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CHAPITRE 1.

DEFINITION ET PRINCIPES DE LA SCIENCE ECONOMIQUE

1. Introduction

Qu’est ce que la science économique ? L’économie ne s’est réellement constituée en


science autonome, avec un objet d’étude propre, qu’après l’émergence des sociétés
« modernes ». Avec l’institutionnalisme du marché, les activités économiques se sont
distinguées des autres structures sociales, sur lesquelles elles ont exercé une influence
croissante.

1. objet de la science économique

- la science économique est la science qui étudie la production, la répartition et la


circulation des richesses, entendues au sens de biens et services résultant d’une activité
productive. D’une manière plus formelle, c’est la science qui étudie l’allocation optimale
des biens rares à des fins alternatives (Lionel Robbins).
- En effet, l’économie ne concerne que ce qui relève directement ou indirectement de
l’activité productive. Or, tout bien qui est disponible en quantité illimitée n’a pas
besoin d’être produit – il se situe donc hors du champ économique. La rareté est la
situation dans laquelle l’offre naturelle d’un bien est inférieure à sa demande ; c’est
donc une situation ou le bien a un prix. Ainsi, un dessin réalisé par un enfant de trois ans
n’a pas de prix ; comme personne ne désire l’acheter, il n’est pas rare au sens
économique. Par conséquent, la science économique analyse la manière dont, à partir des
ressources rares, les matières premières par exemple, on peut générer le niveau de
production le plus élevé possible.
- L’économie, science qui étudie l’activité productive, cherche donc à répondre à trois
questions : Pourquoi produire ? Cela pose le problème de la nature des besoins à
satisfaire. Comment produire ? Cela pose le problème de l’efficacité du système
productif. Comment répartir la production ? C’est une problématique en terme de
justice sociale qui se pose alors.

2. Une science humaine qui étudie la rareté

La science économique est bien entendu une science humaine puisqu’elle a pour objet d’étude
l’être humain, mais aussi une science sociale, puisqu’elle étudie les individus au sein de la
société.
Longtemps l’économie fut considérée comme la science de l’accumulation des richesses. Déjà
Aristote proposait une division en trois branches de la science de l’homme : l’éthique,
l’économique et la politique. Si l’éthique relève de l’individu et la politique de la Cité,
l’économique caractérise l’activité familiale. En effet, le mot économie provient du grec
oîkos, qui signifie maison, et de nomos qui représente les règles. L’économie serait, dans
cette perspective, l’ensemble des règles de conduite des activités domestiques. Le philosophe
grec indique que la science de l’acquisition des richesses, la chrémastistique, est un
élément de l’économique. Autrement dit, l’accumulation de richesses n’a pour cadre que la
famille.
Il faudra attendre le développement du capitalisme commercial, après le moyen Âge, pour
considérer la production de richesse étendue à l’échelle de la nation, et non pas limitée à la
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famille. Dès lors, l’accumulation de la richesse sera encouragée par l’Etat, notamment chez les
mercantilistes des XVIè et XVIIé siècles. L’économie devient politique, c'est-à-dire que son
champ s’élargit, passant du cadre familial au cadre de la nation. Toutefois, si l’économie est
une science humaine, il convient de se demander ce qui la distingue des autres sciences
humaines. Toute science se donne un objet d’étude précis qu’elle tente d’analyser. Si la
science politique privilégie l’étude du pouvoir, la science économique se concentre, elle, sur la
rareté.

Le constat de départ de l’analyse économique est somme toute assez simple : les hommes
éprouvent des besoins illimités, mais les ressources dont ils disposent pour les satisfaire
n’existent qu’en nombre limité (phénomène de rareté), en conséquence, ils doivent faire des
choix.

3. Besoins humains sont illimités

On définira le besoin économique comme un manque qui peut être satisfait par l’acquisition
ou la consommation de biens et de services, sachant que ces mêmes biens et services sont
produits en quantités limitées.
John Maynard Keynes dans Essais sur la monnaie et l’économie (1930) distingue deux
catégories de besoins :

- ceux qui possèdent un caractère absolu que l’on ressent, quelle que soit la situation des
autres individus ;
- et ceux qui ont un caractère relatif, que l’on éprouve au contact des autres. Bien
entendu, les premiers peuvent atteindre un seuil

4. Microéconomie et macroéconomie

L’activité économique s’étudie sous deux angles différents.


- L’approche microéconomique analyse la réalité économique à partir du comportement
des individus. Selon elle, pour comprendre le système économique dans son ensemble, il
suffit de généraliser ce qui est vrai à l’échelle individuelle. Les lois économiques
générales sont donc les mêmes que les lois économiques qui régissent les comportements
individuels : le « tout » est égal à la somme des parties. Cette approche est celle du courant
libéral, qui repose sur l’hypothèse de la rationalité des agents économiques individuels
comme fondement explicatif des comportements économiques.
- L’approche macroéconomique avance au contraire que le « tout » n’est pas réductible à
la somme des parties. Par exemple, s’il est vrai qu’au niveau individuel chaque
entrepreneur à intérêt à ne verser que des salaires faibles pour augmenter ses profits, si
tous les entrepreneurs agissent ainsi, alors la consommation globale sera faible, de même
que la production globale et donc… les profits eux-mêmes. Ce qui est vrai au niveau
individuel n’est donc pas généralisable au niveau collectif. C’est l’approche keynésienne,
qui raisonne sur des agrégats, des quantités globales (PIB, FBCF…)
- Depuis une trentaine d’années, un nouveau courant de pensée est apparu, qui cherche à
donner des fondements microéconomiques à l’approche macroéconomique, estimant que
l’hypothèse de rationalité des agents économiques doit être centrale.

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5. Modèles et rationalité économique

a. Des modèles théoriques basés sur des hypothèses simplificatrices


- La quasi-totalité des approches économiques dominantes s’appuie sur des modèles
formalisés, c'est-à-dire sur des constructions simplifiées, fondées sur des hypothèses
parfois irréalistes, afin de comprendre le système économique. On parle alors d’une
démarche hypothético-déductive : on part d’une théorie pour essayer d’expliquer le
monde, et non de la description du monde pour essayer d’en déduire une théorie (ce
qui correspond à une démarche inductive, allant du particulier au général). Le
néophyte est souvent surpris, en ouvrant un ouvrage d’économie, d’y découvrir de
nombreuses formules mathématiques et des raisonnements qui lui semblent bien loin
de la réalité.
- Gary Becker, prix Nobel d’économie en 1992, chantre de « l’impérialisme
économique dans les sciences sociales », a cherché à appliquer ce modèle de
rationalité à toutes les dimensions du comportement humain. Il a ainsi développé des
modèles économiques de la criminalité, du mariage…

b. L’exemple de la rationalité du comportement

Toutes les théories libérales reposent sur l’hypothèse de la rationalité des agents
économiques. Selon cette hypothèse, tout choix, toute décision prise par un individu se fait à
la suite d’un calcul coût/avantage. Face à chaque situation, chacun cherche à évaluer les coûts
(en termes financiers, mais aussi de temps, d’efforts, d’investissement personnel…) et les
avantages (en termes financiers, mais aussi de bien-être personnel). Le comportement retenu
sera donc celui qui apportera l’avantage le plus élevé par rapport au coût supporté. Les agents
économiques sont considérés comme ayant un comportement d’homo oeconomicus, c'est-à-
dire comme des individus uniquement motivés par un calcul rationnel. Ils chercheront à
éviter des coûts d’opportunité, qui correspondent aux gains supplémentaires qu’ils auraient pu
réaliser en retenant d’autres choix.

c. L’intérêt des modèles

Il est bien sûr utopique de penser que toutes nos actions sont le fruit d’un calcul rationnel : les
achats d’impulsion ne relèvent pas du calcul rationnel, de même que l’amitié, l’amour, les
relations sociales…Les économistes sont bien conscients de cette réalité, mais justifient
l’utilisation de ces modèles par deux types d’arguments.

- Tout modèle induit nécessairement des simplifications, sans quoi la théorie qui en
découle ne pourrait avoir de puissance explicative. Et si le modèle de rationalité
comportementale n’est pas en adéquation parfaite avec la réalité, mais que malgré
toutes les conclusions de la théorie semblent être corroborées par la réalité, alors on
pourra juger la théorie pertinente…Même si elle repose sur des hypothèses irréalistes.
C’est la position défendue par Milton Friedman prix Nobel d’économie (1976), dans
Essai sur la méthodologie de l’économie positive (1953).
- Ces modèles ont servi de bases à l’élaboration d’autres modèles plus complexes, qui
reposent sur des hypothèses plus réalistes. Ainsi Herbert Simon a développé un
modèle fondé sur l’existence d’une « rationalité limitée » : les agents économiques ne
choisissent pas le meilleur comportement possible, car les coûts liés à la recherche et

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au traitement de toute l’information nécessaire pour effectuer un choix rationnel entre
toutes les situations possibles sont beaucoup trop importants. Par conséquent, ils
choisissent la première situation leur paraissant acceptable, même si ce n’est pas
forcément la meilleure. La capacité à faire l’objet d’améliorations est donc une
caractéristique de ces modèles, même si, en retirant certaines hypothèses, ils
deviennent plus complexes.

6. Les dix principes de l’économie

6.1 Comment les gens prennent leurs décisions ( prises de décisions individuelles -
4 principes )

• Principe n°1: Les gens doivent faire des choix


• Principe n°2: Le coût d’un bien est ce à quoi l’on est prêt à renoncer pour l’obtenir
• Principe n°3: Les gens rationnels pensent en termes marginaux
• Principe n°4: Les gens réagissent aux incitations

Principe n°1: Les individus font face à des arbitrages


Pour obtenir une chose qui nous tente, il nous faut en général renoncer à une autre chose que
l’on aime. Prendre une décision revient donc à comparer deux objectifs.

Principe n°2: Le coût d’un bien mesure ce à quoi l’on est prêt à renoncer pour l’obtenir

Parce que l’on doit faire des choix, prendre une décision implique d’être capable de comparer
des coûts et des bénéfices des diverses options possibles.

Principe n°3: Les individus rationnels raisonnent à la marge

De nombreuses décisions de la vie courante impliquent des petits ajustements à la marge d’un
plan d’action préexistant.
Les économistes appellent ces ajustements des changements marginaux. La plupart du temps,
on prendra les meilleures décisions en raisonnant en termes marginaux.

Principe n°4: Les individus réagissent aux incitations

Dans la mesure où les individus prennent leurs décisions en comparant coûts et bénéfices, leur
comportement changera quand les coûts ou les bénéfices changeront. En d’autres termes, les
gens réagissent aux incitations.

Conclusion
Retenons que les gens doivent faire des choix parmi des objectifs conflictuels, que le coût d’une
action se mesure en termes d’opportunités abandonnées, que les êtres rationnels décident en
comparant les coûts marginaux aux bénéfices marginaux et que les individus adoptent des
comportements différents en fonction des incitations qui leur sont proposées.
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6.2 Comment les gens interagissent (Les interactions entre individus - 3 principes)

• Principe n°5: L’échange enrichit tout le monde


• Principe n°6: En général, les marchés constituent une façon efficace d’organiser l’activité
économique
• Principe n°7: Le gouvernement peut parfois améliorer les résultats du marché

Principe n°5: L’échange est profitable pour tous


Les échanges entre deux partis profitent aux deux partenaires.

Principe n°6: Généralement, les marchés constituent une façon efficace d’organiser
l’activité économique
L’effondrement du communisme en Union Soviétique et en Europe de l’Est est un bon exemple
pour illustrer ceci. Les pays communistes croyaient que des organismes de planification
centrale au sein du gouvernement étaient les mieux placés pour guider l’activité économique.
Ces organismes décidaient quels biens et services devaient être produits, en quelles quantités et
qui devait les produire et les consommer. Une idée sous-jacente structurait cette planification
centralisée: seul le gouvernement pouvait organiser l’activité économique de manière à assurer
le bien-être du pays entier.

Principe n°7: L’Etat peut parfois améliorer les résultats du marché


Si les marchés permettent généralement d’organiser efficacement l’activité économique, il
existe cependant quelques exceptions importantes. Il y a principalement deux raisons qui
poussent le gouvernement à intervenir dans la vie économique: améliorer l'efficacité et
promouvoir la justice. La plupart des politiques économiques visent soit à agrandir le gâteau,
soit à le répartir différemment.

Grâce à la main invisible, les marchés allouent en général les ressources de manière efficace.

Conclusion
Retenons que l’échange peut être mutuellement bénéfique, que les marchés constituent
généralement une manière efficace de coordonner les échanges entre individus et que le
gouvernement peut parfois améliorer les choses en cas de défaillance de marché ou de résultat
trop inéquitable.

6.3 Comment fonctionne l’économie dans son ensemble (3 principes)

• Principe n°8: Le niveau de vie d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et
services
• Principe n°9: Les prix montent quand le gouvernement imprime de la monnaie
• Principe n°10: À court terme, la société doit choisir entre inflation et chômage

Principe n°8: Le niveau de vie d’une économie dépend de sa capacité à produire des biens
et services
Au plan mondial, les différences de niveaux de vie sont colossales. En 1993, le Français moyen
percevait un revenu del’ordre de 21 000 Dollars. La même année, le Mexicain moyen ne
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touchait que 7 000 Dollars, et le Nigérian moyen 1 500
Dollars. Bien évidemment, cette gigantesque disparité des revenus moyens se trouve dans
l’appréciation des qualités de vie. Les habitants des pays à haut niveau de revenu ont plus de
postes de télévision, plus de voitures, une alimentation plus équilibrée, une assistance médicale
plus sophistiquée et une espérance de vie plus longue que les habitants des pays à faible niveau
de revenu.

Principe n°9: Les prix montent quand la banque centrale imprime de la monnaie
En janvier 1921, en Allemagne, un quotidien coûtait 0,30 Mark. Moins de deux ans plus tard,
en novembre 1922, le même journal coûtait 70 000 000 de Marks. Et tous les autres prix
allemands avaient connu la même progression. Cet épisode est l’un des exemples les plus
spectaculaires d’inflation, c’est-à-dire d’augmentation du niveau général des prix dans une
économie.

Principe n°10: À court terme, la société est confrontée à un arbitrage entre inflation et
chômage
Si l’inflation est si facile à expliquer, pourquoi a-t-on parfois autant de mal à la contrôler? Parce
qu’on considère souvent que réduire le taux d’inflation contribue à augmenter momentanément
le taux de chômage. Ce compromis de court terme entre inflation et chômage est décrit par la
courbe de Phillips, du nom de l’économiste anglais qui a démontré l’existence de cette relation.

Conclusion
Retenons que la productivité est à l’origine du niveau de vie, que l’augmentation de la quantité
de monnaie est la source ultime de l’inflation et que la société doit choisir à court terme entre
inflation et chômage.

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