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I- Introduction
Dans les autres sciences humaines, ces deux perspectives se complètent, tandis qu'en économie elles se combattent. En effet, l'optique macroscopique et
microscopique correspondent chacune à une vision du monde opposé.
La méthode microéconomique pose que ses agent élémentaires (agent économiques …) sont libres et rationnels, et que librement ils prennent pour modèle un
agent idéal : l'homo économicus. Cet agent, supposé complètement rationnel, est le point de départ de toute analyse microéconomique. Cette approche abstraite
de l'économie sera rigoureuse mais épurée, utilisant beaucoup les mathématiques. C'est une reproduction topologique, inspirée de la théorie des ensembles, ce
pour quoi nous appelons la microéconomie la méthode ensembliste.
La méthode macroéconomique ne postule pas d'agent type. Les individus ne comptent pas en tant que tel, mais par la place et la fonction qu'ils exercent les uns
par rapport aux autres. La macroéconomie considère l'économie comme un tout, comme un "organisme vivant", dont les différents organes seront attachés à des
fonctions données. C'est donc la méthode systémique.
Aujourd'hui, ces deux branches ont atteint un égal développement, ce qui rend leurs rivalités encore plus forte. Il existe cependant trois grands fossés :
- La monnaie : les microéconomistes font généralement abstraction de la monnaie. En effet ils la considère comme un simple voile, un facteur d'opacité, qu'il
est nécessaire de soulever pour percevoir la réalité des faits économiques. Les macroéconomistes au contraire jugent la monnaie fondamentale : la monnaie
commande le phénomène économique réel.
- L'équilibre : les microéconomistes pensent que l'économie, sous la condition de libre respect de la concurrence entre les agents, tend d'elle-même vers
l'équilibre, c’est-à-dire un état où chaque individu sera aussi satisfait que possible. Les macroéconomistes au contraire pensent que l'économie livrée à elle-
même, non seulement ne tend pas vers l'équilibre, mais en raison du rôle central joué par la monnaie, tendra vers ce déséquilibre fondamental qu'est la crise
économique.
- Le temps : les microéconomistes pensent que le temps joue un rôle secondaire, voire nul : la micro est statique par essence. En macro, le temps, lié à la
monnaie, est au cœur de l'analyse, qui est donc une analyse par essence dynamique.
→ Ces trois fossés sont liés. La micro est une analyse réelle et statique de l'équilibre économique, tandis que la macro propose une analyse monétaire et
dynamique des déséquilibres, et plus spécifiquement de la crise.
Introduction Page 1
Bibliographie
lundi 24 septembre 2012
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Introduction Page 2
Chapitre 1 : La macroéconomie pré-keynésienne
Introduction
La méthode systémique ne considère pas les individus séparément, mais les interactions qu'ils ont les uns avec les autres. Il y a trois catégories d'agents :
- La fonction de consommation, associée les ménages (noté : M)
- La fonction de production, associée aux entreprises (noté : E)
- La fonction de financement, associée aux intermédiaires financiers dont les plus importants sont les banques (noté : B)
L'analyse macro est monétaire, en effet les banques prêtent de la monnaie aux entreprises pour leur permettre d'entreprendre leur activité de production : à savoir
investir et payer des salaires aux ménages. Les ménages vont à leur tour consommer ou déposer de l'épargne auprès des intermédiaires financiers.
La monnaie partie des banques et accordée aux entreprises revient in fine aux banques par l'épargne. La monnaie à donc effectuée un cycle B → B : c'est le circuit
monétaire qui est au cœur de l'analyse systémique, c'est la macroéconomie du circuit.
Historique du circuit :
L'idée de circuit à émergée dès la fin du XVIIème siècle avec Petty, Boisguilbert et Cantillon. Cependant c'est dans la seconde moitié du XVIIIème siècle que le circuit
prend corps avec l'économiste français F. de QUESNAY, puis grâce à Karl MARX et enfin J.M. KEYNES.
Cette configuration graphique devient une représentation systémique du capitalisme. Le circuit de Quesnay représente une économie précapitaliste à dominante agricole
tandis que le circuit de Marx donnera une représentation du capitalisme industriel. C'est toutefois avec Keynes que le circuit va devenir la représentation par excellence
du capitalisme financier moderne.
Le circuit keynésien est un illustration du principe fondamental des économies monétaires : une première catégorie d'agent (B) prête à une deuxième catégorie d'agent
(E) qui achète pour vendre à une troisième (M) qui vend (sa force de travail) pour acheter.
1) La doctrine physiocrate
Les physiocrate s'était eux-mêmes désignés par ce nom, mais leur contemporains les nommés "économistes", à savoir des personnes non conforme à l'honnête
homme, au philosophe. Eux, préféraient se qualifier de philosophe. Cependant ils ont forgé le terme de "physiocrate" sur la base de deux mots grecs : "phusis"
signifiant la "nature" et "kratein" signifiant "commander". Le physiocrate est donc celui qui croit dans le gouvernement de la nature, dans la foi d'une ordre naturel.
Ils sont donc des libéraux radicaux, profondément hostile aux doctrine mercantilistes (XVII ème siècle avec Colbert) qui accordaient un rôle important à l'Etat. Ils
rejettent l'étatisme, comme Gournay le disait "Laisser faire, laisser passer", à l'origine de l'ultra -libéralisme du XIXème siècle.
Au XVIIIème, les physiocrates jouissent d'une grande popularité et autorité, avec des membres éminents comme Mirabeau, Pierre Samuel du Pont de Nemours,
Mercier de la Rivière … et Quesnay.
Quesnay était médecin de profession, et avait donc une place éminente à la cour, élément qui participa à l'influence et l'exp ansion des idées physiocratiques. Louis
XV aimait d'ailleurs beaucoup discuter avec Quesnay de sciences sociales. Schumpeter, historien de la pensée économique, à d it de l'influence des physiocrates
qu'elle était "une mode versaillaise qui en 1750 n'existait pas encore et en 1780 n'existait déjà plus". Affirmation contrin diquée par G. Weulersse, qui prouva que les
idées physiocratiques avaient de l'influence en France au moins jusqu'à la Révolution de 1789 et particulièrement dans les a ssemblées constituantes jusqu'en 1791.
Blanqui, auteur de l'Histoire économique en Europe, à énoncé sur le sujet : "à quelques maximes près, la Révolution française n'a était que la théorie des physiocrates
en action".
Il reste que, passée la Révolution et tout au long du XIX ème siècle, les physiocrates tombent dans l'oubli : les économistes libéraux du XIX ème ont ignoré les
physiocrates, pourtant à l'origine de cette doctrine. Les physiocrates, en conformité avec leur postulat que seul la nature gouverne, affirme que la terre est l'unique
source de richesse et que l'agriculture est la seule activité productrice de valeur. Ainsi comment expliquer la désaveu des libéraux envers les physiocrates ?
Sur ce point, Blanqui nous rappelle que quelques décennies auparavant, entre 1715 et 1720 (sous la Régence du Duc d'Orléans, successeur de Louis XIV), ils y avait
eu une spéculation effrénée autour de ce que l'ont appelait le "Système de Law" (banquier écossais qui acclimata le billet d e banque et instaura une banque royale en
France).
Cependant, Law eu la malencontreuse idée de doubler sa banque d'une compagnie dite des "Indes occidentale et du Mississipi", invitant les français à participer au
développement du Nouveau Monde. Il admettait que les actions de la Compagnie des Indes soient payées en billet de la banque r oyale, entrainant une hausse des
cours effrénée et une spéculation sans précédent. Spéculation découverte quand Law compris que la Compagnie des Indes, détou rnée de sa fonction originelle, ne
servait plus à investir dans le Nouveau Monde mais à spéculer et à combler la dette publique : ce système s'effondra en 1720 .
Les féodaux, ayant morcelé et vendu leur domaine foncier pour spéculer, accordèrent à une multitude d'agriculteur le bénéfice d'acheter ces terres et de les exploiter.
C'est pourquoi l'effondrement de la banque de Law eut une double conséquence : tout d'abord une méfiance chronique en France vis-à-vis du billet de banque (qui
s'estompa au XIXème siècle avec la création de la Banque de France), puis l'élévation de la terre au rang de valeur refuge par excellence, la con sacrant de facto
comme l'unique source de valeur (confortant les physiocrates dans leur doctrine, d'où son succès en France). Cependant ce pa radigme de la terre, unique source de
valeur, fut frappé d'obsolescence, entre autres par des auteurs comme Adam SMITH avec sa Richesse des Nations et par les libéraux, prenant le pas sur les
physiocrates et les laissant dans l'oubli. Les libéraux deviennent la mesure du XIX ème siècle, qui perdure encore aujourd'hui, principalement dans les pays anglo-
saxons.
L'émergence du courant libérale de Smith concorde avec la révolution industrielle en Angleterre, posant désormais le travail comme unique source de valeur (et non
plus la terre comme les physiocrates) : c'est l'origine de la "valeur travail". C'est également la naissance de l'école clas sique anglaise, de Smith et Ricardo.
Marx adoptera cette hypothèse de la valeur travail, dès la seconde moitié du XIX ème siècle. Et c'est donc ce postulat, pierre angulaire de la pensée classico-anglaise,
qui jette le discrédit sur l'école physiocratique. A cela s'ajoute le mépris affiché pour la méthode d'analyse de Quesnay, t axée de "puéril". Elle fut finalement reconnu
au XXème siècle comme avènement de la macroéconomie du circuit.
2) La méthode de Quesnay
Quesnay expose sa méthode en 1758 dans un ouvrage intitulé Le Tableau Economique et qui eu un énorme succès. Quesnay distingue dans la société trois classes
fondamentales :
- Les fermiers (F)
- Les propriétaires fonciers (P)
- Les artisans (A)
Entre ces trois classes existe un circuit : des fermiers aux propriétaires, des propriétaires aux artisans et des artisans au x fermiers. Ce circuit est selon Quesnay le
circuit du produit net de la période de l'année, constitué de la somme versée, des fermiers aux propriétaire, au titre des f ermages dus. Les propriétaires vont dépenser
cette somme à la fois aux fermiers pour l'achat de produits agricoles, mais aussi aux artisans pour l'achats de produits man ufacturés. Les artisans à leur tour vont
consacrer ces recettes à l'achat auprès des fermiers de produits du sol pour se nourrir. Le cycle est accompli.
Quesnay n'entend pas seulement expliquer le circuit du produit net, mais entend expliquer le mécanisme même de la production, ou selon son propre terme, de la
reproduction. Il va alors passer du circuit du produit net, au circuit du produit brut, également appelé circuit de la production. Le produit brut requière trois sortes
d'avances (investissements) :
- Les avances foncières (terre et bâtiments mis à la disposition des fermiers par les propriétaires au prix du fermage)
- Les avances primitives (investissement en capital fixe) : les machines, le bétail …
- Les avances annuels (consommation intermédiaire et autoconsommation des agriculteurs) : prélèvement opéré sur la récolte pour subvenir à leur propre besoin
et ensemencer les champs de l'année suivante.
L'économie de Quesnay est une économie monétaire, ou circule la monnaie : la quantité de monnaie nécessaire à la circulation de la valeur est déterminée par ce que
Quesnay appelle les intérêts de l'avance primitive (c’est-à-dire la consommation de capital fixe). Comment Quesnay définit-il les "intérêts des avances primitives" ?
Pour remplacer le capital fixe hors d'usage, il faut un investissement supplémentaire qu'il appelle les "intérêts des avance s primitives". Ces intérêts sont le
prélèvement opéré chaque année par les fermiers sur le produit brut de l'année et destiné au remplacement du capital fixe ho rs d'usage. Pour cela, en début d'année
(début de période), les fermiers émettent un prêt aux artisans pour leur permet d'acheter des matières premières (aux fermie rs) qui leurs permettront (aux artisans) de
fabriquer les outils et machines qui seront nécessaire en fin d'année pour le remplacement du capital hors d'usage (permetta nt donc aux artisans de rembourser la
dette qu'ils avaient contracté auprès des fermiers).
Pour illustrer sa pensée, Quesnay donne un exemple : dans celui-ci, le produit net s'élève à 2 et la quantité de monnaie en circulation est égale à 1.
• Prêt de F à A : 1
• Achat de A à F de matières premières : 1
Entre le prêt et son remboursement, la monnaie à circulé entre les trois classes. Dans cette succession d'opération il y en a qui reflète ce que Quesnay appelle la
circulation du produit net.
2
1ère propriété : Le circuit est en équilibre lorsqu'en chaque pôle le total des flux entrant
F est égal au total des flux sortant.
2ème propriété : le "théorème du circuit économique" (Jean ULLMO) énonce que dans
1 1+1 = 2 un circuit à n pôles (n ∈ ℕ, n ≥ 2) la condition nécessaire et suffisante pour que ce
circuit soit en équilibre est qu'il doit y avoir égalité de la somme des flux entrant et de la
1 somme des flux sortant en n-1 quelconque des n pôles.
1 1
Le circuit du produit brut n'est pas un autre circuit : il est un complément du produit net.
On passe du produit net au produit brut par adjonction des flux bleus.
A P
1
Pôle F
L'équilibre du pôle F (pôle productif) est intéressant : les flux entrant sont Flux entrants : Flux sortants :
les recettes de la classe productrice tandis que les flux sortant sont les
dépenses de la classe productrice. - Vente de produits alimentaire : 1+1 - Loyers, fermages (produit net) : 2
- Vente de matière première : 1 - Coût d'amortissement du capital : 1
L'égalité des flux entrants et des flux sortant au pôle F est donc égale à : - "Vente" (de F à F) : 2 (intérêts des avances primitives)
- Coûts intermédiaires : 2
Recettes - Coûts = 0 → Profit nul =5 (avances annuelles)
=5
Il n'y a donc pas de profit. L'économie se reproduit à l'identique de période en période,
sans profit ni perte, sans croissance ni crise (endogène). C'est une économie stationnaire.
Ce circuit ne permet cependant pas de comprendre le capitalisme moderne. Et malgré le désaveu des libéraux, il sera reconnu p ar Marx comme "extrêmement riche et
originale" étant la "première conception systématique du capitalisme".
L'œuvre de Marx est autant économique que philosophique, reposant d'ailleurs sur une philosophie de l'histoire. L'économie de Marx qu 'en à elle repose sur un
triple héritage : une théorie de la valeur, héritée de Ricardo, une philosophie de l'histoire, celle d'Hegel et sur un instru ment d'analyse, le circuit hérité de Quesnay.
Marx élabore un matérialisme historique à partir de deux philosophes allemands : Hegel et Feuerbach. Au premier, Marx emprunte l'idée que l'histoire
progresse selon une logique dialectique, à savoir une lutte de forces opposées. Pour Hegel, philosophe idéaliste, la réalité première de l'histoire est l'Esprit.
Tout en admettant la progression dialectique de l'histoire, Marx rejette ce postulat de la réalité première qui serait l'Esprit, en se référant à Feuerbach,
philosophe matérialiste, affirmant que c'est l'homme lui-même et non Dieu qui est a l'origine de l'histoire. De plus il rajoute que l'homme, tel qu'il est donné
par l'histoire, est un être aliéné (dépossédé d'une partie de lui-même par les autres êtes, notamment par les êtres surnaturels que lui présentent les religions).
Marx prolongera cette thèse : a l'aliénation de l'homme en Dieu, s'ajoute l'aliénation de l'homme en l'homme (l'aliénation fondamentale). Ainsi c'est la base du
mode de production capitaliste : le capital est la donnée de fait, tandis que le prolétariat son antithèse semble aliéné dans le rapport social instauré par le
capital.
Un mode de production correspond selon Marx à une période de l'histoire : la période actuelle est celle du mode de production capitaliste (MPC). Dans le
MPC, les deux termes du rapport social sont le travail et le capital, ou en d'autres termes le prolétariat (détenteur de la force de travail) et la bourgeoisie
(détentrice du capital). Dans le MPC, le capital correspond à ce que l'on appelle en logique dialectique la "thèse" ("ce qui est posé" en grec). Le prolétariat
correspond ici à l'antithèse : il y a une lutte de forces sociales opposées selon la dialectique d'Hegel, qui se résoudra par une synthèse, marquée par la victoire
du prolétariat sur la bourgeoisie dans le matérialisme marxien (comme ce fut le cas des bourgeois sur les féodaux lors de l'avènement du capitalisme). Ainsi
pourra advenir le mode de production socialiste (MPS), et se faisant la fin du capitalisme.
Marx entend appuyer sa philosophie de l'histoire sur la sciences économique de son temps (construisant donc un socialisme scientifique). Or les sciences
sociales sont encore dominés par l'idéologie ricardienne, il lui emprunte donc sa pierre angulaire : la théorie de la valeur-travail.
C'est en 1846 que Marx décide de prendre en compte la base empirique de la valeur -travail, emprunté à l'un des plus grands économistes du siècle : Ricardo.
Ainsi, tout l'effort de Marx va donc consister à retranscrire sa philosophie du matérialisme historique en terme d'analyse éc onomique. Il effectue pour cela
deux transcriptions majeures :
- D'une part au concept d'aliénation (de Feuerbach) que Marx va faire correspondre, dans le champ économique, au concept d'exploitation.
- D'autre part aux trois temps de la dialectique hégélienne, que Marx va faire correspondre, à travers le champ des concepts économiques, les trois temps du
circuit du capital.
1.2.1) L'exploitation
Selon Marx, le rapport social instauré par le capitalisme, n'est pas un rapport humain. C'est avant tout un rapport d'argent. L'argent étant la mesure en soi
de la valeur, il en résulte que l'aliénation du salarié (prolétaire) dans le capitalisme doit pouvoir être évalué quantitativ ement. La transposition du concept
d'aliénation dans le champ des grandeurs mesurables défini l'exploitation. Cependant pour établir précisément cette notion d' exploitation il y a deux
conditions :
- D'abord, disposer d'une unité de valeur
- Ensuite, expliquer l'échange des valeurs auquel se ramène le rapport d'exploitation.
α) L'unité de valeur
Marx dès la lecture de Ricardo, adopte avec enthousiasme cette notion de valeur-travail, car il crois y trouver la base empirique pour bâtir sa philosophie
du matérialisme historique. Ricardo définissait la valeur d'une marchandise par la quantité de travail incorporé dans cette marchandise (il faut non
seulement compter le travail direct -heures de travail effectives pour réaliser la marchandise- mais aussi le travail indirect -heures de travail incorporées
dans le cycle productif pour réaliser la marchandise). Cela dit, l'unité de valeur, donc l'unité de quantité de travail, parait simple à définir : il suffirait de
prendre l'heure de travail par exemple. Cependant, il y a un problème : après avoir cru trouver le fondement empirique de sa philosophie, Marx soulève
une limite : l'hétérogénéité de fait, des différents travaux concrets (quand on parle d'heures de travail, de quel travail faisons nous référence ?). Marx
comprend assez vite que ce problème n'a pas de solution (pour une marchandise en particulier on pourrait le calculer, mais le raisonnement inductif et la
conceptualisation sont impossibles), ce qui l'amène à se référer non plus à un travail concret comme unité de mesure des valeurs, mais un travail abstrait
qu'il va définir comme "le travail socialement nécessaire à la fabrication de la marchandise en question". Que faut-il entendre par cela ? Faute de mieux :
une certaine proportion du travail total employé dans la société tout entière à un moment donné compte tenue des techniques de production en vigueur. Il
y a de toute évidence un échec relatif de Marx, dans sa recherche de base empirique concrète de sa philosophie du matérialisme historique, qui fut mis en
avant par un marxologue français : Henri Denis avec L'économie de Marx, histoire d'un échec, expliquant pourquoi Marx, ayant buté sur ce problème et
ne l'ayant pas résolu, produisit au final un travail abstrait et non concret, le bloquant donc dans sa recherche. Ceci pourrait expliquer pourquoi l'œuvre
majeure de Marx, Le capital (publiée en 1867, alors que Marx meurt 17 ans après, en 1884) n'a été publié que partiellement du vivant de Marx (Engel
publiera le livre II et III avec les notes de Marx) : contrairement à l'argument officiel de son engagement politique chronophage, la thèse de H. Denis est
qu'il n'a probablement pas publié le livre II et III parce qu'il cherchait une solution à ce dilemme.
Marx ne s'est pas contenté de soulever le problème de l'unité de valeur, il à également relevé un second problème dans la théorie de la valeur-travail de
Ricardo : cela se rapporte au profit du capitalisme. Ce problème n'avait pas été ignoré par Ricardo, mais il l'avait certainement éludé. Ricardo définissait
la valeur d'une marchandise par la quantité de travail total incorporé dans la marchandise, or parmi les composants de la valeur, il y à les différents coûts
de production, mais il y a aussi le profit du capitaliste. Si Ricardo avait été cohérent avec son hypothèse de la valeur travail, il aurait accepté de réduire le
profit à une composante de la valeur-travail, or il l'a toujours refusé et éludé (principalement pour des raisons politiques, étant le porte parole de la
bourgeoisie manufacturière anglaise). Ainsi Marx soumet le profit, étant un composant de la valeur, à la valeur-travail, prolongeant donc cette hypothèse
en une valeur-travail intégrale. Mais alors, il s'agit d'un travail non payé, mis pour ainsi dire gratuitement à la disposition du capitaliste par le travailleur.
Comment peut-on en arriver à cette conclusion ? Marx dit qu'il faut étudier les échanges de valeur dans le modèle capitaliste.
β) L'échange de valeurs
"Toute marchandise, dit Marx, a une valeur double" : une valeur d'usage, correspondant à l'utilité qu'elle procure, la satisf action qu'elle donne à son
titulaire, et une valeur d'échange, qui elle est la valeur-travail. "L'échange, ajoute Marx, a pour but la consommation des valeurs d'usage", cependant
il y a deux types de consommation (deux formes de disparition de la valeur d'usage en échange d'une satisfaction) :
- La consommation finale : la disparition pure et simple de la valeur d'usage (les marchandises faisant partie exclusive de la consommation finale
sont appelées par Marx "moyen de consommation").
- Et la consommation productive : disparition de la valeur d'usage compensée par l'apparition d'une nouvelle marchandise, donc d'une nouvelle
double valeur (d'usage et d'échange)
Consommation productive
La force de travail
Les moyens de production (capital variable)
(capital constant)
Prenons un exemple : supposons que la fabrication d'un meuble consomme 10 heures de forces de travail direct (effectif). Qu'e lle nécessite
aussi des moyens de production d'une valeur-travail de 8 heures.
Travail direct = 10h Marx se réfère à l'hypothèse classico-anglaise du salaire de subsistance, il rémunère
l'ouvrier donc d'une valeur-travail correspondant au minimum vital. Supposons que ce
Travail indirect = 8h minimum vital nécessaire à la reproduction d'une force de travail de 10 h soit de 7h
(moyens de production) (autrement dit, la valeur-travail d'une force de travail de 10 h est de 7h) : la plus value
est donc de 3h.
= 18h
Valeur d'une force de travail de 10 h = 7h
Plus-value = 10-7 = 3h
ou 18-(7+8) = 3h
La plus value donne la mesure exacte de l'exploitation capitaliste, reflet de l'aliénation - dans le capital - du prolétaire. Mais comment en
arrive-t-on là ? La plus-value étant caractéristique du capitalisme, il faut étudier le processus de sa réalisation dans le circuit du capital.
Le circuit du capital est, dans l'économie politique de Marx, le reflet de la dialectique capitaliste telle qu'il l'expose dans sa philosophie du
matérialisme historique.
De plus, Marx à bien compris le mouvement dynamique de la notion de capital qu'il définit comme "la valeur en tant qu'elle circule". Le capital
passe par différents états, qu'il appelle les trois formes de la valeur :
- La forme-argent (A, qui est la thèse, étant la forme posée à l'origine du circuit) : le capitaliste est celui qui achète pour vendre, ainsi la forme-
argent possède une place primordiale dans le circuit.
- La forme-capital productif (P, qui est l'antithèse du fait de la séparation de l'ouvrier avec ses moyens de production, en raison du r apport social
v : capital variable
c + v = cf + cc + v
- La forme-marchandise (M, la synthèse, qui est le résultat) : bien que dans les deux formes précédentes, le capital était destiné à l'a chat de
marchandise, dans M le capital est sous la forme-marchandise lorsqu'elles sont produites et prêtes à être vendus.
Une métamorphose est un passage d'une forme à une autre de la valeur. Il y a trois métamorphoses :
- Métamorphose A-P : passage de la forme-argent à la forme-capital productif, a savoir l'investissement du capitalisme de son capital en moyens
de production et de force de travail.
- Métamorphose P-M : passage de la forme-capital productif à la forme-marchandise attendant d'être vendu, c'est ce que Marx appelle la
"métamorphose réelle du capital", à savoir qu'il y a dans cette opération l'apparition de la plus -value (c'est la production).
- Métamorphose M-A : c'est la "réalisation de la valeur" selon Marx, à savoir le retour à la forme-argent (c'est la vente).
La mise bout à bout A - P - M - A est ce que Marx appelle le circuit du capital (la forme-argent revient à la forme-argent). Marx donne dans
son livre I une autre écriture équivoque :
A - P - M - A'
A' = A + ∆ 𝐴 avec ∆ 𝐴 > 0
Circuit du capital
A
Plus-value et profit ne sont pas la même chose : la plus-
value se mesure dans le champ des valeur-travail, le
p : plus-value c+v+p c+v profit se mesure dans le champ des valeur monétaire
c : capital constant (mesuré en argent). Le profit est donc la plus-value
v : capital variable (3) (1)
réalisée (→ transformé en argent dans le vocabulaire
marxien).
(2)
M P
c+v+p
Ce circuit représente autant un capitaliste individuel que le système capitaliste tout entier. Marx à recours à un autre inst rument pour la représentation du capital
social, hérité de Quesnay, que Marx appellera le "schéma de la reproduction". Le schéma de la reproduction est représenté che z Marx comme chez Quesnay
(dans son Tableau Economique) par un circuit à trois pôles, que Marx appelle circuit des marchandises (le profit et la plus-value sont présents chez Marx, et non
chez Quesnay). Le profit reçoit selon Marx, une double acceptation :
- s (0 ≤ s ≤ 1) : part du profit que le capitaliste choisi d'affecter à son fonds d'accumulation (part des profits destinés à un réinvestissement : à savoir affecté à
l'achat de force de travail ou de capital supplémentaire).
- 1-s (0 ≤ 1-s ≤ 1) : part affecté au fonds de consommation (marchandises destinées à la consommation finale du capitaliste).
Entre ces pôles, au cours de la période, il y à une circulation de la valeur. Les notations utilisées par Marx sont les suiva ntes :
p1, p2 : plus-value issue de la consommation productive par KI, KII (respectivement) d'une force de travail de valeur v1,v2
(respectivement)
s1, s2 (0 ≤ si ≤ 1; i =1,2) : fraction de p1, p2 (respectivement) affecté par KI, KII (respectivement) à son fond d'accumulation
(propension à épargner, dans une terminologie keynésienne). Si s = 0, l'économie est stationnaire, c'est une schéma de
reproduction simple de la valeur (c + v investi en début de période, c + v + p réalisé en fin de période : si s = 0 cela signifie
que p est entièrement dépensé en consommation finale). Si 0 < s ≤ 1, l'hypothèse est dite de reproduction élargie (grâce au
fond d'accumulation, les capitalistes peuvent investir une valeur "élargie" pour la nouvelle période).
- Définition de la période : la période du circuit des marchandises est le temps de rotation du capital, défini comme le temps nécessaire à la
réalisation de toute le capital investi.
Dans la rotation du capital, la circulation des valeur entre les pôles K I, KII et H peux recevoir la représentation graphique suivante :
c1 + s1 p1 (1 - s2) p2
c2 + s2 p2
KI K II
(1 - s1) p1
Le circuit est en équilibre si et seulement si en
chaque pole il y a égalité de la somme des flux
entrants et des flux sortants.
v1 v2
v1 + v2
Remarque : Si s1 et s2 sont tous deux nuls (s1 = s2 = 0), cela veut dire qu'il n'y à pas de fonds d'accumulation, que la plus-value de chacune des deux sections de
capitalistes est intégralement consommée en moyens de consommation. C'est une situation analogue à celle que décrivait Quesna y dans son Tableau
Economique : c'est comme s'il n'y avait pas de profit, il n'y à pas d'accumulation. L'économie se reproduira donc à l'identique à chaque période. C'est un cas de
figure que Marx appelle schéma de la reproduction simple.
Si s1 et s2 sont nuls, la condition d'équilibre du circuit dans le schéma de la reproduction simple est donc c 2 = v1 + p1
L'investissement de la section II est égale à v 1 + p1 = valeur ajoutée de la section des moyens de production.
Cependant ceci n'est pas très intéressant pour évaluer le système capitaliste, car il accumule et ne consomme que le moins po ssible dans l'optique d'obtenir des
profits supplémentaire dans la période suivante.
Le cas réellement intéressant est quand s 1>0 et s2>0, c’est-à-dire quand il y a investissement dans le capital (fixe le plus souvent). C'est ce que Marx nomme le
schéma de la reproduction élargie, l'économie va donc croître. Ce schéma normal de l'économie capitaliste nous permet d'étudier les déséquilibres, et plus
précisément la crise capitaliste.
Les trois volets de l'analyse de la crise capitalistes correspondent à trois dimensions successives données par Marx pour cette analyse :
- Condition marxiste de la crise capitaliste : la crise est possible et se quantifie par un déséquilibre du circuit des marchandises, que l'ont qualifiera de crise
capitaliste
- La crise capitaliste dans son mode de production est possible, voire même inéluctable.
- L'action de mécanismes régulateurs permet d'endiguer la crise.
La crise est un déséquilibre caractéristique du circuit des marchandises. Comment ce circuit peut-être en déséquilibre ? Comment les égalités (1) et (2)
ne peuvent être vérifiées ?
Ces égalités (1) et (2) sont nécessairement vérifiées si la valeur circule jusqu'au terme du temps T (ce qui sort sera nécess airement égal à ce qui est entré).
Le déséquilibre peut apparaitre parce que tout ce qui sort, ne sort pas au même moment que tout ce qui entre (v est investi p rogressivement alors que c
est investi directement). Si la circulation de la valeur est interrompu avant la fin du temps de rotation, cela veut dire que tout le capital constant aura été
dépensé mais pas la totalité du capital variable : il en résultera un déséquilibre.
Supposons que la circulation de la valeur est interrompue au bout d'un temps t < T :
t
α= (0 < α < 1)
T
Ce n'est plus une relation d'égalité mais une relation d'inégalité. Les égalités (1) et
(2) sont remplacées par les inégalités (1') et (2').
C + D = c1 + c2 + α (v1 + v2 + p1 + p2)
Marx pense qu'elle est ni l'une ni l'autre, déjà parce que ces deux anomalies sont liées, de plus la crise se manifeste certes par ces deux déséquilibres mais il
peut y avoir déséquilibre de surcapitalisation et de sous-consommation sans qu'il n'y ai de crise (crise implique surcapitalisation et sous-consommation mais
surcapitalisation et sous-consommation n'implique pas nécessairement crise).
T est le temps nécessaire à la consommation intégrale du capital. Pourquoi la circulation de la valeur peut-être interrompue ? Cela vient du fait qu'une partie du
capital peut être mis hors d'usage avant d'être intégralement consommé, en raison du progrès technique qui implique une obsolescence du capital fixe
(vieillissement prématuré qui rend le capital non rentable). Il y a donc un arrêt de la valeur investi avant sa consommation intégrale, ce qui explique ce
déséquilibre.
Cela dit ce n'est pas parce que le capital fixe, touché par l'obsolescence avant la fin du temps de rotation du capital, entraine les déséquilibres de
surcapitalisation et sous-consommation qu'il implique une crise du capitalisme.
T, temps de circulation du capital, correspond à la durée de vie physique du capital fixe, à savoir entièrement consommé et mis hors d'usage pour des raisons
techniques. C'est la durée de vie physique du capital fixe qui détermine le temps de circuit du capital, et c'est pour cela que Marx note D la durée de vie morale
du capital, c’est-à-dire le temps au terme duquel la circulation de la valeur est interrompue (compte tenue du progrès technique).
Le déséquilibre du circuit des marchandises est un aspect de la crise, mais pas un aspect équivalent à la crise. En effet, si la condition de crise est vérifiée D < τ,
et comme τ ≥ T, cela implique que D < T. La crise implique donc surcapitalisation et sous-consommation.
Cependant la réciproque est fausse : une surcapitalisation et une sous-consommation n'implique pas nécessairement la crise, D < T ⇒ D < τ (car τ < D < T)
D τ Les capitaliste peuvent récupérer leur mise dans un
Exemple : = 0,9 = 0,8 temps inférieur à D.
T T La profitabilité de l'économie compense et au-delà
l'obsolescence du capital.
Marx va plus loin dans sa démonstration, en prouvant que le système capitaliste est tel qu'il va engendrer fatalement la cris e.
Pour Marx la crise est non seulement possible, mais inéluctable. Ceci en raison d'un concept expliqué dans son Livre I et qu' il nomme Loi de l'accumulation
capitaliste. Pour définir cette loi, Marx établi au préalable au nouveau coefficient noté g signifiant la composition organique du capit al, c’est-à-dire le rapport
de la partie constante du capital à sa partie variable. c
g=
v
Se faisant, la loi de l'accumulation capitaliste s'énonce en ces termes : la partie constante du capital tend à croitre indéf iniment et sans limite supérieur
relativement à sa partie variable (croissance sans limite de temps et sans limite supérieur, sans plafond).
Il s'agit d'une loi, c’est-à-dire d'une propriété qui se démontre par une triple démonstration dans son Livre I :
- Une démonstration statistique à partir de l'industrie manufacturière britannique.
- Une démonstration historique, avec le constat d'une croissance discontinue de l'accumulation capitalistique
- Une démonstration logique.
c c c c
donc <
v > v0 v v0
La concurrence étant inhérente au capitalisme, la loi d'accumulation entraine une augmentation indéfinie de la composition organique du capital.
Cependant, une augmentation indéfinie ne signifie pas une augmentation infinie (plutôt asymptotique comme sur ce graph). Dans la pensée classique
et néo-classique, la concurrence est d'autant plus parfaite que le nombre de firme est élevé. Dans l'analyse Marxiste, la concurrence sera au contraire
d'autant plus aigue que le nombre de capitaliste (firme) sera faible. La concurrence ne sera jamais plus forte que lorsqu'il n'en restera plus que deux.
temps
La conséquence de cette loi énoncée est l'inéluctabilité de la crise. La démonstration est simple, considérons qu'au temps de rotation T, l'investissement c
+ v réalisera une valeur c + v + p (avec : p
=e )
Par unité de temps : v
c+v+p
Valeur réalisée =
T
Dans le temps τ :
τ
Valeur réalisée = (c + v + p)
T
τ
Valeur investie = c + v
T
τ τ
Ainsi (c + v + p) = c + v
(et selon les T T
propriétés de tau)
τ τ
τ v= c+ v
(c + p) +
T T
T
c
g (g + e) - e
τ c v
= = = =
T c+p c p g+e g+e
+ v
v
τ e
=1- 1
T g+e g → ∞
τ
1⇔τ T
T τ τ<T
<1
T g→∞
Sur l'axe temps, la condition de la crise et sa régulation sont représentées par :
Temps
0 τ0 D τi T
Prospérité Crise
τ<D τ>D
Régulation
→τ<D
Pour stopper la crise τ > D les capitalistes doivent aggraver les conditions de travail de la force de travail. C'est ce que vont faire les capitalistes voulant un
gain de productivité, en obtenant plus de marchandise dans un même temps de travail, ils pourront baisser les prix (notamment des moyens de consommation),
mais en vertu du salaire de subsistance vont aussi baisser les salaires (puisqu'il y à une baisse des moyens de consommation). Cette baisse des prix et des
Les capitalistes ont pu imposer une hausse du taux d'exploitation de la force de travail (hausse de e). Ceci s'accompagne d'une concentration du capital
(par rachat du capital des capitalistes déchus par la crise) et d'une augmentation du chômage (licenciement par les capitalis tes vaincus).
Ces quatre aspects caractéristiques typique d'une régulation capitaliste sont stoppés dès la sortie de la crise. Cependant le retour de la prospérité ne va durer
qu'un temps, en effet selon la loi de l'accumulation capitaliste et d'après la composition organique du capitale, la crise et la prospérité ne feront que s'alterner.
A ce stade, il est juste de reconnaitre que Marx dans Le Capital, œuvre laissée inachevée, ne permet pas de savoir ce qu'il adviendra au long terme.
C'est Lénine, qui sur ce point va compléter l'œuvre du maitre : c'est pourquoi il est juste à se stade de parler de marxisme-léninisme. Cette conception
nous dit que de crise en crise s'opère une concentration du capital mais, ce que n'a pas souligné Marx, qu'opère en parallèle une concentration de la
force de travail. Dès lors, il lui va être de plus en plus facile de s'organiser et par suite de résister dans les phases de crise et d'aggravation des
conditions d'exploitation de leur force de travail (aggravation de e). La finalité de cette conception est qu'au bout d'un certain temps, le relèvement de e
par les capitaliste deviendra impossible, telle la résistance sera forte. Tandis que la loi de l'accumulation capitalistique exercera toujours ses effets, le
capitalisme entrera en crise mais ne pourra plus s'en sortir : sa faisant il tombera. Cependant Lénine ne préconise pas cette longue issue, préférant un
renversement plus vif et direct, à la suite de plusieurs crises successives qui affaibliraient le capitalisme et le mettrait à la merci d'une révolution
prolétarienne.
En dépit du succès de la révolution bolchevik à la faveur de la première guerre mondiale (l'Allemagne ayant besoin de ramener des divisions sur le
front occidental et non oriental aurait aidé Lénine à fomenter la révolution pour "sécuriser" ce territoire), les choses ne se sont pas passées comme Marx
et Lénine l'avaient imaginé : ils affirmaient le dépérissement de l'Etat avec la fin du capitalisme, or au contraire l'Etat allait se renforcer et venir au
secourir du capitalisme en crise. Ainsi c'est ce nouveau capitalisme étatique, qui prendra son essor au XXème siècle, que Keynes essaiera d'analyser.
Le circuit Keynésien, qui résume toute la méthode systémique keynésienne, constitue une représentation à se jour indépassée d u capitaliste financier moderne. Nous
allons l'expliquer avec quatre sections successives : la découverte du circuit par Keynes, la représentation du système écono mique par le circuit, le multiplicateur et
mécanisme de l'équilibre des flux et enfin le mécanisme de la crise économique.
Aussi surprenant que cela puisse être : Keynes ne connait pas l' œuvre de Marx et de Quesnay mais invente lui aussi un circuit. Des auteurs circuitistes, il ne
connaissait peut-être que Petty, mais il ne s'en est guère nourrit. Ce sont donc des conséquences particulières qui vont amener Keynes à décou vrir par lui-même le
circuit, ce qui est dommage car il aurait abrégé son travail de recherche. Il n'en a pas moins au bout du compte accompli ce qu'on nomme la révolution keynésienne.
I- Les circonstances
Keynes né en 1883 et meurt en 1946, ainsi il y a un passage de relais entre lui et Marx, bien qu'il faudra attendre 1932 pour observer une réelle affiliation avec ce
dernier. Jusqu'à cette date cruciale de 1932, le parcours intellectuel de Keynes lui avait fait franchir plusieurs étapes déterminantes : après des études secondaires
brillantes au collège d'Eton entre en 1902 à l'université de Cambridge, au Kings Collège, qui accueillait traditionnellement les meilleurs élèves d'Eton. Il y entre
pour faire des mathématiques, et plus spécialement les probabilités, puisqu'il écrira le Traité de probabilité pour sa thèse. Il se consacre également à la philosophie
dans le cadre d'un club à Cambridge, exclusivement masculin et où l'on entrait parrainé et sous de nombreuses conditions. Ainsi c'est Lytton Strachey et Leonard
Woolf qui appuient sa candidature au club nommé "La société des apôtres" (en raison de ses 12 membres autour d'un maitre à penser, George-Edouard Moore). Ce
club va faire évoluer la méthode de Keynes, en effet la philosophie de Moore, rassemblée dans son ouvrage Principia Ethica, vient de paraitre en 1902. Ainsi cet
ouvrage consiste en une recherche exigeante du beau, du bien et du vrai (une recherche éthique), fondée sur la perfection du langage. Le passage par la philosophie
de Moore aura chez Keynes une importance décisive pour la révolution keynésienne, nécessaire à sa compréhension et emprunte de la recherche du vrai qui
rappelle le club.
En 1905, ses études terminées, Keynes doit trouver une profession. C'est ainsi le plus grand professeur d'économie de Cambridge (et donc l'un des plus grand
professeur au monde), Alfred MARSHALL, qui vient trouver Keynes et essai de l'attirer vers l'économie politique pour qu'il devienne son successeur. Keynes ne
dit pas non, et de fait commence à étudier l'économie politique dans les célèbres Principles d'Alfred Marshall. Cependant il ne souhaite pas devenir son successeur,
mais à des vues sur le concours de la fonction publique afin de devenir administrateur à Londres. Ville qu'il souhaitait rejoindre pour retrouver ses anciens amis
Strachey et Woolf qui avaient fondés le groupe de blumsberry. Ainsi il convoite la place au Trésor (réservée par le premier), cependant il n'est reçu que second
(avec des notes excellentes dans toutes les matières, sauf en mathématiques et en économie). Keynes va donc au ministère de l'Inde (India Office) en 1906.
Keynes retrouve donc ses amis mais ne s'épanouit pas réellement au ministère. Il rédige donc en même temps sa thèse de probabilités, dans l'optique de retourner à
l'université. Il la soutient en 1908 devant John WHITEHEAD, Bertrand RUSSELL (deux grand mathématiciens, inventeurs de la théorie des ensembles,
aujourd'hui appelée topologie). Il est reçu mais n'obtient pas le poste de fellow tant convoité (qu'il aurait l'année prochaine), cependant Marshall lui propose de
rester à l'Université de Cambridge pour devenir son assistant personnel. En 1908, à l'âge de 25 ans, il devient donc un économiste professionnel, sous la houlette de
Marshall.
Marshall est un héritier des classiques anglais (Ricardo) et des néoclassiques (Stanley Jevons), dont il fait la synthèse. Keynes à la plus grand estime pour ces
économistes qu'il admire. Il ne fait pour l'instant pas de recherche, mais est l'apôtre de l'économie marshallienne qu'il juge achevée et ne remet pas en question.
Keynes se voulait pragmatique, soucieux de donner au problème économique une réponse concrète (ce qui ne voulait pas dire une solution sans audace). Keynes,
économiste et membre du parti libéral, est invité au Trésor pendant la guerre par le premier ministre anglais, Lloyd Georges (chef du patri libéral "whig"), pour
s'occuper d'un problème particulier : l'indemnité qu'il faudra demander à l'Allemagne après la guerre. L'Allemagne vaincu va être invitée à venir négocier le traité
de paix à Versailles avec la France et les Etats-Unis. Keynes, présent comme expert de la question des réparations et non comme négociateur, voit pourtant que les
Alliés entendent se venger envers de l'Allemagne en imposant des réparations excessives (au dessus des capacités de paiement, et fomentant un sentiment de
rancœur). Keynes va donc essayer de convaincre Lloyd George qu'il fallait observer de la modération, chose qu'il pense surement, cependant en politique il ne peut
pas se séparer de Clémenceau et décevoir l'opinion. Ainsi Keynes constatant que ses idées, si elles n'étaient pas écouté entrainerait une nouvelle guerre mondiale,
décide de démissionner pour retourner à l'université. Il décide donc de s'emparer de l'opinion publique, dans son livre Les conséquences économiques de la paix où
il prend courageusement parti pour l'Allemagne. Bien que ce livre fit scandale, Keynes est désormais un économiste mondialement connu.
Le parti libéral anglais le traite comme un éminent économiste. Ainsi avec le parti conservateur ("tory"), ils alternent au pouvoir. Or les élections générales
d'octobre 1923, il se produit un séisme : ce n'est ni le parti whig ni le tory qui est élu, mais le Labour Party (travailliste). Le parti libéral à ces élections n'arrive
même pas deuxième, mais à la troisième place, ainsi dans le système bipartite anglais cela signifie une menace de mort politique. Ainsi le parti libéral dans
l'Europe dévastée de l'après-guerre ne répond plus aux préoccupations majeurs de la population : ce n'est plus la défense du libre échange mais la lutte contre le
chômage. Lloyd George à une idée : pour combattre le chômage il faut programmer de grands travaux publics. Cependant cette idée est en partie rejetée par l'aile
droite du parti libéral, sous le contrôle de Asquith, qui admet une concession : il est d'accord, à condition de fonder par des arguments scientifiques le bien fonder
de ces travaux publics. C'est à ce moment là que Keynes entre en scène, intimement persuadé du bien fondé de ce programme, pense que cela serait facile. Il ne se
doutait pas qu'il allait buter voire chuter, le conduisant à se détourner de la théorie classique.
Keynes va se heurter à une difficulté insoupçonnée pour prouver le bien fondé de son programme de grands travaux. Keynes étant un économiste classique, sous
la houlette de Marshall, il n'a à sa disposition que la boite à outil de la théorie classique (de Ricardo, et néoclassique de Jevons). Or l'un des principes les plus
solides, l'un des dogmes les mieux enraciné de la pensée classique est que tout investissement, y compris l'investissement public, nécessite pour son financement
une épargne préalable. Si un programme d'investissement est lancée sans épargne préalable, la population n'a donc pas dégagé les fonds nécessaires pour cette
investissement, cela débouchera sur l'inflation. Ce postulat se résume en somme à l'expression abrégée suivante : l'épargne commande l'investissement. Par
conséquent, la cause du chômage, c’est-à-dire l'insuffisance d'investissement, repose sur une épargne insuffisante.
Keynes en 1924, qui est Marshallien, admet ce postulat sans réserve. Il est donc tenu de prouver qu'il existe dans l'Angleterre de 1924 des gisements d'épargnes
inemployés susceptibles d'être utilisés au financement du programme de grand travaux publics de Lloyd George. Les libéraux de l'aile droite rappelle à Keynes
que toute l'épargne disponible de Grande Bretagne est déjà utilité pour le financement de grands projets. Il faudra donc arrêter certains travaux pour en entamer
de nouveaux, donc un transfert d'emplois et non des créations d'emplois (voire du chômage, les classiques ne faisant pas confiance aux grand travaux publics).
Keynes réponds : "Certes, vous avez raison, toute l'épargne britannique est déjà employé à des investissements utile et il est hors de question de l'utiliser pour le
financement des grand travaux de Lloyd George. Mais il y a toute une partie de l'épargne britannique qui est investie à l'étranger, c'est donc cette épargne qu'il
faut rapatrier dans le pays". Mais comment ? Les moyens coercitifs sont prohibés par les classiques, or Keynes reste libéral et pense à des moyens incitatifs :
l'épargne ne comprends qu'une seule chose, c'est la rémunération qui lui est offerte, il suffit donc d'offrir à l'épargne britannique une rémunération plus élevée
que celle qu'elle obtient à l'étranger. Il faut donc élever le taux d'intérêt en Grand Bretagne. Or Asquith lui fait remarque qu'un an auparavant, en juillet 1923,
alors que la politique du pays était encore tournée vers la lutte contre l'inflation, Keynes avait écrit un brulot contre la Banque d'Angleterre dans The Nation and
Athenaum qui venait d'augmenter son taux d'escompte, et par conséquent le taux d'intérêt, d'un point (de 3 à 4%) dans le cadre de sa politique de désinflation, lui
reprochant de vouloir décourager l'investissement et par suite causer du chômage. En juillet 1924, toujours dans le but de réduire le chômage, il plaide pour une
hausse du taux d'intérêt : il était dans une grave contradiction. S'il est dans cette contradiction, c'est parce qu'il est enfermé dans la théorie classique, il lui faut
donc en sortir. Seulement il n'y à rien d'autre.
Keynes décide en 1924 de se séparer de la théorie classique sans savoir encore ce qu'il va mettre à la place. Il va donc se retirer de la vie publique et politique
Malgré son coté indéniablement novateur, l'ouvrage n'a aucun succès. Loin de se décourager, il va écouter les conseils de ses amis, et même de ses adversaires,
et reprendre son travail là où il l'avait laissé. Il comprend le pourquoi de l'échec, même s'il maintient que la crise, qu'il appelle déflation, est caractérisée par un
excès de l'épargne (S) des ménages sur l'investissement des entreprises (I), autrement dit I - S < 0 (→ déflation), il se rend compte qu'il na pas expliqué d'où
venait cet excès d'épargne sur l'investissement. Ses jeunes amis de Cambridge (R. Kahn, J. Meade, J. Robinson, P. Sraffa) vont former le Circus, à savoir un
cercle qui va lire attentivement ses livres, expliquer l'échec du Traité de la monnaie et l'aider à construire son prochain. Celui qui va jouer un rôle décisif est un
ancien ami de Keynes, Robertson, avec qui il avait commencé une collaboration au lendemain de sa décision de rompre avec la théorie néoclassique, mais de qui
il se détachera un an plus tard, trop enfermé dans la théorie classique selon Keynes. Avec une amitié feinte, il entreprit de démontrer à Keynes pourquoi son livre
était un échec. Robertson souscrit à l'inégalité I - S <0 comme inégalité de la crise, or il ajoute que cet excès d'épargne sur l'investissement c'est de l'épargne
thésaurisée ("hoarded"), c’est-à-dire de l'épargne que les ménages préfère garder sous forme de billet ou de dépôt à vue plutôt que de l'investir (valeurs
mobilières …) : c'est un dépôt stérile (épargne avortée, "aborted"). Keynes est d'accord, l'excès de S sur I est de l'épargne thésaurisée, cependant même s'il
accepte ceci, d'instinct il rejette la conséquence consistant à faire porter aux ménages la responsabilité de la crise. Faut-il donc admettre que les épargnants aient
le pouvoir de plonger l'économie dans la crise alors que les banques qui recueillent ces dépôts stériles pourraient très bien suppléer à cette épargne par des
crédits supplémentaires à l'investissement. Keynes ne voit pas lui-même comment y remédier. Dans un courrier de Keynes à Robertson le 22 mars 1932, Keynes
peut dire en quelque sorte "Eureka !" : les ménages n'ont aucun pouvoir par leur épargne de bloquer l'investissement des entreprises ni a contrario de relancer
l'investissement des entreprises, ce n'est jamais l'épargne qui commande l'investissement, c'est toujours l'investissement qui entraine l'épargne après lui au même
rythme que lui. Il est donc vain d'attendre de l'épargne qu'elle propulse l'investissement, puisque c'est au contraire l'investissement qui est le moteur de l'épargne.
C'est donc à cette date précise du 22 mars 1932 que Keynes rompt complètement et définitivement avec la théorie classique. Par cette découverte, point de
départ de la révolution keynésienne, Keynes est affranchi et libéré de la pensée classique.
En premier lieu cette découverte lui donne désormais la justification recherchée depuis 1924 de grands travaux publics : en effet puisque la contrainte de
l'épargne préalable est abolie, il est vain d'attendre qu'une épargne se présente pour lancer le grand programmes de travaux publics. C'est même ce programmes
de travaux publics qui engendrera l'épargne que l'on attendait. En second lieu, Keynes voit maintenant grand ouverte devant lui la voie qui le conduira à
l'ouvrage véritablement révolutionnaire dont il se sent porteur et qui paraitra 6 ans après le Traité de la monnaie, en 1936 sous le titre de Théorie général de
l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie . Cet ouvrage est fondé tout entier sur la découverte de 1932. Il peut fonder son circuit keynésien en plaçant les banques à
la première place puis les entreprises et enfin les ménages. Tel est le schéma du circuit qui se place dans le cadre de la théorie générale (sans référence aucune à
ses prédécesseurs) : le circuit keynésien n'a donc pas toujours la netteté souhaitable, étant créé ex nihilo. Même s'il est vrai que tous les éléments nécessaire à sa
construction son présents dans le livre, ils sont épars et de surcroit, non seulement Keynes ne fait jamais l'effort de les rassembler, mais ne prononce jamais le
mot de circuit. Il ne faut pas en tirer des conclusions trop négatives : c'était dans les habitudes du personnage de ne jamais descendre dans les détails, il laissait
ce soin à ses disciples. En l'occurrence c'est aux post-keynésiens, après la mort de Keynes, spécialement dans les années 80, que l'on doit d'avoir explicité le
circuit keynésien, resté longtemps inaperçu. Ce travail d'extraction fait, on découvre une représentation saisissante du système capitaliste moderne.
I- Les pôles
C'est un circuit tripolaire, mais la grande différence entre le circuit keynésien et les deux grands circuits précédents (Que snay et Marx) est que les pôles chez
Keynes ne représentent pas des classes sociales ni des agrégats d'agents économiques mais les trois fonctions économiques de base : fonction de financement,
fonction de production et fonction de consommation.
• La fonction de financement est représentée par B, car les banques sont les plus représentatives du pole financier. Ce pôle regroupe toutes les opérations
financières, aussi bien celles qui sont effectuées par les banques proprement dites, qui sont des opérations de crédit, que les opérations d'émission et de
souscription de titres qui ne relèvent pas de l'activité caractéristique des banques. Le financement d'un agent à besoin de financement par crédit est dit
financement intermédié (ce sont les intermédiaires financiers -les banques- qui l'octroient, prenant à sa charge l'insolvabilité du débiteur. Il se rémunère
par le biais d'un taux d'intérêt), le financement par titre est dit financement désintermédié (car en théorie, se dispensant des intermédiaires financiers :
lorsque d'une entreprise émet des titres destinés aux ménages épargnants, il n'y a pas en théorie d'intermédiaires. En pratique, l'intermédiaire se rémunère
par le biais d'une commission, mais ne supporte pas le risque d'insolvabilité). Il y a au pole B les intermédiaires financiers, mais il n'y a pas la totalité des
banques, car elles sont certes des agents financiers qui collectent l'épargnes des uns pour la redistribuer en crédits à d'autres, mais aussi des employeurs,
des société ayant des bénéfices etc … Dans le pole B nous rattacherons uniquement la fonction d'intermédiaire des banques, leur partie productrice sera
rattachée au pôle production.
• La fonction de production est représentée par E, car les entreprises et les entrepreneurs sont les plus représentatives de ce pôle. A noter qu'au pole E ne
figure pas toute une partie des opérations faites par les entreprises commerciales : précisément les opérations financières comme l'émission de titres (qui
se rattachent au pôle B).
• La fonction de consommation est figurée par le troisième pôle noté M, car les ménages sont les plus représentatifs de ce pole.
Ces trois pôles sont les figures emblématiques du circuit keynésien qui se caractérise par des fonctions et non des agrégats d'agents économiques. L'Etat n'est
pas apparent, ce n'est pas une absence mais au contraire une omniprésence : l'Etat est un agent particulier qui participe des trois fonctions de bases (Trésor
Publique dans le pole B, services non marchands et employeur pour le pole E, et consommation publique au pole M). Rien n'empê che toutefois que pour
l'étude de problèmes particuliers, notamment la politique économique de l'Etat, on préfère détacher les fonctions de l'Etat d es trois fonctions de bases pour en
constituer le pole administration (noté A).
Entre les pôles circulent entre une période de temps donné différents flux. Le circuit keynésien est donc une suite de flux hiérarchisée (ordonnée à partir d'une
origine non historique mais logique). L'ordre des flux est dès lors commandé par l'ordre même de la circulation de la monnaie entre les agents, conformément
au principe fondamental des économies monétaires. Nous allons classer ces flux dans trois catégories suivant leurs pole d'origine.
a) Flux issu de B
C'est le flux dit de financement (noté F). Il est dirigé de B vers E, le pôle production, qui regroupe les activités de production des agents qui sont à besoi n de
financement (entreprises, Etat …). Les ménages pris globalement sont des agents qui ont une capacité de financement (Il n'y a ura pas de flux de B vers M). Le
flux F est ce qu'on appelle un flux net, en ce sens qu'il mesure la totalité des financement octroyés dans la période par le pole B au pole E moins les
remboursements (amortissements) de financements antérieurs et effectués par le pole E au pole B dans la période considérée. D ès lors, à partir du moment où F
est un flux net, il n'y a pas lieu de faire figurer un flux de E vers B.
Enfin, F recouvre à la fois le financement intermédié (crédit bancaire) et le financement désintermédié (financement par titr e)
Ils sont multiples et seront classés selon le pole de destination. Il n'y a que deux destinations possibles sachant qu'il n'y a pas de flux de E vers B :
- Les flux issus de E vers M : c'est un flux de revenu noté Y qui regroupe l'ensemble des revenus versés par les entreprises aux ménages. Ils sont de deux
sortes : les salaires notés (W) et des profits distribués (intérêts obligataires, dividendes …) notés P. Se faisant Y = W + P.
- Les flux issus de E vers E (flux interentreprises) : ce sont les achats des entreprises les unes auprès des autres tout au long de la période. Ils sont de deux
sortes, les uns portent sur des biens intermédiaires (essentiellement matières premières) et constituent ce que l'on appelle la consommation intermédiaire
(noté ci) des entreprises acheteuses, les autres portent sur l'achat de biens d'équipements (dit aussi de capital fixe) et constituent ce que l'on appelle
l'investissement brut (noté IB). Ce dernier se décompose lui-même en plusieurs flux : il y a ceux qui viendront en fin de période pour pourvoir au
remplacement du capital fixe mis hors d'usage au cours de la période (consommation de capital fixe, noté ccf), le reste de l'investissement brut forme
l'investissement net (IB - ccf = I). Au total les achats interentreprises correspondent à la somme de U (user cost of production : coût d'usage de la
production c’est-à-dire la consommation productive des entreprises, soit l'adjonction de ci et de ccf) et de I (ou autrement dit de ci et de ccf + I = IB)
Il y a donc six flux fondamentaux : F, Y (W+P), U (CI+CCF), I, C, S. Ces pôles et ces flux vont maintenant être assemblés dans le circuit keynésien de base.
L'assemblage des pôles et des flux peut se faire sous deux formes équivalentes mais portant chacune un intérêt spécifique. L'une est la forme comptable et l'autre
la représentation graphique.
La représentation comptable consiste à rassemble les flux dans des comptes (un compte par pôle, donc trois) à deux colonnes. Chaque flux est issu d'un pole et
dirigé vers un pole (il y aura donc une double inscription). La colonne gauche est réservée à l'enregistrement des flux sortant et la colonne de droite aux flux
entrants. Flux entrants et flux sortants sont appelés différemment suivant le système : en comptabilité nationale emploi pour les sortants et ressources pour les
entrants, en entreprise les sortants sont les débits et les entrants sont les crédits...
B E M
U U
F S C Y
I I
S
Y C
Cependant on utilise souvent la représentation graphique sous une convention simple : les pôles seront figurés par des points et les flux par des flèches.
Remarques :
- L'équilibre du circuit est défini par l'égalité en chaque pôles de la somme des flux
entrants et de la somme des flux sortants. Cet équilibre comptable est nécessairement
vérifié sous la simple hypothèse que le recensement des flux est exhaustif et leur mesure
Le circuit keynésien est exacte.
- Théorème du circuit économique : (Jean ULLMO) énonce que dans un circuit à n pôles
B (n ∈ ℕ, n ≥ 2) la condition nécessaire et suffisante pour que ce circuit soit en équilibre
est qu'il doit y avoir égalité de la somme des flux entrant et de la somme des flux sortant
en n-1 quelconque des n pôles. Deux conditions suffisent donc à caractériser l'équilibre
du circuit en ses trois pôles (avec M et B par exemple) :
S F Y=C+S
S=F
- Comment le pôle B est-il rémunéré ? Où sont les intérêts de E payés à B ? Tout semble
indiquer que le financement est gratuit (pas de flux de E vers B), or il n'est bien
C évidemment pas à taux d'intérêt nul. Ils sont dans les flux interentreprises du pôle E car
M E c'est le produit d'un service, qui font plus précisément parti du coût d'usage (U).
Y = W+P U+I - Il existe une hiérarchie des pôles et des flux. Une fois admit que le premier flux (le flux
sans lequel aucun autre ne saurait exister, F), il découle que le premier pôle est B. Le
second pôle et donc E et le dernier M. Il y a également une hiérarchie partielle des flux,
en se sens que par exemple il est impossible de dire des flux U et I lequel précède
l'autre. Ce qui est tout a fait certain c'est que dans la succession des flux il y à un
premier flux, F, et un dernier flux, S. Ce dernier flux sera utilisé pour calculer la période
du circuit de base (également appelé temps de circuit).
Tout d'abord nous définirons le multiplicateur keynésien puis nous verrons la dynamique équilibrante de ce multiplicateur. En fin nous aborderons le multiplicateur
et la politique économique
Le multiplicateur keynésien est le nombre d'unité de revenu distribué au ménages pour chaque unité monétaire injectée dans la circulation au cours de la période
considérée (ce nombre est noté k).
Si l'on se réfère au circuit de base, le nombre d'unité monétaire de revenu versé au ménages par E correspond à Y. L'injection monétaire (le nombre de monnaie
injectée dans le circuit) est notée F.
Y
Ainsi k =
F
• Au pole B, on à F = S
• Au pole M, on à Y = C + S ⇔ 𝑆 = 𝑌 − 𝐶
On aura donc 𝑘 = = =
Ainsi 𝑘 = Ceci fait apparaitre une relation fondamentale : le rapport correspond à la propension des ménages à consommer (noté c).
Ce ratio est remarquablement stable (car il reflète des habitudes de consommation).
𝐶
𝑐= → Propension des ménages à consommer
𝑌
𝑆
𝑠= → Propension des ménages à épargner
𝑌
𝐶+𝑆 𝑌 1 1
𝑐+𝑠 = = =1 Ainsi s = 1 - c 𝑘= = → k est l'inverse de s
𝑌 𝑌 1−𝑐 𝑠
Application :
Pour chaque euro injectée dans le circuit donnera lieu à 5€ de revenu distribués par
C = 80% s = 20% = 0,2 = les entreprises aux ménages.
Dans le circuit keynésien de base, tous les flux découlent de F (sans création monétaire il n'y aurait pas de circuit). F est le seul qui n'a pas d'antécédent, il ne
découle d'aucun autre flux car il est créé par les banques ex nihilo (c'est l'opération de création monétaire).
Le flux F est donc le "portail d'entrée" dans le circuit, c'est le point de passage obligé d'une perturbation exogène. Puisqu'une perturbation exogène affecte
nécessairement le flux F, notons : ∆𝐹 (∆𝐹 > 0) la perturbation exogène (injection de monnaie dans le circuit).
F F + ∆𝐹
On aura alors :
B Y aura-t-il un déséquilibre ? Non car ce supplément de crédit sera
garder par les entreprises en dépôts auprès du pole B. Le circuit est
maintenu en équilibre. Ce surplus sera ensuite dépensé en dépenses
productives supplémentaires (achat de moyens de production ou
achats de force de travail). Les entreprises faisant des anticipations
S F + ∆𝐹 optimistes, ont obtenu ce surcroit de financement.
∆𝐸
Toute dépense (supplémentaire) des entreprises fini par échoir en revenu supplémentaire aux ménages.
Supposons que le surplus de financement soit affectés aux ménages. Avec ce revenu les ménages vont accroitre leur consommatio n et leur épargne
(augmentation de la propension à consommer et épargner). Ceci va engendrer un accroissement de recettes qui serviront à inves tir, et à produire des
revenus supplémentaires etc …
∞ ∆𝑌 = 𝑘∆𝐸 ∆𝐶 = 𝑐𝑘∆𝐸 ∆𝑆 = ∆𝐸
∆𝑌 = (1 + 𝑐 + 𝑐 + ⋯ )∆𝐸 ∆𝐶 = (𝑐 + 𝑐 + ⋯ )∆𝐸
∆𝑌 = ∆ 𝑌 → ∆𝐶 = ∆i𝐶 → = 𝑐 (1 + 𝑐 + ⋯ )∆𝐸
i 1 𝑐
∆𝑌 = ∆𝐸 = 𝑘∆𝐸 = ∆𝐸 = 𝑐𝑘∆𝐸
1−𝑐 1−𝑐
∆𝑆 = 𝑠(1 + 𝑐 + 𝑐 … )∆𝐸
∆𝑆 = ∆ i 𝑆 → ∆𝐸 = ∆𝐹 ⇒ ∆𝑌 = 𝑘∆𝐹
= ∆𝐸 = ∆𝐸 = ∆𝐸
𝑐
∆𝐶 + ∆𝑆 = + 1 ∆𝐸
1−𝑐
= ∆𝐸 = 𝑘∆𝐸 = ∆𝑌
𝑌
∆𝑌 = 𝑘∆𝐸 𝑘= (1)
𝐹
→ ∆𝑌 = 𝑘∆𝐹
∆𝑌
∆𝐸 = ∆𝐹 𝑘= (2)
∆𝐹
B
Ce circuit est en équilibre puisque S = E = F.
Dans ce nouvel équilibre stable, il y aura reproduction des flux. C'est cette dynamique du
multiplicateur (valeur constante) que se fonde les politiques de relance dites "keynésiennes classique"
Définition de la politique économique : l'ensemble des instruments utilisés par l'Etat pour atteindre certains objectifs économiques.
Il importe donc de faire apparaitre explicitement l'Etat dans le circuit keynésien (bien qu'il ne soit pas absent dans le circuit de base) : nous allons donc l'isoler (en
retirant les opérations de l'Etats incombant à B, E et M) dans un pôle A (administration).
Le pôle A est un quatrième pole, auquel sont associés des flux : quatre flux (trois non financiers et un financier). Les quatre flux sont les suivants :
- Le flux Z : c'est le flux de revenu versé dans la période par A aux ménages (salaires, traitements …)
- Le flux J : ce sont les investissements publics, c’est-à-dire les achats effectués par l'Etat aux entreprises dans la période (biens intermédiaires, ou bien
d'équipement)
- Z + J : correspond à la dépense publique de la période (dépense d'investissement et de fonctionnement)
- Le flux T : ce sont les recettes fiscales de l'Etat
- Z + J > T ou Z + J - T > 0 (excédent des recettes sur les dépenses : c'est le déficit public)
- Le flux D (déficit, c'est le flux financier) : c'est à la fois le déficit public (Z + J - T > 0) et le flux de financement de ce déficit par le pole B (D = Z + J - T)
A B E M
U U
Z T F S C Y
D I I
J D Z
S
Y J
T
C
Référons nous à la définition : k étant le nombre d'unité de revenu versé aux ménages pour chaque unité de monnaie injectée d ans la circulation au court de
la période :
Propension à consommer (épargner) : C'est la part de leur revenu disponible pour la consommation (l'épargne) qu'ils affectent à la consommation (à l'épargne).
Dès lors le revenu disponible (pour la consommation et l'épargne) n'est plus Y + Z mais Y + Z - T :
Par conséquent 𝑐 = et 𝑠 =
Ainsi 𝑐 + 𝑠 = =1
Le taux de pression fiscale des ménages (poids des impôts dans leur revenu total) :
1
𝑠
𝑌+𝑍 1 1 1
= = 𝑑𝑜𝑛𝑐 𝑘 =
𝑌+𝑍−𝑇 1− 𝑇 1−𝑡 𝑠(1 − 𝑡 )
𝑌+𝑍
Application
On pose : t = 20% = 0,2 = 1/5
c = 75% = 0,5 = 3/4
s = 25% = 0.25 = 1/4
C'est une illustration de la politique économique possible a partir du multiplicateur. Supposons donc que l'objectif soit une réduction du chômage jusqu'à un certain
taux qui parait convenable. Les services compétents (ministère de l'économie et des finances) ont calculé que pour obtenir la réduction souhaité il fallait que les
ménages ait un revenu supplémentaire de 100.
∆(𝑌 + 𝑍) = 100 Quelle est l'injection nécessaire pour arriver au résultat souhaité ?
∆( )
→𝑘
Sachant 𝑘 = ( = = =5
∆ ) ( )
∆( )
⇒ ∆(𝐹 + 𝐷) = = = 20 Il faut donc une injection de 20.
∆(𝐹 + 𝐷) = ∆𝐹 + ∆𝐷 = 20
Cela va nous indiquer les deux voies par lesquelles vont passer la politique économique pour atteindre cet objectif :
- La voie de la politique monétaire : c'est une politique qui tend à agir sur ∆𝐹. Si les autorités n'envisagent d'utiliser que cette politique monétaire, il faut F = 20.
Dès lors comment faire pour amener les entreprises à s'endetter auprès des banques d'un supplément de 20. Pour se faire les a utorités publiques vont donc
baisser le taux d'intérêt (représentant le coût d'accès au capital), traduisant donc une incitation à l'endettement. La polit ique monétaire est donc une action par
le taux d'intérêt.
- La voie de la politique budgétaire : si les autorités jugent que la politique monétaire ne sera pas suffisante, elle feront a ppelle à une politique budgétaire. Cela
consiste en un action sur D directement, or D = Z + J - T, et donc ∆𝐷 = ∆𝑍 + ∆𝐽 − ∆𝑇. On peut donc passer par trois canal :
Z : politique d'emploi public (embauche de fonctionnaire, relèvement des salaires des fonctionnaires …)
J : politique d'investissement public ( l'Etat investira davantage, en commandant des hôpitaux, des universités …)
T : politique fiscale (réduction des impôts et augmentation du déficit public).
Ces trois canaux ne sont pas incompatible entre eux, tout comme la politique monétaire et la politique budgétaire. L'ensemble de ces dosages est ce qu'on appelle le
policy mix. Ce policy mix doit donc être de telle sorte que ∆𝐹 + ∆𝑍 + ∆𝐽 − ∆𝑇 = 20
De telles politiques (fondées par le multiplicateur) on été très en faveur un peu partout dans le monde, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’aux
années 70 (durant les Trente glorieuses). On leur à attribué le caractère de préserver un haut taux d'emploi et de revenus, or c'était une politique keynésienne
superficielle : l'ère de prospérité n'était pas propice à une remise en question et un approfondissement du keynésianisme. Avec l'arrivée de la seconde grande crise
du XXème siècle dans les années 70, il est apparu que ces politiques fondées sur le multiplicateur ne fonctionnaient plus. Il en à résulté une crise du keynésianisme
et une explosion en puissance du monétarisme. Ceux fidèles à Keynes on été poussé à creuser la pensée keynésienne et à la lire de manière plus approfondie. Se
faisant ils furent menés à découvrir que, loin d'être seulement une théorie du mécanisme de l'équilibre des flux et du multiplicateur, c'était avant tout une théorie de
l'explication du déséquilibre des flux et donc de la crise économique.
La seconde grande crise du XXème à l'occasion de laquelle le prolongement de la théorie keynésienne à été faite, s'est développée dans un contexte de
mondialisation, d'ouverture des économies vers l'extérieur. C'est donc dans un tel contexte qu'il nous faut rendre compte de la crise par le circuit keynésien. Il
nous faudra donc ouvrir le circuit keynésien sur le reste du monde, après quoi nous étudierons la condition keynésienne de crise, puis les facteurs de la crise et
enfin la régulation capitaliste selon le circuit keynésien.
Nous partons du circuit précédent, un circuit à quatre pôles (B, E, M et A) auquel nous allons adjoindre un cinquième pole noté RdM pour Reste du Monde.
Chacun de ces pôles aura une représentation en compte, nous aurons donc cinq comptes dans la représentation comptable.
Représentation comptable
(excèdent commercial)
A B E
U U
Z T F S
D I I
J D
L Y J →Q
H C
X
F
RdM M
Exemple
X H Y Equilibre au pole B :
C S=F+D+L
Hypothèse : X - H > 0 L
(excédent commercial S Z
du pays)
T
Remarque : plus le circuit se complexifie, plus la représentation graphique devient délicate (moins il est facile de donner une image du circuit bien lisible, où
les flèches ne se coupent pas)
1) Le revenu global
Le revenu global, dans le circuit à cinq pôles est fourni par les deux pôles producteur (E, production marchande et A, production non marchande). Il est la
somme de deux contributions :
- une noté RA : contribution de l'Etat : somme des revenus versés par l'Etat, donc R A = Z
Toutes les ressources du pole E (notés Q) sont les flux entrants à son crédit, sauf un qui est temporaire : le flux F.
Donc Q = U + I + J + C + X. Or RE, se sont des recettes issues de la production de E, or il y a la vente de biens et services achetées au reste du monde et
revendu au pays (en l'état ou après incorporation) : ce sont les importations (H). Les recettes issus de la vente de biens ou services produits par E est donc :
Q-H=U+I+J+C+X-H
Donc RE = Q - H - U
RE = I + J + C + X - H (5)
Il existe une expression de RE équivalente à (5) compte tenue de (5) et de l'équilibre comptable au pole E :
RE = Y + (I - F) (6)
R=Z+I+J+C+X-H (7)
R = (Y + Z) + (I - F) (8)
La relation (7) montre l'identité du revenu global keynésien et du produit intérieur net (PIN) de la comptabilité nationale. Quant à la relation (8) elle conduit
à l'inégalité caractéristique de la crise selon le circuit keynésien.
2) L'inégalité de crise
La relation (8) décompose le revenu global (R) en deux parts. La première, Y + Z, est ce qu'on appelle la partie distribuée d u revenu global (le revenu distribué
aux ménages). La seconde partie de R, autrement dit I - F, sera appelé par complémentarité la partie non distribuée du revenu global (ou revenu global non
distribué par les entreprises). Dans sa Théorie général de 1936, il appelle la partie non distribuée le revenu des entrepreneurs. Dans son ouvrage précédent, le
Traité de la monnaie, Keynes appelait cette grandeur d'un terme plus habituel, profit, or il y a renoncé : en effet le terme est ambigüe et imprécis, le profit étant
non distribué (par opposition au profits distribués sous forme de dividendes ou de salaires à travers Y).
Il est à noter que I - F peut recevoir deux autres appellations : c'est aussi ce que l'on appelle l'épargne des entreprises. Comment justifier que I - F mérite le nom
d'épargne des entreprises ? Il faut se référer à la définition de l'épargne : c'est la non consommation finale de son revenu. Or la consommation finale ne se réfère
qu'aux ménages, les entreprises n'ayant que des consommation productive. Leur épargne est donc leur revenu moins leur consomm ation finale, soit zéro, donc
leur épargne est égale à leur revenu. La seconde appellation est l'autofinancement des entreprises (autofinancement de leur i nvestissement net). On justifie ceci
par une identité simple : 𝐼 ≡ 𝐹 + (𝐼 − 𝐹 ).
La relation I - F est une entité fondamentale, de par la multitude de ses appellations, qui représente aussi la capacité d'endettement intern ational du pays. Elle va
également être au cœur de l'inégalité de crise chez Keynes.
- Valeur non négative (I - F ≥ 0 ou I ≥ F) : I, étant l'investissement des entreprises dans la période, soit l'accroissement de leur biens d'investissement, du
capital productif (donc du patrimoine) au cours de la période. C'est leur enrichissement net au cours de la période. F est leur endettement net, soit
l'accroissement de leur passif financier au cours de la période. Si I ≥ F, cela signifie que les entreprises ont accrue leur patrimoine au cours de la période
d'une valeur au moins égal à leur endettement. Du point de vue des créancier des entreprises (banquiers), cette richesse accumulée durant la période grâce à
F, constitue un gage au moins suffisant en vue du remboursement de F. Si B exigeait ce remboursement (les entreprises qui n'ont pas vocation à garder de la
monnaie ne sont pas directement capable de rendre cette argent, les autres investissent leurs revenu non distribué), elles sont certaines de pouvoir le faire
car ceux qui détiennent la monnaie nécessaire au remboursement de F seront trop peureux de confier cette monnaie aux entreprises. C’est-à-dire que ce sont
les ménages qui détiennent la somme suffisante pour permettre aux entreprises de rembourser leur dette F aux banques (S ≥ F). Or, les ménages n'auraient
pas à rembourser cette dette a la place des entreprises, ainsi il leur faut un intérêt pour confier leur épargne aux entreprises. Les entreprises ne peuvent pas
proposer des biens de consommation supplémentaires, l'épargne étant précisément la non-consommation finale, et vont donc émettre des produits financiers
(rémunéré par des dividendes pour les actions, ou des intérêts pour les obligations). Les ménages sont intéressés, mais il veulent être sur que les actifs émis
par les entreprises en vue de capter leur épargne ne perdront pas de leur valeur. Dans une configuration I - F ≥ 0 , les ménages sont sur qu'ils
n'enregistreront pas de moins-values mais des plus-values. Or qu'est-ce qui garantie dans cette configuration que les ménages recevront des plus-values ?
Les ménages vont acheter pour le prix de F (il vont consacrer une partie de leur épargne à l'achat des titres émises par les entreprises) des titres représentatifs
de part de propriété sur un capital de valeur I > F (il vont acheter pour le prix de F quelque chose qui vaut plus du prix de F). Puisque tout le monde sait que
les entreprises n'auront aucun mal à rembourser la dette F si cela le est demandé, cela ne leur sera pas demandé. Les banquiers vont donc inciter les
entreprises à s'endetter davantage (afin qu'ils paient plus d'intérêts). Les entreprises, voulant avoir les profits les plus importants possibles, vont donc
s'endetter (augmentation de F) pour réaliser plus de profits. Ainsi et d'après le multiplicateur, le revenu ajouté va se répandre dans le circuit : l'inégalité I - F
≥ 0 est représentative de la prospérité économique.
- Valeur négative (I - F < 0 ou I < F) : Cela signifie que leur accumulation au cours de la période est strictement inférieur à leur endettement. En effet, la
richesse accumulée par les entreprises et représentée par I étant strictement inférieur à l'endettement net contracté au cours de la période (F), pour les
entreprises cette richesse est maintenant un gage insuffisant. Tout à l'heure on ne leur demandait par de rembourser, mais maintenant qu'elles ne peuvent
plus rembourser ont le leur demande. Les entreprises se voient donc mis en demeure de rembourser F. Elles n'ont pourtant accumulé durant la période
qu'une richesse I < F, elles vont donc tenter la même manœuvre que précédemment : les entreprises vont donc émettre des actions à concurrence d'une
valeur égale à F qu'elles vont proposer aux ménages. Les ménages vont-ils y souscrire ? Les actions étant assorties de dividendes, elles restent tout de même
Identifier les facteurs de la crise c'est mettre à jour les forces de nature à transformer l'inégalité de non crise (I - F ≥ 0 ⇒ 𝐼 − 𝐹 < 0). Pour se faire nous allons
partir de l'égalité comptable au pole E :
U+I+Y-F=U+I+J+C+X-H
U + I + C + D + (X - H) (9)
L'inégalité (9) permet de voir la variable à expliquer (I - F) et montre six variables explicatives :
- Deux variables explicatives exogènes (ou autonome) : D et (X - H)
- Quatre variables explicatives endogènes (ou liées) : (Y + Z - T), C, (U + I) et U. Ce sont des variables composites qui au total impliquent six flux du circuit
keynésien (Y, Z, T, C, U et I). Entre ces quatre variables endogènes il y a quatre relations (il restera donc deux flux libre s et indépendant) :
□ Fonction de consommation : C = c(Y + Z - T) avec (0 < c < 1), ou sous une forme équivalent sous la fonction épargne S = s(Y + Z - T) (10)
avec (s = 1 - c)
□ Pression fiscale : T = t(Y + Z) avec (0 < t <1) (11)
□ Relation technologique : Y = y(U + Y) avec (0 < y < 1), soit 𝑌 = 𝑈 (12)
□ Répartition : 𝑌 = 𝜋(𝑌 + 𝑍) avec (0 < 𝜋 < 1) (13)
= 𝑌 d'après (13)
( )
𝑌+𝑍−𝑇 = ( )
𝑈 d'après (12)
( )
D'après (10) 𝑆 = ( )
𝑈
( )
Posons 𝑎 = ( )
> 0 𝑑𝑜𝑛𝑐 𝑎 > 0
S = aU
U + (Y + Z - T) + (I - F) = (U + I) + C + D + (X - H) (9)
U + aU + (I - F) = U + I + D + (X - H)
I - F = I - aU + D + (X - H)
Les deux flux indépendants sont donc I et U. Cette relation (9) qui est la base de la compréhension, admet une autre écriture :
𝐼
𝐼−𝐹 =𝑈 − 𝑎 + 𝐷 + (𝑋 − 𝐻) (14)
𝑈
Les facteurs de crise se ramènent à deux facteurs : I et U, que l'on peut quantifier selon un ratio :
𝐼 𝐷 + (𝑋 − 𝐻) (15)
I-F<0⇔ < 𝑎 −
𝑈 𝑈
D = 0 et X - H = 0
( )
Les relations de crise (15) ou (15') mettent en évidence, par le ratio I/U, un ratio critique qui est 𝑎 − pour (15) et à a pour (15').
( )
La recherche des causes de la crise se ramène donc à la recherche des facteurs susceptibles de faire tomber le ratio I/U sous son seuil critique 𝑎 −
Le seuil sous lequel l'économie est en crise (où le ratio I/U fait entrer l'économie en crise) dépend du seuil de a et des variables exogènes (D et X - H) relatives au
coût d'usage U. Lorsque l'Etat accroit son déficit public (D augmente), le seuil critique s'abaisse : si l'économie n'est pas en crise (U/I au dessus du seuil critique) et
que le seuil s'abaisse, la perspective de crise s'éloigne. Se faisant, si l'économie est déjà en crise (I/U sous le seuil critique) et que l'on abaisse le seuil critique,
l'économie peut sortir en de la crise.
En postulant X - H > 0 (excèdent commercial) : si l'excèdent diminue, le seuil d'entrée en crise va augmenter. Par conséquent une diminution de l'excédent, et a
fortiori un déficit commercial, est un facteur de crise. Or une augmentation du déficit publique va être un facteur d'une hausse de la demande des ménages, or les
entreprises vont devoir importer pour satisfaire leur demande, et donc creuser le déficit de la balance commerciale.
Ainsi les deux variables exogènes se contredisent : une politique de déficit peut faire sortir de la crise, or elle entraine un potentiel déficit commercial qui lui est
facteur de crise. Les variables exogènes ne peuvent donc expliquer sans ambiguïté et précisément les origines de la crise.
( )
Pour rechercher les vrais causes de la crise, il faut regarder I - F. L'économie, d'après la relation (15), tombe en crise quand le ration I/U tombe sous 𝑎 −
La chute de I/U sous son seuil critique peut être due à des causes accidentelles, telle une hausse brutale du prix des matières premières (ex : choc pétrolier de 1973
qui entraina un quadruplement du prix du pétrole) entrainant une augmentation des consommation intermédiaires facteur de crise économique pour les pays
dépendants du pétrole. Cette crise à été d'autant plus rude que le pétrole est une matière importante et importée : en même temps qu'il aggravait les charges de
consommations intermédiaires des entreprises il a aggravé le déficit commercial. La diminution de X - F à augmenté la taille du déficit commercial et donc à
plonger les pays dans la crise.
Toutefois une cause accidentelle comme celle-ci ne serait constituer une théorie générale de la crise. Car ceci n'explique pas la récurrence des crises, leur
préparations ni même leur durée. Pour expliquer cela, il faut admettre que des causes permanentes sont à l'œuvre, c'est elles qu'il faut mettre à jour.
Nous devons nous tourner vers U et plus précisément vers la consommation de capital fixe (cout de remplacement du capital, ccf).
Nous devons nous rappeler que IB correspond à l'investissement brut (total des achats de biens d'équipement par les entreprises les unes aux autres au cours de la
période) se décompose en I (investissement net : restera de l'investissement brut une fois enlevé ce qui à servit à remplacer le capital mis hors d'usage) et CCF
(consommation de capital fixe). De quoi dépend la valeur de la consommation de capital fixe au cours de la période (CCF) ? Elle dépend de la vitesse de rotation
du capital : plus cette vitesse est grande, plus fréquemment doit être changé le capital fixe et plus lourds par conséquent seront les couts de remplacements.
Ainsi de quoi dépend la vitesse de rotation du capital ? Elle dépend du progrès technique et plus précisément de sa rapidité : plus le progrès technique est rapide,
plus les innovations sont incorporés dans le circuit productif par les concurrents rapidement, déterminant donc la vitesse de rotation du capital.
Concurrence intense Progrès technique rapide A investissement brut donné, une aggravation
soudaine de la concurrence va augmenter les
charges de consommation de capital fixe, au
détriment de l'investissement net
I CCF
CCF importante Vitesse de rotation
du capital fixe élevée Le ratio I/CCF va donc diminuer
𝐼 𝐼 𝐼
= <
𝑈 𝐶𝐼 + 𝐶𝐶𝐹 𝐶𝐶𝐹
Or, il y a sous la pression de la concurrence (phénomène permanent et croissance dans l'économie capitaliste), une baisse tendancielle du ratio I/CCF en
économie capitaliste et par conséquent entraine dans sa baisse le ratio I/U. La crise est donc inéluctable.
Marx et Keynes se rejoignent sur la cause ultime de la crise capitaliste, a savoir la concurrence capitaliste en elle-même. Ce sont les contradiction internes du
Il y a cependant une différence entre les deux : Marx se fondait sur cette inéluctabilité de la crise pour prédire, à terme, l'autodestruction du capitaliste (à laquelle
il aspirait), Keynes, qui fait une analyse voisine, voyait aussi le risque d'autodestruction du capitalisme mais il ne croyait pas qu'elle aille à son terme (et il ne le
souhait pas, n'étant pas un économiste révolutionnaire). Pour lui le capitaliste pouvait et devait mettre en œuvre des forces de sauvegarde qui contrebalanceraient
les forces d'autodestruction. Keynes en somme militait, et cela depuis 1924, pour une nouvelle régulation du capitalisme.
La politique keynésienne est fondamentalement un refus du laisse faire. Dès 1926 Keynes avait publié un opuscule intitulé The end of Laisser Faire, dans lequel
il disait ne pas croire à la fameuse main invisible d'Adam Smith (l'économie tendra d'elle-même comme sous l'effet d'une main invisible vers l'équilibre à une
condition, qu'il n'y ai aucune entrave à l'équilibre naturel). Pour Keynes le marché ne peut pas de lui-même conduire à l'équilibre, cela dit il n'est pas pour autant
contre le marché (il ne conclu pas que le marché doit être supprimé) mais le marché, dit Keynes, doit être encadré, surveillé, régulé. Evidemment c'est à l'Etat
que revient cette fonction de régulation du marché.
L'intervention de l'Etat préconisée par Keynes ne signifie nullement suppression ni affaiblissement de la liberté individuelle : il se déclare libéral (et y adhère du
début jusqu'à la fin de sa vie) authentique (et non opportuniste, n'ayant pas fait de carrière politique et adhérant à un par ti de troisième rang).
Il y a une philosophie politique capitale chez Keynes : il est libéral en se sens que la liberté individuelle est un bien infiniment précieux, mais la liberté
individuelle ne doit pas conduire à l'excès de libertés, car cet excès est éminemment destructeur : il détruit tout, y compris la liberté elle-même. La liberté doit
être mesurée et pondérée par l'Etat. A cette philosophie libérale correspond la politique économique de Keynes qui va se structurer naturellement une fois
découvert le circuit.
Dès avant 1936 (publication de la Théorie général), Keynes à compris que le refus du "laisser faire" va de pair avec un refus du "laisser passer". La nécessaire
intervention de l'Etat dans les affaire économique intérieures allait de pair avec une nécessaire intervention de l'Etat dans les affaires économiques extérieurs.
En transposant son refus du laisser faire vers l'extérieur, Keynes allait inévitablement se tourner vers le protectionnisme.
2) Le protectionnisme keynésien
Au fil des ans, Keynes se prononce de plus en plus nettement contre le libre échange et donc pour le protectionnisme. Sur ce point, il y a une comparaison à
faire entre Marx et Keynes (une comparaison par antithèse) : Marx dans son célèbre discours sur le libre-échange s'est prononcé en faveur du libre-échange,
ayant analysé que le libre-échange était un puissant facteur d'aggravation de la crise capitaliste (et donc précipitant sa chute). Keynes, conscient comme Marx
des facteurs d'autodestruction du capitalisme par le libre-échange, mais ne souhaitant pas le chute du capitalisme se prononce contre le libre-échange.
La concurrence étant le facteur ultime de crise : la pire n'est pas celle que les entreprises subissent à l'intérieur du territoire nationale mais celle que les
entreprises subissent depuis l'extérieur. Ce constat mène Keynes vers le protectionnisme.
La doctrine protectionniste de Keynes atteint sa forme la plus achevée en 1933. A cette date, un texte de Keynes résume en trois phrases sa position sur la
question du protectionnisme : "Les idées, le savoir, l'art … Voila des choses qui par nature sont internationales. Mais il faut que les marchandises soient de
fabrication nationale chaque fois que cela est possible et raisonnable. Et surtout, il faut que la monnaie et la finance soient prioritairement national."
Ce paradigme n'est pas purement doctrinal, normatif, il est pour la première fois appuyé sur un fondement scientifique solide. De sorte que Keynes devient
l'anti-Ricardien par excellence : les pures libéraux le détestent car il détruit le libre-échange et prône le protectionnisme.
La comptabilité nationale correspond à la représentation concrète, méthodique et chiffrée du circuit économique national. Bien que procédant de l'analyse du
circuit keynésien, elle se veut autonome, libre de toute allégeance et au service de toutes les théories.
La comptabilité nationale s'est développée avant et pendant la Seconde Guerre mondiale : la France fut à ce propos un pays pionnier (avec SAUVY et
GRUSON ) qui a pu, dès 1945, mette sur pied une comptabilité nationale originale (en ce sens qu'elle est différente de la comptabilité britannique développée
par STONE et MEAD).
Au fil des ans, le besoin de normalisation internationale se faisant sentir : la France s'aligne donc sur les règles de la comptabilité internationale en 1953 dans
le cadre de l'ONU (puis transposées dans le cadre de l'union européenne). Aujourd'hui, elle est en harmonie avec le système européen de comptes nationaux dit
SEC 95, lui même en concordance avec ceux de l'ONU nommées SCN 93.
Cependant la comptabilité nationale n'est pas seulement une description du circuit économique : elle permet aussi de vérifier ses lois.
I- La production
La production correspond à l'opération de base. Elle est définie comme l'activité qui combine des ressources en main d'œuvre, en capital, en biens et services pour
fabriquer des biens ou fournir des services. La production désigne aussi le résultat mesuré de cette activité. A ce titre, la production se compose de trois éléments :
- Tous les biens ou services fournis ou destinés à être fourni à d'autres que ceux qui les ont produit.
- La production pour usage final propre : les biens ou services fournis à eux -mêmes par ceux qui les produisent (essentiellement : autoconsommation des
agriculteurs, et l'autoconsommation en services de logement par les propriétaires occupant leur logement)
- Les activités bénévoles : seulement celles qui débouchent sur la production de biens, se faisant les services rendus bénévole ment ne sont pas comptés au sein
de la production des activités bénévoles.
A l'intérieur de la production on sépare la production marchande et la production non marchande. La production marchande est la plus importante (environ 80%),
de plus c'est celle qui est vendu ou susceptible d'être vendu à un prix en rapport avec le prix de marché. Cependant, il se t rouve que le marché n'est pas toujours
une réalité bien perceptible, c'est pourquoi la comptabilité nationale est supplée par une convention : tous les biens dès lo rs qu'ils sont vendus ou susceptibles
d'être vendus sont comptés comme une production marchande, en ce qui concerne les services, il ne seront comptés que lorsqu'i ls seront vendus à un prix au
moins égale à la moitié de leur cout de production.
La production non marchande comprend d'une part les produits pour usage propre (partie mineure), l'essentiel étant les autres produits non marchands,
correspondant essentiellement à des services fournis gratuitement ou à un prix inférieur à la moitié de leur cout de producti on. Ces services sont le plus souvent
rendus par l'Etat ou d'autres administrations publiques. Au sein des autres produits non marchands on distingue deux catégori es : les services collectifs (services
non marchands indivisibles par nature : défense nationale, administration générale …) et les services individuels (services i ndividualisables : éducation nationale,
sécurité sociale … ).
L'évaluation de la production diffère selon qu'il s'agisse de production marchande ou de production non marchande. La product ion marchande est évaluée par
référence au prix de marché, plus précisément la production marchande est évaluée au prix de base (prix du marché du point de vue du producteur).
L'évaluation de la production non marchande ne peut être faite au prix du marché. Elle est faite par conséquent par la somme de ses couts de production : le
cout salarial, les couts intermédiaires et les couts de remplacement du capital (consommation de capital fixe).
L'évaluation de la production pour usage propre sera faite par rapport au prix du marché.
II- La consommation
Il y à consommation lorsqu'il y a consomption (ce qui est consommé disparait). Il y a deux types de consommations :
- Consommation finale : disparition définitive de la marchandise
- Consommation productive : elle se divise en consommations intermédiaires et consommations de capital fixe.
1) La consommation finale
La consommation finale est la valeur des biens et services produits et utilisés pour la satisfaction directe des besoins humains individuels ou collectifs.
Des ménages : elle comporte les achats de biens (sauf les logements) par les
ménages. On y inclus les produits pour usage final propre (sauf les logements),
sont exclus les dépenses de santé remboursées.
Individuelle : c'est celle qui
est le fait de tel ou tel groupe
Des administrations (ou transferts sociaux en nature) : ce sont des services non
marchands individualisables, rendu par les administrations aux ménages. Figure
Consommation également le service public d'enseignement …
Collective : tous les services non marchands et non individualisables. Le critère du de service collectif est double : la
condition de non exclusion (nul ne peut être exclu de la consommation du service en question), et condition d'indivisibilité
(l'arrivée d'une personne supplémentaire dans la collectivité ne serait diminuer en rien la consommation des autres usagers).
La consommation individuelle et collective, bien que profitant au ménages, ne porte pas sur le compte des ménages mais des administration pour la raison
suivante : on ne pourrait pas, sans arbitraire, les répartir entre les différentes catégories de ménages de plus cela poserait un problème de ventilation.
Agents
Ménages Administrations TOTAL
Consommation
Individuelle Consommation individuelle Consommation individuelle des Consommation effective individuelle
des ménages administrations (transferts sociaux en nature)
Collective Consommation collective Consommation effective collective ou
consommation effective des administrations
TOTAL Dépense de consommation Dépense de consommation finale des Consommation effective totale = dépense de
finale des ménages administrations consommation finale totale
L'évaluation de la consommation finale diffère de l'évaluation des produits marchands : la consommation finale de biens et services marchands est évaluée
au prix d'acquisition
Dans le cas de biens et services non marchands : l'évaluation sera la somme des couts de production (et non pas le prix du marché)
2) La consommation intermédiaire
La consommation intermédiaire est la valeur des biens, sauf des biens de capital fixe, et des services consommés ou transformés au cours du processus productif.
De tels biens ou services sont dits biens ou services intermédiaires.
La plus typique est celle des matières première. Par extension, on inclus dans la consommation intermédiaire l'achat de petit outillage (marteau, tourne vis …).
Parmi les services intermédiaire figurent notamment : les services d'entretient et de réparation du capital fixe, les services d'intermédiation financière (payés sous
forme d'intérêt débiteur).
Sont exclus de la consommation intermédiaire les biens et services non marchands : cette consommation est déjà comptée dans la consommation finale des
administrations.
C'est la dépréciation subie dans la période par le capital fixe par suite d'usure normal, d'obsolescence prévisible ou a la suite de dommages accidentels assurables.
La consommation de capital fixe comptée en comptabilité nationale ne mesure que les destructions de perte de capital qui relèvent d'un futur probabilisable. Cela
entraine une différence majeure entre le concept de capital fixe en comptabilité nationale et en analyse de circuit : la perte de capital qui résulte de la réalisation
d'un risque non assurable ne sera pas comptée dans la comptabilité nationale dans la consommation de capital fixe (la crise ne fait pas parti des risques assurables,
ainsi le perte de capitale ne rentre pas dans la ccf).
La majeure partie des pertes de capital fixe vient de la crise et donc d'une obsolescence non prévisible.
La consommation de capital fixe est d'évaluation délicate, c'est une des grandeurs les moins fiables : c'est pourquoi les comptable nationaux ne préfèrent pas
déduire et séparer ses composantes, et ainsi garder la grandeur brute (quand elle est déduite, on obtient la grandeur nette).
Si de la FBC ou de la FBCF on retranche la consommation de capital fixe on obtiendra respectivement la FNC (formation nette de capital) et la FNCF
(formation nette de capital fixe)
Elles portent sur des services producteurs rémunérés par un revenus. Il y aura donc les opérations de répartition de revenu :
- A l'occasion de la production (répartition primaire)
- A l'occasion de la distribution du revenu (répartition secondaire) : soit des prélèvements, soit des prestations (sociales, retraites, allocations, indemnités,
prestations familiales …)
- La répartition du patrimoine
Les opérations financières sont celles qui portent sur des actifs ou passifs financiers . La comptabilité nationale distingue 7 catégories (voir manuel pour
plus de précision).
L'unité institutionnelle constitue un centre élémentaire de décision économique caractérisé par une unicité de comportement e t une autonomie de décision dans
l'exercice de sa fonction principale. Cela dit comment repérer des unités institutionnelles ?
Dès lors qu'un agent est doté de la personnalité juridique, il est censé être un centre élémentaire de décision autonome et a yant une unicité de comportement. Il
y a cependant des exceptions : plusieurs membres d'une même famille vivant sous le même toit (il peut y avoir plusieurs perso nnes dotés de la personnalité
juridique : les parents et les enfants majeurs. Or on les regroupera en une seule unité institutionnelle nommée ménage). Il y a aussi le critère de l'unité de
patrimoine : il sert essentiellement dans la cas des entrepreneurs individuels (commerçants, artisans, professions libérales) qui se présente comme un ménage
gérant une entreprise personnelle. Il fait donc des opérations en tant que chef de ménage et en tant que chef d'entreprise. L 'ancienne comptabilité nationale face
à cette ambigüité adoptée un jugement de Salomon : elle scindée l'activité des entrepreneurs individuelles en deux (au compte des ménages et des entreprises).
Or les comptables nationaux se sont rendu compte que les entrepreneurs confondaient souvent et facilement le patrimoine du mé nage et le patrimoine de
l'entreprise. Cette confusion fréquente de patrimoine à amené les comptable nationaux à constitué cette unité de patrimoine e n unité institutionnelle entière
rangée dans la catégorie des ménages.
Le territoire économique de la France par exemple est : la France continentale, la Corse, Monaco, les DOM, les enclaves terri toriales de la France à l'étranger
(bases militaires, consulats, ambassades …) moins les enclaves extraterritoriales en France.
Que signifie avoir son centre d'intérêt au sein du territoire de la France ? Effectuer des opérations économiques sur le terr itoire depuis un an au moins.
Une unité économique effectue des opérations avec le reste du monde. On observe un découpage des secteurs institutionnelles.
Un secteur institutionnel regroupe les UI ayant un comportement économique analogue. L'analogie de comportement est établie e n priorité par la similitude de la
fonction principale et accessoirement par la similitude de catégorie de producteur.
Secteur institutionnels
SI Catégorie de producteurs Fonction principale
Sociétés non financières (SNF) Producteurs marchands Production de biens et de services non financiers marchands
Les institutions sans but lucratif au service Autres producteurs non marchands privés Production et fourniture d'autres biens et services non
des ménages (ISBLSM) marchands destinés à la consommation individuelle
Reste du monde Pole regroupant les opérations effectuées avec les non-
résidents (n'est pas un véritable SI)
Tous les secteurs son divisés en sous secteurs, sauf les ménages et les ISBLSM. Les ménages sont définis en 6 sous secteurs selon des critères sociaux-
professionnelles :
- Employeur
- Salariés
- Bénéficiaires de revenus de la propriété
- Bénéficiaire de pensions
- Bénéficiaire d'autres revenus de transferts
- Autres ménages (personnes vivants en collectivités : étudiants, religieux, prisonniers …)
La somme des flux dans chaque colonne est égale. Les comptes de secteur sont nécessairement équilibrés. Cependant, à l'intéri eur du compte général de secteur, il y
a une subdivision de ce compte en sous comptes qui n'ont eux aucune raison d'être équilibrés. Or le comptable ayant la religi on de l'équilibre, les sous comptes qui
ne sont pas spontanément équilibrés le seront artificiellement : cela fera intervenir le solde du compte.
Cela dit, un compte de secteur est divisé non pas en deux mais en sept sous comptes :
- Pour les cinq premier des comptes dit d'opération courantes : ils retracent les opérations du secteur au cours de la période, depuis la production de ce secteur
jusqu'à son épargne. Les deux colonnes sont donc les emplois (flux sortant) et ressources (flux entrants)
- Pour les deux derniers des comptes dit d'accumulation : ils prennent le relais en montrant comment l'épargne du secteur qui à était obtenu à l'issu des opérations
de comptes courantes ainsi que d'autres opérations affectent son patrimoine à l'actif, comme au passif. C'est pourquoi les deux colonnes des deux comptes
d'accumulation sont appelés variation d'actif (flux sortants) et variation de passif (flux entrants).
Tous ces sous comptes ne sont pas naturellement équilibrés. Cependant le comptable national va créer artificiellement un équi libre par le biais du solde. Le solde est
une différence entre flux entrants et flux sortants mais une différence qui n'est pas toujours calculée de la même façon (tan tôt flux entrants - flux sortants, tantôt flux
sortants - flux entrants selon le sous compte). Pour les six premiers sous comptes, c’est -à-dire les cinq comptes d'opérations courantes plus le compte de capital la
règle est la même :
Solde = flux entrants - flux sortants → Il est inscrit du coté des flux sortants (afin d'équilibrer)
Nota Bene : la différence revient à faire ressources - emplois pour les cinq premiers, et variation de passif - variation d'actif pour le sixième.
Pour le dernier compte, le financier, le mode de calcul est simplement inversé :
Solde = flux sortants - flux entrants → Il est inscrit du coté des flux entrants (afin d'équilibrer)
Nota Bene : Soit variation d'actif - variation de passif pour le septième compte.
La raison de cette inversion est que cette procédure permet de donner au compte de capital et au compte financier exactement le même solde : c’est-à-dire besoin de
financement si besoin de financement et inversement.
Les soldes n'ont pas pour seul but de présenter chaque sous compte en équilibre (donc d'équilibrer artificiellement des compt es qui ne le sont pas naturellement), ils
servent aussi de point d'articulation entre ces différents sous comptes (par l'opération dite de report du solde).
Cette opération n'est effectuée que pour chacun des cinq premiers sous comptes (comptes d'opérations courantes), mais pas pou r les comptes d'accumulation.
Le solde du sixième compte n'est pas reporter, il est simplement confronté au solde du dernier sous compte, c’est -à-dire au compte financier.
Voici les noms et abréviation des soldes des comptes des opérations courantes : pour les cinq comptes des opérations courante s les soldes
Le qualificatif brut dans les cinq premiers solde des comptes indique la présence de consommation du capital fixe. Si on retranche du solde la con sommation du
capital fixe (la ccf) on obtiendra le même solde en net. Les deux derniers compte portent le même nom mais ne contiennent plus le qualificatif br ut : à partir du
compte de capital, la consommation de capital fixe s'élimine d'elle -même.
II- Illustration
B
E M
CI 50 CI 50
F 20 S 20 C 80 W 95
CCF 30 CCF 30
S 20 P 5
→ Q
Nota Bene : I 20 I 20
CI + CCF = U
W+P=Y W 95 C 80
I = FNC
P 5 F 20
Il faut calculer la production du secteur institutionnel E : c'est le total des recettes (noté Q)
CI 50 Q 180 W 95 P 5
Remarques :
- Le report du solde que nous avons opéré jusqu'au compte de capital permet non seulement
VA Compte financier VP l'articulation des six premiers sous comptes, mais permet aussi la consolidation en un compte
unique l'on appellera compte des opérations non financières. La consolidation consiste à écrire dans
F 20 un compte unique, où la colonne gauche s'appellera flux sortants et la colonne droite flux entrants,
toutes les opérations à l'exception des soldes. On obtient le compte consolidé des opérations non
Besoin de financement 20 financières, dont le solde est égale au solde du compte de capital.
- L'inversion du mode de calcul du solde du compte financier permet d'avoir des soldes identiques
entre le compte de capital et le compte financier (en l'occurrence besoin de financement). Dans la
pratique il est très rare que ces deux soldes soient identique : les sources statistiques pour les
opérations financières et les opérations non financières ne sont pas les mêmes. Pour les six premiers
sous compte les ressources d'informations sont principalement fiscales, tandis que pour le compte
financier la source statistique est la banque (de France). Le comptable national corrige cette écart
Cette nomination à été proposée par les comptables nationaux français à la communauté internationale en hommage à Quesnay et son ouvrage Le Tableau
Economique.
Les colonnes sont réservées aux secteurs (donc équilibrés), or les lignes sont réservées aux opérations : pour les deux derni ères opérations de répartition il n'y à
aucun problème (il y à un équilibre entre le total des flux entrants et le total des flux sortants), pour les opérations fina ncières. Le problème s'agissant des opérations
sur produit, c'est qu'elles ne portent pas le même nom selon qu'elles sont flux entrants ou flux sortants : elles ne seront p as comptabilisées par la même ligne selon
qu'elles soient emploi ou ressources (la consommation C est consommation finale en emploi des ménages, mais ressources ou pro duction pour le pole E).
Pour obtenir l'équilibre ligne par ligne, y compris pour les opérations sur produit, le comptable national invente un compte fictif correspondant à un agent fictif ou
imaginaire appelé le marché et son compte s'appellera compte biens et services. Il va s'interposer à chaque opération sur produit : il apparaitra comme acheteur (en
emploi) pour la production du pole E.
Le TEE est équilibré en ligne (grâce au compte fictif Biens & Services) et en colonnes (équilibre des sous comptes). L'équilibre à la ligne des besoins ou capacités de
financement est le reflet de l'égalité au pôle B.
La comptabilité nationale définit des grandeurs globales qu'elle appelle des agrégats. Sur la base de ceux -ci sont établis des relations dites agrégées qui sont
significative d'un état global de l'économie ou d'une évolution de l'économie.
L'agrégat de revenu s'appelle revenu national, il se dédouble lui-même en deux agrégats : revenu national brut et revenu national net (différence avec la
consommation de capital fixe).
Le RNB est également appelé produit national brut (PNB), tandis que le revenu national net est le revenu proprement dit. Les agrégats de revenu découlent de
l'agrégat de production.
La production d'une unité institutionnelle à production marchande est mesurée par la valeur au prix de base des biens et services produis par cette unité. Dès lors, il
peut sembler logique de mesurer la production de toute les unités institutionnelles par la simple sommation des productions individuelles. Si l'on faisait ainsi on serait
mener à compter deux fois dans cette agrégat la valeur de certains produits (double comptabilisation ou double emploi).
Supposons une économie simple réduite à deux unités productrices, une entreprise A et B. L'entreprise A fabrique des meubles en bois, tandis que B exploite des
forets et débite des planches qu'elle vend à l'entreprise A. Si la production dans l'année de A est de 1 000 000, la production de l'entreprise B est égale à 200 000. La
production totale est donc de 1 200 000, or on aura compter deux fois la valeur des planches. On aurait un agrégat qui ne reflèterait pas la quantité de biens produits,
ainsi si dans la période suivante il y à une concentration (A et B forment la même entreprise), elle ne va pas s'acheter des planches à elle-même : la production serait
alors de 1 000 000.
Pour éviter ce double inconvénient (estimation de la production qui varierait selon le degré de concentration des entreprise et double comptabilisation), le comptable
nationale va ajouter les valeurs ajoutées brutes de chaque unité productrice.
Ainsi dans notre exemple : VABA= 1000000 - 200000 = 800000 et VABB= 200000 ainsi VABA+VABB = 1 000 000.
Cette somme s'appelle le produit intérieur brut (PIB). Cependant il reste certains problèmes : les valeurs ajoutée brutes sont bien déduites des productions
individuelles des unités productrices, or elles sont évaluées au prix de base (prix du marché du point de vue du producteur, soit : prix facturé par le producteur -
impôt grevant le produit + subventions sur le produit), tandis que le PIB est évalué par convention au prix d'acquisition (prix du marché du point de vue du
consommateur). Ainsi on peut écrire que :
𝑃𝐼𝐵 = (𝑉𝐴𝐵 + 𝑖𝑚𝑝ô𝑡𝑠 𝑔𝑟𝑒𝑣𝑎𝑛𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡𝑠 − 𝑠𝑢𝑏𝑣𝑒𝑛𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑙𝑒𝑠 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡𝑠) (1)
A titre d'exemple : le PIB de la France en 2011 s'élève à 1 996,6 milliards d'euros, soit 1789 (VAB) + 226,6 (impôts) - 15 (subventions) milliards d'euros.
Le PIB est l'agrégat de référence pour la mesure de la croissance économique : la croissance économique est mesurée avec la croissance du PIB à prix constant
d'années en années. Cela dit, des agrégats autres que le PIB entrent dans des relations très significatives de l'état de santé de l'économie.
Les relations agrégées prennent le plus souvent la forme de simple ratio ou rapport entre deux agrégats. La plus célèbre est directement issue de la théorie
keynésienne, c'est la propension à consommer des ménages :
En France ce ratio est stable : il évolue depuis 10 ans entre 0,83 et 0,85.
𝐼
𝐼 − 𝐹 < 0 ⇔ <1
𝐹
I sera représenté en comptabilité nationale par la FNC (formation nette de capital) ou la FNCF (formation nette de capital fixe) des SNF (sociétés non financières).
Quant à F, la variation des passifs financiers sera représenté par la valeur absolue du besoin de financement des SNF.
Ainsi =
| |
Il est intéressant d'évaluer, dans le cas de la France, ce ratio I/F sur une longue période :
- La seconde grande crise du XXème siècle (années 70) a été marquée en France par le maintient du ratio I/F sous son seuil critique 1 pendant 13 années (de 1973 à
1985)
- Elle permet aussi de corriger un jugement souvent répandu mais erroné selon lequel l'entrée en crise de la France et d'autre pays a été le choc pétrolier. Ce
jugement est faux en ce sens que, s'il est vrai que le choc pétrolier à joué un rôle de catalyseur, précipitant la chute dans la crise, mais il ne permet pas
d'expliquer les causes profondes : quelques années avant la crise, depuis le milieu des années 60, le ratio I/F était déjà sur une pente déclinante.
- Dans les années récentes (de 2003 à 2010), le ratio I/F dans le cas de la France se présente comme suit :
On observe que le ratio I/F est un ratio de solvabilité du secteur productif : elle ne pourront pas rembourser l'intégralité de leurs dettes sur leurs revenus courants
en situation de crise (mais seulement après liquidation d'une partie de leur patrimoine). Or une crise financière ne peut se développer que s'il y à insolvabilité des
débiteurs, c'est donc logique que la crise financière soit la conséquence de la crise économique (du moins par le ratio keynésien de solvabilité), qui débuta dès
2005. Ainsi la situation d'insolvabilité existait ex ante la crise de 2007, bien qu'elle fut l'étincelle qui mit le feu aux poudres.
La comptabilité nationale à biens d'autres utilités, comme nous allons le voir en entrant dans le Tableau Entrée-Sortie (TES)
Il y à des milliers voire des centaines de milliers de produits : on ne peut les saisir tous un par un. Pour se faire la comptabilité nationale fait des regroupements par
le biais des nomenclatures des produits. En France la nomenclature de référence est la CPF (Classification de Produits Française), qui est une adaptation française
d'une nomenclature européennes. La CPF est utilisable à différents niveaux plus ou moins agrégés :
- Au niveau du plus agrégé et donc du moins détaillé : il y à 21 sections
- Au niveau du moins agrégé et donc du plus détaillé : il y à 3142 produits
Souvent l'on se place à un niveau intermédiaire. A chaque produit l'on fait correspondre les unités de production qui fournisse se produit et seulement se produit. Or
certaines unités institutionnelles fabriquent plusieurs produits : par exemple Michelin produit des pneumatiques et des produits de l'édition (cartes, guides …), il faut
donc scinder les unités institutionnelles en ce que l'on appellera des unités de production homogène (UPH). Une UPH est donc une fraction d'UI, voire une UI toute
entière si une UI ne fabrique qu'un produit.
Si l'on regroupe toutes les UPH fournissant un produit donné, ou l'un des produits d'un groupe homogène de produit, on obtient ce que l'on appelle une branche
(homogène). Il y à entre les produits et les branches il y une correspondance biunivoque. C'est sur cette correspondance biunivoque produit/branche que s'appui le
TES et en premier lieu ses relations d'équilibre ressources/emplois en chaque produit.
1) Exemple
On considère un produit : le produit "automobile". La production de l'année des unités institutionnelles et des UPH correspondant à la production d'automobile est
de 3 000 millions d'euros.
On voit donc que les opérations concernant le produit touchent trois pôles économiques :
- Pole entreprise
- Pole ménage
- Pole reste du monde
FBC 300 Production 3000 Cons finale 2600 Exportations 900 Importations 800
Remarque : Ces comptes ne sont pas équilibrées car incomplets. Cependant il apparait à travers les comptes un nouvel équilibre : en ef fet si l'on regroupe
toutes les informations inscrites en ressources, on à production et importations, tandis que l'on à en emploi FBC, consommati on finale et exportations.
Cette égalité est présentée par le TES, c'est une égalité ressources/emplois par produits.
Tous les emplois, qu'ils soient intermédiaires ou finales sont évalués au prix d'acquisition.
Il semblerait qu'écrire à égalité ressources/emplois consisterai à prendre que (2) et (3), or ce n'est pas possible d'écrire que la décomposition de Ri donnée par (2) et
égale à la décomposition de Ei donnée par (3) : la production est évaluée au prix de base alors que les emplois sont évalués aux prix d'acquisition.
Que faut-il ajouter à Ri (donc Yi en vertu de (2)) pour passer du prix de base au prix d'acquisition ?
Il faut :
- Ajouter les marges commerciales
- Ajouter les frais de transports
- Ajouter les impôts grevant le produit i (pour l'essentiel la TVA)
- Retrancher les subvention sur le produit i (car elles ont pour but et pour effet de baisser le prix pour l'acheteur)
On peut aller un peu plus loin en décomposant la production (Y i) en consommation intermédiaires de la branche i et valeur ajoutée brute de la branche i. Ce qui s'écrit
de la manière suivante :
Yi = CI●i + VABi (5)
La relation (6) est la décomposition maximales des emplois et des ressources en produits i. C'est cette égalité (6) qui est représentée par le TES.
Branches j 1 2 … j … n CIi●
Produits i
1 CI11 CI12 CI1j CI1n
2
...
i CIij
…
n CInn
CI●j CI●●
- A droite, le tableau des emplois finales : C'est un tableau à n+1 ligne et 4 colonnes. Les 4 colonnes sont : la consommation finale, la FBC, les exportations et
une colonne qui fait le total des emplois
- En bas, le compte de production des branches : c'est la production de chaque branche. Il comporte n+1 colonne et deux ligne : la valeur ajoutée brute de chaque
- A gauche, le tableau des ressources en produits : Il a n+1 ligne et cinq colonnes : la première colonne est la dernière ligne du compte de production des branches
(soit les production en prix de base de chaque produit), puis importations, TVA (impôts grevant le produit) et enfin marge co mmerciale. La cinquième colonne
totalise toutes les ressources.
Le TES met ainsi en évidence une décomposition du PIB à partir de la relation (6). (6) est valable pour tout i variant de 1 à n, par conséquent, l'égalité (6) se
vérifie pour la somme de toutes ces grandeurs : de (6) on déduit :
Nous avons vu une décomposition du revenu global keynésien en économie ouverte dans le chapitre précédent : R = Z + I + J + C + (X - H) [7]
• J = Achat par l'Etat aux entreprises de biens intermédiaires, soit J = CIA + CCFA+ IA
• CIA + CCFA + Z = coûts de production de l'Etat de la branche non marchande, mesurant la valeur de la production non marchande. C'est la
consommation finale des administration (notée CA)
≈ C dans (7)
FNC
R = C + FNC + (X - H) [7]
Le revenu global keynésien n'est pas autre chose que le produit intérieur net de la comptabilité nationale.
I- Les hypothèses
Il y à deux hypothèses :
- Hypothèse dite d'exogénéité des emplois finals : elle signifie que les emplois finals (consommation finale, FBC, exportationset importations) sont l'objet de
prévision en dehors du TES. Ce n'est pas le TES qui effectuera les prévision : elles seront fournis au TES comme ingrédient pour permettre de prévoir la
production par branche.
Obtenus par d'autres méthodes : enquêtes de l'INSEE par exemple, sur les plan de consommation des ménages ou d'investissement des entreprises.
- Hypothèse de stabilité de la structure productive : c'est une hypothèse indispensable, on ne peut espérer avoir de bonne prévision de production s'il n'y avait
pas à la base une stabilité de structure productive.
Leontief s'appui sur le Tableau des Entrées Intermédiaires (TEI, cœur du TES).
Branches j
1 2 … j … n CIi●
Produits i
1 CI11 CI12 CI1j CI1n
2
...
i CIij
…
n CInn
CI●j CI●●
Regardons cij = , représentant le poids de la consommation intermédiaire en produit i de la branche j, reporté à la production de la branche j. Ce rapport
dépend de la technique de production dans la branche. On décrit la technique de production à un moment donné avec la liste de tous les ratios de la branche : C 1j,
C2j, … , Cij, ...Cnj
Les techniques de production sont certes renouvelées, mais seulement à moyen terme et jamais à court terme (car les technique s de production sont incorporée
dans les productions employées, donc seulement par le biais leur renouvellement). Les c ij sont stables pour un j donné et i variant de 1 à n.
Ces coefficients cij sont appelés coefficient de Leontief ou coefficient technique de production : ces coefficients sont tous constants à court terme pour i variant de
1 à n.
C'est sur ces hypothèses que le TES est utilisé pour la prévision par branche.
Nous allons utiliser ici un TES encore simplifié à partir du précédent : un TES à deux produits et deux branches (I : Biens ;;II : Services)
Nous avons donc bien séparé ce qui est constant de ce qui est variable (→ le reste)
• Exogénéité des emplois finals : supposons que les enquêtes faites par l'institut de statistique auprès des ménages et des entreprises permettent d'estimer
que dans l'année suivante, les emplois net d'importation en produit I augmenteront dans l'année prochaine de 10% et les emplo is net d'importation en
produit II augmenteront de 20%.
𝑌 I* = 2060
𝑌 II* = 860
Remarque : ces prévisions en pourcentage sont à comparer aux prévisions exogènes de prévisions des emplois finals (10% produit I et 20% produit II)
Tel est donc le principe d'utilisation du TES pour la prévisions par branche et par suite pour la prévisions générale. Cette utilisation du TES est très courante :
elle est utilisée par quasiment tous les grands modèles macroéconomiques de prévisions élaborés par les administrations publiques ainsi que par les grandes
banques ou entreprises transnationales.
Le soucis commun de tous ces agents qui ont une dimension macroéconomique est le suivant : mieux guider leur action présente et prévoir, au moins pour
leur avenir proche, les grands déséquilibres macroéconomiques de cours terme.
Au fil des ans, le besoin de normalisation internationale se faisant sentir : la France s'aligne donc sur les règles de la comptabilité internationale en 1953 dans le
cadre de l'ONU (puis transposées dans le cadre de l'union européenne). Aujourd'hui, elle est en harmonie avec le système européen de comptes nationaux dit SEC
95, lui même en concordance avec ceux de l'ONU nommées SCN 93.
Cependant la comptabilité nationale n'est pas seulement une description du circuit économique : elle permet aussi de vérifier ses lois.
La consommation intermédiaire est la valeur des biens, sauf des biens de capital fixe, et des services consommés ou transformés au cours du processus productif.
CCF : C'est la dépréciation subie dans la période par le capital fixe par suite d'usure normal, d'obsolescence prévisible ou a la suite de dommages accidentels
assurables.
L'unité institutionnelle constitue un centre élémentaire de décision économique caractérisé par une unicité de comportement et une autonomie de décision dans
l'exercice de sa fonction principale.
Un secteur institutionnel regroupe les UI ayant un comportement économique analogue. L'analogie de comportement est établie en priorité par la similitude de la
fonction principale et accessoirement par la similitude de catégorie de producteur.
Un compte de secteur est le regroupement ordonné de toutes les opérations ayants affectés le secteur institutionnel dans la période.
Le Tableau Economique d'Ensemble (TEE) a longtemps été une exclusivité de la comptabilité nationale française. Le TEE est la représentation synthétique du
circuit économique national au cours d'une année.
La comptabilité nationale ne fait pas que décrire le circuit économique national : elle permet d'en étudier les lois, c’est-à-dire les relations fondamentales qui
président à l'écoulement des flux. Tirées des observations passées, ces relations stables peuvent être projetées dans l'avenir. Ainsi, au-delà d'une simple description
du présent, la comptabilité nationale fournit-elle une analyse du passé pour une meilleur prévision du futur. C'est à cette fin surtout qu'elle est utilisée par les
gouvernements pour leur politique économique.
On peut distinguer différents niveaux d'utilisation de la compta nat pour l'étude des lois du circuit : au niveau le plus simple (le plus global), la compta nat permet
d'établir des relations entre agrégats, à un niveau intermédiaire, la compta nat fonde ce que l'on appelle une méso-analyse de la production, enfin au niveau plus
détaillé, la compta nat sert à des opérations complexes de simulation de l'activité économique.
Les relations agrégées prennent le plus souvent la forme de simple ratio ou rapport entre deux agrégats. La plus célèbre est directement issue de la théorie
keynésienne, c'est la propension à consommer des ménages :
En France ce ratio est stable : il évolue depuis 10 ans entre 0,83 et 0,85.
𝐼
𝐼 − 𝐹 < 0 ⇔ <1
𝐹
I sera représenté en comptabilité nationale par la FNC (formation nette de capital) ou la FNCF (formation nette de capital fixe) des SNF (sociétés non financières).
Quant à F, la variation des passifs financiers sera représenté par la valeur absolue du besoin de financement des SNF.
Ainsi =
| |
Il est intéressant d'évaluer, dans le cas de la France, ce ratio I/F sur une longue période :
- La seconde grande crise du XXème siècle (années 70) a été marquée en France par le maintient du ratio I/F sous son seuil critique 1 pendant 13 années (de
1973 à 1985)
- Elle permet aussi de corriger un jugement souvent répandu mais erroné selon lequel l'entrée en crise de la France et d'autre pays a été le choc pétrolier. Ce
jugement est faux en ce sens que, s'il est vrai que le choc pétrolier à joué un rôle de catalyseur, précipitant la chute dans la crise, mais il ne permet pas
d'expliquer les causes profondes : quelques années avant la crise, depuis le milieu des années 60, le ratio I/F était déjà sur une pente déclinante.
- Dans les années récentes (de 2003 à 2010), le ratio I/F dans le cas de la France se présente comme suit :
On observe que le ratio I/F est un ratio de solvabilité du secteur productif : elle ne pourront pas rembourser l'intégralité de leurs dettes sur leurs revenus
courants en situation de crise (mais seulement après liquidation d'une partie de leur patrimoine). Or une crise financière ne peut se développer que s'il y à
insolvabilité des débiteurs, c'est donc logique que la crise financière soit la conséquence de la crise économique (du moins par le ratio keynésien de
solvabilité), qui débuta dès 2005. Ainsi la situation d'insolvabilité existait ex ante la crise de 2007, bien qu'elle fut l'étincelle qui mit le feu aux poudres.
La comptabilité nationale à biens d'autres utilités, comme nous allons le voir en entrant dans le Tableau Entrée-Sortie (TES)
Le TES est le deuxième grand tableau de la comptabilité nationale après le TEE. Il à pour objet de présenter l'équilibre des ressources et des emplois produits par
produits. Il complète ainsi le TEE qui met en évidence l'équilibre ressource/emploi secteur par secteur et opération par opération. Pour remplir cette mission, le
TES s'appui sur un découpage préalable de l'ensemble des produits et de l'ensemble des unités productrices en catégories homogènes se correspondant.
Le modèle Leontief : il pose et résout le problème de la détermination des productions à réaliser dans chaque branche, compte tenu de emplois finals prévus pour
chaque produit. La modèle est donc orienté en grande partie vers la planification de la production. D'ailleurs, Wassily Leontief, qui terminait en 1925 ses études
d'économie à Leningrad, s'était imprégné des méthodes de programmation abondamment discutées dans les milieux scientifiques d'URSS (Gosplan) quelques
années avant la mise en place du Premier Plan quinquennal, en 1928. Cependant, c'est une méthode originale que Leontief, émigré aux Etats-Unis dès le début des
années trente, a développée à propos d'une étude sur l'économie américaine. Pour cette étude, il a élaboré le premier tableau d'échanges interindustriels, constituant
la base de l'analyse entrées-sorties (input-output analysis) dans laquelle de nombreux auteurs, après lui, se sont engagés. En ce qui concerne la comptabilité
nationale, s'il est vrai que le TEE s'inscrit dans la lignée de la pensée de Quesnay, il est encore plus vrai que le TES prolonge celle de Leontief.
Son modèle est construit autour de deux hypothèses : l'hypothèse de stabilité de la structure productive (définition de coefficients techniques de production et
supposé constant durant la période de la prévision) et l'hypothèse d'exogénéité des emplois finals (les emplois finals sont muent par une conjoncture extérieur
prévisible.
Le soucis commun de tous ces agents qui ont une dimension macroéconomique est le suivant : mieux guider leur action présente et prévoir, au moins pour leur
avenir proche, les grands déséquilibres macroéconomiques de cours terme.
Cette célèbre phrase de Keynes rappelle que les préoccupations des économistes doivent être prioritairement de court terme. F ace à ce non possumus ("nous ne
pouvons pas"), Keynes ajoute une raison positive de ce concentrer sur le court terme : une raison positive qu'il va développe r plus tard avec son circuit. Il dira
que la courte période est la période de base de toute analyse macroéconomique, c'est pour quoi l'étude du court terme keynési en est un préalable nécessaire à
l'étude de l'analyse macro-keynésienne des déséquilibres de court terme. Dans ce cadre ainsi défini, nous reprendrons l'analyse keynésienne là où nous l 'avons
laissé : la régulation keynésienne. A ce propos, la régulation est un dyptique : l'un, celui de la politique Keynésienne (fac e à la crise notamment) où nous avons
développé comment elle arrivée à prôner le protectionnisme (nous n'y reviendrons pas), en revanche nous allons traiter le sec ond volet, celui des régulateurs
automatiques.
Il y à deux grands régulateurs automatiques face à la crise : le chômage et l'inflation (souvent réunis dans ce que l'on nomm e la stagflation). C'est donc à
l'analyse de la stagflation, ou plus généralement de l'analyse des rapports entre crise, inflation et chômage, que nous allon s nous intéresser.
I- Définition
Le circuit keynésien contient une double hiérarchie : une hiérarchie de pôles et une hiérarchie de flux. La hiérarchie de pôle est complète, en se sens qu'ils sont
ordonnés de la manière B→E→M. En ce qui concerne la hiérarchie des flux, elle est partielle : on connait le premier flux (F) et le dernier (S).
C'est cette remarque qui est à la source du temps de circuit. En effet, il est défini comme le temps moyen écoulé entre le dé part des unités monétaires du pôle B à
travers le flux F et le retour de toute ces unités monétaires au pôle B à travers le flux S. Cela dit une difficulté surgi au ssitôt : comment concilier une telle
définition qui semble impliquer l'antériorité du flux F sur le flux S avec l'identité comptable F = S qui semble elle impliqu er la simultanéité de F et de S.
Ce qui est vrai c'est l'identité comptable : F = S à tout instant, mais quel sens donner à la définition du temps de circuit, soit la durée qui s'écoule entre le départ
des unités monétaires à travers le flux F et le retour de ces mêmes unités à travers le flux S.
Il y à certes égalité à tout moment entre le flux S et le flux F, mais dans une période de temps donné les unités constitutives du flux F ne sont pas nécessairement
toutes les mêmes que les unités monétaires du flux S. En effet, il se peut que parmi les unités monétaire constitutives du fl ux F et injectés dans la circulation à un
moment donné, une partie d'entre elle ne sera pas constituée en épargne par les ménages dans la période considérée mais le sera dans une période ultérieure,
symétriquement il se peut aussi qu'un partie des unités monétaires constitutives du flux S n'est pas été injecté au cours de cette période mais dans une période
antérieure.
Par conséquent, pour mesurer le temps de circuit, il suffirait de suivre toutes les unités monétaires partis du pôle B à travers le flux F à un moment donné et de les
suivre jusqu'à ce qu'elles se soient toutes constituées en épargne. Il faudrait ainsi suivre toutes les unités monétaires et leur temps de parcours : on effectue donc
une moyenne.
En pratique cela est bien plus compliqué : nous allons donc cherche une expression particulière du temps de circuit.
A priori, suivre chaque unité monétaire est impraticable. Ainsi le temps de circuit est-il voué à rester un simple concept abstrait ?
Nous allons donc faire une simulation sur le parcours d'une unité monétaire représentative (dont le temps de parcours sera la moyenne du temps de parcours de
toutes les unités monétaires en circulation).
Forme réduite
Forme canonique
(avec coefficients)
B B
S F s 1
C c
M E M E
Y = W+P U+I y x
B 𝐶 𝐶
E M = =𝑐
𝐶+𝑆 𝑌
𝑐+𝑠 =1
F U U C Y 𝑆 𝑆
S = =𝑠
𝐶+𝑆 𝑌
I I S
Y C
𝑈+𝐼
=𝑥
F 𝑈+𝐼+𝑌
𝑥+𝑦 =1
𝑌
=𝑦
𝑈+𝐼+𝑌
Les coefficients s,c, y et x sont des coefficients stables à court terme : chaque fois qu'une certaine quantité d'unité monétaire arrive au pole M il y au ra
systématiquement dans l'instant suivant une proportion c d'entre elle qui reviendra en consommation aux entreprise et une part s qui reviendra en épargne aux
banques. Chaque fois qu'une certaine quantité d'unité monétaire arrive au pôle E, dans l'instant suivant il y aura systématiq uement une proportion x donné d'unité
monétaire qui bouclera autour du pole E et une quantité d'unité monétaire y qui ira vers le pole M.
L'unité représentative est l'unité qui doit se comporter à elle seule comme la moyenne de toutes les autres : ici nous sommes dans le schéma d'une unité
monétaire indivisible et insécable. Ainsi lorsqu'elle arrivera vers le pole M, elle se dirigera ensuite vers le pole E ou B n on pas dans une proportion c ou s (car
unité indivisible) mais avec une probabilité s ou c qu'elle se dirige entièrement vers l'un de ces pôles.
Ces coefficients s'interprètent comme des probabilités du passage d'un flux à un autre : c'est le circuit keynésien probabili ste.
Il nous faut exprimer le temps moyen de parcours des unités monétaires entre son départ de B et son arrivée à B.
Expression du temps de circuit dans le circuit keynésien probabiliste : le temps de circuit est le temps de parcours de l'uni té monétaire représentative entre
l'instant de son départ du pôle B et l'instant de son premier retour au pôle B. Dès lors, ce temps doit être mesurer : c'est l'adition des temps de passage d'un pôle à
un autre et l'addition des temps de séjours dans les différents pôle (entre E et M).
Ceci va être simplifier : les temps de passage d'un pôle à un autre sont instantanés dans la réalité (temps économiquement nu l par rapport au temps de séjour
monétaire dans les pôles M et E). Le temps de circuit est donc le temps total de séjour de cette unité monétaire en E et en M .
Pour faire ce calcul nous allons nous appuyer sur un célèbre théorie probabiliste, tout en faisant l'hypothèse simplificatric e suivante : la durée de séjour de l'unité
monétaire représentative dans un pôle quelconque est la même, quelque soit le pôle et de plus constante au cours du temps. No us pouvons donc noter :
T = d x nombre de séjours de l'unité monétaire représentative dans les pôles E et M entre son départ de B et son premier retour à B
Nous faisons appelle à la théorie des chaines de Markov, représentant un processus aléatoire. Appliqué à notre circuit keynés ien s'énonce ainsi : le nombre
moyen de séjour dans les trois pôles B, E et M de l'unité monétaire représentative entre deux départs consécutifs de cette unité monétaire d'un pôle donné B, E
ou M est égale à l'inverse de la probabilité que cette unité monétaire soit en un instant quelconque trouvée en ce pôle.
Imaginons un observateur surgissant à un moment quelconque alors que l'unité monétaire est en circulation, il serait certain de trouver l'unité monétaire toujours
en l'un des trois pôles B, E ou M mais jamais entre les pôles. Puisqu'elle est nécessairement dans l'un des pôles, il y à tro is probabilités :
Appliquons le théorème de Markov au pôle B : le nombre moyen de passages de l'unité monétaire dans B, E et M entre deux dépar ts consécutifs de B =
B
Si on néglige d, on a −1= B
= E
M
soit trois inconnus.
B B B
𝑃B + 𝑃E + 𝑃M = 1 (1)
𝑃B= 𝑠𝑃 (2)
M
𝑃 M ≪ 𝑦𝑃 (3)
E
𝑃E 𝑃M
𝑃 1+ + = 1
B 𝑃B 𝑃B
𝑃E 𝑃M 𝑃M
𝑃B 1 + × + = 1
𝑃M 𝑃B 𝑃
B
1 1
𝑃B 1 + + = 1
𝑠𝑦 𝑠
1 1 1
1+ + =
𝑠 𝑠𝑦 𝑃
1 1 1
−1= 1+
𝑃B 𝑠 𝑦
1 1
𝑇= 1+ × 𝑑 (4)
𝑠 𝑦
Il est bien connu que l'analyse Keynésienne est une analyse de court terme (fondée sur une période de base courte), mais Keynes comme souvent ne précise pas
suffisamment sa pensée et en l'occurrence le court terme. Dès lors plusieurs définitions ont été données :
- La plus courante, plus ou moins cautionnée par Keynes, résulte d'une simple transposition à l'analyse macroéconomique de la d éfinition du court terme en
analyse microéconomique. En micro, l'opposition court/long terme est fondée sur une opposition de facteur de production : a l ong terme, tous les facteurs
de production sont variables, à court terme, seul le facteur travail est variable, le capital lui est constant. D'où la défin ition suivante : la période durant
laquelle l'on peut considérer le capital fixe comme constant. Le court terme keynésien est généralement défini en macroéconom ie de la manière suivante :
la courte période keynésienne est le temps maximum pendant lequel on peut considérer le capital fixe comme constant. La notat ion habituelle est :
K : stock de capital fixe
K constant à court terme ⇔ ∆𝐾 = 0 à court terme
∆𝐾 (augmentation du stock de capital) = I (investissement)
Ainsi considérer la courte période en tant que constance du capital fixe signifierait un investissement net nul.
,
A partir du TEE, nous pouvons avoir une évaluation de 𝑠 = = = 0,161 𝑠𝑜𝑖𝑡 16,1%
,
é ,
𝑦= = = 0,268 𝑠𝑜𝑖𝑡 26,8%
,
1 1
𝑇= 1+ ×𝑑
0,161 0,268
La majeure partie de la population active est salariée ou pensionnée (avec des revenus mensualisés). Nous donc pouvoir étudie r et trouver d à partir du circuit
keynésien simplifié (probabiliste). Si les salaires sont versés en début de mois, l'unité monétaire représentative va passer de E à M en paiement de salaire, puis
dans le courant du mois, cette unité monétaire va être utilisée par les ménages pour leur consommation et donc revenir à E, d e sorte que l'unité monétaire
pourra repartir vers M le mois suivant … Dans la durée d'un mois, l'unité va donc faire deux séjours : un au pôle E et un en M.
1 1
𝑇= 1+ × 2 = 59 𝑠𝑒𝑚𝑎𝑖𝑛𝑒𝑠 (𝑠𝑜𝑖𝑡 1 𝑎𝑛 𝑒𝑡 2 𝑚𝑜𝑖𝑠 𝑒𝑛𝑣𝑖𝑟𝑜𝑛)
0,161 0,268
Cette analyse montre donc que le temps de circuit est l'expression exacte de la courte période keynésienne.
Ainsi la littérature économique qui omet le circuit keynésien fera une analyse dynamique avec une période de temps exogène, a rbitraire. L'apport du temps de
circuit à l'analyse économique est que la période est définie de manière endogène (ce qui objective l'analyse macro -dynamique).
La période du cycle de l'inflation se définit par le temps de circuit. C'est par la théorie elle-même que la proposition selon laquelle le temps de circuit est la période
de base de l'analyse macro-keynésienne. Ainsi nous verrons que le temps de circuit est le temps de validité des anticipations des entrepreneurs, puis no us
établirons que le temps de circuit est le temps imparti au pôle E pour satisfaire la contrainte monétaire.
Mais d'où vient que les anticipations seront plus ou moins optimiste ?
Du profit réalisé. Les anticipations seront plus ou moins optimiste en fonction de la comparaison qui sera faite par les entreprises en fin de période précédente entre
le profit qu'elles avaient anticipé au début de la période précédente et le profit qu'elles ont réalisées à la fin de la période précédente.
Si le profit réalisé est fortement supérieur au profit anticipé en début de période t-1, cela signifie que l'anticipation à été trop faible et qu'il faut donc les réviser à la
hausse. SI au contraire il apparait que le profit réalisé est sensiblement inférieur au profit anticipé en début de période t-1, cela signifiera que leurs anticipations
avaient été exagérément optimistes et réviserons les futures à la abaisse.
C'est en fin de temps de circuit que le profit réalisé est évalué. La fin de période marque la fin du temps de circuit, c'est également le moment où les entreprises
vont réviser leurs anticipations, il faudra aussi déterminer les seuils à partir desquels l'entreprise va réviser ses anticipations en hausse ou en baisse.
Ces seuils s'évalue assez facilement une fois calculé le profit anticipé (𝜋 ∗).
𝜋 =𝐼−𝐹 =𝐼−𝑆
𝜋 ∗= 𝐼 ∗ −𝐹
L'erreur d'anticipation sera donc égale à 𝜋 ∗ −𝜋. Dès lors, si ce résultat est négatif (𝜋 ∗ −𝜋 > 𝜋 ∗ ⇔ 𝜋 < 0), les anticipations ont été surévaluées : l'erreur
d'anticipation dépasse le profit anticipé, il fait réviser à la baisse les anticipations.
Le temps d'anticipation correspond à la période nécessaire à la constitution de la monnaie en épargne, autrement dit le temps de circuit.
La contrainte monétaire est la contrainte que toute monnaie en circulation fait peser sur l'économie, par le simple fait que cette monnaie à pour contrepartie une dette
d'un agent à besoin de financement qui n'est pas encore remboursée. La contrainte monétaire est donc la contrainte de remboursement des dettes qui sont la
contrepartie de la monnaie en circulation.
Exemple :
Une banque prête à un ménage pour lui permettre d'acheter une voiture. Le ménage détient donc de l'argent qui va lui permettre d'acheter la voiture qu'il souhaite et
en contrepartie la banque détient sur le ménage un créance. Lorsque le ménage aura remboursé le crédit, il n'aura plus la monnaie qui aura été créé par la banque,
mais en contrepartie la créance détenu par la banque sur le ménage s'éteindra. La monnaie injectée en début de période l'est à travers le flux F, le flux F représente
donc le crédit de la banque au pôle à besoin de financement qui est le pôle E, et c'est ce crédit F qui est la contrepartie de la monnaie en circulation mise à la
disposition des entreprises et qui fait peser sur elle la contrainte monétaire, soit la contrainte de remboursement.
Il faut maintenant éclairer le lien entre la contrainte monétaire ou la condition de crise et le temps de circuit.
Ce lien direct résulte de la décomposition 𝑇 = 1+ 𝑑
𝐼 𝐼 𝑈+𝐼 𝑈+𝐼+𝑌 𝑌 𝑆
= × × × ×
𝐹 𝑈+𝐼 𝑈+𝐼+𝑌 𝑌 𝑆 𝐹
𝑈+𝐼 𝑈+𝐼+𝑌 1 𝑌 1 𝑆
= 𝑥 ; = ; = ; = 1
𝑈+𝐼+𝑌 𝑌 𝑦 𝑆 𝑠 𝐹
𝐼 𝐼 𝑥 𝐼 1
= × = ×𝑥×
𝐹 𝑈 + 𝐼 𝑠𝑦 𝑈 + 𝐼 𝑠𝑦
𝑇 1 1 1 𝑇 1
= + ⇒ = −
𝑑 𝑠 𝑠𝑦 𝑠𝑦 𝑑 𝑠
𝐼 𝐼 𝑇 1
= − ×𝑥
𝐹 𝑈+𝐼 𝑑 𝑠
Plus le temps de circuit est long, plus I/F sera élevé, plus la contrainte monétaire sera satisfaite. Le temps de circuit est donc le temps imparti aux entreprises pour
satisfaire à la contrainte monétaire.
Si le temps de circuit est trop court, si la condition de crise est donc rempli, nous avons vu les conséquence (au chapitre 2) : nécessaire mise en œuvre d'une politique
La relation entre inflation et chômage à été remarquée par des économistes traditionnels, mais il n'en tirent pas les mêmes conclusion que les économistes keynésiens.
Nous allons donc d'abord voir la relation inflation chômage chez les classiques, dans la logique du marché, puis nous étudierons cette relation avec Keynes
Dans la logique du marché, toutes les marchandises y compris la force de travail, sont censés obéir à la loi du marché communément appelée loi de l'offre et de la
demande. Lorsque sur un marché donné, y compris le marché du travail, la demande globale excède l'offre globale le prix va monter, inversement lorsque l'offre
dépasse la demande, le prix va baisser.
Dans le premier cas, l'excès de la demande sur l'offre qui fait augmenter les prix va décourager la demande et encourager l'offre, ainsi l'équilibre va tendre à se
rétablir (théorie héritée de la théorie Walras). C'est sur cette logique qu'est analysée la relation inflation chômage à travers la relation dite de Phillips-Lipsey.
Cette relation à même reçu à une époque la caution keynésienne, apparaissant comme ayant une portée universelle. Enfin nous verrons la stagflation, concomitance
du chômage et de l'inflation.
I- La relation de Phillips-Lipsey
Alors que Phillips avait fait une étude empirique, Lipsey l'a théorisé.
Phillips à publié en 1958 dans un article passé à la célébrité (dans Economica), une étude portant sur l'Angleterre de 1851 à 1957 concernant la relation observée
entre le taux de variation des salaires nominaux dans l'industrie manufacturière et le taux de chômage (U). Si l'on prend w (taux de salaire nominal), on a :
∆
: taux de variation (trimestriels) des salaires nominaux
Ainsi il à montré que lorsque le taux de variation des salaires nominaux augmente, le chômage tend à réduire (relation invers ement proportionnelle) et inversement.
Les observations peuvent se résumer sur le graphique suivant :
∆𝑊
Courbe de Phillips
𝑊
U
U
Dans les phases d'expansion (le chômage se réduit) il y à une accélération des variation des salaires nominaux et inversement en période de troubles
économiques. Ces observations cycles par cycles se représentent sur une courbe. Ce courbe traverse la barre du taux de chômage (U) en un point d'équilibre (ni
augmentation du chômage ni de l'inflation) : c'est ce que l'on nomme taux de chômage naturel, taux de chômage normale ou taux de chômage d'équilibre.
En ce qui concerne l'explication théorique de la relation de Phillips entre taux de chômage et taux de variation des salaires nominaux, Lipsey s'appui sur la loi de
l'offre et d e la demande appliquée au marché du travail : ainsi lorsque sur ce marché l'offre (émanant des travailleurs) excède la demande (émanant des
employeurs), il y à dans la logique du marché on doit baisser une baisse du taux de variation des salaires, ou tout au moins une décélération du taux
d'augmentation des salaires nominaux. Inversement, lorsque sur le marché du travail la demande de facteur travail excède l'offre il y aura une augmentation du
prix du travail, une augmentation des salaires nominaux.
En 1960, Lipsey donne à l'étude un soubassement empirique dans le cadre du paradigme du marché. Entre temps il à étendu la relation entre taux de chômage et
taux de croissance des salaires à une relation entre taux de chômage et inflation.
Il établi cette relation sous l'hypothèse que le niveau général des prix est indexé sur les salaires. Soit si l'on note P le niveau général des prix, le taux de variation
(trimestriel) de P sera :
∆𝑃 ∆ ∆
𝑃 Et la relation de Lipsey s'exprime : =
Cette relation de Phillips-Lipsey, née en dehors de tout contexte keynésien, à reçu très vite la caution keynésienne au point de devenir un pilier du
keynésianisme.
La Théorie générale de Keynes parut en 1936, n'aborde guère directement la question de l'inflation et privilégie la question du chômage. Il n'en va pas de même
de l'ouvrage précédent de Keynes, le Traité de la Monnaie, parut en 1930. En effet dans ce livre il établi une condition caractéristique de ce qu'il appelle alors la
déflation et qu'il exprime par : I - S < 0 (ou I < S)
La déflation qui est synonyme de crise, caractérisée par cette inégalité, signifie en effet chômage et baisse du niveaux géné ral des prix. Chômage puisque
l'excédent de S sur I signifie déficit de la demande de consommation (l'épargne étant la non consommation finale) d'où faible incitation des entreprises à investir,
d'où une faible demande de l'investissement, donc sous-investissement et sous-emploi donc chômage.
Tandis que la sous-consommation et sous-investissement signifie une insuffisance de la demande globale par rapport à l'offre et par conséquent une baisse du
niveau général des prix. Cette inégalité explique donc le chômage et la baisse des prix (lien avec la relation de Phillips -Lipsey).
L'analyse keynésienne du Traité de la monnaie colle donc aux observation de Phillips et à l'explication théorique donnée par Lipsey. Mais c'est l'analyse de
Keynes du Traité de la Monnaie, donc antérieur à 1932 avec la révolution keynésienne : le Keynes auquel on se réfère pour cautionner la relation de Phillip s-
Lipsey est un Keynes "archaïque", avant sa révolution.
La relation de Phillips-Lipsey est très vite devenue une pièce maitresse du keynésianisme.
Cette politique à été la politique classique des gouvernements occidentaux tout au long des années 1960. A la fin de cette dé cennie, au début des années 70 aux
Etats-Unis, puis dans le reste du monde, un phénomène nouveau est apparu : la stagflation. C'est un phénomène où l'inflation et le chômage, loin de se contredire
l'un l'autre, se développe en concomitance, dès lors la politique de stop and go devint impraticable.
Cette politique de stop and go, fondée sur la relation de Phillips-Lipsey, vouée à l'échec à plongée le keynésianisme dans une grave crise, profitant au
monétarisme.
L'arrivée de la seconde grande crise du XXème siècle, révélée en 1973 par le premier choc pétrolier, à laissé désarmée la politique keynésienne. La stagflation est
cependant apparu antérieurement au choc pétrolier : elle avait été signalée aux Etats-Unis dès la fin des années 1960. On a même découvert à cette époque qu'un
auteur beaucoup plus ancien, contemporain de Keynes, l'autrichien (représentant de l'école de Vienne) Friedrich von Hayek, dans un ouvrage intitulé Prix et
Production (1931), avait dans sa controverse avec Keynes, opposé à la théorie de la déflation une théorie de la crise dans laquelle Hayek expliquait déjà une
relation entre chômage et inflation, la stagflation.
Hayek étant encore vivant dans les années 1970, on lui à décerné le Prix Nobel en 1974.
Tout ceci est donc révélateur d'une prise de conscience tardive à travers ce phénomène nouveau d'une autre relation entre inflation et chômage que celle décrite
par la relation de Phillips-Lipsey. C'est le premier choc pétrolier qui va être l'électrochoc : il va mettre en évidence l'échec massif et répété des traditionnelles
politiques de relance, mettant en évidence l'invalidité de la relation de Phillips-Lipsey.
Le monétarisme dont le foyer est alors aux Etats-Unis l'Université de Chicago, derrière son chef de fil Milton Friedman, qui déjà rêvait depuis longtemps de
remplacer le keynésianisme va profiter de la situation nouvelle qu'offre la stagflation. Friedman propose donc son explication de la stagflation, qui est en même
temps un réquisitoire implacable contre les politiques keynésiennes de stop and go.
Il faut rendre cette justice à Friedman qu'il n'a pas attendu le choc pétrolier pour lancer son attaque. Sa thèse est la suivante : Se sont les politiques keynésiennes
de relance qui par leur répétition et leur entêtement sont causes de la stagflation. En effet, ces politiques à cause de tauxd'intérêt trop bas et de déficit budgétaire
démesurés, favorisent une création de monnaie excessive. Avec ce résultat, qui un certain temps a pu favoriser la demande et donc une baisse du taux de
chômage, les décideurs et agents ont vite anticipés l'inflation que cette quantité de monnaie allait fatalement entrainer, ont cessé de réagir positivement à la
relance. Ces techniques de relances obstinées n'ont fait que progresser l'inflation sans faire baisser le taux de chômage à long terme (à la rigueur, effets bénéfiques
à court terme).
Cette thèse monétariste selon laquelle une création excessive de monnaie n'aboutiront qu'a augmenter l'inflation sans endiguer le chômage est fondée sur une
théorie économique très ancienne et très connue : la théorie quantitative de la monnaie. Selon cette théorie, dont l'invention remonte au XVIème siècle dans le
cadre de la controverse de Jean Baudin et Malestroit, puis grâce à l'américain Irving Fisher au XIXème siècle, il existe un lien de proportionnalité entre la quantité
de monnaie en circulation et le niveau général des prix (à moyen/long terme). Si la quantité de monnaie en circulation augmente de 10%, il y aura une
augmentation à terme du niveau général des prix de 10%.
Friedman admet qu'à court terme, l'augmentation de la monnaie en circulation peut avoir un effet positif sur la production et donc sur l'emploi, mais très vite, les
agents anticipant l'inflation ne vont plus réagir à l'augmentation de la masse monétaire qui provoquera de l'inflation.
Friedman qui est par ailleurs un auteur de science, auteur d'ouvrage de méthodologie économique, entend apporter une preuve du bien-fondé de la théorie
quantitative de la monnaie. Il va la développer à partir d'une observation de la relation entre l'augmentation de la quantitéde monnaie et du niveau général des
prix, non seulement aux Etats-Unis mais tous les pays et de tous les temps (où il possède des statistiques).
Il dira que partout et de tout temps, il y à une corrélation très forte entre l'augmentation de la masse monétaire et les variation du niveau général des prix : ainsi
pour Friedman c'est la preuve que la théorie quantitative de la monnaie est fondée. A l'université de Chicago, un autre économiste va essayer d'aller plus loin que
son maitre : Robert Lucas (bob pour les intimes). Une vingtaine d'année plus tard, il développe une nouvelle théorie classique : l'école des anticipations
rationnelles. L'hypothèse de base de Lucas est que les décideurs sont des agents parfaitement rationnelles, à la différence des agents friedmaniens qui sont
asymptotiquement rationnelle. L'homo oeconomicus lucasien est un agent qui connait parfaitement la théorie monétaire et qui ne se trompe pas (dès le départ
anticipe l'inflation) et ne va donc pas réagir, même momentanément, à l'augmentation de la masse monétaire.
Cette critique de Friedman, renforcée sur le moment par celle de Lucas, à provoqué dans les années 70 une crise du keynésianisme, puisqu'il est apparu que ce
dernier fondé sur la relation de Phillips-Lipsey et les politiques de stop and go, c'était que sans doutes les politiques keynésiennes n'étaient pas valables. Ainsi la
position hégémonique du keynésianisme à laissé la place au monétarisme. Ainsi les années 70 furent marqué par le détournement de nombreux économistes
keynésiens (ou soit disant tel) vers le monétarisme.
Ce détour par le monétarisme à eu pourtant une conséquence heureuse : elle à conduit les keynésiens restés fidèle à la penséede Keynes à relire ses écrits (et pas
simplement sa Théorie Générale), en on approfondi leur connaissance, et on ainsi découvert au cœur de la pensée keynésienne le circuit (année 80). Schumpeter
lui-même à dit à propos de la lignée du circuit, qu'elle était l'une des lignées les plus importantes de toute l'analyse économique. Et pourtant parle de la lignée qui
va de Petty à Cantillon puis à Quesnay, mais ne voit pas que Marx se rattachait à cette lignée ni Keynes (qui était certes son contemporain). Et cette découverte à
permis de remettre en perspective l'analyse keynésienne de la relation inflation/chômage et de comprendre que la pensée de Keynes, loin de donner caution à la
relation de Phillips-Lipsey était au contraire une théorie de la stagflation.
Nous allons séparer ici l'analyse du chômage de celle de l'inflation, ainsi nous verrons d'abord le chômage conjoncturel et structurel, puis nous étudierons
l'inflation de sortie de crise et l'analyse keynésienne de la stagflation, enfin nous analyserons la réfutation keynésienne de la réfutation monétariste du bien-fondé
de la théorie quantitative de la monnaie.
Dans les économies contemporaines, la réduction du coût salarial par la baisse des salaires nominaux est impossible en raison de la résistance des syndicats, par
conséquent la seule voie possible pour réduire le coût salarial consiste pour les entreprises à arrêter la production, ou du moins la délocaliser dans les pays à bas
salaires, dans les secteurs les moins rentables de leur activité.
Il en résulte une mise à pied des travailleurs employés dans ces secteurs dont l'activité est stoppée, et par conséquent un d éveloppement du chômage. Bien qu'en
pratique il n'y ai pas de différence entre chômage conjoncturel ou chômage structurel, cette distinction à une portée analyti que importante et bien dégagée par le
circuit keynésien.
Le chômage conjoncturel : c'est celui dont l'analyse tient dans le cadre de la période (temps de circuit). Il est lié à une r évision en baisse en début de période des
anticipations des entrepreneurs. Cette révision est elle-même liée à des profits réalisés dans la période précédent insuffisants (a fortiori des pertes). Ceci abouti au
début de la période présente à une diminution de l'endettement des entreprises F 𝐹 − ∆𝐷 (∆𝐹 > 0)
Cette diminution de l'endettement des entreprises va, par le jeu du multiplicateur, engendré une diminution ∆𝑌 des revenus distribués aux ménages. (∆𝑌 = 𝑘∆𝐹)
Ce chômage conjoncturel s'explique donc par une baisse des anticipations dans la période.
Si la baisse du coût salarial induite par une diminution de la masse salariale ne suffit pas pour redresser les profits (en fin de période I - F < 0 perdure), il viendra
un moment où les entreprises seront jugées par leurs créanciers incapable de rembourser leur dette même en licenciant et par conséquent seront poussés à la
liquidation partielle ou totale, le cas échéant à la faillite.
Leurs actifs seront récupérés à vil prix par les entreprises prospères malgré tout, et celles-ci s'empresseront de poursuivre les licenciements dans les entreprises
rachetés supposées non rentables. Cette restructuration du capital va amener un surcroît de chômage : c'est le chômage structurel.
Chômage conjoncturel et chômage structurel ont en commun d'être l'un et l'autre engendré par une situation de crise et de contribuer tous deux à l'effort de sortie
de crise, mais peuvent ne pas suffire. Dans ce cas les entreprises ont recours à un autre moyen pour redresser les profits, complémentaire et non exclusif du
chômage : la hausse de leurs recettes par la hausse de leur prix de vente. Ces deux mécanismes étant non exclusifs, c'est donc bien une relation de stagflation.
A B E
U U
Z T F S
D I I
J D
L Y J
H C
X
F
RdM M
X H C Y
Hypothèse : X - H > 0 L
(excédent commercial S Z
du pays)
T
L'analyse de la relation inflation-chômage selon le circuit keynésien, loin de négliger la stagflation, en donne une explication : l'inflation et le chômage sont
utilisés conjointement pour redresser la situation (passer de l'inégalité de crise à l'inégalité de non crise).
Nous allons donc faire l'hypothèse que les entreprises pensent pouvoir sortir de la crise par la seule hausse des prix (ans recourir au chômage). Sous cette
hypothèse générale, nous allons calculer le taux d'inflation de sorti de crise, soit le taux d'augmentation du niveau général des prix, capable de renverser d'un
Parmi tous les taux d'inflation de sorti de crise, il existe ce que l'on appelle un taux minimum d'inflation de sorti de crise, étant défini comme le taux d'inflation
qui d'une période à la suivante fera passer de l'inégalité critique I - F < 0 à la simple inégalité I - F = 0 (équilibre fort).
A cette hypothèse générale, nous allons ajouter trois hypothèses destinées à faciliter le calcul de ce taux :
- Les revenus versés aux ménages restent constant d'une période a la suivante, aussi longtemps que les ménages ne revendiqueron s pas pour leur revenu un
rattrapage de l'inflation.
- Les entreprises parce qu'elles ne sont censées recourir qu'a l'inflation pour sortir de la crise, ne diminuent en rien leur p lan de production (prévoit de produire
les mêmes quantités avec le même volume d'emploi).
- Les importations sont supposées constantes en volume et en valeur.
Cela dit, nous allons périodiser l'analyse, c’est-à-dire voir comment les choses se passent au cours de périodes successives. Nous allons envisager quatre périodes
successive :
- La première période, dite période 1, est une période à l'issue de laquelle dans l'économie considérée la condition de crise apparaitra, autrement dit à la fin
apparait I - F < 0. Dans ce cas, nous savons que le revenu global que nous allons noter R 1 à deux expression, l'une découlant de la définition même du revenu
global (somme des contribution de l'Etat et des entreprises R A + RE, soit R1 = Z + I + J + C + X - H (7)) et l'autre obtenue à partir de l'équilibre comptable au
pôle E (R1 = (Y + Z) + (I - F) (8)).
- Dans la période 2, les entreprises vont sortir de la crise en appliquant le taux minimum d'inflation de sorti de crise, et seulement ce taux d 'inflation (sans
recourir à l'allègement de leur coût, et notamment leur coût salariaux par le chômage). Ce taux minimum d'inflation de sorti de crise sera noté g. Nous
admettons que ce taux va être appliqué par les entreprises uniformément à tous leurs produits vendus. Quelle va être l'expres sion du revenu global
correspondant à la relation (7) ?
R2 = Z + (I + J + C + X)(1 + g) - H (7')
= Z + (I +J + C + X) - H + g(I + J + C + X)
= R1 + g(I + J + C + X)
R2 = (Y + Z) + (I - F) =0
Ainsi R2 = Y + Z (8')
R2 - R1 = g(I + J + C + X) R1 = R2 + (I - F)
R2 - R1 = F - I >0
𝐹−𝐼
Ainsi le taux d'inflation minimum de sorti de crise est égal à : 𝑔= Avec donc g > 0 (9)
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋
Ce taux est d'autant plus élevée que l'écart critique F - I est élevé.
Exercice
Calculons le taux d'inflation minimum de sorti de crise lorsque on s'affranchi de l'hypothèse 3 et que l'on suppose donc que les importations augmente elle aussi
au même taux que les importations (supposant la crise est aussi présente à l'étranger, qui possède le même écart critique).
Période 1 Période 2
H H(1 + g)
R1 = (Y + Z) + (I - F) (8) = R1 + g(I + J + C + X)
(I - F <0) R2 = Y + Z
R2 - R1 = g(I + J + X - H)
R2 - R1 = F - I
𝐹−𝐼
𝑔= (9')
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋−𝐻
Le taux d'inflation de sorti de crise est plus élevé car quand le prix des importations augmente au même taux g, cela aggrave la situation de crise.
- Dans la période 3, les salariés vont revendiquer, et obtenir sous la menace de la grève, un rattrapage de l'inflation par leur salaire. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait
dès la deuxième période ? Car les entreprises n'ont pas annoncé qu'elles allaient augmenter leur prix, c'est don après coup que les ménages ont constatés la
baisse de leur pouvoir d'achat. C'est donc dans la période suivante (la troisième) que les ménages vont revendiquer leur augmentation.
Les ménages ne vont pas chercher à gagner plus que la réparation du préjudice qu'ils ont subi, le pouvoir d'achat à été diminué par le taux g, ils vont donc
obtenir une majoration de leur salaire au taux g :
(Y + Z)(1 + g)
R3 = gZ + Z + (I + J + C + X)(1 + g) - H (7')
= gZ + R2
= gY + gZ + R2 + P
R3 = R3 + gY + P
=0
P = − gY < 0
La hausse légitime des salaires en compensation de l'inflation provoque une nouvelle crise. Ainsi les politiques d'austérité visent justement à faire culpabiliser
les salariés d'une augmentation de leurs salaires, et donc à légitimer la baisse du pouvoir d'achat afin de leur faire payer le prix du rétablissement de la crise,
même si l'origine ne leur est pas imputable.
- En période 4, il va se passer ce qu'il s'est produit dans la période 2, c’est-à-dire une hausse du niveau général des prix (inflation) et donc d'une restauration des
profits … Ainsi de suite, de périodes en périodes. Cette alternance est appelée la spirale prix-salaire. Ainsi, g' le nouveau taux minimum d'inflation, par
application de la relation (9) est égal à l'écart critique de la période précédente :
𝑔𝑌 𝑔 𝑦
𝑔 = = ×
(1 + 𝑔)(𝐼 + 𝐽 + 𝐶 + 𝑋 ) 1 + 𝑔 𝐼 + 𝐽 + 𝐶 + 𝑋
Donc Y = I + J + C + X - H + F - I
𝑌 𝐹−𝐼 𝐻
= 1+ −
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋 𝐼+𝐽+𝐶+𝑋 𝐼+𝐽+𝐶+𝑋
𝑌 𝐻
= 1+𝑔−𝜀 → = 𝜀 > 0
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋 𝐼+𝐽+𝐶+𝑋
(Valeur marginale)
𝑔
𝑔 = (1 + 𝑔 − 𝜀)
1+𝑔
𝑔
𝑔 =𝑔−𝜀
1+𝑔
𝜀 Dans la période 4, l'inflation est
𝑔 =𝑔 1− ⇒𝑔 <𝑔
1+𝑔 relancée mais à un taux amorti.
<1
𝐹−𝐼
𝑔= (9)
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋
𝐹−𝐼
𝑔= (9') Nous avons donc (9') > (9)
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋−𝐻
Spirale prix-salaire
Taux d'augmentation
des prix ou des salaires
g'
Période du cycle
Dans cette représentation le cycle de l’inflation est un cycle dont la période est de 2 à 3 ans (deux temps de circuit).
A long terme la spirale prix-salaire devrait s'arrêter (dans l'hypothèse d'importations inertes). Or l'Etat ne peut pas se permettre que la spirale prix-salaires
s'amortisse d'elle-même d'autant plus que cet amortissement n'est pas garanti. L'Etat doit donc intervenir car la spirale à des effets sociaux négatifs (entraine
une dégradation du pouvoir d’achat, des salaires et pousse les entreprises dans la crise)
Face au préjudice subit tantôt par les salariés tantôt par les entreprises, l'Etat doit mettre en place une politique de lutte contre l'inflation. C'est là que les thèses
keynésienne et monétariste se heurtent frontalement : les monétaristes, défenseurs de la théorie quantitative, affirment qu'il faut une politique d'austérité
monétaire, tandis que les keynésiens soutiennent que la crise n'est nullement due à un excès de monnaie dans le circuit, mais au déséquilibre I - F < 0, c'est
pourquoi il ne faut pas restreindre l'offre de crédit.
De plus, les keynésiens préconisent un protectionnisme afin de protéger l'investissement dans le pays. Cependant les monétaristes ont l'argument empirique de
la corrélation (de tous temps et de tous lieux) entre injection de monnaie en circulation et variation des prix, confirmant leur théorie quantitativiste.
L'analyse du Traité de la monnaie s'oppose certes a la théorie quantitative de la monnaie : l'analyse monétariste constitue une approche par les encaisses de
l'inflation, tandis que les keynésiens font une approche par les revenus. Cependant le Traité ne donne pas la réfutation de la corrélation empirique qui entraine la
causalité des monétaristes : il faudra attendre la Théorie générale.
Or corrélation n'équivaut pas à causalité, Friedman et les monétaristes font donc cette erreur méthodologique grave. En effet , corrélation signifie que deux éléments
n'apparaissent pas l'un sans l'autre, or la causalité indique qu'un élément A entraine un élément B. Ainsi, causalité impliqu e corrélation, mais l'inverse n'est pas vrai.
Ainsi A peut corréler B, mais ça prouve en rien que A cause B (ou inversement) car il se peut que deux phénomènes corrélés pe uvent être tous deux conséquence
d'un phénomène C : c'est précisément ce que ne voit pas les monétaristes.
L'analyse keynésienne du circuit va mettre en évidence la cause cachée de l'inflation : c'est l'inégalité I - F < 0. Or pour que l'argument soit convaincant, il faut
prouver que ce tiers exclu explique non seulement l'augmentation du niveau général des prix mais aussi l'augmentation de la q uantité de monnaie en circulation.
Lorsque I - F < 0 est vérifié, lorsque l'écart critique F - I > 0, cela explique l'augmentation des passifs financiers des entreprises (F) ne pourra pas être intégralement
remboursé sur les revenus de la période, et ne pourra l'être que sur la base du patrimoine qu'après liquidation partielle ou totale des entreprises défaillantes. Par
conséquent, lorsque la condition de crise est remplie, la partie F - I n'est pas remboursable (donc I est remboursable sur la base du revenu). Ainsi les ménages vont
avoir une épargne égale à S = S p + ST, avec Sp étant l'épargne placée (S P = I) et ST étant l'épargne thésaurisée.
Nous avons donc S > F (S = F + D + L), et se faisant S T = S - SP = S - I. L'épargne thésaurisée est donc au moins égal au montant nécessaire aux entreprises : S T >
F-I
Si les entreprises, grâce à l'inflation, ont épongées leur perte dès la période suivante, les banquiers constatant que cette politique à réussi vont de nouveau distribuer
des crédits, alors que la totalité de F n'à pas été remboursé. Il y aura donc dès la période suivante une nouvelle injection de monnaie alors que le crédit de la période
précédente n'à pas été remboursé et que cet écart dans la période précédente est la contrepartie d'une quantité de monnaie (é gale à ST) thésaurisée et donc non
annulée. L'inflation de sortie de crise s'accompagne donc d'une augmentation de la monnaie en circulation.
La réfutation keynésienne de l'analyse monétariste de l'inflation est complète : premièrement l'analyse keynésienne à exhibée le tiers exclu (le déséquilibre I < F) et
deuxièmement explique la corrélation monnaie-prix que les monétaristes ont certes constaté mais non expliqué (ou du moins ont cru l'expliquer mais avec une erreur
méthodologique).
L'interprétation traditionnelle du keynésianisme, donné par le modèle IS-LM développé par John Hicks dès 1937.
Le protectionnisme à aujourd'hui mauvaise presse, quoique de moins en moins "grâce" aux dégâts de la mondialisation. Mais protectionnisme reste parfois assimilé à
nationalisme, xénophobie, racisme …
Jacques Attali qui est un fervent défenseur de la mondialisation, dans un ouvrage assez récent intitulé La crise et après parut en 2008, croit démontrer le bien fondé
de son utopie (avènement d'un gouvernement planétaire unique) par un syllogisme (une proposition majeur et mineur d'où découle une proposition) :
- Pour la majeur : marché et démocratie vont de pair
- Pour la mineur : le marché s'est mondialisé mais pas la démocratie
- Conclusion : la démocratie doit se mondialiser.
Jacques Attali devrait lire Montaigne, qui aimait se moqué des logiciens qui utilisait les syllogisme, et leur en renvoyait en pleine figure :
- Le jambon fait boire
- Le boire désaltère
- Donc le jambon désaltère
Ainsi dans le syllogisme attalien, on pourrait conclure tout aussi logiquement que le marché pourrait se démondialiser pour concorder avec la démocratie. Sa logique
pourrait donc conduire à légitimer le protectionnisme. Pour se faire il faut d'abord dédiaboliser le mot : le protectionnisme n'est pas une arme dirigée contre les autres
pays. En effet le libre-échange semble destructeur pour tous les pays (d'après Marx et Keynes), tandis que la lutte contre le chômage est l'objectif de tous.
Sachant que le protectionnisme est avantageux pour toutes les nations (pas une contre les autres, mais d'un point de vu généralisé), il est ipso facto négociable. On est
donc loin de l'autarcie que le protectionnisme est souvent accusé par ses détracteurs de vouloir instaurée.
Le protectionnisme est en réalité ouvert, sous condition d'avantages réciproques négociées par le pays en échanges d'avantages commerciaux et cela dans le soucis
commun de réguler chez les uns et chez les autres les effets destructeurs d'une concurrence effrénée. Protectionnisme n'est donc pas le contraire d'organisation
mondiale, il appelle au contraire une négociation à l'échelle internationale. Il suffirait donc de garder les instances internationales comme l'OMC, mais qu'elles
changent leur orientation économique
Indications de révisions :
• Sujet 1 : revoir les conseils qui ont été donné dans le premier dossier de TD sur la dissertation et réviser les deux dissert ations faites en TD
• Sujet 2 : Révision problème des dossiers 1, 2 et 3 + réviser spécialement dans le livre de TD les exercices suivant :
n° 17* pages 49-50
n°18** pages 51-54
n°17 pages 100-104
(n°8 pages 204-205 → relation inflation/chômage)