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C O L L E C T I O N DIRIGÉE PAR PAUL FRAISSE

LE PSYCHOLOGUE

Psychologie
de la communication

ALEX M U C CHIELLI
Professeur à l'Université de Montpellier III

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE


DU MÊME AUTEUR

AUX PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE


L'analyse formelle des rêves et des récits d'imagination, coll. « Le psycho-
logue », 1993, 174 p.
L'analyse phénoménologique et structurale en sciences humaines, 1983, 324 p.
Dans la collection « Que sais-je ? »
La nouvelle psychologie, 1993.
Les méthodes qualitatives, 1991, 2 éd. 1994.
Le projet d'entreprise (avec C. Le Bœuf), 1989 ; 2 éd. 1992.
L'enseignement par ordinateur, 1987, trad. portugaise, 1988.
L'identité, 1985, 2 éd. 1992.
Les mentalités, 1985, trad. turque, 1991 ; trad. mexicaine, 1992; trad. chi-
noise, 1993.
Les motivations, 1981, 3 éd. 1992; trad. italienne, 1982; trad. portugaise,
1983; trad. espagnole, 1987.
Les mécanismes de défense, 1980.
Les jeux de rôles, 1980 ; 2 éd. 1990; trad. italienne, 1985.

CHEZ D'AUTRES ÉDITEURS

L a psychologie sociale, coll. « Les fondamentaux », 1994, Hachette, 140 p.


Soigner l'hôpital. Diagnostics de crise et traitements de choc (avec J. Hart), Ed.
Lamarre, 1994, 192 p.
Communication interne et management de crise, Ed. d'Organisation, 1993,
196 p.
Les situations de communication. Approche formelle, Ed. Eyrolles, 1991, 132 p.
L'entretien projectif (avec R. Bréard et P. Pastor), Ed. Eyrolles, 1991, 132 p.
Le projet d'entreprise (avec C. Le Bœuf), Ed. ESF, EME et Libr. Techniques,
1987, 2 éd. 1991, 134 p.
Rôles et communication dans les organisations, Ed. ESF/EME et Libr. Techni-
ques, 1983, 2 éd. 1987, 140 p.
Les mentalités, analyse et compréhension, Ed. ESF/EME et Libr. Techniques,
1983, 146 p.
Les réactions de défense dans les relations interpersonnelles, Ed. ESF et Ed. Tech.,
1978, 2 éd. 1980 ; trad. allemande, 1981 ; trad. italienne, 1983, 140 p.
Psychosociologie des organisations, Ed. ESF et Ed. Tech., 1977 (épuisé).
Cybernétique et cerveau humain, Bordas, 1972 (épuisé).

ISBN 2 13 046658 3

Dépôt légal — 1 édition : 1995, mars


© Presses Universitaires de France, 1995
108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris
Introduction

La psychologie est au centre de nombreuses problémati-


ques concernant la communication. En effet, la communica-
tion est une activité humaine fondamentale. Par ailleurs, le
sens, la valeur, l'appréciation et l'évaluation d'une communi-
cation dépendent essentiellement de la subjectivité des
hommes qui la mettent en œuvre. Nous savons bien qu'une
communication porte des sens différents selon les sujets qui
ont « à faire » avec elle et aussi selon les contextes dans les-
quels communication et acteurs s'insèrent. De ce fait, l'étude
de la communication a souvent recoupé les théories de la sub-
jectivité humaine et donc les études de la psychologie.
Comme nous le verrons dans cet ouvrage, les connais-
sances accumulées par la psychologie dans le domaine de la
communication concernent essentiellement tout ce qui se
passe dans les multiples formes de la relation de face-à-face et
il apparaît clairement que toutes les disciplines ont besoin de
s'appuyer sur cet ensemble de connaissances de base pour
aller plus loin dans leurs propres recherches. On constate en
effet, que la situation de communication interpersonnelle est
presque toujours, d'une manière ou d'une autre, la situation
de référence d'une grande majorité d'études sur les commu-
nications. Si l'on explique, par exemple, comment la commu-
nication « se déshumanise », se « rationalise », se « monéta-
rise »..., si l'on démonte les effets de marginalisation, de
désimplication... dus aux nouvelles formes de communica-
tion utilisant les nouvelles technologies, c'est parce que l'on
compare toujours ces « nouvelles communications » à la situa-
tion référentielle qu'est la communication de face-à-face.
Il y a à cela une raison bien simple : cette situation est
celle que nous vivons tous quotidiennement et que nous
connaissons intuitivement sous ses multiples aspects :
échange amical, fraternel, échange amoureux, communica-
tion avec la mère ou le père, avec le maître, le patron, le
représentant de l'ordre, dialogue avec le médecin, dialogue
psychothérapeutique, disputes diverses, oral d'examen, sou-
tenance de dossier, conférence, interview par un inconnu ou
dans un cadre organisé, séminaire de formation, entretien
d'embauche, discussion de vente, demande de renseigne-
ment, conversation de salon, rituel de présentation...
A l'heure où de nombreuses disciplines se préoccupent de
« communication », il convenait de rassembler et de synthéti-
ser, pour les étudiants et les chercheurs en sciences
humaines, les multiples résultats obtenus dans ce domaine
par la psychologie.
Le présent ouvrage essaie donc de rassembler les données
fondamentales résultant d'un siècle d'investigations psycho-
logiques (de 1880 — Freud — à 1980 — Ecole de Palo Alto)
centrées sur les phénomènes subjectifs ayant lieu dans les
situations où des hommes se trouvent en face à face pour
échanger.
PREMIÈRE PARTIE

Les paradigmes de référence


et les méthodes d'étude
de la communication
CHAPITRE PREMIER

La notion de paradigme

La psychologie, comme toute science, vise à rendre


« intelligible » les phénomènes qui rentrent dans son champ
d'analyse. L'intelligibilité scientifique est essentiellement
faite de sens partagé. Or, le sens naît toujours d'un rapport
à quelque chose. Le sens est en effet toujours sens de
quelque chose dans ou par rapport à quelque chose. Le
sens (et donc l'intelligibilité scientifique) naît de la confron-
tation de ce que nous appelons la « réalité » à un certain
nombre de références servant de projet de décodage. U n
des principaux référents constitutifs de cette appréhension
de la « réalité » pour la transformer en « représentation
scientifique » est ce que l'on appelle le « paradigme » utilisé
par le chercheur.
Un paradigme est un ensemble d'éléments épistémologi-
ques, théoriques et conceptuels, cohérents, « qui servent de
cadre de référence à la communauté des chercheurs de telle
ou telle branche scientifique ». A ces éléments il faut
adjoindre des résultats de recherche prestigieux, des expé-
riences fondatrices, des croyances et des valeurs partagées par
un groupe de chercheurs.
Le paradigme agit comme un mécanisme perceptif et

1. Définition de T. S. Kuhn (1962), La structure des révolutions scienti-


fiques, Flammarion, 1972.
cognitif qui transforme la « réalité » en représentation C'est
un mécanisme de sélection et de recomposition destiné à
rendre intelligible une réalité (à lui donner du sens). Ce para-
digme est donc le processus transformateur que le chercheur
met en œuvre dans son effort de construction de l'objet scien-
tifique de sa recherche. Dès que la réalité est un tant soit peu
complexe, le paradigme est forcément réducteur. Par ailleurs,
la représentation élaborée porte les traces des orientations du
paradigme. Si ce « transformateur » est mécanique, nos
représentations seront mécaniques ; s'il est systémique, nos
représentations seront systémiques... D ' o ù l'importance
accordée à l'explicitation des paradigmes dans l'analyse
contemporaine de l'évolution des disciplines scientifiques.
Aucune analyse d'un phénomène ne peut se faire sans
qu'il soit fait appel à un paradigme. Il apparaît intéressant,
pour comprendre comment une science appréhende un
domaine d'étude, d'expliciter d'abord le ou les cadres réfé-
rentiels qui guident les chercheurs. En ce qui concerne la
psychologie, celle-ci est écartelée entre quatre grands para-
digmes scientifiques qu'il nous faut expliciter.
Ces grands systèmes de référence pour l'analyse des com-
munications sont le paradigme structuro-expressif, le para-
digme formel-transactionnel, le paradigme relationnel-systé-
mique et le paradigme phénoméno-praxéologique.

1. J.-L. Le Moigne, La théorie du système général, PUF, 1984.


CHAPITRE II

Le paradigme structuro-expressif

1. LE PARADIGME

1 / L'objet des études

L ' o b j e t ultime des é t u d e s faites d a n s ce p a r a d i g m e est la


« personnalité » (en t a n t q u ' o r g a n i s a t i o n interne d u psy-
chisme) d e celui qui s'exprime. C e p a r a d i g m e repose sur la
grande idée, largement admise d a n s les sciences h u m a i n e s
depuis le d é b u t d u siècle (et qui a trouvé son expression la
plus forte d a n s le structuralisme des années 1960), q u e tous
les p h é n o m è n e s d e surface t r o u v e n t l e u r organisation pro-
fonde d a n s u n e « s t r u c t u r e » sous-jacente q u e l ' o n p e u t faire
apparaître. Les p h é n o m è n e s de surface sont, d a n s n o t r e cas,
les c o n d u i t e s et les expressions verbales des sujets ; les struc-
tures sous-jacentes s o n t leurs psychismes. D a n s ce para-
digme, le psychisme, p a r définition, a d o n c u n e « organisa-
tion interne » q u i intervient p u i s s a m m e n t p o u r m e t t r e e n
forme les expressions d u sujet. Les c o m m u n i c a t i o n s qui s o n t
faites p a r u n sujet p o r t e n t la m a r q u e de ses « désirs », d e ses
« motivations » et autres « besoins »... qui c o m p o s e n t cette
organisation interne. C e t objet est investi à partir de l'analyse
du contenu des expressions dans la mesure où cette analyse
permet de « remonter » à la structure psychologique sous-
jacente. Les analyses et études faites dans le cadre de ce para-
digme participent d'une entreprise de « dévoilement » des
ressorts intimes du comportement de l'Homme.
Diverses théories proposent une définition et un fonc-
tionnement précis de cette structure interne du psychisme.
On trouve principalement un modèle psychanalytique des
modèles motivationnels et un modèle logico-structural sur
lesquels nous reviendrons plus loin. Dans la théorie freu-
dienne, la structure sous-jacente est réifiée (elle existe, elle
est l'appareil psychique qui a une réalité biologique en tant
que réservoir de pulsions); dans les théories motivation-
nelles, les motivations sont aussi des réalités inscrites
quelque part dans le psychisme; dans le modèle logico-
structural, la réification de la structure est moins nette : le
système logique guidant les conduites et les expressions est
« postulé ». Tout se passe « comme-si » il existait. Il est une
construction intellectuelle du psychologue qui l'aide à com-
prendre le sujet et à lui parler en « entrant dans sa
logique ».

2 / Le schéma canonique
de l'expressivité humaine

Toutes les conceptions qui s'intègrent au paradigme


expressif font référence au même schéma de l'expressivité.
Ce schéma distingue quatre niveaux de profondeur des phé-
nomènes expressifs. Au niveau le plus profond de l'individu
(niveau le plus souvent inconscient), on peut considérer que
se trouvent les désirs, les motivations ou les valeurs fonda-
mentales rassemblées en un système plus ou moins cohérent.
Ce système forme ce que l'on peut appeler la logique pro-
fonde de l'individu, logique qui sert de soubassement à sa
grille de perception du monde et qui détermine un certain
nombre d'attitudes profondes, c'est-à-dire des « prédisposi-
tions envers les choses du monde ». Trouvant leur source à
leur tour dans les attitudes du sujet se situent ensuite tous les
actes du sujet. Au-delà de ces actes, et s'appuyant sur eux
comme sur les éléments plus profonds, viennent ensuite les
opinions (ou verbalisations de positions concernant divers
domaines).
La couche des désirs (ou des motivations ou valeurs) est
« première ». Elle fonde tout le système de l'expressivité.
Chaque niveau d'expressivité fonde le suivant. Chaque
niveau de concrétisation voit sa gamme d'expression aug-
menter par rapport au précédent. U n petit nombre de désirs
et valeurs fondent un nombre plus grand d'attitudes. Au
niveau final, les opinions sont extrêmement nombreuses par
rapport aux désirs et valeurs car elles expriment des évalua-
tions sur un grand nombre de choses de la vie quotidienne.
A l'inverse, chaque niveau révèle le précédent. C'est-à-
dire qu'une étude des attitudes permet de révéler les désirs et
les valeurs qui les sous-tendent. De même l'analyse des opi-
nions révèle l'ensemble des attitudes qui leur sert de support.
C'est le propre des méthodes d'analyse de contenu que de
permettre de remonter aux niveaux antérieurs, plus pro-
fonds, qui le fondent en cohérence.

3 / Les origines psychanalytiques du paradigme

Dans ce paradigme, l'appareil psychique est conçu


comme un « organisateur » des communications et cette
conception nous vient de la psychanalyse qui est la théorie
dominante en psychologie depuis les années 1890.
En effet, pour la psychanalyse, le psychisme est un
« appareil » ressemblant à un réservoir de « pulsions » primi-
tives ou refoulées, lesquelles visent à s'échapper, à passer à
l'acte, pour réaliser leur finalité fondamentale. Ce psychisme
est aussi un lieu de conflits entre les pulsions primitives
(enfermées dans le Ça) et des instances rationnelles et
morales (le Moi et le Surmoi). Les pulsions cherchant à se
satisfaire sont donc confrontées d'abord aux instances du
Moi qui cherchent à les réprimer ou à les rendre plus « rai-
sonnables ». C'est de cette lutte et de ces conflits que naissent
les maladies mentales. D'une manière générale, le fonction-
nement de l'appareil psychique s'apparente « à un théâtre de
personnages » qui luttent entre e u x Ce modèle du conflit
social peut être étendu à la maladie mentale. M. Reuchlin
explicite clairement le modèle de référence de Freud en ce
qui concerne la maladie mentale en rappelant comment
Freud, lui-même, a illustré ses idées, en 1909, par la compa-
raison de la maladie mentale avec un conflit social mettant

1. D. Lagache, Le modèle psychanalytique de la personnalité, in Les


modèles de la personnalité en psychologie, Symposium de l'Association de
psychologie scientifique de langue française, PUF, 1965, p. 99.
aux prises le perturbateur d'une conférence publique avec
l'organisateur de cette conférence. Le modèle de l'expressi-
vité vient aussi de l'expérience princeps de la première « cure
de parole » que firent Breuer et Freud en soignant une jeune
femme hystérique
Les communications que fait le sujet sont donc des
expressions de ses conflits internes de pulsions et des trans-
formations que leur font subir les mécanismes de défense. On
ne pourra donc pas lire directement le sens d'une parole ou
d'une conduite. Il faudra « l'interpréter ». L'interprétation est
d'ailleurs « l'acte psychanalytique par excellence » Cette
interprétation « consiste à appliquer certaines relations
connues, jouant le rôle de règles, à des données concrètes ».
On retrouve la même conception de l'expressivité dans les
théories des motivations humaines. Le psychisme est com-
posé de motivations ou de grandes « certitudes intimes » qui
impriment leurs marques aux communications.

2. L'ANALYSE DE CONTENU

Ce sont les méthodes d'analyse de contenu qui corres-


pondent le plus à ce paradigme. Elles sont faites pour révéler
le « fond » du discours, c'est-à-dire la structure de la person-
nalité. Dans le schéma d'analyse de la communication de
Laswell (1945) Qui parle?, pour dire quoi?, à qui?, com-
ment?, dans quel but?, avec quel résultat?, le psychologue
s'intéresse à celui qui parle. Il s'agit donc de mettre à jour
l'organisation de son psychisme.
Prenons un exemple où la « structure des motivations »
d'un sujet est révélée à travers l'analyse de contenu de ses

1. M. Reuchlin, Histoire de la psychologie, PUF, 1957, p. 74-75.


2. D. Lagache (1955), La psychanalyse, PUF, « Que sais-je? », p. 113.
commentaires à des planches projectives. A travers une telle
communication projective d'après les hypothèses vérifiées
depuis par Murray, le sujet révèle ses besoins, tendances,
désirs, aspirations et même ses traits de caractère. Murray
propose une « grille » pour rechercher, à travers les récits
obtenus, les « besoins » du sujet. Il définit les différents
besoins : besoin d'abaissement, d'accomplissement, d'acqui-
sition, d'affiliation, d'agression, d'agression contre soi-même,
d'appui, de création, de connaissance, de domination, d'exhi-
bition, de fuite du blâme, sexuel, de sollicitude, sollicitude
envers soi-même, de stimulation. Plus précisément, par
exemple, le repérage du « besoin sexuel » se fait lorsque l'on
repère dans la communication une action, une pensée ou un
sentiment, évoquant le fait d'avoir des rapports amoureux ou
sexuels.
Considérons par exemple un récit fait par un homme,
dans la cinquantaine, célibataire, « vivant dans des conditions
plutôt difficiles » à la planche IV du TAT (nous mettons en
italiques les passages révélant le « besoin sexuel »).
« Ces deux personnes n'inspirent pas beaucoup de
confiance : la femme a une expression sensuelle, comme si elle ne
pensait qu 'aux hommes, et lui comme s'il n'était qu'un chasseur
de jupons. Rien de bien ne peut sortir d'une telle association. La
femme était sa maîtresse, ensuite elle a trouvé quelqu'un d'autre
qu'elle a suivi, non parce qu'elle l'aimait particulièrement, mais
parce qu 'elle se sentait excitée par lui. Cet homme ne le savait pas
d'abord, car elle vivait avec lui en même temps. Mais par la
suite il s'en est sans doute rendu compte, car il l'a surveillée. Il
l'a suivie et vue entrer dans un hôtel. C'est un hôtel douteux,
une maison de rendez-vous. Voici encore une autre femme assise
presque nue, attendant son amant. Avant qu'elle n'entrât dans
l'hôtel, il s'empara d'elle pour la battre. Ensuite, il voulut la
quitter. Mais elle en eut de la peine car il avait bien pris soin

1. Cf. la deuxième partie de cet ouvrage : chapitre « La communication


projective », p. 147.
d'elle et n'avait jamais été brutal auparavant, comme tant d'au-
tres hommes. Elle essaya de le retenir. Mais il s'éloigne d'elle et
va la quitter et, même s'il n'est pas lui-même d'une fidélité
exemplaire, il a été profondément offensé d'avoir été trompé p a r
cette femme et il ne restera pas avec elle. Elle dira alors : « Cela
m'est bien égal. Je trouverai toujours quelqu'un d'autre parce
que je suis jeune et attrayante. »
Nous voyons donc apparaître dix occurrences textuelles
qui signalent le « besoin sexuel ». A la manière de Murray,
nous dirons donc que ce besoin est fort chez ce sujet. L'ana-
lyse se poursuit en recherchant les autres besoins révélés à
travers le récit.

3. L'ANALYSE DE LA COMMUNICATION
EN TANT QU'EXPRESSION
D'UNE ORGANISATION INTERNE DU PSYCHISME

Nous avons déjà vu comment le paradigme expressif était


utilisé en psychologie. Je vais maintenant prendre un autre
exemple d'analyse d'une communication en situation banale
de la vie quotidienne. Je reprendrai cet exemple à chaque
paradigme pour bien montrer la variation des analyses que
chacun des paradigmes permet.

1 / L'analyse
de « l'homme qui siffle la femme qui passe »

Une jeune femme passe devant un groupe d'hommes. L'un


d'entre eux réagit en «sifflant d'admiration ». «Que se passe-t-il
réellement ? La base de ce sifflement admiratif est évidemment
sexuelle : mâle devant femelle. Le subconscient de ces hommes
envoie une pulsion sexuelle dirigée vers la femme, ce qui est
naturel et instinctif. Supposons maintenant que ces hommes
soient des êtres absolument primitifs, n'ayant jamais entendu
parler de morale, de religion, de vie sociale, de respect des
autres, etc. Supposons qu'ils soient mentalement semblables
aux singes des forêts. Quelle serait donc leur réaction ordonnée
par leur "ça" ? Ils attaqueraient sexuellement la femme...
comme cela se voit dans certains cas de psychose grave, dans
lequel l'instinct est libéré sans aucun frein. Or, cette pulsion
sexuelle pure est arrêtée par la censure du Sur-Moi. Si ces
hommes sont moralement sains, il n'y aura aucun refoulement.
Mais cette pulsion sexuelle va se filtrer et se déguiser, avant
d'arriver à la conscience. La pulsion brutale devient un siffle-
ment admiratif. Ces hommes sont donc conscients de siffler et
d'avoir une pulsion sexuelle. Mais ils demeureront incons-
cients du "filtrage" qui s'est produit en eux. »
L'explication de la communication (le sifflement admira-
tif) est donnée par rapport à une théorie qui précise « ce qui
se passe dans le psychisme ». Le désir sexuel est d'abord sol-
licité par la vue de la femme, car le désir est toujours latent, il
« dort » dans l'inconscient qui en est un réservoir. Normale-
ment, s'il laissait libre cours à son désir, l'homme « sauterait »
sur la femme pour « consommer » ce désir. Mais cette libre
consommation du désir qui ressort du principe de plaisir (loi
qui gouverne les comportements) est freinée par une instance
psychique qui a intégré les interdits sociaux et qui s'appelle le
SurMoi. Cette instance morale empêche la libre expression
du désir au nom d'un autre principe : le « principe de réalité »
(si l'on fait comme cela, on risque une punition). Alors la
pulsion primitive se transforme pour avoir une « expression
socialisée ». Cette transformation est l'œuvre d'un autre
mécanisme psychique interne, mécanisme de transformation
de la pulsion (appartenant aux mécanismes de défense du
Moi) qui est ici la sublimation. La sublimation transforme la
pulsion en un sifflement admiratif qui est alors une expres-

1. P. Daco, Les prodigieuses victoires de la psychologie moderne, Ed.


Gérard, Marabout, 1960, p. 175.
sion socialement permise. La communication est alors l'ex-
pression d'un désir sous une forme socialisée.
Nous avons une explication de la communication faite par
cet individu. Remarquons qu'elle est valable pour tous les
autres hommes du groupe. Cependant, les autres hommes de
la scène peuvent réagir différemment. Mais leur comporte-
ment communicatif est aussi explicable à l'aide des mêmes
principes. Il y a toujours un désir sollicité mais il peut subir
divers « avatars » dans les psychismes individuels qui sont
marqués par des expériences enfantines particulières. U n
autre mécanisme psychique interne pourrait « bloquer » leur
communication (il s'agit du refoulement). Mais ce « blocage »
va avoir des répercussions ultérieures sur d'autres comporte-
ments de cet homme. Un autre mécanisme interne peut aussi
faire que le désir impossible à exprimer directement va se
« projeter » plus tard sur autre chose... La psychanalyse, puis-
qu'on aura reconnu qu'il s'agit d'elle, n'est pas à court d'ex-
plication pour rendre compte de tous les comportements.
L'explication fournie reste donc générale, elle n'est pas per-
sonnalisée, c'est-à-dire qu'elle n'explique pas précisément la
forme de sublimation prise par le désir. Pourquoi, par
exemple, le désir se transforme en sifflement. D'autre forme
de sublimation pourrait advenir. Dans une publicité de l'an-
née 1992 on voyait un homme qui se retournait dans la rue
sur une femme, qui courait acheter des fleurs et la rattrapait
pour les lui offrir. Voilà une sublimation du désir qui semble
plus performante. Il y a, en effet, peu de chance que le « sif-
flement admiratif » dans la rue permette une rencontre effec-
tive avec des suites « positives » (du point de vue du désir sol-
licité). Il faut remarquer que cette interprétation est très
difficilement vérifiable. Elle reste plausible intellectuellement
mais aucune observation ne pourra la confirmer. U n entre-
tien approfondi avec le sujet ne pourra donner de résultat car,
par définition, tous les phénomènes psychiques évoqués dans
l'interprétation sont cachés, inconscients et hors d'une quel-
conque appréhension directe par le sujet lui-même.
2 / Utilisation du modèle en publicité

La publicité a fait fonctionner le modèle de l'expressivité


que nous avons vu plus haut « à l'envers ». Elle prenait
comme postulat de départ qu'il y avait des « motivations » ou
des « besoins » qu'il fallait savoir « solliciter » par des appels
adaptés. De même, il faut « freiner » ou « neutraliser » les
peurs suscitées par l'utilisation de certains produits. Ainsi, la
« bonne communication » pour le motivationniste c'est la
communication qui va solliciter un désir, une motivation ou
un besoin profond et qui, à l'insu presque du sujet, va le faire
« se mouvoir » vers l'objet de ses désirs.
Les théories psychanalytique et motivationniste ont
fourni un schéma d'intervention à la publicité.

La publicité doit mettre en scène des objets (images...) et


des arguments tels qu'ils sollicitent les désirs et motivations
inscrits au plus profond des psychismes individuels

1. E. Dichter, La stratégie du désir, Fayard, 1961 et Motivations et com-


portements humains, CLM Publi-Union, 1972.
4. CONCLUSION

Ce paradigme se rapproche beaucoup du paradigme


Emetteur-Récepteur, bien connu en théorie de l'information.
Les désirs, motivations ou croyances agissent comme grille
déformante aussi bien à l'émission qu'à la réception. De
nombreuses expériences de psychologie se sont efforcées de
montrer d'ailleurs que la « réception » était tributaire de cette
grille subjective. On trouve là toutes les expériences sur la
perception : perception d'autrui, perception des mots, des
images
Dans ce paradigme, le sens de la communication est
« donné-inscrit » au départ dans la structure du psychisme. Il
s'agit de le découvrir à travers les redondances thématiques
des expressions verbales.
Dans cette conception de la communication, la « communi-
cation pathologique » d'un sujet est une communication thé-
matisée massivement par quelques motivations profondes ou
quelques croyances psychologiques rigides et prégnantes ins-
crites dans son psychisme. La « structure de la personnalité »
sous-jacente aux expressions du sujet est alors sans aucune
souplesse, elle interprète le monde à travers une grille réduite
en même temps qu'elle s'exprime pauvrement, traduisant tou-
jours les mêmes pulsions indélébilement imprégnées en elle
par les traumatismes de la vie affective enfantine.

1. J. Piaget, P. Fraisse, E. Vurpillot et R. Frances, Traité de psychologie


expérimentale, t. VI : La perception, PUF, 1969.
CHAPITRE III

Le paradigme
formel-transactionnel

1. LE PARADIGME

1 / L'objet des études

Les études et recherches qui se situent dans la lignée du


paradigme formel-transactionnel ne se concentrent plus sur
le contenu des communications mais sur leurs « formes ». Le
regard porté sur la communication devient donc plus exté-
rieur. C'est l'analyse transactionnelle (AT) des années 50 qui
est la théorie porteuse du paradigme formel-transactionnel.

— Le niveau de l'expressivité
et les transactions

L'analyse transactionnelle pose que les communications


émises par les individus concernent trois niveaux de réalité et
sont sous-tendues par trois types d'attitudes corporelles et de
messages paraverbaux. Au premier niveau on trouve des atti-
tudes et des paralangages plutôt figés et neutres, reprenant
des formes traditionnelles de conseils ou d'injonctions
morales accompagnant des instructions morales que peuvent
donner des parents à des enfants. Au deuxième niveau, on
trouve encore des attitudes et des paralangages révélant la
maîtrise des sentiments mais qui, cette fois, accompagnent
des communications logiques et rationnelles telles qu'un
adulte mûr peut les formuler. Au troisième et dernier niveau,
les attitudes et les paralangages laissent transparaître les sen-
timents et les états psychologiques (rage, plaisir, amour,
peur, joie, fierté...) qui accompagnent les expressions sponta-
nées d'un enfant qui n'a pas encore appris à les contrôler.
Influencés par la psychanalyse, les promoteurs de l'analyse
transactionnelle rapportent alors ces trois types de messages
et d'accompagnements para-verbaux et attitudinaux à des
« états du Moi ». Chaque émetteur ou récepteur humain pos-
sède trois états d'émission ou de réceptivité : un état ration-
nel, un état affectif et un état normatif ou moral. Pour tra-
duire ceci en image, on dit, en analyse transactionnelle, que
chacun d'entre nous peut parler ou écouter avec son
« adulte », son « enfant » ou son « parent ». En parlant avec son
parent, il met en œuvre les processus d'évaluation sociale et
morale de son être, en parlant avec son adulte il met en œuvre
les processus rationnels de son psychisme, en parlant avec
son enfant il met en œuvre les processus affectifs de son être.
On reconnaît facilement la référence aux « instances » du psy-
chisme psychanalytique : le Surmoi, le Moi et le Ça.
Considérons deux échanges entre des collègues de travail :
Premier échange entre A et B :
A - T u sais que les collègues t'aiment bien et qu'il faut sur-
monter cette difficulté en montrant ta détermination de
rester dans le cadre du règlement.
B - Je te remercie de ton soutien.

Deuxième échange :
A - (avec un grand sourire compréhensif — qui est une « ca-
resse affective »). Il faut que tu fasses attention pour une
prochaine fois (flèches 1 du schéma de la transaction 2).
B - Je crois qu'il faut tout simplement ne pas faire de bêtise
dans l'application des règlements (flèche 2 du schéma
de la transaction 2).
cuteurs cherche à imposer son opinion. Le dialogue est fondé
sur une plus grande écoute d'autrui, on y cherche d'abord à
comprendre autrui puis à dépasser son apport par et à travers
un autre apport personnel. Le dialogue permet normalement
d'approfondir et de mieux comprendre un problème. La dis-
cussion, quant à elle, reste au niveau de la critique et reste
donc plus superficielle. La discussion mène à un consensus
par « rétrécissement ». On ne retient finalement que le plus
petit commun dénominateur des débats, celui qui est non
conflictuel parce que admis par défaut, par les interlocuteurs.
Le dialogue mène à un consensus par « dépassement ». Des
éléments de chaque vision individuelle sont intégrés dans une
vision plus large. A chaque apport, la vision collective créée
dans l'échange s'enrichit. Par ailleurs, dans un dialogue, les
réactions défensives des interlocuteurs face aux remarques et
critiques n'ont plus lieu. Les remarques et critiques qui sont
faites prennent un sens positif car les interlocuteurs cher-
chent à progresser ensemble et non à « gagner » ou « avoir
raison ».

2 / Le dialogue créateur

Dans tout dialogue entre des interlocuteurs désireux


d'aboutir, l'approfondissement du sens de ce qui est débattu
est le fait d'une interaction entre deux intentions, exprimées
plus ou moins bien, et un « tiers aidant » qui peut être un
intérêt commun, une idée partagée, une personne ou un
o b j e t Dans le dialogue, l'alternance des phases contradic-
toires et des phases d'accord est facilitée par l'existence de cet
élément de médiation, c'est-à-dire de quelque chose
reconnue par les partenaires comme utile à leurs propres
projets.
Le schéma ci-après illustre ce processus.

1. R. Chapuis, Psychologie des relations humaines, PUF, 1992, p. 37-38.


Le dialogue créateur

Deux interlocuteurs A et B échangent sur le thème T. L'en-


semble S1 des significations est alors présent. Le dialogue fait surgir un
nouveau savoir commun Sa. Ce savoir transforme le contenu de
l'échange et fait que l'ensemble des significations SI s'enrichit d'autres
significations et devient l'ensemble S2. Le dialogue autour de S2
reproduit le même phénomène et ainsi l'échange progresse.

I d é a l e m e n t , o n p e u t dire q u e « le dialogue est u n effort


perpétuel, u n tri p e r p é t u e l d e l'or p u r d u verbe à travers les
scories des mots... L e dialogue ouvre les significations... (Il)
est à tous les niveaux ouverture. E t y m o l o g i q u e m e n t , διαλεγω
signifie aussi creuser à travers, percer u n m u r . L e dialogue est
cela, négation des murailles. F r a n c h i s s e m e n t des opacités. E n
lui, la distance s'abolit et u n e d o u b l e perspective s'éclaire :
celle d u p o i n t de vue de c h a c u n , celle d e l'objet vers lequel
t e n d u n e recherche c o m m u n e »

1. E. A. Lévy-Valensi, Le dialogue psychanalytique, PUF, 1972, p. 31.


3 / Les règles de la communication dialogique

Savoir manier conjonction et disjonction

L'homme de dialogue ne doit pas être prisonnier d'une


logique dominante. Il ne doit pas, non plus, être prisonnier du
conflit des logiques. Il doit savoir trouver des conciliations
entre les logiques, entre les choses apparemment contraires.
C'est le « principe dialogique » de la combinaison de logiques
dans le dépassement (ou principe de la distinction/conjonction
mis en œuvre dans le management de la complexité).
Rappelons le « principe dialogique » tel qu'il a été
exprimé par les spécialistes de la complexité

Le principe dialogique

La « souplesse » intellectuelle de l'homme de dialogue se


verra à ses facilités de conjuguer les logiques différentes qui
sont en œuvre dans les différents propos échangés. Les
réponses adaptées aux situations et à chaque débat ne dépen-

1. M. Batkhine, Le principe dialogique, Seuil, 1981.


dent plus de principes intangibles mais d' « inventions » qui
combinent le plus souvent des réponses qui ne sont plus
exclusives les unes des autres.

S'adapter à l'interlocuteur

C'est là une ancienne règle bien connue de la communi-


cation interpersonnelle. Si l'on veut communiquer avec quel-
qu'un mieux vaut se mettre à sa portée, et parler son langage.
Cette règle a été explicitée avec force par la PNL (programma-
tion neurolinguistique de Bandler et Grinder), qui en fait un
de ses postulats fondamentaux.
La PNL part, en effet, du constat que les individus ont des
façons de percevoir le monde différentes parce qu'elles ont
des systèmes physiologiques de perception différents. Il y a
trois principaux systèmes de représentation U n individu
aura, par exemple, une perception du monde (et une forme
d'expression de ce qu'il voit) privilégiant les données
visuelles, un autre individu sera un « auditif », un autre
encore sera un « kinesthésique » (privilégiant les sensations
tactiles, gustatives ou olfactives). Les systèmes de perception
différents constituent des types de personnalités différentes.
Ces personnalités auront tendance à se représenter les choses
en fonction de leur mode de perception privilégiée. Leurs
représentations de la réalité ne seront donc pas identiques. La
PNL insiste sur ce fait. Nous avons « une carte personnelle »
de représentation de la réalité. Elle diffère des cartes repré-
sentant la même réalité que les autres individus possèdent. Et
pourtant, nous allons échanger avec eux en parlant, soi-
disant, de la « même réalité ». C'est donc comme si deux per-
sonnes munies de deux photos différentes de la même mon-
tagne tentaient de décrire cette montagne à un extra-

1. R. Bandler et J. Grinder, Les secrets de la communication. Les techni-


ques de la PNL, Le jour Ed., 1981, p. 30.
t e r r e s t r e La PNL propose des règles pour essayer d'abord de
repérer avec quel « système de perception » les interlocuteurs
pensent. Il faut, pour ce faire, observer les réactions non ver-
bales de ces interlocuteurs (mouvements des yeux, postures
et gestes). Une fois ce « système de représentation » repéré,
on doit alors essayer d'en utiliser les termes, de parler le
même langage que l'autre.
Le mimétisme d'expression dont nous venons de parler,
se complète par un mimétisme comportemental. Cette règle
trouve aussi sa justification dans de nombreuses observations
de communications « réussies ». Lorsque la communication
passe bien entre deux individus, on s'aperçoit que ces deux
personnes ont des attitudes similaires, des postures et des
gestes en harmonie. Leurs échanges verbaux et paraverbaux
sont synchronisés.

4 / La métacommunication comme processus


de relance du dialogue

Dans le sens ou nous le prenons ici, la métacommunica-


tion c'est le discours sur le discours. C'est la communica-
tion qui se prend elle-même comme objet de communica-
tion. Métacommuniquer c'est parler sur ses échanges et
analyser le comment de leur déroulement. Cette communi-
cation change donc le niveau du débat. On ne se préoccupe
plus du contenu de ce que l'on vient d'échanger mais du
comment on l'a échangé. Passer à ce type d'échange devient
nécessaire lorsque le dialogue se bloque. Il a été largement
démontré qu'un tel changement de niveau avait des effets
extrêmement positifs. La compréhension par les interlocu-
teurs de la nature de leur relation, change, en effet, cette
relation. Cette compréhension permet en outre, aux parte-
naires du dialogue, d'examiner les raisons des blocages et

1. C. Cudicio, Comprendre la PNL, Ed. d'Organisation, 1986, p. 20.


donc de remonter aux non-dits, aux sous-entendus et aux
interprétations. La métacommunication nécessite une prise
en compte des interactions et, en particulier, le repérage des
attitudes chroniques et des schémas répétitifs d'interactions
toujours sources de sclérose des dialogues.

6. CONCLUSION

Ce chapitre nous a montré l'importance, dans les entre-


tiens psychologiques, de l'attitude de compréhension.
Elle intervient fortement dans les échanges car elle est à la
source du sentiment de valorisation et de reconnaissance per-
sonnel qu'elle fait automatiquement naître chez l'interlocu-
teur qui « bénéficie » de cette attitude. Elle favorise les
échanges et la bonne compréhension car elle génère la
confiance envers celui qui en est l'émetteur premier. Dans le
cadre du paradigme systémique-relationnel, elle fonctionne
alors comme une interaction initiale facilitatrice de la com-
munication.
Elle va de pair avec l'empathie qui est une aptitude spéci-
fiquement humaine à investir le monde de l'autre. Dans le
cadre du paradigme phénoménologique et praxéologique,
l'attitude compréhensive est l'indispensable outil de base à
toute construction collective car elle permet l'accès aux
représentations et au monde de l'autre.
Derrière l'attitude compréhensive on peut dire (dans le
cadre du paradigme structuro-expressif) que se tient un
ensemble de valeurs humanistes : la certitude que l'autre est
notre semblable et qu'on peut le comprendre, la volonté de
respecter ce qu'il pense et dit, la certitude qu'en le compre-
nant on n'abdique pas ses propres pensées qui peuvent, au
contraire, s'en trouver enrichies... La communication est
donc favorisée par des valeurs qui montrent la confiance en
l'autre. Par un effet retour inducteur cette confiance est elle-
même génératrice de confiance.
Nous avons vu, par ailleurs, dans ce chapitre, que pour
progresser dans l'échange, il faut faire un acte de foi : croire
que, par-delà les logiques différentes des interlocuteurs, on
peut trouver des « conjonctions », c'est-à-dire des possibilités
de dépassement des logiques et d'invention d'une construc-
tion nouvelle.
Au total, ce chapitre nous aura montré que l'efficacité de
la communication interpersonnelle est profondément dépen-
dante de la manière dont on conçoit son interlocuteur et dont
on se comporte vis-à-vis de lui.
CONCLUSION

A travers les exemples traités dans cette troisième partie,


nous avons vu que l'homme en situation d'échange dans un
groupe n'est pas, comme on a trop tendance à le croire, entiè-
rement libre de ses actions et donc de ses communications.
Au contraire, un ensemble de médiations intervient large-
ment pour orienter ce qu'il fait et ce qu'il dit.
U n certain nombre d'éléments exercent donc une
« emprise ». Ils servent donc de référents implicites à toutes
les personnes présentes. Ils interviennent comme le fait la
situation de référence dans le cas de la communication pro-
jective faite à partir d'une planche à signification culturelle
latente (cf. p. 151 à 165).
La maîtrise de la communication est en partie fondée sur
le repérage et la neutralisation de ces médiations ainsi que sur
la mise en œuvre d'actions de métacommunication pour les
analyser.
Conclusion générale

Comme nous l'avons vu à travers cet ouvrage, la psycho-


logie a beaucoup approfondi l'étude des multiples formes des
communications de face à face. Elle a mis en évidence l'exis-
tence de phénomènes généraux liés à la nature même de
l'échange entre les hommes.
La psychologie propose quatres paradigmes pour étudier
les phénomènes liés à la communication. Nous avons montré
que chacun d'entre eux était appliqué d'une manière privilé-
giée à l'étude de certains phénomènes. Par exemple, dans la
rencontre amoureuse, la communication, lors de la phase
d'approche, est analysée par les psychologues à l'aide du
paradigme structuro-expressif, dans la phase de sélection,
elle est analysée à l'aide du paradigme formel-transactionnel,
tandis que dans la phase fusionnelle elle est analysée avec le
paradigme phénoménologique et praxéologique et que dans
la phase ultérieure, elle est analysée à l'aide du paradigme
systémique-relationnel. Chaque phase se prête donc mieux à
l'analyse à l'aide d'un paradigme précis. Mais nous avons
aussi montré que chaque phénomène pouvait être lu avec
l'un ou l'autre de ces paradigmes, qui n'avaient, pour l'ins-
tant, pas plus de « valeur » scientifique les uns que les autres.
Il serait intéressant, pour tester chaque paradigme, que des
recherches l'appliquant systématiquement à des phénomènes
lus par les autres paradigmes, se développent.
A travers cet important bilan de la psychologie de la com-
munication, il apparait clairement que la « communication »
n'est plus à distinguer radicalement de la conduite. La com-
munication est un outil de l'action humaine. Les hommes
s'en servent pour agir sur leurs semblables et sur les situa-
tions. Nous avons vu apparaître ceci notamment à travers les
notions de construction de la réalité, de définition de l'iden-
tité d'autrui, de genèse des normes relationnelles, d'in-
fluence, de communication de défense transpersonnelle, de
communication implicite, d'induction, de médiation... Cet
outil de l'action est au service des intérêts et enjeux des uns
ou des autres et la psychologie, bien entendu, est experte
dans l'art de déceler sous chaque forme et contenu de com-
munication telle motivation ou tel enjeu.
Enfin, les psychologues, à travers l'analyse des difficultés
de la communication (difficultés rencontrés dans l'entretien,
dans la cure thérapeutique, dans la discussion ou le dialogue,
dans la vie conjugale, dans l'animation des groupes...) et leur
réflexion sur les apprentissages et la rééducation de la com-
munication ont mis en évidence la spécificité de la communi-
cation humaine fondée sur la possibilité de l'empathie. Ils ont
surtout mis au point et démontré l'efficacité d'une forme
professionnelle (car non naturelle) de la communication : la
communication compréhensive, laquelle s'appuie justement
sur l'empathie et se concrétise à travers des techniques spéci-
fiques dont les reformulations forment le noyau dur. A tra-
vers cet apport fondamental, les psychologues démontrent
comment l'authentique communication humaine repose sur
deux sentiments de base intimement liés : le sentiment de
confiance et le sentiment d'être reconnu dans sa valeur
propre.
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Imprimé en France
Imprimerie des Presses Universitaires de France
73, avenue Ronsard, 41100 Vendôme
Mars 1995 — N° 41 120
« LE PSYCHOLOGUE »

Didier ANZIEU et Catherine CHABERT


9 | Les méthodes projectives
Jean-François LE NY
12 | Le c o n d i t i o n n e m e n t e t l ' a p p r e n t i s s a g e
Irène LÉZINE
18 | P s y c h o p é d a g o g i e d u premier â g e
J.-B. DUPONT et divers auteurs
19 | La p s y c h o l o g i e d e s i n t é r ê t s
Robert FRANCÈS
28 | P s y c h o l o g i e d e l ' e s t h é t i q u e
Stanislaw TOMKIEWICZ
29 | Le d é v e l o p p e m e n t b i o l o g i q u e d e l ' e n f a n t
Marc BARBUT
30 | M a t h é m a t i q u e s d e s s c i e n c e s h u m a i n e s , t. 1
Didier ANZIEU et Jean-Yves MARTIN
32 | La d y n a m i q u e d e s g r o u p e s r e s t r e i n t s
Carl-Graf HOYOS
37 | P s y c h o l o g i e d e la circulation routière
Maurice REUCHLIN
39 | La p s y c h o l o g i e différentielle
Michèle PERRON-BORELLI
41 | L ' e x a m e n p s y c h o l o g i q u e d e l ' e n f a n t
Nina RAUSCH DE TRAUBENBERG
42 | La p r a t i q u e d u R o r s c h a c h
J a c q u e s LEPLAT et divers
46 | La f o r m a t i o n p a r l ' a p p r e n t i s s a g e
Pierre GOGUELIN
49 | La f o r m a t i o n c o n t i n u e d e s a d u l t e s
Jean-Marie FAVERGE
51 | L ' e x a m e n d u p e r s o n n e l e t l ' e m p l o i d e s t e s t s
Jean STOETZEL et Alain GIRARD
53 | Les s o n d a g e s d ' o p i n i o n p u b l i q u e
Walter J. SCHRAML
54 | P r é c i s d e p s y c h o l o g i e clinique
J a c q u e s LARMAT
55 | La g é n é t i q u e d e l ' i n t e l l i g e n c e
Jean MAISONNEUVE
56 | I n t r o d u c t i o n à la p s y c h o s o c i o l o g i e
Maurice REUCHLIN
65 | P r é c i s d e s t a t i s t i q u e
J e a n - P i e r r e DU F O Y E R
66 | L a n a i s s a n c e e t l e d é v e l o p p e m e n t d e l a p e r s o n n a l i t é
Jacques CORRAZE
67 | L e s m a l a d i e s m e n t a l e s

J a c q u e s L E P L A T e t Xavier C U N Y
68 | I n t r o d u c t i o n à l a p s y c h o l o g i e d u t r a v a i l

Laurence BARDIN
69 | L ' a n a l y s e d e c o n t e n u

Hervé BEAUCHESNE
71 | P s y c h o p a t h o l o g i e d e l ' e n f a n t e t d e l ' a d o l e s c e n t
Denise VAN CANEGHEM
72 | A g r e s s i v i t é e t c o m b a t i v i t é

J e a n - F r a n ç o i s LE NY
73 | L a s é m a n t i q u e p s y c h o l o g i q u e

Jacques CORRAZE
78 | L e s c o m m u n i c a t i o n s n o n v e r b a l e s
Paule AIMARD
81 | L e l a n g a g e d e l ' e n f a n t
Robert FRANCÈS
82 | L a s a t i s f a c t i o n d a n s l e t r a v a i l e t l ' e m p l o i
J e a n - B l a i s e GRIZE et divers
85 | L a c o n t r a d i c t i o n
J e a n PICA T
86 | V i o l e n c e s m e u r t r i è r e s e t s e x u e l l e s
Mira S T A M B A K e t d i v e r s
88 | L e s b é b é s e n t r e e u x
Colette CHILAND et divers
89 | L ' e n t r e t i e n c l i n i q u e

Guy TIBERGHIEN
90 | I n i t i a t i o n à l a p s y c h o p h y s i q u e

Paul ALBOU
93 | L a p s y c h o l o g i e é c o n o m i q u e
Hélène C H A U C H A T
94 | L ' e n q u ê t e e n p s y c h o s o c i o l o g i e
Henri LEHALLE
95 | P s y c h o l o g i e d e s a d o l e s c e n t s

Roger PERRON
96 | G e n è s e d e l a p e r s o n n e
Hervé BEAUCHESNE
97 | H i s t o i r e d e l a p s y c h o p a t h o l o g i e
Colette DUFLOT- FAVORI
98 | Le p s y c h o l o g u e e x p e r t en j u s t i c e
Blandine BRILL et Henri LEHALLE
99 | Le d é v e l o p p e m e n t p s y c h o l o g i q u e est-il u n i v e r s e l ?
Jean-Pierre DU FOYER
100 | I n f o r m a t i q u e , é d u c a t i o n e t p s y c h o l o g i e d e l ' e n f a n t
Kim Chi NGUYÊN
101 | La p e r s o n n a l i t é e t l ' é p r e u v e d e d e s s i n s m u l t i p l e s : m a i s o n , arbre,
deux personnes
Jean CARON
102 | P r é c i s d e p s y c h o l i n g u i s t i q u e
Jean-François LE NY
103 | S c i e n c e c o g n i t i v e e t c o m p r é h e n s i o n du l a n g a g e
Edmond MARC et Dominique PICARD
104 | L ' i n t e r a c t i o n s o c i a l e
Jean-Léon BEAUVOIS et divers
105 | Manuel d ' é t u d e s p r a t i q u e s d e p s y c h o l o g i e , t. 1
Colette CHILAND
106 | L ' e n f a n t , la famille, l ' é c o l e
Jean-Claude REINHARDT
107 | La g e n è s e d e la c o n n a i s s a n c e d u c o r p s c h e z l ' e n f a n t
Hervé BEAUCHESNE et Bernard GIBELLO
108 | T r a i t é d e p s y c h o p a t h o l o g i e
Françoise TIRELLI-TARDIEU
109 | De l ' a n g l a i s p o u r les p s y c h o l o g u e s
Arlette STRERI
110 | Voir, a t t e i n d r e , t o u c h e r
Guy DENHIÈRE et Serge BAUDET
111 | L e c t u r e , c o m p r é h e n s i o n d e t e x t e e t s c i e n c e c o g n i t i v e
Paul FRAISSE
112 | D e s c h o s e s e t d e s m o t s : la p r i s e d ' i n f o r m a t i o n
Jacques CORRAZE
113 | P s y c h o l o g i e e t m é d e c i n e
Jean-Léon BEAUVOIS et divers
114 | Manuel d ' é t u d e s p r a t i q u e s d e p s y c h o l o g i e , t. 2
Michel MOULIN
115 | L ' e x a m e n p s y c h o l o g i q u e en milieu p r o f e s s i o n n e l
Elisabeth DUMAURIER
116 | P s y c h o l o g i e e x p é r i m e n t a l e d e la p e r c e p t i o n
Pierre PARLEBAS
117 | S o c i o m é t r i e , r é s e a u x e t c o m m u n i c a t i o n
Alex MUCCHIELLI
118 | L ' a n a l y s e f o r m e l l e d e s r ê v e s e t d e s r é c i t s d ' i m a g i n a t i o n
Jean GUICHARD
119 | L ' é c o l e e t l e s r e p r é s e n t a t i o n s d ' a v e n i r d e s a d o l e s c e n t s
Daniel M A R T I N S
120 | L e s f a c t e u r s a f f e c t i f s d a n s l a c o m p r é h e n s i o n e t l a m é m o r i s a t i o n d e s
textes

Louis DIGUER
121 | S c h é m a narratif et individualité
Guy DURANDIN
122 | L ' i n f o r m a t i o n , l a d é s i n f o r m a t i o n e t l a r é a l i t é
Pascal JOUHET
123 | M é m o i r e e t c o n s c i e n c e
Paul DICKÈS et divers
124 | La p s y c h o m é t r i e
Gabriel MOSER
125 | L e s r e l a t i o n s i n t e r p e r s o n n e l l e s

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