Vous êtes sur la page 1sur 47

INSTITUT SUPERIEUR DU COMMERCE

ELEMENTS DE COURS D’ECONOMIE GENERALE


LICENCE 1
FINANCES COMPTABILITE

Prof: Dr. Porto BAZIE

Année académique 2023 - 2024


OBJECTIF & PLAN DU COURS

L’analyse économique générale présente de manière systématique quelques-unes des


techniques analytiques de base de l’économie. Elle est traditionnellement l’une des matières les
plus importantes de toute l’économie et des programmes d’études de Gestion. Elle est donc
indispensable dans la formation des étudiants gestionnaires.

L’objectif de ce cours est de fournir aux étudiants de 1ère Année les fondements conceptuels et
de raisonnement de l'économie grâce à une approche méthodologique simple et pratique. Ce
cours devrait donner la capacité aux étudiants de résoudre quantitativement des problèmes
économiques qui se posent en pratique dans la gestion des entreprises ou dans la recherche.

Afin de faciliter la bonne compréhension du cours d'économie générale, nous procéderons à


une présentation simple et précise de la théorie et des principes fondamentaux indispensables,
à des illustrations par des exemples concrets et à la résolution d’exercices d’application.

Compte tenu du volume horaire (30 heures dont 10 heures de Travaux Dirigés), le présent cours
se limite aux parties essentiellement destinées aux étudiants qui s'initient à l'économie,
notamment à l'analyse microéconomique.

Plan du cours

Introduction générale
Chapitre I : Qu’est-ce que la Microéconomie
Chapitre II : Demande, offre et l’élasticité
Chapitre III : Le comportement du consommateur
Chapitre IV : Le comportement du producteur
Chapitre V : Structure de marché et formation des prix

Références bibliographiques

1. Stiglitz J.E, Walsh C.E, Lafay J.D (2007) principes d’économie moderne, 3 ème
édition. De Boeck ed.
2. Varian , Hal. R., (1996), Introduction à la microéconomie, 3 ème ed. Paris, Bruxelles

2
INTRODUCTION GENERALE

Le vocabulaire courant définit l'économie comme « ce qui n'est pas dépensé ».


Etymologiquement, « oïkonomia », venant de « oïkos », l'art de gérer sa maison, désigne une
qualité consistant à réduire les dépenses. A partir du 18e siècle, le mot est utilisé dans un sens
plus large et plus moderne ; il désigne « l'ensemble des activités d'une collectivité humaine
visant à la production et à la consommation ».

Denise de Flouzat définit la science économique comme « la science de l'administration des


ressources rares dans une société humaine ; elle analyse les actes qui se proposent de réduire
les tensions qui existent entre les désirs illimités et les moyens limités des sujets économiques ».

L’ECONOMIE : SCIENCE DE LA GESTION DES RESSOURCES RARES

a. Les désirs illimités des sujets économiques


Tout homme a des besoins, c'est-à-dire des désirs de disposer des moyens capables de prévenir
ou de faire cesser des sensations de peine ou d'insatisfaction, ou de moyens aptes à provoquer
et à accroître des sensations agréables.

Ces besoins sont subjectifs puisqu'ils varient d'un individu à l'autre. Ils sont commandés par
des facteurs physiologiques, sociaux, philosophiques ou moraux. Les besoins de l'homme
peuvent être matériels, intellectuels ou physiologiques. Ces besoins, qui se renouvellent et se
diversifient sans cesse, sont illimités et constituent la raison et le but de l'activité économique.
Ils en sont les mobiles et les fins.

b. Les moyens limités


Les biens économiques sont des moyens qui permettent de satisfaire les besoins, ils sont rares
par rapport aux besoins illimités. Si les biens économiques étaient en quantité et en qualité
suffisantes pour satisfaire en tout lieu et en tout temps les besoins exprimés par les hommes, il
n'y aurait pas de problème économique à résoudre et la science économique serait sans objet.
Heureusement tel n'est pas le cas.

c. Ajustement des moyens limités aux désirs illimités


Les actes de production et d'échange permettent de créer les biens et services, c'est à dire les
moyens de satisfaire les besoins, destinés à la consommation. Dès lors, la production apparaît
comme un effort d'ajustement, d'adaptation des moyens aux fins. Elle s'effectue à partir de

3
ressources économiques ou facteurs de production qui sont les ressources naturelles, les
ressources humaines et le facteur capital.

LES GRANDES QUESTIONS DE LA SCIENCE ECONOMIQUE

L’économiste se pose quatre questions essentielles : Pourquoi faut-il produire ? Quoi produire ?
Comment produire ? Pour qui produire ?

La réponse à la première question est simple : on produit pour satisfaire des besoins humains.
Pour satisfaire un besoin, plusieurs types de biens économiques sont le plus souvent présents.
Deux agents économiques, les producteurs et les consommateurs nous fournissent la réponse à
la question « quoi produire ? ». Les producteurs, par la combinaison de facteurs de production,
émettent une offre de biens. Parallèlement, les consommateurs formulent une demande de
biens. La confrontation de ces offres et de ces demandes sur un marché permet de déterminer
le type de biens produit et la quantité demandée. C’est le consommateur qui joue le rôle
privilégié car c’est à lui qu’il revient, en dernier ressort, de décider d’acheter ou de ne pas
acheter.

La réponse à la question « comment produire ? » place au cœur de l’analyse économique les


entreprises. C’est le producteur qui doit combiner de façon optimale les facteurs de production
(matières premières, capital, travail) pour produire.

Il est difficile de répondre à la question « pour qui produire ? ». Ne peuvent disposer des biens
que les agents qui disposent de revenus monétaires obtenus par leur travail ou la gestion de leur
patrimoine. La répartition des revenus n’est pas donnée a priori. Elle fait l’objet de lutte entre
groupes sociaux. La répartition de revenus par le jeu du marché peut être en défaveur d’un
groupe social. C’est alors que, outre ses fonctions multiples, l’Etat intervient souvent pour
prendre en compte les groupes sociaux défavorisés.

LES PRINCIPES DE L’ECONOMIE

Dix principes permettent de caractériser l’économie en tant que science sociale différente des
autres sciences sociales telles que la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, etc. Ces
principes sont regroupés en trois grandes catégories :

4
La prise de décision au niveau individuel

Que ce soit dans une économie locale (d’une ville), nationale ou mondiale, les individus
impliqués font face à des décisions. Quatre principes gouvernent la prise de décision.

Principe 1 : Les individus doivent faire des choix : le principe de rareté

Le choix suppose la rareté. La rareté elle-même provient du fait que les besoins sont
omniprésents. Par exemple, nous voulons tous une vie confortable, nous voulons tous une moto
ou une voiture, nous voulons tous une bonne santé et une longue vie. Aucun de ces besoins
n’est entièrement satisfait. Par exemple, beaucoup de Burkinabè aimeraient avoir plus d’argent
qu’ils n’en ont. Peu de gens sont satisfaits de leur état de santé.

Devant la rareté, il faut prendre une décision. Une prise de décision revient à comparer deux
alternatives. Illustrons par des exemples.

• Un étudiant dispose de 40 heures dans la semaine, à repartir entre les matières économiques
et les mathématiques. Si l’étudiant consacre totalement ses heures à l’économie, il ne
comprendra pas les maths, et vice versa. Toute heure qu’il consacre à un des groupes n’est plus
disponible pour l’autre. En plus, toute heure consacrée aux études n’est plus disponible pour
faire du sport ou aller rendre visite aux parents ou amis. Le choix implique de renoncer à une
alternative.

• Considérer la décision de production d’un agriculteur. Dès que la saison démarre, l’agriculteur
dispose de 5 hectares sur lesquels il peut cultiver des céréales (maïs ou sorgho) ou du coton. Il
peut utiliser toute la superficie pour le coton et dans ce cas il devra acquérir ses besoins de
céréales sur le marché. Tout hectare utilisé pour la culture de coton n’est plus utilisable, la
même année pour la culture de céréales. L’utilisation d’un hectare pour une des deux cultures
implique que l’agriculteur doit renoncer à l’autre culture.

NB : Face aux besoins illimités et aux moyens limités, la nécessité de faire des choix s’impose
aux individus.

Principe 2 : Le choix implique toujours un coût. Le coût de l’alternative choisie est ce à


quoi on renonce pour l’obtenir.

Comme vu plus haut, tout choix implique de renoncer à autre chose. Supposer qu’on veuille
évaluer le coût de l’action choisie. En économie, ce coût ne se limite pas au coût d’acquisition.

5
Exemple : Considérer la décision d’un élève de poursuivre des études universitaires après le
Bac. Le bénéfice attendu est l’obtention d’un diplôme universitaire, comme le Master et par la
suite l’obtention d’un emploi très rémunérateur. Mais quel est le coût lié à la décision ?

Supposer qu’on additionne les frais universitaires, les coûts des livres, les coûts liés au logement
et à l’alimentation au cours d’une année. Obtient-on le coût lié à une année d’université ? La
réponse est non.

- La réponse contient des éléments qui ne sont pas strictement liés à l’université. Par exemple,
même si on ne va pas à l’université, il faudra bien se loger et se nourrir. De même, il faut se
vêtir. La partie de ces coûts due à l’université serait au-dessus du coût normal d’un individu qui
n’irait pas à l’université. Si aller à l’université permet par exemple l’accès à une chambre moins
coûteuse que rester en dehors, l’économie réalisée représente un bénéfice lié à l’université. Les
éléments de coûts doivent donc représenter des coûts nets liés au choix d’aller à l’université.

- Ensuite, la réponse donnée ignore le coût lié au temps de l’élève. Supposer par exemple qu’au
lieu d’aller à l’université, l’élève aurait pu s’engager dans une activité lui rapportant une somme
de X Fcfa par an. Aller à l’université dans ce cas lui supprimerait une source de revenu. En
réalité, ce coût lié aux activités alternatives peut, dans certains cas, constituer le coût principal
lié aux études universitaires.

Le concept de coût d’opportunité : encore appelé coût de renonciation, le coût d’opportunité


d’un bien (ou d’une action), c’est ce à quoi on renonce pour obtenir ce bien (ou cette action).

Avant de décider d’aller à l’université, il faut évaluer la valeur de ce à quoi on renonce. En ce


qui concerne la notion des coûts, on distinguera les coûts économiques des coûts comptables
(ou coûts financiers), de même on pourra faire la différence entre les coûts tangibles et les coûts
intangibles, distinguer les coûts implicites des coûts explicites.

Principe 3 : Les agents rationnels prennent leurs décisions en comparant les effets des
actions à la marge.

Notons que la rationalité économique est la recherche de satisfaction maximale dans ses choix.

Ainsi, les agents rationnels prennent leur décision en comparant les effets additionnels des
différentes alternatives.

6
Par exemple, si une entreprise emploie 100 personnes, la décision d’embaucher une personne
supplémentaire doit se référer à ce que cette personne coûte et à ce qu’elle rapportera à
l’entreprise. Le coût additionnel occasionné par l’embauche est appelé coût marginal. Le
bénéfice additionnel lié à l’embauche est appelé bénéfice marginal. L’entreprise comparera le
coût marginal au bénéfice marginal et n’embauchera la personne supplémentaire que si le
bénéfice marginal excède le coût marginal.

NB : Ce principe nous permet également de cibler le bon indicateur de choix en économie. On


n’a pas besoin de comparer le coût total lié à l’emploi de la personne additionnelle au bénéfice
total. On suppose que tout ce qui précède le nouvel emploi s’était déjà ajusté par des
comparaisons adéquates.

Principe 4 : les agents réagissent aux incitations

Une incitation est une action prise en vue de provoquer des effets favorables. L’incitation atteint
son but en modifiant le coût d’opportunité d’une activité (en l’augmentant ou en le diminuant).
L’incitation agit en permettant à des biens ou actions de se substituer à d’autres biens ou actions.
En effet, comme les agents prennent leurs décisions en comparant les coûts aux bénéfices, leurs
choix changent quand ces éléments changent.

Par exemple, la baisse des prix des motos J.C a entraîné l’abandon des P50 par les utilisateurs.

La décision de baisser le prix est une incitation.

Un autre exemple : si le taux d’intérêt bancaire baisse il y aura certainement plus d’emplois.

En effet, la baisse du taux d’intérêt incitera les promoteurs ou les investisseurs à prendre plus
de crédits pour investir et donc augmenter le nombre d’emplois.

Le rôle des incitations est capital dans la conduite de la politique économique. Par exemple, si
un prix plancher (minimum en dessous duquel on ne peut descendre) était imposé aux acheteurs
de maïs, les producteurs de maïs en bénéficieraient et auraient intérêt à produire beaucoup.

Malheureusement, un tel prix n’existe pas très souvent dans les pays comme le nôtre et une
bonne année de production est accompagnée de prix excessivement bas, notamment au moment
des récoltes. Ces prix bas se traduisent par une baisse des revenus des producteurs et constituent
une incitation négative dans les décisions de production de la saison suivante.

Les interactions entre les individus

7
Au-delà des décisions au niveau individuel, l’économie concerne aussi les interactions entre
individus. Les interactions concernent les échanges et les institutions gouvernant ces échanges
(marchés, Etat). On a trois principes qui gouvernent ces interactions entre agents économiques:

Principe 5 : L’échange constitue un avantage pour tous les participants

Tout participant à l’échange améliore sa situation initiale de sorte qu’il n’y ait pas de perdant
absolu. On dit alors que l’échange est mutuellement avantageux.

Imaginer un monde sans échange. Dans un tel univers, chaque individu devrait produire tout ce
qu’il désire consommer : nourriture, vêtements, logement, distraction. Il est facile d’imaginer
que chaque individu, vivant en parfaite autarcie, finirait par devenir xizophrénique (des troubles
liés à la dispersion des énergies ou des efforts par les activités).

L’échange permet d’éviter ce risque. Chacun produit ce qu’il (ce qu’elle) sait faire le mieux et
l’échange contre ce que les autres savent faire le mieux. Par exemple, le travailleur vend sa
force de travail (en creusant des trous, en écrivant des romans) contre des biens (niébé vendu
au bord de la route, café dans une pâtisserie).

La concurrence qui s’instaure entre les agents à travers l’échange permet d’améliorer le
bienêtre. Les reprographes devenus très nombreux à l’Université Joseph KI-ZERBO sont en
concurrence les uns par rapport aux autres pour attirer les clients. Il en résulte des promotions
ou une baisse des prix dont les ultimes bénéficiaires sont les consommateurs.

Principe 6 : Le marché constitue une façon efficace d’organiser l’activité économique

Les interactions entre individus peuvent se faire à travers plusieurs mécanismes. A un extrême
se trouvent les méthodes dirigistes basées sur la planification centrale. Ce système a prévalu
dans les anciens pays communistes (Union Soviétique, Chine populaire, pays d’Europe de
l’Est). L’organisme central décidait de la production (quels biens, quelles quantités, par quels
moyens) et de l’affectation de la consommation. L’objectif visé était d’assurer le plus grand
bien-être à la population.

Avec la chute du système communiste dès 1991, l’organisation de l’activité économique se fait
surtout à travers le marché. Au lieu d’un organisme central, les décisions sont faites au niveau
de millions d’unités (individus, entreprises). Chaque entreprise décide de sa production
(quantité, facteurs) et de l’affectation de cette production. Les individus décident de la vente de

8
leur force de travail et de l’utilisation des revenus qui en résultent dans leurs choix. Du reste,
les entreprises et les individus sont guidés par leurs seuls intérêts.

Le père fondateur de l’économie, Adam Smith, en 1776, avait déjà stipulé à travers son principe
de « la main invisible » que chaque individu en cherchant son intérêt personnel est conduit par
une main invisible à poser des actes qui participent à l’intérêt collectif : c’est le fondement du
libéralisme économique.

On peut juger désormais la politique menée par les gouvernements en évaluant à quel point le
gouvernement empêche ou permet le fonctionnement de cette main invisible : ou politiques
interventionnistes de l’Etat.

Principe 7 : L’intervention de l’Etat permet de corriger les imperfections du marché

Le marché ne permet pas toujours d’atteindre les objectifs visés par une société, par exemple
l’efficacité. Si le marché ne permet pas l’allocation efficace des ressources, on parle de
défaillance des marchés. Le deuxième cas de mauvaise performance des marchés est lié à la
justice (équité).

La défaillance du marché peut provenir de deux sources :

- en cas de présence d’externalité ;

- en cas de présence du pouvoir de marché.

Une externalité est présente lorsque l’action d’un individu affecte négativement ou
positivement celle d’un autre individu sans que le 1er individu ne paie ou ne reçoive un
dédommagement. Il existe deux types d’externalité : des externalités positives lorsque l’effet
est positif (un passant qui bénéficie de l’ombre d’un arbre qu’il n’a pas planté) ; et des
externalités négatives lorsque l’effet est négatif (c’est le cas par exemple des fumées dégagées
par un automobiliste sur les riverains).

En présence d’externalité positive le coût privé est nettement supérieur au coût social (coût
supporté par la société). L’Etat intervient alors par la subvention pour égaliser le coût privé au
coût social. En présence d’externalité négative, le coût privé est inférieur au coût social. L’Etat
intervient alors à travers la taxe pour égaliser les deux coûts. Ces opérations de l’Etat sont
qualifiées d’opérations d’internalisation de l’externalité.

9
Il y a présence du pouvoir de marché lorsqu’un intervenant peut unilatéralement modifier le
prix du marché. Exemple : le monopole. En situation de pouvoir de marché, l’Etat intervient
pour réglementer voire limiter ce pouvoir à travers les normes de qualité et les prix administrés.

Le fonctionnement de l’économie dans son ensemble

Lorsque l’on passe des individus ou des entreprises à des niveaux agrégés (la nation, le
continent, le monde) on parle d’économie dans son ensemble. A ce niveau on peut étudier
l’évolution de l’économie dans le temps ou comparer les économies nationales entre elles.

Trois principes gouvernent ces fonctionnements globaux.

Principe 8 : Le niveau de vie d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et des
services

Le niveau de vie d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et services. En général
la productivité d’un pays est fonction de 2 types de capitaux :

- le capital physique :

Le capital physique se réfère aux outils de production. Des pays à niveau de vie élevé ont un
stock de capitaux physiques plus important que les pays à niveau de vie faible. Exemple : les
tracteurs et autres outils modernes des pays développés contre des daba dans les pays pauvres.

- le capital humain :

Le capital humain concerne l'ensemble des connaissances, des compétences et des talents acquis
par les travailleurs à travers l'éducation, l'apprentissage et l'expérience. Les pays à niveau de
vie élevé sont ceux qui ont des systèmes de santé et d’éducation les plus développés.

On pourrait aussi citer quelques facteurs non moins importants qui expliquent le niveau de vie
différent des pays. Il s’agit :

• des ressources naturelles qui comprennent tous les facteurs de production qui sont fournis par
la nature comme les terres fertiles, les fleuves, les gisements minéraux, etc.

• du savoir technologique qui regroupe l'ensemble des connaissances applicables au processus


de production. Il recouvre ce que la société connaît du fonctionnement du monde.

Principe 9 : Les prix montent quand le gouvernement fait tourner la planche à bille.

10
Faire tourner la planche à billet, c’est utiliser la création monétaire pour financer l’économie.

L’augmentation de la masse monétaire se traduit à court terme par une augmentation du niveau
général des prix des biens : on parle d’inflation. C’est le cas par exemple du Zaïre de Mobutu.

Principe 10 : A court terme, il y a un arbitrage à faire entre inflation et chômage

L’inflation et le chômage sont deux maux de l’économie. A court terme, on ne peut pas lutter à
la fois contre les deux fléaux ; réduire l’un revient à augmenter l’autre de telle sorte que les
Etats doivent opérer un arbitrage entre les deux.

LES METHODES D’APPROCHE DE LA SCIENCE ECONOMIQUE

La science économique tire sa spécificité de ses méthodes d’analyse.

a. Méthode inductive et méthode déductive

Pour comprendre les faits économiques, deux approches sont envisageables : la méthode
déductive et la méthode inductive.

La méthode déductive consiste à proposer des lois qui font l’objet de vérifications empiriques
a posteriori. A l’inverse, la méthode inductive part de l’observation des faits pour formuler des
lois générales

Cette opposition méthodologique trouve en partie ses sources dans les rapports de la science
économique aux sciences exactes. Pour justifier le statut scientifique de l’économie, de
nombreux économistes appliquent à l’observation des faits économiques des méthodes
mathématiques.

b. Les modèles

Les économistes utilisent des modèles pour comprendre l’économie. Les modèles sont des
théories qui synthétisent, souvent en termes mathématiques, les relations entre variables
économiques. La validité d’un modèle dépend de la pertinence de ses hypothèses et celles-ci,
utiles dans tel cas, peuvent induire en erreur dans tel autre cas. Lorsqu’il utilise un modèle pour
étudier un problème donné, l’économiste ne peut jamais en perdre de vue les hypothèses sous-
jacentes, et il doit, en chaque occasion, réexaminer si ces hypothèses peuvent être
raisonnablement acceptées pour l’objet qui le préoccupe.

11
c. l’approche microéconomie - macroéconomie

L'analyse économique distingue l'analyse macroéconomique de l’analyse microéconomique.

L'analyse macroéconomique ou la macroéconomie consiste en une appréhension globale des


phénomènes économiques. L'analyste raisonne ici sur des comportements généraux
caractérisant des groupes, des sujets économiques et des quantités globales. On dit que la
macroéconomie, c'est l'étude des agrégats (PIB, PNB, taux de chômage, etc.).

L'analyse microéconomique ou la microéconomie part au contraire d'un niveau microscopique


pour étudier la réalité économique en ce sens qu'elle analyse les comportements des unités
économiques les plus élémentaires (consommateur et producteur) ainsi que les modalités de la
formation des prix des biens sur le marché.

Si les agrégats sont la somme des quantités individuelles, le passage d’un type d’analyse à
l’autre soulève d’importantes difficultés ; en effet, beaucoup de propositions qui sont vraies au
niveau des individus ne sont pas vérifiées lorsque l’on considère le système économique dans
son ensemble. Cependant, les fondements de la macroéconomie se trouvent parfois dans la
microéconomie.

d. La pluridisciplinarité de la science économique

La science économique est une science sociale. Pour mieux comprendre le social, la prise en
compte des recherches en sciences humaines est nécessaire, c’est pour cette raison que
l’histoire, la sociologie, l’ethnologie, la démographie par exemple sont indispensables à
l’analyse économique.

En outre, d’autres disciplines scientifiques peuvent aider l’économiste à dégager des régularités.
C’est ainsi que les mathématiques, la statistique, et l’économétrie ont permis de comprendre les
mécanismes économiques.

12
CHAPITRE I : QU’EST-CE QUE LA MICROECONOMIE ?

I. La microéconomie et la science économique

La microéconomie est une branche particulière de l’économie. Définir la microéconomie oblige


donc, préalablement, à circonscrire le champ d’étude de l’économie. L’économiste français
Edmond Malinvaud a proposé la définition suivante de cette discipline : « l’économie est la
science qui étudie comment des ressources rares sont employées pour la satisfaction des besoins
des hommes vivant en société. Elle s’intéresse d’une part aux opérations essentielles que sont
la production, la distribution et la consommation des biens, d’autre part aux institutions et aux
activités ayant pour objet de faciliter ces opérations. ».

I.1. Le caractère scientifique de l’économie

Le premier élément qui doit être retenu de cette définition est la prétention de l’économie à la
scientificité. Qu’implique cette prétention ? Quel critère opérationnel doit satisfaire l’économie
pour pouvoir être qualifié de « science » ? Le philosophe allemand K. Popper a proposé le
critère suivant dit « de réfutabilité ». Pour Popper un énoncé est scientifique s’il existe au moins
une circonstance concevable dans laquelle cet énoncé pourrait être réfuté.
Plus succinctement, un énoncé est scientifique s’il est potentiellement réfutable. Le caractère
potentiel de la réfutation auquel peut être soumis l’énoncé est important. Un critère peut être
potentiellement réfutable mais ne faire, en pratique, l’objet d’aucune réfutation. Dans un tel cas,
l’énoncé sera considéré comme vrai. Ainsi, l’énoncé « la terre tourne autour du soleil » est
réfutable - et donc scientifique - car il est possible de concevoir une expérience qui permettrait
de le réfuter.

Quoiqu’il en soit, beaucoup d’économistes aiment croire que leur discipline est composée
d’énoncés qui obéissent au critère de Popper. Le souci d’aboutir à des propositions réfutables
est à l’origine de beaucoup de résultats théoriques considérés comme importants en
microéconomie.

I.2. Economie et rareté

Le deuxième élément, peut-être plus déterminant, de la définition de Malinvaud est


l’affirmation suivant laquelle l’économie s’intéresse à l’emploi des ressources rares pour
satisfaire aux besoins des êtres humains. Cette affirmation classique, empruntée par Malinvaud

13
à l’économiste américain L. Robbins, met l’accent sur le fait que la rareté constitue l’essentiel
de ce qu’on pourrait appeler « le problème économique ». La rareté résulte en fait de deux
phénomènes indépendants : la quantité limitée des ressources dont dispose les êtres humains et
le caractère insatiables de leurs besoins. Il est important de comprendre que la rareté, et par
conséquent le problème économique, ne se poserait pas si l’un ou l’autre de ces deux
phénomènes n’existait pas.

Les économistes sont aujourd’hui convaincus du caractère universel et inévitable de la rareté.


Le problème économique soulevé par la rareté apparaît donc inexorable et universel. Parce que
ce problème concerne des « ressources » et des « biens », il apparaît opportun d’être quelque
peu précis sur le sens que les économistes donnent à ces termes (qui seront employés comme
synonymes dans ce cours).

I.3. Qu’est-ce qu’un bien ?

En économie, un bien est toute entité, pouvant faire l’objet d’une mesure quantitative, et
susceptible d’intéresser les individus. Un massage thaïlandais, un voyage aux îles Fidji, une
pomme, un taux de radioactivité ambiant, une heure passée avec son ami, sont ainsi des
d’exemples de biens. Du minerai de fer, des heures de travail d’un ingénieur agronome ou de
fonctionnement d’une certaine machine-outil en sont d’autres. Cette définition d’ordre général
englobe ce que le langage courant appellerait un service (masseuse thaïlandaise), ainsi que
beaucoup d’autres choses que l’usage courant hésiterait à qualifier de « bien » (une heure passée
auprès de son ami). Elle recouvre également des ressources - comme le travail d’un ingénieur
agronome ou le minerai de fer - qui ne font que rarement l’objet d’une consommation finale.
Elle concerne également des entités que beaucoup d’entre nous considère comme des nuisances
(taux de radioactivité ambiant).

Il est également important de remarquer que la définition d’un bien peut, si besoin est, impliquer
la définition de la période, du lieu et de l’état de la nature dans lequel le bien en question est
rendu disponible. Un massage thaïlandais consommé à Ouagadougou le 20 mars 2014 alors
qu’il fait soleil dehors n’est pas le même bien que le même massage consommé à Auxerre le 8
février 2014 sous la pluie battante. Cette possibilité de distinguer les biens par la période, le
lieu et l’état de la nature dans lequel ils sont disponibles est très importante à garder en mémoire.
Elle permet d’aborder des problèmes a priori complexes d’allocation intertemporelle des

14
ressources et de choix en situation d’incertitude avec un ensemble homogène d’outils
théoriques.

Ainsi, nous interpréterons les biens comme étant mesurés en nombre d’heures d’accès au
service procuré par le bien par intervalle de temps. Cela implique donc qu’un bien soit mesuré
par une quantité positive ou nulle. Quand nous parlerons d’une certaine quantité de pommes,
nous voudrons en fait dire la quantité du service procuré par le bien pomme pendant un certain
intervalle de temps (une heure, une journée, une semaine, etc.). Dans le cas d’un bien physique
comme la pomme qui se déprécie presque instantanément, la différence entre la quantité de
service fourni par la pomme par intervalle de temps et la quantité physique de pommes apparaît
quelque peu scholastique. Cette distinction devient par contre cruciale lorsqu’on a affaire à des
biens durables – comme les machines à laver, les automobiles ou les téléviseurs.

II. La microéconomie

Selon l’économiste américain David Kreps : « la microéconomie étudie le comportement des


acteurs économiques individuels et l’agrégation de leurs actions dans différents contextes
institutionnels ». Pour compacte qu’elle soit, cette définition peut servir d’utile point de départ
pour la délimitation précise, et plus détaillée, du champ couvert par la microéconomie.

II.1. La microéconomie par rapport à la macroéconomie

On trouve dans la première phrase de l’affirmation de Kreps un élément saillant de cette


discipline qui la distingue de sa consœur, la macro-économie. Toute théorie microéconomique
digne de ce nom doit en effet fournir une explication complète du comportement individuel
d’un acteur.

Pour sa part, la macroéconomie s’intéresse au comportement global résultant de l’ensemble des


comportements individuels des acteurs et ne s’appuie généralement pas sur une théorie
particulière de ces comportements individuels. Plus précisément, il n’est pas de son ressort
d’expliciter ce comportement.

Considérons à titre d’exemple la fameuse fonction de consommation Keynésienne étudiée dans


tous les manuels de macroéconomie élémentaire. Cette fonction de consommation postule que
la consommation totale C (mesurée en monnaie) d’une nation est une fonction linéaire et
croissante du revenu disponible global Yd de cette nation. Formellement :
C = C + cYd
15
où C, est le niveau de consommation autonome (ou incompressible) qui serait observé dans une
nation dont le revenu disponible serait nul et c : est la propension marginale à consommer
(supposée comprise entre 0 et 1).

Cette relation entre la consommation nationale et le revenu disponible national décrite par la
fonction de consommation keynésienne est une relation globale, supposée valable au niveau de
l’économie dans son ensemble. Mise à part la vague idée qu’un individu dont le revenu
augmente tend à accroître sa consommation de biens et services, elle ne repose sur aucune
formulation explicite des comportements individuels dont elle résulte. C’est d’ailleurs en partie
pour cette raison que la macroéconomie traditionnelle d’inspiration Keynésienne a été critiquée
dans les trente dernières années.

En réponse à ces critiques, la macroéconomie moderne est devenue beaucoup plus soigneuse
quant à la prise en compte des comportements individuels. Ce faisant, elle s’est rapprochée de
la microéconomie à qui elle a concédée une espèce de « primauté théorique ».

Dire que la microéconomie cherche à expliquer le comportement des acteurs individuels est
certes insuffisant. Il nous faut encore préciser le type d’acteurs dont il s’agit et la manière dont
leur comportement est envisagé. La description du comportement individuel de quelque entité
que ce soit fait en général intervenir trois ingrédients :
- l’objectif poursuivi par l’acteur individuel et qui est affecté par le comportement
adopté ;
- la nature physique du comportement et les contraintes qui limitent l’étendue des
comportements possibles ;
- la mesure avec laquelle le comportement est adéquat par rapport à l’objectif poursuivi
(c’est à dire toute la question de la rationalité du comportement individuel).

Les acteurs individuels qu’étudie la microéconomie se distinguent tant par leur rapport au
premier ingrédient qu’au second. Par contre la microéconomie fait montre d’une remarquable
homogénéité dans son traitement du troisième ingrédient.

II.2. La microéconomie et l’hypothèse de rationalité de l’acteur


Elle suppose en effet que l’acteur, quel qu’il soit, choisit toujours la ou les actions qui, parmi
celles qui lui sont disponibles, lui permettent d’atteindre le mieux possible l’objectif qu’il
poursuit. Cette hypothèse de rationalité du comportement individuel est fondamentale en
microéconomie. Elle est d’ailleurs souvent mal comprise, sans doute à cause du sens particulier

16
que la microéconomie donne au terme de « rationalité ». En d’autres termes, la notion de
« rationalité » postulée en microéconomie est une notion de « rationalité de l’acte par rapport à
l’objectif » ; elle n’est pas une notion de rationalité de l’objectif. Aucun objectif prêté à un
acteur en microéconomie n’est rationnel (ou irrationnel). Le terroriste qui fait exploser
froidement un Boeing 747 avec 350 passagers à bord peut être jugé rationnel par un micro-
économiste si on peut démontrer que le recours à un tel acte représente le meilleur moyen dont
dispose ce terroriste pour atteindre son objectif. Les décisions de consommer de l’héroïne, de
quitter l’école à l’âge de 14 ans, ou de braquer une banque peuvent également être jugées
« rationnelles » par la microéconomie si on peut trouver, pour chacune de ces décisions, un
objectif que cette décision satisfait au mieux compte tenu des choix disponibles.

Est-ce à dire pour autant que n’importe quel comportement peut être jugé rationnel en
microéconomie ? Si tel était le cas, l’hypothèse de rationalité ne serait pas d’une grande utilité
puisqu’elle serait compatible avec n’importe quel comportement logiquement concevable. En
particulier, elle ne pourrait conduire à aucun énoncé réfutable au sens de Popper et perdrait, en
vertu de ce qui a été dit plus haut, tout crédit de « scientificité ». Mais il se trouve que, tout en
étant très général et compatible avec un grand nombre de comportements que le langage
commun hésiterait à qualifier de « rationnels », la conception microéconomique de la rationalité
restreint le champ des comportements observables possibles. Tout comportement n’est pas
nécessairement rationnel pour la microéconomie.

Pour arriver à restreindre le champ des comportements possibles, on fait presque toujours
l’hypothèse que l’objectif que vise à satisfaire le comportement d’un acteur possède un
minimum de cohérence interne. La propriété logique qui joue un rôle fondamental à cet égard
est la notion de transitivité. Tout objectif d’un acteur sera donc supposé avoir la propriété de
générer un classement transitif de tous les objets de choix (A doit toujours mieux satisfaire
l’objectif de l’acteur que C dès lors que B satisfait mieux l’objectif que C et que A satisfait
mieux l’objectif que B). Ayant en tête cette notion de rationalité, identifions les grandes
catégories d’acteurs auxquelles s’intéresse la microéconomie.

II.3. Les principaux acteurs économiques individuels

Pour les fins de ce cours, il est largement suffisant de distinguer entre deux grandes catégories
d’acteurs individuels : le consommateur et le producteur. Certaines analyses font également
intervenir l’Etat mais elles ne seront qu’épisodiques dans ce cours.

17
Le consommateur

Un consommateur est un agent qui choisit de consommer des quantités de différents biens et de
mettre à la disposition des entreprises certaines ressources dont il dispose initialement (temps
disponible au travail, terre, talents, épargne antérieure, etc.). Un consommateur est typiquement
un individu. Mais il peut également être un ménage composé de plusieurs individus qui
prennent ensemble leur décision de consommation et d’offre de services productifs.

Le consommateur se distingue du producteur par le fait que ses décisions d’achat de biens et
d’offre de services productifs ne sont motivées que par la satisfaction ultime que retirent le ou
les individus qui prennent ces décisions. C’est donc la « satisfaction » individuelle qui est
l’objectif que vise à satisfaire l’acte de consommation. La nature de cette « satisfaction »
recherchée par le consommateur n’est pas précisée par la microéconomie. On fait l’hypothèse
que le consommateur est capable de comparer les combinaisons de biens qu’il peut se procurer
(y compris, comme nous le verrons, toutes les quantités de services productifs qu’il peut mettre
à la disposition des entreprises) en termes de la satisfaction qu’il retire de la consommation de
ces combinaisons. On suppose en outre toujours que ces jugements comparatifs des
combinaisons de biens en termes de la satisfaction qu’ils procurent satisfont trois propriétés
logiques : la réflexivité (une combinaison offre toujours au moins autant de satisfaction qu’elle
même), la complétude (n’importe quelles deux combinaisons de biens peuvent être comparées
sur la base de la satisfaction qu’ils procurent) et la transitivité. Comme nous l’avons noté plus
haut, cette hypothèse de transitivité des préférences du consommateur est essentielle pour que
l’hypothèse de rationalité du consommateur ne soit pas une tautologie compatible avec
n’importe quel comportement possible.

Un acte de consommation n’est rien d’autre que le choix d’une combinaison (appelée souvent
panier) de différents biens parmi un ensemble de combinaisons que ce consommateur peut se
procurer. Deux genres de contraintes limitent en pratique les combinaisons de biens que peut
se procurer le consommateur. Le premier type de contrainte est celle qu’imposent les lois de la
biologie et de la physique. Ainsi, il est impossible à un individu de consommer des
combinaisons de biens qui contiennent moins de deux litres d’eau par semaine tout en restant
vivant. L’ensemble des combinaisons de biens qui satisfont ces contraintes biologiques et
physiques est appelé ensemble de consommation du consommateur. Peut-être plus importante
(pour l’économiste) est la contrainte économique qui limite les choix du consommateur. Cette
contrainte résulte du fait que le consommateur dispose d’une richesse limitée et que pour se

18
procurer une unité d’un bien, il doit en général payer un prix qui, dans la majeure partie de la
théorie économique, est supposé échapper au contrôle du consommateur. Plus précisément, on
dit souvent que le consommateur considère les prix des différents biens qu’il peut consommer
comme donnés.

Le producteur

Le producteur - appelé souvent entreprise ou firme - est un agent chargé de mettre en œuvre des
activités productives et d’écouler sur le marché la production qui résulte de ces activités.
Comme dans le cas du consommateur, cette définition est abstraite et ne dit rien de la structure
juridique de l’entreprise (i.e. le fait qu’il s’agisse d’une entreprise familiale, d’une société privée
cotée en bourse ou d’une entreprise publique). Une activité productive est simplement une
spécification précise des quantités de différents biens produits et des différentes ressources
utilisées pour produire ces biens.

En terme économique, un bien produit par une firme est appelé output, ou extrant tandis qu’une
ressource utilisée par la firme est appelée input, intrant ou facteur de production. Une activité
productive particulière peut ne pas être techniquement réalisable. L’ensemble des activités
productives techniquement possibles pour une firme est habituellement appelé son ensemble de
production. Cet ensemble impose une première contrainte, technologique, sur les actions que
peut effectuer une firme.

De manière générale, on peut dire que les actions qui sont choisies par une firme concernent les
activités productives ainsi que le prix des intrants et des extrants intervenant dans ces activités.
Les contraintes qui limitent les choix de la firme sont celles que lui impose la technologie, qui
spécifie son ensemble de production, et la structure de marché.

II.4. L’agrégation des comportements individuels dans les contextes institutionnels

Comme l’énonce la définition de Kreps, la microéconomie ne se borne pas à l’étude du


comportement individuel des acteurs économiques. Elle étudie également le résultat de
l’interaction de ces comportements dans différents contextes institutionnels. Un contexte
institutionnel n’est rien d’autre que l’environnement commun dans lequel les acteurs
économiques individuels prennent leur décision. Cet environnement spécifie comment les
configurations d’actions individuelles seront transformées en conséquences finales pour chacun
des acteurs.

19
La notion d’équilibre

Une tâche importante de l’analyse microéconomique est de prédire ce que pourra être le résultat
du comportement simultané des acteurs individuels dans un même contexte constitutionnel.
L’outil théorique privilégié à cet égard est l’analyse en termes d’équilibre. De manière générale,
un équilibre est une situation dans laquelle chaque acteur individuel atteint au mieux son
objectif particulier étant données les actions entreprises par les autres acteurs et le contexte
institutionnel qui les délimite. Exprimé autrement, un équilibre est une situation dans laquelle
aucun acteur individuel n’a d’intérêt particulier à modifier son comportement. A un système de
prix d’équilibre, les décisions individuellement optimales des uns et des autres sont par
définition mutuellement compatibles. Pour chaque bien de l’économie, la quantité totale de ce
bien que souhaitent consommer l’ensemble des consommateurs est, à l’équilibre, précisément
égale à la quantité totale de ce bien produite par les entreprises et/ou vendue par les
consommateurs qui en détiendraient initialement des quantités positives.

Equilibre et statique comparative

Mais l’insistance parfois trop importante que mettent les économistes sur les situations
d’équilibre n’est pas exempte de tout vice. En particulier, elle tend à occulter tous les
phénomènes de transition qu’entraîne le passage d’une situation d’équilibre à une autre. L’étude
du passage d’un équilibre à un autre est parfois appelée statique comparative. Comme son nom
l’indique, la statique comparative consiste en une comparaison de deux situations (statiques)
d’équilibre distinctes.

La statique comparative répond ainsi à des questions de type : Qu’est-ce qui arrive à la
consommation (d’équilibre) de sucre en poudre lorsque le revenu des consommateurs augmente
? Comment variera la quantité consommée (d’équilibre) de véhicules à carburant diesel suite à
une certaine augmentation de la taxe actuellement prélevée sur ce type de carburant ?

Quand les micro-économistes répondent à des questions de ce genre, ils comparent deux
situations d’équilibres : celle prévalant avant le changement examiné et celle prévalant après le
changement. Toutes les situations intermédiaires que doit traverser le système économique pour
passer de la situation d’équilibre initiale à la situation d’équilibre finale, et la possibilité même
d’atteindre la nouvelle situation d’équilibre sont complètement ignorées par l’analyse. Or il
n’est pas clair que cette négligence soit toujours sans conséquences.

20
CHAPITRE II : DEMANDE, OFFRE ET EQUILIBRE MICROECONOMIQUE

I. Demande et quantité demandée

La quantité demandée d'un bien qu'un consommateur est prêt à payer dans une période donnée
est fonction ou dépend du prix de ce bien, de son revenu monétaire, du prix des autres biens et
de ses goûts.

I.1. Le barème de demande


En faisant varier le prix d'un bien X considéré tout en gardant constants le revenu monétaire,
les goûts du consommateur et le prix des autres biens (hypothèse ceteris paribus), nous
obtenons le barème de demande (table de demande) du bien de la personne concernée.
Barème de demande
Prix (en francs par unité) Quantité demandée (en unités)
100 45
90 50
80 55
70 60
60 65
50 70
40 75

La table de demande du consommateur pour le bien X établit l'éventail des différentes quantités
de bien X qu'il est prêt à acheter aux différents prix possibles de ce bien, toutes choses égales
par ailleurs.

I.2. La courbe de demande


La représentation graphique de cette table de demande donne la courbe de demande suivante :
Prix
(en 120
francs
100
par
unité) 80

60

40

20

0
45 50 55 60 65 70 75
Quantité demandée (en unités)

21
Dans le barème de demande, on constate que plus le prix est bas, plus la quantité demandée par
le consommateur est élevée. Cette relation inverse entre prix et quantité se reflète dans
l'inclinaison négative de la courbe de demande. Sauf dans des cas exceptionnels, la courbe de
demande a toujours une inclinaison négative, ce qui indique que plus le prix d'un bien est bas,
plus on en achète. C'est la loi de la pente négative de la courbe de demande.

Une courbe de demande est un graphique montrant l'évolution sur une période donnée, de la
quantité demandée d'un bien en fonction des variations du prix de ce bien, tous les autres
facteurs demeurants constants par ailleurs.

II. L'offre et la quantité offerte


II.1. Le barème d'offre
Un barème d'offre est un tableau montrant l'évolution sur une période donnée de la quantité
offerte d'un produit en fonction de son prix, tous les autres facteurs demeurants constants par
ailleurs.
Barème de l'offre
Prix (en francs par unité) Quantité offerte (en unités)
100 90
90 80
80 70
70 60
60 50
50 40
40 30

II.2. La courbe d'offre

22
Une courbe d'offre est un graphique montrant l'évolution sur une période donnée de la quantité
offerte d'un bien en fonction des variations du prix de ce bien, toutes choses égales par ailleurs.
La courbe d'offre a une pente positive puisque la quantité offerte augmente en même temps que
le prix.

a. L'équilibre de l'offre et de la demande


La détermination de l'équilibre, c'est à dire de la quantité d'équilibre et du prix d'équilibre peut
se faire de trois façons différentes.
i. par les barèmes d'offre et de demande
Prix (en FCFA Quantité demandée Quantité offerte Surplus ou Evolution du
par unité) (en unités) (en unités) pénurie prix
100 45 90 Surplus Baisse
90 50 80 Surplus Baisse
80 55 70 Surplus Baisse
70 60 60 Ni l'un, ni l'autre Constant
60 65 50 Pénurie Augmente
50 70 40 Pénurie Augmente
40 75 30 Pénurie Augmente
On constate que le prix d'équilibre est égal à 70 FCFA/unité et la quantité d'équilibre, 60 unités.
ii. par les courbes d'offre et de demande
Traçons les courbes d'offre et de demande sur un même graphique, nous pouvons déterminer
graphiquement les prix et quantité d'équilibre.

Dans cet exemple, les deux courbes D et O se croisent en un seul point E. Au prix correspondant
à ce point (70 FCFA), la quantité demandée est égale à la quantité offerte. C'est le point

23
d'équilibre. Si le prix baisse (de 70 à 50 FCFA) l'offre baissera à 40 (point J) alors que la quantité
demandée passera à 70 (point G). La demande sera donc supérieure à l'offre, (D>O), ce qui
créera une pénurie de 70-40 = 30

Lorsque le prix augmente (de 70 à 100 FCFA), la quantité offerte passe à 90 (point A) tandis
que la quantité demandée baisse à 45 (point A") ; l'offre devient supérieure à la demande (O>D),
ce qui crée un surplus de 90-45 = 45

A 70 FCFA, la quantité offerte, soit 60) est égale à la quantité demandée. C'est donc ce prix et
cette quantité qui correspondent au prix d'équilibre et à la quantité d'équilibre du marché du
bien X.

Dans un système, l'équilibre prévaut lorsque les forces inhérentes ne provoquent pas de
changement.

iii. par la solution algébrique


La solution algébrique est la suivante :
Soit la fonction d'offre suivante, représentant la courbe d'offre : 𝑄𝑆𝑥 = 𝑎𝑃𝑥 + 𝑏
Et la fonction de demande, représentant la courbe de demande : 𝑄𝐷𝑥 = 𝑎′𝑃𝑥 + 𝑏′.
L'équilibre est obtenu lorsque : 𝑄𝑆𝑥 = 𝑄𝐷𝑥 , c'est à dire lorsque 𝑎𝑃𝑥 + 𝑏 = 𝑎′𝑃𝑥 + 𝑏′
( 𝒃′ − 𝒃)
(𝑎 − 𝑎′ )𝑃 = ( 𝑏 ′ − 𝑏) ⇒ 𝑷∗ =
(𝒂 − 𝒂′)
( b'-b) ab '− ab + ba − a ' b ab '− a ' b ab '− a ' b
Q* = a +b = = d'où Q* =
(a- a') a −a' a −a' a −a'
Il faut noter que a ≠ a' pour l’existence de P* et Q*.

iv. Les différents types d'équilibre

Il existe trois types d'équilibres : l'équilibre stable, l'équilibre instable et l'équilibre métastable
a) équilibre stable
Une situation est en équilibre stable lorsqu'une déviation quelconque nous éloignant de
l'équilibre met en jeu sur le marché des forces qui nous ramènent vers l'équilibre.
b) équilibre instable
On dit d'une situation d'équilibre qu'elle est instable si une déviation quelconque, nous éloignant
de l'équilibre met en jeu sur le marché des forces qui nous éloignent encore plus de l'équilibre.
Pour qu'un équilibre instable apparaisse, il faut que la courbe d'offre du marché ait une
inclinaison négative et une pente moins forte que la courbe de demande du marché dont
l'inclinaison est aussi négative.
24
c) équilibre métastable
Une situation d'équilibre est métastable lorsque la courbe d'offre et celle de demande ont la
même pente, c'est-à-dire lorsqu'elles sont confondues.

b. Les déplacements de l'offre, de la demande et de l'équilibre


L'équilibre peut rompre du fait de l'influence d'un certain nombre de facteurs externes.

i. Le déplacement de la courbe de demande


Une variation du prix d'un bien provoque un déplacement le long d'une courbe de demande fixe.
A l'opposé, une variation de l'un des facteurs susceptibles d'influencer sur la demande de ce
produit provoquera le déplacement de la courbe de demande.

Les principaux facteurs susceptibles de changer la position de la courbe de demande sont : le


revenu du consommateur ; la population ; l'effet de la publicité ; la variation du prix des produits
connexes.

ii. Le déplacement de la courbe d'offre


a) la taille de l'industrie : à prix constant, une augmentation du nombre de producteurs
de pain entraîne une hausse de la quantité de lait mise sur le marché.
Exemple : si à 70 FCFA l'unité, chaque producteur désire produire 1000 unités de pain par an,
50 boulangers produiront 50.000 unités de pain tandis que 20 boulangers ne produiront que
20.000 unités de pain.

Ainsi, la courbe d'offre se dirigera vers la droite sans modification de la courbe de demande. Le
point d'équilibre passe de Eo à E1. Le prix d'équilibre baisse de Po à P1 et la quantité d'équilibre
augmente de Qo à Q1. Inversement, lorsque le nombre de producteurs baisse, la courbe d'offre
se dirige vers l'intérieur. Le point d'équilibre passe de E'o à E'1. Le prix d'équilibre augmente
de P'o à P'1 et la quantité d'équilibre baisse de Q'o à Q'1.

25
De manière générale, tout facteur qui provoque un déplacement à gauche de la courbe d'offre
sans modifier la courbe de demande, entraîne une hausse du prix d'équilibre et une baisse de la
quantité d'équilibre.

b) le progrès technologique : l'évolution de la technologie est aussi un facteur susceptible


de faire déplacer la courbe d'offre. Une hausse de la technologie induit un déplacement
à droite de la courbe d'offre.

c) le prix des facteurs de production : une variation du prix des facteurs de production
d'un bien entraîne un déplacement de la courbe d'offre de ce bien. Exemple : une hausse
du prix de la farine de blé provoque un déplacement de la courbe d'offre du pain vers la
gauche.

d) le prix des produits connexes : soit deux produits connexes : le lait et le fromage. Une
hausse subite du prix du fromage peut entraîner une offre plus importante de ce produit,
et par conséquent, une baisse de la quantité offerte du lait. Dans ces conditions, la courbe
d'offre du lait se déplacera vers l'intérieur.

c. Surplus du consommateur et rente (ou surplus) du producteur

Le surplus du consommateur représente l’avantage que l’acheteur tire de sa consommation au


prix fixé par la loi de l’offre et de la demande. L’existence du surplus est liée à la pente
décroissante de la courbe de demande, étant donné qu’un consommateur valorise fortement les
premières unités d’un bien désiré et beaucoup moins les unités suivantes.

Graphique : Surplus du consommateur et rente du producteur


Le surplus du consommateur est donc égal à la
différence entre la somme de monnaie maximale
qu’il est disposé à payer pour obtenir une certaine
quantité d’un bien et la dépense qu’il supporte
effectivement compte tenu du niveau auquel s’est
fixé le prix d’équilibre du marché. Le surplus
s’apparente donc à un « gain psychologique » ou à
une « épargne », réalisé par les consommateurs du
fait de la concurrence des producteurs (le graphique
sur le surplus du consommateur et producteur).

26
E = prix imposé par le marché mais nous sommes prêts à prendre quatre biens à 9F or le
marché nous propose plus à 6 F.

Le graphique ci-dessus montre que le prix d’équilibre du marché est de P* = 6 F, et que la


quantité demandée des biens à l’équilibre est de 70 unités, la courbe de demande indique
pourtant que le consommateur est prêt à payer 10 F pour acquérir 30 unités de bien (point A) ;
mais il ne débourse actuellement que 6 F pour cela, et même, il dispose en prime une quantité
supérieure c'est-à-dire 70 unités. Autrement dit le consommateur gagne (10 – 6) = 4 F s’il
souhaite acquérir 30 unités de biens. De même s’il souhaite acquérir 40 unités de bien, il réalise
un surplus de 9 – 6 = 3 F ; et le raisonnement peut ainsi se poursuivre pour obtenir le surplus
total du consommateur.

Le surplus total est donc représenté par la partie hachurée correspondant à la différence entre la
surface OQ* EB et OQ*EP*. Cette différence est donnée par la surface du triangle :

𝑃∗𝐸 ×𝐵∗𝑃 70 × 6
𝐵𝐸𝑃 ∗= = = 210 = 𝑠𝑢𝑝𝑙𝑢𝑠 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙
2 2

Si l’on considère des fonctions continues, en prenant comme équation de demande la relation
P = f(Q), et si P* et Q* sont les quantités et prix d’équilibre, le surplus monétaire du
consommateur s’exprime en terme monétaire comme suit :

𝑄∗
𝐶𝑠 = ∫ 𝑓(𝑄)𝑑𝑞 − 𝑃 ∗ 𝑄 ∗
0

Le raisonnement s’applique en sens inverse dans le cas du producteur pour obtenir sa rente ou
surplus du producteur. Le graphique montre que si le prix du marché est P* = 6F, le producteur
de vend une quantité Q* = 70 unités de biens. La courbe d’offre indique pourtant que le
producteur est prêt à accepter 3F pour offrir 40 unités de bien, mais que le consommateur
préfère lui payer 6F plutôt que 3 F. En poursuivant le raisonnement, la rente totale du producteur
est représentée par la partie hachurée correspondant à la différence entre la surface OQ*EP* et
OQ*EA. Cette différence est donnée par la surface du triangle AEP* qui est égale à

𝑃 ∗ 𝐴 × 𝑃 ∗ 𝐸 4 × 70
= = 140 𝐹
2 2

En général cette valeur de la rente pour les entreprises peut également être obtenu par
l’expression : rente = Profit + CF où CF = coûts fixes

27
III. La mesure des élasticités

L’élasticité mesure la sensibilité de la demande ou de l’offre suite à une variation du prix des
biens ou du revenu du consommateur. On distingue deux types d’élasticités : l’élasticité de la
demande et l’élasticité de l’offre.

III.1. L’élasticité de la demande

a. Elasticité de la demande par rapport au prix

a1. Elasticité-prix directe de la demande


L’élasticité-prix directe de la demande mesure la sensibilité de la demande d’un bien suite à
une variation du prix de ce bien. C’est le rapport de la variation relative de la quantité demandée
d’un bien X à la variation relative du prix de ce bien :
Q X
QX Q X PX
 XX = = .
PX PX Q X
PX

En général, l’élasticité-prix directe est négative.

- si −   XX  −1 ou  XX  1 , on dit que la demande est élastique ; une variation du prix

du bien X entraîne une variation plus que proportionnelle de la demande du bien X en sens
inverse.

- si −1   XX  0 ou  XX  1 , on dit que la demande est inélastique ; une variation du prix

du bien X entraîne une variation moins que proportionnelle de la demande du bien X en


sens inverse.

- si  XX = −1 ou  XX = 1 , on dit que la demande est d’élasticité unitaire ; une variation du


prix du bien X entraîne une variation proportionnelle de la demande du bien X en sens
inverse.

Recette et élasticité-prix de la demande (recette ou chiffre d’affaire)


La recette est le montant total payé par les acheteurs et reçu par les vendeurs d’un bien. Elle est
définie par : R = p*q

Si la courbe de demande est décrite par la fonction q(p) alors la recette est une fonction de p :
R(p) = p*q(p)

28
Les variations de la recette touchent à la fois le porte-monnaie du consommateur et le profit du
producteur. Il est donc important de les étudier. Ces variations dépendent du niveau de
l’élasticité-prix de la demande :

𝑑𝑅(𝑝) 𝑑𝑞 𝑝 𝑑𝑞
𝑅 ′ (𝑝)𝑜𝑢 = 𝑞(𝑝) + 𝑝 = 𝑞(𝑝) [1 + ∙ ]
𝑑𝑝 𝑑𝑝 𝑞(𝑝) 𝑑𝑝
𝑹′ (𝒑) = 𝒒(𝒑)(𝟏 + 𝝐) = 𝒒(𝒑)(𝟏 − |𝝐|)
- si |𝜖| < 1 𝑜𝑢 (1 − |𝜖|) > 0 alors R’(p) > 0 ; si la demande est rigide, une augmentation
du prix génère une augmentation de la recette (et une baisse du prix, une baisse de recette) ;
- si |𝜖| > 1 alors R’(p) < 0 ; si la demande est très élastique, c’est-à-dire très sensible au
prix, une hausse réduit la demande à un point tel que la recette diminue.

a2. Elasticité-prix croisée de la demande

L’élasticité-prix croisés de la demande mesure la sensibilité de la demande d’un bien suite à


une variation du prix d’un autre bien.

C’est le rapport de la variation relative de la quantité demandée d’un bien X (en pourcentage)
à la variation relative du prix d’un bien Y (en pourcentage) :

Q X
QX Q X PY
 XY = = .
PY PY Q X
PY

- Si,  XY  0 , les deux biens X et Y sont substituables : la variation du prix du bien Y


entraîne une variation de la demande du bien X dans le même sens.

- Si,  XY  0 , les deux biens X et Y sont complémentaires ; la variation du prix du bien Y


entraîne une variation de la demande du bien X dans le sens inverse.

- Si,  XY = 0 , les deux biens X et Y sont neutres ou indépendants ; la variation du prix du


bien Y n’a aucun effet sur le bien X.

b. Elasticité-revenu
Elle mesure la sensibilité de la quantité demandée d’un bien à une variation de revenu des
consommateurs.

29
Classification des biens suivant l’élasticité-revenu :

III.2 L’élasticité de l’offre par rapport au prix

L’élasticité de l’offre par rapport au prix ou élasticité-prix de l’offre mesure la réponse de la


quantité fournie aux changements de prix. Elle est obtenue en divisant la variation en
pourcentage de la quantité offerte par la variation en pourcentage du prix. Soit  l’élasticité-
prix de l’offre :

QXO
QXO QXO PX
 XX = = .
PX PX QX0
PX

L’offre d’un bien est dite élastique si la quantité fournie évolue substantiellement en cas de
changement de prix. L’offre est qualifiée de rigide si la quantité fournie n’est que peu affectée
par un changement de prix.

30
CHAPITRE III : LE COMPORTEMENT DU CONSOMMATEUR

Les besoins que nous éprouvons provoquent en nous des désirs, et ces désirs nous poussent à
nous procurer les services que peuvent nous rendre des biens ou des personnes.

I. L'utilité économique
Comment peut-on qualifier les biens et les actes capables de donner satisfaction à nos désirs ?
Dirons-nous qu'ils nous sont utiles ? Dans la langue ordinaire, le mot utile est pris dans un sens
spécial et s'oppose à ce qui est superflu, ou simplement agréable, ou nuisible soit au point de
vue physique, soit au point de vue moral. On ne dit pas que la morphine soit utile au
morphinomane, encore qu'elle fasse l'objet d'un ardent désir de sa part.

Les économistes ont donc proposé à la place du mot utilité celui d'utilité économique. L'utilité
économique d'un bien pour un individu, c'est l'intensité du désir que cet individu éprouve de se
procurer ce bien à un moment donné et dans des conditions déterminées. En d'autres termes,
c'est l'importance pratique qu'il lui accorde à un moment précis de sa vie à cause de la jouissance
qu'il en attend.

L'utilité économique d'un bien présente les caractères suivants :

▪ l'utilité est subjective. Comme le dit Ch. Gide, « elle naît seulement quand le désir
s'éveille, elle s'évanouit sitôt qu'il s'éteint. Elle le suit et se promène avec lui de chose
en chose comme l'ombre suit le papillon et ne demeure que là où il se pose ».
▪ elle est liée au caractère économique des biens : les biens économiques (biens appropriés
susceptibles d'être vendus ou achetés, ont seuls une utilité économique. Les richesses
englouties dans les océans peuvent faire l'objet de nos désirs mais tant que ces désirs
sont irréalisables, ils n'ont aucune utilité économique.
▪ l'utilité économique d'un bien dépend de la quantité de ce bien et de l'intensité du besoin
ou des besoins à satisfaire.
On suppose que le consommateur peut mesurer l'utilité qu'il retire de la consommation des biens
et il exprime par un nombre la quantité d'utilités qui résultent de ses choix.

Considérons un consommateur dont les achats portent sur plusieurs produits X, Y, le


raisonnement pouvant être généralisé au cas de n produits. La satisfaction ou l'utilité éprouvée
par le consommateur dépend des quantités de X et de Y dont il peut disposer. Autrement dit,
l'utilité U qu'il obtient est fonction des quantités consommées des biens.
31
U = f(x, y) avec x et y, les quantités respectives des biens X et Y

I.1. Utilité totale et utilité marginale des biens

a. Utilité totale
Définition : l'utilité totale est la somme des utilités associées à une quantité consommée des
biens. En termes monétaires, l'utilité totale d'une quantité de biens correspond à la somme
maximale que le consommateur est prêt à payer à l'échange de ses biens.

Considérons le cas d'un consommateur qui décide d'acheter deux types de biens : les biens X et
Y. soit x et y les quantités de chacun des biens achetés par le consommateur. Le couple (x,y)
définit un vecteur de consommation (panier de consommation).

Soit u(x), l'utilité associée à la consommation du bien X, v(y), l'utilité associée à la


consommation du bien Y. L'utilité totale résultant de la combinaison de X et Y sera :

U = u(x) + v(y)

Exemple : le tableau suivant donne le nombre d'utilité associée à la consommation de chaque


quantité Q.

Qx 0 1 2 3 4 5 6
UTx 0 12 20 27 33 36 38
Qy 0 1 2 3 4 5 6
VTy 0 20 30 37 41 43 44

Dans cet exemple, l'utilité totale associée à la consommation de chacun des biens croît avec la
quantité consommée. Ce tableau est une explication de la fonction d'utilité du consommateur.
On peut calculer l'utilité associée à tout couple ou tout vecteur de consommation. Ainsi, par
exemple, lorsque le consommateur achète 4 unités du bien X et 2 unités du bien Y, son utilité
totale est : UT = u(4) + v(2) = 33 + 30 = 63 utilités

De même, 3 unités de X et 5 unités de Y permettent d'obtenir l'utilité totale :

UT = u(3) + v(5) = 27 + 43 = 70 utilités

On peut dire que l'utilité associée aux vecteurs de consommation (4,2) est inférieure à l'utilité
associée à (3,5). Le consommateur préfère le second vecteur de consommation au premier.

32
b. Utilité marginale
Définition : l'utilité marginale d'un bien est égale à l'accroissement d'utilité ajoutée par
consommation supplémentaire d'une unité du bien, les quantités consommées des autres biens
restant inchangées. En termes monétaires, l'utilité marginale d'un bien pour un consommateur
équivaut à la somme qu'il est prêt à payer en échange d'une unité additionnelle du bien.

Soit Umx = UTx


x

Exemple. A partir du tableau suivant, déterminer l'Um du bien Y.

Qy 0 1 2 3 4 5 6 7
UTy 0 20 35 45 53 55 55 52
Umy - 20 15 10 8 2 0 -3

Remarque 1 : l’utilité marginale du bien Y diminue à mesure que son UT augmente. C'est
« l'hypothèse de décroissance de l'Um », première loi de Gossen (psychologue allemand).

L'hypothèse de décroissance de l'Um traduit l'idée simple : lorsqu'on dispose d'une petite
quantité d'un certain bien, une unité supplémentaire de ce bien apportera un supplément de
satisfaction plus important que si on dispose déjà d'une quantité importante du même bien.

Exemple : ne disposant que d'1 litre d'eau par jour dans le désert, le voyageur égaré verra sa
satisfaction augmenter de manière considérable s'il vient à disposer d'1 litre d'eau
supplémentaire. Arrivé à un oasis où il dispose d'une quantité d'eau plus importante, 1 litre d'eau
supplémentaire augmentera faiblement sa satisfaction.

Remarque 2 : l'Um(y) = 0 à partir d'un certain seuil : le seuil de satiété (ou seuil de saturation)
ou point de satiété (Qy=6). Au-delà de ce point, l'Um peut devenir négative, c'est-à-dire qu'elle
peut entraîner plus de désagrément (désutilité) que de satisfaction U.

Exemple : dans le cas du voyageur dans le désert, on peut imaginer la situation où l'eau est
devenue un bien tellement abondant que le consommateur en dispose jusqu'à un point de satiété
où le litre supplémentaire ne lui apporte aucune utilité.

33
Représentation graphique de UTy et Umy

UTy 60 Seuil de satiété


saturation
50
UTy
40

30

20

10

0
0 1 2 3 4 5 6 7
Y

Umy 25

20

15

Umy
10

0
0 1 2 3 4 5 6 7
-5
Y

Mais l'utilité est psychologique et imaginaire, impossible à évaluer.

II. Les courbes d'indifférence

L'analyse ordinale apparaît au départ plus satisfaisante puisqu'elle se débarrasse de l'hypothèse


selon laquelle l'utilité que l'on retire de la consommation de diverses quantités de biens est
susceptible d'être mesurée. Le point de départ de l'analyse ordinale de l'utilité est une
représentation des préférences du consommateur qui est une simple classification. La théorie
du consommateur s'appuie sur une hypothèse fondamentale de l'ordre. On suppose que le
consommateur peut classer dans un certain ordre selon ses préférences tous les ensembles de
biens possibles. Le consommateur est toujours en mesure d'exprimer une préférence pour X ou
Y ou éventuellement de les trouver équivalents.

Les vecteurs de consommation possible étant classés par le consommateur, selon sa relation de
préférence, celui-ci peut regrouper ceux qu'il considère comme équivalents (qui lui procurent
la même satisfaction) : les ensembles ainsi obtenus sont appelés des classes d'équivalence.

34
Dans le cas où il n'y a que deux biens (les quantités des autres biens étant supposés fixes), ces
classes peuvent être représentées par des courbes appelées courbes d'indifférence.

Définition : la courbe d'indifférence est l'ensemble formé par les vecteurs de consommation ou
de paniers de biens qui procurent une satisfaction identique à l'individu.

La courbe d'indifférence est donc un ensemble de vecteurs de consommation indifférents deux


à deux. Géométriquement, la représentation d'une telle courbe est la suivante :

Y E

B U3
A U2
C
D U1

X
xD xB

Les points A et B correspondent à des vecteurs de consommation jugés équivalents par le


consommateur. Au point A, le consommateur dispose d'une quantité relativement importante
du bien X, et relativement faible du bien Y par comparaison avec le point B. Ces combinaisons
sont également équivalentes à tous les points situés sur la courbe d'indifférence passant par A
et B (exemple le point C). par contre, les points D et E ne sont pas situés sur la courbe
d'indifférence en question. Le point D correspond à un niveau de satisfaction moindre : B et
tous les vecteurs qui lui sont indifférents sont strictement préférés à D.

Il existe une infinité de courbes d'indifférence qui relient les classes d'équivalence. A chaque
courbe d'indifférence correspond un niveau de satisfaction possible.

Sur la figure, les courbes d'indifférence de niveaux d'utilité U1, U2, U3 correspondent à des
niveaux de satisfaction croissants du consommateur. La satisfaction du consommateur va
augmenter au fur et à mesure que l'on passe à des courbes d'indifférence situées plus haut vers
la droite (soit U3 > U2 > U1). L'ensemble des courbes d'indifférence s'appelle une carte
d'indifférence.

On distingue généralement 5 propriétés des courbes d'indifférence :


1. les courbes d'indifférence passent par chaque point de l'espace des biens
2. les courbes d'indifférence ne peuvent pas se couper
3. les courbes d'indifférence ont une forme convexe

35
4. les courbes d'indifférence ont une pente négative
5. plus une courbe d'indifférence se situe en haut et à droite et plus les ensembles de biens qui
sont sur cette courbe sont appréciés du consommateur : ils sont préférés aux ensembles de
biens situés sur des courbes d'indifférence plus basses.

III. Le taux marginal de substitution


Un niveau donné de satisfaction peut être obtenu de différentes combinaisons des deux produits
X et Y. Il paraît important de déterminer le taux auquel le consommateur est disposé à substituer
le bien X au bien Y ou le bien Y au bien X pour maintenir ce même niveau d’utilité. Ce « taux
psychologique d’échange » est appelé taux marginal de substitution et se calcule à partir de la
fonction d’utilité :

U = f(x, y)

Le taux marginal de substitution (TMS) est la pente (en valeur absolue) d’une courbe
d’indifférence en un point donné. Il est aussi égal au rapport des utilités marginales des biens
U
X et Y. Soit : TMS xy = x =− dy =Umx
U dx Umy
y
Exemple : Donner l’interprétation précise de chacune des expressions suivantes. TMSxy = 1/4
et TMSxy = 5, x = bien reçu, y = bien cédé.

Réponse : * TMSxy = 1/4 signifie qu'il faut remplacer une unité de bien y par 4 unités de bien
x afin que soit maintenu le même niveau de satisfaction.

* TMSxy = 5 signifie qu'il faut remplacer 5 unités de bien y par une unité de bien x afin que soit
maintenu le même niveau de satisfaction.

IV. L'équilibre du consommateur


Le consommateur rationnel désire se procurer des quantités de biens X et Y telles qu’il puisse
obtenir la plus grande satisfaction possible. Le problème à résoudre est celui de la maximisation
de sa fonction d’utilité. Cependant, le consommateur a une contrainte financière qui s’exprime
par son revenu limité et par le prix de chaque bien.

Soit R ce revenu et soient px, le prix du bien X et py le prix du bien Y. Ce revenu et ces prix
sont supposés s’établir sur des marchés sur lesquels l’individu considéré ne peut exercer aucune
influence : R, px et py sont des constantes données.

36
Considérons que le consommateur dépense la totalité de son revenu au cours de la période
donnée, pour acheter certaines quantités de X et Y. Dans ces conditions, il dépensera une
somme x.px à l’achat de X et une somme y.py à l’achat de Y. La somme de ces dépenses est
égale à son revenu, soit :
R = x.px + y.py
Cette équation est appelée équation de budget.
Le consommateur doit trouver une combinaison de x et y telle qu’elle rende maximum sa
fonction d’utilité U=f(x, y), et satisfasse en même temps l’équation budgétaire.
L’équation de budget permet de tirer la valeur de y, exprimée comme une fonction de x.
px
y = R − x.
py py
Remplaçons y par sa valeur dans la fonction d’utilité U, soit
px
U = f(x, R − x. )
py py
Il suffit de maximiser cette fonction d’utilité par rapport à x. Cette maximisation exige que :
- la dérivée première s’annule : U’(x) = 0
- les dérivées secondes soient négatives : U’’(x) < 0

IV.2. Détermination géométrique de l’optimum du consommateur

Soit trois courbes d’indifférence U1, U2 et U3. On peut exprimer l’équation de budget
graphiquement par une droite de budget (figure ci-dessous). La combinaison de ces deux
représentations permet de déterminer l’optimum (ou équilibre) du consommateur. On peut
représenter toutes les combinaisons des biens X et Y que le consommateur peut se procurer,
compte tenu de son revenu et du prix des biens désirés (figure ci-dessous).

37
Y

U3
C

Y* E U2

U1

X
X* A

Si le consommateur consacre tout son revenu à l’achat du bien X et renonce à acheter Y, il


R
pourra se procurer unités de X. Cette décision est représentée sur le graphique par le point
px

A. S’il décide de consacrer tout son revenu à l’achat du bien Y et renonce à acheter X, il pourra
R
se procurer unités de Y. Cette décision est représentée par B.
py

Si maintenant le consommateur décide d’utiliser son revenu à l’achat des biens X et Y, on


obtient un nouveau point C.

On remarque que le point C est situé sur le segment de droite AB. Il en irait de même pour
toutes les combinaisons d’achats que le consommateur peut envisager, compte tenu de son
revenu et des prix des biens X et Y. Le segment AB est appelé droite de budget. Il existe autant
de droites de budget qu’il y a de niveaux de revenu.

px
L’équation de cette droite est : R = x.px + y.py, ou y = R − x.
py py
px
La pente de cette équation est −
py

dy
On sait aussi que la pente de la courbe d’indifférence dont la fonction est U = f(x, y) est : .
dx

38
A l’optimum, la pente de la tangente à la courbe d’indifférence est égale à la pente de la droite
du budget, c’est-à-dire, au rapport des prix.
dy p dy px
Soit = − x , ou - =
dx py dx p y

En outre, on sait que la pente de la courbe d’indifférence est égale au TMSxy, c’est-à-dire, au
rapport des utilités marginales. On déduit alors que la tangence de la courbe d’indifférence et
de la droite du budget au point optimal implique l’égalité du TMSxy et du rapport des prix :
dy Umx px
TMSxy = - = =
dx Umy py

Umy
On peut obtenir alors la relation suivante : Umx =
px py
Cette relation signifie que le rapport de l’utilité marginale au prix doit être égal pour les biens,
si le consommateur veut obtenir le maximum de satisfaction.

Ce rapport de l’utilité marginale au prix définit l’utilité marginale pondérée d’un bien, c’est à
dire, le supplément d’utilité que le consommateur obtient en consacrant une unité monétaire
supplémentaire à l’achat de ce bien.

Ainsi, la maximisation de l’utilité suppose l’égalisation des utilités marginales pondérées des
biens consommés. On dit que le consommateur cherche à réaliser l’égalité d’utilité entre le
dernier franc consacré à l’achat du bien X et le dernier franc consacré à l’achat du bien Y.

IV.2. Détermination algébrique du maximum d’utilité


Le maximum de l’utilité ou l’équilibre du consommateur peut être déterminé par la méthode
par substitution.

Soit U, la fonction d’utilité tel que U = x.y, soit R = 400, le revenu du consommateur, px=4 et
py=10 les prix respectifs des biens X et Y. Quel est l’optimum du consommateur ?.
L’équation du budget est R = x.px + y.py

Soit 400 = 4x + 10y, ou y = 400− 4x =40− 2x


10 10 5
Remplaçons y par sa valeur dans la fonction d’utilité U.
U= x.y

= x( 40− 2x )= 40x− 2 x 2
5 5
La dérivée première de U est :

39
Max U U'(x)=040− 4 x =0 x =50
5

En remplaçant x par sa valeur dans l’équation de droite, on a y = 40− 2 .50=20


5

On constate que la dérivée seconde de U est bien négative : U"(x) =− 4 0


5
Le consommateur maximise donc son utilité en se procurant 50 unités de bien X et 20 unités
du bien Y. l’utilité qu’il retire de la combinaison de x et de y est x.y = 1000

40
CHAPITRE IV : LE COMPORTEMENT DU PRODUCTEUR

L'entreprise est l'unité de production type de l'économie capitaliste. Elle achète les facteurs de
production sur les marchés du travail, du capital et des produits. En combinant ces facteurs,
l'entreprise fabrique des produits.

I. La fonction de production

La fonction de production exprime la relation existant entre les quantités de facteurs utilisés par
l'entreprise et la quantité de produits qu'elle fabrique. Mais avant de donner les caractéristiques
d'une fonction de production, il importe de définir quelques concepts utiles à notre analyse.

I.1. Les notions de facteurs fixes, facteurs variables, période de production

Au cours d'une période donnée, les quantités des différents facteurs employés à la production
peuvent être fixes ou variables.

a. un facteur est fixe lorsque la quantité qui est nécessaire à l'entreprise pour produire est
indépendante du volume de la production.

Exemple : la terre pour une exploitation agricole dont la surface cultivable ne change pas.

b. un facteur est variable lorsque la quantité nécessaire à l'activité de l'entreprise dépend de


l'importance de la production.
Exemple : la main-d'œuvre et les matières premières.
c. La distinction entre facteur fixe et facteur variable dépend de la longueur de la période
de temps considérée. Plus la période envisagée est longue, plus les facteurs variables sont
nombreux.
Exemple : en raisonnant sur une période courte (quelques mois), l'équipement d'une usine
représente un facteur fixe. Mais si l'on considère une période longue (plusieurs années),
l'entreprise procède à de nouveaux investissements et accroît sa capacité de production en
augmentant le nombre de ses machines.

La courte période se définit comme une période suffisamment brève pour que la capacité de
production installée de l'entreprise puisse être considérée comme une donnée.

La longue période suppose au contraire un délai suffisant pour que les facteurs fixes deviennent
variables.

41
I.2. La fonction de production avec un seul facteur variable.

Soit x la quantité produite du bien X, et soit l la quantité employée du facteur travail L,


l'expression : x=f(L) est la fonction de production de courte période considérée.

a. produit total : le produit total se définit par la quantité du bien X qui peut être obtenue à
l'aide de la quantité variable de L

b. produit moyen ou productivité moyenne : le produit moyen du facteur L est le rapport du


Q
produit total à sa quantité, soit PML =
L

c. produit marginal ou productivité marginale : le produit marginal du facteur L est la


Q
variation du produit total résultant d'une variation unitaire de sa quantité : PmL =
L

d. Les phases de la production

En général, l'augmentation de la quantité utilisée du facteur L se traduit d'abord par un


accroissement plus que proportionnel de la production, et donc par une PmL croissante, puis,
après un optimum très rapidement atteint, l'augmentation de la quantité de L donne lieu à un
accroissement moins que proportionnel de la production et à une PmL décroissante.

Q S

PT

PML
PmL

I.3. La fonction de production avec deux facteurs variables

En longue période, on suppose que tous les facteurs de production sont variables.

42
a) Isoquant ou isoproduit

Supposons le cas où les quantités utilisées de 2 facteurs K et L varient. Cette nouvelle hypothèse
permet de définir les courbes d’isoquant ou isoproduit.

Un isoquant est l’ensemble de toutes les combinaisons possibles d’inputs K et L qui sont juste
suffisantes pour produire une quantité donnée d’output.

La fonction de production peut s’écrire : Q=f(K,L)

Portons en abscisse les quantités utilisées du L et en ordonnée les quantités de K. On obtient


des courbes d’isoquant ou isoproduit.

K
A

KB B

C Q2
Q1

0 LB L

b) Les rendements d’échelle

Augmentons la quantité de tous les inputs de la fonction de production. en d’autres termes,


multiplions par un même facteur constant la quantité de tous les inputs. Quelle quantité d’output
allons-nous obtenir ?

Si l’on double la quantité de chaque facteur de production, on doit s’attendre à un doublement


de la production. On parle dans ce cas de rendements d’échelle constants.

En général, lorsqu’à une augmentation proportionnelle de tous les facteurs correspond un


accroissement de la production de même proportion, on dit que les rendements d’échelle sont
constants. Toutefois, il arrive que, pour des raisons de technique ou d’organisation, la
production augmente dans une proportion plus forte, on parle alors de rendements d’échelle
croissants. Quand la production augmente dans une proportion plus faible que la quantité de
facteurs utilisés, on parle de rendements d’échelle décroissants.

43
Aussi, lorsque les quantités de facteurs utilisés s’accroissent, l’entreprise passe par une phase
de rendements croissants, puis par une phase de rendements constants, et enfin par une phase
de rendements décroissants. Lorsque les prix des facteurs de production sont donnés, des
rendements croissants signifient des coûts moyens décroissants, des rendements constants
entraînent des coûts constants, et enfin des coûts unitaires croissants correspondent à des
rendements décroissants.

II. L'équilibre du producteur

La stratégie permettant d'atteindre l’optimum conduit l'entrepreneur à égaliser les productivités


marginales pondérées,

Soit PmL = PmK


w r

Graphiquement, l’équilibre est atteint lorsqu’on a le schéma suivant :

K*

E
Y

Droite d’isocoût

0
L* L

Au point B, l’entrepreneur peut obtenir le même niveau de produit mais avec un coût de
production faible. La ligne d’isocoût est la droite obtenue à partir de l’équation suivante :

C = rK + wL

avec r la rémunération du facteur capital, w celle du facteur travail ; C le coût total de


production.

44
CHAPITRE IV : LE MARCHE ET MECANISME DE FORMATION DES PRIX

Un marché est le lieu concret ou abstrait constitué par la rencontre de l'offre et de la demande.
Un bien de qualité définit avec détermination simultanée en ce lieu et à cet instant les quantités
à échanger et le prix unitaire de ce bien. Un marché est donc fondamentalement caractérisé par
la nature du bien ou du facteur échangé et par l'ensemble des agents qui l'achètent ou le vendent.

On distingue 4 types de marchés : le marché des biens et services, le marché du travail, le


marché monétaire, le marché des actifs financiers.

I. L'objet de l'échange, de la rencontre


Les biens et services échangés sur le marché peuvent avoir un caractère homogène ou
hétérogène.

a) Le caractère homogène
Le bien ou service offert sur le marché est homogène lorsque ses caractéristiques (en terme de
qualité, d'aspect, de durabilité, etc.) sont en tout point identiques. Lorsque les biens traités sont
homogènes, le marché présente une qualité de perfection.
b) le caractère d'hétérogénéité
Lorsque les biens ne sont pas homogènes, ils sont hétérogènes : il y a une individualité du bien
; sous un même nom les biens présentés n'auront pas les mêmes caractères. La personnalisation
des biens enlève un caractère de perfection économique au marché sur lequel ces biens seront
échangés.

II. Les sujets de la rencontre


1) le critère de dimension
a) idée d'atomicité
Sur un marché donné, les acheteurs et les vendeurs sont suffisamment nombreux qu'aucun
d'entre eux ne puisse contribuer par ses propres
décisions à modifier de façon significative le prix qui s'établit. Aucun acheteur n'est
suffisamment important pour obtenir des conditions d'achat différentes de celles qui s'imposent
aux autres acheteurs. De même, aucun vendeur n'est en mesure de changer le prix auquel il
pourra vendre ses produits en faisant varier les quantités qu'il désire offrir sur le marché.
b) idée de molécularité
La molécularité implique l'idée de masse, d'agglomération, d'association à l'intérieur d'un
ensemble de petites unités.

45
Un petit nombre de groupements d'individus peuvent influer sur le prix du marché.

2) Le critère de comportement des agents

a) l'idée de fluidité
Un marché est fluide lorsqu'il n'y a aucune restriction dans l'entrée ou la sortie du marché. Les
biens et les services, les facteurs de production, les entreprises sont libres d'entrer ou de sortir
du marché.

Par exemple une entreprise qui désire produire un bien quelconque est libre de le faire sans
qu'aucun obstacle institutionnel ne l'empêche. De même, toute entreprise doit pouvoir se retirer
d'un marché peu rentable si elle le souhaite.

b) l'idée de viscosité
La viscosité est la qualité inverse. Tout ce qui fait naître une certaine contrainte au sein d'un
marché lui confère une certaine viscosité.

3) Le critère de l'environnement
a) transparence
On dit qu'un marché est transparent lorsque l'ensemble des agents économiques possèdent une
parfaite connaissance des éléments composant ce marché. Ils possèdent une information
parfaite sur l'offre et sur la demande ; tout est connu par tout le monde et au même instant ; il
n'y a pas obscurité. L'exemple type du marché transparent est le marché boursier. Le "crieur"
en proclamant les cours assure par exemple cette connaissance. Cependant, cette transparence
n'est jamais atteinte sur les marchés concrets.

b) opacité
C'est la qualité antithétique qui peut prendre des degrés divers. L'économie d'opacité est une
économie où l'on est mal informé, où l'on ne sait pas très bien quelles sont les composantes du
marché. En dehors des bourses, on se demande s'il existe des marchés parfaitement transparents.

III. La classification des marchés

En fonction de ces postulats, on peut qualifier les différentes structures de marchés. Le tableau
de Stackelberg ci-dessous résume ces marchés.

46
Offre
Unique Plusieurs Infini
Demande
Unique Monopole bilatéral Monopsone contrarié Monopsone
Plusieurs Monopole contrarié Oligopole bilatéral Oligopsone
Infini Monopole Oligopole Concurrence pure et parfaite

47

Vous aimerez peut-être aussi