Vous êtes sur la page 1sur 33

O.

INTRODUCTION
O.1 OBJECTIFS DU COURS
Le cours d’économie politique introduit l’étudiant à l’analyse des faits économiques. Il lui
permet de comprendre l’objet et la construction de la science économique, les propriétés de
l’équilibre du consommateur, le fonctionnement de la loi de l’offre et de la demande, le rôle de la
monnaie, du crédit et du commerce international dans l’économie.
Au terme de ce cours, l’étudiant qui l’aura suivi, sera capable de :
 définir l’économie politique ;
 préciser le sens de certains concepts fondamentaux tels que le besoin, le bien, le système
économique et la valeur ;
 montrer comment s’est formé la science économique à travers le temps ;
 indiquer les propriétés de l’équilibre du consommateur ;

O.2 PLAN DU COURS

Ce cours s’articule autour des chapitres suivants :

CHAPITRE I : Objet et méthodes de l’économie politique


CHAPITRE II : Concepts fondamentaux
CHAPITRE III : Les principaux courants de pensée économique
CHAPITRE V : La théorie sur la monnaie
CHAPITRE VI : Les relations économiques internationales

O.3 BIBLIOGRAPHIE

1. ABRAHAM-FROIS, G. (1992), Dynamique économique, Paris, Dalloz


2. Idem, (2004), Introduction à la microéconomie, Paris, Economica
3. ARCHINARD et GUERRIEN, B (1993), Analyse mathématique pour économistes, Paris,
Economica.
4. BOSSERELLE, E. (2000), Economie générale, Paris, Hachette.
5. GABSZEWICZ, J (1989), théorie microéconomique, Bruxelles, De Boeck.
6. GENEREUX, J. (2000) Economique politique, Tome 2, microéconomie, Paris, Hachette.
7. FRIEDMAN, M. (1982), Prix et théorie économique (Traduction française), Paris,
Tendances Actuelles.
8. JACQUEMIN, A. et TULKENS H., (1993) Fondements d’économie politique, 2 ème Ed.,
Bruxelles, De Boeck.
9. MALINVAUD, E (1982), Leçons de théorie microéconomique, Paris, Dunod.
10. VARIAN, H-R (1992), Introduction à la microéconomique, Bruxelles de Boeck.
11. WALLISER, B. et PROW, C. (1988), La science économique, Paris, Seuil.
12. WEBER, L (1991), L’Etat, acteur économique, Paris, Economica.
13. QUADEN, G (1990), Politique économique, Bruxelles, Labor.

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
CHAPITRE I : OBJET ET METHODES DE L’ECONOMIE POLITIQUE

Dans ce chapitre, nous allons définir l’économie politique et présenter les méthodes qu’elle exploite
pour se solidifier.
I.1. OBJET DE L’ECONOMIE POLITIQUE
Economie : la paternité (fait d’être auteur) du terme « économie » est attribué au philosophe Grec de
l’antiquité Xénophon qui voit dans l’ensemble des règles de gestion de l’activité économique. Soit en
Grec « Oikos » et « nomos » signifiant respectivement maison et normes, règles. Le terme économie
s’entend ainsi comme la science de l’administration du patrimoine de la maison ou de l’ensemble de
règles qui régissent l’administration du patrimoine d’une maison.
L’expression « économie politique » a été utilisée pour la première fois au début du XVII ème siècle
(en 1615) par le Français Antoine MONTCHRETIEN dans son livre « traité d’économie politique »
en étudiant l’objet de l’économie à la cité, la nation et à n’importe quelle entité. L’économie
politique désigne donc la science de l’administration du patrimoine de la cité.
Science économique : Selon Raymond Barre, la science économique est la science de
l’administration des ressources rares, elle étudie le comportement des hommes et leur organisation en
face de la rareté c à d devant la nécessité de repartir les moyens limités entre les besoins multiples
par ordre d’importance.
Au-delà de ces définitions d’ordre étymologique, il existe des définitions purement scientifiques de
la science économique.
Selon ROBBINS, l’économie politique est la science qui étudie le comportement humain en
tant que relation entre des fins et les moyens rares à usage alternatif. Même si la définition de
Robbins dégage l’objet de la science économique. Elle peut pousser à une confusion entre
l’économie politique et la science politique par ce que les fins et moyens peuvent être compris dans
un sens très général. En outre, cette définition ne montre pas que l’économie politique est une
science sociale. C’est pourquoi on peut retenir avec Milton FRIEDMAN que l’économie politique
est la science de la solution par une société donnée de ses problèmes économiques. Il a reçu le prix
Nobel d’économie en 1976 pour ses découvertes dans le champ de l’analyse de la consommation, de
l’histoire et de la théorie monétaire et pour sa démonstration de la complexité des politiques de
stabilisation monétaire.
La théorie quantitative de la monnaie.
Friedman est le père du courant « monétariste » et a notamment réactivé la théorie quantitative de la
monnaie. Selon celle-ci c’est l’augmentation de la masse monétaire qui est la cause unique de la
hausse des prix : « l’inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu’elle est et
qu’elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que
celle de la production. Friedman recommande en premier lieu de lutter contre l’inflation, phénomène
qu’il juge dangereux et sans aucun bienfait à terme pour le fonctionnement de l’économie.
Le taux de chômage naturel
Friedman a développé l’idée d’un taux de chômage naturel : l’offre du travail et la demande se
rencontrent en un point qui n’est pas toujours atteint car certaines entreprises monopolistiques vont
profiter de leur position pour proposer des salaires trop bas. Tandis que certains travailleurs exigeront
des salaires élevé (par choix personnel en fonction de leur salaire de réserve …) plus ces
phénomènes sont marqués, plus le taux de chômage naturel est élevé. Un problème économique se
pose chaque fois que des ressources rares sont employées pour satisfaire des besoins entre lesquels
des choix sont nécessaires.
Si les ressources ne sont pas rares aucun problème ne se pose. Si les ressources sont rares et que le
besoin est unique, le seul problème qui se pose est la façon d’utiliser ces ressources. On en déduit
que la science économique s’intéresse aux choix ; à la rationalité. En tant que la science sociale,

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
l’économie politique s’intéresse aux problèmes économiques dont la solution implique la
coopération, l’interaction de plusieurs individus. Avec J.B SAY, on note que l’économie politique est
une science qui s’intéresse à la production, l’échange, la répartition et la consommation des biens et
services en vue de satisfaire les besoins humains. Pour Edmond MALINVAUD, l’économie
politique est la science qui étudie comment les ressources rares sont employées pour satisfaire les
besoins des hommes vivant dans la société en s’intéressant d’une part, aux opérations essentielles
que sont la production, la distribution et la consommation des biens et, d’autre part, aux institutions
et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations.
Partant de ces définitions, on note que l’économie politique s’intéresse aux choix que font les
hommes pour satisfaire leurs besoins à partir des ressources rares. Les individus cherchent à utiliser
les ressources rares pour satisfaire leurs besoins mais ne les font pas n’importe comment ; ils sont
rationnels.
I.2 METHODES DE L’ECONOMIE POLITIQUE
L’Economie politique utilise deux grandes méthodes à savoir la déduction et l’induction. Par la
déduction, l’économiste part des propositions générales aux propositions particulières. Avec cette
méthode de raisonnement, l’économiste utilise des formalisations mathématiques. Par induction,
l’économiste part des cas particuliers pour l’élaboration des lois générales. Le recours à l’induction
s’accompagne de l’utilisation des techniques statistiques (échantillonnage, test,). L’induction est
surtout utilisée comme voie méthodologique propre au raisonnement économique.
L’économie politique est une forme systématique de la connaissance qui explore trois niveaux à
savoir : l’observation des faits, l’explication des faits observés et l’élaboration des prévisions
L’économiste observe les faits et les comportements des agents économiques. L’observation apporte
un savoir, mais un savoir qui n’est pas scientifique. La science exige qu’on établisse des lois en
mettant en relations explicatives des variables et des phénomènes économiques.
Les lois simplifient la réalité et s’énoncent très simplement (par exemple la loi de Gresham). La
science exige encore qu’on adopte un raisonnement rigoureux et qu’on efforce d’être abstrait.
En matière de prévision, l’analyse économique détermine l’évolution probable des phénomènes ou
des faits économiques. L’économiste va devoir se servir de la statistique pour élaborer ses lois. Il faut
retenir que la science économique commence par émettre des hypothèses avant d’arriver aux lois.
C’est pourquoi on parle d’une approche hypothético-déductive.
L’économie politique est une science positive c'est-à-dire une science explicative de ce qui est. En
tant que science positive, l’économie étudie le comportement humain devant les moyens rares à
partir d’un examen détaillé de la réalité ; de cette description, elle peut, dans une seconde étape,
passer à l’analyse, qui consiste à élaborer une explication logique des faits, en définissant des
relations entre-deux. L’ensemble des propositions qui expriment ces relations constituent une
théorie. Enfin, dans une troisième étape, faits observés et théorie peuvent être utilisés conjointement
pour formuler des prévisions. Le succès ou l’insuccès de celle-ci déterminera en partie la valeur de la
théorie qui les fonde. En résumé, l’approche positive vise l’explication du mode effectif de résolution
des problèmes économiques.

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
Différence entre l’approche positive et l’approche normative
Base de comparaison Positive Normative
Sens Une branche de l’économie basée sur des Une branche de
données et des faits est l’économie positive l’économie basée sur les
valeurs, les opinions et le
jugement est l’économie
normative
La nature Descriptif Prescriptif
Ce qu’il fait Analyser la relation de cause à effet Passer un jugement de
valeur
La perspective Objectif Subjectif
Etude de : Quel est réellement Ce qui devrait être
Essaie Les déclarations peuvent être testées à l’aide Les déclarations ne
de méthodes scientifiques peuvent pas être testées.
Problèmes Il décrit clairement la question économique Il apporte une solution aux
problèmes économiques
basée sur la valeur.

Notons de suite les difficultés que rencontre cette économie positive. Son objet étant les faits
humains, individuels ou collectifs, l’expérimentation y est malaisée. Il est presque impossible
d’isoler certains éléments pour procéder à des observations répétées, en milieu inchangé.
L’hypothèse usuelle selon laquelle, dans l’étude des relations entre deux ou plusieurs variables,
« toutes les autres choses restant égales » est ici particulièrement dangereuse. En réalité, le fait social
est en perpétuel devenir et ne se répète jamais dans des conditions identiques. Davantage que dans
les sciences de la nature, il est donc hasardeux de prévoir ou de prédire. Sans doute, les tentatives ne
manquent-elles pas, mais les succès constatés jusqu’à présent laissent à penser que les progrès à
accomplir restent considérables.
En tant que science normative, l’économie part au contraire de la théorie, en ce sens qu’elle tient
pour donner l’explication des relations entre les faits ; elle cherche alors à en déduire quels
comportements les hommes devraient adopter s’ils désireraient réaliser au mieux un objectif donné.
Elle propose la meilleure manière d’organiser la production, la distribution, la consommation, et
fournit les moyens de juger les avantages comparés des divers types d’organisation. Son discours est
ici prescriptif ; il est à la base de toutes les propositions de politique économique.
A ce niveau également, le caractère complexe du fait social rend délicate la détermination de la
« meilleure » solution. Une telle solution économique risque de présenter un caractère
dangereusement partiel et de négliger des données ou des effets indirects pourtant fondamentaux du
point de vue du bien-être général de l’individu ou de la société.
L’analyse économique est généralement subdivisée en microéconomie et en macroéconomie.
La microéconomie, est la branche de l’économie qui analyse le comportement économique au
niveau d’entités individuelles telles que qu’un consommateur ou une entreprise. Notons que
l’analyse micro-économique s’attache principalement à expliquer les comportements individuels et
leurs interactions (indépendances) entre les variables économiques (chômage, indice du prix, PIB,
monnaie, consommation).
La macroéconomie s’intéresse aux agrégats (l’assemblage) des biens et des agents. (Une théorie
économique qui examine les relations existant entre les agrégats économiques, le revenu,
l’investissement, la consommation, le taux de chômage, l’inflation etc.)

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
La science économique a éclaté en plusieurs disciplines qui se réclament chacune un objet (ex :
économie monétaire, économie publique, économie financière, économie rurale, etc.).
L’ensemble de ces disciplines constitue ce qu’on appelle « les sciences économiques » Ces sciences
entretiennent des relations avec d’autres disciplines comme la philosophie, les sciences sociales, les
techniques quantitatives, etc.

CHAPITRE II : LES CONCEPTS FONDAMENTAUX

Dans ce deuxième chapitre, nous allons parcourir certains concepts utilisés en économie politique en
vue de bien comprendre les chapitres qui suivent. Ces concepts sont ceux de besoins, biens, valeur et
système économique.
II.1 BESOIN ET BIEN ECONOMIQUES
1. Besoin : le besoin désigne le sentiment de privation qui porte à désirer un bien ou un service. La
satisfaction des besoins constitue le but de l’activité économique. On distingue les besoins selon
plusieurs points de vue ;
 Du point de vue de la nature du sujet économique, on distingue des besoins individuels et des
besoins collectifs.
Un besoin individuel concerne une seule personne. Ex : l’alimentation individuelle.
Un besoin collectif est celui qui porte sur un bien indivisible nécessaire à la conservation et au
progrès de la société. Ex : la sécurité, l’éclairage publique.
 Selon la nature du besoin, on distingue des besoins physiologiques et des besoins
psychologiques.
Les besoins physiologiques sont fondamentaux et portent sur les biens de première nécessité. Ex : Le
besoin de se nourrir. Un besoin psychologique est celui qui est secondaire. Ex : porter un collant,
 Selon la finalité des besoins ; on distingue des besoins de subsistance (nourriture), des
besoins de sécurités des besoins de confort et ceux de dépassement.
Les besoins de sécurité ouvrent deux dimensions à savoir : la sécurité dans le temps et celle dans
l’espace.
Les besoins de confort portent sur certains biens particuliers dont on désire les services. Par
exemple disposer d’une voiture très confortable.
La classification courante des besoins oppose les besoins objectifs aux besoins subjectifs.
 Un besoin objectif est celui qu’on peut identifier ; on peut l’évaluer. C’est pourquoi on
l’appelle besoin économique.
 Les besoins subjectifs sont incertains et finissent le plus souvent à se transformer en besoin
objectif.
Un besoin économique comporte donc une certaine caractéristique qui doit être identifiable
objectivement.
Les besoins sont influencés par le milieu social. Il diminue l’intensité au fur et à mesure qu’on le
satisfait comme nous le verrons au chapitre portant sur le choix du consommateur.
2. Bien :
Un bien économique est toute chose rare capable de satisfaire un besoin. Le bien est ainsi
défini en référence au besoin. Un bien économique répond aux critères ci-après :
 La rareté : la chose doit être rare pour qu’elle fasse l’objet de transaction. Un bien non rare, a un
prix nul ; on l’appelle bien libre.
 La présence d’un besoin à satisfaire ;
 La conviction que cette chose peut couvrir le besoin.
Les biens se distinguent les uns des autres selon plusieurs points de vue :
 Du point de vue de la valeur d’échange, on distingue les biens libres et ceux non libres.

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
 Du point de vue de la nature du propriétaire du bien, on distingue les biens individuels et les
biens publics.
Un bien individuel est celui dont sa consommation par les agents économiques est faite par le
mécanisme de prix.
Exemple Captage des émissions à la RTNC, éclairage public,
 Selon leur utilisation, on distingue les biens intermédiaires et les biens finals.
Un bien intermédiaire est celui qui entre dans la production d’autres biens. Un bien final est celui qui
est détruit par le consommateur final en satisfaisant ses besoins.
II.2 LA VALEUR D’UN BIEN
Elle désigne l’utilité appréciée d’un bien. On distingue la valeur d’usage et la valeur
d’échange.
La valeur d’usage porte sur l’utilité absolue du bien. La valeur d’échange porte sur l’utilité relative
d’un bien et est due à la préférence ou à l’appréciation sociale d’un bien par rapport à des autres. Elle
se ramène à la notion de prix relatif. La valeur d’échange ne traduit pas toujours la valeur d’usage
des biens. En effet, certains biens à forte valeur d’usage possèdent une faible valeur d’échange (cfr.
Le paradoxe de l’eau et des diamants). On constate que la définition de la valeur d’un bien est faite
en référence à la notion d’utilité que nous verrons plus tard.
II.3 LE CONCEPT DE SYSTEME ECONOMIQUE.
Un système économique désigne un ensemble cohérent d’institutions sociales, techniques et
juridiques au sein duquel se réalisent les actes économiques à savoir : la production, la répartition et
la consommation des biens. On distingue plusieurs types de systèmes économiques. Pour les
différencier, on recourt à deux éléments à savoir :
- Le mode de régulation : il a pour but d’adapter la production aux besoins. Cette adaptation
peut être faite par l’Etat, à travers son plan, ou par le marché.
- Le mode d’appropriation des moyens de production : les moyens de production peuvent faire
l’objet d’une appropriation privée ou d’une appropriation collective.
En combinant ces deux éléments, on obtient le tableau ci-après :
Tableau n° 1 : Combinaison modes d’appropriation- modes de régulation (ajuster de manière
définitive.)
Mode de régulation
Etat (plan) Marché
Mode d’appropriation
Appropriation privée Capitalisme planifié Capitalisme du marché
Appropriation collective Economie de plan collectiviste Socialisme du marché.
On constate qu’une économie capitaliste du marché est celle dans laquelle il y a appropriation privée
des moyens de production et régulation par le marché. Il s’agit d’une pure économie libérale.
A l’opposé se trouve l’économie de plan collectiviste caractérisée par l’appropriation collective de
moyens de production et régulation par l’Etat à travers son plan. Entre ces deux systèmes
économiques, se trouvent des systèmes hydrides, notamment le capitalisme planifié et le socialisme
de marché.
Dans le capitalisme planifié, il y a appropriation privée de ressources et régulation par l’Etat.
Dans le socialisme de marché il y a appropriation collective des moyens de production et régulation
par le marché.
Le socialisme pur part de la philosophie politique selon laquelle l’appropriation privée des
moyens de production permet aux propriétaires de ces moyens d’exploiter les pauvres. C’est
pourquoi l’Etat doit confisquer ces moyens et laisser aux individus leur seul capital humain. Dans ce
cas, les ressources font l’objet d’une appropriation collective. Le principe de
répartition est : « chacun produit selon ses aptitudes et chacun reçoit selon sa contribution »

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
Le communisme (système économique et social théorisé par Karl Marx caractérisé par la
propriété collective des biens et des moyens de production, collectivisme) ajoute au socialisme la
planification centralisée. Dans le système d’économie capitaliste de marché, c’est le laisser-aller et
laisser-faire qui dominent. Chacun va recevoir selon ses moyens en passant par le marché.
II.4. LE CIRCUIT ECONOMIQUE
Le circuit constitue une représentation du schéma de l’activité économique. Cette activité
comporte des agents et des actes économiques.
Les agents dont il est question sont :
- Les entreprises : elles produisent des biens et services utiles à l’homme. L’homme est au
cœur des activités économiques.
- Les ménages : ils consomment des biens et services en vue de satisfaire leurs besoins.
- Les Administrations non seulement elles s’occupent de la régulation mais aussi elles
produisent des biens publics et d’autres services.
On peut donc différencier les actes ci-après :
- La production : il s’agit de l’acte de création des biens et services utiles à l’homme ;
- L’échange : c’est le transfert d’un bien d’une entreprise à un agent économique à partir d’un
prix ;
- La consommation : C’est l’utilisation d’un bien ou service par un agent économique qui
satisfait un besoin (une entreprise ou un ménage)
- La répartition du revenu : elle concerne la rémunération des facteurs de production.
On peut établir la figure ci-après :

Fig. 1 : Circuit économique simplifié.

Ménages

Marché des biens


Epargne
Biens et services

2
Travail
(capital)

Marché
Offre de
service

financier
1
Biens
services

bien

Investissemen
et
et

Administrations 1
Entreprise
t

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
A partir de ce schéma, on observe une interdépendance entre les agents
Économiques. En effet, les entreprises produisent des biens et services à partir des facteurs de
production fournis par les ménages notamment le travail et le capital. Les ménages reçoivent des
salaires et d’autres revenus (intérêt et dividendes).
Les biens et service produits par les entreprises sont consommés par les ménages, les administrations
et les entreprises. Les administrations perçoivent des taxes et fournissent de transferts aux entreprises
et aux ménages. Une partie des revenus est placée et les entreprises la demandent pour financer leurs
investissements. Ainsi les administrations, les entreprises et les ménages dépendent les uns des
autres.

Chapitre III : LES PRINCIPAUX COURANTS DE PENSEE ECONOMIQUE.

L’histoire de la pensée économique permet de mettre en évidence trois principaux courants : le


courant libéral, le courant marxiste et le courant keynésien. Autour de ces trois courants, gravitent
plusieurs théories économiques et écoles de pensée fournissant des explications alternatives aux
problèmes économiques contemporains.
I. LE COURANT LIBERAL
Le courant libéral se compose de deux branches, l’une classique qui apparaît à la fin du 18 ème siècle,
l’autre néoclassique à la fin du 19 ème siècle. L’économie politique classique est née avec la société
industrielle. La publication en 1776, par Adam Smith, des Recherches sur la nature et les causes de
la richesse des nations, est contemporaine des différents perfectionnements de la machine à vapeur
de Watt, symbolisant le point de départ de la première révolution industrielle. Cette œuvre est aussi
l’aboutissement d’un long mouvement d’idées au XVIII siècle (siècle des lumières), connu sous le
nom de philosophie de l’ordre naturel, et à la base de l’idéologie du libéralisme économique. Si
1776 est une date importante pour la science économique moderne, les années 1870-1874 ne le sont
pas moins, car le classicisme légué par Adam Smith évolue grâce à la technique du calcul à la
marge et la théorie de l’utilité. Le terme néoclassique, parmi lesquels on trouve Carl Menger (Ecole
de Vienne), Léon Walras (Lausanne) et Stanley Jevons (Cambridge), désigne des économistes qui
travaillent dans le champ économique de l’équilibre général indépendamment de leur idéologie
respective (Walras se disait socialiste).

A. Le courant classique
Le courant classique du 18ème siècle, est caractérisé par une évolution radicale des mentalités, des
valeurs, des techniques et des processus économiques. Il s’agit de ce que l’on appelle la première
révolution industrielle. La puissance économique réside davantage dans la détention de biens de
production que dans la sphère des échanges. C’est en Angleterre, première grande puissance à
l’époque, avec Adam Smith (1723-1790), Thomas Malthus (1766 - 1834), David Ricardo (1772 -
1823) ; puis en France avec Jean Baptiste Say (1767 - 1832) que naît la pensée libérale classique.

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
A. Smith T. Malthus D. Ricardo J-B Say

Malgré la pluralité de leurs travaux1, les auteurs classiques parviennent à forger une analyse qui
repose sur quelques grands principes.
1. Le modèle de l’Homo oeconomicus
Plusieurs postulats sont évoqués par le courant classique :
- L’individualisme des agents économiques
L’individu est un être rationnel, il est le seul capable de juger et de décider ce qui est bon pour lui.
L’interventionnisme de l’Etat, même à but louable, est donc pervers dans ses conséquences. Chaque
individu poursuit son intérêt particulier 2 (utilitarisme) par la maximisation des satisfactions et la
minimisation de l’effort (hédonisme). Ce postulat « smithien » a été précisé par Jeremy Bentham
avec la plus grande netteté.
- L’affirmation de la liberté économique
Dérivé de l’ordre naturel, le modèle de l’homo oeconomicus justifie en retour le libéralisme
économique. La propriété privée des moyens de production est une garantie de la liberté. Le
marché constitue le régulateur le plus efficace de l’activité économique (on parle également de
socialisation par le marché). La recherche de l’intérêt individuel permet de réaliser l’intérêt général
car il existe une main invisible (le marché) qui guide les passions individuelles vers le bien de
tous : « NCe n’est pas la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que
nous attendons notre dîner, mais bien du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous
adressons pas à leur humanité, mais à leur égoïsme ; et ce n’est jamais de nos besoins que nous
leur parlons, c’est toujours de leur avantage » (Smith, 1776, [1991, p. 82]). L’harmonisation des
intérêts étant naturelle, il n’y a dès lors plus aucune raison pour qu’un pouvoir politique -l’Etat -
fasse passer l’intérêt général au-dessus de la somme des intérêts privés.
Le rôle de l’Etat selon Von Mises (1983, p 39), est de « garantir le fonctionnement sans heurts de
l’économie de marché contre la fraude et la violence, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ».
L’Etat doit donc se garder d’intervenir au-delà de son domaine naturel (Etat gendarme), d’autant
plus qu’en portant atteinte aux libertés économiques, il engage les hommes sur la route de la
servitude. Les libertés économiques sont le « rempart des autres libertés », déclare Hayek (1947), et
la meilleure garantie des libertés est la propriété privée des moyens de production : « Notre
génération a oublié que la meilleure garantie de la liberté est la propriété privée non seulement
pour ceux qui la possèdent, mais presque autant pour ceux qui n’en ont pas. C’est parce que la
propriété des moyens de production est répartie entre un grand nombre d’hommes agissant

1 Principales œuvres : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d’Adam Smith (1776),), Traité
d’Economie Politique de Jean-Baptiste Say (1803), Principes de l’Economie Politique et de l’Impôt de David Ricardo
(1817), Principes d’économie politique de Thomas Malthus (1820).
2 Cette recherche s’appuie sur des droits de propriété individuels et privés.
Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
séparément, que personne n’a un pouvoir complet sur nous et que les individus peuvent agir à leur
guise » (Hayek, 1947, p 77-79).
Fig 1 : Les postulats de la théorie classique
Etat Gendarme : pas d’intervention Liberté Moyens privés de
production

INTERET INDIVIDUEL

Main invisible :
Marché Lieu de socialisation

INTERET GENERAL

- La permanence de l’équilibre économique


Un système économique conduit par le principe de la liberté économique tend naturellement vers
l’équilibre. Lorsque celui-ci n’est pas réalisé, les prix s’ajustent à la hausse ou à la baisse. La Loi
des débouchés de Jean-baptiste Say stipule que « toute offre crée ses débouchés », c’est-à-dire que
l’offre crée une demande équivalente.
2. L’analyse de la production
L’analyse de la production chez les classiques repose essentiellement sur les 4 piliers suivants : la
division du travail ; la théorie de la valeur ; la loi des débouchés de J-B Say ; la théorie quantitative
de la monnaie.
→ La division du travail : chez les classiques, le processus de production est la combinaison de
facteurs de production (terre, travail, capital). Plus la spécialisation des tâches, ou encore la division
du travail est poussée, plus le produit obtenu (la combinaison des facteurs de production) sera élevé
(efficace). Dans son ouvrage, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations »,
Adam Smith introduira la division du travail en s’appuyant sur le célèbre exemple de la
manufacture d’épingles : « Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, une troisième coupe
la dressée, un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la
tête. Cette tête est elle-même l’objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une
besogne particulière ; blanchir les épingles en est une autre ; c’est même un métier distinct et
séparé que de piquer les papiers et d’y bouter les épingles ; enfin, l’important travail de faire une
épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou environ, lesquelles, dans certaines fabriques,
sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d’autres le même ouvrier en remplisse
deux ou trois » (1776, [1991, p. 72]). La division du travail aurait trois avantages. Premièrement,
l’accroissement de l’habileté de l’ouvrier augmente la quantité de produits qu’il peut réaliser.
Deuxièmement, le gain de temps qui se perd en passant d’un ouvrage à l’autre peut être réutilisé
dans une autre activité. Troisièmement, la division du travail serait à l’origine de l’invention de
toutes les machines propres à abréger et à faciliter le travail.
Par la suite, la division du travail sera à la base de la doctrine du Libre-échange prôné par les
classiques. En effet, Adam Smith souligne, dans le chapitre II des « Recherches sur la nature et les
causes de la richesse des nations », que c’est « la certitude de pouvoir troquer tout le produit de
son travail qui excède sa propre consommation, contre un pareil surplus du produit du travail des
autres qui peut lui être nécessaire, [qui] encourage chaque homme à s’adonner à une occupation
Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
particulière, et à cultiver et perfectionner tout ce qu’il peut avoir de talent et d’intelligence pour
cette espèce de travail » (1776, [1991, p. 83]). Ainsi, puisque c’est la faculté d’échanger qui donne
lieu à la division du travail, l’accroissement de cette dernière sera limité par l’étendue de la faculté
d’échanger, ou, en d’autres termes, par l’étendue du marché.
→ La théorie de la valeur s’interroge sur la richesse qu’il faut produit. C’est également l’une
des questions les plus controversées du 19ème siècle. On distingue généralement deux écoles, l’école
anglaise basée sur la valeur d’échange, et l’école française basée sur la valeur utilité.
Adam Smith et David Ricardo se sont engagés sur la voie d’une théorie objective de la valeur,
recherchant au-delà de la valeur d’usage des biens (subjective et variable d’une situation à une
autre), les fondements d’une valeur d’échange acceptable par tous. Selon Adam Smith, « il s’agit
d’examiner quelles sont les règles que les hommes observent naturellement, en échangeant les
marchandises l’une contre l’autre, ou contre de l’argent. Ces règles déterminent ce qu’on peut
appeler la Valeur relative ou échangeable des marchandises » (1776, [1991, p. 96]). Cette approche
ne concerne que les biens reproductibles. Pour Smith, à l’état primitif, il n’existe qu’un seul facteur
de production, le travail. Le rapport de valeur de deux biens sera alors directement en proportion de
la quantité de travail nécessaire pour les obtenir : « la valeur d’une denrée quelconque pour celui
qui la possède et qui n’entend pas en user ou la consommer lui-même, mais qui a intention de
l’échanger pour autre chose, est égale à la quantité de travail que cette denrée le met en état
d’acheter ou de commander. Le travail est donc la mesure réelle de la valeur échangeable de toute
marchandise » (1776, [1991, p. 99]) Dans un état plus avancé, il faut tenir compte du profit du
capital et de la rente foncière incorporés dans chaque produit. Ce n’est plus une théorie de la valeur
travail, mais une expression du coût de production. Smith propose cependant de ne pas abandonner
le travail et d’estimer la valeur des biens en termes de travail commandé ou équivalent salarié.
Ricardo rappelle que les quantités proportionnelles de travail nécessaire pour obtenir chaque objet
paraissent être la seule règle d’échange possible. La valeur d’échange se ramène à une quantité de
travail incorporé (travail consacré aux outils et aux machines).
De son côté, J-B Say, suivant une tradition déjà bien établie en France par Turgot (1769) et
Condillac (1776), revient sur la théorie subjective de la valeur, l’utilité. Dans son Traité d’économie
politique, Jean-Baptiste Say précise que « si les hommes attachent de la valeur à une chose, c’est en
raison de ses usages : ce qui est bon à rien, ils n’y mettent aucun prix. Cette faculté qu’ont
certaines choses de pouvoir satisfaire aux divers besoins des hommes, qu’on me permette de la
nommer utilité… La production n’est point création de matière, mais une création d’utilité. Elle ne
se mesure point suivant la longueur, le volume ou le poids du produit, mais suivant l’utilité qu’on
lui a donnée » (1803, [1972, p. 50-51]). Une formulation rigoureuse de l’utilité ne sera donnée qu’à
la fin du 19ème siècle avec l’introduction concomitante de la rareté. La théorie de la valeur serait
alors liée à l’utilité et la rareté d’un bien.
→ La loi des débouchés de J-B Say souligne que « c’est la production qui ouvre des débouchés
aux produits » (1803, [1972, p. 138]). Par la suite, cette loi a donné lieu à quelques polémiques.
Certains l’ont assimilé au précepte « toute offre crée sa demande » et reproché à l’approche
classique son incapacité à saisir la portée de la demande. Or, Jean-Baptiste Say était tout à fait
conscient de l’importance de la demande. En insistant sur les débouchés, il souhaitait simplement
rappeler que les produits s’échangeaient contre d’autres produits et que la monnaie ne remplissait «
qu’un office passager dans ce double échange » (1803, [1972, p. 140]). Dès lors, l’achat d’un
produit ne pouvait être fait qu’avec la valeur d’un autre produit. Dans ces conditions, « plus les
producteurs sont nombreux et les productions variées, et plus les débouchés sont faciles, variés et
vastes » (ibid).

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
→ La théorie quantitative de la monnaie (TQM) rappelle que la monnaie est un voile, elle sert
uniquement à faciliter les transactions économiques. La monnaie est une marchandise comme une
autre, sa seule fonction est de servir d’intermédiaire des échanges. Dans son Traité d’économie
politique, J-B Say note que « la marchandise intermédiaire, qui facilite tous les échanges (la
monnaie), se remplace aisément dans ce cas-là par d’autres moyens connus des négociants, et
bientôt la monnaie afflue, par la raison que la monnaie est une marchandise, et que toute espèce e
marchandise se rend aux lieux où l’on en a besoin » (1803, [1972, p. 139]).
L’équation de la TQM illustre ce phénomène. Elle se présente de la manière suivante : M .v = p. Y
M désigne la masse monétaire ; v, la vitesse de circulation de la monnaie ; p, le niveau général des
prix et Y, les transactions économiques. Considérer que la monnaie est un voile, revient à accepter
le raisonnement suivant : toute hausse de M doit correspondre à une hausse de Y (c’est parce que les
transactions économiques augmentent, que l’on a besoin de plus de monnaie). Si M augmente
indépendamment de Y, alors c’est p qui augmentera (une augmentation de monnaie qui ne
correspond pas à une augmentation des transactions économiques, génère une hausse des prix, c’est
à dire dans le langage courant, de l’inflation).
3. La répartition
La question de la répartition du produit concerne les classes, au nombre de trois : les propriétaires
terriens, les capitalistes, les travailleurs. Chaque classe offre une contribution particulière au
produit, un facteur de production propre : la terre, le capital, le travail. Chaque facteur reçoit un
revenu qui lui est propre (et dont la détermination est spécifique) : la rente, le profit, le salaire.
→ La théorie de la rente est associée à deux apports. Malthus et Smith considèrent que la rente
foncière est considérée comme un don gratuit de la nature récupérée par les propriétaires fonciers
en vertu de leur pouvoir monopole de détention de la terre. De leur côté, Ricardo et Mill
introduisent le principe de la rente différentielle. Comme la terre est limitée, les rendements sont
décroissants. On admet ainsi que les nouvelles terres qui seront mises en chantier, seront de moins
en moins fertiles.
→ La théorie de l’intérêt : les classiques considèrent que le profit et l’intérêt sont assimilables.
Smith avance que le profit est la part de la richesse produite qui revient aux capitalistes. Pour
Ricardo, il s’agit de faire une soustraction entre la valeur créée et la part allant aux salariés pour
assurer leur entretien, la part aux propriétaires fonciers en vertu de la rente différentielle. En fait,
dans l’approche libérale, le profit rémunère le risque de l’entrepreneur et des apporteurs de capitaux.
Le profit d’aujourd’hui est la condition des investissements de demain.
PROFIT (t) INVESTISSEMENTS (t+1) PRODUCTION (t+1) EMPLOI (t+1) SALAIRES (t+1)

→ La théorie du salaire présente deux versions complémentaires. La première de court terme


s’appuie sur la théorie du fonds des salaires (A. Smith, J-S Mill). La masse salariale (salaire
multiplié par le nombre de travailleurs) est considérée comme prédéterminée par le montant des
capitaux accumulés (épargne) par les capitalistes pour engager le processus de production. Ainsi w
N = S (où w désigne le salaire ; N, le travail et S, l’épargne). La seconde, de long terme, introduit
le salaire naturel (Malthus, Ricardo). Le travail est une marchandise, qui a un coût de production
correspondant au minimum nécessaire à l’entretien de l’ouvrier et de sa famille.

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
Fig 2 : Production et répartition chez les classiques

PRODUCTION
Théorie de la valeur Division du travail Loi des débouchés La monnaie

Valeur d’échange Valeur d’usage La monnaie


Plus la spécialisation Loi de J-B Say :
est poussée, plus le toute la production est un voile
REPARTITION produit est élevé crée ses débouchés

Travail Capital Terre

Théorie des Approche Théorie


Théorie du Salaire Intérêt = Rente foncière, avantages néoclassique : quantitative
fonds de naturel expression du rente absolus souveraineté du de la monnaie
salaire wN (minimum profit (Say) différentielle, (Smith) consommateur Mv = p Y
=S vital) loi des rdts
(Smith, Malthus décroissants Théorie des
Mill) Ricardo Ricardo, Mill avantages
I=S comparés
Valeur créée – (Ricardo)
part allant aux
salariés et aux
propriétaires
fonciers
(Ricardo) Doctrine du
libre échange
Dynamique capitaliste
Production
(Accumulation)

B. Les néoclassiques
Apparue dans la seconde moitié du 19 ème siècle, la pensée néoclassique tire son origine des travaux
de Léon Walras, Vilfredo Pareto et Alfred Marshall. Trois notions sont essentielles :

L. Walras (1834 – 1910) V. Pareto (1848 – 1923) A. Marshall (1842 – 1924)

1. Le calcul à la marge
La théorie néoclassique cherche l’explication des phénomènes économiques au niveau des
comportements individuels guidés par le principe de rationalité. C’est la démarche de la
microéconomie. Le modèle de l’homo oeconomicus insiste sur le fait que tout comportement
relève d’un calcul, d’un choix explicite ou implicite…

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
- Les consommateurs cherchent à maximiser leur utilité, compte tenu de la contrainte de leur
revenu. En fait, les consommateurs sont placés perpétuellement devant des choix à effectuer entre
plusieurs biens (ici les biens X et Y). Compte tenu de la contrainte de revenu, si le consommateur
décide d’acheter plus de bien X, il devra renoncer à une certaine quantité de bien Y. La variation du
prix des biens X et Y (que l’on qualifie d’effet de substitution) ou la variation du revenu (effet
revenu) desserre ou resserre la contrainte qui pèse sur le consommateur. Max U (X, Y)
Cte : R = px . X + py . Y
U : utilité, X : bien 1, Y : bien 2, R : revenu, px : prix du bien X, py : prix du bien Y
Effet substitution : si le prix du bien X augmente, à revenu constant, le consommateur devra diminuer sa consommation
de bien X ou modifier sa combinaison de biens (X, Y). Effet revenu : si le revenu augmente, le consommateur pourra
augmenter sa consommation de bien X, de bien Y ou des deux (X, Y).

En utilisant le calcul à la marge, les néoclassiques ont montré que l’utilité marginale, qui
représente la valeur à laquelle le consommateur estime le bien, est décroissante en fonction des
quantités consommées. Ainsi l’utilité totale croît, mais l’accroissement de la dernière unité (utilité
marginale) est de plus en plus faible pour les biens qui existent en quantité illimitée (ceci est illustré
par le principe de satiété du consommateur).
- Les producteurs cherchent à maximiser leurs profits compte tenu de la contrainte de leur
fonction de production. Cette fonction de production est dite à facteurs substituables (c’est à dire
que le producteur recherche la meilleure combinaison de travail et de capital). Toutefois, la théorie
néoclassique admet qu’à court terme, seul le facteur travail parvient à s’adapter (le facteur capital a
besoin d’un certain temps d’adaptation).
Max П = p Y – wN – r K Cte : Y = f (N, K)
П : profits, w : salaire, N : travail, r : intérêt, K : capital

Le prix du marché résulte de l’égalisation entre le coût marginal et l’utilité marginale, qui
appréhendée du point de vue du producteur, prend le nom de recette marginale. A long terme, le
prix du marché est égal au minimum du coût moyen et le profit pur égal à 0. Les facteurs de
production (travail, capital) sont rémunérés en fonction de leur productivité marginale. Ainsi le
salaire réel est égal à la productivité marginale du travail : w / p = ∆ Y / ∆ N
2. Le modèle du marché, l’équilibre partiel et l’équilibre général
La représentation de la pensée néoclassique passe par le modèle d'une économie de marché. Le
marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande, qui réagissent en fonction du prix 3.
L’équilibre partiel (équilibre sur un seul marché), cher à Alfred Marshall, est souvent opposé à
l’équilibre général, dont la paternité revient à Léon Walras.
Dans son ouvrage Eléments d’économie politique pure (1874), Léon Walras précisera la condition
d’équilibre général : « l’échange de plusieurs marchandises entre elles sur un marché régi par la
libre concurrence est une opération par laquelle tous les porteurs, soit d’une, soit de plusieurs
d’entre ces marchandises, soit de toutes, peuvent obtenir la plus grande satisfaction de leurs
besoins compatible avec cette condition que non seulement deux marchandises quelconques
s’échangent l’une contre l’autre suivant une proportion commune et identique, mais que, de lus, ces
deux marchandises s’échangent contre une troisième quelconque suivant deux proportions dont le
rapport soit égal à la première » (1874, [1988, p. 199-200]). L’équilibre général est la formation
d’un prix d’équilibre sur chacun des marchés existants. La théorie néoclassique identifie quatre
marchés : le marché des biens et services, le marché du travail, le marché des titres et le marché de
la monnaie.

3 On présente généralement deux fonctions (linéaires ou non), du type : O = f( p) D = f (p)


Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
Tableau 1 : Les quatre marchés

Marchés Biens et Services Travail Titres Monnaie


Prix Evaluation monétaire Niveau général des
du produit Salaire Intérêt prix des produits
Offre production Ménages Entreprises Etat, Banques
(entreprises)
Demande Consommation Entreprises Ménages Ménages,
(ménages) Entreprises

Les agents économiques sont à la fois demandeur et offreur sur l’ensemble des marchés (ainsi les
ménages demandent des produits sur le marché des biens, offrent leur force de travail sur le marché
du travail, demandent des actifs financiers sur le marché des titres, demandent de la monnaie). La
théorie néoclassique insiste sur l’interdépendance des 4 marchés, en précisant (grâce aux égalités
comptables emplois – ressources des agents) que l’équilibre sur les marchés du travail, de la
monnaie et des titres, permet de conclure que le marché des biens et services est également en
équilibre.
Fig 3 : L’équilibre général

Equilibre sur le Equilibre sur le Equilibre sur Equilibre sur


marché des biens et marché des le marché du le marché de
= + +
services titres travail la monnaie
Par ailleurs, Léon Walras suppose l’existence d’un commissaire-priseur qui centralise toute
l’information sur le volume et les conditions de transactions, et propose des prix. Les prix étant
donnés, les agents, dissociés en unité de consommation (le consommateur maximise sa fonction
d'utilité sous une contrainte budgétaire) et unité de production (le producteur maximise ses profits
sous la contrainte d'une fonction de production), vont manifester leurs offres et leurs demandes
correspondantes. Cette confrontation entre offres et demandes pour un certain système de prix
s'effectuera sans qu'aucun échange n'ait eu lieu. Le prix évoluera en fonction de l'excès de l'offre (la
demande) sur la demande (l'offre) pour aboutir à un nouveau système de prix. Le processus
d'ajustement4 continuera (sans que s'effectue aucun échange) jusqu'à ce qu'il existe un même
système de prix pour tous les opérateurs tel que pour chaque bien, l'offre soit égale à la demande, et
que les échanges ne puissent s'effectuer en dehors de ce même système de prix. Vilfredo Pareto
précisera que l’équilibre général est un optimum, c’est-à-dire qu’il est impossible d’améliorer la
satisfaction d’un individu sans détériorer celle d’un autre. Autrement dit, les échangistes sont
satisfaits à l’équilibre et il n’y a plus de possibilité d’échange. L’équilibre avec un système de prix
unique aboutit ainsi à la maximisation des satisfactions pour l’ensemble des agents économiques.
3. Une démarche normative
La théorie néoclassique est normative dans la mesure où les équilibres ne sont pas ce qui est, mais
ce qui doit être. D’une certaine manière, il faut donc modifier le réel dans le sens des hypothèses du
modèle. Ceci explique l’utilisation courante du modèle de concurrence pure et parfaite. Sur le
marché, le prix est unique compte tenu de la rationalité des comportements sous les hypothèses : de
fluidité du marché (circulation de l’information) ; de transparence du marché (l’information est
disponible à tous) ; d’atomicité de l’offre et la demande (aucun agent ne peut agir sur le marché),
d’homogénéité des produits (produits standards) et d’absence de barrières à l’entrée.

4 C'est le fameux tâtonnement de L. Walras.


Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
En concurrence pure et parfaire, le prix devient une donnée pour les agents économiques considérés
individuellement (on dit qu’ils sont price-takers). Le prix unique garantit au producteur que toute
la production offerte, trouvera un débouché à ce prix.
C. Les différentes écoles libérales
Depuis les années 70, le courant libéral s’est constitué en plusieurs écoles :
1. L’Ecole de Chicago et le courant monétariste
Avec Franck Knight (1885-1972) est le fondateur de l’école dite de Chicago. Dans son ouvrage «
Risque, Incertitude et Profit » (1921), Knight introduira une distinction entre le risque et
l’incertitude. Le risque correspond à une situation dans laquelle l’avenir peut être appréhendé par
l’intermédiaire de probabilités (on dit que l’avenir est probabilisable). A l’opposé, l’incertitude
désigne une situation dans laquelle il est impossible de faire une quelconque projection (pas de
probabilités possibles). Le profit est ainsi présenté comme la contrepartie du risque assumé par
l’entrepreneur, ou tout du moins l’incertitude dans laquelle il est lorsqu’il prend une décision. Le
profit sera donc d’autant plus élevé que l’incertitude de l’avenir est grande.

Milton Friedman fait partie de l’Ecole de Chicago. Dans son ouvrage «


Capitalism and Liberty » (1962), il explique que dans une économie de
marché, la réduction du rôle de l’Etat est la seule manière d’atteindre la
liberté politique et économique. Dans un autre ouvrage, intitulé « Free to
Choose » (1980) co-rédigé avec sa femme, Rose, Milton Friedman défend
la thèse de la supériorité du système libéral sur tous les autres systèmes.
Milton Friedman sera également l’initiateur du courant monétariste et l’un
des plus grands opposants à la théorie keynésienne. Il considère que la monnaie a un rôle
déstabilisateur à court terme sur les prix et sur les changes (une politique monétaire limitant la
progression de la masse monétaire serait donc efficace pour lutter contre l’inflation). La monnaie ne
joue cependant aucun rôle à moyen ou long terme.
2. L’Ecole de l’Economie de l’Offre

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
L’économie de l’offre s’oppose à l’économie de la demande, popularisée par John Maynard Keynes
dans les années 30. Au lieu de stimuler la croissance économique par la consommation,
l’investissement ou les dépenses publiques, les économistes de l’offre considèrent qu’il convient
d’aider les entreprises à produire des biens et des services (subventions dans certains secteurs
économiques), de les inciter à conquérir de nouveaux marchés et de diminuer l’imposition qui pèse
sur les entreprises (impôt sur les sociétés, taxe professionnelle…) et les revenus des travailleurs
(cotisations sociales…). Ce courant est principalement représenté par Arthur Laffer (1940), Bruce
Bartlett (1951) et George Gilder (1939). On pourrait dire simplement que la formule de l’école de
l’économie de l’offre est « J.B Say, rien que J.B Say ! L’offre crée ses débouchés »5.

Le niveau de recettes fiscales OR peut être obtenu avec un taux de pression fiscale faible (t) ou un

Une illustration célèbre des apports de cette école est la célèbre courbe de
Laffer, selon laquelle l’augmentation de la pression fiscale conduit à une
diminution des rentrées fiscales, du fait de la fraude, de l’évasion ou encore de la
diminution volontaire d’activité. Ainsi une réduction massive de la pression
fiscale, en encourageant l’effort et l’esprit d’entreprise, deviendrait le moyen de
relancer l’activité économique sans pour autant amener une réduction des
dépenses publiques.

Fig : La courbe de Laffer


Recettes fiscales
4
E

Pression fiscale
0 t
t v
100%

taux de pression fiscale élevé (v). Le point E correspond au niveau maximum de recettes fiscales.
3. L’Ecole de l’Economie Publique
La théorie néoclassique s’intéressait au consommateur et au producteur. L’Etat est ignoré puisque
seul le marché permet une meilleure allocation des ressources. Or l’Etat a un rôle de plus en plus
important. L’Etat est considéré comme le représentant de l’intérêt général. L’Ecole de l’Economie
Publique est donc apparue pour combler ce vide. On distingue d’une part, ceux qui s’attaquent
principalement au problème délicat posé par la politique sociale, et d’autre part ceux qui
s’intéressent au problème de l’offre et la demande de biens collectifs (Ecole des Choix Publics).
Aujourd’hui les transferts sociaux, et plus généralement la redistribution ont atteint des seuils
importants. Les économistes de cette école ne cherchent pas à supprimer ces transferts, mais plutôt à
établir une méthode de choix qui optimiserait l’efficacité de ces transferts. Gordon Tullock (Le
marché politique, 1978) et James Buchanan (prix Nobel 1985) sont les dignes représentants de cette
école.

5 Le reaganisme en a un fait un de ses chevaux de bataille électorale. Le succès politique n’ayant pas été à la mesure des
espérances, Ronald Reagan a dû faire brutalement machine arrière durant l’été 1982.
Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
4. La Nouvelle Ecole Classique
Les leaders de cette école (R.E Lucas, T.J Sergent, N. Wallace, J. Muth) veulent trouver les
fondements microéconomiques de la macroéconomie. Leurs postulats de base sont d’une part, la
capacité des agents économiques à optimiser et à anticiper rationnellement, d’autre part l’équilibre
des marchés. La nouvelle école classique n’est pas un simple retour au néoclassique. Il s’agit de
construire ici des modèles macroéconomiques d’aide à la décision.
II. LE COURANT MARXISTE
Marx (1818 -1883) est né en Prusse, de famille aisée, cultivée et libérale (père avocat), il entre à
l’université de Bohn en Droit-Philosophie. Il fait une thèse sur Epicure. Faisant partie des hégéliens
de Gauche, le gouvernement le refuse en tant que professeur. Il sera successivement expulsé de la
France (1845), de la Belgique (1848), puis d’Allemagne, il s’installera en Angleterre dans la misère
malgré l’aide de son ami Engels.

A. Les apports de Marx


Le 19ème siècle voit le capitalisme industriel se développait rapidement et
dominait peu à peu toutes les structures économiques et
sociales. Toutefois, dans le même temps, la condition
ouvrière se détériore, les salaires sont très bas, les conditions
de travail précaires et la dépendance économique accrue.
Les excès de ce capitalisme font naître à la fois un
mouvement de contestation syndical (le socialisme) et une
réflexion d’ensemble sur les rouages et l’avenir du
capitalisme (le marxisme). Marx étudie en effet la société
capitaliste anglaise, première nation industrielle afin d’en
tirer certaines lois. Il s’agit avant tout d’une étude historique du développement
et de l’essor du capitalisme. Cette critique du capitalisme est contenue dans son
œuvre majeure6 « Le capital »
publié en quatre tomes.
1. La recherche de la plus-value
Le courant marxiste s’oppose à la théorie libérale en démontrant que l’organisation capitaliste de la
société aboutit à l’exploitation de la plus grande partie de la population par les détenteurs des
moyens de production. La société se divise donc en deux grandes classes qui s’affrontent : le
prolétariat (qui détient la force de travail) et la bourgeoisie (qui détient le capital).
L’affrontement de ces classes s’effectue dans le cadre du processus de production. Marx distingue
deux sphères importantes : celle de l’échange de marchandises et du cycle MAM (marchandises,
argent, marchandises) ; celle de la production et du cycle AMA ‘ (capital avancé, marchandise,
produit obtenu).
A =C+V
C : utilisation des machines et des matières premières, ce capital constant ne procure aucun surplus capitaliste ; V : sert à
avancer les salaires de la main d’œuvre, il est la seule source de valeur créée et directement proportionnel au temps de
travail.

Marx part du principe que la Force de travail (seule source de valeur) n'est pas payée par le
capitaliste au prorata de la valeur qu'elle a permis de créer, mais marchandise comme les autres, à sa
valeur d'échange (qui suite à la théorie du minimum vital, correspond au temps de travail exigé pour

6 Les principaux travaux de Marx sont : la Lutte des Classes en France (1850) ; Le 18 Brumaire de L.N Bonaparte
(1852) ; La contribution à l’économie politique (1857) ; Salaires, prix et profits (1865) ; Le capital I (1867) ; La guerre
civile en France (1871) ; Critique du programme de Gotha (1875) ; Le Capital II et III (1895) ; Le Capital IV (1905).
Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
produire les biens nécessaires à sa reproduction). Le capitaliste récupère à son profit la différence
qui constitue la plus value (ou encore surtravail). Ce qui donne : A' = C + V + pl pour que A < A'.

2. La crise du capitalisme
Pour Karl Marx, la crise du capitalisme est inéluctable, et ceci pour plusieurs raisons :
- Les décisions des agents économiques ne sont pas coordonnées. D’une part, la production et
la consommation sont des opérations disjointes. Les biens sont produits pour être vendus en
échange de monnaie, et non pour satisfaire la demande, ce qui entraîne des désajustements entre
production et consommation. D’autre part, l'investissement est réalisé par les entreprises capitalistes
dans les branches susceptibles de procurer des taux de profit élevés sans pour autant qu'une
demande effective soit assurée. Si l’économie est décomposée en deux sections productives : l'une
de biens de production (section I), l'autre de biens de consommation (section II). L'absence de
coordination de l'investissement empêche la réalisation permanente des conditions d'équilibre d'une
telle économie.
- L'économie capitaliste fait apparaître un problème de sous-consommation ouvrière.
L'entrepreneur individuel, en cherchant à maximiser ses profits, va faire pression sur les salaires qui
représentent un coût. Or ces salaires sont un élément de la demande effective (cette situation devrait
s'accentuer avec la croissance du salariat). Ceci caractérise une situation de surproduction par
rapport à la demande effective. Le marché va sanctionner cette surproduction en entraînant une
baisse des prix qui va elle-même provoquer une baisse du taux de profit. Cette baisse du taux de
profit va inciter les capitalistes à investir dans d'autres activités. Le taux de profit joue ainsi le rôle
de régulateur des désajustements. La chute des prix et du taux de profit provoque une baisse de la
production, de l'emploi, et du pouvoir d'achat. C'est la dépression.
- Enfin, la recherche d’une plus-value toujours plus importante (notamment grâce à des
salaires bas, que Marx appelle, Minimum de Subsistance) et la concurrence entre capitalistes
devraient provoquer une paupérisation des ouvriers et un blocage dans le développement du
système capitaliste. Cette contradiction doit entraîner la destruction du capitalisme et l’avènement
du socialisme (l’un des fondements de l’idéologie socialiste repose sur l’abolition des moyens
privés de production, source d’exploitation du prolétariat, il faut lui substituer des moyens collectifs
de production).

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
Fig 5 : La théorie marxiste
M-A-M A - M - A'
Concurrence Echange Production
entre les Capitalistes
Sous consommation

Surproduction
Absence de Coordination
Baisse des Prix

Baisse du taux de profit

Baisse de la production
et de l'emploi
Décisions d'investissement Production -Consommation
L'investissement va vers les Les Biens sont Produits Baisse du pouvoir
branches les plus rentables Pour être vendus d'achat

Opposition entre Production et Demande Effective

CRISE OU DEPRESSION

Dévalorisation du capital
non productif de profits élevés

Concentration Réduction Hausse du taux


Industrielle des salaires de profit

Cette crise du capitalisme est un phénomène structurel. Il existe en effet une cause profonde (à
rechercher dans les contradictions du système capitaliste) et une cause immédiate (concurrence
permanente entre capitalistes, le développement économique, l'accumulation du capital en vient à
créer les conditions d'une surcapacité de production par rapport à la demande effective). Dans le
même temps, elle est cyclique et régulatrice. Marx considère que de la crise va naître la reprise. La
dépression entraîne une dévalorisation de la partie du capital productif qui n'est plus en mesure de
produire suffisamment de profit. Ce processus a trois conséquences : (i) la concentration industrielle
; (ii) la réduction du taux de salaire permettant la hausse du surplus pour les entreprises restantes ;
(iii) la hausse du taux de profit (qui est le rapport entre la valeur du surplus [qui augmente] et la
valeur du capital engagée [qui diminue].

B. La théorie de la Régulation, un prolongement de la pensée marxiste


La théorie de la régulation trouve son origine dans une critique sévère et radicale du programme
néoclassique qui postule le caractère autorégulateur du marché. Elle entend pour cela bénéficier des
apports de disciplines voisines telle que l’histoire, la sociologie, les sciences politiques et sociales
avec lesquelles elle entretient de multiples relations (emprunt et transformation de notions,
importations d’hypothèses, exploration de quelques questions identiques ou voisines). Une
hypothèse fondatrice de la théorie de la régulation concerne l’historicité fondamentale du processus
de développement des économies capitalistes : dans ce mode de production, l’innovation
organisationnelle, technologique, sociale, devient permanente et met en mouvement un processus
dans lequel les rapports socio-économiques connaissent une transformation, tantôt lente et
maîtrisée, tantôt brutale et échappant au contrôle et à l’analyse. Le pari de la théorie de la régulation
est donc d’historiciser les théories économiques. Dans son ouvrage La théorie de la régulation :
une analyse critique, Robert Boyer (1986) précise que la généralisation de l'échange marchand rend
les crises possibles. Il introduit une notion intermédiaire, celle de régime d'accumulation, suggérant
que de telles contradictions peuvent être surmontées : « On désignera sous ce terme l'ensemble des
régularités assurant une progression générale et relativement cohérente de l'accumulation du

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
capital, c'est à dire permettant de résorber ou d'étaler dans le temps les distorsions et déséquilibres
qui naissent en permanence du processus lui-même » (1986, p. 46). En ce sens, les crises
économiques majeures sont des crises de mutation entre une régulation ancienne qui ne permet plus
la croissance économique et une nouvelle régulation qui permettra de résoudre les causes profondes
de la crise.
L'origine même de ces régularités apparaîtra au travers des formes institutionnelles, définies comme
la codification d'un ou plusieurs rapports sociaux fondamentaux. R. Boyer introduit cinq formes
institutionnelles (la monnaie, le rapport salarial, la concurrence, les modalités d'adhésion au régime
international, l'Etat) intervenant dans la détermination du régime d'accumulation. Cet ensemble de
concepts intermédiaires permet à Boyer de définir la notion de régulation : « On qualifiera de mode
de régulation tout ensemble de procédures et de comportements, individuels et collectifs, qui a la
triple propriété de : reproduire les rapports sociaux fondamentaux à travers la conjonction de
formes institutionnelles historiquement déterminées, soutenir et piloter le régime d'accumulation en
vigueur, assurer la compatibilité dynamique d'un ensemble de décisions décentralisées » (1986, p.
54). Le mode de régulation décrit ainsi comment les formes institutionnelles à travers leurs moyens
d'actions, conjuguent et contraignent les comportements individuels tout en déterminant les
mécanismes d'ajustement sur les marchés. Ces moyens d'action au nombre de trois, sont les suivants
:
- La loi, la règle ou le règlement, définis au niveau collectif, ont pour vocation d'imposer, par
la coercition, directe ou symbolique et médiatisée, un certain type de comportement économique
aux groupes et individus concernés.
- La recherche d'un compromis, issu de négociations, insistant sur le fait que ce sont les agents
privés ou des groupes qui, partant de leurs intérêts propres, aboutissent à un certain nombre de
conventions régissant leurs engagements mutuels.
- L'existence d'un système de valeurs ou de représentations suffisant " pour que la routine
remplace la spontanéité et la diversité des pulsions et initiatives privés. De tels exemples se
retrouvent dans les croyances religieuses, dans les règles de bonne conduite, dans les vues sur
l'avenir selon Keynes...
Fig 6 : Le mode de régulation
REGIME D'ACCUMULATION

Rapports Mode de Production Organisation


Sociaux Economique
Capitaliste
La Loi
La monnaie Le Règlement
Codification La Règle
Le rapport salarial
Type Le Compromis
Forme Institutionnelle La concurrence
Les Conventions
D'action
L'adhésion au régime international

Les formes de l'Etat Le système de valeurs


La routine

MODE DE REGULATION

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
III. LE COURANT KEYNESIEN

La Théorie Générale de l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie est la principale


œuvre de l’anglais John Maynard Keynes (1883 -1946). Publiée à Londres en
1936 (puis traduite en France après la seconde guerre mondiale), la Théorie
Générale (24 Chapitres) est avant tout une théorie de l'emploi. C'est parce
qu'elle offrait une solution plausible à l'angoissant problème du chômage (taux
de chômage supérieur à 10 % en Grande Bretagne) qu’elle fût fort bien
accueillie en 1936.

A. Les postulats keynésiens


La pensée keynésienne, que certains qualifient de « révolutionnaire » s’ordonne autour de 6 points
(les six parties de son ouvrage).
- La Théorie Générale s'attaque à la Loi de Say "L'offre crée sa demande" (qui suppose
implicitement que le système économique fonctionne à pleine capacité) et au rôle stabilisateur des
marchés. Une telle théorie serait incapable d'étudier les problèmes se rapportant au chômage
(involontaire) et au cycle économique. Les crises économiques (surproduction, chômage,) sont
synonymes d’une défaillance des marchés et de la loi de l’offre et la demande. Une solution au
problème serait une intervention de l’Etat, c’est-à-dire une substitution du public au prix (on passe
de l’Etat Gendarme à l’Etat Providence). Cette intervention de l’Etat s’effectue au travers de
politiques économiques.
- La théorie générale a pour vocation de présenter le fonctionnement du système économique
pris dans son ensemble. En considérant les revenus globaux, les profits globaux, la production
globale, l'emploi global, l'épargne et l'investissement global, bien plus que les revenus, la
production, l'emploi..., d'industries, d'entreprises ou d'individus considérés isolément. Ainsi l'égalité
de l'épargne et de l'investissement qui est nécessairement vérifiée dans l'ensemble du système, ne
l'est nullement dans le cas de l'individu isolé. L’analyse keynésienne est donc avant tout une
approche macroéconomique.
- La théorie générale a également pour vocation de démontrer que le volume réel de la
production et de l'emploi dépend, non de la capacité de production ou du niveau préexistant des
revenus, mais des décisions courantes de produire, lesquelles dépendent à leur tour des décisions
d'investir et de l'estimation actuelle des montants de la consommation courante et future. Dès que
l'on connaît la propension à consommer et à épargner, on peut calculer le niveau des revenus et
partant le niveau de la production et de l'emploi qui assurent l'équilibre du profit lorsque
l'investissement nouveau est d'un montant donné.
Fig 7 : Détermination du volume réel de l’emploi
Propension à consommer Estimation des montants de la
Propension à épargner consommation courante et future
Décisions courantes de
production
Décisions d’investir

Volume réel de la production

Volume réel de l’emploi

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
- La théorie générale insiste sur le rôle joué par l’investissement. On peut ainsi penser que
celui-ci constitue le remède spécifique au chômage involontaire (tout du moins à court terme). Mais
l'analyse de court terme ne doit pas être confondue avec la thérapeutie de long terme. Le remède
spécifique au chômage, c'est l'accroissement de la consommation laquelle est la fin de l'activité
économique, et non l'augmentation de l'investissement qui n'en est que le moyen. L’investissement
est par nature instable : il résulte en effet des prévisions sur la rentabilité du capital, plus
précisément de l’efficacité marginale du capital (comportement des entrepreneurs) et du niveau de
l’intérêt qui dépend en partie du comportement des ménages (demande de monnaie).
- La théorie générale est une théorie de la monnaie (la monnaie de crédit). La théorie générale
de l'emploi et la monnaie sont étroitement liées :
Fig 8 : Le rôle de la monnaie

Hausse de la demande globale Baisse du taux de la monnaie d’intérêt l’investissement

La quantité de monnaie est la variable indépendante la plus importante de toutes puisqu'elle est
commandée par les autorités. Keynes dénonce le fait que « de nombreux économistes ont soutenu
que le montant de l'épargne courante déterminé l'offre de capital frais, que le montant de
l'investissement courant en gouvernait la demande et que le taux d'intérêt était le facteur
d'équilibre ou le prix déterminé par le point d'intersection de la courbe d’offre d'épargne et de la
courbe de demande d'investissement ». Le rôle du taux d'intérêt est de maintenir en équilibre, non la
demande et l'offre de biens de capital nouveaux, mais la demande et l'offre de monnaie, c'est-à-dire
la demande d'argent liquide et les moyens d'y satisfaire. Keynes insiste d'ailleurs dans la préface de
la première édition anglaise sur le rôle primordial joué par la monnaie. Il définit ainsi ce qu'il
appelle une économie monétaire : « Une économie monétaire est une économie où la variation des
vues sur l'avenir peut influer sur le volume actuel de l'emploi et non sur sa seule orientation ».
Selon Keynes, ce n'est pas le taux d'intérêt, mais le niveau des revenus qui assure l'égalité entre
épargne et investissement.
- La théorie Générale considère enfin que le niveau général des prix et les prix individuels sont
déterminés d'une façon strictement identique. C'est à dire qu'ils dépendent de l'offre et la demande.
B. Le principe de la demande effective
Le principe de la demande effective ne peut être compris sans faire référence à la demande globale
et à l’offre globale. La demande globale introduit l’intervention de trois agents et de trois fonctions
(ou actes) économiques : les ménages (fonction de consommation), les entrepreneurs (fonction
d’investissement) et l’Etat (dépenses publiques). L'état de la technique, le niveau des salaires,
l'importance de la technique, de l'outillage et de la main d’œuvre inemployés ainsi que la situation
des marchés et de la concurrence déterminent les conditions de l'offre globale. En fait, la quantité de
monnaie détermine l'offre de ressources liquides, par-là, elle gouverne le taux de l'intérêt et jointe à
divers facteurs (notamment ceux qui intéressent la confiance, l'incitation à investir 7), elle détermine
le niveau des revenus, de la production, et de l'emploi, et le niveau général des prix. La demande
effective correspond au point d’intersection entre l’offre globale et la demande globale 8 (elles-
mêmes exprimées en fonction de la variable emploi).

7 L'investissement n'est avantageux que si l'efficacité marginale du capital est supérieure au taux d'intérêt (effet de
levier). Il existe une relation inverse entre le taux d'intérêt et l'investissement.
8 La confiance et « le climat des affaires » étant des paramètres importants, on préfère parler d’anticipation de la
demande globale (si les anticipations des milieux d’affaire sont pessimistes, le niveau de l’emploi sera faible, ce qui
entraînera une croissance du chômage).
Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
Keynes stipule que le chômage est le résultat d'une insuffisance de la demande effective. L’Etat peut
agir sur les 2 composantes de la demande globale :
- sur la consommation : l'Etat peut augmenter les revenus disponibles en réduisant la fiscalité.
Plus directement, l'Etat peut accroître sa propre consommation (la consommation publique).
- sur l'investissement : en réduisant les taux d'intérêt, l'Etat va réduire le coût des emprunts
pour les ménages et le coût de financement des investissements pour les entreprises.
Dans les faits, l’action de l’Etat se traduira par une politique budgétaire expansive (dépenses >
recettes), plus précisément l'Etat va chercher à augmenter ses investissements publics. L'impact sur
l'économie sera plus que proportionnel, c’est ce que l’on appelle l’"effet multiplicateur".
L’effet du multiplicateur peut se présenter de la manière suivante. Si Y représente la production ; I
l’investissement ; C la consommation ; I° l’investissement exogène ; G les dépenses publiques ; c la
propension marginale à consommer et k le multiplicateur, alors :

C=cY
I = I° (variable exogène)
Y=C+I+G
Y = c Y + I° + G => Y = (I° + G) / (1-c)
∆Y= 1 ∆G => ∆ Y = k ∆ G
(1-c)
On remarque ici que l’épargne correspond à une fuite 9. Plus la propension à consommer est élevée
et plus le multiplicateur sera important (si c passe de 0,75 à 0,8, alors k passe de 4 à 5). La réduction
des fuites repose sur une baisse de l’épargne. Ajoutons qu’une réduction d’impôt ou une hausse des
prestations sociales ont également un effet multiplicateur mais inférieur : en effet celles-ci
accroissent simplement le revenu disponible des ménages ; ainsi une baisse de 100 milliards des
impôts augmente le revenu de 100 milliards donc la consommation de 75 milliards.
C. Les néo-keynésiens : héritiers de la pensée keynésienne
Au-delà des différentes interprétations que la pensée keynésienne a suscitées, il est possible de
distinguer les néo-keynésiens, des post-keynésiens et des nouveaux keynésiens. Dans ce qui suit,
nous présenterons succinctement les travaux néo-keynésiens. Ceux-ci ont développé leurs analyses
dans le courant des années 70, ils développent ce qu’il est convenu d’appeler aussi parfois, «la
théorie du déséquilibre » ou encore l’analyse « des équilibres à prix fixes ». Les modèles
macroéconomiques explorant cette voie, trouvent leur origine dans les travaux de Barro, Grossman,
Benassy, Grandmont, Younès et Malinvaud. Ils poursuivent un double but : (i) généraliser l’étude
des déséquilibres en considérant que les ajustements sont lents à s’effectuer ; (ii) déterminer les
fondements microéconomiques de la macroéconomie keynésienne.
Cette théorie explique que les marchés ne s’équilibrent pas automatiquement et qu’en conséquence,
il peut y avoir des déséquilibres se traduisant par des rationnements de certains agents économiques.
Ces rationnements prennent selon le contexte, des formes diverses. Prenons deux marchés (marché
des biens et marché du travail) et deux agents (ménages et entreprises) et considérons un excès
d’offre sur le marché des biens et sur le marché du travail.
Fig 11 : Déséquilibre sur les marchés des biens et du travail

9 En économie ouverte, il faudrait introduire deux nouvelles variables : les exportations et les importations. Ces dernières
constitueraient la deuxième source de fuites, après l’épargne.
Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
P W/P
Le marché des biens Le marché du travail
O
O
P’
W/P’

D D

Q L

Le premier graphique représente la situation sur le marché des biens : le producteur est contraint sur
ses débouchés : il y a excès d’offre (ou insuffisance de la demande) sur le marché des biens ; on dit
aussi que l’entreprise est rationnée : elle ne peut vendre tout ce qu’elle souhaiterait au prix affiché
P’. Le deuxième graphique représente la situation sur le marché du travail, au niveau de salaire réel
affiché (W/P’), tous les travailleurs ne trouvent pas d’emploi. La quantité de travail offerte par les
ménages est supérieure à la quantité de travail demandée par les entreprises : on dit aussi que le
ménage est rationné : il ne peut vendre la totalité de sa force de travail qu’il offre pour le salaire
affiché (W/P’).

CHAPITRE IV : LA THEORIE SUR LA MONNAIE

Définition : La monnaie est un instrument de mesure qui sert à fixer la valeur des biens et à les
échanger.

Fonctions de la monnaie

La monnaie sert :

 D’instrument de mesure : la monnaie sert à mesurer la valeur des biens en attribuant un prix à
chacun de ceux-ci. Exemple : un avocat = 500 Fc
 D’instrument d’échange : elle sert d’instrument de paiement permettant d’échanger
facilement un bien contre un autre. Elle apparaît aussi comme instrument indispensable des
transactions commerciales ;
 D’instrument d’épargne : elle permet de stocker et d’accumuler la richesse. Elle permet donc
à son détenteur de se constituer une réserve qu’il utilise dans l’avenir quand bon lui semblera.
HISTOIRE ET EVOLUTION DE LA MONAIE

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
La monnaie marchandise : Au début, pour servir de monnaie, on utilise une marchandise dont la
valeur est admise par tous. Cette marchandise sert à comparer et à échanger les biens.

Exemple de marchandises choisies :

 Les poissons séchés chez le pécheur ;


 La fourrure (peau d’animal munie de son poil) au canada.
Ces marchandises monnaie ont deux fonctions : une fonction comme marchandise et une fonction
comme monnaie.

La monnaie métallique : A cet effet, on abandonne la monnaie marchandise, on préfère la monnaie


métallique surtout l’or et l’argent car ces derniers avaient toutes les qualités nécessaires pour bien
remplir la fonction monétaire :

 L’homogénéité c'est-à-dire que l’or et l’argent ont la même quantité partout, quel que soit
leur provenance ;
 Une grande valeur spécifique : l’or et l’argent ont une grande valeur sous un poids ;
 L’inaltérabilité dans le temps : l’or et l’argent ne s’usent pas, ne pourrissent et ne rouillent
pas.
 La divisibilité : l’or et l’argent peuvent être divisés ;
 la rareté : l’or et l’argent sont recherchés et rares.
Inconvénients généraux de monnaies métalliques

 La lourdeur ;
 Risque de perte et surtout du vol.
La monnaie fiduciaire

La monnaie fiduciaire vient du mot latin fidus qui veut dire confiance. Elle est basée sur la
confiance que l’on a dans cette autorité ou institution émettrice. Ce sont les billets de banque émis
par la banque centrale appelés encore papier monnaie.

La monnaie scripturale : elle est constituée de l’ensemble des dépôts dans les banques. Elle est
immatérielle et manipulée par des simples inscriptions des sommes en comptes. Notons
qu’actuellement une grande partie de payement ne se fait plus avec la monnaie fiduciaire matérielle
visible mais par de simples écritures comptables : mouvements de débit et de crédit dans les livres
de la banque à la suite de l’émission de chèques, virements, effets de commerce par les clients ou la
compensation entre banque.

Différence avec la monnaie fiduciaire :

 La monnaie fiduciaire ne peut être émise que par la banque centrale ;

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
 La monnaie scripturale peut être émise par toutes les banques.
Avantages sur la monnaie fiduciaire :

a) L’usage de la monnaie fiduciaire entraine une certaine thésaurisation. La monnaie


scripturale reste toujours dans le circuit économique.
b) Les paiements par chèques et virement sont plus simples, plus sûrs et permettent
d’économiser beaucoup de temps ;
c) L’usage de la monnaie scripturale est également moins onéreux (coûteux) que celui de la
monnaie fiduciaire car elle évite la confusion, la manutention (la manipulation) et le contrôle
des billets de banque.
d) LOI DE GRESHAM
Gresham (1519-1579) ministre anglais avait remarqué le phénomène suivant : « La mauvaise
monnaie chasse la bonne » plus tard ce phénomène prit le nom de loi de Gresham.

On appelle bonne monnaie, une monnaie neuve ou bien forte c'est-à-dire celle dont la valeur réelle
est supérieure à valeur nominale.

On appelle mauvaise monnaie, une monnaie usée ou bien faible c'est-à-dire celle dont la valeur
réelle est inférieure à la valeur nominale.

On appelle monnaie droite une monnaie dont la valeur réelle égale à la valeur nominale.

Causes de la disparition de la bonne monnaie

1) La thésaurisation : les gens préfèrent thésauriser de la monnaie neuve plutôt que de la


monnaie usée ;
2) Les banques d’émission préfèrent également amasser de la bonne monnaie plutôt que de la
mauvaise ;
3) Pour les règlements internationaux, l’étranger n’accepte qu’une monnaie droite ou forte. La
monnaie faible est gardée pour le commerce intérieur.
La valeur de la monnaie

1) Le pouvoir d’achat
A l’époque de la convertibilité de la monnaie, la valeur de celle-ci était égale à la valeur du métal
précieux qu’elle contenait ou représentait. Sa valeur marchandise était égale à sa valeur monnaie.
Tout change avec l’apparition du papier monnaie inconvertible. A partir de ce moment, la valeur de
la monnaie dépendra de son pouvoir d’achat c'est-à-dire de la quantité de biens et de services qu’on
peut en obtenir.

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
On a constaté que l’inflation (gonflement excessif de la quantité monétaire) entraîne
automatiquement une augmentation des prix (et par la suite une diminution du pouvoir d’achat et
par conséquent de la valeur de la monnaie)

2) L’inflation
a) Définition : L’inflation consiste en une augmentation des moyens de paiement sans
augmentation correspondante des biens échangeables.
b) Causes de l’inflation
Les principales causes de l’inflation sont :

 Augmentation exagérée de monnaie scripturale provenant de l’octroie excessif


de crédits par les banques ;
 L’augmentation exagérée de monnaie fiduciaire provenant de l’émission en
quantité excessive de papier monnaie par l’Etat par suite d’un déséquilibre
budgétaire provenant d’une mauvaise gestion (dépenses exagérée), de troubles
politiques, des guerres… ;
c) Effets nocifs (nuisibles, dangereux) de l’inflation
L’inflation a des effets nuisibles du point de vue économique, social et moral. Ces effets
sont :

1) Hausse des prix


L’inflation augmente les moyens de payement tandis que la quantité des biens à acheter et des
services à rémunérer reste la même.

2) Dépréciation de la monnaie et de son pouvoir


Puis que pour obtenir une même quantité de biens, il faut plus de la monnaie

3) Hausse des cours de changes c'est-à-dire du prix des monnaies étrangères appelées
devises.
4) Spéculation sur les marchandises
Les possesseurs des marchandises sont incités à les stocker en prévision de nouvelles augmentations
des prix

5) Les débiteurs sont favorisés au détriment des créanciers puisqu’ils remboursent à ces
derniers des sommes dont la valeur est inférieure au capital prêté.

Exemple : En 2019, je prête 50000 fc à 4% d’intérêt. En 2020, par suite d’une inflation de 10%, les
50000Fc ne valent plus que 90% de leur ancienne valeur. Le pouvoir d’achat de la somme que
l’emprunteur me remboursera sera de (52000X90)/100 = 46800Fc. (Le capital de 50000Fc ne vaut

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
plus que 45000 et l’intérêt de 2000Fc ne vaut plus que 1800Fc). Le débiteur ou l’emprunteur est
plus injustement favorisé et le créancier ou prêteur injustement lésé.

6) L’inflation décourage l’épargne et ruine le rentier (détenteur des rentes) et le retraité


(pensionné)
L’épargnant, le rentier et le retraité voient fondre (diminuer rapidement) l’argent qu’ils ont dans les
mains, la valeur nominale de ce dernier restant la même mais sa valeur réelle diminuant.

7) L’inflation lèse le salarié/ ici, il faut aussi faire la distinction entre salaire nominal et salaire
réel :
 Salaire nominal : est la quantité de monnaie que le travailleur reçoit ;
 Salaire réel : est la quantité de biens que le travailleur peut se procurer avec son salaire
nominal. Il est évident que le travailleur qui gagne 100000Fc par mois achète actuellement
moins de biens avec son salaire qu’il y a quelques années.
Il est vrai qu’après une inflation on augmente aussi le salaire nominal mais jamais dans la même
mesure que celle de la dépréciation monétaire.

Exemples :

 En 2019 : salaire nominal (100000Fc) ; prix du sac de riz (20000Fc) ; salaire réel c'est-à-dire
nombre de sacs achetables avec le salaire nominal (5) ;
 salaire nominal (120000Fc) ; prix du sac de riz (36000Fc) ; salaire réel c'est-à-dire nombre
de sacs achetables avec le salaire nominal (3,3) ;

Effets avantageux de l’inflation

1) Elle fait augmenter les exportations et diminuer les importations


Les Exportations vont augmenter car les étrangers obtiendront avec leurs devises une plus grande
quantité de marchandise dans le pays à monnaie dépréciée.

Exemples : Il y a inflation au Congo, l’Américain obtiendra avec 1$ une plus grande quantité de Fc,
ce qui l’incitera à importer davantage. Les Importations par contre vont diminuer car les nationaux
obtiendront avec leur monnaie dépréciée une moins grande quantité de marchandise à l’étranger, les
devises coûtant plus cher.

Exemple : s’il y a inflation au Congo, le congolais obtiendra avec ses Fc une moins grande quantité
de dollars, ce qui le découragera d’importer.

2) Elle constitue pour l’Etat un moyen d’imposition plus facile que l’impôt et l’emprunt.
Remèdes à l’inflation

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
1) La déflation : elle est une opération qui consiste à réduire la quantité de billets en les retirant
de la circulation. Le but poursuivi par l’Etat par cette opération est de faire baisser les prix de
telle manière à ce qu’ils reviennent au niveau précédent l’inflation.
2) La dévaluation est une opération effectuée par l’Etat qui consiste à diminuer le taux de
change de sa monnaie (dépréciation monétaire).
Utilités

La dévaluation peut être utile dans deux cas :

1er cas : lorsqu’une inflation prolongée a créé un écart trop important entre la valeur légale de l’unité
monétaire et sa valeur réelle.

2ème cas : lorsqu’un but ne trouve pas d’autres systèmes pour augmenter les Exportations et diminue
les Importations.

Avantages de la dévaluation

 Les débiteurs voient leurs dettes allégées ;


 Les formes exportatrices sont favorisées.
Inconvénients

 Elle fait régner l’insécurité dans les échanges internationaux ;


 Le prix de produits importés augmente
3) La démonétisation

Quand l’inflation est vraiment trop forte, une dévaluation ne servirait plus à rien. Il faut alors
carrément remplacer l’ancienne monnaie par une nouvelle. On échange en général une série
d’anciens billets contre un seul billet nouveau, ceci dans le but de diminuer la masse monétaire.

LE CHANGE

a) Définition

Le mot « change » a plusieurs sens :

 Il désigne d’abord l’opération qui consiste à échanger de la monnaie nationale contre une
monnaie étrangère (appelée devise) ou inversement. Quand je change des dollars américains
contre des Fc, j’effectue une opération de change ;
 Il désigne ensuite le prix d’une monnaie étrangère. On dira par exemple « A quel change
c'est-à-dire à quel prix est le dollar américain ? »
FACTEURS QUI FONT VARIER L’OFFRE ET LA DEMANDE D’UNE MONNAIE

a) La situation de la balance de payement qui donne la différence entre les dettes d’un
pays à l’égard de l’étranger.
Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
En effet, si la balance de payement est déficitaire, il se produira simultanément 2 phénomènes :

 La demande des devises et ce fait l’offre de monnaie nationale augmentera car les nationaux
ont besoin d’un supplément de devise pour payer leur supplément des dettes ;
 L’offre des devises et de ce fait la demande de monnaie nationale diminuera car les étrangers
ayant une balance de payement favorable ont un besoin moindre de la monnaie nationale et par
conséquent vont diminuer l’offre de la leur. En cas de balance de payement favorable, il se
produira bien entendue deux phénomènes inverses.
b) La différence de niveau des taux d’intérêt : Si le taux d’intérêt est plus élevé à Paris qu’à
Londres, les possesseurs de disponibilités effectuent leur placement en France. D’où une forte
demande de FF à Londres dont le cours (change) va augmenter ;
c) Les facteurs psychologiques qui dépendent de la confiance ou de la méfiance que peuvent
ressentir les gens à l’égard de telle ou telle monnaie. Cette confiance ou méfiance sont-elles même
fonction de la situation économique et politique du pays. Un pays mal dirigé et dont l’économie est
branlante (instable) engendre la méfiance et inversement. Quand les gens ont confiance dans un
pays ils s’efforceront d’en acheter la monnaie et par conséquent le prix de cette dernière
augmentera. Par contre quand les gens ressentent de la méfiance à l’égard d’un pays ils s’efforcent
de se débarrasser de sa monnaie et par conséquent le prix de cette dernière diminuera.

Chapitre. V. LES RELATIONS ECONOMIQUES INTERNATIONALES

Une économie entretient avec le reste du monde deux types de relations :

 commerciale d’achat (impôt) et de vente (export). Ce deux constituent le commerce


extérieur ;
 financière sans base commerciale, des dons ou des prêts. Ces relations s’effectuent par
l’intermédiaire de la monnaie d’où le problème de change
LE CHANGE MONETAIRE

C’est le fait d’échanger une monnaie contre une autre monnaie, ce qui pose un problème de régime
de change.

a) La convertibilité
La monnaie dite convertible sur le plan externe remplit 2 conditions :

 S’échange contre toute autre monnaie ;

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
 Toute autre monnaie s’échange contre elle. Notons qu’on désigne par convertibilité interne le
fait qu’une monnaie s’échange contre l’or. Les monnaies convertibles sont très recherchées et
très désirées.
Ex : Euro, dollars américains… leur accumulation dans un pays est considérée comme signe de
bonne santé économique. On les appelle encore devise.

Remarque : Le gouvernement est le seul habilité à procéder à l’achat et la vente des devises ;
l’exportation des capitaux.

b) Le régime de change
Le taux de change exprime le nombre d’unité monétaire qui se change contre un certain nombre
d’unité d’une autre monnaie.

Ex : Actuellement : 1$ = 2000Fc.

1) L’échange fixe : le change est fixe lorsqu’il est établi par décision gouvernementale.
Généralement à la suite d’accords monétaires internationaux. Il se pratique selon deux
modalités :
 Change fixe unique : c’est quand les autorités monétaires déterminent un seul taux de
change de la monnaie nationale par rapport aux autres ;
 Change fixe multiple : Lorsqu’il y a des taux de change différents en fonction de la
nature de transaction. On a le taux préférentiel et le taux de pénalisation :
a) Le taux préférentiel est celui auquel on achète en monnaie nationale, les devises des
résidents exportateurs et les travailleurs expatriés ;
b) Le taux de pénalisation est celui auquel la banque centrale vend des devises contre la
monnaie nationale aux résidents importateurs. C’est donc un impôt à l’importation
2) L’échange flottant : est celui dans lequel les fluctuations de coût de la monnaie ne sont
contenues dans aucune limite c'est-à-dire la monnaie flotte. Le marché de change fonctionne
dans les grandes capitales financières (New York, Londres, Paris…) selon la loi de l’offre et
de la demande de la monnaie.
La balance commerciale et économique :

 La balance commerciale annuelle d’un pays est le tableau de comparaison entre la valeur des
importations et des exportations des marchandises.
 La balance économique annuelle d’un pays est le tableau de comparaison entre la valeur de
toutes les créances et la valeur de toutes les dettes de ce pays. Elle a un solde positif si les
créances sont supérieures aux dettes dans le cas contraire ; le solde est négatif.

Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.
Cours dispensé par CT Master Jospin KWIBUKA à l’intention des étudiants de G2 droit.

Vous aimerez peut-être aussi