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Plan du cours
CHAPITRE I. Objet et méthode de l’économie
CHAPITRE IV. L’effet des prix et des revenus sur les quantités
CHAPITRE V. L’intervention publique sur les marchés : le contrôle des prix et les taxes
indirectes
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CHAPITRE I. Objet et méthode de l’économie
« L'économie politique enseigne comment se forment, se distribuent et se consomment les richesses qui
satisfont aux besoins des sociétés. »
Jean-Baptiste Say
Issu du grec, le mot économie est formé à partir de oikos qui signifie maison, et de nomos qui signifie loi.
L'économie désignait il y a deux mille ans l'administration de la maison, du domaine (cette acception
existe encore aujourd’hui). Le terme économie a vu sa signification évoluer au cours des siècles pour
désigner aujourd’hui une branche des sciences sociales. Mais il possède de nombreuses autres acceptions.
Les définitions qui nous intéressent ici sont les définitions d) et e). L’économie est ainsi à la fois un objet
(définition d) et une discipline qui étudie cet objet (définition e).
Ainsi, l'économie peut être définie comme la discipline qui étudie la production, les échanges, la
monnaie, le chômage, la richesse, l'inflation, etc. Pendant des siècles, c’est de cette façon que les
économistes ont défini leur discipline. D'Aristote (IV ème siècle av. J.-C.) à Adam Smith (XVIII ème siècle)
en passant par Jean-Baptiste Say, la plupart des définitions font de l'économie une science de 1'acquisition
des richesses pour l'individu ou pour la nation. C’est encore de cette façon que les lexicographes
définissent aujourd’hui notre discipline. Les économistes contemporains soulignent cependant les limites
de cette définition, et lui en préfèrent une autre.
Aujourd'hui, les économistes s'accordent pour admettre que l'on ne peut définir l'objet de l'analyse
économique par un sujet ou une liste de sujets concrets. En effet, les phénomènes strictement
économiques n'existent pas. On ne peut extraire du réel une partie « économique » qui serait indépendante
des parties « psychologique », « politique » ou « sociologique ». L'inflation, par exemple, met en jeu des
mécanismes économiques, psychologiques et politiques, et intéresse tout autant l'économiste que le
psychologue, le politologue ou le sociologue. Toutes les sciences sociales ont le même domaine concret
d'étude : les causes et les conséquences individuelles ou collectives des comportements humains. La
spécificité d'une discipline ne peut donc être recherchée dans le domaine concret de son étude, mais dans
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la perspective selon laquelle elle observe la réalité et dans la façon dont elle mène son étude. Chaque
discipline sociale se donne en effet un objet abstrait en isolant dans la réalité un phénomène fondamental
qu'elle privilégie comme point de départ de toutes les questions qu'elle va ensuite analyser. Pour l'analyse
économique, ce phénomène essentiel est la rareté.
Ainsi, l'économie étudie la façon dont les individus ou les sociétés utilisent les ressources rares en vue de
satisfaire au mieux leurs besoins. C'est parce que nos besoins individuels sont potentiellement illimités
tandis que nos ressources sont limitées que l'on peut faire de la rareté la notion centrale de l'analyse
économique.
On remarque que pour désigner leur discipline, les économistes utilisent diverses expressions. Ils parlent
d’économie, d’économie politique, ou encore de sciences économiques. Ces expressions peuvent être
utilisées de façon interchangeables.
D’un point de vue historique, l’expression la plus ancienne est celle d’ « économie ». « L’économique »
(en grec ancien « oikonomikόs ») est ainsi le titre d’un ouvrage de Xénophon, disciple de Socrate, écrit
quatre siècles avant notre ère. C’est la plus vieille trace écrite connue du mot économie. Cependant,
l’économie selon Xénophon ne désigne pas notre discipline mais fait référence à la définition g) ci-
dessus, puisqu’il s’agit d’un traité de gestion d’un grand domaine foncier.
Notre discipline a d’abord été appelée « économie politique » par Antoine de Montchrestien, qui publie
en 1615 son traité d’économie politique. Les économistes classiques (Adam Smith, Jean-Baptiste Say,
David Ricardo, Thomas Robert Malthus, John Stuart Mill …) se sont emparés par la suite de l’expression,
qui s’est ultérieurement simplifiée pour devenir « économie ».
Il n’est pas possible de dire quand est apparue précisément l’expression de « sciences economiques »
(« economics » en anglais), mais c’est sous l’impulsion de Lionel Robbins et de sa fameuse définition que
cette formulation s’est généralisée, conférant à notre discipline un statut scientifique.
Concrètement, face à un problème quelconque, l'économiste se distingue des spécialistes des autres
sciences sociales par la nature des questions qu’il se pose :
1°) Qui sont les décideurs – les individus ou les groupes d'individus qui font les choix déterminants?
2°) Quels sont les objectifs des décideurs (leurs « besoins ») ?
3°) Quels sont les moyens disponibles et les contraintes (« les ressources rares ») ?
4°) Quelle est la solution optimale, c'est-à-dire celle qui permet d'atteindre le maximum de satisfaction
pour le minimum de ressources utilisées?
Analyse du document
Quelle est l’origine étymologique du mot économie ?
Qu’est-ce que le mot économie désignait il y a deux mille ans ?
Comment les lexicographes définissent-ils l’économie (politique) ?
Quelle est la particularité des phénomènes purement économiques ?
Quel est l’objet abstrait, le mot clé, qui fonde l’analyse économique ?
Quel économiste anglais du XXème siècle est devenu célèbre pour sa définition de l’économie ?
Comment les économistes modernes définissent-ils l’économie ?
Quel disciple de Socrate a écrit « L’économique » ?
Avant de l’appeler « sciences économiques », comment les économistes nommaient-ils leur discipline ?
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2. Choix et rareté
2.1. Rareté des ressources et production des biens économiques
L'économie n'est pas enfermée dans un domaine réservé. De même que les autres disciplines (sociologie
et sciences politiques notamment) sont également concernées par les sujets qu'étudie l'économiste,
l'économie peut aborder des phénomènes que le sens commun ne reconnaît pas comme économiques: la
religion, la famille, la délinquance, la politique, etc. En effet, tous les comportements humains peuvent
être examinés d'un point de vue économique, c'est-à-dire comme la mise en œuvre raisonnée de moyens
limités par des individus qui cherchent à atteindre leurs objectifs.
Encadré. Quel est l’objet abstrait propre aux autres disciplines des sciences humaines et sociales ?
La rareté est l’objet abstrait qui fait la spécificité de l’économie parmi les sciences humaines et sociales.
C’est le mot clé de l’économie. Quels sont les mots clés à la base des autres disciplines des sciences
humaines et sociales, notamment en sociologie et en sciences politiques ? Pour la sociologie, le mot clé
est « relations », et pour les sciences politiques c’est le « pouvoir ».
Les questions que les économistes se posent impliquent toutes l'idée d'un choix. Cette nécessité de choix
découle directement de la rareté des ressources disponibles.
Ces ressources, ou facteurs de production, se répartissent en trois grandes catégories :
- Les ressources humaines : le travail. La quantité de main d’œuvre disponible dans une économie se
trouve limitée par le nombre d’individus en âge de travailler et par leurs compétences.
- Les ressources naturelles : la terre et les matières premières. La surface des terres du globe est limitée,
au même titre que les matières premières qu’elles abritent.
- Les ressources manufacturées ou conçues par l’Homme : le capital. Le capital réunit l’ensemble des
actifs produits par l’Homme et qui ne sont pas consommés entièrement au cours du processus de
production (usines, machines, outils, …, mais aussi le capital immatériel comme les connaissances
techniques et scientifiques). Ce stock de capital est lui aussi limité, car il dépend des actifs qui ont été
accumulés.
C’est bien entendu la rareté des ressources qui entraîne la rareté des biens et services disponibles à la
consommation. S'il n'y avait pas de rareté, on pourrait toujours produire tout, n'importe comment, jusqu'à
saturer tous les besoins de tous. Les questions de base seraient alors sans intérêt ; c'est ce qui se produit en
présence d'un bien libre.
Les économistes parlent d'un bien libre (parfois appelé aussi bien naturel) pour désigner un bien
disponible en quantité telle que tout le monde peut en bénéficier sans limite, sans coût et sans que
l'utilisation qu'en font les uns limite les possibilités d'utilisation par d'autres. Un bien libre ne présente pas
d'intérêt pour l'analyse économique. Mais les cas de biens libres sont très exceptionnels. Ainsi, on cite
souvent l'air comme exemple de bien libre. Les biens qui ne sont pas « libres » sont appelés biens
économiques.
Analyse du document
Quel est le mot clé, le concept abstrait, qui est à la base de la sociologie ?
Quel est le mot clé, le concept abstrait, qui est à la base des sciences politiques ?
Quelles sont les trois grandes catégories de ressources ou facteurs de production ?
Qu’est-ce qu’un bien libre ?
Qu’est-ce qu’un bien économique ?
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2.2. La frontière des possibilités de production
Nous allons considérer dans ce paragraphe un premier exemple de modélisation qui permet de
comprendre que la rareté des ressouces implique de faire des choix.
Considérons une économie dans laquelle il n’existe que deux sortes de biens : les produits alimentaires et
les films cinématographiques. L’économie compte 4 travailleurs. Chacun d’eux peut exercer son activité
dans n’importe lequel des deux secteurs.
Le tableau 1.1. montre la quantité de chaque bien qui peut être produite (par semaine) en fonction de
l’affectation des travailleurs entre les deux secteurs.
Dans chaque secteur, plus il y a de travailleurs, plus la production de biens fabriqués est grande.
De surcroît, dans chaque secteur, la production obéit à la loi des rendements décroissants. Chaque
travaille supplémentaire augmente la production du secteur d’une quantité inférieure à celle qu’a ajoutée
le travailleur précédent. Par exemple, dans le secteur alimentaire, la première personne employée (à temps
plein) produit 10 unités alors que la seconde n’en produit que 7 (pour faire un total de 17). La troisième
en produit encore moins (5). Le même constat est fait dans l’autre secteur.
D’où vient la loi des rendements décroissants ? Prenons par exemple le cas du secteur des films. On
suppose implicitement que les travailleurs employés dans ce secteur ont à leur disposition une quantité
fixe d’équipements. Le premier travailleur peut utiliser seul toutes les installations. Lorsqu’un deuxième
travailleur le rejoint, il partage avec lui ces installations. La quantité d’équipements par travailleur
diminue. Aussi la production par travailleur diminue-t-elle à mesure que l’emploi augmente. La même
chose se passe dans le secteur alimentaire, comme la quantité de ressources naturelles est fixe.
Chaque ligne du tableau 1 montre les combinaisons des deux biens qui peuvent être produites quand tous
les travailleurs sont employés. En transférant des travailleurs d’un secteur à l’autre, l’économie peut
produire plus d’un bien, mais elle se condamne ce faisant à produire moins de l’autre. Il existe un
arbitrage entre la production de denrées alimentaires et la production de films, du fait de la rareté des
ressources.
Sur la figure 1.1., nous montrons graphiquement les combinaisons maximales des deux biens qu’il est
possible de produire. Le point A correspond à la première ligne du tableau, le point B à la seconde, etc.
La courbe qui joint les points A à E s’appelle la frontière des possibilités de production.
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Définition : la frontière (ou courbe) des possibilités de production montre, pour chaque niveau de
production d’un bien, la quantité maximale de l’autre bien qui peut être produite.
Remarquons que la frontière est concave (le segment reliant les points B et D est sous la frontière ; et il en
est de même pour tout segment reliant n’importe quels points de la frontière). C’est le résultat de la loi
des rendements décroissants.
Les points situés sur et sous la frontière constituent des combinaisons dites réalisables ou accessibles.
Considérons d’abord les points situés sous la frontière. Par exemple, le point G correspond à 10 unités de
produits alimentaires et 17 films. En se reportant au tableau 1, on observe que cette combinaison
réalisable nécessite d’employer deux travailleurs dans le secteur des films et un travailleur dans le secteur
alimentaire. Mais la société gaspille alors des ressources rares, puisque le quatrième individu ne travaille
pas. Les points situés sous la frontière constituent des combinaisons dites inefficaces ou inefficientes.
Quant aux points situés sur la frontière, ils constituent des combinaisons dites efficaces ou efficientes. La
frontière des possibilités de production représente l’ensemble des combinaisons efficaces.
Les points situés à l’extérieur de la frontière , comme le point H, sont des combinaisons dites inacessibles
ou irréalisables.
C’est la rareté des ressources qui oblige la société à faire des choix. Parce qu’on ne peut pas tout avoir, la
société doit choisir si elle veut plus de films ou plus de produits alimentaires. Le mode de répartition des
ressources entre les secteurs dépend du type d’économie (au sens de la définition f) considérée.
Analyse de document
D’après le tableau 1, combien produit-on de films et de produits alimentaires si chaque secteur emploie
la moitié des travailleurs ?
D’après le tableau 1, combien produit-on de films et de produits alimentaires si le secteur
cinématographique emploie un travailleur et l’autre secteur les travailleurs restants ?
D’après le tableau 1, combien produit-on de films et de produits alimentaires si le secteur
cinématographique emploie 3 travailleurs et l’autre secteur le travailleur restant ?
Qu’est-ce que la loi des rendements décroissants décrit ?
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Qu’est-ce que la frontière des possibilités de production indique ?
La combinaison C est-elle réalisable ?
Dans un choix limité entre les combinaisons C, G et H, indiquez quelle est celle qui doit
constituer un objectif de production pour la société.
Parmi l’ensemble des combinaisons A à H, quelles sont celles entre lesquelles on ne peut choisir en
l’absence d’information complémentaire ?
Qu’est-ce qu’une combinaison efficiente ?
Qu’est-ce qu’une combinaison irréalisable ?
Qu’est-ce qu’une combinaison inefficace ?
Si on modifie le graphique en mettant la production de films sur l’axe des ordonnées et la production de
films sur l’axe des abscisses, la frontière des possibilités de production est-elle toujours concave ?
Vous rappelez-vous ce que vaut la dérivée seconde d’une fonction concave ?
La combinaison optimale pour la société est sur la frontière efficiente. Mais où précisément sur la
frontière ? D’après vous, quelle information manque-t-il pour identifier la combinaison optimale ?
L’existence supposée du prix d’équilibre sur un marché provient du fait que l’offre et la demande sur ce
marché sont sensibles au prix du bien. Lorsque le prix varie, la demande et l’offre varient. Cette réaction
de l’offre et de la demande au prix illustre l’une des caractéristiques essentielles du fonctionnement de
l’économie, à savoir que les agents répondent à des incitations. Pour certains, l’économie n’est qu’une
question d’incitations.
Le fonctionnement « automatique » d’une économie de marché constitue l’un de ses principaux
avantages. Nul besoin en effet de mettre en place une coûteuse et complexe bureaucratie, chargée de
coordonner les décisions des agents.
L’autre avantage d’une économie de marché est que, même si les agents se préoccupent uniquement de
leurs propres intérêts, le mécanisme des prix les incite à répondre aux besoins des autres. Ainsi, la
recherche du gain personnel se révèle profitable à la société. C’est le principe de la « main invisible »
d’Adam Smith.
Le premier théorème de l’économie du bien-être, développé par Kenneth Arrow en 1951, stipule que
l’économie de marché constitue un mode d’organisation optimal de l’allocation des ressources sous
certaines conditions bien précises (notamment l’hypothèse de concurrence pure et parfaite). Lorsque ces
conditions sont remplies, l'allocation des ressources est optimale au sens de Pareto (ou Pareto-optimale)
lorsque les marchés sont à l’équilibre. Ce premier théorème est souvent vu comme une confirmation
analytique de la main invisible d’Adam Smith.
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En pratique, les marchés ne conduisent jamais à une efficience maximale dans l’allocation des ressources,
c’est pourquoi les Etats jugent nécessaire d’intervenir dans la vie économique. Une économie de marché
peut présenter (notamment) les problèmes suivants :
- La concurrence est souvente limitée, voire inexistante.
- Le pouvoir et la propriété des ressources est inéquitablement répartie.
- Certaines entreprises ont des pratiques condamnables (par exemple la pollution), insuffisamment prises
en compte par les marchés.
- Certains biens et services pourtant socialement souhaitables ne seront pas produits (ou insuffisamment)
par les marchés (par exemple les routes, un phare maritime, l’enseignement scolaire, etc).
- L’économie de marché est susceptible de dérives, car elle encourage l’égoïsme, la cupidité, le
matérialisme et la soif de pouvoir.
- Les marchés sont instables, et sans intervention de l’Etat, nombre d’économistes pensent que la
production nationale serait beaucoup plus volatile, fluctuante.
Analyse du document
Qu’est-ce qu’une économie complètement planifiée ?
Qu’est-ce que l’économie de marché ?
Qu’est-ce qu’une économie mixte ?
Quel mécanisme fondamental permet de faire fonctionner les marchés dans une économie de marché ?
Qu’est-ce que le prix d’équilibre ?
Qu’est-ce qu’un marché ?
Quel auteur est à l’origine de la parabole de « la main invisible ».
Qu’est-ce que la « main invisible » décrit ?
Qu’est-ce qu’une allocation Pareto-optimale ?
Qu’est-ce que le premier théorème de l’économie du bien-être stipule ?
Quels problèmes les économies de marché présentent-elles ?
L’affirmation selon laquelle une variable est exogène est-elle-même une hypothèse. Considérons par
exemple les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19. La pandémie peut être vue comme
un choc exogène, et les économistes analysent alors l’impact de ce choc sur la vie économique. Ils font
alors l’hypothèse d’exogénéité du choc. Mais sommes-nous sûr que le déclenchement de la pandémie est
exogène et n’a pas elle-même été provoquée ou facilité par l’activité économique humaine ?
Il ne faut pas juger de la qualité d’un modèle sur la base du réalisme de ses hypothèses mais sur sa
capacité à produire des résultats cohérents avec les faits. Construire une représentation simplifiée du réel
implique de faire des hypothèses irréalistes. Un modèle moins réaliste mais plus simple qu’un autre ne
peut pas être jugée moins bon. Le manque de réalisme est le prix à payer pour la simplicité. Par contre, un
modèle à la fois moins réaliste et plus compliqué qu’un autre peut clairement être rejeté.
Dans ce cours, les modèles considérés sont basés sur un certain nombre d’hypothèses (sauf mention du
contraire) :
a) Les agents sont rationnels.
b) Les prix sont parfaitement flexibles. C’est une caractéristique des modèles d’équilibre. L’hypothèse
opposée consisterait à poser que les prix sont parfaitement rigides (ne s’ajustent pas).
c) Il y a une seule période. Les modèles intertemporel ou multipériodiques seront étudiés plus tard.
Comme il n’y a pas de futur ou d’avenir dans ce type de modèles, il n’y donc pas de risque ou
d’incertitude.
Analyse du document
D’où proviennent les données collectées en économie ?
Qu’est-ce qu’un modèle ?
Qu’est-ce qu’un axiome ?
Quelles sont les deux catégories de variables qui composent un modèle ?
Qu’est-ce qu’une variable exogène ?
Qu’est-ce qu’une variable endogène ?
3.1.2. Microéconomie/Macroéconomie
Il existe en économie deux niveaux de modélisation, selon que l’on se situe à un niveau individuel ou à un
niveau agrégé.
La microéconomie s'intéresse aux comportements individuels. Elle est le produit de la théorie
néoclassique, qui s’inscrit dans la perspective de ce qu’on appelle l’individualisme méthodologique, qui
correspond à une approche ascendante, les phénomènes collectifs s’expliquant à partir des propriétés et
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Cela dit, même les axiomes peuvent être remis en cause. Par exemple, l’hypothèse du « Big Bang » est fondamentale dans
l’ensemble des théories cosmologiques qui décrivent notre univers comme étant le produit d’une dilatation rapide. Mais
l’hypothèse du Big Bang est contestée par certains cosmologistes, qui réfutent l’idée que l’univers puisse avoir un début.
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des actions des individus ou agents2. La macroéconomie traite des relations au niveau agrégé, considérant
les comportements globaux comme de nature sociale et irréductibles aux comportements individuels. Elle
s’inscrit dans une démarche holistique (l’holisme est la démarche qui vise à expliquer un phénomène
globalement).
Le microéconomiste utilise des concepts applicables à l’analyse des marchés, comme le prix d’un bien
particulier, l’offre d’un bien particulier, alors que le macroéconomiste utilise des concepts applicables à la
description d’une économie (au sens d) comme le taux de chômage, le taux d’inflation.
La démarche holiste du macroéconomiste présente des limites importantes. L’économiste Robert Lucas
(prix Nobel d’économie en 1995) explique par exemple qu’on ne peut pas comprendre l’échec de
certaines politiques économiques si on ne se place pas au niveau des individus. Sa critique de l’utilisation
des modèles macroéconomiques est connue sous le nom de critique de Lucas. Les modèles
macroéconomiques sans fondements microéconomiques reposent implicitement sur des comportements
figés des agents (puisque ces comportements sont ignorés). Lors d’un changement de politique
économique, les individus vont dans les faits s’adapter, et la somme des variations individuelles va alors
produire des effets au niveau agrégé, qu’un modèle purement macroéconomique ne peut prévoir.
La démarche ascendante du microéconomiste présente ses propres limites, qui sont plus évidentes.
L’agrégation de comportements individuels est une opération extrêmement complexe, voire impossible si
on ne fait pas l’hypothèse d’une certaine homogénéité des comportements individuels. L’existence de lois
comportementales au niveau des individus n’implique pas l’existence de lois comportementales au niveau
du groupe. On peut construire des modèles simplifiés décrivant le mouvement des nuages en fonction de
l’interaction des milliards de goutelettes qui le composent et de leur interaction avec leur environnement,
mais ces modèles simplifiés ne sont d’aucune utilité pour la météorologie.
2
C’est Joseph Aloïs Schumpeter (1883-1950), l’un des plus grands économistes du XX ème siècle, qui a forgé l’expression
d’individualisme méthologique.
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35 individus sont du type C>A contre 25 du type A>C (C est préféré à A) ;
Cela conduit à la contradiction A>B>C>A. Globalement, l’assemblée préfère le projet A au projet B, le
projet B au projet C, mais le projet C au projet A !
Quel est alors le meilleur projet et quel est le pire ? Si les individus votent à la majorité simple et que
chacun vote pour le projet qu’il considère comme le meilleur, alors 23 individus votent pour A, 19 pour B
et 18 pour C. C’est donc A qui est choisi. Mais peut-on dire que A est le meilleur projet, dans la mesure
où les individus préfèrent le projet C au projet A ?
Le paradoxe de Condorcet énonce que, même quand tous les individus savent classer des projets qui leur
sont soumis, il n’existe généralement pas de projet qui puisse être considéré de façon indiscutable par la
collectivité comme étant le meilleur.
Ce paradoxe s’est trouvé parfaitement illustré lors des élections présidentielles françaises de 2007. Au
premier tour, il y avait alors 3 candidats principaux : Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François
Bayrou. Les sondages montraient que les français préféraient Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal,
Ségolène Royal à François Bayrou, et François Bayrou à Nicolas Sarkozy.
Analyse du document
A quoi la microéconomie s’intéresse-t-elle ?
Sur quelle approche la microéconomie repose-t-elle ?
Qu’est-ce que l’individualisme méthodologique ?
A quoi la macroéconomie s’intéresse-t-elle ?
Sur quelle approche la macroéconomie repose-t-elle ?
Qu’est-ce que le holisme ?
Quel nom donne-t-on à l’école (ou courant) qui a posé les bases de la microéconomie ?
Qu’est-ce que la critique de Lucas ?
Quelle limite (évidente) présente la microéconomie ?
Qu’est-ce que le paradoxe de Condorcet énonce ?
A, B et C représentent des projets. 5 individus ont des préférences A>B>C ; 20 ont des préférences
A>C>B ; 10 ont des préférences B>C>A ; 20 ont des préférences B>A>C ; 5 ont des préférences
C>A>B, et 15 ont des préférences C>B>A.
1) Si on compare les projets par paire, peut-on dire que A est préféré à B ?
2) Si on compare les projets par paire, peut-on dire que B est préféré à C ?
3) Si on compare les projets par paire, peut-on dire que A est préféré à C ?
4) Les individus votent (scrutin majoritaire simple à un tour) pour le projet qu’ils préfèrent. Combien de
personnes votent respectivement pour les projets A, B et C ? Quel projet est choisi ?
5) Peut-on dire que le projet choisi est indiscutablement préféré aux deux autres ?
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rien d’étonnant. Par exemple, il existe d’importantes dissenssions parmi les économistes sur la nécessité
d’appliquer un impôt sur la fortune.
Cependant, il existe aussi des désaccords portant sur l’économie positive, car il y a des questions
techniques et scientifiques non résolues sur lesquelles un désaccord persiste.
Si les individus sont rationnels, ils choisissent la stratégie dominante (c’est la stratégie qui donne les
meilleurs résultats, indépendamment des choix des autres joueurs).
Dans le dilemme du prisonnier, chaque individu est dans la même situation. La stratégie dominante est
donc la même pour les deux joueurs. Considérons le joueur A. La stratégie dominante est la stratégie
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« AVOUE », car elle fait toujours mieux que la stratégie « NIE » (quand le joueur A avoue, il est libéré si
le joueur B nie alors qu’il aurait pris 1 an de prison s’il avait nié ; et il prend 5 ans de prison si le joueur B
avoue alors qu’il aurait pris 10 ans s’il avait nié. Il s’en tire donc toujours mieux en avouant).
Chaque individu opte donc pour la stratégie « AVOUE » et ils sont condamnés tous les deux à 5 ans de
prison. La situation qui en résulte (correspondant à la case inférieure droite du tableau) est un équilibre de
Nash.
L’équilibre de Nash, appelé aussi équilibre non coopératif, correspond à une configuration de stratégies
telles qu’aucun joueur n’a intérêt à modifier sa propre stratégie. Lorsque chaque joueur dispose d’une
stratégie dominante, il choisit cette stratégie et la situation qui en résulte est forcément un équilibre de
Nash (car aucun joueur ne va regretter d’avoir choisi sa stratégie).
Dans la configuration du dilemme du prisonnier, les individus qui se conduisent de façon rationnelle
écopent tous deux d’une peine de cinq ans, ce qui correspond à un équilibre sous-optimal, car l’optimum
de Pareto est représenté par la case supérieure gauche (chacun des joueurs fait 1 an de prison).
Imaginons à présent que les deux individus facent un choix irrationnel et nient. Alors ils font un an de
prison, et sont dans une meilleure situation (Pareto-optimale) que s’ils s’étaient conduits tous deux de
façon rationnelle. Dans ce cas de figure, deux individus irrationnels s’en tirent mieux que deux individus
rationnels !
Malheureusement, cet optimum de Pareto n’est pas un équilibre, car chacun des deux individus qui aura
pris la décision de nier va ensuite le regretter. En effet, l’individu A qui aura pris 1 an de prison va se dire
que s’il avait avoué, il aurait été libéré. Et l’individu B fera le même raisonnement. Avant de prendre leur
décision, les individus, s’ils sont rationnels, sont conscients qu’ils vont regretter ensuite leur décision et
modifient donc leur stratégie pour décider finalement d’avouer. Il faut bien comprendre que la stratégie
qui consiste à nier est irrationnelle, et qu’il faut que les deux joueurs soient irrationnels pour prendre
simultanément cette même décision.
Analyse du document
Quelles sont les deux attitudes possibles de l’économiste ?
Qu’est-ce que l’économie positive ?
Qu’est-ce que l’économie normative ?
Gagne-t-on forcément à être rationnel ?
Qu’est-ce que la théorie des jeux décrit ?
A quelle catégorie de jeux le dilemme du prisonnier appartient-il ?
Qu’est-ce qu’une stratégie dominante ?
Dans le dilemme du prisonnier, pourquoi la stratégie « AVOUE » est-elle la stratégie dominante de
chaque joueur ?
Qu’est-ce qu’un équilibre de Nash ?
Dans le dilemme du prisonnier, l’équilibre de Nash est-il Pareto-optimal ?
Quelle est la situation Pareto-optimale dans le dilemme du prisonnier ?
La situation Pareto-optimale dans le dilemme du prisonnier est-elle un équilibre de Nash ?
Vous devez régler vos comptes avec une personne que vous détestez. Vous vous donnez rendez-vous dans
un endroit discret. Vous avez le choix d’y aller désarmé ou d’y aller avec une arme à feu. Vous tenez le
raisonnement suivant : si j’y vais désarmé et qu’il arrive lui aussi désarmé je cours un risque limité. Si
j’y vais armé et qu’il arrive désarmé, je ne cours aucun risque. Si c’est le contraire, le risque que cela se
passe mal pour moi est maximal. Si nous arrivons armés tous les deux, le risque que cela se passe mal
pour moi est important. L’autre individu tient le même raisonnement et vous le savez. En l’absence de
coopération, qu’avez-vous intérêt à faire pour limiter les risques et quelle situation en résulte-t-il ?
Répondez en contruisant un tableau qui croise les stratégies des deux individus.
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CHAPITRE II. Les fondements de l’analyse économique :
l’arbitrage et l’échange
L’allocation des ressources rares implique de faire des choix. Pour obtenir quelque chose, il faut donc
renoncer à autre chose. Le coût d’opportunité mesure la valeur de ce à quoi on a renoncé (lorsqu’il y a
plus de deux options possibles, le coût d’opportunité est la valeur de la meilleure des autres options
auxquelles on a renoncées).
Si une entreprise est capable, au choix, d’embaucher un salarié à temps complet ou de louer un local, le
coût d’opportunité associé à l’embauche du salarié est le local auquel l’entreprise a renoncé.
Les prix relatifs des biens et des ressources permettent de mesurer assez simplement les coûts
d’opportunité auxquels font face les consommateurs et les producteurs (c’est la raison pour laquelle en
microéconomie on s’intéresse aux prix relatifs, ou rapports de prix, et non pas aux prix monétaires). Si un
café vaut 0,75 € et un soda 1,50 €, alors l’individu qui choisit de prendre un soda renonce du même coup
à deux cafés. Le prix relatif du soda en termes de café, égal à 2 (1,50/0,75), peut s’interpréter comme le
coût d’opportunité associé à la consommation du soda. Le coût d’opportunité associé à la consommation
de café vaut bien sûr 0,5.
Attention : l’inverse d’un coût d’opportunité est aussi un coût d’opportunité !! Il faut donc faire très
attention à la façon dont on mesure le coût d’opportunité.
Analyse de document
Quel est le type de ressources qui devait devenir de plus en plus rare d’après Malthus ?
Qu’est-ce que le coût d’opportunité ?
Qu’est-ce qu’un prix relatif ?
Si un café vaut un euro et un croissant deux euros, quel est le coût d’opportunité associé à la
consommation d’un croissant (en termes de café) ?
Si un bien vaut plus cher qu’un autre, son coût d’opportunité associé à la consommation de l’autre bien
est-il supérieur à 1 ou inférieur à 1 ?
Qu’est-ce que le raisonnement marginal ?
Qu’est-ce que le revenu marginal ?
Qu’est-ce que le coût marginal ?
Un producteur a déjà produit 20 000 paires de gants, vendues à 10 euros la paire sur le marché. Le
producteur a la possibilité de produire 10 paires de gants supplémentaires, mais le coût marginal associé
à cette production de 10 paires de gants est de 120 euros. Le producteur doit-il produire ces 10 paires de
gants supplémentaires ?
Lorsque les ressources sont infiniment divisibles, à quoi le revenu marginal est-il égal lorsqu’on a épuisé
toutes les possibilités de gains et qu’on ne fait pas de perte ?
Pourquoi d’après-vous la Chine a-t-elle renoncé à la politique de l’enfant unique en 2015 ? Répondez à
cette question en utilisant les concepts économiques adéquats.
16
Figure 2.1. Un exemple de frontière des possibilités de production
Exercice.
1) Si l’économie concentre toutes ses capacités dans la production d’essence, quel point de la frontière
atteint-elle ? A quelle combinaison de biens ce point correspond-t-il ?
2) Cette combinaison est-elle efficace ?
3) Si l’économie concentre toutes ses capacités dans la production de fioul, quel point de la frontière
atteint-elle ? A quelle combinaison de biens ce point correspond-t-il ?
4) Cette combinaison est-elle efficace ?
5) Laquelle des deux combinaisons précédente vaut-il mieux produire ?
6) La combinaison A est-elle réalisable ? Et la combinaison C ?
7) Quelles sont les combinaisons inefficaces ?
8) Considérons la combinaison efficace E (première ligne du tableau) et la combinaison efficace
correspondant à la deuxième ligne du tableau (10 unités de fioul et 121,5 unités d’essence). Lorsqu’on
passe de la combinaison 1 (ou E) à la combinaison 2, on produit combien de fioul en plus et combien
d’essence en moins ?
9) A partir des valeurs calculées à la question précédente, on forme le rapport 3,5/10. Ce rapport s’appelle
un taux marginal de transformation (TMT). D’un point de vue mathématique, à quoi correspond ce
rapport (connaissance de mathématiques de niveau collège sur les droites) ? Et d’un point de vue
économique, à quoi peut-il correspondre ?
10) D’après vous, sans faire aucun calcul, le TMT correspondant au passage de la combinaison efficace
n°2 à la combinaison efficace n°3 (troisième ligne du tableau) va-t-il être plus grand ou petit que le TMT
précédent ? A quoi cela est-il dû (explication mathématique) ?
11) D’un point de vue économique, comment s’explique le signe de la variation du TMT que vous avez
observé à la question précédente ?
12) Supposons que le prix d’une unité de fioul soit de 51 euros et celui d’une unité d’essence de 68 euros
(on remarque que 51/68 = 0,75). Placez-vous sur la combinaison n°1 et demandez-vous : cela vaut-il le
17
coût de passer à la combinaison n°2 ? Pour répondre à la question, vous devez calculer ce que ce passage
vous fait gagner (revenu marginal) et ce qu’il vous fait perdre (coût marginal).
13) Le calcul que vous avez fait à la question précédente revient en fait à comparer le TMT (3,5/10) au
prix relatif (0,75). Expliquez pourquoi.
14) Est-il avantageux de passer de la combinaison n°2 à la combinaison n°3 ? Répondez en comparant le
TMT au prix relatif.
15) Est-il avantageux de passer de la combinaison n°3 à la combinaison n°4 ? Répondez en comparant le
TMT au prix relatif.
16) Est-il avantageux de passer de la combinaison n°4 à la combinaison n°5 ? Répondez en comparant le
TMT au prix relatif.
17) Notons x la quantité produite de fioul et y la quantité d’essence. Le revenu national tiré de la
production d’une combinaison (x,y) est donc 51x + 68y. D’après vous, sans faire aucun calcul, quelle est
la particularité de ce revenu quand on le calcule en prenant les valeurs de x et y correspondant aux
combinaisons 3 et 4 ?
18) Supposons que les quantités produites de fioul et d’essence soient parfaitement divisibles (ainsi que
les ressources) de sorte que la frontière des possibilités de production soit continue. Cette frontière
continue passe alors par les combinaisons indiquées dans le tableau et représentées par des losanges bleus
sur le graphe. Elle comprend une infinité de points qui sont autant de combinaisons efficaces. D’après
vous, dans quelle zone de la frontière la combinaison optimale se trouve-t-elle (la combinaison qui
maximise le revenu) ?
19) Si le prix du fioul augmente (alors que celui de l’essence reste le même), quel effet cela va-t-il avoir
sur la combinaison optimale (dans quel sens se déplace-t-elle le long de la frontière) ?
20) Notons x le nombre d’unités de fioul produites et y le nombre d’unités d’essence produites. La
frontière des possibilités de production est le graphe de la fonction y = f(x) définie sur le domaine D
délimité par x ≥ 0 et f (x)≥ 0 (dans notre exemple D correspond à [0 ; 100]). La fonction f est supposée
dérivable. Considérons un point ( x 0 , y 0 ) quelconque de la frontière. Si vous vous déplacez de façon infime
sur la frontière (peu importe si c’est vers la droite ou la gauche), à quoi correspond mathématiquement le
TMT associé au passage d’une combinaison à l’autre ?
21) La frontière de cet exercice est en fait construite à l’aide de la fonction f suivante :
2
f ( x )=−0 , 01 x −0 , 25 x+ 125
Déterminez la dérivée f ' ( x ) de cette fonction sur le domaine D et déduisez-en le TMT.
22) Si l’économie produit x = 24 unités de fioul, combien d’unités d’essence y peut-elle produire au
maximum ?
23) La combinaison identifiée à la question précédente est-elle optimale ? Dans le cas contraire, produit-
on trop ou pas assez de fioul ?
24) Déterminez la combinaison optimale d’essence et de fioul qu’il faut produire dans cette économie
compte tenu des prix observés.
18
La valeur du TMT est de plus en plus élevée à mesure que x augmente (en raison de la concavité de la
frontière).
Définissons la combinaison optimale (x*, y*) comme la combinaison de biens réalisables qui permet de
maximiser le revenu national p x x + p y y .
px
Propriété : la combinaison optimale (x*, y*) est caractérisée par l’égalité TMT(x*, y*) = .
py
Analyse du document
Qu’est-ce que le taux marginal de transformation (définition économique) ? Comment est-il défini
mathématiquement ?
Que vaut le TMT de la combinaison optimale (qui maximise le revenu) ?
Exercice.
On reprend les données de l’exercice précédent où x est le fioul et y l’essence. Le prix d’une unité de
fioul est p x =¿51 et celui d’une unité d’essence p y = 68. Le revenu national vaut donc R = 51x + 68y. On
rappelle que la frontière des possibilités de production est donnée par :
2
y=f ( x )=−0 , 01 x −0 ,25 x +125.
1) Le revenu R peut être calculé pour n’importe quelle valeur de (x, y). Expliquez pourquoi cela n’a pas
de sens de calculer R pour des combinaisons inaccessibles.
2) Expliquez pourquoi la combinaison qui maximise le revenu est forcément efficace.
3) Réécrivez le revenu R en utilisant le fait que les ressources sont utilisées efficacement.
4) Le graphe de la fonction R(x) prend quelle forme ?
−b
5) On rappelle que l’extremum d’une fonction de second degré a x 2 +bx +c est atteint en x= . Pour
2a
quelle valeur de x le revenu est-il maximisé ?
Exercice.
On peut produire dans une économie les quantités x et y de deux biens, dont les prix sont p x =100et p y =5
. La frontière des possibilités de production est donnée par la fonction : y=f ( x )=−x 2−10 x+ 115, définie
sur le domaine D délimité par x ≥ 0 et f (x)≥ 0.
1) Que vaut la dérivée f ' (x)?
2) La production de 10 unités (pour x) est-elle optimale ?
3) Quelle est la valeur de x qui égalise le TMT au rapport des prix ?
4) Déduisez-en la combinaison optimale.
5) Ecrivez le revenu R en utilisant le fait que les ressources sont utilisées efficacement.
6) En utilisant les propriétés d’une fonction de second degré, montrez que la combinaison qui maximise le
revenu est bien la combinaison identifiée à la question 4.
2. Spécialisation et échange
L’histoire économique des échanges de biens et services entre pays montre que le commerce profite
potentiellement à toutes les nations participantes, même si c’est de manière différenciée, même si le
commerce international est susceptible d’engendrer des déséquilibres et de créer des problèmes pour des
pays ou des groupes de personnes dans ces pays. Ces flux commerciaux existent en raison de la
spécialisation des pays dans certaines activités.
Il y a deux raisons pour lesquelles les pays peuvent se spécialiser. D’abord, la spécialisation peut être
en soi un facteur d’amélioration des capacités productives : « c’est en forgeant que l’on devient
forgeron». Si les coûts de production diminuent lorsqu’on produit davantage, alors les pays ont intérêt à
exploiter l’avantage qui en résulte et à se spécialiser. Cependant, dans de nombreux secteurs, les coûts de
production ne diminuent pas quand on produit davantage, et pourtant certains pays acceptent de se
spécialiser dans ces activités. C’est parce que ces pays disposent d’un avantage « inné » dans ces
activités. C’est ce qu’explique la loi de l’avantage relatif.
19
2.1. La loi de l’avantage relatif (ou de l’avantage comparatif)
Les pays ont différentes dotations en facteurs de production (ils n’ont pas les mêmes terres, les mêmes
travailleurs, etc), n’ont pas les mêmes ressources naturelles (comme le pétrole) et sont soumis à des
conditions exogènes différentes (comme les conditions climatiques). Cela implique que les coûts de
production d’un même bien varient d’un pays à un autre.
Quand un pays peut produire un bien à moindre coût qu’un autre (pays), on dit qu’il a un avantage absolu
dans la production de ce bien.
Adam Smith développe la loi de l’avantage absolu dans La richesse des nations en expliquant que les
pays ont intérêt à se spécialiser dans l’activité où ils ont un avantage absolu. Considérez deux pays A et B
qui produisent deux biens x et y. Si A a l’avantage absolu dans la production de x et B l’avantage absolu
dans la production de y, alors A se spécialise dans la production de x et B dans la production de y, et le
pays A exporte le bien x vers B et importe de B le bien y.
Le problème de la théorie (ou loi) de l’avantage absolu est qu’elle ne permet pas de comprendre ce que
l’on observe pourtant dans la réalité : un pays qui a l’avantage absolu dans tous les secteurs sur un autre
pays échange avec celui-ci. De surcroît, les deux pays se spécialisent dans un secteur. C’est David
Ricardo, dans son ouvrage Principes de l’économie politique et de l’impôt (1817), qui donne l’explication
de ce phénomène en développant la loi de l’avantage relatif (ou comparatif).
Le tableau 2.1. considère deux pays (Angleterre et Portugal) capables de produire deux biens (drap et
vin), comme dans l’exemple originel considéré par David Ricardo. Il décrit les conditions de production
en indiquant le nombre d’heures de travail pour produire une unité de chaque bien dans chaque pays.
Dans l’exemple du tableau 2.1., le Portugal a l’avantage absolu sur l’Angleterre dans la production de
drap et dans la production de vin. Pourtant l’Angleterre a l’avantage relatif dans la production d’un des
deux biens.
Effectivement, le coût (d’opportunité) du drap par rapport au vin est de 0,5 (100/200) en Angleterre alors
qu’il est de 2 (80/40) au Portugal. Ainsi, l’Angleterre possède un avantage relatif (ou comparatif) sur le
Portugal dans la production de drap, car le drap y est relativement meilleur marché.
Par ailleurs, le coût d’opportunité du vin par rapport au drap est de 0,5 (40/80) au Portugal alors qu’il est
de 2 (200/100) en Angleterre. Ainsi, le Portugal possède un avantage relatif sur l’Angleterre dans la
production de vin.
Un pays a un avantage relatif dans la production d’un bien sur un autre pays si son coût d’opportunité est
inférieur.
Dans le cas de deux pays et deux biens, chaque pays dispose forcément d’un avantage relatif dans la
production d’un des deux biens. Sur cette base, nous pouvons établir la loi de l’avantage relatif (certains
auteurs préfèrent parler de théorie de l’avantage relatif) : chacun des deux pays a intérêt à se spécialiser
dans la production du bien où le coût d’opportunité est plus faible que celui de l’autre pays.
Analyse du document
Quelles sont les deux raisons pour lesquelles les pays ont intérêt à se spécialiser dans la production de
certains biens et services ?
Pourquoi les coûts de production d’un même bien varient-ils d’un pays à un autre ?
Sous quelle condition un pays présente-t-il un avantage absolu sur un autre pays dans la production d’un
bien ?
Quel auteur a développé la théorie de l’avantage absolu ?
Qu’est-ce que préconise la loi de l’avantage absolu ?
20
Quelle limite présente la théorie de l’avantage absolu ?
Quel auteur a développé la théorie de l’avantage comparatif ?
Qu’est-ce que la loi de l’avantage relatif ?
Considérons le tableau 2.1. Le coût du drap en termes de vin est de 0,5 en Angleterre. Mais qu’est-ce que
cela signifie concrètement ?
Considérons deux pays et deux biens. Si un pays a l’avantage absolu dans un secteur mais pas dans
l’autre, mais qu’il a l’avantage relatif dans les deux secteurs, dans quel secteur a-t-il intérêt à se
spécialiser (attention question piège !) ?
Considérons deux pays et deux biens. Si un pays a l’avantage absolu dans un secteur mais pas dans
l’autre, a-t-il aussi l’avantage relatif dans ce secteur ?
Exercice.
Le tableau 2.2. présente les coûts de production de deux pays dans le secteur du blé et du tissu.
1) Quel pays a l’avantage absolu dans la production de blé ? Et dans la production de tissu ?
2) Combien vaut le coût d’opportunité du tissu en termes de blé dans le pays A ? Combien ce coût
d’opportunité vaut-il dans le pays B ?
3) D’après les réponses données au 2), quel pays a l’avantage relatif dans la production de blé ? Et lequel
a l’avantage relatif dans la production de tissu ?
4) Qu’observe-t-on en rapprochant les réponses données aux questions 1 et 3 ?
Attention à la présentation des données : parfois les statistiques se présentent sous la forme de
productivités et non pas de coûts. Si dans un pays, la productivité dans un secteur y est plus grande qu’à
l’étranger, alors ce pays dispose d’un avantage absolu dans ce secteur. De la même façon, l’avantage
relatif dans un secteur revient au pays qui présente la productivité relative la plus grande. Considérons le
tableau 2.3. qui présente la productivité de deux pays dans deux secteurs.
Tableau 2.3. Productivité horaire du travail en Angleterre et au Portugal dans deux secteurs
Bien A (à l’unité) B (à l’unité)
Pays
Angleterre 50 300
Portugal 40 120
Note : la productivité horaire du travail correspond à la quantité de biens que l’on peut peut produire en une heure de travail.
1) Quel pays a l’avantage absolu dans la production du bien A ? Et dans la production du bien B ?
2) Combien vaut, en Angleterre, la productivité dans le secteur du bien B relativement à la productivité
dans le secteur du bien A ? Et au Portugal ?
3) D’après les réponses données au 2), quel pays a l’avantage relatif dans la production du bien A ? Et
lequel a l’avantage relatif dans la production du bien B ?
4) Combien vaut en Angleterre le coût d’opportunité du bien B (en termes de bien A) ? Combien vaut ce
même coût au Portugal ?
L’hypothèse de neutralité de la monnaie est acceptée par la plupart des économistes si on se place dans
une perspective de long terme. Comme les modèles d’équilibre de la microéconomie sont des modèles de
long terme (au premier sens défini dans l’encadré qui suit), il est cohérent de simplifier l’analyse en
faisant disparaître la monnaie de ces modèles et en supposant que les marchandises s’échangent contre
des marchandises.
23
C’est en ce sens que l’économiste le plus célèbre du XX ème siècle (John Maynard Keynes) opposait le
court terme (marqué par d’importants déséquilibres) au long terme (le temps de l’équilibre). La théorie de
l’équilibre développée par les classiques était selon Keynes d’un intérêt minime pour comprendre les
problèmes de court terme de son époque. C’est le sens de sa célèbre citation : « À long terme, nous
sommes tous morts. Les économistes s’adonnent à une tâche trop facile, trop primitive, si, dans la saison
des tempêtes, ils nous annoncent seulement que, lorsque l’orage sera terminé, l’océan retrouvera son
calme » (tiré de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936).
2. Le long terme est la période nécessaire pour que tous les ajustements à une variation de prix se
produisent ; à long terme les entreprises peuvent modifier la quantité de capital disponible (grâce à
l’investissement)3 et les ménages peuvent modifier la quantité (et le type) de biens durables à leur
disposition. A court terme, tous les ajustements nécessaires à une variation de prix ne se produisent pas.
Les quantités de capital et de biens durables ne peuvent pas être ajustés (ou imparfaitement).
Par exemple, si le prix du pétrole augmente considérablement, à court terme les individus ne peuvent pas
tous changer de voiture et les producteurs de pétrole ne peuvent pas immédiatement exploiter de
nouveaux gisements, car les investissements nécessaires demandent du temps. A long terme, si le prix du
pétrole augmente, les ménages optent pour des véhicules plus économiques et les producteurs de pétrole
exploitent de nouveaux gisements.
La microéconomie, qui est essentiellement une théorie de l’équilibre, entend l’opposition court
terme/long terme au sens 2. On oppose ainsi en microéconomie l’équilibre de court terme à l’équilibre de
long terme.
Il existe une seconde façon de justifier l’absence de la monnaie dans les modèles (de base) de la
microéconomie : c’est de considérer qu’il existe un marché de la monnaie tout comme il existe un marché
pour chaque bien. Alors la monnaie n’est pas absente de ces modèles, mais elle y joue un rôle qui est
minimisé, la fonction de la monnaie étant ramené aux services qu’elle rend à ses utilisateurs. La monnaie
vous rend un service de liquidité tout comme votre brosse à dents vous rend un service hygiénique. Vous
détenez alors la monnaie pour ce service qu’elle vous rend, comme tout autre bien économique. Il existe
alors un marché de la monnaie, avec ses offreurs (le système bancaire) et ses demandeurs (tous les agents
non bancaires qui l’utilisent). Et ce marché co-existe aux côtés de tous les autres marchés de biens et
services. Les marchés s’autorégulent, de façon qu’il y ait égalité de l’offre et de la demande sur tous les
marchés, y compris sur le marché de la monnaie.
Analyse du document
Pour que l’échange soit profitable aux deux pays qui se spécialisent selon la théorie de l’avantage relatif,
comment doit être fixé le prix relatif d’un bien en termes d’un autre bien ?
Quelle limite « évidente » la théorie de l’avantage relatif présente-t-elle ?
Pourquoi les pays ne se spécialisent-ils pas entièrement dans la production du bien pour lequel ils ont
l’avantage relatif ?
Qu’est-ce que la monnaie ?
Quelles sont les trois fonctions de la monnaie ?
Quel économiste est à l’origine de la « loi des débouchés » (loi qui porte aussi son nom) ?
Qu’indique la loi des débouchés ?
Qu’est-ce que l’hypothèse de neutralité de la monnaie ?
Qu’est-ce que le court terme et le long terme ?
Comment justifier l’absence de la monnaie dans les modèles microéconomiques de base ?
Exercice
Reprenons les données du tableau 2.3. On considère que chaque semaine, un milliard d’heures sont
travaillées au Portugal et en Angleterre. Lorsqu’ils vivent en autarcie, le temps travaillé est partagé dans
chaque pays à égalité entre les deux secteurs.
3
Il faut ajouter que les ménages peuvent aussi accumuler du capital physique grâce à des achats immobiliers (pour leur
résidence principale, secondaire ou dans le cadre d’une opération d’investissement résidentiel).
24
1) Construisez un tableau où vous indiquez la quantité de chaque bien produit chaque semaine par chaque
pays en Autarcie (un tableau croisé 2 × 2 comme le tableau 4).
2) Calculez ensuite la production « mondiale » de chacun des deux biens.
3) On rappelle que le coût du bien B en termes du bien A est de 1/6 en Angleterre et 1/3 au Portugal.
L’Angleterre a donc l’avantage relatif dans la production du bien B et le Portugal a l’avantage relatif dans
la production du bien A. On suppose que les coûts de production restent constants. Le Portugal se
spécialise entièrement dans la production de bien A, et l’Angleterre décide de consacrer 900 millions
d’heures de travail au bien B (et les 100 restants au bien A). Construisez un nouveau tableau où vous
indiquez la quantité de biens produits par les deux pays lorsqu’ils se spécialisent de cette façon.
4) La production « mondiale » des deux biens a-t-elle augmenté ?
5) Dans la suite de cet exercice, on suppose à chaque fois que l’Angleterre importe 20 milliards d’unités
du bien A. Si le prix relatif du bien B en termes de bien A est égal à 1, l’Angleterre doit exporter combien
d’unités de biens B pour obtenir en échange 20 milliards d’unités de A ?
6) Après les échanges commerciaux définis à la question précédente, l’Angleterre et le Portugal se
retrouvent chacun avec combien d’unités de chaque bien ? La situation des deux pays s’est-elle améliorée
(par rapport à l’autarcie) ?
7) Si le prix relatif du bien B en termes de bien A est à présent égal à 0,1 (une unité de B pour 0,1 unité de
A), l’Angleterre doit exporter combien d’unités de biens B pour obtenir en échange 20 milliards d’unités
de A ?
8) Répondez à nouveau à la question 6 avec ce nouveau prix relatif.
9) Répondez à nouveau à la question 7 en prenant un prix relatif de 0,25.
10) Répondez à nouveau à la question 6 avec ce nouveau prix relatif.
11) Sans faire aucun nouveau calcul, quelle est la situation si le prix relatif est de 1/6 ou de 1/3 ?
25
CHAPITRE III. La demande, l’offre et l’équilibre de marché
Lorsque les offreurs et/ou les demandeurs peuvent peser sur le prix du bien proposé à l’échange, ils
n’opèrent pas en situation de concurrence pure et parfaite. On parle dans ce cas de concurrence
imparfaite, car ces agents disposent d’un pouvoir de marché.
Nous allons nous concentrer sur l’analyse d’un marché, en ignorant les interactions mutuelles qui peuvent
exister entre tous les marchés d’une économie. Ce type d’analyse est dite en équilibre partiel (par
opposition à une analyse d’équilibre général où on considère simultanément l’équilibre de l’ensemble des
marchés d’une économie). Cela n’exclut pas que d’autres variables puissent exercer un rôle dans le
fonctionnement du marché analysé ; cependant leur influence reste exogène à l’analyse.
Pour illustrer l’analyse nous raisonnerons sur le cas du marché d’un bien de consommation. La demande
sera donc liée à un comportement de consommation tandis que l’offre sera liée à un comportement de
production. Il existe d’autres marchés, comme le marché du travail, le marché des biens de productions
(équipements, biens capitaux), le marché des matières premières, qui fonctionnent de la même façon si les
mêmes hypothèses sont posées (concurrence pure et parfaite).
1. La demande
La quantité demandée par un consommateur correspond à la quantité de bien qu’il désire acheter et qu’il
est capable de se procurer à un prix donné. Elle dépend des préférences du consommateur mais aussi de
sa contrainte de budget.
La loi de la demande repose sur l’hypothèse que le bien est un bien ordinaire, puisqu’elle stipule que
lorsque le prix d’un bien augmente, la quantité demandée diminue (et bien entendu que la quantité
demandée augmente lorsque le prix baisse).
La loi de la demande n’est cependant pas toujours vérifiée car tous les biens ne sont pas des biens
ordinaires.
Les biens de Giffen et les biens de Veblen sont des biens dont la demande augmente lorsque leur prix
augmente, mais pour des raisons complètement différentes (en raison de ce que l’on appelle
respectivement l’effet Giffen et l’effet Veblen). Les biens de Giffen sont des biens essentiels pour les
ménages alors que les biens de Veblen correspondent à de la consommation ostentatoire, de luxe.
L’effet Giffen correspond à la possibilité 3) mentionnée ci-dessus où l’effet revenu domine l’effet
substitution et amène l’individu à consommer plus du bien dont le prix augmente parce que son pouvoir
d’achat a baissé suite à cette augmentation de prix. Les biens de Giffen sont des biens essentiels que vous
consommez encore plus lorsque vous perdez du pouvoir d’achat (parce que vous vous passez alors des
autres biens qui sont secondaires à vos yeux).
L’effet Veblen provient du fait qu’un prix élevé augmente la satisfaction du consommateur. Par exemple,
rouler en Porsche peut offrir un plaisir supplémentaire lié au fait que c’est un véhicule cher et donc
inaccessible au plus grand nombre. Certaines personnes riches achètent des biens de luxe uniquement
parce qu’ils coûtent chers, ce qui leur permet d’étaler leur richesse. Ils en tirent une satisfaction. Si ces
biens coutaient moins chers, à qualité égale, ils ne les achèteraient pas !
27
Encadré. Thorstein Veblen et l’effet Veblen
Thorstein (Bunde) Veblen (1857-1929) est un économiste et sociologue américain, d’origine norvégienne.
Dans un ouvrage satirique écrit en 1899, la théorie de la classe de loisir, il s’est intéressé à ce qu’il a
appelé la « classe de loisir », c’est-à-dire la classe sociale à l’abri des besoins matériels immédiats et de la
contrainte du travail pour gagner sa vie. Dans son ouvrage, il décrit la vanité de cette classe de loisir,
marqué par le désir de se démarquer de son voisin par sa consommation ostentatoire. Comme l’a si bien
écrit Veblen dans son ouvrage, « pour s'attirer et conserver l'estime des hommes, il ne suffit pas de
posséder simplement richesse ou pouvoir ; il faut encore les mettre en évidence ». L’ouvrage de Veblen
est un ouvrage très bien écrit, qui se lit avec plaisir et qui avait fait dire à Albert Einstein que Veblen était
« le plus grand écrivain scientifique » qu’il avait lu.
L’effet Veblen est observé chez des individus qui ont des préférences atypiques, qui dépendent des prix.
C’est sur ce point que l’effet Veblen se distingue de l’effet Giffen.
Si on sort du cadre des hypothèses qu’on a faites au début du chapitre (hypothèses de la concurrence pure
et parfaite), il est possible de trouver d’autres types de biens dont la demande s’accroît lorsque le prix
augmente. C’est le cas des biens de qualité inconnue.
Il existe en effet des contextes d’information imparfaite pour lesquels le prix donne des informations sur
la qualité. Par exemple, si je ne connais pas la qualité de deux vins mais que certains consommateurs la
connaissent, je peux imaginer que le prix reflètera sa qualité. Dans ce cas, si je préfère fortement les bons
vins aux moins bons, ma demande sera plus forte pour les vins de prix plus élevés. Si le prix du vin
baisse, je pourrais m’imaginer que c’est parce que sa qualité est faible et donc ne pas l’acheter.
Dans un contexte d’information imparfaite, la consommation d’un bien peut ainsi augmenter avec son
prix dans la mesure où le consommateur croît que le prix donne des informations sur la qualité. Mais ce
type de bien ne peut exister en situation de concurrence pure et parfaite en raison de l’hypothèse de
transparence de l’information.
Analyse du document
Quelles sont les conditions de la concurrence pure et parfaite ?
Comment peut-on qualifier la concurrence lorsque les offreurs et/ou les demandeurs disposent d’un
pouvoir de marché ?
Qu’est-ce qu’une analyse d’équilibre partiel ?
Qu’est-ce qu’un bien ordinaire ?
Qu’est-ce que l’effet revenu ?
Qu’est-ce que l’effet substitution ?
Quel est le résultat de la combinaison de l’effet revenu et de l’effet substitution ?
Que stipule la loi de la demande ?
La loi de la demande est-elle toujours vérifiée ?
Quelle caractéristique commune ont les biens de Giffen et les biens de Veblen ?
A quoi est dû l’effet Giffen ?
Qu’est-ce que l’effet Veblen ?
Quel rôle particulier joue le prix dans le cas des biens de qualité inconnue ? Quelle conséquence cela a-
t-il ?
28
La colonne 2 décrit la demande individuelle de Jules et la colonne 3 celle de Clara. La colonne 4 décrit la
demande agrégée ou demande du marché, c’est-à-dire la demande totale des consommateurs (ici au
nombre de deux).
La demande agrégée d’un bien ou demande du marché correspond à la somme des demandes inviduelles
de ce bien, calculée pour tous les niveaux de prix. La demande se calcule pour un intervalle de temps et
non pas à un instant dans le temps. On parle de demande quotidienne, mensuelle, annuelle…
La courbe de demande est la représentation graphique du plan de demande. On peut représenter des
courbes de demande individuelle ou une courbe de demande agrégée. La courbe de demande est tracée
dans le plan (prix, quantité).
Si on suppose que le bien est parfaitement divisible, la courbe de demande est continue. La courbe de
demande permet alors de représenter la demande pour tous les prix, et pas seulement ceux figurant dans le
plan de demande. La figure 3.1. représente la fonction de demande du marché (correspondant au tableau
3.1.) en supposant que le bien est parfaitement divisible.
12
10
8
6
4
2
0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5
Prix
La plupart du temps, les économistes ne représentent pas la courbe de demande mais la courbe de
demande inverse, appelée aussi abusivement courbe de demande. La courbe de demande inverse
représente le prix que le marché (si on considère la demande agrégée) est prêt à payer pour différents
niveaux de quantité demandée. C’est la représentation graphique du plan de demande, mais dans le plan
29
(quantité, prix). La figure 3.2. représente la fonction de demande inverse du marché (correspondant au
tableau 3.1.) en supposant que le bien est parfaitement divisible.
2.5
2
Prix
1.5
0.5
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Quantité demandée
Lorsque le bien est un bien ordinaire, la courbe de demande et la courbe de demande inverse représentent
une fonction décroissante (c’est l’illustration graphique de la loi de la demande). Cette courbe n’est pas
nécessairement une droite.
Analyse du document
Qu’est-ce que la demande du marché ?
Reprenons les données du tableau 3.1. Supposons à présent qu’il y a 200 consommateurs. 100
consommateurs sont semblables à Jules et les 100 autres sont semblables à Clara. Dans ce cas, que vaut
la demande du marché pour un prix de 1,50 euro ?
Qu’est-ce qu’une courbe de demande individuelle ? Et une courbe de demande agrégée ?
Qu’est-ce qu’une courbe de demande inverse ?
Quelle propriété possèdent la courbe de demande et la courbe de demande inverse lorsque la loi de la
demande est vérifiée ?
30
Notons Qd la quantité demandée d’un bien et P le prix de ce bien. La fonction de demande est définie par
l’application f, qui à chaque valeur positive P associe une valeur positive Q d : Qd = f(P). Si le bien est un
bien ordinaire, elle vérifie la condition f ' ( P ) <0 .
Exemple de fonction de demande : Qd = a – bP, avec b > 0 si le bien est un bien ordinaire et la condition a
> 0 (qui assure que la quantité demandée est positive quand le prix est nul). La courbe de demande
associée à cette fonction affine est bien sûr une droite. En fait, comme la quantité demandée ne peut pas
être négative, la fonction de demande est définie plus rigoureusement par Q d = a – bP pour 0 ≤ P≤ a /b et
pour un prix plus élevé la quantité demandée est nulle : Qd = 0 pour P > a/b.
La fonction de demande de Jules (tableau 3.1.) est une fonction affine avec a = 12 et b = 4. Elle s’écrit
ainsi Qd = 12 – 4P, pour 0 ≤ P≤ 3.
Très souvent, les économistes préfèrent définir la fonction de demande inverse (appelé abusivement
fonction de demande).
La fonction de demande inverse d’un bien est la fonction qui, à chaque quantité demandée du bien,
associe le prix du bien. La fonction de demande inverse peut être exprimée à un niveau individuel ou à un
niveau agrégé (demande du marché). Le graphe de la fonction de demande inverse dans le plan (quantité,
prix) est la courbe de demande inverse.
La fonction de demande inverse est définie par l’application inverse u = f -1, qui à chaque valeur positive
Qd associe une valeur positive : P = u(Qd). Si le bien est un bien ordinaire, elle vérifie la condition
'
u ( Q d ) < 0.
Exemple de fonction de demande inverse : P = c – dQd, avec d > 0 si le bien est un bien ordinaire. La
courbe de demande (inverse) associée à cette fonction affine est bien sûr une droite. En fait, comme le
prix ne peut pas être négatif, la fonction de demande inverse n’est définie que pour 0 ≤ Qd ≤ c /d .
Une autre fonction de demande très utilisée est la fonction de demande Qd =β P−α définie sur [0, +∞ ¿, où
β > 0 et α ≠ 0 sont les deux paramètres de la fonction. Dans le cas d’un bien ordinaire, le paramètre α
vérifie la condition plus restrictive α > 0 (la fonction est décroissante pour α > 0). La courbe de demande
associée à la fonction de demande Qd =20 P−0 , 5 est présentée sur la figure 3.3.
La fonction de demande inverse associée à la fonction de demande Qd =β P−α est donnée par
1 /α −1/ α
P=β ( Qd ) définie sur [0, +∞ ¿. Par exemple, la fonction de demande inverse associée à la fonction
−2
de demande Qd =2 0 P−0 ,5 est P=400 ( Qd ) . La courbe de demande inverse qui lui est associée est
présentée sur la figure 3.4.
31
Dans la suite du cours, suivant la pratique de la quasi-totalité des économistes, nous représenterons la
fonction de demande dans le plan (quantité, prix) et nous appellerons son graphe « courbe de demande »
au lieu de « courbe de demande inverse ».
60
50
Quantité
40
30
20
10
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Prix
−2
Figure 3.4. Courbe de demande inverse associée à la fonction de demande inverse P=400 ( Qd )
45
40
35
30
25
Prix
20
15
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70
Quantité
Analyse du document
Qu’est-ce que la fonction de demande d’un bien ?
Comment s’appelle le graphe de la fonction de demande ?
Quelle propriété mathématique possède la fonction de demande lorsque la loi de la demande est
vérifiée ?
Qu’est-ce que la fonction de demande Qd = 10 + 2P a de particulier ?
32
Tracez dans le plan (prix, quantité) la courbe de demande correspondant à la fonction définie par Q d =
10 – P pour 0 ≤ P≤ 10.
Qu’est-ce que la fonction de demande inverse d’un bien ?
Comment s’appelle le graphe de la fonction de demande inverse ?
Quelle propriété mathématique possède la fonction de demande inverse lorsque la loi de la demande est
vérifiée ?
Considérons la fonction de demande Qd = 10 – P pour 0 ≤ P≤ 10. Trouvez la fonction de demande inverse
qui lui est associée et tracez son graphe dans le plan (quantité, prix).
Montrez que la fonction de demande inverse associée à la fonction de demande Qd =2 0 P−0 ,5 est
−2
P=400 ( Qd ) .
Montrez que la fonction de demande inverse associée à la fonction de demande Qd =β P−α est donnée par
1 /α −1/ α
P=β ( Qd ) .
Analyse du document
Qu’est-ce qu’un choc de demande ?
Considérons à nouveau la fonction de demande agrégée du cône au chocolat. Imaginez quelques
exemples de choc de demande, pour expliquer une variation de la demande à prix constant.
Considérons une fonction de demande du type Qd =2 0 P−0 ,5. Suite à un choc, la fonction de demande est
modifiée et devient Qd =18 P−0 ,5 . Est-ce un choc de demande positif ou négatif ? Comment la courbe de
demande (inverse) se déplace-t-elle dans le plan (quantité, prix) ?
Si on considère la « vraie » courbe de demande (et non pas l’ « inverse ») tracée dans le plan (prix,
quantité), dans quelle direction se déplace la courbe de demande suite à un choc positif ?
2. L’offre
La quantité offerte par un producteur correspond à la quantité de bien qu’il désire vendre et qu’il est
capable de produire.
4
Bien sûr, si le prix d’un bien diminue suffisamment, des individus qui ne consommaient pas d’un bien peuvent à présent
l’acheter. Leur consommation passe alors de zéro à une quantité strictement positive. Cependant, ces consommateurs existaient
avant la baisse du prix, et il ne sont pas nés grâce à la baisse du prix ! Au contraire, si le prix d’un bien augmente
suffisamment, de nouvelles entreprises peuvent naître, apparaître sur le marché de ce bien. Ces entreprises n’existaient pas
avant la hausse du prix. Inversement, une baisse du prix peut conduire à la disparition d’entreprises.
35
La « vraie » courbe d’offre est tracée dans le plan (prix, quantité). Les économistes préfèrent cependant
tracer la courbe d’offre inverse (et omettent le qualificatif « inverse ») dans le plan (quantité, prix).
Si on suppose que le bien est parfaitement divisible, la courbe d’offre est continue. La courbe d’offre
permet alors de représenter l’offre pour tous les prix, et pas seulement ceux figurant dans le plan de
production. La figure 3.6. représente la courbe d’offre (inverse) mensuelle de pommes de terre du marché
en supposant que le bien est parfaitement divisible.
Lorsque la loi de l’offre est vérifiée, la courbe d’offre (comme la courbe d’offre inverse) représente une
fonction croissante. Cette courbe n’est pas nécessairement une droite.
Analyse du document
Qu’est-ce que la loi de l’offre ?
Qu’est-ce qui justifie la loi de l’offre ?
Qu’est-ce que l’offre du marché ?
Le prix d’un bien sur un marché est de 5 euros. Les producteurs de ce bien sont alors au nombre de 100.
Chacun produit 1000 unités du bien lorsque le prix est de 5 euros. Combien vaut l’offre du marché ? Si
le prix du bien passe à 10 euros, chacun des 100 producteurs précédents produit 2000 unités du bien.
Peut-on dire que l’offre agrégée est alors de 200 000 unités ?
Qu’est-ce qu’une courbe d’offre individuelle ? Et une courbe d’offre agrégée ?
Qu’est-ce qu’une courbe d’offre inverse ?
Quelle propriété possèdent la courbe d’offre et la courbe d’offre inverse lorsque la loi de l’offre est
vérifiée ?
36
Notons Qo la quantité offerte d’un bien et P le prix de ce bien. La fonction d’offre est définie par
l’application g, qui à chaque valeur positive P associe une valeur positive Q o : Qo = g(P). Si la loi de
l’offre est vérifiée pour ce bien, la fonction g vérifie la condition g' ( P )> 0.
Exemple de fonction d’offre : Qo = a +bP, avec a ≤ 0 et la condition b > 0 si la loi de l’offre est vérifiée.
La courbe d’offre associée à cette fonction affine est bien sûr une droite.
Nous avons imposé la négativité de l’ordonnée à l’origine, car pour P = 0, Q o = a. Si a > 0, cela implique
une quantité offerte strictement positive pour un prix nul, ce qui n’a pas de sens car aucun producteur
n’accepterait de produire un bien pour le « vendre » à un prix nul.
En fait, comme la quantité offerte ne peut être négative, la fonction doit être définie par Q o = a +bP (avec
a ≤ 0 et b > 0) pour P ≥−a /b ; pour un prix plus faible la quantité offerte est nulle : Qo = 0 pour P < -a/b.
On peut aussi définir la fonction d’offre inverse (appelé abusivement fonction d’offre).
La fonction d’offre inverse d’un bien est la fonction qui, à chaque quantité offerte du bien, associe le prix
du bien. La fonction d’offre inverse peut être exprimée à un niveau individuel ou à un niveau agrégé
(demande du marché). Le graphe de la fonction d’offre inverse dans le plan (quantité, prix) est la courbe
d’offre inverse.
La fonction d’offre inverse est définie par l’application inverse v = g -1, qui à chaque valeur positive Q o
'
associe une valeur positive : P = v(Qo). Si la loi de l’offre est vérifiée, elle vérifie la condition v ( Qo ) > 0.
Exemple de fonction d’offre inverse : P = c + dQo, avec c ≥ 0 et d > 0 en supposant que la loi de l’offre
est vérifiée. La courbe d’offre (inverse) associée à cette fonction affine est bien sûr une droite.
50
40
30
20
10
0
0 5 10 15 20 25
Prix
2
Figure 3.8. Courbe d’offre inverse associée à la fonction d’offre inverse P=(1/400) ( Qo )
37
25
20
15
Prix
10
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Quantité
Une autre fonction d’offre très utilisée est la fonction Qo =β Pα définie sur [0, +∞ ¿, où β > 0 et α ≠ 0 sont
les deux paramètres de la fonction. Si la loi de l’offre est vérifiée, le paramètre α vérifie la condition plus
restrictive α > 0 (la fonction est croissante pour α > 0). La courbe d’offre associée à la fonction d’offre
0 ,5
Qo =20 P est présentée sur la figure 3.7.
1/ α
La fonction d’offre inverse associée à la fonction d’offre Qo =β Pα est donnée par P=( Qo / β ) définie sur
[0, +∞ ¿. Par exemple, la fonction d’offre inverse associée à la fonction d’offre Qo =20 P0 , 5 est
2
P=(1/400) ( Qo ) . La courbe d’offre inverse qui lui est associée est présentée sur la figure 3.8.
Dans la suite du cours, suivant la pratique de la quasi-totalité des économistes, nous représenterons la
fonction d’offre dans le plan (quantité, prix) et nous appellerons son graphe « courbe d’offre » au lieu de
« courbe d’offre inverse ».
Analyse du document
Qu’est-ce que la fonction d’offre d’un bien ?
Quelle propriété mathématique possède la fonction d’offre lorsque la loi de l’offre est vérifiée ?
Qu’est-ce que la fonction d’offre Qo = 10 - 2P a de particulier ?
Tracez dans le plan (prix, quantité) la courbe d’offre correspondant à la fonction définie par Q 0 = -10
+2P pour P ≥5 et Q0 = 0 pour P < 5.
Qu’est-ce que la fonction d’offre inverse d’un bien ?
Quelle propriété mathématique possède la fonction d’offre inverse lorsque la loi de l’offre est vérifiée ?
Considérons la fonction d’offre Q0 = -10 +2P pour P ≥5 . Trouvez la fonction d’offre inverse qui lui est
associée et tracez son graphe dans le plan (quantité, prix).
2
Montrez que la fonction d’offre inverse associée à la fonction d’offre Qo =20 P0 , 5 est P=(1/400) ( Qo ) .
Montrez que la fonction d’offre inverse associée à la fonction d’offre Qo =β Pα est donnée par
1/ α
P=( Qo / β ) .
Pour finir, il faut noter qu’un choc exogène peut à la fois constituer un choc de demande et un choc
d’offre, et qu’il est possible que les deux courbes d’offre et de demande se déplacent suite à un même
choc exogène (qui aura des effets différents sur l’offre et la demande). Par exemple, la crise du
coronovirus a constitué un choc exogène puissant sur tous les marchés, prenant à la fois la forme d’un
choc de demande (l’épargne forcée en raison du confinement) et un choc d’offre (les travailleurs malades
ou qui restent à la maison en raison du confinement).
Analyse du document
Qu’est-ce qu’un choc d’offre ?
Considérons une fonction d’offre du type Qo =20 P0 , 5. Suite à un choc, la fonction d’offre est modifiée et
devient Qo =25 P 0 ,5. Est-ce un choc d’offre positif ou négatif ? Comme la courbe d’offre (inverse) se
déplace-t-elle dans le plan (quantité, prix) ?
Si on considère la « vraie » courbe d’offre (et non pas l’ « inverse ») tracée dans le plan (prix,
quantité), dans quelle direction se déplace la courbe d’offre suite à un choc positif ?
39
3. L’équilibre de marché
Nous allons présent combiner les analyses de la demande et de l’offre pour montrer de quelle manière les
prix et les quantités offertes et demandées sont déterminés à l’équilibre sur les marchés.
La seule situation stable correspond à une égalité de l’offre et de la demande, qui est atteint pour un prix
de 60 cents : la quantité offerte est alors égale à la quantité demandée (350 000 tonnes). Dans ce cas,
l’offre est égale à la demande et il n’y a pas de pression sur les prix, ni à la baisse, ni à la hausse.
Le mécanisme régulateur des prix assure que cet équilibre est atteint, les lois de l’offre et de la demande
faisant converger le prix du bien vers le prix d’équilibre (ici 60 cents).
Graphiquement, l’équilibre de marché correspond à l’intersection des courbes de demande et d’offre. La
figure 3.10 montre ces courbes et leur intersection correspondant aux données du tableau 3.3.
40
On voit sur cette figure que l’équilibre est atteint pour un prix d’équilibre P e égal à 60 cents, et qu’à ce
prix la quantité échangée Qe est égale à 350 000 tonnes. Pour tout prix supérieur à 60 cents, il y a un
surplus ou un excédent d’offre. On voit sur la figure que ce surplus est 330 000 tonnes pour un prix de 80
cents. Pour tout prix inférieur à 60 cents, il y a une pénurie ou un excès de demande. On voit sur la figure
que cette pénurie est de 300 000 tonnes pour un prix de 40 cents.
Considérons la fonction de demande Q d = f(P) avec f ' ( P ) <0 (loi de la demande), et la fonction d’offre
Qo = g(P) avec g' ( P )> 0 (loi de l’offre). Le prix d’équilibre Pe est le niveau de prix qui assure l’égalité de
l’offre Qo et de la demande Qd : f(Pe) = g(Pe). Si P = Pe, le marché est à l’équilibre, et la quantité échangée
de bien (offerte et demandée) à l’équilibre est Qe = f(Pe) = g(Pe).
Considérons une fonction de demande affine : Qd = ad – bdP pour 0 ≤ P≤ a d /b d et Qd = 0 pour P>a d /b d
(avec ad > 0 et bd > 0), ainsi qu’une fonction d’offre affine : Qo = ao +boP pour P ≥−a o /b o et Qo = 0 pour P
< -a o /bo (avec ao ≤ 0 et bo > 0). On suppose que −a o /bo < a d /b d, de sorte qu’il existe bien un point
ad −a o
d’équilibre (voir la figure 3.11). Le prix d’équilibre vaut alors Pe = > 0 et la quantité échangée à
b o + bd
ad bo +a o bd
l’équilibre vaut Qe = >0 . La figure 3.11 présente cet équilibre dans le plan (prix, quantité).
b o +b d
Figure 3.11. L’équilibre de marché avec des fonctions affines dans le plan (prix, quantité)
41
Note : la courbe de demande et la courbe d’offre sont deux fonctions affines par morceaux représentées
en pointillés. On observe que le prix d’équilibre P e est entre −a o /bo et a d /b d et que les deux droites se
croisent en un point tel que Qe > 0. Ce résultat est dû à la condition −a o /bo < a d /b d.
Considérons la fonction de demande : Qd = 20 – P pour 0 ≤ P≤ 20 et Qd = 0 pour P>20, et la fonction
d’offre : Qo = -2 +10P pour P ≥ 0 ,20 et Qo = 0 pour P < 0,20. Le prix d’équilibre vaut alors Pe =2 et la
quantité échangée à l’équilibre vaut Qe =18.
A long terme (au premier sens tel que nous l’avons défini à la fin du chapitre II), les marchés sont à
l’équilibre. Mais à court terme, ils peuvent être en situation de déséquilibre. Il peut alors exister des
pénuries sur les marchés, ou au contraire des excédents d’offre. Ainsi, lorsque le premier restaurant
McDonald a ouvert ses portes à Moscou en 1990, l’offre était totalement insuffisante face à la demande
des Moscovites, et il s’est formé une énorme file d’attente !
Analyse de document
42
Comment le prix d’un bien varie-t-il sur un marché concurrentiel lorsque la demande est plus forte que
l’offre ?
Comment le prix d’un bien varie-t-il sur un marché concurrentiel lorsque l’offre est plus forte que la
demande ?
Comment l’équilibre d’un marché est-il déterminé graphiquement ?
Quel est le prix d’équilibre du kilo de pommes de terre et quelle est la quantité échangée à l’équilibre,
d’après le tableau 3.3. ?
Quel nom donne-t-on à la situation de marché caractérisée par une offre supérieure à la demande ?
Quel nom donne-t-on à la situation de marché caractérisée par une demande supérieure à l’offre ?
Qu’est-ce que le prix d’équilibre d’un bien ?
Sur le graphe représentant l’équilibre d’un marché, où lit-on le prix d’équilibre et la quantité échangée à
l’équilibre ?
Considérons la fonction de demande : Qd = 20 – P pour 0 ≤ P≤ 20 et Qd = 0 pour P>20 , et la fonction
d’offre : Qo = -2 +10P pour P ≥ 0 ,20 et Qo = 0 pour P < 0,20. Montrez que le prix d’équilibre vaut
Pe =2 et que la quantité échangée à l’équilibre vaut Qe =18 .
Considérons la fonction de demande Qd = ad – bdP pour 0 ≤ P≤ a d /b d et Qd = 0 pour P>a d /b d (avec ad >
0 et bd > 0) , et la fonction d’offre Qo = ao +boP pour P ≥−a o /b o et Qo = 0 pour P < -a o /bo (avec ao ≤ 0
et bo > 0). On suppose que la condition −a o /bo < a d /b d est vérifiée. Montrez que le prix d’équilibre vaut
ad −a o ad bo +a o bd
Pe = > 0 et que la quantité échangée à l’équilibre vaut Qe = >0 .
b o + bd b o +b d
Reprenons les deux fonctions de la question précédente, et supposons à présent que la condition −a o /bo <
a d /b d n’est pas vérifiée. Combien vaut la quantité échangée à l’équilibre ? Et le prix d’équilibre ?
Représentez graphiquement l’équilibre dans le plan (prix, quantité).
Considérez la fonction de demande (inverse) P = 5 – 0,25Qd pour 0 ≤ Qd ≤20 et la fonction d’offre
(inverse) P = 3 +0,25 Qo pour Qo ≥ 0. Trouvez la quantité échangée à l’équilibre et le prix d’équilibre.
43
La figure 3.13. montre comment le surplus du consommateur est déterminé. Il est mesuré par l’aire
hachurée située en-dessous de la courbe de demande et délimitée par le prix et la quantité échangée à
l’équilibre. Le consommateur achète toutes les unités au même prix (p*), qui correspond au prix qu’il
accepte pour la dernière unité acquise. Or il aurait accepté d’acheter les autres unités à un prix plus élevé,
notamment les premières, comme l’indique la courbe de demande. Le consommateur enregistre donc un
gain sur ces unités. C’est précisément ce gain que mesure le surplus du consommateur. Le surplus du
consommateur peut être défini comme la somme des gains marginaux réalisés par le consommateur sur
l’ensemble des unités achetées. Il s’agit d’une mesure du bien-être du consommateur (en fait de
l’ensemble des consommateurs).
Dans la mesure où les surplus des producteurs et des consommateurs proposent des évaluations
monétaires directement comparables, on en fait la somme pour définir le surplus collectif. Le libre jeu de
la concurrence pure et parfaite conduit alors à maximiser ce surplus.
Propriété : le surplus collectif est maximal pour p = p*, où p* est le prix d’équilibre.
44
Le deuxième graphe de la figure 3.14 représente un choc d’offre négatif (la courbe d’offre S se déplace
vers S’). La comparaison du nouveau point d’intersection avec l’ancien montre que le changement
d’équilibre se traduit par une hausse du prix d’équilibre et une diminution de la quantité échangée à
l’équilibre.
Le troisième graphe de la figure 3.14 représente un choc de demande positif (la courbe de demande D se
déplace vers D’). La comparaison du nouveau point d’intersection avec l’ancien montre que le
changement d’équilibre se traduit par une augmentation du prix d’équilibre et de la quantité échangée à
l’équilibre.
Le quatrième graphe de la figure 3.14 représente un choc de demande négatif (la courbe de demande D se
déplace vers D’). La comparaison du nouveau point d’intersection avec l’ancien montre que le
changement d’équilibre se traduit par une diminution du prix d’équilibre et de la quantité échangée à
l’équilibre.
On remarque qu’en cas de choc de demande, le prix d’équilibre et la quantité échangée à l’équilibre
varient dans le même sens (ils augmentent tous les deux ou ils diminuent tous les deux), alors qu’en cas
de choc d’offre, le prix d’équilibre et la quantité échangée à l’équilibre varient dans des sens opposés.
Bien entendu, il est aussi tout à fait possible d’envisager un déplacement simultané des deux courbes
d’offre et de demande.
Analyse du document
Tracez dans le plan (quantité, prix) une courbe de demande décroissante et une courbe d’offre
croissante.
Faites apparaître le prix d’équilibre p* et la quantité échangée à l’équilibre Q*. Considérez à présent un
prix p > p*. Indiquez sur le graphe le surplus du consommateur et celui du producteur correspondant à
ce prix p. Montrez que le surplus collectif associé à p est inférieur à celui associé à p*.
Le prix d’équilibre d’un bien est de 10 euros et la quantité échangée à l’équilibre est de 1 million
d’unités. Suite à un choc, le prix d’équilibre passe à 12 euros et la quantité d’équilibre passe à 1,5
million d’unités. Quelle est la nature de ce choc ?
Le prix d’équilibre d’un bien est de 10 euros et la quantité échangée à l’équilibre est de 1 million
d’unités. Suite à un choc, le prix d’équilibre passe à 12 euros et la quantité d’équilibre passe à 0,9
million d’unités. Quelle est la nature de ce choc ?
La crise sanitaire du coronavirus a touché tous les marchés. Sur de nombreux marchés, ce choc sanitaire
a constitué à la fois un choc d’offre et un choc de demande. Montrez ce qui se passe en faisant un graphe
(du même type que les graphes de la figure 3.14) lorsqu’un marché est touché à la fois par un choc
d’offre négatif et un choc de demande négatif.
45
La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de noix de cajou. Une grande partie de sa production
est traditionnellement exportée vers l’Asie. Pendant la crise sanitaire liée au coronavirus, le volume de
ces exportations vers l’Asie s’est effondré. Les producteurs ivoiriens de noix de cajou ont-ils fait face à
un choc d’offre ou un choc de demande ? Quel a été l’effet de ce choc sur le prix d’équilibre et la
quantité échangée à l’équilibre ? Faites un graphe représentant le changement d’équilibre.
Comment évolue le surplus du consommateur, celui du producteur, et le surplus collectif suite à un choc
d’offre positif ?
46
CHAPITRE IV. L’effet des prix et des revenus sur les quantités
Dans le chapitre précédent, nous avons appris à nous servir des fonctions de demande et d’offre pour
analyser l’influence du prix d’un bien sur les quantités demandées et offertes de ce bien. Dans ce chapitre,
nous allons procéder à un examen plus détaillé de cette influence en introduisant le concept d’élasticité.
L’élasticité mesure la sensibilité d’une variable (par exemple l’offre ou la demande d’un bien) aux
variations d’une autre variable (par exemple le prix du bien ou le revenu du consommateur).
47
Plus la demande est élastique et plus un choc d’offre négatif provoque une diminution importante des
quantités échangées. Inversement, un choc d’offre positif provoque une augmentation de la quantité
échangée d’autant plus importante que la demande est élastique.
Analyse du document
Qu’est-ce que l’élasticité prix de la demande ? Donnez-en une définition ainsi qu’une formule.
Si le prix de la viande rouge augmente de 1% et que la quantité échangée sur un mois baisse de 3%,
combien vaut l’élasticité prix de la demande de viande rouge ?
L’élasticité prix de la demande d’un bien est de 0,8. Quelle est la particularité de ce bien ?
Si la demande d’un bien est très élastique (au prix), l’impact d’un choc d’offre (positif ou négatif) sur les
quantités échangées est-il important ou modéré ?
48
L’élasticité prix de la demande est-elle moins élevée (en valeur absolue) pour une variation de prix plus
faible ?
L’élasticité prix de la demande est-elle moins élevée (en valeur absolue) si le prix de départ du bien est
plus faible ?
∆Y
La variation en pourcentage ∆ Y (%) d’une variable Y peut s’exprimer sous la forme × 100 %, où ∆ Y
Y
est la variation et Y la valeur de départ.
Par exemple, si Y passe de 10 à 11, alors Y = 10 et ∆ Y =1. La variation en pourcentage ∆ Y (%) vaut à
∆Y 1
l’évidence 10% et on peut retrouver cette valeur avec le calcul suivant : × 100 %= ×100 % = 10%.
Y 10
Si on applique ce raisonnement à ∆ Q d (% ) et ∆ P(%), alors on peut réécrire l’élasticité prix de la
demande sous la forme :
d ∆Q d (% ) ∆ Q d P
ε P= =
∆ P(%) ∆ P Qd
∆ Qd ∆ Qd
× 100 %
d ∆ Qd (%) Q d Qd ∆ Qd P ∆ Qd P
Démonstration :ε P= = = = =
∆ P( %) ∆P ∆P Qd ∆ P ∆ P Qd
×100 %
P P
Or, à la limite, lorsqu’on considère des variations de prix de plus en plus petites, qui tendent vers 0 (
∆ P → 0 ¿, la variation de quantité tend elle aussi vers 0 ( ∆ Q d → 0 ¿, et le rapport de ces deux infiniment
petits est égal à la dérivée de Qd par rapport à P :
∆Q d d Qd
lim =¿ =f '(P)¿
∆ P →0 ∆ P dP
La formule de l’élasticité prix de la demande en un point (pour une variation de prix infime) est alors
donnée par :
d d Qd P
ε P=
dP Qd
En comparant cette formule avec celle présentée quelques lignes plus haut, il apparaît que cette formule
est un cas particulier de la précédente obtenue pour des variations infimes notées d.
Il est aussi possible de définir l’élasticité en point comme une dérivée logarithmique. Effectivement, si on
peut écrire lnQd en fonction de lnP, alors l’élasticité prix de la demande en un point peut aussi être
calculée à l’aide de la formule :
d dln Qd
ε P=
dlnP
Cette formule est équivalente à la précédente.
Considérons la fonction de demande Qd =β P−α définie sur [0, +∞ ¿, où β > 0 et α ≠ 0 . Pour cette
fonction, l’élasticité prix de la demande est une constante (ne dépend pas de la valeur de P) et vaut
d
ε P=−α . Pour cette raison, on dit que la fonction est à élasticité constante.
Par exemple, la fonction de demande Qd =2 0 P−0 ,5 (figure 3.3.) a une élasticité égale à -0,5.
Analyse du document
Si la quantité échangée d’un bien passe de 10 000 unités à 12 000 unités lorsque le prix baisse de 5
euros à 4,5 euros, combien vaut l’élasticité prix de la demande ?
49
Soit la fonction de demande affine Qd = a – bP pour 0 ≤ P≤ a /b avec a > 0 et b > 0. Montrez que la
d Qd d d Qd P
dérivée vaut –b. Entrez ensuite ce résultat dans la définition ε P= de l’élasticité pour
dP dP Qd
d −b P
montrer qu’elle vaut : ε P= < 0.
Qd
Soit la fonction de demande Qd = 10 – P pour 0 ≤ P≤ 10. Combien vaut l’élasticité prix de la demande
pour P = 5 ?
d d Qd P
Considérons la fonction de demande Qd =2 0 P−0 ,5 . Montrez à l’aide de la formule ε P= que
dP Qd
l’élasticité vaut -0,5.
Considérons la fonction de demande Qd =2 0 P−0 ,5 . Montrez à l’aide de la dérivée logarithmique que
l’élasticité vaut -0,5.
Dans le cas d’une demande élastique, un changement de prix entraîne une variation de la demande
proportionnellement plus importante. Au contraire, dans le cas d’une demande rigide, un changement de
prix entraîne une variation de la demande proportionnellement moins importante.
Lorsque l’élasticité prix de la demande est nulle, la demande est dite parfaitement rigide ou parfaitement
inélastique. Dans le plan (quantité, prix), la courbe de demande prend la forme d’une droite verticale
(figure 4.2.). Dans le cas d’une demande parfaitement rigide, l’équation de demande s’écrit Qd = a, avec
a > 0.
Au contraire, lorsque l’élasticité devient infinie, la demande est dite parfaitement élastique. Dans ce cas
(figure 4.2.), la courbe de demande prend la forme d’une droite horizontale dans le plan (quantité, prix).
Dans le cas d’une demande parfaitement élastique, l’équation de demande s’écrit P = c, avec c > 0.
Le cas intermédiaire est celui de l’élasticité unitaire : |ε dP| = 1. Dans ce cas, la demande et le prix varient
dans les mêmes proportions. Dans le cas d’une élasticité unitaire, la fonction de demande s’écrit
−1
Qd =β P avec β > 0.
L’élasticité prix de la demande varie énormément d’un bien à un autre, en fonction des éléments
suivants :
- Le nombre et la proximité des substituts. Plus un bien possède de substituts proches, plus sa demande
est élastique, car en cas de hausse des prix, les consommateurs peuvent se tourner vers les substituts.
50
- La part du revenu consacré au bien. Plus les consommateurs consacrent une fraction importante de leur
revenu à la consommation d’un bien et plus ils sont obligés de diminuer leur consommation lorsque son
prix augmente. Donc plus la demande de ce bien est élastique.
- La période de temps considéré. Lorsque le prix d’un bien évolue, cela oblige les consommateurs à
changer leurs habitudes de consommation, à trouver une alternative. Ainsi, toutes choses égales par
ailleurs, plus la période de temps considérée est longue et plus l’élasticité prix de la demande est forte.
Analyse de document
Sous quelle condition la demande est-elle dite élastique ?
Sous quelle condition la demande est-elle dite rigide ?
Quelle est l’équation de demande associée à une demande parfaitement rigide ?
Quelle forme prend la courbe de demande dans le plan (quantité, prix) lorsque la demande est
parfaitement rigide ?
Quelle est l’équation de demande associée à une demande parfaitement élastique ?
Quelle forme prend la courbe de demande dans le plan (quantité, prix) lorsque la demande est
parfaitement élastique ?
Quels sont les éléments qui influencent l’élasticité prix de la demande ?
Ce résultat est visible à la figure 4.3., qui illustre l’effet d’une hausse des prix de 4 euros à 5 euros sur la
demande d’un bien dans le cas où celle-ci est élastique. On voit que la quantité demandée Qd passe alors
51
de 20 millions à 10 millions. Lorsque P = 4, la dépense totale P ×Qd =80 millions et correspond à la
surface du rectangle de sommet a. Lorsque P = 5, la dépense totale P ×Qd =50 millions et correspond à la
surface du rectangle de sommet b. Comme la demande est élastique, une hausse du prix se traduit par une
baisse de la dépense totale. Evidemment, si on considère une diminution du prix de 5 à 4 euros, la
conclusion inverse s’impose : une baisse du prix s’accompagne alors d’une hausse de la dépense totale.
Figure 4.5. Demande et dépense totale des consommateurs dans trois cas particuliers
(a) Dans le cas d’une demande parfaitement rigide, la quantité demandée est la même quelle que soit la
valeur du prix. Dans ce cas, lorsque le prix du bien augmente, la dépense totale des consommateurs
52
augmente aussi, et dans les mêmes proportions. Si le prix augmente de 10%, la dépense totale augmente
de 10%. On fait le constat inverse si les prix baissent.
(b) Dans le cas d’une demande parfaitement élastique, la demande est nulle pour un prix supérieur à P 1.
La dépense totale devient donc nulle en cas d’augmentation du prix. Au prix P 1, les producteurs peuvent
écouler toute la quantité qu’ils sont capables de produire ; et donc plus ils produisent, plus leurs recettes
s’accroissent.
(c) Dans le cas d’une demande à l’élasticité unitaire, prix et quantités varient (dans des sens opposés)
dans les mêmes proportions. Du coup, la dépense totale des consommateurs est indépendante du niveau
des prix. On le voit sur la figure 4.5. où la dépense totale est la même (égale à 800), que le prix soit soit
de 8 euros ou de 20 euros. En fait, quel que soit le prix, la dépense totale est toujours de 800.
Analyse du document
Comment varie la dépense totale des consommateurs suite à une baisse du prix si la demande est
élastique ?
Comment varie la dépense totale des consommateurs suite à une hausse du prix si la demande est
rigide ?
Comment varie la dépense totale des consommateurs suite à une hausse du prix si la demande est
parfaitement élastique ?
Comment varie la dépense totale des consommateurs suite à une baisse du prix si la demande est
parfaitement rigide ?
Comment varie la dépense totale des consommateurs suite à une baisse du prix si la demande est à
élasticité unitaire ?
53
L’élasticité prix de l’offre, notée ε oP, est définie par :
o ∆Q o (%)
ε P=
∆ P (%)
où ∆ Q o (%) est la variation en pourcentage de la quantité offerte et ∆ P(%) est la variation en
pourcentage du prix.
Par exemple si une augmentation du prix du blé de 10% conduit à une augmentation de la quantité offerte
de 5%, alors l’élasticité prix de l’offre de blé vaut :
o 5%
ε P= =0 , 5
10 %
Propriété : si la loi de l’offre est vérifiée, l’élasticité prix de l’offre est positive.
La figure 4.6. illustre deux courbes d’offre O 1 et O2. O2 est plus élastique que O1 pour tous les niveaux de
prix. Si le prix augmente et passe de P1 à P2, on voit que la quantité offerte augmente plus le long de O 2,
passant de Q1 à Q3, que le long de O1, passant de Q1 à Q2.
Analyse du document
Qu’est-ce que l’élasticité prix de l’offre ? Donnez-en une définition ainsi qu’une formule.
Si le prix du maïs augmente de 2% et que la quantité offerte sur un mois monte de 4%, combien vaut
l’élasticité prix de l’offre du maïs ?
54
od Qo P
ε P=
dP Qo
On peut aussi définir l’élasticité en point comme une dérivée logarithmique :
o dln Qo
ε P=
dlnP
α
Considérons la fonction d’offre Qo =β P définie sur [0, +∞ ¿, où β > 0 et α ≠ 0 . Pour cette fonction,
l’élasticité prix de l’offre est une constante (ne dépend pas de la valeur de P) et vaut ε oP=α . Pour cette
raison, on dit que la fonction est à élasticité constante.
Par exemple, la fonction d’offre Qo =20 P0 , 5 (figure 3.7.) a une élasticité égale à 0,5. Il existe un cas
particulier de fonction à élasticité constante : c’est la fonction à élasticité unitaire obtenue en posant α =1 :
Qo =βP où β > 0. Il s’agit d’une équation d’offre linéaire, dont la représentation graphique est une droite
passant par l’origine. L’écriture « inverse » de la fonction à l’élasticité linéaire est donnée par
P=(1/ β)Q0.
La figure 4.7. représente des courbes d’offre à élasticité unitaire correspondant à différentes valeurs de β .
Toutes ces courbes d’offre correspondant à des droites passant par l’origine ont une élasticité égale à 1,
quelle que soit leur pente. Les 3 courbes O 1, O2 et O3 de la figure 4.7. ont des pentes différentes mais
reflètent toutes des offres à élasticité unitaire.
On considère sur la figure 4.8. deux fonctions d’offre affines tracées dans le plan (quantité, prix) qui ont
la même ordonnée à l’origine (non nulle), qui est donc aussi leur point d’intersection. Comme O 2 est
moins pentue que O1, elle présente en ce point d’intersection une élasticité plus élevée (car en cas de
hausse du prix de P0 à P1, la quantité offerte augmente plus sur O2 que sur O1 : Q2 > Q1). Ce résultat se
généralise aux fonctions d’offre affines sécantes en tout point différent de l’origine (comme sur la figure
4.6).
55
La figure 4.9. présente deux cas particuliers de courbe d’offre. Le premier graphe représente une fonction
d’offre parfaitement rigide (ou parfaitement inélastique). La fonction d’offre associée s’écrit : Qo =a avec
a > 0. La quantité offerte est alors indépendante du prix.
Le second graphe de la figure 4.9. représente une fonction d’offre parfaitement élastique. La fonction
d’offre associée s’écrit P = c, avec c > 0. Cela signifie qu’il existe un niveau de prix auquel l’agent
est indifférent à vendre une quantité quelconque du bien. Au-dessous de ce niveau, l’offre
s’annule. Au-dessus elle devient potentiellement infinie. Une telle situation peut être associée à
une production à coûts constants. Dans ce cas, le coût unitaire de production est le même pour chacune
des unités produites, de la première à la dernière. Pour un prix inférieur à ce coût unitaire,
aucune production n’est possible puisque la rentabilité n’est pas assurée. Pour un prix supérieur, toute
vente d’une unité supplémentaire est source de gain supplémentaire, d’où une incitation à offrir
une quantité potentiellement sans limite.
La valeur de l’élasticité prix de l’offre dépend de la capacité des producteurs à réagir à des variations de
prix du bien. Naturellement, à court terme l’offre est beaucoup plus rigide qu’à long terme.
Analyse du document
56
Montrez que l’élasticité prix de l’offre de la fonction Qo =β P2 est bien égale à 2.
Quelle propriété ont les fonctions d’offre qui ont pour graphe dans le plan (quantité, prix) une droite qui
passe par l’origine ?
Quelle forme prend la courbe d’offre parfaitement rigide dans le plan (quantité, prix) ?
Quelle forme prend la courbe d’offre parfaitement élastique dans le plan (quantité, prix) ?
Sur un marché concurrentiel, le coût total de production d’une unité d’un bien est de 5 euros. Ce coût de
production est le même quel que soit le volume de production. Comment s’écrit l’équation d’offre de ce
bien ?
Si on raisonne à prix constant et qu’on identifie une fonction u telle que Qd =u(R), alors on peut définir
l’élasticité revenu de la demande en un point ε R:
d Qd R
ε R=
dR Qd
d Qd
où =u ' (R). Cette élasticité peut aussi s’écrire sous la forme d’une dérivée logarithmique
dR
(dlnQd/dlnR).
La valeur de l’élasticité revenu permet de classer les biens.
Un bien est appelé bien normal si ε R > 0 (l’élasticité revenu de la demande du bien est strictement
positive). Lorsque le revenu augmente, la demande du bien augmente.
Un bien est appelé bien inférieur si ε R < 0 (l’élasticité revenu de la demande du bien est strictement
négative). Lorsque le revenu augmente, la demande du bien diminue.
Les biens normaux sont divisés en deux sous-catégories. Un bien normal est un bien de luxe (ou bien
supérieur) si ε R > 1. Un bien normal est un bien de nécessité (ou encore bien prioritaire ou bien de
première nécessité) si 0 < ε R < 1.
Lorsque le revenu augmente, si la consommation du bien augmente plus que proportionnellement par
rapport au revenu, alors le bien est un bien de luxe. Si elle augmente moins que proportionnellement,
c’est un bien de nécessité.
Il existe par ailleurs deux autres types de biens correspondant à des valeurs très spécifiques de l’élasticité
revenu. Ainsi, un bien invariant est un bien dont la quantité consommée reste la même quel que soit le
revenu. Son élasticité-revenu est donc nulle ( ε R = 0). Un bien homothétique est un bien dont la quantité
consommée augmente proportionnellement à la hausse du revenu. Son élasticité revenu vaut 1 (ε R =1¿ .
57
Les biens normaux et inférieurs ont des propriétés dues aux relations existant entre l’élasticité revenu et
l’élasticité prix de la demande.
Propriété : les biens normaux sont tous des biens ordinaires (si on exclut l’existence de préférences
atypiques qui dépendent des prix, comme dans le cas de biens Veblen). Les biens de Giffen sont tous des
biens inférieurs.
Premièrement, l’élasticité revenu de la demande est importante car elle permet de prédire la variation de
la quantité demandée en fonction de la variation du revenu. Ainsi, en cas de crise qui provoque une baisse
des revenus, les économistes ont une idée des secteurs (de biens de consommation) qui seront les plus
touchés.
Secondement, l’élasticité revenu de la demande est importante car elle permet de comprendre comment
va se modifier la structure de la consommation des ménages lorsque leur revenu va varier.
Lorsque le revenu des ménages augmente, la consommation des biens normaux augmente. Mais la part
ou proportion du revenu allouée à différents biens normaux évolue distinctement selon que le bien normal
est un bien de nécessité, un bien homothétique, ou un bien de luxe. Ainsi, lorsque que le revenu
augmente, toutes choses étant égales par ailleurs (sous-entendu on raisonne à prix constants), la part du
revenu alloué aux biens de nécessité diminue, celle allouée aux biens homothétiques reste constante, et
celle allouée aux biens de luxe augmente.
Il faut noter que la nature d’un bien peut très bien n’être qu’une propriété « locale » du bien, c’est-à-dire
au voisinage d’un revenu donné. Les propriétés du bien peuvent évoluer au cours de l’expansion du
revenu : il peut exister des seuils de revenu qui font changer un bien de nature. Par exemple, un bien peut
être un bien de nécessité pour une première tranche de revenu, et ensuite devenir un bien inférieur pour
une seconde tranche de revenu.
Pour finir, il faut bien garder en tête qu’un choc de revenu positif constitue un choc de demande positif
pour les biens normaux et un choc de demande négatif pour les biens inférieurs. Si les revenus
augmentent, la demande des consommateurs pour les biens normaux augmente (pour chaque niveau de
prix), ce qui correspond à la définition d’un choc de demande positif ; et la demande des consommateurs
pour les biens inférieurs diminue (pour chaque niveau de prix), ce qui correspond à la définition d’un
choc de demande négatif.
Analyse du document
Qu’est-ce que l’élasticité revenu de la demande ? Donnez une définition et une formule.
Vous avez un revenu de 2000 euros sur une période. Sur cette période, vous achetez 20 bouteilles de
Bordeaux. On estime que si votre revenu augmente de 20 euros, vous allez acheter une bouteille de
Bordeaux supplémentaire. Quelle est votre élasticité-revenu pour ce bien ?
58
Qu’est-ce qu’un bien normal ?
Qu’est-ce qu’un bien inférieur ?
Imaginez un individu qui ne consomme que deux biens et qui a une épargne nulle (il consomme tout son
revenu). Ces deux biens peuvent-ils être des biens inférieurs ?
Qu’est-ce qu’un bien de luxe ?
Qu’est-ce qu’un bien de nécessité ?
On vous indique que l’élasticité revenu des croissants à la margarine est de -0,15 ; que l’élasticité-
revenu du lait demi-écrémé est de 0,47, et que l’élasticité-revenu de la bavette d’aloyau est de 1,53.
Veuillez classer chaque bien dans la typologie connue des biens.
Comment appelle-t-on un bien dont le montant consommé ne varie pas avec le revenu ? Que vaut son
élasticité-revenu ?
Comment appelle-t-on un bien dont la part consommée dans le revenu est constante ? Que vaut son
élasticité-revenu ?
En vous servant des concepts d’effet revenu et d’effet prix, expliquez pourquoi les biens normaux sont
nécessairement des biens ordinaires.
Les biens ordinaires sont-ils tous des biens normaux ?
En vous servant des concepts d’effet revenu et d’effet prix, expliquez pourquoi les biens de Giffen sont
nécessairement des biens inférieurs.
Les biens inférieurs sont-ils tous des biens de Giffen ?
Un bien normal peut-il être un bien de Veblen ?
Lorsque le revenu augmente, comment évolue la part du revenu consacrée aux biens de nécessité ? Et
celle consacrée aux biens de luxe ?
D’après Engel, la part des besoins alimentaires dans le revenu diminue-t-elle, augmente-t-elle ou est-elle
constante quand le revenu augmente ? Comment classer ce type de bien dans la typologie des biens ?
D’après Engel, la part dans le revenu des dépenses de vêtements, de chauffage, d’habitation et
d’éclairage diminue-t-elle, augmente-t-elle ou est-elle constante quand le revenu augmente ? Comment
classer ce type de bien dans la typologie des biens ?
D’après Engel, la part dans le revenu des dépenses d’éducation, de santé et de voyage diminue-t-elle,
augmente-t-elle ou est-elle constante quand le revenu augmente ? Comment classer ce type de bien dans
la typologie des biens ?
Supposons qu’à prix constant, on peut établir la fonction suivante qui donne la quantité consommée d’un
bien en fonction du revenu : Qd =0 , 1 R 2. Quelle est la nature du bien ?
Suite à une crise économique, les revenus des consommateurs baissent. Représentez l’impact de ce choc
de revenu dans le plan (quantité, prix) sur la demande de jambon blanc, en supposant que le jambon
blanc est un bien normal.
Exercice.
P × Qd
On note ω= la part du revenu consacrée à la consommation d’un bien. Le prix P est ici une
R
constante, égale à une valeur fixée (par exemple 1 euro). La quantité demandée est une fonction du
d Qd
revenu Qd =u ( R ), avec =u ' (R).
dR
d Qd
dw P× × R−P× Qd
1) Montrez d’abord que la dérivée
dR
vaut : dw
dR
=
dR
R
2
= ×
R (
P d Qd Qd .
dR
−
R )
2) Montrez ensuite que cette dérivée peut se réécrire : = ×
dR R R dR Qd(
dw P Qd d Qd R
× −1 = ×
)P Qd
R R R
( ε −1 ) .
3) Concluez sur le lien existant entre la part du revenu alloué à la consommation d’un bien et l’élasticité
revenu de la demande pour ce bien.
59
4) Pour un prix P = 1 et un revenu R = 1000, combien vaut la part ω du revenu consacrée à la
consommation d’un bien si Qd =0,00001 R2 et comment cette part va-t-elle évoluer si le revenu
augmente ?
B
d PB Q A
d QA
où =u '( R). Cette élasticité peut aussi s’écrire sous la forme d’une dérivée logarithmique (dlnQ A/dln
d PB
PB ).
Le signe de l’élasticité prix croisée de la demande permet de classer les produits en biens
complémentaires ou biens substituables.
Propriété : l’élasticité prix croisée de deux biens ordinaires substituables est positive ; l’élasticité prix
croisée de deux biens ordinaires complémentaires est négative. Plus la valeur de l’élasticité est grande en
valeur absolue, et plus le degré de substituabilité ou de complémentarité est important.
60
Supposons que la viande rouge et la viande blanche soient deux biens ordinaires substituables. Quel est
l’effet sur la demande de viande blanche d’une augmentation du prix de la viande rouge (provoquée par
un choc d’offre négatif) ? Les consommateurs vont substituer de la viande blanche à la viande rouge, et
consommer plus de viande blanche. L’élasticité prix croisée est alors positive (à la hausse du prix de la
viande rouge est associée une augmentation de la demande de la viande blanche).
Supposons que le pain et le fromage soient deux biens ordinaires complémentaires. Quel est l’effet sur la
demande de pain d’une baisse du prix du fromage (provoquée par un choc d’offre positif) ? Dans ce cas,
la baisse du prix du fromage entraîne une augmentation de la demande de fromage à laquelle le
consommateur associe une augmentation de la demande de pain. L’élasticité prix croisée est alors
négative (à la baisse du prix du fromage est associée une augmentation de la demande de pain).
Tout choc d’offre sur le marché d’un bien peut être perçu comme un choc exogène venant perturber le
marché d’un autre bien. Si l’on reprend nos exemples précédents, l’augmentation du prix de la viande
rouge est par exemple provoquée par une augmentation des coûts d’abattage des animaux, ce qui perturbe
ensuite l’équilibre du marché de la viande blanche. De la même façon, la baisse du prix du pain est
provoquée par exemple par une baisse du prix de la farine, qui vient aussi perturber l’équilibre du marché
du fromage.
Dans cette perspective, si deux biens ordinaires sont substituables, la hausse du prix de l’un (provoquée
par un choc d’offre sur son marché) provoque un choc de demande positif sur le marché de l’autre (et
inversement en cas de baisse de prix) ; et si deux biens ordinaires sont complémentaires, la hausse du prix
de l’un (provoquée par un choc d’offre sur son marché) provoque un choc de demande négatif sur le
marché de l’autre (et inversement en cas de baisse de prix).
Analyse de document
Que sont des biens parfaitement substituables ?
Que sont des biens parfaitement complémentaires ?
Trouvez un exemple de deux biens qui sont substituables à vos yeux.
Trouvez un exemple de deux biens qui sont complémentaires à vos yeux.
Il existe aujourd’hui un débat dans le monde autour de l’impact des services de vidéo à la demande
(Netfix, Amazon Prime…) sur la fréquentation des salles de cinéma. Du point de vue des exploitants de
salles de cinéma, vaut-il mieux que les deux types de service (vidéo à la demande et cinéma) soient
substituables ou complémentaires ?
Qu’est-ce que l’élasticité prix croisée de la demande ? Donnez une définition et une formule.
Si l’élasticité prix croisée de deux biens est égale à -0,5 (suite à une variation de 1% du prix d’un des
deux biens), qu’est-ce que cela signifie ?
Quel est le signe de l’élasticité prix croisée de la demande dans le cas de deux biens substituables ? Et
dans le cas de deux biens complémentaires ?
On observe que deux biens ordinaires (hamburger et frites) sont complémentaires. Le marché des frites
est touché par un choc d’offre négatif (la production de pommes de terre chute à cause de problèmes
climatiques). Représentez graphiquement dans le plan (quantité, prix) l’impact de ce choc sur le marché
des frites, et ensuite sur le marché des hamburger (il faut donc faire deux graphes).
On observe que deux biens ordinaires (coca ou fanta) sont substituables. Le marché du coca est touché
par un choc d’offre positif (une diminution du prix d’un ingrédient entraîne une baisse des coûts de
production). Représentez graphiquement dans le plan (quantité, prix) l’impact de ce choc sur le marché
du coca, et ensuite sur le marché du fanta.
On observe que deux biens normaux (hamburger et frites) sont complémentaires. Un choc de revenu
positif perturbe l’équilibre des marchés. Représentez graphiquement dans le plan (quantité, prix)
l’impact de ce choc sur le marché des frites et sur le marché du hamburger.
61
5. Quelques précisions supplémentaires sur les élasticités
5.1. Les graphes avec échelle logarithmique
Parfois, les économistes tracent les courbes de demande et d’offre dans le plan (lnP, lnQ), c’est-à-dire
avec une échelle logarithmique. Dans ce cas, la pente de la courbe d’offre en chaque point correspond à
l’élasticité prix de l’offre, et de même la pente de la courbe de demande en chaque point correspond à
l’élasticité prix de la demande.
−α
Dans le cas particulier des fonctions de demande et d’offre à élasticité constante : Qd =β d P d
et
−α
Qo =β o P o
définies sur[0, +∞ ¿, où β d ,α d , β o, α o sont tous strictement positifs, les courbes d’offre et de
demande sont simplement des droites dans le plan (lnP, lnQ), et cette fois-ci de vraies droites (et non pas
des demi-droites), définies pour lnP et lnQ positifs comme négatifs (figure 4.8.).
Figure 4.8. Courbes d’offre et de demande de fonctions à élasticité unitaire dans le plan (lnP, lnQ)
La pente de chacune de ces droites correspond à l’élasticité prix corespondante (de l’offre et de la
demande). Les ordonnées à l’origine de ces droites peuvent être positives ou négatives, et le point
d’équilibre peut se situer dans n’importe quel quadrant (et pas seulement le quadrant correspondant à des
valeurs positives de lnP et lnQ).
Si on trace les graphes de ces fonctions à élasticité unitaire dans le plan inverse (lnQ, lnP), alors les pentes
des droites sont égales aux inverses des élasticités prix.
b= =ε P , c= =ε R , d= =ε
∂ ln P A ∂lnR ∂ ln PB B P
L’impact d’une variation (infinitésimale) simultanée des trois arguments de la fonction est mesurée à
l’aide de la différentielle totale :
dln Q A=b dln P A + c dlnR +d dln P B
où les paramètres b, c et d correspondent aux élasticités.
La différentielle totale donne l’effet total sur lnQ A d’une variation simultanée de ln P A , de lnR et de ln P B.
L’effet total sur lnQ A est la somme des effets des trois variables. Si on prend par exemple la première
variable, l’effet induit est donné par b dln P A, où b correspond à la dérivée partielle. Il en est de même
pour les deux autres variables. Ainsi, l’effet de chaque variable correspond à la variation de la variable
multipliée par un coefficient multiplicateur égal à la dérivée partielle première.
En fait, dans la mesure où le modèle log-log est linéaire, l’équation peut aussi être écrite pour une
variation quelconque Δ (et pas seulement infinitésimale) :
∆ lnQ A=b ∆ ln P A + c ∆ lnR +d ∆ ln P B
Analyse du document
A quoi sont égales les pentes des courbes d’offre et de demande dans le plan (lnP, lnQ) ?
Soient l’équation de demande lnQ d=−6−2 lnP et l’équation d’offre lnQ o=4 lnP. Montrez que le prix
d’équilibre Pe vérifie lnPe = -1. Déduisez-en lnQe. Si on trace les courbes d’offre et demande dans le plan
(lnP, lnQ), dans quel quadrant les deux courbes se croisent-elles ?
Considérons le modèle log-log suivant pour décrire la fonction de demande d’un bien A :
ln Q A =−2−1 , 5 ln P A +2 lnR+ 0 ,5 ln P B. Quel type de bien est le bien A ? Les biens A et B sont-ils
substituables ou complémentaires ?
On reprend le même modèle log-log qu’à la question précédente. Si le prix du bien A augmente de 10%,
que le prix du bien B baisse de 5%, et que le revenu augmente de 20%, comment varie la demande du
bien A ?
Considérons le modèle log-log suivant pour décrire la fonction de demande d’un bien A :
ln Q A =−1+2 ln P A +1 , 5lnR +0 , 5 ln PB . Quel type de bien est le bien A ? Les biens A et B sont-ils
substituables ou complémentaires ?
6. L’importance du temps
6.1. Ajustements à court terme et à long terme
Le temps est un élément important de la capacité d’ajustement du marché suite à un choc. On renvoie à
l’encadré « L’opposition court terme/long terme » du chapitre II. Il en résulte que les élasticités prix de
l’offre et de la demande dépendent de la période de temps considérée, l’offre et la demande étant toujours
plus élastiques à long terme qu’à court terme.
Considérons d’abord l’effet d’un choc de demande (figure 4.9). Suite à un choc positif la demande passe
de D1 à D2. L’équilibre initial résulte de l’intersection de la courbe de demande D 1 et de la courbe d’offre
de court terme : c’est le point a. Suite au choc de demande, l’équilibre se déplace au point b. Il en résulte
que la quantité échangée passe de Q 1 à Q2 et que le prix d’équilibre passe de P 1 à P2. A long terme les
offreurs s’adaptent et la courbe d’offre se déplace vers la courbe d’offre de long terme, caractérisée par
une élasticité prix plus importante (revenez à la figure 4.6. si vous ne comprenez pas). Suite au
déplacement de long terme de la courbe d’offre, il résulte un nouvel équilibre (équilibre de long terme) :
c’est le point c. Si vous comparez le déplacement à court terme de l’équilibre (de a vers b) avec le
déplacement à long terme (de a vers c), vous remarquez qu’à court terme l’ajustement se fait surtout par
les prix qui varient plus qu’à long terme, alors qu’à long terme l’ajustement se fait surtout par les
quantités qui varient plus qu’à court terme, le prix revenant vers son niveau initial (quand on passe de b à
c).
64
Considérons ensuite l’effet d’un choc d’offre (figure 4.10). Suite à un choc positif l’offre passe de O 1 à
O2.
Analyse du document
Suite à un choc d’offre ou demande, l’ajustement se fait-il à court terme surtout à travers une variation
des prix ou à travers une variation des quantités ?
65
Suite à un choc d’offre ou demande, l’ajustement se fait-il à long terme surtout à travers une variation
des prix ou à travers une variation des quantités ?
Considérons l’adaptation du marché à court terme et à long terme suite à un choc de demande négatif.
Reprenez la figure 4.9. en modifiant le déplacement de la courbe de demande (considérez une baisse et
non une hausse). Comparez le déplacement à court terme de l’équilibre avec le déplacement à long
terme.
Le pétrole est un bien normal à l’échelle mondiale, ce qui veut dire que la croissance du revenu ou du
PIB mondial tire la demande de pétrole à la hausse. Expliquez comment le marché du pétrole s’ajuste à
court terme du fait de la croissance mondiale et comment il s’ajuste à long terme.
5
On considère dans cette section que les biens ou marchandises sont stockables, et qu’ils présentent donc une propriété de
durabilité.
66
La spéculation est déstabilisatrice quand les agents parient que l’effet du choc va persister et s’aggraver.
La figure 4.12. illustre ce qui se passe en cas de choc de demande négatif. L’équilibre initial est toujours
donné par le point a. Suite à un choc de demande, la courbe de demande se déplace en D 2, provoquant un
déplacement de l’équilibre du point a au point b. Il en résulte une baisse du prix, qui passe de P 1 à P2. Si
les spéculateurs anticipent que l’effet du choc va s’aggraver, alors d’une part les acheteurs qui spéculent
vont réduire leur demande pour attendre que les prix baissent encore, faisant se déplacer la courbe de
demande en D3 ; et d’autre part les vendeurs qui spéculent vont augmenter leur offre pour vendre avant
que les prix ne chutent encore plus, faisant se déplacer la courbe d’offre en O 2. Le nouvel équilibre (le
point c) se caractérise par un prix P 3 encore plus bas que le prix P 2. C’est en ce sens que la spéculation est
dite déstabilisatrice, car elle vient exacerber l’effet du choc originel.
Pour finir, il faut noter que la spéculation est aussi déstabilisatrice quand les agents anticipent un choc qui
ne s’est pas encore produit. Dans ce cas, aucun choc ne se produit initialement (il n’y a pas de
déplacement d’une courbe suite à un choc exogène), mais néanmoins les courbes de demande et d’offre se
déplacent en raison des comportements spéculatifs.
Analyse du document
Qu’est-ce que la spéculation ?
67
Qu’est-ce qui différencie la spéculation stabilisatrice de la spéculation destabilisatrice ?
Dans quels cas la spéculation est-elle stabilisatrice ?
Construisez un graphe dans le plan (quantité, prix) montrant l’effet stabilisateur de la spéculation en cas
d’un choc d’offre positif supposé temporaire.
Dans quel cas la spéculation est-elle déstabilisatrice ?
Construisez un graphe dans le plan (quantité, prix) montrant l’effet déstabilisateur de la spéculation
lorsque les agents anticipent que l’effet d’un choc de demande positif va s’aggraver.
L’existence de tensions au Moyen Orient fait craindre aux spéculateurs que l’offre de pétrole pourrait
baisser. Faites un graphe représentant le déplacement de l’équilibre qui résulte de la spéculation. La
spéculation est-elle stabilisatrice ou déstabilisatrice dans ce cas ?
68
CHAPITRE V. L’intervention publique sur les marchés :
le contrôle des prix et les taxes indirectes
Les économies modernes du monde entier sont aujourd’hui toutes des économies mixtes, composées de
marchés libres et de secteurs d’activité plus ou moins contrôlés par l’Etat. Les gouvernements
interviennent de différentes manières sur les marchés :
- Ils fixent parfois des prix planchers et des prix plafonds sur certains marchés.
- Ils taxent les marchandises vendues sur les marchés, ou parfois les subventionnent.
- Ils produisent et distribuent des biens et services publics, du fait d’une insuffisance de l’offre de ces
biens et services par les producteurs privés.
- Ils réglementent les activités économiques, en interdisant certains marchés (comme celui de certaines
drogues), ou au contraire en créant de nouveaux marchés (comme le marché des droits à polluer).
Nous allons dans ce chapitre nous intéresser aux deux premiers types d’intervention publique sur les
marchés.
Les gouvernements peuvent instaurer des prix planchers pour plusieurs raisons :
69
- Pour assurer un revenu minimal aux producteurs. Si le secteur est sujet à de fréquentes fluctuations de
prix et si la demande est inélastique, les prix sont alors très sensibles aux chocs d’offre (c’est le cas
notamment de l’agriculture). Le prix plancher empêche alors les producteurs de pâtir d’une situation où
les prix de marché tomberaient à un très bas niveau sans son instauration.
- Dans les secteurs où la production est très fluctuante en raison de chocs exogènes fréquents et
importants, l’instauration d’un prix plancher permet, lors d’une période où la production est très
importante, de générer un excès d’offre qui sera stocké en prévision des périodes où la production sera
très faible. Bien sûr cela n’est possible que pour les produits qui ne sont pas trop rapidement périssables.
- L’instauration d’un prix plancher peut aussi permettre d’assurer un salaire minimal aux employés.
Hormis dans le cas de la seconde situation ci-dessus, l’instauration d’un prix plancher conduit les
producteurs à se retrouver avec un excédent dont ils doivent supporter le coût. Si l’objectif est de protéger
les producteurs et/ou les salariés, le gouvernement peut acheter ces excédents ou éviter qu’ils ne se
forment en imposant des quotas aux producteurs.
A long terme, la fixation d’un prix plancher conduit à une aggravation du déséquilibre. La demande de
long terme, plus élastique qu’à court terme, peut d’abord conduire les consommateurs à se détourner du
bien devenu trop cher. Avec une baisse de la demande, l’excédent devient encore plus important. L’offre
de long terme, plus élastique elle aussi qu’à court terme, peut conduire les producteurs à vouloir
augmenter leur offre, si des quotas ne leur sont pas imposés et que le gouvernement leur rachète leur
excédent. L’excédent devient alors encore plus important.
Analyse de document
De quelle façon les gouvernements interviennent-ils dans la vie des marchés ?
Qu’est-ce qu’un prix plancher ?
Si le prix plancher n’est pas effectif, quel est son infuence sur l’équilibre de marché ?
Que résulte-t-il de l’instauration d’un prix plancher (effectif) ?
Que se passe-t-il à long terme si un prix plancher est instauré ?
A long terme la demande est plus élastique. Les consommateurs peuvent alors s’ajuster pour réagir à
l’augmentation du prix provoquée par l’instauration d’un prix plancher. Reprenez le graphe 5.1. en
ajoutant une courbe de demande de long terme (faites pivoter la courbe de demande autour du point
d’équilibre initial pour produire une courbe plus applatie). L’excédent est-il à long terme plus ou moins
important qu’à court terme ?
70
Figure 5.3. La fixation d’un prix plafond
Les gouvernements fixent des prix plafonds pour certains biens afin d’empêcher les prix d’être trop
élevés. Cela peut par exemple être le cas des loyers (le contrôle des loyers). L’existence d’un prix plafond
se justifie en général par des considérations d’équité, afin de permettre à tout le monde, même les plus
pauvres, d’avoir accès à un bien.
Les pénuries qui résultent de l’instauration de ce genre de mesure peuvent se régler de deux façons. La
première est la moins organisée et la plus coûteuse : c’est l’instauration de la règle « premier arrivé,
premier servi » qui entraîne la formation de longues files d’attente devant les commerces. La seconde
permet de mieux gérer la pénurie mais ne règle pas le problème du manque de bien : c’est la distribution
de tickets de rationnement, qui permet à chaque consommateur d’avoir droit à une certaine quantité du
bien6.
Contrairement au cas des quotas de production, il faut noter que la mise en place de tickets de
rationnement ne fait pas disparaître la pénurie. Alors qu’avec des quotas de production, l’offre diminue,
avec des tickets de rationnement, la demande ne diminue pas. Ce qui diminue, c’est seulement la capacité
des consommateurs à formuler cette demande sur un marché.
A long terme, la fixation d’un prix plafond conduit à une aggravation du déséquilibre. La demande plus
élastique de long terme peut d’abord conduire les consommateurs à accroître leur demande du bien
devenu moins cher. Avec une hausse de la demande, la pénurie devient encore plus importante. L’offre
plus élastique de long terme peut conduire les producteurs à diminuer leur offre. La pénurie devient alors
encore plus importante.
Analyse du document
Qu’est-ce qu’un prix plafond ?
Que résulte-t-il de l’instauration d’un prix plafond (effectif) ?
Pourquoi les gouvernements fixent-ils des prix plafonds ?
Quel est l’intérêt du ticket de rationnement par rapport à la file d’attente pour gérer une pénurie ? Quel
est son inconvénient ?
Un gouvernement impose un prix plafond effectif sur un bien. D’importantes files d’attente se forment,
poussant certains consommateurs à renoncer à acheter le bien en question. Faites un graphe dans le plan
(quantité, prix) pour expliquer pourquoi la file d’attente conduit à une réduction de la pénurie.
Que se passe-t-il à long terme si un prix plafond est instauré ?
A long terme l’offre est plus élastique. Les offreurs peuvent alors s’ajuster pour réagir à la baisse du prix
provoquée par l’instauration d’un prix plafond. Reprenez le graphe 5.2. en ajoutant une courbe d’offre
de long terme (faites pivoter la courbe d’offre autour du point d’équilibre initial pour produire une
courbe plus applatie). La pénurie est-elle à long terme plus ou moins importante qu’à court terme ? A la
lumière de ce résultat, que produit le contrôle des loyers à long terme ?
72
En ce qui concerne les impôts indirects (collectés par les commerçants comme la TVA), l’usage en
économie est de les appeler taxes, même si d’un point de juridique ce sont la plupart du temps des impôts.
Nous suivrons cet usage par la suite.
La figure 5.5 représente l’effet d’une taxe unitaire sur l’équilibre du marché. La conséquence essentielle
de l’instauration d’une taxe est l’augmentation du prix ( P2 > P1 ¿et la réduction des quantités échangées
( Q2 <Q1 ). Cependant, le prix d’équilibre n’augmente pas d’un montant égal à la taxe ( P2 < P1 +taxe ), en
raison de la réduction de la quantité demandée puisque le prix augmente. Au final, le prix d’équilibre
après taxation ( P2) est entre le prix d’équilibre avant la taxe ( P1) et ce même prix plus le montant de la
taxe ( P1 +taxe ). Le fardeau de la taxe est ainsi réparti entre les consommateurs qui voient les prix
augmenter, et les producteurs qui voient leurs ventes diminuer. La question de savoir qui, des producteurs
ou des consommateurs, supporte la taxe dans sa plus grande partie est appelée « incidence fiscale ».
Analyse de document
D’après le droit fiscal français, quelle différence y a-t-il entre un impôt et une taxe ?
Si le prix d’un bien est de 5 euros et qu’on applique une taxe unitaire de 1 euro, quel est le prix TTC du
bien ?
74
Si le prix d’un bien est de 10 euros et qu’on applique une taxe ad valorem de 10%, quel est le prix TTC
du bien ?
Si le prix d’un bien est de 5 euros, qu’on applique une taxe unitaire de 1 euro et ensuite une taxe ad
valorem de 10%, quel est le prix TTC du bien ?
Qu’est-ce que l’introduction d’une taxe change à la fonction de demande (si on l’exprime en fonction du
prix toutes taxes comprises) ?
Qu’est-ce que l’introduction d’une taxe change à la fonction d’offre (si on l’exprime en fonction du prix
toutes taxes comprises) ?
Le gouvernement décide de diminuer le montant de la taxe unitaire sur un bien. Montrez, en faisant un
graphe à l’appui dans le plan (Q,P) où P est le prix TTC, comment varient le prix et la quantité échangée
à l’équilibre suite à cette baisse de taxe.
Considérons deux biens substituables. Que se passe-t-il sur le marché de chacun des deux biens si le
gouvernement décide de taxer l’un d’entre eux ? En appui à votre réponse, faites un graphe dans le plan
(Q,P) où P est le prix TTC.
Sur chacun des quatre graphes, le montant de la taxe unitaire est le même (sur les quatre graphes le
déplacement vers le haut de la courbe d’offre est le même). A chaque fois, le prix d’équilibre passe de P 1 à
P2, et la quantité d’équilibre de Q1 à Q2.
Par ailleurs, on mesure sur chaque graphe le montant des recettes fiscales perçu par l’Etat, égal à t × Q2,
c’est-à-dire le montant de la taxe multiplié par la quantité échangée de bien. Sur chaque graphe, ces
75
recettes sont représentées par une surface rectangulaire grisée (qui réunit les zones grisées claire et
foncée).
Le montant des recettes fiscales peut être décomposé comme une somme de deux termes :
t × Q2=(⏟ P2−P1 ) ×Q 2+ (⏟
P1−( P2−t ) ) × Q2
consommateurs producteurs
Le premier terme correspond à la part des recettes fiscales payée par les consommateurs, du fait de
l’augmentation du prix du bien. La part payée par les consommateurs correspond à la surface en gris clair
sur les graphes. Le second terme correspond à la part des recettes fiscales payée par les producteurs, du
fait de la baisse du prix perçu par les producteurs. La part payée par les producteurs correspond à la
surface en gris foncé sur les graphes.
L’observation des quatre graphes conduits à faire les remarques suivantes :
- Plus les élasticités prix de l’offre et/ou de la demande sont faibles (cas 1 et 3), moins les quantités
échangées diminuent après l’instauration d’un taxe. La taxation de tels biens génère des recettes fiscales
importantes pour les Etats dans la mesure où elle réduit peu les quantités échangées. C’est le cas par
exemple des cigarettes et de l’alcool.
- Plus l’élasticité prix de la demande est faible et/ou l’élasticité prix de l’offre est forte (cas 1 et 4), plus
les prix augmentent, et donc plus la part des recettes fiscales supportée par les consommateurs est
importante. C’est à nouveau le cas des cigarettes et de l’alcool.
- Plus l’élasticité prix de la demande est élevée et/ou l’élasticité prix de l’offre est faible (cas 1 et 4),
moins les prix augmentent, et donc plus la part des recettes fiscales supportée par les producteurs est
importante.
Ainsi, le fardeau de la taxe repose principalement sur le côté du marché (offre ou demande) qui a
l’élasticité prix la moins élevée.
76
La courbe de demande dans le plan (Q, P) se déplace ainsi vers la droite (figure 5.7.). Si l’aide est
accordée à tous les consommateurs, la hauteur verticale entre les deux courbes de demande est égale au
montant A de l’aide (dans notre exemple précédent, on passe d’un prix de 8 euros demandé pour 6 unités
à un prix de 10 euros pour 6 unités ; la différence est alors égale au montant de l’aide de 2 euros). Dans le
cas où seule une partie des consommateurs est éligible à l’aide financière, la courbe de demande se
déplace aussi vers la droite, mais dans une moindre mesure, et la distance verticale qui sépare les deux
courbes est alors inférieure à A.
Figure 5.7. Aide financière à la consommation et équilibre du marché
L’aide financière a pour effet d’accroître la quantité demandée ( Q2 >Q1) mais aussi le prix d’équilibre (
P2 > P1). Au final, les consommateurs bénéficient d’une réduction du prix plus faible que prévu, puisque
le prix (hors aide) augmente. Plus la courbe d’offre est élastique (plus elle tend vers l’horizontale), et plus
la hausse de prix est faible, et donc plus le mécanisme d’aide bénéficie aux consommateurs. Au contraire,
plus l’offre est rigide, et plus le prix du bien augmente, limitant le bénéfice que retirent les
consommateurs de l’aide qui leur a été accordée. Dans le cas extrême d’une fonction d’offre parfaitement
rigide, l’augmentation du prix équivaut au montant de l’aide, et les consommateurs ne retirent aucun
bénéfice du mécanisme d’aide.
Analyse du document
Quel est l’effet d’une taxe (unitaire) sur l’équilibre de marché ?
Dans quels cas l’introduction d’une taxe rapporte-t-elle le plus de recettes fiscales ?
Dans quels cas les taxes sont-elles surtout supportées par les consommateurs ?
Dans quels cas les taxes sont-elles surtout supportées par les producteurs ?
Quel est l’effet d’une aide financière à la consommation d’un bien sur l’équilibre de marché de ce bien ?
Si une aide financière d’un montant de A euros est accordée à tous les consommateurs pour l’achat
d’une unité d’un bien, cela implique-t-il que le prix du bien net de l’aide (P - A) va baisser de A euros ?
Refaites la figure 5.7. avec une fonction d’offre parfaitement rigide. Quel est l’effet de l’introduction
d’une aide financière à la consommation sur l’équilibre du marché ?
Exercice
77
Soit la fonction de demande d’un bien Qd =P−0 , 5 et la fonction d’offre Qo =P 2, où la quantité est mesurée
en million d’unités.
1) Déterminez le prix d’équilibre et la quantité échangée à l’équilibre du bien.
2) Déterminez les fonctions de demande et d’offre inverses.
3) Une taxe ad valorem de 10% est appliquée sur le bien. Réécrivez les fonctions de demande et d’offre
obtenues à la question précédente en intégrant cette taxe.
4) Trouvez le prix d’équilibre (TTC) et la quantité échangée à l’équilibre après instauration de la taxe.
5) A l’équilibre, le prix TTC a-t-il augmenté de 10% ? Pourquoi ?
6) Calculez le montant des recettes fiscales, puis les parts supportées par les producteurs et les
consommateurs. Commentez ces résultats au regard des élasticités prix de la demande et de l’offre.
78
CHAPITRE VI. Préférences du consommateur
et contrainte de budget
Nous allons commencer par étudier dans ce chapitre les préférences d’un consommateur qui reflètent ses
goûts et correspondent à sa façon de comparer différentes combinaisons de biens. Puis, nous introduirons
les contraintes liées aux prix des biens et au budget du consommateur afin de caractériser son choix
optimal dans le chapitre suivant. Il est important de rappeler que nous allons découvrir un modèle, qui est,
par essence, une représentation simplifiée de la réalité. Ce modèle repose sur un certain nombre
d’hypothèses qui, tout en étant empiriquement fondées pour la plupart, restent simplificatrices. Ainsi, le
fait de ne pas se reconnaître parfaitement dans le consommateur de la théorie microéconomique ne doit
pas nous amener à remettre trop vite en cause cette approche. Comme il s’agit d’une première
modélisation des comportements individuels, nous simplifierons au maximum l’analyse en ne considérant
que des choix à une date donnée, sans futur ou passé : nous parlerons de choix statiques. Par ailleurs, nous
raisonneront la plupart du temps avec seulement deux biens, ce qui suffit pour comprendre le
raisonnement du consommateur.
Un panier de biens est un ensemble composé d’un ou de plusieurs biens dont les quantités sont précisées.
On note (Q1, Q2 , …, Qn ) un panier de n biens composé d’un nombre Q 1 de bien 1, d’un nombre Q 2 de
bien 2, etc. Les biens dans le panier sont ordonnés arbitrairement.
Considérons par exemple quatre biens : des pommes, des litres d’essence, des livres et des places de
cinéma.
A = (4, 1, 5, 3) est un panier composé de 4 pommes, 1 litre d’essence, 5 livres et 3 places de cinéma.
B = (2, 4, 8, 1) est un autre panier composé de 2 pommes, 4 litres d’essence, 8 livres et 1 place de cinéma.
La théorie du consommateur est fondée sur l’hypothèse que tous les individus sont capables de comparer
deux paniers de biens du point de vue de la satisfaction que chacun de ces paniers leur procure. Nous
pouvons formaliser cette idée en utilisant le concept de relation de préférence.
Prenons deux paniers de biens composés de deux biens, les livres et les places de cinéma. Le panier A est
composé de 20 livres et 3 places de cinéma et le panier B est composé de 10 livres et de 5 places de
cinéma.
Alexandre préfère (faiblement) le panier A au panier B, on note A ≽ B, c’est-à-dire que le panier A
procure à Alexandre plus ou autant de satisfaction que le panier B.
Alexis est indifférent entre A et B, on note A ∼ B, c’est-à-dire que les deux paniers lui procurent la même
satisfaction.
Enfin, Cléia préfère strictement A à B, on note A ≻ B, c’est-à-dire que A lui procure strictement plus de
satisfaction que B.
Les propriétés 1 à 3 impliquent que si A ∼ B et B ∼ C alors A ∼ C. Cela implique d’autre part que si
A ≻ B et B ≻ C alors A ≻ C.
Analyse du document
Qu’est-ce qu’un panier de biens ?
Si un individu est indifférent entre deux paniers de biens, cela signifie-t-il qu’il n’est pas capable de les
comparer ?
Quels sont les axiomes du consommateur ?
Que signifie l’axiome de réflexivité ?
Considérons un consommateur « rationnel », c’est-à-dire dont les préférences obéissent aux axiomes du
consommateur. On considère des paniers de 2 biens (nombre de pommes et litres de vin). Soient les
paniers A = (3 , 1) , B = (1 , 3), et C = (2 , 2). On sait que B ≻ A et que C ≻ B. Expliquez ce que cela
signifie et ce que cela implique.
Considérons un consommateur « rationnel ». Soient les paniers de deux biens : A = (1, 1), B = (2, 1), C
= (1, 2), D = (2, 2), E = (3, 2), F = (2, 3), G = (2, 0) et H = (3, 1). On vous indique que pour ce
consommateur rationnel on a B ∼ C et F ≻ E. Veuillez comparer les paniers A et C, C et G, puis F et H.
Pourquoi R.J. Aumann a-t-il rejeté l’axiome de complétude ?
Une première étape dans la représentation des préférences consiste à construire des courbes qui
regroupent les paniers qui procurent la même satisfaction à un individu.
La courbe d’indifférence, associée à un panier quelconque A, regroupe tous les paniers qui procurent au
consommateur la même satisfaction que A. Elle est notée IA sur la figure 6.1.
5 paniers, notés de A à F, sont représentés sur la figure 6.1. Par exemple, le point A correspond à un
panier avec 20 DVD et 3 places de cinéma. Nous voulons construire la courbe d’indifférence I A associée
au panier A (passant par le point A). Pour ce faire, nous devons localiser tous les paniers qui sont
considérés par Julien comme indifférents à A.
Cherchons d’abord les paniers préférés à A et les paniers auxquels A est préféré en utilisant l’axiome de
monotonie introduit précédemment. D’après cet axiome, A sera préféré à tous les paniers avec un nombre
de DVD inférieur ou égal à 20 et un nombre de places de cinéma inférieur ou égal à 3. Ces paniers
correspondent à la zone en gris de la figure. Ainsi, A est préféré à E. Toujours par l’axiome de monotonie,
tous les paniers avec un nombre de DVD supérieur ou égal à 20 et un nombre de places de cinéma
supérieur ou égal à 3 seront préférés à A. Ces paniers correspondent à la zone en orange. Ainsi, D est
préféré à A. Les zones grise et orange sont communes à tous les individus ayant des préférences
monotones.
Notons que les paniers B, C et F n’appartiennent ni à la zone grise, ni à la zone orange. La comparaison
de A avec ces paniers va dépendre des préférences et des goûts de l’individu. Dans le cas spécifique de
Julien, il s’avère qu’il est indifférent entre A, B et C et qu’il préfère A à F. Dans ce cas, la courbe
d’indifférence IA de Julien qui passe par A passera aussi par B et C.
Cette courbe divise le plan en deux zones qui apparaissent dans la figure 6.2. :
– la zone des paniers préférés à ceux de la courbe (zone en orange) ;
– la zone des paniers non préférés (zone en gris).
La courbe d’indifférence tracée sur les figures 6.1. et 6.2. est une courbe continue. Si on suppose qu’il
n’est pas possible de diviser les biens (de consommer une demi-place de cinéma ou un demi-DVD), la
81
courbe n’est pas vraiment continue. En général, de façon à simplifier l’analyse, les économistes font
l’hypothèse simplificatrice que les biens sont parfaitement divisibles, de sorte que les courbes
d’indifférence sont bien continues. Nous adoptons dans la suite du cours cette hypothèse simplificatrice.
Figure 6.2. Paniers préférés et non préférés (d’après les préférences de Julien)
Analyse du document
Qu’est-ce que la courbe d’indifférence associée à un panier permet-elle d’identifier ?
Considérez les 6 paniers de la figure 6.1. Comparez le panier E avec chacun des autres paniers. Refaites
la même chose avec le panier F puis le panier D.
La configuration visible sur le graphe a est impossible car deux courbes d’indifférence ne peuvent se croiser ; plus une courbe
d’indifférence est éloignée de l’origine plus elle correspond à un niveau de satisfaction élevée (graphe b).
82
La figure 6.3. permet d’illustrer trois propriétés des courbes d’indifférence. Les courbes d’indifférence
d’un même individu construites à partir de ses préférences pour deux biens donnés vérifient les propriétés
suivantes.
i. Les courbes d’indifférence sont décroissantes.
On le voit sur le graphe b de la figure 6.3. Si on considère n’importe laquelle des trois courbes
d’indifférence, on voit bien que pour compenser une diminution de la consommation « cinéma », il faut
augmenter la consommation « DVD » pour garder le même niveau de satisfaction (rester sur la même
courbe).
ii. Les courbes d’indifférence ne peuvent pas se croiser.
Chaque courbe d’indifférence représente les paniers qui offrent le même niveau de satisfaction. Si deux
courbes sont distinctes, c’est qu’elles correspondent par définition à des niveaux de satisfaction différents.
Si deux courbes d’indifférence se croisaient en un panier A comme dans le graphe a, cela signifierait que
ce panier correspondrait à deux niveaux de satisfaction distincts, ce qui est impossible.
iii. Une courbe d’indifférence située au-dessus (à droite) d’une autre correspond à un niveau de
satisfaction plus important.
Cette propriété est aussi une conséquence directe de l’axiome de monotonie (partie b de la figure 6.3).
Enfin, les économistes pensent que, pour la majorité des biens, les courbes d’indifférence ont une forme
particulière : elles sont convexes. C’est ce qu’illustre la figure 6.4.
La corde reliant les points A et B est au-dessus de la courbe. Cette dernière est donc convexe.
La convexité de la courbe d’indifférence est la conséquence d’un axiome supplémentaire que l’on ajoute
généralement aux axiomes de base. Il s’agit de l’axiome de préférence pour la diversité.
Axiome 5. Le consommateur présente une préférence pour la diversité. S’il est indifférent entre deux
paniers A et B (A ∼ B), alors un nouveau panier C composé en mélangeant une moitié de A et une moitié
de B sera (strictement) préféré à A et à B (C ≻ A et C ≻ B).
C’est le cas du panier C de la figure 6.4. qui correspond à un mélange des paniers A et B. Comme il est à
mi-distance de A et B, il est obtenu en mélangeant la moitié de A avec la moitié de B. On voit que C est
dans la zone des paniers préférés. L’individu préfère donc ce panier diversifié aux paniers d’origine A et
B.
Analyse du document
Pourquoi une courbe d’indifférence ne peut-elle être croissante ?
Expliquez, en comparant les paniers B et C du graphe a de la figure 6.3., pourquoi il est impossible que
deux courbes d’indifférence se croisent.
En comparant les paniers A’, B’ et C du graphe b de la figure 6.3., expliquez pourquoi plus une courbe
d’indifférence est éloignée de l’origine, plus elle correspond à un niveau de satisfaction élevé.
83
Comparez le panier A avec le panier B’ du graphe b.
Qu’est-ce que la préférence pour la diversité signifie ?
Quelle est la conséquence de l’hypothèse de préférence pour la diversité sur la courbe d’indifférence ?
Fabrice, qui éprouve de la préférence pour la diversité, est indifférent entre le panier A contenant
uniquement 100 DVD et le panier B contenant uniquement 50 places de cinéma. Proposez un autre
panier, qui contient moins de 100 DVD et moins de 50 places de cinéma, que Fabrice préfère aux paniers
A et B.
Encadré. Le taux de substitution : une analyse de l’échange « frites contre des potatoes »
Imaginons que vous vous rendiez dans un restaurant d’une célèbre de chaîne de restauration rapide avec
un ami. Après avoir acheté votre menu, vous disposez d’une certaine quantité de frites et de « potatoes ».
On suppose que vous éprouvez de la préférence pour la diversité, et que vous voulez consommer à la fois
des frites et des potatoes. Combien de frites seriez-vous prêt à donner à votre ami pour avoir en échange 1
84
potatoe supplémentaire ? Le nombre de frites cédées en échange d’une potatoe est un taux de substitution.
Evidemment, la valeur de ce taux est personnelle, puisqu’elle dépend de vos préférences. Ensuite, la
valeur de ce taux dépend du nombre de frites et de potatoes que vous avez au départ dans votre menu. Si
vous avez acheté un menu avec plein de frites et peu de potatoes, vous serez prêt à renoncer à un plus
grand nombre de frites pour avoir une potatoe supplémentaire que si vous aviez acheté un menu avec peu
de frites et plein de potatoes. Si on met dans un plan les potatoes en abscisse et les frites en ordonnée,
votre taux marginal de substitution (frites contre potatoes) est élevé quand vous avez peu de potatoes et il
est faible quand vous avez beaucoup de potatoes. Votre courbe d’indifférence est donc bien convexe.
Nous allons voir à présent que le TMS mesure le degré de substituabilité entre deux biens et permet de
distinguer les biens substituables des biens complémentaires.
85
entre (1,1), (2,1), (5, 1), (1, 2), (1, 5). Ainsi la courbe d’indifférence qui passe par le point (1,1) se
compose d’une demi-droite verticale et d’une demi-droite horizontale qui partent du point (1,1).
Dans le cas de compléments parfaits, le TMS est donc soit infini (égal à la pente de la demi-droite
verticale) soit nul (égal à la pente de la demi-droite horizontale)8.
Analyse de document
Qu’est-ce que le taux marginal de substitution d’un bien à un autre ?
Quelle est la propriété du taux marginal de substitution d’un bien à un autre d’un individu qui a une
préférence pour la diversité ?
Sous quelle condition relative au TMS deux biens sont-ils des substituts parfaits ?
Sous quelle condition relative au TMS deux biens sont-ils des compléments parfaits ?
Considérez la courbe d’indifférence qui passe par le point (1,1) de la figure 6.7. Pourquoi le TMS est-il
infini pour toute combinaison située sur la « courbe » au-dessus du point (1,1) ?
Considérez la courbe d’indifférence qui passe par le point (1,1) de la figure 6.7. Pourquoi le TMS est-il
nul pour toute combinaison située sur la « courbe » à droite du point (1,1) ?
Si deux biens sont parfaitement substituables, peut-on dire que l’individu éprouve de la préférence pour
la diversité ?
Si deux biens sont parfaitement complémentaires, peut-on dire que l’individu éprouve de la préférence
pour la diversité ?
8
Au point (1,1) qui est à la jonction des demi-droites il y a deux pentes, une à gauche (infinie) et une à droite (nulle).
86
2.1. L’utilité : une mesure ordinale de la satisfaction
Chaque courbe d’indifférence correspond à un niveau de satisfaction. Plus la courbe est élevée dans le
plan, plus la satisfaction associée à la consommation d’un panier sur cette courbe est importante. Ainsi, il
suffit d’associer une valeur numérique à chaque courbe d’indifférence, d’autant plus grande que la courbe
est élevée dans le plan, pour construire un indice d’utilité (figure 6.8.)
La figure 6.8. représente une carte d’indifférence associée à la consommation de deux biens x et y. Nous
avons représenté 4 courbes d’indifférence sur cette carte. A chaque courbe nous avons associé un indice
d’utilité, dont la valeur est d’autant plus grande que la courbe est élevée.
Ainsi l’utilité associée à la courbe la plus élevée sur la figure 6.8. vaut 7, ce qui est supérieur à l’utilité de
la troisième courbe (qui vaut 4). Cela traduit la préférence du consommateur pour les paniers associés à la
courbe la plus élevée.
Propriété : l’utilité associée à une courbe d’indifférence est une mesure ordinale de la satisfaction du
consommateur, et non pas cardinale. Cela signifie que la valeur particulière de l’utilité associée à un
panier ou à la courbe qui passe par ce panier n’a aucune signification. Seul compte le classement des
paniers que l’on peut opérer grâce à l’utilité.
Ainsi, le fait que l’utilité associée à la courbe la plus basse de la figure 6.8. vaut 1 n’a aucun sens en soi.
Ce qui a du sens, c’est d’observer que cette valeur est inférieure à l’utilité des courbes qui sont plus
élevées.
De même, l’utilité associée à un panier ou à une courbe peut être négative. Le signe de l’utilité n’a aucune
signification, car seul compte le classement qui découle de la comparaison de l’utilité des différents
paniers.
Sous certaines conditions mathématiques assez peu restrictives 9, il existe une fonction de x et y (où x et y
désignent aussi les quantités consommées des deux biens) notée U(x, y) qui mesure l’utilité associée à
chaque panier (x, y). C’est la fonction d’utilité du consommateur. Nous admettrons par ailleurs que cette
fonction possède des dérivées du premier et second ordre.
Par exemple, il existe une fonction U telle que U(x, y) = 1 pour x et y appartenant à la première courbe
d’indifférence de 6.8., telle que U(x, y) = 3 pour x et y appartenant à la deuxième courbe …
Chaque courbe d’indifférence correspond alors à un niveau de la fonction d’utilité. Pour cette raison, les
courbes d’indifférence sont aussi appelées courbes d’iso-utilité.
9
Pour cela, les axiomes de rationalité présentés au début du chapitre précédent doivent être vérifiés. De surcroît, l’ensemble
des paniers doit former un ensemble continu et fermé. Cette dernière condition assure que si deux paniers diffèrent de façon
infime par leur composition et que l’un est préféré à un troisième panier, alors l’autre doit aussi l’être. Cela exclut l’existence
de « ruptures » dans les préférences, c’est-à-dire qu’une modification infime de la composition d’un panier puisse provoquer
un changement notable de satisfaction.
87
Propriété : d’après l’axiome de monotonie, la fonction d’utilité est croissante par rapport à chacun de ses
∂ U (x , y ) ∂ U (x , y)
arguments x et y. Les dérivées partielles sont donc positives : >0, >0.
∂x ∂y
C’est bien sûr en raison de cette hypothèse qu’une valeur plus importante de l’utilité est associée aux
courbes d’indifférence les plus élevées.
Par définition la fonction d’utilité U(x, y) est une fonction de deux variables x et y. Si on voulait
représenter cette fonction dans un graphe, il faudrait faire un graphe en 3 dimensions (un axe pour x, un
axe pour y et un axe pour la valeur résultante de U). La courbe d’indifférence ou courbe d’iso-utilité
représente en fait ce qu’on appelle une courbe de niveau de cette fonction.
La fonction d’utilité Cobb-Douglas U ( x , y ) =x α y β avec α >0 , β> 0 est un exemple de fonction d’utilité
très utilisée. Par exemple on peut avoir pour certains individus une fonction U ( x , y ) =x0 , 5 y 0 ,5.
Dans la mesure où la valeur de l’utilité constitue seulement une mesure ordinale de la satisfaction, toute
transformation monotone croissante de la fonction d’utilité fournit une nouvelle fonction d’utilité qui
représente aussi les préférences du même consommateur. Toute fonction V croissante permet d’obtenir
une fonction d’utilité équivalente à U en appliquant la fonction V à la valeur de l’utilité : V(U).
Si on reprend l’exemple de la figure 6.8., on peut appliquer la transformation croissante V = -2 + 5U.
Ainsi, les valeurs 1, 3, 4 et 7 associées aux 4 courbes deviennent après calculs 3, 13, 18 et 33. Ces quatre
valeurs font le « même job » que les quatre précédentes puisqu’elles conservent le même classement entre
les paniers.
Si on reprend l’exemple de la fonction U ( x , y ) =x0 , 5 y 0 ,5, on peut appliquer une transformation
logarithmique : V = lnU, dans la mesure où ln est une fonction monotone croissante. On trouve ainsi une
nouvelle fonction d’utilité V(x, y) = 0,5lnx + 0,5lny qui représente les mêmes préférences que la fonction
U(x,y). En fait, on peut même se débarrasser des « 0,5 » en définissant la fonction d’utilité W = 2V = lnx
+ lny, qui représente les mêmes préférences que U et V.
Il n’y a donc pas une, mais une infinité de fonctions d’utilité qui peuvent être utilisées pour représenter les
préférences d’un consommateur rationnel.
Analyse du document
Peut-on dire que les individus possèdent réellement une fonction d’utilité ?
Qu’est-ce que la fonction d’utilité ?
Si l’utilité d’un panier vaut 10, que peut-on en tirer ?
L’utilité peut-elle être négative ?
Quel autre nom donne-t-on aux courbes d’indifférence ?
Quelle particularité présente la fonction d’utilité en raison de l’axiome de monotonie ?
88
1
U y =0 ,5 . On trouve alors U y =0 ,1. On en tire alors qu’accroître la consommation du bien x augmente
y
deux fois plus la satisfaction qu’accroître la consommation du bien y.
1 1
La figure 6.9. trace le graphe des utilités marginales U x = ,U y =0 , 5 associées à la fonction U(x, y) =
x y
lnx + 0,5lny. Comme on peut le constater, l’utilité marginale de chaque bien est une fonction décroissante
de la quantité consommée.
La décroissance de l’utilité marginale est connue sous le nom de principe ou loi de l’utilité marginale
décroissante. Cette loi énonce que plus un individu consomme un bien, plus ses besoins de ce bien sont
satisfaits et moins la consommation supplémentaire de ce bien lui apportera d’utilité supplémentaire. En
fait, malgré son nom, il ne s’agit pas d’une loi, mais d’une hypothèse.
.....Ux ___ Uy
12
10
0
Note : la quantité consommée de chaque bien est en abscisse, et son utilité marginale en ordonnée.
Cette hypothèse est basée sur l’idée que la première bouchée est toujours la meilleure ! Si vous mangez
des frites, la première frite est la meilleure. La deuxième vous satisfait toujours, mais moins que la
première. On peut dire la même chose de la troisième, qui vous satisfait, mais moins que la deuxième …
Cette hypothèse est étendue à tous les biens de consommation, et pas seulement les biens alimentaires.
Mathématiquement, la loi de l’utilité marginale décroissante revient à postuler que les dérivées partielles
2 2 2 2
∂ U (x , y ) ∂ U (x , y ) ∂ U (x , y ) ∂ U (x , y )
secondes 2 et 2 de la fonction d’utilité sont négatives : 2
<0 , 2
<0 .
∂x ∂y ∂x ∂y
Comme indiqué précédemment, l’utilité est supposée croissante par rapport à chacun de ses arguments en
raison de l’axiome de monotonie. De surcroît, on suppose généralement que la fonction d’utilité est
concave, ce qui implique que le consommateur éprouve de la préférence pour la diversité.
Une fonction à deux variables U(x, y) est (strictement) concave si :
( )
2 2 2 2
∂ U (x , y ) ∂ U (x , y ) ∂ U (x , y ) ∂2 U (x , y ) ∂2 U (x , y )
<0 , <0 et − > 0.
∂ x2 ∂ y2 ∂ x2 ∂ y2 ∂x∂ y
La concavité de la fonction d’utilité implique ainsi que la loi de l’utilité marginale décroissante est
vérifiée. Bien que cela soit un peu plus compliqué à démontrer, on pourrait aussi prouver que la concavité
de la fonction d’utilité implique que les courbes d’indifférence sont convexes.
89
2 2 2
∂ U (x , y ) ∂ U (x , y ) ∂ U (x , y ) ∂ U (x , y ) ∂ U (x , y )
1. > 0; 2. >0 ; 3. <0 ; 4. <0 ; 5.
∂x ∂y ∂ x2 ∂ y2 ∂ x2
( )
2 2 2
∂ U (x , y ) ∂ U (x , y )
− > 0.
∂ y2 ∂x∂ y
Les hypothèses 1 et 2 découlent de l’axiome de monotonie. L’individu rationnel est d’autant plus satisfait
que sa consommation d’un bien est grande. Les hypothèses 3, 4 et 5 sont suffisantes (mais pas
nécessaires) pour garantir la validité de l’axiome de préférence pour la diversité. Les hypothèses 3 et 4
correspondent à la loi de l’utilité marginale décroissante. Sans ce principe, les individus ne
manifesteraient pas de préférence pour la diversité. En effet, chaque dérivée partielle seconde indique
l’effet d’une augmentation de la consommation d’un bien sur la dérivée partielle première, c’est-à-dire sur
l’utilité marginale. Comme cette dérivée seconde est négative, alors l’augmentation de la quantité
consommée d’un bien réduit son utilité marginale. Imaginez que cela ne soit pas le cas et qu’un des biens
soit au contraire à satisfaction marginale croissante (dérivée seconde positive). Alors l’individu rationnel
serait tenté de ne consommer que ce bien, puisque plus il consommerait de ce bien, et plus son utilité
marginale augmenterait. L’hypothèse 5 est plus subtile à comprendre. Elle pose en fait une condition sur
la valeur de la dérivée partielle seconde croisée10. Cette dérivée ne doit pas être trop forte (en valeur
absolue). L’utilité marginale d’un bien ne doit pas augmenter ou baisser trop fortement quand la
consommation de l’autre bien augmente.
La concavité de la fonction d’utilité est une hypothèse suffisante, qui garantit que la formule du choix
optimal du consommateur (établie au chapitre VII) correspond bien à un maximum global de la fonction
d’utilité sous contrainte. Elle n’est cependant pas nécessaire. De nombreuses fonctions d’utilité vérifient
les hypothèses 1 à 4 mais pas l’hypothèse 5. Il faut alors vérifier au cas par cas que la formule
d’optimisation conduit bien à un maximum global (ce qui n’est pas nécessaire quand l’hypothèse 5 est
vérifiée).
Analyse du document
Qu’est-ce que l’utilité marginale ?
Soit la fonction d’utilité U =xy+ 2 √ x +6 √ y . Déterminez l’utilité marginale de x et celle de y.
Si l’utilité marginale de x vaut 2 et celle de y vaut 4 lorsque vous consommez le panier (1,1), qu’est-ce
que cela indique ?
Reprenons les éléments de la question précédente. D’après vous, de quelle information avez-vous besoin
pour savoir s’il vaut mieux augmenter la consommation du bien x ou celle du bien y (lorsque vous avez
consommé le panier (1,1))?
Qu’indique le principe de l’utilité marginale décroissante ?
Quelles sont les hypothèses relatives à l’utilité que les économistes font usuellement ?
Montrez que la fonction d’utilité U(x, y) = lnx + 0,5lny est bien concave.
10
Les hypothèses 3, 4 et 5 garantissent que la fonction est concave. En fait, les mathématiciens définissent généralement la
concavité avec seulement une des deux hypothèses 3 et 4, et en ajoutant l’hypothèse 5. En effet, si vous faites l’hypothèse 3
ainsi que l’hypothèse 5, alors l’hypothèse 4 est garantie du fait des deux précédentes. Ce n’est donc pas vraiment une
hypothèse mais une implication des deux autres.
90
dy
La pente d’une courbe d’indifférence en un point quelconque est alors déterminée par sous la
dx
contrainte dU = 0. Pour le comprendre, prenez n’importe quel point du plan (x,y) ; par exemple le point
(5,5). Vous appliquez la contrainte dU = 0 calculé en ce point (5,5). Cela signifie que vous considérez
dy
alors la courbe d’indifférence qui passe par le point (5,5). Et ensuite vous déterminez la dérivée en ce
dx
point de la courbe, c’est-à-dire vous calculez la pente de la courbe en ce point. Comme cette dérivée est
forcément négative (puisque la courbe d’indifférence est décroissante), il faut alors prendre la valeur
absolue de cette pente pour obtenir le TMS.
dy
Concrètement, comment calculer sous la contrainte dU = 0 ? Il suffit pour cela de calculer la
dx
différentielle totale de la fonction d’utilité.
Par définition, la différentielle totale de la fonction d’utilité U(x,y) est :
∂U (x , y ) ∂ U (x , y )
dU = dx + dy
∂x ∂y
La différentielle totale permet de déterminer l’effet sur U (dU) d’une variation (infime) de x (dx) et de y
∂ U (x , y )
(dy). La dérivée partielle correspond à l’effet de la variation de x sur U, et la dérivée partielle
∂x
∂ U (x , y )
correspond à l’effet de la variation de y sur U.
∂y
Littéralement, la différentielle totale se lit ainsi : « la variation de U (dU) correspond à la somme de la
variation de x (dx) multiplié par son effet sur U ( ∂x )
∂ U (x , y)
et de la variation de y (dy) multiplié par son
effet sur U ( ∂y )
∂ U (x , y)
».
91
interpréter cette valeur du TMS en disant qu’une réduction de la quantité consommée de x est compensée
par une augmentation deux fois plus importante de y.
Uy
Bien entendu, le rapport inverse définit aussi un TMS, celui associé à l’inversion des axes. Si le TMS
Ux
vaut 2 en un point, le TMS « inverse » vaut ½ : s’il faut 2 unités de y pour remplacer 1 unité de x, alors il
faut une demi-unité de x pour remplacer une unité de y.
Considérons par exemple la fonction d’utilité U(x, y) = lnx + 0,5lny. Que vaut alors le TMS calculé au
point (10, 10) ?
1 1
Nous avons vu précédemment que les utilités marginales sont données par U x = ,U y =0 , 5 .
x y
La formule du TMS donne donc :
1
Ux x 2y
TMS ( x , y )= = =
Uy 1 x
0 ,5
y
L’application de cette formule au point (10, 10) donne : TMS (10 , 10 ) =2. Une réduction (infime) de la
quantité consommée de x est compensée par une augmentation deux fois plus importante de la quantité
consommée de y.
Analyse du document
Quelle propriété présente la fonction d’utilité associée à une courbe d’indifférence ?
dy
Expliquez pourquoi la pente d’une courbe d’indifférence dans le plan (x,y) est donnée par sous la
dx
contrainte dU = 0.
∂U (x , y ) ∂ U (x , y )
En partant de la différentielle totale de la fonction d’utilité U(x,y) : dU = dx + dy ,
∂x ∂y
Ux
expliquez pourquoi le TMS en un point quelconque vaut : TMS (x , y )= .
Uy
Considérons la fonction d’utilité U ( x , y ) =√ x + √ y croissante (par rapport à x et y) et concave. Calculez
le TMS au point (4, 9). Donnez une interprétation de la valeur obtenue.
92
La droite de budget (ou droite budgétaire) délimite les paniers de biens qu’un consommateur peut acheter
étant donnés les prix et son revenu (ou budget) qu’il est supposé dépenser entièrement. C’est la frontière
(supérieure) de l’ensemble budgétaire.
Ainsi, l’équation de la droite budgétaire est Px x + Py y = R.
Construisons l’ensemble budgétaire et la droite de budget de Julien. Le prix d’une place de cinéma est
supposé égal à Py = 6 euros et le prix d’un DVD est Px = 10 euros. La figure 6.10 représente la droite de
budget et l’ensemble budgétaire de Julien. La droite de budget a pour équation 10 x + 6 y = 120, où x
représente ici le nombre de DVD et y représente le nombre de places de cinéma.
L’ensemble budgétaire regroupe tous les paniers que le consommateur peut acheter étant donnés les prix
et son revenu : ce sont des paniers accessibles pour ce consommateur. Ils sont représentés par l’aire qui se
situe sous la droite de budget. Les autres paniers, situés au-dessus la droite de budget, correspondent aux
paniers inaccessibles.
Pour tracer la droite de budget, il suffit de connaître deux points. Il suffit de connaître le point situé sur
l’axe des abscisses, qui correspond à un budget entièrement consacré à x, et le point situé sur l’axe des
ordonnées, qui correspond à un budget entièrement consacré à y. Le premier point correspond au panier
(12, 0) et le second au panier (0,20), avec R/Px = 120/10 = 12 et R/Py = 120/6 = 20.
Un point important concerne le calcul et l’interprétation de la pente de la droite de budget. La droite de
budget peut se réécrire :
R px
y= − x
py p y
−p x
La pente de la droite de budget est donc égale à .
py
−p x −10
Dans le cas de la figure 6.10 elle vaut : = .
py 6
La pente de la droite de budget est d’abord évidemment négative, car à revenu et prix constants,
l’augmentation de la consommation de x ne peut se faire qu’au détriment de la consommation de y.
On note aussi que la valeur absolue de la pente de la droite de budget mesure le prix relatif des deux
biens. En effet, cette pente (en valeur absolue) est égale au rapport entre les prix des deux biens et indique
le taux auquel les deux biens peuvent être substitués sans changer la dépense totale. Si par exemple Julien
diminue sa consommation de DVD (x) de 3 unités, il pourra augmenter sa consommation de cinéma (y)
d’un nombre de places égal à 3px/py = 5 en conservant la même dépense.
Alors que le taux marginal de substitution constitue un taux d’échange personnel (combien de places de
cinéma supplémentaires vous faut-il pour compenser la perte d’un DVD), le rapport des prix mesure le
taux d’échange des biens sur les marchés (sur les marchés, le DVD vaut 10/6 = 1,666 places de cinéma).
Analyse du document
Qu’est-ce que l’ensemble budgétaire d’un individu ?
93
Un individu dispose d’un budget de 100 euros pour acheter et consommer de la bavette d’aloyau au prix
de 20 euros le kilo et des pommes de terre au prix de 1 euro le kilo. Comme s’écrit l’ensemble budgétaire
de cet individu ?
Qu’est-ce que la droite budgétaire ou droite de budget d’un individu?
Si on reprend les données de l’individu précédent, comme s’écrite sa droite budgétaire ?
Tracez dans le plan (bavette, pommes de terre) la droite de budget de l’individu précédent, où les
quantités consommées sont mesurées en kilogrammes. Indiquez l’ensemble budgétaire.
Considérons l’équation de la droite budgétaire Px x + Py y = R. A quoi est égale la pente de cette droite
dans le plan (x, y) ?
Qu’indique la pente de la droite de budget ? Veuillez raisonner numériquement en reprenant les données
de l’individu précédent ?
Lorsque le revenu augmente, l’ensemble budgétaire s’élargit, car le consommateur pourra acheter plus de
biens (l'ensemble des paniers de biens accessibles au consommateur augmente) et inversement lorsque le
revenu baisse (figure 6.11).
Lorsque le revenu baisse, la droite de budget se déplace vers l’origine. La nouvelle droite de budget est
parallèle à l’ancienne : sa pente n’est pas modifiée car le prix relatif ne bouge pas.
Evidemment, en cas de hausse du revenu, la droite de budget se déplace vers la droite, comme l’ensemble
des paniers accessibles s’élargit.
Lorsque le prix d’un bien est modifié, cela modifie évidemment la contrainte budgétaire. Par exemple, si
le prix d'un bien diminue (figure 6.12), ce bien devient relativement moins cher et l'ensemble des paniers
de biens accessibles augmente. La droite de budget se déplace alors vers la droite, mais la nouvelle droite
ne sera pas parallèle à l’ancienne, car le prix relatif est modifié. La droite de budget va en fait pivoter.
94
Dans le cas où le prix d’un bien augmente, c’est l’inverse : l’ensemble budgétaire se réduit et la droite de
budget pivote vers la gauche.
Lorsque les prix des deux biens sont modifiés dans les mêmes proportions (tous les deux à la hausse ou à
la baisse), l’effet est le même que celui d’une variation du revenu à prix constants.
Dans le cas où les deux prix sont multipliés par deux (figure 6.13), le prix relatif ne change pas et donc la
droite se déplace parallèlement vers la gauche. On a alors exactement le même résultat que si le revenu
est divisé par deux à prix constants (figure 6.11).
Ce résultat justifie ce qu’on appelle l’absence d’illusion monétaire ou nominale. Les agents rationnels
sont indifférents entre les situations suivantes : a) leur revenu est doublé à prix constants ; b) les prix sont
divisés par deux à revenu constant ou entre les situations suivantes (correspondant aux figures 6.11 et
6.13) : a) leur revenu est divisé par deux à prix constants ; b) les prix sont multipliés par deux à revenu
constant.
Analyse du document
Comment l’ensemble budgétaire et la droite budgétaire se modifient-ils lorsque le revenu varie ?
Comment l’ensemble budgétaire et la droite budgétaire se modifient-ils lorsque le prix du bien y
diminue ? Faites un graphe dans le plan (x, y) pour répondre à la question.
Comment l’ensemble budgétaire et la droite budgétaire se modifient-ils lorsque les prix des deux biens
augmentent simultanément dans les mêmes proportions ?
Comment la droite budgétaire se déplace-t-elle si le prix du bien y augmente et celui du bien x diminue ?
95
CHAPITRE VII. Le choix optimal du consommateur
Le consommateur choisit le panier de biens qui maximise sa satisfaction sous sa contrainte de budget. Ce
panier optimal peut être déterminé soit graphiquement grâce aux courbes d’indifférence, soit
mathématiquement en maximisant (sous contrainte) la fonction d’utilité.
1. Le panier optimal
1.1. Détermination graphique
Le panier optimal de consommation est le panier de biens choisi par un consommateur étant donné ses
préférences et sa contrainte budgétaire.
Intéressons-nous à nouveau aux choix de Julien. Il a un revenu de 120 euros qu’il souhaite consacrer à
l’achat de DVD (Px = 10) et de places de cinéma (P y = 6). Représentons quelques courbes d’indifférence
de Julien dans le même graphique où est aussi représentée sa droite de budget (figure 7.1.). Quel est le
panier optimal, sachant que c’est un des trois paniers indiqués sur le graphe (A, B ou C) ?
Le panier optimal est le panier B. Des trois paniers, ce n’est pas le panier qui donne la satisfaction la plus
élevée. Le panier C donne effectivement plus de satisfaction à Julien que le panier B puisqu’il est situé
sur une courbe d’indifférence plus élevée. Mais malheureusement pour Julien, le panier C est inaccessible
puisqu’il est situé au-delà de la droite de budget. Julien n’a pas les moyens d’acheter le panier C. Les
paniers A et B sont sur la droite de budget. Julien peut donc les acheter tous les deux et il dépense tout
son budget en les acquérant. Mais Julien préfère le panier B au panier A car il est situé sur une courbe
d’indifférence plus élevée. Le panier B est bien le panier optimal de Julien, car compte tenu de sa
contrainte de budget matérialisée par la droite de budget, il lui est impossible d’atteindre un panier situé
sur une courbe d’indifférence plus élevée que celle qui passe par B. On remarque que le point B
correspond au point de tangence entre la courbe d’indifférence de Julien et sa droite de budget.
Ainsi, le panier optimal de consommation est le panier accessible situé sur la courbe d’indifférence la plus
élevée possible. Il correspond au point de tangence entre la droite de budget et la courbe d’indifférence.
Rappelons que la pente (en valeur absolue) de la courbe d’indifférence est égal au TMS, et que la pente
(en valeur absolue) de la droite de budget est égal au rapport des prix. Au point de tangence, la courbe
d’indifférence et la droite de budget ont la même pente. Il en découle que le panier optimal est caractérisé
par l’égalité du rapport des prix et du TMS.
px
Propriété : le panier optimal (x*, y*) est caractérisé par TMS(x*, y*) = .
py
Au point optimal, l’individu égalise donc son taux d’échange personnel entre les deux biens, le TMS, au
taux d’échange sur le marché, le rapport des prix.
96
Rappelons qu’en n’importe quel point du plan (x, y) le TMS est égal au rapport des utilités marginales.
¿ ¿
U x (x , y )
Cette égalité est vraie aussi pour le panier optimal, d’où l’égalité : TMS (x*, y*) ¿ .
U y (x ¿ , y ¿ )
px Ux
En rapprochant les deux égalités TMS(x*, y*) = et TMS (x*, y*) ¿ on obtient l’une des équations
py Uy
les plus emblématiques de l’analyse économique.
Le panier optimal (x*, y*) est caractérisé par l’égalité du rapport des utilités marginales et du rapport des
prix :
¿ ¿
U x (x , y ) p x
=
U y (x ¿ , y ¿ ) p y
¿ ¿ ¿ ¿
où U x (x , y ) et U y (x , y ) désignent les utilités marginales de x et y évalués au point (x*, y*).
Pour des raisons purement mnémoniques, le choix optimal du consommateur est souvent défini de cette
façon, comme l’égalité du rapport des prix et du rapport des utilités marginales. Il est cependant possible
de réécrire ce résultat sous une forme qui permet de retrouver une propriété fondamentale de la
microéconomie, à savoir qu’à l’optimum le gain marginal est toujours égal au coût marginal (chapitre II).
De façon équivalente, on peut réécrire l’équation précédente :
px
U x ( x , y ) = U y (x , y )
¿ ¿ ¿ ¿
py
px
U y ( x , y ) est le coût marginal.
¿ ¿ ¿ ¿
où U x ( x , y ) est le gain marginal et
py
Le terme de gauche représente l’utilité marginale associée à la consommation d’une unité supplémentaire
du bien x : c’est le gain marginal. Le terme de droite est le coût d’opportunité de cette consommation
px
supplémentaire. Pour acheter une unité de x, Julien doit renoncer à unité(s) du bien y. Le bien x
py
(DVD) vaut 10 euros et le bien y (place de cinéma) 6 euros. Quand Julien achète un DVD à 10 euros, il
doit renoncer à 10/6 places de cinéma. Or chacune de ces 10/6 places de cinéma lui aurait procuré une
utilité marginale U y, à laquelle il doit renoncer. Son coût marginal est donc de (10/6) U y. Dans le cas
px
général il est de U .
py y
Analyse du document
Qu’est-ce que le panier optimal d’un consommateur ?
Comment peut-on graphiquement déterminer le panier optimal de consommation ?
¿ ¿
Expliquez l’égalité : Gain marginal = coût marginal, où le gain marginal est U x ( x , y ) et le coût
px ¿ ¿
marginal est U (x , y ).
py y
Vous disposez d’un budget de 20 euros que vous consacrez à la consommation de tasses de café (au prix
d’un euro) et à l’achat de croissants (au prix d’un euro). On suppose que vous êtes un consommateur
rationnel ayant de la préférence pour la diversité. Considérons le panier composé de 10 cafés et 10
croissants. Lorsque vous consommez ce panier, votre taux marginal de substitution du café au croissant
est de 2 (2 cafés pour un croissant).
a) Ce panier est-il votre panier optimal ?
b) La composition de votre panier optimal, en comparaison avec ce panier, est-elle composée de plus de
cafés ou composée de plus de croissants ?
97
Le consommateur contrôle ainsi deux variables x et y pour maximiser son utilité tout en respectant sa
contrainte de budget. Il existe deux techniques mathématiques d’optimisation pour traiter ce type de
problème. La première méthode est basée sur l’utilisation d’un Lagrangien (construit à partir d’un
multiplicateur de Lagrange) ; la seconde méthode que nous allons employer est basée sur la réduction du
nombre de variables contrôlées grâce à la contrainte.
Effectivement, comme nous l’avons indiqué, le consommateur décide du choix des deux variables x et y
soumises à son contrôle, mais il doit cependant respecter la contrainte de budget P x x + Py y = R où les
prix et le revenu sont des valeurs fixées. Compte tenu de cette contrainte, une fois que le consommateur a
R px
choisi la valeur de x, il n’a plus le choix de la valeur de y qui est forcément égale à y= − x . Compte
py p y
tenu de la contrainte de budget, y est donc une fonction (linéaire) de x, qu’on peut noter y(x) pour faire
apparaître la dépendance de la valeur de y vis-à-vis de celle de x.
R px
Compte tenu de la contrainte de budget , la fonction d’utilité est réécrite U c ( x , y (x ) ) où y(x) ¿ − x .
py py
c
On note cette fonction contrainte U à la place de U pour insister sur le fait qu’une contrainte a été
intégrée dans la fonction. Mathématiquement, la fonction U c est différente de U parce qu’on a éliminé y
du fait de la contrainte. La fonction U c est une fonction à une seule variable (elle ne dépend que de x)
alors que U est une fonction à deux variables (x et y).
Par exemple, si la fonction d’utilité est U(x, y) = lnx + 2lny, alors la fonction contrainte est
c
U ( x , y ( x ) )=lnx+2 ln
(R px
− x .
p y py ) c
∂ U (x , y )
L’optimisation de la fonction U c ( x , y (x ) ) requiert le calcul de la dérivée qui se décompose en
∂x
deux parties. D’abord, x influence directement l’utilité (à travers lnx dans l’exemple) ; ensuite, x
influence indirectement la valeur de l’utilité (à travers 2lny).
c c
∂ U (x , y ) ∂ U (x , y ) ∂ U (x , y) ∂U (x , y ) ∂ y
La dérivée se décompose alors en deux termes : = + .
∂x ∂x ∂x ∂y ∂x
∂ U (x , y ) ∂ lnx
Le premier terme correspond à l’effet direct. Dans l’exemple ci-dessus, cela correspond à
∂x ∂x
∂ U (x , y )
. Par définition, la dérivée correspond à l’utilité marginale Ux.
∂x
∂ U (x , y ) ∂ y
Le second terme correspond à l’effet indirect. La variable contrôlée x influence y (c’est la
∂y ∂x
∂y ∂ U (x , y ) ∂ 2lny
dérivée ) qui ensuite influence elle-même U(x, y) (c’est la dérivée ,qui correspond à
∂x ∂y ∂y
∂y − p x ∂ U (x , y )
dans l’exemple ci-dessus). D’après la contrainte de budget = . Quant à , cette dérivée
∂x py ∂y
∂ U (x , y ) ∂ y px
correspond à l’utilité marginale Uy. Le second terme peut donc se réécrire −U y .
∂y ∂x py
La dérivée de la fonction contrainte se réécrit alors :
c
∂ U (x , y ) ∂ U (x , y) ∂U (x , y ) ∂ y p
= + =U x −U y x .
∂x ∂x ∂y ∂x py
Il en résulte le résultat mathématique décrit dans l’encadré ci-dessous, qui décrit le choix optimal.
98
c
∂ U (x , y )
La condition de premier ordre11 =0, correspondant au choix optimal du consommateur,
∂x
s’écrit :
px
U x− U =0
py y
ou
U x px
=
Uy py
Lorsque l’individu maximise son utilité, il égalise le rapport de ses utilités marginales au rapport des prix.
Pour en terminer avec ce problème de maximisation sous contrainte, notons que nous avons éliminé y
grâce à la contrainte pour en tirer une utilité contrainte qui n’était fonction que de x, mais il aurait été
possible de faire le contraire, c’est-à-dire d’éliminer x grâce à la contrainte pour en tirer une utilité
contrainte qui n’aurait été fonction que de y. Cela mène évidemment au même résultat.
Exercice
Considérons la fonction d’utilité U(x,y) = lnx + lny.
1) Que valent les utilités marginales Ux et Uy ?
R px
2) Intégrez la contrainte de budget y= − x dans U(x,y) pour faire apparaître la fonction contrainte
py p y
U ( x , y ( x ) ).
c
c c
∂U ∂ U ∂ U ∂U ∂ y
3) Calculez la dérivée =0 , en utilisant le fait que = + .
∂x ∂x ∂x ∂ y ∂ x
11
La concavité de la fonction d’utilité U implique que la condition de second ordre est forcément vérifiée. Si x* est la solution
c
∂U
de la condition de premier ordre =0, alors ∂2 U c ¿ ¿ , et la solution x* correspond au maximum (global) de U c .
∂x
99
∂U
c
y px
4) Montrez que la condition de premier ordre =0 peut se réécrire = .
∂x x py
5) Quel est le panier optimal si R = 100, p x =1 et p y =4 ?
Analyse du document
Peut-on vraiment dire que le consommateur maximise son utilité ?
La figure 7.3. illustre le cas où un des deux biens est un bien inférieur. Le bien B (bière) correspond à un
bien inférieur tandis que le bien C est un bien normal. Lorsque le revenu augmente, la comparaison du
nouveau point de tangence (P2) avec l’ancien (P1) laisse apparaître que la consommation de C augmente
avec le revenu tandis que celle de B diminue.
100
La figure 7.4. illustre la différence, dans le cas de biens normaux, entre un bien de luxe et un bien de
nécessité. Ce n’est pas évident à percevoir mais le bien B (en ordonnée) est un bien de nécessité alors que
le bien C (en abscisse) est un bien de luxe. Arrivez-vous à le percevoir ?
Analyse du document
Dans le cas de deux biens normaux, comment se caractérise le nouveau point de tangence entre la
fonction d’utilité du consommateur et sa droite de budget (en cas d’accroissement du revenu) par rapport
à l’ancien ?
Dans le cas d’un bien normal et d’un bien inférieur, comment se caractérise le nouveau point de
tangence entre la fonction d’utilité du consommateur et sa droite de budget (en cas d’accroissement du
revenu) par rapport à l’ancien ?
Comprenez-vous pourquoi le bien C de la figure 7.4. est un bien de luxe et le bien B un bien de
nécessité ?
Figure 7.5. L’effet d’une baisse du prix du bien C sur sa consommation (cas d’un bien ordinaire) et
sur la consommation du bien B (cas de biens complémentaires)
La figure 7.6. illustre à nouveau l’effet de la baisse d’un prix sur la consommation du bien lorsque ce bien
est un bien ordinaire, mais où cette fois les deux sont substituables. On voit que la consommation du bien
C augmente lorsque son prix diminue (bien ordinaire) et que la consommation du bien B diminue (les
deux biens sont substituables).
Figure 7.6. L’effet d’une baisse du prix du bien C sur sa consommation (cas d’un bien ordinaire) et
sur la consommation du bien B (cas de biens substituables)
Rappelons que les propriétés des biens sont locales. Ainsi, pour des niveaux de prix importants, il est
possible que des biens soient substituables, et qu’une fois les prix devenus plus faibles, les biens
deviennent complémentaires. La figure 7.10, sur laquelle nous reviendrons ultérieurement, illustre ce
genre de phénomène (ne prêtez pas attention à la courbe « prix-consommation » sur laquelle nous
reviendrons plus loin). Sur cette figure on considère une suite de baisses du prix du bien x, qui
provoquent un élargissement de plus en plus important de l’ensemble budgétaire. Au départ, le panier
optimal est le panier a. Après une première baisse de prix, le panier optimal est b. Après une nouvelle
102
baisse, le panier optimal est c, et après une ultime baisse c’est d. Sans conteste le bien x est un bien
ordinaire, puisqu’à chaque diminution de son prix, la consommation de x augmente. Mais qu’en est-il de
la consommation du bien y ? Entre a et b, la consommation de y diminue. Pour un niveau de prix du bien
x suffisamment élevé, les deux biens sont donc substituables. Mais ensuite, entre b et c, on voit que la
consommation de y augmente. Ainsi, une fois que le prix de x a suffisamment baissé, les deux biens
deviennent complémentaires.
Le degré de substituabilité/complémentarité de deux biens peut donc dépendre des prix des biens. Il peut
aussi dépendre du revenu du consommateur.
Figure 7.7. L’effet substitution et l’effet revenu suite à l’augmentation du prix du bien x :
le cas d’un bien normal)
B1 est la droite de budget initiale, et B 2 la nouvelle droite de budget après augmentation du prix du bien x.
I1 est la courbe d’indifférence la plus élevée qui possède un panier dans l’ensemble budgétaire défini par
B1. Le panier optimal initial est donc le panier a. I 2 est la courbe d’indifférence la plus élevée qui possède
un panier dans l’ensemble budgétaire défini par B 2. Le panier optimal après augmentation du prix de x est
donc le panier c.
Le passage du panier a au panier c après augmentation du prix de x peut se décomposer en deux parties.
Effectivement, le déplacement de la droite de budget de B 1 en B2 se fait en deux temps. D’abord, la droite
de budget pivote en s’ajustant sur la courbe d’indifférence I 1 jusqu’à présenter une pente égale à la droite
B2 pour devenir la droite de budget intermédiaire B' (en pointillés). Ensuite la droite de budget B' se
déplace parallèlement vers l’origine jusqu’en B2, rétrécissant ainsi l’ensemble budgétaire.
Il faut bien comprendre la signification de cette droite de budget B' pour saisir les effets substitution et
revenu. La droite B' a la même pente que la droite finale B 2. Or la pente (en valeur absolue) correspond au
rapport des prix. La droite B' correspond donc aux mêmes prix que B2 mais avec un revenu plus élevé
(qui explique l’élargissement de l’ensemble budgétaire quand on compare B' avec B2). Ce revenu plus
élevé compense la hausse du prix du bien x puisque le point de tangence b est sur la même courbe
d’indifférence I1 que le panier optimal initial a.
Ainsi, quand on passe de B1 à B' , on augmente le prix du bien x et on augmente le revenu pour
compenser (à utilité constante) cette hausse de prix. Ensuite on passe de B' à B2 en ramenant le revenu à
son niveau initial. Le déplacement de B' à B2 représente l’effet revenu (puisque le déplacement correspond
à une baisse de revenu) et le déplacement de B 1 à B' correspond à l’effet substitution (on élimine la perte
103
de pouvoir d’achat du consommateur en augmentant son revenu et on ne considère que l’effet induit par
la modification du prix relatif).
En passant du panier a au panier b, la consommation de x diminue (c’est toujours le cas), du fait de l’effet
substitution. En passant de b à c, la consommation diminue aussi du fait de l’effet revenu, ce qui est
caractéristique d’un bien normal. Dans ce cas l’effet revenu va dans le même que l’effet substitution et le
bien est un bien ordinaire.
La figure 7.8. illustre la situation où le bien x est un bien inférieur, mais où pourtant il reste un bien
ordinaire. Dans ce cas, l’effet revenu joue en sens inverse de l’effet substitution, mais l’effet substitution
domine et la consommation de bien x diminue quand son prix augmente.
Figure 7.8. L’effet substitution et l’effet revenu suite à l’augmentation du prix du bien x :
le cas d’un bien inférieur, mais qui reste ordinaire
En passant du panier a au panier b, on voit sur la figure 7.8. que la consommation de x diminue du fait de
l’effet substitution, et ensuite que la consommation de x augmente en passant du panier b au panier c, du
fait de l’effet revenu. Le bien x est donc un bien inférieur puisque sa consommation augmente lorsque le
revenu baisse, mais il reste un bien ordinaire car l’effet substitution domine l’effet revenu. On voit bien
que la consommation de x baisse quand son prix augmente.
La figure 7.9. illustre la situation où le bien x est un bien inférieur, mais où cette fois l’effet revenu
domine domine l’effet substitution de sorte que le bien est un bien de Giffen. Cette fois, la consommation
de x augmente quand son prix augmente, dans la mesure où l’effet revenu est plus fort que l’effet
substitution.
Figure 7.9. L’effet substitution et l’effet revenu suite à l’augmentation du prix du bien x :
le cas d’un bien inférieur, qui est aussi un bien de Giffen
104
Analyse de document
A quoi voit-on, sur la figure 7.5, que le bien C est un bien ordinaire et que les deux biens sont
complémentaires ?
A quoi voit-on, sur la figure 7.6, que le bien C est un bien ordinaire et que les deux biens sont
substituables ?
Sur les figures 7.7. à 7.9. la droite de budget se déplace en deux temps : de B1 à B' puis de B' à B2. A quoi
correspondent ces deux « temps » ?
A quoi voit-on, sur la figure 7.7., que le bien x est un bien normal ?
A quoi voit-on, sur la figure 7.8., que le bien x est un bien inférieur, mais ordinaire ?
A quoi voit-on, sur la figure 7.9., que le bien x est un bien de Giffen ?
105
4.2. La détermination de la fonction de demande à partir de la condition de premier ordre
Pour tracer la courbe de demande, il est aussi possible de tracer le graphe de la fonction de demande que
l’on déduit de la condition de premier ordre de maximisation sous contrainte de l’utilité. Rappelons que
¿ ¿
U x (x , y ) p x
cette condition établit que = où (x*, y*) est le panier optimal. En intégrant la contrainte de
U y (x ¿ , y ¿ ) p y
¿ R px ¿
budget y = − x dans cette équation, on obtient l’équation
( ¿ R
Ux x , − x
px ¿
py p y ) p
= x qui ne dépend
( )
p y py R p py
U y x¿ , − x x¿
p y py
que de la seule variable x*. Si on résout cette équation par rapport à x*, on obtient une solution qu’on
peut écrire : x* = f( p x, p y ,R). En faisant varier p x, p y ou R dans cette fonction f, on fait alors varier la
consommation optimale x*. Cette consommation optimale correspond à la quantité demandée : x* = Qd et
on a alors la fonction de demande Qd = f( p x, p y ,R). Si on garde fixées les valeurs de p y et R, et qu’on fait
seulement varier p x, la fonction de demande peut s’écrire plus simplement Qd = f( p x).
Analyse de document
Qu’est-ce la courbe de « prix-consommation » ?
Comment obtient-on la courbe de demande individuelle à partir de la courbe de prix-consommation ?
Exercice.
Considérons la fonction d’utilité U(x,y) = lnx + lny qu’on avait considérée à la fin de la section 1. On
y px
avait alors montré que la condition de premier ordre peut s’écrire = .
x py
Intégrez la contrainte de budget dans cette condition pour exprimer la consommation optimale x* en
fonction seulement de p x, p y et R. Montrez que la quantité demandée de bien x est alors définie par :
R
Qd ¿ .
2 px
106
Pour plus de 3 biens, la représentation graphique devient illisible ou impossible. L’hyper-plan défini par
la « droite » de budget est alors tangent au point optimal à l’hypersurface définie par la « courbe »
d’indifférence.
L’analyse mathématique est bien plus facilement généralisable au cas de plusieurs biens que l’analyse
graphique. Dans le cas d’un panier de n biens ( x 1 , x 2 , x 3 ,.. x n−1 , x n ) le panier optimal est toujours défini
comme le panier qui maximise la fonction d’utilité U( x 1 , x 2 , x 3 ,.. x n−1 , x n ) sous la contrainte de budget :
p1 x 1 + p2 x2 + p3 x 3+ …+ pn−1 x n−1 + pn x n=R
Du fait de cette contrainte de budget, on peut « éliminer » n’importe lequel des n biens. On peut par
exemple choisir d’éliminer x1 :
p2 p3 p n−1 pn
x 1=R− x 2− x 3−…− x n−1− x n
p1 p1 p1 p1
Du fait de la contrainte de budget, la valeur de x 1 est déterminée par celles des n-1 autres quantités. Si on
intègre cette contrainte dans la fonction d’utilité, on obtient la fonction contrainte U c qui ne dépend plus
que de n-1 variables x 2 , x 3 ,.. x n−1 , x n. On maximise alors la fonction contrainte par rapport à chacune de
ces n-1 variables. On obtient ainsi n-1 conditions du premier ordre. Par exemple, si on optimise par
rapport à x 2 , on peut décomposer la dérivée de Uc en deux parties :
∂ U ∂U ∂ U ∂ x 1
c
= +
∂ x2 ∂ x2 ∂ x1 ∂ x2
∂U ∂ U ∂ x1
où correspond à l’effet direct et à l’effet indirect.
∂ x2 ∂ x1 ∂ x 2
∂U ∂ x1 − p2
Chaque dérivée partielle correspond à l’utilité marginale U x et = d’après la contrainte de
∂ xi i
∂ x2 p1
budget. On peut donc réécrire :
∂ U ∂U ∂ U ∂ x 1 p2
c
= + =U x −U x
∂ x2 ∂ x2 ∂ x1 ∂ x2 2
p11
∂U
c
p2
Ainsi, la condition du premier ordre =0 se réécrit U x −U x =0 , ce qui conduit à l’équation
∂ x2 2
p1 1
U x p2
familière
2
= .
U x p1
1
On peut procéder ainsi avec chacune des n-1 variables controlées, ce qui permet d’obtenir n-1 conditions
du premier ordre :
U x p 2 U x p3 Ux p U x pn
= ,
2 3
= ,… , n−1
= n−1 , = n
U x p 1 U x p1
1 1
Ux1
p1 U x p1 1
Ces n-1 conditions du premier ordre et la contrainte de budget forment un ensemble de n équations qui
¿ ¿ ¿ ¿
doivent être résolues pour trouver les 10 inconnues x 1 , x 2 ,… , x n−1 , x n qui forment le panier optimal.
Il faut par ailleurs remarquer que les n-1 conditions du premier ordre suffisent à garantir que la condition :
U x pi
i
= ∀ i, j
Ux p j
j
U x p1
1
U x p1 1
U x pn
par la première, on obtient : = .
n
U x p22
Dans le cas de n biens, l’égalité du rapport des utilités marginales au rapport des prix est donc vérifiée
pour toutes les paires de biens possibles.
Exercice.
Considérons la fonction d’utilité à 3 biens : U( x 1 , x 2 , x 3 ) =ln x1 +0 , 5 ln x 2+ 2 ln x 3.
107
1) Ecrivez la contrainte de budget dans le cas de ces trois biens.
∂U
2) Calculez les 3 dérivées partielles .
∂ xi
3) Eliminez ensuite x 3 grâce à la contrainte de budget. Intégrez la contrainte de budget dans U pour
obtenir la fonction contrainte U c , où U c ne dépend plus que de x 1 et x 2 .
∂U
c
∂U
c
1 2 p1
4) Montrez que les conditions du premier ordre =0 et =0 peuvent se réécrire − =0 et
∂ x1 ∂ x2 x1 x 3 p3
0 ,5 2 p 2 ∂ U ∂U ∂ U ∂ x 3 ∂ U ∂U ∂ U ∂ x 3
c c
− =0. Utilisez pour cela le fait que = + et = + .
x2 x3 p3 ∂ x1 ∂ x1 ∂ x3 ∂ x1 ∂ x2 ∂ x2 ∂ x3 ∂ x2
5) On suppose que p1=1 , p 2=2, p3=4 et R = 100. Trouvez le panier optimal à l’aide des deux conditions
de premier ordre que vous venez d’obtenir et de la contrainte de budget.
108
BIBLIOGRAPHIE
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Leroux J. et Sahuguet N. (2020), Microéconomie : Introduction pour étudiants en gestion, JFD, 2ème
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109