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Chapitre 1- Généralités

sur la méthodologie de
recherche

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Préparer un mémoire de master, s’inscrire en thèse,
c’est le début d’un grand effort pour l’étudiant. Faire
de la recherche, c’est comprendre son nouvel
environnement, c’est ensuite déployer certaines
méthodes auxquelles de nombreux étudiants n’ont
pas été directement confrontés.
Au-delà de ses aspects institutionnels, l’étudiant
inscrit en master ou en thèse doit considérer qu’il
entre dans un nouvel environnement. L’enseignant
qui le dirige fait partie d’un laboratoire ou centre de
recherche dont il importe de connaître les activités et
les publications.
Le travail de recherche est un travail collectif, toutes
les occasions doivent être saisies pour s’associer à
d’autres et faire partie de groupes de travail. 2
En dehors de la qualité intrinsèque de son travail,
l’étudiant qui réussit est souvent celui qui a su le mieux
s’insérer dans son environnement.
I- Qu’est ce que « faire de la recherche »?
Pour répondre à cette question, il faut faire un détour
sur ce qu’est la recherche, ses buts, ses caractéristiques.
Cela oblige à étudier la démarche scientifique elle-
même, ce que les spécialistes appellent
« épistémologie ».
L’épistémologie est « l’étude de la construction des
connaissances valables »(Jean Piaget). C’est l’étude
de la manière dont les sciences peuvent produire des
connaissances particulières ayant une valeur
scientifique.
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Donc, la première caractéristique du chercheur est
qu’il mène en permanence un travail de réflexion sur
sa propre démarche . Le chercheur doit alors:
- Indiquer les fondements, les points de départ, les
postulats sur lesquels il fait reposer son travail.
- Définir précisément les notions qu’il utilise.
- Questionner et justifier les choix de méthodes ou
du contenu.
1- connaissances savantes et connaissances
ordinaires:
Faire de la recherche, c’est produire des connaissances
« scientifiques ». Alors, il faut être capable de
délimiter la frontière entre « connaissances savantes »
(ce que disent les chercheurs) et « connaissances
ordinaires » (ce que chaque individu peut savoir).
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Les connaissances ordinaires ont trois limites fortes:
- Elles sont beaucoup liées à la personne de celui
qui les détient et donc peu communicables;
- Elles sont fondées sur les contextes au sein
desquels elles ont été produites, et donc
difficilement généralisables;
- Elles sont donc dépendantes de la confiance
qu’on veut accorder à celui qui les détient.
À l’inverse, les connaissances scientifiques sont
communicables et valables en dehors de leur milieu
d’origine. Elles prétendent à la généralité et
l’universalité.

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2- Les caractéristiques des connaissances produites
par le chercheur:
En général, les connaissances scientifiques ont les
caractéristiques suivantes:
a- Avoir un certain état d’esprit:
Gaston Bachelard définit l’esprit scientifique comme
étant composé de quatre qualités:
- La curiosité intellectuelle (sortir des idées
convenues, aimer la découverte).
- L’esprit critique (aimer le débat, accepter la remise
en cause);
- Le rejet de toute autorité extrascientifique
(indépendance du jugement par rapport à la
hiérarchie, les institutions, le gouvernement, etc).
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- L’honnêteté et la sincérité: (ne pas manipuler les
résultats, ne pas plagier, …).
b- Partir des faits observables:
Même si les S.H.S. ne disposent pas d’une base
« objective » comparable à celles de la nature. Elles
doivent avoir un certain rapport avec une réalité
constatable. Elles sont des sciences « positives ».
Trois positions sont isolables: le positivisme, le
positivisme extrême, et l’anti-positivisme.
Plus le chercheur se situe par rapport à une réalité
observable, objectivement constatable,
éventuellement mesurable, plus il se rapproche de la
tradition positiviste.

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Plus il se situe au contraire par rapport à des
phénomènes peu saisissables objectivement, sur
lesquels plusieurs approches sont possibles et pour
lesquels l’observateur influe l’observé, plus ce
chercheur se situe dans une approche antipositiviste ou
« constructivisme ».
c- Viser des lois ou au moins des régularités ou des
extensions:
Pour qu’une connaissance soit utile, il faut qu’elle
s’applique dans tous les cas comparables à ceux qui lui
ont donné naissance.
Tel phénomène produit tel effet, X produit Y. on dira
qu’il y a une détermination de Y par X. Les sciences
de la nature consistent à constater que Y est produit par
X, et à trouver la cause de cet effet. 8
Les SHS peuvent se fixer comme objectif d’établir le
même type de détermination.
Le passage d’une observation ponctuelle à une
considération d’ensemble (ou l’inverse) est un
problème essentiel. Il faut distinguer à cet égard deux
procédés principaux:
- l’induction permet de partir d’une observation qui,
si elle se répète, va permettre d’émettre une loi
générale (méthode inductive).
- La déduction part d’une théorie ou d’une règle
générale et cherche à vérifier si celle-ci s’applique
dans la situation observée.
Certaines disciplines, comme la psychologie,
l’économie, la gestion, confiantes dans l’existence de
lois ou de règles déjà élaborées, procèdent par
l’émission d’hypothèses que l’on cherche à valider ou
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invalider dans la réalité étudiée. Cette démarche est
dite « hypothético-déductive ».
d- Remettre en cause les acquis:
Le chercheur se définit par sa capacité à soumettre à la
critique des « vérités » admises jusqu’à présent. Il ne
peut partir que d’une volonté d’interroger ce qui a été
affirmé jusqu’à présent.
Les connaissances scientifiques résultent donc d’un
état d’esprit particulier, d’une recherche de faits,
d’une tentative de trouver des lois générales et d’une
remise en cause des acquis.

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La recherche scientifique est donc une contribution à
l’édifice des connaissances générales sur les différents
aspects de la réalité. Elle a pour objet l’analyse des
faits, dans le cadre d’une ou de plusieurs théories
connues, à l’aide de concepts déterminés afin de
dégager des lois permettant de construire un ou
plusieurs modèles figurant le réel étudié et rendant
compte de ses mécanismes, ses particularités, ses
dysfonctions, tout en enrichissant le champ de
connaissances mis en œuvre.

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II- la méthode, la méthodologie de recherche:
Pour situer l’extrême importance de la méthode en
science, il suffit de rappeler que toute discipline doit
obligatoirement se définir un objet (ce qu’elle étudie)
et une méthode (comment procéder pour étudier
l’objet). Il convient alors de distinguer entre:
méthode, approche, technique et méthodologie.
1- la méthode:
C’est la procédure logique d’une science, c.à.d.
l’ensemble des pratiques particulières qu’elle met en
œuvre pour que le cheminement de ses
démonstrations et de ses théorisations soit clair,
évident et irréfutable.

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La méthode est constituée d’un ensemble de règles
qui sont relativement indépendantes des contenus et
des faits particuliers étudiés en tant que tels. Elle se
traduit sur le terrain par des procédures concrètes
dans la préparation, l’organisation et la conduite
d’une recherche.
2- L’approche:
L’approche est considérée comme une démarche
intellectuelle qui n’implique ni étapes, ni
cheminement systématique, ni rigueur particulière.
C’est à peu près un état d’esprit, une sorte de
disposition générale qui situe l’arrière-fond
philosophique du chercheur ou de la recherche.

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3- La technique:
C’est un moyen précis pour atteindre un résultat
partiel, à un niveau et à un moment précis de la
recherche. Cette atteinte de résultat est directe et
relève du concret, du fait observé, de l’étape pratique
et limitée. (ex: sondage, interview, tests, …).
4- La méthodologie:
C’est l’étude du bon usage des méthodes et
techniques. Il ne suffit pas de les connaitre, mais il
faut savoir les utiliser comme il se doit.
Plus les données du problème seront précisées et plus
facile sera l’élaboration de la méthodologie.

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III- Les différents niveaux de recherche

il y a trois niveaux essentiels dans la recherche en


sciences humaines et sociales:
1- La description:
La description consiste à déterminer la nature et les
caractéristiques des phénomènes et parfois à établir
les associations entre eux. La description peut
constituer l’objectif d’une recherche: par exemple
faire ressortir tous les aspects d’un service, d’un
département, d’une agence ou d’une entreprise.
La description peut aussi constituer le premier stade
d’une recherche, dans ce cas elle peut exposer les
résultats d’une observation ou d’une enquête
exploratoire. 15
Ce niveau doit être soutenu par une méthode
rigoureuse et des hypothèses.
2- La classification:
La classification consiste à catégoriser, regrouper,
mettre en ordre pour permettre des comparaisons ou
des rapprochements. Les faits observés, étudiés, sont
ainsi organisés, structurés, regroupés sous des
rubriques, sous des catégories pour être mieux
compris.
3- L’explication / la compréhension:
Expliquer, c’est répondre à la question « pourquoi? ».
L’explication consiste à clarifier les relations entre des
phénomènes et à déterminer pourquoi ou dans quelles
conditions tels phénomènes ou tels événements se
produisent. 16
IV- Les principales méthodes de recherche:
Il convient de retenir six grands types de méthodes: la
méthode déductive, la méthode inductive, la méthode
analytique, la méthode clinique, la méthode
expérimentale, la méthode statistique.
1- la méthode déductive:
Elle consiste à analyser le particulier à partir du
général, à lire une situation concrète spécifique à
l’aide d’une grille théorique générale préétablie.
2- la méthode inductive:
Elle consiste à tenter des généralisations à partir de cas
particuliers. On observe des caractéristiques précises
sur un ou plusieurs individus (objets) d’une classe et
on essaie de démontrer la possibilité de généraliser ces
caractéristiques à l’ensemble de la classe considérée. 17
C’est la succession: observation- analyse -
interprétation – généralisation.
3- la méthode analytique:
C’est la méthode qui consiste à décomposer l’objet
d’étude en allant du plus complexe au plus simple.
Cette méthode est à privilégier en laboratoire, pour
l’étude d’objets ou de phénomènes non susceptibles
de transformations rapides.
4- la méthode clinique:
Elle consiste à observer directement l’objet à étudier
et à le suivre pas à pas tout en notant toutes ses
modifications, ses évolutions. C’est une méthode
empirique où il n’ y a aucune sorte d’intermédiaire
entre l’observateur et ce qu’il étudie.
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5- la méthode expérimentale:
C’est la méthode considérée comme la plus
scientifique et la plus exacte. Elle est née en physique
et dans les sciences de la nature. Elle consiste à mener
une expérimentation et à tenter de dégager des lois
généralisables à partir de l’analyse des observations
recueillies durant l’expérimentation.
6- la méthode statistique:
Grâce à cette méthode, on prétend pouvoir quantifier le
qualitatif et le rendre ainsi accessible à des traitements
mathématiques rigoureux.

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