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Macroéconomie
Cours d'analyse macroéconomique
Marcel L. THIOMBIANO
Université Nazi Boni
│iii
Sommaire
4│A propos de la macroéconomie
Introduction générale
Ce cours de macroéconomie, très ambitieux, se veut un condensé des notions essentielles
à l’étudiant de Licence en économie. Des principes de base aux principes avancés, il fait
l’économie des notions essentielles en macroéconomie durant tout le parcours de licence
en économie. Ainsi, une lecture méthodique de ce cours permettra à l’étudiant de se
familiariser à l’analyse macroéconomique selon son niveau. L’étudiant de première année
pour alors se familiariser aux notions d’agrégats macroéconomiques, de croissance et de
politique économique. Celui de deuxième année trouvera des notions avancées sur
l’analyse macroéconomique de court terme. Quant à l’étudiant de troisième année, il
pourra approfondir sa connaissance de la discipline à travers un exposé clair et détaillé
sur les politiques économiques et la nouvelle macroéconomie.
En 1932 Lionel Robins définissait la science économique comme « […] une science qui
étudie les comportements humains comme une relation entre des fins et des moyens rares
ayant des usages alternatifs. » Il est difficile, même de nos jours, même pour nous,
économistes, d’en fournir une meilleure définition tant la simplicité et la justesse de celle
de Robin nous séduisent.
« La science économique est une science qui étudie les
comportements humains comme une relation entre des fins et des moyens
rares ayant des usages alternatifs. »
Lionel Robin, 1932
La science économique serait donc avant tout une science, mais surtout une science
sociale. En effet, son objet d’étude est le comportement humain. Elle étudie ce
comportement comme une relation entre fins et moyens rares. L’humain, caractérisé par
des capacités limitées, fait régulièrement face à des choix du fait de ses aspirations
illimitées. De nombreuses alternatives s’offrent alors à lui. En d’autres termes, vu ses
capacités limitées, de nombreux chemins susceptibles de le mener vers ses objectifs
s’ouvrent à lui. Le but de cette science qu’il applique intrinsèquement est de lui montrer
les différents usages possibles (chemins) de ses ressources rares et surtout les avantages
et les inconvénients liés à chacun d’eux. On l’appelle ironiquement la science des choix
puisque son rôle est juste de proposer aux décideurs, les différentes alternatives possibles,
connaissant leurs ressources, pour atteindre leurs objectifs, ou du moins certains objectifs
(un optimum).
Ainsi définie, la science économique s’invite dès lors que le besoin de faire des choix ou
un calcul coût-bénéfice s’impose. Elle est, de ce fait, l’une des rares sciences qui
s’infiltrent dans tous les domaines, donc l’une des plus vastes. La précision dans l’analyse
contraint donc les économistes contemporains à la spécialisation. Pour témoigner de la
largesse et du degré de spécialisation possible dans la science économique, il existe une
spécialité économique pour toute entité imaginable : économie de la croissance, économie
La macroéconomie│5
industrielle, économie de la pauvreté, économie du droit et, sans exagérer, économie de
l’industrie de la prostitution.
L’existence d’une discipline qui étudie l’économie dans son ensemble semble alors être
triviale, mais force est de constater que la macroéconomie moderne est une discipline très
jeune. De nombreux contemporains considèrent qu’elle est née de la révolution
keynésienne survenue pendant la crise de 1929. En effet, cette crise constitua un grand
tournant dans la pensée économique, car c’est à sa suite, en 1936, que Keynes publie sa
théorie générale considérée, par de nombreux contemporains, comme le premier exposé
de la macroéconomie moderne. Cependant, il serait judicieux de ne pas accorder à Keynes
la totalité de cette paternité puisque lui-même rendait hommage à Quesney pour son
tableau économique qui dès 1958 modélisait les interdépendances entre certains
évènements globaux au sein d’une économie. Par ailleurs, l’objet même de la richesse des
nations d’Adam Smith fait d’elle une œuvre à caractère macroéconomique tentant
d’expliquer les sources de la richesse d’une nation. De plus, en 1933 l’économiste
norvégien Ragnar Frisch (prix Nobel 1969) faisait déjà un exposé de macroéconomie,
mieux, il fonda le terme macroéconomie.
En réalité, le mérite de Keynes réside dans la rupture qu’il a créée avec la vision de ses
contemporains. En effet, sa théorie générale est une critique radicale de la vision,
aujourd’hui, dite classique, du fonctionnement de l’économie, véhiculée alors. Cette
vision classique représente l’économie telle une économie d’échange pure, car la monnaie
n’y joue aucun rôle et les marchés, lieu d’ajustement par excellence, permettent la
synchronisation des décisions à travers les prix. Elle est par ailleurs la vision qui fonde le
libéralisme et le « laisser-faire ». Malheureusement, c’est cette vision qui mènera
l’économie mondiale vers sa première crise majeure. Après avoir affiché son impuissance
face à cette crise née de ses principes fondateurs, Keynes lui oppose une alternative lui
permettant de justifier, rationnellement, l’interventionnisme de l’État. Pour lui, nous
vivons dans une économie monétaire de production où les marchés n’ont pas le pouvoir
d’ajustement que leur confèrent les théoriciens classiques. C’est ainsi que naît la
macroéconomie moderne dont les pères seraient Ragnar Frisch, John Maynard Keynes,
Michal Kalecki et Gunnar Myrdal. À leur suite, on assistera d’une période à l’autre à une
sorte de mouvement oscillatoire de la théorie économique entre les économistes
prokeynésiens et ceux proclassiques. Ce “ping-pong” théorique se poursuit jusqu’à nos
jours, mais d'une manière moins prononcée.
Ainsi donc, depuis sa naissance, l’histoire de la macroéconomie ressemble à une
succession de réfutation et de défense de la pensée de Keynes. Néanmoins, il est possible
aujourd’hui d’en faire une synthèse pour offrir à de jeunes économistes les outils
nécessaires à la compréhension de l’économie. Ce cours fait la synthèse des
connaissances actuelles en macroéconomie en deux grandes parties.
6│A propos de la macroéconomie
La macroéconomie│7
PARTIE I.
INTRODUCTION A LA MACROECONOMIE
8│A propos de la macroéconomie
Chapitre 1.
LA MACROECONOMIE
Introduction
Sous-discipline de la science économique, la macroéconomie peut être définie comme
une approche méthodique qui, considérant l’économie dans sa globalité, veut, non
seulement, l’analyser, c’est-à-dire la comprendre et l’expliquer, mais aussi agir sur elle
pour l’améliorer. Elle mène alors son analyse à travers l’étude de relations entre les
variables agrégées de l’économie. Elle se servira de modèles macroéconomiques pour
décrire ces relations qui peuvent être comptables ou de comportement. Afin de vérifier la
validité de ses modèles, l’économiste usera de méthodes statistiques appliquées à
l’économie (économétrie) et de données statistiques sur l’économie. Dans le cadre de
l’analyse macroéconomique, les données globales (agrégées) seront préférées à celles
individuelles (qui sont plutôt utilisées dans le cadre de l’analyse microéconomique).
La macroéconomie est une sous-discipline de la science
économique qui, par son approche, considère l’économie comme un tout
cohérent pour l’analyser et agir sur elle.
Par ailleurs, la logique de l’analyse économique demeure identique tant en
macroéconomie qu’en microéconomie. En fait, la majeure partie des relations de
comportement macroéconomique prennent leurs racines dans la microéconomie : on parle
d’un retour aux fondements microéconomiques. Néanmoins, la macroéconomie reste
l’étude de l’économie dans son ensemble et s’intéressera, pour cela, à des questions
économiques d’ensemble tels la croissance, les fluctuations, le chômage et autres.
1. A propos de la macroéconomie
1.1. Objet de la macroéconomie
L’objet principal de la macroéconomie ne s’éloigne pas de celle de la discipline mère qui
est la science économique. Comme précisés plus haut, les économistes, pour plus de
précision dans leurs analyses, se spécialisent. Le point, à la fois, commun et distinctif de
ces spécialités ou de ces économistes est la démarche entreprise dans l’analyse. Point
commun, car l’ossature de l’analyse économique est identique dans toutes ses spécialités.
Point distinctif, car l’approche permet de distinguer une analyse microéconomique d’une
analyse macroéconomique.
Ces approches se distinguent l’une de l’autre par leur centre d’intérêt et les variables
d’intérêts. L’analyse microéconomique étudie le comportement des unités indivisibles
(les plus petites possible) de l’économie (ménages, entreprises) et de leurs interactions
(marchés). Tandis que l’analyse macroéconomique s’intéresse à des unités plus grandes
ou agrégées tels la société, le pays, la région… Pendant que la microéconomie s’intéresse
La macroéconomie│9
aux variables liées à l’unité individuelle, la macroéconomie travaille sur des agrégats,
c’est-à-dire des variables qui mesurent une réalité à l’échelle de la nation.
Un agrégat économique est un indicateur synthétique qui
mesure un aspect de l’activité de l’ensemble de l’économie et qui, par-là,
permet la comparaison dans le temps et dans l’espace.
Ainsi, on parlera en macroéconomie de consommation des ménages de produit national
et d’indice des prix. Parallèlement, on parlera en microéconomie de consommation
individuelle, du chiffre d’affaires d’une firme particulière, du prix d’un bien donné. La
macroéconomie, telle que définie, veut comprendre l’économie et agir sur elle pour
l’améliorer. Cet objectif principal implique quatre sous-objectifs complémentaires.
La macroéconomie veut avant tout déterminer les variables ou agrégats permettant de
comprendre, décrire et suivre l’activité économique et le comportement des agents
économiques à l’échelle de l’économie. Cet objectif est incarné principalement par la
comptabilité nationale qui, par sa représentation schématique et quantifiée de l’activité
économique, offre à une large palette d’indicateurs (variables ou agrégats) permettant un
constat régulier de la santé de l’économie.
La comptabilité nationale est le système comptable
macroéconomique, tenue pour le compte et par les services de l'état, et qui
fournit une représentation quantifiée de l'économie du pays. Elle est une
représentation simplifiée de l'activité économique d'un pays sur une période
donnée (une année).
Elle veut ensuite analyser l’évolution de ces agrégats dans le temps et déterminer les
relations (qu'elles soient stables, instables, comptables ou non-comptables), voire les lois,
pouvant exister entre elles. Ces relations expliqueraient les interactions entre les différents
agents et s’expliqueraient par elles. Par cette volonté, elle ouvre la voie à la statistique
descriptive et l’inférence statistique qui s’immiscent dans sa démarche au point d’en être
(aujourd’hui) partie intégrante : l’économétrie. L’économie fournit des idées (théories)
sur les grandeurs économiques et les relations entre elles tandis que l'économétrie apporte
une vérification empirique et établit quantitativement ces corrélations.
L’économétrie est l’outil mathématique de la science
économique. Elle permet d’améliorer l’analyse économique par la
vérification empirique des relations ou lois identifiées théoriquement. En
faisant donc appel à l'analyse statistique et à la formulation mathématique,
elle exprime quantitativement les corrélations pouvant exister entre des
phénomènes économiques dont la théorie affirme l'existence.
Puis mettre en exergue les différents équilibres/déséquilibres possibles dans les
interactions entre agents et leurs conditions de réalisation. Analyser les déséquilibres et
10│A propos de la macroéconomie
La croissance économique
S’il n’y avait qu’une variable d’intérêt pour la macroéconomie, ce serait bien la croissance
économique. L’intérêt des décideurs politique pour une croissance économique forte et
soutenue a fait d’elle l’une des plus étudiées en macroéconomie.
La croissance économique est l’accroissement (variation
positive) de la production dans une économie sur une période donnée. Le taux
de croissance économique, l’indicateur de croissance économique, est, dans
les faits, calculé sur la base du produit intérieur brut. Il est le taux de
croissance du PIB
Elle a longtemps été considérée comme exogène, et ne pouvait donc pas être affectée par
le décideur. L’évolution de la théorie permet aujourd’hui d’identifier de nombreux
déterminants sur lesquels le décideur politique peut s’appuyer pour accélérer la croissance
économique. Parmi ces déterminants, on peut retenir l’investissement privé, l’éducation,
les infrastructures publiques, les innovations…
Parallèlement, la croissance économique représentant la tendance haussière du produit
total de la nation, il convient d’évoquer ses variations autour de cette tendance. En effet,
l’activité économique n’étant pas harmonieuse, l’économie connait des fluctuations,
alternance de périodes de récession et de périodes de reprise. L’analyse de ses fluctuations
permet à l’économiste d’offrir aux décideurs les moyens d’agir. Les politiques
conjoncturelles adéquates sont alors menées pour stabiliser ces fluctuations.
Le chômage
Le chômage est une importante grandeur socio-économique. Sa mesure, le taux de
chômage, est un indicateur de santé socio-économique qui préoccupe tous les décideurs,
quel que soit leur bord politique.
La macroéconomie│11
L’inflation
Le niveau général des prix dans une économie peut réduire à lui tout seul les efforts de
croissance et de réduction du chômage. On se rappelle à cet effet la fameuse marche de
2008 contre la vie chère dans toutes les grandes villes du Burkina Faso. Le niveau général
de prix est une moyenne pondérée des prix de tous biens et services d’une économie
donnée. L’institut national de statistique (INSD) la nomme Indice Harmonisé des Prix à
la Consommation (IHPC).
L’inflation est une hausse durable et entretenue du niveau
général des prix.
Là aussi, la macroéconomie cherche à connaitre et étudier les sources et les effets de
l’inflation dans l’économie. Quatre principales sources peuvent être retenues ici : la
hausse de la demande, la hausse des coûts de production, l’augmentation de la masse
monétaire et l’inflation importée.
des conclusions qu’il confrontera à ses observations afin de confirmer ou infirmer son
hypothèse de départ (cette méthode est résumée par le diagramme suivant).
Hypothèses
Confirmation / réfutation
Le modèle se concentre alors sur un aspect bien précis de la réalité économique et néglige
volontairement les autres aspects. Le modèle est censé faciliter la compréhension d’un
processus ou d’un phénomène. Il décrit les relations entre les grandeurs économiques sous
quatre types différents.
✓ la relation comptable est égalité entre ressource et emploi, entrée et sortie, elle est
toujours vérifiée ;
✓ la relation d’équilibre qui exprime l’équilibre sur un ou un ensemble de marchés ;
✓ la relation de comportement qui décrit le comportement des agents économiques ;
✓ la relation technique qui décrit les contraintes techniques que subit un agent.
Dans sa description des relations, deux catégories de variables interviennent : les
variables exogènes (inputs) qui sont déterminées à l’extérieur du modèle et les variables
endogènes (outputs) qui sont déterminées à l’intérieur du modèle. En macroéconomie,
chacune de ces variables peut être répartie entre deux sous catégories selon l’intérêt que
lui porte l’analyse. Les variables exogènes peuvent être soit des données si l’économiste
ne peut agir sur elles, soit des instruments s’il a la possibilité de changer leur niveau.
Quant aux variables endogènes, elles seront des objectifs si elles influencent l’utilité du
décideur ou des variables non pertinentes sinon.
La macroéconomie│13
Instruments Objectifs
MODELE
Données Variables non
pertinentes
L’étude économétrique intervient quand il faut confronter le modèle aux faits. Par sa
méthode d’induction, il part des observations de la réalité, c’est-à-dire de l’histoire des
variables pour infirmer ou confirmer les hypothèses du modèle théorique.
Par ailleurs, il faut noter que la qualité des anticipations est différente selon le terme
d’analyse. Cette dernière peut alors être utilisée pour comprendre et situer la limite entre
court terme et long terme. En effet, les anticipations des agents s’écartent, à court terme,
des réalisations. Ainsi les écarts entre les anticipations et les réalisations n’existent que
dans le court terme et sont source de fluctuations. A long terme par contre, les erreurs
d’anticipations disparaissent et les variables suivent une évolution tendancielle sans
fluctuation.
Il apparaît que le terme dans lequel se situe une analyse économique influencera surtout
son objet. Ainsi, une analyse macroéconomique de court terme s’attèlera à l’analyse des
fluctuations économiques et les politiques économiques qui en découleront seraient des
politiques de relance et de stabilisation. L’analyse macroéconomique de long terme
traitera, quant à elle, de croissance, de politiques de croissance, institutionnelle et
structurelle.
Dans l’analyse microéconomique, la distinction entre court terme et long terme admet des
fondements supplémentaires. Elle peut être liée à l’absence ou non de variation de certains
facteurs de production tels le capital et la technologie de production. Ainsi, à court terme
le capital est invariable et la technologie n’évolue pas. Par contre, à long terme le capital
varie et la technologie est susceptible d’évoluer par innovation.
En somme, quelle que soit la définition retenue, ni le court terme ni le long terme ne
prendront la forme d’un intervalle temporel bien défini. Ils se définissent au gré de
variables “clef” et la frontière entre elles reste très ambigüe. Elle est si ambigüe que
certains économistes contemporains, dans leurs analyses, évoquent un terme
intermédiaire qu’ils nomment le moyen terme.
215000
195000
175000
155000
135000
115000
95000
75000
1960 1970 1980 1990 2000 2010
Années
Mais si efface l’effet d’échelle en représentant les taux de croissance (graphique 2), elles
apparaitront plus prononcées que précédemment.
10
0
1990 1995 2000 2005 2010
-2
-4
De plus, bien que la tendance générale soit à la croissance, on peut remarquer une nette
rupture en 1995. En effet, depuis cette date, l’évolution est beaucoup plus accentuée que
précédemment. On peut supposer l’avènement d’un changement structurel qui aurait
accéléré la croissance économique. La structure économique est donc relativement stable
sur les périodes 1960-1994 et 1995-2012.
18│Analyses structurelle et conjoncturelle
Equilibre
Courbe IS
keynésien
Modèle
IS/LM
Théorie
quantitative
Courbe
de la monnaie LM
La synthèse que Hicks et Hansen font de Demande
la pensée keynésienne offre le meilleur agrégée
cadre jusqu’aujourd’hui construit pour Modèle
l’analyse de la conjoncture économique. DA/OA
Partant du revenu d’équilibre de Keynes Offre
pour déterminer une courbe IS et de la agrégée
théorie classique de la monnaie une
courbe LM, qui constituent le modèle Et peut-être une
IS/LM. Le modèle IS/LM est lui-même explication aux
un des éléments clés dans la construction fluctuations de
du modèle Demande Agrégée / Offre court terme
Agrégée.
Figure 2 : démarche de l’analyse macroéconomique de court terme
Conclusion
La macroéconomie est la partie de la science économique qui étudie l’économie dans son
ensemble. Etant une science, elle suit une démarche scientifique rigoureuse fondée sur la
méthode hypothético-déductive. Sur la base d’hypothèses, elle construit des modèles pour
analyser certains phénomènes économiques tels la croissance, le chômage, l’inflation ou
La macroéconomie│19
la mondialisation. Tandis que l’analyse macroéconomique de long terme s’attèle à étudier
la tendance des agrégats macroéconomique, l’analyse macroéconomique de court terme
se contente des fluctuations de ces agrégats.
20│Le circuit économique
Chapitre 2.
DESCRIPTION DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE
Introduction
Décrire l’activité économique est l’une des tâches de la macroéconomie. Une description
même élémentaire est nécessaire pour uniformiser le cadre de réflexion. Pour la même
raison, il sied d’harmoniser le vocabulaire en décrivant de même les agrégats
macroéconomiques qui mesurent cette activité.
1. Le circuit économique
1.1. Les acteurs
L’activité économique est le résultat des interactions de nombreux individus de qualité
diverse agissant pour des intérêts personnels. Pour les étudier, il convient de les regrouper
par catégorie selon leurs intérêts ou missions. Ce regroupement permet de donner la
description du comportement de l’individu représentatif du groupe et d’extrapoler un
agrégat économique lié au groupe. Les acteurs sont alors regroupés selon l'optique
d’analyse choisie. Pour une analyse sociologique, ils seront regroupés et classés selon
leur appartenance sociale : classe bourgeoise, classe moyenne et classe ouvrière. La
comptabilité nationale, elle, distingue quatre unités institutionnelles (ménages,
entreprises, Administrations publiques et association) qu’elle regroupe en six secteurs
institutionnels :
✓ Les ménages
✓ Les sociétés non financières (SNF)
✓ Les sociétés financières (SF)
✓ Les administrations publiques (APU)
✓ Les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM)
✓ Le reste du monde, constitué de toutes unités étrangères (RDM)
Pour une analyse fonctionnelle, une classification selon les fonctions économiques serait
recommandée : production, consommation, accumulation. La macroéconomie, de
manière générale, distingue quatre types d’acteur ou agents économiques pour son
analyse : le ménage, la firme, l’Etat et le reste du monde.
Un agent économique est une entité, contrainte par ses
ressources, dont le comportement visant la réalisation de ses missions a des
répercussions d’ordre économique. Cette entité peut être un ménage, une
entreprise, un Etat ou une collectivité locale ou le reste du monde.
Le ménage
C’est un agent économique dont les seules fonctions sont la consommation et l’épargne.
Il ne subit que la contrainte de revenu. Son revenu sera alors totalement reparti entre
Description de l’activité économique│21
consommation et épargne selon ses aspirations ou préférences. Ce revenu est obtenu en
offrant leur travail sur le marché en tant que facteur de production.
La firme / l’entreprise
Leur fonction principale est la production de biens et de services marchands. Elles sont
contraintes par la technologie de production. Elles investissent et demandent du travail
sur le marché afin d’exécuter leur mission principale qui est la production. La firme peut
appartenir à deux secteurs institutionnels qui sont : les sociétés non financières et les
sociétés financières.
L’Etat
L’Etat, les collectivités locales et les institutions sans but lucratif peuvent tous être
considérés sur le même pied. Leur fonction est de fournir des services, et ce, sans but
lucratif. Leurs ressources proviennent des cotisations de leurs membres. Deux secteurs
institutionnels, les APU et les ISBLSM, sont ainsi pris sur un pied d’égalité, car ils
fournissent les mêmes types de biens et services : les biens collectifs non marchands
Le reste du monde
Il regroupe tout simplement tous les agents non-résidents, toutes natures confondues, qui
effectuent des échanges avec l’économie nationale. En d’autres termes, il regroupe les
ménages, les SNF, les SF, les APU et les ISBLSM qui sont durablement en dehors des
frontières de l’économie étudiée.
Le marché du travail
C’est que les firmes achètent un de leurs facteurs de production : le facteur travail. Les
ménages sont offreurs de travail et les firmes en sont demandeuses. C’est que naissent les
salaires, le niveau d’emploi et le taux de chômage de l’économie.
Le marché de capitaux
L’analyse de ce marché portera essentiellement sur le marché de la monnaie. Ici, la
rencontre entre l’offre et la demande de monnaie déterminera le taux d’intérêt réel dans
l’économie.
1.3. Le circuit
La modélisation se trouve au centre raisonnement macroéconomique. Le circuit
économique est un modèle basique permettant d’expliquer simplement le fonctionnement
de l’économie. Il est une représentation schématique de la réalité économique. Il se
focalise sur les échanges de flux entre les différents agents économiques. Il s’agit
principalement de flux réels et de flux monétaires.
Encadré 1 : Flux ou stocks
Imaginez qu’une économie soit identifiable à un seau de 20 litres que l’on essaye de remplir d’eau avec un
robinet. L’eau provenant du robinet entre dans le seau à un débit de 2litres/heure tandis qu’un trou au bas du
seau laisse fuir l’eau à un débit de 1,5 litre/heure. Au bout de 10 heures de remplissage, 20 litres d’eau sont
entrés dans le seau tandis que 15 litres en sont sortis. Seuls 5 litres sont restés dans le seau à l’instant où la
mesure est effectuée. L’entrée et la sortie d’eau sont des flux et les mesures qui en sont faites sont des variables
de flux. On parlera de flux entrant ou de flux sortant. Par contre, la quantité d’eau contenue dans le seau est un
stock et la mesure qui en résulte est une variable de stock.
Un principe essentiel régit le circuit macroéconomique : tout produit peut être perçu sous
deux angles de vision différents ; la dépense et le revenu. En effet, le produit est dû à une
dépense au sein de l’économie. C’est parce que des agents souhaitent dépenser que les
firmes produisent. A l’équilibre, on peut dire que toute production fit l’objet d’une
dépense adressée aux firmes. Par ailleurs, tout produit est source de revenu, car la valeur
ajoutée de chaque activité de production sert à rémunérer les facteurs de production.
Description de l’activité économique│23
Flux réel
Travail
Flux monétaire
Capitaux
1
Les hypothèses permettent de simplifier la réalité dans le cadre de la construction d’un modèle
24│Le circuit économique
Travail Revenu
Offre de travail Facteurs de production
Ménages Firmes
Production
B&S
Cas 2 : Ce cas est identique au premier à une hypothèse près. Les ménages répartirent
leur revenu entre consommation et épargne tandis que les firmes investissent pour
produire. Dans ce circuit apparait un troisième marché, le marché des capitaux. Il est le
lieu où les ménages échangeront la part non consommée de leur revenu contre
rémunération. C’est aussi là que les firmes trouveront de quoi financer leurs désirs
d’investissement.
Ici aussi, le bouclage du circuit, c’est-à-dire l’équilibre économique, implique l’égalité
entre la dépense et le revenu. La production est la somme des dépenses désirées au sein
de l’économie. En d’autres termes, elle est la somme de la consommation désirée par les
ménages (ou demande de biens de consommation) et de l’investissement désiré par les
firmes (ou demande de biens d’investissement). Quant au revenu, il représente la
rémunération des facteurs de production (travail et capital) et est utilisé en totalité pour
les dépenses effectives au sein de l’économie. En d’autres termes, le revenu est utilisé
pour la consommation et l’épargne effectives.
Il faut aussi noter la distinction faite ici entre dépense désirée et dépense effective. La
dépense désirée est la dépense ex ante c’est-à-dire un projet de dépense ou une
anticipation de dépense. Quant à la dépense effective, elle est une dépense ex post, celle
que les agents économiques ont effectivement réalisée. A l’équilibre macroéconomique,
la dépense désirée devrait être identique à la dépense effective.
Pour l’instant, en vue de simplifier l’analyse, nous la mènerons dans un environnement
certain. On dira alors que les volumes désirés sont identiques aux volumes effectifs. La
Description de l’activité économique│25
production est donc la somme des dépenses de consommations et d’investissement. Le
revenu lui est utilisé pour les dépenses de consommation et pour l’épargne.
Epargne Emprunt
Ménages Capitaux Firmes
Titres
B&S
Production
Biens & services
Consommation Recettes
Produit
Dépenses Revenu
Consommation C Consommation C
+
Investissement I
= +
Epargne S
Revenu
Facteur
Offre de facteurs de Facteurs de production :
s Travail + capital
production
B & S d’investissement
Ménages Firmes
Dépenses
d’investissement
Production
B&S
Biens & services
Dépenses Recettes
Revenu
Travail
Transferts sociaux
Ménages Etat
Impôts et taxes
Consommation
publique
Epargne
Emprunt
Capitaux Firmes
Produit
Dépenses Revenu
Consommation C Consommation C
+ +
Investissement I Epargne S
+
= +
Dépenses Impôts et taxes
publique G T-F
Revenu
Travail
Transferts sociaux
Ménages Etat
Impôts et taxes
Consommation
publique
Epargne
Emprunt
Capitaux Firmes
C I G Y C S T F
I S T G F
I S Sp
Ici, l’égalité entre l’investissement et l’épargne est toujours valide, mais avec une petite
nuance. L’investissement (I) est égal à la somme de l’épargne privée (S) et l’épargne
publique (Sp). L’épargne publique est la différence entre les recettes publiques et les
dépenses publiques.
2.1.1. Définition
Le produit intérieur brut, communément appelé PIB est un indicateur du niveau d’activité
économique. En effet, il évalue le niveau d’activité à l’intérieur d’une économie et pour
Description de l’activité économique│29
une période donnée. L’économie étant en général un Etat et la période l’année civile.
Cependant, le PIB est souvent calculé pour un continent, une région voire le monde.
Le Produit Intérieur Brut (PIB) est un indicateur de la
richesse totale produite au sein d’une économie, pour une période donnée. Il
est la somme des valeurs ajoutées nouvelles nées à l’intérieur de cette
économie, c’est-à-dire créées par des agents résidents, sur une période
donnée et évaluées au prix courant.
Définie ainsi, la notion de PIB implique la définition ou la précision d’autres notions qui
entreraient dans son calcul.
Valeur
Supposons une économie n’ayant qu’une seule firme qui produit un seul bien, le beignet
par exemple. Si la firme produit 200 unités de beignets qu’elle vend en totalité à 5 francs
l’unité. La production totale de cette économie est de 200 beignets. Etant donné qu’on ne
peut vivre que de beignets, supposons maintenant que dans cette économie il y’ait une
deuxième firme qui produit du Bissap. Si en plus des 200 unités de beignets la seconde
firme produit 150 unités de Bissap qu’elle vend en totalité à 4 francs l’unité. Ici la
production totale est de 200 beignets et 150 Bissap. En étendant à une économie réelle
contenant des centaines de milliers de biens et services, la difficulté de présenter une
production totale par unité de produit devient évidente. En toute logique il est donc
préférable d’évaluer le produit intérieur en valeur. Mais quelle valeur utiliser ?
Evalué au prix courant : Le prix courant ou la valeur marchande sera celui de prédilection
pour évaluer la valeur du produit intérieur, car il est pour l’économiste le reflet de la
valeur qu’accordent les agents économiques à chaque bien ou service. Ainsi, on peut
évaluer le produit intérieur comme somme des valeurs de chaque bien et service produit.
Quant à notre économie hypothétique, son produit intérieur serait :
200*5 150*4 1600 .
Valeur ajoutée
La notion de valeur ajoutée permet d’éviter le double décompte d’une production dans
l’évaluation du PIB. En effet, la production d’un bien implique des étapes qui ne font pas
toujours l’objet de l’activité d’une seule entreprise. Ainsi une firme produirait un bien dit
intermédiaire qui entrerait dans la production d’un autre bien dit final par une autre firme.
Seule la valeur des biens et services finaux sera incluse dans le calcul du PIB.
Un simple exemple étayera ces propos : supposons que la production d’un beignet vendu
à 5 francs nécessite du haricot vendu au producteur de beignet à 2 francs. Le calcul du
PIB ne tiendra compte que du bien final c’est-à-dire le beignet. En effet, le producteur de
beignet inclut déjà le prix du haricot dans celui du beignet, car ce prix constitue une charge
pour lui. Comptabiliser le haricot dans ce cas serait un double décompte de la même
valeur.
30│Mesure de l’activité économique
C’est donc parce que les biens et services finaux comptabilisent déjà la valeur des biens
et services intermédiaires que le PIB ne compte que la valeur des biens et services finaux.
C’est dans cet objectif qu’il compte les valeurs ajoutées.
La valeur ajoutée d’une firme est la valeur de sa production
diminuée de la valeur des biens et services intermédiaires qui interviennent
dans sa production. C’est donc la valeur (travail, capital, intellectuel…) que
cette dernière ajoute à l’input.
Dans le cas de l’exemple précédent, la valeur ajoutée de la firme qui produit l’unité de
haricot est 2 francs. Celle de la firme productrice de beignets est de 5-2=3 francs. Le PIB,
qui est la somme des valeurs ajoutées, sera donc égal à 2+3=5 francs. Ce montant est
identique à la valeur du bien final qui est 5 francs.
Intérieur
Le PIB mesure la valeur de la production réalisée à l'intérieur d’une économie donnée.
Cette économie peut être un pays, un groupe de pays, une région, toute subdivision du
monde ou le monde lui-même. Ainsi, toute production faite à l’intérieur de cette
circonscription sera comptabilisée dans le PIB, qu’elle soit réalisée par un agent
économique membre ou non de la circonscription. Par exemple, la valeur ajoutée d’un
restaurant togolais installé au Burkina Faso et appartenant à des citoyens togolais sera
prise en compte dans le PIB du Burkina Faso. En revanche si un citoyen burkinabè
Description de l’activité économique│31
possède une usine en Italie, la production de cette usine n'est pas incluse dans le PIB du
Burkina Faso.
Période donnée
Le PIB mesure la valeur de la production d'une période de temps donné. L’année civile
est la périodicité la plus utilisée dans le calcul du PIB. Aujourd’hui, les pays ayant un
système performant de collecte de données évaluent leur PIB sur des périodes plus
courtes. En Europe et aux Etats-Unis, le calcul du PIB est fait mensuellement,
trimestriellement et annuellement. Une telle abondance de données sur l’activité
économique permet de faire des prévisions et facilite les politiques économiques.
2004 2005
Production 3686,8 4142,2
Consommations intermédiaires 1345,7 1536,7
Valeur ajoutée 2341 2605,5
Impôts et taxes 215,1 275,9
Produit Intérieur brut 2556,1 2881,4
Source 1: INSD
Le revenu
Comme nous l’avons montré à travers le circuit économique, toute production est source
de revenu : rémunération des travailleurs, rémunération du capital ou bénéfice de
l’entreprise, recettes publiques. Ainsi, il est possible d’évaluer le produit intérieur brut à
travers le revenu perçu par les agents économiques. Le PIB serait alors la somme des
rémunérations des salariés, le bénéfice des entreprises ou l'excédent brut d’exploitation
et les impôts réduits des subventions. On parle ici d’une évaluation selon l’approche
revenu. Le tableau suivant montre un exemple d’évaluation du PIB burkinabè selon
l’optique revenu par l’INSD.
Tableau 2: PIB du Burkina Faso, évalué selon l’approche revenu
2004 2005
32│Mesure de l’activité économique
Les dépenses
Du circuit économique nous retenons que le produit est aussi identique à la dépense totale
de l’économie. Les dépenses de l’économie sont la consommation, l’investissement et les
dépenses publiques. Etant donné que nous raisonnons dans le cadre d’une économie
fermée, les dépenses de l’économie peuvent concerner tant les achats effectués au sein de
l’économie par des agents extérieurs (exportation) que ceux effectués en dehors de
l’économie par des agents domestiques (importation). Il importe alors d’ajouter ceux qui
constituent des dépenses à l’intérieur de l’économie et soustraire ceux qui ne le sont pas.
On introduit alors la notion d’exportation nette (XN) qui serait le volume des exportations
diminué du volume des importations. Selon cette approche dite approche dépense ou
approche demande ou encore approche emploi, le PIB est la somme de toutes les dépenses
adressées aux firmes domestiques ou toutes les dépenses effectuées à l’intérieur de
l’économie.
PIB C I G XN
Tableau 3:PIB burkinabè évalué selon l’optique emploi
2004 2005
Consommation finale 2 372,30 2 649,50
Ménage 1 841,30 2 079,90
Administrations publiques 531 569,6
Investissement 553,7 694,3
Formation brute de capital fixe 496,9 567,3
Privée 256 301,4
Publique 240,9 265,9
Variations des stocks 56,8 127
Exportations nettes -369,9 -462,4
Exportations 289,6 280,8
Importations 659,5 743,2
Produit intérieur brut 2 556,10 2 881,40
Source 3: INSD
Types Exemples
Biens Ils sont toujours marchands (sauf le - Habits
cas particulier du bien public) et - Sandwich
leurs prix couvrent en général plus
- …
de 50% de leurs coûts
Services Ils sont marchands si leur prix - Transport
couvre au moins 50% de leur coût - Crédit
- Consultance
Ils sont non marchands si leur prix - Enseignement
couvre au plus 50% de leur coût. Ils - Recherche
sont souvent gratuits.
- Hôpitaux
- Sécurité et défense
Si l’on revenait à moi et mon problème de départ : de combien mon travail fera-t-il croitre
le PIB burkinabè ?
a. 5500*200=1100000 francs CFA ;
b. 100000*200=20000000 francs CFA.
Seulement d’un million cent mille francs CFA, quel dommage.
La question est de savoir s’il est plus adéquat d’utiliser des prix courants ou des prix
constants. Le prix courant est le prix de l’année en cours. Si l’on veut comparer le PIB
d’une année à l’autre, c’est-à-dire l’évolution du PIB, serait-ce judicieux d’utiliser des
prix courants ? En effet, dans le cas d’une hausse exagérée des prix, même si la production
nationale ne croît pas, le PIB calculé au prix courant augmenterait. Le PIB calculé au prix
courant ne permet donc pas les comparaisons dans le temps, car il est entaché des
fluctuations des prix. Il est appelé PIB nominal.
Le Produit Intérieur Brut nominal est le produit évalué au
prix courant.
Le PIB nominal de 2017 sera calculé en utilisant les prix pratiqués sur le marché et pour
chaque secteur d’activité en 2017. Pour une économie à un bien produit à une quantité
Q2017 et vendu au prix P2017 le PIB de 2017 sera :
PIB2017 Q2017 .P2017
Etant donné que le PIB nominal se prête difficilement aux comparaisons temporelles, les
économistes préfèrent le PIB calculé à prix constants. Il s’agit de définir une année de
référence ou année zéro dont les prix serviront à calculer les PIB de toutes les autres
années. Le produit intérieur qui en résulte est appelé PIB réel.
Le produit intérieur brut réel est le produit calculé à prix
constants déterminés à partir d’une année de base ou de référence.
Le PIB réel de 2017 sera calculé en utilisant les prix pratiqués sur le marché et pour
chaque secteur d’activité à l’année de référence qui serait par exemple 2000. Pour une
économie à un bien produit à une quantité Q2017 et vendu au prix P2017 en 2017, mais qui
fut vendu en 2000 au prix P2000, le PIB de 2017 sera :
PIB2017 Q2017 .P2000
Le PIB réel se prête mieux aux comparaisons temporelles, car il a l’avantage de mettre
en évidence l’évolution réelle du produit, c’est-à-dire sans l’entacher des fluctuations des
prix. Le tableau suivant permet de percevoir la différence entre PIB nominal et PIB réel.
Tableau 5: PIB nominal et réel burkinabè
Le déflateur
Si le PIB réel mesure le niveau du produit en quantité réelle et que le PIB nominal mesure
le niveau de ce même produit en valeur nominale, on peut imaginer un troisième
indicateur qui permettrait de passer des valeurs réelles aux valeurs nominales. Cet
indicateur serait un indicateur du niveau général des prix du marché : c’est le déflateur du
PIB.
Le déflateur du PIB est un indice de prix qui mesure le niveau
général des prix du marché par rapport une année de base. Il est le rapport
entre le PIB nominal et le PIB réel.
PIBNOMINAL PIBREEL .Déflateur
Le déflateur étant le rapport entre le PIB nominal et le PIB réel, on peut donc considérer
le comme une moyenne des prix pondérés par les quantités.
P .Qbien1 Pbien 2 .Qbien 2 ...
Déflateur bien1
Pannéebase
bien1 .Qbien1 Pbien
annéebase
2 .Qbien 2 ...
En somme, le PIB nominal mesure la production intérieure en franc CFA, le PIB réel
mesure la production agrégée en quantité réelle et le déflateur mesure le prix d’une unité
de produit agrégé par rapport au prix de l’année de base.
Mesure imparfaite
Exemple : Juste avant de commencer la rédaction de cette partie du cours, je me suis
cuisiné un succulent plat de salade. L’ensemble des intrants utilisé pour cela m’a couté
400 francs CFA. Quant à mon effort de cuisine, je l’estime à 200 francs CFA. Si je devais
vendre ce plat, je l’aurais fait à 800 francs au moins. Comment l’économiste intègrerait-
il ce produit dans le PIB ?
Exemple : Des dizaines d’étudiants créent de la valeur ajoutée sur les campus. Dans la
plupart des classes, il est possible d’y trouver un étudiant qui vend des boissons, un autre
qui vend des gâteaux et encore un autre qui vend des fournitures scolaires. Ces valeurs
ajoutées sont-elles prises en compte dans l’évaluation du PIB ?
36│Mesure de l’activité économique
Ces deux exemples montrent que le PIB tendra à sous-évaluer la richesse produite dans
l’économie. Le premier exemple met en exergue l’existence de biens et services qui ne
feront jamais l’objet d’une transaction monétaire. Ces biens sont principalement issus du
travail domestique et du bénévolat. Si un homme épouse sa femme de ménage, il ne lui
verserait plus de revenus pour le ménage. PIB diminuerait alors d’un montant égal au
salaire précédemment payé. Le second exemple met en exergue l’économie souterraine
communément appelée le « travail au noir » ou le « marché noir ». Qu’elles soient licites
ou illicites, de nombreuses activités sont menées à l’ombre, c’est-à-dire à l’insu des
autorités publiques, et sont génératrices de plus-values qui ne seront pas prises en compte
au moment d’estimer le produit domestique.
Comparaison difficile
On se rappelle que le calcul du PIB réel répondait à un besoin de comparaison
intertemporelle. Le PIB sert aussi d’élément de comparaison inter-individu, c’est-à-dire
entre économies. Une telle comparaison n’a de sens que si l’on considère qu’une unité
monétaire donnée à la même valeur réelle partout ailleurs.
Exemple : Un plat d’attiéké (couscous de manioc) au poulet coute 9000 Francs CFA au
Sénégal. Le même plat, de qualité quasi identique, coute au maximum 5000 francs CFA
au Burkina Faso. Peut-on dire que le pouvoir d’achat d’un CFA est plus élevé au Burkina
Faso qu’au Sénégal ?
De même, un sandwich pris au bord d’une ruelle de paris coute
3,40 et 4,99 euros (un pain complet, du beurre, un jambon et
quelques épices) soit en CFA 2230,4 à 3273,44 francs. Le même
sandwich peut être obtenu à un montant maximum de 2000 francs
CFA au Burkina Faso c’est-à-dire pour l’équivalent de 3,05 euros.
La question revient : le pouvoir d’achat d’un CFA (respectivement
de l’Euro) est-il plus élevé au Burkina Faso qu’en France ?
La comparaison des PIB de deux pays serait affectée du même problème de pouvoir
d’achat. Ainsi, deux pays ayant le même PIB n’auraient pas forcément produit la même
quantité réelle de biens et services. On peut en déduire que cette différence de pouvoir
d’achat déteint sur le taux de change officiel. Pour parer ce problème de pouvoir d’achat,
on calcule un taux de change corrigé des différences de pouvoir d’achat nommé la parité
de pouvoir d’achat (PPA). Evalué en PPA, le PIB se prête mieux aux comparaisons
interindividu. Elle n’est plus tributaire que de la qualité des systèmes statistique de chaque
pays.
La qualité de la vie
Le PIB mesure uniquement les quantités produites au sein de l’économie. Il ne tient pas
compte des aspects qualitatifs. Il n’émet aucun jugement de valeur sur les différents
Description de l’activité économique│37
secteurs d’activité. En effet, il comptabilisera de manière identique la production d’armes
et la production de vêtements. En somme, le PIB n’est pas un indicateur de bien-être.
De plus, le PIB est juste un indicateur volumétrique, il ne donne aucune idée sur la façon
dont la richesse est redistribuée au sein de l’économie. Même quand on le divise par le
nombre d’habitant pour obtenir le PIB par tête d’habitant, le résultat n’est qu’indicatif et
ne reflète pas les gains de chaque individu de la société. Un fort PIB peut donc coexister
avec des inégalités.
Le PIB se contente juste de donner le volume total de production domestique sans
s’attarder sur les contions dans lesquelles la production est faite : temps de travail, durée
des congés…
Enfin le PIB ne prend pas en compte les effets de la production sur l’environnement.
2.2.2. L’investissement
L’investissement est une acquisition de bien de production, une dépense visant à
augmenter le stock de capital. Pour la comptabilité nationale, elle est la somme de la
formation brute de capital fixe et de la variation de stock.
La variation de stock
La variation de stock (VS) est la fixation ou l’accumulation de capital circulant appelé.
Dans la comptabilité nationale, la variation de stock est définie comme la valeur des
entrées en stocks diminuée de la valeur des sorties de stocks et des pertes courantes sur
stocks. Elle est l’indicateur macroéconomique de l’investissement en stock.
L’investissement (I) est, comme précisé plus haut, la somme de la FBCF et de la VS :
I FBCF VS
L’investissement s’obtient en déduisant de l’investissement, c’est-à-dire la somme de la
FBCF et de la VS, la consommation de capital de fixe (CCF) ou amortissement :
I NET FBCF VS CCF
Conclusion
40
Introduction aux fluctuations
Chapitre 3.
INTRODUCTION AUX FLUCTUATIONS
Introduction
Les économies guidées par les modèles capitalistiques ont une dynamique rythmée par
de nombreuses crises économiques. Depuis le début des années 1970, la plupart des
grands pays capitalistes connaît de graves difficultés économiques. Les jours étincelants
de la longue phase de croissance de l’après-guerre appartiennent à un passé désormais
révolu. Aujourd’hui est venu le temps de la crise avec de faibles taux d’expansion, une
forte inflation et surtout le chômage devenu une "épidémie". dont il faudrait analyser les
caractères, la spécificité, le ou les types de fluctuations au sein desquelles elles
s’inscrivent. Comme la vie sociale, l’activité économique est marquée de multiples
accélérations, décélérations. Depuis les origines de l’agriculture jusqu’au XIXe Siècle,
les pays d’Europe avaient des crises agricoles régulières liées à la sécheresse ou de façon
plus globale au climat. Avec l’apparition et l’expansion de l’industrie qui s’est très
largement affranchie des rythmes naturels, avec l’émergence d’une agriculture moins
soumises aux aléas climatiques, ce sont des rythmes nouveaux ou fluctuations de
l’activité économique qui apparaissent. Une observation plus fine des phénomènes de
crises permet de remarquer qu’elles apparaissent de façon quasi périodique tout au long
du XIXe Siècle et de la première moitié du XXe Siècle. Très étudiées, elles sont largement
reconnues comme un phénomène majeur, dont l’analyse a permis l’élaboration de la
notion de cycles économiques.
1. Notion de cycle
Avant tout propos, il faudrait préciser ce dont il est question dans ce cours. Nous excluons
donc de la notion de cycle, les cycles courts liés aux saisons ou à la particularité d’une
activité. Les cycles dont nous parlons ici sont ceux extraits d’une analyse de séries
longues. On peut considérer que croissance, fluctuations et crises sont intimement liés.
Du début de l’émergence de la société capitaliste comme système dominant en Angleterre
(XIX) jusqu’à la crise de 1929 on peut relever quatorze (14) crises économiques : la
première s’étant produite, en 1816 et la dernière en 1929. Ces crises ont été vécues sans
interprétation majeure par leurs contemporains. C’est par la suite que des historiens de
l’économie et des économistes à partir de sources documentaires de l’époque et d’analyse
de séries statistiques longues ont essayé de les interpréter sur la base de certaines
connaissances théoriques du phénomène. Les principaux indicateurs utilisés par les
chercheurs ont été :
✓ l’évolution de la production globale;
✓ celle des prix de production;
✓ celle de l’emploi dans le domaine industriel.
Si chacune de ces crises revêt des caractéristiques spécifiques, à cause de la nature et de
la conjoncture dans lesquelles elle s’inscrit, des traits généraux peuvent être mis en
évidence :
41
Introduction à la macroéconomie
✓ contraction brutale de la production
✓ chute des prix
✓ faillites nombreuses
✓ montée du chômage et recul du salaire
✓ tension sociale avec comme détonateur un krack boursier ou bancaire plus ou moins
retentissant.
En fait, le terme de crise désigne le moment de retournement de la conjoncture
économique. Ce moment représente le passage d’une période d’expansion ou d’essor
soutenu à celui d’une phase de dépression ou de contraction plus ou moins longue au
cours de laquelle finissent par se mettre en place les conditions de la reprise. L’ensemble
du mouvement est graphiquement repérable par l’analyse de séries longues dès lors qu’est
identifié l’existence des crises. Celles-ci ne peuvent d’ailleurs être saisies ou observées
en soi, sans faire référence aux fluctuations de l’activité économique.
Variable
d’intérêt :
Revenu
Investissement
Consommation
Cris
e
Reprise
Temps
En somme, les fluctuations sont repérables sur les séries longues telles l’investissement,
la consommation ou le produit. Dans la dynamique d’une variable ont peut distinguer
deux éléments :
✓ Le trend ou la tendance
✓ Les variations autour de la tendance
En observant l’évolution du produit intérieur brut du Burkina Faso de 1960 à 2012
représentée dans le graphique suivant. Ce produit est en croissant sur toute la période
étudiée. La courbe en pointillé est la tendance du produit sur la période, ici, déterminée
par une équation quadratique. Cette tendance est assez stable, mais on peut remarquer que
l’évolution du produit ne l’est pas, car il est éparpillé autour de sa tendance.
42
Introduction aux fluctuations
2. Typologie des cycles
Trois types de cycles ont été mis en évidence. Leur nom dérive des auteurs qui les ont
mis en évidence. Il s’agit des cycles de Juglar, Kitchin et Kondratiev. Ils peuvent être
réunis en deux grand groupes qui sont : les cycles courts et les cycles longs.
29
106
1
8
15
22
36
43
50
57
64
71
78
85
92
99
113
120
127
134
141
148
155
162
169
176
183
190
Série1 Série2 Série3 Série4 Série5 Série6
1 51 101 151
Cycle Kitchin
Un cycle Kitchin est un cycle économique (période d’une durée déterminée qui
correspond plus ou moins exactement au retour d’un même phénomène) de l’ordre de 3
à 4 ans. Découvert en 1923, ce cycle est considéré comme le cycle mineur, il ne connaît
pas de crises mais une détérioration du phénomène d’expansion perçu dans le cycle
Juglar. On considère, par simplification, qu’il y a deux cycles Kitchin dans un cycle
Juglar. Joseph Kitchin a déduit ces cycles courts d’une étude de la fluctuation des prix de
gros entre 1890 et 1922 aux États-Unis.
Selon les cas on peut identifier dans un cycle Kondratiev, cinq (5) à six (6) cycles Juglar
et dix (10) à dix-huit (18) cycles Kitchin (à raison de deux (2) à trois (3) cycles Kitchin
par cycle Juglar).
Conclusion
46
Introduction aux fluctuations
PARTIE II.
COMPORTEMENTS ET MARCHES
47
Comportements et marchés
Chapitre 4.
LA MICRO POUR LA MACRO
Les fondements microéconomiques de la macroéconomie
Introduction
1. La consommation
1.1. Définition
La consommation est une composante de la demande globale, de même que
l’investissement, les dépenses publiques et les exportations nettes. Elle peut être
considérée comme la plus importante des composantes de la demande. La consommation
est un comportement propre aux ménages. Elle n’est pas à confondre avec la
consommation intermédiaire d’une entreprise qui, elle, est considérée en macroéconomie
comme un investissement. La consommation d’un produit aboutit à sa destruction
immédiate ou progressive et à la satisfaction d’un besoin du ménage.
La consommation est un ensemble de comportements propre
aux ménages qui consiste en la destruction d’un produit par son usage.
Contrairement à la production, elle entraine la disparition du produit
consommé.
C C C
R R R
Selon l’interprétation faite de la loi psychologique, on déduit les trois représentations graphiques ci-dessus. La
fonction concave semble mieux convenir car sa pente (la PmC) est décroissante
Une lecture approfondie de la théorie générale nous permet d’affirmer que la forme
fonctionnelle concave traduirait le mieux la pensée de Keynes. Cependant, et par souci
de simplifier l’analyse, la fonction de consommation affine sera la plus utilisée.
Par ailleurs, Keynes considère l’épargne comme le résidu de la consommation. Pour lui,
en effet, les gens « ont tendance à épargner la différence qui apparaît entre leurs revenus
effectifs et la dépense correspondant à leur train de vie habituel […] en général une
proportion de plus en plus importante du revenu est épargnée à mesure que le revenu réel
croît. »
La propension marginale à épargner est la variation de
l’épargne due à une variation unitaire du revenu. Elle est le complément à
50
La micro pour la macro
l’unité de la propension marginale à consommer
PmS 1 PmC
Elle est, par définition, le complément à l’unité de la propension marginale à consommer.
En d’autres termes, comme démontré ci-dessous, la somme des propensions marginales
à consommer et à épargner est égale à l’unité. Il sera de même pour les propensions
moyennes à consommer et à épargner.
RCS
D’où PmS S R (R C) R
Puis PmS (R C) R
Et PmS R R C R
Enfin PmS 1 PmC
La forme fonctionnelle du comportement d’épargne dépendra alors de celle choisie pour
la consommation. On aura alors une fonction linéaire ( S (1 c).R ), une fonction affine
( S C0 (1 c).R ) ou une fonction convexe.
C
C
C
S
S
S
R SR R SR R
Dans les dernières représentations graphiques, on peut remarquer une désépargne avant
le niveau SR de revenu appelé seuil de rupture. Cette désépargne peut être considérée,
pour l’individu, comme un emprunt ou une consommation sur un patrimoine constitué
dans le passé, mais, à l’échelle de la nation, elle sera plutôt un emprunt à l’étranger ou
une vente de devises.
Encadré 4 : La loi psychologique fondamentale
Étant donc admis que la propension à consommer est une fonction assez stable, que l’influence de ses variations
propres peut être considérée comme secondaire, et que par conséquent le montant de la consommation globale
dépend essentiellement du montant du revenu global (les deux quantités étant mesurées en unités de salaire),
quelle est la forme normale de cette fonction ?
La loi Psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité, à la fois a priori
en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des renseignements détaillés de
l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps les hommes tendent à accroître leur consommation à
mesure que leur revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. En d’autres
termes, CS étant le montant de la consommation et RS celui du revenu (mesurés tous deux en unités de salaires),
∆CS est de même signe que ∆RS, mais d’une grandeur moindre, i. e.
51
Comportements et marchés
dD S
d R S est positif et inférieur à l’unité.
[….] Le train de vie des individus a généralement la priorité dans l’emploi de leurs revenus et ils ont tendance
à épargner la différence qui apparaît entre leurs revenus effectifs et la dépense correspondant à leur train de vie
habituel ; ou bien, s’ils ajustent leurs dépenses aux variations de leurs revenus, ils ne peuvent le faire
qu’imparfaitement dans l’espace de courtes périodes. […]
[…] l’élévation absolue du montant du revenu contribue, en règle générale, à élargir l’écart entre le revenu et
la consommation. Car les motifs des individus à satisfaire leurs principaux besoins actuels, personnels et
familiaux, sont normalement plus puissants que leurs motifs à épargner, lesquels n’acquièrent une force réelle
qu’au moment où un certain niveau de confort est atteint. Ces raisons font qu’en général une proportion de plus
en plus importante du revenu est épargnée à mesure que le revenu réel croît. »
J. M. Keynes (1936), Livre III, chapitre VIII, III2
2J. M. Keynes(1936), Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, Traduit de l’Anglais par
Jean- de Largentaye (1942), Numérisé par Jean-Marie Tremblay dans le cadre de la collection : "Les
classiques des sciences sociales"
3
kmlklùù
52
La micro pour la macro
implicite d’indépendance de la consommation de l’individu à celle des autres : les
ménages déterminent leur consommation en imitant le mode de vie de la couche sociale
qui est immédiatement supérieure à la sienne. En d’autres termes, tout individu, quelle
que soit sa catégorie sociale, cherche à acquérir les biens distinctifs de la catégorie sociale
qui lui est immédiatement supérieure.
Effet d’imitation ou de démonstration : c’est une
modification de comportement (d’un individu) dans le but d’imiter (un autre
individu ou un groupe de classe supérieure à lui) ou de paraitre (comme ce
dernier).
Ainsi, la consommation serait influencée d’une part par le revenu du ménage et d’autre
part par son revenu relatif qui est la différence entre le revenu moyen de la société et son
revenu. Sous l’hypothèse du revenu relatif, l’agent consomme au-delà de son revenu si
celui-ci est inférieur à la moyenne et en deçà si celui-ci est supérieur à la moyenne. La
fonction de consommation s’écrit alors :
Ci a.Ri b.( R Ri )
Où Ci et Ri représentent respectivement la consommation et le revenu de l’individu i et
R le revenu moyen au sein de la société.
En réécrivant cette équation, on aura : Ci (a b).Ri b.R
Ainsi, la propension marginale à consommer de chaque ménage est a-b et est inférieure à
la propension moyenne qui est PMCi a b b. R Ri . Ceci ne serait valable qu’à court
terme, car à long terme la consommation et le revenu sont lissés sur leur moyenne. Au
niveau agrégé, c’est-à-dire en faisant la somme des fonctions de consommation de tous
les individus, cette équation devient C a.R . Les propensions marginale et moyenne de
long terme sont identiques.
C i (a b). Ri b. R
1 1
N.
N
Ci (a b).N . Ri b. R
N
N .C (a b).N .R b.N .R
C a.R
b
Ct aRt Ct c
1 g
1 g b
Ct aRt c
1 g
1 g 1 g
Ct a. Rt c.
1 g b 1 g b
1 g
La propension marginale de long terme sera alors a. a
1 g b
La propension de long terme est plus élevée que celle de court terme, car, à long terme,
le poids des habitudes baisse.
Dans les deux cas, en combinant les deux équations on aura ce que Fisher appelle la
contrainte budgétaire inter temporelle :
C0 C1 (1 r ) R0 R1 (1 r )
Démonstration
Partant de C1 R1 (1 r ).S0
Et de R0 C0 S0 donc S0 R0 C0
On aura C1 R1 (1 r ).( R0 C0 )
Et de C1 R1 S1 donc S1 R1 C1
D’où C0 C1 (1 r ) R0 R1 (1 r )
Ainsi en fonction de sa préférence pour l’une ou l’autre des périodes, représenté par sa
fonction utilité déterminée par ses consommations présente et future, le ménage choisira
un panier de consommation sur sa contrainte budgétaire intertemporelle. Graphiquement,
cela se traduira comme suit :
C1
Période 2
Préteur
R21
R
C
C12* Emprunteur
E
Préférence
R C
R10 CC01* Période 1 0
Doté au départ de R1 et de R2 le consommateur maximise son
utilité intertemporelle et choisit de consommer au point E.
Dans ce cas précis, cet agent est un emprunteur net
Le ménage ne peut alors effectuer ses choix de consommation uniquement sur le revenu
courant. Milton Friedman (prix Nobel 1976) abondera dans le même sens en soulignant
l’importance des anticipations de revenu.
Où W(r) est sa richesse c’est-à-dire la somme de ses revenus futurs anticipés et actualisés.
Les solutions optimales du programme du consommateur seraient sous la forme suivante :
C f (r ,W (r )) . Friedman émettra alors des hypothèses restrictives afin de réduire la
forme fonctionnelle précédente. Il suppose pour la fonction d’utilité les propriétés de
56
La micro pour la macro
désirabilité, de monotonie et de convexité des préférences, conditions sine qua non pour
l’existence d’un optimum. En supposant en plus que la fonction d’utilité est homogène,
il peut alors écrire que C (r ).W (r )
Par ailleurs, il définit le revenu permanent comme un revenu constant dans le temps dont
la somme des flux actualisés serait égale à la richesse de l’individu. D’où
n Rp
(1 r )
i 1
i
W (r )
1 1 (1 r )n
D’où Rp . W (r )
r
Si l’on considère un horizon temporel infini, l’égalité précédente devient :
Rp
W (r )
r
En le remplaçant dans la fonction de consommation, on aura finalement la relation de
consommation suivante :
Rp
C (r ).
r
Ou encore C (r ).Rp
L’idée selon laquelle le consommateur tient compte du futur dans ses choix de
consommation trouvera écho chez Franco Modigliani (prix Nobel 1985). Ce dernier lui
offre un cadre un global, créant ainsi la théorie du cycle de vie.
Revenu
Temps
B1 B2
A B C D
Jeunesse Vie active Retraite
Graphique 4-5 : revenu, consommation et patrimoine selon la théorie du cycle de vie
4
Rigoureusement, la phase B est constituée de la phase B1 où, bien qu’ayant un revenu, le ménage s’endette
toujours, car son revenu est inférieur à sa consommation, mais la dette contractée se réduit avec
l’accroissement du revenu. Il ne s’arrêtera que lorsque son revenu sera égal à sa consommation. Au-delà,
commence la phase B2 où il ne contracte plus de dette, mais continue de rembourser ses dettes
58
La micro pour la macro
2. La fonction d’investissement
2.1. Définition et typologie
L’investissement est une destruction productive. Cette
destruction peut être entière ou partielle, progressive ou spontanée. Il
consiste dans la fixation de produit ou actif en vue d’une utilisation répétée
ou non dans un processus production.
(A venir)
2.2. Une fonction des débouchés
Les théories du comportement d’investissement fondées sur la demande effective sont
plus connues depuis la théorie générale de Keynes. Elles seront vulgarisées, par la suite,
à travers les modèles de l’accélérateur simple et de l’accélérateur flexible.
Le principe d’accélérateur apparaît pour la première fois dans les travaux de John Maurice
Clark (1884-1962) et fut vulgarisé par l’économiste français Albert Aftalion (1874-1956).
Ces auteurs qui expliquent les fluctuations de court terme de l’économie par la relation
entre demande et investissement. Il sera ensuite repris par Keynes dans sa théorie générale
pour justifier les politiques de relance budgétaires. Il introduira en plus la notion
d’anticipation pour expliquer le fonctionnement de l’accélérateur. Pour lui, si les
capacités de production sont saturées, les entrepreneurs n’investissent que s’ils ont prévu
une hausse de la demande.
Et Kt 1 k.(Yt Yt t ) (1 ).Kt
.Y i 1
n
Yt 1 Yt 2 n1Yt n
avec 0 1 et n
t i
Kt . i 1
. 0
n
n i 1 1 n 1
i 1
1 n1 1
i 0 i 1 n (1 )
n
Or,
1 1
It .(1 ).Yt (1 ) Kt
C’est l’une des formulations de l’accélérateur flexible qui est identique au modèle
d’ajustement de stock développé par Goodwin et Cheneri qui suppose que
l’investissement net est censé combler, de façon progressive, l’écart entre le stock désiré
de capital et le stock actuel.
Sous un autre point de vue, on peut considérer l’investissement comme égal à la variation
du revenu anticipé : It .(Yt a1 Yt a ) . Suivant la règle des anticipations adaptatives le
revenu anticipé de la période à venir est une moyenne pondérée du revenu effectif de la
période actuelle et du revenu anticipé lors de la période précédente :
Yt a1 .Yt (1 ).Yt a
L’investissement ne sera réalisé que lorsque sa valeur actuelle nette est positive.
Supposons maintenant que nous avions à comparer plusieurs projets d’investissement ;
lequel choisirions-nous ? Le choix peut être effectué par comparaison des valeurs
actuelles nettes pour un taux d’intérêt donné. Ainsi, le projet d’investissement ayant la
valeur actuelle nette la plus élevée serait préférable.
Le caractère positif de la valeur actuelle nette n’assure pas automatiquement la rentabilité
du projet. En effet, comme l’indique le tableau suivant, elle est d’autant plus faible que le
taux d’escompte choisi est élevé.
65
Comportements et marchés
Année Flux de revenu Taux d'escompte
5% 10% 20%
0 -1000 -1000 -1000 -1000
1 200 190 182 167
2 250 227 207 174
3 300 259 225 174
4 350 288 239 169
5 325 255 202 131
VAN 219 55 -187
On remarque donc que plus le taux d’escompte est élevé, plus le nombre
d’investissements à réaliser est faible. En effet, pour un taux d’escompte de 5% les trois
projets sont réalisables. Pour un taux de 7,5%, seuls deux sont réalisables. Finalement,
pour un taux de 10%, aucun n’est rentable.
Le cas de cette firme traduit un comportement général des firmes : plus le taux d’intérêt
du marché est élevé, plus le volume d’investissement de chaque entreprise est faible.
Ainsi, la fonction d’investissement nationale, obtenue par la sommation des fonctions
individuelles d’investissement, sera décroissante par rapport au taux d’intérêt.
VAN
600
500
400
300
200
100
0
-100 0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0,12 0,14
-200
-300
A B C
Si la hausse des taux d’intérêt est continue, le projet d’investissement B sera le premier à
sortir du programme d’investissement de la firme. A sera le deuxième et B le troisième.
L’indicateur intuitivement défini ainsi est le taux de rendement interne (TRI).
Le taux de rendement interne est le taux d’escompte qui
annule la valeur actuelle nette de l’investissement.
Loin de se substituer à la valeur actuelle nette, le taux de rendement interne d’un
investissement est un indicateur de rentabilité significatif qui lui est complémentaire. Il
est la racine de l’équation :
T
Rt Ct VR
VAN 0
0 (1 TRI ) (1 TRI )T
t
T
Rt VR
Ou VAN C 0
0 (1 TRI ) (1 TRI )T
t
Si un investissement est financé sur crédit, il reste rentable tant que son taux de rendement
internet est supérieur au taux d’intérêt du crédit. De ce fait, plus le taux de rendement
interne d’un investissement est élevé, plus l’investissement est intéressant.
Exemple : en considérant toujours les données de l’exemple précédent, on peut calculer
les taux de rendement internes de nos trois projets d’investissement
A B C
TRI 8% 7% 10%
i1
i2
i3
1 2 3 4 5
69
Comportements et marchés
Chapitre 5.
MARCHE DES BIENS ET SERVICES
Le revenu d’équilibre ou l’équilibre keynésien
1. L’équilibre macroéconomique
1.1. Offre et demande globale
Le modèle keynésien ou équilibre keynésien est l’interprétation la plus simple de la
pensée de Keynes développée dans sa théorie générale. Le but de cette modélisation est
la détermination du produit national d’équilibre sur la base de l’égalité entre production
et dépense, offre et demande. L’économie que nous étudions est sans Etat et en autarcie.
Elle n’a donc pas d’échanges avec l’extérieur. En plus, il n’y a ni ponction fiscale ni
dépense publique. Il ne nous reste plus que deux agents économiques : ménage et firmes.
Demande
Revenus
globale
Prévision
Production de
débouchés
Demande
de travail
1.1.3. L’équilibre
L’équilibre macroéconomique se réalise quand l’offre est égale à la demande. En d’autres
termes, les désirs de dépenses sont exactement égaux au revenu national disponible.
Somme toute, l’équilibre implique que l’épargne soit égale à l’investissement :
SI
Dépense
C0+I
C0
YE Revenu
Dépense
I
E
YE Revenu
-C0
En somme, le marché des biens et services est en équilibre quand le marché des fonds
prêtables l’est et vice versa. Sur un plan (Y ;r), l’équilibre est le point d’intersection entre
la courbe d’investissement – qui est décroissante – et la courbe d’épargne – qui est
verticale, car l’épargne est ici supposée indépendante du taux d’intérêt.
71
Comportements et marchés
Taux d’intérêt
S=Y-C(Y)
I=I(r)
Fonds prêtables
Graphique 5-2 : Equilibre sur le marché des fonds prêtables
2. Propriétés du modèle
2.1. La stabilité de l’équilibre
La question cruciale est celle de savoir comment l’économie aboutit à cet équilibre. Elle
s’ajuste par les variations de stocks. En effet, quand l’économie se trouve en situation de
déséquilibre, la variation imprévue des stocks amène les entreprises à réviser leur niveau
de production et ramène l’économie vers son point d’équilibre.
Dépense
Y1 Y* Y2 Revenu
Si par exemple le produit national s’écartait de son point d’équilibre vers un niveau
inférieur (Y1), la demande globale serait supérieure au produit national. Les entreprises,
constatant la réduction de leurs stocks, emploieraient plus de travailleurs afin de produire
plus, ramenant l’économie vers son niveau d’équilibre. Si, au contraire, le produit national
s’écarte de son point d’équilibre vers un niveau supérieur, la demande globale serait
inférieure à l’offre globale. Les entreprises, constatant l’accroissement de leurs stocks,
réduiraient leur production, ramenant l’économie vers son niveau d’équilibre.
Cet équilibre peut être imaginé tel un pendule dans un état stable. Un choc peut le faire
osciller, mais il revient toujours à sa position d’équilibre. Si on l’écartait vers un côté,
loin de sa position d’équilibre, dans ses oscillations, allant d’un côté à l’autre, il finirait
par se stabiliser pour retrouver son équilibre.
72
Marché des biens et services
2.2. Débouché et chômage involontaire
Selon la logique keynésienne, l’entrepreneur fait des prévisions de ventes sur la base de
la demande effective et fixe le niveau de production qui maximisera son profit. Le niveau
de l’emploi dépendra alors du niveau d’activité économique qui dépend de la demande
effective. Pour Keynes, la demande effective est seule responsable, par sa faiblesse en
volume, de la présence et la persistance de chômage involontaire. Cette idée se présente
graphiquement comme suit :
Salaire
Dépense
Demande
Offre
1 3
DG W*
Production Travail
Chômage involontaire
Production
Production
1’ 2
Y=f(L)
45°
Y* Production L* Travail
Si on a s 1 q q 2 q3
En multipliant par q, on aura s.q q q 2 q3 q 4
Par soustraction des deux équations précédentes, on aura s s.q 1
1
Et enfin s
1 q
Revenant à l’exemple précédent, l’investissement initial de 10000 francs aurait généré
dans l’économie un revenu égal à dix fois sa valeur. L’impact est d’autant plus fort que
la propension à consommer est forte. En effet, dans le principe du multiplicateur,
l’épargne est considérée comme une fuite du circuit économique.
Par ailleurs, le principe du multiplicateur assure l’équilibre entre épargne et
investissement. En effet, les 10.000 francs investis ont généré un revenu de 100.000. Ce
revenu à son tour générera une épargne égale à 10% (PmS) de sa valeur soit 10.000.
L’investissement de départ est égal à l’épargne finale ; ce qui est considéré comme
l’expression de la situation d’équilibre sur le marché des biens et services.
I S
Cette présentation du multiplicateur comme résultant d’une série de dépenses, désavoué
par Keynes, n’aurait, pour certains contemporains, que des vertus pédagogiques, car en
réalité l’égalité Y I (1 PmC) est une égalité comptable.
3. Extensions du modèle
3.1. Prise en compte de l’Etat
La politique budgétaire peut prendre plusieurs formes : augmentation des dépenses
publiques, réduction des taxes ou augmentation des dépenses publiques financées par les
taxes. Quel serait l’impact de l’une ou l’autre de ces politiques ?
Le déficit budgétaire est l’excédent des charges sur les
recettes pour l'ensemble des opérations du budget général et des comptes
spéciaux du Trésor. Dans une loi de finances, l’expression utilisée pour
qualifier le déficit est "solde budgétaire". Il est égal aux dépenses publiques
diminuées des taxes
Le modèle du revenu d’équilibre ainsi présenté peut être complété afin de mesurer
l’impact d’une action de l’Etat. Dès que l’on introduit l’Etat dans l’analyse. Il faut prendre
en compte les dépenses publiques dans la demande globale.
DG C I G
L’offre globale reste inchangée : OG Y C S
Pour qu’il y'ait un équilibre macroéconomique, il faut que l’offre soit égale à la demande.
Autrement dit, que le total des dépenses désirées soit égal au revenu.
OG DG
75
Comportements et marchés
D’où Y C I G
Y C G I
Y T T C G I
Y T C T G I
E2 DG
∆G
E1
∆Y
Y*1 Y*2 Revenu
Après une augmentation des dépenses publiques de ∆G, la courbe DG
se déplace vers la position DG’ le revenu d’équilibre passe de Y1* à
Y2*. La politique budgétaire accroit le revenu
Graphique 5-5 : Le multiplicateur budgétaire
On voit alors que l’équilibre sur le marché des biens et services est conditionné par
l’égalité entre le revenu national et la dépense désirée augmentée des exportations nettes.
D’où
Q.P V .M
5
Il existe en effet une version faible de cette théorie qui veut que les variations de masse monétaire puissent
affecter le revenu national
78
Marché des biens et services
Cette dernière équation permet alors de déduire que toute variation de la masse monétaire entrainerait
nécessairement celle du niveau général des prix. En somme, la monnaie ne serait qu’un simple intermédiaire
des échanges et les agents économiques ne sont pas victime de l’illusion monétaire.
Le modèle classique
Comme il est dit plus haut, les classiques considèrent le marché comme l’institution à travers laquelle les
décisions des agents sont accordées avant tout échange. L’économie est alors décrite telle une économie de
marché dont les mécanismes d’ajustement, les conditions de l’équilibre et la stabilité sont l’objet d’étude du
classique. Dans le modèle économique classique, il y’a quatre marchés distincts : le marché du travail, le
marché des biens et services, le marché des fonds prêtables ou marché des capitaux/titres et le marché de la
monnaie. Il a pour assises cinq hypothèses qui sont :
Les marchés sont tous en concurrence pure et parfaite ;
Les agents économiques rationnels et maximisateurs ;
Les prix sont parfaitement flexibles ;
L’économie est statique ;
Et il n’y a qu’un seul bien représentatif et trois types d’agent.
Description du modèle
L’équilibre macroéconomique se réalise simultanément, à travers un ajustement par les prix, sur tous les quatre
marchés et détermine les quantités d’équilibre (cf. graphique).
Salaire réel
Taux d’intérêt réel
Salaire nominal
Offre W*
Epargne
r*
S=I
3 E : I=S
Investissement
C
Revenu
W/P*
P
1
E
Q
Demande
Travail
Production
1
5 Prix
Production
Production
2’
Y=f(L)
Première bissectrice
Y* Revenu
2
L* Travail
4
P*
P= P(M ;Y)=MV/Y
Prix
6
Il est important de se souvenir que chez les classiques, la théorisation n’existe pas. Toute épargne est
forcément placé dans le système financier.
79
Comportements et marchés
comptable décrivant l’affection du produit national entre consommation immédiate et épargne/investissement.
La variable d’ajustement sur ce marché est le taux d’intérêt réel. Cette variable est, par ailleurs, la variable
d’arbitrage qu’utilisent les ménages pour choisir entre consommation et épargne.
Le diagramme 4 est celui du marché de la monnaie, reflet parfait de la vision classique de la monnaie : la
neutralité de la monnaie que décrit la théorie quantitative de la monnaie. Une augmentation de la masse
monétaire n’aura d’effet que sur les prix et ne peut affecter le produit national d’équilibre Y*. La demande de
monnaie classique naît chez l’individu de son besoin de monnaie pour motif de transaction. Confrontée au
produit d’équilibre obtenu sur le marché des biens et services, elle détermine le prix d’équilibre.
Le diagramme 5 peut être considéré comme un complément du marché de la monnaie qui explique comment
se forment les salaires nominaux d’équilibre W*. Ce salaire d’équilibre est tel que, si on le rapporte au prix
d’équilibre, on obtienne le salaire réel d’équilibre déterminé sur le marché du travail. On pourrait faire de même
pour déterminer le taux d’intérêt nominal d’équilibre qui serait le produit du taux d’intérêt réel d’équilibre et
du prix d’équilibre.
En somme, l’équilibre général classique peut être représenté par le graphique suivant :
Prix
P*
Y* Revenu
Offre globale
P’
P*
Demande globale
Y* Revenu
7
Si l’on s’en tient à la loi psychologique fondamentale, pour les économies en croissance, crise économique
serait une finalité indubitable du fait de la baisse progressive de la propension à consommer au fur et à
mesure que croitront les revenus.
81
Comportements et marchés
En somme, l’incertitude se retrouve au centre du choix de la forme d’épargne. La préférence pour la liquidité
s’accroit à mesure que la confiance se dégrade, il faudrait une hausse des taux d’intérêt pour maintenir un même
niveau d’épargne financière.
Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons étudié les comportements de consommation et
d’investissement. Nous avons d’abord évoqué les modélisations plutôt anciennes avant
d’aboutir à des modélisations plus récentes avec une meilleure représentativité des
économies actuelles. Sans pour autant intégrer l’exhaustivité des déterminants des
comportements, ces modélisations tentent de saisir l’effet des plus importants et les plus
fréquents. Pour étudier ces comportements dans des pays en développement, il serait
opportun de tenir compte de l’effet que pourraient avoir des variables telles :
✓ Le niveau du revenu ;
✓ L’incertitude du revenu ;
✓ Les relations intergénérationnelles ;
✓ L’inflation ;
✓ La stabilité macroéconomique ;
✓ L’épargne publique.
Par ailleurs, nous avons étendu le marché des biens et services à une économie ouverte.
Nous avons donc constaté que, contrairement au cas d’une économie fermée, l’économie
ouverte n’est pas tenue d’égaliser ses investissements à son épargne. Néanmoins, le
déséquilibre interne doit être comblé par le déséquilibre externe.
L’équilibre du marché des biens et services est la représentation la plus simple de
l’équilibre keynésien. La figure 7 en est le résumé.
Que devons-nous retenir ?
✓ A court terme, la consommation dépend essentiellement du revenu courant
disponible. Elle croît avec le revenu, mais à un rythme plus faible que ce dernier.
Ainsi la part de revenu affectée à la consommation est inférieure à l’unité et diminue
quand le revenu croît.
✓ A long terme, la consommation dépend plus du revenu moyen ou du revenu
permanent. Ainsi, l’hystérésis, les anticipations de revenus futurs et la prise en
compte de son cycle de vie amènent le consommateur à baser ses choix de
consommations sur d’autres paramètres.
✓ L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt, considéré comme
le loyer du capital. Les entrepreneurs investissent tant que l’efficacité marginale du
capital est supérieure au taux d’intérêt réel en cours. Par ailleurs, l’investissement
dépend aussi du coût du capital et, dans une moindre mesure, du revenu des
entrepreneurs.
✓ L’investissement est aussi une fonction croissante du revenu national. En effet, plus
la demande est élevée, plus l’investissement le sera, car il est fondé sur les
anticipations de la demande par les entrepreneurs.
82
Marché des biens et services
✓ Le point de stabilité de l’économie se trouve à l’équilibre du marché des biens et
services. Cet équilibre se réalise au point ou la dépense désirée par les agents
économiques est égale à la dépense effective ou la production. Il équivaut aussi à
l’équilibre sur le marché des fonds prêtables c.-à-d. le point où le volume des
investissements est égal à celui de l’épargne.
✓ L’équilibre sur le marché des biens et services n’est pas toujours un équilibre de
plein emploi. En effet, la production est réalisée après estimations des débouchés
qu’est la dépense prévue. Elle peut alors être en dessous de son niveau de plein
emploi.
✓ La politique budgétaire a un impact positif sur le niveau de revenu. En effet, si la
dépense publique croît, elle déplace le point d’équilibre vers un autre où le revenu
est plus élevé. C’est l’effet du multiplicateur qui est d’autant plus élevé que la
propension à consommer l’est.
✓ En économie ouverte, le marché des biens et services est en équilibre quand l’écart
entre l’épargne nationale et l’investissement interne est égal au solde commercial.
La politique budgétaire reste efficace, mais son impact est moindre, car les
importations constituent une fuite du circuit économique.
Taux d’intérêt
Investissement Production
Taux de
rentabilité
Incertitude
prévisionnel
(EMC)
Dépenses
Consommation
Propension à prévues
consommer
Demande
effective
Volontarisme Politique budgétaire
Demande
Conjonctures nationale externe
Exportations
et internationale
Emploi
Résumé de la pensée de Keynes : Les incertitudes fondent le comportement des ménages et des firmes. Elles
déterminent, sur la base de facteurs psychologique, leur consommation et investissement qui sont des
déterminants de la demande effective. Les entreprises produiront ensuite sur la base de leur anticipation de la
demande effective. Enfin, cette production déterminera le niveau d’emploi dans l’économie.
Par ailleurs, l’interventionnisme public a un impact bénéfique sur l’emploi, de même que les exportations.
Figure 7 : Résumé de la pensée de Keynes
83
Analyse macroéconomique de court terme
PARTIE III.
ANALYSE MACROECONOMIQUE DE COURT TERME
84
Equilibre en économie fermée
Chapitre 6.
EQUILIBRE EN ECONOMIE FERMEE
Hicks et Hansen
Introduction
Dans l’optique d’expliquer les cycles économiques en économie fermée, ce chapitre offre
un cadre macroéconomique qui permettra d’analyser les fluctuations cycliques et les
effets des changements de politiques sur une économie fermée. Ce cadre est le modèle
IS-LM ou modèle H-H, une relecture du modèle keynésien à prix fixe et en économie
fermée.
Le modèle IS-LM fut développé la première fois en 1937 par le prix Nobel, Sir John
Richard Hicks, dans son article titré "Mr Keynes and the Classics : A suggested
interpretation" et publié dans la revue Econometrica. Il l’y présente comme une
explication schématique de la pensée de Keynes. Par la suite, Alvin Hanse vulgarise les
idées de Hicks à travers deux publications majeures : "Monetary Theory and Fiscal
Policy" publié en 1949 et "A Guide to Keynes" publié en 1953.
Du fait de ses origines, le modèle IS-LM semble être proche de Keynes que des
classiques. Son hypothèse de fixité des prix a causé, pendant longtemps, son rejet du
monde classique. Cependant, si l’on s’en tenait au titre de l’article que publia Hicks, il
voulait que ce modèle soit un compromis entre classique et keynésien. Mais aujourd’hui,
de nombreux économistes, proclassiques, estiment que le modèle IS-LM démontre que la
théorie classique est une théorie générale et celle de Keynes en est un cas particulier. Par
contre, d’autres économistes, plutôt prokeynésiens, affirment le contraire.
Proclassique ou non, cela n’enlève rien à l’utilité et à la valeur pédagogique du modèle
IS-LM. La simplicité et la logique de son exposé on fait de lui le modèle
macroéconomique le plus célèbre et le plus utilisé. Il est le fondement de nouveaux
modèles macroéconomiques tel le modèle de demande globale et d'offre globale ou
modèle DG-OG. Il peut même être considéré comme une théorie de demande agrégée.
En privilégiant l’approche graphique, nous exposerons d’abord les fondements du modèle
IS-LM (première section), puis nous analyserons les impacts des politiques monétaire et
budgétaire sur l’équilibre économique (deuxième section). Nous déduirons ensuite de
l’exposé du modèle IS-LM, les éléments qui font de lui une théorie de la demande agrégée
(troisième section). Enfin, une dernière section est réservée à une présentation
mathématisée du modèle.
1. Le modèle IS-LM
D’une manière générale, en macroéconomie on distingue quatre macro-marchés : le
marché du travail, le marché des biens et services, le marché de la monnaie et le marché
des titres. Le marché des biens et services peut être considéré comme un marché agrégé
de plusieurs marchés de biens et services (n-3). Il y’aurait alors n marchés dans
85
Analyse macroéconomique de court terme
l’économie. Dans le modèle IS-LM, l’équilibre macroéconomique dépend du marché des
biens et services et du marché de la monnaie. L’équilibre sur le marché des titres s’obtient
automatiquement à partir de celui du marché de la monnaie. Par contre, l’équilibre sur le
marché du travail dépend de celui du marché des biens et services et n’est pas forcément
celui de plein emploi.
Epargne (Y2)
Taux d’intérêt
Taux d’intérêt
Epargne (Y1) IS
r2
r1
1 ∆I
I(r2) I(r1)
Investissement
Epargne/Investissement
2 Revenu/Produit
Cas 1 : Si le revenu passe de Y1 à Y2, la courbe d’épargne
se déplace vers la gauche. Le taux d’intérêt augmente (de r1 DG=OG
Dépenses
à r2) en entrainant la une baisse de l’investissement (de I(r1)
à I(r2)). Ici on ne tient pas compte de DE1 et DE2 dans
3
l’analyse ; tout le diagramme 3 peut être ôté de l’analyse. DG1
Cas 2 : une baisse de l’investissement (de I(r1) à I(r2)),
pour une raison quelconque, augmenterait le taux d’intérêt DG2
réel (de r1 à r2). Par ailleurs cette baisse initiale causerait un
déplacement de la courbe de dépenses effectives de
vers et le revenu
d’équilibre passera de Y1 à Y2. Ici, la présence des courbes ∆I
d’épargne n’est pas nécessaire dans l’analyse.
De deux approches distinctes, on aboutit à une relation
inverse entre revenu et taux d’intérêt réel : la courbe IS
Y2 Y1 Revenu/Produit
2’ 3
prêtables : le lieu des points
d’investissement
d’équilibre entre épargne et
investissement. Partant d’un
équilibre, on rejoint les courbes
d’épargne et d’investissement,
respectivement dans les cadrans 2
et 2’, afin de déterminer les
niveaux de revenu et de taux
d’intérêt qui correspondent à ce
Revenu 45° Revenu équilibre. En répétant cette
opération pour tous les points
d’équilibre, on trouve alors les
Epargne=
1 2
Investissement
couples (Y ;r) vérifiant
l’équilibre. Ces couples sont les
coordonnées des points de la
courbe IS. Pour ce cas, deux
points suffisent pour tracer la
Epargne
Courbe d’épargne
courbe IS, car on fait l’hypothèse
toutes les relations sont affines.
Epargne S2
∆G
Epargne S1 Taux d’intérêt
r2
r1
Investissement IS2
IS1
Epargne, Revenu
Investissement
Dépense DE=DP
DE1
DE2
∆G
k.∆G
Revenu, production
Y1 Y2
Taux d’intérêt
Revenu, production
Graphique 6-4: Revenu d'équilibre et déplacement de la courbe IS
Mo/P
Quant à la demande d’encaisses monétaires réelles, elle est fondée sur ce que Keynes
nomme dans sa théorie générale la préférence pour la liquidité.
Dans la logique keynésienne, la propension à consommer détermine la part de revenu
consacrée à la consommation et celle consacrée à l'épargne. Cette décision est la première
que prend l’individu avant de décider sous quelle forme il gardera son épargne. Il aurait
le choix entre divers actifs de degrés de liquidité différents. Le choix d’un actif liquide,
la monnaie étant la liquidité par excellence, correspondrait au choix d’un droit à la
disponibilité immédiate et vice versa. Le choix du type d’actif est déterminé par la
préférence pour la liquidité de l’individu. La théorie générale identifie trois motifs de
préférence pour la liquidité :
✓ Le motif de transaction : Etroitement lié au revenu, il représente la demande de
monnaie (en tant qu’actif liquide) pour la réalisation des transactions de la vie
courante ;
90
Equilibre en économie fermée
✓ Le motif de précaution : lié à la foi au revenu et au taux d’intérêt, traduit une sorte
de désir de protection face aux incertitudes du futur en s’éloignant des « risques de
variation de la valeur monétaire future d'une certaine proportion de ses ressources
totales » ;
✓ Le motif de spéculation : Etroitement lié au taux d’intérêt, il résulte de la recherche
de profit sur la base des capacités de l’individu à prévoir l’avenir mieux que les
marchés.
En somme, deux déterminants de la demande de monnaie sont identifiés. Plus le revenu
d’un individu est élevé, plus ses dépenses le sont, et il a besoin de plus de monnaie pour
effectuer ses transactions. Quant au taux d’intérêt, il rémunère la renonciation à la
liquidité. En effet, les individus dans leur comportement de spéculation renoncent aux
actifs liquides pour effectuer des placements dans des actifs moins liquides qui selon eux
rapporteraient un profit, exprimé en taux d’intérêt, supérieur à l’utilité de la détention de
monnaie. La demande d’encaisses monétaires réelles est donc une fonction décroissante
du taux d’intérêt et une fonction croissante du revenu. Si r est le taux d’intérêt, Y le
revenu, P le niveau général des prix et L la fonction de préférence pour la liquidité, la
demande de monnaie Md serait :
d
M
L(Y ; r )
P
L(Y ; r ) L(Y ; r )
Où 0 ou LY (.) 0 et 0 ou Lr (.) 0
Y r
Pour simplifier l’analyse, la demande de monnaie pourrait être représentée sous forme
d’une somme de deux fonctions L1 et L2, respectivement, croissante et décroissante.
d
M
L1 (Y ) L2 (r )
P
Où L1(Y ) 0 et L2 (Y ) 0
Taux d’intérêt réel
L(Y ;r)
1.2.2. Courbe LM
La courbe LM représente la relation entre taux d’intérêt et revenu, tous deux, issus de
l’équilibre sur le marché de la monnaie. Pour tout niveau de revenu, la courbe LM permet
de déterminer le niveau de taux d’intérêt qui assurerait l’équilibre sur le marché de la
monnaie. Le graphique 4-5 montre comment dériver la courbe LM à partir de l’équilibre
sur le marché de la monnaie.
Taux d’intérêt
Taux d’intérêt
LM
d
M /P
r2
r1
1 L(Y2 ;r)
L(Y1 ;r)
r2
r1
2
M/P Volume d’encaisses réelles Y1 Y2 Revenu
Dans un premier temps le revenu augmente passant de Y1 à Y2. Cette augmentation entraine, dans un
deuxième temps, un déplacement de la courbe de demande d’encaisses monétaires réelles qui passe de L(Y1 ;r)
à L(Y2 ;r) puis dans un troisième temps, une hausse du taux d’intérêt de r 1 vers r2. Par transitivité
l’accroissement du revenu aurait causé un accroissement du taux d’intérêt, relation que décrit la courbe LM
représentée dans le diagramme 2
Graphique 6-5 : Mise en évidence de la courbe LM
Taux d’intérêt
Taux d’intérêt
LM1
d
M /P
LM2
r1 r2
r2 r1
L(Y ;r)
M1/P M2/P Y Revenu
Volume d’encaisses réelles
Si l’offre de monnaie croît, passant de M1 à M2, la courbe d’offre d’encaisses monétaires réelles se déplace
vers la droite. Les taux d’intérêt croissent pour rétablir l’équilibre sur le marché de la monnaie, causant un
déplacement de la courbe LM vers la droite.
Offre d’encaisses Hausse de l’offre d’encaisses monétaires réelles baisse du taux droite
nominales d’intérêt pour rééquilibrer le marché de la monnaie
Niveau général des Baisse de l’offre d’encaisses monétaires réelles hausse du taux gauche
prix d’intérêt pour rééquilibrer le marché de la monnaie
Taux d’inflation Baisse de la demande d’encaisses monétaires réelles baisse du Droite
taux d’intérêt pour rééquilibrer le marché de la monnaie
Tout facteur pouvant affecter (accroitre) la demande d’encaisse monétaire réelle peut déplacer la courbe
LM (vers la droite) : Patrimoine, risque lié aux actifs alternatifs, degré de liquidité des actifs alternatifs
E
r*
IS
Y* Revenu
L’équilibre sur les trois macro-marchés des biens et services de la monnaie et
des fonds prêtables sont tous en équilibre quand le couple taux d’intérêt-revenu
correspond au point d’intersection entre la courbe IS et la courbe LM.
L’équilibre s’établit ici au point E correspondant au couple (Y* ;r*)
Y Y
94
Equilibre en économie fermée
Taux d’intérêt
Revenu
LM
3 1 2
r* E
IS
Y* Revenu
Etant donné que la courbe représentant l’équilibre de plein emploi ne dépend
que du revenu, il peut s’établir n’importe où sur le graphique, mais on peut
distinguer trois positions typiques.
Graphique 6-7 : Equilibre macroéconomique général
2.1.1. Généralités
Nous appelons politique budgétaire tout accroissement du déficit budgétaire. L’analyse
menée ici ne tiendra pas compte de la source de financement du déficit, mais seulement
de la dépense induite qui est une composante de la demande globale, donc un déterminant
de l’équilibre sur le marché des biens et services.
Nous avons vu dans le § 1.1 de ce chapitre qu’une augmentation des dépenses publiques
déplacerait la courbe IS vers la droite. Comme décrit dans le graphique 4-8, dans une
première phase, la hausse des dépenses publiques engendre, par effet multiplicateur, un
accroissement du revenu, donc un déplacement de la courbe IS vers la droite. L’équilibre
passe de son point initial E1 à un autre qui est en dehors de la courbe LM, E2. Ce point E2
ne correspond qu’à l’équilibre sur le marché des biens et services. Le marché des
encaisses monétaires réelles est en déséquilibre, car l’offre d’encaisses monétaires réelles
est inférieure à la demande.
96
Equilibre en économie fermée
OG
Dépense
DG2
DG3
∆I
DG1
∆G ∆G
Y1 Y3 Y2 Revenu
Taux d’intérêt
Taux d’intérêt
LM
I
E3
r2 r2
E1 E2
r1 r1
IS2
IS1
Y1 Y3 Y2 Revenu Fonds prêtables
∆I
k.∆G EE
Dans un premier temps, les dépenses publiques s’accroissent de ∆G et entraine un accroissement des dépenses
effectives se traduisant par le déplacement de la courbe DE qui passe de DE 1 vers DE2. Ce déplacement cause
l’accroissement du revenu de k.∆G (où k est le multiplicateur keynésien) et le revenu passe de Y1 à Y2. La courbe
IS se déplace de IS1 vers IS2 et l’équilibre passe de E1 à E2, mais ce dernier n’est pas stable, car il ne concerne que
le marché des biens et services. Dans un second temps, le taux d’intérêt s’accroît pour rééquilibrer le marché de la
monnaie, passant de r1 à r2 et réduisant l’investissement privé de ∆I. la réduction de l’investissement se traduit par
le déplacement de la courbe DE de DE2 vers DE3. Ce dernier mouvement entraine une de réduction du revenu de
Y2 à Y3 : c’est l’effet d’éviction. L’effet final de la politique budgétaire est la somme de l’effet multiplicateur et
l’effet d’éviction. L’équilibre passe à E3
Dans une seconde phase, le taux d’intérêt augmente pour renchérir la détention de
liquidités et ramener l’équilibre sur le marché des encaisses monétaires réelles. Sur le
marché des fonds prêtables, cette hausse du taux d’intérêt réduit l’investissement (∆I)
jusqu’à ce qu’il s’égalise avec l’épargne nationale disponible après les dépenses
publiques : on parle d’éviction de l’investissement privé par les dépenses publiques. Si
l’investissement privé baisse, toutes choses égales par ailleurs, les dépenses effectives
baissent et la courbe correspondante se déplace de DE2 vers DE3. Le revenu baisse de Y2
à Y3 et l’équilibre se réinstaure sur les deux marchés au point E3.
En somme, la politique budgétaire aura tendance à accroitre le revenu national, on dit
qu’elle a un effet expansionniste. Cet effet est la somme de l’effet multiplicateur et l’effet
d’éviction. Son amplitude est donc plus faible que celui donné par le multiplicateur. Elle
est d’autant plus faible que l’effet d’éviction est élevé. Ce qui nous amène à nous
interroger sur l’efficacité de la politique budgétaire.
97
Analyse macroéconomique de court terme
2.1.2. Efficacité de la politique budgétaire
La relance budgétaire serait jugée parfaitement inefficace si son impact sur le revenu est
nul et efficace si son impact sur revenu est total. En d’autres termes, la politique
budgétaire est parfaitement efficace si l’effet d’éviction est nul et parfaitement inefficace
si l’effet d’éviction annule l’effet multiplicateur.
L’effet d’éviction est la baisse de l’investissement privé née
de l’accroissement de l’investissement public.
A) Si la demande d’encaisses monétaires réelles est totalement insensible au taux
d’intérêt, la courbe LM serait verticale et une expansion budgétaire serait
inefficace : si la demande d’encaisses monétaires réelles est parfaitement
inélastique au taux d’intérêt, comme dans la description des classiques, la monnaie
ne serait détenue que comme moyen d’échange, indépendamment de toute autre
considération. Une variation du taux d’intérêt, quelle que soit son ampleur, n’aura
aucun impact sur la demande d’encaisses monétaires réelles. Le revenu devra alors
rester constant pour maintenir l’équilibre sur le marché des encaisses monétaires
réelles
B) Si la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt est extrême, la courbe IS serait
horizontale et une relance budgétaire serait inefficace : en d’autres termes,
l’élasticité de l’investissement par rapport au taux d’intérêt est infinie. De ce fait, la
moindre légère variation du taux d’intérêt entraine une variation infinie de
l’investissement qui, par effet multiplicateur, cause à son tour une variation infinie
du revenu. En somme, la courbe IS est horizontale, car le revenu extrêmement
sensible au taux d’intérêt et l’effet d’éviction est maximal. Ainsi, en présence de
rigidité extrême de la demande d’encaisses monétaires réelles, ou d’hypersensibilité
de l’investissement au taux d’intérêt, la politique budgétaire est inefficace et l’effet
d’éviction est grand.
C) Si la demande d’encaisses monétaires réelles est extrêmement sensible au taux
d’intérêt, la courbe LM serait horizontale et une relance budgétaire serait efficace :
la courbe de demande d’encaisses monétaires réelles est horizontale. Une infime
variation du taux d’intérêt entrainerait une extrême variation de la demande de
monnaie, il faudrait alors une variation aussi grande du revenu pour restaurer
l’équilibre sur le marché des encaisses monétaires réelles. Dans ces conditions, la
courbe LM est horizontale : c’est la trappe à liquidité. Ainsi, en présence de trappe
à liquidité, la relance budgétaire est parfaitement efficace.
LM
Taux d’intérêt
LM
IS1 IS2
IS LM
IS2
IS1
Revenu Revenu Revenu
A B C
Graphique 6-9 : Effet d’éviction
98
Equilibre en économie fermée
En général, quand l’économie est à un équilibre de sous-emploi, comme décrit par la
théorie keynésienne, une dépense publique nouvelle viendrait utiliser les ressources
oisives de l’économie et serait parfaitement efficace.
2.2.1. Généralité
La politique monétaire est l’accroissement par les autorités monétaires de l’offre
d’encaisses monétaires réelles. Dans le paragraphe 1.2.3, nous avons vu qu’un
accroissement de l’offre d’encaisses monétaires réelles provoque le déplacement de la
courbe LM vers la droite et accroit le revenu national.
Dans les faits (cf. graphique 4-10), l’augmentation de l’offre d’encaisses monétaires
réelles induit une hausse des cours des titres et réduit donc le coût de la détention de
liquidité. Les encaisses monétaires réelles des agents augmentent qui détiennent alors
relativement plus de monnaie et moins de titres, car le taux d’intérêt baisse avec la hausse
des cours. La baisse des taux d’intérêt transite ensuite sur le marché des fonds prêtables
où il accroit l’investissement. Il arrive enfin sur le marché des biens et services, où, à
travers l’accroissement de l’investissement et le multiplicateur, il augmente le revenu
national.
Dépense
DP
Taux d’intérêt
I
Mo 1 Mo 2 DE2
DE1
r2
∆I
r1
Md
k.∆I
Monnaie Investissement Y1 Y2 Revenu
∆I
Une augmentation de l’offre de monnaie est le fait des
autorités politiques et prend forme sur le marché de la
Taux d’intérêt
IS LM1 LM2
Taux d’intérêt
LM IS
IS2
IS
IS1
Revenu Revenu Revenu
A B C
Graphique 6-11 : Efficacité de la politique monétaire
LM
Ef
Ef
Ed Ed
Ef Ed
IS2
IS1
3. La demande agrégée
Le modèle IS-LM est une représentation de l’équilibre général. Il est très utile pour les
analyses de chocs de taux d’intérêt sur l’économie, mais s’avère quasi inefficace quand il
s’agit de chocs de prix. Un nouveau modèle est aujourd’hui développé dans le but
d’analyser ces type de chocs ; c’est le modèle de demande agrégée offre agrégée,
communément appelé le modèle DA-OA (ce modèle sera étudié en profondeur dans le
chapitre 6). Le modèle IS-LM peut être considéré comme une théorie de la demande
agrégée, car il est fondé sur les mêmes hypothèses. En effet, en allongeant légèrement le
terme d’analyse afin de laisser les prix varier, il est possible de déduire du modèle IS-LM
une fonction de demande agrégée. Cette fonction de demande est dite agrégée, car elle
met en relation, tel son homonyme en microéconomie, la demande d’un bien agrégée –
101
Analyse macroéconomique de court terme
qui serait une valeur agrégée de tous les biens de l’économie – et le niveau général des
prix dans l’économie.
3.1. La courbe DA
Dans le modèle IS-LM, on voit apparaitre le niveau général des prix dans l’équilibre du
marché des encaisses réelles :
M M
L(Y ; r ) ou L1 (Y ) L2 (r )
P P
Ainsi, une augmentation du niveau général des prix viendrait réduire l’offre d’encaisses
monétaires réelles. L’économie réagit comme s’il s’agissait d’un politique de contraction
monétaire. Ainsi, la courbe LM se déplace vers la gauche entrainant une hausse du taux
d’intérêt et une baisse du revenu. En somme, le modèle IS-LM met en évidence une
relation inverse entre prix et revenu telle que décrite par le graphique 4-13.
Il va sans dire que tout choc provoquant un accroissement du revenu dans le modèle IS-
LM déplacerait la courbe DA vers la droite et vice versa. De ce fait, une expansion
budgétaire ou monétaire déplacerait la courbe DA vers la droite, car elle accroit le revenu
à tout niveau de prix.
Taux d’intérêt
Taux d’intérêt
LM2 LM1
M°2 M°1
Md IS
P2
P1
DA
Y2 Y1 Revenu
Graphique 6-13 : la courbe DA
102
Equilibre en économie fermée
4. Formalisation mathématique du modèle
Dans ce paragraphe, nous revisitons tous les concepts vus jusqu’ici en les formalisant
mathématiquement d’abord par des formes générales puis pour simplifier davantage, par
des formes linéaires.
4.1. La courbe IS
4.2. La courbe LM
Pour simplifier M d L1 (Y ) L2 (r )
A l’équilibre Mo Md
M
D’où L1 (Y ) L2 (r )
P
M
Et L2 (r ) L1 (Y )
P
M
Enfin LM : r L21 L1 (Y )
P
4.3. L’équilibre
c0 i0 c.T G i 1 M
Y .r . lr .r
1 c 1 c lY P
c0 i0 c.T G 1 M i l
. r .r
1 c lY P 1 c lY
c0 i0 c.T G i M
Le revenu d’équilibre est Y .
l
1 c i. Y i.lY 1 c .lr P
lr
105
Analyse macroéconomique de court terme
4.4. Les politiques économiques
L’impact des politiques économiques peut alors être estimé à travers les expressions du
taux d’intérêt et du revenu à l’équilibre. En effet,
Y Y Y
dY .dG .dT .dM
G T M
r r r
dr .dG .dT .dM
G T M
Pour le cas où les fonctions de comportement sont toutes linéaires, on aura :
1 c i 1
dY .dG .dT . .dM
1 c i.
lY
1 c i.
lY i.lY 1 c .lr P
lr lr
i 1 1
dY k '.dG k '.c.dT . .dM où k '
i.lY 1 c .lr P l
1 c i. Y
lr
k’ étant le multiplicateur réduit de l’effet d’éviction.
1 c 1 c 1
dr .dG .dT . .dM
l
1 c i. r
l
1 c i. r i.lY 1 c .lr P
lY lY
On retrouve ici les mêmes résultats que précédemment :
L’expansion budgétaire accroit le revenu et le taux d’intérêt. Si la demande d’encaisses
monétaires réelles est extrêmement plus sensible au taux d’intérêt qu’au revenu, alors lr
est très grand et le multiplicateur est proche du multiplicateur d’investissement et
inversement. Aussi une sensibilité extrême de l’investissement au taux d’intérêt réduit le
multiplicateur.
L’expansion monétaire accroit le revenu et abaisse le taux d’intérêt. Si la demande
d’encaisses monétaires réelles est extrêmement plus sensible au taux d’intérêt qu’au
revenu, alors on est dans la zone de trappe à liquidité : lr est très grand et lY est quasi nul,
le multiplicateur tend alors vers zéro. Aussi une inélasticité totale de l’investissement au
taux d’intérêt réduit le multiplicateur.
Conclusion
Nous avons voulu, dans ce chapitre, construire un cadre analytique qui nous permettrait
de comprendre les effets des chocs de court terme sur l’économie. La rigidité des prix à
court terme nous conduit à l’exposé du modèle IS-LM, cadre par excellence d’analyse
des fluctuations de court terme. Il constitue, par ailleurs, le cadre référence dans la théorie
de la demande agrégé. Ainsi exposé, puis combiné aux fonctions de comportement
décrites dans les chapitres 1 et 2, le modèle est présentation simplifiée de la théorie de la
demande agrégée. Les chapitres suivants feront, d’abord un approfondissement du
modèle avant de se pencher sur le modèle de demande agrégée.
Que devons-nous retenir ?
✓ Le modèle IS-LM est un modèle macroéconomique qui explique le taux d’intérêt
et le revenu par trois principales variables exogènes qui sont : la politique
budgétaire, la politique fiscale et la politique monétaire.
✓ L’équilibre du modèle IS-LM représente un équilibre global, car il est l’intersection
des courbes IS et LM qui sont, respectivement, le lieu des points d’équilibre sur le
marché des biens et services et le lieu des points d’équilibre sur le marché des
encaisses monétaires réelles.
✓ Le modèle IS-LM est, par ailleurs, une théorie de la demande agrégée. Considéré
ainsi, il ajoute au nombre de variables exogène, le niveau général des prix pour
expliquer ses deux variables endogènes.
✓ La courbe de demande agrégée DA peut être dérivée de l’équilibre du modèle IS-
LM. Elle est décroissante et exprime une relation négative entre le produit national
et le niveau général des prix.
✓ Une expansion budgétaire déplacerait la courbe IS vers la droite. Elle accroit le
revenu et taux d’intérêt. Elle est plus efficace en présence d’une trappe à liquidité
et moins efficace quand les agents ne sont pas victime d’illusion monétaire. Par
ailleurs, elle déplace la courbe DA vers la droite.
✓ Une expansion monétaire déplacerait la courbe LM vers la droite. Elle accroit le
revenu et abaisse le taux d’intérêt. Elle est moins efficace en présence d’une trappe
à liquidité et plus efficace quand les agents ne sont pas victime d’illusion monétaire.
Par ailleurs, elle déplace aussi la courbe DA vers la droite.
107
Analyse macroéconomique de court terme
Chapitre 7.
EQUILIBRE EN ECONOMIE OUVERTE
Mundell et Fleming
Introduction
Le modèle décrit dans le chapitre précédent, malgré sa pertinence, émet une hypothèse
forte sur la nature des économies. Il les considère comme des économies fermées
n'effectuant aucun échange avec d'autres économies. Ce qui, pour une économie réelle,
serait utopique, car les échanges existent entre économies, mieux, ils affectent les
comportements et les équilibres.
En effet, quand l’Etat burkinabè mène une politique fiscale expansionniste, il faut tenir
compte du fait que le revenu disponible supplémentaire ne sera pas utilisé uniquement
dans la consommation de biens Burkinabès. Ainsi, les flux de biens et de capitaux doivent
être pris en compte dans l’élaboration de toute politique, car les économiques sont plus
ou moins ouvertes et continuent de s’ouvrir au reste du monde.
Ce chapitre fait une extension du modèle IS-LM afin de lui permettre d’expliquer les
phénomènes économiques de court terme dans une économie ouverte. Une telle extension
fut proposée pour la première fois par J.M. Fleming en 1962 puis par R. Mundell en 1963.
Le modèle qui en résulta porte les noms de ces auteurs : modèle Mundell-Fleming.
Après un exposé sur le taux de change dans la première section, nous exposerons ensuite
le modèle M-F et ses fondements dans une deuxième section. La troisième section
s’articulera autour de l’efficacité des politiques macroéconomiques dans une économie
ouverte. Tout comme dans le chapitre précédent la quatrième section fait l’introduction
de la notion de demande agrégée.
108
Equilibre en économie ouverte
1. Le modèle Mundell-Fleming
1.1. Equilibre extérieur : La balance des paiements
Elle se présente comme un état comptable regroupant les opérations avec l’extérieur dans
quatre principaux comptes. Un compte résiduel permet de palier les failles de la collecte
statistique : les erreurs et omissions nettes. Dans l’ordre où ils seront trouvés dans la
balance des paiements, on a les comptes suivants :
✓ Le compte des transactions courantes : Y sont inscrits, toute transaction non
financière privée ou publique ; biens et services, rémunération des facteurs et
transferts sans contreparties ;
✓ Le compte de capital : Il regroupe les transferts, acquisitions et cessions de propriété
des actifs fixes ; capitaux et actifs non financiers ;
✓ Le compte d'opérations financières : Il regroupe toutes les transactions financières
et monétaires de l’économie ; IDE, investissement en portefeuille, autres
investissements ;
✓ Le compte des avoirs de réserves et postes apparentés : Souvent rattaché au compte
précédent, on y trouve les opérations monétaires de l’Etat.
Le modèle macroéconomique qui sera développé ne tiendra compte que des deux
premiers comptes dans son analyse.
Taux de change
XN
Solde commerciale
Il ne sera indifférent à placer son capital sur le marché national ou le marché mondial que
si les deux gains son identique.
K.(1 r ) K.e.(1 rm ) e f
Entrées de capitaux
Si le taux d’intérêt national est supérieur au taux d’intérêt mondial, les capitaux afflueront
dans l’économie nationale. Les entrées de capitaux sont donc une fonction croissante du
gap de taux d’intérêt national et mondial. Plus la différence entre taux d’intérêt national
et taux d’intérêt mondial est grande, plus les flux entrants de capitaux sont élevés.
EK EK (r rm ) avec EK '(.) 0
110
Equilibre en économie ouverte
Sorties de capitaux
Contrairement aux flux entrants de capitaux, les flux sortants sont une fonction
décroissante du gap de taux d’intérêt. Plus la différence entre taux d’intérêt national et
taux d’intérêt mondial est faible, plus les flux sortants de capitaux sont élevés.
SK SK (r rm ) avec SK '(.) 0
Le solde de la balance
Le solde de la balance des capitaux est alors une fonction croissante du taux d’intérêt
national. En effet si BK est ce solde, alors :
BK BK r rm BK r EK r rm SK r rm
EK BK
rm
SK
A l’équilibre le solde de la balance des paiements est nul. Le mouvement des capitaux
devrait compenser le solde commercial :
XN Y ; e BK r
Ainsi, le solde de la balance des paiements décrit une relation positive entre le revenu et
le taux d’intérêt.
Taux d’intérêt
Revenu
Graphique 7-3 : Equilibre extérieur
L’équilibre sur le marché des biens et services est différent de l’égalité I=S, car de
l’expression de l’égalité dépense prévue et dépenses effectives on peut tirer :
Y C Y T I r G XN Y ; e
Ou encore S Y T I r XN Y ; e
Le marché des biens et services est en équilibre lorsque l’épargne nationale est égale à
l’investissement extérieur net. Cet équilibre définit une relation négative entre le revenu
et le taux d’intérêt.
En effet, une augmentation du taux d’intérêt réduirait l’investissement privé intérieur.
L’épargne n’étant pas sensible au taux d’intérêt, elle reste constante et l’épargne nationale
s’accroit. Puisqu’à l’équilibre l’épargne nationale est égale à l’investissement extérieur,
alors la baisse de l’épargne nationale entraine une baisse équivalente de l’investissement
extérieur. Toutes choses égales par ailleurs, la réduction de l’investissement extérieur fait
baisser le revenu national par l’effet du multiplicateur (graphique 5-4).
C’est donc cette relation négative entre taux d’intérêt et revenu que décrit la courbe IS’.
Par similitude, la courbe IS’ est le lieu des points d’équilibre
du marché des biens et service en économie ouverte.
113
Analyse macroéconomique de court terme
Investissement extérieur
Dépense
DE
DP1
2 Epargne nationale
∆XN
3 DP2
Revenu
Taux d’intérêt
Taux d’intérêt
r2
r1 1
∆(S-I)
I
Epargne nationale
4
Y2 Y1
IS’
Revenu
Sur le marché des fonds prêtables, une hausse de source exogène du taux d’intérêt national passant de r 1à r2
réduit l’investissement national. L’écart se creuse entre investissement et épargne. Cet écart, ∆(S-I), doit être
comblé par une baisse des exportations nettes de ∆XN pour rétablir l’équilibre sur le marché des biens et services
en économie ouverte. La droite de demande prévue se déplace alors vers le bas, passant de DP 1 à DP2 et le
nouvel équilibre s’établit à un point où le revenu Y2 est plus faible que précédemment Y1.
En somme : si le taux d’intérêt augmente, le revenu baisse ; c’est ce que décrit la courbe IS’
Graphique 7-4 : dérivation de la courbe IS’
IM’=LM
E
r*
Efermée IS’
IS
Y* Revenu
IM’
Taux d’intérêt
BP1
BP
E BP2
r*
IS’
Y* Revenu
Nonobstant le fait que le point d’équilibre de départ soit aléatoire, l’économie à la capacité
particulière de s’ajuster pour établir un équilibre sur les trois marchés.
1.3.2. Ajustements
Quand l’économie se retrouve dans les cas 2 et 3 précédemment décrits, l’équilibre est
instable et des ajustements sont nécessaires sur chaque marché pour le mener vers un
point stable : l’équilibre sur les marchés. Ces ajustements ne seront pas les mêmes en
fonction que le régime de change soit fixe ou flexible.
Change fixe
Dans l’exemple de l’équilibre global déficitaire, soit la balance des transactions courantes
a un déficit ou des sorties massives de capitaux rendent la balance des capitaux déficitaire.
Ce déficit, qui devrait entrainer une dépréciation des changes, déprécie plutôt la devise
nationale. En effet, la demande de devises extérieures est élevée et excède même l’offre
nationale de monnaie. L’autorité monétaire devra alors jouer sur le marché des changes
afin de maintenir le taux de change au même niveau. Elle rachète alors la devise nationale
contre des devises étrangères afin d’accroitre la demande. Cette opération réduit le
volume d’encaisses monétaires réelles et la courbe LM’ se déplace vers la gauche. Le
revenu national baisse et réduit les importations, augmentant, par là, les exportations
nettes. Le taux d’intérêt augmente et favorise les entrées de capitaux, ce qui, toutes choses
égales par ailleurs, améliore le solde de la balance des capitaux. Réduction d’importations
et hausse des entrées de capitaux contribuent à résorber le déséquilibre extérieur.
L’économie se retrouve à une position d’équilibre complet qui correspond à une
conjoncture médiocre par rapport à la précédente.
116
Equilibre en économie ouverte
IM’1
BP
E2
r2
E1
r1
IS’
Y2 Y1 Revenu
Change flexible
Restons toujours dans le cas où l’équilibre global est déficitaire. Le rééquilibrage
s’impose toujours, mais là, puisqu’on est en régime de change flexible, l’autorité
monétaire laisse le marché des changes décider. Un déficit de la balance des paiements
entraine alors une dépréciation du taux de change. Cette dépréciation se traduit graphique
par le déplacement de la courbe BP vers le bas. La baisse du taux de change redynamise
l’économie par une hausse des exportations nettes qui, à travers l’effet du multiplicateur,
accroit le revenu par le déplacement de la courbe IS’. L’équilibre s’établit à un point où
le revenu et le taux d’intérêt sont supérieurs à leurs niveaux précédents (cf. graphique 5-
8).
117
Analyse macroéconomique de court terme
IM’
Taux d’intérêt
BP
r1 E2
r1
E1
IS’
Y1 Y2 Revenu
Taux d’intérêt
IM’1 IM’2
IS’1 IS’2
E2
E1 E3
r BP
Y1 Y2 Revenu
IM’
IS’1 IS’2
E2
E1
r BP
Y1 Revenu
IM’1 IM’2
IS’
E1
r BP
E2
Y1 Revenu
Fixité du
régime de
change
Autonomie de
la politique
monétaire
Mobilité
parfaite des
capitaux
Taux d’intérêt
IM’1 IM’2
IS’1 IS’2
E1 E3
r BP
E2
Y1 Y2 Revenu
L’efficacité des différentes politiques peut alors être résumée dans le tableau suivant :
Régime de change
Change fixe Change flottant
Politique
Dollarisation
Flottement administré
Flottement pur
3. Demande agrégée
De même que le modèle IS-LM, le modèle M-F peut être aussi considéré comme une
théorie de la demande agrégée. Toujours dans la même logique, on ne raisonne plus à prix
fixe. Le modèle M-F sera donc légèrement modifié. En effet, le taux de change considéré
ici est le taux de change réel
Y C Y T I r G XN Y ; e
M P L Y ; r
XN Y ; e BK r
Une augmentation des prix entraine d’abord une réduction de l’offre d’encaisses
monétaires réelles : LM’ se déplace vers la gauche. La conséquence est la baisse du
niveau de revenu. Cette relation inverse entre le niveau général des prix et le revenu est
traduite par une courbe de demande agrégée décroissante. A nouveau, tout choc
provoquant un accroissement du revenu dans le modèle M-F déplacerait la courbe DA
vers la droite et vice versa.
122
Equilibre en économie ouverte
Taux d’intérêt
Taux d’intérêt
LM2 LM1
M°2 M°1
Md IS
Prix
P2
P1
DA
Y2 Y1 Revenu
Graphique 7-13 : Dérivation de la courbe de demande agrégée
Conclusion
Dans ce chapitre nous avons voulu rendre le modèle IS-LM plus proche de la réalité qui
est celle des économies ouvertes. Ce qui nous a menés à l’exposé du modèle de Mundell
et Fleming qui est une description de l’équilibre macroéconomique keynésien à prix fixe
et en économie ouverte. Cette représentation plus réaliste de la demande agrégée nous
permettra d’aborder dans le chapitre suivant le modèle de demande agrégée et offre
agrégée ou modèle DA-OA.
Que devons-nous retenir ?
✓ Le modèle M-F est une extension du modèle IS-LM au cadre d’une
économie ouverte. Il explique l’évolution du taux d’intérêt, du revenu et
du taux de change par des variables exogènes telles que la masse
monétaire, la dépense autonome, et la balance commerciale.
✓ La politique monétaire n’est efficace que dans un régime de change fixe.
En effet, en change flottant, toute action budgétaire sera inhibée par un
déséquilibre de la balance des paiements.
✓ La politique monétaire n’est efficace que dans un régime de change
flottant. Dans un régime de change fixe, par contre, l’autorité monétaire se
voit contredite par sa volonté de maintenir la parité de la monnaie.
123
Analyse macroéconomique de court terme
✓ Chaque régime de change a ses avantages. Le choix d’un régime va au-
delà des considérations théoriques et appartient aux décideurs politiques
seuls.
124
Modèle OD-DG
Chapitre 8.
MODELE OD-DG
Modèle à prix flexibles
Introduction
Les modèles présentés jusqu’ici sont fondées sur l’hypothèse de fixité des prix. Ce qui, à
notre avis, réduit son champ d’application. En effet, il ne permettrait pas l’analyse des
fluctuations des prix. Le modèle d’offre et de demande agrégées, tout en palliant à cela,
permet d’aller plus loin dans la compréhension des cycles économiques des économies
contemporaines. Il nous offrira par ailleurs une nouvelle vision du débat sur les politiques
à mettre en œuvre et comment les mettre en œuvre.
1. Equilibre macroéconomique
1.1. Demande agrégée
Il s’agit ici de construire la première partie du modèle DA-OA qui est la courbe de
demande agrégée. C’est une courbe mettant en relation la quantité totale de bien et service
demandé dans l’économie et le niveau général des prix.
La demande agrégée est la quantité totale de biens et services
demandée dans l’économie à tout niveau de prix, et ce, quand le marché des
biens et services et celui des encaisses monétaires réelles sont en équilibre.
Prix
Demande agrégée
Produit
Graphique 8-1 : courbe de demande agrégée selon les monétaristes
Relation IS Y C Y T I r G XN
M
Relation LM L Y ; r
P
LM1 LM2
r1
r2 IS
Produit
Prix
P1
P2 DA
Y1 Y2 Produit
Graphique 8-2 : Courbe de demande agrégée et IS-LM
8
Sur ce point, les monétaristes et les keynésiens sont en accord : les variations de prix n’affectent pas la
masse monétaire.
128
Modèle OD-DG
En effet, si l’Etat réduit la pression fiscale, le produit final s’accroit du fait de l’effet du
multiplicateur fiscal. La courbe DA se déplacerait alors vers la droite, car la demande
s’accroit pour tout niveau de prix.
Loi de Phillips : elle établit une relation négative entre les salaires nominaux et le
chômage. Plus tard, cette relation sera réduite à une relation entre inflation et chômage.
La loi de Phillips sera étudiée plus loin.
F F
0 et 0
u z
Equilibre WS-PS
Long terme
Sous l’hypothèse que les anticipations sont parfaites à long terme (P=Pa), on peut déduire
un taux de chômage d’équilibre de long terme. Ce taux de chômage est le taux de chômage
structurel.
W
P F u, z 1
W d’où F un , z
1 1
P 1
130
Modèle OD-DG
W/P
un u
Le taux chômage naturel (de long terme) correspond à un niveau de produit Yn qui est
l’offre agrégée de long terme.
OALT
Récession Surchauffe
P Pa P Pa
Moyen terme
A court et à moyen terme les anticipations ne pas parfaites. Elles ne se réalisent donc pas
systématiquement. L’équilibre du marché du travail est la solution à
W P a F u, z
P (1 )W
P 1
D’où F un , z
Pa 1
Si P=Pa on retrouve le résultat précédent. Mais si P≠Pa, c’est-à-dire que le niveau
d’inflation n’a pas été parfaitement anticipé, le taux de chômage dévie de son niveau
d’équilibre et le revenu aussi. Pour apprécier l’ampleur de ces déviations, faisons la
soustraction membre à membre des équations d’équilibre de long et de moyen terme. On
obtient :
P 1
a 1 F u , z F un , z
P 1
P Pa
D’où 1 F u, z F un , z
Pa
131
Analyse macroéconomique de court terme
La loi d’Okun nous permettra de remplacer dans l’expression de l’équilibre, les
différences de taux de chômage par des différences de revenu.
P Pa
1 F u, z F un , z (Loi de Phillips)
Pa
Y Yn u un (Loi d’Okun)
P Pa
Y Yn (Offre globale)
Pa
Une augmentation non anticipée des prix (P >Pe) baisse le chômage en dessous de son niveau
de long terme (u <un) et augmente le PIB au-dessus du niveau naturel (Y >Yn)
(A venir)
132
Modèle OD-DG
PARTIE IV.
ANALYSE MACROECONOMIQUE DE LONG TERME
(A venir)