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Introduction à la Macroéconomie

I- Introduction

Deux voies de la science économique :


- La méthode ensembliste ou microéconomique
- La méthode systémique ou macroéconomique

Double acception du mot économie :


- Désigne la réalité économique
- Désigne la science en tant que savoir. Cependant la sciences n'est autre qu'une image, une interprétation de la réalité économique, qui est trop complexe
pour être abordée de plein pied. Il faut donc disposer d'instruments d'optique appropriés.

En ce point émerge un désaccord fondamental :


- Pour certains économistes, il faut observer la réalité économique au microscope
- Pour les autres, le microscope est inutile. Il convient d'utiliser un macroscope, car l'important n'est pas l'observation de toutes les cellules constitutives de
l'économie, mais l'observation de l'organisation générale.

Dans les autres sciences humaines, ces deux perspectives se complètent, tandis qu'en économie elles se combattent. En effet, l'optique macroscopique et
microscopique correspondent chacune à une vision du monde opposé.

La méthode microéconomique pose  que  ses  agent  élémentaires  (agent  économiques  …)  sont  libres  et  rationnels,  et  que  librement  ils  prennent  pour  modèle  un
agent idéal : l'homo économicus. Cet agent, supposé complètement rationnel, est le point de départ de toute analyse microéconomique. Cette approche abstraite
de l'économie sera rigoureuse mais épurée, utilisant beaucoup les mathématiques. C'est une reproduction topologique, inspirée de la théorie des ensembles, ce
pour quoi nous appelons la microéconomie la méthode ensembliste.

La méthode macroéconomique ne postule pas d'agent type. Les individus ne comptent pas en tant que tel, mais par la place et la fonction qu'ils exercent les uns
par rapport aux autres. La macroéconomie considère l'économie comme un tout, comme un "organisme vivant", dont les différents organes seront attachés à des
fonctions données. C'est donc la méthode systémique.

Historiquement, ces deux optiques ne sont pas apparues en même temps :


- La plus ancienne et la microéconomie. Elle remonte à une lointaine conception individualiste qui à était décrite au IVème siècle av JC par Aristote. Ce
conception s'explique dans l'étymologie même du mot "économie" : "oikia" signifiant "la maison" et "nomos" les règles.
- La macroéconomie est apparue bien plus tard : à la Renaissance (XVIème siècle)  quand  l'économie  est  devenue  politique,  c’est-à-dire que le savoir
économique s'est étendu à la nation toute entière. Elle se développera surtout au XVIIIème siècle avec les philosophes matérialistes.

Aujourd'hui, ces deux branches ont atteint un égal développement, ce qui rend leurs rivalités encore plus forte. Il existe cependant trois grands fossés :
- La monnaie : les microéconomistes font généralement abstraction de la monnaie. En effet ils la considère comme un simple voile, un facteur d'opacité, qu'il
est nécessaire de soulever pour percevoir la réalité des faits économiques. Les macroéconomistes au contraire jugent la monnaie fondamentale : la monnaie
commande le phénomène économique réel.
- L'équilibre : les microéconomistes pensent que l'économie, sous la condition de libre respect de la concurrence entre les agents, tend d'elle-même vers
l'équilibre,  c’est-à-dire un état où chaque individu sera aussi satisfait que possible. Les macroéconomistes au contraire pensent que l'économie livrée à elle-
même, non seulement ne tend pas vers l'équilibre, mais en raison du rôle central joué par la monnaie, tendra vers ce déséquilibre fondamental qu'est la crise
économique.
- Le temps : les microéconomistes pensent que le temps joue un rôle secondaire, voire nul : la micro est statique par essence. En macro, le temps, lié à la
monnaie, est au cœur de l'analyse, qui est donc une analyse par essence dynamique.

→ Ces  trois  fossés  sont  liés.  La  micro  est  une  analyse  réelle  et  statique  de  l'équilibre  économique,  tandis  que  la  macro  propose  une  analyse  monétaire  et  
dynamique  des  déséquilibres,  et  plus  spécifiquement  de  la  crise.

Introduction Page 1
Bibliographie
lundi 24 septembre 2012
14:04

• F. POULON, Economie générale, Dunod, 7ème édition


• F. POULON, TD d'économie générale, Dunod, 1ère édition
• F. POULON, La pensée économique de Keynes, Dunod
• S. BRANA, M-Cl BERGOUIGNAN, TD de Comptabilité nationale, Dunod, 3ème
édition

Introduction Page 2
Chapitre 1 : La macroéconomie pré-keynésienne

Introduction

La méthode systémique ne considère pas les individus séparément, mais les interactions qu'ils ont les uns avec les autres. Il y a trois catégories d'agents :
- La fonction de consommation, associée les ménages (noté : M)
- La fonction de production, associée aux entreprises (noté : E)
- La fonction de financement, associée aux intermédiaires financiers dont les plus importants sont les banques (noté : B)

L'analyse macro est monétaire, en effet les banques prêtent de la monnaie aux entreprises pour leur permettre d'entreprendre leur activité de production : à savoir
investir et payer des salaires aux ménages. Les ménages vont à leur tour consommer ou déposer de l'épargne auprès des intermédiaires financiers.

La  monnaie  partie  des  banques  et  accordée  aux  entreprises  revient  in  fine  aux  banques  par  l'épargne.  La  monnaie  à  donc  effectuée  un  cycle  B  → B : c'est le circuit
monétaire qui est au cœur de l'analyse systémique, c'est la macroéconomie du circuit.

Historique du circuit :

L'idée de circuit à émergée dès la fin du XVIIème siècle avec Petty, Boisguilbert et Cantillon. Cependant c'est dans la seconde moitié du XVIIIème siècle que le circuit
prend corps avec l'économiste français F. de QUESNAY, puis grâce à Karl MARX et enfin J.M. KEYNES.

Cette configuration graphique devient une représentation systémique du capitalisme. Le circuit de Quesnay représente une économie précapitaliste à dominante agricole
tandis que le circuit de Marx donnera une représentation du capitalisme industriel. C'est toutefois avec Keynes que le circuit va devenir la représentation par excellence
du capitalisme financier moderne.

Le circuit keynésien est un illustration du principe fondamental des économies monétaires : une première catégorie d'agent (B) prête à une deuxième catégorie d'agent
(E) qui achète pour vendre à une troisième (M) qui vend (sa force de travail) pour acheter.

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L'analyse systémique de Quesnay
I - La doctrine physiocratique
François QUESNAY est le chef de file d'une école de pensée qu'on appelle la "physiocratie", école qui eu une très forte influ ence en France au XVIIIème siècle, due à
sa doctrine. Cette méthode était jugée hermétique et ésotérique par les contemporains de QUESNAY. Cependant elle sera redéco uverte par Marx, disant que "le
système physiocrate est la première conception systématique de la production capitaliste".

1) La doctrine physiocrate

Les physiocrate s'était eux-mêmes désignés par ce nom, mais leur contemporains les nommés "économistes", à savoir des personnes non conforme à l'honnête
homme, au philosophe. Eux, préféraient se qualifier de philosophe. Cependant ils ont forgé le terme de "physiocrate" sur la base de deux mots grecs : "phusis"
signifiant la "nature" et "kratein" signifiant "commander". Le physiocrate est donc celui qui croit dans le gouvernement de la nature, dans la foi d'une ordre naturel.
Ils sont donc des libéraux radicaux, profondément hostile aux doctrine mercantilistes (XVII ème siècle avec Colbert) qui accordaient un rôle important à l'Etat. Ils
rejettent l'étatisme, comme Gournay le disait "Laisser faire, laisser passer", à l'origine de l'ultra -libéralisme du XIXème siècle.
Au XVIIIème, les physiocrates jouissent d'une grande popularité et autorité, avec des membres éminents comme Mirabeau, Pierre Samuel du Pont de Nemours,
Mercier  de  la  Rivière  …    et  Quesnay.

Quesnay était médecin de profession, et avait donc une place éminente à la cour, élément qui participa à l'influence et l'exp ansion des idées physiocratiques. Louis
XV aimait d'ailleurs beaucoup discuter avec Quesnay de sciences sociales. Schumpeter, historien de la pensée économique, à d it de l'influence des physiocrates
qu'elle était "une mode versaillaise qui en 1750 n'existait pas encore et en 1780 n'existait déjà plus". Affirmation contrin diquée par G. Weulersse, qui prouva que les
idées physiocratiques avaient de l'influence en France au moins jusqu'à la Révolution de 1789 et particulièrement dans les a ssemblées constituantes jusqu'en 1791.
Blanqui, auteur de l'Histoire économique en Europe, à énoncé sur le sujet : "à quelques maximes près, la Révolution française n'a était que la théorie des physiocrates
en action".
Il reste que, passée la Révolution et tout au long du XIX ème siècle, les physiocrates tombent dans l'oubli : les économistes libéraux du XIX ème ont ignoré les
physiocrates, pourtant à l'origine de cette doctrine. Les physiocrates, en conformité avec leur postulat que seul la nature gouverne, affirme que la terre est l'unique
source de richesse et que l'agriculture est la seule activité productrice de valeur. Ainsi comment expliquer la désaveu des libéraux envers les physiocrates ?

Sur ce point, Blanqui nous rappelle que quelques décennies auparavant, entre 1715 et 1720 (sous la Régence du Duc d'Orléans, successeur de Louis XIV), ils y avait
eu une spéculation effrénée autour de ce que l'ont appelait le "Système de Law" (banquier écossais qui acclimata le billet d e banque et instaura une banque royale en
France).
Cependant, Law eu la malencontreuse idée de doubler sa banque d'une compagnie dite des "Indes occidentale et du Mississipi", invitant les français à participer au
développement du Nouveau Monde. Il admettait que les actions de la Compagnie des Indes soient payées en billet de la banque r oyale, entrainant une hausse des
cours effrénée et une spéculation sans précédent. Spéculation découverte quand Law compris que la Compagnie des Indes, détou rnée de sa fonction originelle, ne
servait plus à investir dans le Nouveau Monde mais à spéculer et à combler la dette publique : ce système s'effondra en 1720 .

Les féodaux, ayant morcelé et vendu leur domaine foncier pour spéculer, accordèrent à une multitude d'agriculteur le bénéfice d'acheter ces terres et de les exploiter.
C'est pourquoi l'effondrement de la banque de Law eut une double conséquence : tout d'abord une méfiance chronique en France vis-à-vis du billet de banque (qui
s'estompa au XIXème siècle avec la création de la Banque de France), puis l'élévation de la terre au rang de valeur refuge par excellence, la con sacrant de facto
comme l'unique source de valeur (confortant les physiocrates dans leur doctrine, d'où son succès en France). Cependant ce pa radigme de la terre, unique source de
valeur, fut frappé d'obsolescence, entre autres par des auteurs comme Adam SMITH avec sa Richesse des Nations et par les libéraux, prenant le pas sur les
physiocrates et les laissant dans l'oubli. Les libéraux deviennent la mesure du XIX ème siècle, qui perdure encore aujourd'hui, principalement dans les pays anglo-
saxons.

L'émergence du courant libérale de Smith concorde avec la révolution industrielle en Angleterre, posant désormais le travail comme unique source de valeur (et non
plus la terre comme les physiocrates) : c'est l'origine de la "valeur travail". C'est également la naissance de l'école clas sique anglaise, de Smith et Ricardo.
Marx adoptera cette hypothèse de la valeur travail, dès la seconde moitié du XIX ème siècle. Et c'est donc ce postulat, pierre angulaire de la pensée classico-anglaise,
qui jette le discrédit sur l'école physiocratique. A cela s'ajoute le mépris affiché pour la méthode d'analyse de Quesnay, t axée de "puéril". Elle fut finalement reconnu
au XXème siècle comme avènement de la macroéconomie du circuit.

2) La méthode de Quesnay

Quesnay expose sa méthode en 1758 dans un ouvrage intitulé Le Tableau Economique et qui eu un énorme succès. Quesnay distingue dans la société trois classes
fondamentales :
- Les fermiers (F)
- Les propriétaires fonciers (P)
- Les artisans (A)

Entre ces trois classes existe un circuit : des fermiers aux propriétaires, des propriétaires aux artisans et des artisans au x fermiers. Ce circuit est selon Quesnay le
circuit du produit net de la période de l'année, constitué de la somme versée, des fermiers aux propriétaire, au titre des f ermages dus. Les propriétaires vont dépenser
cette somme à la fois aux fermiers pour l'achat de produits agricoles, mais aussi aux artisans pour l'achats de produits man ufacturés. Les artisans à leur tour vont
consacrer ces recettes à l'achat auprès des fermiers de produits du sol pour se nourrir. Le cycle est accompli.

Quesnay n'entend pas seulement expliquer le circuit du produit net, mais entend expliquer le mécanisme même de la production, ou selon son propre terme, de la
reproduction. Il va alors passer du circuit du produit net, au circuit du produit brut, également appelé circuit de la production. Le produit brut requière trois sortes
d'avances (investissements) :
- Les avances foncières (terre et bâtiments mis à la disposition des fermiers par les propriétaires au prix du fermage)
- Les  avances  primitives  (investissement  en  capital  fixe)  :  les  machines,  le  bétail  …
- Les avances annuels (consommation intermédiaire et autoconsommation des agriculteurs) : prélèvement opéré sur la récolte pour subvenir à leur propre besoin
et ensemencer les champs de l'année suivante.

L'économie de Quesnay est une économie monétaire, ou circule la monnaie : la quantité de monnaie nécessaire à la circulation de la valeur est déterminée par ce que
Quesnay  appelle  les  intérêts  de  l'avance  primitive  (c’est-à-dire la consommation de capital fixe). Comment Quesnay définit-il les "intérêts des avances primitives" ?
Pour remplacer le capital fixe hors d'usage, il faut un investissement supplémentaire qu'il appelle les "intérêts des avance s primitives". Ces intérêts sont le
prélèvement opéré chaque année par les fermiers sur le produit brut de l'année et destiné au remplacement du capital fixe ho rs d'usage. Pour cela, en début d'année
(début de période), les fermiers émettent un prêt aux artisans pour leur permet d'acheter des matières premières (aux fermie rs) qui leurs permettront (aux artisans) de
fabriquer les outils et machines qui seront nécessaire en fin d'année pour le remplacement du capital hors d'usage (permetta nt donc aux artisans de rembourser la
dette qu'ils avaient contracté auprès des fermiers).

Pour illustrer sa pensée, Quesnay donne un exemple : dans celui-ci, le produit net s'élève à 2 et la quantité de monnaie en circulation est égale à 1.

• Prêt de F à A : 1
• Achat de A à F de matières premières : 1

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• Achat de A à F de matières premières : 1

Paiement de F à P du 1er semestre de fermage : 1

• Achat de produits manufacturés de P à A : 1


• Achat de A à F de produits alimentaires : 1

Paiement de F à P du 2ème semestre de fermage : 1

• Achat de P à F de produits alimentaires : 1


• Achat de F à A des outils de remplacement correspondant aux intérêts des avances primitives : 1
• Remboursement par A à F du prêt : 1

Entre le prêt et son remboursement, la monnaie à circulé entre les trois classes. Dans cette succession d'opération il y en a qui reflète ce que Quesnay appelle la
circulation du produit net.

2
1ère propriété : Le circuit est en équilibre lorsqu'en chaque pôle le total des flux entrant
F est égal au total des flux sortant.

2ème propriété : le "théorème du circuit économique" (Jean ULLMO) énonce que dans
1 1+1 = 2 un  circuit  à  n pôles  (n ∈ ℕ, n ≥ 2)  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  ce  
circuit  soit  en  équilibre  est  qu'il  doit  y  avoir  égalité  de  la  somme  des  flux  entrant  et  de  la  
1 somme des flux sortant en n-1 quelconque des n pôles.
1 1
Le circuit du produit brut n'est  pas  un  autre  circuit  :  il  est  un  complément  du  produit  net.  
On passe du produit net au produit brut par adjonction des flux bleus.
A P
1

Pôle F
L'équilibre  du  pôle  F  (pôle  productif)  est  intéressant  :  les  flux  entrant  sont   Flux entrants : Flux sortants :
les recettes de la classe productrice tandis que les flux sortant sont les
dépenses  de  la  classe  productrice. - Vente de produits alimentaire : 1+1 - Loyers, fermages (produit net) : 2
- Vente  de  matière  première  :                1 - Coût  d'amortissement  du  capital  :        1
L'égalité  des  flux  entrants  et  des  flux  sortant  au  pôle  F  est  donc  égale  à  : - "Vente"  (de  F  à  F)  :                                          2 (intérêts  des  avances  primitives)
- Coûts  intermédiaires  :                                            2
Recettes - Coûts  =  0      → Profit nul =5 (avances annuelles)

=5

Il  n'y  a  donc  pas  de  profit.  L'économie  se  reproduit  à  l'identique  de  période  en  période,  
sans  profit  ni  perte,  sans  croissance  ni  crise  (endogène).  C'est  une  économie  stationnaire.

Ce  circuit  ne  permet  cependant  pas  de  comprendre  le  capitalisme  moderne.  Et  malgré  le  désaveu  des  libéraux,  il  sera  reconnu  p ar  Marx  comme  "extrêmement  riche  et    
originale"  étant  la  "première  conception  systématique  du  capitalisme".

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Le système capitaliste selon Marx

I - Le triple héritage de Marx

L'œuvre de Marx est autant économique que philosophique, reposant d'ailleurs sur une philosophie de l'histoire. L'économie de Marx qu 'en à elle repose sur un
triple héritage : une théorie de la valeur, héritée de Ricardo, une philosophie de l'histoire, celle d'Hegel et sur un instru ment d'analyse, le circuit hérité de Quesnay.

1.1) La philosophie de l'histoire

Marx élabore un matérialisme historique à partir de deux philosophes allemands : Hegel et Feuerbach. Au premier, Marx emprunte l'idée que l'histoire
progresse selon une logique dialectique, à savoir une lutte de forces opposées. Pour Hegel, philosophe idéaliste, la réalité première de l'histoire est l'Esprit.
Tout en admettant la progression dialectique de l'histoire, Marx rejette ce postulat de la réalité première qui serait l'Esprit, en se référant à Feuerbach,
philosophe matérialiste, affirmant que c'est l'homme lui-même et non Dieu qui est a l'origine de l'histoire. De plus il rajoute que l'homme, tel qu'il est donné
par l'histoire, est un être aliéné (dépossédé d'une partie de lui-même par les autres êtes, notamment par les êtres surnaturels que lui présentent les religions).
Marx prolongera cette thèse : a l'aliénation de l'homme en Dieu, s'ajoute l'aliénation de l'homme en l'homme (l'aliénation fondamentale). Ainsi c'est la base du
mode de production capitaliste : le capital est la donnée de fait, tandis que le prolétariat son antithèse semble aliéné dans le rapport social instauré par le
capital.

Un mode de production correspond selon Marx à une période de l'histoire : la période actuelle est celle du mode de production capitaliste (MPC). Dans le
MPC, les deux termes du rapport social sont le travail et le capital, ou en d'autres termes le prolétariat (détenteur de la force de travail) et la bourgeoisie
(détentrice du capital). Dans le MPC, le capital correspond à ce que l'on appelle en logique dialectique la "thèse" ("ce qui est posé" en grec). Le prolétariat
correspond ici à l'antithèse : il y a une lutte de forces sociales opposées selon la dialectique d'Hegel, qui se résoudra par une synthèse, marquée par la victoire
du prolétariat sur la bourgeoisie dans le matérialisme marxien (comme ce fut le cas des bourgeois sur les féodaux lors de l'avènement du capitalisme). Ainsi
pourra advenir le mode de production socialiste (MPS), et se faisant la fin du capitalisme.

Marx entend appuyer sa philosophie de l'histoire sur la sciences économique de son temps (construisant donc un socialisme scientifique). Or les sciences
sociales sont encore dominés par l'idéologie ricardienne, il lui emprunte donc sa pierre angulaire : la théorie de la valeur-travail.

1.2) La théorie de la valeur-travail

C'est en 1846 que Marx décide de prendre en compte la base empirique de la valeur -travail, emprunté à l'un des plus grands économistes du siècle : Ricardo.
Ainsi, tout l'effort de Marx va donc consister à retranscrire sa philosophie du matérialisme historique en terme d'analyse éc onomique. Il effectue pour cela
deux transcriptions majeures :
- D'une part au concept d'aliénation (de Feuerbach) que Marx va faire correspondre, dans le champ économique, au concept d'exploitation.
- D'autre part aux trois temps de la dialectique hégélienne, que Marx va faire correspondre, à travers le champ des concepts économiques, les trois temps du
circuit du capital.

1.2.1) L'exploitation

Selon Marx, le rapport social instauré par le capitalisme, n'est pas un rapport humain. C'est avant tout un rapport d'argent. L'argent étant la mesure en soi
de la valeur, il en résulte que l'aliénation du salarié (prolétaire) dans le capitalisme doit pouvoir être évalué quantitativ ement. La transposition du concept
d'aliénation dans le champ des grandeurs mesurables défini l'exploitation. Cependant pour établir précisément cette notion d' exploitation il y a deux
conditions :
- D'abord, disposer d'une unité de valeur
- Ensuite, expliquer l'échange des valeurs auquel se ramène le rapport d'exploitation.

α) L'unité de valeur

Marx dès la lecture de Ricardo, adopte avec enthousiasme cette notion de valeur-travail, car il crois y trouver la base empirique pour bâtir sa philosophie
du matérialisme historique. Ricardo définissait la valeur d'une marchandise par la quantité de travail incorporé dans cette marchandise (il faut non
seulement compter le travail direct -heures de travail effectives pour réaliser la marchandise- mais aussi le travail indirect -heures de travail incorporées
dans le cycle productif pour réaliser la marchandise). Cela dit, l'unité de valeur, donc l'unité de quantité de travail, parait simple à définir : il suffirait de
prendre l'heure de travail par exemple. Cependant, il y a un problème : après avoir cru trouver le fondement empirique de sa philosophie, Marx soulève
une limite : l'hétérogénéité de fait, des différents travaux concrets (quand on parle d'heures de travail, de quel travail faisons nous référence ?). Marx
comprend assez vite que ce problème n'a pas de solution (pour une marchandise en particulier on pourrait le calculer, mais le raisonnement inductif et la
conceptualisation sont impossibles), ce qui l'amène à se référer non plus à un travail concret comme unité de mesure des valeurs, mais un travail abstrait
qu'il va définir comme "le travail socialement nécessaire à la fabrication de la marchandise en question". Que faut-il entendre par cela ? Faute de mieux :
une certaine proportion du travail total employé dans la société tout entière à un moment donné compte tenue des techniques de production en vigueur. Il
y a de toute évidence un échec relatif de Marx, dans sa recherche de base empirique concrète de sa philosophie du matérialisme historique, qui fut mis en
avant par un marxologue français : Henri Denis avec L'économie de Marx, histoire d'un échec, expliquant pourquoi Marx, ayant buté sur ce problème et
ne l'ayant pas résolu, produisit au final un travail abstrait et non concret, le bloquant donc dans sa recherche. Ceci pourrait expliquer pourquoi l'œuvre
majeure de Marx, Le capital (publiée en 1867, alors que Marx meurt 17 ans après, en 1884) n'a été publié que partiellement du vivant de Marx (Engel
publiera le livre II et III avec les notes de Marx) : contrairement à l'argument officiel de son engagement politique chronophage, la thèse de H. Denis est
qu'il n'a probablement pas publié le livre II et III parce qu'il cherchait une solution à ce dilemme.

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qu'il n'a probablement pas publié le livre II et III parce qu'il cherchait une solution à ce dilemme.

Marx ne s'est pas contenté de soulever le problème de l'unité de valeur, il à également relevé un second problème dans la théorie de la valeur-travail de
Ricardo : cela se rapporte au profit du capitalisme. Ce problème n'avait pas été ignoré par Ricardo, mais il l'avait certainement éludé. Ricardo définissait
la valeur d'une marchandise par la quantité de travail total incorporé dans la marchandise, or parmi les composants de la valeur, il y à les différents coûts
de production, mais il y a aussi le profit du capitaliste. Si Ricardo avait été cohérent avec son hypothèse de la valeur travail, il aurait accepté de réduire le
profit à une composante de la valeur-travail, or il l'a toujours refusé et éludé (principalement pour des raisons politiques, étant le porte parole de la
bourgeoisie manufacturière anglaise). Ainsi Marx soumet le profit, étant un composant de la valeur, à la valeur-travail, prolongeant donc cette hypothèse
en une valeur-travail intégrale. Mais alors, il s'agit d'un travail non payé, mis pour ainsi dire gratuitement à la disposition du capitaliste par le travailleur.
Comment peut-on en arriver à cette conclusion ? Marx dit qu'il faut étudier les échanges de valeur dans le modèle capitaliste.

β) L'échange de valeurs

"Toute marchandise, dit Marx, a une valeur double" : une valeur d'usage, correspondant à l'utilité qu'elle procure, la satisf action qu'elle donne à son
titulaire, et une valeur d'échange, qui elle est la valeur-travail. "L'échange, ajoute Marx, a pour but la consommation des valeurs d'usage", cependant
il y a deux types de consommation (deux formes de disparition de la valeur d'usage en échange d'une satisfaction) :
- La consommation finale : la disparition pure et simple de la valeur d'usage (les marchandises faisant partie exclusive de la consommation finale
sont appelées par Marx "moyen de consommation").
- Et la consommation productive : disparition de la valeur d'usage compensée par l'apparition d'une nouvelle marchandise, donc d'une nouvelle
double valeur (d'usage et d'échange)

Deux sortes de marchandises peuvent faire l'objet de consommation productives :


- Les moyens de production : la consommation productive de moyen de production (de capitaux fixes -machines- ou circulant -matières
premières) va fournir une nouvelle marchandise de valeur rigoureusement égal. Marx appellera "capital constant" l'achat de moyen de
production, précisément parce que la consommation productive des moyens de production laisse la marchandise à valeur constante (la valeur du
bois dans une table est juste intégrée à la table, elle n'ajoute pas une valeur extrinsèque supplémentaire).
- La force de travail : la consommation productive de la force de travail faire naitre une valeur supplémentaire. Ce supplément de valeur, issu de
la consommation productive de la force de travail, c'est ce que Marx appelle la "plus-value" ou comme certains marxologues "survaleur".

Consommation productive

La force de travail
Les moyens de production (capital variable)
(capital constant)

Capitaux fixes Capitaux circulants


(ex : machines) (ex : matières premières)

Prenons un exemple : supposons que la fabrication d'un meuble consomme 10 heures de forces de travail direct (effectif). Qu'e lle nécessite
aussi des moyens de production d'une valeur-travail de 8 heures.

Travail direct = 10h Marx se réfère à l'hypothèse classico-anglaise du salaire de subsistance, il rémunère
l'ouvrier donc d'une valeur-travail correspondant au minimum vital. Supposons que ce
Travail indirect = 8h minimum vital nécessaire à la reproduction d'une force de travail de 10 h soit de 7h
(moyens de production) (autrement dit, la valeur-travail d'une force de travail de 10 h est de 7h) : la plus value
est donc de 3h.
= 18h
Valeur d'une force de travail de 10 h = 7h

Plus-value = 10-7 = 3h
ou 18-(7+8) = 3h

La plus value donne la mesure exacte de l'exploitation capitaliste, reflet de l'aliénation - dans le capital - du prolétaire. Mais comment en
arrive-t-on là ? La plus-value étant caractéristique du capitalisme, il faut étudier le processus de sa réalisation dans le circuit du capital.

1.2.2) Le circuit du capital

Le circuit du capital est, dans l'économie politique de Marx, le reflet de la dialectique capitaliste telle qu'il l'expose dans sa philosophie du
matérialisme historique.
De plus, Marx à bien compris le mouvement dynamique de la notion de capital qu'il définit comme "la valeur en tant qu'elle circule". Le capital
passe par différents états, qu'il appelle les trois formes de la valeur :
- La forme-argent (A, qui est la thèse, étant la forme posée à l'origine du circuit) : le capitaliste est celui qui achète pour vendre, ainsi la forme-
argent possède une place primordiale dans le circuit.
- La forme-capital productif (P, qui est l'antithèse du fait de la séparation de l'ouvrier avec ses moyens de production, en raison du r apport social

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- La forme-capital productif (P, qui est l'antithèse du fait de la séparation de l'ouvrier avec ses moyens de production, en raison du r apport social
instauré par le capital-argent) : avec son argent, possédé ou emprunté, le capitaliste achète des marchandises destinées à une consommation
productive (à capital constant ou capital variable). Ainsi :
c : capital constant

c = cf + cc avec cf : capital fixe et cc : capital constant

v : capital variable

c + v = cf + cc + v

- La forme-marchandise (M, la synthèse, qui est le résultat) : bien que dans les deux formes précédentes, le capital était destiné à l'a chat de
marchandise, dans M le capital est sous la forme-marchandise lorsqu'elles sont produites et prêtes à être vendus.

Une métamorphose est un passage d'une forme à une autre de la valeur. Il y a trois métamorphoses :
- Métamorphose A-P : passage de la forme-argent à la forme-capital productif, a savoir l'investissement du capitalisme de son capital en moyens
de production et de force de travail.
- Métamorphose P-M : passage de la forme-capital productif à la forme-marchandise attendant d'être vendu, c'est ce que Marx appelle la
"métamorphose réelle du capital", à savoir qu'il y a dans cette opération l'apparition de la plus -value (c'est la production).
- Métamorphose M-A : c'est la "réalisation de la valeur" selon Marx, à savoir le retour à la forme-argent (c'est la vente).

La mise bout à bout A - P - M - A est ce que Marx appelle le circuit du capital (la forme-argent revient à la forme-argent). Marx donne dans
son livre I une autre écriture équivoque :
A - P - M - A'
A' = A + ∆  𝐴 avec ∆  𝐴 > 0

Circuit du capital

A
Plus-value et profit ne sont pas la même chose : la plus-
value se mesure dans le champ des valeur-travail, le
p : plus-value c+v+p c+v profit se mesure dans le champ des valeur monétaire
c : capital constant (mesuré en argent). Le profit est donc la plus-value
v : capital variable (3) (1)
réalisée (→ transformé  en  argent  dans  le  vocabulaire  
marxien).

(2)
M P
c+v+p

1.3)  Le  schéma  de  la  reproduction

Ce  circuit  représente  autant  un  capitaliste  individuel  que  le  système  capitaliste  tout  entier.  Marx  à  recours  à  un  autre  inst rument  pour  la  représentation  du  capital  
social,  hérité  de  Quesnay,  que  Marx  appellera  le  "schéma  de  la  reproduction".  Le  schéma  de  la  reproduction  est  représenté  che z Marx comme chez Quesnay
(dans son Tableau Economique) par  un  circuit  à  trois  pôles,  que  Marx  appelle   circuit des marchandises (le profit et la plus-value  sont  présents  chez  Marx,  et  non  
chez  Quesnay).  Le  profit  reçoit  selon  Marx,  une  double  acceptation  :
- s (0 ≤ s ≤ 1)  :  part  du  profit  que  le  capitaliste  choisi  d'affecter  à  son  fonds d'accumulation (part  des  profits  destinés  à  un  réinvestissement  :  à  savoir  affecté  à  
l'achat  de  force  de  travail  ou  de  capital  supplémentaire).
- 1-s (0 ≤ 1-s ≤ 1)  :  part  affecté  au  fonds de consommation (marchandises  destinées  à  la  consommation  finale  du  capitaliste).

Le  système  tripolaire  est  défini  de  la  manière  suivante  :


- KI : capitalistes de la section I (section des moyens de production).
- KII : capitalistes de la section II (section des moyens de consommation).
- H  :  prolétaires,  masse  des  salariés.

Entre  ces  pôles,  au  cours  de  la  période,  il  y  à  une  circulation  de  la  valeur.  Les  notations  utilisées  par  Marx  sont  les  suiva ntes :

c1, c2 : capital constant investi par KI et KII respectivement (→ capital fixe)

v1, v2 : capital variable investi par KI et KII respectivement (→ salaires)

p1, p2 : plus-value issue de la consommation productive par KI, KII (respectivement) d'une force de travail de valeur v1,v2
(respectivement)

s1, s2 (0 ≤ si ≤ 1; i =1,2) : fraction de p1, p2 (respectivement)  affecté  par  KI, KII (respectivement)  à  son  fond  d'accumulation  
(propension  à  épargner,  dans  une  terminologie  keynésienne).  Si  s =  0,  l'économie  est  stationnaire,  c'est  une  schéma  de  
reproduction simple de  la  valeur  (c  +  v  investi  en  début  de  période,  c  +  v  +  p  réalisé  en  fin  de  période  :  si  s = 0 cela signifie
que  p  est  entièrement  dépensé  en  consommation  finale).  Si  0  <  s  ≤ 1,  l'hypothèse  est  dite  de  reproduction  élargie  (grâce  au  
fond  d'accumulation,  les  capitalistes  peuvent  investir  une  valeur  "élargie"  pour  la  nouvelle  période).

A  ceci  s'ajoute  des  hypothèses  :


- La valeur v1, v2 de  la  force  de  travail  acheté  par  KI, KII (respectivement)  à  H,  est  toute  entière  employée  par  H  en  achat  de  moyens  de  
consommation (→ hypothèse  classico-anglaise  du  salaire  de  subsistance,  à  savoir  le  juste  nécessaire  permettant  de  renouveler  leur  force  de  
travail)
- c1,c2 est  supposé  tout  entier  investi  en  début  de  période.
- v1,v2 est  investi  tout  au  long  de  la  période  et  proportionnellement  au  temps  qui  s'écoule.
- p1,p2 correspondant  à  la  consommation  d'une  force  de  travail  de  valeur  v1,v2 (respectivement) est comme la valeur v1,v2 elle-même  réalisée  
progressivement,  régulièrement,  proportionnellement  au  temps  qui  s'écoule  selon  un  taux  de  proportionnalité  avec  le  capital  variable constant

I -La méthode systémique Page 8


progressivement, régulièrement, proportionnellement au temps qui s'écoule selon un taux de proportionnalité avec le capital variable constant
et identique quelque soit la section.

Taux de plus-value (ou taux d'exploitation de


la force de travail) :
p2 La plus-value est proportionnelle au capital variable, selon le rapport de
p1
proportionnalité que nous venons d'énoncer (e = p / v), qui est le même pour les
e = = deux sections et qui est constant dans la période.
v1 v2

- Définition de la période : la période du circuit des marchandises est le temps de rotation du capital, défini comme le temps nécessaire à la
réalisation de toute le capital investi.

Dans la rotation du capital, la circulation des valeur entre les pôles K I, KII et H peux recevoir la représentation graphique suivante :

c1 + s1 p1 (1 - s2) p2

c2 + s2 p2
KI K II
(1 - s1) p1
Le circuit est en équilibre si et seulement si en
chaque pole il y a égalité de la somme des flux
entrants et des flux sortants.

v1 v2
v1 + v2

Flux entrants Flux sortants


En vertu du théorème des circuits
économique, le circuit est équilibré si
KI c1 + c2 + s1 p1 + s2 p2 = c1 + v1 + p1 (1) et seulement si il y a égalité de la
somme des flux entrants et des flux
sortants pour 2 des 3 pôles étant donné
leur interdépendance.
Comme l'équilibre est l'identité de H, il
ne faut vérifier que l'équilibre de KI ou
KII, qui sont équivalents.
KII v1 + v2 + (1-s1) p1 + (1-s2) p2 = c2 + v2 + p2 (2)

Nota Bene : (1) ⇔ c2 + s2 p2 = v1 + (1-s1) p1


→ condition  d'équilibre  du  circuit
(2) ⇔ v1 + (1-s1) p1 = c2 + s2 p2

Remarque : Si s1 et s2 sont tous deux nuls (s1 = s2 = 0), cela veut dire qu'il n'y à pas de fonds d'accumulation, que la plus-value de chacune des deux sections de
capitalistes est intégralement consommée en moyens de consommation. C'est une situation analogue à celle que décrivait Quesna y dans son Tableau
Economique : c'est comme s'il n'y avait pas de profit, il n'y à pas d'accumulation. L'économie se reproduira donc à l'identique à chaque période. C'est un cas de
figure que Marx appelle schéma de la reproduction simple.

Si s1 et s2 sont nuls, la condition d'équilibre du circuit dans le schéma de la reproduction simple est donc c 2 = v1 + p1

L'investissement de la section II est égale à v 1 + p1 = valeur ajoutée de la section des moyens de production.

Cependant ceci n'est pas très intéressant pour évaluer le système capitaliste, car il accumule et ne consomme que le moins po ssible dans l'optique d'obtenir des
profits supplémentaire dans la période suivante.

Le cas réellement intéressant est quand s 1>0 et s2>0,  c’est-à-dire quand il y a investissement dans le capital (fixe le plus souvent). C'est ce que Marx nomme le
schéma de la reproduction élargie, l'économie va donc croître. Ce schéma normal de l'économie capitaliste nous permet d'étudier les déséquilibres, et plus
précisément la crise capitaliste.

I -La méthode systémique Page 9


II- L'analyse d'ensemble de la crise capitaliste

Les trois volets de l'analyse de la crise capitalistes correspondent à trois dimensions successives données par Marx pour cette analyse :
- Condition marxiste de la crise capitaliste : la crise est possible et se quantifie par un déséquilibre du circuit des marchandises, que l'ont qualifiera de crise
capitaliste
- La crise capitaliste dans son mode de production est possible, voire même inéluctable.
- L'action de mécanismes régulateurs permet d'endiguer la crise.

2.1) La condition marxiste de crise capitaliste

La crise est un déséquilibre caractéristique du circuit des marchandises. Comment ce circuit peut-être en déséquilibre ? Comment les égalités (1) et (2)
ne peuvent être vérifiées ?

Ces égalités (1) et (2) sont nécessairement vérifiées si la valeur circule jusqu'au terme du temps T (ce qui sort sera nécess airement égal à ce qui est entré).
Le déséquilibre peut apparaitre parce que tout ce qui sort, ne sort pas au même moment que tout ce qui entre (v est investi p rogressivement alors que c
est investi directement). Si la circulation de la valeur est interrompu avant la fin du temps de rotation, cela veut dire que tout le capital constant aura été
dépensé mais pas la totalité du capital variable : il en résultera un déséquilibre.

Supposons que la circulation de la valeur est interrompue au bout d'un temps t < T :

t
α= (0 < α < 1)
T

Flux entrants Flux sortants

KI c1 + c2 + α(s1 p1 + s2 p2) > c1 + α(v1 + p1) (1')

A Seule une fraction α de p1 et de p2


C
pourra être réalisée dans le temps t.

KII α(v1 + v2 + (1-s1) p1 + (1-s2) p2) < c2 + α(v2 + p2) (2')


B D

Ce n'est plus une relation d'égalité mais une relation d'inégalité. Les égalités (1) et
(2) sont remplacées par les inégalités (1') et (2').

Sont-elles équivalentes ? A + B = c1 + c2 + α (v1 + v2 + p1 + p2)

C + D = c1 + c2 + α (v1 + v2 + p1 + p2)

Ainsi A + B ≡ 𝐶 + 𝐷 ⇒ (𝐴 > 𝐶 ⇔ 𝐵 < 𝐷) L'inégalité (1') signifie qu'au pole K I la demande


de production est supérieur à l'offre : c'est le
⇒ ((1') ⇔  (2')) déséquilibre de surcapitalisation.

L'inégalité (2') signifie que la demande de


consommation est inférieur à l'offre de
consommation : c'est la sous-consommation.

Ainsi la crise capitaliste est-elle une crise de surcapitalisation ou de sous-consommation ?

Marx pense qu'elle est ni l'une ni l'autre, déjà parce que ces deux anomalies sont liées, de plus la crise se manifeste certes par ces deux déséquilibres mais il
peut y avoir déséquilibre de surcapitalisation et de sous-consommation sans qu'il n'y ai de crise (crise implique surcapitalisation et sous-consommation mais
surcapitalisation et sous-consommation n'implique pas nécessairement crise).

D'où viens ce déséquilibre ?

T est le temps nécessaire à la consommation intégrale du capital. Pourquoi la circulation de la valeur peut-être interrompue ? Cela vient du fait qu'une partie du
capital peut être mis hors d'usage avant d'être intégralement consommé, en raison du progrès technique qui implique une obsolescence du capital fixe
(vieillissement prématuré qui rend le capital non rentable). Il y a donc un arrêt de la valeur investi avant sa consommation intégrale, ce qui explique ce
déséquilibre.
Cela dit ce n'est pas parce que le capital fixe, touché par l'obsolescence avant la fin du temps de rotation du capital, entraine les déséquilibres de
surcapitalisation et sous-consommation qu'il implique une crise du capitalisme.

I -La méthode systémique Page 10


surcapitalisation et sous-consommation qu'il implique une crise du capitalisme.

Pour parler de crise capitaliste, il faut définir deux autres temps :


- Un temps noté D : durée de vie morale du capital (fixe), ou durée de vie économique impartie par le progrès technique.
- Un temps noté τ : temps de récupération du capital (c + v), à savoir le temps juste nécessaire à la réalisation d'une valeur égale à celle qui à été investie (c
+ v). Comme il y à souvent plus-value (c + v + p), le temps de récupération est plus faible que le temps de circuit donc τ < T.

T, temps de circulation du capital, correspond à la durée de vie physique du capital fixe, à savoir entièrement consommé et mis hors d'usage pour des raisons
techniques. C'est la durée de vie physique du capital fixe qui détermine le temps de circuit du capital, et c'est pour cela que Marx note D la durée de vie morale
du  capital,  c’est-à-dire le temps au terme duquel la circulation de la valeur est interrompue (compte tenue du progrès technique).

L'inégalité stricte D < T est imposée dès qu'il y a obsolescence.


Généralement, τ < T dès qu'il y a une plus-value positive.

Ainsi on peux résumer ces inégalités par : Max (D, τ) < T

Cette inégalité ne nous dit pas la relation qu'entretiennent T et τ. Il y à deux possibilités :


- D ≥ τ : cela veux dire que le temps de récupération du capital est au plus égal à la durée de vie morale du capital ( → au  temps  imparti  par  le  progrès    
technique  au  capital  pour  circuler).  Cela  signifie  que  les  capitaliste  peuvent  récupérer  leur  mise,  et  éventuellement  faire  d es  profits  :  cet  état  est    
caractéristique  de  la  prospérité  si  elle  revêt  un  caractère  macroéconomique.
- D < τ : cela signifie que D est strictement inférieur au temps nécessaire au retour de la forme argent de la valeur qu'ils avaient investi. Ainsi les capitalistes
n'ont pas le temps de récupérer la valeur investie. Par conséquent, les capitalistes s'appauvrissent, le capital subit une dévalorisation (certains capitalistes
vont donc disparaitre). Ceci est donc l'essence de la crise économique capitaliste, l'incapacité du capital à se reproduire l ui-même. A l'échelle
macroéconomique, ceci est considéré comme la condition de crise capitaliste.

Le déséquilibre du circuit des marchandises est un aspect de la crise, mais pas un aspect équivalent à la crise. En effet, si la condition de crise est vérifiée D < τ,
et comme τ ≥ T, cela implique que D < T. La crise implique donc surcapitalisation et sous-consommation.

Cependant la réciproque est fausse : une surcapitalisation et une sous-consommation n'implique pas nécessairement la crise, D < T ⇒ D < τ (car τ < D < T)
D τ Les capitaliste peuvent récupérer leur mise dans un
Exemple : = 0,9 = 0,8 temps inférieur à D.
T T La profitabilité de l'économie compense et au-delà
l'obsolescence du capital.

Marx va plus loin dans sa démonstration, en prouvant que le système capitaliste est tel qu'il va engendrer fatalement la cris e.

2.2) La fatalité de la crise

Pour Marx la crise est non seulement possible, mais inéluctable. Ceci en raison d'un concept expliqué dans son Livre I et qu' il nomme Loi de l'accumulation
capitaliste. Pour définir cette loi, Marx établi au préalable au nouveau coefficient noté g signifiant la composition organique du capit al,  c’est-à-dire le rapport
de la partie constante du capital à sa partie variable. c
g=
v
Se faisant, la loi de l'accumulation capitaliste s'énonce en ces termes : la partie constante du capital tend à croitre indéf iniment et sans limite supérieur
relativement à sa partie variable (croissance sans limite de temps et sans limite supérieur, sans plafond).

Il  s'agit  d'une  loi,  c’est-à-dire d'une propriété qui se démontre par une triple démonstration dans son Livre I :
- Une démonstration statistique à partir de l'industrie manufacturière britannique.
- Une démonstration historique, avec le constat d'une croissance discontinue de l'accumulation capitalistique
- Une démonstration logique.

La démonstration logique repose sur ceci :


- La hausse de g est une conséquence directe de la concurrence capitaliste qui est permanente. C'est une course perpétuelle au gain de productivité. Quels
sont-ils ? Les gains de productivité se mesurent, dit Marx, soit par l'obtention d'une plus grand quantité de marchandise dans un temps de travail donné,
soit en obtenant la même quantité de marchandise dans un temps de travail moindre. Les entreprises bénéficiaires de ces gains de productivité sont alors
en mesure de baisser leur prix et ainsi de renforcer leur position vis-à-vis de leur concurrents. Ces concurrents sont obligés de suivre et d'aligner leur
prix. Ce qui ne pourront pas suivre disparaitront. En conséquence de quoi, pour être les premiers dans cette course et mettre en difficulté la concurrence,
il vont s'efforcer de substituer le plus rapidement à leur anciennes machines de nouvelles machines plus productives :

c c c c
donc <
v > v0 v v0

La concurrence étant inhérente au capitalisme, la loi d'accumulation entraine une augmentation indéfinie de la composition organique du capital.
Cependant, une augmentation indéfinie ne signifie pas une augmentation infinie (plutôt asymptotique comme sur ce graph). Dans la pensée classique
et néo-classique, la concurrence est d'autant plus parfaite que le nombre de firme est élevé. Dans l'analyse Marxiste, la concurrence sera au contraire
d'autant plus aigue que le nombre de capitaliste (firme) sera faible. La concurrence ne sera jamais plus forte que lorsqu'il n'en restera plus que deux.

I -La méthode systémique Page 11


g

temps

La conséquence de cette loi énoncée est l'inéluctabilité de la crise. La démonstration est simple, considérons qu'au temps de rotation T, l'investissement c
+ v réalisera une valeur c + v + p (avec : p
=e )
Par unité de temps : v
c+v+p
Valeur réalisée =
T

Dans le temps τ :

τ
Valeur réalisée = (c + v + p)
T

τ
Valeur investie = c + v
T

τ τ
Ainsi (c + v + p) = c + v
(et selon les T T
propriétés de tau)

τ τ
τ v= c+ v
(c + p) +
T T
T
c
g (g + e) - e
τ c v
= = = =
T c+p c p g+e g+e
+ v
v

τ e
=1- 1
T g+e g →  ∞

τ
1⇔τ T
T τ τ<T
<1
T g→∞

Sur  l'axe  temps,  la  condition  de  la  crise  et  sa  régulation  sont  représentées  par  :

Temps
0 τ0 D τi T
Prospérité Crise
τ<D τ>D
Régulation
→τ<D

Lorsque que la crise apparait, le capitalisme opère une régulation concurrentielle.

2.3  )  La  régulation  capitaliste

Pour stopper la crise τ > D les capitalistes doivent aggraver les conditions de travail de la force de travail. C'est ce que vont faire les capitalistes voulant un
gain de productivité, en obtenant plus de marchandise dans un même temps de travail, ils pourront baisser les prix (notamment des moyens de consommation),
mais en vertu du salaire de subsistance vont aussi baisser les salaires (puisqu'il y à une baisse des moyens de consommation). Cette baisse des prix et des

I -La méthode systémique Page 12


mais en vertu du salaire de subsistance vont aussi baisser les salaires (puisqu'il y à une baisse des moyens de consommation). Cette baisse des prix et des
salaires va entrainer un relèvement du taux de plus-value (pas de la plus-value absolue qui consisterait à augmenter la journée de travail ou les cadences, qui
atteignent déjà des niveaux élevé donc difficilement augmentable, mais la plus-value relative, c'est-à-dire une augmentation de la productivité)

Avant Travail nécessaire (v) Surtravail (p)


(les gains de
productivité)

Après v0 p0 → Baisse des salaires (capital variable, v) et donc


augmentation par compensation du taux de plus-value
(profit, p), sans augmentation de la journée de travail.
p p0
e= < e0 =
v v0

Les capitalistes ont pu imposer une hausse du taux d'exploitation de la force de travail (hausse de e). Ceci s'accompagne d'une concentration du capital
(par rachat du capital des capitalistes déchus par la crise) et d'une augmentation du chômage (licenciement par les capitalis tes vaincus).

La régulation capitaliste selon Marx se qualifie donc par :


- Baisse des salaires
- Baisse des prix
- Augmentation du chômage
- Concentration capitalistique

Ces quatre aspects caractéristiques typique d'une régulation capitaliste sont stoppés dès la sortie de la crise. Cependant le retour de la prospérité ne va durer
qu'un temps, en effet selon la loi de l'accumulation capitaliste et d'après la composition organique du capitale, la crise et la prospérité ne feront que s'alterner.

Jusqu'où cette alternance de crise et non crise va-t-elle se poursuivre ?

A ce stade, il est juste de reconnaitre que Marx dans Le Capital, œuvre laissée inachevée, ne permet pas de savoir ce qu'il adviendra au long terme.
C'est Lénine, qui sur ce point va compléter l'œuvre du maitre : c'est pourquoi il est juste à se stade de parler de marxisme-léninisme. Cette conception
nous dit que de crise en crise s'opère une concentration du capital mais, ce que n'a pas souligné Marx, qu'opère en parallèle une concentration de la
force de travail. Dès lors, il lui va être de plus en plus facile de s'organiser et par suite de résister dans les phases de crise et d'aggravation des
conditions d'exploitation de leur force de travail (aggravation de e). La finalité de cette conception est qu'au bout d'un certain temps, le relèvement de e
par les capitaliste deviendra impossible, telle la résistance sera forte. Tandis que la loi de l'accumulation capitalistique exercera toujours ses effets, le
capitalisme entrera en crise mais ne pourra plus s'en sortir : sa faisant il tombera. Cependant Lénine ne préconise pas cette longue issue, préférant un
renversement plus vif et direct, à la suite de plusieurs crises successives qui affaibliraient le capitalisme et le mettrait à la merci d'une révolution
prolétarienne.

En dépit du succès de la révolution bolchevik à la faveur de la première guerre mondiale (l'Allemagne ayant besoin de ramener des divisions sur le
front occidental et non oriental aurait aidé Lénine à fomenter la révolution pour "sécuriser" ce territoire), les choses ne se sont pas passées comme Marx
et Lénine l'avaient imaginé : ils affirmaient le dépérissement de l'Etat avec la fin du capitalisme, or au contraire l'Etat allait se renforcer et venir au
secourir du capitalisme en crise. Ainsi c'est ce nouveau capitalisme étatique, qui prendra son essor au XXème siècle, que Keynes essaiera d'analyser.

I -La méthode systémique Page 13


Chapitre 2 : La méthode systémique keynésienne

Le circuit Keynésien, qui résume toute la méthode systémique keynésienne, constitue une représentation à se jour indépassée d u capitaliste financier moderne. Nous
allons l'expliquer avec quatre sections successives : la découverte du circuit par Keynes, la représentation du système écono mique par le circuit, le multiplicateur et
mécanisme de l'équilibre des flux et enfin le mécanisme de la crise économique.

I -La méthode systémique Page 14


La découverte du circuit par Keynes

Aussi surprenant que cela puisse être : Keynes ne connait pas l' œuvre de Marx et de Quesnay mais invente lui aussi un circuit. Des auteurs circuitistes, il ne
connaissait peut-être que Petty, mais il ne s'en est guère nourrit. Ce sont donc des conséquences particulières qui vont amener Keynes à décou vrir par lui-même le
circuit, ce qui est dommage car il aurait abrégé son travail de recherche. Il n'en a pas moins au bout du compte accompli ce qu'on nomme la révolution keynésienne.

I- Les circonstances

Keynes né en 1883 et meurt en 1946, ainsi il y a un passage de relais entre lui et Marx, bien qu'il faudra attendre 1932 pour observer une réelle affiliation avec ce
dernier. Jusqu'à cette date cruciale de 1932, le parcours intellectuel de Keynes lui avait fait franchir plusieurs étapes déterminantes : après des études secondaires
brillantes au collège d'Eton entre en 1902 à l'université de Cambridge, au Kings Collège, qui accueillait traditionnellement les meilleurs élèves d'Eton. Il y entre
pour faire des mathématiques, et plus spécialement les probabilités, puisqu'il écrira le Traité de probabilité pour sa thèse. Il se consacre également à la philosophie
dans le cadre d'un club à Cambridge, exclusivement masculin et où l'on entrait parrainé et sous de nombreuses conditions. Ainsi c'est Lytton Strachey et Leonard
Woolf qui appuient sa candidature au club nommé "La société des apôtres" (en raison de ses 12 membres autour d'un maitre à penser, George-Edouard Moore). Ce
club va faire évoluer la méthode de Keynes, en effet la philosophie de Moore, rassemblée dans son ouvrage Principia Ethica, vient de paraitre en 1902. Ainsi cet
ouvrage consiste en une recherche exigeante du beau, du bien et du vrai (une recherche éthique), fondée sur la perfection du langage. Le passage par la philosophie
de Moore aura chez Keynes une importance décisive pour la révolution keynésienne, nécessaire à sa compréhension et emprunte de la recherche du vrai qui
rappelle le club.

En 1905, ses études terminées, Keynes doit trouver une profession. C'est ainsi le plus grand professeur d'économie de Cambridge (et donc l'un des plus grand
professeur au monde), Alfred MARSHALL, qui vient trouver Keynes et essai de l'attirer vers l'économie politique pour qu'il devienne son successeur. Keynes ne
dit pas non, et de fait commence à étudier l'économie politique dans les célèbres Principles d'Alfred Marshall. Cependant il ne souhaite pas devenir son successeur,
mais à des vues sur le concours de la fonction publique afin de devenir administrateur à Londres. Ville qu'il souhaitait rejoindre pour retrouver ses anciens amis
Strachey et Woolf qui avaient fondés le groupe de blumsberry. Ainsi il convoite la place au Trésor (réservée par le premier), cependant il n'est reçu que second
(avec des notes excellentes dans toutes les matières, sauf en mathématiques et en économie). Keynes va donc au ministère de l'Inde (India Office) en 1906.

Keynes retrouve donc ses amis mais ne s'épanouit pas réellement au ministère. Il rédige donc en même temps sa thèse de probabilités, dans l'optique de retourner à
l'université. Il la soutient en 1908 devant John WHITEHEAD, Bertrand RUSSELL (deux grand mathématiciens, inventeurs de la théorie des ensembles,
aujourd'hui appelée topologie). Il est reçu mais n'obtient pas le poste de fellow tant convoité (qu'il aurait l'année prochaine), cependant Marshall lui propose de
rester à l'Université de Cambridge pour devenir son assistant personnel. En 1908, à l'âge de 25 ans, il devient donc un économiste professionnel, sous la houlette de
Marshall.

Marshall est un héritier des classiques anglais (Ricardo) et des néoclassiques (Stanley Jevons), dont il fait la synthèse. Keynes à la plus grand estime pour ces
économistes qu'il admire. Il ne fait pour l'instant pas de recherche, mais est l'apôtre de l'économie marshallienne qu'il juge achevée et ne remet pas en question.
Keynes se voulait pragmatique, soucieux de donner au problème économique une réponse concrète (ce qui ne voulait pas dire une solution sans audace). Keynes,
économiste et membre du parti libéral, est invité au Trésor pendant la guerre par le premier ministre anglais, Lloyd Georges (chef du patri libéral "whig"), pour
s'occuper d'un problème particulier : l'indemnité qu'il faudra demander à l'Allemagne après la guerre. L'Allemagne vaincu va être invitée à venir négocier le traité
de paix à Versailles avec la France et les Etats-Unis. Keynes, présent comme expert de la question des réparations et non comme négociateur, voit pourtant que les
Alliés entendent se venger envers de l'Allemagne en imposant des réparations excessives (au dessus des capacités de paiement, et fomentant un sentiment de
rancœur).  Keynes  va  donc  essayer  de  convaincre  Lloyd  George  qu'il  fallait  observer  de  la  modération,  chose  qu'il  pense  surement, cependant en politique il ne peut
pas se séparer de Clémenceau et décevoir l'opinion. Ainsi Keynes constatant que ses idées, si elles n'étaient pas écouté entrainerait une nouvelle guerre mondiale,
décide de démissionner pour retourner à l'université. Il décide donc de s'emparer de l'opinion publique, dans son livre Les conséquences économiques de la paix où
il prend courageusement parti pour l'Allemagne. Bien que ce livre fit scandale, Keynes est désormais un économiste mondialement connu.

Le parti libéral anglais le traite comme un éminent économiste. Ainsi avec le parti conservateur ("tory"), ils alternent au pouvoir. Or les élections générales
d'octobre 1923, il se produit un séisme : ce n'est ni le parti whig ni le tory qui est élu, mais le Labour Party (travailliste). Le parti libéral à ces élections n'arrive
même pas deuxième, mais à la troisième place, ainsi dans le système bipartite anglais cela signifie une menace de mort politique. Ainsi le parti libéral dans
l'Europe dévastée de l'après-guerre ne répond plus aux préoccupations majeurs de la population : ce n'est plus la défense du libre échange mais la lutte contre le
chômage. Lloyd George à une idée : pour combattre le chômage il faut programmer de grands travaux publics. Cependant cette idée est en partie rejetée par l'aile
droite du parti libéral, sous le contrôle de Asquith, qui admet une concession : il est d'accord, à condition de fonder par des arguments scientifiques le bien fonder
de ces travaux publics. C'est à ce moment là que Keynes entre en scène, intimement persuadé du bien fondé de ce programme, pense que cela serait facile. Il ne se
doutait pas qu'il allait buter voire chuter, le conduisant à se détourner de la théorie classique.

II- La marche vers la "révolution keynésienne"

Keynes va se heurter à une difficulté insoupçonnée pour prouver le bien fondé de son programme de grands travaux. Keynes étant un économiste classique, sous
la houlette de Marshall, il n'a à sa disposition que la boite à outil de la théorie classique (de Ricardo, et néoclassique de Jevons). Or l'un des principes les plus
solides, l'un des dogmes les mieux enraciné de la pensée classique est que tout investissement, y compris l'investissement public, nécessite pour son financement
une épargne préalable. Si un programme d'investissement est lancée sans épargne préalable, la population n'a donc pas dégagé les fonds nécessaires pour cette
investissement, cela débouchera sur l'inflation. Ce postulat se résume en somme à l'expression abrégée suivante : l'épargne commande l'investissement. Par
conséquent,  la  cause  du  chômage,  c’est-à-dire l'insuffisance d'investissement, repose sur une épargne insuffisante.

Keynes en 1924, qui est Marshallien, admet ce postulat sans réserve. Il est donc tenu de prouver qu'il existe dans l'Angleterre de 1924 des gisements d'épargnes
inemployés susceptibles d'être utilisés au financement du programme de grand travaux publics de Lloyd George. Les libéraux de l'aile droite rappelle à Keynes
que toute l'épargne disponible de Grande Bretagne est déjà utilité pour le financement de grands projets. Il faudra donc arrêter certains travaux pour en entamer
de nouveaux, donc un transfert d'emplois et non des créations d'emplois (voire du chômage, les classiques ne faisant pas confiance aux grand travaux publics).
Keynes réponds : "Certes, vous avez raison, toute l'épargne britannique est déjà employé à des investissements utile et il est hors de question de l'utiliser pour le
financement des grand travaux de Lloyd George. Mais il y a toute une partie de l'épargne britannique qui est investie à l'étranger, c'est donc cette épargne qu'il
faut rapatrier dans le pays". Mais comment ? Les moyens coercitifs sont prohibés par les classiques, or Keynes reste libéral et pense à des moyens incitatifs :
l'épargne ne comprends qu'une seule chose, c'est la rémunération qui lui est offerte, il suffit donc d'offrir à l'épargne britannique une rémunération plus élevée
que celle qu'elle obtient à l'étranger. Il faut donc élever le taux d'intérêt en Grand Bretagne. Or Asquith lui fait remarque qu'un an auparavant, en juillet 1923,
alors que la politique du pays était encore tournée vers la lutte contre l'inflation, Keynes avait écrit un brulot contre la Banque d'Angleterre dans The Nation and
Athenaum qui venait d'augmenter son taux d'escompte, et par conséquent le taux d'intérêt, d'un point (de 3 à 4%) dans le cadre de sa politique de désinflation, lui
reprochant de vouloir décourager l'investissement et par suite causer du chômage. En juillet 1924, toujours dans le but de réduire le chômage, il plaide pour une
hausse du taux d'intérêt : il était dans une grave contradiction. S'il est dans cette contradiction, c'est parce qu'il est enfermé dans la théorie classique, il lui faut
donc en sortir. Seulement il n'y à rien d'autre.

Keynes décide en 1924 de se séparer de la théorie classique sans savoir encore ce qu'il va mettre à la place. Il va donc se retirer de la vie publique et politique

I -La méthode systémique Page 15


Keynes décide en 1924 de se séparer de la théorie classique sans savoir encore ce qu'il va mettre à la place. Il va donc se retirer de la vie publique et politique
pour se mettre en recherche. Pendant 6 années il va travailler avec acharnement à un ouvrage tout entier diriger contre la théorie classique de la monnaie.
L'ouvrage parait à l'automne 1930 sous le titre Traité de la monnaie. C'est la que la plus grande crise du siècle commence à faire ses effets en Grande Bretagne,
le livre arrive donc a point. Keynes du reste ne prononce pas le mot de crise dans son livre, mais emploi le terme de déflation. Ainsi dans ce livre, l'idée centrale
est celle-ci : "contrairement à ce que l'on dit, ce n'est pas le manque d'épargne qui est la cause d'un investissement trop faible et donc d'un chômage excessif mais
exactement le contraire : un excès d'épargne". La raison, dit Keynes, est que "l'épargne étant la non consommation du revenu, excès d'épargne signifie
exactement insuffisance de la consommation, insuffisance de la demande de consommation adressée aux entreprises, et par suite faible incitation à investir."

Malgré son coté indéniablement novateur, l'ouvrage n'a aucun succès. Loin de se décourager, il va écouter les conseils de ses amis, et même de ses adversaires,
et reprendre son travail là où il l'avait laissé. Il comprend le pourquoi de l'échec, même s'il maintient que la crise, qu'il appelle déflation, est caractérisée par un
excès  de  l'épargne  (S)  des  ménages  sur  l'investissement  des  entreprises  (I),  autrement  dit  I  - S < 0 (→ déflation),  il  se  rend  compte  qu'il  na  pas  expliqué  d'où  
venait  cet  excès  d'épargne  sur  l'investissement.  Ses  jeunes  amis  de  Cambridge  (R.  Kahn,  J.  Meade,  J.  Robinson,  P.  Sraffa)  vont  former  le  Circus,  à  savoir  un  
cercle  qui  va  lire  attentivement  ses  livres,  expliquer  l'échec  du  Traité de la monnaie et  l'aider  à  construire  son  prochain.  Celui  qui  va  jouer  un  rôle  décisif  est  un  
ancien  ami  de  Keynes,  Robertson,  avec  qui  il  avait  commencé  une  collaboration  au  lendemain  de  sa  décision  de  rompre  avec  la  théorie  néoclassique,  mais  de  qui  
il  se  détachera  un  an  plus  tard,  trop  enfermé  dans  la  théorie  classique  selon  Keynes.  Avec  une  amitié  feinte,  il  entreprit  de démontrer  à  Keynes  pourquoi  son  livre  
était  un  échec.  Robertson  souscrit  à  l'inégalité  I  - S  <0  comme  inégalité  de  la  crise,  or  il  ajoute  que  cet  excès  d'épargne  sur  l'investissement  c'est  de  l'épargne  
thésaurisée  ("hoarded"),  c’est-à-dire  de  l'épargne  que  les  ménages  préfère  garder  sous  forme  de  billet  ou  de  dépôt  à  vue  plutôt  que  de  l'investir  (valeurs  
mobilières  …)  :  c'est  un  dépôt  stérile  (épargne  avortée,  "aborted").    Keynes  est  d'accord,  l'excès  de  S  sur  I  est  de  l'épargne  thésaurisée,  cependant  même  s'il  
accepte  ceci,  d'instinct  il  rejette  la  conséquence  consistant  à  faire  porter  aux  ménages  la  responsabilité  de  la  crise.  Faut-il  donc  admettre  que  les  épargnants  aient  
le  pouvoir  de  plonger  l'économie  dans  la  crise  alors  que  les  banques  qui  recueillent  ces  dépôts  stériles  pourraient  très  bien suppléer  à  cette  épargne  par  des  
crédits  supplémentaires  à  l'investissement.  Keynes  ne  voit  pas  lui-même  comment  y  remédier.  Dans  un  courrier  de  Keynes  à  Robertson  le  22  mars  1932,  Keynes  
peut  dire  en  quelque  sorte  "Eureka  !"  :  les  ménages  n'ont  aucun  pouvoir  par  leur  épargne  de  bloquer  l'investissement  des  entreprises ni a contrario de relancer
l'investissement  des  entreprises,  ce  n'est  jamais  l'épargne  qui  commande  l'investissement,  c'est  toujours  l'investissement  qui  entraine  l'épargne  après  lui  au  même  
rythme  que  lui.  Il  est  donc  vain  d'attendre  de  l'épargne  qu'elle  propulse  l'investissement,  puisque  c'est  au  contraire  l'investissement  qui  est  le  moteur  de  l'épargne.  
C'est  donc  à  cette  date  précise  du  22  mars  1932  que  Keynes  rompt  complètement  et  définitivement  avec  la  théorie  classique.  Par  cette  découverte,  point  de  
départ  de  la  révolution  keynésienne,  Keynes  est  affranchi  et  libéré  de  la  pensée  classique.

En  premier  lieu  cette  découverte  lui  donne  désormais  la  justification  recherchée  depuis  1924  de  grands  travaux  publics  :  en  effet puisque la contrainte de
l'épargne  préalable  est  abolie,  il  est  vain  d'attendre  qu'une  épargne  se  présente  pour  lancer  le  grand  programmes  de  travaux  publics.  C'est  même  ce  programmes  
de  travaux  publics  qui  engendrera  l'épargne  que  l'on  attendait.  En  second  lieu,  Keynes  voit  maintenant  grand  ouverte  devant  lui  la  voie  qui  le  conduira  à  
l'ouvrage  véritablement  révolutionnaire  dont  il  se  sent  porteur  et  qui  paraitra  6  ans  après  le  Traité de la monnaie, en 1936 sous le titre de Théorie général de
l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie .  Cet  ouvrage  est  fondé  tout  entier  sur  la  découverte  de  1932.  Il  peut  fonder  son  circuit  keynésien  en  plaçant  les  banques  à  
la  première  place  puis  les  entreprises  et  enfin  les  ménages.  Tel  est  le  schéma  du  circuit  qui  se  place  dans  le  cadre  de  la  théorie  générale  (sans  référence  aucune  à  
ses  prédécesseurs)  :  le  circuit  keynésien  n'a  donc  pas  toujours  la  netteté  souhaitable,  étant  créé  ex  nihilo.  Même  s'il  est  vrai  que  tous  les  éléments  nécessaire  à  sa  
construction  son  présents  dans  le  livre,  ils  sont  épars  et  de  surcroit,  non  seulement  Keynes  ne  fait  jamais  l'effort  de  les  rassembler, mais ne prononce jamais le
mot  de  circuit.  Il  ne  faut  pas  en  tirer  des  conclusions  trop  négatives  :  c'était  dans  les  habitudes  du  personnage  de  ne  jamais  descendre  dans  les  détails,  il  laissait  
ce  soin  à  ses  disciples.  En  l'occurrence  c'est  aux  post-keynésiens,  après  la  mort  de  Keynes,  spécialement  dans  les  années  80,  que  l'on  doit  d'avoir  explicité  le  
circuit  keynésien,  resté  longtemps  inaperçu.  Ce  travail  d'extraction  fait,  on  découvre  une  représentation  saisissante  du  système  capitaliste  moderne.  

I -La méthode systémique Page 16


La représentation du système économique par le circuit keynésien
Le circuit extrait de la théorie générale est appelée circuit keynésien de base car il comporte le nombre minimum de pole et de flux, cependant suffisant pour tirer
toutes les conclusions nouvelles que Keynes va tirer dans son ouvrage. Ce circuit de base est susceptible d'élargissement devant permettre d'aborder des questions
plus spécifiques.

I- Les pôles

C'est un circuit tripolaire, mais la grande différence entre le circuit keynésien et les deux grands circuits précédents (Que snay et Marx) est que les pôles chez
Keynes ne représentent pas des classes sociales ni des agrégats d'agents économiques mais les trois fonctions économiques de base : fonction de financement,
fonction de production et fonction de consommation.

• La fonction de financement est représentée par B, car les banques sont les plus représentatives du pole financier. Ce pôle regroupe toutes les opérations
financières, aussi bien celles qui sont effectuées par les banques proprement dites, qui sont des opérations de crédit, que les opérations d'émission et de
souscription de titres qui ne relèvent pas de l'activité caractéristique des banques. Le financement d'un agent à besoin de financement par crédit est dit
financement intermédié (ce sont les intermédiaires financiers -les banques- qui l'octroient, prenant à sa charge l'insolvabilité du débiteur. Il se rémunère
par le biais d'un taux d'intérêt), le financement par titre est dit financement désintermédié (car en théorie, se dispensant des intermédiaires financiers :
lorsque d'une entreprise émet des titres destinés aux ménages épargnants, il n'y a pas en théorie d'intermédiaires. En pratique, l'intermédiaire se rémunère
par le biais d'une commission, mais ne supporte pas le risque d'insolvabilité). Il y a au pole B les intermédiaires financiers, mais il n'y a pas la totalité des
banques, car elles sont certes des agents financiers qui collectent l'épargnes des uns pour la redistribuer en crédits à d'autres, mais aussi des employeurs,
des  société  ayant  des  bénéfices  etc  …  Dans  le  pole  B  nous  rattacherons  uniquement  la  fonction  d'intermédiaire  des  banques,  leur partie productrice sera
rattachée au pôle production.
• La fonction de production est représentée par E, car les entreprises et les entrepreneurs sont les plus représentatives de ce pôle. A noter qu'au pole E ne
figure pas toute une partie des opérations faites par les entreprises commerciales : précisément les opérations financières comme l'émission de titres (qui
se rattachent au pôle B).
• La fonction de consommation est figurée par le troisième pôle noté M, car les ménages sont les plus représentatifs de ce pole.

Ces trois pôles sont les figures emblématiques du circuit keynésien qui se caractérise par des fonctions et non des agrégats d'agents économiques. L'Etat n'est
pas apparent, ce n'est pas une absence mais au contraire une omniprésence : l'Etat est un agent particulier qui participe des trois fonctions de bases (Trésor
Publique dans le pole B, services non marchands et employeur pour le pole E, et consommation publique au pole M). Rien n'empê che toutefois que pour
l'étude de problèmes particuliers, notamment la politique économique de l'Etat, on préfère détacher les fonctions de l'Etat d es trois fonctions de bases pour en
constituer le pole administration (noté A).

II- Les flux

Entre les pôles circulent entre une période de temps donné différents flux. Le circuit keynésien est donc une suite de flux hiérarchisée (ordonnée à partir d'une
origine non historique mais logique). L'ordre des flux est dès lors commandé par l'ordre même de la circulation de la monnaie entre les agents, conformément
au principe fondamental des économies monétaires. Nous allons classer ces flux dans trois catégories suivant leurs pole d'origine.

a) Flux issu de B

C'est le flux dit de financement (noté F). Il est dirigé de B vers E, le pôle production, qui regroupe les activités de production des agents qui sont à besoi n de
financement  (entreprises,  Etat  …).  Les  ménages  pris  globalement  sont  des  agents  qui  ont  une  capacité  de  financement  (Il  n'y  a ura pas de flux de B vers M). Le
flux F est ce qu'on appelle un flux net, en ce sens qu'il mesure la totalité des financement octroyés dans la période par le pole B au pole E moins les
remboursements (amortissements) de financements antérieurs et effectués par le pole E au pole B dans la période considérée. D ès lors, à partir du moment où F
est un flux net, il n'y a pas lieu de faire figurer un flux de E vers B.

Enfin, F recouvre à la fois le financement intermédié (crédit bancaire) et le financement désintermédié (financement par titr e)

b) Les flux issus de E

Ils sont multiples et seront classés selon le pole de destination. Il n'y a que deux destinations possibles sachant qu'il n'y a pas de flux de E vers B :

- Les flux issus de E vers M : c'est un flux de revenu noté Y qui regroupe l'ensemble des revenus versés par les entreprises aux ménages. Ils sont de deux
sortes  :  les  salaires  notés  (W)  et  des  profits  distribués  (intérêts  obligataires,  dividendes  …)  notés  P.  Se  faisant  Y  =  W  +  P.
- Les flux issus de E vers E (flux interentreprises) : ce sont les achats des entreprises les unes auprès des autres tout au long de la période. Ils sont de deux
sortes, les uns portent sur des biens intermédiaires (essentiellement matières premières) et constituent ce que l'on appelle la consommation intermédiaire
(noté ci) des entreprises acheteuses, les autres portent sur l'achat de biens d'équipements (dit aussi de capital fixe) et constituent ce que l'on appelle
l'investissement brut (noté IB). Ce dernier se décompose lui-même en plusieurs flux : il y a ceux qui viendront en fin de période pour pourvoir au
remplacement du capital fixe mis hors d'usage au cours de la période (consommation de capital fixe, noté ccf), le reste de l'investissement brut forme
l'investissement net (IB - ccf = I). Au total les achats interentreprises correspondent à la somme de U (user cost of production : coût d'usage de la
production  c’est-à-dire la consommation productive des entreprises, soit l'adjonction de ci et de ccf) et de I (ou autrement dit de ci et de ccf + I = IB)

c) Les flux issus de M

Il y a deux flux issus de M :


- Les flux de M vers E : ce sont les achats des ménages aux entreprises, appelé consommation des ménages (noté C), c'est la consommation finale (de
biens  de  consommation,  de  logements  …)
- Les flux de M vers B : c'est le flux d'épargne (saving - noté  S),  c’est-à-dire la partie des revenu perçu par les ménages non affecté à la consommation des
ménages. C'est donc la non consommation finale Y - C = S. Le flux S contient à la fois les dépôts, effectués au cours de la période, des ménages auprès
des intermédiaires financiers et les titres (actions ou obligations) souscrits par les ménages au cours de la période. Autre symétrie entre F et S : autant
que F est un flux net, le flux S d'épargne est un flux net en se sens qu'il mesure l'épargne de la période déduit des retrait s et des ventes de titres effectués

I -La méthode systémique Page 17


que F est un flux net, le flux S d'épargne est un flux net en se sens qu'il mesure l'épargne de la période déduit des retrait s et des ventes de titres effectués
dans la période.

Il y a donc six flux fondamentaux : F, Y (W+P), U (CI+CCF), I, C, S. Ces pôles et ces flux vont maintenant être assemblés dans le circuit keynésien de base.

III- Le circuit keynésien de base

L'assemblage des pôles et des flux peut se faire sous deux formes équivalentes mais portant chacune un intérêt spécifique. L'une est la forme comptable et l'autre
la représentation graphique.

La représentation comptable consiste à rassemble les flux dans des comptes (un compte par pôle, donc trois) à deux colonnes. Chaque flux est issu d'un pole et
dirigé vers un pole (il y aura donc une double inscription). La colonne gauche est réservée à l'enregistrement des flux sortant et la colonne de droite aux flux
entrants. Flux entrants et flux sortants sont appelés différemment suivant le système : en comptabilité nationale emploi pour les sortants et ressources pour les
entrants, en entreprise les sortants sont les débits et les entrants sont les crédits...

B E M

U U
F S C Y
I I
S
Y C

Cependant on utilise souvent la représentation graphique sous une convention simple : les pôles seront figurés par des points et les flux par des flèches.

Remarques :
- L'équilibre du circuit est défini par l'égalité en chaque pôles de la somme des flux
entrants et de la somme des flux sortants. Cet équilibre comptable est nécessairement
vérifié sous la simple hypothèse que le recensement des flux est exhaustif et leur mesure
Le circuit keynésien est exacte.
- Théorème du circuit économique : (Jean ULLMO) énonce que dans un circuit à n pôles
B (n ∈ ℕ, n ≥ 2)  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  ce  circuit  soit  en  équilibre  
est  qu'il  doit  y  avoir  égalité  de  la  somme  des  flux  entrant  et  de  la  somme  des  flux  sortant  
en n-1 quelconque des n pôles.  Deux  conditions  suffisent  donc  à  caractériser  l'équilibre  
du  circuit  en  ses  trois  pôles  (avec  M  et  B  par  exemple)  :

S F Y=C+S
S=F

- Comment  le  pôle  B  est-il  rémunéré  ?  Où  sont  les  intérêts  de  E  payés  à  B  ?  Tout  semble  
indiquer que le financement est gratuit (pas de flux de E vers B), or il n'est bien
C évidemment  pas  à  taux  d'intérêt  nul.  Ils  sont  dans  les  flux  interentreprises  du  pôle  E  car  
M E c'est  le  produit  d'un  service,  qui  font  plus  précisément  parti  du  coût  d'usage  (U).
Y = W+P U+I - Il  existe  une  hiérarchie  des  pôles  et  des  flux.  Une  fois  admit  que  le  premier  flux  (le  flux  
sans  lequel  aucun  autre  ne  saurait  exister,  F),  il  découle  que  le  premier  pôle  est  B.  Le  
second  pôle  et  donc  E  et  le  dernier  M.  Il  y  a  également  une  hiérarchie  partielle  des  flux,  
en  se  sens  que  par  exemple  il  est  impossible  de  dire  des  flux  U  et  I  lequel  précède  
l'autre.  Ce  qui  est  tout  a  fait  certain  c'est  que  dans  la  succession  des  flux  il  y  à  un  
premier  flux,  F,  et  un  dernier  flux,  S.  Ce  dernier  flux  sera  utilisé  pour  calculer  la  période
du circuit de base (également  appelé  temps de circuit).

I -La méthode systémique Page 18


Multiplicateur keynésien et mécanisme de l'équilibre des flux

Tout d'abord nous définirons le multiplicateur keynésien puis nous verrons la dynamique équilibrante de ce multiplicateur. En fin nous aborderons le multiplicateur
et la politique économique

I- Définition du multiplicateur keynésien

Le multiplicateur keynésien est le nombre d'unité de revenu distribué au ménages pour chaque unité monétaire injectée dans la circulation au cours de la période
considérée (ce nombre est noté k).

Si l'on se réfère au circuit de base, le nombre d'unité monétaire de revenu versé au ménages par E correspond à Y. L'injection monétaire (le nombre de monnaie
injectée dans le circuit) est notée F.

Y
Ainsi k =
F
• Au pole B, on à F = S
• Au pole M, on à Y = C + S ⇔ 𝑆 = 𝑌   − 𝐶

On aura donc 𝑘 = = =

Ainsi 𝑘 =   Ceci fait apparaitre une relation fondamentale : le rapport    correspond à la propension des ménages à consommer (noté c).
Ce ratio est remarquablement stable (car il reflète des habitudes de consommation).

𝐶
𝑐= → Propension  des  ménages  à  consommer
𝑌

𝑆
𝑠= → Propension  des  ménages  à  épargner
𝑌

𝐶+𝑆 𝑌 1 1
𝑐+𝑠 = = =1 Ainsi s = 1 - c 𝑘= = → k est l'inverse de s
𝑌 𝑌 1−𝑐 𝑠

Application :
Pour  chaque  euro  injectée  dans  le  circuit  donnera  lieu  à  5€ de  revenu  distribués  par  
C = 80% s = 20% = 0,2 = les  entreprises  aux  ménages.

II- La dynamique équilibrante du multiplicateur

Dans  le  circuit  keynésien  de  base,  tous  les  flux  découlent  de  F  (sans  création  monétaire  il  n'y  aurait  pas  de  circuit).  F  est le  seul  qui  n'a  pas  d'antécédent,  il  ne  
découle  d'aucun  autre  flux  car  il  est  créé  par  les  banques  ex  nihilo  (c'est  l'opération  de  création  monétaire).

Le  flux  F  est  donc  le  "portail  d'entrée"  dans  le  circuit,  c'est  le  point  de  passage  obligé  d'une  perturbation  exogène.  Puisqu'une  perturbation  exogène  affecte  
nécessairement  le  flux  F,  notons  :  ∆𝐹  (∆𝐹 > 0) la  perturbation  exogène  (injection  de  monnaie  dans  le  circuit).

F F + ∆𝐹

On aura alors :
B Y aura-t-il  un  déséquilibre  ?  Non  car  ce  supplément  de  crédit  sera  
garder  par  les  entreprises  en  dépôts  auprès  du  pole  B.  Le  circuit  est  
maintenu  en  équilibre.  Ce  surplus  sera  ensuite  dépensé  en  dépenses  
productives  supplémentaires  (achat  de  moyens  de  production  ou  
achats de force de travail). Les entreprises faisant des anticipations
S F + ∆𝐹 optimistes, ont obtenu ce surcroit de financement.
∆𝐸

Se faisant ∆𝐸 =   ∆𝐹 → Circuit  équilibré      


(mais instable)
C

I -La méthode systémique Page 19


∆𝐸

Se faisant ∆𝐸 =   ∆𝐹 → Circuit  équilibré      


(mais instable)
C
M E
Y = W+P U+I

Toute dépense (supplémentaire) des entreprises fini par échoir en revenu supplémentaire aux ménages.

Supposons que le surplus de financement soit affectés aux ménages. Avec ce revenu les ménages vont accroitre leur consommatio n et leur épargne
(augmentation de la propension à consommer et épargner). Ceci va engendrer un accroissement de recettes qui serviront à inves tir, et à produire des
revenus  supplémentaires  etc  …

N° vague Revenu Consommation Epargne


1 ∆  𝑌
1
= 2∆𝐸 ∆  𝐶
1 = 𝑐∆𝐸 ∆  𝑆
1 = 𝑠∆𝐸
0<𝑐<1
2 ∆  𝑌
2 = 𝑐∆𝐸 ∆  𝐶
2
= 𝑐²∆𝐸 ∆  𝑆
2
= 𝑠𝑐∆𝐸  
1 1 3 ∆  𝑌 = 𝑐²∆𝐸 3
∆  𝐶 = 𝑐  ∆𝐸 ∆  𝑆 = 𝑠𝑐²∆𝐸
1+𝑐+𝑐 +⋯= = =𝑘 3 3 3
1−𝑐 𝑠 ... ... ... ...

∞ ∆𝑌 = 𝑘∆𝐸 ∆𝐶 = 𝑐𝑘∆𝐸 ∆𝑆 = ∆𝐸

∆𝑌 = (1 + 𝑐 + 𝑐 + ⋯ )∆𝐸 ∆𝐶 = (𝑐 + 𝑐 + ⋯ )∆𝐸
∆𝑌 = ∆  𝑌 → ∆𝐶 =   ∆i𝐶 →              = 𝑐 (1 + 𝑐 + ⋯ )∆𝐸
i 1 𝑐
∆𝑌 = ∆𝐸 = 𝑘∆𝐸              = ∆𝐸 = 𝑐𝑘∆𝐸
1−𝑐 1−𝑐

∆𝑆 = 𝑠(1 + 𝑐 + 𝑐 … )∆𝐸
           
∆𝑆 =   ∆ i  𝑆 → ∆𝐸 =   ∆𝐹   ⇒   ∆𝑌 = 𝑘∆𝐹
= ∆𝐸 = ∆𝐸 = ∆𝐸

𝑐
∆𝐶 + ∆𝑆 = + 1 ∆𝐸
1−𝑐

= ∆𝐸 = 𝑘∆𝐸 = ∆𝑌

Le  multiplicateur  à  toujours  la  même  valeur  :

𝑌
∆𝑌 = 𝑘∆𝐸 𝑘= (1)
𝐹
→ ∆𝑌 = 𝑘∆𝐹
∆𝑌
∆𝐸 = ∆𝐹 𝑘= (2)
∆𝐹

∆ → Le  multiplicateur  à  gardé  la  même  valeur


D'après  (1)  et  (2)  :  𝑘′ =

B
Ce  circuit  est  en  équilibre  puisque  S  =  E  =  F.

Les flux entrants et sortants en B (puisque S = F


S + ∆𝑆 F + ∆𝐹 et ∆𝑆 = ∆𝐹 )  sont  égaux,  tout  comme  en  M.
Le  circuit  est  en  équilibre  stable  (tout  comme  à  
son  commencement),  la  perturbation  à  été  
résorbée  
C + ∆𝐶

I -La méthode systémique Page 20


Le circuit est en équilibre stable (tout comme à
son commencement), la perturbation à été
résorbée
C + ∆𝐶
M E
Y + ∆𝑌 U+I

Dans ce nouvel équilibre stable, il y aura reproduction des flux. C'est cette dynamique du
multiplicateur (valeur constante) que se fonde les politiques de relance dites "keynésiennes classique"

II- La dynamique équilibrante du multiplicateur

Définition de la politique économique : l'ensemble des instruments utilisés par l'Etat pour atteindre certains objectifs économiques.

Il importe donc de faire apparaitre explicitement l'Etat dans le circuit keynésien (bien qu'il ne soit pas absent dans le circuit de base) : nous allons donc l'isoler (en
retirant les opérations de l'Etats incombant à B, E et M) dans un pôle A (administration).

Le pôle A est un quatrième pole, auquel sont associés des flux : quatre flux (trois non financiers et un financier). Les quatre flux sont les suivants :
- Le  flux  Z  :  c'est  le  flux  de  revenu  versé  dans  la  période    par  A  aux  ménages  (salaires,  traitements  …)
- Le  flux  J  :  ce  sont  les  investissements  publics,  c’est-à-dire les achats effectués par l'Etat aux entreprises dans la période (biens intermédiaires, ou bien
d'équipement)
- Z + J : correspond à la dépense publique de la période (dépense d'investissement et de fonctionnement)
- Le flux T : ce sont les recettes fiscales de l'Etat
- Z + J > T ou Z + J - T > 0 (excédent des recettes sur les dépenses : c'est le déficit public)
- Le flux D (déficit, c'est le flux financier) : c'est à la fois le déficit public (Z + J - T > 0) et le flux de financement de ce déficit par le pole B (D = Z + J - T)

Avec les hypothèses simplificatrices suivantes :


- T représente la totalité des recettes de l'Etat (il n'a des recettes que fiscales)
- Les impôts (T) sont versé en totalité par les ménages

On peut donc faire la représentation comptable suivante :

A B E M

U U
Z T F S C Y

D I I
J D Z
S
Y J
T
C

Quel est le multiplicateur keynésien dans ce nouveau schéma ?

Référons nous à la définition : k étant le nombre d'unité de revenu versé aux ménages pour chaque unité de monnaie injectée d ans la circulation au court de
la période :

Total de l'injection monétaire : F + D


Ainsi 𝑘 = (3)
Nombre d'unité de revenu versé aux ménages : Y + Z

Propension à consommer (épargner) : C'est la part de leur revenu disponible pour la consommation (l'épargne) qu'ils affectent à la consommation (à l'épargne).

Dès lors le revenu disponible (pour la consommation et l'épargne) n'est plus Y + Z mais Y + Z - T :

Par conséquent 𝑐 =     et 𝑠 =

Ainsi 𝑐 + 𝑠 = =1

Le taux de pression fiscale des ménages (poids des impôts dans leur revenu total) :

I -La méthode systémique Page 21


Le taux de pression fiscale des ménages (poids des impôts dans leur revenu total) :

𝑡=   avec 0 < t < 1

Nous pouvons donc écrire :

𝑌+𝑍 𝑌+𝑍 𝑌+𝑍−𝑇 𝑆


𝑘= = × × =1
𝐹+𝐷 𝑌+𝑍−𝑇 𝑆 𝐹+𝐷

1
𝑠

𝑌+𝑍 1 1 1
= =                                                              𝑑𝑜𝑛𝑐  𝑘 =
𝑌+𝑍−𝑇 1− 𝑇 1−𝑡 𝑠(1 − 𝑡 )
𝑌+𝑍

Application
On pose : t = 20% = 0,2 = 1/5
c = 75% = 0,5 = 3/4
s = 25% = 0.25 = 1/4
C'est  une  illustration  de  la  politique  économique  possible  a  partir  du  multiplicateur.  Supposons  donc  que  l'objectif  soit  une réduction  du  chômage  jusqu'à  un  certain  
taux  qui  parait  convenable.  Les  services  compétents  (ministère  de  l'économie  et  des  finances)  ont  calculé  que  pour  obtenir  la réduction  souhaité  il  fallait  que  les  
ménages  ait  un  revenu  supplémentaire  de  100.

Autrement dit il faut :

∆(𝑌 + 𝑍) = 100   Quelle  est  l'injection  nécessaire  pour  arriver  au  résultat  souhaité  ?

∆( )
→𝑘
Sachant 𝑘 = ( = = =5
∆ ) ( )

∆( )
⇒ ∆(𝐹 + 𝐷) = = = 20     Il faut donc une injection de 20.

∆(𝐹 + 𝐷) = ∆𝐹 + ∆𝐷 = 20  

Cela  va  nous  indiquer  les  deux  voies  par  lesquelles  vont  passer  la  politique  économique  pour  atteindre  cet  objectif  :

- La  voie  de  la  politique  monétaire  :  c'est  une  politique  qui  tend  à  agir  sur   ∆𝐹.  Si  les  autorités  n'envisagent  d'utiliser  que  cette  politique  monétaire,  il  faut  F  =  20.  
Dès  lors  comment  faire  pour  amener  les  entreprises  à  s'endetter  auprès  des  banques  d'un  supplément  de  20.  Pour  se  faire  les  a utorités  publiques  vont  donc  
baisser  le  taux  d'intérêt  (représentant  le  coût  d'accès  au  capital),  traduisant  donc  une  incitation  à  l'endettement.  La  polit ique  monétaire  est  donc  une  action  par  
le  taux  d'intérêt.
- La voie de la politique budgétaire : si les autorités jugent que la politique monétaire ne sera pas suffisante, elle feront a ppelle à une politique budgétaire. Cela
consiste en un action sur D directement, or D = Z + J - T, et donc ∆𝐷 = ∆𝑍 + ∆𝐽 − ∆𝑇. On peut donc passer par trois canal :
Z  :  politique  d'emploi  public  (embauche  de  fonctionnaire,  relèvement  des  salaires  des  fonctionnaires  …)
J  :  politique  d'investissement  public  (  l'Etat  investira  davantage,  en  commandant  des  hôpitaux,  des  universités  …)
T : politique fiscale (réduction des impôts et augmentation du déficit public).

Ces trois canaux ne sont pas incompatible entre eux, tout comme la politique monétaire et la politique budgétaire. L'ensemble de ces dosages est ce qu'on appelle le
policy mix. Ce policy mix doit donc être de telle sorte que ∆𝐹 + ∆𝑍 + ∆𝐽 − ∆𝑇 = 20

De telles politiques (fondées par le multiplicateur) on été très en faveur un peu partout dans le monde, depuis la fin de la deuxième  guerre  mondiale  jusqu’aux  
années 70 (durant les Trente glorieuses). On leur à attribué le caractère de préserver un haut taux d'emploi et de revenus, or c'était une politique keynésienne
superficielle : l'ère de prospérité n'était pas propice à une remise en question et un approfondissement du keynésianisme. Avec l'arrivée de la seconde grande crise
du XXème siècle dans les années 70, il est apparu que ces politiques fondées sur le multiplicateur ne fonctionnaient plus. Il en à résulté une crise du keynésianisme
et une explosion en puissance du monétarisme. Ceux fidèles à Keynes on été poussé à creuser la pensée keynésienne et à la lire de manière plus approfondie. Se
faisant ils furent menés à découvrir que, loin d'être seulement une théorie du mécanisme de l'équilibre des flux et du multiplicateur, c'était avant tout une théorie de
l'explication du déséquilibre des flux et donc de la crise économique.

I -La méthode systémique Page 22


Le mécanisme de la crise économique

I- Le circuit keynésien en économie ouverte

La seconde grande crise du XXème à l'occasion de laquelle le prolongement de la théorie keynésienne à été faite, s'est développée dans un contexte de
mondialisation, d'ouverture des économies vers l'extérieur. C'est donc dans un tel contexte qu'il nous faut rendre compte de la crise par le circuit keynésien. Il
nous faudra donc ouvrir le circuit keynésien sur le reste du monde, après quoi nous étudierons la condition keynésienne de crise, puis les facteurs de la crise et
enfin la régulation capitaliste selon le circuit keynésien.

1) Le circuit keynésien en économie ouverte

Nous partons du circuit précédent, un circuit à quatre pôles (B, E, M et A) auquel nous allons adjoindre un cinquième pole noté RdM pour Reste du Monde.
Chacun de ces pôles aura une représentation en compte, nous aurons donc cinq comptes dans la représentation comptable.

Il y à trois flux (deux flux commerciaux et un flux financier). Flux de RdM :


- Flux X : les exportations (ventes dans la période de biens et services par les entreprises du pays au reste du monde)
- Flux H : les importations
- Flux L : Il va venir équilibrer le compte du reste du monde. En effet, a priori, il n'y a qu'une chance très faible que X = H, en réalité il y a deux cas
possibles : X > H ou X - H  >  0  c’est-à-dire un excèdent commercial, soit X < H ou X - H  <  0  c’est-à-dire un déficit commercial. Si l'on prend l'excèdent
commercial, le pays à vendu au reste du monde plus qu'il ne lui à acheté, ou que le reste du monde à acheté plus qu'il ne lui a vendu, dès lors le reste du
monde pour financer l'excèdent de ses achats au pays sur ses ventes au même pays va devoir emprunter. Dans le cas de X - H > 0, on à donc un flux de
financement noté L = X - H, dans le cas de X - H < 0, c'est le reste du monde qui prête un montant de L = H - X > 0

Représentation comptable
(excèdent commercial)
A B E

U U
Z T F S

D I I
J D
L Y J →Q

H C

X
F

RdM M

Exemple
X H Y Equilibre au pole B :
C S=F+D+L
Hypothèse : X - H > 0 L
(excédent commercial S Z
du pays)
T

Remarque : plus le circuit se complexifie, plus la représentation graphique devient délicate (moins il est facile de donner une image du circuit bien lisible, où
les flèches ne se coupent pas)

II- La condition keynésienne de crise

La condition keynésienne de crise repose sur la définition du revenu global.

1) Le revenu global

Le revenu global, dans le circuit à cinq pôles est fourni par les deux pôles producteur (E, production marchande et A, production non marchande). Il est la
somme de deux contributions :
- une noté RA : contribution de l'Etat : somme des revenus versés par l'Etat, donc R A = Z

I -La méthode systémique Page 23


- une noté RA : contribution de l'Etat : somme des revenus versés par l'Etat, donc R A = Z
- l'autre noté RE : contribution des entreprises : c'est la somme, net du cout d'usage de la production, des recettes perçues par les entreprises dans la
période et issues de biens et services produits par elles.

Ainsi R (revenu global) = RA + RE, sachant que RA = Z

Toutes les ressources du pole E (notés Q) sont les flux entrants à son crédit, sauf un qui est temporaire : le flux F.
Donc Q = U + I + J + C + X. Or RE, se sont des recettes issues de la production de E, or il y a la vente de biens et services achetées au reste du monde et
revendu au pays (en l'état ou après incorporation) : ce sont les importations (H). Les recettes issus de la vente de biens ou services produits par E est donc :

Q-H=U+I+J+C+X-H

Donc RE = Q - H - U

RE = I + J + C + X - H (5)

Il existe une expression de RE équivalente à (5) compte tenue de (5) et de l'équilibre comptable au pole E :

RE = Y + (I - F) (6)

Par suite, aux deux expressions de RE correspondent deux expressions de R :

R=Z+I+J+C+X-H (7)

R = (Y + Z) + (I - F) (8)

La relation (7) montre l'identité du revenu global keynésien et du produit intérieur net (PIN) de la comptabilité nationale. Quant à la relation (8) elle conduit
à l'inégalité caractéristique de la crise selon le circuit keynésien.

2) L'inégalité de crise

La relation (8) décompose le revenu global (R) en deux parts. La première, Y + Z, est ce qu'on appelle la partie distribuée d u revenu global (le revenu distribué
aux ménages). La seconde partie de R, autrement dit I - F, sera appelé par complémentarité la partie non distribuée du revenu global (ou revenu global non
distribué par les entreprises). Dans sa Théorie général de 1936, il appelle la partie non distribuée le revenu des entrepreneurs. Dans son ouvrage précédent, le
Traité de la monnaie, Keynes appelait cette grandeur d'un terme plus habituel, profit, or il y a renoncé : en effet le terme est ambigüe et imprécis, le profit étant
non distribué (par opposition au profits distribués sous forme de dividendes ou de salaires à travers Y).

Il est à noter que I - F peut recevoir deux autres appellations : c'est aussi ce que l'on appelle l'épargne des entreprises. Comment justifier que I - F mérite le nom
d'épargne des entreprises ? Il faut se référer à la définition de l'épargne : c'est la non consommation finale de son revenu. Or la consommation finale ne se réfère
qu'aux ménages, les entreprises n'ayant que des consommation productive. Leur épargne est donc leur revenu moins leur consomm ation finale, soit zéro, donc
leur épargne est égale à leur revenu. La seconde appellation est l'autofinancement des entreprises (autofinancement de leur i nvestissement net). On justifie ceci
par une identité simple : 𝐼 ≡ 𝐹 + (𝐼 − 𝐹 ).

Financement externe Financement interne ou autofinancement

La relation I - F est une entité fondamentale, de par la multitude de ses appellations, qui représente aussi la capacité d'endettement intern ational du pays. Elle va
également être au cœur de l'inégalité de crise chez Keynes.

I - F étant une différence, elle peut prendre deux formes de valeurs :

- Valeur non négative (I - F ≥ 0 ou I ≥ F) : I, étant l'investissement des entreprises dans la période, soit l'accroissement de leur biens d'investissement, du
capital productif (donc du patrimoine) au cours de la période. C'est leur enrichissement net au cours de la période. F est leur endettement net, soit
l'accroissement de leur passif financier au cours de la période. Si I ≥ F, cela signifie que les entreprises ont accrue leur patrimoine au cours de la période
d'une valeur au moins égal à leur endettement. Du point de vue des créancier des entreprises (banquiers), cette richesse accumulée durant la période grâce à
F, constitue un gage au moins suffisant en vue du remboursement de F. Si B exigeait ce remboursement (les entreprises qui n'ont pas vocation à garder de la
monnaie ne sont pas directement capable de rendre cette argent, les autres investissent leurs revenu non distribué), elles sont certaines de pouvoir le faire
car ceux qui détiennent la monnaie nécessaire au remboursement de F seront trop peureux de confier cette monnaie aux entreprises.  C’est-à-dire que ce sont
les ménages qui détiennent la somme suffisante pour permettre aux entreprises de rembourser leur dette F aux banques (S ≥ F). Or, les ménages n'auraient
pas à rembourser cette dette a la place des entreprises, ainsi il leur faut un intérêt pour confier leur épargne aux entreprises. Les entreprises ne peuvent pas
proposer des biens de consommation supplémentaires, l'épargne étant précisément la non-consommation finale, et vont donc émettre des produits financiers
(rémunéré par des dividendes pour les actions, ou des intérêts pour les obligations). Les ménages sont intéressés, mais il veulent être sur que les actifs émis
par les entreprises en vue de capter leur épargne ne perdront pas de leur valeur. Dans une configuration I - F ≥ 0 , les ménages sont sur qu'ils
n'enregistreront pas de moins-values mais des plus-values. Or qu'est-ce qui garantie dans cette configuration que les ménages recevront des plus-values ?
Les ménages vont acheter pour le prix de F (il vont consacrer une partie de leur épargne à l'achat des titres émises par les entreprises) des titres représentatifs
de part de propriété sur un capital de valeur I > F (il vont acheter pour le prix de F quelque chose qui vaut plus du prix de F). Puisque tout le monde sait que
les entreprises n'auront aucun mal à rembourser la dette F si cela le est demandé, cela ne leur sera pas demandé. Les banquiers vont donc inciter les
entreprises à s'endetter davantage (afin qu'ils paient plus d'intérêts). Les entreprises, voulant avoir les profits les plus importants possibles, vont donc
s'endetter (augmentation de F) pour réaliser plus de profits. Ainsi et d'après le multiplicateur, le revenu ajouté va se répandre dans le circuit : l'inégalité I - F
≥ 0 est représentative de la prospérité économique.

- Valeur négative (I - F < 0 ou I < F) : Cela signifie que leur accumulation au cours de la période est strictement inférieur à leur endettement. En effet, la
richesse accumulée par les entreprises et représentée par I étant strictement inférieur à l'endettement net contracté au cours de la période (F), pour les
entreprises cette richesse est maintenant un gage insuffisant. Tout à l'heure on ne leur demandait par de rembourser, mais maintenant qu'elles ne peuvent
plus rembourser ont le leur demande. Les entreprises se voient donc mis en demeure de rembourser F. Elles n'ont pourtant accumulé durant la période
qu'une richesse I < F, elles vont donc tenter la même manœuvre que précédemment : les entreprises vont donc émettre des actions à concurrence d'une
valeur égale à F qu'elles vont proposer aux ménages. Les ménages vont-ils y souscrire ? Les actions étant assorties de dividendes, elles restent tout de même

I -La méthode systémique Page 24


valeur égale à F qu'elles vont proposer aux ménages. Les ménages vont-ils y souscrire ? Les actions étant assorties de dividendes, elles restent tout de même
attractives pour les ménages, cependant si les ménages consacrent une part de leur épargne égale à F, il achèteront à travers de leur actions des actifs de
patrimoine d'un montant I < F. Les actions qu'ils auront contractés perdront donc de la valeur : les ménages enregistreraient des moins-value. Les ménages
vont donc couper la poire en deux. Ils vont faire de leur épargne deux parts : l'une que l'ont notera S P (épargne placée, affectée à l'achat d'actions et de titres)
et l'autre ST (épargne thésaurisée, partie de leur épargne S de la période qu'il vont préférer garder sous forme monétaire parce que sous cette forme là leur
épargne ne perdra pas de sa valeur), de sorte que S = SP + ST. Où va passer la ligne de partage entre SP et ST ? Quel montant de leur épargne S, SP doit
correspondre pour qu'ils n'enregistrent pas de moins-value ? Il faut que SP = I, soit la valeur maximum que les ménages accepteront de convertir en titre, le
reste (soit ST = S - SP = S - I) sera gardé sous forme monétaire. Les ménages exprimeront ici (ST) ce que Keynes appelle la préférence pour la liquidité.
Cette préférence est d'autant plus forte que l'écart S - I est d'autant plus élevé. En effet puisque S ≥ 𝐹, ST ≥ F - I. Les entreprises n'ont pu capter qu'une
partie de l'épargne S des ménages de la période. Avec ce montant SP, les entreprises vont pouvoir rembourser un montant I de leur dette F. Or le montant
résiduel à rembourse est F - I. Non seulement F - I n'est pas remboursé, mais il n'est pas remboursable sur la base du revenu de la période. Le montant I de
F à été remboursé sur le revenu courant de la période. Cependant les créanciers réclament le remboursement de la dette, même de la partie F - I non
remboursable. Les entreprises qui ne peuvent pas rembourser l'intégralité de leur dette seront incité, par le banquier, à déposer leur bilan. La liquidation de
leur patrimoine permettra le remboursement. Ainsi I - F < 0 est une inégalité critique, si elle ne concerne qu'un secteur ou que certaines entreprises, cela
signifie qu'un secteur ou des entreprises sont insolvable, cependant si cette inégalité se vérifie à l'échelle macroéconomique, cela signifiera que c'est tout le
système est en déséquilibre : le capital ne parvient même pas engendré un capital de même valeur. C'est donc l'inégalité de crise. La préférence pour la
liquidité des ménages est d'autant plus forte que l'écart critique est élevé : plus l'économie est enfoncée dans la crise, plus les ménages thésauriseront. La
préférence pour la liquidité est donc un symptôme de crise, mais non une explication de celle-ci. Pour se faire il faut entreprendre une nouvelle étude que
nous allons voir dans la prochaine partie.

III- Les facteurs de la crise selon le circuit keynésien

Identifier les facteurs de la crise c'est mettre à jour les forces de nature à transformer l'inégalité de non crise (I - F ≥ 0 ⇒ 𝐼   − 𝐹 < 0). Pour se faire nous allons
partir de l'égalité comptable au pole E :
U+I+Y-F=U+I+J+C+X-H

Sachant que J = (T - Z) + D, ont peut écrire U + (Y + Z - T) + (I - F) =

U + I + C + D + (X - H) (9)

L'inégalité (9) permet de voir la variable à expliquer (I - F) et montre six variables explicatives :
- Deux variables explicatives exogènes (ou autonome) : D et (X - H)
- Quatre variables explicatives endogènes (ou liées) : (Y + Z - T), C, (U + I) et U. Ce sont des variables composites qui au total impliquent six flux du circuit
keynésien (Y, Z, T, C, U et I). Entre ces quatre variables endogènes il y a quatre relations (il restera donc deux flux libre s et indépendant) :
□ Fonction de consommation : C = c(Y + Z - T) avec (0 < c < 1), ou sous une forme équivalent sous la fonction épargne S = s(Y + Z - T) (10)
avec (s = 1 - c)
□ Pression fiscale : T = t(Y + Z) avec (0 < t <1) (11)
□ Relation technologique : Y = y(U + Y) avec (0 < y < 1), soit 𝑌 = 𝑈 (12)
□ Répartition : 𝑌 = 𝜋(𝑌 + 𝑍) avec (0 < 𝜋 < 1) (13)

Les relations (11), (12) et (13) permettent d'écrire :

𝑌 + 𝑍 − 𝑇 = (1 − 𝑡)(𝑌 + 𝑍) d'après (11)

= 𝑌                             d'après (13)

( )
𝑌+𝑍−𝑇 = ( )
𝑈   d'après (12)

( )
D'après (10) 𝑆 = ( )
𝑈

( )
Posons 𝑎 = ( )
> 0            𝑑𝑜𝑛𝑐              𝑎 > 0

S = aU

U + (Y + Z - T) + (I - F) = (U + I) + C + D + (X - H) (9)

U + aU + (I - F) = U + I + D + (X - H)

I - F = I - aU + D + (X - H)

Les deux flux indépendants sont donc I et U. Cette relation (9) qui est la base de la compréhension, admet une autre écriture :

𝐼
𝐼−𝐹 =𝑈 − 𝑎 + 𝐷 + (𝑋 − 𝐻) (14)
𝑈

Les facteurs de crise se ramènent à deux facteurs : I et U, que l'on peut quantifier selon un ratio :

𝐼 𝐷 + (𝑋 − 𝐻) (15)
I-F<0⇔ < 𝑎   −
𝑈 𝑈

I -La méthode systémique Page 25


Cas particulier :

D = 0 et X - H = 0

I-F<0⇔ <𝑎 (15')

( )
Les relations de crise (15) ou (15') mettent en évidence, par le ratio I/U, un ratio critique qui est 𝑎   − pour (15) et à a pour (15').

( )
La recherche des causes de la crise se ramène donc à la recherche des facteurs susceptibles de faire tomber le ratio I/U sous son seuil critique 𝑎   −

Le seuil sous lequel l'économie est en crise (où le ratio I/U fait entrer l'économie en crise) dépend du seuil de a et des variables exogènes (D et X - H) relatives au
coût d'usage U. Lorsque l'Etat accroit son déficit public (D augmente), le seuil critique s'abaisse : si l'économie n'est pas en crise (U/I au dessus du seuil critique) et
que le seuil s'abaisse, la perspective de crise s'éloigne. Se faisant, si l'économie est déjà en crise (I/U sous le seuil critique) et que l'on abaisse le seuil critique,
l'économie peut sortir en de la crise.

En postulant X - H > 0 (excèdent commercial) : si l'excèdent diminue, le seuil d'entrée en crise va augmenter. Par conséquent une diminution de l'excédent, et a
fortiori un déficit commercial, est un facteur de crise. Or une augmentation du déficit publique va être un facteur d'une hausse de la demande des ménages, or les
entreprises vont devoir importer pour satisfaire leur demande, et donc creuser le déficit de la balance commerciale.

Ainsi les deux variables exogènes se contredisent : une politique de déficit peut faire sortir de la crise, or elle entraine un potentiel déficit commercial qui lui est
facteur de crise. Les variables exogènes ne peuvent donc expliquer sans ambiguïté et précisément les origines de la crise.
( )
Pour rechercher les vrais causes de la crise, il faut regarder I - F. L'économie, d'après la relation (15), tombe en crise quand le ration I/U tombe sous 𝑎   −

On sait que U = CI + CCF, donc on peut aisément écrire que =

La chute de I/U sous son seuil critique peut être due à des causes accidentelles, telle une hausse brutale du prix des matières premières (ex : choc pétrolier de 1973
qui entraina un quadruplement du prix du pétrole) entrainant une augmentation des consommation intermédiaires facteur de crise économique pour les pays
dépendants du pétrole. Cette crise à été d'autant plus rude que le pétrole est une matière importante et importée : en même temps qu'il aggravait les charges de
consommations intermédiaires des entreprises il a aggravé le déficit commercial. La diminution de X - F à augmenté la taille du déficit commercial et donc à
plonger les pays dans la crise.

Toutefois une cause accidentelle comme celle-ci ne serait constituer une théorie générale de la crise. Car ceci n'explique pas la récurrence des crises, leur
préparations ni même leur durée. Pour expliquer cela, il faut admettre que des causes permanentes sont à l'œuvre, c'est elles qu'il faut mettre à jour.
Nous devons nous tourner vers U et plus précisément vers la consommation de capital fixe (cout de remplacement du capital, ccf).

Nous devons nous rappeler que IB correspond à l'investissement brut (total des achats de biens d'équipement par les entreprises les unes aux autres au cours de la
période) se décompose en I (investissement net : restera de l'investissement brut une fois enlevé ce qui à servit à remplacer le capital mis hors d'usage) et CCF
(consommation de capital fixe). De quoi dépend la valeur de la consommation de capital fixe au cours de la période (CCF) ? Elle dépend de la vitesse de rotation
du capital : plus cette vitesse est grande, plus fréquemment doit être changé le capital fixe et plus lourds par conséquent seront les couts de remplacements.

Ainsi de quoi dépend la vitesse de rotation du capital ? Elle dépend du progrès technique et plus précisément de sa rapidité : plus le progrès technique est rapide,
plus les innovations sont incorporés dans le circuit productif par les concurrents rapidement, déterminant donc la vitesse de rotation du capital.

De quoi dépend la rapidité du progrès technique ? Elle dépend de la pression de la concurrence.

Concurrence intense Progrès technique rapide A investissement brut donné, une aggravation
soudaine de la concurrence va augmenter les
charges de consommation de capital fixe, au
détriment de l'investissement net

I CCF
CCF importante Vitesse de rotation
du capital fixe élevée Le ratio I/CCF va donc diminuer

𝐼 𝐼 𝐼
= <
𝑈 𝐶𝐼 + 𝐶𝐶𝐹 𝐶𝐶𝐹

Or, il y a sous la pression de la concurrence (phénomène permanent et croissance dans l'économie capitaliste), une baisse tendancielle du ratio I/CCF en
économie capitaliste et par conséquent entraine dans sa baisse le ratio I/U. La crise est donc inéluctable.

Marx et Keynes se rejoignent sur la cause ultime de la crise capitaliste, a savoir la concurrence capitaliste en elle-même. Ce sont les contradiction internes du

I -La méthode systémique Page 26


Marx et Keynes se rejoignent sur la cause ultime de la crise capitaliste, a savoir la concurrence capitaliste en elle-même. Ce sont les contradiction internes du
capitaliste (expression de Marx) : les capitalistes, par la pression concurrentiels, s'entrainent dans la crise.

Il y a cependant une différence entre les deux : Marx se fondait sur cette inéluctabilité de la crise pour prédire, à terme, l'autodestruction du capitaliste (à laquelle
il aspirait), Keynes, qui fait une analyse voisine, voyait aussi le risque d'autodestruction du capitalisme mais il ne croyait pas qu'elle aille à son terme (et il ne le
souhait pas, n'étant pas un économiste révolutionnaire). Pour lui le capitaliste pouvait et devait mettre en œuvre des forces de sauvegarde qui contrebalanceraient
les forces d'autodestruction. Keynes en somme militait, et cela depuis 1924, pour une nouvelle régulation du capitalisme.

IV- La régulation capitaliste selon le circuit keynésien

La régulation Keynésienne est un diptyque (deux volets) :


- Des mécanismes régulateurs : qui prennent la forme du chômage et de la baisse des prix chez Marx. Chez Keynes au contraire les mécanisme régulateurs
prendrons certes les formes de chômage et de hausse des prix (autrement dit d'inflation).
- La politique économique (présente uniquement chez Keynes) : elle à longtemps était réduite à une policy mix (mélange de politique budgétaire et de
politique monétaire). L'échec final de la policy mix devant l'arrivée de la seconde grande crise du XXème siècle à conduit, en repartant des fondements de
l'analyse keynésienne (circuit keynésien), à comprendre les fondements de la politique keynésienne et son prolongement vers le protectionnisme.

1) Fondements de la politique keynésienne

La politique keynésienne est fondamentalement un refus du laisse faire. Dès 1926 Keynes avait publié un opuscule intitulé The end of Laisser Faire, dans lequel
il disait ne pas croire à la fameuse main invisible d'Adam Smith (l'économie tendra d'elle-même comme sous l'effet d'une main invisible vers l'équilibre à une
condition, qu'il n'y ai aucune entrave à l'équilibre naturel). Pour Keynes le marché ne peut pas de lui-même conduire à l'équilibre, cela dit il n'est pas pour autant
contre le marché (il ne conclu pas que le marché doit être supprimé) mais le marché, dit Keynes, doit être encadré, surveillé, régulé. Evidemment c'est à l'Etat
que revient cette fonction de régulation du marché.

L'intervention de l'Etat préconisée par Keynes ne signifie nullement suppression ni affaiblissement de la liberté individuelle : il se déclare libéral (et y adhère du
début jusqu'à la fin de sa vie) authentique (et non opportuniste, n'ayant pas fait de carrière politique et adhérant à un par ti de troisième rang).

Il y a une philosophie politique capitale chez Keynes : il est libéral en se sens que la liberté individuelle est un bien infiniment précieux, mais la liberté
individuelle ne doit pas conduire à l'excès de libertés, car cet excès est éminemment destructeur : il détruit tout, y compris la liberté elle-même. La liberté doit
être mesurée et pondérée par l'Etat. A cette philosophie libérale correspond la politique économique de Keynes qui va se structurer naturellement une fois
découvert le circuit.

Dès avant 1936 (publication de la Théorie général), Keynes à compris que le refus du "laisser faire" va de pair avec un refus du "laisser passer". La nécessaire
intervention de l'Etat dans les affaire économique intérieures allait de pair avec une nécessaire intervention de l'Etat dans les affaires économiques extérieurs.
En transposant son refus du laisser faire vers l'extérieur, Keynes allait inévitablement se tourner vers le protectionnisme.

2) Le protectionnisme keynésien

Au fil des ans, Keynes se prononce de plus en plus nettement contre le libre échange et donc pour le protectionnisme. Sur ce point, il y a une comparaison à
faire entre Marx et Keynes (une comparaison par antithèse) : Marx dans son célèbre discours sur le libre-échange s'est prononcé en faveur du libre-échange,
ayant analysé que le libre-échange était un puissant facteur d'aggravation de la crise capitaliste (et donc précipitant sa chute). Keynes, conscient comme Marx
des facteurs d'autodestruction du capitalisme par le libre-échange, mais ne souhaitant pas le chute du capitalisme se prononce contre le libre-échange.

La concurrence étant le facteur ultime de crise : la pire n'est pas celle que les entreprises subissent à l'intérieur du territoire nationale mais celle que les
entreprises subissent depuis l'extérieur. Ce constat mène Keynes vers le protectionnisme.

La doctrine protectionniste de Keynes atteint sa forme la plus achevée en 1933. A cette date, un texte de Keynes résume en trois phrases sa position sur la
question  du  protectionnisme  :  "Les  idées,  le  savoir,  l'art  …  Voila  des  choses  qui  par  nature  sont  internationales.  Mais  il  faut que les marchandises soient de
fabrication nationale chaque fois que cela est possible et raisonnable. Et surtout, il faut que la monnaie et la finance soient prioritairement national."

Ceci découpe donc l'ensemble des échanges internationaux en trois sous-ensembles :


- Le  monde  des  idées,  de  l'art  …  Ici  Keynes  demande  une  liberté  totale.  
- Le monde de la monnaie et de la finance : leurs échanges doivent être strictement nationaux (les monnaies nationales ne doivent pas être convertis et
exportés, mais uniquement aux échanges nationaux. Pour les échanges internationaux, il faut créer une monnaie internationale créée par la communauté
internationale)
- Le domaine des échanges de marchandises : la phrase de Keynes montre nettement qu'il se prononce pour ce que l'on nommera plu s tard une "préférence
nationale" (pondérée par la possibilité et la praticité)

Ce paradigme n'est pas purement doctrinal, normatif, il est pour la première fois appuyé sur un fondement scientifique solide. De sorte que Keynes devient
l'anti-Ricardien par excellence : les pures libéraux le détestent car il détruit le libre-échange et prône le protectionnisme.

I -La méthode systémique Page 27


Chapitre 3 : Le circuit macroéconomique en comptabilité nationale

La comptabilité nationale correspond à la représentation concrète, méthodique et chiffrée du circuit économique national. Bien que procédant de l'analyse du
circuit keynésien, elle se veut autonome, libre de toute allégeance et au service de toutes les théories.
La comptabilité nationale s'est développée avant et pendant la Seconde Guerre mondiale : la France fut à ce propos un pays pionnier (avec SAUVY et
GRUSON ) qui a pu, dès 1945, mette sur pied une comptabilité nationale originale (en ce sens qu'elle est différente de la comptabilité britannique développée
par STONE et MEAD).

Au fil des ans, le besoin de normalisation internationale se faisant sentir : la France s'aligne donc sur les règles de la comptabilité internationale en 1953 dans
le cadre de l'ONU (puis transposées dans le cadre de l'union européenne). Aujourd'hui, elle est en harmonie avec le système européen de comptes nationaux dit
SEC 95, lui même en concordance avec ceux de l'ONU nommées SCN 93.

Cependant la comptabilité nationale n'est pas seulement une description du circuit économique : elle permet aussi de vérifier ses lois.

II - La comptabilité nationale Page 28


Les opérations

Elles correspondent au flux du circuit. On observe trois distinctions :


- Les opérations sur produits (la plus importante) : biens et services produits
- Les opérations de répartition : relatives non à des bien ou services produits mais à des services producteurs rémunérés par u n revenu
- Les opérations financières : portant sur des actifs ou passifs financiers

I- La production
La  production  correspond  à  l'opération  de  base.  Elle  est  définie  comme  l'activité  qui  combine  des  ressources  en  main  d'œuvre, en capital, en biens et services pour
fabriquer des biens ou fournir des services. La production désigne aussi le résultat mesuré de cette activité. A ce titre, la production se compose de trois éléments :
- Tous les biens ou services fournis ou destinés à être fourni à d'autres que ceux qui les ont produit.
- La production pour usage final propre : les biens ou services fournis à eux -mêmes par ceux qui les produisent (essentiellement : autoconsommation des
agriculteurs, et l'autoconsommation en services de logement par les propriétaires occupant leur logement)
- Les activités bénévoles : seulement celles qui débouchent sur la production de biens, se faisant les services rendus bénévole ment ne sont pas comptés au sein
de la production des activités bénévoles.

A l'intérieur de la production on sépare la production marchande et la production non marchande. La production marchande est la plus importante (environ 80%),
de plus c'est celle qui est vendu ou susceptible d'être vendu à un prix en rapport avec le prix de marché. Cependant, il se t rouve que le marché n'est pas toujours
une réalité bien perceptible, c'est pourquoi la comptabilité nationale est supplée par une convention : tous les biens dès lo rs qu'ils sont vendus ou susceptibles
d'être vendus sont comptés comme une production marchande, en ce qui concerne les services, il ne seront comptés que lorsqu'i ls seront vendus à un prix au
moins égale à la moitié de leur cout de production.

La production non marchande comprend d'une part les produits pour usage propre (partie mineure), l'essentiel étant les autres produits non marchands,
correspondant essentiellement à des services fournis gratuitement ou à un prix inférieur à la moitié de leur cout de producti on. Ces services sont le plus souvent
rendus par l'Etat ou d'autres administrations publiques. Au sein des autres produits non marchands on distingue deux catégori es : les services collectifs (services
non  marchands  indivisibles  par  nature  :  défense  nationale,  administration  générale  …)  et  les  services  individuels  (services  i ndividualisables : éducation nationale,
sécurité  sociale  …  ).  

L'évaluation de la production diffère selon qu'il s'agisse de production marchande ou de production non marchande. La product ion marchande est évaluée par
référence au prix de marché, plus précisément la production marchande est évaluée au prix de base (prix du marché du point de vue du producteur).

Prix de base = Prix facturé Prix de marché du point


- impôts  grevant  le  produit  (TVA  …) → de vue du producteur
+ subventions sur le produit

L'évaluation  de  la  production  non  marchande  ne  peut  être  faite  au  prix  du  marché.  Elle  est  faite  par  conséquent  par  la  somme  de ses couts de production : le
cout  salarial,  les  couts  intermédiaires  et  les  couts  de  remplacement  du  capital  (consommation  de  capital  fixe).  

L'évaluation  de  la  production  pour  usage  propre  sera  faite  par  rapport  au  prix  du  marché.  

II- La consommation
Il  y  à  consommation  lorsqu'il  y  a  consomption  (ce  qui  est  consommé  disparait).  Il  y  a  deux  types  de  consommations  :  
- Consommation  finale  :  disparition  définitive  de  la  marchandise  
- Consommation  productive  :  elle  se  divise  en  consommations  intermédiaires  et  consommations  de  capital  fixe.

1) La consommation finale

La  consommation  finale  est  la  valeur  des  biens  et  services  produits  et  utilisés  pour  la  satisfaction  directe  des  besoins  humains individuels ou collectifs.

Des ménages : elle comporte les achats de biens (sauf les logements) par les
ménages.  On  y  inclus  les  produits  pour  usage  final  propre  (sauf  les  logements),  
sont  exclus  les  dépenses  de  santé  remboursées.
Individuelle : c'est celle qui
est le fait de tel ou tel groupe

Des administrations (ou transferts sociaux en nature) : ce sont des services non
marchands  individualisables,  rendu  par  les  administrations  aux  ménages.  Figure  
Consommation également  le  service  public  d'enseignement  …

Collective :  tous  les  services  non  marchands  et  non  individualisables.  Le  critère  du  de  service  collectif  est  double  :  la  
condition  de  non  exclusion  (nul  ne  peut  être  exclu  de  la  consommation  du  service  en  question),  et  condition  d'indivisibilité  
(l'arrivée  d'une  personne  supplémentaire  dans  la  collectivité  ne  serait  diminuer  en  rien  la  consommation  des  autres  usagers).

II - La comptabilité nationale Page 29


(l'arrivée d'une personne supplémentaire dans la collectivité ne serait diminuer en rien la consommation des autres usagers).

La consommation individuelle et collective, bien que profitant au ménages, ne porte pas sur le compte des ménages mais des administration pour la raison
suivante : on ne pourrait pas, sans arbitraire, les répartir entre les différentes catégories de ménages de plus cela poserait un problème de ventilation.

Toutes ces distinctions se résument dans un tableau

Agents
Ménages Administrations TOTAL

Consommation
Individuelle Consommation individuelle Consommation individuelle des Consommation effective individuelle
des ménages administrations (transferts sociaux en nature)
Collective Consommation collective Consommation effective collective ou
consommation effective des administrations
TOTAL Dépense de consommation Dépense de consommation finale des Consommation effective totale = dépense de
finale des ménages administrations consommation finale totale

L'évaluation de la consommation finale diffère de l'évaluation des produits marchands : la consommation finale de biens et services marchands est évaluée
au prix d'acquisition

Prix d'acquisition = Prix de base


+ Impôts grevant le produit
- Subventions sur le produit
+ Marges commerciales
+ Frais de transports (du lieu de production au lieu de consommation)

Dans le cas de biens et services non marchands : l'évaluation sera la somme des couts de production (et non pas le prix du marché)

2) La consommation intermédiaire

La consommation intermédiaire est la valeur des biens, sauf des biens de capital fixe, et des services consommés ou transformés au cours du processus productif.
De tels biens ou services sont dits biens ou services intermédiaires.

La plus typique est celle des matières première. Par extension, on inclus dans la consommation intermédiaire l'achat de petit outillage  (marteau,  tourne  vis  …).

Parmi les services intermédiaire figurent notamment : les services d'entretient et de réparation du capital fixe, les services d'intermédiation financière (payés sous
forme d'intérêt débiteur).

Sont exclus de la consommation intermédiaire les biens et services non marchands : cette consommation est déjà comptée dans la consommation finale des
administrations.

La consommation intermédiaire comme la consommation finale est évaluée au prix d'acquisition.

3) La consommation de capital fixe (ccf)

C'est la dépréciation subie dans la période par le capital fixe par suite d'usure normal, d'obsolescence prévisible ou a la suite de dommages accidentels assurables.
La consommation de capital fixe comptée en comptabilité nationale ne mesure que les destructions de perte de capital qui relèvent d'un futur probabilisable. Cela
entraine une différence majeure entre le concept de capital fixe en comptabilité nationale et en analyse de circuit : la perte de capital qui résulte de la réalisation
d'un risque non assurable ne sera pas comptée dans la comptabilité nationale dans la consommation de capital fixe (la crise ne fait pas parti des risques assurables,
ainsi le perte de capitale ne rentre pas dans la ccf).

La majeure partie des pertes de capital fixe vient de la crise et donc d'une obsolescence non prévisible.

La consommation de capital fixe est d'évaluation délicate, c'est une des grandeurs les moins fiables : c'est pourquoi les comptable nationaux ne préfèrent pas
déduire et séparer ses composantes, et ainsi garder la grandeur brute (quand elle est déduite, on obtient la grandeur nette).

III- Les autres opérations

1) Les autres opérations sur produits

Il existe les opérations d'investissement et les opérations constitutives de la balance commerciale.

II - La comptabilité nationale Page 30


Investissement est banni du vocabulaire de la comptabilité nationale (en raison de l'ambiguïté entre investissement en capital fixe et en actifs financiers).

La formation brute de capital (FBC) est formée de :


- La FBCF (formation brute de capital fixe) : acquisition moins les cessions d'actifs fixes
- La variation de stocks : stock initial - stock final (biens susceptibles d'être considérés comme stock : tous les biens sauf les biens de capital fixes détenus
par un agent producteur)
- Les objets de valeur : les acquisition - les cessions des objets de valeur (métaux précieux, œuvres d'arts  …)

Si de la FBC ou de la FBCF on retranche la consommation de capital fixe on obtiendra respectivement la FNC (formation nette de capital) et la FNCF
(formation nette de capital fixe)

Les  exportations  et  les  importations  (troc,  don,  transfert  …)  :  


- Les exportations constitue la fourniture de biens et services à des non résidents
- Les importations constitue le flux opposé

2) Les opérations de répartition

Elles portent sur des services producteurs rémunérés par un revenus. Il y aura donc les opérations de répartition de revenu :
- A l'occasion de la production (répartition primaire)
- A l'occasion de la distribution du revenu (répartition secondaire) : soit des prélèvements, soit des prestations (sociales, retraites, allocations, indemnités,
prestations  familiales  …)
- La répartition du patrimoine

Au total la comptabilité nationale différencie les répartitions en 8 catégories :


- Rémunération des salariés
- Impôt sur la production et les importations
- Subventions
- Revenus  de  la  propriété  (loyers,  fermages  …)
- Impôts courants sur le revenu et le patrimoine
- Cotisations et prestations sociales
- Autres transferts courants
- Transfert de capital

3) Les opérations financières

Les opérations financières sont celles qui portent sur des actifs ou passifs financiers . La comptabilité nationale distingue 7 catégories (voir manuel pour
plus de précision).

II - La comptabilité nationale Page 31


Les agents
La comptabilité nationale ne reconnait pas le terme "agent", et se faisant les appellent unité institutionnelle (UI)

I- L'unité institutionnelle (UI)

L'unité institutionnelle constitue un centre élémentaire de décision économique caractérisé par une unicité de comportement e t une autonomie de décision dans
l'exercice de sa fonction principale. Cela dit comment repérer des unités institutionnelles ?

Dès lors qu'un agent est doté de la personnalité juridique, il est censé être un centre élémentaire de décision autonome et a yant une unicité de comportement. Il
y a cependant des exceptions : plusieurs membres d'une même famille vivant sous le même toit (il peut y avoir plusieurs perso nnes dotés de la personnalité
juridique : les parents et les enfants majeurs. Or on les regroupera en une seule unité institutionnelle nommée ménage). Il y a aussi le critère de l'unité de
patrimoine : il sert essentiellement dans la cas des entrepreneurs individuels (commerçants, artisans, professions libérales) qui se présente comme un ménage
gérant une entreprise personnelle. Il fait donc des opérations en tant que chef de ménage et en tant que chef d'entreprise. L 'ancienne comptabilité nationale face
à cette ambigüité adoptée un jugement de Salomon : elle scindée l'activité des entrepreneurs individuelles en deux (au compte des ménages et des entreprises).
Or les comptables nationaux se sont rendu compte que les entrepreneurs confondaient souvent et facilement le patrimoine du mé nage et le patrimoine de
l'entreprise. Cette confusion fréquente de patrimoine à amené les comptable nationaux à constitué cette unité de patrimoine e n unité institutionnelle entière
rangée dans la catégorie des ménages.

II- L'ensemble des unités institutionnelles (UI)


C'est l'ensemble des UI résidentes : une unité institutionnelle est dite résidente si elle à son centre d'intérêt sur le terr itoire économique.

Le territoire économique de la France par exemple est : la France continentale, la Corse, Monaco, les DOM, les enclaves terri toriales de la France à l'étranger
(bases  militaires,  consulats,  ambassades  …)  moins  les  enclaves  extraterritoriales  en  France.

Que signifie avoir son centre d'intérêt au sein du territoire de la France ? Effectuer des opérations économiques sur le terr itoire depuis un an au moins.

Une unité économique effectue des opérations avec le reste du monde. On observe un découpage des secteurs institutionnelles.

III- Les secteurs institutionnels (SI)

Un secteur institutionnel regroupe les UI ayant un comportement économique analogue. L'analogie de comportement est établie e n priorité par la similitude de la
fonction principale et accessoirement par la similitude de catégorie de producteur.

Secteur institutionnels
SI Catégorie de producteurs Fonction principale
Sociétés non financières (SNF) Producteurs marchands Production de biens et de services non financiers marchands

Intermédiation financière (opérations de banque) y compris


Sociétés financières (SF) Producteurs marchands les opérations de mutualisation des risques (assurance et
fonds de pension) et les activités financières auxiliaires

Production et fourniture d'autres biens et services non


Administrations publiques (APU) Autres producteurs non marchands publics marchands destinés à la consommation individuelle et
collective. Réalisation d'opérations de redistribution du
revenu et de la richesse nationale

Ménages (en leur qualité de consommateurs Producteurs marchands ou producteurs Consommation


et en leur qualité d'entrepreneurs privés pour usage final propre Production de biens et services marchands et de biens et
individuels) services pour usage final propre

Les institutions sans but lucratif au service Autres producteurs non marchands privés Production et fourniture d'autres biens et services non
des ménages (ISBLSM) marchands destinés à la consommation individuelle
Reste du monde Pole regroupant les opérations effectuées avec les non-
résidents (n'est pas un véritable SI)

Tous les secteurs son divisés en sous secteurs, sauf les ménages et les ISBLSM. Les ménages sont définis en 6 sous secteurs selon des critères sociaux-
professionnelles :
- Employeur
- Salariés
- Bénéficiaires de revenus de la propriété
- Bénéficiaire de pensions
- Bénéficiaire d'autres revenus de transferts
- Autres  ménages  (personnes  vivants  en  collectivités  :  étudiants,  religieux,  prisonniers  …)

Quant au ISBLSM, elles sont de deux sortes :


- Les innombrables associations relevant de la loi de 1901
- Les organismes de charité et de bienfaisance

II - La comptabilité nationale Page 32


Les comptes de secteur
Un compte de secteur est le regroupement ordonné de toutes les opérations ayants affectés le secteur institutionnel dans la p ériode.

I- La méthode de la comptabilité de secteur

Un compte de secteur est établi en deux colonnes :


- Gauche : les opérations avec des flux sortants
- Droite : les opérations avec les flux entrants.

La somme des flux dans chaque colonne est égale. Les comptes de secteur sont nécessairement équilibrés. Cependant, à l'intéri eur du compte général de secteur, il y
a une subdivision de ce compte en sous comptes qui n'ont eux aucune raison d'être équilibrés. Or le comptable ayant la religi on de l'équilibre, les sous comptes qui
ne sont pas spontanément équilibrés le seront artificiellement : cela fera intervenir le solde du compte.

Cela dit, un compte de secteur est divisé non pas en deux mais en sept sous comptes :
- Pour les cinq premier des comptes dit d'opération courantes : ils retracent les opérations du secteur au cours de la période, depuis la production de ce secteur
jusqu'à son épargne. Les deux colonnes sont donc les emplois (flux sortant) et ressources (flux entrants)
- Pour les deux derniers des comptes dit d'accumulation : ils prennent le relais en montrant comment l'épargne du secteur qui à était obtenu à l'issu des opérations
de comptes courantes ainsi que d'autres opérations affectent son patrimoine à l'actif, comme au passif. C'est pourquoi les deux colonnes des deux comptes
d'accumulation sont appelés variation d'actif (flux sortants) et variation de passif (flux entrants).

Les cinq comptes d'opérations courantes sont (dans l'ordre où il se présentent) :


1- Le compte de production : retrace les opérations sur produit relatives au secteur permettant la formation d'une valeur ajoutée.
2- Le compte d'exploitation : il décrit les opérations de répartition de la valeur ajoutée à l'occasion de la production (la plus importante est la rémunération
des salariés)
3- Le compte d'affectation des revenus primaires : il regroupe les autres opérations de répartition des revenus primaires liées à la production (paiement
d'intérêts,  de  dividende  …)
4- Le compte de distribution secondaire du revenu : à coté de la répartition primaire, liée directement à la production (logique économique), il y à une
répartition secondaire qui elle correspond à des objectifs sociaux (logique sociale). Il montre comment les revenus primaires sont modifiés par les
opérations de redistribution qui englobe les impôts (courant sur les revenus ou le patrimoine) et les prestations sociales.
5- Le compte d'utilisation du revenu : il à pour objectif de mettre en évidence le partage du revenu disponible du secteur entre sa consommation et son
épargne.

Le deux comptes d'accumulations sont :


1- Compte de capital : il à pour objet de mettre en balance la FBC (formation brute de capital) du secteur et son épargne. Il permet de voir si l'épargne brute
du secteur couvre ou non sa formation brute de capital (FBC). Si l'épargne brute n'est pas suffisante pour couvrir la totalité de la FBC du secteur, ce
secteur éprouvera ce qu'on appelle un besoin de financement (il devra recourir à d'autres ressources financières). Dans le cas contraire, où l'épargne brute
est supérieure à son investissement brut (FBC) le secteur à ce qu'on appelle une capacité de financement.
2- Le compte financier : il retrace toutes les opérations financières effectuées dans la période par le secteur considéré. Son but est de montrer dans le cas où le
secteur à un besoin de financement, par quelles opérations financières ce besoin à été satisfait, et dans le cas ou le secteur à une capacité de financement, le
compte financier montrera comment à été employé cette capacité.

Tous  ces  sous  comptes  ne  sont  pas  naturellement  équilibrés.  Cependant  le  comptable  national  va  créer  artificiellement  un  équi libre par le biais du solde. Le solde est
une  différence  entre  flux  entrants  et  flux  sortants  mais  une  différence  qui  n'est  pas  toujours  calculée  de  la  même  façon  (tan tôt  flux  entrants  - flux  sortants,  tantôt  flux  
sortants - flux  entrants  selon  le  sous  compte).  Pour  les  six  premiers  sous  comptes,  c’est -à-dire  les  cinq  comptes  d'opérations  courantes  plus  le  compte  de  capital  la  
règle  est  la  même  :

Solde = flux entrants - flux sortants → Il  est  inscrit  du  coté  des  flux  sortants  (afin  d'équilibrer)

Nota Bene : la différence revient à faire ressources - emplois pour les cinq premiers, et variation de passif - variation d'actif pour le sixième.

Pour  le  dernier  compte,  le  financier,  le  mode  de  calcul  est  simplement  inversé  :

Solde = flux sortants - flux entrants → Il  est  inscrit  du  coté  des  flux  entrants  (afin  d'équilibrer)

Nota Bene : Soit variation d'actif - variation de passif pour le septième compte.

La  raison  de  cette  inversion  est  que  cette  procédure  permet  de  donner  au  compte  de  capital  et  au  compte  financier  exactement   le  même  solde  :  c’est-à-dire besoin de
financement si besoin de financement et inversement.

Les  soldes  n'ont  pas  pour  seul  but  de  présenter  chaque  sous  compte  en  équilibre  (donc  d'équilibrer  artificiellement  des  compt es qui ne le sont pas naturellement), ils
servent  aussi  de  point  d'articulation  entre  ces  différents  sous  comptes  (par  l'opération  dite  de   report du solde).

Cette  opération  n'est  effectuée  que  pour  chacun  des  cinq  premiers  sous  comptes  (comptes  d'opérations  courantes),  mais  pas  pou r les comptes d'accumulation.
Le  solde  du  sixième  compte  n'est  pas  reporter,  il  est  simplement  confronté  au  solde  du  dernier  sous  compte,  c’est -à-dire au compte financier.

Voici  les  noms  et  abréviation  des  soldes  des  comptes  des  opérations  courantes  :  pour  les  cinq  comptes  des  opérations  courante s les soldes

Nomination des comptes Nomination des soldes


Production Valeur  ajoutée  brute  (VAB)
Compte Exploitation Excédent  brut  d'exploitation  (EBE)
d'opération      
Affectation des revenus primaires Revenu primaire brut (RPB)
courantes
Distribution secondaire du revenu Revenu disponible brut (RDB)
Utilisation du Revenu Epargne brute (EB)

II - La comptabilité nationale Page 33


Comptes Capital Capacité de financement ou besoin de financement
d'accumulation Compte financier Coïncide théoriquement avec le solde du capital

Le qualificatif brut dans les cinq premiers solde des comptes indique la présence de consommation du capital fixe. Si on retranche du solde la con sommation du
capital fixe (la ccf) on obtiendra le même solde en net. Les deux derniers compte portent le même nom mais ne contiennent plus le qualificatif br ut : à partir du
compte de capital, la consommation de capital fixe s'élimine d'elle -même.

II- Illustration

Nous allons nous référer au circuit keynésien de base.

B
E M

CI 50 CI 50
F 20 S 20 C 80 W 95
CCF 30 CCF 30
S 20 P 5
→ Q
Nota Bene : I 20 I 20

CI + CCF = U
W+P=Y W 95 C 80
I = FNC
P 5 F 20

Nous allons subdiviser le compte E en sept sous comptes de la comptabilité nationale.

Il faut calculer la production du secteur institutionnel E : c'est le total des recettes (noté Q)

Ainsi Q = CI + CCF + I + C = 50 + 30 + 20 + 80 = 180

Production Exploitation Affectation des revenus primaires

CI 50 Q 180 W 95 P 5

VAB 130 VAB 130


(Q-CI)
EBE 35 EBE 35
CCF 30
RPB 30
(VAN 100)

Distribution secondaire des revenus Utilisation du revenu VA Compte de capital VP

(ici) Autres opérations 0 RPB 30 Conso finale 0 FBCF 50


(Pas de conso finale pour E)
Nota Bene :
RDB 30 RDB 30 FBCF = FNCF + CCF =
I + CCF = 20 + 30 = 50
EB 30 EB 30

Besoin de financement -20

Remarques :
- Le  report  du  solde  que  nous  avons  opéré  jusqu'au  compte  de  capital  permet  non  seulement  
VA Compte financier VP l'articulation des six premiers sous comptes, mais permet aussi la consolidation en un compte
unique l'on appellera compte des opérations non financières.  La  consolidation  consiste  à  écrire  dans  
F 20 un  compte  unique,  où  la  colonne  gauche  s'appellera  flux  sortants  et  la  colonne  droite  flux  entrants,  
toutes  les  opérations  à  l'exception  des  soldes.  On  obtient  le  compte consolidé des opérations non
Besoin de financement 20 financières,  dont  le  solde  est  égale  au  solde  du  compte  de  capital.
- L'inversion du mode de calcul du solde du compte financier permet d'avoir des soldes identiques
entre le compte de capital et le compte financier (en l'occurrence besoin de financement). Dans la
pratique  il  est  très  rare  que  ces  deux  soldes  soient  identique  :  les  sources  statistiques  pour  les  
opérations  financières  et  les  opérations  non  financières  ne  sont  pas  les  mêmes.  Pour  les  six  premiers  
sous compte les ressources d'informations sont principalement fiscales, tandis que pour le compte
financier  la  source  statistique  est  la  banque  (de  France).  Le  comptable  national  corrige  cette  écart  

II - La comptabilité nationale Page 34


entre le compte de capital et le compte financier (en l'occurrence besoin de financement). Dans la
pratique il est très rare que ces deux soldes soient identique : les sources statistiques pour les
opérations financières et les opérations non financières ne sont pas les mêmes. Pour les six premiers
sous compte les ressources d'informations sont principalement fiscales, tandis que pour le compte
financier la source statistique est la banque (de France). Le comptable national corrige cette écart
par une ligne supplémentaire : ligne d'ajustement (différence entre les soldes des comptes capital et
financier).
- Le qualificatif brut disparait à partir du compte de capital car la consommation de capital fixe
(CCF) est déjà présente dans les deux colonnes : la différence par le solde fait donc disparaitre la
CCF.

II - La comptabilité nationale Page 35


Le Tableau Economique d'Ensemble (TEE)

Cette nomination à été proposée par les comptables nationaux français à la communauté internationale en hommage à Quesnay et son ouvrage Le Tableau
Economique.

I- Le principe d'équilibre ligne par ligne

Les colonnes sont réservées aux secteurs (donc équilibrés), or les lignes sont réservées aux opérations : pour les deux derni ères opérations de répartition il n'y à
aucun problème (il y à un équilibre entre le total des flux entrants et le total des flux sortants), pour les opérations fina ncières. Le problème s'agissant des opérations
sur produit, c'est qu'elles ne portent pas le même nom selon qu'elles sont flux entrants ou flux sortants : elles ne seront p as comptabilisées par la même ligne selon
qu'elles soient emploi ou ressources (la consommation C est consommation finale en emploi des ménages, mais ressources ou pro duction pour le pole E).

Pour obtenir l'équilibre ligne par ligne, y compris pour les opérations sur produit, le comptable national invente un compte fictif correspondant à un agent fictif ou
imaginaire appelé le marché et son compte s'appellera compte biens et services. Il va s'interposer à chaque opération sur produit : il apparaitra comme acheteur (en
emploi) pour la production du pole E.

II- Le TEE du circuit keynésien

Le TEE est équilibré en ligne (grâce au compte fictif Biens & Services) et en colonnes (équilibre des sous comptes). L'équilibre à la ligne des besoins ou capacités de
financement est le reflet de l'égalité au pôle B.

II - La comptabilité nationale Page 36


Chapitre 4 : Les lois du circuit en comptabilité nationale

La comptabilité nationale offre une triple utilisation :


- Elle fournit des agrégats qui permettent un suivi et une analyse de l'évolution économique globale
- Le Tableau Entrée-Sortie (TES), elle donne une vision globale de l'équilibre produit par produit dans toute l'économie
- Sur la base du TES, la comptabilité nationale permet une prévision de la production.

II - La comptabilité nationale Page 37


Les agrégats et leur utilisation

La comptabilité nationale définit des grandeurs globales qu'elle appelle des agrégats. Sur la base de ceux -ci sont établis des relations dites agrégées qui sont
significative d'un état global de l'économie ou d'une évolution de l'économie.

I- Les grands agrégats


C'est une grandeur synthétique mesurant à l'échelle de toute l'économie soit la production soit le revenu soit une autre grandeur globale qui peut être la
consommation,  l'investissement  …  Il  y  à  toute  une  batterie  d'agrégat,  dont  les  plus  importants  sont  les  agrégats  de  revenu  et de production.

L'agrégat de revenu s'appelle revenu national, il se dédouble lui-même en deux agrégats : revenu national brut et revenu national net (différence avec la
consommation de capital fixe).
Le RNB est également appelé produit national brut (PNB), tandis que le revenu national net est le revenu proprement dit. Les agrégats de revenu découlent de
l'agrégat de production.

La production d'une unité institutionnelle à production marchande est mesurée par la valeur au prix de base des biens et services produis par cette unité. Dès lors, il
peut sembler logique de mesurer la production de toute les unités institutionnelles par la simple sommation des productions individuelles. Si l'on faisait ainsi on serait
mener à compter deux fois dans cette agrégat la valeur de certains produits (double comptabilisation ou double emploi).

Supposons une économie simple réduite à deux unités productrices, une entreprise A et B. L'entreprise A fabrique des meubles en bois, tandis que B exploite des
forets et débite des planches qu'elle vend à l'entreprise A. Si la production dans l'année de A est de 1 000 000, la production de l'entreprise B est égale à 200 000. La
production totale est donc de 1 200 000, or on aura compter deux fois la valeur des planches. On aurait un agrégat qui ne reflèterait pas la quantité de biens produits,
ainsi si dans la période suivante il y à une concentration (A et B forment la même entreprise), elle ne va pas s'acheter des planches à elle-même : la production serait
alors de 1 000 000.

Pour éviter ce double inconvénient (estimation de la production qui varierait selon le degré de concentration des entreprise et double comptabilisation), le comptable
nationale va ajouter les valeurs ajoutées brutes de chaque unité productrice.

Ainsi dans notre exemple : VABA= 1000000 - 200000 = 800000 et VABB= 200000 ainsi VABA+VABB = 1 000 000.

Cette somme s'appelle le produit intérieur brut (PIB). Cependant il reste certains problèmes : les valeurs ajoutée brutes sont bien déduites des productions
individuelles des unités productrices, or elles sont évaluées au prix de base (prix du marché du point de vue du producteur, soit : prix facturé par le producteur -
impôt grevant le produit + subventions sur le produit), tandis que le PIB est évalué par convention au prix d'acquisition (prix du marché du point de vue du
consommateur). Ainsi on peut écrire que :
 

𝑃𝐼𝐵 =   (𝑉𝐴𝐵 + 𝑖𝑚𝑝ô𝑡𝑠  𝑔𝑟𝑒𝑣𝑎𝑛𝑡  𝑙𝑒𝑠  𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡𝑠   − 𝑠𝑢𝑏𝑣𝑒𝑛𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠  𝑠𝑢𝑟  𝑙𝑒𝑠  𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡𝑠) (1)
 

A titre d'exemple : le PIB de la France en 2011 s'élève à 1 996,6 milliards d'euros, soit 1789 (VAB) + 226,6 (impôts) - 15 (subventions) milliards d'euros.

Le PIB est l'agrégat de référence pour la mesure de la croissance économique : la croissance économique est mesurée avec la croissance du PIB à prix constant
d'années en années. Cela dit, des agrégats autres que le PIB entrent dans des relations très significatives de l'état de santé de l'économie.

II- Quelques relations entre agrégats

Les relations agrégées prennent le plus souvent la forme de simple ratio ou rapport entre deux agrégats. La plus célèbre est directement issue de la théorie
keynésienne, c'est la propension à consommer des ménages :

𝐶𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛  𝑓𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒  (𝑚é𝑛𝑎𝑔𝑒𝑠) On observe une certaine stabilité de



𝑅𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢  𝑑𝑖𝑠𝑝𝑜𝑛𝑖𝑏𝑙𝑒    𝑏𝑟𝑢𝑡  (𝑚é𝑛𝑎𝑔𝑒𝑠) cette relation à court et moyen terme

En France ce ratio est stable : il évolue depuis 10 ans entre 0,83 et 0,85.

Le ratio le plus parlant et le plus chargé d'analyse est le ratio de crise :

𝐼
𝐼 − 𝐹 < 0   ⇔ <1
𝐹
I sera représenté en comptabilité nationale par la FNC (formation nette de capital) ou la FNCF (formation nette de capital fixe) des SNF (sociétés non financières).
Quant à F, la variation des passifs financiers sera représenté par la valeur absolue du besoin de financement des SNF.

Ainsi =
| |

Il est intéressant d'évaluer, dans le cas de la France, ce ratio I/F sur une longue période :
- La seconde grande crise du XXème siècle (années 70) a été marquée en France par le maintient du ratio I/F sous son seuil critique 1 pendant 13 années (de 1973 à
1985)
- Elle permet aussi de corriger un jugement souvent répandu mais erroné selon lequel l'entrée en crise de la France et d'autre pays a été le choc pétrolier. Ce
jugement est faux en ce sens que, s'il est vrai que le choc pétrolier à joué un rôle de catalyseur, précipitant la chute dans la crise, mais il ne permet pas
d'expliquer les causes profondes : quelques années avant la crise, depuis le milieu des années 60, le ratio I/F était déjà sur une pente déclinante.
- Dans les années récentes (de 2003 à 2010), le ratio I/F dans le cas de la France se présente comme suit :

France = des SNT


| |
2003 2,6
2004 2,39
Nota Bene : quand le ratio I/F est inférieur

II - La comptabilité nationale Page 38


Nota Bene : quand le ratio I/F est inférieur 2005 1,01
à 1, nous observons une situation de crise
2006 0,99
2007 1,36 → Crise des subprimes
2008 0,92
2009 1,43
2010 1,13

On observe que le ratio I/F est un ratio de solvabilité du secteur productif : elle ne pourront pas rembourser l'intégralité de leurs dettes sur leurs revenus courants
en situation de crise (mais seulement après liquidation d'une partie de leur patrimoine). Or une crise financière ne peut se développer que s'il y à insolvabilité des
débiteurs, c'est donc logique que la crise financière soit la conséquence de la crise économique (du moins par le ratio keynésien de solvabilité), qui débuta dès
2005. Ainsi la situation d'insolvabilité existait ex ante la crise de 2007, bien qu'elle fut l'étincelle qui mit le feu aux poudres.

La comptabilité nationale à biens d'autres utilités, comme nous allons le voir en entrant dans le Tableau Entrée-Sortie (TES)

II - La comptabilité nationale Page 39


Le Tableau Entrées-Sorties (TES)
Le TES est le deuxième grand tableau de la comptabilité nationale après le TEE. Il à pour objet de présenter l'équilibre des ressources et des emplois produits par
produits. Il complète ainsi le TEE qui met en évidence l'équilibre ressource/emploi secteur par secteur et opération par opération. Pour remplir cette mission, le TES
s'appui sur un découpage préalable de l'ensemble des produits et de l'ensemble des unités productrices en catégories homogènes se correspondant.

I- Regroupement des produits et unités de production en catégories homogènes

Il y à des milliers voire des centaines de milliers de produits : on ne peut les saisir tous un par un. Pour se faire la comptabilité nationale fait des regroupements par
le biais des nomenclatures des produits. En France la nomenclature de référence est la CPF (Classification de Produits Française), qui est une adaptation française
d'une nomenclature européennes. La CPF est utilisable à différents niveaux plus ou moins agrégés :
- Au niveau du plus agrégé et donc du moins détaillé : il y à 21 sections
- Au niveau du moins agrégé et donc du plus détaillé : il y à 3142 produits

Souvent l'on se place à un niveau intermédiaire. A chaque produit l'on fait correspondre les unités de production qui fournisse se produit et seulement se produit. Or
certaines unités institutionnelles fabriquent plusieurs produits : par exemple Michelin produit des pneumatiques et des produits  de  l'édition  (cartes,  guides  …),  il  faut  
donc scinder les unités institutionnelles en ce que l'on appellera des unités de production homogène (UPH). Une UPH est donc une fraction d'UI, voire une UI toute
entière si une UI ne fabrique qu'un produit.

Si l'on regroupe toutes les UPH fournissant un produit donné, ou l'un des produits d'un groupe homogène de produit, on obtient ce que l'on appelle une branche
(homogène). Il y à entre les produits et les branches il y une correspondance biunivoque. C'est sur cette correspondance biunivoque produit/branche que s'appui le
TES et en premier lieu ses relations d'équilibre ressources/emplois en chaque produit.

II- L'équilibre ressources/emplois par produit

1) Exemple

On considère un produit : le produit "automobile". La production de l'année des unités institutionnelles et des UPH correspondant à la production d'automobile est
de 3 000 millions d'euros.

Cette production est, au cours de l'année, affectée de la manière suivante :


- 30 % : exportation
- 10% : vendu aux autres entreprises au titre de leur FBCF
- 60% : vendu aux ménages résidents au titre de leur consommation finale, qui en outre achètent des automobiles importés pour 8 00 millions d'euros.

On voit donc que les opérations concernant le produit touchent trois pôles économiques :
- Pole entreprise
- Pole ménage
- Pole reste du monde

E M Emplois RdM Ressources


Emplois Ressources Emplois Ressources

FBC 300 Production 3000 Cons finale 2600 Exportations 900 Importations 800

Remarque : Ces comptes ne sont pas équilibrées car incomplets. Cependant il apparait à travers les comptes un nouvel équilibre : en ef fet si l'on regroupe
toutes les informations inscrites en ressources, on à production et importations, tandis que l'on à en emploi FBC, consommati on finale et exportations.

Production + Importations = Consommation finale + FBC + Exportations


3000 800 2600 300 900

Cette égalité est présentée par le TES, c'est une égalité ressources/emplois par produits.

2) Egalité générale des ressources et des emplois

Considérons une économie avec :

- n produits  (i  =  1,…,n)


- M branches  (j  =  1,  …,m)
- Ri : ressources en produit i
- Ei : emplois en produit i
- Yi : production de i (au prix de base)
- Hi : importations de i
- MCi : marges commerciales sur i, y compris frais de transport
- TVAi : impôts (nets de subventions) sur le produit i

II - La comptabilité nationale Page 40


Sous quelle condition y-a-t 'il l'égalité emplois ressources ?

Les ressources en produits se décomposent en Ri = Yi + Hi (2)

Les emplois de I (donc Ei) sont de deux sortes :


- les emplois intermédiaires de produits i : ce sont les emplois intermédiaires en produit i au titre des consommation intermédiaires par toutes les branches
j variant de 1 à m. Nous pouvons les noter de la manière suivante : CI ij (le premier indice est toujours l'indice de produit et le deuxième indice est
toujours l'indice de branche). La consommation totale des emplois intermédiaires en produit i sera égale à :

CIi● = CIi1 + CIi2 +  …  +  CIij +  …  +  CIin = 𝐶𝐼


ij
Remarque : CIi● discint  de  la  consommation  intermédiaire  totale  de  la  branche  i

CI●i = CI1i + CI2i +  …  +  Ciji +  …  +  Cini = 𝐶𝐼


ji
- les emplois finales sont se trois sortes :
La consommation finale en produit i
La formation brute de capital en produit i
Les exportations en produit i
○ Les emplois finales correspondent à : Ci + FBCi + Xi

Tous les emplois, qu'ils soient intermédiaires ou finales sont évalués au prix d'acquisition.

Ei = CIi● + Ci + FBCi + Xi (3)

Il  semblerait  qu'écrire  à  égalité  ressources/emplois  consisterai  à  prendre  que  (2)  et  (3),  or  ce  n'est  pas  possible  d'écrire  que  la  décomposition  de  Ri donnée  par  (2)  et  
égale  à  la  décomposition  de  Ei donnée  par  (3)  :  la  production  est  évaluée  au  prix  de  base  alors  que  les  emplois  sont  évalués  aux  prix  d'acquisition.

Que faut-il  ajouter  à  Ri (donc Yi en vertu de (2)) pour passer du prix de base au prix d'acquisition ?

Il faut :
- Ajouter les marges commerciales
- Ajouter les frais de transports
- Ajouter  les  impôts  grevant  le  produit  i (pour l'essentiel la TVA)
- Retrancher les subvention sur le produit i (car elles ont pour but et pour effet de baisser le prix pour l'acheteur)

MCi : marges commerciales sur i, y compris frais de transport


TVAi :  impôts  (nets  de  subventions)  sur  le  produit  i

Ri + MCi + TVAi = Yi + Hi + MCi + TVAi

Nous  pouvons  désormais  écrire  :  

Yi + Hi + TVAi + MCi = CIi● + Ci + FBCi + Xi (4)

On  peut  aller  un  peu  plus  loin  en  décomposant  la  production  (Y i)  en  consommation  intermédiaires  de  la  branche  i et  valeur  ajoutée  brute  de  la  branche  i. Ce  qui  s'écrit  
de  la  manière  suivante  :  
Yi = CI●i + VABi (5)

CI●i + VABi + Hi + TVAi +MCi = CIi● + Ci +FBCi +Xi (6)

La  relation  (6)  est  la  décomposition  maximales  des  emplois  et  des  ressources  en  produits  i.  C'est  cette  égalité  (6)  qui  est  représentée  par  le  TES.

III- L'architecture du TES


Le TES est construit en quatre sous comptes, il est de la forme d'un T trapu:
- Au  centre,  le  tableau  des  entrées  intermédiaires  (TEI)  :  c'est  le  cœur  du  TES  en  forme  de  tableau  carré  avec  n+1 ligne et n+1 colonne. C'est le tableau des [Ciij]ij
=  1,…,n  (le  premier  indice  est  aussi  l'indice  de  ligne  :  les  produits  sont  en  lignes,  tandis  que  le  second  indice  est  l'indic e de colonne : les branches sont en
colonnes)

Branches j 1 2 … j … n CIi●

Produits i
1 CI11 CI12 CI1j CI1n
2
...
i CIij

n CInn
CI●j CI●●

- A  droite,  le  tableau  des  emplois  finales  :  C'est  un  tableau  à  n+1 ligne et 4 colonnes. Les 4 colonnes sont : la consommation finale, la FBC, les exportations et
une colonne qui fait le total des emplois

- En bas, le compte de production des branches : c'est la production de chaque branche. Il comporte n+1  colonne  et  deux  ligne  :  la  valeur  ajoutée  brute  de  chaque  

II - La comptabilité nationale Page 41


- En bas, le compte de production des branches : c'est la production de chaque branche. Il comporte n+1 colonne et deux ligne : la valeur ajoutée brute de chaque
branche et la production Y j de la branche j

- A gauche, le tableau des ressources en produits : Il a n+1 ligne et cinq colonnes : la première colonne est la dernière ligne du compte de production des branches
(soit les production en prix de base de chaque produit), puis importations, TVA (impôts grevant le produit) et enfin marge co mmerciale. La cinquième colonne
totalise toutes les ressources.

Voici la décomposition à l'œuvre dans le TES :


- I : Biens et services marchands non financiers et non commerciaux
- II : Services commerciaux
- III : Services financiers
- IV : Services non marchands

Le TES met ainsi en évidence une décomposition du PIB à partir de la relation (6). (6) est valable pour tout i variant de 1 à n, par conséquent, l'égalité (6) se
vérifie pour la somme de toutes ces grandeurs : de (6) on déduit :

 𝐶𝐼. 𝑖 + 𝑉𝐴𝐵𝑖 + 𝑀𝐶𝑖 + 𝑇𝑉𝐴𝑖 + 𝐻𝑖 = 𝐶𝐼 . 𝑖 + 𝐶𝑖 + 𝐹𝐵𝐶𝑖 + 𝑋𝑖

𝐶𝐼. 𝑖 = 𝐶𝐼𝑖. = 𝐶𝐼𝑖, 𝑗 = 𝐶𝐼. . = 𝐶𝐼


,

𝑀𝐶𝑖 = 0 = 𝑀𝐶𝑖 + 𝑀𝐶𝑖0 I0 : produit services du commerce


,

𝑉𝐴𝐵𝑖 = 𝑉𝐴𝐵  ;   𝑇𝑉𝐴𝑖 = 𝑇𝑉𝐴  ;   𝐻𝑖 = 𝐻  ;   𝐶𝑖 = 𝐶  ;   𝐹𝐵𝐶𝑖 = 𝐹𝐵𝐶  ;   𝑋𝑖 = 𝑋

Ainsi l'on peut écrire : VAB + TVA + H = C + FBC + X


PIB

PIB = C + FBC + (X - H) (7)

Nous avons vu une décomposition du revenu global keynésien en économie ouverte dans le chapitre précédent : R = Z + I + J + C + (X - H) [7]

• J = Achat par l'Etat aux entreprises de biens intermédiaires, soit J = CIA + CCFA+ IA
• CIA + CCFA + Z = coûts de production de l'Etat de la branche non marchande, mesurant la valeur de la production non marchande. C'est la
consommation finale des administration (notée CA)

Ainsi la relation [7] s'écrit : R = (C A + C) + (IA + I) + (X - H) [7]

≈ C dans (7)
FNC
R = C + FNC + (X - H) [7]

Le revenu global keynésien n'est pas autre chose que le produit intérieur net de la comptabilité nationale.

II - La comptabilité nationale Page 42


La prévision de la production par branche
Pour être utilisé à des fins de prévision de la production par branche, le TES est préalablement assorti d'hypothèses, que l' on appelle du nom de l'économiste
Leontief, après quoi joint au TES elles permettront l'utilisation de ce tableau pour la prévision que nous appliquerons au TE S simplifié présenté dans la section
précédente.

I- Les hypothèses

Il y à deux hypothèses :
- Hypothèse dite d'exogénéité des emplois finals : elle signifie que les emplois finals (consommation finale, FBC, exportationset importations) sont l'objet de
prévision en dehors du TES. Ce n'est pas le TES qui effectuera les prévision : elles seront fournis au TES comme ingrédient pour permettre de prévoir la
production par branche.

Comment les prévisions pour les emplois finals sont obtenus ?

Obtenus par d'autres méthodes : enquêtes de l'INSEE par exemple, sur les plan de consommation des ménages ou d'investissement des entreprises.

- Hypothèse de stabilité de la structure productive : c'est une hypothèse indispensable, on ne peut espérer avoir de bonne prévision de production s'il n'y avait
pas à la base une stabilité de structure productive.

Comment va-t-on traduire l'hypothèse de stabilité de la structure productive ?

Leontief s'appui sur le Tableau des Entrées Intermédiaires (TEI, cœur du TES).

Branches j
1 2 … j … n CIi●

Produits i
1 CI11 CI12 CI1j CI1n
2
...
i CIij

n CInn
CI●j CI●●

Regardons cij = ,  représentant  le  poids  de  la  consommation  intermédiaire  en  produit   i de la branche j,  reporté  à  la  production  de  la  branche j. Ce rapport
dépend  de  la  technique  de  production  dans  la  branche.  On  décrit  la  technique  de  production  à  un  moment  donné  avec  la  liste  de tous les ratios de la branche : C 1j,
C2j,  …  ,  Cij, ...Cnj

Les  techniques  de  production  sont  certes  renouvelées,  mais  seulement  à  moyen  terme  et  jamais  à  court  terme  (car  les  technique s  de  production  sont  incorporée  
dans  les  productions  employées,  donc  seulement  par  le  biais  leur  renouvellement).  Les  c ij sont stables pour un j donné  et  i variant  de  1  à  n.

Ces coefficients cij sont  appelés  coefficient de Leontief ou coefficient technique de production :  ces  coefficients  sont  tous  constants  à  court  terme  pour  i variant de
1  à  n.

C'est  sur  ces  hypothèses  que  le  TES  est  utilisé  pour  la  prévision  par  branche.  

II- Utilisation du TES pour la prévision

Nous  allons  utiliser  ici  un  TES  encore  simplifié  à  partir  du  précédent  :  un  TES  à  deux  produits  et  deux  branches  (I  :  Biens  ;;II : Services)

𝐶11 =   𝐶12 = 0.30 0.33


Matrice Q des coefficients techniques : Q =     ⇔ 𝑄 =  
𝐶21 = 𝐶22 = 0.11 0.2

II - La comptabilité nationale Page 43


Egalité ressource emploi en produit I :
1850 + 150 = 555 + 245 + 1200

1850 = 555 + 245 + (1200 - 150)

1850 = × 1850 + × 735 + 1050

YI = 0,3 x YI + 0,33 x YII + 1050


YII = 0,11 x YI + 0,20 x YII + 390

Nous  avons  donc  bien  séparé  ce  qui  est  constant de ce qui est variable (→ le reste)

• Exogénéité des emplois finals : supposons  que  les  enquêtes  faites  par  l'institut  de  statistique  auprès  des  ménages  et  des  entreprises  permettent  d'estimer  
que  dans  l'année  suivante,  les  emplois  net  d'importation  en  produit  I  augmenteront  dans  l'année  prochaine  de  10%  et  les  emplo is net d'importation en
produit II augmenteront de 20%.

𝑌I = 0,3  𝑌 I+ 0,33  𝑌  II+ 1155


𝑌II = 0,11  𝑌I + 0,20  𝑌  II + 468

𝑌  I* = 2060
𝑌  II* = 860    

𝑌I*− 𝑌I 𝑌II*− 𝑌II


= +11,4% =   +17%
𝑌I 𝑌
II

Remarque  :  ces  prévisions  en  pourcentage  sont  à  comparer  aux  prévisions  exogènes  de  prévisions  des  emplois  finals  (10%  produit I et 20% produit II)

Tel  est  donc  le  principe  d'utilisation  du  TES  pour  la  prévisions  par  branche  et  par  suite  pour  la  prévisions  générale.  Cette  utilisation  du  TES  est  très  courante  :  
elle  est  utilisée  par  quasiment  tous  les  grands  modèles  macroéconomiques  de  prévisions  élaborés  par  les  administrations  publiques ainsi que par les grandes
banques ou entreprises transnationales.

Le  soucis  commun  de  tous  ces  agents  qui  ont  une  dimension  macroéconomique  est  le  suivant  :  mieux  guider  leur  action  présente  et  prévoir,  au  moins  pour  
leur  avenir  proche,  les  grands  déséquilibres  macroéconomiques  de  cours  terme.

II - La comptabilité nationale Page 44


Révision
La comptabilité nationale correspond à la représentation concrète, méthodique et chiffrée du circuit économique national. Bien que procédant de l'analyse du
circuit keynésien, elle se veut autonome, libre de toute allégeance et au service de toutes les théories.
La comptabilité nationale s'est développée avant et pendant la Seconde Guerre mondiale : la France fut à ce propos un pays pionnier (avec SAUVY et GRUSON )
qui a pu, dès 1945, mette sur pied une comptabilité nationale (différente de la comptabilité britannique développée par STONE et MEAD).

Au fil des ans, le besoin de normalisation internationale se faisant sentir : la France s'aligne donc sur les règles de la comptabilité internationale en 1953 dans le
cadre de l'ONU (puis transposées dans le cadre de l'union européenne). Aujourd'hui, elle est en harmonie avec le système européen de comptes nationaux dit SEC
95, lui même en concordance avec ceux de l'ONU nommées SCN 93.

Cependant la comptabilité nationale n'est pas seulement une description du circuit économique : elle permet aussi de vérifier ses lois.

La consommation intermédiaire est la valeur des biens, sauf des biens de capital fixe, et des services consommés ou transformés au cours du processus productif.

CCF : C'est la dépréciation subie dans la période par le capital fixe par suite d'usure normal, d'obsolescence prévisible ou a la suite de dommages accidentels
assurables.

L'unité institutionnelle constitue un centre élémentaire de décision économique caractérisé par une unicité de comportement et une autonomie de décision dans
l'exercice de sa fonction principale.

Un secteur institutionnel regroupe les UI ayant un comportement économique analogue. L'analogie de comportement est établie en priorité par la similitude de la
fonction principale et accessoirement par la similitude de catégorie de producteur.

Un compte de secteur est le regroupement ordonné de toutes les opérations ayants affectés le secteur institutionnel dans la période.

Le Tableau Economique d'Ensemble (TEE) a longtemps été une exclusivité de la comptabilité nationale française. Le TEE est la représentation synthétique du
circuit économique national au cours d'une année.

La comptabilité nationale offre une triple utilisation :


- Elle fournit des agrégats qui permettent un suivi et une analyse de l'évolution économique globale
- Le Tableau Entrée-Sortie (TES), elle donne une vision globale de l'équilibre produit par produit dans toute l'économie
- Sur la base du TES, la comptabilité nationale permet une prévision de la production.

La  comptabilité  nationale  ne  fait  pas  que  décrire  le  circuit  économique  national  :  elle  permet  d'en  étudier  les  lois,  c’est-à-dire les relations fondamentales qui
président à l'écoulement des flux. Tirées des observations passées, ces relations stables peuvent être projetées dans l'avenir. Ainsi, au-delà d'une simple description
du présent, la comptabilité nationale fournit-elle une analyse du passé pour une meilleur prévision du futur. C'est à cette fin surtout qu'elle est utilisée par les
gouvernements pour leur politique économique.

On peut distinguer différents niveaux d'utilisation de la compta nat pour l'étude des lois du circuit : au niveau le plus simple (le plus global), la compta nat permet
d'établir des relations entre agrégats, à un niveau intermédiaire, la compta nat fonde ce que l'on appelle une méso-analyse de la production, enfin au niveau plus
détaillé, la compta nat sert à des opérations complexes de simulation de l'activité économique.

Les relations agrégées prennent le plus souvent la forme de simple ratio ou rapport entre deux agrégats. La plus célèbre est directement issue de la théorie
keynésienne, c'est la propension à consommer des ménages :

𝐶𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛  𝑓𝑖𝑛𝑎𝑙𝑒  (𝑚é𝑛𝑎𝑔𝑒𝑠)


𝑅𝑒𝑣𝑒𝑛𝑢  𝑑𝑖𝑠𝑝𝑜𝑛𝑖𝑏𝑙𝑒    𝑏𝑟𝑢𝑡  (𝑚é𝑛𝑎𝑔𝑒𝑠)

En France ce ratio est stable : il évolue depuis 10 ans entre 0,83 et 0,85.

Le ratio le plus parlant et le plus chargé d'analyse est le ratio de crise :

𝐼
𝐼 − 𝐹 < 0   ⇔ <1
𝐹
I sera représenté en comptabilité nationale par la FNC (formation nette de capital) ou la FNCF (formation nette de capital fixe) des SNF (sociétés non financières).
Quant à F, la variation des passifs financiers sera représenté par la valeur absolue du besoin de financement des SNF.

Ainsi =
| |

Il est intéressant d'évaluer, dans le cas de la France, ce ratio I/F sur une longue période :
- La seconde grande crise du XXème siècle (années 70) a été marquée en France par le maintient du ratio I/F sous son seuil critique 1 pendant 13 années (de
1973 à 1985)
- Elle permet aussi de corriger un jugement souvent répandu mais erroné selon lequel l'entrée en crise de la France et d'autre pays a été le choc pétrolier. Ce
jugement est faux en ce sens que, s'il est vrai que le choc pétrolier à joué un rôle de catalyseur, précipitant la chute dans la crise, mais il ne permet pas
d'expliquer les causes profondes : quelques années avant la crise, depuis le milieu des années 60, le ratio I/F était déjà sur une pente déclinante.
- Dans les années récentes (de 2003 à 2010), le ratio I/F dans le cas de la France se présente comme suit :

France = des SNT


| |
2003 2,6
2004 2,39
2005 1,01
2006 0,99

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2007 1,36
2008 0,92
2009 1,43
2010 1,13

On observe que le ratio I/F est un ratio de solvabilité du secteur productif : elle ne pourront pas rembourser l'intégralité de leurs dettes sur leurs revenus
courants en situation de crise (mais seulement après liquidation d'une partie de leur patrimoine). Or une crise financière ne peut se développer que s'il y à
insolvabilité des débiteurs, c'est donc logique que la crise financière soit la conséquence de la crise économique (du moins par le ratio keynésien de
solvabilité), qui débuta dès 2005. Ainsi la situation d'insolvabilité existait ex ante la crise de 2007, bien qu'elle fut l'étincelle qui mit le feu aux poudres.

La comptabilité nationale à biens d'autres utilités, comme nous allons le voir en entrant dans le Tableau Entrée-Sortie (TES)
Le TES est le deuxième grand tableau de la comptabilité nationale après le TEE. Il à pour objet de présenter l'équilibre des ressources et des emplois produits par
produits. Il complète ainsi le TEE qui met en évidence l'équilibre ressource/emploi secteur par secteur et opération par opération. Pour remplir cette mission, le
TES s'appui sur un découpage préalable de l'ensemble des produits et de l'ensemble des unités productrices en catégories homogènes se correspondant.

Le modèle Leontief : il pose et résout le problème de la détermination des productions à réaliser dans chaque branche, compte tenu de emplois finals prévus pour
chaque produit. La modèle est donc orienté en grande partie vers la planification de la production. D'ailleurs, Wassily Leontief, qui terminait en 1925 ses études
d'économie à Leningrad, s'était imprégné des méthodes de programmation abondamment discutées dans les milieux scientifiques d'URSS (Gosplan) quelques
années avant la mise en place du Premier Plan quinquennal, en 1928. Cependant, c'est une méthode originale que Leontief, émigré aux Etats-Unis dès le début des
années trente, a développée à propos d'une étude sur l'économie américaine. Pour cette étude, il a élaboré le premier tableau d'échanges interindustriels, constituant
la base de l'analyse entrées-sorties (input-output analysis) dans laquelle de nombreux auteurs, après lui, se sont engagés. En ce qui concerne la comptabilité
nationale, s'il est vrai que le TEE s'inscrit dans la lignée de la pensée de Quesnay, il est encore plus vrai que le TES prolonge celle de Leontief.
Son modèle est construit autour de deux hypothèses : l'hypothèse de stabilité de la structure productive (définition de coefficients techniques de production et
supposé constant durant la période de la prévision) et l'hypothèse d'exogénéité des emplois finals (les emplois finals sont muent par une conjoncture extérieur
prévisible.

Le soucis commun de tous ces agents qui ont une dimension macroéconomique est le suivant : mieux guider leur action présente et prévoir, au moins pour leur
avenir proche, les grands déséquilibres macroéconomiques de cours terme.

II - La comptabilité nationale Page 46


Chapitre 5 : Le court terme keynésien
"Envisager les choses dans un long espace de temps est une mauvaise méthode d'étudier les événements actuels : à la longue nous serons tous morts." Keynes,
La Réforme monétaire, 1923.

Cette célèbre phrase de Keynes rappelle que les préoccupations des économistes doivent être prioritairement de court terme. F ace à ce non possumus ("nous ne
pouvons pas"), Keynes ajoute une raison positive de ce concentrer sur le court terme : une raison positive qu'il va développe r plus tard avec son circuit. Il dira
que la courte période est la période de base de toute analyse macroéconomique, c'est pour quoi l'étude du court terme keynési en est un préalable nécessaire à
l'étude de l'analyse macro-keynésienne des déséquilibres de court terme. Dans ce cadre ainsi défini, nous reprendrons l'analyse keynésienne là où nous l 'avons
laissé : la régulation keynésienne. A ce propos, la régulation est un dyptique : l'un, celui de la politique Keynésienne (fac e à la crise notamment) où nous avons
développé comment elle arrivée à prôner le protectionnisme (nous n'y reviendrons pas), en revanche nous allons traiter le sec ond volet, celui des régulateurs
automatiques.

Il y à deux grands régulateurs automatiques face à la crise : le chômage et l'inflation (souvent réunis dans ce que l'on nomm e la stagflation). C'est donc à
l'analyse de la stagflation, ou plus généralement de l'analyse des rapports entre crise, inflation et chômage, que nous allon s nous intéresser.

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 47


Le temps de circuit
Le court terme keynésien d'identifie à ce que l'on nomme le temps de circuit. Nous allons pour ce faire le définir et en donner une expression mathématique, puis
nous procéderons en nous appuyant sur la comptabilité nationale à une évaluation du court terme keynésien, ce qui nous permet tra d'entrer de plein pied dans la
macro-dynamique keynésienne de court terme (soit montrer que le temps de circuit est la période de base de l'analyse macroéconomiqu e et dynamique
keynésienne)

I- Définition

Le circuit keynésien contient une double hiérarchie : une hiérarchie de pôles et une hiérarchie de flux. La hiérarchie de pôle est complète, en se sens qu'ils sont
ordonnés  de  la  manière  B→E→M.  En  ce  qui  concerne  la  hiérarchie  des  flux,  elle  est  partielle  :  on  connait  le  premier  flux  (F)  et  le  dernier  (S).  

C'est  cette  remarque  qui  est  à  la  source  du  temps  de  circuit.  En  effet,  il  est  défini  comme  le  temps  moyen  écoulé  entre  le  dé part  des  unités  monétaires  du  pôle  B  à  
travers  le  flux  F  et  le  retour  de  toute  ces  unités  monétaires  au  pôle  B  à  travers  le  flux  S.  Cela  dit  une  difficulté  surgi  au ssitôt  :  comment  concilier  une  telle  
définition  qui  semble  impliquer  l'antériorité  du  flux  F  sur  le  flux  S  avec  l'identité  comptable  F  =  S  qui  semble  elle  impliqu er  la  simultanéité  de  F  et  de  S.  

Quelle est la résolution de ce paradoxe ?

Ce  qui  est  vrai  c'est  l'identité  comptable  :  F  =  S  à  tout  instant,  mais  quel  sens  donner  à  la  définition  du  temps  de  circuit, soit  la  durée  qui  s'écoule  entre  le  départ  
des  unités  monétaires  à  travers  le  flux  F  et  le  retour  de  ces  mêmes  unités  à  travers  le  flux  S.
Il  y  à  certes  égalité  à  tout  moment  entre  le  flux  S  et  le  flux  F,  mais  dans  une  période  de  temps  donné  les  unités  constitutives  du  flux  F  ne  sont  pas  nécessairement  
toutes  les  mêmes  que  les  unités  monétaires  du  flux  S.  En  effet,  il  se  peut  que  parmi  les  unités  monétaire  constitutives  du  fl ux  F  et  injectés  dans  la  circulation  à  un  
moment  donné,  une  partie  d'entre  elle  ne  sera  pas  constituée  en  épargne  par  les  ménages  dans  la  période  considérée  mais  le  sera  dans  une  période  ultérieure,  
symétriquement  il  se  peut  aussi  qu'un  partie  des  unités  monétaires  constitutives  du  flux  S  n'est  pas  été  injecté  au  cours  de   cette  période  mais  dans  une  période  
antérieure.  

Par  conséquent,  pour  mesurer  le  temps  de  circuit,  il  suffirait  de  suivre  toutes  les  unités  monétaires  partis  du  pôle  B  à  travers  le  flux  F  à  un  moment  donné  et  de  les  
suivre  jusqu'à  ce  qu'elles  se  soient  toutes  constituées  en  épargne.  Il  faudrait  ainsi  suivre  toutes  les  unités  monétaires  et   leur temps de parcours : on effectue donc
une moyenne.

En  pratique  cela  est  bien  plus  compliqué  :  nous  allons  donc  cherche  une  expression  particulière  du  temps  de  circuit.  

II- L'expression du temps de circuit

A  priori,  suivre  chaque  unité  monétaire  est  impraticable.  Ainsi  le  temps  de  circuit  est-il  voué  à  rester  un  simple  concept  abstrait  ?

Nous  allons  donc  faire  une  simulation  sur  le  parcours  d'une  unité  monétaire  représentative  (dont  le  temps  de  parcours  sera  la moyenne du temps de parcours de
toutes  les  unités  monétaires  en  circulation).  

Circuit keynésien de base

Forme réduite
Forme canonique
(avec coefficients)

B B

S F s 1

C c
M E M E
Y = W+P U+I y x

B 𝐶 𝐶
E M = =𝑐
𝐶+𝑆 𝑌
𝑐+𝑠 =1
F U U C Y 𝑆 𝑆
S = =𝑠
𝐶+𝑆 𝑌
I I S

Y C
𝑈+𝐼
=𝑥
F 𝑈+𝐼+𝑌
𝑥+𝑦 =1
𝑌
=𝑦
𝑈+𝐼+𝑌

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 48


Y C
𝑈+𝐼
=𝑥
F 𝑈+𝐼+𝑌
𝑥+𝑦 =1
𝑌
=𝑦
𝑈+𝐼+𝑌
F=S
U+I+Y=U+I+C+F
C+S = Y

1 représente l'unité monétaire représentative. Or il ne pourra être qualifié


comme tel que s'il se comporte réellement comme la moyenne de l'ensemble
des unités monétaires en circulation

Les coefficients s,c, y et x sont des coefficients stables à court terme : chaque fois qu'une certaine quantité d'unité monétaire arrive au pole M il y au ra
systématiquement dans l'instant suivant une proportion c d'entre elle qui reviendra en consommation aux entreprise et une part s qui reviendra en épargne aux
banques. Chaque fois qu'une certaine quantité d'unité monétaire arrive au pôle E, dans l'instant suivant il y aura systématiq uement une proportion x donné d'unité
monétaire qui bouclera autour du pole E et une quantité d'unité monétaire y qui ira vers le pole M.

L'unité représentative est l'unité qui doit se comporter à elle seule comme la moyenne de toutes les autres : ici nous sommes dans le schéma d'une unité
monétaire indivisible et insécable. Ainsi lorsqu'elle arrivera vers le pole M, elle se dirigera ensuite vers le pole E ou B n on pas dans une proportion c ou s (car
unité indivisible) mais avec une probabilité s ou c qu'elle se dirige entièrement vers l'un de ces pôles.

Ces coefficients s'interprètent comme des probabilités du passage d'un flux à un autre : c'est le circuit keynésien probabili ste.

Il nous faut exprimer le temps moyen de parcours des unités monétaires entre son départ de B et son arrivée à B.

Expression du temps de circuit dans le circuit keynésien probabiliste : le temps de circuit est le temps de parcours de l'uni té monétaire représentative entre
l'instant de son départ du pôle B et l'instant de son premier retour au pôle B. Dès lors, ce temps doit être mesurer : c'est l'adition des temps de passage d'un pôle à
un autre et l'addition des temps de séjours dans les différents pôle (entre E et M).

Ceci va être simplifier : les temps de passage d'un pôle à un autre sont instantanés dans la réalité (temps économiquement nu l par rapport au temps de séjour
monétaire dans les pôles M et E). Le temps de circuit est donc le temps total de séjour de cette unité monétaire en E et en M .

Pour faire ce calcul nous allons nous appuyer sur un célèbre théorie probabiliste, tout en faisant l'hypothèse simplificatric e suivante : la durée de séjour de l'unité
monétaire représentative dans un pôle quelconque est la même, quelque soit le pôle et de plus constante au cours du temps. No us pouvons donc noter :

- d : durée moyenne de l'unité monétaire représentative dans un pôle quelconque (B, E ou M)


- T : temps de circuit

T = d x nombre de séjours de l'unité monétaire représentative dans les pôles E et M entre son départ de B et son premier retour à B

Nous faisons appelle à la théorie des chaines de Markov, représentant un processus aléatoire. Appliqué à notre circuit keynés ien s'énonce ainsi : le nombre
moyen de séjour dans les trois pôles B, E et M de l'unité monétaire représentative entre deux départs consécutifs de cette unité monétaire d'un pôle donné B, E
ou M est égale à l'inverse de la probabilité que cette unité monétaire soit en un instant quelconque trouvée en ce pôle.

Imaginons un observateur surgissant à un moment quelconque alors que l'unité monétaire est en circulation, il serait certain de trouver l'unité monétaire toujours
en l'un des trois pôles B, E ou M mais jamais entre les pôles. Puisqu'elle est nécessairement dans l'un des pôles, il y à tro is probabilités :

- PB : probabilité que l'unité monétaire soit trouvée au pôle B


- PE : probabilité que l'unité monétaire soit trouvée au pôle E
- PM : probabilité que l'unité monétaire soit trouvée au pôle M

Ainsi la probabilité certaine de trouver l'unité monétaire est égale à : P B + PE + PM = 1 (1)

Appliquons le théorème de Markov au pôle B : le nombre moyen de passages de l'unité monétaire dans B, E et M entre deux dépar ts consécutifs de B =
B

Ainsi on peut écrire que 𝑇 = 𝑑 × −1


B

Si on néglige d, on a −1= B
= E
 
M
soit trois inconnus.
B B B

𝑃B + 𝑃E + 𝑃M = 1                (1)
𝑃B= 𝑠𝑃                                            (2)
M
𝑃  M ≪ 𝑦𝑃                                        (3)
E

𝑃E 𝑃M
𝑃 1+ + = 1  
B 𝑃B 𝑃B
𝑃E 𝑃M 𝑃M
𝑃B 1 + × + = 1  
𝑃M 𝑃B 𝑃
B

1 1
𝑃B 1 + + = 1  
𝑠𝑦 𝑠

1 1 1
1+ + =
𝑠 𝑠𝑦 𝑃

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 49


1 1 1
1+ + =
𝑠 𝑠𝑦 𝑃B

1 1 1
−1= 1+
𝑃B 𝑠 𝑦

1 1
𝑇= 1+ × 𝑑                                                                                      (4)
𝑠 𝑦

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 50


Evaluation de la courte période keynésienne

I- Identification du temps de circuit et du court terme keynésien

Il est bien connu que l'analyse Keynésienne est une analyse de court terme (fondée sur une période de base courte), mais Keynes comme souvent ne précise pas
suffisamment sa pensée et en l'occurrence le court terme. Dès lors plusieurs définitions ont été données :
- La plus courante, plus ou moins cautionnée par Keynes, résulte d'une simple transposition à l'analyse macroéconomique de la d éfinition du court terme en
analyse microéconomique. En micro, l'opposition court/long terme est fondée sur une opposition de facteur de production : a l ong terme, tous les facteurs
de production sont variables, à court terme, seul le facteur travail est variable, le capital lui est constant. D'où la défin ition suivante : la période durant
laquelle l'on peut considérer le capital fixe comme constant. Le court terme keynésien est généralement défini en macroéconom ie de la manière suivante :
la courte période keynésienne est le temps maximum pendant lequel on peut considérer le capital fixe comme constant. La notat ion habituelle est :
K : stock de capital fixe
K constant à court terme ⇔   ∆𝐾 = 0 à court terme
∆𝐾 (augmentation du stock de capital) = I (investissement)
Ainsi considérer la courte période en tant que constance du capital fixe signifierait un investissement net nul.

II- Evaluation du temps de circuit dans le cas de la France

,
A partir du TEE, nous pouvons avoir une évaluation de 𝑠 = = = 0,161  𝑠𝑜𝑖𝑡  16,1%
,

    é       ,
𝑦= = = 0,268  𝑠𝑜𝑖𝑡  26,8%
      ,

1 1
𝑇= 1+ ×𝑑
0,161 0,268

Que savons nous du contexte économique actuel en France ?

La majeure partie de la population active est salariée ou pensionnée (avec des revenus mensualisés). Nous donc pouvoir étudie r et trouver d à partir du circuit
keynésien simplifié (probabiliste). Si les salaires sont versés en début de mois, l'unité monétaire représentative va passer de E à M en paiement de salaire, puis
dans le courant du mois, cette unité monétaire va être utilisée par les ménages pour leur consommation et donc revenir à E, d e sorte que l'unité monétaire
pourra  repartir  vers  M  le  mois  suivant  …  Dans  la  durée  d'un  mois,  l'unité  va  donc  faire  deux  séjours  :  un  au  pôle  E  et  un  en   M.

2 × 𝑑 = 1  𝑚𝑜𝑖𝑠  (𝑠𝑜𝑖𝑡  4  𝑠𝑒𝑚𝑎𝑖𝑛𝑒𝑠)

1 1
𝑇= 1+ × 2 = 59  𝑠𝑒𝑚𝑎𝑖𝑛𝑒𝑠  (𝑠𝑜𝑖𝑡  1  𝑎𝑛  𝑒𝑡  2  𝑚𝑜𝑖𝑠  𝑒𝑛𝑣𝑖𝑟𝑜𝑛)
0,161 0,268

Cette analyse montre donc que le temps de circuit est l'expression exacte de la courte période keynésienne.

Ainsi la littérature économique qui omet le circuit keynésien fera une analyse dynamique avec une période de temps exogène, a rbitraire. L'apport du temps de
circuit à l'analyse économique est que la période est définie de manière endogène (ce qui objective l'analyse macro -dynamique).

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 51


La période de base de l'analyse macro-keynésienne

La période du cycle de l'inflation se définit par le temps de circuit. C'est par la théorie elle-même que la proposition selon laquelle le temps de circuit est la période
de base de l'analyse macro-keynésienne. Ainsi nous verrons que le temps de circuit est le temps de validité des anticipations des entrepreneurs, puis no us
établirons que le temps de circuit est le temps imparti au pôle E pour satisfaire la contrainte monétaire.

I- Le temps de validité des anticipations


Keynes construit sa Théorie Générale sur ce qu'il nomme le principe de la demande effective. Ce principe est le rôle moteur des anticipations des entreprises. Ces
dernières au début d'une période fixe leur investissement à un niveau tel que le revenu qui en découlera par le multiplicateur puisse permettre l'achat de tous les
produits dont leurs anticipations leurs font espérer la vente. L'investissement est donc déterminé par les anticipations : des anticipations optimistes favorisent des
investissement élevés, et inversement.

Mais d'où vient que les anticipations seront plus ou moins optimiste ?

Du profit réalisé. Les anticipations seront plus ou moins optimiste en fonction de la comparaison qui sera faite par les entreprises en fin de période précédente entre
le profit qu'elles avaient anticipé au début de la période précédente et le profit qu'elles ont réalisées à la fin de la période précédente.

Si le profit réalisé est fortement supérieur au profit anticipé en début de période t-1, cela signifie que l'anticipation à été trop faible et qu'il faut donc les réviser à la
hausse. SI au contraire il apparait que le profit réalisé est sensiblement inférieur au profit anticipé en début de période t-1, cela signifiera que leurs anticipations
avaient été exagérément optimistes et réviserons les futures à la abaisse.
C'est en fin de temps de circuit que le profit réalisé est évalué. La fin de période marque la fin du temps de circuit, c'est également le moment où les entreprises
vont réviser leurs anticipations, il faudra aussi déterminer les seuils à partir desquels l'entreprise va réviser ses anticipations en hausse ou en baisse.

Ces seuils s'évalue assez facilement une fois calculé le profit anticipé (𝜋 ∗).

𝜋 =𝐼−𝐹 =𝐼−𝑆
𝜋 ∗= 𝐼 ∗ −𝐹

L'erreur d'anticipation sera donc égale à 𝜋 ∗ −𝜋. Dès lors, si ce résultat est négatif (𝜋 ∗ −𝜋 > 𝜋 ∗  ⇔  𝜋 < 0), les anticipations ont été surévaluées : l'erreur
d'anticipation dépasse le profit anticipé, il fait réviser à la baisse les anticipations.

Le temps d'anticipation correspond à la période nécessaire à la constitution de la monnaie en épargne, autrement dit le temps de circuit.

Le temps de circuit est également le temps nécessaire à l'expression de la contrainte monétaire.

II- La contrainte monétaire

La contrainte monétaire est la contrainte que toute monnaie en circulation fait peser sur l'économie, par le simple fait que cette monnaie à pour contrepartie une dette
d'un agent à besoin de financement qui n'est pas encore remboursée. La contrainte monétaire est donc la contrainte de remboursement des dettes qui sont la
contrepartie de la monnaie en circulation.

Exemple :

Une banque prête à un ménage pour lui permettre d'acheter une voiture. Le ménage détient donc de l'argent qui va lui permettre d'acheter la voiture qu'il souhaite et
en contrepartie la banque détient sur le ménage un créance. Lorsque le ménage aura remboursé le crédit, il n'aura plus la monnaie qui aura été créé par la banque,
mais en contrepartie la créance détenu par la banque sur le ménage s'éteindra. La monnaie injectée en début de période l'est à travers le flux F, le flux F représente
donc le crédit de la banque au pôle à besoin de financement qui est le pôle E, et c'est ce crédit F qui est la contrepartie de la monnaie en circulation mise à la
disposition des entreprises et qui fait peser sur elle la contrainte monétaire, soit la contrainte de remboursement.

Ainsi cette contrainte monétaire peut être satisfaite à la condition que 𝐼 − 𝐹 ≫ 0 ⇔ ≫1

Il faut maintenant éclairer le lien entre la contrainte monétaire ou la condition de crise et le temps de circuit.
Ce lien direct résulte de la décomposition 𝑇 = 1+ 𝑑  

𝐼 𝐼 𝑈+𝐼 𝑈+𝐼+𝑌 𝑌 𝑆
= × × × ×
𝐹 𝑈+𝐼 𝑈+𝐼+𝑌 𝑌 𝑆 𝐹
𝑈+𝐼 𝑈+𝐼+𝑌 1 𝑌 1 𝑆
= 𝑥      ;     =    ;     =      ;     = 1
𝑈+𝐼+𝑌 𝑌 𝑦 𝑆 𝑠 𝐹

𝐼 𝐼 𝑥 𝐼 1
= × = ×𝑥×
𝐹 𝑈 + 𝐼 𝑠𝑦 𝑈 + 𝐼 𝑠𝑦

𝑇 1 1 1 𝑇 1
= + ⇒ = −
𝑑 𝑠 𝑠𝑦 𝑠𝑦 𝑑 𝑠

𝐼 𝐼 𝑇 1
= − ×𝑥
𝐹 𝑈+𝐼 𝑑 𝑠

Plus le temps de circuit est long, plus I/F sera élevé, plus la contrainte monétaire sera satisfaite. Le temps de circuit est donc le temps imparti aux entreprises pour
satisfaire à la contrainte monétaire.
Si le temps de circuit est trop court, si la condition de crise est donc rempli, nous avons vu les conséquence (au chapitre 2) : nécessaire mise en œuvre d'une politique

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 52


Si le temps de circuit est trop court, si la condition de crise est donc rempli, nous avons vu les conséquence (au chapitre 2) : nécessaire mise en œuvre d'une politique
anticrise qui n'aura d'efficacité que si elle protège efficacement l'investissement dans le pays ( protège les profits des entreprises résidentes).
Mais il y a d'autres conséquences : le chômage et/ou l'inflation. Nous allons donc étudier la relation inflation/chômage.

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 53


Chapitre 6 : La relation inflation-chômage

La relation entre inflation et chômage à été remarquée par des économistes traditionnels, mais il n'en tirent pas les mêmes conclusion que les économistes keynésiens.
Nous allons donc d'abord voir la relation inflation chômage chez les classiques, dans la logique du marché, puis nous étudierons cette relation avec Keynes

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 54


La relation inflation-chômage dans la logique du marché

Dans la logique du marché, toutes les marchandises y compris la force de travail, sont censés obéir à la loi du marché communément appelée loi de l'offre et de la
demande. Lorsque sur un marché donné, y compris le marché du travail, la demande globale excède l'offre globale le prix va monter, inversement lorsque l'offre
dépasse la demande, le prix va baisser.
Dans le premier cas, l'excès de la demande sur l'offre qui fait augmenter les prix va décourager la demande et encourager l'offre, ainsi l'équilibre va tendre à se
rétablir (théorie héritée de la théorie Walras). C'est sur cette logique qu'est analysée la relation inflation chômage à travers la relation dite de Phillips-Lipsey.
Cette relation à même reçu à une époque la caution keynésienne, apparaissant comme ayant une portée universelle. Enfin nous verrons la stagflation, concomitance
du chômage et de l'inflation.

I- La relation de Phillips-Lipsey
Alors que Phillips avait fait une étude empirique, Lipsey l'a théorisé.
Phillips à publié en 1958 dans un article passé à la célébrité (dans Economica), une étude portant sur l'Angleterre de 1851 à 1957 concernant la relation observée
entre le taux de variation des salaires nominaux dans l'industrie manufacturière et le taux de chômage (U). Si l'on prend w (taux de salaire nominal), on a :

: taux de variation (trimestriels) des salaires nominaux

Ainsi il à montré que lorsque le taux de variation des salaires nominaux augmente, le chômage tend à réduire (relation invers ement proportionnelle) et inversement.
Les observations peuvent se résumer sur le graphique suivant :

∆𝑊
Courbe de Phillips
𝑊

U
U

Dans les phases d'expansion (le chômage se réduit) il y à une accélération des variation des salaires nominaux et inversement en période de troubles
économiques. Ces observations cycles par cycles se représentent sur une courbe. Ce courbe traverse la barre du taux de chômage (U) en un point d'équilibre (ni
augmentation du chômage ni de l'inflation) : c'est ce que l'on nomme taux de chômage naturel, taux de chômage normale ou taux de chômage d'équilibre.
En ce qui concerne l'explication théorique de la relation de Phillips entre taux de chômage et taux de variation des salaires nominaux, Lipsey s'appui sur la loi de
l'offre et d e la demande appliquée au marché du travail : ainsi lorsque sur ce marché l'offre (émanant des travailleurs) excède la demande (émanant des
employeurs), il y à dans la logique du marché on doit baisser une baisse du taux de variation des salaires, ou tout au moins une décélération du taux
d'augmentation des salaires nominaux. Inversement, lorsque sur le marché du travail la demande de facteur travail excède l'offre il y aura une augmentation du
prix du travail, une augmentation des salaires nominaux.

En 1960, Lipsey donne à l'étude un soubassement empirique dans le cadre du paradigme du marché. Entre temps il à étendu la relation entre taux de chômage et
taux de croissance des salaires à une relation entre taux de chômage et inflation.
Il établi cette relation sous l'hypothèse que le niveau général des prix est indexé sur les salaires. Soit si l'on note P le niveau général des prix, le taux de variation
(trimestriel) de P sera :
∆𝑃 ∆ ∆
𝑃 Et la relation de Lipsey s'exprime : =

Cette relation de Phillips-Lipsey, née en dehors de tout contexte keynésien, à reçu très vite la caution keynésienne au point de devenir un pilier du
keynésianisme.

II- La caution keynésienne

La Théorie générale de Keynes parut en 1936, n'aborde guère directement la question de l'inflation et privilégie la question du chômage. Il n'en va pas de même
de l'ouvrage précédent de Keynes, le Traité de la Monnaie, parut en 1930. En effet dans ce livre il établi une condition caractéristique de ce qu'il appelle alors la
déflation et qu'il exprime par : I - S < 0 (ou I < S)

La déflation qui est synonyme de crise, caractérisée par cette inégalité, signifie en effet chômage et baisse du niveaux géné ral des prix. Chômage puisque
l'excédent de S sur I signifie déficit de la demande de consommation (l'épargne étant la non consommation finale) d'où faible incitation des entreprises à investir,
d'où une faible demande de l'investissement, donc sous-investissement et sous-emploi donc chômage.
Tandis que la sous-consommation et sous-investissement signifie une insuffisance de la demande globale par rapport à l'offre et par conséquent une baisse du
niveau général des prix. Cette inégalité explique donc le chômage et la baisse des prix (lien avec la relation de Phillips -Lipsey).

L'analyse keynésienne du Traité de la monnaie colle donc aux observation de Phillips et à l'explication théorique donnée par Lipsey. Mais c'est l'analyse de
Keynes du Traité de la Monnaie, donc antérieur à 1932 avec la révolution keynésienne : le Keynes auquel on se réfère pour cautionner la relation de Phillip s-
Lipsey est un Keynes "archaïque", avant sa révolution.

La relation de Phillips-Lipsey est très vite devenue une pièce maitresse du keynésianisme.

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 55


Jusqu'au seuil des années 70, la politique keynésienne inspirée par cette relation, était une politique qui "soufflait" alter nativement le chaud et le froid. Dans les
période de marasme économique (chômage devenant excessif), la politique keynésienne pratiquée alors la relance en abaissant l e taux d'intérêt (politique
monétaire), en creusant le déficit de l'Etat (politique budgétaire) et cela sans craindre un risque démesuré de l'inflation ( un mal pour un bien).
Dans les période dites de surchauffe, lorsque l'inflation était jugée excessive, le keynésianisme prenait le visage de la rig ueur voire de l'austérité : augmentation
des taux d'intérêts, diminution du déficit budgétaire (rigueur fiscale, coupe dans les dépenses publiques) sans craindre de p rovoquer du chômage (jugée chose
normale, prix à payer). C'est ce que les anglais ont appelé politique de stop and go.

Cette politique à été la politique classique des gouvernements occidentaux tout au long des années 1960. A la fin de cette dé cennie, au début des années 70 aux
Etats-Unis, puis dans le reste du monde, un phénomène nouveau est apparu : la stagflation. C'est un phénomène où l'inflation et le chômage, loin de se contredire
l'un l'autre, se développe en concomitance, dès lors la politique de stop and go devint impraticable.

Cette politique de stop and go, fondée sur la relation de Phillips-Lipsey, vouée à l'échec à plongée le keynésianisme dans une grave crise, profitant au
monétarisme.

III- La stagflation, le monétarisme et la crise du keynésianisme

L'arrivée de la seconde grande crise du XXème siècle, révélée en 1973 par le premier choc pétrolier, à laissé désarmée la politique keynésienne. La stagflation est
cependant apparu antérieurement au choc pétrolier : elle avait été signalée aux Etats-Unis dès la fin des années 1960. On a même découvert à cette époque qu'un
auteur beaucoup plus ancien, contemporain de Keynes, l'autrichien (représentant de l'école de Vienne) Friedrich von Hayek, dans un ouvrage intitulé Prix et
Production (1931), avait dans sa controverse avec Keynes, opposé à la théorie de la déflation une théorie de la crise dans laquelle Hayek expliquait déjà une
relation entre chômage et inflation, la stagflation.

Hayek étant encore vivant dans les années 1970, on lui à décerné le Prix Nobel en 1974.

Tout ceci est donc révélateur d'une prise de conscience tardive à travers ce phénomène nouveau d'une autre relation entre inflation et chômage que celle décrite
par la relation de Phillips-Lipsey. C'est le premier choc pétrolier qui va être l'électrochoc : il va mettre en évidence l'échec massif et répété des traditionnelles
politiques de relance, mettant en évidence l'invalidité de la relation de Phillips-Lipsey.
Le monétarisme dont le foyer est alors aux Etats-Unis l'Université de Chicago, derrière son chef de fil Milton Friedman, qui déjà rêvait depuis longtemps de
remplacer le keynésianisme va profiter de la situation nouvelle qu'offre la stagflation. Friedman propose donc son explication de la stagflation, qui est en même
temps un réquisitoire implacable contre les politiques keynésiennes de stop and go.

Il faut rendre cette justice à Friedman qu'il n'a pas attendu le choc pétrolier pour lancer son attaque. Sa thèse est la suivante : Se sont les politiques keynésiennes
de relance qui par leur répétition et leur entêtement sont causes de la stagflation. En effet, ces politiques à cause de tauxd'intérêt trop bas et de déficit budgétaire
démesurés, favorisent une création de monnaie excessive. Avec ce résultat, qui un certain temps a pu favoriser la demande et donc une baisse du taux de
chômage, les décideurs et agents ont vite anticipés l'inflation que cette quantité de monnaie allait fatalement entrainer, ont cessé de réagir positivement à la
relance. Ces techniques de relances obstinées n'ont fait que progresser l'inflation sans faire baisser le taux de chômage à long terme (à la rigueur, effets bénéfiques
à court terme).

Cette thèse monétariste selon laquelle une création excessive de monnaie n'aboutiront qu'a augmenter l'inflation sans endiguer le chômage est fondée sur une
théorie économique très ancienne et très connue : la théorie quantitative de la monnaie. Selon cette théorie, dont l'invention remonte au XVIème siècle dans le
cadre de la controverse de Jean Baudin et Malestroit, puis grâce à l'américain Irving Fisher au XIXème siècle, il existe un lien de proportionnalité entre la quantité
de monnaie en circulation et le niveau général des prix (à moyen/long terme). Si la quantité de monnaie en circulation augmente de 10%, il y aura une
augmentation à terme du niveau général des prix de 10%.

Friedman admet qu'à court terme, l'augmentation de la monnaie en circulation peut avoir un effet positif sur la production et donc sur l'emploi, mais très vite, les
agents anticipant l'inflation ne vont plus réagir à l'augmentation de la masse monétaire qui provoquera de l'inflation.

Depuis, cette théorie est devenue le pilier de la pensée monétaire classique.

Friedman qui est par ailleurs un auteur de science, auteur d'ouvrage de méthodologie économique, entend apporter une preuve du bien-fondé de la théorie
quantitative de la monnaie. Il va la développer à partir d'une observation de la relation entre l'augmentation de la quantitéde monnaie et du niveau général des
prix, non seulement aux Etats-Unis mais tous les pays et de tous les temps (où il possède des statistiques).

Il dira que partout et de tout temps, il y à une corrélation très forte entre l'augmentation de la masse monétaire et les variation du niveau général des prix : ainsi
pour Friedman c'est la preuve que la théorie quantitative de la monnaie est fondée. A l'université de Chicago, un autre économiste va essayer d'aller plus loin que
son maitre : Robert Lucas (bob pour les intimes). Une vingtaine d'année plus tard, il développe une nouvelle théorie classique : l'école des anticipations
rationnelles. L'hypothèse de base de Lucas est que les décideurs sont des agents parfaitement rationnelles, à la différence des agents friedmaniens qui sont
asymptotiquement rationnelle. L'homo oeconomicus lucasien est un agent qui connait parfaitement la théorie monétaire et qui ne se trompe pas (dès le départ
anticipe l'inflation) et ne va donc pas réagir, même momentanément, à l'augmentation de la masse monétaire.

Cette critique de Friedman, renforcée sur le moment par celle de Lucas, à provoqué dans les années 70 une crise du keynésianisme, puisqu'il est apparu que ce
dernier fondé sur la relation de Phillips-Lipsey et les politiques de stop and go, c'était que sans doutes les politiques keynésiennes n'étaient pas valables. Ainsi la
position hégémonique du keynésianisme à laissé la place au monétarisme. Ainsi les années 70 furent marqué par le détournement de nombreux économistes
keynésiens (ou soit disant tel) vers le monétarisme.

Ce détour par le monétarisme à eu pourtant une conséquence heureuse : elle à conduit les keynésiens restés fidèle à la penséede Keynes à relire ses écrits (et pas
simplement sa Théorie Générale), en on approfondi leur connaissance, et on ainsi découvert au cœur de la pensée keynésienne le circuit (année 80). Schumpeter
lui-même à dit à propos de la lignée du circuit, qu'elle était l'une des lignées les plus importantes de toute l'analyse économique. Et pourtant parle de la lignée qui
va de Petty à Cantillon puis à Quesnay, mais ne voit pas que Marx se rattachait à cette lignée ni Keynes (qui était certes son contemporain). Et cette découverte à
permis de remettre en perspective l'analyse keynésienne de la relation inflation/chômage et de comprendre que la pensée de Keynes, loin de donner caution à la
relation de Phillips-Lipsey était au contraire une théorie de la stagflation.

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 56


La relation inflation-chômage dans la logique du circuit
Cette relation est fondée sur la révolution keynésienne de 1932, qui s'est épanouit en 1936 dans la Théorie générale.

Nous allons séparer ici l'analyse du chômage de celle de l'inflation, ainsi nous verrons d'abord le chômage conjoncturel et structurel, puis nous étudierons
l'inflation de sortie de crise et l'analyse keynésienne de la stagflation, enfin nous analyserons la réfutation keynésienne de la réfutation monétariste du bien-fondé
de la théorie quantitative de la monnaie.

I- Chômage conjoncturel et chômage structurel selon le circuit keynésien


Le chômage est l'un des aspects de la régulation automatique de l'économie capitaliste face à la crise. La condition de crise selon le circuit keynésien est
représentée par la relation suivante I - F < 0 : le profit net non distribué du pôle production est globalement négatif. Ainsi pour sortir de cette situation, et rest aurer
un profit globalement non négatif, il faut réduire leurs coûts de production, et parmi eux le plus important : le coût salari al.

Dans les économies contemporaines, la réduction du coût salarial par la baisse des salaires nominaux est impossible en raison de la résistance des syndicats, par
conséquent la seule voie possible pour réduire le coût salarial consiste pour les entreprises à arrêter la production, ou du moins la délocaliser dans les pays à bas
salaires, dans les secteurs les moins rentables de leur activité.

Il en résulte une mise à pied des travailleurs employés dans ces secteurs dont l'activité est stoppée, et par conséquent un d éveloppement du chômage. Bien qu'en
pratique il n'y ai pas de différence entre chômage conjoncturel ou chômage structurel, cette distinction à une portée analyti que importante et bien dégagée par le
circuit keynésien.

Le chômage conjoncturel : c'est celui dont l'analyse tient dans le cadre de la période (temps de circuit). Il est lié à une r évision en baisse en début de période des
anticipations des entrepreneurs. Cette révision est elle-même liée à des profits réalisés dans la période précédent insuffisants (a fortiori des pertes). Ceci abouti au
début de la période présente à une diminution de l'endettement des entreprises F 𝐹 − ∆𝐷                          (∆𝐹 > 0)

Cette diminution de l'endettement des entreprises va, par le jeu du multiplicateur, engendré une diminution ∆𝑌 des revenus distribués aux ménages. (∆𝑌 = 𝑘∆𝐹)

Ce chômage conjoncturel s'explique donc par une baisse des anticipations dans la période.

Si la baisse du coût salarial induite par une diminution de la masse salariale ne suffit pas pour redresser les profits (en fin de période I - F < 0 perdure), il viendra
un moment où les entreprises seront jugées par leurs créanciers incapable de rembourser leur dette même en licenciant et par conséquent seront poussés à la
liquidation partielle ou totale, le cas échéant à la faillite.
Leurs actifs seront récupérés à vil prix par les entreprises prospères malgré tout, et celles-ci s'empresseront de poursuivre les licenciements dans les entreprises
rachetés supposées non rentables. Cette restructuration du capital va amener un surcroît de chômage : c'est le chômage structurel.

Chômage conjoncturel et chômage structurel ont en commun d'être l'un et l'autre engendré par une situation de crise et de contribuer tous deux à l'effort de sortie
de crise, mais peuvent ne pas suffire. Dans ce cas les entreprises ont recours à un autre moyen pour redresser les profits, complémentaire et non exclusif du
chômage : la hausse de leurs recettes par la hausse de leur prix de vente. Ces deux mécanismes étant non exclusifs, c'est donc bien une relation de stagflation.

II- L'inflation de sortie de crise et l'analyse keynésienne de la stagflation

A B E

U U
Z T F S

D I I
J D
L Y J

H C

X
F

RdM M

X H C Y
Hypothèse : X - H > 0 L
(excédent commercial S Z
du pays)
T

L'analyse de la relation inflation-chômage selon le circuit keynésien, loin de négliger la stagflation, en donne une explication : l'inflation et le chômage sont
utilisés conjointement pour redresser la situation (passer de l'inégalité de crise à l'inégalité de non crise).

Nous allons donc faire l'hypothèse que les entreprises pensent pouvoir sortir de la crise par la seule hausse des prix (ans recourir au chômage). Sous cette
hypothèse générale, nous allons calculer le taux d'inflation de sorti de crise, soit le taux d'augmentation du niveau général des prix, capable de renverser d'un

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 57


hypothèse générale, nous allons calculer le taux d'inflation de sorti de crise, soit le taux d'augmentation du niveau général des prix, capable de renverser d'un
période à la suivante l'inégalité critique I - F < 0 en l'inégalité de non crise I - F > 0.

Parmi tous les taux d'inflation de sorti de crise, il existe ce que l'on appelle un taux minimum d'inflation de sorti de crise, étant défini comme le taux d'inflation
qui d'une période à la suivante fera passer de l'inégalité critique I - F < 0 à la simple inégalité I - F = 0 (équilibre fort).

A cette hypothèse générale, nous allons ajouter trois hypothèses destinées à faciliter le calcul de ce taux :
- Les revenus versés aux ménages restent constant d'une période a la suivante, aussi longtemps que les ménages ne revendiqueron s pas pour leur revenu un
rattrapage de l'inflation.
- Les entreprises parce qu'elles ne sont censées recourir qu'a l'inflation pour sortir de la crise, ne diminuent en rien leur p lan de production (prévoit de produire
les mêmes quantités avec le même volume d'emploi).
- Les importations sont supposées constantes en volume et en valeur.

Cela  dit,  nous  allons  périodiser  l'analyse,  c’est-à-dire voir comment les choses se passent au cours de périodes successives. Nous allons envisager quatre périodes
successive :
- La première période, dite période 1, est une période à l'issue de laquelle dans l'économie considérée la condition de crise apparaitra, autrement dit à la fin
apparait I - F < 0. Dans ce cas, nous savons que le revenu global que nous allons noter R 1 à deux expression, l'une découlant de la définition même du revenu
global (somme des contribution de l'Etat et des entreprises R A + RE, soit R1 = Z + I + J + C + X - H (7)) et l'autre obtenue à partir de l'équilibre comptable au
pôle E (R1 = (Y + Z) + (I - F) (8)).
- Dans la période 2, les entreprises vont sortir de la crise en appliquant le taux minimum d'inflation de sorti de crise, et seulement ce taux d 'inflation (sans
recourir à l'allègement de leur coût, et notamment leur coût salariaux par le chômage). Ce taux minimum d'inflation de sorti de crise sera noté g. Nous
admettons que ce taux va être appliqué par les entreprises uniformément à tous leurs produits vendus. Quelle va être l'expres sion du revenu global
correspondant à la relation (7) ?

R2 = Z + (I + J + C + X)(1 + g) - H (7')

= Z + (I +J + C + X) - H + g(I + J + C + X)
= R1 + g(I + J + C + X)
R2 = (Y + Z) + (I - F) =0

Ainsi R2 = Y + Z (8')

(7) et (7') R2 - R1 ? (8) et (8')

R2 - R1 = g(I + J + C + X) R1 = R2 + (I - F)
R2 - R1 = F - I >0

𝐹−𝐼
Ainsi le taux d'inflation minimum de sorti de crise est égal à : 𝑔= Avec donc g > 0 (9)
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋

Ce taux est d'autant plus élevée que l'écart critique F - I est élevé.

Exercice
Calculons le taux d'inflation minimum de sorti de crise lorsque on s'affranchi de l'hypothèse 3 et que l'on suppose donc que les importations augmente elle aussi
au même taux que les importations (supposant la crise est aussi présente à l'étranger, qui possède le même écart critique).

Période 1 Période 2
H H(1 + g)

R1 = Z + I + J + C + X - H (7) R2 = Z + (I + J + C + X)(1 + g) - H (7')

R1 = (Y + Z) + (I - F) (8) = R1 + g(I + J + C + X)

(I - F <0) R2 = Y + Z

R2 - R1 = g(I + J + X - H)

R2 - R1 = F - I

𝐹−𝐼
𝑔= (9')
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋−𝐻

Le taux d'inflation de sorti de crise est plus élevé car quand le prix des importations augmente au même taux g, cela aggrave la situation de crise.

- Dans la période 3, les salariés vont revendiquer, et obtenir sous la menace de la grève, un rattrapage de l'inflation par leur salaire. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait
dès la deuxième période ? Car les entreprises n'ont pas annoncé qu'elles allaient augmenter leur prix, c'est don après coup que les ménages ont constatés la
baisse de leur pouvoir d'achat. C'est donc dans la période suivante (la troisième) que les ménages vont revendiquer leur augmentation.
Les ménages ne vont pas chercher à gagner plus que la réparation du préjudice qu'ils ont subi, le pouvoir d'achat à été diminué par le taux g, ils vont donc
obtenir une majoration de leur salaire au taux g :
(Y + Z)(1 + g)

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 58


Cette revendication est-elle légitime ? Oui si les ménages ne sont pas responsable de la situation de crise de la période 1. S'ils sont les responsables, ils n'ont
aucun droit moral à demander une augmentation en période 3. Même si les ménages ne sont pas responsable, et donc que leurs revendications sont légitimes
et qu'ils les obtiennent, il est possible que cette hausse du coût salarial fasse replonger l'économie de la crise.

R3 = gZ + Z + (I + J + C + X)(1 + g) - H (7')

= gZ + R2

R3 = gY + gZ + Y + Z + P (avec P = I3 - F3) (8'')

= gY + gZ + R2 + P

R3 = R3 + gY + P
=0
P = − gY < 0

La hausse légitime des salaires en compensation de l'inflation provoque une nouvelle crise. Ainsi les politiques d'austérité visent justement à faire culpabiliser
les salariés d'une augmentation de leurs salaires, et donc à légitimer la baisse du pouvoir d'achat afin de leur faire payer le prix du rétablissement de la crise,
même si l'origine ne leur est pas imputable.

- En période 4,  il  va  se  passer  ce  qu'il  s'est  produit  dans  la  période  2,  c’est-à-dire une hausse du niveau général des prix (inflation) et donc d'une restauration des
profits  …  Ainsi  de  suite,  de  périodes  en  périodes.  Cette  alternance  est  appelée  la  spirale prix-salaire. Ainsi, g' le nouveau taux minimum d'inflation, par
application de la relation (9) est égal à l'écart critique de la période précédente :

𝑔𝑌 𝑔 𝑦
𝑔 = = ×
(1 + 𝑔)(𝐼 + 𝐽 + 𝐶 + 𝑋 ) 1 + 𝑔 𝐼 + 𝐽 + 𝐶 + 𝑋

D'après l'égalité au pôle E, nous avons : I + Y + H = I + J + C + X + F

Donc Y = I + J + C + X - H + F - I

𝑌 𝐹−𝐼 𝐻
= 1+ −
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋 𝐼+𝐽+𝐶+𝑋 𝐼+𝐽+𝐶+𝑋

𝑌 𝐻
= 1+𝑔−𝜀 → = 𝜀 > 0    
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋 𝐼+𝐽+𝐶+𝑋
(Valeur marginale)

𝑔
𝑔 = (1 + 𝑔 − 𝜀)
1+𝑔
𝑔
𝑔 =𝑔−𝜀
1+𝑔
𝜀 Dans la période 4, l'inflation est
𝑔 =𝑔 1− ⇒𝑔 <𝑔
1+𝑔 relancée mais à un taux amorti.

<1

𝐹−𝐼
𝑔=                                                 (9)
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋

Et si l'on s'affranchi de l'hypothèse 3 :

𝐹−𝐼
𝑔=                                    (9') Nous avons donc (9') > (9)
𝐼+𝐽+𝐶+𝑋−𝐻

Spirale prix-salaire
Taux d'augmentation
des prix ou des salaires

g'

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 59


0
1 2 3 4 Temps
Période 1 Période 2 Période 3 Période 4

Période du cycle

Dans  cette  représentation  le  cycle  de  l’inflation  est  un  cycle  dont  la  période  est  de  2  à  3  ans  (deux  temps  de  circuit).  

A long terme la spirale prix-salaire devrait s'arrêter (dans l'hypothèse d'importations inertes). Or l'Etat ne peut pas se permettre que la spirale prix-salaires
s'amortisse d'elle-même d'autant plus que cet amortissement n'est pas garanti. L'Etat doit donc intervenir car la spirale à des effets sociaux négatifs (entraine
une  dégradation  du  pouvoir  d’achat,  des  salaires  et  pousse  les  entreprises  dans  la  crise)

Face au préjudice subit tantôt par les salariés tantôt par les entreprises, l'Etat doit mettre en place une politique de lutte contre l'inflation. C'est là que les thèses
keynésienne et monétariste se heurtent frontalement : les monétaristes, défenseurs de la théorie quantitative, affirment qu'il faut une politique d'austérité
monétaire, tandis que les keynésiens soutiennent que la crise n'est nullement due à un excès de monnaie dans le circuit, mais au déséquilibre I - F < 0, c'est
pourquoi il ne faut pas restreindre l'offre de crédit.

De plus, les keynésiens préconisent un protectionnisme afin de protéger l'investissement dans le pays. Cependant les monétaristes ont l'argument empirique de
la corrélation (de tous temps et de tous lieux) entre injection de monnaie en circulation et variation des prix, confirmant leur théorie quantitativiste.

III- La réfutation keynésienne de la théorie quantitative de la monnaie


Chez les keynésiens, lutter contre l'inflation équivaut à lutter contre la crise, qui ne passe pas du tout par une politique d'austérité monétaire ou salariale. On voit
donc se profiler l'opposition radicale entre monétaristes et keynésiens. Cependant les monétaristes ne se contentaient pas de s'appuyer sur la théorie quantitative de
la monnaie, ils avançaient également une preuve empirique qui confirmerait de tout temps et de tout lieu la théorie quantitat ive.

L'analyse du Traité de la monnaie s'oppose certes a la théorie quantitative de la monnaie : l'analyse monétariste constitue une approche par les encaisses de
l'inflation, tandis que les keynésiens font une approche par les revenus. Cependant le Traité ne donne pas la réfutation de la corrélation empirique qui entraine la
causalité des monétaristes : il faudra attendre la Théorie générale.

Or corrélation n'équivaut pas à causalité, Friedman et les monétaristes font donc cette erreur méthodologique grave. En effet , corrélation signifie que deux éléments
n'apparaissent pas l'un sans l'autre, or la causalité indique qu'un élément A entraine un élément B. Ainsi, causalité impliqu e corrélation, mais l'inverse n'est pas vrai.
Ainsi A peut corréler B, mais ça prouve en rien que A cause B (ou inversement) car il se peut que deux phénomènes corrélés pe uvent être tous deux conséquence
d'un phénomène C : c'est précisément ce que ne voit pas les monétaristes.

L'analyse keynésienne du circuit va mettre en évidence la cause cachée de l'inflation : c'est l'inégalité I - F < 0. Or pour que l'argument soit convaincant, il faut
prouver que ce tiers exclu explique non seulement l'augmentation du niveau général des prix mais aussi l'augmentation de la q uantité de monnaie en circulation.

Lorsque I - F < 0 est vérifié, lorsque l'écart critique F - I > 0, cela explique l'augmentation des passifs financiers des entreprises (F) ne pourra pas être intégralement
remboursé sur les revenus de la période, et ne pourra l'être que sur la base du patrimoine qu'après liquidation partielle ou totale des entreprises défaillantes. Par
conséquent, lorsque la condition de crise est remplie, la partie F - I n'est pas remboursable (donc I est remboursable sur la base du revenu). Ainsi les ménages vont
avoir une épargne égale à S = S p + ST, avec Sp étant l'épargne placée (S P = I) et ST étant l'épargne thésaurisée.

Nous avons donc S > F (S = F + D + L), et se faisant S T = S - SP = S - I. L'épargne thésaurisée est donc au moins égal au montant nécessaire aux entreprises : S T >
F-I

Si les entreprises, grâce à l'inflation, ont épongées leur perte dès la période suivante, les banquiers constatant que cette politique à réussi vont de nouveau distribuer
des crédits, alors que la totalité de F n'à pas été remboursé. Il y aura donc dès la période suivante une nouvelle injection de monnaie alors que le crédit de la période
précédente n'à pas été remboursé et que cet écart dans la période précédente est la contrepartie d'une quantité de monnaie (é gale à ST) thésaurisée et donc non
annulée. L'inflation de sortie de crise s'accompagne donc d'une augmentation de la monnaie en circulation.

La réfutation keynésienne de l'analyse monétariste de l'inflation est complète : premièrement l'analyse keynésienne à exhibée le tiers exclu (le déséquilibre I < F) et
deuxièmement explique la corrélation monnaie-prix que les monétaristes ont certes constaté mais non expliqué (ou du moins ont cru l'expliquer mais avec une erreur
méthodologique).

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 60


Conclusion générale
Keynes semble être le père de la macroéconomie moderne. Or né le désaccord sur l'interprétation à donner de cette pensée keynésienne.

L'interprétation traditionnelle du keynésianisme, donné par le modèle IS-LM développé par John Hicks dès 1937.

Le protectionnisme à aujourd'hui mauvaise presse, quoique de moins en moins "grâce" aux dégâts de la mondialisation. Mais protectionnisme reste parfois assimilé à
nationalisme,  xénophobie,  racisme  …
Jacques Attali qui est un fervent défenseur de la mondialisation, dans un ouvrage assez récent intitulé La crise et après parut en 2008, croit démontrer le bien fondé
de son utopie (avènement d'un gouvernement planétaire unique) par un syllogisme (une proposition majeur et mineur d'où découle une proposition) :
- Pour la majeur : marché et démocratie vont de pair
- Pour la mineur : le marché s'est mondialisé mais pas la démocratie
- Conclusion : la démocratie doit se mondialiser.

Jacques Attali devrait lire Montaigne, qui aimait se moqué des logiciens qui utilisait les syllogisme, et leur en renvoyait en pleine figure :
- Le jambon fait boire
- Le boire désaltère
- Donc le jambon désaltère

Ainsi dans le syllogisme attalien, on pourrait conclure tout aussi logiquement que le marché pourrait se démondialiser pour concorder avec la démocratie. Sa logique
pourrait donc conduire à légitimer le protectionnisme. Pour se faire il faut d'abord dédiaboliser le mot : le protectionnisme n'est pas une arme dirigée contre les autres
pays. En effet le libre-échange semble destructeur pour tous les pays (d'après Marx et Keynes), tandis que la lutte contre le chômage est l'objectif de tous.
Sachant que le protectionnisme est avantageux pour toutes les nations (pas une contre les autres, mais d'un point de vu généralisé), il est ipso facto négociable. On est
donc loin de l'autarcie que le protectionnisme est souvent accusé par ses détracteurs de vouloir instaurée.
Le protectionnisme est en réalité ouvert, sous condition d'avantages réciproques négociées par le pays en échanges d'avantages commerciaux et cela dans le soucis
commun de réguler chez les uns et chez les autres les effets destructeurs d'une concurrence effrénée. Protectionnisme n'est donc pas le contraire d'organisation
mondiale, il appelle au contraire une négociation à l'échelle internationale. Il suffirait donc de garder les instances internationales comme l'OMC, mais qu'elles
changent leur orientation économique

III - Introduction à l'analyse macro-keynésienne d Page 61


Examen blanc 8 décembre

Programme : Tout ce qui à été fait en cours et en TD SAUF le dernier dossier de TD

Indications de révisions :
• Sujet 1 : revoir les conseils qui ont été donné dans le premier dossier de TD sur la dissertation et réviser les deux dissert ations faites en TD
• Sujet 2 : Révision problème des dossiers 1, 2 et 3 + réviser spécialement dans le livre de TD les exercices suivant :
n° 17* pages 49-50
n°18** pages 51-54
n°17 pages 100-104
(n°8  pages  204-205 → relation  inflation/chômage)

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