

Le ménage ne peut alors effectuer ses choix de consommation uniquement sur le revenu
courant. Milton Friedman (prix Nobel 1976) abondera dans le même sens en soulignant
l’importance des anticipations de revenu.

1.3.2. Anticipation et revenu permanent


Pour M. Friedman, le consommateur, s’il est prévoyant, ne tiendra pas seulement compte
de son revenu courant, mais aussi de ses anticipations de revenus futurs. En d’autres
termes, il tiendra compte de l’ensemble de ses revenus présent et futur. Il dissociera son
revenu en deux parts : une part jugée permanente donc, durable, et l’autre jugée transitoire
donc, temporaire ou ponctuelle.
Le revenu permanent peut être décrit comme une moyenne de
l’ensemble des revenus présent et futur d’un individu et de ses richesses,
prenant en compte toutes les évolutions espérées de ce revenu. C’est un flux
lissé de revenu fondé sur l’ensemble de ses revenus présent et futur et de ses
richesses. Milton Friedman le définit par rapport au revenu courant Ri,
n Rp n
Ri
 (1  r )   (1  r )
i 1
i
i 1
i
 W (r )
comme un revenu constant Rp tel que
Le revenu permanent peut donc être décrit comme un indicateur synthétique des revenus
futurs anticipés. Le revenu transitoire, quant à lui, est accidentel, imprévisible : gain à la
loterie, dons et autres. Le revenu courant, somme des revenus permanent et transitoire,
peut être inférieur au revenu permanent du fait d’un revenu transitoire négatif lié à une
mauvaise conjoncture.
Le revenu transitoire est un revenu accidentel, imprévisible
(gain à la loterie, don, perte et autre) qui vient en augmentation ou en
diminution du revenu permanent pour constituer le revenu courant.
Le ménage fondera principalement sa consommation sur son revenu permanent. Si son
revenu transitoire est positif, le ménage préfèrera l’épargner. Par contre si le revenu
transitoire est négatif, le ménage empruntera ou prélèvera dans son épargne
précédemment constituée. La seule relation stable est celle entre la consommation et le
revenu permanent.
Dans un cadre de concurrence pur, il le démontre en partant de la contrainte budgétaire
inter temporelle d’I. Fisher :
n n
Ci Ri
 (1  r )   (1  r )
i 1
i
i 1
i
 W (r )

Où W(r) est sa richesse c’est-à-dire la somme de ses revenus futurs anticipés et actualisés.
Les solutions optimales du programme du consommateur seraient sous la forme suivante :
C  f (r ,W (r )) . Friedman émettra alors des hypothèses restrictives afin de réduire la
forme fonctionnelle précédente. Il suppose pour la fonction d’utilité les propriétés de
56
La micro pour la macro
désirabilité, de monotonie et de convexité des préférences, conditions sine qua non pour
l’existence d’un optimum. En supposant en plus que la fonction d’utilité est homogène,
il peut alors écrire que C   (r ).W (r )
Par ailleurs, il définit le revenu permanent comme un revenu constant dans le temps dont
la somme des flux actualisés serait égale à la richesse de l’individu. D’où
n Rp
 (1  r )
i 1
i
 W (r )

Où Rp est le revenu permanent.


R p 1  1 (1  r ) n
On en déduit que .  W (r )
1  r 1  1 (1  r )

1  1 (1  r )n
D’où Rp .  W (r )
r
Si l’on considère un horizon temporel infini, l’égalité précédente devient :
Rp
 W (r )
r
En le remplaçant dans la fonction de consommation, on aura finalement la relation de
consommation suivante :
Rp
C   (r ).
r
Ou encore C   (r ).Rp

Le revenu courant ayant un caractère


fluctuant, il difficile pour le consommateur de
fonder ses dépenses sur lui. Il effectue un Revenu courant

lissage pour avoir un flux de revenu à Revenu transitoire


croissance constante dans le temps sur lequel
il fonde ses dépenses car il est plus stable. Le
revenu courant fluctue alors autour de ce
Revenu permanent
revenu permanent. Le revenu transitoire
serait alors l’écart entre revenu permanent et
revenu courant

Graphique 4-4 : Théorie du revenu permanent

L’idée selon laquelle le consommateur tient compte du futur dans ses choix de
consommation trouvera écho chez Franco Modigliani (prix Nobel 1985). Ce dernier lui
offre un cadre un global, créant ainsi la théorie du cycle de vie.

1.3.3. La théorie du cycle de vie


Modigliani ira dans le même sens que M. Friedman, mais beaucoup plus loin en
introduisant les facteurs démographiques tels que l’âge et la situation
socioprofessionnelle. Ainsi, au début de son existence l’individu est sans emploi donc,
57
Comportements et marchés
sans revenu. Son revenu apparaîtra dès son premier emploi et augmentera avec son
expérience. Dès la retraite, les revenus s’annulent à nouveau. Etant dans un cadre où le
consommateur est averti et peut anticiper ses futurs revenus, il en tiendrait compte dans
sa décision de consommation. Graphiquement, cette évolution sera représentée comme
suit :

Revenu

Temps

B1 B2

A B C D
Jeunesse Vie active Retraite
Graphique 4-5 : revenu, consommation et patrimoine selon la théorie du cycle de vie

Selon la théorie du cycle de vie, le ménage procèdera à un lissage temporel de sa


consommation. À chaque étape de sa vie, le consommateur procèdera à des transferts de
revenu afin d’assurer à sa consommation une évolution constante.
La jeunesse correspondra à une phase (A), celle de désépargne ou d’emprunt, où le
ménage sans revenu s’endette pour vivre. La vie active correspondra d’abord à une phase
(B)4 de désendettement où il commence à rembourser toutes ses dettes précédemment
contractées. Elle correspondra enfin à une phase d’accumulation (C) où, le revenu étant
supérieur à la consommation et les dettes nulles, il constitue son patrimoine à travers
l’épargne. La retraite correspond quant à elle à la phase (C) où le ménage, n’ayant plus
de revenu, consomme son patrimoine précédemment constitué.

4
Rigoureusement, la phase B est constituée de la phase B1 où, bien qu’ayant un revenu, le ménage s’endette
toujours, car son revenu est inférieur à sa consommation, mais la dette contractée se réduit avec
l’accroissement du revenu. Il ne s’arrêtera que lorsque son revenu sera égal à sa consommation. Au-delà,
commence la phase B2 où il ne contracte plus de dette, mais continue de rembourser ses dettes
58
La micro pour la macro
2. La fonction d’investissement
2.1. Définition et typologie
L’investissement est une destruction productive. Cette
destruction peut être entière ou partielle, progressive ou spontanée. Il
consiste dans la fixation de produit ou actif en vue d’une utilisation répétée
ou non dans un processus production.

La décision d’investissement est le résultat d’un arbitrage


intertemporel entre consommation présente et future et l’investissement un
détour de production. Une part de la production d’aujourd’hui est réservée
pour permettre de produire demain au moins autant qu’aujourd’hui.
L’investissement est l’acquisition de biens de production. C’est une dépense visant à
ajouter du capital au stock de capital déjà existant (éventuellement). Cette définition, qui
se veut complète peut s’interpréter sous deux angles : microéconomique et
macroéconomique. Du point de vue microéconomique (dans la comptabilité de
l’entreprise), il s’agit de l’acquisition d’actifs (financier, corporel ou incorporel) en vue
d’assurer la production de biens et services. On distinguera :
✓ L’investissement matériel : il concerne l’acquisition d’actifs corporels
tels ; des terrains, des bâtiments, des machines, des outillages
✓ L’investissement immatériel : il concerne l’acquisition d’actifs
incorporels tels ; brevets, licences, marques, fonds de commerce
✓ L’investissement financier : il concerne l’acquisition d’actifs financiers
tels ; achat d’action et autres titres financier.
D'un point de vue macroéconomique, c.-à-d. dans la comptabilité nationale, la notion
d’investissement renvoie à celle de formation brute de capital fixe qui est la valeur totale
des actifs fixes acquis par les producteurs résidents d’une économie.
La formation brute de capital fixe est avant tout, une
formation de capital fixe, mais elle comprend aussi la fixation ou
l’accumulation de capital circulant appelé, dans la comptabilité nationale,
variation de stock. Elle est aussi une formation brute de capital, car elle
mesure le flux de nouveau bien de production venant s’ajouter au stock de
capital existant sans tenir compte des flux sortants (amortissements).

Un actif fixe est l’extrant d’un processus de production ou


d’autoproduction utilisé, de façon répétée ou continue pendant au moins un
an, dans d’autres processus de production.
Les actifs fixes sont les extrants d’un processus de production ou d’autoproduction
utilisés, de façon répétée ou continue pendant au moins un an, dans d’autres processus de
production. La formation brute de capital fixe se compose alors :
59
Comportements et marchés
✓ D’investissements matériels : bâtiments, machines, matériels de transport,
logements, routes, ponts, etc., y compris les biens durables des armées s’ils
peuvent avoir un usage civil) (investissements de remplacement, de
capacité ou de productivité)
✓ Et d’investissements immatériels : acquisitions de logiciels, dépenses de
prospection pétrolière et minière, acquisitions d’œuvres récréatives,
littéraires ou artistiques originales, y compris audiovisuelles
Par ailleurs, la formation brute de capital fixe est, avant tout, une formation de capital
fixe, mais elle comprend aussi la fixation ou l’accumulation de capital circulant appelé,
dans la comptabilité nationale, variation de stock. Elle est aussi une formation brute de
capital, car elle mesure le flux de nouveau bien de production venant s’ajouter au stock
de capital existant sans tenir compte des flux sortants (amortissements).
L’étude de la fonction d’investissement revêt alors une importance non négligeable
comme le témoigne la controverse, toujours d’actualité, au sein de la discipline. Quels
sont les principaux déterminants de l’investissement ? Peut-on, par quelques politiques,
influencer de façon soutenue le niveau d’investissement ? Bien qu’il existe des
polémiques autour de ces questions, nous tenterons dans ce cours de faire l’état du débat
économique.
Typologie de l’investissement

(A venir)
2.2. Une fonction des débouchés
Les théories du comportement d’investissement fondées sur la demande effective sont
plus connues depuis la théorie générale de Keynes. Elles seront vulgarisées, par la suite,
à travers les modèles de l’accélérateur simple et de l’accélérateur flexible.
Le principe d’accélérateur apparaît pour la première fois dans les travaux de John Maurice
Clark (1884-1962) et fut vulgarisé par l’économiste français Albert Aftalion (1874-1956).
Ces auteurs qui expliquent les fluctuations de court terme de l’économie par la relation
entre demande et investissement. Il sera ensuite repris par Keynes dans sa théorie générale
pour justifier les politiques de relance budgétaires. Il introduira en plus la notion
d’anticipation pour expliquer le fonctionnement de l’accélérateur. Pour lui, si les
capacités de production sont saturées, les entrepreneurs n’investissent que s’ils ont prévu
une hausse de la demande.

2.2.1. L’accélérateur simple


Le principe d’accélérateur : l’investissement est une fonction
croissante de la hausse anticipée de la demande. En d’autres termes, si les
capacités de production sont saturées, les entrepreneurs n’investissent que
s’ils ont prévu une hausse de la demande.
60
La micro pour la macro
Version simplifiée du principe d’accélérateur : une variation
de la demande finale entraine une variation plus importante de la demande
de biens d’investissement.
L’investissement étant la variation de la capacité de production (le capital), on peut écrire
que I t  Kt 1  Kt : l’investissement effectué durant la période courante (t) est égal à la
différence entre le stock futur de capital et le stock actuel. Le principe de l’accélérateur
veut que le volume de l’investissement à l’instant t soit proportionnel à la variation de la
demande à cet instant. Si Yt est le revenu national alors la variation de la demande en t
serait Yt  Yt t et le niveau d’investissement :

It  k.(Yt  Yt t ) où k est le coefficient du capital supposé constant.

L’investissement étant constitué d’un investissement de remplacement et d’un


investissement net, I  I r  I n l’effet accélérateur ne concernera que ce dernier :
It  k.(Yt  Yt t )  Itr
Si l’on considère en plus que l’investissement de remplacement est proportionnel à
l’investissement (à un taux constant), on aura finalement :
It  k.(Yt  Yt t )   .Kt

On voit ainsi que les variations de la demande sont le principal déterminant de


l’investissement et, par-là, de l’évolution du capital futur : c’est le principe de
l’accélérateur simple,
Car It  Kt 1  Kt  k.(Yt  Yt t )   .Kt

Et Kt 1  k.(Yt  Yt t )  (1   ).Kt

Péride1 Péride2 Péride3 Péride4


Graphique 4-6 : Accélérateur simple et fluctuations de la demande

Le principe de l’accélérateur simple veut que l’investissement (les entrepreneurs) réagisse


mécaniquement aux variations de la demande finale. Ainsi, dans une première période,
une phase de croissance, l’investissement est positif et croissant, car la demande croît très
vite, les variations sont donc élevées. Dans une seconde période, ensuite, la demande
finale croît, mais moins vite que précédemment, l’investissement reste positif, mais
décroissant dans le temps. Quand la demande finale atteint son maximum,
61
Comportements et marchés
l’investissement, lui, sera à zéro et quand la demande finale sera décroissante dans la
troisième période, l’investissement reste décroissant, mais il est maintenant négatif. Dans
la quatrième période, enfin, la demande décroit toujours, mais vite (on tend vers une
reprise) et, de ce fait, l’investissement commence à croitre, mais reste négatif. En réalité,
les niveaux négatifs d’investissement ou désinvestissement perçus dans les périodes 3 et
4 seront plutôt assimilés à une constitution de stocks de capital oisif.
La principale critique adressée à ce modèle est qu’il ne tient pas comme des anticipations
et des retards d’ajustement. En prenant en compte des anticipations des agents et des
retards d’ajustement et partant de l’accélérateur simple on construit l’accélérateur
flexible.
Encadré 6 : L’accélérateur simple
L’anticipation de la demande formulée par les entrepreneurs joue certainement un rôle fondamental dans la
détermination de l’investissement (Muet, 1979). En période de conjoncture morose, il est raisonnable de penser
que les entreprises adoptent une stratégie d’investissement prudente, se contentant de limiter leurs dépenses
aux investissements de renouvellement. On retrouve la situation du début des années 90 où, face à une demande
moins forte qu’auparavant, l’investissement amplifie le mouvement de la valeur ajoutée. Les perspectives
insuffisantes de débouchés sur le marché domestique, ou à l’étranger pour les firmes exportatrices, ont donc
vraisemblablement contribué à ralentir l’effort d’investissement au début des années 90. De même en période
de croissance soutenue, il est intéressant d’accroitre les capacités productives afin de bénéficier de la hausse de
la demande. Le dynamisme de l’investissement manufacturier dans les années 1988 à 1990 est à rapprocher de
celui de la valeur ajoutée manufacturière pendant la même période.
Ce mouvement conjoint de l’investissement et de la valeur ajoutée décrit, dans sa version la plus simple, le
principe de l’accélérateur (Artus et Morin, 1991) : l’investissement est proportionnel à l’amélioration de la
demande et augmente par conséquent avec l’accélération de celle-ci. Cela se traduit par la stabilité du
coefficient de capital, un des faits stylisés énoncés par Kaldor : log (K*/VA) = cte.
La demande de capital (K) ne dépend que des débouchés anticipés (VA). Un indicateur de tensions sur les
capacités de production peut également être introduit pour prendre en compte la dynamique de court terme.
Une entreprise qui se rapproche de la pleine utilisation de ses équipements est en effet incitée à accroitre sa
demande de capital.
Source : Herbet, J.-B. (2001). "Peut-on expliquer l'investissement à partir de ses déterminants traditionnels au
cours de la décennie 90?" Economie et statistique 341(1): 85-106.

2.2.2. L’accélérateur flexible


Ici, pour constituer son stock de capital, l’entrepreneur, sur la base de son expérience,
tiendra compte, non seulement, du niveau actuel du revenu national, mais aussi de son
histoire. Ainsi, le stock présent de capital est une proportion α de la moyenne pondérée
des valeurs passées du revenu national. La pondération choisie est géométriquement
décroissante afin que les anciennes valeurs aient moins d’impact que les nouvelles.

  .Y i 1
n
Yt 1  Yt 2    n1Yt n
avec 0    1 et  n 
t i
Kt  . i 1
 . 0
 
n 
n i 1 1     n 1
i 1

1   n1 1
 i 0  i  1     n  (1   )
n
Or,
1  1 

Kt   .(1   )i 1  i 1.Yt i   .(1   ).(Yt 1  Yt 2    n1Yt n )


n
D’où

Kt 1   .(1   )i 0  i .Yt i


n
Par ailleurs,

Kt 1   .(1   ).(Yt  i 1  i .Yt i )


n
Ou encore
62
La micro pour la macro
Kt 1   .(1   ).(Yt   i 1  i 1.Yt i )   .(1   ).Yt  . .(1   ).i 1  i 1.Yt i
n n
Et

Enfin Kt 1   .(1   ).Yt   Kt

Pour simplifier l’analyse, nous assimilerons l’investissement à l’investissement net,


supposant ainsi que l’investissement de remplacement n’existe pas : I t  Kt 1  Kt

It   .(1   ).Yt  (1   ) Kt

C’est l’une des formulations de l’accélérateur flexible qui est identique au modèle
d’ajustement de stock développé par Goodwin et Cheneri qui suppose que
l’investissement net est censé combler, de façon progressive, l’écart entre le stock désiré
de capital et le stock actuel.
Sous un autre point de vue, on peut considérer l’investissement comme égal à la variation
du revenu anticipé : It   .(Yt a1  Yt a ) . Suivant la règle des anticipations adaptatives le
revenu anticipé de la période à venir est une moyenne pondérée du revenu effectif de la
période actuelle et du revenu anticipé lors de la période précédente :
Yt a1  .Yt  (1   ).Yt a

En procèdent par récurrence, on a alors la formule suivante :


Yt a  . (1   )i 1Yt i

Ainsi, Yt a1  Yt a  . (1   )i .(Yt i  Yt i 1 )  . (1   )i .Yt i

Et It   .. (1   )i .Yt i   ..Yt   .. (1   )i .Yt 1i

Or, It 1   .. (1   )i 1.Yt 1i

D’où It   ..Yt  (1   ). .. (1   )i 1.Yt 1i   ..Yt  (1   ).It 1

On trouve alors la seconde formulation de l’accélérateur flexible qui est rigoureusement


identique, à une transformation près, à la première : It   ..Yt  (1   ).It 1 .

Le principe d’accélérateur ne marche que sous quelques hypothèses. Elles sont la


principale cible des critiques du modèle.
La première est l’impossibilité d’accroitre la production autrement que par augmentation
de capital ; il est pourtant possible, par des gains de productivité, par une rationalisation
ou par une innovation organisationnelle, d’augmenter la production sans augmenter le
stock de capital ;
La deuxième est que la hausse anticipée de la demande doit être estimée durable sinon les
entreprises ne prendraient pas le risque d’investir pour une augmentation passagère ;
Enfin, la troisième voudrait que toutes les capacités de production de l’économie soient
employées, sinon, il suffirait, pour accroitre la production et répondre à la hausse
anticipée, d’employer des ressources inemployées jusqu’alors. Ainsi, l’accélérateur ne
joue que lorsque toutes les capacités de l’économie se trouvent employées.
63
Comportements et marchés
2.3. Une fonction du taux d’intérêt

2.3.1. Le coût du capital


On étudie ici l’impact des variations des coûts des facteurs sur leur demande, adressée
exclusivement par les entreprises. Le coût de l’investissement étant déterminé sur le
marché des capitaux, la demande de l’entreprise portera sur le stock de capital plutôt que
sur le flux d’investissement.
Dans un environnement concurrentiel, le problème de l’entreprise se résume en la
maximisation de son profit sous contrainte de sa technologie de production (fonction de
production).
Max     P.Q  (r.K  wL)
Q  f  K , L

Par la résolution de ce programme, la firme déduit la fonction de demande de capital qui


r w 
est une fonction décroissante du taux d’intérêt réel K  K  , , Q  .
P P 

2.3.2. Valeur actuelle nette


On considère ici que l’investissement résulte de la comparaison entre coûts
d’investissement et gains anticipés. L’entreprise considère comme coûts de
l’investissement, toutes dépenses liées à la mise en place de ce dernier. On distinguera
alors le coût physique (prix du bien à immobiliser) du coût financier (coût d’emprunt du
capital ou coût d’opportunité de l’utilisation d’un capital disponible). Quant aux gains ou
rendements anticipés, ils concernent l’anticipation des revenus que générerait
l’investissement en question dans le futur. Il apparaît alors évident que la décision
d’investissement résulte d’un choix intertemporel de l’entreprise : Coûts d’investissement
présents et rendements futurs. Afin de parer à la difficulté liée à la comparaison entre
valeurs présentes et futures, on introduit alors la notion d’actualisation qui permettra de
calculer la valeur actuelle nette de l’investissement.
Exemple : Supposons que nous placions 1000 XOF dans un compte d’épargne au taux de
5%. Au bout d’une année, ce compte contiendra 1050 XOF. Deux ans après il y’aura dans
ce compte 1102,50 XOF. Ce montant, immobilisé, vaudra au bout de dix ans la somme
de 1628,89 XOF. Ce calcul, que nous effectuons très souvent, est une capitalisation au
taux d’intérêt de 5%.
Pour ce qui est de l’actualisation, son fonctionnement est l’inverse de celui de la
capitalisation. Si nous attendons à recevoir 1000 XOF dans dix ans, on pourrait, par une
entente avec le banquier, obtenir aujourd’hui une somme moindre, mais jugée
équivalente. Cette somme serait la valeur actuelle de celle que nous attendons dans une
dizaine d’années. A l’inverse de la capitalisation, nous utiliserons un taux d’escompte de
5%. En d’autres termes, il s’agit de savoir quel est le montant qui, capitalisé au taux
d’intérêt de 5%, donnerait au bout de dix ans la somme de 1000 XOF. La valeur actualisée
des 1000 XOF serait alors 613,91 XOF.
64
La micro pour la macro
Taux d’intérêt i Taux d’intérêt 5%
0 1000 1000
1 1000.(1+i) 1000.1,05=1050
2
2 1000.(1+i).(1+i)=1000.(1+i) 1000.1,05.1,05=1000.1,052=1102,5
… …
10 10
10 1000.(1+i) 1000.1,05 =1628,89
… …
n 1000.(1+i)n 1000.1,05n

La valeur actuelle nette (VAN) d’un investissement est la


somme des flux nets actualisés de revenus créés par cet investissement.
Si {Ct}0<t<T est l’ensemble des coûts d’investissement durant la durée de vie de
l’investissement (il s’agira du coût initial et des coûts d’entretiens annuels), {Rt}0<t<T
l’ensemble des flux de revenu sur la même période et i le taux d’escompte du capital
alors :
T
Rt  Ct
VAN  
0 (1  i)t
Si, en fin de vie, l’investissement possède une valeur résiduelle cessible (VR),
T
Rt  Ct VR
VAN   
0 (1  i) t
(1  i)T
Si l’on suppose que les coûts d’investissement se limitent au coût initial et qu’en l’année 0
il n’y a pas de rendement, la valeur actuelle nette sera :
T
Rt
VAN   C
1 (1  i)t
T
Rt VR
Ou VAN    C
1 (1  i) (1  i)T
t

L’investissement ne sera réalisé que lorsque sa valeur actuelle nette est positive.
Supposons maintenant que nous avions à comparer plusieurs projets d’investissement ;
lequel choisirions-nous ? Le choix peut être effectué par comparaison des valeurs
actuelles nettes pour un taux d’intérêt donné. Ainsi, le projet d’investissement ayant la
valeur actuelle nette la plus élevée serait préférable.
Le caractère positif de la valeur actuelle nette n’assure pas automatiquement la rentabilité
du projet. En effet, comme l’indique le tableau suivant, elle est d’autant plus faible que le
taux d’escompte choisi est élevé.
65
Comportements et marchés
Année Flux de revenu Taux d'escompte
5% 10% 20%
0 -1000 -1000 -1000 -1000
1 200 190 182 167
2 250 227 207 174
3 300 259 225 174
4 350 288 239 169
5 325 255 202 131
VAN 219 55 -187

Que se passerait-il si une firme disposant de trois projets d’investissement décide de ne


les mettre en œuvre que s’ils sont absolument rentables, c.-à-d. si leurs valeurs actuelles
nettes sont strictement positives ?
Exemple : ces trois projets sont présentés dans un tableau. Le second tableau présente les
valeurs actuelles nettes de ces projets pour des taux d’escompte différents suivant
Flux de revenu des trois projets
t A B C VAN des trois projets
0 -1 000 -1 000 -1 000 VAN A B C
1 150 100 200 0 500 500 500
2 150 100 200 0,01 421 411 431
3 150 100 200 0,02 347 329 366
4 150 150 150 0,03 280 253 306
5 150 150 150 0,04 217 183 250
6 150 150 150 0,05 158 119 198
7 150 150 150 0,075 30 -22 81
8 150 200 100 0,1 -78 -139 -18
9 150 200 100 0,125 -170 -236 -103
10 150 200 100

On remarque donc que plus le taux d’escompte est élevé, plus le nombre
d’investissements à réaliser est faible. En effet, pour un taux d’escompte de 5% les trois
projets sont réalisables. Pour un taux de 7,5%, seuls deux sont réalisables. Finalement,
pour un taux de 10%, aucun n’est rentable.
Le cas de cette firme traduit un comportement général des firmes : plus le taux d’intérêt
du marché est élevé, plus le volume d’investissement de chaque entreprise est faible.
Ainsi, la fonction d’investissement nationale, obtenue par la sommation des fonctions
individuelles d’investissement, sera décroissante par rapport au taux d’intérêt.

2.3.3. Taux de rendement interne et efficacité marginale du capital

Taux de rendement interne


Si on s’en tenait à l’exemple précédent, on remarque que les projets dont la valeur actuelle
nette s’annule le plus vite sont les premiers à être délaissé quand les taux d’intérêt
66
La micro pour la macro
augmentent. Le graphique suivant présente les courbes de valeur actuelle nette de chaque
projet d’investissement en fonction du taux d’escompte.

VAN
600
500
400
300
200
100
0
-100 0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12 0,14

-200
-300

A B C

Graphique 4-7 : Evolution de la valeur actuelle nette

Si la hausse des taux d’intérêt est continue, le projet d’investissement B sera le premier à
sortir du programme d’investissement de la firme. A sera le deuxième et B le troisième.
L’indicateur intuitivement défini ainsi est le taux de rendement interne (TRI).
Le taux de rendement interne est le taux d’escompte qui
annule la valeur actuelle nette de l’investissement.
Loin de se substituer à la valeur actuelle nette, le taux de rendement interne d’un
investissement est un indicateur de rentabilité significatif qui lui est complémentaire. Il
est la racine de l’équation :
T
Rt  Ct VR
VAN    0
0 (1  TRI ) (1  TRI )T
t

T
Rt VR
Ou VAN    C  0
0 (1  TRI ) (1  TRI )T
t

Si un investissement est financé sur crédit, il reste rentable tant que son taux de rendement
internet est supérieur au taux d’intérêt du crédit. De ce fait, plus le taux de rendement
interne d’un investissement est élevé, plus l’investissement est intéressant.
Exemple : en considérant toujours les données de l’exemple précédent, on peut calculer
les taux de rendement internes de nos trois projets d’investissement
A B C
TRI 8% 7% 10%

Efficacité marginale du capital


De nombreux dictionnaires le définissent comme étant le taux de rendement interne de
l’investissement, mais, bien que subtile, il existe quand même une différence entre ces
deux paramètres. En effet, la différence fondamentale est que l’efficacité marginale du
67
Comportements et marchés
capital est fondée, dans un univers incertain, sur les anticipations des firmes biaisées par
leur degré d’optimisme face à l’avenir. Par ailleurs, par sa démarche ou vision
macroéconomique, elle considère comme coût de l’investissement le prix d’offre du
capital plutôt que son prix de marché. De ce fait, si un capital s’avère rentable,
l’augmentation de sa demande entrainerait une hausse de son prix d’offre. Son efficacité
marginale baisserait alors.
On pourrait alors définir le taux de rendement interne comme une efficacité marginale du
capital dans un univers certain. Ces deux indicateurs se confondent l’un à l’autre dès que
l’on cesse de tenir compte des réactions des firmes à leur perception de la conjoncture et
à leurs prévisions. Pour des raisons de simplicité d’analyse, ils seront considérés comme
le taux de rendement interne de la dernière unité de capital investi.
Au niveau macroéconomique, on peut considérer qu’il y’a un certain nombre de projets
d’investissement de coûts identiques et de taux de rendement interne (ou efficacité
marginale) différents, alors le nombre projet mis en œuvre augmenterait à mesure que le
taux d’intérêt baisserait. En effet, comme le montre le graphique suivant, pour un taux
d’intérêt donné (i1 par exemple), seuls les investissements ayant une efficacité marginale
supérieure à ce taux seront mis en œuvre (l’investissement 1 seul). Si le taux d’intérêt
venait à baisser (s’il passe de i1 à i2), des investissements, plus tôt inéligibles
(l’investissement 2), verraient leur efficacité marginale passer au-dessus de ce taux. De
même, si le taux baissait jusqu’à i3, les investissements 3 et 4, qui n’étaient toujours pas
éligibles, seraient réalisés, car leurs efficacités marginales sont supérieures à i3.
TRI, Taux d’intérêt

i1

i2
i3

1 2 3 4 5

Volume des investissements


Graphique 4-8 : TRI, taux d’intérêt et investissement

Encadré 7 : L’efficacité marginale du capital


Quand un homme achète un bien de capital ou investissement, il achète le droit à la série de revenus escomptés
qu’il espère tirer pendant la durée de ce capital de la vente de sa production, déduction faite des dépenses
courantes nécessaires à obtenir ladite production. Il sera commode d’appeler cette série d’annuités
Q ,Q
1 2 ...
Q N le rendement escompté de l’investissement.
En regard du rendement escompté de l’investissement, nous avons le prix d’offre du bien de capital. Ce terme
désigne, non le prix de marché auquel un capital du même type peut être en fait acheté sur le marché, mais bien
le prix qui est juste suffisant pour décider un fabricant à produire une unité nouvelle supplémentaire de ce
capital, c’est-à-dire ce que l’on appelle parfois son coût de remplacement. La relation entre le rendement
escompté d’un capital et son prix d’offre ou coût de remplacement, i. e. la relation entre le rendement escompté
et le coût de production d’une unité supplémentaire de ce capital, nous donne l’efficacité marginale de ce
capital. Plus précisément nous définirons l’efficacité marginale d’un capital le taux d’escompte qui, appliqué à
la série d’annuités constituée par les rendements escomptés de ce capital pendant son existence entière, rend la
valeur actuelle des annuités égale au prix d’offre de ce capital. Ceci nous donne les efficacités marginales des
68
La micro pour la macro
différents types de capital. La plus élevée de ces efficacités marginales peut être considérée comme l’efficacité
marginale du capital en général.
Le lecteur observera que l’efficacité marginale du capital est définie ici en fonction de la prévision de rendement
d’un capital et de son prix d’offre courant. Elle dépend de l’importance du revenu attendu de l’argent lorsqu’on
l’investit dans un capital nouveau, et non de la relation effective qu’après la fin de la vie d’un capital on constate
rétrospectivement entre son rendement réel et son coût originel.
Lorsque l’investissement dans un type quelconque de capital s’accroit durant une certaine période, l’efficacité
marginale de ce capital diminue pour deux raisons à mesure que l’investissement augmente. D’abord le
rendement escompté de ce capital diminue lorsque son offre augmente. Ensuite la compétition autour des
ressources servant à le produire tend normalement à faire monter son prix d’offre. C’est en général le second
facteur qui dans un temps limité contribue principalement à établir l’équilibre ; mais, plus la période considérée
est longue et plus le premier tend à se substituer au second. On peut donc tracer pour chaque type de capital
une courbe indiquant de combien l’investissement dans ce capital doit s’accroitre au cours de la période pour
que la valeur de son efficacité marginale baisse à un chiffre quelconque. On peut ensuite, en additionnant pour
tous les types de capital les flux d’investissement qui correspondent à une même valeur de l’efficacité
marginale, tracer la courbe reliant les divers flux globaux d’investissement aux valeurs de l’efficacité marginale
qui leur correspondent. Nous appellerons cette courbe tantôt la courbe de la demande de capital tantôt la courbe
de l’efficacité marginale du capital.
Dès lors il est évident que le flux effectif d’investissement tend à augmenter jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune
catégorie de capital dont l’efficacité marginale soit supérieure au taux de l’intérêt courant. En d’autres termes,
l’investissement tend à grossir jusqu’à ce que sur la courbe de la demande de capital l’efficacité marginale
tombe au niveau du taux d’intérêt du marché.
Cette idée peut être exprimée sous une autre forme. Si Q est le rendement escompté d’un capital à l’époque
future r, et d r la valeur actuelle calculée au moyen du taux d’intérêt courant de £ 1 disponible dans r années,
Q r d r
le prix de demande de ce capital sera . L’investissement se développera donc jusqu’à ce que soit égal
Q r d r
à son prix d’offre, tel qu’il a été défini au début du chapitre. Si au contraire est inférieur au prix
d’offre, il n’y aura aucun investissement dans le capital en question.
J. M. Keynes(1936), Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, livre IV, chapitre XI


69
Comportements et marchés
Chapitre 5.
MARCHE DES BIENS ET SERVICES
Le revenu d’équilibre ou l’équilibre keynésien

1. L’équilibre macroéconomique
1.1. Offre et demande globale
Le modèle keynésien ou équilibre keynésien est l’interprétation la plus simple de la
pensée de Keynes développée dans sa théorie générale. Le but de cette modélisation est
la détermination du produit national d’équilibre sur la base de l’égalité entre production
et dépense, offre et demande. L’économie que nous étudions est sans Etat et en autarcie.
Elle n’a donc pas d’échanges avec l’extérieur. En plus, il n’y a ni ponction fiscale ni
dépense publique. Il ne nous reste plus que deux agents économiques : ménage et firmes.

1.1.1. Offre globale ou usage du revenu


L’offre globale est identique au produit c'est-à-dire le revenu
national disponible. Elle est entièrement utilisée pour la consommation et
l’épargne.
Dans cette optique, le revenu national disponible équivaut à l’usage que font les ménages
de leur revenu : consommer et épargner.
OG  Y  C  S

1.1.2. Demande globale ou source du revenu


La demande globale est la somme des demandes émanant de
chaque agent économique c.-à-d. demande de consommation et demande
d’investissement. Elle traduit leur désir ou volonté de dépense.
Dans cette optique, le produit national est l’expression de la demande globale qui nait de
la volonté de consommer des ménages et de celle d’investir des firmes.
DG  C  I
La demande globale est selon Keynes la source des fluctuations économiques. Quand elle
est faible, elle crée des dépressions économiques. En effet, comme le montre le
diagramme suivant, une augmentation des prévisions de dépense (demande globale)
améliore les prévisions des débouchés et incite les entreprises à produire plus en
accroissant le nombre de leurs travailleurs. Plus les entreprises produiront, plus le revenu
national augmentera et le cycle reprendra.
70
Marché des biens et services

Demande
Revenus
globale

Prévision
Production de
débouchés

Demande
de travail

Figure 6 : Le cycle demande globale-production

1.1.3. L’équilibre
L’équilibre macroéconomique se réalise quand l’offre est égale à la demande. En d’autres
termes, les désirs de dépenses sont exactement égaux au revenu national disponible.
Somme toute, l’équilibre implique que l’épargne soit égale à l’investissement :
SI
Dépense

C0+I

C0

YE Revenu
Dépense

I
E

YE Revenu
-C0

Graphique 5-1 : Revenu d’équilibre

En somme, le marché des biens et services est en équilibre quand le marché des fonds
prêtables l’est et vice versa. Sur un plan (Y ;r), l’équilibre est le point d’intersection entre
la courbe d’investissement – qui est décroissante – et la courbe d’épargne – qui est
verticale, car l’épargne est ici supposée indépendante du taux d’intérêt.
71
Comportements et marchés

Taux d’intérêt
S=Y-C(Y)

I=I(r)

Fonds prêtables
Graphique 5-2 : Equilibre sur le marché des fonds prêtables

2. Propriétés du modèle
2.1. La stabilité de l’équilibre
La question cruciale est celle de savoir comment l’économie aboutit à cet équilibre. Elle
s’ajuste par les variations de stocks. En effet, quand l’économie se trouve en situation de
déséquilibre, la variation imprévue des stocks amène les entreprises à réviser leur niveau
de production et ramène l’économie vers son point d’équilibre.
Dépense

Y1 Y* Y2 Revenu

Graphique 5-3: Revenu d’équilibre et stabilité

Si par exemple le produit national s’écartait de son point d’équilibre vers un niveau
inférieur (Y1), la demande globale serait supérieure au produit national. Les entreprises,
constatant la réduction de leurs stocks, emploieraient plus de travailleurs afin de produire
plus, ramenant l’économie vers son niveau d’équilibre. Si, au contraire, le produit national
s’écarte de son point d’équilibre vers un niveau supérieur, la demande globale serait
inférieure à l’offre globale. Les entreprises, constatant l’accroissement de leurs stocks,
réduiraient leur production, ramenant l’économie vers son niveau d’équilibre.
Cet équilibre peut être imaginé tel un pendule dans un état stable. Un choc peut le faire
osciller, mais il revient toujours à sa position d’équilibre. Si on l’écartait vers un côté,
loin de sa position d’équilibre, dans ses oscillations, allant d’un côté à l’autre, il finirait
par se stabiliser pour retrouver son équilibre.
72
Marché des biens et services
2.2. Débouché et chômage involontaire
Selon la logique keynésienne, l’entrepreneur fait des prévisions de ventes sur la base de
la demande effective et fixe le niveau de production qui maximisera son profit. Le niveau
de l’emploi dépendra alors du niveau d’activité économique qui dépend de la demande
effective. Pour Keynes, la demande effective est seule responsable, par sa faiblesse en
volume, de la présence et la persistance de chômage involontaire. Cette idée se présente
graphiquement comme suit :

Salaire
Dépense

Demande
Offre

1 3
DG W*

Production Travail
Chômage involontaire
Production

Production

1’ 2
Y=f(L)

45°
Y* Production L* Travail

Graphique 5-4 : Chômage involontaire dans le modèle keynésien

Tout d’abord (premier diagramme), les entreprises anticipent le niveau de la demande


effective (demande prévue) et décident du volume à produire. Une fois le revenu
d’équilibre obtenu, le processus de production, selon la technologie disponible Y=f(L),
permet de déterminer le niveau d’emploi optimal pour la production (Diagramme 2). Ce
niveau ainsi déterminé peut être en dessous de son niveau d’équilibre défini par les
classiques (Diagramme 3). On voit alors apparaître un chômage involontaire, car il existe
une partie de l’offre qui est frustrée. Le diagramme 1’ est un graphique de passage.

2.3. Le multiplicateur d’investissement et variation du niveau d’activité


économique
La stabilité de l’équilibre évoquée plus haut est conditionnée par celle des autres variables
impliquées dans la détermination de l’équilibre. De combien varierait le produit si
l’investissement variait subitement ? L’investissement étant exogène, sa variation, de
sources exogènes, peut être liée à une politique d’encouragement à l’investissement. Ce
qui importe ici est de savoir quel impact aurait cette variation sur le produit d’équilibre.
Si la demande globale augmentait du fait d’une variation du niveau d’investissement, le
revenu d’équilibre augmenterait aussi, mais, dans une plus grande proportion.
Cet exemple donnera à la notion de multiplicateur une compréhension intuitive.
Supposons que la propension marginale à consommer soit de 0,9 au Burkina Faso. Si une
73
Comportements et marchés
nouvelle vendeuse de cacahuètes grillées apparaissait et qu’elle effectuait un
investissement de 10000 francs en achetant des arachides, que se passerait-il ? La
vendeuse d’arachides ayant encaissé les 10000 en consommerait 90% (PmC=0,9), soit
9000, en se réapprovisionnant auprès d’un agriculteur. L’agriculteur consommerait aussi
et uniquement 90% de ce revenu, soit 8100, dans l’achat d’engrais et fertilisant. De même,
le vendeur d’engrais et fertilisant consommerait 90% de ce revenu, soit 7290, dans l’achat
de vivres. L’investissement initial de 10000 aurait impulsé une série de revenus et de
dépenses. Chaque agent dépense 90% du revenu qu’il a perçu dans la série donnant ainsi
lieu à un revenu pour un autre. Le processus se poursuivra ainsi jusqu’à ce que s’arrête le
flux de revenus engendré par cet investissement. Le montant total de revenu généré se
calcule alors comme suit :
ΔI ΔY ΔC ΔS
10000 10000 9000 1000
9000 8100 900
8100 7290 810
7290 … …
… 0 0
0

∆Y = 10000+0,9 x 10000+0,92 x 10000+0,93 x 10000+…


∆Y = 10000 x (1+0,9+0,92+0,93+…)
L’expression ainsi obtenue du multiplicateur d’investissement est la somme à l’infini des
termes d’une suite géométrique de raison 0,9. Donc Y  10000.1 (1  0,9)  100000
Le multiplicateur est par définition le rapport entre la variation du produit et sa cause.
Pour le cas présent, la cause étant la variation de l’investissement, alors le multiplicateur
d’investissement sera le rapport entre la variation du revenu et la variation de
l’investissement : k  Y  I . Mathématiquement, il peut être calculé à base de
l’équation d’équilibre c.-à-d. l’égalité entre le revenu national et la dépense prévue.
Y  C (Y )  I
C (Y )
L’équation précédente deviendrait : dY  .dY  dI
Y
Ou dY  PmC.dY  dI
dY 1
Après quelques transformations 
dI 1  PmC
Le multiplicateur d’investissement est alors l’inverse de la propension marginale à
épargner.
1
k
1  PmC
74
Marché des biens et services
Encadré 8 : Petit rappel mathématique

Si on a s  1  q  q 2  q3 
En multipliant par q, on aura s.q  q  q 2  q3  q 4 
Par soustraction des deux équations précédentes, on aura s  s.q  1
1
Et enfin s
1 q
Revenant à l’exemple précédent, l’investissement initial de 10000 francs aurait généré
dans l’économie un revenu égal à dix fois sa valeur. L’impact est d’autant plus fort que
la propension à consommer est forte. En effet, dans le principe du multiplicateur,
l’épargne est considérée comme une fuite du circuit économique.
Par ailleurs, le principe du multiplicateur assure l’équilibre entre épargne et
investissement. En effet, les 10.000 francs investis ont généré un revenu de 100.000. Ce
revenu à son tour générera une épargne égale à 10% (PmS) de sa valeur soit 10.000.
L’investissement de départ est égal à l’épargne finale ; ce qui est considéré comme
l’expression de la situation d’équilibre sur le marché des biens et services.
I S
Cette présentation du multiplicateur comme résultant d’une série de dépenses, désavoué
par Keynes, n’aurait, pour certains contemporains, que des vertus pédagogiques, car en
réalité l’égalité Y  I (1  PmC) est une égalité comptable.

3. Extensions du modèle
3.1. Prise en compte de l’Etat
La politique budgétaire peut prendre plusieurs formes : augmentation des dépenses
publiques, réduction des taxes ou augmentation des dépenses publiques financées par les
taxes. Quel serait l’impact de l’une ou l’autre de ces politiques ?
Le déficit budgétaire est l’excédent des charges sur les
recettes pour l'ensemble des opérations du budget général et des comptes
spéciaux du Trésor. Dans une loi de finances, l’expression utilisée pour
qualifier le déficit est "solde budgétaire". Il est égal aux dépenses publiques
diminuées des taxes
Le modèle du revenu d’équilibre ainsi présenté peut être complété afin de mesurer
l’impact d’une action de l’Etat. Dès que l’on introduit l’Etat dans l’analyse. Il faut prendre
en compte les dépenses publiques dans la demande globale.
DG  C  I  G
L’offre globale reste inchangée : OG  Y  C  S
Pour qu’il y'ait un équilibre macroéconomique, il faut que l’offre soit égale à la demande.
Autrement dit, que le total des dépenses désirées soit égal au revenu.
OG  DG
75
Comportements et marchés
D’où Y  C  I G
Y C G  I
Y T T  C  G  I

Y  T   C   T  G   I

La condition d’équilibre devient S  SM  S P  I

3.1.1. Multiplicateur budgétaire


La dépense publique est l’ensemble des dépenses effectuées
par les administrations publiques. Il s’agit de la somme des dépenses
effectuées pour la défense, les projets de développement, l’éducation, la
santé, les infrastructures, le maintien de l’ordre, l’application des lois et
autres.
La dépense publique étant exogène au modèle, une augmentation de son volume
déplacerait la droite de demande globale vers le haut. Ce qui se traduirait par un
accroissement du revenu d’équilibre (confère graphique suivant).
Dépense

Dépense effective DG’

E2 DG
∆G

E1

∆Y
Y*1 Y*2 Revenu
Après une augmentation des dépenses publiques de ∆G, la courbe DG
se déplace vers la position DG’ le revenu d’équilibre passe de Y1* à
Y2*. La politique budgétaire accroit le revenu
Graphique 5-5 : Le multiplicateur budgétaire

L’expression du multiplicateur budgétaire peut être déterminée en différenciant


l’équation d’équilibre macroéconomique :
Y  C  I G
C
Par différentiation dY  .Y  dI  dG  PmC.Y  dI  dG
Y
dY 1
D’où 
dG 1  PmC
Le multiplicateur des dépenses publiques est alors identique au multiplicateur
d’investissement.
76
Marché des biens et services
3.1.2. Le multiplicateur fiscal
Si la politique budgétaire a consisté à une baisse des taxes, alors le multiplicateur fiscal
s’obtient comme suit :
De l’équation d’équilibre Y  C (Y  T )  I  G  XN
C
Par différentiation dY  .(dY  dT )  PmC.(dY  dT )
Y
dY PmC
D’où 
dT 1  PmC

4. Le marché des biens et services en économie ouverte


4.1. L’équilibre du marché
L’équilibre sur le marché des biens et services équivaut à l’égalité entre la dépense que
les agents désirent réaliser (demande globale) et le produit effectivement disponible (offre
globale). En économie ouverte, la demande globale est la demande globale en économie
fermée augmentée des exportations. L’offre globale équivaut à l’offre en économie
fermée augmentée des importations.
OG  Y  M
DG  C  I  X
A l’équilibre, Y  M  C  I G X
Si on arrange cette égalité, on aura la condition d’équilibre suivante :
Y  C  I G X M 

On voit alors que l’équilibre sur le marché des biens et services est conditionné par
l’égalité entre le revenu national et la dépense désirée augmentée des exportations nettes.

4.2. Chocs extérieurs et équilibre


Sera considéré comme un choc extérieur, tout évènement créant une variation de la
balance commerciale. Le solde extérieur est égal à la somme des exportations diminuée
de celle des importations donc aux exportations nettes. L’exportation vient alors accroitre
la production tandis que l’importation la réduit, car elle accroit la production extérieure.
Partant toujours de l’équation d’équilibre :
Y  C (Y  T )  I  G  X  M
Par différentiation dY  PmC.dY  dI  dX  dM
dY dY 1
D’où  
dX dM 1  PmC
dY 1
Le multiplicateur d’exportation 
dX 1  PmC
dY 1
Le multiplicateur d’importation 
dM 1  PmC
77
Comportements et marchés

Encadré 9 : Equilibre macroéconomique classique


Sont qualifiés de classiques, des auteurs tels Adam Smith (considéré comme le père de l’économie moderne),
Jean-Baptiste Say (1767-1832) et David Ricardo (1772-1823). Les auteurs généralement qualifiés de
néoclassiques peuvent être aussi associés à ce groupe, nonobstant quelques légères oppositions ; il s’agit
d’Alfred Marshall, d’Artur Cecil Pigou et de Léon Walras. Pour eux, notre monde se résumerait en une
économie de marché dotée d’une capacité d’autorégulation où, l’offre créerait, toujours, sa propre demande et
où, la monnaie serait neutre.
La vision générale des classiques
Pour les classiques l’économie est réelle, certaine et d’échanges purs. L’économie est considérée comme une
économie d’échanges purs, car, pour les classiques, toutes les activités peuvent y être appréhendées tels des
échanges marchands au sein de marchés pouvant s’autoréguler et toujours en équilibre. Les marchés ne sont
plus que de simples lieux de transactions courantes, mais plutôt des institutions d’ajustement par excellence
garantissant, en tout temps, l’optimum social par la conciliation des intérêts individuels. Le caractère réel de
l’économie tient, quant à elle, du fait que la monnaie n’est considérée que comme un simple intermédiaire (ou
instrument) d’échange qui n’est jamais demandé pour elle-même. Autrement dit, les agents économiques ne
sont pas victime d’une quelconque illusion monétaire et n’accordent donc pas de valeur à la monnaie, car ils la
demandent uniquement pour effectuer leurs échanges. Enfin, le caractère certain de l’économie naît de
l’absence d’incertitudes tant exogènes qu’endogènes. En effet, la théorie classique considère qu’il n’existe pas
d’incertitude exogène dont on ne peut calculer la probabilité. Par conséquent, leurs distributions actuelles
peuvent être affectées à leurs futurs. Les incertitudes endogènes sont totalement inexistantes, car l’information
est parfaite : les préférences des individus sont révélées et les échanges ne sont effectués qu’après les
ajustements du marché.
Principes fondamentaux
Loi des débouchés
La loi des débouchés ou loi de Say est affirmée, plutôt que démontrée, pour la première fois par J.B. Say et,
assure que : « Le fait seul de la formation d’un produit ouvre, dès l’instant même, un débouché à d’autres
produits. » Pour Say, tout producteur souhaite vendre au plus vite ses produits, et ce, dans le but d’acquérir un
autre produit quelconque, créant par là un débouché pour ce dernier. Une crise de débouché ou de surproduction
n’est donc pas envisageable. La demande ne peut être insuffisante, mais il est possible que l’offre le soit. Cette
loi – résumée en ces mots par Keynes : « l’offre crée sa propre demande » – fit l’unanimité des classiques, car
elle est liée à l’idée qu’ils se font de monnaie. Le producteur ne la demande pas pour elle-même, mais pour se
procurer d’autres produits.
La théorie quantitative de la monnaie
La découverte de l’Amérique et de ses gisements entraina un afflux massif de métaux précieux en Europe. A
cet afflux succéda une hausse du niveau général des prix. Quoique cela ne fût pas prouvé, Jean Bodin (1530-
1596) et Thomas Mun (1571-1641) y virent une relation causale. Cette idée est explicitée plus tard par John
Locke (1632-1704) puis par David Hume (1711-1776) et enfin David Ricardo. C’est ainsi que naquit la théorie
quantitative de la monnaie. Selon cette dernière, la quantité de monnaie en circulation aurait un impact sur le
niveau des prix. Ayant pris plusieurs formes légèrement différentes on peut aujourd’hui parler de théories
quantitatives de la monnaie, dont quelques-unes trouvent encore écho chez certains de nos contemporains,
notamment chez les monétaristes. Dans sa version moderne (et forte5), elle part de la formule quantitative
d’Irving Fisher (1867-1947) pour montrer la causalité constatée précédemment.
Formule quantitative : P.Q  M .V
P.Q   pi qi , le revenu national, est le produit des quantités vendues par le niveau général des prix.
M .V , la dépense totale, est le produit de la quantité de monnaie en circulation par un paramètre d’ajustement
appelé vitesse de circulation de la monnaie.
Ainsi définie, cette relation est toujours vérifiée, mais, sous l’hypothèse que la monnaie est exogène et les prix
endogènes, mais aussi que la vitesse de circulation de la monnaie est constante elle soutiendra parfaite la théorie.

De la formule quantitative on obtient   P.Q     M .V 

D’où
Q.P  V .M

En divisant par la formule quantitative on obtient P P  M M

5
Il existe en effet une version faible de cette théorie qui veut que les variations de masse monétaire puissent
affecter le revenu national
78
Marché des biens et services
Cette dernière équation permet alors de déduire que toute variation de la masse monétaire entrainerait
nécessairement celle du niveau général des prix. En somme, la monnaie ne serait qu’un simple intermédiaire
des échanges et les agents économiques ne sont pas victime de l’illusion monétaire.
Le modèle classique
Comme il est dit plus haut, les classiques considèrent le marché comme l’institution à travers laquelle les
décisions des agents sont accordées avant tout échange. L’économie est alors décrite telle une économie de
marché dont les mécanismes d’ajustement, les conditions de l’équilibre et la stabilité sont l’objet d’étude du
classique. Dans le modèle économique classique, il y’a quatre marchés distincts : le marché du travail, le
marché des biens et services, le marché des fonds prêtables ou marché des capitaux/titres et le marché de la
monnaie. Il a pour assises cinq hypothèses qui sont :
Les marchés sont tous en concurrence pure et parfaite ;
Les agents économiques rationnels et maximisateurs ;
Les prix sont parfaitement flexibles ;
L’économie est statique ;
Et il n’y a qu’un seul bien représentatif et trois types d’agent.
Description du modèle
L’équilibre macroéconomique se réalise simultanément, à travers un ajustement par les prix, sur tous les quatre
marchés et détermine les quantités d’équilibre (cf. graphique).
Salaire réel
Taux d’intérêt réel

Salaire nominal
Offre W*
Epargne

r*

S=I
3 E : I=S

Investissement

C
Revenu
W/P*
P

1
E

Q
Demande
Travail
Production

1
5 Prix
Production
Production

2’
Y=f(L)

Première bissectrice

Y* Revenu
2
L* Travail
4
P*
P= P(M ;Y)=MV/Y

Prix

Graphique 5-6 : Le modèle classique


Bien que l’équilibre soit simultanément, afin de comprendre le processus, la lecture des équilibres commence
par celui du marché du travail (diagramme 1). Sur ce marché se confrontent offre et demande de travail. L’offre
de travail, propre aux ménages, naît d’un arbitrage, au niveau microéconomique, entre loisir et travail. La
demande de travail, propre aux firmes, naît du comportement de minimisation des coûts de production. Leur
confrontation donne, à l’équilibre, un salaire réel d’équilibre (W/P*) et un volume de travail d’équilibre (L*).
Le diagramme 2 représente la courbe de production macroéconomique. Sa forme implique l’adoption implicite
de l’hypothèse des rendements marginaux décroissants. Etant donné que le modèle décrit l’économie dans le
court terme, le capital est considéré comme constant et la production ne dépend alors que du travail. Le volume
de travail d’équilibre obtenu par l’ajustement du marché du travail détermine alors le volume de production
d’équilibre (Y*). Ce diagramme peut être considéré comme celui du marché des biens et services. Du fait de la
loi des débouchés, il n’est nul besoin de représenter la demande, car elle est toujours égale à l’offre. Cet
équilibre entre offre et demande de bien et service est représenté dans le diagramme 2’ qui peut être aussi
considéré comme un graphique de passage.
Le marché des capitaux (diagramme 3) décrit deux réalités économiques. Il décrit, d’une part, comment, par la
confrontation de l’offre (épargne6) et la demande (Investissement) de fonds prêtables, naissent un taux d’intérêt
d’équilibre et un volume d’épargne/investissement d’équilibre. D’autre part, il met en exergue une relation

6
Il est important de se souvenir que chez les classiques, la théorisation n’existe pas. Toute épargne est
forcément placé dans le système financier.
79
Comportements et marchés
comptable décrivant l’affection du produit national entre consommation immédiate et épargne/investissement.
La variable d’ajustement sur ce marché est le taux d’intérêt réel. Cette variable est, par ailleurs, la variable
d’arbitrage qu’utilisent les ménages pour choisir entre consommation et épargne.
Le diagramme 4 est celui du marché de la monnaie, reflet parfait de la vision classique de la monnaie : la
neutralité de la monnaie que décrit la théorie quantitative de la monnaie. Une augmentation de la masse
monétaire n’aura d’effet que sur les prix et ne peut affecter le produit national d’équilibre Y*. La demande de
monnaie classique naît chez l’individu de son besoin de monnaie pour motif de transaction. Confrontée au
produit d’équilibre obtenu sur le marché des biens et services, elle détermine le prix d’équilibre.
Le diagramme 5 peut être considéré comme un complément du marché de la monnaie qui explique comment
se forment les salaires nominaux d’équilibre W*. Ce salaire d’équilibre est tel que, si on le rapporte au prix
d’équilibre, on obtienne le salaire réel d’équilibre déterminé sur le marché du travail. On pourrait faire de même
pour déterminer le taux d’intérêt nominal d’équilibre qui serait le produit du taux d’intérêt réel d’équilibre et
du prix d’équilibre.
En somme, l’équilibre général classique peut être représenté par le graphique suivant :
Prix

Demande globale Offre globale

P*

Y* Revenu

Graphique 5-7 : résumé du modèle classique


L’offre globale, ne dépendant aucunement du prix, est constante. Elle dépend, à travers la fonction de
production, du volume de travail déterminé à l’équilibre du marché du travail. La demande globale, quant à
elle, est une fonction décroissante du prix, puisqu’elle n’est qu’une somme des demandes individuelles. Elle a
aussi la caractéristique d’augmenter, à tout niveau de prix, en fonction du volume d’encaisse pour motif de
transaction détenu par les ménages.
Politiques économiques
Le modèle classique est la perfection absolue, voilà pourquoi ses protagonistes prônent le libéralisme
économique. Ce "laisser-faire" est une déclaration de foi en la capacité des marchés à déterminer, d'une part,
un équilibre global avec l’aide du commissaire-priseur de Léon Walras et, d’autre part, de s’autoréguler grâce
à la main invisible d’A. Smith. De ce fait, toute intervention de l’Etat est inutile (l’équilibre est déjà optimal),
illégitime (elle frustre les décisions des ménages), inefficace (elle n’affectera pas le produit d’équilibre) et
contre-productive (elle évince le privé).
L’équilibre étant déterminé par l’ajustement des marchés, il est le résultat d’un processus pendant lequel sont
mis en confrontation les désirs de tous les agents économiques. Il est le terrain d’entente de toutes les décisions
hétéroclites des ménages, et donc un optimum social. Si l’on reconsidère cet équilibre à travers le graphique
résumé :
Prix

Offre globale

P’
P*
Demande globale

Y* Revenu

Graphique 5-8 : déficit budgétaire dans le modèle classique


Selon la vision classique, le déficit budgétaire, se traduisant par le déplacement de la courbe d’offre globale,
n’aura d’impact que sur le niveau général des prix. En effet, le déficit budgétaire va d’abord accroitre la masse
monétaire en circulation dans l’économie. Ce qui, selon la théorie quantitative de la monnaie, n’aura d’effet
que sur les prix.
80
Marché des biens et services
Néanmoins, ils n’excluent pas toute possibilité d’intervention de l’Etat et considèrent que ce dernier a le devoir
d’intervenir pour assurer le libre fonctionnement des marchés : c’est le principe de l’Etat gendarme.

Encadré 10 : La pensée de Keynes en résumé


Economie où règne l’incertitude
Partant de fondements microéconomiques tels les comportements des agents économiques en univers incertain,
Keynes décrit une économie déterminée par des lois dites psychologiques :
✓ La préférence pour la liquidité : la méconnaissance de l’avenir et particulièrement du niveau futur des
taux d’intérêt rend risqué l’achat de titres. L’incertitude est alors mère du risque et les ménages averses
au risque préfèreront détenir de la liquidité
✓ La loi psychologique fondamentale : « la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous
appuyer en toute sécurité, à la fois, a priori, en raison de notre connaissance de la nature humaine et, a
posteriori, en raison des enseignements détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du
temps les hommes tendent à accroitre leur consommation à mesure que leur revenu croît, mais non d’une
quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. ». En d’autres termes, le ménage augmente sa
consommation suite à une augmentation de revenu, mais de manière moins que proportionnelle à
l’augmentation du revenu.
✓ L’incitation psychologique à investir : Les prévisions de rendements futurs permettent aux agents (la
firme) d’estimer une variable décisionnelle d’investissement qui est l’efficacité marginale du capital.
Ces comportements nés de l’incertitude vont rendre difficiles, voire impossibles, les ajustements sur les
marchés et par les prix tels que décrits par les classiques.
Une économie de production
Selon la théorie de Keynes, la production, plus qu’un acte marchand, est l’œuvre des entrepreneurs. Ces
derniers, quant à eux, au cœur de la décision de production, ne se voient plus imposés les volumes à produire
par le marché, mais décident sur la base de leurs anticipations des quantités à mettre sur le marché. C’est là
qu’intervient la notion de demande effective centrale dans la théorie keynésienne.
Le principe de la demande effective est que l’entrepreneur fait des prévisions de ventes sur la base desquelles
il fixera le niveau de production qui maximisera son profit. Le niveau de l’emploi dépendra alors du niveau
d’activité économique qui lui dépend la demande effective. Keynes pointe du doigt la demande effective,
fautive par sa faiblesse en volume, comme responsable de la présence et la persistance de chômage involontaire.
Puisque la firme décide de sa production sur la base des débouchés anticipés, une estimation pessimiste
entrainerait une faible activité économique.
Keynes identifie deux déterminants de cette demande. Le premier, le niveau de la consommation anticipée
dépend principalement de la propension à consommer. Ainsi, la crise de 1929 aurait pour source une demande
faible du fait d’une propension à consommer trop faible7. Le second déterminant de la demande identifié par
Keynes est l’investissement qui, pour lui, est le seul fait des entrepreneurs. Ils décident de l’opportunité
d’investir et du volume du nouvel investissement en comparant l’efficacité marginale du capital, décrit plus
haut, avec les taux d’intérêt. L’incertitude liée à l’estimation de l’EMC rend l’investissement très instable et
dépendant des sentiments des entrepreneurs par rapport à l’avenir. Leur pessimisme ou leur optimisme vis-à-
vis de l’avenir se répercutera sur les décisions d’investissement.
Une économie monétaire
Selon Keynes, contrairement à la pensée comme de l’époque, la monnaie peut être demandée pour elle-même.
En effet, la monnaie est, pour lui, plus qu’un moyen de paiement (intermédiaire des échanges), une unité de
compte, un étalon de valeur, qui sert de réserve valeur. Il identifie trois motifs qui pourraient amener les
ménages à thésauriser : transaction, spéculation et précaution. Le comportement du ménage peut être décrit
comme suit :
Dans un premier temps, il décide de la répartition de son revenu entre consommation (préférence pour le
présent) et épargne (préférence pour le futur). Cette répartition sera déterminée par sa propension à consommer ;
Il décidera, dans un second temps, de la forme que prendra cette épargne. Contrairement au ménage de la théorie
classique qui alloue toute son épargne à l’achat de titres financiers, il peut soit garder son épargne sous forme
liquide ou acquérir des titres financiers.
Selon Keynes, l’épargne ne devrait pas être rémunérée, car elle réduit la demande globale. Mais, puisque ces
sommes fuient du circuit économique, rémunérer l’épargne financière permettrait de les y ramener. Le taux
d’intérêt serait alors le prix de la renonciation à la liquidité et non à la consommation comme le pensent les
classiques.

7
Si l’on s’en tient à la loi psychologique fondamentale, pour les économies en croissance, crise économique
serait une finalité indubitable du fait de la baisse progressive de la propension à consommer au fur et à
mesure que croitront les revenus.
81
Comportements et marchés
En somme, l’incertitude se retrouve au centre du choix de la forme d’épargne. La préférence pour la liquidité
s’accroit à mesure que la confiance se dégrade, il faudrait une hausse des taux d’intérêt pour maintenir un même
niveau d’épargne financière.

Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons étudié les comportements de consommation et
d’investissement. Nous avons d’abord évoqué les modélisations plutôt anciennes avant
d’aboutir à des modélisations plus récentes avec une meilleure représentativité des
économies actuelles. Sans pour autant intégrer l’exhaustivité des déterminants des
comportements, ces modélisations tentent de saisir l’effet des plus importants et les plus
fréquents. Pour étudier ces comportements dans des pays en développement, il serait
opportun de tenir compte de l’effet que pourraient avoir des variables telles :
✓ Le niveau du revenu ;
✓ L’incertitude du revenu ;
✓ Les relations intergénérationnelles ;
✓ L’inflation ;
✓ La stabilité macroéconomique ;
✓ L’épargne publique.
Par ailleurs, nous avons étendu le marché des biens et services à une économie ouverte.
Nous avons donc constaté que, contrairement au cas d’une économie fermée, l’économie
ouverte n’est pas tenue d’égaliser ses investissements à son épargne. Néanmoins, le
déséquilibre interne doit être comblé par le déséquilibre externe.
L’équilibre du marché des biens et services est la représentation la plus simple de
l’équilibre keynésien. La figure 7 en est le résumé.
Que devons-nous retenir ?
✓ A court terme, la consommation dépend essentiellement du revenu courant
disponible. Elle croît avec le revenu, mais à un rythme plus faible que ce dernier.
Ainsi la part de revenu affectée à la consommation est inférieure à l’unité et diminue
quand le revenu croît.
✓ A long terme, la consommation dépend plus du revenu moyen ou du revenu
permanent. Ainsi, l’hystérésis, les anticipations de revenus futurs et la prise en
compte de son cycle de vie amènent le consommateur à baser ses choix de
consommations sur d’autres paramètres.
✓ L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt, considéré comme
le loyer du capital. Les entrepreneurs investissent tant que l’efficacité marginale du
capital est supérieure au taux d’intérêt réel en cours. Par ailleurs, l’investissement
dépend aussi du coût du capital et, dans une moindre mesure, du revenu des
entrepreneurs.
✓ L’investissement est aussi une fonction croissante du revenu national. En effet, plus
la demande est élevée, plus l’investissement le sera, car il est fondé sur les
anticipations de la demande par les entrepreneurs.
82
Marché des biens et services
✓ Le point de stabilité de l’économie se trouve à l’équilibre du marché des biens et
services. Cet équilibre se réalise au point ou la dépense désirée par les agents
économiques est égale à la dépense effective ou la production. Il équivaut aussi à
l’équilibre sur le marché des fonds prêtables c.-à-d. le point où le volume des
investissements est égal à celui de l’épargne.
✓ L’équilibre sur le marché des biens et services n’est pas toujours un équilibre de
plein emploi. En effet, la production est réalisée après estimations des débouchés
qu’est la dépense prévue. Elle peut alors être en dessous de son niveau de plein
emploi.
✓ La politique budgétaire a un impact positif sur le niveau de revenu. En effet, si la
dépense publique croît, elle déplace le point d’équilibre vers un autre où le revenu
est plus élevé. C’est l’effet du multiplicateur qui est d’autant plus élevé que la
propension à consommer l’est.
✓ En économie ouverte, le marché des biens et services est en équilibre quand l’écart
entre l’épargne nationale et l’investissement interne est égal au solde commercial.
La politique budgétaire reste efficace, mais son impact est moindre, car les
importations constituent une fuite du circuit économique.

Taux d’intérêt
Investissement Production
Taux de
rentabilité
Incertitude

prévisionnel
(EMC)
Dépenses
Consommation
Propension à prévues
consommer
Demande
effective
Volontarisme Politique budgétaire

Demande
Conjonctures nationale externe
Exportations
et internationale
Emploi

Résumé de la pensée de Keynes : Les incertitudes fondent le comportement des ménages et des firmes. Elles
déterminent, sur la base de facteurs psychologique, leur consommation et investissement qui sont des
déterminants de la demande effective. Les entreprises produiront ensuite sur la base de leur anticipation de la
demande effective. Enfin, cette production déterminera le niveau d’emploi dans l’économie.
Par ailleurs, l’interventionnisme public a un impact bénéfique sur l’emploi, de même que les exportations.
Figure 7 : Résumé de la pensée de Keynes
83
Analyse macroéconomique de court terme

PARTIE III.
ANALYSE MACROECONOMIQUE DE COURT TERME
84
Equilibre en économie fermée
Chapitre 6.
EQUILIBRE EN ECONOMIE FERMEE
Hicks et Hansen
Introduction
Dans l’optique d’expliquer les cycles économiques en économie fermée, ce chapitre offre
un cadre macroéconomique qui permettra d’analyser les fluctuations cycliques et les
effets des changements de politiques sur une économie fermée. Ce cadre est le modèle
IS-LM ou modèle H-H, une relecture du modèle keynésien à prix fixe et en économie
fermée.
Le modèle IS-LM fut développé la première fois en 1937 par le prix Nobel, Sir John
Richard Hicks, dans son article titré "Mr Keynes and the Classics : A suggested
interpretation" et publié dans la revue Econometrica. Il l’y présente comme une
explication schématique de la pensée de Keynes. Par la suite, Alvin Hanse vulgarise les
idées de Hicks à travers deux publications majeures : "Monetary Theory and Fiscal
Policy" publié en 1949 et "A Guide to Keynes" publié en 1953.
Du fait de ses origines, le modèle IS-LM semble être proche de Keynes que des
classiques. Son hypothèse de fixité des prix a causé, pendant longtemps, son rejet du
monde classique. Cependant, si l’on s’en tenait au titre de l’article que publia Hicks, il
voulait que ce modèle soit un compromis entre classique et keynésien. Mais aujourd’hui,
de nombreux économistes, proclassiques, estiment que le modèle IS-LM démontre que la
théorie classique est une théorie générale et celle de Keynes en est un cas particulier. Par
contre, d’autres économistes, plutôt prokeynésiens, affirment le contraire.
Proclassique ou non, cela n’enlève rien à l’utilité et à la valeur pédagogique du modèle
IS-LM. La simplicité et la logique de son exposé on fait de lui le modèle
macroéconomique le plus célèbre et le plus utilisé. Il est le fondement de nouveaux
modèles macroéconomiques tel le modèle de demande globale et d'offre globale ou
modèle DG-OG. Il peut même être considéré comme une théorie de demande agrégée.
En privilégiant l’approche graphique, nous exposerons d’abord les fondements du modèle
IS-LM (première section), puis nous analyserons les impacts des politiques monétaire et
budgétaire sur l’équilibre économique (deuxième section). Nous déduirons ensuite de
l’exposé du modèle IS-LM, les éléments qui font de lui une théorie de la demande agrégée
(troisième section). Enfin, une dernière section est réservée à une présentation
mathématisée du modèle.

1. Le modèle IS-LM
D’une manière générale, en macroéconomie on distingue quatre macro-marchés : le
marché du travail, le marché des biens et services, le marché de la monnaie et le marché
des titres. Le marché des biens et services peut être considéré comme un marché agrégé
de plusieurs marchés de biens et services (n-3). Il y’aurait alors n marchés dans
85
Analyse macroéconomique de court terme
l’économie. Dans le modèle IS-LM, l’équilibre macroéconomique dépend du marché des
biens et services et du marché de la monnaie. L’équilibre sur le marché des titres s’obtient
automatiquement à partir de celui du marché de la monnaie. Par contre, l’équilibre sur le
marché du travail dépend de celui du marché des biens et services et n’est pas forcément
celui de plein emploi.

1.1. La courbe IS : équilibre sur le marché des biens et services


La courbe IS est une courbe mettant en relation le taux
d’intérêt et le revenu qui réalisent l’équilibre sur le marché des biens et
services. Elle est le lieu des points d’équilibre du marché des biens et services
c.-à-d. les points où l’offre et la demande sur le marché des biens et services
s’égalisent.
La courbe IS décrit la relation entre le taux d’intérêt et le revenu d’équilibre. Pour tout
niveau de revenu donné, la courbe IS détermine un niveau de taux d’intérêt pour lequel
le marché des biens et services serait en équilibre. Elle est ainsi appelée, car elle est le
reflet de l’équilibre keynésien décrit par le modèle de revenu d’équilibre. En effet, en tout
point de la courbe IS, l’investissement désiré est égal à l’épargne désirée. En d’autres
termes, la demande agrégée de biens et services est égale à l’offre agrégée de biens et
services.

1.1.1. Dérivation de la courbe IS


Le graphique 4-1 montre comment dériver la courbe IS de l’équilibre I=S.

Partant de l’équilibre sur le marché des fonds prêtables


La lecture du graphique commence par le premier diagramme, matérialisant l’égalité
épargne-investissement par l’intersection entre la courbe d’épargne et la courbe
d’investissement. Une baisse du revenu d’équilibre entrainerait un déplacement de la
courbe d’épargne vers la gauche. Toute chose restant inchangée, ce déplacement
entrainerait une baisse de l’investissement, mais surtout une hausse du taux d’intérêt.
C’est cette relation inverse entre revenu et taux d’intérêt que représente la courbe IS dans
le diagramme 2.

Partant de l’équilibre sur le marché des biens et services


Si l’on omettait la courbe d’épargne de l’analyse, une baisse du niveau d’investissement,
c.-à-d. un déplacement le long de la courbe d’investissement, entrainerait d’une part la
hausse du taux d’intérêt. D’autres parts, la baisse du niveau d’investissement induirait
une réduction de la dépense prévue. Par ajustement de la dépense effective, cela entraine
la baisse du revenu d’équilibre matérialisé sur le diagramme 3. La relation inverse entre
taux d’intérêt et revenu est à nouveau mise en évidence.
86
Equilibre en économie fermée

Epargne (Y2)
Taux d’intérêt

Taux d’intérêt
Epargne (Y1) IS

r2

r1

1 ∆I
I(r2) I(r1)
Investissement
Epargne/Investissement
2 Revenu/Produit
Cas 1 : Si le revenu passe de Y1 à Y2, la courbe d’épargne
se déplace vers la gauche. Le taux d’intérêt augmente (de r1 DG=OG

Dépenses
à r2) en entrainant la une baisse de l’investissement (de I(r1)
à I(r2)). Ici on ne tient pas compte de DE1 et DE2 dans

3
l’analyse ; tout le diagramme 3 peut être ôté de l’analyse. DG1
Cas 2 : une baisse de l’investissement (de I(r1) à I(r2)),
pour une raison quelconque, augmenterait le taux d’intérêt DG2
réel (de r1 à r2). Par ailleurs cette baisse initiale causerait un
déplacement de la courbe de dépenses effectives de
vers et le revenu
d’équilibre passera de Y1 à Y2. Ici, la présence des courbes ∆I
d’épargne n’est pas nécessaire dans l’analyse.
De deux approches distinctes, on aboutit à une relation
inverse entre revenu et taux d’intérêt réel : la courbe IS
Y2 Y1 Revenu/Produit

Graphique 6-1 : dériver la courbe IS de l’équilibre entre I=S ou DE=DP

Il existe de nombreuses méthodes graphiques pour déterminer la courbe IS. La plus


rependue est le graphique à quatre cadrans (cf. graphique 4-2).
Taux d’intérêt

Le cadran 1 représente l’équilibre


IS
Courbe sur le marché des fonds

2’ 3
prêtables : le lieu des points
d’investissement
d’équilibre entre épargne et
investissement. Partant d’un
équilibre, on rejoint les courbes
d’épargne et d’investissement,
respectivement dans les cadrans 2
et 2’, afin de déterminer les
niveaux de revenu et de taux
d’intérêt qui correspondent à ce
Revenu 45° Revenu équilibre. En répétant cette
opération pour tous les points
d’équilibre, on trouve alors les
Epargne=

1 2
Investissement
couples (Y ;r) vérifiant
l’équilibre. Ces couples sont les
coordonnées des points de la
courbe IS. Pour ce cas, deux
points suffisent pour tracer la
Epargne

Courbe d’épargne
courbe IS, car on fait l’hypothèse
toutes les relations sont affines.

Graphique 6-2 : dériver la courbe IS de l’équilibre entre I=S

1.1.2. Facteurs qui déplacent la courbe IS


Pour tout niveau de revenu, la courbe IS détermine le niveau de taux d’intérêt qui permet
la réalisation de l’équilibre I=S. Toute distorsion extérieure, de nature à modifier
l’équilibre aura tendance à déplacer la courbe IS. En effet, supposons une augmentation
des dépenses publiques. Sachant qu’en économie fermée, l’épargne est ce qui reste du
revenu après la consommation et les dépenses publiques ( S  Y  C  G ), cette hausse
réduira l’épargne nationale, et, toutes choses restant inchangées, entrainera un
87
Analyse macroéconomique de court terme
déplacement de la courbe d’épargne vers la gauche. Ce déplacement va induire une hausse
du taux d’intérêt et la courbe IS se déplace vers la droite (cf. graphique 4-3).
En d’autres termes toute distorsion du revenu d’équilibre de source exogène causerait un
déplacement de la courbe IS. Si l’on s’en tenait à l’exemple précédent, l’accroissement
des dépenses publiques (distorsion de source externe) causerait une augmentation de la
dépense effective qui, toutes choses restant inchangées, déplacerait le revenu d’équilibre
vers un niveau plus élevé. Pour finir, la courbe IS se déplace vers le haut ou la droite afin
de rétablir l’équilibre sur le marché des biens et services (cf. graphique 4-4).
En somme, toute distorsion, de sources exogènes, qui perturbe l’équilibre sur le marché
des fonds prêtables ou le revenu équilibre, peut déplacer la courbe IS ; ce déplacement
aura pour but de rétablir ou maintenir l’équilibre sur le marché des biens et services. Nous
résumons dans le tableau suivant des facteurs ayant la propriété de déplacer la courbe IS.
Taux d’intérêt

Epargne S2
∆G
Epargne S1 Taux d’intérêt

r2

r1

Investissement IS2
IS1
Epargne, Revenu
Investissement

1) Une augmentation de la dépense publique de ∆G entraine un déplacement de la courbe d’épargne de


S1 vers S2. 2) Le déplacement de la courbe d’épargne cause la hausse du taux d’intérêt qui passe de r 1
à r2. 3) Toute chose égale par ailleurs, la courbe IS se déplace vers le haut ou la droite pour rétablir
l’équilibre sur le marché des biens et services.
Graphique 6-3: accroissement de la dépense publique et déplacement de la courbe IS
88
Equilibre en économie fermée

Dépense DE=DP
DE1

DE2

∆G

k.∆G
Revenu, production
Y1 Y2
Taux d’intérêt

Revenu, production
Graphique 6-4: Revenu d'équilibre et déplacement de la courbe IS

Tableau 6-1: Facteurs qui déplacent la courbe IS

Quelques facteurs ayant la propriété de déplacer la courbe IS


Un accroissement de Entraine Déplace IS
vers

Dépenses Hausse de la dépense prévue (baisse de l’épargne)  hausse dépense Haut/droite


publiques effective (et du taux d’intérêt) pour rééquilibrer le marché des biens
et services
Impôt sur le Baisse de la consommation prévue et donc de la dépense prévue Bas/gauche
revenu (hausse de l’épargne)  baisse de la dépense effective (et du taux
d’intérêt) pour rééquilibrer le marché des biens et services
Richesse Hausse de la consommation prévue et donc de la dépense prévue Haut/droite
(baisse de l’épargne)  hausse de la dépense effective (et du taux
d’intérêt) pour rééquilibrer le marché des biens et services
Efficacité Hausse de l’investissement prévu et donc de la dépense prévue  Haut/droite
marginale du hausse de la dépense effective (et du taux d’intérêt) pour rééquilibrer
capital le marché des biens et services
Taxe sur capital baisse de l’investissement prévu et donc de la dépense prévue  Bas/gauche
baisse de la dépense effective (et du taux d’intérêt) pour rééquilibrer
le marché des biens et services
Anticipation de Hausse de la consommation prévue et donc de la dépense prévue Haut/droite
revenu future (baisse de l’épargne)  hausse de la dépense effective (et du taux
d’intérêt) pour rééquilibrer le marché des biens et services
89
Analyse macroéconomique de court terme
1.2. La courbe LM : équilibre sur le marché de la monnaie
La courbe LM est une courbe mettant en relation le taux
d’intérêt et le revenu qui réalisent l’équilibre sur le marché de la monnaie.
Elle est le lieu des points d’équilibre du marché de la monnaie, c.-à-d. les
points où l’offre et la demande d’encaisses monétaires réelles s’égalisent.
Puisque la courbe LM est dérivée de l’équilibre sur le marché de la monnaie, il serait
opportun d’en décrire le fonctionnement.

1.2.1. Le marché de la monnaie


L’offre d’encaisses monétaires réelles est, ici, supposée être déterminée de façon exogène
par les autorités monétaires. Mo=M est l’offre d’encaisses monétaires nominales et est
o
M M
 constante. Puisque nous raisonnons dans le court terme où les prix sont rigides,
P P
alors l’offre d’encaisses réelles est aussi constante :
Taux d’intérêt réel

Mo/P

M/P Volume d’encaisses réelles

Quant à la demande d’encaisses monétaires réelles, elle est fondée sur ce que Keynes
nomme dans sa théorie générale la préférence pour la liquidité.
Dans la logique keynésienne, la propension à consommer détermine la part de revenu
consacrée à la consommation et celle consacrée à l'épargne. Cette décision est la première
que prend l’individu avant de décider sous quelle forme il gardera son épargne. Il aurait
le choix entre divers actifs de degrés de liquidité différents. Le choix d’un actif liquide,
la monnaie étant la liquidité par excellence, correspondrait au choix d’un droit à la
disponibilité immédiate et vice versa. Le choix du type d’actif est déterminé par la
préférence pour la liquidité de l’individu. La théorie générale identifie trois motifs de
préférence pour la liquidité :
✓ Le motif de transaction : Etroitement lié au revenu, il représente la demande de
monnaie (en tant qu’actif liquide) pour la réalisation des transactions de la vie
courante ;
90
Equilibre en économie fermée
✓ Le motif de précaution : lié à la foi au revenu et au taux d’intérêt, traduit une sorte
de désir de protection face aux incertitudes du futur en s’éloignant des « risques de
variation de la valeur monétaire future d'une certaine proportion de ses ressources
totales » ;
✓ Le motif de spéculation : Etroitement lié au taux d’intérêt, il résulte de la recherche
de profit sur la base des capacités de l’individu à prévoir l’avenir mieux que les
marchés.
En somme, deux déterminants de la demande de monnaie sont identifiés. Plus le revenu
d’un individu est élevé, plus ses dépenses le sont, et il a besoin de plus de monnaie pour
effectuer ses transactions. Quant au taux d’intérêt, il rémunère la renonciation à la
liquidité. En effet, les individus dans leur comportement de spéculation renoncent aux
actifs liquides pour effectuer des placements dans des actifs moins liquides qui selon eux
rapporteraient un profit, exprimé en taux d’intérêt, supérieur à l’utilité de la détention de
monnaie. La demande d’encaisses monétaires réelles est donc une fonction décroissante
du taux d’intérêt et une fonction croissante du revenu. Si r est le taux d’intérêt, Y le
revenu, P le niveau général des prix et L la fonction de préférence pour la liquidité, la
demande de monnaie Md serait :
d
M
 L(Y ; r )
P

L(Y ; r ) L(Y ; r )
Où  0 ou LY (.)  0 et  0 ou Lr (.)  0
Y r
Pour simplifier l’analyse, la demande de monnaie pourrait être représentée sous forme
d’une somme de deux fonctions L1 et L2, respectivement, croissante et décroissante.
d
M
 L1 (Y )  L2 (r )
P
Où L1(Y )  0 et L2 (Y )  0
Taux d’intérêt réel

L(Y ;r)

Volume d’encaisses réelles

A l’équilibre du marché de la monnaie, l’offre et la demande d’encaisses monétaires


réelles s’égalisent.
91
Analyse macroéconomique de court terme
M M
 L(Y ; r ) ou  L1 (Y )  L2 (r )
P P
Il apparait évident qu’une relation entre le revenu et le taux d’intérêt, tirée de cet équilibre,
serait positive. La courbe LM est alors une courbe croissante sur un plan défini par le
revenu et le taux d’intérêt.

1.2.2. Courbe LM
La courbe LM représente la relation entre taux d’intérêt et revenu, tous deux, issus de
l’équilibre sur le marché de la monnaie. Pour tout niveau de revenu, la courbe LM permet
de déterminer le niveau de taux d’intérêt qui assurerait l’équilibre sur le marché de la
monnaie. Le graphique 4-5 montre comment dériver la courbe LM à partir de l’équilibre
sur le marché de la monnaie.
Taux d’intérêt

Taux d’intérêt
LM
d
M /P

r2

r1
1 L(Y2 ;r)

L(Y1 ;r)
r2

r1
2
M/P Volume d’encaisses réelles Y1 Y2 Revenu
Dans un premier temps le revenu augmente passant de Y1 à Y2. Cette augmentation entraine, dans un
deuxième temps, un déplacement de la courbe de demande d’encaisses monétaires réelles qui passe de L(Y1 ;r)
à L(Y2 ;r) puis dans un troisième temps, une hausse du taux d’intérêt de r 1 vers r2. Par transitivité
l’accroissement du revenu aurait causé un accroissement du taux d’intérêt, relation que décrit la courbe LM
représentée dans le diagramme 2
Graphique 6-5 : Mise en évidence de la courbe LM

Le diagramme 1 représente l’équilibre sur le marché de la monnaie. Partant de cet


équilibre, une augmentation du revenu national entrainerait un accroissement de la
demande d’encaisses monétaires réelles pour motif de spéculation. La courbe de demande
d’encaisses réelle se déplacerait alors vers la droite, causant une augmentation du taux
d’intérêt d’équilibre. Le passage d’un état d’équilibre revenu-taux d’intérêt à un autre
nous permet d’établir la courbe LM. Cette dernière est représentée sur le diagramme 2.

1.2.3. Facteurs qui déplacent la courbe LM


La courbe LM est la représentation de l’ensemble des points d’équilibre possible sur le
marché de la monnaie, sachant que tous les paramètres du modèle restent tels que décrits.
Toute distorsion de source exogène modifiant les volumes d’encaisses réelles demandés
ou offerts causerait le déplacement de la courbe LM.
Par exemple, si les autorités monétaires décident d’accroitre la quantité de monnaie
offerte, la courbe d’offre d’encaisses monétaires réelles se déplacerait vers la droite et,
toutes choses égales par ailleurs, causerait le déplacement de la courbe LM vers la droite
à travers la baisse de taux d’intérêt.
92
Equilibre en économie fermée

Taux d’intérêt

Taux d’intérêt
LM1
d
M /P
LM2

r1 r2

r2 r1
L(Y ;r)
M1/P M2/P Y Revenu
Volume d’encaisses réelles
Si l’offre de monnaie croît, passant de M1 à M2, la courbe d’offre d’encaisses monétaires réelles se déplace
vers la droite. Les taux d’intérêt croissent pour rétablir l’équilibre sur le marché de la monnaie, causant un
déplacement de la courbe LM vers la droite.

Graphique 6-6: Déplacement de la courbe LM

Tableau 6-2 : Déplacement de la courbe LM

Quelques facteurs ayant la propriété de déplacer la courbe LM


Un accroissement de Entraine Déplace IS
vers

Offre d’encaisses Hausse de l’offre d’encaisses monétaires réelles  baisse du taux droite
nominales d’intérêt pour rééquilibrer le marché de la monnaie
Niveau général des Baisse de l’offre d’encaisses monétaires réelles  hausse du taux gauche
prix d’intérêt pour rééquilibrer le marché de la monnaie
Taux d’inflation Baisse de la demande d’encaisses monétaires réelles  baisse du Droite
taux d’intérêt pour rééquilibrer le marché de la monnaie
Tout facteur pouvant affecter (accroitre) la demande d’encaisse monétaire réelle peut déplacer la courbe
LM (vers la droite) : Patrimoine, risque lié aux actifs alternatifs, degré de liquidité des actifs alternatifs

1.3. L’équilibre général

1.3.1. "Equilibre partiel"


Au début de ce chapitre, nous avons évoqué quatre macro-marchés qui sont le marché du
travail, le marché des fonds prêtables, le marché des biens et services et le marché de la
monnaie. Un équilibre général macroéconomique serait un équilibre sur l’ensemble de
ces marchés. Le marché des biens et services est en équilibre quand le couple revenu-taux
d’intérêt est dans l’ensemble des combinaisons de taux d’intérêt et de revenu compatibles
avec cet équilibre : la courbe IS. Le marché des encaisses monétaires réelles est en
équilibre quand le couple revenu-taux d’intérêt est dans l’ensemble des combinaisons de
taux d’intérêt et de revenu compatibles avec cet équilibre : la courbe LM. L'équilibre sur
le marché des fonds prêtables dépend du marché des encaisses monétaires réelles et du
marché des biens et services. En effet, le marché des fonds prêtables est en équilibre
quand les deux marchés sont en équilibre.
Il est alors possible d’avoir un "équilibre partiel" commun à ces trois marchés, car les
courbes IS et LM ont toutes deux la propriété de lier le revenu au taux d’intérêt. Cet
équilibre, puisqu’il ne dépend que du marché des biens et services et du marché de la
93
Analyse macroéconomique de court terme
monnaie, serait l’intersection entre les deux ensembles que sont la courbe IS et la courbe
LM (cf. graphique).
Taux d’intérêt
LM

E
r*

IS

Y* Revenu
L’équilibre sur les trois macro-marchés des biens et services de la monnaie et
des fonds prêtables sont tous en équilibre quand le couple taux d’intérêt-revenu
correspond au point d’intersection entre la courbe IS et la courbe LM.
L’équilibre s’établit ici au point E correspondant au couple (Y* ;r*)

1.3.2. Marché du travail


L’équilibre sur le marché du travail est indépendant de celui précédemment décrit. Pour
représenter cet équilibre sur le même graphique, il est important de le tracer sur le même
plan que les courbes IS et LM, tel une courbe mettant à relation de revenu et le taux
d’intérêt.
Revenons alors au marché du travail pour définir certains concepts. Le marché du travail
est lieu de rencontre de la demande de travail et de l’offre de travail. L’équilibre s’établit
après ajustement à un point correspondant à un salaire d’équilibre (w*) et un niveau
d’emploi d’équilibre ( L ). Ce niveau d’emploi est le niveau de plein emploi du facteur
travail.
Le niveau de plein emploi du travail est par définition le
niveau de travail d’équilibre du marché du travail.
Par ailleurs, la technologie de production et le capital étant constants à court terme, le
niveau de plein emploi du travail correspond à un revenu de plein emploi :
Y  f ( L)

A court terme, le revenu de plein emploi est le niveau de


production quand l’emploi est à son niveau de plein emploi.
Etant donné que ce niveau ne dépend en aucun cas du taux d’intérêt, sur un plan défini
par les vecteurs revenu et taux d’intérêt, la courbe représentant le plein emploi serait une
droite verticale :

Y Y
94
Equilibre en économie fermée

Taux d’intérêt

Revenu

1.3.3. Équilibre général


Vu que la courbe représentant l’équilibre de plein emploi sur le marché sur travail n’est
définie que par le revenu, l’équilibre général, incluant celui du marché du travail, ne peut
être automatique. Il est alors possible d’avoir un équilibre macroéconomique de sous-
emploi, où persisterait un chômage involontaire. On peut alors typiser trois positions
distinctes de la courbe représentant le plein emploi sur le marché du travail.
Taux d’intérêt

LM
3 1 2

r* E

IS

Y* Revenu
Etant donné que la courbe représentant l’équilibre de plein emploi ne dépend
que du revenu, il peut s’établir n’importe où sur le graphique, mais on peut
distinguer trois positions typiques.
Graphique 6-7 : Equilibre macroéconomique général

Cas 1 : L’équilibre peut alors s’établir exactement au point correspondant au revenu de


plein emploi, ce qui est pour les classiques la situation normale, mais accidentelle pour
les keynésiens.
Cas 2 : l’équilibre s’établit à un point en deçà du plein emploi. Tous les facteurs ne sont
pas employés et il subsiste un niveau de chômage dit involontaire.
Cas 3 : Ce cas, où l’équilibre s’établit à un point en delà du plein emploi, ne peut être
soutenu dans le temps. Il est éphémère, car l’économie aura toujours tendance à revenir à
un niveau d’équilibre plus stable.

2. La politique macroéconomique dans le modèle IS-LM


Comme nous l’avons vu plus haut, l’équilibre macroéconomique peut s’établir à un
niveau que les autorités politiques jugeraient insatisfaisant, les conduisant ainsi à mener
95
Analyse macroéconomique de court terme
des politiques pour le mener ou le ramener à un niveau désiré. Quel serait l’impact d’une
politique publique sur l’économie ?

2.1. La politique budgétaire

2.1.1. Généralités
Nous appelons politique budgétaire tout accroissement du déficit budgétaire. L’analyse
menée ici ne tiendra pas compte de la source de financement du déficit, mais seulement
de la dépense induite qui est une composante de la demande globale, donc un déterminant
de l’équilibre sur le marché des biens et services.
Nous avons vu dans le § 1.1 de ce chapitre qu’une augmentation des dépenses publiques
déplacerait la courbe IS vers la droite. Comme décrit dans le graphique 4-8, dans une
première phase, la hausse des dépenses publiques engendre, par effet multiplicateur, un
accroissement du revenu, donc un déplacement de la courbe IS vers la droite. L’équilibre
passe de son point initial E1 à un autre qui est en dehors de la courbe LM, E2. Ce point E2
ne correspond qu’à l’équilibre sur le marché des biens et services. Le marché des
encaisses monétaires réelles est en déséquilibre, car l’offre d’encaisses monétaires réelles
est inférieure à la demande.
96
Equilibre en économie fermée
OG

Dépense
DG2

DG3
∆I
DG1
∆G ∆G

Y1 Y3 Y2 Revenu
Taux d’intérêt

Taux d’intérêt
LM
I

E3
r2 r2
E1 E2
r1 r1
IS2
IS1
Y1 Y3 Y2 Revenu Fonds prêtables
∆I
k.∆G EE
Dans un premier temps, les dépenses publiques s’accroissent de ∆G et entraine un accroissement des dépenses
effectives se traduisant par le déplacement de la courbe DE qui passe de DE 1 vers DE2. Ce déplacement cause
l’accroissement du revenu de k.∆G (où k est le multiplicateur keynésien) et le revenu passe de Y1 à Y2. La courbe
IS se déplace de IS1 vers IS2 et l’équilibre passe de E1 à E2, mais ce dernier n’est pas stable, car il ne concerne que
le marché des biens et services. Dans un second temps, le taux d’intérêt s’accroît pour rééquilibrer le marché de la
monnaie, passant de r1 à r2 et réduisant l’investissement privé de ∆I. la réduction de l’investissement se traduit par
le déplacement de la courbe DE de DE2 vers DE3. Ce dernier mouvement entraine une de réduction du revenu de
Y2 à Y3 : c’est l’effet d’éviction. L’effet final de la politique budgétaire est la somme de l’effet multiplicateur et
l’effet d’éviction. L’équilibre passe à E3

Graphique 6-8 : Impact de la politique budgétaire

Dans une seconde phase, le taux d’intérêt augmente pour renchérir la détention de
liquidités et ramener l’équilibre sur le marché des encaisses monétaires réelles. Sur le
marché des fonds prêtables, cette hausse du taux d’intérêt réduit l’investissement (∆I)
jusqu’à ce qu’il s’égalise avec l’épargne nationale disponible après les dépenses
publiques : on parle d’éviction de l’investissement privé par les dépenses publiques. Si
l’investissement privé baisse, toutes choses égales par ailleurs, les dépenses effectives
baissent et la courbe correspondante se déplace de DE2 vers DE3. Le revenu baisse de Y2
à Y3 et l’équilibre se réinstaure sur les deux marchés au point E3.
En somme, la politique budgétaire aura tendance à accroitre le revenu national, on dit
qu’elle a un effet expansionniste. Cet effet est la somme de l’effet multiplicateur et l’effet
d’éviction. Son amplitude est donc plus faible que celui donné par le multiplicateur. Elle
est d’autant plus faible que l’effet d’éviction est élevé. Ce qui nous amène à nous
interroger sur l’efficacité de la politique budgétaire.
97
Analyse macroéconomique de court terme
2.1.2. Efficacité de la politique budgétaire
La relance budgétaire serait jugée parfaitement inefficace si son impact sur le revenu est
nul et efficace si son impact sur revenu est total. En d’autres termes, la politique
budgétaire est parfaitement efficace si l’effet d’éviction est nul et parfaitement inefficace
si l’effet d’éviction annule l’effet multiplicateur.
L’effet d’éviction est la baisse de l’investissement privé née
de l’accroissement de l’investissement public.
A) Si la demande d’encaisses monétaires réelles est totalement insensible au taux
d’intérêt, la courbe LM serait verticale et une expansion budgétaire serait
inefficace : si la demande d’encaisses monétaires réelles est parfaitement
inélastique au taux d’intérêt, comme dans la description des classiques, la monnaie
ne serait détenue que comme moyen d’échange, indépendamment de toute autre
considération. Une variation du taux d’intérêt, quelle que soit son ampleur, n’aura
aucun impact sur la demande d’encaisses monétaires réelles. Le revenu devra alors
rester constant pour maintenir l’équilibre sur le marché des encaisses monétaires
réelles
B) Si la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt est extrême, la courbe IS serait
horizontale et une relance budgétaire serait inefficace : en d’autres termes,
l’élasticité de l’investissement par rapport au taux d’intérêt est infinie. De ce fait, la
moindre légère variation du taux d’intérêt entraine une variation infinie de
l’investissement qui, par effet multiplicateur, cause à son tour une variation infinie
du revenu. En somme, la courbe IS est horizontale, car le revenu extrêmement
sensible au taux d’intérêt et l’effet d’éviction est maximal. Ainsi, en présence de
rigidité extrême de la demande d’encaisses monétaires réelles, ou d’hypersensibilité
de l’investissement au taux d’intérêt, la politique budgétaire est inefficace et l’effet
d’éviction est grand.
C) Si la demande d’encaisses monétaires réelles est extrêmement sensible au taux
d’intérêt, la courbe LM serait horizontale et une relance budgétaire serait efficace :
la courbe de demande d’encaisses monétaires réelles est horizontale. Une infime
variation du taux d’intérêt entrainerait une extrême variation de la demande de
monnaie, il faudrait alors une variation aussi grande du revenu pour restaurer
l’équilibre sur le marché des encaisses monétaires réelles. Dans ces conditions, la
courbe LM est horizontale : c’est la trappe à liquidité. Ainsi, en présence de trappe
à liquidité, la relance budgétaire est parfaitement efficace.

LM
Taux d’intérêt

LM
IS1 IS2

IS LM
IS2
IS1
Revenu Revenu Revenu
A B C
Graphique 6-9 : Effet d’éviction
98
Equilibre en économie fermée
En général, quand l’économie est à un équilibre de sous-emploi, comme décrit par la
théorie keynésienne, une dépense publique nouvelle viendrait utiliser les ressources
oisives de l’économie et serait parfaitement efficace.

2.2. La politique monétaire

2.2.1. Généralité
La politique monétaire est l’accroissement par les autorités monétaires de l’offre
d’encaisses monétaires réelles. Dans le paragraphe 1.2.3, nous avons vu qu’un
accroissement de l’offre d’encaisses monétaires réelles provoque le déplacement de la
courbe LM vers la droite et accroit le revenu national.
Dans les faits (cf. graphique 4-10), l’augmentation de l’offre d’encaisses monétaires
réelles induit une hausse des cours des titres et réduit donc le coût de la détention de
liquidité. Les encaisses monétaires réelles des agents augmentent qui détiennent alors
relativement plus de monnaie et moins de titres, car le taux d’intérêt baisse avec la hausse
des cours. La baisse des taux d’intérêt transite ensuite sur le marché des fonds prêtables
où il accroit l’investissement. Il arrive enfin sur le marché des biens et services, où, à
travers l’accroissement de l’investissement et le multiplicateur, il augmente le revenu
national.
Dépense

DP
Taux d’intérêt

I
Mo 1 Mo 2 DE2

DE1

r2
∆I
r1
Md
k.∆I
Monnaie Investissement Y1 Y2 Revenu
∆I
Une augmentation de l’offre de monnaie est le fait des
autorités politiques et prend forme sur le marché de la
Taux d’intérêt

monnaie comme un déplacement de la courbe d’offre qui IS LM1 LM2


passe de Mo1 à Mo2. Le taux d’intérêt baisse et transfert
l’effet sur le marché des fonds prêtables par une
augmentation de l’investissement. La demande effective
croît à son tour du fait de l’accroissement des
r2 E1
investissements. La nouvelle courbe de dépense effective
correspond à un niveau de revenu plus élevé Y2.
r1 E2
En somme, une expansion monétaire déplace la courbe
LM qui passe de LM1 vers LM2, l’équilibre passe alors de
E1 à E2 correspondant à un niveau de revenu plus élevé et
un niveau de taux d’intérêt plus faible. Y1 Y2 Revenu
k.∆I
Graphique 6-10 : Expansion monétaire

2.2.2. Efficacité de la politique monétaire


La relance monétaire serait jugée parfaitement inefficace si son impact sur le revenu est
nul et efficace sinon. Son efficacité dépendra alors non seulement de la pente de la courbe
IS, mais aussi de la pente de la courbe LM.
99
Analyse macroéconomique de court terme
A) Si la courbe IS est verticale, une relance monétaire serait inefficace :
l’investissement est insensible au taux d’intérêt, en d’autres termes, son élasticité
par rapport au taux d’intérêt est nulle. Il est donc constant en tout point. Par
l’équilibre du marché des fonds prêtables, l’épargne aussi doit être constante
entrainant la constance du revenu. En effet, l’épargne étant une fonction croissante
du revenu, sa constance ne pourrait provenir que de celle du revenu. C’est pourquoi
la courbe IS est verticale.
B) Si la courbe LM est horizontale, une relance monétaire serait inefficace : La
demande de monnaie extrêmement sensible au taux d’intérêt : la courbe de
demande d’encaisses monétaires réelles est horizontale. Si une infime variation du
taux d’intérêt entraine une extrême variation de la demande de monnaie, il faut une
variation aussi grande du revenu pour restaurer l’équilibre sur le marché des
encaisses monétaires réelles. Dans ces conditions, la courbe LM serait horizontale :
c’est la trappe à liquidité. Ainsi, une relance monétaire serait inefficace si
l’investissement est inélastique par rapport au taux d’intérêt ou si, par contre, la
demande d’encaisses monétaires réelles est parfaitement élastique par rapport au
taux d’intérêt.
C) Si la courbe IS est horizontale, une relance monétaire serait efficace : la sensibilité
de l’investissement au taux d’intérêt est extrême. En d’autres termes, l’élasticité de
l’investissement par rapport au taux d’intérêt est infinie. De ce fait, la moindre
légère variation du taux d’intérêt entraine une variation infinie de l’investissement
qui, par l’égalité investissement-épargne, cause à son tour une variation infinie de
l’épargne qui doit provenir d’une variation extrême du revenu. En somme, la courbe
IS est horizontale, car le revenu extrêmement sensible au taux d’intérêt. Ainsi, une
relance monétaire serait efficace si l’investissement est parfaitement élastique par
rapport au taux d’intérêt.

IS LM1 LM2
Taux d’intérêt

LM IS
IS2
IS
IS1
Revenu Revenu Revenu
A B C
Graphique 6-11 : Efficacité de la politique monétaire

2.3. La politique mixte (Policy mix)


La politique mixte consiste en l’utilisation conjointe des deux politiques. Il serait, en effet,
irréaliste de penser que les politiques budgétaire et monétaire sont nécessairement
indépendantes. Elles sont souvent utilisées conjointement de façon antagoniste ou alliée,
qu’elles soient du ressort de la même autorité ou non. Dans le cas du Burkina Faso,
l’autorité publique est indépendante de l’autorité monétaire.
Supposons que l’Etat décide de réduire les impôts sur le revenu de ses citoyens. La
réduction de l’impôt sur le revenu a le même impact qu’une expansion budgétaire, elle
100
Equilibre en économie fermée
déplace la courbe IS vers la droite et accroit le revenu à travers le multiplicateur fiscal
diminué de l’effet d’éviction. Trois cas de figure sont ensuite envisageables :
A) L’autorité monétaire ne réagit pas. Elle est donc passive ou neutre face à l’action
de l’Etat. La courbe LM reste stable et le nouvel équilibre est Ef où le revenu et le
taux d’intérêt sont plus élevés.
B) L’autorité monétaire tient à garder le taux d’intérêt constant. Alors elle mène à la
suite de l’Etat, une politique expansionniste pour éponger l’augmentation de taux
d’intérêt causée par la politique budgétaire. La courbe LM se déplace vers la droite,
le revenu s’accroit davantage et le taux d’intérêt retrouve son niveau initial.
C) Si par contre, une politique de contraction monétaire était menée par l’autorité
monétaire, la courbe LM se déplace vers la gauche et réduit l’impact de la politique
budgétaire sur le revenu. Ce déplacement, comme dans le graphique 4-12-C, peut
être voulu de sorte que le revenu reste constant.
Taux d’intérêt

LM
Ef

Ef
Ed Ed
Ef Ed
IS2
IS1

Revenu Revenu Revenu


A B C

Graphique 6-12 : Politique mixte

Résumé de l’impact des politiques économiques sur l’équilibre


Zone keynésienne Zone mixte Zone classique
∆i ∆Y ∆i ∆Y ∆i ∆Y
∆G 0 + + + + 0
∆M 0 0 - + - +

3. La demande agrégée
Le modèle IS-LM est une représentation de l’équilibre général. Il est très utile pour les
analyses de chocs de taux d’intérêt sur l’économie, mais s’avère quasi inefficace quand il
s’agit de chocs de prix. Un nouveau modèle est aujourd’hui développé dans le but
d’analyser ces type de chocs ; c’est le modèle de demande agrégée offre agrégée,
communément appelé le modèle DA-OA (ce modèle sera étudié en profondeur dans le
chapitre 6). Le modèle IS-LM peut être considéré comme une théorie de la demande
agrégée, car il est fondé sur les mêmes hypothèses. En effet, en allongeant légèrement le
terme d’analyse afin de laisser les prix varier, il est possible de déduire du modèle IS-LM
une fonction de demande agrégée. Cette fonction de demande est dite agrégée, car elle
met en relation, tel son homonyme en microéconomie, la demande d’un bien agrégée –
101
Analyse macroéconomique de court terme
qui serait une valeur agrégée de tous les biens de l’économie – et le niveau général des
prix dans l’économie.

3.1. La courbe DA
Dans le modèle IS-LM, on voit apparaitre le niveau général des prix dans l’équilibre du
marché des encaisses réelles :
M M
 L(Y ; r ) ou  L1 (Y )  L2 (r )
P P
Ainsi, une augmentation du niveau général des prix viendrait réduire l’offre d’encaisses
monétaires réelles. L’économie réagit comme s’il s’agissait d’un politique de contraction
monétaire. Ainsi, la courbe LM se déplace vers la gauche entrainant une hausse du taux
d’intérêt et une baisse du revenu. En somme, le modèle IS-LM met en évidence une
relation inverse entre prix et revenu telle que décrite par le graphique 4-13.
Il va sans dire que tout choc provoquant un accroissement du revenu dans le modèle IS-
LM déplacerait la courbe DA vers la droite et vice versa. De ce fait, une expansion
budgétaire ou monétaire déplacerait la courbe DA vers la droite, car elle accroit le revenu
à tout niveau de prix.
Taux d’intérêt

Taux d’intérêt

LM2 LM1
M°2 M°1

Md IS

M/P2 M/P1 Encaisses réelles Revenu


Prix

P2

P1
DA

Y2 Y1 Revenu
Graphique 6-13 : la courbe DA
102
Equilibre en économie fermée
4. Formalisation mathématique du modèle
Dans ce paragraphe, nous revisitons tous les concepts vus jusqu’ici en les formalisant
mathématiquement d’abord par des formes générales puis pour simplifier davantage, par
des formes linéaires.

4.1. La courbe IS

4.1.1. Cas général


Cette courbe est la représentation de l’équilibre sur le marché des biens et services : la
dépense prévue égale à la dépense effective.
Y  C  I G
Par ailleurs, On sait que la consommation est une fonction croissante du revenu et
l’investissement une fonction décroissante du taux d’intérêt.
C  C (Y  T ) avec 0  C '(Y )  1 et C ''(Y )  0
I  I (r ) avec I '(r )  0
L’équilibre devient alors :
Y  C (Y  T )  I (r )  G
D’où Y  C (Y  T )  G  I (r )

Par la réciproque de I(.) r  I 1 (Y  C (Y  T )  G)

4.1.2. Cas linéaire


La consommation est une fonction linéaire croissante du revenu.
C  c0  c.(Y  T ) avec 0  c  1

L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt :


I  i0  i.r avec i  0

L’équation d’équilibre du marché des biens et services devient :


Y  c0  c.(Y  T )  i0  i.r  G

D’où 1  c  .Y  c0  c.T  i0  i.r  G


c0  i0  c.T  G i
Et IS : Y  .r
1 c 1 c
Cette équation décrit l’équilibre sur le marché des biens et services. Elle permet de
déterminer, pour un niveau de taux d’intérêt donné, le niveau de revenu qui équilibre le
marché des biens et services. La fonction ainsi définie est décroissante, car :
0  c  1 et i  0
D’où 0  1 c  1
1
Et 0 1
1 c
103
Analyse macroéconomique de court terme
i
Enfin 0 1
1 c
On retrouve ici l’expression de l’effet multiplicateur. En effet, une variation du revenu de
source externe au modèle peut se traduire comme suit :
c.T G
Y  
1 c 1 c

4.2. La courbe LM

4.2.1. Cas général


La courbe LM est le lieu des points d’équilibre du marché des encaisses monétaires
réelles. L’offre d’encaisses monétaires réelles est constante et égale au rapport entre la
masse monétaire et le niveau général des prix :
M
Mo 
P
La demande d’encaisses monétaires réelles est une fonction croissante du revenu et
décroissante du taux d’intérêt :
M d  L(Y ; r ) Où LY (.)  0 et Lr (.)  0

Pour simplifier M d  L1 (Y )  L2 (r )

A l’équilibre Mo  Md
M
D’où  L1 (Y )  L2 (r )
P
M
Et L2 (r )   L1 (Y )
P
M 
Enfin LM : r  L21   L1 (Y ) 
P 

4.2.2. Cas linéaire


L’offre d’encaisses monétaires réelles reste constante :
M
Mo 
P
La demande d’encaisses monétaires réelles est une fonction croissante du revenu et
décroissante du taux d’intérêt ;
M d  lY .Y  lr .r avec lY  0 et lr  0

L’équilibre sur le marché des encaisses monétaires réelles devient :


M
 lY .Y  lr .r
P
104
Equilibre en économie fermée
1  M
D’où LM r .  lY .Y  
lr  P
Il s’agit bien d’une relation positive entre le taux d’intérêt et le revenu. On remarquera
par ailleurs que sa pente est déterminée par celle de la demande d’encaisses monétaires
réelles par rapport au taux d’intérêt. Plus la demande est sensible au taux d’intérêt, plus
la courbe tend à être horizontale.

4.3. L’équilibre

4.3.1. Cas général


A l’équilibre, le taux d’intérêt et le revenu sont les mêmes sur les deux marchés.
L’équilibre est alors la solution du système d’équations suivant :
r  I 1 (Y  C (Y  T )  G)

 1  M 
 r  L2  P  L1 (Y ) 
  
La résolution de ce système offre une expression de chaque paramètre d’intérêt en
fonction de taxe, des dépenses publiques et l’offre d’encaisses monétaires.
Y  Y (G; M ; T ) et r  r (G; M ; T )
Elles représentent les niveaux d’équilibre de revenu et du taux d’intérêt dans le modèle
IS-LM.

4.3.2. Cas linéaire


Le système d’équations devient :
 c  i  c.T  G i
Y 0 0  .r
 1 c 1 c

 1 M 
Y  .   lr .r 

 lY  P 

c0  i0  c.T  G i 1 M 
Y  .r  .   lr .r 
1 c 1 c lY  P 

c0  i0  c.T  G 1 M  i l 
 .   r  .r
1 c lY P  1  c lY 

c0  i0  c.T  G 1 M i.lY  1  c  .lr


 .  .r
1 c lY P 1  c  .lY
c0  i0  c.T  G 1 c M
Le taux d’intérêt d’équilibre est r   .
i  1  c  . lr i.lY  1  c  .lr P
lY

c0  i0  c.T  G i M
Le revenu d’équilibre est Y   .
l
1  c  i. Y i.lY  1  c  .lr P
lr
105
Analyse macroéconomique de court terme
4.4. Les politiques économiques
L’impact des politiques économiques peut alors être estimé à travers les expressions du
taux d’intérêt et du revenu à l’équilibre. En effet,
Y Y Y
dY  .dG  .dT  .dM
G T M
r r r
dr  .dG  .dT  .dM
G T M
Pour le cas où les fonctions de comportement sont toutes linéaires, on aura :
1 c i 1
dY  .dG  .dT  . .dM
1  c  i.
lY
1  c  i.
lY i.lY  1  c  .lr P
lr lr

i 1 1
dY  k '.dG  k '.c.dT  . .dM où k ' 
i.lY  1  c  .lr P l
1  c  i. Y
lr
k’ étant le multiplicateur réduit de l’effet d’éviction.
1 c 1 c 1
dr  .dG  .dT  . .dM
l
1  c  i. r
l
1  c  i. r i.lY  1  c  .lr P
lY lY
On retrouve ici les mêmes résultats que précédemment :
L’expansion budgétaire accroit le revenu et le taux d’intérêt. Si la demande d’encaisses
monétaires réelles est extrêmement plus sensible au taux d’intérêt qu’au revenu, alors lr
est très grand et le multiplicateur est proche du multiplicateur d’investissement et
inversement. Aussi une sensibilité extrême de l’investissement au taux d’intérêt réduit le
multiplicateur.
L’expansion monétaire accroit le revenu et abaisse le taux d’intérêt. Si la demande
d’encaisses monétaires réelles est extrêmement plus sensible au taux d’intérêt qu’au
revenu, alors on est dans la zone de trappe à liquidité : lr est très grand et lY est quasi nul,
le multiplicateur tend alors vers zéro. Aussi une inélasticité totale de l’investissement au
taux d’intérêt réduit le multiplicateur.

4.5. La demande globale


La courbe de demande agrégée, dérivée de l’équilibre du modèle IS-LM, n’est autre que
l’expression du revenu d’équilibre en considérant que les prix varient.
i M lr
Y  k '.  c0  i0   k '.G  k '.c.T  . où k ' 
i.lY  1  c  .lr P 1  c  .lr  i.lY
Ceci valide à nouveau nos résultats extérieurs sur la demande agrégée :
✓ Sa pente est négative, elle est donc décroissante ;
✓ La politique monétaire déplace la courbe DA vers la droite, car elle accroit
le revenu ;
106
Equilibre en économie fermée
✓ La politique budgétaire déplace la courbe DA vers la droite, car elle accroit
le revenu ;
✓ La politique fiscale déplace la courbe DA vers la gauche, car elle réduit le
revenu.

Conclusion
Nous avons voulu, dans ce chapitre, construire un cadre analytique qui nous permettrait
de comprendre les effets des chocs de court terme sur l’économie. La rigidité des prix à
court terme nous conduit à l’exposé du modèle IS-LM, cadre par excellence d’analyse
des fluctuations de court terme. Il constitue, par ailleurs, le cadre référence dans la théorie
de la demande agrégé. Ainsi exposé, puis combiné aux fonctions de comportement
décrites dans les chapitres 1 et 2, le modèle est présentation simplifiée de la théorie de la
demande agrégée. Les chapitres suivants feront, d’abord un approfondissement du
modèle avant de se pencher sur le modèle de demande agrégée.
Que devons-nous retenir ?
✓ Le modèle IS-LM est un modèle macroéconomique qui explique le taux d’intérêt
et le revenu par trois principales variables exogènes qui sont : la politique
budgétaire, la politique fiscale et la politique monétaire.
✓ L’équilibre du modèle IS-LM représente un équilibre global, car il est l’intersection
des courbes IS et LM qui sont, respectivement, le lieu des points d’équilibre sur le
marché des biens et services et le lieu des points d’équilibre sur le marché des
encaisses monétaires réelles.
✓ Le modèle IS-LM est, par ailleurs, une théorie de la demande agrégée. Considéré
ainsi, il ajoute au nombre de variables exogène, le niveau général des prix pour
expliquer ses deux variables endogènes.
✓ La courbe de demande agrégée DA peut être dérivée de l’équilibre du modèle IS-
LM. Elle est décroissante et exprime une relation négative entre le produit national
et le niveau général des prix.
✓ Une expansion budgétaire déplacerait la courbe IS vers la droite. Elle accroit le
revenu et taux d’intérêt. Elle est plus efficace en présence d’une trappe à liquidité
et moins efficace quand les agents ne sont pas victime d’illusion monétaire. Par
ailleurs, elle déplace la courbe DA vers la droite.
✓ Une expansion monétaire déplacerait la courbe LM vers la droite. Elle accroit le
revenu et abaisse le taux d’intérêt. Elle est moins efficace en présence d’une trappe
à liquidité et plus efficace quand les agents ne sont pas victime d’illusion monétaire.
Par ailleurs, elle déplace aussi la courbe DA vers la droite.
107
Analyse macroéconomique de court terme
Chapitre 7.
EQUILIBRE EN ECONOMIE OUVERTE
Mundell et Fleming
Introduction
Le modèle décrit dans le chapitre précédent, malgré sa pertinence, émet une hypothèse
forte sur la nature des économies. Il les considère comme des économies fermées
n'effectuant aucun échange avec d'autres économies. Ce qui, pour une économie réelle,
serait utopique, car les échanges existent entre économies, mieux, ils affectent les
comportements et les équilibres.
En effet, quand l’Etat burkinabè mène une politique fiscale expansionniste, il faut tenir
compte du fait que le revenu disponible supplémentaire ne sera pas utilisé uniquement
dans la consommation de biens Burkinabès. Ainsi, les flux de biens et de capitaux doivent
être pris en compte dans l’élaboration de toute politique, car les économiques sont plus
ou moins ouvertes et continuent de s’ouvrir au reste du monde.
Ce chapitre fait une extension du modèle IS-LM afin de lui permettre d’expliquer les
phénomènes économiques de court terme dans une économie ouverte. Une telle extension
fut proposée pour la première fois par J.M. Fleming en 1962 puis par R. Mundell en 1963.
Le modèle qui en résulta porte les noms de ces auteurs : modèle Mundell-Fleming.
Après un exposé sur le taux de change dans la première section, nous exposerons ensuite
le modèle M-F et ses fondements dans une deuxième section. La troisième section
s’articulera autour de l’efficacité des politiques macroéconomiques dans une économie
ouverte. Tout comme dans le chapitre précédent la quatrième section fait l’introduction
de la notion de demande agrégée.
108
Equilibre en économie ouverte
1. Le modèle Mundell-Fleming
1.1. Equilibre extérieur : La balance des paiements
Elle se présente comme un état comptable regroupant les opérations avec l’extérieur dans
quatre principaux comptes. Un compte résiduel permet de palier les failles de la collecte
statistique : les erreurs et omissions nettes. Dans l’ordre où ils seront trouvés dans la
balance des paiements, on a les comptes suivants :
✓ Le compte des transactions courantes : Y sont inscrits, toute transaction non
financière privée ou publique ; biens et services, rémunération des facteurs et
transferts sans contreparties ;
✓ Le compte de capital : Il regroupe les transferts, acquisitions et cessions de propriété
des actifs fixes ; capitaux et actifs non financiers ;
✓ Le compte d'opérations financières : Il regroupe toutes les transactions financières
et monétaires de l’économie ; IDE, investissement en portefeuille, autres
investissements ;
✓ Le compte des avoirs de réserves et postes apparentés : Souvent rattaché au compte
précédent, on y trouve les opérations monétaires de l’Etat.
Le modèle macroéconomique qui sera développé ne tiendra compte que des deux
premiers comptes dans son analyse.

1.1.1. La balance des transactions courantes


On s’intéressera uniquement à son solde qui est couramment appelé solde commercial ou
balance commerciale.
XN  X  M
Où XN représente le solde commercial ou les exportations nettes, X les exportions et M
les importations.

Exportations nettes : solde commercial


Le solde commercial, c.-à-d. les exportations diminuées des importations, dépend alors
du taux de change et du revenu. Il est une fonction décroissante du taux de change et du
revenu ;
XN  XN Y ; e; Yrdm   X Yrdm ; e   M Y ; e 

Avec XN y (.)  MY (.)  0 et XNe (.)  X e (.)  M e (.)  0


109
Analyse macroéconomique de court terme

Taux de change

XN

Solde commerciale

Graphique 7-1 : courbe représentative des exportations nettes

1.1.2. La balance des capitaux


Là aussi, on s’intéressera uniquement au solde de la balance des capitaux qui est la
différence entre entrée de capitaux et sortie de capitaux. Le déterminant principal des flux
de capitaux est le gap entre le taux d’intérêt national et le taux d’intérêt mondial.
Si par exemple, un individu détient un capital K, libellé en devise nationale qu’il souhaite
placer, il a le choix entre un placement national ou un placement extérieur :
✓ Il peut le placer sur le marché national au taux d’intérêt national r et son gain sera
K .(1  r ) ;
✓ Il peut, par contre, le convertir d’abord en devise étrangère K.e
• Pour le placer ensuite sur le marché extérieur au taux d’intérêt mondial rm
pour espérer gagner K .e.(1  rm ) .
• Et enfin, il va prévoir de le reconvertir en devise nationale au taux de change
à terme ou anticipé ef pour gagner K.e.(1  rm ) e f .

Il ne sera indifférent à placer son capital sur le marché national ou le marché mondial que
si les deux gains son identique.
K.(1  r )  K.e.(1  rm ) e f

Pour simplifier le raisonnement, on supposera qu’il n’existe pas de risque de change.


L’individu sera indifférent si et seulement si r  rm .

Entrées de capitaux
Si le taux d’intérêt national est supérieur au taux d’intérêt mondial, les capitaux afflueront
dans l’économie nationale. Les entrées de capitaux sont donc une fonction croissante du
gap de taux d’intérêt national et mondial. Plus la différence entre taux d’intérêt national
et taux d’intérêt mondial est grande, plus les flux entrants de capitaux sont élevés.
EK  EK (r  rm ) avec EK '(.)  0
110
Equilibre en économie ouverte
Sorties de capitaux
Contrairement aux flux entrants de capitaux, les flux sortants sont une fonction
décroissante du gap de taux d’intérêt. Plus la différence entre taux d’intérêt national et
taux d’intérêt mondial est faible, plus les flux sortants de capitaux sont élevés.
SK  SK (r  rm ) avec SK '(.)  0

Le solde de la balance
Le solde de la balance des capitaux est alors une fonction croissante du taux d’intérêt
national. En effet si BK est ce solde, alors :
BK  BK  r  rm   BK  r   EK  r  rm   SK  r  rm 

Avec BK '(.)  EK '(.)  SK '(.)  0


On peut dériver graphiquement la courbe représentative de la balance des capitaux.
Taux d’intérêt

EK BK

rm

SK

Flux de capitaux Solde BK


Graphique 7-2 : la courbe représentative de la balance des capitaux

La mobilité des capitaux


La mobilité des capitaux fait référence à la circulation des
capitaux à travers les frontières d'une économie. Sa flexibilité dépend des
restrictions mises en place par les gouvernements afin de protéger leur
monnaie.
Cependant, la mondialisation croissante et les accords multilatéraux ont contribué à
réduire ses restrictions et, de nos jours, les économies tendent vers des économies à
mobilité parfaite des capitaux.
Dans ce modèle d’équilibre extérieur, la mobilité des capitaux est matérialisée par la pente
du solde de la balance des capitaux. Elle est d’autant plus faible que la mobilité des
capitaux est parfaite.
BK
pente 
r
111
Analyse macroéconomique de court terme
1.1.3. Equilibre extérieur

Le solde de la balance des paiements


L’équilibre extérieur, représenté par le solde de la balance des paiements, est la somme
du solde de la balance des transactions courantes et du solde de la balance des capitaux.
Ainsi, il dépend du revenu, du taux d’intérêt et du taux de change.
BP  BP Y ; r; e   XN Y ; e   BK  r 

A l’équilibre le solde de la balance des paiements est nul. Le mouvement des capitaux
devrait compenser le solde commercial :
XN Y ; e    BK  r 

Ainsi, le solde de la balance des paiements décrit une relation positive entre le revenu et
le taux d’intérêt.
Taux d’intérêt

Revenu
Graphique 7-3 : Equilibre extérieur

Propriétés de l’équilibre extérieur


La pente de la droite d’équilibre de la balance des paiements dépend du degré de mobilité
des capitaux. Plus les capitaux sont mobiles entre l’économie et le reste du monde, plus
la pente est faible. Dans le cas extrême où la mobilité des capitaux est parfaite, la droite
serait horizontale.
La courbe BP divise l’espace (Y ;r) en deux : une partie supérieure et une partie inférieure.
La partie supérieure correspond à l’ensemble des points de déséquilibre excédentaire de
la balance des paiements et la partie inférieure à l’ensemble des points de déséquilibre
déficitaire.
Tout accroissement des exportations de sources exogènes déplacerait la courbe BP vers
la droite ou le bas, et inversement. Toute appréciation du taux de change causerait un
déplacement de la courbe BP vers la gauche ou le haut et inversement. De plus, tout
changement dans le comportement des investisseurs, quelle que soit la raison, est
susceptible de déplacer la courbe BP dans un sens ou dans l’autre en fonction de la
situation.
112
Equilibre en économie ouverte
1.2. Equilibre interne : IS-LM augmenté
Il s’agit ici de prendre en compte, dans la demande nationale, les flux entrants et sortants
de biens et services.

1.2.1. La courbe IS’


La seule différence avec la courbe IS est que, dans le modèle M-F, les exportations nettes
viennent en augmentation de la demande prévue. Ainsi l’expression de cette demande
est :
Y  C Y  T   I  r   G  XN Y ; e 

L’équilibre sur le marché des biens et services est différent de l’égalité I=S, car de
l’expression de l’égalité dépense prévue et dépenses effectives on peut tirer :
Y  C Y  T   I  r   G  XN Y ; e 

Ou encore S Y  T   I  r   XN Y ; e 

Le marché des biens et services est en équilibre lorsque l’épargne nationale est égale à
l’investissement extérieur net. Cet équilibre définit une relation négative entre le revenu
et le taux d’intérêt.
En effet, une augmentation du taux d’intérêt réduirait l’investissement privé intérieur.
L’épargne n’étant pas sensible au taux d’intérêt, elle reste constante et l’épargne nationale
s’accroit. Puisqu’à l’équilibre l’épargne nationale est égale à l’investissement extérieur,
alors la baisse de l’épargne nationale entraine une baisse équivalente de l’investissement
extérieur. Toutes choses égales par ailleurs, la réduction de l’investissement extérieur fait
baisser le revenu national par l’effet du multiplicateur (graphique 5-4).
C’est donc cette relation négative entre taux d’intérêt et revenu que décrit la courbe IS’.
Par similitude, la courbe IS’ est le lieu des points d’équilibre
du marché des biens et service en économie ouverte.
113
Analyse macroéconomique de court terme

Investissement extérieur

Dépense
DE
DP1

2 Epargne nationale
∆XN

3 DP2

Revenu

Taux d’intérêt
Taux d’intérêt

r2

r1 1
∆(S-I)
I

Epargne nationale
4
Y2 Y1
IS’

Revenu

Sur le marché des fonds prêtables, une hausse de source exogène du taux d’intérêt national passant de r 1à r2
réduit l’investissement national. L’écart se creuse entre investissement et épargne. Cet écart, ∆(S-I), doit être
comblé par une baisse des exportations nettes de ∆XN pour rétablir l’équilibre sur le marché des biens et services
en économie ouverte. La droite de demande prévue se déplace alors vers le bas, passant de DP 1 à DP2 et le
nouvel équilibre s’établit à un point où le revenu Y2 est plus faible que précédemment Y1.
En somme : si le taux d’intérêt augmente, le revenu baisse ; c’est ce que décrit la courbe IS’
Graphique 7-4 : dérivation de la courbe IS’

1.2.2. La courbe LM’


La courbe LM’ est quant à elle totalement identique à la courbe LM. En effet, le marché
des encaisses monétaires réelles est le même en économie ouverte qu’en économie
fermée. L’offre d’encaisses monétaires réelles est exogène et la demande d’encaisses
monétaires réelles est une fonction croissante du revenu et décroissante du taux d’intérêt.
Offre : Mo  M P

Demande : M d  L Y ; r  avec LY .  0 et Lr .  0

A l’équilibre l’offre serait égale à la demande, d’où :


M P  L Y ; r 

Il s’agit donc de la même relation positive entre le revenu et le taux d’intérêt.


La courbe LM’ décrit donc le même ensemble que la courbe
LM ; l’ensemble des points d’équilibre sur le marché des encaisses
monétaires réelles.

1.2.3. Equilibre interne


L’équilibre interne est l’intersection des deux ensembles que constituent la courbe IS’ et
la courbe LM’. Les courbes pouvant être représentées sur le même plan (Y ;r), l’équilibre
114
Equilibre en économie ouverte
serait le point d’intersection entre elles. Par ailleurs, rien ne garantit toujours que cet
équilibre soit un équilibre de plein emploi.
Taux d’intérêt

IM’=LM

E
r*
Efermée IS’
IS

Y* Revenu

Cet équilibre est un équilibre interne de sous-emploi, car l’intersection entre


la courbe IS’ et la courbe LM’ se fait à niveau de revenu inférieur à celui de
plein emploi. Par ailleurs, nous faisons figurer la courbe IS pour avoir une
idée sur l’équilibre en économie fermée
Graphique 7-5 : Equilibre interne

1.3. Equilibre global

1.3.1. Equilibre ou déséquilibre ?


Là aussi, rien ne garantit la réalisation d’un équilibre commun aux trois marchés. La
rencontre des trois courbes sur le même plan laisse présager trois cas de figure :
✓ Cas 1 : Les trois courbes IS’, LM’ et BP se croisent exactement au même point (sur
le graphique 5-6 : cas BP). Cet équilibre est complet, car il traduit à la foi l’équilibre
sur le marché des biens et services, l’équilibre sur le marché des encaisses
monétaires réelles et l’équilibre externe.
✓ Cas 2 : Les courbes IS’ et LM’ se croisent à un point en dessous de la courbe BP
(sur le graphique 5-6 : cas BP1). Cet équilibre est un équilibre déficitaire, car la
balance des paiements est déficitaire et l’équilibre se réalise sur le marché des biens
et services et le marché des encaisses monétaires réelles.
✓ Cas 3 : Les courbes IS’ et LM’ se croisent à un point au-dessus de la courbe BP (sur
le graphique 5-6 : cas BP2). Il s’agit d’un équilibre excédentaire, car la balance des
paiements est excédentaire et l’équilibre se réalise sur le marché des biens et
services et le marché des encaisses monétaires réelles.
115
Analyse macroéconomique de court terme

IM’

Taux d’intérêt

BP1

BP

E BP2
r*
IS’

Y* Revenu

Graphique 7-6 : Equilibre global

Nonobstant le fait que le point d’équilibre de départ soit aléatoire, l’économie à la capacité
particulière de s’ajuster pour établir un équilibre sur les trois marchés.

1.3.2. Ajustements
Quand l’économie se retrouve dans les cas 2 et 3 précédemment décrits, l’équilibre est
instable et des ajustements sont nécessaires sur chaque marché pour le mener vers un
point stable : l’équilibre sur les marchés. Ces ajustements ne seront pas les mêmes en
fonction que le régime de change soit fixe ou flexible.

Change fixe
Dans l’exemple de l’équilibre global déficitaire, soit la balance des transactions courantes
a un déficit ou des sorties massives de capitaux rendent la balance des capitaux déficitaire.
Ce déficit, qui devrait entrainer une dépréciation des changes, déprécie plutôt la devise
nationale. En effet, la demande de devises extérieures est élevée et excède même l’offre
nationale de monnaie. L’autorité monétaire devra alors jouer sur le marché des changes
afin de maintenir le taux de change au même niveau. Elle rachète alors la devise nationale
contre des devises étrangères afin d’accroitre la demande. Cette opération réduit le
volume d’encaisses monétaires réelles et la courbe LM’ se déplace vers la gauche. Le
revenu national baisse et réduit les importations, augmentant, par là, les exportations
nettes. Le taux d’intérêt augmente et favorise les entrées de capitaux, ce qui, toutes choses
égales par ailleurs, améliore le solde de la balance des capitaux. Réduction d’importations
et hausse des entrées de capitaux contribuent à résorber le déséquilibre extérieur.
L’économie se retrouve à une position d’équilibre complet qui correspond à une
conjoncture médiocre par rapport à la précédente.
116
Equilibre en économie ouverte

Taux d’intérêt IM’2

IM’1

BP

E2
r2
E1
r1

IS’

Y2 Y1 Revenu

Graphique 7-7 : Ajustements en changes fixes

La conjoncture s’étant détériorée, l’autorité monétaire pourrait décider d’annuler les


effets de sa politique sur la masse monétaire. Pour cela, elle rachète, par une opération
d’open-market, des titres auprès des banques. En somme il s’agit juste d’une reconversion
de créances étrangères en créance nationale : c’est de la stérilisation. Cette stratégie ne
peut être utilisée durablement, car elle crée une baisse de taux d’intérêt qui, en situation
de forte mobilité des capitaux, sera à l’origine d’une fuite de capitaux et une hausse de
revenu qui lui augmentera à nouveau les importations. Par ailleurs, du fait du déficit
annuel à combler pour éviter une dépréciation du taux de change, les réserves de change
de l’autorité monétaire s’effondreront d’année en année et l’issue finale sera une
dévaluation. C’est le triangle d’incompatibilité de Mundell.

Change flexible
Restons toujours dans le cas où l’équilibre global est déficitaire. Le rééquilibrage
s’impose toujours, mais là, puisqu’on est en régime de change flexible, l’autorité
monétaire laisse le marché des changes décider. Un déficit de la balance des paiements
entraine alors une dépréciation du taux de change. Cette dépréciation se traduit graphique
par le déplacement de la courbe BP vers le bas. La baisse du taux de change redynamise
l’économie par une hausse des exportations nettes qui, à travers l’effet du multiplicateur,
accroit le revenu par le déplacement de la courbe IS’. L’équilibre s’établit à un point où
le revenu et le taux d’intérêt sont supérieurs à leurs niveaux précédents (cf. graphique 5-
8).
117
Analyse macroéconomique de court terme

IM’

Taux d’intérêt
BP

r1 E2
r1
E1
IS’

Y1 Y2 Revenu

Graphique 7-8 : Ajustements en changes flottants

2. Politiques macroéconomiques dans le modèle M-F


La question est de savoir quelle politique est efficace et sous quel régime de change. Pour
répondre à cette question, nous émettrons deux hypothèses supplémentaires :
1. Il s’agit d’une petite économie ;
2. La mobilité des capitaux est parfaite.
Cette économie ne peut donc affecter par son comportement les variables liées au reste
du monde. Ces variables resteront alors exogènes. Le taux d’intérêt est rigoureusement
égal au taux qui prévaut dans le reste du monde. Par ailleurs, la parfaite mobilité des
capitaux se traduit graphiquement par une courbe BP horizontale.

2.1. La politique budgétaire

2.1.1. Change fixe


Supposons que l’autorité politique effectue des dépenses ou réduit les impôts afin de
relancer l’économie. Cette relance budgétaire, à travers l’accroissement de la dépense
prévue, déplace la courbe IS’ vers la droite et accroit le revenu : multiplicateur du budget.
Le nouvel équilibre, comme on peut le voir sur le graphique 5-9, est excédentaire.
L’excédent de la balance des paiements oblige l’autorité monétaire à accroitre ses
réserves de change pour maintenir la parité de la monnaie. Ainsi, la courbe LM se déplace
vers la droite jusqu’à retrouver le point d’équilibre de la balance des paiements.
Conclusion : La politique budgétaire est efficace en change fixe.
118
Equilibre en économie ouverte

Taux d’intérêt

IM’1 IM’2
IS’1 IS’2

E2
E1 E3
r BP

Y1 Y2 Revenu

Graphique 7-9 : Relance budgétaire et change fixe

2.1.2. Change flottant


En change flottant, une relance budgétaire, toujours par effet multiplicateur, déplace la
courbe IS’ vers la droite et accroit le revenu. Le nouvel équilibre, comme on peut le voir
sur le graphique 5-10, est excédentaire. L’excédent de la balance des paiements est à
l’origine d’une appréciation de la monnaie nationale. La hausse du taux de change
entraine la réduction des exportations nettes et, une fois de plus par l’effet du
multiplicateur, la courbe IS’ se déplace à nouveau vers la gauche pour retrouver son
niveau initial.
Conclusion : la politique budgétaire est inefficace en change flottant.
Taux d’intérêt

IM’
IS’1 IS’2

E2
E1
r BP

Y1 Revenu

Graphique 7-10 : Relance budgétaire et change flottant

2.2. La politique monétaire

2.2.1. Change fixe : le triangle incompatibilité


Supposons maintenant que l’autorité monétaire décide de relancer l’économie par
l’accroissement de la masse monétaire. Cette relance monétaire aura pour effet dans un
premier temps d’accroitre l’investissement intérieur par la baisse du taux d’intérêt et
donc, à travers l’effet du multiplicateur, élever le niveau du revenu. La courbe LM’ se
déplace vers la droite et un nouvel équilibre s’établit à un point où la balance des
paiements est déficitaire, comme on peut le voir sur le graphique 5-11. Dans un second
temps, l’autorité monétaire devra effectuer une opération de rachat sur le marché des
119
Analyse macroéconomique de court terme
changes afin de maintenir le niveau du taux de change. La courbe LM’ se déplace à
nouveau vers la gauche pour retrouver son niveau initial où la balance des paiements est
équilibrée.
Conclusion : en change fixe, la politique monétaire est inefficace. L’autorité monétaire
perd son autonomie d’où l’incompatibilité entre autonomie monétaire, mobilité parfaite
des capitaux et fixité des changes.
Taux d’intérêt

IM’1 IM’2
IS’

E1
r BP
E2

Y1 Revenu

Graphique 7-11 : Politique monétaire et change fixe

Fixité du
régime de
change

Autonomie de
la politique
monétaire

Mobilité
parfaite des
capitaux

Figure 8 : Le triangle d’incompatibilité

2.2.2. Change flottant


En change flottant, la relance monétaire aura toujours pour effet, dans un premier temps,
le déplacement de la courbe LM’ vers la droite. Un nouvel équilibre s’établit à un point
où la balance des paiements est déficitaire, comme on peut le voir sur le graphique 5-12.
Dans un second temps, la monnaie se déprécie et redynamise l’économie par une hausse
des exportations nettes et donc un déplacement de la courbe IS’ vers la droite jusqu’à
retrouver l’équilibre de la balance des paiements.
Conclusion : La politique monétaire est efficace en change flottant.
120
Equilibre en économie ouverte

Taux d’intérêt

IM’1 IM’2
IS’1 IS’2

E1 E3
r BP

E2

Y1 Y2 Revenu

Graphique 7-12 : Politique monétaire et change flottant

L’efficacité des différentes politiques peut alors être résumée dans le tableau suivant :
Régime de change
Change fixe Change flottant
Politique

Expansion budgétaire Efficace Inefficace


Expansion monétaire Inefficace Efficace

2.3. Quel régime de change ?


La plupart des pays africains ont adopté un taux de change fixe. Même quand il est
flottant, il reste tout de même administré par les autorités monétaires. Le choix du régime
de change est beaucoup plus une question politique que théorique.
Certes, le change fixe est le choix de la stabilité, mais il ôte à l’économie son autonomie
monétaire. L’autorité monétaire se réduit alors à jouer de ses réserves de change pour
maintenir la fixité du taux de change. Or, le taux de change n’est pas la seule variable sur
laquelle elle peut jouer pour participer à l’amélioration du bien-être de l’économie.
En effet, en change flottant, l’autorité monétaire peut effectuer des politiques de relance
pour dynamiser ou redynamiser l’économie. Elle peut aussi agir sur l’inflation afin de
garantir une certaine stabilité des prix dans l’économie.
Malheureusement, en change flottant, l’économie reste exposée aux divers chocs
extérieurs. Les risques liés aux fluctuations des taux de change sont les principaux
arguments des défenseurs du change fixe. Ce flottement rendrait difficile le commerce
extérieur par l’accroissement des incertitudes. Nonobstant ces a priori, force est de
constater que le commerce extérieur des Etats Unis se soit exponentiellement accru depuis
son passage au change flottant.
Question politique, n’est-ce pas ?
121
Analyse macroéconomique de court terme

Dollarisation

Caisse d’émission (currency board)

Taux de change fixes

Taux de change fixes avec marges de fluctuation

Ancrage glissant (crawling peg)

Flottement administré

Flottement pur

Figure 9 : Typologie des régimes de change

3. Demande agrégée
De même que le modèle IS-LM, le modèle M-F peut être aussi considéré comme une
théorie de la demande agrégée. Toujours dans la même logique, on ne raisonne plus à prix
fixe. Le modèle M-F sera donc légèrement modifié. En effet, le taux de change considéré
ici est le taux de change réel
Y  C Y  T   I  r   G  XN Y ; e 
M P  L Y ; r 
XN Y ; e    BK  r 

Une augmentation des prix entraine d’abord une réduction de l’offre d’encaisses
monétaires réelles : LM’ se déplace vers la gauche. La conséquence est la baisse du
niveau de revenu. Cette relation inverse entre le niveau général des prix et le revenu est
traduite par une courbe de demande agrégée décroissante. A nouveau, tout choc
provoquant un accroissement du revenu dans le modèle M-F déplacerait la courbe DA
vers la droite et vice versa.
122
Equilibre en économie ouverte

Taux d’intérêt

Taux d’intérêt
LM2 LM1
M°2 M°1

Md IS

M/P2 M/P1 Encaisses réelles Revenu

Prix

P2

P1
DA

Y2 Y1 Revenu
Graphique 7-13 : Dérivation de la courbe de demande agrégée

Conclusion
Dans ce chapitre nous avons voulu rendre le modèle IS-LM plus proche de la réalité qui
est celle des économies ouvertes. Ce qui nous a menés à l’exposé du modèle de Mundell
et Fleming qui est une description de l’équilibre macroéconomique keynésien à prix fixe
et en économie ouverte. Cette représentation plus réaliste de la demande agrégée nous
permettra d’aborder dans le chapitre suivant le modèle de demande agrégée et offre
agrégée ou modèle DA-OA.
Que devons-nous retenir ?
✓ Le modèle M-F est une extension du modèle IS-LM au cadre d’une
économie ouverte. Il explique l’évolution du taux d’intérêt, du revenu et
du taux de change par des variables exogènes telles que la masse
monétaire, la dépense autonome, et la balance commerciale.
✓ La politique monétaire n’est efficace que dans un régime de change fixe.
En effet, en change flottant, toute action budgétaire sera inhibée par un
déséquilibre de la balance des paiements.
✓ La politique monétaire n’est efficace que dans un régime de change
flottant. Dans un régime de change fixe, par contre, l’autorité monétaire se
voit contredite par sa volonté de maintenir la parité de la monnaie.
123
Analyse macroéconomique de court terme
✓ Chaque régime de change a ses avantages. Le choix d’un régime va au-
delà des considérations théoriques et appartient aux décideurs politiques
seuls.
124
Modèle OD-DG
Chapitre 8.
MODELE OD-DG
Modèle à prix flexibles
Introduction
Les modèles présentés jusqu’ici sont fondées sur l’hypothèse de fixité des prix. Ce qui, à
notre avis, réduit son champ d’application. En effet, il ne permettrait pas l’analyse des
fluctuations des prix. Le modèle d’offre et de demande agrégées, tout en palliant à cela,
permet d’aller plus loin dans la compréhension des cycles économiques des économies
contemporaines. Il nous offrira par ailleurs une nouvelle vision du débat sur les politiques
à mettre en œuvre et comment les mettre en œuvre.

1. Equilibre macroéconomique
1.1. Demande agrégée
Il s’agit ici de construire la première partie du modèle DA-OA qui est la courbe de
demande agrégée. C’est une courbe mettant en relation la quantité totale de bien et service
demandé dans l’économie et le niveau général des prix.
La demande agrégée est la quantité totale de biens et services
demandée dans l’économie à tout niveau de prix, et ce, quand le marché des
biens et services et celui des encaisses monétaires réelles sont en équilibre.

La courbe de demande agrégée est la représentation


graphique de la demande agrégée. En d’autres termes, elle décrit la relation
entre le revenu national et les prix quand le marché des biens et services et
celui des encaisses monétaires réelles sont en équilibre.
Pour les monétaristes, cette courbe ne peut être déplacée que par une politique monétaire.
Par contre pour les keynésiens, en plus de la politique monétaire, la politique budgétaire
peut aussi la déplacer.

1.1.1. La vision monétariste


Il s’agit d’une vision néoclassique de la demande agrégée qui est donc liée à la théorie
quantitative de la monnaie ou plutôt à la version moderne de la théorie quantitative
formulée par les monétaristes.
(version moderne) La théorie quantitative de la monnaie
stipule que toute variation de la dépense nominale totale naît principalement
de variations de la masse monétaire.
Si M est la masse monétaire dans l’économie, P le niveau général des prix, Y le niveau
de la dépense réelle et V la vitesse de circulation de la monnaie, alors P.Y serait la dépense
nominale totale de l’économie et la formule quantitative de la monnaie s’écrirait :
M .V  P.Y
125
Analyse macroéconomique de court terme
Ceci est en réalité une identité comptable qui ne dit pas que la dépense nominale varie
systématiquement suite à une variation de la masse monétaire, car la vitesse de circulation
de la monnaie aussi s’ajuster pour rétablir l’équilibre. Friedman suppose qu’elle ses
variations futures sont prédictibles et indépendante de la masse monétaire.
Supposons que la masse monétaire en circulation dans l’économie burkinabè est de 2
milliard et la vitesse de circulation prédite est 2. La théorie quantitative moderne voudrait
que la dépense nominale s’établisse à 4 milliard. Si la masse monétaire passe à 3 milliard,
selon les monétaristes, si toutes choses sont égales par ailleurs, la dépense passerait à 6
milliard.

La courbe de demande agrégée


L’équation quantitative peut se réécrire comme suit :
M .V
Y
P
Elle traduit alors une corrélation négative entre le produit national et le niveau général
des prix. Cette relation peut être considérée comme la forme fonctionnelle de la courbe
de demande agrégée.
Pourquoi une relation négative ? Intuitivement, il fallait s’attendre que la demande
agrégée reflète un tant soit peu la demande microéconomique, car elle en est la version
agrégée à tous les biens de l’économie. Par ailleurs, supposons que la masse monétaire
en circulation dans l’économie burkinabè est de 2 milliard et la vitesse de circulation
prédite est 2. Si le niveau général des prix est 4 et le produit national 1 milliard, la dépense
nominale serait 4 milliard, comme le veut la théorie monétariste. Suite à une baisse du
niveau général des prix à 2, la dépense nominale ne variant pas, le produit national passe
à 2 milliard.
Puisse que chez les néoclassique la monnaie n’est demandée que pour effectuer des
transactions, la relation négative entre produit national et prix peut être déduit de
l’équilibre sur le marché des encaisses monétaires réelles.
M
 mY
. .
P
L’offre d’encaisses monétaires réelles est égale à la demande d’encaisses monétaires
réelles qui est une proportion m du revenu national (la proportion que les agents désirent
garder sur eux pour effectuer leurs transactions courantes). Si on pose que cette proportion
est égale à l’inverse de la vitesse de circulation de la monnaie, on retrouve l’équation
quantitative de la monnaie.
126
Modèle OD-DG

Prix

Demande agrégée

Produit
Graphique 8-1 : courbe de demande agrégée selon les monétaristes

Les facteurs de déplacement de la courbe


D’après la théorie quantitative moderne, seule une variation de l’offre de monnaie peut
déplacer la courbe demande agrégée.
En revenant à notre exemple de départ ou nous supposions que la masse monétaire en
circulation dans l’économie burkinabè était de 2 milliard et la vitesse de circulation
prédite 2. Si le niveau général des prix est 4 et le produit national 1 milliard alors la
dépense nominale serait 4 milliard conformément à la théorie monétariste. Supposons
maintenant une augmentation de l’offre de monnaie, passant de 2 milliard à 3 milliard. Si
toutes les autres variables restent inchangées, le produit national croît pour tout niveau de
prix.
En somme, une hausse de la masse monétaire en circulation déplace la courbe de demande
agrégée vers la droite et vice versa.

1.1.2. La vision keynésienne


Elle part de la théorie de la demande effective et de l’équilibre sur le marché de la monnaie
pour aboutir à la demande agrégée. La demande effective, comme nous l’avions vu, a
quatre composantes principales : la consommation des ménages, l’investissement prévue
par les entreprises, les dépenses publiques et les exportations nettes. Elle fonde la relation
IS qui est le lieu des points d’équilibre sur le marché des biens et services. Quant au
marché de la monnaie, il est en équilibre quand l’offre d’encaisses monétaires réelles est
égale à la demande d’encaisses monétaires réelles. Il fonde la relation LM qui est le lieu
des équilibres sur le marché des encaisses monétaires réelles.

Relation IS Y  C Y  T   I  r   G  XN

M
Relation LM  L Y ; r 
P

La courbe de demande agrégée


Dans les chapitres précédents, nous avons étudié les relations entre les différentes
variables présentes dans les équations précédentes. Que se passerait-t-il si les prix
variaient ? Si le niveau général des prix baisse – théoriquement la masse monétaire n’en
127
Analyse macroéconomique de court terme
serait pas affectée 8 – toutes choses restant inchangées, l’offre d’encaisses monétaires
réelles s’accroit et réduit le taux d’intérêt. Le choc, né dans la sphère monétaire, se
transfert dans la sphère réelle par une augmentation des investissements due à la baisse
du taux d’intérêt. Enfin, à travers l’effet multiplicateur, le produit national augmente à
son tour. D’où la relation négative entre le niveau général des prix et le produit national.
Par ailleurs le transfert à la sphère réelle peut passer par le marché extérieur. En effet, la
baisse du taux d’intérêt cause des fuites de capitaux vers le reste du monde. Le taux de
change baisse et les exportations nettes augmentent pour rééquilibrer la balance des
paiements. Par l’effet du multiplicateur, le produit national s’accroit du fait
l’augmentation des exportations nettes. C’est pour cela que, dans les chapitres précédents,
on assimilait les modèles IS-LM et M-F à des théories de la demande agrégée.
Taux d’intérêt

LM1 LM2

r1

r2 IS

Produit
Prix

P1

P2 DA

Y1 Y2 Produit
Graphique 8-2 : Courbe de demande agrégée et IS-LM

Les facteurs de déplacement de la courbe


Dans ce modèle on peut alors identifier trois facteurs principaux qui pourraient déplacer
la courbe de demande agrégée. La masse monétaire, la dépense publique et les
exportations nettes. Ainsi, toute politique d’expansion, qu’elle soit monétaire, budgétaire,
fiscale ou commerciale, à la propriété de déplacer la courbe de demande agrégée vers la
droite, et inversement.

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Sur ce point, les monétaristes et les keynésiens sont en accord : les variations de prix n’affectent pas la
masse monétaire.
128
Modèle OD-DG
En effet, si l’Etat réduit la pression fiscale, le produit final s’accroit du fait de l’effet du
multiplicateur fiscal. La courbe DA se déplacerait alors vers la droite, car la demande
s’accroit pour tout niveau de prix.

1.2. Offre agrégée


L’offre agrégée est la quantité de biens et services que les producteurs nationaux d’une
économie sont disposés à mettre sur le marché pour divers niveaux de prix. Elle est décrite
par une relation positive entre les prix et les quantités. Par ailleurs, elle est la production
issue de l’équilibre le marché du travail pour une technologie donnée.
Puisse que la fonction d’offre globale est issue de l’équilibre sur le marché du travail, il
est alors opportun d’en faire une brève description.

1.2.1. Détermination graphique


La loi d’Okun : du nom de l’auteur qui la mise en évidence (Arthur okun, 1928-80) en
1962, cette loi stipule l’existence d’une relation entre les variations du taux de chômage
et celles du taux de croissance du produit intérieur brut. Cette relation serait négative,
linéaire et stable. On peut aujourd’hui écrire cette relation comme suit
Y  Yt    u  ut 

Loi de Phillips : elle établit une relation négative entre les salaires nominaux et le
chômage. Plus tard, cette relation sera réduite à une relation entre inflation et chômage.
La loi de Phillips sera étudiée plus loin.

1.2.2. Le modèle WS-PS (Wage setting and Price setting)

Détermination des salaires


Généralement, les salaires sont issus d’une négociation entre employés et employeurs.
Très souvent, ils sont le résultat de longues négociations syndicales qui peuvent avoir lieu
plusieurs fois en une année. Les salaires ainsi négociés sont rigides à court terme.
Lors des négociations, les salariés se soucient plus de leur pouvoir d’achat et de son
évolution anticipée jusqu’aux prochaines négociations. Ils anticipent alors le niveau
général des prix et par là le salaire réel qui sera la base de leur décision. Ce qui importe
donc pour eux c’est le salaire réel ou pouvoir d’achat durant la période ou le salaire
nominal restera rigide.
Le taux a un effet sur la capacité des salariés à négocier leurs salaires. Si le taux de
chômage est élevé, la présence d’une main d’œuvre prête à l’emploi réduit le pouvoir de
négociation des salariés. Toutes choses restant inchangées, ils négocieront des salaires
nominaux faibles.
Les institutions sont aussi des facteurs d’accroissement du pouvoir de négociation des
salariés. En effet, plus il y’a d’institution en faveur des employés (allocation sociale
129
Analyse macroéconomique de court terme
chômage, salaire minimum, droit du travailleur, syndicats…) plus leur pouvoir de
négociation est grand, car ils peuvent ainsi négocier sans crainte de réduire leur bien-être
en cas d’échec.
En résumé le salaire nominal est une fonction du niveau anticipé des prix, du taux de
chômage et des institutions. Notons W le niveau nominal des salaires, Pa le niveau
anticipé des prix, u le taux de chômage et z les institutions. Cette relation s’écrit :
W  P a F  u, z 

F F
 0 et 0
u z

Détermination des prix


A court terme la production dépend uniquement du travail. Si l’on suppose que chaque
unité de travail produit uniquement une unité de biens. Si de plus les rendements d’échelle
sont constants, chaque unité supplémentaire produite nécessitera l’embauche d’une unité
de travail au salaire W. la vente cette unité créera une recette marginale égale au prix P.
Sous l’hypothèse de concurrence pure et parfaite, le sera exactement égale au coût des
facteurs de production donc au salaire W. Mais la plupart des marchés n’étant pas en
concurrence pure et parfaite, les prix seront plus élevés que les coûts de rémunération des
facteurs. Si µ est taux moyen de marge bénéficiaire dans l’économie, la relation entre les
prix et le salaire peut s’écrire :
P  (1   )W

Equilibre WS-PS

Long terme
Sous l’hypothèse que les anticipations sont parfaites à long terme (P=Pa), on peut déduire
un taux de chômage d’équilibre de long terme. Ce taux de chômage est le taux de chômage
structurel.
W
 P  F  u, z  1
 W d’où  F  un , z 
 1 1 

 P 1  
130
Modèle OD-DG

W/P

un u

Le taux chômage naturel (de long terme) correspond à un niveau de produit Yn qui est
l’offre agrégée de long terme.
OALT

Récession Surchauffe
P Pa P Pa

Moyen terme
A court et à moyen terme les anticipations ne pas parfaites. Elles ne se réalisent donc pas
systématiquement. L’équilibre du marché du travail est la solution à
W  P a F  u, z 

 P  (1   )W
P 1
D’où  F  un , z 
Pa 1  
Si P=Pa on retrouve le résultat précédent. Mais si P≠Pa, c’est-à-dire que le niveau
d’inflation n’a pas été parfaitement anticipé, le taux de chômage dévie de son niveau
d’équilibre et le revenu aussi. Pour apprécier l’ampleur de ces déviations, faisons la
soustraction membre à membre des équations d’équilibre de long et de moyen terme. On
obtient :
 P  1
 a  1  F  u , z   F  un , z 
P  1 
P  Pa
D’où  1     F  u, z   F  un , z 
Pa
131
Analyse macroéconomique de court terme
La loi d’Okun nous permettra de remplacer dans l’expression de l’équilibre, les
différences de taux de chômage par des différences de revenu.
P  Pa
 1     F  u, z   F  un , z  (Loi de Phillips)
Pa
Y  Yn    u  un  (Loi d’Okun)

P  Pa
  Y  Yn  (Offre globale)
Pa
Une augmentation non anticipée des prix (P >Pe) baisse le chômage en dessous de son niveau
de long terme (u <un) et augmente le PIB au-dessus du niveau naturel (Y >Yn)

1.2.3. Equilibre macroéconomique


L’équilibre macroéconomique est le point de rencontre entre la courbe de demande
globale et celle d’offre globale.

(A venir)
132
Modèle OD-DG

PARTIE IV.
ANALYSE MACROECONOMIQUE DE LONG TERME

(A venir)

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