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République de Côte d’Ivoire

Ministère de l’Enseignement Supérieur


et de la Recherche Scientifique
Université Félix Houphouet Boigny de Cocody-Abidjan

COURS DE METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE


MASTERS 2 – UFRSEG - UFHB

Par: Prof. AHOURE Alban A. E.


PhD en Sciences Economiques, Maître de Conférences Agrégé
UFR des Sciences Economiques et Gestion
Université FHB de Cocody-Abidjan
BP V 43 Abidjan, Cote d’Ivoire

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Chapitre 1: GENERALITES

Ce cours porte sur les compétences nécessaires afin de comprendre, évaluer, conduire et écrire
une recherche en sciences sociales en général et rédiger un mémoire de Master et une Thèse
de Doctorat en particulier. Il s’agit en fait d’une introduction générale visant à développer les
enjeux, les fondements et les techniques de la recherche, à charge aux étudiants d’approfondir
la réflexion.

Ce cours essaye de relever la cohérence interne qui devrait fonder la validité d’une recherche.
Cette cohérence porte sur les choix concernant d’une part la conception du réel et de la vérité
ainsi que le positionnement épistémologique, paradigmatique et, d’autre part, les méthodes et
techniques de production de la recherche (problématique, hypothèses, production des
données, analyse, interprétations, etc.).

Une recherche part le plus souvent de quelque chose: un constat, une observation empirique,
une intuition, un intérêt personnel, parfois un présupposé, voire un a priori... Nous avons donc
tous une réponse avant même de rechercher et souvent elle n'est pas consciente. Le premier
travail est de la rendre consciente et de formuler le questionnement implicite, pour qu'elle ne
fausse pas la démarche, à notre insu.

La logique de recherche

Elle consiste en général à confirmer ou infirmer une hypothèse principale, expliquer de plus
près les raisons, les mécanismes, les causes, en référence aux hypothèses secondaires formulées
qui constituent les pistes que la démarche emprunte. La démarche est l’ensemble des moyens,
des outils d’analyse mis en place en lien avec la problématique.

Bien souvent la conclusion d’une recherche entraîne de nouvelles questions, donc de nouvelles
hypothèses. La recherche consiste alors en une chaîne de séquences de recherche.

Pour ne pas se perdre au cours d’une recherche, il faut ne pas chercher à vérifier quelque chose
non prévu dans les hypothèses. Ne pas changer de plan d’analyse en cours d'étude.
L’hypothèse est inductive: à partir d'une observation on émet une loi générale qu’on se propose
de vérifier. La démarche est autant que possible déductive ; elle peut être aussi inductive en
multipliant les observations.

Le but d’une recherche en sciences sociales

Pour les professionnels de la recherche, il s’agira de produire une connaissance scientifique


(éléments nouveaux faisant progresser la discipline)

Pour des étudiants en formation, le travail de recherche ou par exemple le mémoire permet
de:

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- Faire le point d’une situation, l’analyser (démonter l’objet, trier, classer ...)

- Délimiter un problème ;

- Découvrir et rassembler une documentation à son propos;

- Ordonner des matériaux ;

- Conduire une réflexion personnelle sur le problème choisi;

- Analyser l’information et exercer son esprit critique ;

- Eclairer et comprendre le sens d’un événement, d’une conduite sociale;

- Saisir plus finement les logiques de fonctionnement d’une organisation ;

- Réfléchir avec justesse aux conséquences d’une décision politique ;

- Elucider, comment des personnes ou des groupes perçoivent un problème (mise à jour des
systèmes de représentations) ;

- Exprimer par écrit et communiquer les résultats de cette procédure d’étude … et « faire
avancer la science », etc...

Qu’est-ce qu’un mémoire ?

La notion de « mémoire » renvoie à plusieurs réalités distinctes. Un mémoire peut être le


document élaboré par un avocat à l’intention d’un tribunal. Il désigne également un rapport
établi par une administration, sur un sujet donné, dans le cadre d’un processus de décision.

Dans notre contexte, c’est un document réalisé dans le cadre d’un processus de formation par
une ou plusieurs personnes, sur un sujet proche du champ d’étude choisi et dans une
perspective qui s’efforce de tenir compte des règles de l’activité scientifique.

Quelques types de mémoires

Les mémoires ne sont pas une activité stéréotypée et monolithique. La plupart d’entre eux se
rattachent à l’un des trois types suivants :

Le mémoire-compilation

L’étudiant choisit un thème d’étude, il rassemble l’essentiel de la littérature qui traite de la


question, il l’analyse et en fait une présentation critique. Son effort consiste à montrer sa
capacité de compréhension des travaux déjà réalisés, sa perception des divers points de vue et
son art d’exposer l’état du débat, le cas échéant, en exprimant une position personnelle.

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Le mémoire-recherche

Il aborde l’étude d’un thème neuf ou peu exploré. Il implique une démarche d’observation
substantielle, souvent une étude empirique.

Le mémoire-analyse d’expériences

Il est, en particulier, fréquent dans le cadre des formations professionnelles supérieures,


lorsque les étudiants ont effectué des stages ou ont déjà exercé une activité professionnelle. Il
met l’accent sur la présentation d’une expérience, son analyse, souvent la comparaison avec
d’autres activités similaires. Il débouche souvent sur l’élaboration de propositions permettant
de poursuivre, voire de réorienter des actions.

La scientificité d’une recherche ou particulièrement d’un mémoire

Selon Umberto Eco, une recherche peut être considéré comme scientifique, au sens large, dans
la mesure où elle respecte quatre règles :

1. La recherche doit porter sur un objet reconnaissable et défini, de telle manière qu’il
soit reconnaissable également par les autres;

2. Sur un tel objet, la recherche doit dire des choses qui n’ont pas encore été dites ou le
reconsidérer dans une optique différente de ce qui a déjà été publié;

3. La recherche doit être utile aux autres;

4. La recherche doit fournir les éléments qui permettent de vérifier ou de falsifier les
hypothèses qu’elle présente; en quelque sorte, elle doit fournir les éléments qui
permettent sa discussion publique.

Les étapes d’un travail de recherche

 Première étape: sélectionner un sujet.

 Deuxième étape: planifier la stratégie de recherche (choix de la méthode).

 Troisième étape: procéder à la collecte des données.

 Quatrième étape: analyser les résultats.

 Cinquième étape: rédiger le rapport de recherche.

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La rencontre “chercheur / objet de recherche” est toujours une histoire singulière ; elle s’inscrit
dans les choix profonds du premier, ses expériences, ses engagements... De nombreux soucis
seraient évités si les candidats chercheurs s’interrogeaient plus longtemps sur leurs motivations
à choisir tel ou tel thème. On ne choisit jamais un thème par hasard ; cependant, il faut
comprendre qu’une recherche, si elle commence bien avec une observation personnelle, une
intuition, voire une conviction, doit prendre ensuite de la hauteur, du recul, de la distance...

Le chapitre suivant donne quelques orientations en ce qui concerne le choix du sujet.

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Chapitre 2 : CHOIX DU SUJET

2.1. Introduction

Ils sont très nombreux les éléments qui entrent en jeu dans le choix d’un sujet de recherche
(mémoire, thèses, articles, etc.). Nous indiquons ici une liste de précautions à prendre
lorsqu’on entreprend de choisir un sujet. En fait, le choix se fait par intérêt, par rencontre,
par opportunité, par solidarité ou pour tant d’autres raisons encore. Les sections suivantes
donnent quelques indications en vue d’éviter des obstacles, des difficultés, voire des échecs.

2.2. Les normes et les ressources de l’institution dans le cadre de laquelle s’élabore le
travail de recherche

Un travail de recherche à l’exemple du mémoire peut être une exigence d’une institution de
formation. Dans ces conditions, celle-ci édicte des normes et élabore des règlements. Elle met
aussi des ressources à disposition (bibliothèque, encadreurs, …). Tout cela définit déjà des
limites : les normes ne permettent pas de faire n’importe quoi, les ressources institutionnelles
(encadrement pédagogique, documentation, etc.) déterminent des champs thématiques plus
accessibles que d’autres.

Il convient de bien prendre connaissance de ces deux dimensions. Il faut être en mesure de
répondre de manière détaillée aux deux questions suivantes :

- Quelles sont les règles qui, dans mon institution, définissent la réalisation d’un travail
de recherche (mémoire, thèse, etc.);

- Dans quels domaines mon institution offre-t-elle des ressources à la fois accessibles et
de bonne qualité?

2.3. Tenir compte des travaux menés sur la question

On est rarement le premier à aborder un sujet. Choisir un sujet de recherche ou


particulièrement un sujet de mémoire, c’est aussi choisir un champ de recherche dans lequel il
faudra séjourner longtemps. C’est s’approcher de travaux et d’analyses avec lesquels il faudra
se familiariser. Inutile donc de se crisper sur le thème spécifique qui vous intéresse, il faut
d’emblée prendre en considération le domaine d’étude auquel il appartient.

2.4. Se donner le temps et les moyens

Il faut en effet éviter de se précipiter sur un thème, sans véritablement entrer en matière sur la
réalité de la problématique que vous choisissez de traiter. Le choix du sujet implique donc du
temps pour accomplir les actes qui le permettent. Choisir revient à se documenter, prendre
des contacts, réaliser un bilan intermédiaire, entreprendre des démarches multiples et diverses.

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2.5. Éviter les sujets panoramiques

Il faut, à partir de lectures et d’analyses, donner à son projet de recherche une dimension
raisonnablement accessible.

2.6. Quelques règles indicatives

Voici quatre règles élémentaires permettant de choisir un sujet :

- Le sujet doit intéresser l’auteur. Il doit tenir compte des goûts, des lectures, …, de l’auteur

- Les sources doivent être accessibles; c’est-a-dire matériellement à votre portée

- Les sources doivent être traitables. Vous devez pouvoir disposer des ressources
culturelles et intellectuelles permettant un traitement convenable des matériaux
indispensables à votre étude.

- Vous devez être en mesure de maîtriser la méthodologie que vous retenez.

2.7. Tester la pertinence du sujet

La procédure revient à :

- retenir provisoirement l’idée d’un sujet de mémoire;

- se documenter à son propos et, le cas échéant, prendre contact avec quelques
personnes compétentes;

- formuler le sujet de manière brève et explicite;

- appliquer le test

Le test consiste en une série de questions portant sur deux pôles : les spécificités du chercheur
(des chercheurs) et les spécificités de l’objet d’étude. Mais c’est essentiellement la relation entre
les deux qui peut se révéler source de difficultés. Il s’agira de répondre de manière explicite et
authentique à deux séries de questions : l’une portant sur les caractéristiques de l’objet d'étude ;
l’autre concernant les caractéristiques du chercheur (ou du groupe de recherche).

2.7.1. Les questions à se poser pour l’objet de recherche

- Quelle est l’ampleur de l’objet ?

- Quelle est sa situation dans le champ des connaissances ?

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- Quelle est la signification sociale de l’objet ?

- Quel est le moment social de la recherche ?

- Quelles difficultés de traitement de l’objet peut-on prévoir ?

2.7.2. Les questions à se poser pour le chercheur ou le groupe de recherche

- Quel type d’intérêt est porté à l’objet ? (implication - objectif implicite...) ?

- Quelles sont les capacités du chercheur pour traiter cet objet ? (compétences) ?

- Quelle est la position sociale du chercheur ?

- De quelles ressources dispose-t-il pour étudier l’objet ? (temps - moyens de déplacement,


budget, matériel informatique - accès à des sources de données...)

2.8. Le questionnement de départ

Toute recherche en sciences sociales commence donc par des constats ou une intuition (dont
il faut savoir se distancier), ensuite il s’agit d’énoncer l’objectif de la recherche sous la forme
d’une question de départ.

Cette question se trouve imbriquée dans un grand nombre de questions parmi lesquelles il faut
faire un tri.

Par cette question, le chercheur tente d’exprimer le plus exactement possible ce qu’il cherche
à savoir, à élucider, à mieux comprendre. La question de départ est le fil rouge de la recherche.
Elle est le fondement du sujet que l’on veut traiter.

Pour remplir correctement sa fonction, la question de départ doit avoir un certain nombre de
qualités de clarté, de faisabilité et de pertinence :

• Les qualités de clarté : précise - concise et univoque;

• Les qualités de faisabilité : réaliste ;

• Les qualités de pertinence : vraie question


Par ailleurs l’étude devra se fonder sur ce qui existe, (et non sur un idéal qui devrait exister),
l’intention étant de comprendre ou expliquer le phénomène dans une optique non
moralisatrice ou philosophique.

Dans les mémoires de fin d’études de formation professionnelle (notamment D.E.S.S.) dans

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lesquels il est demandé un projet professionnel, il est essentiel de distinguer les questions de
type “comment faire pour...” (qui orientent vers une hypothèse d’action ou résolutive), des
questions du type “comment cela fonctionne...” et “pourquoi est-ce ainsi...” (qui orientent vers
une hypothèse de recherche compréhensive ou explicative).

Tout sujet de recherche destiné à éclairer l’action (diagnostic, recherche préalable au projet
professionnel...), devra commencer d’abord par un questionnement explicatif (pourquoi), et
aborder seulement le résolutif en deuxième lieu.

A. Une question de départ présente :

3 critères : Clarté - Faisabilité - Pertinence

et 6 qualités

1. Précise (ni vague, ni confuse)


2. Concise (pas trop longue)
3. Univoque (ni embrouillée, ni « à tiroirs »)
4. Réaliste (en rapport avec les moyens)
5. Explicative (permettant de comprendre)
6. « Travaillable » (possibilité d’y apporter une réponse)

Commencer un travail de recherche en sciences sociales, impose cette première étape. Peu
importe qu’on lui consacre une heure, une journée ou une semaine, pourvu qu’elle se fasse
avec l'aide critique de collègues, d’amis, d’enseignants. Retravailler son questionnement de
départ jusqu'à obtenir une formulation satisfaisante et correcte, est indispensable. Le résultat
de ce travail n’occupera sans doute qu’une ou deux feuilles de papier mais il constituera le
véritable point de départ de la recherche.

B. Procédure à suivre

1. Si la recherche est une commande (école, fin de formation), et que vous n’avez
aucune idée de départ

- Définissez le thème et lisez un ou deux ouvrages sur celui-ci (ouvrages de synthèse ou mieux
articles de synthèse)
- Repérez les zones de tension ou de contradiction
- Consultez des professionnels du sujet

2. Si vous commencez avec une intuition ou des constats de terrain ou si vous avez
terminé le point n° 1

Listez toutes les questions qui se posent à vous et classez-les en trois catégories :

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- questions simples dont les réponses se trouvent quelque part sur le terrain ;

- questions théoriques générales ;

- questions complexes dont personne ne possède la réponse a priori.

Votre question de départ se trouve probablement dans la troisième liste.

3. Formulez un projet de question de départ

- testez cette question de départ auprès de votre entourage, de votre formateur-encadreur, et


professionnels concernés, pour vérifier ses qualités de clarté, de précision, et qu’elle est
comprise de la même manière par tout le monde,

- vérifiez si elle possède également les autres qualités et critères énoncés ci-dessus, reformulez-
la en tenant compte des remarques qui vous ont été faites.

C. L’exploration : lectures et entretiens exploratoires

Le projet de recherche est donc momentanément orienté par un questionnement de départ, il


s’agit maintenant de se décentrer de la vision initiale (forcément limitée).

Un recueil d'information sur l'objet étudié va permettre de trouver différentes manières de


l’aborder, avec ses multiples dimensions.

L’exploration va ainsi permettre d’ouvrir les contenus du champ de travail, grâce à deux
approches souvent menées en parallèle : d’une part un premier niveau de lecture et de
recherche documentaire, et d’autre part des entretiens non directifs ou d’autres méthodes
d’investigation sur le terrain (on pourrait parler de pré-enquête pour cette phase exploratoire).

Les lectures

Les lectures préparatoires servent d’abord à s'informer des recherches déjà menées sur le
thème du travail et à situer la nouvelle contribution envisagée par rapport à elles. Grâce à ses
lectures, le chercheur pourra en outre mettre en évidence la perspective qui lui paraît la plus
pertinente pour aborder son objet de recherche.

Le choix des lectures demande à être fait en fonction de critères précis :

• liens avec le questionnement de départ

• dimension raisonnable du programme de lecture


• éléments d’analyse et d'interprétation

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• approches diversifiées (disciplinaire, par supports : ouvrages, revues, internet...)
• temps disponible pour la réflexion personnelle, les échanges de vues, l’écriture.

De plus, la lecture proprement dite doit être effectuée à l’aide d’une grille de lecture appropriée
aux objectifs poursuivis. Enfin, des résumés correctement structurés, sous forme de fiches de
lecture, permettront de dégager les idées essentielles des textes étudiés et de les comparer entre
eux.

Les entretiens exploratoires

Les entretiens exploratoires complètent concrètement les lectures ; ils permettent au chercheur
de prendre conscience d'aspects de la question, absents de sa propre expérience et de ses
lectures. Pourtant, ils ne peuvent remplir cette fonction que s'ils sont peu directifs car l'objectif
ne consiste pas à valider les idées préconçues du chercheur, mais bien à en construire de
nouvelles fidèles à la réalité du terrain.
Les fondements de la méthode sont à rechercher dans les principes de la non-directivité de
Carl Rogers, mais adaptés en fonction d'une application dans les sciences sociales. Trois types
d'interlocuteurs intéressent ici le chercheur : les spécialistes scientifiques de l'objet étudié
(chercheurs - enseignants), les témoins privilégiés (professionnels - associatifs...), et les
personnes directement concernées (public - usagers - bénéficiaires...).

Attitudes à adopter au cours d’un entretien exploratoire

• poser le moins de questions possible


• intervenir de manière aussi ouverte que possible
• s’abstenir de s'impliquer soi-même dans le contenu
• veiller à ce que l'entretien se déroule dans un environnement adéquat
• enregistrer les entretiens. En cas de prise de notes, prévoir un temps de travail aussitôt après
l’entretien, pour mettre les notes en forme (trier, classer les idées), et les compléter de mémoire
éventuellement.

L’exploitation des entretiens est double

D’une part, le discours entendu sera utilisé directement en tant que source d'information ;
d'autre part, son interprétation en tant que processus doit rendre compte de ce que
l'interlocuteur exprime sur lui-même sans que cela lui soit toujours perceptible. Les entretiens
exploratoires sont souvent mis en œuvre en même temps que d’autres méthodes
complémentaires, telles que l'observation et l'analyse de certains documents (comptes-rendus
- rapports...). Au terme de la phase exploratoire, le chercheur est souvent amené à reformuler
sa question de départ en tenant compte des enseignements de ses lectures et des entretiens.

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D. Reformulation de la question de départ

Il s’agit de confronter la question de départ aux informations recueillies au cours de la phase


exploratoire et de l'adapter éventuellement au développement de la réflexion issue des apports
de celle-ci. Cette restructuration de la question de départ se conçoit en trois temps :

1. dans sa formulation actuelle la question de départ traduit-elle l’objectif de recherche clarifié


par les informations du travail exploratoire ?

2. reste-t-elle le fil conducteur de la démarche ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?

3. en cas de réponse négative à l’une des deux premières questions, la question de départ doit
être modifiée ou reformulée entièrement.

La nouvelle question devra répondre positivement aux deux premières interrogations. S’il est
important qu’elle traduise aussi justement que possible l’objectif de recherche, elle n’en doit
pas moins conserver les qualités qui la rendent opérationnelle. Il est donc inutile de tenter d’y
exprimer toutes les nuances nécessaires pour préciser le sujet. Une question de départ trop
développée, commence en fait à traiter certains aspects de la problématique... ou tente
d’apporter la réponse avant même d’effectuer la recherche.

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Chapitre 3 : LES ETAPES DE LA REALISATION DE LA RECHERCHE

3.1. Introduction

La réalisation d’un travail de recherche se déroule sur une longue durée qui peut connaître des
interruptions à prendre en considération. Cette discontinuité implique que l’auteur ait une
bonne vision d’ensemble de la démarche qu’il conduit et des diverses étapes qu’il est appelé à
franchir. Ce chapitre donne des indications sur les étapes que l’on peut repérer dans diverses
démarches de recherche.

3.2. Les différentes étapes

Ces étapes constituent une orientation. Elles peuvent être modifiées ou complétées en vue de
les adapter aux spécificités de votre démarche.

 1ere étape : l’émergence de l’idée. On ne sait jamais très bien ni quand elle commence, ni
sous quelle forme elle se déroule. Il faut cependant qu’elle ait une fin, afin que la réalisation
puisse commencer. Il est fécond d’hésiter, mais pas trop longtemps.

 2e étape : la recherche d’informations et les premières lectures. Une idée seule ne suffit pas,
il convient d’emblée de passer à la mise en œuvre. Celle-ci commence par une recherche
d’informations avec la consultation de quelques personnes compétentes, ainsi que par une
série de lectures exploratoires.

 3e étape : l’énoncé systématique de l’objet. C’est un moment important; il consiste à


exprimer en une dizaine de lignes ou plus et avec beaucoup de précision l’objet que vous
allez analyser. Il est opportun de connaître clairement les contours de votre champ
d’investigation. Évidemment, ce texte pourra être modifié. Il sera pour vous à la fois un
guide pour votre recherche et une base de discussion pour vos entretiens avec vos
informateurs. A ce stade, l’imprécision peut conduire à de pénibles détours.

 4e étape : l’application d’un test de vérification. Le document dans lequel vous procédez à
un énoncé systématique de l’objet vous permettra d’appliquer le test d « applicabilité ».

 5e étape : choix définitif de l’objet et lectures complémentaires. L’application du test vous


permet de préciser, voire de modifier votre objet d’étude. Surtout, il vous met en situation
de décider de le traiter; en quelque sorte de prendre un engagement. Immédiatement, vous
pourrez effectuer un certain nombre de lectures complémentaires pour éclairer les diverses
dimensions que vous avez mises en évidence.

 6e étape : l’élaboration d’un plan opérationnel détaillé. Sans trop attendre, il conviendra de
réaliser ce plan opérationnel détaillé qui est un véritable guide pour votre activité.

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 7e étape : la réalisation des taches prévues dans ce plan. De multiples activités vous
attendent; cette démarche est longue, c’est une partie essentielle de votre travail.

 8e étape : un bilan intermédiaire. Lorsque vous estimez être parvenu à la mi-temps de votre
étude, je vous suggère une pause programmée. En effet, des déviations peuvent se produire,
des chapitres s’enflent, d’autres se révèlent irréalisables ou partiellement inutiles. Des
réorientations s’imposent dans la planification, parfois dans le contenu; le plan
opérationnel peut exiger des modifications. Pour cette relecture détaillée, une journée de
travail n’est pas trop. Et consultez votre directeur de recherche.

 9e étape : l’élaboration d’un plan de rédaction. Le terme approche. Voir chapitre suivant

 10e étape : la rédaction. Les activités de rédaction doivent être précédées d’une longue et
attentive relecture de votre texte. Pour éviter des déviations et des répétitions, il est
opportun de rafraîchir votre mémoire sur l’essentiel des travaux que vous avez déjà réalisés.

 11e étape : la mise au point du manuscrit et la diffusion. Voir Chapitre 6

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Chapitre 4 : LE PLAN

4.1. Plan et Plans

La planification du travail est d’une utilité permanente, elle accompagne toutes les phases de
l’élaboration du travail de recherche ou du mémoire. Elle se matérialise par la construction de
plusieurs instruments de travail qui constituent des guides pour votre activité, qui vous
permettent d’ordonner les informations recueillies et qui sont en quelque sorte les garants de
l’unité de votre travail.

Le plan n’est pas un élément rigide, il est appelé à être révisé, modifié, transformé. On peut
ainsi donc distinguer trois types de plans (ou trois moments de l’évolution du plan du travail
de recherche) : le plan indicatif, le plan opérationnel détaillé et le plan de rédaction.

4.2. Le plan indicatif

C’est celui que l’on construit des le début du travail, après avoir défini l’objet d’étude. Il découle
directement de cette définition. Il matérialise et visualise les principales dimensions du
mémoire. Par définition, il est indicatif, donc relativement bref. Il est appelé à être complété,
transformé et affiné. Il permet de présenter une première image du travail à accomplir et il
constitue l’une des bases des entretiens que vous aurez avec vos conseillers. En outre, il vous
permettra d’organiser la recherche bibliographique et de planifier les étapes de réalisation de
votre travail.

4.3. Le plan opérationnel détaillé

Au terme des premières phases de votre étude, le plan indicatif est commenté et développé; il
est enrichi par les éléments que vous aurez découverts dans vos lectures. Votre perception des
différentes dimensions du mémoire est plus fine. Vous pouvez rédiger le plan opérationnel
détaillé. Celui-ci est fabriqué de la manière la plus explicite possible, avec des phrases
complètes, il contient également la définition des tâches qu’il vous appartient de réaliser pour
élaborer chaque chapitre, voire chaque paragraphe. Dans ce sens, il est d’abord un moyen de
planifier le travail et de contrôler son avancement. Il faut préciser qu’il peut contenir des
« zones d’ombre » correspondant à des problèmes non résolus.

4.4. Le plan de rédaction

Lorsque le travail est bien avancé, quand les documents, les données, les résultats et toutes les
informations utiles à l’interprétation des résultats ont été rassemblés, vient le temps de la
rédaction. Il importe d’abord de relire attentivement l’ensemble des dossiers que vous allez
constituer et de produire le plan de rédaction. Celui-ci établit la forme définitive du mémoire.
Il est prioritairement orienté vers l’exposition de la démarche réalisée et des résultats obtenus.

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On peut relever deux caractéristiques du plan de rédaction : il est explicite et il est détaillé (il
est le plus proche possible de ce qui sera effectivement écrit). On peut essayer d’atteindre ces
deux objectifs par différents moyens. A titre indicatif, on peut suivre la voie de Fragnière
(1996)1 :

- dans la mesure du possible, tentez de planifier chaque paragraphe (avec un sous-titre qui
résume l’idée générale de ce paragraphe).

- formulez tous les titres de manière très explicite afin de savoir exactement ce qu’il conviendra
de rédiger

- attribuez à chaque chapitre, voire à chaque section de chapitre un nombre de pages. Et faites
l’addition. Le nombre de pages pourrait orienter le contenu. Mais, c’est un engagement
provisoire, il est toujours possible de rectifier en cas de nécessité ou de découverte importante.

La planification permet d’augmenter vos chances :


- de travailler avec plus de sécurités
- d’éviter des détours inutiles
- de ne pas perdre de vue l’unité du mémoire
- de mieux communiquer avec vos collègues ou conseillers

1
Fragnière, Jean-Pierre (1996): “Comment Réussir un Mémoire” édition Dunod

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Chapitre 5 : LES DIFFERENTES PARTIES DU TRAVAIL DE RECHERCHE

5.1. Les parties à retrouver dans un travail de recherche

- Le Contexte de l’étude
- La Problématique et les questions de recherche
- Les Objectifs
- Les Hypothèses
- La Revue de Littérature
- La Méthodologie
- L’Interprétation des résultats
- La Conclusion et les recommandations
- La Bibliographie

5.2. L’organisation d’un mémoire

Les éléments les plus importants d’un mémoire

Eléments Importance Fonction principale


1. Préface (avant-propos) * Contexte personnel
2. Table des matières (etc.) ** Navigation
3. Résumé (abstract) * Objectif, résultat et portée
4. Introduction *** Objectifs, démarche
5. Partie principale ** Développement
6. Conclusion *** Résultat et Portée
7. Liste des sources * Ancrage avec données
9. Indexes * Navigation
10. Bibliographie ** Ancrage
11. Annexes * Ancrage avec données

5.2.1. Préface (avant-propos)

La préface ne fait pas partie du travail

On peut l’utiliser pour:

 remercier des gens


 dire pourquoi on s'est intéressé à la thématique

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 s’excuser pour des choses que l'on n'a pas fait
 annoncer une suite, etc.

En bref, il ne faut pas confondre préface et introduction !

5.2.2. Table des matières

Obligatoire pour un tout travail d’une certaine longueur.

Dans certains livres on en retrouve parfois plusieurs, par ex. une courte pour la structure
principale et une longue avec toutes les sous-sections.

 Normalement: au début et juste après la préface car c’est l’endroit où on la trouve le plus
facilement.
 Correspondance des titres dans la table et du texte (maîtrisez votre traitement de texte !)
 Des tables pour les figures et tables sont moins importantes, mais comme les gens aiment
bien retrouver toute information synthétique il est utile d’en produire aussi.

5.2.3. Résumé (abstract)

 Il est obligatoire pour les articles qui paraissent dans une revue et également pour le
mémoire de 3e cycle (il peut être incorporé dans l’introduction ou la conclusion dans le
cadre d’un mémoire de BTS, Licence, Maitrise).

5.2.4. L’Introduction

L’introduction est (avec la conclusion) la partie la plus importante de votre travail sur le
plan rhétorique. Les gens la regardent d’abord et décident ensuite s’ils veulent regarder le
reste. L’introduction doit présenter votre recherche, elle explique vos motivations à traiter
de tel ou tel thème, la manière dont vous avez traité le sujet, la problématique et les grandes
lignes de votre plan. Veillez à la bonne rédaction de votre introduction, car c’est en quelque
sorte le premier contact avec votre jury. Comptez 3 ou 4 pages pour un mémoire de 50 à
100 pages.

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Le lecteur doit avoir compris au moins...

Eléments
La question .... quelle question est adressée ?
.... avec quelles limites ?
Le langage utilisé .... avec quels concepts ?, définitions
La démarche .... selon quelle méthodologie ?
.... selon quelle structuration ?

En règle générale, l’introduction contient:

 Le contexte de l’étude : Le moment, les circonstances, les événements qui ont conduit
au choix du sujet ou qui justifient cette étude

 Les définitions les plus importantes : notamment celles qui se trouvent dans le titre
de votre travail.

 La problématique de recherche et les questions de recherche qui en découlent.

La problématique est l’interrogation principale qui permet à votre/vos hypothèses d’être


posées. Dans un premier temps, vous devez délimiter le terrain. Il faut identifier la nature de
votre problématique, son ampleur et sa consistance. Elle sera amenée à évoluer avec votre
réflexion. Attention, il n’est pas question de multiplier les problématiques. Il est conseillé de la
poser en début de mémoire et une nouvelle fois après le début de votre réflexion. Une bonne
problématique vous permet d’élaborer de bonnes hypothèses qui vous feront avancer, tout en
restant centré sur votre plan de travail.

« La problématique est la mise en perspective de l’ensemble des liens qui existent entre les faits,
les acteurs et les composantes d’un problème donné. » (Dionne, 1998, p. 192).

La problématique s’élabore au moyen de deux opérations:


. La recension des écrits (nécessaire de parcourir la documentation).
. La détermination des variables, c’est-à-dire les éléments sur lesquels va porter la
recherche: la variable dépendante et la variable indépendante.

 Une discussion sur la pertinence et sur la portée du travail : l’intérêt du sujet (y compris
ce que ne vous faites pas)

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 Les Objectifs

- Un objectif de recherche est la contribution que les chercheurs espèrent apporter à un


champ de recherche en validant ou en invalidant une hypothèse

- L’objectif d’une recherche se divise en deux parties: l’objectif général qui concerne la
contribution que les chercheurs espèrent apporter en étudiant un problème donné et les objectifs
opérationnels ou spécifiques qui concernent les activités que les chercheurs comptent mener en vue
d’atteindre l’objectif général.

- Concrètement, on commence par définir l’objectif général: étant donné la problématique ou


la question formulée, qu’est-il possible d’espérer eu égard aux résultats des travaux de
recherche qu’on désire entreprendre?

- Comme il n’y a qu’une seule problématique, il ne doit y avoir qu’un seul objectif général.
Ensuite, on concrétise l’objectif général en quelques objectifs opérationnels ou spécifiques,
c’est-à-dire qui décrivent des opérations concrètes à mener afin de réaliser le projet de
recherche. Ce sont les objectifs opérationnels ou spécifiques qui décrivent le travail pratique
qui sera accompli.

Exemple : Cas d’une recherche empirique quantitative

Objectif général
Trouver le rapport qui existe entre la scolarisation et la capacité d’assimiler de nouvelles
connaissances en informatique.

Objectifs opérationnels ou spécifiques


1. Constituer des groupes expérimentaux selon les années de scolarité.
2. Soumettre les sujets à un apprentissage d’une durée de cinq heures des caractéristiques
d’un nouveau logiciel dans des conditions identiques pour tous les groupes.
3. Mesurer objectivement les apprentissages accomplis à l’aide d’un examen pratique et d’un
examen théorique.
4. Comparer les performances des groupes.

Hypothèse général
Toutes les autres choses étant égales par ailleurs, les personnes ayant le taux de scolarisation
le plus élevé devraient apprendre d’une manière significativement plus rapide et plus
approfondie les caractéristiques du nouveau logiciel.

 Les Hypothèses

- Une hypothèse de recherche est la réponse présumée à la question qui oriente une recherche.

- Une recherche ne comporte normalement qu’une seule hypothèse principale, qu’elle cherche
précisément à confirmer ou à infirmer.

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- L’hypothèse de travail est une proposition d’une relation entre deux variables que l’on
tentera de confirmer ou d’infirmer.

- Une hypothèse n’est pas un jugement de valeur: seulement mettre en cause des faits réels.

- Une hypothèse doit être spécifique et ne pas se perdre en généralités.

- Une hypothèse doit être conçue à partir de données vérifiables par une technique ou une
méthode particulière.

- Le fait d’établir une hypothèse permet d’effectuer la recherche en ayant un objectif ou un fil
conducteur.

- L’hypothèse principale de l’étude découle de la problématique en relevant la relation entre la


ou les variables expliquées et la ou les variables explicatives les plus pertinentes.

- L’hypothèse principale peut se découper en hypothèses spécifiques qui sont en relations


étroites avec les questions de recherche et les objectifs spécifiques de l’étude.

- Il est possible que l’hypothèse principale ou une des hypothèses spécifiques ne soit pas
confirmée. Ce résultat est aussi utile pour la recherche → il élimine une possibilité et ouvre la
voie à de nouvelles recherches.

Avertissement: l’important n’est pas tant de « prouver » son hypothèse que de bien mener sa
recherche.

 L’annonce du plan

o aide le lecteur
o en même temps vous lui montrez que vous ne faites rien par hasard.

5.2.5. La revue de littérature

La recension des écrits doit permettre de mettre en évidence:

 Les modèles théoriques considérés pour énoncer des hypothèses de travail.


 Les approches méthodologiques utilisées.
 Les résultats obtenus.
 La contribution éventuelle du mémoire à la littérature existante.

La revue de littératures est transversale car il faut confronter toutes les parties du travail
(introduction, méthodologie, interprétation et conclusion) à la littérature existante.

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La partie revue de littérature permet de faire ressortir la littérature proche du sujet pour
positionner le travail de recherche dans son champ d’étude.

5.2.6. La Méthodologie

NB : Une méthodologie classique peut être citée sans commentaire.


En revanche toute modification apportée à une technique habituelle, toute nouvelle méthode
doit être décrite de façon complète.
S’il s’agit d’une méthodologie originale, il convient de discuter soigneusement sa spécificité et
reproductibilité

5.2.6.1. Le Modèle

Le modèle :
- requière que l'on assume un certain nombre d'éléments relatifs au comportement des individus.
- utilise des postulats (« assumptions ») afin de formuler des conclusions logiques du type: si X...
alors Y...
- Ces conclusions sont les prédictions d’un modèle.
[Note: une prédiction (ou modèle qui génère des prédictions) est parfois appelé hypothèse.]

L’objectif d’un modèle:


- C’est de simplifier la réalité autant que possible, de façon à ce que le problème soit réduit à l’essentiel.
- Un modèle doit donc être jugé non pas sur le fait qu’il est vrai, mais s’il est plausible et
informatif.
- Le test ultime de l’intérêt que représente un modèle: son pouvoir prédictif (« hors
échantillon »).

5.2.6.2. Les instruments de la collecte des données

- L’entrevue
- Le questionnaire

- L’observation documentaire: on entend par le terme observation documentaire la


consultation de documents desquels on extrait des informations factuelles, que ce soit des
statistiques, des résultats financiers ou des déclarations

- L’observation directe/l’expérience
Avantages et inconvénients des expériences
 Des problèmes techniques réduisent leur utilité:
 Les échantillons doivent être choisis au hasard
 Être représentatifs de la population dont les comportements sont étudiés

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 Maintenir un échantillon probabilistique du début à la fin
 Se sachant observer les sujets étudiés sont susceptibles d’adopter un comportement
différent de leur comportement habituel.

 Caractéristiques de la méthode des cas

L’étude de cas qui peut être définie comme une analyse systématique d’une situation dans le
but de poser un diagnostic ou de trouver des solutions à un problème. Elle se caractérise par
les particularités suivantes:
- Il n’y a pas de réponse faite à l’étude de cas.
- Chaque cas est unique.
- L’auteur doit faire preuve de jugement, d’esprit d’analyse et de synthèse, de créativité
pour poser le bon diagnostic, proposer et évaluer des solutions et recommander une décision.

Étude de cas

Méthode de recherche Analyse systématique d’une situation

Buts  Découvrir
 Analyser

Sources d’information  Données chiffrées


 Documents
 Personnes

Outils  Recherche documentaire


 Entrevue, questionnaire

Procédures  Collecte de l’information, de données


 Entrevue des principaux acteurs.

Ces instruments de collecte de données ne sont pas mutuellement exclusifs.

5.2.6.3. L’analyse des données

23
 Analyse de données chiffrées (statistiques)

Méthode de recherche Analyse de données chiffrées (statistiques)


Buts Recueillir des informations
Consulter et regrouper des données disponibles
Sources d’information Données chiffrées déjà constituées, de source publique ou
privée
Données chiffrées que l’on recueille soi-même
Outils Chiffriers (Excel)
Logiciels statistiques (SPSS, SAS, GAUSS, STATA,…)

Procédures Collecte des données


Traitement des données
Présentation des données

 Études économétriques

La recherche en économie, finance, management, marketing et autres disciplines a une


dimension de plus en plus quantitative → études économétriques.
Économétrie: la science sociale qui applique les outils de la théorie économique, des
mathématiques et de l’inférence statistique à l’analyse de phénomènes économiques.

Supposez que vous cherchez à examiner la relation entre le changement en % des exportations
des pays de la zone franc CFA (CFAEXP) aux Etats-Unis et le changement en % de la parite
F.CFA-$US. D’autres facteurs (variables indépendantes), comme le taux de croissance du PNB
américain (CPNBUSA), peuvent affecter CFAEXP. On suppose aussi que il y a un délai d’un
trimestre pour que les variables indépendantes affectent CFAEXP.

La forme algébrique pour représenter cette relation:

CFAEXPt = α0 + α1 (CFAt-1) + α2 (CPNBUSAt-1) + εt

CFA$: le nombre de CFA pour acheter un $US (cote directe)

L’économétrie conduit à l’estimation des paramètres α par l’application de différentes


techniques dont les plus populaires sont les analyses de régression multiple.
Les α sont les paramètres de l’équation:
. α0 est la constante
. α1 et α2 indiquent combien un changement dans les variables explicatives affecte la
variable dépendante (le changement des exportations).
ε est le terme d’erreur.
Si α1 est >0, une dépréciation du CFA conduit à une augmentation des exportations des pays
de la zone Franc CFA.

24
Limites des méthodes économétriques

Il est possible que le modèle de régression linéaire retenu ne permette pas de valider
l’hypothèse de travail pour différentes raisons:

 Modèle mal spécifié: Omission de variables explicatives pertinentes.

 Changement des paramètres dans le temps.

 Nonlinéarité de la relation.

 La simultanéité, ….

5.2.7. L’interprétation des résultats

- La présentation et l’interprétation peuvent se faire en différents paragraphes, sous-


sections, sections ou chapitres selon le nombre de résultats importants qui découlent
de l’analyse.

Dans toutes les études empiriques, il faut:

 discuter et analyser vos données


 se confronter au savoir qui existe dans le domaine
 mettre en rapport résultats et questions/hypothèses formulées au début
 éviter de longuement réciter des indices statistiques
o utilisez des tables et figures pour cela !
o votre texte doit être lisible !!

Conseils pour la partie « théorique » d’un travail empirique:

o Souvent on sépare la « discussion de littérature » de la présentation de la


recherche proprement dite: légitime pour des raisons de clarté.

Il faut revenir sur la discussion de la littérature dans les parties plus « pratiques ».

o L’omission est une erreur fréquemment observée.


Si discuter une théorie ou d’autres travaux empiriques ne sert à rien pour
votre recherche, il ne faut pas en parler !!

5.2.8. La Conclusion

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 Sert à rappeler la problématique, les hypothèses, la méthodologie utilisée et surtout les
principaux résultats obtenus et de façon succincte l’interprétation qui a été faite.
 Démontre la pertinence des résultats et la valeur ajoutée du mémoire par rapport à la
littérature existante
 Met en exergue les insuffisances scientifiques du travail et les raisons sous-jacentes
 Ouvre si possible un ou des champs de recherche découlant de notre travail et/ou
essaie de montrer les voies d’amélioration de ce travail scientifique.

1. Rappelez les résultats principaux de votre recherche.

o on peut aussi être contre avec l’argument que cela entraîne une simplification
qui peut faire croire que êtes peu différencié.

2. Discutez la portée des résultats à plusieurs niveaux, on peut:

o discuter la (les) validité(s) de vos résultats,


o mettre en avant des questions auxquelles vous n'avez pas répondu (et pourquoi),
o s’interroger sur la généralisation des résultats,
o voire même formuler une théorie qui nécessiterait d'autres travaux empiriques
pour la tester et/ou développer.

3. Comparez vos résultats à ceux d’autres études empiriques

o dans le domaine et/ou avec les connaissances théoriques du domaine


(si cela n'a pas été fait dans la partie principale)

4. Vous pouvez formuler de nouvelles questions.

o Souvent vous serez cités parce que vous avez mis le doigt sur des choses
intéressantes qui n'ont pas encore été étudiées (qui par exemple peuvent
devenir un sujet de thèse)

5. Vous pouvez discuter de l’utilité pratique de votre travail. Faire des suggestions pratiques ou
recommandations de politiques

5.2.9. La bibliographie

Elle doit contenir l'ensemble des textes scientifiques auxquels vous avez fait référence.

o Parfois les gens ont tendance à gonfler une bibliographie avec des ouvrages
non cités. Cette pratique est inutile et mal vue

Respectez une certaine norme (vous pouvez choisir) et restez cohérents !

Il faut commencer à faire une bibliographie dès le début.

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o A chaque fois que vous lisez un ouvrage ou article,
insérez-le dans la bibliographie!
o Il existe des logiciels comme EndNotes

5.3. La rédaction

Le plan représente l’ossature de votre mémoire, c’est à travers sa structure que vous allez
développer vos hypothèses de façon ordonnée. Il y a plusieurs types de plans, mais chaque
sujet à son plan qui lui est propre. Le choix de vos titres est très important. Les titres
permettent au lecteur de suivre votre argumentation, les titres font office de synthèse, soyez
simple et efficace. Votre rédaction s’adresse à un lectorat de connaisseurs, mais n’hésitez pas
à garnir votre rédaction de rappels, de notes en bas de page. Vous ne devez pas seulement
relever des faits, vous devez les commenter, approfondir et démontrer. Il s’agit d’apporter
votre valeur ajoutée. Votre premier jet ne sera sûrement pas le bon, il vous faudra corriger
votre première production, fautes d’orthographe et fautes de style sont souvent en nombre.
Vérifiez que vos idées s’enchaînent bien et qu’elles sont suffisamment développées. Donnez
de la force à votre texte. Le but est de donner à votre lecteur le sentiment d’avancer dans la
problématique et d’obtenir, en fin de lecture, toutes les réponses aux questions posées. La
conclusion reformule les idées principales du mémoire, synthétise les idées de votre
problématique. La conclusion doit regrouper vos résultats, en les nuançant, afin d’éviter tout
malentendu en fin de lecture. Elle apporte les réponses aux questions posées en introduction.

Faire lire son travail par une personne extérieure permet de modifier les formulations
complexes ou les fautes. Mais ce n’est pas encore fini. La mise en forme doit être pensée.
Soigner sa présentation est important. Cela n’a l’air de rien, mais le correcteur qui lit 6
mémoires (3 sous sa direction et 3 en co-jury) en a vite marre de lire quelque chose de brouillon,
tout serré et mal écrit. Donc, faire une mise en page agréable compte. Tout comme la page de
garde. Donner l’envie de lire son mémoire, ça fait plaisir quand même ! Ne pas oublier de
mentionner l’année, l’université, le directeur, le sujet ainsi que le titre et sous-titre. Voilà, c’est
le jour du rendu de mémoire. Même si cela a été plaisant d’étudier ce sujet, quel soulagement
ce travail soit enfin terminé.

5.4. Liste des sources

Indication de toutes les sources primaires

o (textes de lois, règlements, etc.) que vous utilisez


o peut faire partie de la bibliographie.

5.5. Indexes

27
Indexes d'auteurs et de concepts

o surtout lorsqu'il s'agit d'un travail important sur le plan théorique.


o permettent à un lecteur pressé de mieux "surfer" votre travail
o (utile, mais pas obligatoire)

5.6. Annexes

Tout ce qui n’est pas nécessaire à la compréhension

o mais qui permet au lecteur de mieux reproduire et comprendre vos analyses


empiriques.
o On peut pour des raisons de place pas y inclure tout le matériel d'analyse
(données, entretiens, textes primaires, etc.).
Faites un choix ou éventuellement des résumés.

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Chapitre 6 : LA SOUTENANCE

Votre jury se composera au minimum de deux professeurs. Selon votre spécialité votre
présentation peut durer 10 à 20 minutes ou au-delà, vous parlerez librement, mais il vous
faudra expliquer le choix de votre sujet, le replacer dans son contexte ; vous devrez brièvement
présenter votre méthode d’analyse et énoncer les résultats obtenus ; les difficultés rencontrées
et les moyens utilisés pour les contourner devront être énoncés, suivez le plan mis en place à
l’écrit. Au final, vous devrez ensuite faire le bilan de votre travail, mettre en évidence ses
apports et l’ouverture qu’il offre au sujet traité. Dans un deuxième temps, le jury exposera ses
critiques et posera des questions portant sur votre prestation et sur le contenu de votre
mémoire. Votre note finale dépend de la qualité de vos réponses, qui confirmeront votre
compétence quant au sujet traité. La note qu’attribuera le jury prendra en compte la rédaction
de votre mémoire ainsi que la qualité de votre soutenance. Le jury cherche en vous une réelle
capacité de compréhension, un vif esprit critique, (osez l’autocritique). L’étudiant qui apporte
une véritable valeur ajoutée, une nouvelle vision, de nouvelles réponses au sujet qu’il traite de
part sa démonstration peut prétendre à une note allant de 15 à 17, 18 étant la note donnée
pour un excellent mémoire.

Une soutenance exprime de manière concise et synthétique le contexte, les raisons d'une
recherche, puis ses méthodes, ses résultats et ses conclusion principales puis les discute, en
imagine les prolongements. Elle culmine souvent avec une mise en perspective du projet
entier : ce qu'on a pu tirer comme enseignements de ce projet.

La soutenance : ça se prépare..

Le moment est enfin arrivé de présenter oralement votre travail personnel.


Chaque formation et chaque école ont leurs propres exigences en matière de soutenance par
conséquent référez-vous à celles-ci. Cependant, voici quelques conseils pour améliorer et
réussir votre soutenance :

Ne jamais réciter votre rapport au sein de votre soutenance, faites simplement un résumé du
rapport puis exposez le thème en relation avec votre stage. Vous aurez alors réussi à capter
l'attention de votre professeur.

Ne soyez pas monotone et monocorde lors de votre prestation. Vivez réellement ce que
vous dites, n'ayez pas peur de faire passer des émotions, au contraire ! Exprimez-vous
clairement, ayez des variations d'intonations, occupez l'espace si vous préférez être debout,
mais toujours dans une certaine limite, pas de gestes maladroits ni de grimaces !

Ayez une tenue sobre et convenable, mais aussi confortable. Soyez agréable dans votre
tenue mais aussi dans votre attitude, ne soyez pas radin de sourire (même vous Messieurs…),
tenez-vous droit etc.

N'oubliez pas que vous parlez à des personnes, alors regardez les dans les yeux, et pas
par la fenêtre ou au plafond, vous le regretteriez plus tard. Ecoutez-les lorsqu 'ils vous

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interrompent, même s'ils vous coupent la parole (leur rôle n'est pas d'être gentil avec vous
mais au contraire de vous tester et notamment de tester votre attitude aux objections)

6.1. La parole et l’exposé :

• Commencez par donner le plan de votre exposé :"Je vais vous parler de ...1°, 2°, 3°"

• Il s'agit d'un exposé, n'en lisez pas le texte. Tout au plus des extraits brefs pour des raisons
particulières.

• Ne vous perdez pas dans les détails. Donnez envie d'en savoir plus : ceux qui veulent liront
le travail lui-même.

• N'utilisez des termes techniques qu'après les avoir définis et évitez-le au maximum.

• On peut volontiers introduire une ou deux anecdotes plus personnelles pour rendre l’exposé
plus vivant.

• Parlez en regardant le public.

• Pour les travaux de groupe : organisez bien le passage de parole et la coordination dans la
présentation des supports.

6.2. Les supports de l’exposé :

• Des Transparents sont appropriés ou une présentation sur MS PowerPoint , mais ils doivent
être le support de l'exposé et non son texte intégral !

• Prévoir au départ un transparent qui donne le plan de l'exposé.

• Terminer par un transparent qui supporte la conclusion.

• Ces transparents doivent supporter votre exposé, pas le remplacer ;


On y met des mots-clés et des titres, quelques références, ils ne doivent contenir que très peu
de texte : pas de phrases !

• Structurer les idées avec des titres et des sous-titres.

• Compter 2-3 minutes par acétate : cela limite le nombre et oblige à aller à l’essentiel.

6.3. Le temps

• Il est important de respecter le temps imparti. Il vaut mieux traiter calmement une sélection
de points que de vouloir galoper pour tout dire...

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• Si on s’aperçoit qu’on est en retard, ne pas accélérer mais laisser tomber des points moins
importants. (A prévoir à l’avance)

• Les premières fois il est essentiel de s’exercer à plein voix et minuter son exposé avec un
public.

6.4. Un exemple de plan d’exposé possible, à adapter selon les travaux :

1. Introduction :
Les raisons de votre choix et la construction de la problématique. Montrez
l'évolution de votre projet
On aboutit à la question de recherche.
2. Méthodes de travail :
Comment vous avez procédé et les raisons des choix principaux. Les principales
définitions qui cadrent votre travail et les grandes lignes de son plan.
3. Résultats remarquables :
Sélectionnez quelques résultats les plus intéressants (présentés sous forme
synthétique : tableau synthétique, graphique soigneusement choisi, etc)
4. Synthèse, discussion et conclusion
Ce que ces résultats vous ont permis de déduire / comprendre sur votre sujet.
Mettez ces réflexions en perspective et apportez votre opinion personnelle.
5. Bilan et perspectives
Comment pourrait-on poursuivre cette étude ?
Prenez un peu de recul par rapport à votre travail :
o Comment referiez-vous ce travail ?
o Qu’avez-vous appris avec ce TM ?

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