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INTRODUCTION A L’ANALYSE ECONOMIQUE DU DROIT

Examen : QCM

Bibliographie : Mackaay, Ejan et Stéphane Rousseau, Analyse économique du droit, Dalloz


(2008)

Préambule :

Þ Lien entre droit et économie ?

Ces deux disciplines s’intéressent à la même chose. L’économiste et le juriste travaillent sur les
mêmes choses, recherchent les clés d’interactions entre individus. Le droit essaie de minimiser les
conflits au sein d’une société -> Meilleure cohabitation entre les individus.
Le bon droit va permettre aux personnes d’échanger... L’économie c’est la science des échanges et il
recherche la même chose car on voudrait des sociétés qui se développent de manière harmonieuse.

Les méthodes ne sont cependant, pas les mêmes. Le juriste est souvent plus proche de la réalité du
terrain que ne l’est l’économiste. En effet, le juriste cherche à classer les différents types de
problèmes, d’interactions et essaie de faire en sorte que les acteurs de la vie sociale aient sans cesse
des repères fiables. Au contraire, l’économiste essaye de comprendre les grandes lignes, voir les
choses de haut, aime bien essayer de théoriser et pour faire une théorie, on simplifie c’est-à-dire,
qu’on va aller à l’essentiel, on essaie de dégager des lois, des régularités, des généralités.

Les deux regards sont complémentaires et que la réflexion du juriste peut s’enrichir des analyses de
l’économiste, et d’ailleurs inversement.

Cette origine on la trouve cependant plus tôt, dans les années 1920 et plus particulièrement dans les
facultés de droit aux USA. En effet, durant cette période, il y a un courant dans les facs de droit qui
est assez fort, celui du « legal realism ». Dans ce courant, les juristes pensent que l’enseignement du
droit est un peu trop éloigné de la réalité, on a perdu le fil des problèmes réels. De nombreuses facs
décident donc d’y remédier en embauchant des sociologues, économistes...
L’un des grands noms est celui d’Oliver Holmes. A l’université de Chicago, on voit arriver des
économistes assez réputés comme Henry Simons et Aaron Director. Ces deux économistes vont
organiser des cours, séminaires avec d’autres économistes et juristes. Par la suite, ils vont se
concentrer sur des sujets qui intéressent les juristes comme la règlementation... et vont créer en
1958 la première revue scientifique « le journal du droit et de l’économie ».

Par la suite, les juristes eux-mêmes participent à cette réflexion comme le juge et professeur de droit
à Chicago Richard Posner, en publiant notamment en 1972 « l’analyse économique du droit ».
Le juge Guido Calabresi (Yale : fac de droit USA) va publier en 1961 des articles où il utilise les
analyses économiques. L’université de Chicago est réputée pour être l’université des libéraux, un
pro-marché.

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Aux USA, les deux disciplines ont trouvé un champ disciplinaire commun. Très souvent, la discipline
n’est pas enseignée aujourd’hui car les professeurs de droit sont des personnes qui ont tous eu ces
cours lorsqu’ils étaient étudiants et donc, aujourd’hui, l’analyse économique du droit est
directement intégrée dans les cours de droit.

Souvent, on situe le début de l’analyse économique du droit dans les années 1950/60. L’un des noms
associés à ce départ de l’analyse économique du droit est l’économiste Ronald Coase (1911-2013).
En 1960, il écrit un article qui nous permet de situer à peu près le moment où l’analyse économique
du droit devient reconnue dans le monde académique.

Cette discipline va traverser l’Atlantique, et on va notamment la retrouver en Angleterre ou encore


dans les pays civilistes (Allemagne, Italie...) mais très peu en France.

En France, l’application de l’analyse économique du droit a été plus compliquée notamment à cause
de :
- Le juriste français est mauvais en anglais car il n’en n’a pas besoin dans sa carrière ;
- La littérature était seulement en anglais
- Les économistes français sont réputés en partie pour bien aimer utiliser les maths.
- Les économistes français n’étaient pas passionnés par cette discipline car ils étaient plus
abstraits que le sont les économistes en général, mais aussi car ils sont tous soit keynésiens
soit marxistes alors que les économistes américains sont plutôt libéraux ;
- Du côté des juristes, on craignait une certaine hégémonie des économistes sur la discipline
juridique.

Dans les années 1990, il y a la banque mondiale qui a démarré un grand projet appelé « doing
business ». L’idée de la BM était d’évaluer le degré de faciliter et de difficulté avec lequel on fait des
affaires. Ils vont donc prendre tous les domaines liés au droit.

Les liens entre les deux disciplines ont toujours existé. En effet, les deux réflexions sont presque
inséparables. 3 remarques :
- En France jusqu’aux années 70 il n’y avait pas de facultés d’économie. Si on voulait l’étudier il
fallait aller à la faculté de droit. Cependant, dans le monde universitaire, les économistes étaient tous
des juristes. Puis à partir des années 70 on crée des facs d’éco et cela va plutôt séparer les 2
disciplines.
- Certains juristes vont penser que l’analyse éco du droit est incompatible avec le raisonnement
juridique. Ils pensent que le droit recherche avant tout la cohérence alors que l’économiste à objectif
de l’efficacité du droit.
- dès le Moyen-Âge, les réflexions économiques et juridiques étaient tout le temps mêlé grâce à St
Thomas d’Aquin.
- Adam Smith, considéré comme le fondateur de l’économie et le précurseur du libéralisme, avec
son premier ouvrage qui l’a rendu célèbre, La théorie des sentiments moraux (1759), portant sur
l’émergence et l’évolution des règles de juste conduite. Il va publier aussi un ouvrage regroupant
plusieurs jurisprudences. Il va discuter des bons et mauvais comportements, soit du fondement du
droit.

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INTRODUCTION GENERALE :

On peut faire de l’analyse éco avec différents objectifs. On va notamment retrouver la distinction
ancienne et fondamentale entre une analyse économique positive et normative.

SECTION 1 : démarche positive (descriptive) ou normative : ce qui est et ce qui devrait être

L’analyse positive dit ce qui est, et l’analyse normative dit ce qui devrait être.

¨ Démarche positive

Elle cherche à décrire la réalité, les phénomènes sociaux. Le terme descriptif est cependant
trompeur car l’économiste ne cherche pas à décrire la réalité dans tous ses détails. Cette analyse dit
ce qui est en ce sens, qu’elle cherche à comprendre, expliquer un phénomène. Comprendre signifie
trouver des causes au phénomène.

La démarche de l’économiste consiste à utiliser des modèles. Ici, un modèle est une simplification de
la réalité dont l’économiste cherche les paramètres essentiels. Cette simplification est nécessaire car
la réalité économique et sociale est extrêmement complexe.

Comme il y a cet effort de simplification, on comprend que différents économistes peuvent avoir
différentes théories pour expliquer la réalité. Il va donc y avoir des désaccords entre les économistes.

La critique qui est souvent faite de simplifier la réalité ne rime à rien car il sait qu’il simplifie la réalité.

¨ Démarche normative

Cette démarche doit être précédée d’une démarche positive. Pour faire du normatif, il faut ajouter
une norme, un critère de ce qui est bien et de ce qui est mal. Ce critère normatif n’est pas le résultat
d’une analyse économique, il peut parfois emprunter le langage économique.

Cette analyse est plus ambitieuse que l’analyse positive à cet inconvénient qu’elle ne peut pas faire
de l’économie un jugement de valeur extérieur à l’économie positive.

Cette distinction est ancienne et on la retrouve notamment chez le philosophe David Hume :

Le « is » et le « ought » (ce qui est et ce qui doit être) : est-ce qu’à partir d’une analyse positive on
peut en déduire logiquement ce qu’il faudrait faire, est ce qu’on peut passer du « is » au « ought »
sans rien rajouter. Réponse de Hume : c’est impossible, on ne peut pas partir d’une simple réflexion
et en déduire ce qu’on peut faire : il faut ajouter un jugement de valeur.
Boudon dira « on ne peut tirer une conclusion à l’impératif de prémisse qui serait toute à
l’indicatif ».
Quand l’économiste fait de l’analyse positive du droit, le juriste ne devrait pas avoir trop de
problèmes. Par contre, quand l’économiste fait une analyse normative du droit qui va le conduire à

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dire qu’une règle de droit est préférable à celle-ci, le juriste peut commencer à se poser des
questions.
On peut faire de l’analyse positive des normes mais on s’intéresse aux normes comme objets
d’analyse, on s’intéresse aux valeurs.

SECTION 2 : l’analyse économique (du droit) positive

Les économistes n’ont pas tous la même vision d’appréhender la réalité. Il y a plusieurs paradigmes.
L’expression paradigme vient de l’auteur Thomas KUHN. Pour lui, à un moment donné, il y a dans la
plupart des disciplines, plusieurs paradigmes, façon de faire.

Puis, il y a dans les disciplines, des personnes qui essaient d’appréhender cette réalité sous un autre
angle. En économie, on retrouve une bataille de paradigme avec des économistes qui ont des visions
différentes.

Il y a deux principaux paradigmes :


- Dans chaque discipline, on retrouve un paradigme dominant ou de la rareté : utilisé par les
néo-classiques, c’est une façon de faire qui appartient aux grands classiques, mais qui
formalisent la chose.
- Le second paradigme est le paradigme autrichien ou de la connaissance.

Ces deux paradigmes ne sont pas en conflits ouvert.

I. Paradigme de la rareté

Définition de Lord Robbins (enseignant anglais) → L'économie est la science qui étudie le
comportement humain en tant que relation entre des fins et des moyens rares à usage alternatif.
A lire cette définition, il place l’étude du comportement humain au cœur de notre discipline. Pour
expliquer les phénomènes que l’on trouve dans la société, l’économiste va partir de l’analyse des
comportements humains.

Cette définition explique la méthode que suit l'économiste quand il analyse la réalité, il ne s'intéresse
pas uniquement au comportement humain. Il va analyser la réalité à travers le spectre des rapports
humains → Individualisme méthodologique : L'économiste choisit cette méthode pour comprendre
les phénomènes sociaux en partant d’une analyse des comportements de l'individu.

Quand on ne fait pas de l'individualisme méthodologique on fait du holisme, ce qui consiste à


expliquer un phénomène social par un autre phénomène social, ici on ne descend pas au niveau des
individus. Pour la plupart des économistes, cette approche est pauvre et ne permet pas de
comprendre le comportement des individus.

Dans la définition de Robbins, l’économiste essaie d’expliquer les phénomènes sociaux en partant de
l’analyse du comportement humain.

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Pour Robbins, chaque individu cherche à satisfaire ses besoins, ses objectifs, en ayant toujours des
contraintes car les moyens et les ressources pour y parvenir sont rares et son comportement se
comprend à la lumière de ses fins, de ses objectifs. C’est ce qu’on appelle la rationalité. Les moyens
sont rares mais ils sont utilisables de différentes façon → Je dois choisir comment utiliser aux mieux
ces moyens rares. Ex → Le temps

Concernant la rareté, nous pouvons affirmer que les moyens pour agir sont rares. La rareté est
toujours relative, ce n’est pas un objectif. La rareté c’est toujours par rapport à mes besoins.
L’humain a un choix à faire.

Þ En quoi peut bien consister l'analyse économique du droit positive ?

La règle de droit peut être perçue comme une contrainte rationnelle à laquelle l’individu y sera
confronté.

- Droit et incitation (la règle de droit comparée aux prix) → Une façon de concevoir cette
analyse économique du droit, c'est de remarquer que le consommateur et le producteur
doivent tenir compte non seulement de la contrainte budgétaire mais aussi de la
contrainte imposée par le droit. I
Il va avoir une attitude rationnelle à l'égard de ces contraintes. Si l'on modifie la
réglementation, l'acteur rationnel va modifier en conséquence son comportement. L'AED
sert à comprendre comment les individus vont réagir à cette contrainte ou à un changement
de cette contrainte qui provient du droit. Les règles juridiques créent des incitations, elles
poussent l'individu rationnel à s'adapter.
Ex → Le salaire minimum est une réglementation, l'analyse économique permet de voir
comment les personnes vont réagir à ce salaire minimum, il y a 2 possibilités : soit le salaire
minimum sur une marché est en dessous du prix d'équilibre dans ce cas il y aura très peu
d'effet sur ce marché / Soit le salaire minimum est au-dessus du prix d'équilibre et donc les
individus seront contents, mais le problème est que les employeurs vont moins embaucher

- L'objet de l'analyse économique ne se limite pas au marché → on peut avoir une analyse
économique sur la sphère publique. Becker est réputé pour avoir élargie le champ de
l'analyse économique du crime, de la famille et du mariage. On peut faire également une
analyse sur les procédures juridiques.

Les individus font souvent des erreurs. Selon la façon dont on présente les choses, les individus font
des choix différents.
Cette critique est importante, car si les individus font des erreurs systématiques : il y a peut-être un
droit qui viendrait protéger les individus contre eux-mêmes en quelque sorte (droit du
consommateur…).

On pourrait reprocher à ROBBINS de pas avoir mentionné les échanges dans sa définition. L’économie
est l’individu qui lutte seul contre la rareté, qui doit faire des choix. Or, la plupart des objectifs que
nous atteignons se font grâce à l’échange.
Selon A. SMITH, l’échange est le trait qui démarque les humains des animaux.

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Pendant très longtemps, l’économie s’appelait « l’économie politique » : une réflexion sur l’économie
est une réflexion sur la coopération entre les individus. A été élaboré, l’analyse économique des
institutions : la qualité des institutions va faire découler la qualité des économies et sociales.

Le droit est perçu comme des contraintes qui s’opposent à la rationalité de l’individu.

B) L’économie, perçue comme une lutte contre l’ignorance

Il y a plusieurs paradigmes, car c’est normal dans cette discipline d’explorer des méthodes différentes.
POLAMI a écrit La logique de la liberté, et dit qu’il faut laisser le chercheur explorer de nouvelles pistes.

Le paradigme de la connaissance est une prise de conscience de l’originalité et de la volonté de se


démarquer de l’autre paradigme.

Au début du 20e siècle, une partie du monde veut une économie basée différemment : une propriété
collective des moyens de production, où un commissariat central décide de ce qu’il faut produire et
comment. C’était une économie socialiste.
Un certain nombre d’économistes réputés, dit que cela va fonctionner. Ces économistes s’appuient
sur les plus récents développements de la micro-économie. Mais certains disent que, si on n’en arrive
à cette conclusion, c’est que le paradigme de la rareté omet des paramètres importants de la réalité.

► Ces économistes vont développer alors le paradigme autrichien. Ils vont dire que la planification
centrale ne fonctionnera pas car le planificateur n’aura pas les connaissances nécessaires pour prendre
les bonnes décisions. Ce planificateur n’aura pas à sa disposition, le système des prix puisqu’il n’y aura
plus d’échange donc plus de prix. Il sera difficile de savoir alors combien produire etc.
Ce n’est pas un rejet total du paradigme de la rareté, mais pour bien lutter contre celle-ci il faut des
connaissances : problème de l’utilisation des connaissances.

► La notion de ressource : l’individu rationnel a des besoins, mais des ressources sont rares. Les
autrichiens vont dire que les ressources ne sont pas données, ce sont des choses qui deviennent des
ressources qu’à travers l’individu qui y voit une ressource. C’est donc aussi un problème de découvrir
des ressources. Il y a un lien entre cette chose et la satisfaction d’un besoin. Il faut que l’individu ait vu
en cette chose, la capacité de satisfaire son besoin.
On a donc découvert de nouvelles ressources, il y a alors une amélioration de la qualité de vie etc. En
ce sens, les ressources sont subjectives car elles sont à découvrir. On raisonne dans un monde ouvert.

L’objectif d’un système économique n’est plus de bien gérer les ressources, mais d’accroitre les
ressources et de faire une bonne utilisation de toutes les connaissances que l’on a sur les moyens pour
satisfaire nos besoins.
Dans quelle mesure la règle, permet l’extension du savoir ?

►Le paradigme de la connaissance :

L’économiste se réfère à l’hypothèse de la rationalité de l’individu.

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Mais toute décision peut être divisée en 2 étapes :
⁃ Etape de perception : il s’agit de poser le problème, de faire l’inventaire des possibilités
⁃ Etape d’évaluation : parmi toutes les alternatives, quelle est la meilleure pour moi ?

Le paradigme de la connaissance accorde beaucoup d’importance à l’ape de perception. Tandis que le


paradigme de la rareté se focalise sur l’étape de l’évaluation.
Or, la créativité d’une décision se trouve dans l’étape de perception : il y a une dimension
entrepreneuriale de la décision. La dynamique de notre société se trouve chez ces entrepreneurs qui
se démarquent, pour faire de meilleurs choix.

De nouvelles questions apparaissent : qu’est-ce qu’il peut favoriser ces perceptions


entrepreneuriales ?
Les règles de droit peuvent orienter ces forces entrepreneuriales : il y a dans l’entrepreneur, une
orientation par les règles de la société. Selon les sociétés, il y a des gens qui peuvent utiliser leur talent
entrepreneurial pour créer de la richesse. On est incité à chercher des moyens pour satisfaire les
besoins des autres. Dans d’autres systèmes, on utilise ces capacités pour prendre la richesse des
autres.

Il y a 2 traits de nos sociétés qui sont importants, et qui étaient négligés dans le paradigme de la rareté :
⁃ Le poids de l’incertitude dans les interactions : il y a une forme d’incertitude naturelle, mais
l’homme n’aime pas cela. Il est déplacé de vouloir éradiquer l’incertitude. Cette incertitude est
d’une certaine façon, positive. Chaque entrepreneur qui arrive sur le marché, bouleverse ce
marché et nécessite des ajustements chez les autres acteurs. Si on essaie de stopper la
dynamique créative, il restera l’incertitude exogène (indépendante de l’action humaine). Une
société qui n’innove pas ou celle qui innove, est soumise à l’incertain. Il faut accepter cela, et
s’adapter à la dynamique.
⁃ La complexité des coopérations entre les individus : A. SMITH parle d’une division du travail, où
chaque ouvrier est spécialisé dans une étape. La productivité est alors impressionnante, car
quand le travail est divisé, chacun devient meilleur à sa propre tâche. On développe aussi un
savoir au fur-et-à-mesure. Dans les sociétés modernes, on est beaucoup plus dépendants des
autres : chacun son savoir, sa tâche. Les solutions que l’on va trouver sont très complexes car
très sophistiquées. Les règles ne doivent pas freiner la dynamique.

En 1945, un auteur autrichien (HAYEK) a écrit un article : De l’utilisation des connaissances


dans notre société. Dans cet article, il fait le point sur le paradigme des connaissances.
Le problème des connaissances aurait 3 dimensions :
⁃ Les connaissances sont dispersées : comment utiliser les savoirs qui sont dispersés ?
⁃ Les savoirs sont tacites : les savoirs ne sont pas faciles à communiquer
⁃ Comment faire augmenter notre savoir ?

Dans nos sociétés modernes, on cherche à promouvoir la spécialisation car cela participe à
l’expansion des savoirs.
Les avantages de la décentralisation. (SYST7ME MARCHAND ET BON USAGE DEC CONNAISSANCES
TACITES)

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Le rôle des prix. (ex : on prend en compte l’augmentation de quelque chose qu’on veut acheter
même si on a pas la connaissance de la raison de l’augmentation du prix).
Pour conclure en prenant ce paradigme de la connaissance, il y a une nouvelle façon de voir le droit.
1er exemple : richard epstein « simple rules for a complex world ». Le droit est vivant obligé d’avancer
avec son temps.

SECTION 3 : L'analyse économique (du droit) normative

L'AEN, va plus loin que l'analyse économique positive


Certains économistes pensent que ce n'est pas leur rôle de dire ce qu'il faut faire ou ne pas faire.
L’économiste doit faire de l'éducation, il faut aider les individus à comprendre les phénomènes.

L'explication du profit : l'approche naturelle est de voir le profit comme un résidu, c'est ce qui reste
du chiffre d'affaires une fois avoir tout payé. Mais en percevant le profit de cette manière, on passe
en fait à côté de la vraie définition du profit. Pour faire des profits, il faut trouver une façon
profitable de satisfaire un besoin.

Il y a de nombreux économistes qui ne font pas d'analyse normative mais qui néanmoins
s’intéressent aux normes et aux valeurs du bien et du mal dans la société. C'est le cas de SMITH
notamment.

A) L'analyse normative dans le paradigme de la rareté

L'un des auteurs importants est Pareto, avec l'efficience au sens de Pareto.
Le terme de règle efficiente signifie une règle qui atteint son but de la meilleure façon possible.

¨ Critère d'efficience de Pareto

On revient à la notion de la valeur et du prix. Pour l'économiste la valeur est quelque chose de
subjectif, les choses ont de la valeur lorsqu'elles servent à satisfaire des besoins et sont utiles. On
accroche donc pas la même valeur aux choses.
Le prix n'est pas une mesure de la valeur, ce n'est pas la même chose que la valeur. Le prix d'un bien
nous informe sur la valeur que les gens accordent à cette chose, mais c'est une information partielle.
L'échange est créateur de valeur, car c'est la capacité à satisfaire nos besoins. Lorsqu'il y a un échange
les deux parties arrivent mieux à satisfaire leur besoin après l'échange. L'échange est un jeu à valeur
positive.
Pour Pareto, un changement (qui peut être un échange) est efficient s’il augmente le bien être de
certains sans diminuer celui des autres.
Ce critère est assez consensuel. Il est le critère de l'unanimité, s’il y a un changement de règle la
majorité l'emporte.
Le prix à payer pour ce consensus est que très souvent ce critère ne permettra pas de trancher entre 2
politiques ou entre 2 règles car pour la plupart des changements de politiques ou de règle il y en a qui
sont pénalisés même s'ils sont minoritaires, donc pas parfaitement efficient.
Pareto pense que l'on ne peut pas comparer le bien-être des individus.
Mais il y en a qui pensent le contraire.

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¨ La démarche Utilitariste

Le plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Peut-on comparer les plaisirs et les peines ? Selon
BENTHAM, il y a une expression qui dit « on fait l’arithmétique des plaisirs et des peines). Idée du new
welfarisme. Tous les économistes ne sont pas utilitaristes. La plupart des économistes sont contre cette
théorie. John stuart mill lui est utilitariste. Ce critère a laissé son empreinte dans les réflexions, y
compris dans le droit public dans les relations avec l’Etat, les services publics… dès lors qu’il accroit le
bien-être des individus.

¨ Le critère de Kaldor-Hicks

L’idée est de dire ce qui est souhaitable lorsque nous avons des gagnants et des perdants.
Paul Jean
Règle +100 -50
A
Règle -10 +30
B

Exemple : si on passe de la règle A à la règle B, il va y avoir des gagnants et des perdants mais si les
gagnants, durant ce passage, peuvent compenser les perdants on dit qu’il y a efficience. Cependant,
il y a un problème :
- Si la compensation n’a pas lieu puisque si tout le monde est content, on reste sur le critère de
PARETO. Cela aura deux conséquences : puisqu’on ne le fait pas, comment peut-on être
certains qu’on aurait pu compenser les perdants et, puisqu’on ne le fait pas ce critère
d’efficience peut être en conflit avec une certaine vision de la justice.
L’avantage de ce critère est qu’il permet de trancher entre des règles, entre des politiques
économiques là ou l’analyse de PARETO ne peut pas donner de décision puisqu’il n’y a pas
d’unanimité. Si on utilise le critère de Pareto, on ne peut pas trancher entre les deux règles.
Il semblerait donc, que la règle A soit plus intéressante car le gagnant pourrait compenser le perdant.

Le principe a des problèmes : pour que ce critère de Kaldor-Hicks soit plus tranchant que celui de
Pareto, il faut que l’on considère la règle efficiente même si la compensation n’a pas lieu, il faut donc
que les gagnants soient en capacité de compenser les perdants.

En revanche, si la compensation n’a pas lieu un autre problème survient : peut-on être certain qu’on
aurait pu compenser ? Si tout est monétisé, on peut dire qu’on aurait pu compenser. Si la compensation
n’a pas lieu, cela peut nous paraitre injuste car une grande partie de la société a gagné alors qu’une
autre partie a perdu.

Ce critère est néanmoins très utilisé dans l’analyse économique normative, en particulier dans celle
du droit.

Posner défend l’idée selon laquelle le droit doit maximiser la richesse sociale.

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En France, il y a une loi organique de 2009 qui exigeait que tout projet de loi soit déposé
accompagné d’une étude d’impact. C’est une idée de la pratique de maximiser la richesse sociale.

Ce critère de Kaldor-Hicks peut être en conflit avec d’autres critères normatifs. En effet, certains
économistes veulent proposer des critères qui permettent de prendre des décisions en minimisant
les risques, mais aussi l’idée de compenser pour les torts qui ont été causés.
C’est donc un critère conséquensialiste c’est-à-dire qu’il est basé sur les conséquences des
changements de règles.

B) L’analyse économique normative dans le paradigme de la connaissance

Si on cherche une norme, on ne sera pas satisfait par la norme de Pareto ni de Kaldor-Hicks car ce
sont des critères conséquensialistes.
Dans ce paradigme, les critères évoqués jusque-là, ne semblent pas pertinent car ils correspondent à
un monde fermé.
Étant donné les ressources dont nous disposons, qu’elle est la meilleure allocation des ressources
que l’on peut trouver ?

Dans la pratique de la connaissance, les ressources sont à trouver, à découvrir et c’est dans ce sens,
que nous sommes dans un monde ouvert.

Dans un monde ouvert, on aime avoir une règle qui favorise le développement du savoir.
Exemple avec le droit des contrats : les détails du contrat, de la convention, sont trouvés par les
personnes sur le terrain. Ce droit est là pour encadrer ce processus de découverte. Il va donner des
règles qui encadrent ce processus de découverte comme « ne triche pas », « ne ment pas » …
Si ce droit se donne pour objectif de savoir ce qu’il y a dans les contrats, ce sera la mort du processus
de découverte qui s’adapte aux besoins de l’environnement économique.

Le droit comme le marché, seraient des institutions précieuses dans une société mais qui ne
serviront pas un but précis.
Exemple :
- Avec le marché : il n’a pas de but précis, c’est un ensemble de règles globalement des règles
de la propriété et du contrat, et dans le cadre de ces règles, les personnes vont ce qu’elles
veulent. Le marché est une procédure de découverte.
- Pareil pour le langage, il n’y a pas de but précis. Il sert juste à communiquer et va dans la
direction qu’il veut.
- Le droit serait dans la même situation, il est utile certes mais n’est pas si précis que ça mais
permet tout de même de minimiser les conflits.

Hayek : Dans une société, a tout instant, il y a des anticipations qui sont protégées et d’autres qui ne
le sont pas. Tout cela fait un ordre qu’on doit essayer de préserver. Le juge doit faire en sorte de
trancher sans bouleverser cet ordre et doit essayer d’intégrer sa nouveauté
Préserver l’ordre signifie qu’un état dans lequel les individus peuvent former des anticipations qui
ont de bonnes chances d’être exactes.

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Hayek dit que dans toute société, il y a des anticipations qui sont légitimes et qui méritent donc une
protection (société, propriété…). Sécurité juridique.

La question qui se pose est : qu’est-ce qu’il fait que dans une société une anticipation doit être
protégée et l’autre non ?
Donc le légitime est définit différemment selon le type de société.
La définition du « légitime » suit un processus de sélection : une société qui n’aurait pas beaucoup de
résultats, va faire évoluer sa définition du mot.

Explication en termes d’évolution, chaque société a une notion plus légitime qui évolue au fil du
temps, en fonction plus ou moins du succès que remporte cet ordre.

Dans la philosophie du droit, il y a des critères qui ressemblent à celui de la légitimité :

- Le droit naturel est le « droit légitime ». Avantage à la common law. Le common law serait
meilleur que les régimes de droits continentaux car, il évolue au fil des différends, des
conflits et le juge essaye de trancher les différends en préservant l’ordre, il y a d’ailleurs la
règle du précédent dans le common law (je prends ma décision en fonction de ce que mes
prédécesseurs ont tranchés) c’est en contraste avec les pays comme la France où le juge doit
trancher en fonction du code.

- Rule of law = ancêtres. C’est un concept ancien avec un des grands théoriciens, John Lock.
Une piste ? C’est l’état de droit (lorsque le droit est respecté) n’est qu’une partie du « Rule
of law » (qui signifie le règne du droit). On oppose le règne du droit avec celui du roi : c’est le
droit qui règne et non le roi. Il y a non seulement l’état de droit et, rien ne va contre le droit.
C’est un moyen d’essayer de donner un cadre stable à une société. On est donc dans le
domaine de la « méta règle » (règle universelle qui s’applique en tout lieu).

A retenir :
- Efficience statique : PARETO, KALDOR-HICKS et approches utilitaristes, analyses en termes de
rareté. (Monde fermé)
- Efficience dynamique : innovations, découvertes, connaissances. (Monde ouvert)

Chapitre 1 : Analyse économique des règles de propriété

L’analyse statique supprime la dimension temporelle des activités économiques, tous les
changements sont censés arriver naturellement. Cette hypothèse n’est pas très proche de la réalité
mais quand même utile.
L’analyse dynamique, qui tient compte du temps est considérée comme étant plus complexe et plus
avancée que l’analyse statique, il est intéressant de noter que la justification économique des droits
de propriétés ait été perçus avant tout dans des termes dynamiques.

Section 1 : La propriété : outil d’efficience dynamique

I. La propriété et efficience dynamique

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Þ Pourquoi la propriété ?

La plupart des penseurs (pas uniquement des économistes) défendent la propriété plus par ses effets
qui seraient bénéfiques (ex: Aristote). Les effets sont vus globalement par rapport au problème de la
rareté, nos sociétés sont confrontées à la rareté des ressources et si rien n’est fait, il va y avoir des
conflits entre différents membres d’une société et résoudre cette rareté est une solution pour
réduire les conflits.
Le régime de propriété est une solution possible au risque engendré par la rareté de la ressource,
cette solution a des mérites.
Garett Hardin : « the tragedy of the commons ».

Pour comprendre ces effets on va s’attarder sur 2 caractéristiques de ce régime de propriété :


- L’exclusivité de l’usage du bien (1) ;
- La transférabilité du droit d’exclusivité (2) ;

1- L’exclusivité

Droit exclusif sur l’usage et droit exclusif sur les fruits forment l’usufruit.
La solution qui consiste à donner une exclusivité est au départ presque paradoxal, ce bien pourrait
être utilisé par plusieurs personnes mais on ne donne un droit exclusif à une personne.
Par exemple Locke considère la propriété comme un droit naturel, si on mélange l’activité physique
avec le corps alors ça devient notre propriété ; si on se fatigue, on fatigue notre corps pour la terre
alors celle-ci deviens notre à conditions qu’elle ne retire pas aux autres le nécessaire vital.

A) L’USUS

Le droit de propriété est un système décentralisé de la gestion de la rareté.

Chacun à un pouvoir de décision sur ce qu’il possède, on va pour décider de l’usage utiliser toutes les
connaissances, on appelle ceci les connaissances tacites. On va choisir l’usage qui maximise le bien-
être, il dépend des fruits auxquels on s’attend sur la base de notre perception limitée.
Un système de propriété permet l’utilisation des connaissances tacites, de lieu, locales.

Les mérites :
- L’exclusivité sur l’usage : la propriété est un système décentralisé sur la liberté. On est
fortement influencé à utiliser toute notre connaissance. Perception subjective sur notre
bien.
On a le choix de l’usage mais on a quand même des règles et des lois à respecter. Limiter
l’usage revient à limiter la créativité et l’innovation, il faut donc être sûre que les bénéfices
de cette limite en valent la peine.
« Il est difficile d’encadrer l’usage »à BASTIAT : dans la sphère économique, un acte, une
habitude, une institution, une loi n’engendrent pas seulement un effet, mais une série
d’effets.

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Par exemple, l’article 544 du Code civil « la propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la
manière la plus absolue, pourvu qu’on n’en fasse pas un usage prohibé par les lois ou par les
règlements ».

B) FRUCTUS

Il y a une exclusivité sur les fruits.

Le régime de propriété nous donne l’exclusivité sur l’usage mais aussi sur les fruits de cet usage.
Cette association est très puissante pour une société car elle responsabilise celui qui gère la
ressource. Responsabilité du décideur : profits et pertes.

2 exemples récents de catastrophes car usage et fruit étaient dissociés :


– Crise de 2008 : crise du système financier qui s’est traduite par de nombreuses faillites, il y a
là un problème de responsabilité des banques ;
– Crise de 2010 : faillite des finances publiques : la crise de la dette en Espagne, en Italie, en
Grèce et au Portugal. Gérer l'argent des autres, prendre des décisions pour des personnes
pas encore nées. Les FP sont décidées par gouvernement, ministres, ce sont ces personnes
qui choisissent l’usage mais n’en portent pas les conséquences.

Dans les deux cas, on peut penser que les décideurs ne sont pas responsables. A chaque fois qu'il y a
relâchement entre le lien usus et fructus, c’est une situation difficile à gérer.
Un régime dans une société qui regroupe usus et fructus est un régime responsable.

Quand le propriétaire choisi l’usage, jusqu’où se projette-t-il dans le futur ?


L’idée est ; quand un individu choisi un usage il le fait sur la base des rendements qu’il anticipe,
Usage A : RA(1)+ RA(2)..
Usage B : RB(1)+RB(2)..
On va utiliser pour choisir, un taux d’actualisation (ou taux de préférence pour le présent) pour savoir
sur la durée ce qui est le plus avantageux. Pour choisir, on a une préférence pour le présent car si je
récupère les 100e je les ai pendant les 4 années à venir mais aussi une sécurité. Il y a des cas
exceptionnels mais en général on préfère avoir l’argent dans le présent mais à des degrés différents.

Demain Aujourd’hui Taux d’actualisation


Camille (patiente) 100 99 0.01
Manon 100 90 0.11
Thomas (impatient) 100 75 0.33

Période 1 Période 2 VA pour Camille VA pour Thomas


Usage A 100 60 159,4 145
Usage B 50 120 168,8 140

Þ Qu’est-ce qui fait que dans d’autres sociétés on se projette vers le modèle futur ?
Horizon décisionnel et taux d’actualisation :

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- Goûts personnels
- Éducation, culture (les « valeurs bourgeoises », Deirdre McCloskey)
- L’incertitude sur le futur des rendements
- L’attitude du propriétaire à l’égard du risque (risque/rendement/liquidité)
- La sécurité juridique
- Les droits de succession, la fiscalité sur les dons, …
-
Cependant, il y a une certaine réticence à se projette dans le futur si ce dernier est instable.

¨ Aversion au risque :

– A la question préférez-vous qu’on vous donne 10€ ou participer à une loterie qui vous donne
50% de chance de gagner 20euros ?
à Le risque averse (risquophobe) préfère prendre les 10€
à L’amoureux du risque (risquophile) préfère jouer à la loterie
à Le neutre à l’égard du risque est indifférent.
La valeur espérée de cette loterie est de 10€. L’amoureux du risque préfère donc la loterie à sa valeur
espérée.

¨ La spéculation :
C’est une activité qui est mal comprise mais aussi mal aimée.
Spéculer c’est agir aujourd’hui, pour essayer d’accroitre ses rendements futurs. Dans la plupart du
temps, la spéculation consiste à acheter un bien dont le prix est faible avec l’idée de le revendre dans
le futur à un prix plus élevé.
D’une certaine façon, spéculer est une chose de naturelle voir même un devoir moral. En effet, il est
normal à essayer de réfléchir la valeur qu’aura ce bien dans le futur.
De plus, spéculer est une activité qui fait du bien au marché, car elle a tendance à réduire les
fluctuations. Le spéculateur achète le bien lorsque son prix est au plus bas, puis le revendre lorsqu’il
pense que les prix vont atteindre des sommets.

D’après J.B Say, le spéculateur fait dans le temps ce que le commerçant fait dans l’espace. Cela
consiste donc à acheter des marchandises pour les revendre dans un lieu et un temps où elles se
vendront plus cher, c’est productif. L’utilité de commerce est d’employer des capitaux pour retirer
de la circulation une marchandise qui ferait baisser les prix. La dernière phrase du passage explique
pourquoi les personnes n’aiment pas la spéculation. Cela vient du fait que, le spéculateur fait
fluidifier les prix, il « s’accapare » toutes les denrées d’une même espèce (commerce
d’accaparement), mais aussi qu’il manipule le marché.

Ce qui compte pour le propriétaire c’est les rendements de son activité (présente/future) mais aussi
ceux après impôts. La fiscalité va donc jouer un rôle important dans le choix de l’usage des biens.
Souvent, on cite la courbe de Laffer pour pouvoir justifier cette fiscalité.
L’idée de cette courbe est que si on augmente le poids de la fiscalité dans un pays, qu’observe-t-
on ?
On observe qu’à partir d’un moment, les recettes fiscales vont commencer à baisser du fait de
l’intérêt qu’ont les personnes sur leurs revenus après l’impôt (donc ils vont modifier l’usage de leurs
biens).

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C) ABUSUS

L’abusus est la transférabilité des droits.


Il y a deux avantages importants :
- Si les droits sont transférables : je vais me projeter dans le futur et faire des investissements
que je n’aurais pas fait si j’avais que l’usufruit.
Exemple : le propriétaire et le locataire. Les locataires ont usufruit de l’appartement mais ils
n’en ont pas la propriété. Très souvent le locataire qui ne peut pas transférer ses droits ne
s’investi que très moyennement dans l’entretien et l’amélioration de l’appartement car des
améliorations qui porteraient sur le long terme, il n’en profitera pas. Si on est propriétaire,
on refait des choses, car la valeur de notre investissement se retrouvera au moment de la
vente.

- Problème de la connaissance : l’un des avantages de la propriété privée est que l’individu va
utiliser toutes ses connaissances, mais on peut objecter que le système de connaissance
gaspille le savoir de toutes les personnes qui auraient des idées meilleures sur un usage.
Exemple : on est propriétaire d’un terrain dont on pense que la valeur est de 100 000 euros,
si en revanche, une autre personne a une idée et qu’elle pense pouvoir en tirer 200 000
euros, la transaction sera entre 100 000 euros et 200 000. Le propriétaire et l’acheteur sont
contents. Les connaissances du plus grand nombre sont impliquées dans la gestion du
bien.

¨ Transfert forcé de la propriété.

Dans tout système de droit, l’Etat et les administrations locales ont la possibilité de forcer un
transfert de propriété. Très souvent, l’économiste sera réticent à ce droit. L’article 545 du Code civil
disait que « nul ne peut être contraint de céder sa propriété si ce n’est pour cause d’utilité publique
et moyennant une juste et préalable indemnité ».
Si tel est le cas, la réflexion de l’économiste est d’acheter le bien. En général, les personnes refusent
cette solution car ils vont dire que lorsque le propriétaire va voir arriver la tutelle politique, il va
s’accaparer une grande partie du gain de ce transfert dans l’échange avec l’Etat.
Pour trouver une justification économique, il faut creuser un peu plus.

ð Qu’est-ce qui peut rendre l’expropriation plus attrayante pour l’économiste ?

- C’est l’idée du « hold-up » ou stratégie du bastion, très souvent quand une tutelle publique
exproprie, c’est parce qu’elle a un projet et cela englobe un grand nombre de personnes. On
dit alors que le risque est qu’une personne refuse de vendre, donc cela gâcherait le projet.

- Le cas du « free riding » ou stratégie du profiteur est un peu la même idée.


Exemple : une zone résidentielle avec 100 résidences qui valent un certain prix, et il y a dans
cette résidence une imprimerie qui crée des nuisances. Par sa présence, tous les
propriétaires voient tous la valeur de leur maison diminuer de 10 000 euros. Cet imprimeur
partirait bien si on lui donnait 200 000 euros, si on le fait partir on récupère le terrain qui

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vaut 100 000. Donc pour le faire partir il faut 100 000 euros, sachant que cette nuisance
enlève 10 000 euros par résident. La logique veut qu’on donne les 100 000 euros à
l’imprimeur. Mais on peut avoir un problème de free riding, si seulement 11 résidents
décident de le faire partir, ils donneraient chacun 9 090 euros, mais ils gagneraient au final
910 euros et les autres résidents gagneraient 10 000 euros. Il y a une manière de lutter
contre le free riding, avoir recours à l’impôt.
Il est possible que cet imprimeur demeure là à jamais car les 100 propriétaires n’arrivent pas
à se mettre d’accord pour le faire partir.

du.

ð Le cas de préemption

On ne vire pas le propriétaire, on se place juste au rang des acheteurs potentiels. L’économiste n’est
pas très en faveur de l’expropriation et a tendance à préférer cette préemption car il n’y a pas de
transfert forcé de propriété. Se pose alors la question de l’efficacité et de l’équité : manque
d’efficience si l’utilisation qu’en fera la tutelle, n’est pas aussi perspicace que l’utilisation qu’un
acheteur potentiel voulait en faire.
Il y a parfois des règlementations placées sur l’usage des biens, placés un peu comme des
confiscations, que l’on appelle « regulatory takings », préemption par la réglementation. Il peut y
avoir des réglementations qui accroissent le bien-être social.

Est-ce que ces regulatory takings appellent la compensation ? Dans la pratique quand la
règlementation fait perdre une valeur conséquente du bien, le droit exige qu’il y ait compensation.
Le désavantage à cette compensation est de forcer les institutions publiques à vraiment peser le
pour et le contre. Les économistes ont tendance à dire que la compensation pourrait avoir pour
mérite de forcer la puissance publique à bien vérifier que les effets de la compensation sont à la
perte du propriétaire.

ð La juste compensation

Puisqu’on force la personne (expropriation), on n’aura jamais vraiment la certitude qu’on a vraiment
compensé cette personne pour la perte du bien-être subi. En général, on va essayer de regarder la
valeur marchande du bien. On voit qu’il y a des problèmes car cette personne n’était pas vendeuse,
ce qui signifie que la valeur de marché ne l’incitait pas à vendre ou alors qu’elle aurait préféré garder
ce bien. L’une des raisons pour laquelle elle ne vendait pas à la valeur du marché est parce qu’elle
spéculait.

Pour l’économiste, la juste compensation doit aller au-delà du prix du marché.

Le juriste est très prudent sur le cas de l’expropriation et le fait de forcer le transfert d’une propriété
est une situation rare.
Le droit est aussi très prudent dans le transfert forcé de propriété. Cependant, quand on passe dans
le domaine de contrats, le nombre de règlementation est légion.

¨ Protection de la propriété

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C’est l’idée de l’économiste Hernando de Soto qui cherche à comprendre le manque de
développement de son pays. Il a écrit 2 ouvrages L’autre sentier et Le mystère du K, pourquoi le Kisme
triomphe en occident et échoue partout ailleurs. Dans son pays, le Pérou, il n’y a pas de titre de
propriété, rien ne prouve la possession ; comme il n’y a pas de titre de propriété, on parle de capital
mort. Le transfert de propriété se fait très mal, il serait moins compliqué si les couts de transaction
étaient moins chers.

Þ Comment protéger ces droits ? quelle sanction contre celui qui enfreint la propriété d’un
autre ?

Conceptions anciennes de 2 juristes, Calabresi et Melamed qui ont introduit une distinction entre
deux types de règles pour protéger la propriété :

- Les règles de propriété : « property rujle », la propriété volée, il faut rétablir les droits

- Les règles de responsabilité : « liability rule », tort causé, pas d’injonction, mais il faut verser
des dommages.

On va préférer la règle de propriété. Cette règle présente deux avantages :


- Cela évite la difficile question du montant des dommages compensatoires.
- Dans bien des cas, si le juge prononce une injonction, que va-t-il se passer ? A la sortie du
tribunal, la personne qui s’est vue donner une injonction (exemple avec un garage) va aller
voir le propriétaire en lui disant qu’il a gagné.

Il faut arriver à chiffrer la qualité du régime de la propriété dans un pays. On fait donc une série
d’études avec l’IPRI, qui a construit un indice qui est censée représenter la qualité de la propriété
dans plusieurs pays :
- Le 1er chiffre va donner des informations sur l’environnement politique et légal :
• L’indépendance de la justice
• La règle de droit
• Stabilité politique
• Contrôle de la corruption

- Le 2ème chiffre va donner des informations sur la propriété des biens :


• Protection de la propriété sur les biens
• L’enregistrement de la propriété
• L’accès aux prêts

- Le 3ème chiffre va donner des informations sur la propriété intellectuelle de ce pays :


• Protection des brevets
• Protection de la propriété intellectuelle
• Piratage des droits d’auteurs.

De ce fait, on peut classer les pays selon les chiffres de l’indice.

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Il faut garder à l’esprit que les statistiques permettent de nous donner des corrélations. Il y a un lien
entre la qualité de la propriété et le niveau de développement économique évalué par le
PIB/habitant. Pour autant, ce lien n’est pas un lien de causalité.
Pour 2017, la France était 15ème sur 132.

Section 2 : L’émergence et la dynamique des droits de propriétés

Pour expliquer l’émergence de la propriété, on va se baser sur le problème des externalités.


L’idée d’une externalité est que l’action d’un individu a un effet sur le bien être d’un autre individu,
sans que cet autre individu ait donné aucune sorte de consentement.

On différence les externalités positives et négatives :

- Externalité positive : lorsqu’une action accroit le bien-être d’autres personnes sans


demander leur avis. Les bénéfices sociaux sont donc supérieurs aux bénéfices privés.
- Externalité négative : lorsqu’on choisit notre activité, on prend en compte certains coûts
privés mais on ne prend pas en compte les autres coûts. Il y aura externalité négative lorsque
le coût social sera supérieur au coût privé.

Pour beaucoup d’économistes, une externalité équivaut à l’inefficience. Ils définissent l’efficience
comme étant la décision que l’on prendrait si on prend en compte tous les bénéfices et les couts
d’une activité au niveau global.

Il est impossible de connaitre toutes les conséquences sur le bien être des autres de toute action. Il
ne faut donc pas trop pousser cette idée.
Certains économistes pensent que certaines externalités n’ont pas besoin d’être redressées : les
externalités pécuniaires.

Les externalités vraiment problématiques sont celles qui s’expliquent par l’absence d’un marché. En
effet, elle ne sera pas prise en compte car il n’y a aucun moyen de le faire (exemple avec la
pollution, les océans…). Elle est donc présentée comme une défaillance du marché.

Pour les économistes, il faut prendre en compte certaines externalités pour les internaliser, c’est-à-
dire, de forcer ce qui engendre ces externalités, à intégrer les effets externes créent par leur activité.
Il y a deux pistes :
- Idée de Pigou : on va internaliser grâce à la règlementation et à la fiscalité.
- Idée de Coase : la solution consiste à définir des droits, les préciser et grâce à cela, une
transaction aura lieu.

Þ PIGOU
¨ La problématique de la taxe (taxe pigouvienne)

L’idée de Pigou est de faire payer une taxe pour afin que le coût privé ajouté aux taxes, aurait pour
résultat le coût social.
Ici, le but n’est pas forcément d’arrêter l’activité/l’externalité, c’est de la prendre en compte.

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Cependant, avec cette solution, il y a un problème qui est de fixer le bon niveau de la taxe. Pour
évaluer le niveau de la taxe, il faut évaluer les coûts sociaux.
Il faut internaliser grâce à la règlementation et à la fiscalité.

¨ La règlementation

Il y a une externalité, on va règlementer. Elle semble être une solution plus rigide que la fiscalité, si
jamais le seuil de la règlementation est atteint, on doit stopper l’activité.
Elle fixe des quotas qui sont échangeables.
Règlementation comme taxe souffrent du même problème fondamental, la connaissance.

Certains économistes préfèrent donc la taxe à la règlementation.

Þ COASE

Il s’intéresse également aux externalités. Son idée est que l’externalité vient du fait qu’il y ait un
manque de droit et que l’on peut rejeter nos nuisances dans un vide juridique où il n’y a pas de droit
de propriété.
Une piste serait essayée de préciser, définir les droits pour permettre de ne plus faire ce que l’on
veut. Grâce à ça, on trouvera un moyen d’externaliser ces externalités.
Gros avantage de cette théorie : si on définit les droits, il y aura la possibilité pour un marché de se
développer, il va y avoir des transactions.

Il veut donc préciser le droit des transactions qui vont avoir lieu, et donc il n’y aura plus de problème
à trouver la valeur de la nuisance.

Demsetz écrit un article « Vers une théorie des droits de propriété » pour expliquer d’où viennent
ces droits de propriété, en prenant des récits qu’il tire d’ouvrage d’anthropologie comme par
exemple, le fait d’expliquer comment vivaient les indiens dans les rocheuses.
En effet, les tribus indiennes qui vivaient dans les rocheuses, avaient une économie basée sur la
chasse du castor, et probablement ils ont vécu ainsi pendant des centaines d’années sans aucun
problème et sans droit de propriété. Mais les choses vont évoluer, lorsque les européens débarquent
ils sont friands de ces peaux de castor, et les indiens les offrent en contrepartie d’autres choses.
Du coup la chasse aux castors s’intensifie : on passe d’une chasse qui était présente pour le besoin
d’une tribu à une chasse commerciale.
Probablement, les externalités s’accroissent : + d’accidents de chasses, Castors menacés etc. Les
indiens vont mettre en place des territoires de chasses, chaque famille a sa parcelle sur laquelle elle
peut chasser le castor. Cela montre que lorsque les externalités deviennent importantes, les
personnes cherchent des solutions qui peuvent passer par le droit. Ils vont donc définir des droits de
propriété.
Le coût des externalités augmente avec le cout de la chasse.

L’idée de Demsetz : il y a d’un côté le gain à externaliser (éviter la disparition des castors) et d’un
côté le coût de l’externalisation par le droit (se mettre d’accord pour faire respecter les règles).

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Mais si le coût de la définition du droit de propriété est inférieur au cout que représente les
externalités, il faut la mettre en œuvre pour internaliser cette externalité. On compare les couts de
l’internalisation avec les gains.

Dans les plaines du sud, les indiens chassaient le buffle et non le castor, qui eux n’ont pas d’habitat
fixe. Comment faire ? Invention du fil de fer barbelé. Donc la technologie a un rôle.
L’idée de Demsetz est que lorsqu’il y a une externalité, il faut laisser les individus s’entendre entre
eux et s’auto réguler, pas besoins de mettre en place directement la taxe ou le droit. Donc le cout de
l’externalisation peut être plus difficile.
Pour internaliser l’externalité, il faut faire évoluer le droit et faire préciser les droits des différentes
parties.

Un problème fondamental : : on ne sait pas combien de temps cela va prendre.

Avec le tableau « Bottom up » et « top down », on peut mieux comprendre comment réagir face à un
problème.

- Bottom up = on va d’en bas pour remonter.


- Top down = On part d’en haut.

Est-ce qui faut laisser aux gens la possibilité de faire émerger une solution ou est-ce qu’il faut imposer
une solution toute faite ? il n’y a pas de réponses toutes faites.

L’idée de ce tableau est que les deux approches peuvent être comparées dans des diverses dimensions.

ð Délai :

- Si on prend l’approche Bottom up, le délai est inconnu.

- Pour le top down, le délai est souvent assez réduit (ça va plus vite, une fois que l’on a identifié
le problème des décrets peuvent se faire rapidement).

ð Utilisation des connaissances

- Pour le Bottom up, on utilisera des connaissances locales et scientifiques,


- Pour top down les connaissances ne sont pas prises en compte de la connaissance locale, il ne
pas y avoir une bonne prise en compte des connaissances locales.

ð Prix/couts de transactions :

- Bottom up, les couts de transactions sont à négocier, il faut se mettre d’accord.

- Du top down (décision d’en haut), le cout est associé à une décision publique (lobbying etc).

ð Facilité de la mise en œuvre :


- Le Bottom up est facile grâce au contrôle local (ils auront prévus des mécanismes de contrôle
avec du bon sens), et
- Le top down est potentiellement difficile.

ð Possible évolution de la solution :


- Pour le Bottom up, il y aura un ajustement rapide au changement (feed back rapide).

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- Top down : la chose sera moins pratique donc les négociations seront difficiles. Il faut que la
solution trouvée soit suffisante car les mentalités changent et il y a une évolution de la société.

Évolution du panier de droits : cela consiste à faire évoluer les règles existantes. Le droit est vivant, il
y a des nouveaux problèmes qui émergent. Le droit est vivant car nous sommes dans un monde ouvert.
Les Anglos-saxons disent que le droit de propriété est un bouquet de droits (usus, fructus, abusus).

Comment évolue-t-il ?

Souvent, il évolue sous la pression des opportunités économiques. On a eu besoin de faire évoluer ces
droits quand il a fallu regrouper plus de capital, et l’individu avait du mal car il n’avait pas assez de
capital ou parce qu’il avait peur d’investir pour rien.

ð Évolution du panier de droits.

Cela consiste à faire évoluer les règles existantes. Le droit est vivant, il y a des nouveaux problèmes qui
émergent. Le droit est vivant car nous sommes dans un monde ouvert. Les Anglos saxons disent que
le droit de propriété est un bouquet de droits (usus, fructus, abusus).

Exemple : le cas du statut juridique des sociétés. Les modes de propriété dans les affaires ont évolué
au cours du temps, cette évolution a été progressive et s’est faite pour répondre à de nouvelles
opportunités. Très souvent cette évolution vient de la base. Les individus vont chercher de nouveaux
arrangements entre eux. Au départ il n’y avait pas de droit des sociétés, il n’y avait pas de distinctions
entre la société (entreprise) et moi et mon patrimoine. Un jour on a eu la possibilité de faire des
productions plus sophistiquées, on a eu l’idée d’aller chercher par voie maritime des épices etc., donc
s’est posé un problème : personne ne voulait mettre son patrimoine dans un bateau pour aller
chercher des épices >> arrivée du Partenariat (se répartir les couts et les bénéfices, cela permet de
saisir l’opportunité).

Les partenariats se sont ensuite élargis. Souvent la masse de partenariat est interdite par le droit. Ex :
la banque d’Angleterre a eu le droit d’avoir plus de 6 partenaires, à l’époque c’était exceptionnelle.

¨ Les biens normaux et les biens publics

Le bien public a 2 caractéristiques :

- Une fois que le bien est produit il est impossible d’empêcher les gens d’en profiter, tout le
monde peut y avoir accès (exclusion impossible).

- De plus, il n’y a pas de rivalité dans cette consommation. Le fait que j’y accède ne réduit en rien
la consommation des autres. Exemple : le phare côtier : n’importe qui qui navigue peut se
guider grâce à ce phare, et ce n’est pas parce que je regarde le phare que les autres le voit
moins bien. Autre exemple : le feu d’artifice. Autre exemple : la défense nationale.

Le bien public va nécessiter une forme de gestion collective.

L’économiste parle de ces biens car ils ont un problème, qui est un problème de free riding : comme
je ne peux pas exclure les gens, les gens ne voudront pas y contribuer. Tout le monde va faire en sorte
que les autres contribuent à leur place. Le danger du free riding fait qu’aucun entrepreneur privé va
se lancer dans la production de ces biens publics. Si c’est le cas, c’est inefficient car ce sont des biens

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très utiles.

Solution ? On peut trouver la solution puisque cela vient d’en haut, on fait appel à l’état qui utilise la
fiscalité. On a besoin de l’état pour payer mais on n’a pas besoin de lui pour réaliser le bien public. Ce
ne sont pas les fonctionnaires qui vont construire le phare.

La réalité est plus complexe. Ronald Coase dans un article dans les années 70, qui vient tirer
l’économiste de sa certitude, « Les phares côtiers ». Dans son article il dit que l’économiste prend
toujours l’exemple du phare public comme exemple de bien public. Or, auparavant les phares côtiers
étaient gérés par des entreprises privés.

Donc il y a peut-être quelque chose de rentable pour un intérêt privé. En effet, il peut y avoir d’autres
façons de contourner le free riding.

Comment est-ce que d’en bas les individus peuvent trouver des solutions ?

- Il peut y avoir une forme de coercition sociale (si une personne ne veut pas participer on peut
lui faire payer) ;

- On peut empêcher les gens d’amarrer dans le port où il y a le phare, ou on lie l’entretien du
phare avec l’entretient du bateau. JC Decaux lie le bien public à un bien privé (il met des
publicités sur les abri bus). Autre exemple : à New York il y a le feu d’artifice de Macy’s
(magasins), ça leur permet de faire un bien public (feu d’artifice) en faisant de la publicité.

La morale est qu’il y a souvent de l’ingéniosité chez les individus.

On pourrait encore affiner cette typologie des biens. Chaque type de biens a des problèmes et des
arrangements particuliers. On a déjà parlé des biens ordinaires, des biens publics, mais on n’a pas parlé
des biens clubs et des ressources en accès libre.

Dans les biens clubs cela ne coûte pas cher d’exclure et il n’y a pas trop de rivalité. Exemple : les clubs
de sports, on peut exclure car il y a une carte, mais il n’y a pas de rivalité. Autre exemple : la connexion
wifi, on peut exclure car il y a un code mais une fois qu’on est tous connecté il n’y a pas de rivalité.
Autre exemple : Canal +, si on n’a pas de décodeur on voit mal, mais une fois qu’on a le décrypteur ça
ne change rien qu’il y ait 2 millions d’abonnés à canal + ou 4 abonnés.

Dans les ressources en accès libre (common pool ressources), on trouve les biens comme les forêts, les
nappes phréatiques. Il y a une rivalité. Comment les gérer ? Elinor Ostrom a eu le prix Nobel
d’économie, elle a passé sa vie à analyser comment les individus géraient ces ressources en accès libre.
Elle s’est aperçue qu’il y avait un monde entre le marché (les solutions de propriété classiques) et l’état
(solution qui vient d’en haut). Ces ressources communes on peut les gérer sans faire appel ni au
marché classique ni à l’état. Cela va être des arrangements pour l’accès à la ressource commune, à
chaque fois ces arrangements prévoient un contrôle et une sanction. Elle donne l’exemple des
pécheurs en Turquie. Ils pécheurs ont dessiné des spots virtuels, et ils seraient amené au spot de
manière rotative.

Citation de l’économiste Buchanan de 1964 : « ce que devraient faire les économistes », il dit qu’ils
devraient plus s’intéresser à la manière dont émergent ces arrangements.

Section 3 : Le dilemme de la propriété intellectuelle

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La propriété intellectuelle devient quelque chose de fondamental dans notre société moderne, et
l’AED est ici problématique. Il y a des domaines de la propriété intellectuelle qui ne sont pas
problématiques, par exemple le droit des marques. Les domaines qui font problèmes sont surtout les
droits d’auteurs et les brevets.
Il y a un dilemme. C’est un problème de rareté, ici la rareté des connaissances. On n’a pas assez de
connaissances.

La propriété intellectuelle est là pour inciter à l’innovation. En effet, une personne qui développe un
savoir a besoin de rechercher s’il n’y a pas de propriété intellectuelle. Dès que ce savoir sera exploité,
il sera copié, imité de telle sorte à que les bonnes parties des profits liées à l’innovation, seraient
partagées avec le reste du monde.

Il va y avoir un dilemme : pour inciter à l’innovation, on va donner un monopole sur l’exploitation


d’une idée. Ce monopole va être source d’inefficience. Comment faire pour regroupe les deux
dimensions ?

La propriété intellectuelle est probablement un mécanisme incitatif intéressant car l’Etat ne s’engage
à rien de spécial, il nous protège. La valeur de cette protection dépend de l’opinion des
consommateurs et des clients. Ce système nous pousse dans nos rechercher, à voir si c’est utile ou pas
pour les autres.

Les deux moyens pour regrouper les deux dimensions sont :

- On va donner un monopole, un titre de propriété mais limité dans le temps. On a donc un


monopole pour plusieurs années.
Comment calculer le temps à donner à une société ? C’est par rapport au bénéfice marginal.
En effet, si la société décide de donner une année de protection en plus, que va-t-il arriver de
bon à la société ? En fait, le monopole est donné par rapport aux couts et aux bénéfices.
Exemple : on peut s’intéresser aux bénéfices, ils diminuent au fur et à mesure de la protection.
Si on s’intéresse au coût marginal : plus on prolonge la protection plus ça coute à la société.
La sortie du dilemme est le fait de prolonger la durée de la protection tant que le bénéfice
d’une année supplémentaire est supérieur au coût d’une année supplémentaire. A ce
moment-là, on arrive dans une zone qui est la durée optimale de la protection de cette
innovation.
- Étendue de la protection : quand on donne une protection à la propriété intellectuelle, on se
pose la question : à partir d’où les autres peuvent faire quelque chose avec le brevet ?
Protection large ou étroite ?

è Protection large : est la recherche fondamentale, elle incite à poser des brevets génériques
qui relèvent plus de la recherche que du développement.

è Protection étroite : développement à partir d’une idée existante.

Les juristes privilégient la protection large. Cependant, si on choisit une protection étroite,
cela risque l’abandon des recherches fondamentales. Il convient alors de donner les
recherches fondamentales à l’Etat.

Cependant, d’autres problèmes apparaissent :

- La malédiction du vainqueur : c’est la course des brevets. La personne qui le dépose en 1er est

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celui qui bénéficie de la protection. Cependant, on parle de malédiction du vainqueur car le
vainqueur va trop s’investir et va se faire dépasser ou alors ne pas arriver à rembourser ses
frais.

- Les anti-commons (parasitisme) : la vain des commons est lorsqu’une chose est accessible à
tous, elle risque de s’épuiser rapidement. Pour sortir de cette tragédie, il faut définir la
propriété. La tragédie des anti-commons est la stratégie opposée. En effet, c’est lorsqu’il y a
trop de droits. On peut utiliser cette propriété intellectuelle comme une barrière à l’entrée
d’un marché.

- Les utilisations stratégiques : on pose un brevet pour que les concurrents ne le fassent pas, on
ne s’en sert pas c’est juste pour que les autres ne puissent pas s’en servir non plus.

- Les patent trolls : « patent » = brevet, « troll » = chasseur : il y a des sociétés qui achètent ou
déposent elles-mêmes des brevets.

Pour certains économistes, la propriété intellectuelle créé de la rareté.

N’y a-t-il pas d’autres mécanismes incitatifs ?

- Existe-il d’autres pistes pour inciter la découverte ? Très souvent, le seul fait d’arriver le premier
fourni en général un avantage important.
- Blocage des solutions alternatives : le premier qui arrive, bloque une partie de la demande en
passant des contrats.
- Problème de contrefactuels : les individus ne vont pas rechercher autre chose puisqu’ils ont le
monopole.

Le droit des marques appartient aussi à la grande famille de la propriété intellectuelle. Cependant,
c’est différent car la plupart des économistes ne voient que des vertus dans ce droit.

Ce droit incite les producteurs à s’investir dans le long terme, dans le rapport qualité-prix.

Þ Intérêts économiques de la marque :


- De nouveau, lutter contre le free riding
- Inciter dans l’investissement (qualité) —> ma marque est reconnue dans le monde pour sa
qualité donc le prix est justifié, le fait de ne pas protéger les marques reviendrait à vendre de
la contrefaçon et donc à perdre les investissements de la marque.
- Réduire les coûts de transaction.

Þ Cependant, ce droit ne crée pas de rareté.

Þ Question des appellations contrôlées.


Exemple du vin : l’appellation d’origine contrôlée joue le même rôle économique que les
marques, elle donne une information au consommateur et donc fait inciter les gens qui ont
cette appellation à une certaine qualité. Par contre avec l’appellation d’origine contrôlé, il y a
plusieurs acteurs qui peuvent l’avoir, elle vient donc avec un cahier des charges.

24
CHAPITRE 2 : L’analyse économique du droit des contrats

SECTION 1 : L’analyse économique du contrat


Dans l’AED, on donne beaucoup de place à l’échange car c’est un moyen de coopération qui permet la
satisfaction des besoins. Le paradoxe est que bien que l’échange soit au cœur de la réflexion des
économistes, le contrat était complément absent de leur réflexion, jusqu’à récemment. Smith
s’intéresse à la richesse des nations : il pense que les nations sont riches car elles se divisent le travail,
se spécialisent et échangent, comme le cas de la manufacture d’épingles.
Le lien entre le contrat et l’échange se comprend qu’en introduisant le paramètre du temps et de
l’incertitude : si les échanges n’avaient pas de dimension temporaire ou de certitude lorsqu’on
s’engage dans un échange, me contrat serait inutile. Or, il y a une dimension incertaine dans l’échange.
Donc ils ont commencé à s’y intéresser, lorsqu’ils se sont intéressés à l’incertitude et au temps.
Smith va parler du « hasard morale » : dans un contrat avec quelqu’un, est ce qu’on est sûr que cette
personne va faire des efforts pour nous ?
Knight pense que si on veut comprendre certains phénomènes comme celui du profit, il faut introduire
le paraitre d’incertitude.
Coase écrit un article célèbre sur la nature de l’entreprise. Il essaie de comprendre pourquoi dans la
vie économique, très souvent on passe par des organisations hiérarchiques. Pour lui, on embauche des
gens pour ne pas contracter.
Hayek pense que le souci principal du système économique est de bien utiliser les connaissances.
Arrow, lui, parle des problèmes de santé, sur les précautions des individus pour éviter ses problèmes,
donc comment passer des contrats pour éviter ça (assurance).
Le contrat se retrouve au centre des idées économistes car le temporel et l’incertitude se retrouve au
cœur des idées économiques.

¨ La raison d’être du contrat : se lier les mains

L’idée est que de temps en temps, pour avoir quelque chose, il faut se lier les mains (c’est l’idée
d’Ulysse) : il faut coopérer, mais il y a cette incertitude, donc de suite on hésite à s’échanger des
promesses car on ne sait pas ce qu’il va se passer. Alors, on va s’échanger des promesses, on va se lier
les mains. Il va y avoir quand même des déceptions, des contrats incomplets car pas adaptés à
l’évolution mise en œuvre, et des ruptures de contrats.

Þ Qu’est-ce que l’économiste veut apporter comme connaissance sur le contrat ?

-L’économiste ne nous a pas parlé du « contrat optimal », car c’est un contrat omniscient, avec un
certain nombre de connaissance. Il devra savoir tous les paramètres pertinents.
-Ce que l’économiste essaie de faire c’est de comprendre comment les individus cherchent le meilleur
contrat pour eux. Donc on va beaucoup parler de situations contractuelles :
Comment s’y prendre pour anticiper certains problèmes. Dès lors, le contrat est une découverte car il
n’y a pas de solution optimale et certaine, mais il y a des individus qui essaient de trouver des solutions
de coopération qui soit la plus avantageuse.

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-Néanmoins il y a des problèmes qui surgissent, et la démarche de l’économiste est de déterminer ces
problèmes et de comprendre comment ses individus vont remédier à ces problèmes. Il va faire ça par
les outils habituels de l’économie.

¨ La phase des négociations

La négociation est importante car au cœur de la négociation il y a le dilemme du contrat. La raison


pour laquelle on passe un contrat c’est par ce qu’on pense être gagnant (contrat de vente : les deux
parties pensent être gagnants).

Néanmoins, ce gain mutuel, il va falloir se le partager et le dilemme commence à partir de là.


La part de ce gain à l’échange qu’on va recevoir, est probablement lié aux contraintes auxquels on est
soumis en arrivant à la date des négociations.
On parle de deux types de contraintes :
- Les contraintes extérieures : d’opportunité, c’est-à-dire quelle va être mon opportunité si je ne
signe pas ce contrat. L’information de ces contraintes font faire l’objet d’un jeu par des
stratégies : si on est en position de force, ou en position de faiblesse, nos négociations vont
différer.

- Les contraintes internes : l’issu de la négociation dépend de la façon dont on négocie, car
certaines offres sont à prendre ou à laisser, selon la position dans lequel on se place.

La rationalité n’est pas toujours un bin guide : même si on est en position de force, faire une offre à
prendre ou à laisser risquer d’être dangereux, notamment par le jeu de l’ultimatum. D’après certaines
recherches, il a été démontrer que les joueurs proposent 40% de la somme mise en jeu, mais la plus
fréquente est de 5 euros. Néanmoins les répondants rejettent des offres inférieures à 2 euros.
Les enchères : un mécanisme intéressant. Cela permet d’essayer de découvrir les coûts d’opportunité
de l’autre. Le but est de maximiser ses gains à l’échange sachant qu’il y a plusieurs intéressés : on parle
de concurrence ouverte.
L’enchère est utile lorsqu’on a peu d’information, qu’on ne sait pas combien les autres sont prêts à
mettre. Il a différents mécanismes :
- A l’anglaise
- A la hollandaise
- A la bougie
- Vickrey (enveloppe)

La plupart du temps en économie des contrats, on se retrie dans des « modèle principal agent » = il y
a quelqu’un (le principal) qui rédige le contrat et qui va faire une offre à prendre ou à laisser à une
autre personne (agent). L’aspect stratégique est souligné dans cette théorie.
Cette théorie peut s’appliquer à tous les contextes :
- Tutelle public / Entreprises privées
- Employeur / Employé
- Assureur / Assuré
- Actionnaire / Gestionnaire
- Patient / Médecin

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- Banquier (prêteur) / Client (emprunteur)
- Electeurs / Elus
- Mandant / Mandataire = en droit.

Þ Quelles sont les problèmes que le principal va rencontrer ?

1.3- Problème de la sélection averse

- Problème d’asymétrie informationnelle : incertitude quant au comportement de l’agent lors


de l’exécution du contrat, et pour l’agent sur la qualité du produit (objet du contrat).

- Le cas de l’assurance et d’une auto sélection des clients qui se fait au détriment de l’assureur.
Si assurance moto = 500/mois, cela a intéresser les personnes qui savent que leur réparations
coutent +500 euros. Mais le problème est que l’assureur va perdre des sous car les personnes
qui vont contracter ce contrat d’assurance, sont des « mauvais assurés » donc l’assureur va
perdre de l’argent par ces mauvais risques.
Donc l’assureur doit penser à une autre stratégie afin d’avoir de l’information sur l’assuré.
Remarque : Il y a un article important d’Akerlof, qui écrit The market for Lemons : il s’agit du marché
d’une mauvaise voiture d’occasion. Ce que veut expliquer Akerlof c’est qu’à cause de l’asymétrie
d’information, les bonnes voitures d’occasion ne sont jamais vendues. Puisque l’acheteur n’est pas
certain de la qualité et ne veut pas s’exposer au risque d’avoir un Lemon (mauvaises voitures) à cause
de l’asymétrie d’information. Le risque : on renonce à l’échange.

-Solutions selon les situations agents / principal :


- Réputation du vendeur
- Enchères de l’objet vendu : jusqu’à combien vaut l’objet
- Période d’essai, lettres de recommandations…
- Offrir un menu de contrat, et l’assuré s’auto sélectionnera le meilleur contrat qui lui
correspond

Il va y avoir des clauses dans le contrat afin de régler ce problème.


Si on reprend l’exemple des limons et peach, la solution technique consiste à envoyer des signaux sur
la qualité mais il faut qu’ils soient crédibles et donc le signal doit avoir un coût, et ce coût doit varier
selon la qualité de l’objet. Par exemple, si on offre une garantie, cela a un coût mais il ne sera pas le
même selon le coût de la voiture.
Si on prend le cas de l’éducation : lorsqu’on a un diplôme, on le met dans le CV car c’est un signal. Ce
signal n’a de valeur que s’il coûte. De plus, ce diplôme doit être donné qu’aux personnes ayant la
capacité. En effet, si ça coute mais ça coute à tout le monde, aux bons et aux mauvais, ça ne sert à
rien : le diplôme dit être sélectif.
En réalité, dans la vie de tous les jours on passe des séries de contrat. Mais l’expérience joue un rôle
très important. Si 6 jobs en 3 ans par exemple, on va lui offrir un contrat sans trop prendre de risques.

1.4- Le hasard moral

Cela correspond à une asymétrie informationnelle mais pendant la vie du contrat. Le contrat permet
d’améliorer le bien être mais on voudra un partage de gain. Ce hasard moral soulève un problème de

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contrôle. Donc on va mettre des mécanismes dans le contrat pour inciter l’agent à œuvrer en sa
faveur : travailler dans l’intérêt du mandat. Néanmoins, si on ne trouve pas de solution pour envoyer
des bons signaux, on risque de renoncer purement à l’achat, au contrat.
Par exemple : Mme Boss (proprio de l’entreprise) et Mr Malin (candidat pour gérer l’entreprise). Elle
sait qu’avec de la volonté, monsieur malin peut faire en sorte de monter le chiffre d’affaire. Cependant,
elle sait que s’il ne fait pas du tout d’effort, le chiffre d’affaire ne va pas forcément bouger. Monsieur
Malin a une proposition d’embauche pour 200 000 euros : donc madame Boss doit lui proposer au
moins un salaire de 200 000 euros. On peut supposer que chaque effort fait par Monsieur Malin coute
30 000 euros par an. Donc il faudrait le payer au moins 230 000 euros par an. Selon ce modèle, Madame
Boss gagne car elle a embauché quelqu’un 230 000 mais son chiffre d’affaire va évoluer +235 000
euros. Néanmoins, madame Boss peut dire « si pas d’effort, tu seras payer moins » : contrat incitatif.
En réalité, ce n’est pas possible, donc elle doit trouver quelque chose pour inciter les efforts à Monsieur
Boss. En pratique, les individus trouvent des moyens pour rendre le contrat incitatif :
- Contremaitre : va faire remonter certaines infos sur la qualité, bonne fois, esprit, des
employés. Pour que ce mécanisme soit vraiment incitatif, il faut que ces avancements se
reflètent par un « plus ».

- Franchise : le conducteur sûr de lui, acceptera un contrat avec franchise. Mais c’est un
mécanisme incitatif puisqu’on ferra + attention.

- Bonus/Malus : si pas d’accident = prime va monter, sinon la prime va baisser.

- Travail à façon : payer à la fin de la mission. L’employé va s’autocontrôler car plus vite il va le
faire, plus vite il sera payé.

- Prime liée à la performance : rajouté une partie à la rémunération fixe selon s’il y a des bons
résultats. Mais cela marche que s’il y a corrélation entre les efforts et le résultat.

- Participation : le gestionnaire peut offrir des stock-options dans le cas où par exemple une
start-up débute et donc on peut proposer au gestionnaire des stock-options (options
d’achats), pour acheter des actions de l’entreprise.

Néanmoins, les solutions sont imparfaites :


- L’idée du second best : le mieux qu’on puisse faire dans la situation.
- Le dilemme assurance-incitation dans un contrat de travail : dans un contrat de travail, il faut
allouer les risques inhérents à l’entreprise (chiffre d’affaire irrégulier par exemple). Mais alors
qui dans l’entreprise est le mieux placé pour porter ce risque ?
On pourrait dire à l’employé qu’il sera rémunéré en fonction du chiffre d’affaire de l’entreprise
mais l’employé souvent s’appuie sur sa rémunération pour toutes ses dépenses, il ne peut pas
diversifier ce risque. L’entreprise est mieux placée que l’employé pour supporter ce risque car
les propriétaires sont souvent propriétaires de plusieurs entreprises, actionnaires également
dans plusieurs entreprises.
Du point de vue de l’assurance il est intelligent pour le contrat de prévoir que les risques
inhérents à l’activité de l’entreprise soient supportés par elle. Seulement, si on offre un salaire
fixe à l’employé, c’est très mauvais du point de vue des incitations (pourquoi ferait-il des

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efforts ?)
La solution à ces problèmes de hasard moral ne se trouve pas uniquement dans le contrat,
l’idée est que l’agent peut être incité à faire des efforts non pas par ce qu’il va obtenir dans ce
contrat mais par ce qu’il obtiendra dans les contrats à venir (réputation).

- Interaction sélection adverse/risque moral : une fois le contrat passé avec l’entreprise, on
aimera qu’elle fasse de son mieux tout au long de la délégation du contrat de marché public.
Si on arrive au moment du contrat à faire baisser les couts à une délégation intéressante. Le
problème est que tout au long du contrat, l’entreprise va se comporter de manière
opportuniste. La solution est de lâcher au moment de la signature du contrat, un contrat
avantageux pour l’entreprise.

- La concurrence apporte des solutions : par l’historique du CV de la personne : si 6 job en 3 ans,


on peut se renseigner au près de la concurrence pourquoi il n’est pas resté longtemps dans ce
job….

1.5- Le problème de l’incomplétude

Un contrat incomplet est un contrat qui à l’expérience, se révèle silencieux sur les droits et obligations
des parties, dace à un évènement qui se manifeste.
Un contrat complet est essentiel car les conflits dans le contrat vont souvent venir du fait qu’il y a de
l’incomplétude et les parties ne sont pas d’accord sur ce qu’il faut faire, donc saisine du juge.
On n’a pas grand-chose sur l’incomplétude, mais on a quand même quelques remarques :
Sources de l’incomplétude :
- Incomplétude par le choix : l’idée est que les individus rationnels font le choix de laisser le
contrat incomplet pour certains objets.

-Le contrat alloue le risque explicitement en le prenant en compte dans le contrat. Néanmoins,
on a le bénéfice d’allouer ce risque : le bénéfice est espéré car ça dépend de l’évaluation de la
vraisemblance de ce risque.
- Incomplétude stratégique : on sait que le contrat est incomplet mais c’est volontaire car cet
associé est un ami, ou alors un contrat de mariage. On signale quelque chose à son partenaire
mais pas dans le détail car relation de confiance, au cas où pb on pourra re négocier. Parfois
des perceptions biaisées donc contrat incomplet.

- Éléments « non vérifiables » : parfois on envisage un risque mais on ne trouve pas de solution
à ce risque tel que l’effort observable mais non vérifiable. Par exemple, tu dois faire des efforts
sinon pas de hausse de salaire. Comme effort non vérifiable on ne le met pas.

- Incomplétude par ignorance


-Prise de conscience ex post : On s’en rend compte quand il est trop tard, prise de conscience
de l’ignorance est tardive. De nombreux contrat sont incomplet mais par chance tout s’est
bien passé.
-Prise de conscience ex-ante : Au moment même où on rédige le contrat, on peut avoir ce
sentiment que le contrat est probablement incomplet

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Effets de l’incomplétude :

-Les économistes vont insister sur le Residual Claim = un contrat incomplet, il va falloir le compléter.
Pour le compléter, il faut s’appuyer sur les autres droits et obligations du contrat. Lorsqu’on complète
le contrat de travail, on tient compte des droits de propriété, « residual claim ».
- L’incomplétude dans le contrat explique l’organisation sous forme hiérarchique des entreprises. On
cite l’article de Ronald Coase « la nature de la ord » : dans des contrats de gré a gré, il a des couts qui
sont entachés à ces transactions. Pour ne pas avoir à rejeter ces couts, on peut embaucher. La solution
pour réduire les couts de transaction est de s’engager dans des contrats à long terme, forcément
incomplets, on prévoit donc une autorité dans le contrat, le fait de préciser une autorité et le fait de
mettre en place une hiérarchie. Cette organisation hiérarchie est aussi un moyen intelligent de traité
le problème des couts de transaction et l’incomplétude des contrats.
-L’incomplétude des contrats peut rendre les parties hésitantes à se lancer dans des investissements
spécifiques, c’est-à-dire un investissement rentable seulement si la relation contractuelle dure.
Au plus on a ce sentiment d’incomplétude, on hésite à se lancer dans ces investissements spécifiques
ce qui nuit à la création de richesse. Parfois, la seule façon de pousser l’agent à le faire est de lui offrir
quelque chose.
En économie, un cas classique est la relation entre une entreprise et son fournisseur, la solution est
d’intégrer le fournisseur dans l’entreprise (ex : rachat du fournisseur).

-Enfin, c’est parce que les contrats sont incomplets qu’ils sont parfois renégociés. Si le contrat est
complet, probablement l’une des parties pourrait vouloir le renégocier, tout le monde n’est pas
forcément content avec le déroulement complet. Mais, dans ce cadre, si l’une des parties veut négocier
l’autre ne voudra pas.
C’est seulement lorsque le contrat est ambigu ou silencieux que les parties pourront le renégocier.

Il n’y a pas de contrat optimal, universel, le contrat est d’une certaine façon un processus de
découverte.

SECTION 2 : L’analyse économique du droit des contrats


Le contrat améliore le bien être des deux parties, sinon, elles ne signeraient pas, et donc dans la
mesure où cette convention n’accepte pas le bien être de tiers personne, le contrat est efficient. Le
droit doit plutôt aider les parties à contracter : il doit accompagner els parties qui veulent s’engager
dans ces conventions.
Rober COOTER et Tomas Ulen : ces deux auteurs disent qu’ils voient 5 domaines dans lequel le droit
peut aider dans la conclusion du contrat.

§Paragraphe 1 : Faciliter la coopération


Pour expliquer ce problème, on part du modèle principal/agent :
- L’agent partage le bien avec le principal
- L’agent peut s’approprier le bien être et le principal a perdu le bien être
- L’agent peut renoncer au contrat, et ne pas investir donc il n’y a pas de création de richesses :
coopération ou non ?

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La solution de ce problème est que les agents sont rationnels : en l’espèce, soit il s’en va avec 10 000
euros, soit il coopère et il gagne 500 euros. Donc il est fort probable que l’agent rationnel va prendre
le chemin des 10 000 euros. Les gens aimeraient bien coopérer, mais face au risque que l’agent ne
tiennent pas sa promesse, ils renoncent à coopérer.
Les choses vont changer si l’agent ne respecte pas le contrat, on suppose que l’agent devra retourner
l’investissement, c’est-à-dire les 1000 euros du principal, et qu’il devra payer des dommages. Donc il y
a une sanction pour celui qui ne respecte pas son engagement. En effet, si l’agent fait un « breach »
(rupture de contrat), la sanction prévoit qu’il faut rendre l’investissement de 10 000 au principal mais
également payer des dommages de 500000 (correspond au gain manqué par le principal).
Ici, le niveau de la sanction est précis car il a pour effet de replacer le créditeur (le principal ici) dans la
situation qu’il anticipait, qui aurait été la sienne si le contrat avait été respecté, ce niveau de sanction
est appelé « expectation damages ».

Mais il y a aussi d’autres sanctions. Dans la réalité, il faut sanctionner celui qui ne respecte pas sa
promesse, cela ne veut cependant pas dire qu’on n’a pas besoin d’un droit, elle peut être sociale. D’où
la question : quand est-ce que le droit est un mécanisme supérieur à la pression sociale ? Le droit est
un meilleur moyen là où les individus qui interagissent ne se connaissent pas.

§Paragraphe 2 : La rupture optimale


Il n’est pas bon d’exécuter toutes les promesses. Il faudrait pouvoir sortir de ces promesses lorsque
c’est efficient. Et le droit peut y parvenir par un savant calcul sur le montant de la sanction en cas de
rupture. Donc on va rompre que quand c’est efficient de rompre.
On peut prendre l’exemple de l’efficient breach de Posner.
20/11/18
L’idée de son exemple est quand dans une société il est certes bon que les gens coopèrent avec des
contrats et des sanctions, mais il serait inefficace d’insister pour que toutes les promesses sont
exécutées comme prévues. Donc il sera bon que la société accepte que l’individu ne respecte pas
certain de ses engagements. Le droit, au niveau de la sanction, peut faire en sorte que lorsque c’est
efficient, l’individu rompt leurs engagements.
Problème pour la société :
- Cout de l’exécution > bénéfice de la promesse = rupture
- Cout de l’exécution < bénéfice de la promesse = exécution

Problème du débiteur :
- Cout de l’exécution > cout supporté en cas de rupture = rompre
- Cout de l’exécution < coût supporté en cas de rupture = exécuter

La solution optimale du point de vue de l’analyse économique : il faut que le cout de la rupture pour
le débiteur (la sanction), soit du montant du bénéfice attendu par la victime (le créancier).
Ce niveau de sanction est un niveau que l’on retrouve dans la quasi-totalité des droits, dans le droit de
Common Law. En effet, dans ce droit, le montant de dommages et intérêt est calculé selon « exception
damages » : il faut donner un montant où la victime sera aussi satisfaite que si ‘on avait exécuter.
C’est également ce que l’on retrouve dans le droit romain : en cas de non-respect de la promesse, il
fallait compenser pour la perte éprouvée et le manque à gagner.
Dans le droit français, l’ancien article 1149 du code civil stipule que les dommages et intérêts due au
créancier sont due de la perte qui l’a faite et du gain qu’il a été prouvé.

31
-On peut trouver une autre façon de justifier cet exception damages » (cette perte subie, manque à
gagner) : il faut essayer de ne pas décevoir les anticipations de la victime. Il est important pour la
sécurité des interactions que quelqu’un qui s’engage, puisse construire des anticipations solides.
Néanmoins, c’est ce que fait l’exception damage. On ne parle plus de rupture optimale, mais de
sécurité juridique pour que la plupart de nos infirmations soient anticipés. On arrive au même niveau
des sanctions mais par le biais de la sécurité des anticipations chez les agents économiques.
-Si on regarde le droit français sur ces questions de rupture de contrat, on constate que ce qui fait la
force obligatoire du contrat c’est le fait de satisfaire des attentes raisonnables : on a fait une promesse,
donc attente raisonnable de la part du débiteur.
-De plus, si l’exécution forcée, ce n’est pas tout à fait exclu, il faut avouer qu’en droit français elle est
l’exception : le juge préféra les dommages et intérêts à l’exécution forcée. En fait, l’exécution en nature
(forcée), est tout à fait exclu lorsque ce sont des obligations de faire ou de ne pas faire. Pourquoi ? Il
a plusieurs explications : Si on force la personne à le faire, ce travail risque d’être de mauvaise qualité.
Donc ce sera que pour des obligations de donner qu’on forcera, et seulement si c’est un corps certaine
et non pas une chose de genre. Si c’est une chose de genre, on préfèrera les dommages et intérêts.
-Quand il y a un retard dans l’exécution, le juge ferra parfois référence à un comportement fautif de la
part du débiteur, car cette faute dans l’exécution du contrat est quelque chose qui a été importée de
la responsabilité délictuelle : c’est la jurisprudence qui va introduire la notion de faute car elle
n’apparait pas dans le code civil, et qu’il y a des exécutions qui sont des lourdes conséquences qu’on
aurai pu anticiper Donc le juge essaie de démonter que le débiteur est fautif si il se comporte d’une
façon contraire à l’intention du créancier. Donc la gravité d’une faute est souvent alignée sur la gravité
des conséquences prévisibles.
-De plus, en droit français, on essaie d’éviter de mettre fin à des contrats piu éviter d’avoir des ruptures
de contrat pris à la légère et anticiper les parties.
-En outre, en droit français, il est possible pour les parties de prévoir des clauses pénales c’est-à-dire
que les parties se mettent d’accord sur une sanction supplémentaire en cas de non-exécution. C’es
intéressant car en Common Law, ces clauses sont interdites. L’opinion des économistes est que la
clause pénale devra être autorisé (et encadré) comme en droit français. Si els parties décident de
mettre ces clauses pénales dans le contrat, c’est par c qu’elles essaient de signaler quelque chose. Et
donc priver les parties d’envoyer ces signaux, permets d’anticiper la non-exécution du contrat.
-Le niveau des dommages et intérêts : dans plusieurs cas, le manque à gagner est difficile à calculer.
Donc il faudrait indemniser la victime par rapport au bienêtre qu’il aura reçu en cas d’exécution du
contrat. Qui fixe ces dommages et intérêts ? Normalement, c’est le juge, ou alors un jury.
- L’avantage d’avoir les DI fixé par le juge c’est que peut être le montant de ces dommages sera
un peu plus prédictifs, car jurisprudences existantes.
- L’inconvénient est que le juge n’est pas expert et selon les cas il aura du mal à évaluer le
montant du manque à gagner.

§Paragraphe 3 : Inciter à un investissement optimal

L’idée est que sur la base du contrat, les deux parties vont investir sur la base de la promesse que
l’autre va faire. Certains de ces investissements seront rentables, même si le contrat n’est pas exécuté.
L’investissement spécifique est fait spécifiquement au contrat, sur la base du contrat, et si fin du
contrat, Investment perdu.

32
L’économiste va mettre en parallèle ce qui est bon pour la société et ce qui est bon pour les parties
afin de faire un équilibre, et que chacun à un intérêt a excréteur.
Quand est qu’un investissement spécifique est efficient/optimal : si le gain net espéré est > à la perte
nette espérée et si le contrat n’est pas exécuté comme prévu (espérance = non-exécution) = perte
supplémentaire à cette non-exécution.
En général, il va y a voir une probabilité d’exécution qui va être un seuil : si la probabilité est haute = il
faut investir, sinon il faudra s’abstenir d’investir.
Le droit devra spécifier qu’on nous donnera des DI pour des pertes liées à un investissement spécifique
si et seulement si cet investissement spécifique est efficient (gain espéré > la perte espéré). Dans le
cas contraire, la victime ne pourra pas demander des DI.
Si on regarde les différents droits :
- Droit Anglo saxon : Over reliance : on s’est trop appuyé sur la promesse et donc ne sera pas
dédommagé. En effet, comme ce retard était prévisible, on ne va pas nous rembourser.

- Droit français : ancien article 1151 : seuls les dommages directs ouvrent à des compensations
mais pas des dommages indirects.
De plus, l’ancien article 1150 : les dommages prévisibles ne donnent pas lieu à des
compensations.

§Paragraphe 4 : Minimiser les coûts de transactions

L’idée est simple : on a déjà parler du contrat incomplet : contrat dans lequel il y a des trous. (Voir
dernier paragraphe section précédente).
Le droit vient compléter les contrats incomplets, et s’il fait ça comme il faut, les parties peuvent gagner
du temps ça au-delà de la convention qu’il négocient le droit « bouche » les droits et obligations des
parties. Cela peut être efficient si le juge complète correctement le contrat.
Quelle est la technique du juge ? La bonne façon est de la compléter comme l’aurait fait les parties
elles-mêmes si elles avaient pris la peine de compléter le contrat. Le principe est que le juge doit se
mettre dans les chaussures des parties.
Cheapest cost avoider = celui qui peut éviter le cout à moindre frais. Celui qui est le mieux placé.
Incomplétude en droit français :
Þ Le cas de la force majeure : il est imprévisible donc lors de l’exécution du contrat on se rend
compte qu’il y a un risque.
- C’est cas restreint
- Eviter le risque moral.
- La théorie des risques : il faut qu’il n’y a aucun risque morale et que cette exécution ne soit
pas lié au comportement de l’une des parties.

Þ Interprétation des termes du contrat : dans le droit français c’est la méthode subjective qui
prévaut et donc me juge doit essayer de retrouver la logique de ce contrat.
Cette méthode s’oppose à la méthode objective qui essaierai de se coller au plus près possible
au terme du contrat.
Le juge essaye d’interpréter le contrat, il essaye de lire dans le contrat la façon cohérente de
le compléter. Le consensualisme juridique est l’idée que l’on doit interpréter le contrat en
restant fidèle à l’esprit du contrat.

33
Pour que le contrat vive, il ne faut pas être trop sévère avec le débiteur.
Dans les contrats d’adhésion, il est coutume d’interpréter le contrat contre la partie qui a
rédigée le contrat.

§Paragraphe 5 : Modifier les contrats imparfaits

Parfois, dans certaines circonstances, le droit conduit à modifier/corriger les contrats imparfaits.
Quand on fait l’analyse des marchés, on a l’idée que lorsque le marché est parfait, le droit n’a pas
besoin d’intervenir. Mais parfois, les marchés sont imparfaits. Et lorsque le marché n’est pas parfait,
une intervention par le droit de la concurrence sera nécessaire pour corriger les imperfections. Les
auteurs disent que c’est la même chose avec les contrats : quand le contrat est parfait, le résultat est
efficient.
Mais qu’est ce qui fait qu’un contrat est imparfait ?
D’après les auteurs, il y a 2 cas de figure qui rendent un contrat imparfait.

- Les cas d’irrationalité de la part de l’une ou l’autre des parties, ou des deux.

-Les cas d’incompétence et d’incapacité : Les contrats passés avec un mineur, ou avec un majeur
incapable.
-La violence (interne ou externe) : Interne : Il n’y a pas de rationalité car il n’y a pas de choix. Le droit
annule ce contrat et le considère comme non valide car ce n’est pas un échange volontaire.
-Impossibilité : ce n’est pas une impossibilité totale car sinon ce ne sera pas irrationnel, mais c’est une
difficulté majeure qui semble simplifier une inefficience et donc si les parties n’acceptent pas les
termes du contrat, le juge a le devoir de forcer cette modification. Tout tourne autour de la théorie de
l’imprévision.

Dans un contrat, les clauses de révision sont autorisées et peut aller jusqu’à pénaliser les parties qui
ne respectent pas les clauses de révision.
Il y a un certain nombre de droits où, face à un imprévu, le juge si l’une des parties se refusent à
accepter une révision, le juge peut forcer la révision : théorie de l’imprévision.
Le droit français se caractérisés par le rejet de la théorie de l’imprévision (arrêt Crappon) : il
n’appartient pas aux tribunaux de modifier les conventions, même si circonstances changent ect.
Il y eu beaucoup de discussions autour de cette doctrine et certains auteurs voulaient une évolution
qu’ils ont obtenus avec la révision de 2016. En général, les auteurs qui étaient en faveur de la théorie
de l’imprévision, voulait une clause implicite dans le contrat par une clause rebus sic standibus = la
convention est valide tant que les choses demeurent en état. Il est clair que vu que ls choses vont
évolués, les parties vont le comprendre. C’est intéressant mais certains juristes faisaient remarque que
si on suivait cette piste, on affaiblissait le droit des contrats car si on dit que l’évolution majeure de
l’environnement fait que la convention ne doit plus être appliqué, cela veut dire que le rôle certain du
contrat, n’a plus d’intérêt.

Il y avait aussi un abus de droits à vouloir exécuter la convention comme c’était prévu.

L’article 1195 du nouveau code civil : Si un changement de circonstances imprévisible lors de la


conclusion du contrat rend l'exécution excessivement onéreuse pour une partie qui n'avait pas accepté
d'en assumer le risque, celle-ci peut demander une renégociation du contrat à son cocontractant. Elle
continue à exécuter ses obligations durant la renégociation.

34
En cas de refus ou d'échec de la renégociation, les parties peuvent convenir de la résolution du contrat,
à la date et aux conditions qu'elles déterminent, ou demander d'un commun accord au juge de
procéder à son adaptation. A défaut d'accord dans un délai raisonnable, le juge peut, à la demande
d'une partie, réviser le contrat ou y mettre fin, à la date et aux conditions qu'il fixe.

Certains économistes approuveront cette évolution. D’autres, peuvent redouter que cela trouble les
anticipations.

- Des cas où les couts de transactions sont élevés et cela rend en quelque sorte le contrat
imparfait.

Le contrat est imparfait car les coûts de transaction sont élevés :

- Il a des effets au-delà des parties à la convention : externalités. Dans ces cas, ce n’est pas au
droit des contrats à intervenir. Ce problème d’externalité est mieux géré par d’autres droits.
- Problèmes liés à de la mauvaise information :
è Fraude de l’une des parties : le contrat n’est plus efficient
è Dol : même résultat
è Réticence dolosive

- Monopole : l’une des parties est dans une position telle qu’elle arrive à imposer des termes au
contrat qui sont durs pour l’autre partie. Les auteurs disent que ce n’est pas au droit d’essayer
de corriger les termes du contrat. En effet, ils sont d’avis que ce serait un fardeau trop lourd
pesant sur le juge s’il devait évaluer le caractère équitable de toutes les transactions. En droit
américain : « unconscionability ». Il y a des cas où le droit des contrats peut corriger ou annuler
un contrat imparfait.

CONCLUSION :

Les règles qui vont gérer les interactions sont celles que les individus vont se donner dans les contrats.
Les choses qui relèveraient du bon sens (promesses, dédommagements), le droit doit permettre une
allocation optimale des ressources. On peut arriver à cela par le chemin du paradigme de la
connaissance. Le droit des contrats doit nous aider à fixer des anticipations. Ces 2 approches ont des
conséquences dans notre philosophie de droit des contrats : dans le paradigme de la rareté il est
tentant de dire que le droit des contrats doit encadrer ce processus.
« Le progrès de la civilisation a consisté à aller du statut vers le contrat » Henry Maine
Statut : dans les sociétés peu ouvertes, les rapports entre les individus sont souvent réglés par le statut.

CHAPITRE 3 : Analyse économique de la responsabilité extracontractuelle


(=tort law)

SECTION 1 : Rôle économique de la responsabilité

La justification économique de la responsabilité extracontractuelle trouve sa source dans les


externalités. L’idée est que pour les économistes est que tout doit être réglé par contrat. Le juriste
préfère aussi le contrat. On voit des cas où le droit refuse d’indemniser une victime, précisément parce
que les parties ou la victime auraient dû passer contrat et ne l’ont pas fait. Mais passer des contrats

35
avec tout le monde serait trop onéreux. Les effets quand il n’y a pas de contrat, ne sont pas internalisés.

L’idée de l’économiste est de faire en sorte que les externalités soient prises en compte, et le droit peut
nous y aider. On peut inciter les individus à prendre en compte tous les effets de leur comportement.

Ronald Coase traite de la question de la responsabilité dans le papier de 1961 « La problématique


des coûts sociaux ». Dans ce papier, R.C traitre du problème des externalités que les économistes
appellent parfois « le problème des couts sociaux ».
L’une des réponses de l’économiste à ce problème, est de dire qu’il y a qu’à taxer pour forcer les
individus à prendre en compte tous les coûts, comme le faisait Pigou.
R.C propose une autre solution : si on veut que les personnes prennent en compte les externalités, il
suffit de modifier ou préciser la règle de droit. C’est par le droit qu’on peut résoudre le problème des
externalités.
Il développe « le théorème de Coase » : quel que soit la décision du juge, si les coûts de transactions
ne sont pas élevés, on va aboutir à la solution efficiente.

Il prend comme exemple : un éleveur et un cultivateur sont voisins. Les bêtes de l’éleveur vont
piétiner les cultures du cultivateur. Il y a donc un dommage crée par ces bêtes.
Dommages : 200€ : Plusieurs façons de mettre fin à l’externalité :
- Clôture du champ : 100€
- Parquer les bêtes : 150€
- Cesser la culture : 350€
- Cesser l’élevage : 450€

Du point de vue de la société, le plus efficace est de clôturer le champ. La condition est que ça arrive si
les couts de transaction ne sont pas trop élevés entre les parties.

Remarque sur le théorème de Coase :


- Le critère utilisé est celui de maximisation de la richesse sociale ou minimisation du coût social.
Coase utilise ce critère car il était utilisé dans la littérature mais également car Pigou l’avait
évoqué. De plus, on peut reformuler le résultat de Coase sans utiliser des euros et sans faire
référence à la richesse sociale, on peut parler en termes d’efficience au sens de Pareto. Dès
lors qu’une négociation peut avoir lieu, s’il y a une possibilité d’améliorer le sort des deux
parties, ces individus vont mettre en œuvre cette possibilité.
- Les connaissances de la part du juge : peu importe sa décision, on arrive à quelque chose
d’efficient. En effet, le juge n’a pas besoin de connaitre les couts et les bénéfices sociaux. Tout
ce qu’on lui demande est de trancher donc de déterminer les droits et les obligations. La
solution par la taxe ou règlementation nécessite beaucoup de savoir (Pigou), ce qui est une
différence avec la solution de Coase.
- Effets sur la distribution de la richesse : certes, quel que soit la décision du juge, on arriver avec
des barrières mais, selon sa décision, la barrière sera payée soit par le cultivateur soit par
l’éleveur. En effet, la décision du juge aura un impact sur qui va payer. Du point de vue
technique, pour les personnes arrivent à une solution efficiente, il ne faut pas que la
distribution des richesses ait un effet sur l’affectation globale des ressources.
- Externalités et défaillances du marché : si on laisse les individus agir eux-mêmes, ils ne vont

36
pas faire des choix pas efficients, ce que l’on appelle une défaillance du marché. Or, avec le
théorème de Coase, ce qui est défaillant n’est pas forcément le marché mais le droit. Dès que
les droits sont précisés, il y a un marché qui peut se mettre en place et éventuellement une
transaction qui va avoir lieu.
- Modification du « panier de droits » : l’économiste aime voir la propriété faite comme un
« panier de droits ». L’évolution du droit se fait par modification, enrichissement de ce panier
de droits. Coase nous offre une bonne illustration de ce panier avec son exemple d’éleveur et
cultivateur. Avec le conflit entre les deux protagonistes, le juge va rajouter des droits.
- Causalité réciproque : dans son approche, Coase nous invite à voir ces problèmes d’externalités
comme des problèmes de causalité réciproque. Il insiste beaucoup sur ce point. On entend par
là que lorsqu’un tort est créé, ce dernier est réciproque. Pour qu’il y ait vraiment externalité, il
faut que les deux parties soient présentes. Le droit va tenir compte de ces choses-là. Pour
Coase, c’est un point important car dans les sociétés il y a toujours une dynamique. En effet,
cette dynamique bouleverse, cause du tort aux autres, mais c’est indispensable. Il faut donc
faire en sorte que cette dynamique ne soit pas arrêtée, freinée.
- Son corollaire : si les couts de transactions ne sont pas nuls, la décision du juge est importante.
D’où la question des coûts de transaction élevée, ils seront élevés dans les cas où le nombre
de victimes sera important, par exemple une usine qui pollue énormément. On peut
considérer qu’il y a deux façons de mettre fin à cette pollution : mettre un filtre à la cheminée
ou mettre du double vitrage dans les habitations. Supposons que la meilleure soit la plus
économique donc mettre un filtre à la cheminée, si le juge décide en faveur des riverains,
l’usine doit faire quelque chose et donc mettre un filtre. Au contraire, si le juge décide en
faveur de l’usine, pour arriver à la solution efficiente, il faudrait que les riverains forment une
association puis doivent aller voir le propriétaire de l’usine et négocier avec ce dernier.
Donc, le juge dans le cas où le nombre de victime est élevé et très importante, devra trancher
de façon correcte. De nouveau, on voit un poids qui est mis sur les épaules juge car il va devoir
essayer d’évaluer ce qui est efficient du point de vue de la société.
Tout ce qui permet de baisser les couts de transaction fait que les négociations ont toujours
lieux, peu importe la décision du juge.

Ø Différence d’approche entre la façon de faire du juriste et celle de l’économiste.


Quelle est pour le juriste, la façon principale de la responsabilité ?
Le juriste va dire que la responsabilité civile est faite pour indemniser les victimes et sanctionner
l’auteur du dommage. Le droit va donc mettre en avant l’idée de réparation.
L’économiste va faire l’inverse et va dire que la responsabilité est là pour donner avant tout des
incitations aux membres de la société. La bonne incitation est de faire en sorte que le coût social des
accidents soit le plus faible possible.
à Coût social des accidents : CS(x)= wx + p(x)A
à Avec pour notations :
- P= probabilité d’un accident

37
- X= niveau d’effort exercé pour éviter l’accident
- Par hypothèse les deux variables précédentes sont liées : p(x)
- A : valeur monétaire du dommage
- A.p : coût esperé des dommages
- W : coût d’une unité de précaution.
Lorsqu’on réfléchit à ces responsabilités, on peut diminuer les nuisances grâce à un effort mais ces
efforts ont un coût. De façon idéale, on0 veut trouver le niveau de précaution qui minimise le coût
social.
Donc, choisir le comportement qui minimise le coût social des accidents c’est choisir un niveau de
précaution x+ tel que w= p’(a).
Par ailleurs, le coût marginal de la précaution est égal au bénéfice marginal (en termes de réduction du
montant espéré des accidents)
Exemple : si une précaution supplémentaire réduit de 2% la probabilité d’une perte de € 100 il faut que
son coût soit inférieur à €20 pour qu’elle soit « efficace ».

Il y a des externalités, des torts crées à des tiers donc le droit incite les individus à faire le bon effort et
doit faire en sorte de minimiser le cout social de ces torts créés aux tiers.

SECTION 2 : Quelle règle de responsabilité permettra d’atteindre l’objectif de minimisation du coût


social ?
Quand on regarde les règles de responsabilité, on s’aperçoit qu’il y a deux grandes familles de règles :
- Celles faisant appel à une notion de faute, de négligence (negligence)
- Celles ne faisant pas appel à cette notion (strict liability)
Ces règles ont en commun que dans les deux cas, pour être responsable, il faudra apporter la preuve
qu’il y a eu un préjudice mais également montrer qu’une personne a commis ce préjudice. Par ailleurs,
pour être responsable, il faut que la victime démontrer qu’on a été négligent.
Le concept de faute peut s’approcher de deux façons :
- Façon statique : on est fautif si un effort n’a pas été fourni alors que son coût marginal était
inférieur au bénéfice marginal attendu.
- Façon dynamique : il faut que la faute soit définie comme le fait d’avoir un comportement
contraire aux anticipations raisonnables. La faute va donc être la convergence des anticipations
sur un comportement.
Ces deux approches ne sont pas forcément en conflit. En effet, il est possible que les personnes
considèrent qu’un comportement est raisonnable lorsque les coûts sont supérieurs aux bénéfices.
Cependant, si ces deux critères ne convergent pas, c’est l’approche dynamique qui semble être la plus
juste.
Si on regarde la réalité du droit, on trouve les deux approches. De plus, dans une perception juridique,
on trouve :
- Duty of reasonable care (R-U)

38
- Formule du juge learned hand (USA)
- Pater familias
- Comportement raisonnable.

Þ Donc, quelle est la règle qui minimise le coût des accidents ?


Il n’y a pas de règle universellement meilleure que l’autre, cela va dépendre des cas, vu la façon dont
l’économiste va aborder le problème. En effet, il y a des cas où la règle sans faute est la plus efficace
ou des cas où c’est la règle faisant appel à une faute qui est la plus efficiente. La bonne règle de
responsabilité est celle qui met le poids, les incitations sur les parties qui sont en capacité de réduire
le cout social des accidents.

Cas n°1 : supposons que seule la victime de l’accident soit en mesure de prévenir l’accident :
- Supposons qu’il y a une absence de responsabilité : cette dernière est optimale car celui qui a
causé l’accident n’est pas responsable.
- Supposons qu’il y a responsabilité sans faute : rien ne va se passer puisque seule la victime
pouvait éviter l’accident mais is un tort est causé, elle va être indemnisée donc aucun effort ne
va être fournit. Donc, on n’a pas de solution efficiente car la victime est en capacité de réduire
le cout social des accidents mais ne va pas le faire
- Supposons qu’il y a responsable avec faute : celui qui cause le préjudice peut se dégager de la
responsabilité s’il montre qu’il n’est pas fautif. Or, dans ce cas, il ne pouvait rien fait. Il faut donc
éviter ce cas.

Cas n°2 : supposons que seul l’auteur peut faire quelque chose pour éviter l’accident :
- Pas de responsabilité : c’est mauvais et l’auteur ne ferait aucun effort donc cela est inefficient.
- Responsabilité sans faute : l’auteur de l’accident va se dire que si un accident a lieu, il va devoir
indemniser. Il va donc choisir un niveau d’effort intelligent en comparant le coût marginal de
l’effort par rapport au bénéfice de l’absence de l’accident.
- Responsabilité pour faute : l’auteur va se dire que, soit il est considéré comme fautif donc il
doit payer les victimes soit, il fait le niveau de précaution qui est demandé donc il n’aura rien
à payer. La bonne solution pour l’auteur est de faire juste ce qu’il faut pour ne pas être
considéré comme fautif, il va donc respecter les règles de la responsabilité.

On voit que les deux règles peuvent conduire à un résultat efficient car elles mettent la pression sur
l’auteur. Il n’est pas toujours évident pour l’auteur du préjudice d’évaluer la conséquence de ses actes,
il y a des cas dans lesquels la responsabilité stricte va être bien et d’autre dans lesquels elle paralyse
les acteurs ne voulant pas prendre un risque quelconque.

Cas n°3 : supposons que les deux parties peuvent réduire la probabilité d’un accident : dans ce cas-là,
le bon régime est celui de responsabilité pour faute. On fait application du principe précédent.
- S’il n’y a pas de responsabilité, la victime fait très attention mais pas l’auteur donc ce n’est pas
efficace.
- Régime de responsabilité stricte : l’auteur sera fautif même s’il est prudent, il devra donc faire
très attention. Cependant, la victime ne fera aucun effort puisqu’elle sait qu’elle va être
dédommagée. Cette solution ne sera pas efficiente.

39
- Régime de responsabilité pour faute : l’auteur sait qu’il pourra se dégager de sa responsabilité
en étant suffisamment précautionneux et sachant cela, la victime fera également attention.
Cette règle met la pression sur les 2, c’est pour cela qu’elle est considérée comme efficace.

Si on regarde les détails du droit, on s’aperçoit qu’il y un grand nombre de règles de responsabilité et
s’il est vrai que la responsabilité pour faute met la pression pour les deux, il y a d’autres règles qui
arrivent au même résultat comme :
- Règle de la négligence contributive de la victime : si l’auteur a été prudent ou fautif, si la victime
a été fautive, alors l’auteur ne sera pas responsable.
- Partage de responsabilité : les deux sont fautifs
- Responsabilité objective avec négligence contributive : à la base c’est une responsabilité sans
faute mais l’auteur peut s’en dégager en prouvant que la victime a été négligente.

Cas n°4 : niveau d’activité accroît la probabilité de l’accident


- La règle optimale devrait conduire à une précaution ET un niveau d’activité particulier
- Dans certains cas cela conduit à préférer la responsabilité sans faute (conducteurs)
- Lorsque les deux peuvent influencer le résultat aucune règle ne permet de contrôler à la fois
le niveau de précaution et le niveau d’activité.

Dans la pratique, la question de la réparation est compliquée. Pour l’économiste, la bonne


compensation serait de replacer la victime sur la courbe d’indifférence de départ (voir graphique :
montre bien que l’on peut réparer, compenser l’individu, et on peut compenser en réparant
physiquement la personne ou financièrement et une combinaison des 2 est également possible). Pour
l’économiste, la bonne compensation serait celle qui nous remettrait sur le niveau de satisfaction du
départ.

SECTION 3 : Application

1) Produits défectueux

Il y a souvent dans les commentaires, une idée qui circule selon laquelle une responsabilité sans faute
pour le fabricant, rendrait les produits plus surs et seraient donc en faveur des consommateurs.
L’analyse économique montre bien que ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les
consommateurs car, lorsque seul le fabricant peut exercer une précaution, responsabilité sans faute et
pour faute, conduisent au même niveau de précaution.
De plus, dans le cas de responsabilité sans faute comme dans tout type de responsabilité, le producteur
va probablement s’assurer et le prix de cette assurance va se retrouver dans le prix du produit. A la
limite, le consommateur sera obligé de s’assurer mais dans le cas de responsabilité pour faute, la
victime aurait pris peut-être également une assurance mais aurait eu le choix de le faire, et elle ne se
retrouverait pas indirectement à la payer dans le prix du produit.

Ce passage à la responsabilité sans faute risque de faire monter le prix des produits et ne laissera pas

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le choix aux consommateurs de payer cette augmentation.
Si au contraire, si on avait une responsabilité pour faute, le fabricant ferait ce qu’i faut pour ne pas être
considéré comme fautif et la victime devrait se trouver sans indemnité et libre de prendre une
assurance ou pas.

On voit que les préjugés en matière de responsabilité n’ont pas de fondement économique.

® Exemple avec le cas de la Ford Pinto :


Produit de Ford dans les années 1970. Cette voiture avait un problème car elle avait tendance à
exploser lors de choc arrière. Ford le savait mais n’a rien fait. Un procès va avoir lieu. En effet, Ford va
expliquer au juge que d’après eux, ils ne sont pas fautifs car le coût de la précaution était largement
supérieur aux bénéfices attendus de cette précaution. Donc, l’idée de Ford est de plaider non-
coupable.
Ford avait estimé qu’il y avait 12, 5 millions modèles en circulation. Le juge ne va pas suivre l’argument
de Ford et va dire que le comportement passe certains tests mais pas le « consumer expectation test »
c’est-à-dire, les tests des consommateurs.

® Le cas Exxon Valdez :


Quand on change les règles de responsabilité, les comportements vont également changer. C’est ici le
cas avec les grands pétroliers qui transportaient eux-mêmes leur pétrole. Un jour, un accident créé une
catastrophe donc les Etats ont décidé de renforcer la responsabilité, mais les individus s’ajustent aux
nouvelles règles de responsabilité et décident de faire transporter leur pétrole par quelqu’un d’autre.
Donc face au durcissement, elles ont cessé de transporter elles-mêmes leur pétrole et a conduit au
« fly by night ».

2) Responsabilité médicale
Cette responsabilité relève plus ou moins du contrat. Tout au long du XXème, on a eu des changements
de responsabilité. Il y a eu une crise de la responsabilité médicale selon laquelle on avait des régimes
de responsabilité qui mettaient trop de pressions sur les praticiens avec des procès où l’on demandait
des sanctions et indemnité trop élevées. Du fait de ces procès en responsabilité, on a un certain
nombre d’états où on ne trouvait plus de praticiens.
En France, c’est pareil car on avait plus ou moins un régime de responsabilité pour faite. Cependant, ce
régime ne semblait pas convenir. On va donc avoir une loi : loi Kouchner de 2002, qui va instituer un
régime actuel de la responsabilité médicale en France qui est « no fault », l’idée est que s’il y a un
accident, le médecin est responsable seulement s’il a fait une faute donc la victime sera dédommagée.
Ce système a été créé par l’ONIAM. Cette ONIAM est financée par les caisses d’assurances maladies
donc finalement, c’est la victime qui paie.

CHAPITRE 4 : L’AED du droit de la concurrence

L’analyse statique est très favorable au droit de la concurrence. Au contraire, l’analyse dynamique
n’est pas favorable à ce droit car elle serait s’en doute inutile.

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Globalement, les économistes sont favorables à la concurrence, plus que le sont les « communs des
mortels ». D’autres vont dans la concurrence une chose de paradisiaque.
Cependant, les économistes voient dans la concurrence des choses différentes.

SECTION 1 : Économie de la concurrence

I. La vision de Smith et des autrichiens de la concurrence


Pour ces auteurs, il y a concurrence dès lors qu’il y a liberté. En effet, dès qu’il y a la liberté, il y a
forcément concurrence grâce à un phénomène qui se met en route : chaque individu est en
concurrence avec les autres tout en étant libre.
A) La vision de Smith
Smith nous explique comment les nations deviennent riches. Il va démarrer son ouvrage avec la
manufacture des peines. Lorsque les marchés s’élargissent, lorsque la vie économique n’est plus limitée
aux villages, à la région, la division du travail va devenir une chose naturelle : on va se spécialiser. Cette
division du travail va apporter un accroissement des connaissances. Par ce biais d’une coopération plus
large, on a ce que Smith appelle, « une opulence généralisée ».
Par ailleurs, Smith va critiquer les monopoles au sens où qu’en entendait à l’époque. En effet, à
l’époque de Smith, un monopole correspondait à une activité bénéficiant d’un privilège légal accordée
par le roi. On pouvait avoir par exemple, le monopole d’une activité. Cependant, on ne pouvait pas
faire le métier de notre choix. Par ce sens du monopole, il n’y avait pas de liberté et était donc l’opposé
de la concurrence.
Pour Smith, le marché est donc cette dynamique qui née de la liberté naturelle. La dynamique va
reposer sur un mécanisme simple : la main invisible. Ce mécanisme va permettre aux individus de
rechercher leur intérêt personnel ce qui va conduire à l’opulence généralisée c’est-à-dire, le bien-être
général. C’est donc l’idée de l’autorégulation des marchés.
Smith dira : « Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger que
nous attendons notre diner, c’est du soin qu’ils apportent à leurs intérêts. Nous ne nous adressons pas
à leur humanité mais à leur amour d’eux-mêmes et ce n’est jamais de nos besoins dont nous leur
parlons, c’est toujours de leur avantage ».

La main invisible est donc la propriété, le contrat. En effet, par exemple : la boulangère ne peut pas
m’obliger à acheter son pain. La seule chose que demande Adam Smith c’est de laisser libre court à la
main invisible pour donner plus d’opportunité aux personnes pour offrir leurs services au plus grand
nombre.

Par ailleurs, le marché débouche sur un ordre spontané au sens où personne ne le dirigeait. L’ordre
(ce qu’on observe) né spontanément. Ferguson disait « Il y a des phénomènes sociaux qui sont le
résultat non délibéré d’actions délibérées ». Chacun va suivre son intérêt personnel. De plus, le marché
donne lieu à des modes de coopérations extrêmement compliqués.

C’est pour cette raison que Smith ne croit pas à des politiques visant à réguler les marchés, autrement

42
dit, il ne croit pas aux mérites du droit de la concurrence. Il va dire « Le souverain se trouve
entièrement débarrassé d’une charge qu’il ne pourrait essayer de remplir sans s’exposer
infailliblement à se voir sans cesse tromper de mille manières, et pour l’accomplissement convenable
de laquelle il n’y a aucune sagesse humaine si connaissances qui puissent suffire, la charge d'être le
surintendant de l'industrie des particuliers, de diriger vers les emplois les mieux assortis à l'intérêt
général de la société ».

Donc, Smith aurait été sceptique sur toutes tentatives de réguler les marchés.

Cette vision dynamique va se perdre au XIXème siècle, en partie avec l’utilisation de nouveaux outils
tels que la mondialisation ou les mathématiques. Finalement, va naitre l’idée qu’on peut diriger les
marchés vers l’intérêt général.

B) La reprise des idées de Smith

Plusieurs économistes autrichiens vont reprendre cette vision dynamique comme :

1- Hayek

En effet, il va reprendre l’idée de Smith dans un ouvrage « La concurrence est une procédure de
découverte ».

Il dit qu’il est essentiel dans les sociétés modernes, de ne pas oublier la différence entre les ordres
spontanés et les ordres créés. Pour les ordres créés, il utilise parfois le terme d’organisation.

Il y a aussi des ordres qui marchent alors qu’ils n’ont pas été créés. Ex : marché, langage, droit,
monnaie.
poub
Si on veut appliquer la même recette des ordres créés aux ordres spontanés, c’est mauvais.
De plus, il y a des règles dans ces 2 ordres, mais ces règles sont de nature différente :
- Dans une organisation : les règles sont des « commandements ».
- Dans le marché : les règles de la propriété et du contrat. C’est parce que les règles sont
différentes que la complexité des ordres sont différents.

Enfin, il dit que le marché est une procédure de découverte.


Reformulation de Hayek :
ORDRE SPONTANE CREE
Direction Non Oui
Caractère Abstrait Concert
Complexité Extrême Modéré
Règles Interdictions Directives

C’est en acceptant de perdre le contrôle des choses que l’on peut avancer. Si l’on essaie de tout
contrôler (organisation), ce sera limité par le brio des cerveaux. Si au contraire on accepte de perdre le
contrôle on peut atteindre des niveaux de sophistication faramineux.
43
Pourquoi cette distinction est essentielle ? Si l’on n’a pas à l’esprit cette distinction, on va vouloir
appliquer aux ordres spontanés les méthodes appliquées aux organisations. Et si l’on fait cela, on va
« droit dans le mur ». C’est la même idée que Smith avec l’intervention du souverain.

Hayek explique donc les différents ordres. Quelques années plus tard il publie un article « La
concurrence comme procédure de découverte ».

2- Israël Kirzner

Kirzner va expliquer lui aussi la dynamique des marchés en insistant sur le personnage essentiel de la
dynamique des marchés, l’entrepreneur. En effet, l’entrepreneur est le moteur de la découverte.

Jean-Baptiste Say va lui aussi donner un rôle central à l’entrepreneur. C’est donc un intermédiaire qui
coordonne une petite partie de cette complexité.

C’est de ce même entrepreneur dont parle Kirzner mais pour lui, l’entrepreneur est plus proche de
nous. Certes, il est au cœur de la vie économique mais chacun peut faire preuve d’esprit d’entreprise
dans une activité. C’est quelqu’un qui a perçu une opportunité pour améliorer son sort. Nous sommes
dans des économies extrêmement complexes donc certaines choses pourraient être agencées
différemment, il y a des opportunités pour un meilleur arrangement. Il y a donc des entrepreneurs
partout.

Exemple : l’arbitrage. C’est un terme employé surtout en finance : acheter là où c’est bon marché et
vendre là où c’est cher. Sur les marchés financiers, de tels arbitrages sont difficiles à réaliser aujourd’hui
car tout se fait sur des ordinateurs en temps réels. Si on achète un bien, le prix monte. La chose
s’échange donc à un prix supérieur à celui initial. Si l’offre augmente le prix va baisser. C’est donc la
présence de l’entrepreneur qui va faire que les prix vont converger pour se rencontrer. L’entrepreneur
va faire un profit : l’écart entre les deux.

II. Vision néo-classique de la concurrence

C’est la vision qui se développe vers la du XIXème siècle. La terminologie néoclassique signifie que l’on
reprend les éléments de base de la théorie classique, entre autres de Smith. On parle de « néo »
parce que l’on essaye de clarifier la pensée de Smith et pour ce faire, on s’appuie sur le langage
mathématique, totalement ignoré par Smith.
Dans ce souci de préciser les choses, une certaine partie de la compréhension que Smith entretenait
des marchés va disparaître de l’histoire. D’une certaine façon, la vision de Smith et des autrichiens est
donc probablement plus subtile, plus profonde de celle des néoclassiques.

A) Le concept d’équilibre

Le point de départ de cette vision est l’idée d’équilibre. Cette analyse s’inspire pour l’essentiel de la
mécanique classique dite newtonienne.

C’est une approche qui essaie d’expliquer la réalité comme un mécanisme de force dont le résultat

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donne une ellipse. Ce type d’outil, d’approche est utilisé par les économistes pour comprendre la
réalité sociale.

Le graphique de l’offre et de la demande est typique de ce que fait cette approche : sur le marché se
rencontrent les souhaits de tous les acteurs de l’économie. Plus le prix est faible, plus le consommateur
consomme. D’autre part, plus le prix est élevé plus les offreurs sont prêts à offrir. Ces deux courbes
traduisent la recherche de l’intérêt personnel de l’individu et exercent des forces sur les prix qui vont
s’équilibrer pour un certain prix donné.

Le schéma de l’offre et la demande permet de visualiser ce qu’est un prix de marché. La fameuse « loi
du marché » résume tout cela : le prix résulte d’une multitude de forces. Il permet aussi de faire de la
statique comparative. Celle-ci consiste à comparer deux équilibres. Par exemple, en cas
d’augmentation de l’offre, cela déplace la courbe de l’offre vers la droite, ce qui va amener à un nouvel
équilibre.

Il y a l’idée que sur le long terme, les prix vont baisser avec la libre entrée et donc jusqu’à ce que les
profits soient les mêmes qu’ailleurs. Cette dynamique est plutôt bonne pour les consommateurs car
ils se retrouvent avec des prix bas et donc un « surplus ».

B) L’équilibre général de Léon Walras

L’idée de l’équilibre général est d’avoir un modèle plus complet que celui de l’offre et de la demande
donc d’équilibre partiel car on regardait qu’un seul marché.

Walras aimerait donc avoir un modèle où les marchés soient simultanément en équilibre. Dans son
modèle, les acteurs choisissent ce qui vont faire sur les différents marchés. Par exemple, le
consommateur va regarder les prix sur les différents marchés et va choisir celui qui maximise son
profit.

Un équilibre général va être atteint lorsque l’offre est égale à la demande sur tous les marchés.

De plus, Walras va dire que probablement, on peut trouver des prix permettant d’avoir l‘équilibre
simultanément sur tous les marchés. L’idée d’un équilibre général rappelle les conceptions classiques.

Il va y avoir un autre résultat consistant à montrer que cet équilibre général, sous certaines conditions,
est efficient, c’est-à-dire qu’il aboutit à une allocation des ressources qui est efficiente au sens de
Pareto. En effet, selon Pareto, améliorer le bien-être d’un individu fait diminuer celui d’un autre.

Certains économistes appellent cela le joyau de l’analyse économique car cela montre l’efficacité du
marché. Les individus maximisent bien leur utilité, le résultat est efficace. Certains ont appelé cette
situation le théorème de la main invisible.
Les choses se compliquent par la suite car des économistes montrent que ce résultat (équilibre
efficace) ne fonctionne que si certaines hypothèses ont été respectées. Ce modèle suppose une
situation de concurrence pure et parfaite.

Hypothèses de la CPP :

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- Libre entrée et sortie sur les marchés
- Parfaite information
- Aucun pouvoir de marché (atomicité)
- Autres hypothèses techniques (rendements décroissants, pas de biens publics ou
d’externalité, etc…).

La théorie a démontré que si ces hypothèses de CPP sont respectées, on a un équilibre efficient au
sens de Pareto. Au contraire, si on change les hypothèses, il y aura équilibre mais il ne sera pas efficient.
Or ces hypothèses sont assez irréalistes, elles ne sont jamais respectées.

Exemple : on suppose qu’un individu a un pouvoir de monopole (sens moderne) donc qu’il est seul à
servir une demande. Son pouvoir va dépendre de l’élasticité du prix de cette demande. Supposons que
sur un marché il n’y ait qu’une seule entreprise. Cette dernière va faire face à la demande. On peut
supposer produire à un coût moyen donc marginal. Si y’a concurrence, le prix baisserait car si on vend
notre produit plus cher, d’autres entreprises vont automatiquement baisser le prix. Au contraire, s’il y
a monopole, on peut essayer de fixer un prix assez haut.
En effet, si on compare l’équilibre de monopole avec l’équilibre de concurrence, on constate que
lorsque l’on passe de la concurrence au monopole, on observe : une baisse des quantités échangées ;
une hausse du prix et une perte sèche.
Cela crée donc une situation inefficace au sens de Pareto, on pourrait augmenter l’utilité de certains
sans diminuer l’utilité d’autres (supprimant les pertes sèches).
S’il y avait une situation de concurrence, il y aurait une pression à la baisse sur les prix et les
consommateurs pour bénéficier d’un prix qui se rapprocherait du coût marginal de production.

Perte sèche : différence de bien-être que l’on avait avec la concurrence et que l’on a perdu avec la
situation de monopole.

On débouche sur un rôle pour la règlementation des marchés. Si une structure de monopole est
inefficiente, il faut s’attaquer à ce monopole. C’est l’hypothèse du paradigme SCP de l’école de
Harvard. Ils conseillent de lutter contre le monopole par tous les moyens, y compris par la concurrence.

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