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République du Bénin

Ministère de l’Enseignement et de la Recherche Scientifique

UAC/EPAC

SUPPORT DU COURS
D’ECONOMIE

Filière : GC-3

Enseignant : Damien SEWANOUDE (Doctorant à la FASEG U.A.C)

Cel : 95063605/96433219

Email : sewanoudedamien@yahoo.fr

Année académique : 2022-2023

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Programme D’Economie Générale

Chapitre 1 : Introduction
Chapitre 2 : Les grands courants de pensée en économie
Chapitre 3 : Evaluation des grandeurs caractéristiques de l’économie
nationale
Chapitre 4 : La consommation
Chapitre 5 : L’investissement
Chapitre 6 : Les prix et les revenus

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ECONOMIE GENERALE

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INTRODUCTION GENERALE
« Comprendre le fonctionnement de l’activité économique, c’est comprendre la plus grande
partie de notre vie. Pour la plupart, nous passons notre temps, tiraillés entre l’argent que nous gagnons
et l’argent dont nous avons besoin. L’économie traite de ce que nous gagnons et de ce que nous pouvons
acheter ; elle est donc au cœur de la vie sociale…. Cela nous donnera aussi un autre avantage. Les titres
de l’actualité […] sont envahis par les décisions gouvernementales en matière économique. Si les gens
ne font pas un effort pour comprendre ces décisions, et s’ils ne font pas connaître leurs opinions
façonnées en connaissance de cause, ils abdiquent tout pouvoir entre les mains de ceux qui comprennent
ou qui font semblant de comprendre ou qui croient comprendre. Et ils peuvent être sûrs que ces
décisions seront rarement prises au détriment de ceux qui en ont l’initiative ou de ceux qu’ils
représentent. »
Ces mots de J. K GALBRAITH et de N. SALINGER résument bien les enjeux de la
connaissance économique, pour les techniciens supérieurs que vous serez demain et les citoyens que
vous êtes déjà.
En partant des notions de biens, besoins, rareté,…, ce chapitre exposera l’objet de l’économie et
sa démarche après en avoir donné une définition.

I°/ LES NOTIONS DE BESOIN, DE BIEN ET DE RARETE

L’existence de l’économie se fonde sur une réalité fondamentale : « Les besoins des hommes
sont illimités alors que les ressources pour les satisfaire sont limitées ». En effet, si les besoins des
hommes étaient couverts à satiété, l’organisation de la production, de la distribution ne serait plus
nécessaire, l’existence des économistes non plus, l’humanité n’aurait « plus faim ».
Pour vivre, l’homme a besoin de se nourrir, de respirer, de se mettre à l’abri des intempéries…ce
sont des besoins physiologiques ; ces besoins peuvent évoluer dans le temps : du besoin de se nourrir on
peut passer à celui d’aller au restaurant, du besoin de se vêtir on peut aller à celui de s’habiller Dior,
Cardin etc.… :ce sont des besoins de civilisation. La plupart des besoins ne peuvent être satisfaits que
par des biens ou des services qui existent en quantité limitée. Ces besoins sont donc des besoins
économiques qu’on peut satisfaire grâce à la production de biens économiques.
Les besoins sont classés souvent en trois catégories :
 Les besoins primaires ou physiologiques qui correspondent aux besoins fondamentaux de
l’homme et les besoins secondaires ou besoins d’ordre psychologique, qui sont des besoins de
confort, de sécurité, d’instruction, de distraction…
 Les besoins individuels et les besoins collectifs selon qu’ils sont éprouvés au niveau de
l’individu ou au niveau de la collectivité
 Les besoins économiques et les besoins non économiques

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Le caractère fondamental des besoins humains est qu’ils sont non seulement variables d’un individu à
l’autre, dans le temps et dans l’espace, mais leur nombre s’accroît sans cesse à cause de la nature
insatiable de l’homme. Les besoins peuvent aussi être complémentaires lorsque la satisfaction de l’un
fait naître l’autre…
Les biens permettent de satisfaire les besoins. La science économique distingue deux types de
biens : les biens économiques et les biens libres.
Les biens sont dits économiques quand ils remplissent quatre conditions :
 L’existence d’un besoin qu’ils sont susceptibles de satisfaire.
 Qu’on reconnaisse à l’objet, l’aptitude de satisfaire nos besoins.
 La disponibilité. (un bien satisfaisant les deux premières conditions a une utilité nulle s’il n’est pas
disponible).
 La rareté . (Si les trois premières conditions sont remplies et que l’abondance du bien est telle que
l’on puisse s’en procurer sans peine, sans travail, alors il ne s’agit plus d’un bien économique.
Les biens économiques peuvent être classés en :
 Biens matériels et biens immatériels ( ou services)
 Biens de consommation et biens de production
 Biens durables et biens non durables
 Biens individuels et biens collectifs
 Biens complémentaires et biens concurrents

II°/ DEFINITION DE LA SCIENCE ECONOMIQUE

L’Economie traite de toutes sortes de questions. Le terme « économie » vient du grec


« Oïkonomia » formé de « Oïkos » signifiant « maison » et « nomos » signifiant « règle ».
Etymologiquement, l’économie serait la matière qui fixe les règles de conduite de la maison.
Ainsi, pour Aristote, l’économie est la science de la vie familiale par opposition à la politique dont
l’objet est la gestion de la cité.
L’adjonction du qualificatif « politique » par A. de Montchretien à l’économie permettra d’en
élargir le champ à la gestion des affaires de la cité.
Aujourd’hui les termes économie, économie politique, ou science économique sont utilisés
indifféremment et dans un sens équivalent.
De manière simplificatrice, on peut définir la science économique suivant deux approches : l’approche
formelle et l’approche systémique.
 L’approche formelle : l’économie comme science des choix
Selon L. Robbins, l ‘économie est la « science qui étudie les comportements humains comme
une relation entre des fins et des moyens rares qui sont à usages alternatifs ».

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De cette définition, il ressort que :
- L’objet de la science économique est l’étude du comportement de l’homme.
- Le comportement a une fin, c’est-à-dire des objectifs.
- Pour parvenir à cette fin, l’individu dispose de moyens rares.
- Enfin, ses ressources peuvent être affectées à différents usages de telle sorte qu’un choix
s’impose.
Cette approche étudie la formation des prix sur les différents marchés, le comportement des
individus dans leurs décisions d’achat (que doit-on acheter et en quelle quantité ?) ou des entreprises
quand elles fixent le niveau de leur production ; on parle d’une approche micro-économique.
Cette vision de l’économie va essuyer quelques critiques :
- Elle est considérée comme trop générale.
- Elle ignore l’organisation sociale de l’activité des hommes.
- Elle a une vision hédoniste.
 L’approche systémique
Elle aborde l’économie non plus en terme de comportement individuel, mais en tant que système
composé d’éléments possédant des fonctions spécifiques qui sont à l’origine de la création, de la
circulation et de la distribution des biens économiques.
L’analyse ne s’intéresse qu’aux grandeurs globales qui caractérisent la situation économique
d’un système donné. On recherche la relation qui existe par exemple entre consommation, revenu,
ou entre production et emploi au niveau national. L’analyse est alors dite macro-économique.
« L’économie est la science qui étudie comment des ressources rares sont employées pour la
satisfaction des besoins des hommes vivant en société ; elle s’intéresse d’une part aux
opérations essentielles que sont la production, la distribution et la consommation des biens,
d’autre part aux institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations » Cette
définition proposée par Malinvaud résume assez bien toutes les préoccupations de la science
économique.

III°/ LA DEMARCHE DE LA SCIENCE ECONOMIQUE

L ‘économie est une science sociale qui a l’homme au cœur de ses préoccupations. En ce sens, elle
peut parfois chercher à s’occuper de « ce qui doit être » ; on parle d’économie normative par
opposition à l’économie positive qui s’occupe de « ce qui est ».
L’économie positive apparaît donc comme un aspect objectif de l’économie alors que l’économie
normative en est l’aspect subjectif.

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La démarche de l’économie est celle de toutes les sciences sociales : l’induction et la déduction. A
défaut de pouvoir réaliser comme en biologie des expériences en laboratoire, l’économiste va avoir une
démarche scientifique résumée par le schéma suivant :

Définitions Hypothèses

Processus de
déduction

Résultats
théoriques

Modification
des
Processus hypothèses
d’observation
empirique

N’infirme Infirme
pas

Acceptation Rejet
provisoire

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Chapitre 1 : LES GRANDS COURANTS DE LA PENSEE ECONOMIQUE

La meilleure introduction à l’analyse économique consiste à voir comment la pensée économique


s’est progressivement élaborée au fil de l’histoire. Il ne s’agit pas ici de remonter aux origines de la
pensée économique et de passer systématiquement en revue tous les auteurs mais plutôt de mentionner
ceux qui ont le plus fortement marqué la formulation de l’analyse économique contemporaine et de
montrer aussi comment s’articulent les idées, les auteurs et les courants qui les regroupent.

I°/ LES PRECLASSIQUES

La réflexion économique avait commencé bien avant la période 1750 – 1850 au cours de laquelle
sont apparues les écoles classiques dont les auteurs sont considérés comme les fondateurs de la science
économique, mais cette réflexion était restée subordonnée à des préoccupations étrangères à l’économie.
Ce courant de pensée regroupe les physiocrates qui croient essentiellement aux lois naturelles
avec pour source de création de richesse l’agriculture (le docteur Quesnay en est le chef de fil avec son
tableau décrivant la circulation des biens dans l’économie française), et les mercantilistes défenseurs du
commerce avec accumulation des métaux précieux considérés comme les premières de toutes les
richesses.

II°/ LA PENSEE CLASSIQUE


Les conceptions économiques fondamentales des auteurs classiques sont les suivantes :
 Ils croient aux lois naturelles comme les physiocrates, c’est à dire au marché auto-régulé par la
concurrence
 Ils sont partisans du libéralisme et du libre échange ( laisser faire,laisser passer !)
 Ils pensent que l’Etat doit se contenter uniquement de faire respecter la loi de la nature et doit
intervenir le moins possible dans la vie économique.
Le père fondateur de cette école de pensée fut Adam SMITH( 1723-1790). Il jette les véritables
fondements du libéralisme en publiant en 1775 « An inquiry into the Nature and causes of the Wealth of
Nations » Parmi les continuateurs de ses œuvres figurent les quatre auteurs suivants :
1°-Jean Baptiste SAY : il fut journaliste puis chef d’entreprise et enfin professeur au Collège de
France. Il reste célèbre pour sa « loi des débouchés » : « l’offre crée sa propre demande »
2°-Robert MALTHUS : (1772-1836), il entre dans les ordres et devient pasteur de campagne puis
professeur, son principal ouvrage est un Essai sur le principe de la population publié en 1798
3°- David RICARDO : (1772-1823), fils d’un banquier israélite, il devient propriétaire foncier. Il est le
principal promoteur du libre échange. Il est surtout célèbre pour sa théorie des avantages comparatifs et
ses recherches sur la rente.
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4°- J. Stuart Mill, (1806-1873), son œuvre principal s’intitule Principes d’économie politique (1848)

III°/ LA PENSEE NEOCLASSIQUE


Ce courant se situe dans le prolongement direct de la pensée classique et repose sur un certain
nombre de fondements, que sont le libéralisme, la libre fixation des prix par le jeu de l’offre et de la
demande et la neutralité de la monnaie. Il s’éloigne de la pensée classique par la théorie de la valeur
d’échange : la valeur d’un bien n’est pas fondée sur le travail, comme pour les classiques et pour
Marx, mais sur la valeur-utilité des biens. Enfin, le courant néoclassique a donné naissance au
raisonnement marginaliste qui sera beaucoup utilisé par la suite en Economie.
Les fondateurs du courant néoclassique sont : Jevons (1835-1882), Menger, (1840-1921),
Walras (1834-1910).

IV°/ LA PENSEE MARXISTE


Le fondateur de ce courant est Karl Marx (1818 – 1883). Il est lui aussi, contemporain du
développement industriel mais s’attache à dénoncer la misère et l’oppression dont sont victimes les
ouvriers ; il se prononce pour une société communiste. Il pense que :
- L’économie de marché n’est pas un phénomène naturel mais un mode particulier d’organisation de
l’économie.
- Le capitalisme ne permet pas une juste répartition des biens entre les individus et est caractérisé par
la lutte des classes entre bourgeoisie et prolétariat.
- Cette lutte des classes a pour fondement économique l’exploitation dont sont, selon lui, victimes les
salariés de la part de la bourgeoisie propriétaire des moyens de production.
- Que l’exploitation a pour origine le surtravail ou plus-value : différence entre la valeur travail
d’un bien et la valeur de la force de travail du travailleur. ( pour Marx comme pour Ricardo, la
valeur d’échange d’un bien est égale à la quantité de travail nécessaire pour le produire : c’est la
théorie de la valeur incorporée, par opposition à la théorie de la valeur travail commandé de A.
Smith où la valeur d’échange du bien est déterminée par la quantité de travail que le bien permet
d’acheter ou commander).
- Que cette exploitation ne peut disparaître que sous l’effet d’une révolution instaurant une société
fondée sur l’appropriation collective des moyens de production.

V°/ LE KEYNESIANISME
Avant Keynes, beaucoup d’économistes pensaient que, face à une crise économique, la seule
attitude possible consistait à ne pas intervenir pour laisser jouer les mécanismes naturels du marché…
L’apport essentiel de Keynes a été de montrer que ces mécanismes ne se produisaient pas
toujours et que, dans le meilleur des cas, ils mettaient trop longtemps à intervenir ; par conséquent il
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était nécessaire d’agir pour assurer à court terme la relance de l’économie et surtout rétablir le plein-
emploi.

VI°/ CARACTERISTIQUES DES ECONOMIES CONTEMPORAINES


Les différents courants de pensée économiques vont être à l’origine des processus qui caractérisent
les systèmes économiques. On distingue trois grandes catégories de processus :
- L’approche en terme de marché menée par le courant classique qui montre comment le mécanisme
des prix ajuste les décisions des agents, assure la régulation de l’activité économique.
- L’approche en terme de reproduction effectuée par Karl Marx qui décrit comment s’accomplit le
processus de production.
- L’approche en terme de circuit (courant keynésien) qui montre comment les ajustements s’effectuent
non plus entre quantités individuelles mais entre quantités globales dans des conditions souvent
imparfaites et appelant des politiques de régulation.
Ces approches conduisent à deux grands types de systèmes économiques, le système capitaliste et le
système socialiste, qui aujourd’hui n’existent plus à l’état pur. La plupart des pays aujourd’hui
pratiquent des systèmes mixtes, même si la tendance à l’économie libérale prend le pas.

CONCLUSION
Aujourd’hui, la pensée économique a subi des améliorations telles qu’il est parfois difficiles de faire
la différence entre un gouvernement à orientation libéral (droite) d’un gouvernement à orientation
interventionniste… Les théories économiques n’ont pas toujours survécu à l’épreuve des faits, ce qui a
justifié leur remise en cause perpétuelle et donc l’évolution de l’Economie. L’évolution est telle qu’on
parle encore de nos jours de nouveaux courants de pensée. On peut citer entre autres, le néo-
keynésianisme, la Nouvelle Ecole classique…

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CHAPITRE 2 : LE CIRCUIT DE L’ACTIVITE ECONOMIQUE

Nous présenterons dans ce chapitre l’ensemble de l’économie d’un pays, ses acteurs et les
opérations économiques qui s’y déroulent et nous préciserons un certain nombre de concepts
fondamentaux dont la compréhension permet de mieux appréhender les échanges qui s’instaurent entre
les agents économiques.

I°/ LES AGENTS ECONOMIQUES, LES OPERATIONS ET LES MARCHES


1°/ Les catégories d’agents et les opérations
Habituellement, on distingue quatre catégories d’agents : les entreprises, les ménages, les
administrations et l’extérieur.
a- Les entreprises
Elles ont pour fonction principale la production des biens et services à but lucratif.
b- Les ménages
Ce sont des agents qui offrent aux entreprises les facteurs de production (notamment le facteur
travail) moyennant un revenu qui leur permet de consommer.
c- Les administrations
Leur fonction principale est la fourniture de services à but non lucratif.
d- L’extérieur (le reste du monde)
Il regroupe les agents économiques résident hors de l’espace géographique et qui ont des relations
avec l’économie nationale (exportation, importation…).
2°/ Les marchés
Les transactions entre agents économiques se déroulent sur quatre marchés :
a- Le marché des biens et services
C’est le lieu de rencontre de l’offre et de la demande de biens et services. C’est également le lieu
où se détermine le niveau des prix.
b- Le marché des facteurs de production
C’est le de rencontre de l’offre et de la demande de facteur de production. On distingue
principalement le marché du travail, lieu de confrontation de l’offre et de la demande de travail en vue
de la détermination des salaires et du niveau de l’emploi (et donc du niveau de chômage).
c- Le marché des capitaux
Offre et demande de capitaux s’y rencontrent pour déterminer le niveau du taux d’intérêt.
d- Le marché des changes
C’est le lieu où s’échange la monnaie nationale contre les devises et où se fixent le taux de
change, c’est-à-dire le nombre d’unités de monnaie étrangères que l’on peut obtenir pour une unité de
monnaie nationale. Sur ce marché s’opèrent des transactions entre les agents économiques.
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II°/ LA SCHEMATISATION DU CIRCUIT ECONOMIQUE
Elle se fera en plusieurs étapes.
1°/ Cas d’une économie fermée
Nous distinguerons deux situations
a- Une économie à deux agents (les entreprises et les ménages)
 Hypothèse n°1 : Les ménages consomment tout leur revenu.
Nous considérons une économie dans laquelle les ménages fournissent une force de travail et
reçoivent en contre partie un revenu sous forme de salaire qu’ils dépensent entièrement à des fins de
consommation. Les entreprises utilisent la force de travail pour produire des biens et services,
rémunèrent la force de travail en lui versant un revenu égal à la valeur de la production. Le schéma
suivant retrace les relations et les échanges entre ces deux agents :

Revenu Paiement de
facteurs
Marché des
facteurs
Offre de travail

Ménages Entreprises

Consommatio Production
n
Marché des biens
et services

Flux monétaire (financier)

Flux réel (physique)

Il faut noter que la consommation prise en compte ici est la consommation finale des biens et
services vendus sur le marché, mais ne faisant pas objet de revente.
 Hypothèse n°2 : Les ménages consomment seulement une partie de leur revenu.
Dans ce cas, une partie du revenu est épargnée et éventuellement investie. D’une manière
générale, l’épargne constituée sert :
- à acquérir des actions ou obligations émises par les entreprises en vue de réaliser des
investissements (c’est la finance directe).

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- à effectuer des placements dans les institutions financières sous forme de dépôts, lesquels
sont ensuite utilisés pour faire des prêts à des entreprises qui ont besoin d’investir (c’est la
finance indirecte). Cette situation (finance indirecte) est retracée par le schéma que voici

Revenu Paiement de
facteurs
Marché des
facteurs
Offre de travail

Ménages Entreprises

Epargne Marché des Invest.


capitaux

Consommatio Production
n
Marché des biens
et services

Flux monétaire (financier)

Flux réel (physique)

Ici, le revenu des ménages se décompose en consommation et en épargne.


b- Cas d’une économie à trois agents
On introduit dans le schéma d’analyse un troisième agent : l’Etat, de telle sorte que notre schéma
du circuit des échanges se présente comme suit :

Revenu (Y) Revenu


Marché des (Y)
facteurs
Transferts (F)

Etat
Impôts (T) Achats
publics (G)
Ménages Entreprises

Epargne Marché des Invest.


capitaux

Consommation ©
Marché des biens
et services
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Nous considérons seulement le flux monétaire pour des raisons de simplification.
Lorsque nous prenons en compte l’Etat, le circuit se modifie. L’Etat prélève les impôts et taxes
(T) sur les ménages et effectue deux types de dépenses à savoir les achats de biens et services aux
entreprises afin de participer à la relance de l’activité économique, et le payement de transfert au profit
des ménages (indemnités de chômage, allocations familiales, etc.).
Les différentes variables du circuit permettent d’écrire l’équation suivante qui traduit l’équilibre
de l’économie :

C + I + G = C + S + T – F = Y

Demande finale Impôts nets de transfert

2°/ Une économie ouverte sur l’extérieur


On prend en compte les importations (M) et les exportations (X).
 Les importations sont des biens et services qui viennent grossir la production nationale mais
ne créent pas de revenu dans l’économie nationale.
 Les exportations sont des biens et services produits sur le territoire national et envoyés à
l’extérieur. Elle créent des revenus dans l’économie nationale mais ne font pas partie des
dépenses de consommation et d’investissement intérieur. Elles constituent la demande
étrangère c’est-à-dire un emploi de la production nationale.
Le circuit des échanges peut alors s’écrire :

Y + M = C + I + G + X

Offre totale Demande étrangère


Demande nationale

Si le revenu généré par les exportations dépasse celui dépensé en importations, l’effet net (X –
M) constitue un accroissement de la production et du revenu intérieur et on peut alors dire que
les exportations nettes sont une composante de la demande finale totale :

Demande intérieure Demande étrangère nette

Y = C + I + G + X - M

Demande finale totale

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CHAPITRE 3:
EVALUATION ET ANALYSE DES GRANDEURS
GLOBALES DE L’ECONOMIE NATIONALE.

En parlant des opérations des agents et de leur représentation synthétique, la comptabilité


nationale donne une image de l’activité économique de l’ensemble du pays. Les résultats globaux de la
comptabilité nationale permettent de mesurer les évolutions, de dresser et de réaliser des prévisions.
Ainsi la comptabilité nationale fournit elle-même des instruments d’analyse économique. Ce sont : les
agrégats, le tableau entrée-sortie (description de l’équilibre emplois-ressources par produits pour
toutes les branches de l’économie).

I - LES AGREGATS
Les agrégats sont des grandeurs synthétiques qui mesurent les résultats de l’activité économiques
en terme de production et de revenu. L’agrégat le plus utilisé est le produit intérieur brut (PIB) calculé
à partir des valeurs ajoutées des entreprises, mais en se situant à d’autres stades du circuit la comptabilité
nationale calcule également le produit national net (PNN) et le revenu national (RN).

1°/ Le produit intérieur brut (PIB)

Le PIB est la principale mesure de la production nationale. Il est construit sur un critère de
territorialité. En effet, son calcul consiste à additionner les productions de toutes les unités économiques
résidentes qu’elles soient nationales ou étrangères. La comptabilité nationale distingue les productions
marchandes et non marchandes.
La production marchande est la production qui s’échange habituellement sur le marché.
La production non marchande est obtenue à partir de facteurs de production s’échangeant sur
un marché et vendus à un prix inférieur à la moitié de son coût de production. Elle est essentiellement
constituée de services rendus par les productions à titre gratuit ou presque. La production marchande
des entreprises est mesurée par leur valeur ajoutée définie comme étant la différence entre la valeur des
biens et services produits par un agent et la valeur des biens et services achetés à d’autres entreprises.
Comme les valeurs ajoutées sont enregistrées hors taxe le calcul du PIB au prix du marché s’obtient
de la manière suivante :

PIBpm =  VA Entreprises résidentes + TVA + Droits de douane.

En déduisant du PIB la consommation de capital fixe c’est à dire l’amortissement économique


des biens d’équipement on obtient le produit intérieur net (PIN).

PIN = PIB - Amortissement

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La définition de la production retenue par la comptabilité nationale élimine les activités
domestiques et l’économie souterraine. En revanche, elle inclut la production non marchande qui ne peut
être évaluée par la valeur ajoutée puisqu’elle n’est pas vendue sur un marché. Elle est par conséquent,
évaluée à son coût de production principalement constituée de salaire et traitement.

PIB = PIB marchande + PIB non marchande

2°/ Le produit national brut (PNB)


Le PIB retient le critère de territorialité et ne prend donc pas en compte la production des
entreprises nationales à l’étranger. Ainsi, la production de ces entreprises nationales est prise en compte
dans le calcul du PIB des pays dans lesquels elles sont installées.
A l’inverse, le PNB repose sur le critère de nationalité et comptabilise la contribution des
facteurs de productions nationaux on obtient le PNB à partir du PIB de la manière suivante :

PNB = PIB + Revenus de facteurs reçus du Reste du monde – Revenus de


facteurs versés au Reste du monde.

Le PNB est un agrégat à mi-chemin entre agrégat de revenus et agrégat de production. En effet, il
comptabilise la production (valeur ajoutée ) des entreprises résidentes à laquelle il retire non pas la
valeur ajoutée produite par les étrangers mais les revenus qui sont versés à l’étranger ; inversement il
n’additionne pas la valeur ajoutée produite par les nationaux, mais les revenus reçus en provenance de
l’étranger.
Au plan international, les comparaisons entre pays se font sur la base du PNB ; ainsi des
différences importantes apparaissent entre PIB et PNB d’un pays.
Le rapport du PNB au PIB (PNB/PIB ) en % est par exemple pour le Koweït 135 % et pour le Brésil
86 %.
Ces différences de rapport PNB/PIB s’expliquent par la structure des flux de revenus entre un pays
considéré et le reste du monde. Ainsi les grands pays industrialisés reçoivent globalement autant de
revenu qu’ils n’en versent au Reste du monde.
En revanche, un pays comme le Koweït a un PNB très supérieur à son PIB dans la mesure où une
grande partie de la manne pétrolière est consacrée a des investissements et placement hors du territoire
national et constitue une source de revenu en provenance de l’étranger. De son côté un pays comme le
Brésil verse plus de revenu qu’il n’en reçoit de Reste du monde à raison d’une faible implantation à
l’étranger et d’une forte présence étrangère sur le territoire national.

3°/ Les mesures de la consommation


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On distingue deux mesures principales de la consommation : la consommation finale et la
consommation intermédiaire.
La consommation intermédiaire ( CI ) est la consommation effectuée en vue de la production.
La consommation finale est représentée par l’acquisition des biens et services utilisés pour
satisfaire les besoins du consommateur sans concourir à l’accroissement de la production. La
consommation des biens et services marchands est totalement amputée au ménage.
Les autres secteurs institutionnels étant tous des unités productives n’ont que des
consommations intermédiaires de biens et services marchands. Par contre la consommation finale de
biens et services non marchands est répartie entre les ménages et les administrations publiques et
privées.
4°/ La consommation de capital fixe ( CCF)
La consommation de capital fixe permet de prendre en compte la perte de valeur de l’appareil
productif au cours d’une période. Ainsi, pour maintenir l’appareil productif à l’identique, une partie de
la valeur des biens et services produits au cours d’une année est destinée à compenser l’usure ou
l’obsolescence du capital technique.
On utilise également la notion d’amortissement à la place de consommation de capital fixe ; il s’agit
de l’amortissement économique et non de l’amortissement comptable ou des dotations aux
amortissements enregistrées dans les comptes des entreprises et que celles-ci calculent selon les règles
fiscales.
5°/ La mesure de l’investissement
L’investissement au cours d’une période (année) se mesure par la formation brute de capital fixe
(FBCF). Il s’agit d’un flux brut qui accroît le niveau d’un stock (ici le stock de capital existant). La
formation brute de capital fixe des ménages dans le cadre de leurs activités domestiques ne concerne que
l’acquisition des logements ; tous les autres achats de bien durables par les ménages (en dehors des biens
d’équipement acquis par les entreprises industrielles) sont traités comme des consommations finales.
6°/ Le revenu national
Le revenu national (RN) est le revenu total gagné par les offreurs de service en raison de leur
contribution à l’obtention du PNB.

RN = PNB – Amortissements – Droits de douanes – TVA.

On peut distinguer le revenu réel et le revenu nominal.


 Le revenu nominal désigne le nombre d’unités monétaires reçues par un individu ou un groupe
d’individus pendant une période déterminée ; c’est encore le revenu monétaire.
 Le revenu réel désigne la quantité de biens et services qu’un individu ou un groupe d’individus
peut acheter avec son revenu nominal pendant une période donnée.

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II°/ LES IMPERFECTIONS DES AGREGATS
Comme toute mesure globale, les agrégats ne fournissent qu’une évaluation imparfaite de la
production et du revenu. Ainsi le PIB procède à une double capitalisation d’une partie de la production
marchande puisque les impôts par exemple sont comptabilisés à la fois dans la valeur ajoutée des
entreprises (production marchande) et dans le coût des facteurs qu’ils ont servi à rémunérer (production
non marchande).
La mesure de la production marchande pose le problème de la prise en compte des prix. En effet la
mesure en valeur surestime la production en cas d’inflation mais la mesure en volume est délicate
puisqu’elle conduit à l’élimination des hausses de prix alors que certaines d’entre elles peuvent avoir été
justifiées par des changements réels dans les produits et les services.
 Mesure en valeur / mesure en volume
Les grandeurs économiques et surtout leur évolution peuvent être calculées en valeur ou en volume.
La mesure en valeur ou à prix courant intègre l’évolution des prix dans l’évolution de la variable,
majorant par conséquent celle-ci en cas d’inflation. La mesure en volume ou à prix constant défalque
l’augmentation des prix de celle de la variable ; l’effet de l’inflation est donc annulé.
Les agrégats comptabilisent des produits nuisibles ; ainsi on reproche au PIB de ne pas tenir
compte de la dégradation du capital écologique ou humain que la production occasionne, et même de
comptabiliser comme production, des dépenses liées à la lutte contre les nuisances générées par la
production. A l’inverse, il néglige les productions domestiques et les activités souterraines.
Enfin le PIB et le PNB constituent des indicateurs de bien-être discutables dans la mesure où la
relation entre quantité produite et qualité de la vie est loin être établie.
En définitive, il importe de considérer les agrégats comme des instruments indispensables mais
forcément imparfaits ; il est essentiel de bien connaître leurs limites afin de ne pas exagérer leur portée.

III°/ LE TABLEAU ENTREE-SORTIE (TES)


Le TES décrit les opérations de biens et services pour chaque branche de l’économie nationale ;
il permet de mesurer la contribution de chacune des branches à la réalisation du PIB. La branche
rassemble les unités de production qui fabriquent le même produit alors qu’un secteur réunit les
entreprises ayant même activité principale.
Le regroupement par branche inclut des unités de production homogènes et éclate des entreprises
diversifiées dans plusieurs branches alors qu’elles n’appartiennent qu’à un seul secteur ; la production
nationale est généralement présentée par branche d’activité, ce qui permet une répartition plus
homogène par produits.

1°/ Les principes du TES

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Le TES décrit le mécanisme de la production nationale en présentant l’équilibre emplois-
ressources branche par branche et pour l’ensemble des branches. Cet équilibre s’écrit :
Y+M= CI+CF+FBCF+X+stocks
Y= production nationale ; M= importation ; CI= consommation intermédiaire ;
CF= consommation finale ; X= exportation ; stock= variation de stock.
Y+M constitue les ressources et CI+CF+FBCF+X+stock les emplois.
Le TES met en évidence l’interdépendance entre les branches grâce aux consommations
intermédiaires. Il détaille par ailleurs les conditions de la production et les types d’emplois de chacune.
2°/ La construction du TES
Il faut retenir avant tout que le TES est un ensemble de tableaux structurés ; il s’agit notamment :
- Du tableau des consommations intermédiaires.
- Celui des emplois finaux
- Le compte de production des branches
- Le tableau des ressources
En ligne, le TES indique quelle a été la destination des produits.
En colonne, il indique quels ont été les volumes de produits nécessaires à la production des branches ;
On peut vérifier que le total des ressources dans chaque branche est égal au total des emplois des
produits correspondants.
3°/ La prévision économique grâce au TES
Le TES permet de faire apparaître le degré d’indépendance des branches. En effet le tableau des
consommations intermédiaires indique que toute modification de la production dans une branche
entraîne des répercussions dans les autres branches. Le TES devient alors un instrument de prévision
économique ; pour chaque branche et pour chaque produit, on peut calculer un coefficient technique :
Coefficient technique = CI de produit par branche / production totale de la branche.
L’ensemble des coefficients techniques donne une matrice sur laquelle on peut se baser pour
faire des prévisions relativement fiables à court terme ; il est notamment possible de prévoir :
- L’effet d’entraînement d’une branche sur les autres.
- Les conséquences sur les branches d’une augmentation globale de la production, des exportations, de
la consommation des ménages
- Les conséquences de l’interdépendance des branches

CONCLUSION
Les données de la comptabilité nationale sont devenues indispensables dans la vie économique
contemporaine contribuant à fournir à la fois une représentation de l’activité et un instrument d’analyse
et de prévision. Les chiffres de la comptabilité nationale intéressent à la fois les décideurs politiques, les
chefs d’entreprise, les chercheurs et les simples citoyens observateurs de la vie économique.
19
CHAPITRE 4 : LA CONSOMMATION
Il existe une relation d’inter-dépendance entre la consommation et la production dans la mesure
où on produit pour consommer et on consomme pour produire. Destinée à satisfaire la plupart des
besoins, la consommation représente, avec la production et la répartition, l’une des principales
opérations économiques ; sa part dans le PIB varie énormément d’un pays à l’autre, d’un groupe de
pays à l’autre. Il est important de connaître les facteurs qui influencent la consommation de manière à
imaginer les politiques les plus appropriées pour combattre le chômage et l’inflation.
A travers ce chapitre, nous définirons la consommation et donnerons la typologie, puis nous
étudierons ses déterminants, ses outils d’analyse, sa structure et son évolution.

I°/DEFINITION ET TYPOLOGIE DE LA CONSOMMATION


1°/ Définition
Bernier et Simon définissent la consommation d’un bien comme étant la quantité de ce bien qui,
par usure ou destruction, permet de satisfaire directement les besoins des agents économiques
intéressés sans concourir à l’accroissement de la production.
Plus généralement, la consommation est une opération économique consistant dans l’utilisation
immédiate de biens ou de services qui seront détruits dans ce processus. La consommation, qui se
caractérise donc par la destruction immédiate ou progressive du bien à travers son utilisation, se
distingue ainsi de l’investissement qui consiste à utiliser d’une façon durable des biens à des fins
productives.
Toute consommation ne correspond pas cependant à une destruction immédiate comme c’est le cas
pour un produit alimentaire (c’est une consommation non durable). Certains biens peuvent être utilisés
un grand nombre de fois jusqu’à leur usure, ces biens, comme l’automobile ou les appareils
électroménagers, sont des biens de consommation durables ou biens durables.
2°/ Typologie de la consommation
On distingue en général :
a- La consommation intermédiaire et la consommation finale
(voir chapitre précédent)
b- La consommation marchande et la consommation non marchande
La plupart des biens consommés sont achetés sur un marché en échange de moyens monétaires :
il s’agit des consommations marchandes. La consommation non marchande est l’utilisation d’un bien ou
d’un service ne s’échangeant pas sur un marché et dont le prix est inférieur au coût de production ou est
nul. Les consommations non marchandes sont de deux sortes :
- L’autoconsommation qui désigne les biens et les services produits par les agents eux- même pour
leur propre consommation ( exemple de la consommation des légumes d’un potager personnel )

20
- Les consommations collectives qui désignent l’utilisation d’un bien collectif ou plus
généralement d’un service collectif, fournis par les administrations publiques ( Etats, collectivités
locales, hôpitaux … ) . Ces consommations collectives (routes, justice, enseignement public, etc.)
sont financées par l’ensemble de la collectivité grâce aux prélèvements obligatoires.

II°/ LES DETERMINANTS DE LA CONSOMMATION


1°/ Les déterminants économiques
a- Evolution de la consommation globale en fonction du revenu global
 La propension moyenne à consommer (PMC)
C’est le rapport C / Y entre la consommation globale et le revenu global. C’est donc la fraction du
revenu consacré à la consommation.
 La propension marginale à consommer (PmC)
C’est le rapport C / Y du supplément de consommation C au supplément de revenu Y qui l’ a
provoquée provoquée. D’une façon générale, si C = f (y) alors la PmC est égale à la dérivée dC/dY
 La fonction de consommation
Il est certain que la consommation globale augmente lorsque le revenu global augmente. Mais le
problème qui a opposé économistes et statisticiens est le suivant : lorsque le revenu augmente, la
proportion de revenu consommée varie – t –elle de manière constante ?
On peut penser que lorsque le revenu augmente, les besoins de consommation sont peu à peu
satisfaits et que la fraction de revenu épargnée augmente et donc la fraction de revenu consommée
diminue. Keynes l’a affirmé dans son ouvrage célèbre apparu la dernière fois en 1936 : « Théorie
générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie »
 L’analyse de J.M. Keynes
L’auteur établit un lien étroit entre la consommation et le revenu disponible ; pour lui, la
consommation croît de façon absolue s’il y a augmentation du revenu, mais décroît de façon relative.
L’explication se trouve dans la loi psychologique fondamentale : « en règle générale et en moyenne,
lorsque leur revenu augmente, les hommes sont disposés à augmenter leur consommation mais dans
une moindre mesure » Keynes (1936 ). On en déduit que 0<PmC<1
 Problème de la forme de la fonction de consommation
Economistes et statisticiens sont d’accord pour représenter l’évolution de la consommation en
fonction du revenu par une droite croissante. Mais le point de désaccord réside dans la position de cette
droite. Deux positions sont généralement représentées :
- La droite est de la forme C = cY + C0 si l’on prétend que la PMC diminue lorsque le revenu
augmente.

21
C

C = cY + C0

45°

Y
- La droite est de la forme C = cY si l’on prétend que la PMC reste constante lorsque le revenu
augmente.

C = cY

45
° Y

Les statisticiens ont montré que sur une courte période, la représentation est de la forme C = cY
+ C0 mais sur une longue période ( plus de 10 ans ), la droite est de la forme C = cY ( avec donc une
PMC stable avec l’augmentation du revenu ). L’explication est fournie par les économistes : les
habitudes de consommation ne se modifient que lentement ; l’ajustement complet de la consommation
au supplément de revenu prend du temps. Les ménages considéreront d’abord qu’une partie de ce
supplément de revenu est provisoire ; ce n’est que lorsque l’augmentation de revenu se sera maintenue
assez longtemps que les ménages la considéreront comme faisant partie de la totalité du revenu
permanent ( à partir duquel ils établissent leurs habitudes de consommation ).
b- Les autres déterminants économiques
Ils peuvent être classés en deux groupes : les facteurs objectifs et les prévisions subjectives.
 Les facteurs objectifs
La répartition du revenu : Le revenu global restant inchangé, une modification de la répartition des
revenus peut changer le niveau de la consommation globale.
 Le patrimoine : Les ménages disposent d’actifs physiques ( terrain, immeuble,
bijoux ) ou d’actifs financiers ( actions, obligations ) ou encore d’actifs monétaires ( comptes
bancaires ) qu’ils peuvent vendre ou sur lesquels ils peuvent puiser pour financer les dépenses de
consommation.
 Le niveau général des prix : Une hausse générale des prix s’accompagne la plupart du temps
d’une modification de la répartition du revenu qui exerce une influence sur le niveau de la
consommation globale.
22
 Le crédit à la consommation : La possibilité plus ou moins grande qu’ont les consommateurs
d’avoir recours au crédit à la consommation ( sous forme par exemple d’achat à tempérament )
ainsi que le coût de ce crédit exerce une influence certaine sur le niveau global de la consommation.
 Les prévisions subjectives
Le niveau de la consommation globale dépend également des prévisions que font les ménages
concernant la tendance des prix, la disponibilité des biens, le niveau de l’emploi et de façon générale, la
conjoncture économique.
2°/ Les déterminants psychosociologiques de la consommation
Phénomène social, la consommation ne dépend pas que de facteurs strictement économiques.
Elle a aussi des déterminants psychosociologiques.
a – Le conditionnement des besoins par les producteurs :
John K. Galbraith, économiste américain a montré que le pouvoir souverain des consommateurs
n’est qu’apparent ; les producteurs dans une certaine mesure, parviennent à exercer une influence sur le
comportement des consommateurs par le biais de la publicité. Galbraith a décrit un phénomène de
«filière inversée » selon lequel ce sont les producteurs qui imposent leurs produits aux consommateurs
au lieu du schéma inverse du «consommateur roi ».
b- La consommation de prestige
La nature des biens consommés traduit aussi l’appartenance à un certain milieu social, à un
certain statut social. La consommation devient une sorte de langage qui permet de faire savoir aux autres
quelque chose sur soi même. La consommation de vêtements particuliers, le goût pour les «marques »
correspondent aussi à des effets signes ou à des effets signes de démonstration.

III°/ LES OUTILS D’ANALYSE DE LA CONSOMMATION


Outre les propensions à consommer, les élasticités constituent de puissants outils d’analyse de la
consommation.
 Les élasticités
Ce sont des mesures de sensibilité. On distingue :
 L’élasticité-revenu de la consommation d’un bien
C’est la sensibilité de la demande de ce bien à l’augmentation ( ou à la diminution ) du revenu.

Variation de la consommation ( % )
ER =
Variation du revenu ( % )

Exemple : Si la demande du pain diminue de 2 % lorsque le revenu augmente de 3 %, on a

23
- 2%
ER = -0,66
= +3%

 L’élasticité-prix de la consommation d’un bien


C’est la sensibilité de la demande de ce bien à l’augmentation (ou à la diminution) du prix. On
distingue l’élasticité-prix directe (sensibilité de la demande du bien à la variation du prix du bien) et
l’élasticité-prix croisée (sensibilité de la demande du bien à la variation du prix d’un autre bien).
IV°/ LA STRUCTURE DE LA CONSOMMATION ET SON EVOLUTION
1°/ Structure de la consommation et son évolution
La structure de la consommation désigne la répartition des dépenses de l’ensemble des ménages ou
d’une certaine catégorie de ménage (une catégorie socioprofessionnelle par exemple) en fonction d’un
certain nombre de postes. On distingue :
 La structure par groupe de produits :
Les différents postes appelés aussi fonctions sont les suivants : les produits alimentaires, les
loisirs, l’énergie, la culture de l’enseignement, les logements, le transport et la communication, la santé,
les produits industriels, l’habillement et les meubles, …
 La structure suivant la durabilité des biens
Selon cette structure, la consommation est subdivisée en 4 groupes :
- Les biens durables (voitures, postes radio, …)
- Les biens semi-durables (habits, textiles, …)
- Les biens non durables (biens non alimentaires)
- Les services (transports, communication ….)
Il est à noter que ces postes sont appelés des postes budgétaires car le budget du ménage correspond à
l’ensemble des dépenses de consommation. On définit le coefficient budgétaire relatif à chaque poste
par sa part dans la consommation totale :

Montant d’un poste budgétaire

Coefficient budgétaire =

Total de la consommation

24
2°/ Evolution de la consommation : Les lois d'Engel
Les lois d'Engel sont élaborées à, partir de la notion d’élasticité.
 Selon les valeurs de l’élasticité - revenu de la consommation d’un bien, Engel répartit les biens en
différentes catégories.

Elasticité-revenu ( ER ) Nature du bien


ER<0 Biens inférieurs
0<ER<1 Biens normaux
ER>1 Biens supérieurs
ER = 1 Biens neutres

 Selon les valeurs de l’élasticité- prix direct on a


Elasticité-prix direct ( ES ) Nature des biens
ES < 0 Biens normaux
ES > 0 Biens inférieurs

25
CHAPITRE 5 : L’INVESTISSEMENT

I°/ DEFINITION ET MESURE


L’économie entend par investissement les additions au stock de capital physique celui-ci étant
constitué des biens d’équipement, des bâtiments et des stocks.
Quand ‘’Fludor’’ construit une nouvelle usine ou achète une nouvelle machine, quand vous
construisez une nouvelle maison on parle d’investissement.
De nombreuses personnes parlent d’investissement lorsqu’elles achètent un morceau de terrain ou une
valeur boursière où n’importe quel titre de propriété …en économie, ces achats impliquent des
transactions financières ou des modifications de portefeuilles car ce qu’une personne achète est vendu
par une autre…
Dans l'investissement que réalise une entreprise, il faut distinguer l'amortissement (ou
consommation de capital fixe ou investissement de remplacement) de l'investissement net. Le
premier renouvelle le stock existant, soit usé soit obsolète. Dans ce cas, le capital de l'entreprise
n'augmente pas en volume. Ce qui n'est pas le cas de l’investissement net.
L’investissement peut se mesurer à partir du taux d’investissement qui est le rapport de la
formation brute de capital fixe au produit intérieur brut.

II°/ LES DIFFERENTES FORMES D’INVESTISSEMENT

On distingue :
 L’investissement matériel et l’investissement immatériel selon que l’objet de la dépense
d’investissement est un biens palpable ou un bien non palpable comme la formation, l’éducation.
L’investissement immatériel est encore appelé investissement en capital humain.
 Dans la FBCF on distinguera l'investissement productif des Sociétés des investissements des
ménages et des Administrations publiques.
 L’Investissement de productivité et investissement de capacité selon que l’objectif est
d’augmenter le rendement du système de production existant ou de procéder à l’extension de la capacité
de production.

III°/ LES DETERMINANTS DE L’INVESTISSEMENT

1°/ Les facteurs économiques

a- le rôle de la demande

Les entreprises qui souhaitent investir vont prendre en compte l'évolution de la demande qui
s'adresse à leur production. Certes, il s'agit d'une prévision.

26
Nous retrouvons l'analyse de Keynes. Les entreprises décident en fonction d'une demande anticipée.
Il s'agira ensuite de vérifier que la demande effective est à la hauteur des prévisions.

b- le rôle du profit

Il faudra retenir ici que la liaison est complexe. En effet, elle peut être comprise dans les deux
sens. Il s'agit sur le plan théorique d'une opposition forte entre les néo-classiques d'une part et les
keynésiens d'autre part. il s'agit d'une opposition quant à la nature de la relation entre l'épargne et
l'investissement. Ainsi on peut considérer que le fait qu'une entreprise fasse du bénéfice l'incite à
investir. Ici donc c'est le profit qui induit l'investissement. Une entreprise qui souhaite investir devra
donc dégager du bénéfice et valoriser l'autofinancement. Il s'agit du principe de sacrifice. C'est là une
approche néoclassique. On peut l'illustrer par le "théorème de Schmidt" : « les profits d'aujourd'hui
sont les investissements de demain ».

Mais une approche alternative est également envisageable. En effet on peut considérer que c'est
l'investissement qui est à l'origine du profit. Dans ce cas, le financement de l'investissement se fera par la
dette. Il s'agit du principe de dépense que Keynes a mis en exergue. Ce principe peut être illustrer par le
"théorème de Kalecki : les capitalistes gagnent ce qu'ils dépensent et les salariés dépensent ce qu'ils
gagnent". Ici on en déduit qu'à trop vouloir encourager l'épargne on décourage l'investissement

c- Le prix relatif du travail et du capital

Cette question a été abordée à propos de la relation salaire / emploi. Il s'agit de souligner que la
substitution capital / travail (l'entreprise remplace les hommes par des machines) peut se produire
lorsque le coût du travail progresse rapidement au regard de celui du capital.

2°/ Les facteurs financiers

La dette a un effet sur l'investissement et le taux d'intérêt influence le mode de financement de


l'entreprise. Cela peut être illustrer par les comportements d'endettement, d'autofinancement, de recours
au marché financier, de désendettement des entreprises. On retiendra que l'entreprise a intérêt à
s'endetter pour financer son investissement tant que sa rentabilité économique (c'est à dire le rapport
entre l'EBE et les capitaux de l'entreprise (capital emprunté et capitaux propres) est supérieure au taux
d'intérêt réel. Car dans ce cas, la rentabilité financière (qui intéresse surtout les propriétaires de
l'entreprise) est supérieure à la rentabilité économique et cela d'autant plus que l'entreprise est endettée.
Cependant la progression rapide des taux d'intérêt réels telle que le taux excède la rentabilité
économique peut provoquer un effet inverse et être fortement préjudiciable pour l'entreprise et ce
d'autant plus que l'entreprise est fortement endetté. D'où ensuite la volonté des entreprises de se
désendetter, de s'autofinancer soit de recourir à la finance directe.

3°/ Les facteurs institutionnels.

27
Il s'agit ici de souligner l'influence que certains facteurs institutionnels peuvent avoir sur
l'investissement.

On montre que l’État peut, par ses dépenses publiques et la mise en place d’infrastructures
donner une impulsion à l’investissement.

On montre aussi que le cadre institutionnel et réglementaire peut inciter ou décourager les
investisseurs. On pense plus précisément à l’instabilité politique et aux tracasseries administratives
nécessaires pour remplir les formalités d’installation. Au Bénin, la création du Centre de Formalité des
Entreprises ou guichet unique constitue un pas de géants apprécié par l’ensemble des opérateurs
économiques.

4°/ les facteurs psychologiques

On estime aussi que les facteurs psychologiques tels que les sentiments d’incertitude et les
anticipations peuvent avoir une influence sur l’investissement

IV°/ LES CRITERES DE CHOIX DES INVESTISSEMENTS

Nous recommandons une lecture approfondie du cours de mathématique financière à ce niveau.

V°/ Le multiplicateur des investissements

On estime que lorsque l’État réalise un investissement, cet investissement génère par le biais des
dépenses effectuées des revenus successifs de sortes que l’effet final est beaucoup plus important que
celui du montant investi par l’État. On dit que l’investissement de l’État a un effet multiplicateur.

1
Le coefficient multiplicateur est : k= où c représente la propension marginale à consommer.
1 c

28
CHAPITRE 6 : LA PRODUCTION

INTRODUCTION
Produire consiste à créer des biens et des services. Mais l’économiste retient une définition plus
précise pour la notion de production. Grâce à des facteurs de production, comme le travail et le
capital, qu’elles utilisent dans des proportions variables, les unités de production créent de nouvelles
richesses dans l’économie. A travers ce chapitre, nous étudierons la notion de facteur de production
sous ses différents aspects puis nous aborderons la notion de progrès technique et d’innovation.

I°/ DEFINITION
Dans un sens courant, la production désigne l’activité économique consistant à créer des biens et
services destinés à la satisfaction des besoins des agents économiques. C’est le résultat d’un travail
effectué par l’homme.
Au sens de l’INSEE, elle est une activité économique socialement organisée consistant à créer
des biens et services s’échangeant habituellement sur le marché ou obtenus à partir des facteurs de
production s’échangeant sue le marché.

II°/ LES FACTEURS DE PRODUCTION


1°/ Notion de facteurs de production
Les facteurs de production constituent l’ensemble des éléments qui sont combinés durant l’activité
économique pour produire les biens et services. Dans la théorie économique contemporaine, les facteurs
de production se décomposent en trois grandes catégories :
 Le travail direct des hommes peut être salarié ou indépendant, manuel ou intellectuel, d’exécution
ou de direction…
 Le travail indirect ou passé est incorporé dans les autres facteurs.
 Le capital technique est constitué de biens de production durables : terre, machines, bâtiments,
équipements collectifs…
 Les biens et services intermédiaires sont des produits non durables puisqu’ils sont détruits ou
transformés au cours du processus de production : énergie, matières premières, produits semi-finis…
2°/ La combinaison des facteurs de production
Combiner les facteurs de production (encore appelés in-put ou intrants), c’est les associer dans
différentes proportion afin d’obtenir le produit fini encore appelé out-put ou extrant. La combinaison des
facteurs de production dépend de la rareté relative des facteurs et de leur coût.
Notons que les facteurs de production sont complémentaires quand pour des raisons techniques on est
obligé de les associer dans des proportions fixes (quatre pneus pour un volant et quatre portières par
29
exemple pour la fabrication d’un voiture 505). Ils sont substituables quand un même volume de
production peut être obtenu à partis de combinaisons différentes de chacun d’eux (peu d’hommes pour
plus de machines ou plus d’hommes pour peu de machines).
3°/ Le choix de la meilleure combinaison productive
Lorsque sont connues toutes les combinaisons techniques permettant d’obtenir un même niveau
de production, l’entrepreneur choisit celle qui lui coûtera le moins cher compte tenu du prix des facteurs
de production. Ces dernier ne sont pas en effet combinés en terme physiques (x machines avec y heures
de travail) mais en termes économiques (le coût de x machines avec le coût de y heures de travail). En
conséquences, si le prix du travail augmente par rapport à celui du capital, l’entrepreneur cherchera à
augmenter la quantité de capital utilisé au détriment du travail : On dit qu’il y a substitution du capital au
travail. La combinaison productive deviendra alors plus capitalistique sous l’effet de l’augmentation de
la valeur du capital par tête de travailleur.
4°/ L’efficacité de la combinaison productive
Evaluer l’efficacité de la combinaison productive revient à mesurer le lien unissant les facteurs
de production au volume de production obtenu. L’indicateur d’efficacité le plus utilisé est la
productivité.
La productivité des facteurs de production est le rapport entre le volume de la production et la
quantité de facteur utilisée. La productivité du travail qui est la plus connue s’exprime en unités
physiques ou monétaires, par heure de travail ou par tête de travailleurs selon les unités choisies pour
mesurer la production au numérateur et la quantité de travail au dénominateur. Notons que la notion de
rendement est aussi utilisée pour désigner la productivité physique d’un facteur.
5°/ Economie d’échelle, rendement d’échelle et loi des rendements décroissants
 On entend par économie d’échelle, la diminution des coûts unitaires de production due à
l’augmentation des quantités produites.
 Le rendement d’échelle est le rapport entre la variation de la quantité produite et la variation d’un
ou plusieurs facteurs de production utilisés.
 Appliquée à toute opération de production qui combine des facteurs de production, la loi des
rendements décroissants montre que si l’on augmente régulièrement l’un des facteurs tandis que le
ou les autres facteurs restent fixes, la production supplémentaire due à l’accroissement du facteur
variable diminue progressivement. Elle correspond dons à la baisse de la productivité marginale du
facteur variable (production supplémentaire liée à l’utilisation d’une unité supplémentaire du
facteur)

30
III°/ GAINS DE PRODUCTIVITE, PROGRES TECHNIQUE ET
INNOVATION
On entend par gains de productivité, les ressources supplémentaires obtenues par une entreprise
lorsque sa valeur ajoutée augmente plus rapidement (ou diminue moins vite) que le coût des facteurs de
production. Les gains de productivité, liés à l’amélioration de l’efficacité des facteurs de production,
représentent donc une ressource supplémentaire que l’entreprise peut répartir entre plusieurs
bénéficiaires : les salariés (augmentation des rémunérations), les consommateurs (diminution des prix),
l’entreprise elle-même (accroissement des bénéfices non distribués) ou ses propriétaires (hausse des
dividendes).
Le progrès technique est l’un des principaux facteurs d’amélioration de la productivité. Il
désigne le développement et le perfectionnement des moyens de production.
Il ne faut pas confondre l’invention qui est une découverte et son application économique au
sein de l’entreprise que l’on nomme innovation. Le progrès technique, qui est incorporé dans les
machines, n’est pas la seule innovation qui permet d’obtenir des gains de productivité. On peut citer
aussi l’ouverture d’un nouveau débouché, la fabrication d’un nouveau produit, la mise en œuvre d’une
nouvelle méthode d’organisation de la production….

CONCLUSION
La production est une fonction importante de l’activité économique dans la mesure où c’est elle
qui assure la disponibilité des biens et services de consommation. Il est à noter que malgré sa
complexité, nous ne devons pas perdre de vue ces différents aspects et les liens qui la lient aux autres
comportements des agents économiques.

31
CHAPITRE 7 : LE ROLE DE L’ETAT DANS L’ECONOMIE
L’Etat joue un rôle fondamental dans la vie économique par le poids de ses investissements et de
son budget. Ses fonctions sont diversement appréciées par les économistes voire remises en causes par
certaines. Nous aborderons dans ce chapitre les grandes fonctions de l’Etat puis le budget de l’Etat et
les objectifs de la politique budgétaire.

I°/ LES GRANDES FONCTIONS DE L’ETAT


1°/ Les trois rôles économiques de l’Etat
Selon Musgave, l’Etat assure à travers les administrations publiques un triple rôle :
a- La fonction d’affectation des ressources
Elle correspond à la satisfaction des besoins collectifs. L’Etat fournit des biens collectifs (biens
indivisibles tels que la justice, la défense, la police… et des services publics ou biens tutélaires, c’est-à-
dire des services qui pourraient être assurés par le marché, mais que l’Etat prend en charge totalement ou
partiellement pour des motifs de justice sociale ou par manque d’efficacité du marché (par exemple
l’éducation, la santé…).
b- La redistribution
L’Etat intervient pour modifier la répartition des revenus issue des mécanismes du marché, corriger
les inégalités et assurer au citoyen une sécurité face aux aléas de l’existence (maladie, chômage…).
c- La régulation
L’Etat intervient pour rectifier les déséquilibres économiques (chômage, inflation…) en l’absence de
régulation spontanée par les marchés. Ses interventions tentent d’amortir les fluctuations économiques.
2°/ L’évolution du rôle de l’Etat
On observe une hausse continue des dépenses publiques et du poids de ces dépenses publiques
dans le PIB. Cette observation est conforme à la loi de Wagner ou « loi de l’extension croissante de
l’activité publique » qui montre qu’au fur et à mesure du développement économique, l’Etat se charge
de plus en plus d’activités nouvelles et effectue de façon de plus en plus approfondie ses fonctions
anciennes.
3°/ Les théories économiques et l’intervention de l’Etat
On distingue :
a- L’Etat gendarme : selon les économistes classiques tels que Adam Smith et David Ricardo, l’Etat
doit veiller au libre exercice des libertés individuelles sur les marchés. C’est un Etat gendarme dont
le rôle se limite à la prise en charge des droits régaliens : armée, justice, police, émission de la
monnaie.
b- L’Etat minimum : Les économistes néoclassiques élargissent le champs d’intervention de l’Etat aux
situations de défaillance du marché : production des biens collectifs ou des biens tutélaires (fonction

32
d’affectation des ressources). Ils lui reconnaissent aussi une fonction de redistribution du fait de
l’existence de services publics gratuits et d’impôts. En revanche, toute intervention du type
régulation serait néfaste puisqu’elle altérerait le bon fonctionnement des mécanismes de marché.
C’est un Etat minimum.
c- L’Etat providence : Pour les keynésiens, l’Etat assure les fonctions régaliennes, des fonctions
économiques (il assure l’équilibre général des marchés) et des fonctions sociales (il assure la prise en
charge obligatoire et solidaire de certains risques individuels). C’est un Etat providence.
Notons que l’Etat providence a fait l’objet de nombreuses critiques qui ont conduit dans les années
80 à un recul de l’intervention de l’Etat (déréglementation, privatisations, suppression des entraves au
libre jeu de la concurrence).
d- L’Etat stratège et régulateur : Les années 90 voient une réhabilitation de l’Etat mais également une
nouvelle évolution de son rôle : l’Etat stratège et régulateur. Il assume trois fonctions principales :
 Préparer à la compétition mondiale.
 Contrôler le fonctionnement des marchés et le respect des règles de la concurrence.
 Soutenir la croissance par des investissements en recherche, en formation, en infrastructures qui
dégagent des externalités positives.

II°/ LA POLITIQUE BUDGETAIRE


Avec l’importance des ressources qui sont à sa disposition (recettes des impôts,…), l’Etat a
souvent la tentation d’agir directement sur certains domaines de l’activité économique. Mais c’est
seulement au xxème siècle que l’utilisation systématique des composantes du budget de l’Etat a donné
naissance à la politique économique.
1°/ Les formes de politique budgétaire
La politique budgétaire est une politique économique qui consiste à utiliser le budget de l’Etat pour
atteindre certains objectifs. On distingue la politique budgétaire libérale et la politique budgétaire
interventionniste.
 La politique budgétaire libérale : Elle est relative aux économistes libéraux qui prônent un
minimum d’intervention de l’Etat dans l’activité économique avec un objectif d’équilibre entre les
recettes et les dépenses de l’Etat. Pour Adam Smith, l’augmentation des dépenses publiques et des
déficits entraîne une baisse de la demande privée. C'est l’effet d’éviction qui est un phénomène
économique conduisant l’activité du secteur public à supplanter celle du secteur privé.
 La politique budgétaire interventionniste : Les keynésiens font du budget de l’Etat le levier
principal et le plus efficace de la politique économique. Ils justifient l’efficacité de la politique
budgétaire pour atteindre l’équilibre de plein emploi par le mécanisme du multiplicateur. On leur
doit à cet effet le multiplicateur de dépense publique (l’Etat stimule la demande en augmentant les
dépenses publiques sans modifier les niveaux d’impôts) et le multiplicateur fiscal (stimulation de la
33
demande par réduction des impôts sans modification des dépenses publiques) ; mais dans ce cas
l’effet est moins important que dans le cas précédent car les ménages épargnent une partie du revenu
créé.
Il faut signaler qu’en économie ouverte, la politique budgétaire a des limites : la hausse des importations
limite l’effet du multiplicateur et peut conduire à un déficit commercial et à la dépréciation monétaire.
2°/ Le budget de l’Etat
Le budget de l’Etat est constitué d’un ensemble de comptes décrivant pour une année civile
toutes les ressources et toutes les charges de l’Etat. Sa structure révèle les choix de priorités
économiques. Le budget de l’Etat peut être excédentaire ou déficitaire ;

RECETTES DEPENSES
 Impôts (impôts sur les revenus, TVA, Plusieurs classifications :
impôts sur les sociétés, …)  à caractères définitifs (salaires…) ou à
 Recettes non fiscales (bénéfices des caractères temporaires (remboursables
exploitations publiques, produits des comme les prêts et avances)
privatisations, …)  de fonctionnement
 par fonction (éducation, santé…)

CONCLUSION
Le rôle de l’Etat dans l’économie comme nous venons de le voir, a connu une évolution dans le
temps et la politique budgétaire a gagné de plus en plus les économies du monde contemporain. Il est à
noter que malgré la libéralisation de l’économie à laquelle nous assistons de nos jours, une place non
moins importante demeure accordée à la politique économique et le budget des Etats ne cesse de
grandir.

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CHAPITRE 8 : PRIX ET REVENUS

Les agents économiques produisent les biens et services destinés à la consommation sous ses
diverses formes (consommation intermédiaire, consommation finale, ….). Ces biens sont mis à la
disposition des utilisateurs par l’intermédiaire des marchés moyennant un coût, le prix ; à la suite des
échanges, les agents économiques reçoivent divers types de revenu. L’objet du présent chapitre est
d’étudier les notions de marché et de prix, puis celles de revenus.

I°/ LES MARCHES ET LES PRIX


Le marché est le lieu de rencontre de l’offre et de la demande d’un bien en vue de la
détermination des prix. Il existe autant de marché que de biens (marché du riz, marché de la monnaie,
…)

1°/ Les différents types de marché


Selon l’importance des acheteurs (demandeurs) et des vendeurs (offreurs) on peut classifier les
marchés en neuf grandes catégories comme l’indique le tableau suivant :

Offreurs Un seul offreur Quelques offreurs De nombreux offreurs


Demandeurs
Un seul Monopole bilatéral Monopsone contrarié Monopsone
demandeur
Quelques demandeurs Monopole Oligopole bilatéral Oligopsone
contrarié
De nombreux Monopole Oligopole Concurrence pure et
demandeurs parfaite

La notion de concurrence mérite d’être plus approfondie. Dans le sens économique, la


concurrence désigne une structure de marché où les acheteurs et les vendeurs sont suffisamment
nombreux pour qu’aucun ne puisse exercer une influence sur les prix. Il existe toutefois des degrés
différents de concurrence.
La théorie néoclassique définit ainsi une concurrence pure et parfaite. La concurrence est
qualifiée de pure si elle répond aux trois hypothèses suivantes :
 L’atomicité : acheteurs et demandeurs sont nombreux au point où nul ne peut à lui seul
influencer les prix.

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 L’homogénéité : Les produits échangés sont identiques et substituables (ils permettent de
satisfaire un même besoin) les uns les autres.
 La libre entrée sur le marché (fluidité): il n’existe aucune entrave, aucune barrière à
l’entrée de nouvelles entreprises.
La concurrence est « parfaite » si deux hypothèses sont réunies :
 La transparence : l’information des agents économiques (en particulier sur la qualité des
produits) est totale.
 La mobilité des facteurs de production : le travail et le capital doivent s’orienter vers les
emplois les plus rémunérateurs.
Il s’agit là d’une « représentation » de la réalité puisque ces cinq hypothèses se trouvent très
rarement vérifiées simultanément.

Remarques :
 La concurrence monopolistique est une situation dans laquelle les entreprises différencient
tellement leurs produits qu’elles se trouvent disposer d’un certain monopole pour leur propre
produit.
 La notion de marché contestable, plus récente, définit la concurrence par la liberté d’entrée
et de sortie d’un marché.
2°/ La formation des prix
En situation de concurrence pure et parfaite, le prix d’un bien est déterminé par la rencontre de
l’offre et de la demande. Le prix d’équilibre est donc le prix qui égalise les offres et les demandes sur un
marché.

Illustration

Courbe de demande Courbe d’offre


Prix

Prix d’équilibre

Quantité échangée à Quantités


l’équilibre

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En situation de concurrence imparfaite, le prix n’est plus une donnée du marché ; Plus
particulièrement en situation de monopole, le prix est fixé par l’offreur et s’impose au consommateur ;
cependant, on peut avoir des situations de monopole régulé où l’Etat intervient pour empêcher que le
monopoleur fasse subir au consommateur des prix exorbitants.
3°/ L’inflation
a- Définition et mesure
L’inflation désigne la hausse durable et généralisée du niveau des prix ; l’augmentation du prix
d’un seul bien n’est donc pas une inflation. La notion d’inflation fait appel à d’autres notions telles que
la déflation, la désinflation, la stagflation.

Prix

to t1 t2 t3 t4 Périodes

Période t0 à t1 : inflation (hausse générale et continue du niveau des prix)


Période t1 à t2 : stagflation (stagnation de l’inflation)
Période t2 à t3 : désinflation (baisse de l’inflation)
Période t3 à t4 : Déflation (Baisse générale et continue du niveau des prix)

L’INSEE calcule la hausse des prix à partir de 296 produits de consommation (panier de la
ménagère) et sort l’indice de prix à la consommation.

b- Les formes de l’inflation :


On distingue :
 L’inflation rampante (taux d’inflation inférieur à 3% par an)
 L’inflation déclarée (entre 3% et 6% l’an)
 L’inflation galopante (entre 6% et 50% l’an)
 L’hyperinflation (taux supérieur à 50% par an)
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c°/ Les causes de l’inflation
Elles sont multiples ; les économistes distinguent en général :
 L’inflation par la monnaie : La hausse des prix est le résultat d’une création excessive de
monnaie.
 L’inflation par les coûts : C’est la hausse des prix liée à l’accroissement des coûts de
production des entreprises. Une particularité en est l’inflation importée.
 L’inflation par la demande : C’est la hausse des prix liée à un déséquilibre entre
l’importance de la demande et la faiblesse de l’offre des produits.
 L’inflation budgétaire : résulte d’une décision de l’Etat d’augmenter les salaires des
fonctionnaires et de baisser les impôts.
 L’inflation par les structures économiques et sociales : Elle résulte des rapports de force sur
les marchés, entravant la libre fixation du prix d’équilibre (monopole, pouvoir des
syndicats…).
d- Les conséquences de l’inflation
Elles sont multiples ; cependant on peut citer :
 Des effets positifs tels que l’allégement de la dette des débiteurs, le profit des bénéficiaires
des revenus indexés sur l’inflation
 Des effets négatifs tels que la baisse du pouvoir d’achat des consommateurs,
l’appauvrissement de toute l’économie, les déséquilibres avec l’étranger, l’appauvrissement
des créanciers et des épargnants.
e- Les mesures anti-inflationnistes.
Les politiques de lutte contre l’inflation s’attaquent aux causes du mal. Mais les causes sont si
complexes que trois ordres de politiques sont généralement menés :
 Les politiques d’action sur la demande globale
Lorsque l’inflation résulte d’un excès de la demande par rapport à l’offre globale, les premières
politiques consistent en des actions de réglage ou de limitation de la demande globale, soit par une
politique monétaire, soit par une politique budgétaire, soit par une combinaison des deux. Mais ces
politiques peuvent être inefficaces du fait des anticipations et des comportements subséquents de
groupes sociaux.
 Les politiques d’action sur l’offre
Elles consistent en des mesures permettant de réduire les coûts grâce à l’amélioration de
l’efficience productive. Elles consistent aussi en des mesures permettant de faciliter la reconversion des
entreprises sur les entreprises en déclin. Ces actions doivent s’exercer aussi bien sur les entreprises que
sur la main d’œuvre.
 La politique de régularisation des revenus

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La politique des revenus vise à définir et à faire respecter les conditions d’évolution des
revenus compatibles avec une croissance équilibrée et assumant une plus grande justice sociale. La
masse de revenus doit donc progresser parallèlement au produit réel afin que le niveau des prix reste
stable.

II°/ LES REVENUS


Le revenu d’un agent économique est l’ensemble des ressources qui lui sont octroyées sans
prélèvement sur son patrimoine. Il peut être primaire ou secondaire. Nous aborderons respectivement
ces revenus primaires et de transfert avec les particularités qu’ils présentent.
1°/ Les revenus primaires
Ce sont les revenus qui rémunèrent les deux principaux facteurs de production (le travail et le
capital).
a- Les revenus du travail
Ils sont constitués essentiellement de salaires, mais aussi de revenus non salariaux, tels que ceux
perçus par les personnes exerçant les professions libérales, les artisans, les industriels, les commerçants
ou les agriculteurs.

 Les salaires
Traditionnellement, le niveau de salaire est déterminé par l’égalité de l’offre et de la demande de
travail. Pour les néoclassiques et les néolibéraux, un entrepreneur embauche un salarié supplémentaire à
condition qu’il puisse en tirer un gain de productivité au moins égal au salaire accordé. On dit alors que
le salaire est égal à la productivité marginale du travail.
Keynes pense cependant qu’il est fallacieux de croire que le niveau des salaires est défini par
l’offre et la demande de travail. Il pense plutôt que ce sont les rapports de force entre les groupes
sociaux qui déterminent avec leur capacité de négociation et de pression, la répartition des salaires.
Le salaire d’efficience quant à lui est un niveau de salaire supérieur au salaire d’équilibre (celui
déterminé par l’offre et la demande) qui assure à l’entreprise une hausse de la productivité.
Plus récemment en 1975, Gary Becker expliqua à travers sa théorie du capital humain, les
différences de salaire par les différences dans les formations reçues par les individus.
 Les autres revenus du travail
Ce sont les revenus qui constituent le fruit d’un travail mais ne donnent pas lieu à un
revenu régulier comme le salaire. On distingue :
- Les revenus des professions libérales : professions médicales et paramédicales, professions juridiques
(avocats notaires, conseillers fiscaux ou juridiques…), les professions techniques (architectes,
ingénieurs-conseils…), les professions diverses (metteurs en scène, sportifs professionnels…).
- Les revenus d’activité des artisans, industriels et commerçants.
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- Les revenus agricoles.

b- Les revenus du capital


Encore appelés revenus du patrimoine ils sont issus de la propriété, de l’entreprise ou de
l’assurance. On distingue :
 Le loyer qui rémunère le propriétaire d’un immeuble qui loue un logement.
 Le dividende qui rémunère l’actionnaire d’une société anonyme.
 Le fermage qui rémunère le propriétaire foncier qui loue un champ.
 L’intérêt qui rémunère le placement d’argent sur un compte à terme, une obligation.
 Le profit qui rémunère le travail de l’entrepreneur.

2°/ Les revenus de transfert : la redistribution


Ce sont les revenus financés par les cotisations (essentiellement) et par l’impôt et versé aux
assurés sociaux pour les couvrir contre les risques sociaux dont ils ne sont pas responsables (maladie,
vieillesse, accident de travail, …).
a- Les motifs de la redistribution
Ils sont d’ordre social et économique.
 Les motifs d’ordre social
On en distingue deux :
- La justice sociale : il semble juste de réduire les inégalités de revenus engendrées par
la croissance économique, ou la pression de plus en plus forte des groupes sociaux.
- Le bien-être : Il s’agit de procurer des revenus à des personnes qui ne participent plus
à l’activité économique, ou qui répondent à des critères particuliers (handicapés,
chômeurs…).
 Les motifs d’ordre économique
Keynes a montré que :
- La structure des revenus la plus favorable à la croissance n’est pas celle où les revenus sont les plus
dispersés, mais celle où la maximum de la population se trouve dans la zone de revenus moyens.
- La redistribution des revenus élevés vers les bas revenus peut aussi favoriser la consommation et donc
relancer l’économie et l’investissement.
b- Les modalités de la redistribution
La redistribution des revenus se fait des riches vers les pauvres d’une part à travers les impôts et les
prestations sociales et d’autre part des actifs vers les inactifs.
Les ménages reçoivent le revenu national de tris façons :
 Les ressources directes issues de la répartition primaire du revenu.

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 Les services publics que l’Etat fournit, soit gratuitement, soit à un prix inférieur au coût de
revient réel ( police, justice, armée, culture, enseignement,…).
 Les revenus sociaux et de transfert (revenu minimum d’insertion, prestations familiales,
allocation au chômage, pensions,…).

CONCLUSION
Marché, prix et revenus sont des notions très liés et des théories multiples existent sur les liens
qui existent entre eux. Particulièrement, il faut signaler que la redistribution des revenus malgré sa
contribution à la réduction des inégalités, ne peut conduire à un système où serait absente toute inégalité.

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