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Méthodes électrochimiques
III
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Techniques d'analyse
(Réf. Internet ti630)
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Techniques d'analyse
(Réf. Internet ti630)
Gwenola BURGOT
Professeur à l'université de Rennes 1
Pierre LE PARLOUËR
Docteur Ingénieur, Consultant société Thermal Consulting
Gérard DURAND
Professeur honoraire à l'École Centrale de Paris, Consultant
Patrick MAUCHIEN
Chef du Service de Chimie Physique au Commissariat à l'Énergie Atomique
Saclay
Philippe QUEVAUVILLER
Commission Européenne, DG Environnement
Jean-François HENNINOT
Professeur, université d'Artois, unité de Catalyse et de Chimie du Solide, équipe
Couches Minces et Nanomatériaux
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V
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VI
Méthodes électrochimiques
(Réf. Internet 42388)
SOMMAIRE
Réf. Internet page
Chronopotentiométrie P2175 91
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VII
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Référence Internet
P1825
Séparations électrochimiques
Électrodialyse
par Rémy AUDINOS
Docteur ès sciences
Ingénieur du Génie chimique (IGC Toulouse)
Professeur des Universités
1. Principes...................................................................................................... PE 1 825 - 3
1.1 Description technique .................................................................................. — 3
1.2 Description électrocinétique........................................................................ — 3
1.3 Phénomènes concomitants ......................................................................... — 4
1.3.1 Polarisation .......................................................................................... — 4
1.3.2 Ionolyse ................................................................................................ — 4
1.3.3 Électro-osmose .................................................................................... — 4
1.3.4 Effet Joule ............................................................................................ — 4
1.3.5 Dénaturation des membranes............................................................ — 5
2. Performances............................................................................................. — 5
3. Membranes ................................................................................................. — 5
3.1 Membranes chargées................................................................................... — 5
3.1.1 Caractéristiques des membranes....................................................... — 6
3.1.2 Membranes ioniques .......................................................................... — 7
3.2 Membranes neutres ..................................................................................... — 7
3.3 Choix des membranes ................................................................................. — 7
4. Électrodialyse préparative statique..................................................... — 8
4.1 Appareillage.................................................................................................. — 8
4.1.1 Appareil à une membrane. Applications........................................... — 8
4.1.2 Appareils à deux membranes et plus ................................................ — 8
4.2 Conditions opératoires de l’appareil à deux membranes......................... — 9
4.3 Domaines d’application de l’appareil à deux membranes ....................... — 10
4.3.1 Utilisation de membranes neutres..................................................... — 10
4.3.2 Utilisation de membranes ioniques................................................... — 11
5. Électrodialyse préparative dynamique ............................................... — 12
5.1 Description .................................................................................................... — 12
5.2 Appareillage.................................................................................................. — 12
5.3 Conditions opératoires................................................................................. — 13
5.4 Domaines d’application ............................................................................... — 13
5.4.1 Ajustement du milieu.......................................................................... — 13
5.4.2 Purification préalable .......................................................................... — 13
5.4.3 Concentration préparatoire ................................................................ — 14
5.4.4 Séparation préliminaire ...................................................................... — 14
6. Électrodialyse analytique ....................................................................... — 14
6.1 Description .................................................................................................... — 14
6.2 Appareillage. Conditions opératoires ......................................................... — 14
6.3 Domaine d’application ................................................................................. — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. PE 1 825
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Référence Internet
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pâteux : sous l’influence d’un champ électrique, les ions d’une solution sont
transférés dans une autre solution séparée de la première par une membrane.
Le domaine courant d’utilisation de l’électrodialyse est la déminéralisation de
liquides contenant initialement des ions minéraux en solution, aqueuse ou non
aqueuse, à des concentrations de l’ordre de 0,05 à 1 mol/L : eaux de mer, eaux
saumâtres, jus sucrés, eaux résiduaires de bains d’électrodéposition. Mais, à
côté de ces utilisations à caractère industriel, il existe un certain nombre d’appli-
cations de type analytique qui ont pris naissance dès 1903 avec la purification
des colloïdes lyophiles et peuvent concerner des solutions beaucoup plus
diluées (quelques milligrammes par litre) et entrent dans la catégorie des analy-
ses assistées par des membranes.
L’électrodialyse peut opérer dans une gamme de températures allant de 0 à
80 ˚C ; toutefois, le choix de la meilleure température dépend à l’heure actuelle
essentiellement de la tenue des membranes employées. De plus, l’élévation de
température ne doit pas provoquer de dégradation des solutions biologiques. En
outre, le milieu ne doit pas être très visqueux afin de pouvoir être pompé dans
les petits canaux (0,25 à 20 mm) des appareils d’électrodialyse.
Néanmoins, grâce à ses conditions opératoires aisées d’accès, l’électrodialyse
donne la possibilité de choisir la température constante la mieux adaptée aux
substances contenues dans les solutions, de modifier ou non le milieu ambiant,
de moduler la durée de la séparation.
Initialement, l’électrodialyse n’était pas un moyen analytique, puisqu’elle ne
constituait pas un moyen de détection : elle était et reste une méthode de sépa-
ration préalable à la mesure qualitative ou quantitative d’une espèce. Cepen-
dant, l’amélioration des connaissances théoriques et les perfectionnements
apportés aux appareils font qu’elle peut servir de moyen de détermination de la
quantité d’un ion, mais qu’elle ne saurait permettre son identification.
Dans cette optique, elle peut être utilisée pour des opérations dans lesquelles
la notion de rendement énergétique ou de production rentable n’est pas le fac-
teur primordial.
En mettant à profit la faculté de réaliser une solution ayant une très faible
teneur en ions, de former un concentrat où se retrouvent les ions provenant du
diluat et de faire réagir les ions formés, il est possible d’utiliser l’électrodialyse
comme moyen de séparation préanalytique de trois façons différentes :
— soit pour débarrasser une solution de traces de façon à ne conserver que le
produit noble unique qui pourra être dosé par une méthode classique ou servir
lui-même de réactif de dosage ;
— soit pour concentrer une ou plusieurs traces dans le compartiment du con-
centrat, de façon à obtenir une concentration susceptible d’être mesurée par une
méthode de dosage classique ;
— soit pour séparer les composés nobles les uns des autres, pour pouvoir les
doser facilement ensuite.
■ Ces séparations peuvent être réalisées sans apporter de modification chimi-
que aux traces, aux produits, aux composés : c’est l’électrodialyse non réactive
utilisée lorsque les charges électriques ou les tailles des espèces sont nettement
différentes. Toutefois, l’absence de transformation chimique n’interdit pas de
modifier les caractéristiques physico-chimiques des espèces en agissant sur le
pH, la force ionique, la température en fonction de leurs constantes de dissocia-
tion ( pKa, pKb ), de leur point isoélectrique ( pl), de leur solubilité ( pKs ) pour faire
varier le nombre de charge ou la mobilité des ions, la viscosité, l’état d’équilibre
des associations ou la solubilité des sels. La déminéralisation des solutions
d’acides aminés en est un exemple.
■ Dans d’autres cas, il faut avoir recours à une modification chimique des espè-
ces dans l’électrodialyseur lui-même pour que la séparation puisse avoir lieu :
c’est l’électrodialyse réactive. La transformation, qui crée un certain nombre
d’espèces nouvelles, neutres ou chargées, solubles ou insolubles, peut avoir
lieu :
— soit dans le compartiment de dilution ;
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P1825
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1. Principes Membranes
mea mec
Membrane
Anion –
+ – Anode Cathode
Anode Cathode + Cation
Cadres
Figure 1 – Électrodialyse à une membrane séparateurs
mea, mec membranes anionique et
cationique
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P1825
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mea mec
Lorsqu'une différence de potentiel continue est établie, les anions
de la solution à traiter se dirigent par migration vers l'anode et les
cations vers la cathode. Toutefois, même si tous les paramètres phy- + –
Anode Cathode
siques, comme la pression ou la température, sont égaux dans tous
les compartiments, à ce mouvement de migration sous l'effet du
champ électrique viennent se coupler des transports par diffusion,
sous l'effet de gradients de concentration du solvant ou des solutés
Distance y
[11] et des transports par convection, sous l'effet de gradients de
densité, ces derniers étant généralement considérés comme négli- Figure 5 – Électrodécantation : profil de concentration suivant
geables (cf. § 3.1). La solution contenue dans le compartiment de la distance
dilution s'appauvrit en ions : c'est le diluat (ou dialysat), tandis que
les deux compartiments contigus, ou compartiments de concentra-
tion, voient augmenter la teneur en ions de leur solution (le concen-
trat). Dans le cas d'une membrane ionique (cf. § 3), par suite de la pré-
sence de charges électriques fixes, le nombre de transport des petits
En outre, les solutions, diluat et concentrat, doivent rester électri- ions peut être plus grand ou plus petit dans la membrane que dans
quement neutres : selon la nature des membranes et l'agencement la solution. Par exemple, s'il est plus élevé, la concentration du
des compartiments, l'électroneutralité est obtenue, dans le compar- concentrat au voisinage de la membrane est plus grande que dans
timent du concentrat, par l'apport de la charge électrique soit des le sein de la solution ; au contraire, dans le diluat, la concentration
ions formés aux électrodes (figure 3), soit des ions provenant du près de la membrane est inférieure à celle de la solution.
diluat voisin (figure 4), tandis que, dans le compartiment du diluat,
la neutralité électrique est maintenue soit par la charge des ions pro-
venant des réactions aux électrodes (figure 3) ou du concentrat 1.3.2 Ionolyse
(figure 4), soit par le départ simultané de deux charges ioniques
opposées, ou par la combinaison de ces deux processus.
Quand la concentration des ions au ras de la membrane devient
Pour éviter de trop grandes variations du pH de la solution qui bai- très faible, elle peut se rapprocher de celle des ions issus de l'iono-
gne l'anode (l'anolyte) et de celle qui lave la cathode (le catholyte), lyse du solvant. À partir d'une certaine valeur, fonction des mobilités
on effectue parfois le mélange des deux liquides en un seul : l'élec- ioniques, les ions du solvant contribuent au passage du courant
trodat. électrique. Par exemple, si, dans une solution aqueuse de pH égal
à 7, un anion a une mobilité 5 fois plus faible que celle de l'ion
hydroxyle, ce dernier franchira de façon significative la membrane
perméable aux anions pour transporter sa part de courant électrique
1.3 Phénomènes concomitants dès que la concentration de cet anion atteindra 1/5 de 10-7 mol/L.
Pour pallier cette ionisation, le compartiment qui s'appauvrit en
1.3.1 Polarisation ions peut être garni d'un lit poreux d'un matériau solide échangeur
d'ions (résine, papier, tissu, tricot) pour faciliter le passage du cou-
rant électrique : c'est l'électrodiarèse [14].
Elle apparaît au voisinage des membranes : en effet, les membra-
nes constituent une barrière pour les ions, qui se déplacent sous
l'influence du champ électrique : le nombre de transport ti M (frac- 1.3.3 Électro-osmose
tion des charges électriques transportées par un ion considéré) des
ions dans cette barrière est différent du nombre de transport ti dans
la solution [12] : On peut la définir comme étant le flux des molécules qui se pro-
duit dans un milieu possédant une charge statique sous l'influence
li zi Ci du champ électrique. Selon la nature et l'agencement des membra-
t i = -------------------
- nes, le liquide s'appauvrit (figure 4) ou s'enrichit en molécules d'eau
S li zi Ci (figure 6) et en molécules neutres entraînées. La déglycérolisation
avec Ci concentration de l'ion dans la solution, des globules rouges du sang en est un exemple [15].
zi charge de l'ion, La combinaison de l'électro-osmose et des phénomènes de pola-
risation est parfois dénommée effet Bethe-Toropoff [16].
li conductivité ionique dans la solution,
S li zi Cisomme des termes li zi Ci pour tous les ions
présents en solution 1.3.4 Effet Joule
De part et d'autre de la membrane, la concentration des ions n'est
donc pas la même qu'au sein de la solution. On peut avoir d'un côté L'échauffement de la solution au passage du courant électrique
de la membrane, dans le cas d'une membrane neutre (cf. § 3.2) par ne se manifeste que si la différence de potentiel appliquée aux bor-
exemple, une accumulation de gros ions : leur concentration aug- nes de la cellule d'électrodialyse est très importante, en même
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P3365
Électrophorèse capillaire
Principes
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Référence Internet
P3365
T K température
teo s temps d’écoulement
électroosmotique 1. Principe général
tinj s durée de l’injection et phénomènes
tm s temps de migration de transport
vapp m· s–1 vitesse apparente
veo m · s–1 vitesse de l’écoulement 1.1 Principe
électroosmotique
vep m · s–1 vitesse électrophorétique L’électrophorèse capillaire est une technique où les composés
sont analysés au sein d’un capillaire de faible diamètre interne
V V tension (quelques dizaines de micromètres) et d’une longueur de l’ordre de
quelques dizaines de centimètres, rempli d’un électrolyte de sépara-
Vcond m3 volume de conditionnement du
tion. Les deux extrémités du capillaire plongent dans deux flacons
capillaire
réservoirs différents où plongent également deux électrodes reliées
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Référence Internet
P3365
Capillaire
1.2 Migration électrophorétique
diamètre interne : 10-100 µm
longueur : quelques dizaines de cm 1.2.1 Définition et équations de base
Dans le cas des petits ions, c’est-à-dire ceux dont la taille est
Générateur de
tension (kV)
inférieure à la longueur de Debye δ et où on peut assimiler l’ion à
une sphère uniquement soumise aux forces de Coulomb et de
Stokes, la mobilité électrophorétique d’un ion i s’exprime par :
Figure 1 – Schéma de principe d’un système d’électrophorèse
capillaire
(2)
Cation Anion
(× 10–5 cm2 · V–1 · s–1) (× 10–5 cm2 · V–1 · s–1)
H+ 362,5 OH– – 205,5
K+ 76,2 – 82,9
Na+ 51,9 Cl– – 79,1
48,9 – 74,1
Éthanolamine 44,3 F– – 57,4
Li+ 40,1 CH3COO– – 42,4
Tris 29,5 HEPES – 21,8
Ammédiol 29,5 MES – 26,8
20,2 MOPS – 24,4
HEPES : acide 4-(2-hydroxyéthyl)-1-pipérazine éthane sulfonique
MES : acide 2-(N-morpholino)éthanosulfonique
MOPS : acide 3-morpholino-1-propanesulfonique
Tris : tris(hydroxyméthyl)aminométhane
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Référence Internet
P3365
la vitesse de migration des ions lors de l’application d’un champ Plusieurs modèles théoriques ou expérimentaux ont été publiés
électrique et donc leur ordre de sortie. Comme cela apparaît dans afin de pouvoir prendre en compte l’impact des ions de l’électro-
l’équation (2), la mobilité électrophorétique d’un cation est positive lyte, donc de sa force ionique, sur les mobilités électrophorétiques.
et celle d’un anion négative. Les ions hydronium H3O+ et hydroxyde On peut ainsi citer ceux de Debye-Hückel-Onsager ou de Robinson-
OH– sont ceux qui ont les mobilités électrophorétiques absolues de Stokes [1] ou l’équation empirique de Friedl [2].
loin les plus élevées, avec un ordre de grandeur de différence par
rapport à tous les autres ions. Ensuite, on peut remarquer que la
mobilité du chlorure est plus élevée en valeur absolue que celle du 1.2.3 Effet du pH de l’électrolyte
fluorure. Comme ces deux ions ont la même charge, cela indique
que le rayon ionique du chlorure solvaté est plus petit que celui du Pour des composés à analyser ayant des propriétés acido-
fluorure, ce qui est à l’inverse de ce qui est observé à l’état gazeux. basiques, le pH de l’électrolyte joue également sur leur mobilité
Enfin, de manière générale, les ions inorganiques sont plus mobiles électrophorétique comme cela est illustré figure 2 pour un acide
que les ions organiques, car plus petits. faible AH ayant une valeur de pKa de 5. En effet, en fonction du
pH, le degré de dissociation du composé varie, donc sa charge et
L’équation (2) s’applique pour des ions dont la taille est infé-
donc, d’après l’équation (2), sa mobilité électrophorétique. Pour
rieure à la longueur de Debye, notée δ, qui peut être calculée
une valeur de pH de l’électrolyte inférieure à pKa – 2, l’acide est
selon :
protoné sous sa forme AH et donc neutre. Sa charge nulle lui
confère donc une mobilité électrophorétique qui l’est aussi. Pour
(3) une valeur de pH supérieure à pKa+2, l’acide est totalement dépro-
toné et existe en solution sous sa forme A–. Sa charge est donc
avec εr permittivité relative de l’électrolyte, égale à – 1, ce qui lui confère une mobilité électrophorétique non
ε0 permittivité du vide (8,85 × 10–12 C · V–1 · m–1), nulle et négative, . Pour des valeurs de pH croissantes com-
prises entre pKa – 2 et pKa + 2, l’acide se déprotone progressive-
R constante des gaz parfaits (8,314 J · mol–1 · K–1), ment et a un coefficient de dissociation α qui varie de 0 à 1. On
T température en Kelvin, peut alors exprimer, pour chaque valeur de pH, la mobilité électro-
I force ionique, phorétique effective μep eff,i de cet acide faible comme étant égale
F constante de Faraday (9,65 × 104 C · mol–1 avec au produit de la mobilité électrophorétique de l’espèce totalement
1 C = 1 A · s). déprotonée (A– ici) et du coefficient de dissociation α :
80 [AH] [A–]
ce cas revenir à la définition plus générale de la mobilité électro-
70
phorétique, qui est égale au rapport de la charge de l’ion sur son
60
coefficient de friction lors de son déplacement dans l’électrolyte.
50
Dans le cas particulier d’une molécule constituée de la répétition
de x unités, le coefficient de friction est égal au produit de la 40
viscosité η de l’électrolyte par le nombre x d’unités. La mobilité 30
électrophorétique est donc égale au rapport de la charge de la 20
molécule divisée par ηx. Si la charge de cette macromolécule est 10
indépendante du nombre d’unités qui la compose, sa mobilité 0
électrophorétique varie inversement avec x, donc avec la masse 0 2 4 6 8 10 12 14
moléculaire. Dans le cas particulier où chaque unité supplémen- pH
taire composant la macromolécule confère une charge supplémen-
électrophorétique (en 105 cm2 · V–1 · s–1)
40
d’un polymère constitué de monomères chargés. Dans ce cas,
quelle que soit la taille des brins d’ADN, ils ont tous la même 35
mobilité électrophorétique. 30
25
1.2.2 Effet de la force ionique de l’électrolyte 20
Comme indiqué précédemment, le tableau 1 donne des valeurs 15
de mobilité électrophorétique absolue, c’est-à-dire dans une solu- 10
tion indéfiniment diluée. Cependant, en électrophorèse capillaire,
le liquide qui remplit le capillaire doit pouvoir conduire le courant 5
et donc être un électrolyte, c’est-à-dire une solution qui contient 0
des ions telle que par exemple un tampon phosphate, un tampon 0 2 4 6 8 10 12 14
borate ou de l’acétate d’ammonium, avec des concentrations de pH
quelques dizaines de mmol · L–1. L’électrolyte de séparation a donc
pKa = 5
une force ionique de l’ordre de quelques dizaines de mmol · L–1.
mA– = – 40 × 10–5 cm2 · V–1 · s–1
Or, la présence de ces ions dans le liquide induit une diminution
de la mobilité électrophorétique de l’ion i, notée , et donc les
analytes ont une vitesse électrophorétique plus petite que celle Figure 2 – Effet du pH sur les concentrations relatives et sur la valeur
prévue par les valeurs de mobilité électrophorétique absolue. absolue de la mobilité électrophorétique de l’acide faible AH
16
Référence Internet
P3365
On peut transposer cette discussion au cas d’un composé qui paramètres jouent également un rôle majeur : la température et la
posséderait une fonction basique. Une base faible est sous sa teneur en solvant de l’électrolyte. En effet, une augmentation de la
forme B lorsque le pH est supérieur à pKa + 2. Elle est alors neutre température de 1 °C induit une diminution de 2 à 3 % de la visco-
et a une mobilité électrophorétique nulle. Pour des valeurs de pH sité, et donc une augmentation du même ordre de la mobilité élec-
inférieures à pKa – 2, l’espèce est sous sa forme protonée BH+. Elle trophorétique. De plus, elle a aussi un effet sur les valeurs des
a donc une mobilité électrophorétique non nulle et positive, . constantes thermodynamiques, telles que les pKa et Kf, et donc sur
Pour des valeurs de pH décroissantes comprises entre pKa + 2 et la mobilité électrophorétique d’une espèce qui posséderait des
pKa – 2, la base se protone progressivement avec un coefficient de propriétés acido-basiques ou de complexation, comme cela a été
dissociation α. L’expression de la mobilité électrophorétique effec- décrit précédemment.
tive μep eff,i de ce composé est alors égale au produit de la mobilité
électrophorétique de l’espèce totalement protonée (BH+ ici) et En ce qui concerne la teneur en solvant de l’électrolyte, elle a un
du coefficient de dissociation α : effet sur la viscosité de l’électrolyte, sur les équilibres en solution,
donc sur le pH et les constantes thermodynamiques telles que le
pKa, et sur la solvatation des composés, donc leur rayon hydrody-
(5) namique solvaté. Ces effets qui peuvent être antagonistes se
cumulent et il est parfois difficile de prévoir si un ajout de solvant
Si un composé possède plusieurs groupements acido-basiques, entraîne une augmentation ou une diminution de la mobilité élec-
comme un peptide ou une protéine par exemple, chacun possé- trophorétique d’un composé donné, tout comme une élévation de
dant une valeur de pKa, le raisonnement précédent s’applique pour température. Le plus souvent, seule une mise en œuvre expéri-
chaque groupement et peut induire des variations très fortes de la mentale permet de répondre à cette question. De plus, ces effets
mobilité, qui peut même être négative dans un certain domaine de peuvent être très différents d’un composé à un autre, ce qui fait
pH et positive dans un autre. Il apparaît donc que le pH peut signi- qu’un changement de température ou l’ajout d’un faible pourcen-
ficativement modifier la mobilité électrophorétique d’un composé tage de solvant (de l’ordre de 10 à 30 % en volume), le plus sou-
ayant des propriétés acido-basiques. Ce paramètre doit donc être vent du méthanol, de l’éthanol ou de l’acétonitrile, sont souvent
précisément contrôlé puisqu’il détermine la vitesse de migration testés lors de l’optimisation d’une séparation. Quoi qu’il en soit,
des ions et donc leur temps de sortie. Il peut également permettre ces paramètres sont à contrôler précisément puisqu’ils influent sur
d’ajuster les vitesses électrophorétiques relatives des composés à la migration électrophorétique.
analyser pour mieux les séparer.
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Référence Internet
P3366
Électrophorèse capillaire
Appareillage
par Agnès HAGÈGE
Chargée de recherche CNRS à l’Institut de Biologie Environnementale
et de Biotechnologie, UMR 7265 CNRS-CEA-Aix-Marseille II et SBTN, CEA Marcoule
et Thi Ngoc Suong HUYNH
Diplômée de la faculté de pharmacie de Hô Chi Minh-ville (Vietnam)
Doctorante au Service de Biochimie et de Toxicologie Nucléaire, CEA Marcoule
Cet article est la réédition actualisée de l’article [P 3 366] paru en 2003 rédigé par Myriam
TAVERNA, Isabelle LE POTIER et Philippe MORIN.
19
Référence Internet
P3366
Une part importante de son implantation est due à son appareillage relative-
ment simple, ne présentant que peu de parties mobiles, la rendant de ce fait
adaptée à une miniaturisation. Grâce à ces caractéristiques, son intégration au
sein de laboratoires sur puce a suscité un engouement considérable dans le
domaine de l’analyse.
Par ailleurs, les développements instrumentaux sans cesse réalisés ont
permis d’accroître ses performances et ses possibilités. À ce titre, le couplage
avec la spectrométrie de masse peut être considéré comme une avancée
déterminante dans l’expansion de cette technique.
Le but de cet article est de donner un aperçu global de l’appareillage utilisé
en électrophorèse capillaire et d’en détailler les principaux composants et de
mentionner les configurations les plus utilisées et les nombreuses évolutions,
notamment dans le domaine de la détection. Une part importante est
consacrée à la miniaturisation de cette technique.
Cet article fait partie d’une série dédiée à l’électrophorèse capillaire :
– « électrophorèse capillaire. Principe » [P 3 365] ;
– « électrophorèse capillaire. Appareillage » [P 3 366] ;
– « électrophorèse capillaire. Applications » [P 3 367].
Sigle Définition
Capillaire
détecteur de conductivité par couplage
C4 D
capacitif sans contact
CE électrophorèse capillaire Détecteur
MALDI
ionisation/désorption par laser assistée deux électrodes, plongeant également dans ces réservoirs et
par une matrice alimentées par un générateur de haute tension, d’un système
d’injection des échantillons (§ 3) et d’un système de détection,
MS spectrométrie de masse
optique la plupart du temps (figure 1).
PMT photomultiplicateur Ces appareils n’ont depuis cessé d’évoluer. Les possibilités de
UV ultra-violet couplage à des détecteurs externes ont multiplié le champ des
détections possibles. Parmi celles-ci, on peut notamment citer la
spectrométrie de masse.
Les années 2000 sont, quant à elles, marquées par la miniaturi-
1. Aperçu général sation de ces systèmes et l’amélioration de la durée des sépara-
tions, désormais réduite à quelques secondes. Comme nous le
verrons par la suite, ce changement d’échelle implique pour
L’électrophorèse capillaire CE (Capillary Electrophoresis) occupe certaines étapes une conception totalement différente.
une place particulière dans le panel des techniques séparatives et Le principe de séparation repose sur la migration d’espèces char-
peut être considérée sous de nombreux aspects comme une tech- gées dans un champ électrique. Parmi ses atouts, on peut citer :
nique hybride entre la chromatographie et l’électrophorèse sur gel.
– sa grande flexibilité ; de nombreux modes de séparation sont
Depuis les premiers travaux réalisés par Hjerten [1] dans des possibles (électrophorèse de zone, électrophorèse sur gel,
capillaires de 0,3 mm de diamètre interne, cette technique a pris chromatographie électrocinétique, micellaire ou non, focalisation
un essor considérable avec l’utilisation de capillaires de diamètres isoélectrique...) qui sont accessibles par simple changement de la
plus réduits (75 µm) grâce aux travaux de Jorgenson et al. [2] au composition de l’électrolyte ;
début des années 1980, qui ont rendu possible le développement – son faible coût de fonctionnement ; notamment dû au faible
d’appareils commerciaux. coût des capillaires, comparé à celui des colonnes chromato-
Ces appareils sont des systèmes totalement intégrés, générale- graphiques et à son automatisation par rapport à l’électrophorèse
ment constitués d’un capillaire de séparation dont les extrémités sur gel, qui permet une diminution considérable du coût de
sont immergées dans des réservoirs contenant un électrolyte, de main-d’œuvre imputé à une séparation.
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Enfin, dans son format micropuce, on peut encore citer : populaire avec le développement des techniques électrochromato-
– sa portabilité ; graphiques et permet la synthèse de la phase stationnaire directe-
– sa rapidité, notamment par les possibilités de multiplexage ment in situ par des réactions de polymérisation photo-initiées.
qu’offrent ces supports. La surface interne des capillaires de silice est constituée de sila-
Une étude détaillée [3] fournit, à l’aide de nombreux exemples, nols dont l’ionisation permet de générer un flux électroosmotique
une comparaison objective entre l’électrophorèse capillaire, dirigé vers l’anode. Ce dernier joue un rôle primordial dans le
l’électrophorèse sur gel et la chromatographie (nanochromatogra- processus de séparation et doit être optimisé afin d’améliorer la
phie) basée sur différents critères tels que la vitesse, la flexibilité, sélectivité, de réduire les temps d’analyse mais aussi d’éliminer
la portabilité, le volume d’échantillon, la sensibilité, la répétabilité l’adsorption de certains composés à la surface de ces silanols. Une
ou encore le coût. des options consiste à greffer chimiquement ces silanols. Différents
protocoles ont été élaborés en fonction de la nature du greffon.
2. Séparation Ceux-ci ne sont pas détaillés dans cet article mais le lecteur
pourra se référer à deux articles, l’un traitant plus spécifique-
ment du greffage par le polyacrylamide linéaire [5], l’autre
présentant un panorama plus général du greffage par les
2.1 Supports de séparation polymères [6].
Comme son nom l’indique, les séparations sont en général
réalisées dans des canaux de dimensions capillaires. Les supports Certains d’entre eux sont disponibles commercialement. Pour ne
classiques sont généralement des tubes de silice fondue mais plus citer que les plus courants :
récemment les puces se sont développées et constituent une – capillaires neutres (greffés par du polyacrylamide ou du
véritable avancée, notamment en termes de rapidité d’analyse polyvinylalcool) ;
(figure 2). – capillaires chargés positivement (greffés par des polymères
présentant des groupements ammonium quaternaire) ;
2.1.1 Capillaires – capillaires présentant une charge de surface réduite par des
greffons alkyle, diol.
Les capillaires sont le plus souvent constitués de silice fondue,
D’autres capillaires en polytétrafluoroéthylène (Téflon) ou
revêtus d’une couche de polyimide afin d’en assurer la flexibilité.
perfluoroalkoxy (Teflon-PFA) peuvent être utilisés en raison de leur
Leurs dimensions sont en général comprises entre 10 et 100 cm de
surface non polaire qui devrait présenter des capacités de sorption
longueur et 20 à 75 µm de diamètre interne.
des ions métalliques et des molécules multichargées plus faibles.
Ce type de capillaire est utilisé dans de nombreuses d’applica-
tions. Néanmoins, certaines études mentionnent l’intérêt de
capillaires qui vont différer de par leur géométrie, la nature du 2.1.2 Puces
revêtement externe ou encore celle de leur surface interne. La géométrie des systèmes sur puce diffère quelque peu de celle
Ainsi, des capillaires à section carrée ou rectangulaire ont été des capillaires. Dans le cas des systèmes les plus simples, la
utilisés en raison de leur meilleure capacité à dissiper la chaleur et configuration adoptée est une géométrie en forme de croix, repré-
des plus faibles distorsions optiques engendrées par les surfaces sentée sur la figure 2b. Cette géométrie présente deux avantages :
planes mais leur emploi reste anecdotique. – d’une part, pallier l’absence de passeur d’échantillons en
Des revêtements externes autres que le polyimide tels que les entrée du capillaire de séparation ;
fluoropolymères (Téflon®AF) permettent de disposer de capillaires – d’autre part, permettre l’injection de volumes d’échantillons
totalement transparents aux UV. Ce type de capillaire est devenu très définis comme nous le verrons dans le paragraphe 3.
1 cm
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Électrophorèse capillaire
Applications
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HP-β-CD (2-hydroxy)propyl-β-cyclodextrine
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– S’il s’agit de la spectrophotométrie d’absorbance UV, certains cations et anions analytes et des cations et anions chro-
mode le plus utilisé en CE, les composants de l’électrolyte doivent mophores qui sont les plus adaptés pour leur analyse respective.
être transparents aux longueurs d’onde adaptées à la détection Cependant, il existe de très nombreux autres cations ou anions qui
en mode direct des analytes. peuvent être utilisés comme ions chromophores [4].
– Cependant, la plupart des ions inorganiques ne possèdent pas – Une autre stratégie de détection des ions inorganiques consiste
de groupements chromophores et n’absorbent pas en UV. Une à utiliser le détecteur conductimétrique sans contact C4D
stratégie consiste alors à faire une détection UV en mode dit (capacitively-coupled contactless conductivity detection) [2] [5]. Il
indirect, où le co-ion de l’électrolyte absorbe fortement en UV [2]. offre comme avantage d’être universel pour les ions, peu coûteux et
Ainsi, comme illustré figure 1, dans le créneau où l’analyte est pré- positionnable à volonté sur le capillaire sans nécessiter de fenêtre
sent, il se substitue au co-ion pour respecter la règle de l’élec- pour la détection, contrairement aux modes de détection optiques
troneutralité, ce qui diminue l’absorbance de cette zone. Cette qui nécessitent d’enlever la couche de polyimide sur la surface
approche est donc universelle. Les critères de choix de ce co-ion externe du capillaire, ce qui explique sa très large utilisation
dit chromophore sont qu’il doit absorber fortement en UV à une aujourd’hui. Cependant, afin que la sensibilité soit maximale, la
longueur d’onde donnée et qu’il ait une mobilité proche de celles conductivité de l’électrolyte doit être la plus différente possible de
des analytes pour éviter toute déformation des pics. La figure 2 [3] celles des analytes, ce qui est en contradiction avec le souci de choi-
présente par exemple les mobilités électrophorétiques de sir un co-ion ayant une mobilité électrophorétique voisine de celles
anion de l’électrolyte
absorbant en UV
analyte n’absorbant
pas en UV
cation de l’électrolyte,
n’absorbant pas en UV
Absorbance
Distance
Sr2+
Na+ NH4+
Li+ Ca2+
Mg2+ Ba2+ K+
Analytes
Mobilité
30 50 50 60 70 80 électrophorétique
Cations (10 m2 · V–1 · s–1)
–9
chromophores créatinine Cu2+
pyridine imidazole histidine
–
CN– NO2–
−
Br – NO3 HPO24
−
CH3CO2
−
−
PO34 −
CI– − F– HCO3− H2PO4
Analytes CO32
Mobilité
électrophorétique
Anions 80 70 60 50 40 30
(10–9 m2 · V–1 · s–1)
chromophores MoO24
−
phtalate benzoate
−
hydrogéno-
−
CrO24 HCrO4 phtalate
CHES
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des analytes pour limiter les phénomènes d’électrodispersion, Ainsi, l’éther 18-couronne-6 (18-C-6) a une forte affinité pour K+ et
puisque conductivité et mobilité sont liées. Des électrolytes à base l’éther 15-couronne-5 pour Na+. Cette propriété a été mise à profit par
d’acide 2-(N-morpholino)éthanosulfonique MES, un zwittérion, et exemple lors de l’optimisation de la séparation en CZE de cations
d’histidine, base de faible conductivité, sont souvent privilégiés. caractéristiques d’explosifs inorganiques, pour séparer K+ de
– Enfin, un dernier mode de détection possible est la spectro- NH4+ et Na+ de Sr2+ en introduisant dans l’électrolyte le 18-C-6 à une
métrie à plasma à couplage inductif ICP-MS (inductively concentration optimisée de 3 mM : en complexant K+ et Sr2+, il a
coupled plasma mass spectrometry), qui a comme avantage d’être diminué leur mobilité électrophorétique [9]. L’électrolyte optimisé
sensible, sélective et multi-élémentaire [6]. contient également 15 mM de guanidinium, cation chromophore pour
la détection en mode indirect. Il est à noter que la surface du capillaire
a été préalablement modifiée de manière semi-permanente en perco-
1.1 Cations inorganiques lant tout d’abord une solution d’un polymère cationique (bromure
d’hexadiméthrine, HDMB) puis une solution d’un polymère anionique
(polyvinylsulfonate, PVS), dans le but d’obtenir un écoulement élec-
L’analyse de cations inorganiques en CZE avec un capillaire de
troosmotique cathodique élevé même à un faible pH de 4,0.
silice vierge est rapide, car l’écoulement électroosmotique généré
est cathodique, c’est-à-dire dans le même sens que la migration
électrophorétique des cations. Ces deux contributions s’ajoutent Cependant, l’une des limitations de la détection UV en mode indi-
donc et leur confèrent des vitesses apparentes élevées. Cependant, rect est son manque de sensibilité (tableau 1). Afin de bénéficier de
deux cations sont séparés en CZE si leurs mobilités électrophoré- la plus grande sensibilité offerte par le mode direct, les cations inor-
tiques diffèrent, ce qui est le cas pour ceux de la famille des alcalins, ganiques peuvent être complexés avec un composé absorbant dans
mais malheureusement pas pour d’autres comme les métaux de l’UV, comme l’acide 8-hydroxy-quinoline-5-sulfonique, le 4-(2-
transition ou les lanthanides par exemple, qui ont respectivement pyridylazo)résorcinol ou la 1,10-phénanthroline (Phen) par exemple,
des charges et des tailles similaires. Afin de les séparer, la solution le complexe étant alors détectable. Malheureusement, cette com-
consiste à ajouter dans l’électrolyte de séparation un agent com- plexation totale, réalisée en général dans l’échantillon avant son
plexant à une concentration telle qu’il ne complexe que partielle- injection, limite la sélectivité de la séparation, puisque, par exemple,
ment et différemment les cations ciblés pour leur donner des les complexes formés entre Fe2+, Ni2+ ou Co2+ avec Phen ont des
mobilités électrophorétiques différentes [P 3 365]. La sélectivité de la tailles et des charges similaires, donc des mobilités électrophoré-
séparation dépend donc de la nature de l’agent complexant, c’est-à- tiques voisines. C’est pourquoi il peut être intéressant de coupler à
dire du fait qu’il ait des constantes de complexation différentes pour la fois complexations partielle et totale, en remplissant le capillaire
les cations ciblés, de sa concentration et du pH de l’électrolyte, si avec un électrolyte contenant un ligand complexant partiellement
l’agent complexant a des propriétés acido-basiques. les ions, mais également avec une petite zone contenant un com-
plexant fort et absorbant en UV placée avant la fenêtre de détection.
La première application de ce genre a été mise en œuvre par Foret Ainsi, les ions sont séparés dans la première partie du capillaire par
et al. pour séparer 14 lanthanides (Ln) en moins de 5 min [7]. complexation partielle et sont ensuite complexés par le complexant
L’acide hydroxyisobutyrique HIBA a été choisi comme contre-ion de fort et absorbant en UV lorsqu’ils atteignent et traversent successi-
l’électrolyte pour complexer les lanthanides avec des constantes de for- vement cette zone avant d’être détectés en UV direct. Cette
mation globales du complexe [Ln(HIBA)3] variant entre 105,53 pour La3+ approche a par exemple été utilisée pour déterminer les ions Fe2+,
et 108,82 pour Lu3+ à 20 °C. La créatinine a elle été choisie comme co- Ni2+ et Co2+ dans des milieux primaires de centrale nucléaire [10].
ion de l’électrolyte afin de permettre la détection des lanthanides en Pour pallier la faible sensibilité de la détection optique due au faible
mode UV indirect, puisque ces cations n’absorbent pas en UV. chemin optique, une méthode de préconcentration électrocinétique
a été mise en œuvre, ce qui a permis d’atteindre des limites de
D’autres agents de complexation ont également été utilisés pour détection LOD (limit of detection) de l’ordre de 10–8 mol · L–1. Il est à
séparer des cations inorganiques en CZE tels que le lactate, le noter que ces approches de préconcentration électrocinétique, qui
tartrate ou le phtalate par exemple. sont automatisées et se déroulent au sein du capillaire, et/ou de
traitement de l’échantillon sont très souvent utilisées avant la sépa-
Ainsi, 27 cations de la famille des alcalins, des alcalino- ration en CE, quels que soient le mode de séparation et la nature
terreux, des métaux de transition et des terres rares ont des analytes, pour améliorer les performances de l’analyse, en parti-
été séparés en moins de 6 min en utilisant le lactate comme contre- culier ses LOD [11] [12].
ion de l’électrolyte, qui joue à la fois le rôle d’agent complexant et
L’autre mode de détection qui est très utilisé pour l’analyse des
d’espèce tampon, et la 4-méthylbenzylamine comme co-ion, qui est
ions inorganiques est la C4D.
un cation chromophore pour détecter les analytes en UV indirect
(figure 3) [8].
Une excellente sélectivité a été obtenue en jouant sur le pH et la Exemple : 14 cations (NH4+, K+, Ca2+, Na+, Mg2+, Mn2+,
concentration en lactate, mais aussi en ajoutant une faible teneur en Tl3+, Cr3+, Pb2+, Cd2+, Zn2+, Cu2+, Co2+ et Ni2+) ont été ana-
solvant organique, le méthanol ici, qui module les mobilités électro- lysés par CZE-C4D comme nutriments et contaminants dans des
phorétiques via la viscosité de l’électrolyte, la taille des ions solvatés, plantes médicinales et des fertilisants [13]. L’électrolyte était com-
mais également leur charge en modifiant les constantes de complexa- posé de 30 mM de MES/histidine, 1,5 mM de 18-C-6 et 1 mM d’acide
tion et d’acidité (pKa). De plus, l’ajout de méthanol dans l’électrolyte citrique à pH 6,0 pour obtenir une bonne sélectivité. Des LOD
ralentit l’écoulement électroosmotique, améliorant la résolution au comprises entre 0,9 et 6,2 × 10–6 mol · L–1 ont été obtenues. De
détriment du temps d’analyse. Il est intéressant de remarquer sur la nombreux autres exemples d’application ont été décrits dans la
figure 3 que plus un cation migre tard, plus son pic est déformé et littérature [2].
asymétrique, ce qui induit une diminution de la résolution et de la
sensibilité. Cela est dû au phénomène d’électrodispersion, qui est
d’autant plus important que la mobilité de l’analyte est différente de Enfin, le couplage de la CZE avec l’ICP-MS permet non seule-
celle du co-ion de l’électrolyte, le cation chromophore 4-méthylbenzy- ment de détecter les cations de manière plus sensible et sélective,
lammonium ici. mais aussi de déterminer des compositions isotopiques ou de faire
des études de spéciation [14] [15]. Ce couplage est ainsi très utilisé
D’autres types d’agents complexants peuvent être utilisés, pour analyser des radionucléides ou des lanthanides dans des
comme par exemple des éthers couronnes. En effet, ces composés échantillons radioactifs par exemple, car sa sensibilité permet de
hétérocycliques ont une cavité d’une taille donnée qui détermine diluer fortement les échantillons et les faibles volumes d’échantil-
l’ion qui peut s’y complexer. lon nécessaires en CE permettent aussi de limiter la dose finale de
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Absorbance
7 10
4 14
20
5 8 12 16
15
6
13 18
19
1 22 23
21
2 3 17 25
11 26 27
24
2 3 4 5 6
Temps (min)
Capillaire, 75 µm × 60 (52,7) cm
Électrolyte, acide lactique 15 mM, 4-méthylbenzylamine 8 mM, 5 % méthanol, pH 4,25
Tension, 30 kV
Détection UV indirect à 214 nm
1 : K+ ; 2 : Ba2+ ; 3 : Sr2+ ; 4 : Na+ ; 5 : Ca2+ ; 6 : Mg2+ ; 7 : Mn2+ ; 8 : Cd2+ ; 9 : Li+ ; 10 : Co2+ ; 11 : Pb2+ ;
12 : Ni2+ ; 13 : Zn2+ ; 14 : La3+ ; 15 : Ce3+ ; 16 : Pr3+ ; 17 : Nd3+ ; 18 : Sm3+ ; 19 : Gd3+ ; 20 : Cu2+ ; 21 : Tb3+ ;
22 : Dy3+ ; 23 : Ho3+ ; 24 : Er3+ ; 25 : Tm3+ ; 26 : Yb3+ ; 27 : Lu3+
Figure 3 – Séparation en CZE de 27 cations alcalins et alcalino-terreux, de métaux de transition et de terres rares
Tableau 1 – Comparaison de différents modes de détection utilisés en CE pour l’analyse d’ions inorganiques
ou organiques, sans étape préalable de préconcentration
Limite de détection
Mode de détection Avantages majeurs Inconvénients majeurs
(mol · L–1)
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rayonnement reçue par le manipulateur et des déchets à retraiter Pour le même type d’application, d’autres auteurs ont privilégié
ainsi que leur volume. une détection C4D [19]. La force ionique de l’électrolyte de sépa-
ration de faible conductivité constitué de Tris 70 mM et CHES
Des LOD entre 10–10 et 10–8 mol · L–1 ont été par exemple obte- 70 mM à pH 8,6 a été optimisée en faisant un compromis entre
nues pour le césium et les lanthanides en fonction du type d’analy- sélectivité et sensibilité.
seur utilisé, après avoir dilué 70 000 fois l’échantillon radioactif initial
pour que la dose finale soit inférieure à 20 µSv · h–1 [14]. Ainsi, 15 anions ont été séparés dans un capillaire préalablement
modifié par du HDMB pour inverser l’écoulement électroosmotique
en 7 min (figure 4) [19] et des LOD de l’ordre de 10–6 mol · L–1 ont
Il est à noter que dans le cas de l’analyse des lanthanides, à
été obtenues.
cause de l’existence d’interférences isobariques des lanthanides
entre eux, leur séparation en CZE par complexation partielle dans Il est à noter que de nombreux paramètres jouent sur la sélecti-
l’électrolyte de séparation est nécessaire avant leur introduction vité en CZE tels que le pH et la force ionique de l’électrolyte, tout
dans le détecteur. en prenant en compte également leur effet sur le pouvoir tampon,
la symétrie des pics et l’effet Joule. Un logiciel de modélisation et
de prédiction, développé par l’équipe de Gaš, intitulé Peakmaster
1.2 Anions inorganiques et téléchargeable gratuitement (https://web.natur.cuni.cz/gas/peak-
master.html), peut alors s’avérer très utile.
L’analyse d’anions inorganiques en CZE avec un capillaire de
silice vierge peut être lente, leurs migrations électrophorétiques Par exemple, il a été utilisé pour optimiser l’analyse en CZE-UV des
étant dans le sens inverse à l’écoulement électroosmotique catho- ions nitrate, périodate et iodate pour la détermination du glycé-
dique (mode dit contre-électroosmotique). C’est pourquoi l’écoule- rol libre dans un biocarburant [20] ou pour l’analyse des ions bicarbo-
ment électroosmotique est généralement soit supprimé, soit nate, phosphate, chlorure, nitrite, nitrate, sulfate, thiocyanate, acétate
inversé pour devenir anodique et ainsi travailler en mode dit co-élec- et butyrate en CZE-C4D dans la salive pour le diagnostic de maladies
troosmotique en appliquant une tension négative à l’entrée du capil- liées à des reflux œsophagiens [21].
laire pour que les anions se déplacent vers la fenêtre de détection,
attirés par l’anode. Cela peut être réalisé par exemple en modifiant au
préalable la surface du capillaire en y faisant passer une solution 1.3 Analyse simultanée de cations
contenant un tensioactif cationique qui s’adsorbe de façon semi-per- et d’anions
manente à sa surface et lui confère alors une charge positive.
Comme il est apparu dans les paragraphes 1.1 et 1.2, l’analyse
Cela a été réalisé pour développer une méthode d’analyse ultrara- en CZE des cations ou des anions inorganiques n’obéit pas aux
pide des ions nitrite et nitrate [16]. Une solution de bromure de mêmes contraintes et c’est pourquoi, le plus souvent, un même
didodécyldiméthylammonium a été percolée à travers le capillaire échantillon est analysé avec deux méthodes différentes, l’une
avant chaque analyse pendant 0,45 min. Il est à noter que ce ten- dédiée aux cations, l’autre aux anions. Comme cette approche est
sioactif à double chaîne est plus efficace pour obtenir une fonctionna- longue et coûteuse, différentes stratégies ont été développées
lisation semi-permanente que les tensioactifs à simple chaîne qui pour analyser simultanément les cations et les anions
s’adsorbent de manière dynamique et nécessitent donc d’être intro- inorganiques [22] [23].
duits dans l’électrolyte de séparation car leur effet n’est pas La première option consiste à utiliser un électrolyte de pH
rémanent [17]. Comme les mobilités électrophorétiques des ions basique pour générer un écoulement électroosmotique catho-
nitrate (74,1 × 10–5 cm2 · V–1 · s–1) et nitrite (74,4 × 10–5 cm2 · V–1 s–1) dique élevé permettant d’emmener du point d’injection au détec-
sont très proches, une bonne résolution de séparation a été obtenue teur tous les ions, même les anions en mode contre-
en diminuant le pH de l’électrolyte de 3,5 à 2,5 car les ions nitrite ont électroosmotique. Cependant, cela entraîne une diminution de la
des propriétés acido-basiques (pKa de 3,15). Leur séparation dure 30 s résolution entre cations et, si des anions sont très mobiles, leur
si la longueur effective est de 20 cm (longueur totale du capillaire, mobilité électrophorétique en valeur absolue peut rester supé-
27 cm) et seulement 12 s pour 7 cm (injection de l’échantillon du petit rieure à celle de l’écoulement électroosmotique. De plus, un pH
côté du capillaire, c’est-à-dire à l’extrémité du capillaire la plus proche élevé peut entraîner la formation d’hydroxyde pour les cations de
de la fenêtre de détection). La détection a été faite en mode direct à métaux de transition ou les lanthanides par exemple, et empêcher
214 nm car ces ions absorbent en UV. la protonation du cation chromophore de l’électrolyte si la détec-
tion se fait en mode UV indirect. Une meilleure option peut consis-
Cependant, la plupart des anions inorganiques n’absorbent pas ter à inverser l’écoulement électroosmotique, ce qui permet alors
en UV et l’une des solutions, comme pour les cations, est de les d’avoir un écoulement électroosmotique élevé même à faible pH.
détecter en UV indirect en choisissant comme co-ion de l’électro-
lyte un anion chromophore, tel que le phtalate ou le benzoate Une seconde approche consiste à choisir un agent complexant
(figure 2). afin de former avec les cations ciblés des complexes chargés néga-
tivement, ce qui permet de se retrouver avec des analytes unique-
ment présents sous forme d’anions.
Pour l’analyse de 11 anions inorganiques caractéristiques
d’explosifs, le chromate a été sélectionné [18]. L’écoulement élec- Elle a par exemple permis l’analyse simultanée des ions chlo-
troosmotique a été inversé en percolant au préalable une solution de rure, nitrate et aluminium dans des extraits post-explosion [24].
HDMB, un polymère cationique, et une bonne sélectivité a été obtenue L’acide 2,6-pyridinedicarboxylique (PDC) a été choisi comme anion
en optimisant la force ionique de l’électrolyte et la nature et la teneur chromophore permettant la détection des ions chlorure en UV indirect
en solvant qu’il contient, ainsi que la température de l’analyse. L’ajout et comme complexant des cations Al3+ sous la forme [Al(PDC)2]– à un
dans l’échantillon d’un étalon interne pour normaliser les temps de pH de l’électrolyte optimal de 4, transformant ces cations transpa-
migration et les aires des pics a permis d’obtenir des coefficients de rents en UV en des anions absorbants en UV.
variation de fidélité intermédiaire inférieurs à 0,7 % pour les temps de
migration et à 3,6 % pour les aires. Une étape de préconcentration par Une troisième approche est basée sur l’introduction de deux
amplification du champ électrique lors de l’injection électrocinétique de créneaux d’échantillon aux deux extrémités du capillaire,
l’échantillon a été optimisée afin d’atteindre les LOD visées. Elle néces- en se plaçant dans des conditions où l’écoulement électroosmo-
site l’ajout d’un petit volume (1/10) de l’électrolyte de séparation dans tique a été supprimé (électrolyte de faible pH ou modification de la
chaque échantillon afin de fixer leur conductivité pour que cette étape surface du capillaire) [22] [23]. Lors de l’application de la tension,
soit répétable et rendre les effets de matrice négligeables. du créneau d’échantillon situé à la cathode, les anions se mettent
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30
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dossier [P 2 125v2].
33
Référence Internet
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Lorsque une électrode solide constituée d’un conducteur métal- Figure 1 – Sens du courant suivant la valeur de la différence
lique inattaquable est plongée dans la solution contenant le couple de potentiel appliquée à l’électrode indi5catrice
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Référence Internet
P2126
Si nous considérons le cas d’un système simple Ox + ne– ⇌ Red KCN 1 M 10–2
Cr (CN)63− / Cr (CN)64− platine
dont l’oxydant et le réducteur ne diffèrent que par n électrons et
sont tous les deux solubles dans le milieu considéré, et sachant que
le transfert des électrons se fait nécessairement lorsque l’espèce Ox OH–
Mn O −4 / Mn O 24− graphite
concentré
10–2
ou Red est au voisinage de l’électrode, la réaction électrochimique
globale se décompose alors comme indiqué sur la figure 2.
Pour établir la relation entre le courant I, le potentiel E et les Fe3+/Fe2+ palladium H2SO4 1 M 10–2
concentrations de Ox et Red en solution ( c Oxsol et c sol ), nous analy-
Red platine H2SO4 1 M 4 · 10–3
sons successivement les paramètres qui régissent le transfert élec-
tronique (de charge) et le transport de masse. rhodium H2SO4 1 M 3 · 10–3
La production d’une réaction électrochimique obéit à une loi Cr3+/Cr2+ platine H2SO4 0,5 M 2 · 10–3
quantitative, dite loi de Faraday reliant les nombres de moles NOx
ou NRed des substances Ox et Red électroactives transformées (pro- Ti4+/Ti3+ platine HCl 1 M 6 · 10–4
duites ou consommées) à une électrode à la charge électrique totale
Q ayant été transférée à travers l’interface électrode-solution. Cette Ce4+/Ce3+ platine H2SO4 0,5 M 2 · 10–4
loi s’exprime, dans le cas d’un système Ox + ne– ⇔ Red, par :
platine
Q H+/H2 H2SO4 10–2
NOx = NRed = (5) divisé
nF
platine poli H2SO4 2,5 · 10–6
avec F constante de Faraday (= 96 484,56 C · mol–1).
argent H2SO4 4 · 10–8
Le transfert d’électron se produit entre l’oxydant (ou le réduc-
teur) présent à l’électrode et l’électrode. Le courant électrique I qui or H2SO4 3 · 10–6
traverse l’interface électrochimique traduit à chacune des deux
fer H2SO4 10–8
électrodes la vitesse du processus électrochimique. L’expression
classique de la vitesse de transfert de charge considérée du pre- plomb H2SO4 6 · 10–15
mier ordre vis-à-vis du réducteur (pour la réaction d’oxydation) et
vis-à-vis de l’oxydant (pour la réaction de réduction) peut s’écrire
de la façon suivante :
Il a été admis que les constantes de vitesse de transfert de
I j charge ka et kc caractéristiques des processus d’oxydation et de
= = ka c *Red − k c c *Ox (6
) réduction obéissent, comme dans le cas des processus chimiques,
nFA nF
à la loi d’activation d’Arrhenius en faisant intervenir α, coefficient
avec A (cm2) aire de l’électrode, de transfert de charge (0 < α < 1). Cela a pour conséquence l’obten-
I (A) intensité du courant d’électrode, tion d’une relation entre ka (ou kc) et le potentiel d’électrode E qui
s’exprime comme suit :
I
j (A · cm–2) densité de courant =,
A − α nF (1 − α ) nF
–1
ka et kc (cm · s ) constantes de vitesse caractéristiques du k c = k 0 exp (E − E 0 ) et ka = k 0 exp (E − E 0 ) (7
)
processus d’oxydation et de réduction, RT RT
respectivement.
Rappelons aussi que c *Ox et c *Red désignent les concentrations avec k0 constante de vitesse standard d’échange d’électrons.
respectives de Ox et Red à la surface de l’électrode (à l’endroit où Cette constante peut être déterminée expérimentalement. Le
a lieu la réaction électrochimique). tableau 1 en rassemble quelques valeurs obtenues en solution
aqueuse à 20 oC.
Remarque : le signe adopté est tel que I > 0 correspond à Ainsi, l’expression de la vitesse de transfert de charge prend la
l’oxydation et I < 0 correspond à la réduction. On distingue forme suivante :
ainsi les deux sens possibles du transfert électronique. Pour
pouvoir comparer des effets électrochimiques produits à des
électrodes dont les aires A sont différentes, on considère la j (1− α )nF * − αnF *
densité de courant de l’électrode j = I/A. = k 0 exp (E − E 0 ) cRed − k 0 exp (E − E 0 ) cOx (8)
nF RT RT
35
Référence Internet
P2126
−α
c Ox
sol
− α nF lg j 0
sol = exp (E eq − E 0 ) (11)
Red
c RT
- 300 - 200 -100 100 200 300
De plus, on peut envisager une activité faradique exprimée en η (mV)
terme de densité de courant d’échange à l’équilibre j0 égale en
valeur absolue aux composantes anodique et cathodique du Figure 3 – Détermination expérimentale des constantes cinétues
j 0 et h en utilisant la relation de Tafel
courant :
sol exp − α nF (E
Ainsi, si la solution est très concentrée ou si le courant d’électro-
j 0 = nFk 0 c Ox − E) (12)
RT
eq
lyse est assez faible, de telle sorte que les concentrations à l’élec-
trode et au sein de la solution soient approximativement les
ou encore : mêmes, la relation dite de Butler-Volmer peut alors encore être
simplifiée et s’écrire comme suit :
( ) (c )
(1− α ) α
j 0 = nFk 0 c Ox
sol sol
Red
(13) (1 − α ) nF − α nF
j = j 0 exp η − exp η (19)
RT RT
avec :
Des formes simplifiées de cette expression peuvent avoir lieu
j 0 = nFk 0 c sol (14) dans deux cas.
■ Lorsque la surtension η appliquée au système électrochimique
dans le cas particulier où c Ox
sol = c sol = c sol.
Red est relativement élevée (η > 70/n mV), la relation entre j et η prend
Nous savons que l’imposition d’un surpotentiel η = E – Eeq induit alors la forme suivante :
la réalisation de la réaction électrochimique et le passage du
courant modifiant les concentrations des espèces Ox et Red à (1 − α ) nF
lg ja = lg j 0 + η (20)
l’électrode et que le surpotentiel peut être relié au potentiel normal RT
apparent E 0 en utilisant la loi de Nernst : avec ja densité de courant d’oxydation,
sol et :
RT c Ox
η = E − E0 − ln (15) α nF
nF sol
c Red lg (− j c) = lg j 0 − η (21)
RT
Cela conduit à l’établissement de la relation : avec jc densité de courant de réduction.
La variation de lg (j ) = f (η ) est linéaire ; c’est la relation de Tafel.
j (1− α )nF cRed
*
La figure 3 montre comment on peut expérimentalement détermi-
= exp (E − E 0 )
ner les constantes j 0, k 0 et α en utilisant la relation de Tafel (la
j0 RT
Ox ( ) (
c sol (1−α ) c sol
Red )α (16) pente de la partie linéaire donne α et l’ordonnée à l’origine donne
(− α )nF cOx
* j 0, et par conséquence k0). L’écart à la linéarité observé sur cette
− exp (E − E 0 ) figure traduit la non-validité de la simplification de la relation de
RT
( ) (
c sol (1−α ) c sol
Ox Red )α Butler-Volmer aux très faibles valeurs de η.
36
Référence Internet
P2126
Cette équation permet de relier entre elles la densité de courant Pour réaliser l’intégration des équations différentielles précé-
et les flux des espèces électroactives en solution. La réaction à dentes, il est nécessaire de connaître les conditions dans les-
l’électrode conduit à l’interconversion de Ox et de Red. En appli- quelles s’effectue la diffusion. Les gradients de concentration des
quant la loi de conservation des masses, à la surface de l’élec- espèces dissoutes participant à la réaction électrochimique partant
trode, cela conduit à l’égalité des flux de Ox et Red. De plus, la de la surface de l’électrode et s’atténuant lorsque l’on s’éloigne de
conversion d’une mole de Red à une mole de Ox doit être celle-ci, on retrouve la solution pratiquement homogène à une cer-
accompagnée par le transfert de n électrons (figure 5). Ainsi, on a : taine distance δ de l’électrode (à condition que le volume du
compartiment de cellule contenant la solution soit suffisamment
∂c ∂c j vaste pour cela). La couche finie d’épaisseur δ autour de l’électrode
− DOx Ox = DRed Red = (25) dans laquelle se sont établis les gradients de concentration, et par
∂x x =0 ∂x x =0 nF
suite les flux de diffusion, est dénommée couche de diffusion.
37
Référence Internet
P2126
sol
cRed *
cOx
Ox Ox Solution Solution
Red Red
Les conditions aux limites que l’on peut donc se donner pour et :
établir la solution de la seconde équation de Fick sont les 1 t j (t )
suivantes : cOx
* = c sol −
Ox
nF (πDOx )1/2 ∫0 (t − τ )1/2 dτ (28)
• à t = 0 (moment où l’on ferme le circuit), la concentration de la
substance est uniformément égale à la concentration initiale à dans le cas où Ox est présent seul en solution.
l’équilibre, l’électrolyse n’étant pas commencée (et il en est de La variation du courant au cours du temps dépend ainsi de celle
même pour Red) : de la différence de concentration csol – c*, ou réciproquement. La
concentration csol est une caractéristique analytique de la solution
c Ox (x , 0) = c Ox
sol loin de l’électrode, la concentration c* est caractéristique de l’état
de la solution au contact de l’électrode. Si l’on connaît la variation
• quand le circuit est fermé, la différence de potentiel imposée de csol – c*, on peut expliciter j = f (t ).
est telle que la concentration de la substance à la surface de l’élec- La figure 7montre le profil de concentration des espèces Red et
trode, c *Ox et/ou c *Red devient différente de la concentration de Ox au cours de la réaction Red – ne– → Ox (où Red est présent seul
cette espèce là en solution, csol (inférieure pour une substance en solution) en fonction de la distance x de l’électrode, à un poten-
consommée, supérieure pour une substance produite). Mais, à une tiel où la substance est consommée par une électrolyse en régime
distance suffisante de l’électrode, la solution n’a pas encore été de diffusion pure.
affectée par l’électrolyse (couche de diffusion limitée), d’où :
Lorsque la surtension η est suffisamment élevée ( c *Red ≈ 0 ,
j = f (t ) s’exprime de manière simple selon la relation dite de
c Ox (∞ , t ) = c Ox
sol
Cottrell :
condition dite de diffusion semi-infinie (et il en est de même pour n F DRed cRe
sol
d
j a (t ) = (29)
Red). (πDRed t ) / 2
1
La résolution de la seconde équation de Fick est opérée en utili- La figure 8 représente la variation en fonction du temps du cou-
sant la transformation de Laplace. rant de diffusion pure à une électrode disque plan fixe à potentiel
E constant, selon cette équation.
1.3.1 Régime de diffusion naturelle pure
Rappelons que dans le cas d’une solution immobile et en pré- Remarque : la relation de Cottrell comprend le terme (πDt )1/2,
sence d’électrolyte support, la diffusion naturelle pure est le seul qui a les dimensions d’une longueur : c’est l’épaisseur δ de la
phénomène de transport de matière à prendre en compte. Dans ce couche de diffusion qui croît avec le temps.
cas, l’application d’une surtension conduit à un régime dit de diffu-
sion pure où l’épaisseur de la couche de diffusion augmente au
cours du temps. Les profils de la concentration à l’électrode (et 1.3.2 Régime de diffusion convective stationnaire
donc celui de la densité de courant j ) à un potentiel fixe sont fonc- (ou hydrodynamique)
tion du temps t. Ils traduisent les solutions c = f (x, t ) de la seconde
équation de Fick. Dans les conditions d’un régime de diffusion convective station-
naire (hydrodynamique), il est aussi nécessaire de définir une
Finalement, par intégration de cette relation, la densité de cou- couche dite de diffusion et d’épaisseur δ :
rant d’électrolyse se trouve donc reliée à la concentration à la sur- – pour x < δ, le transport de matière est contrôlé uniquement par
face de l’électrode de chacune des espèces dissoutes participant à la diffusion ;
la réaction électrochimique, par les formules : – pour x > δ, la convection est telle que la concentration des
espèces en solution est maintenue constante à la valeur c Ox sol (ou
1 t j (t )
cRe
* sol
d = cRe d −
nF (πDRe d )1/2 ∫0 (t − τ )1/2 dτ (27) sol ).
c Red
La figure 9 montre le profil de concentration de l’espèce Red au
dans le cas où Red est présent seul en solution cours de la réaction Red – ne– → Ox (où Red est présent seul en
38
Référence Internet
P2127
Voltampérométrie
Phénomènes préalables ou couplés
au transfert électronique
par Fethi BEDIOUI
Ingénieur ENSCP (École nationale supérieure de chimie de Paris)
Docteur ès Sciences
Directeur de recherche au CNRS
et Sophie GRIVEAU
Docteur de l’université Pierre-et-Marie-Curie,
Maître de conférences à l’ENSCP (École nationale supérieure de chimie de Paris)
39
Référence Internet
P2127
VOLTAMPÉROMÉTRIE _______________________________________________________________________________________________________________
40
Référence Internet
P2127
________________________________________________________________________________________________________________ VOLTAMPÉROMÉTRIE
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Référence Internet
P2127
VOLTAMPÉROMÉTRIE _______________________________________________________________________________________________________________
2.2.1 Influence de la complexation En pratique, le calcul des valeurs des coefficients de complexa-
sur la réduction des ions métalliques tion du cation métallique permet de prévoir quantitativement les
à l’état de métaux déplacements de vagues voltampérométriques produits par la
mise en jeu des effets de complexation et inversement, d’en
Les caractéristiques des voltampérogrammes de réduction des déduire des exploitations pratiques comme par exemple la sépa-
cations métalliques libres ont été établies en [P 2 126v2, § 1.4.5]. ration des vagues pour la bonne résolution de problèmes analy-
Rappelons que lorsque la réduction Mn+ + ne– → M est rapide, la tiques et la modification des ordres de réductibilités pour la
position de la vague est caractérisée par le potentiel d’équilibre réalisation sélectives de réaction de dépôt cathodique.
0,058
E eq = E 0 + sol
lg c Mn + qui correspond au début du dépôt (« pied
n Exemple : on peut citer comme exemple le cas du cobalt(II), dont
anguleux »). Dans le cas où les ions métalliques sont complexés
les ions Co2+ (en milieu aqueux non complexant) ne sont pas électroac-
par un ligand L en solution, on peut admettre (si les réactions sont
tifs anodiquement car l’oxydation de Co2+ en Co3+ est empêchée par
rapides) que la réaction s’effectue selon le processus suivant : à la
l’oxydation préalable de l’eau. Cela s’explique par la valeur élevée du
surface de l’électrode, la formation de M à partir des cations Mn+ potentiel normal E0 du couple Co3+/Co2+ (proche de 1,8 V). Mais, par
entraîne le déplacement de l’équilibre de complexation de ces complexation de Co3+, plus forte que celle de Co2+ de façon que
cations dans le sens de la dissociation, et par suite la libération du (lg αCo(II) – lg αCo(III)) ait une valeur largement négative, il est possible
ligand L. Les gradients de concentration qui apparaissent par d’amener le potentiel normal conditionnel E′0 du système Co(III)/Co(II)
conséquent en solution pour les complexes et pour L provoquent (sous formes de complexes, au moins pour Co(III)) à une valeur nette-
les flux de diffusion de ces espèces vers l’électrode (pour les ment plus basse que la limite d’électroactivité anodique, ce qui rend
complexes et pour L) et à partir de l’électrode (pour L). Dans le cas possible la réaction Co(II) – e– → Co(III). Cela est le cas en milieu
où la concentration du ligand L en solution cLsol -- cM sol, un tel pro-
n+ ammoniacal ou en présence d’éthylènediamine, d’EDTA ou de phé-
cessus se traduit par l’équation suivante : nanthroline. En contrepartie, le cobalt(II) cesse d’être électroactif catho-
diquement dans les milieux de très fort pouvoir complexant vis-à-vis
de l’ion Co2+, comme l’EDTA ou l’oxalate.
′ +
0,058 j
E = E eq lg 1 − (3)
n jlc′ Nota : EDTA : acide éthylène diamine tétraacétique.
avec jlc′ densité de courant limite de diffusion du cation métallique 2.2.2 Influence de la complexation sur
1/ 2 le comportement électrochimique de couples
jlc′ DML rédox formés par deux ions métalliques
complexé (noté ML) et = (avec DML coefficient de dif-
jlc DMn +
Considérons un couple rédox Ox + ne– ⇌ Red où Ox et Red
fusion du complexe ML et jlc densité de courant limite de diffusion
désignent deux cations en solution du même métal à deux états
du cation métallique en l’absence de ligand L). On obtient ainsi la d’oxydation différents (par exemple Fe3+ et Fe2+). Les caractéristi-
relation : ques théoriques aux cas où ces deux cations sont en milieu non
complexant ont été décrites en [P 2 126v2]. Rappelons tout simple-
0,058 ment que, pour un système rapide, la position des voltampéro-
′ −E
ΔE eq = E eq eq = − lg α M (4)
n grammes en régime de diffusion stationnaire est caractérisée par
le potentiel de demi-vague E1/2 = E0 si DOx = DRed.
avec αM coefficient de complexation du cation Mn+ par le ligand L Lorsque l’on opère en milieu complexant (de l’un des deux
qui est défini par le rapport de la concentration totale de l’ion cations ou des deux à la fois), les voltampérogrammes subissent
métallique sous toutes ses formes en solution (formes complexées des modifications qui peuvent être facilement établies si le sys-
et cations libres) sur la concentration de la fraction non complexée tème reste globalement rapide. Lorsque la condition d’excès suffi-
du cation métallique [1]. L’effet de la complexation du cation sant du ligand L par rapport à la concentration totale des ions
métallique en solution se traduit donc par le déplacement de la métalliques est respectée, on peut caractériser l’effet de la
vague cathodique du voltampérogramme d’une valeur de ΔEeq complexation par la relation courant-potentiel :
(figure 2).
0,058 j − jlc′
E = E 1/′ 2 = lg
′ − j
(5)
n jla
0,058
ΔE 1′ / 2 = E 1′ / 2 − E 1/ 2 = (lg α Red − lg α Ox ) (7)
n
Figure 2 – Vagues voltampérométriques formées par réduction
d’ions Mn+ en milieu complexant (courbe 1) et non complexant déplacement négatif (vers les potentiels inférieurs) lorsque Ox est
(courbe 2) seul complexé ou est plus fortement complexé que Red
42
Référence Internet
P2127
________________________________________________________________________________________________________________ VOLTAMPÉROMÉTRIE
jla ∝ c sol
L
leurs logarithmes conduit à la prévision des effets de la
complexation, du point de vue thermodynamique, sur les caracté- (2)
ristiques électrochimiques du couple rédox et à la prévision
d’exploitation de ces effets. (1)
0
2.2.3 Oxydation aZ
ue des métaux E1/2
E
en présence de réactifs complexants
Rappelons que dans le cas de l’oxydation d’une électrode d’un Courbe 1 : oxydation de M dans une solution non complexante
métal M électroactif selon la réaction rapide M – ne– → Mn+, Courbe 2 : oxydation de M en présence d’un réactif complexant
l’expression de la courbe voltampérométrique est la suivante : L concentré (le coefficient de complexation αM croît
d’une courbe à l’autre de droite à gauche)
0,058 Courbe 3 : oxydation de M en présence d’un réactif complexant
E = Cte + lg j (8) L dilué (à deux concentrations différentes)
n
La courbe j = f (E ) est de forme exponentielle et sans limitation
Figure 3 – Caractéristiques densité de courant-potentiel en régime
de courant. de diffusion stationnaire à une électrode de métal oxydable M
Dans un électrolyte contenant maintenant un réactif complexant
des ions Mn+, les phénomènes sont différents car les ions Mn+
vont être transformés en complexes, au fur et à mesure de leur ■ Lorsque le réactif complexant est à faible concentration, une limi-
apparition à l’électrode. Ce sont ces complexes qui subiront l’effet tation du courant anodique d’oxydation de M se manifeste lorsque,
de diffusion à partir de l’électrode. Le processus global correspon- à potentiel suffisamment élevé, la concentration du réactif L est
dant à la succession de la réaction électrochimique et de la réac- devenue pratiquement nulle à la surface de l’électrode. Le flux de
tion chimique est le suivant : M + i L − n e− →MLni + . diffusion de L qui est alors maximal impose la valeur de courant
limite de diffusion anodique d’oxydation de M (en complexe MLi).
Deux cas peuvent être considérés.
On obtient ainsi une vague anodique correspondant au processus
■ La concentration c Lsol du réactif complexant L en solution est d’oxydation M + i L − n e− →MLni + dont la première caractéristique
très élevée et la densité de courant reste faible. En définissant un est de présenter une hauteur proportionnelle à la concentration de
coefficient de complexation αM (fonction de c Lsol et du pH au sein L en solution (figure 3, courbe 3). Au-delà du palier de courant de
de la solution (1)), on obtient l’équation suivante : cette vague, aux potentiels suffisamment élevés pour que la
concentration des ions Mn+ libres à la surface de l’électrode de
0,058 0,058 métal M devienne grande, le courant recommence à croître par
E = Cte − lg α M + lg j (9)
n n intervention du processus M – ne– → Mn+ libres, comme lorsque la
solution ne contient pas L (figure 3, courbe 1).
(dans la mesure où l’on peut admettre l’égalité de tous les coeffi-
cients de diffusions). Ce qui conduit à :
Remarque : il arrive que l’on observe, en présence d’un seul
0,058 ligand L, non pas une seule vague anodique mais plusieurs
ΔE = lg α M (10)
n vagues successives, dont les hauteurs croissent proportion-
Le déplacement de la courbe anodique d’oxydation de M obéit nellement à c Lsol (figure 4). Cela s’explique par la formation à
donc, comme on pouvait s’y attendre, à la même expression que l’électrode de plusieurs complexes successifs de stabilités
celui de la vague cathodique de réduction des ions métalliques bien distinctes. En effet, les premiers ions Mn+ formés par
(figure 3, courbes 1 et 2). La prévision de ce déplacement de oxydation anodique de l’électrode de métal M se trouvent en
potentiel d’oxydation, son interprétation en vue de déterminer le présence d’un grand excès de réactif L de sorte que le
système de complexation, son exploitation à des fins pratiques complexe qui se forme est alors le plus riche en ligand, ML2
sont effectuées, comme dans le cas des vagues de réduction, en par exemple. À ce courant correspond une densité de courant
calculant le logarithme du coefficient de complexation.
n F d sol
limite jla = k c qui détermine un premier palier de la
2 L L
Remarque : lorsque la solution dans laquelle est plongée courbe courant-potentiel. Au-delà de ce premier palier, lors-
l’électrode de métal M contient initialement des ions Mn+, la que le potentiel de l’électrode devient suffisamment élevé, il
courbe courant-potentiel fait apparaître une vague cathodique arrive un moment où la concentration de ML2 formé à l’élec-
et une branche anodique qui se rejoignent pour E = Eeq . trode diminue au profit de celle du complexe inférieur ML. À
L’addition d’un réactif complexant à concentration cLsol -- cM
sol
n+
la réaction M + L – ne– → ML correspond maintenant une den-
produit la translation de cette courbe sur l’axe de potentiel sité de courant limite de diffusion égal à jla = n F kLd c Lsol .Une
0,058 vague de même hauteur vient donc s’ajouter à la première
d’une valeur ΔE eq = lg α M . vague précédente.
n
43
44
Référence Internet
P2128
Voltampérométrie
sur électrode solide
Perfectionnement des performances
par Fethi BEDIOUI
Ingénieur ENSCP (École nationale supérieure de chimie de Paris)
Docteur ès Sciences
Directeur de recherche au CNRS
et Sophie GRIVEAU
Docteur de l’université Pierre et Marie Curie
Maı̂tre de conférences à l’ENSCP (École nationale supérieure de chimie de Paris)
ans cette troisième partie, nous allons aborder les différents moyens qui
D peuvent être mis en œuvre afin d’améliorer les performances des techni-
ques voltampérométriques sur électrode solide en vue de leur application en
analyse chimique. Les améliorations qui sont généralement très recherchées
concernent principalement celle de la sélectivité et de l’abaissement de la limite
de détection (pour atteindre le domaine d’analyse des traces). En ce qui
concerne la sélectivité, une amélioration des techniques voltampérométriques
peut être apportée par la dérivation des voltampérogrammes. Cette dernière
approche a donné naissance à la voltampérométrie dérivée et elle a connu un
essor considérable en polarographie. En ce qui concerne l’amélioration de la
limite de détection, il a été montré que son abaissement passe, dans la plupart
des cas, soit par la minimisation du courant résiduel par filtrage du courant
capacitif, soit par l’amplification du courant faradique par suite d’accumulation
de substance électroactive près de la surface de l’électrode indicatrice. Ces
approches ont donné naissance à la voltampérométrie à impulsions et à la vol-
tampérométrie à redissolution, respectivement.
Parution : mars 2009
45
Référence Internet
P2128
1. Voltampérométries I dI
(1)
dérivées et/ou à impulsions dE
1.1 Origine du courant capacitif b pouvoir de résolution de la méthode dérivée par rapport
à la voltampérométrie ordinaire dans le cas de deux
L’accumulation de charge électrique (non transférable à travers systèmes rédox à 2 électrons chacun : la détermination
l’interface, en l’absence de tout processus électrochimique) de part d'une espèce sans interférence de l'autre se fait quantitative-
ment si ∆E1/2 > 77 mV en voltampérométrie dérivée, au lieu
et d’autre d’une interface est la conséquence de l’existence, dans
de 118 mV en voltampérométrie ordinaire
les deux phases en contact, de porteurs de charges mobiles et de
celle d’une différence de potentiel (ddp) électrique interfaciale :
Figure 1 – Méthode dérivée : allure de la courbe et pouvoir
Dfel / sol = fel - fsol (1) de résolution (d’après [1])
46
Référence Internet
P2128
Électrode (q el < 0)
négativement), ou un excédent d’anions sur les cations, pour +
Df > 0 (cas où l’électrode est chargée positivement). Si l’épaisseur +
de la couche chargée côté « interne » de l’électrode peut être consi-
+
dérée comme très mince (< 0,1 Å), l’épaisseur de la couche côté de
solution, dans laquelle la distribution ionique n’est pas électrique- +
ment neutre est considérablement plus importante, étant donné le + Cations
rayon des ions (solvatés). D’autre part, cette distribution est com-
fel + excédentaires
plexe, étant donné la différence de comportement des ions selon Molécules
leur nature et la présence de molécules polaires du solvant. Épaisseur de solvant, +
uniquement.
de la couche
Actuellement, la structure qui est admise pour cette couche < 0,1 Å 0 PH x
ionique chargée est décrite de la manière suivante : en l’absence
d’interactions spécifiques fortes avec la surface de l’électrode PH : plan de Helmholtz
(adsorption spécifique), et sous influence d’un champ électrique
interfacial, les ions en excédent (cations ou anions) ont seulement
la possibilité de s’approcher de la surface de l’électrode jusqu’à une Figure 2 – Représentation de la double couche électrique :
distance de l’ordre de quelques Angströms, et s’alignent le long distribution des charges et variation du potentiel électrique f
d’une surface parallèle à celle de l’électrode, appelée le plan de en fonction de la distance x à la surface de l’électrode.
Helmholtz (PH, pour le cas le plus fréquent d’électrodes planes). Modèle simple de Helmholtz (cas Dfel/sol < 0)
La couche de Helmholtz (ou couche compacte), comprise entre la
surface de l’électrode et ce plan, contient uniquement des molécu-
les du solvant orientées par le champ électrique, de manière sem-
blable à un diélectrique d’un condenseur. Couche de Couche de
Helmholtz Gouy - Chapman
Si tous les ions excédentaires se situaient sur ce plan de Helm-
holtz, on obtiendrait l’équivalent d’un condenseur à plaques paral- fsol
lèles, caractérisé par la capacitance (par unité de surface) C = qel/Df. + Dy
Dans ces conditions, la variation du potentiel électrique f (entre fel fPHE
et fsol), dans la couche comprise entre les deux plans limites, est + +
Électrode (q el < 0)
47
48
Référence Internet
P2129
Voltampérométrie
sur électrode solide
Diverses géométries d’électrode
par Fethi BEDIOUI
Ingénieur ENSCP (École nationale supérieure de chimie de Paris)
Docteur ès Sciences
Directeur de recherche au CNRS
et Sophie GRIVEAU
Docteur de l’université Pierre-et-Marie-Curie,
Maı̂tre de conférences à l’ENSCP (École nationale supérieure de chimie de Paris)
ans cette quatrième partie, nous allons aborder les applications de la vol-
D tampérométrie avec diverses géométries d’électrode : les couches minces,
les électrodes modifiées, l’électrode à pâte de graphite à composé électroactif
incorporé, l’électrode tournante à disque et à anneau et les ultramicro-
électrodes.
Parution : mars 2009
49
Référence Internet
P2129
Contre- 0
électrode 0
Vis micrométrique E -- E 0 (V)
Électrode de
référence Solution
électrolytique
--1
Lame de
verre mobile
Disque métallique
(électrode indicatrice) Concentration 1 mM de Ox en solution
Volume de la couche mince = 1 µl
Couche mince de Nombre d’électrons échangés = 1
volume V et Vitesse de balayage de potentiel = 1 mV/s
d’épaisseur e T = 298 K
50
Référence Internet
P2129
I I
--0,8 0 --0,6 0
0 0
0 E -- E 0 (V)
E -- E (V)
(4)
51
Référence Internet
P2129
2. Voltampérométrie
I (µA)
(4)
sur électrodes dites
40
(5)
modifiées
(3)
(6)
(7) (8)
(1) (2) Le développement de nombreux travaux portant sur la modifica-
0 tion de la surface de l’électrode indicatrice par formation de films
1,4 E (V/(Ag/AgCl) fins de polymère conducteur (ou pas) contenant des substances
électroactives, pour aboutir à ce que l’on appelle communément
une électrode modifiée a connu un essor considérable au cours
--40 des trente dernières années et le but d’une telle démarche est de
répondre à un ensemble de préoccupations dont certaines sont
apparues comme nouvelles en électrochimie. Les principales sont
les suivantes :
a voltampérogramme cyclique du complexe Ru (bpy)2(Me2bpy)(PF6)
– étudier les propriétés électrochimiques de composés fixés à la
(2,9 mM) dans une cellule électrochimique en couche mince
surface d’une électrode, et en particulier disposer d’une méthode
optiquement transparente contenant une solution d’acétonitrile + électrochimique d’étude de composés insolubles ;
NBu4PF6 0,1 M (vitesse de balayage de potentiel = 25 mV/s) – maı̂triser la structure de l’interface électrode/solution afin d’in-
fluencer l’efficacité et la sélectivité de la réaction électrochimique ;
– obtenir d’une façon générale une électrocatalyse (ou une cata-
lyse électroassistée) de réactions en solution.
Forme réduite du complexe L’émergence du développement des recherches dans le domaine
Absorbance
52
Référence Internet
P2129
Epa
I DE1/2 (mV)
I
g=0 200
100
Ipa DE1/2
g=3
E0
0
E --4 --2 0 2
E gG total
a b
Figure 7 – Voltampérogramme cyclique théorique obtenu de g traduisent des interactions répulsives et déstabilisantes. Ce
à une électrode modifiée par fixation d’une monocouche d’espèce nouveau modèle traduit d’une manière relativement satisfaisante
électroactive. Cas d’une réaction de transfert de charge rapide la plupart des voltampérogrammes expérimentaux, mais nécessite
encore quelques améliorations (en particulier, la prise en compte
Rappelons que les critères analytiques d’un tel processus sont : de la variation des paramètres d’interaction en fonction de la solva-
tation des espèces greffées à la surface de l’électrode).
– la proportionnalité entre l’intensité du pic Ip et la vitesse de
balayage de potentiel 9 ;
– l’écart entre les potentiels de pic DEp = Epa - Epc = 0 ;
2.2 Électrode modifiée par un film polymère
– E0 = (Epa + Epc)/2 (appelé aussi E 0surf ) ;
– DE1/2 (largeur du pic à mi-hauteur) = 90,6/n (mV) ; La modification de la surface d’une électrode par le dépôt d’un
– G total = Q/nFA (quantité totale de Ox ou de Red fixée à la surface polymère contenant une espèce électroactive peut être réalisée
de l’électrode, avec Q quantité d’électricité développée sous le pic selon deux procédures :
anodique ou cathodique) ; – à partir d’un polymère préformé portant sur son squelette l’es-
– G total est indépendant de 9. pèce électroactive. Le dépôt est obtenu par immersion de l’élec-
Cependant, les résultats expérimentaux décrits dans la littérature trode dans un solvant solubilisant le polymère électroactif ou par
montrent l’inefficacité de ce modèle trop simple. Les valeurs expé- évaporation sur l’électrode d’une goutte de cette solution. Les poly-
rimentales des deux paramètres significatifs DEp et DE1/2 sont géné- mères utilisés dans cette procédure sont pour la plupart non
ralement différentes de leurs valeurs théoriques. La variation signi- conducteurs électroniques (tels que le polystyrène, par exemple) ;
ficative de DE1/2, de 100/n à 250/n mV, qui se traduit donc par – à partir de la polymérisation, directement sur l’électrode, d’un
l’élargissement des pics voltampérométriques peut s’expliquer par monomère polymérisable substitué par des groupes électroactifs.
une variation des coefficients d’activité de surface de Ox et de Red La procédure la plus élégante, et la plus couramment utilisée main-
en fonction des taux de recouvrement G Ox et G Red. Dans ce cas, tenant, est la polymérisation électrochimique (appelée aussi
l’équation du voltampérogramme devient (en utilisant l’isotherme électropolymérisation).
de Frumkin, tel que nous l’avions vu en [P 2 127v2, § 4]). La technique d’électropolymérisation est particulièrement adap-
exp P tée à la formation de polymères conducteurs, à base de polypyr-
I = 4Ip (10) role, polythiophène et polyaniline fonctionnalisés par des groupe-
ð1 + exp P Þ2 - ðg Ox + g Red Þ exp P
ments rédox. De nombreux exemples sont maintenant reportés
avec gOx et gRed paramètres d’interaction, dans la littérature [9] [10] [11] [12] [13]. Cependant, la présence de
substituant sur le squelette du polymère électroformé affecte forte-
P = nF ðE - E 0 Þ + ðg Ox + g Red ÞG Ox - g Red G total , ment la conduction électronique de ce dernier. Ainsi, le polymère
RT substitué par des groupements rédox peut voir sa conduction élec-
n 2 F 2 G total A9 tronique devenir négligeable devant la conductivité par saut d’élec-
Ip = (intensité du courant de pic). tron entre sites rédox (appelée conductivité rédox). Ce type de poly-
RT 4 - ðg Ox - g Red ÞG total mère sera considéré comme un simple polymère rédox [6] [7].
La figure 9 présente le schéma d’une électrode modifiée par un
Il en ressort aussi que le potentiel Ep est relié au potentiel E0 par
dépôt de film polymère électroactif fin ainsi que les différents pro-
l’expression :
cessus, électrochimiques et autres, y intervenant. L’espèce élec-
troactive étant contenue dans le film polymère de structure généra-
E p = E 0 + RT ðg Ox - g Red ÞG total (11)
nF lement rigide, on conçoit que les processus ayant lieu dans
Nota : l’homogénéité de ces formules n’est pas toujours vérifiée, mais elles donnent l’épaisseur du dépôt soient plus complexes que dans le cas d’une
une indication intéressante pour l’allure des courbes. couche mince, ou d’une couche adsorbée. En effet, plusieurs phé-
La figure 8 montre l’influence des paramètres d’interaction gOx et nomènes sont à prendre en compte, en particulier :
gRed sur l’allure des pics voltampérométriques et la linéarité – le transfert d’électrons des (et vers les) sites électroactifs à tra-
entre DE1/2 et gG total, avec g = (gOx + gRed)/2. Les valeurs négatives vers le film polymère jusqu’à l’électrode conductrice. Ce transfert
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Microscopie électrochimique
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Nous avons choisi de recourir aux abréviations et notations utilisées dans la littérature
internationale par souci d’homogénéité (une liste des abréviations est disponible à la fin du
document). Par ailleurs, le lecteur est invité à se reporter à l’article [P 2 128] [4] des Techni-
ques de l’Ingénieur pour plus de précisions sur les UME (principe, fabrication et applications
des UME).
Remarque : les microscopies en champ proche ou assimilées sont le plus souvent abrégées
sous leur acronyme anglais (STM, AFM, SECM) selon une pratique internationale. Ces abré-
viations sont à la fois utilisées pour désigner la technique et l’outil (le microscope).
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La figure 1 représente l’ensemble du système nécessaire pour les et maintenue immobile loin de toute surface, une électrode de
manipulations SECM : un système de déplacement tridirectionnel de référence et une électrode-auxiliaire complètent le dispositif à
trois électrodes. L’application d’un balayage linéaire de poten-
l’UME par rapport à l’échantillon ainsi qu’un potentiostat permettant
tiel vers le sens de la réduction de Ox en Red conduit à la géné-
l’imposition du potentiel et les mesures simultanées du courant à la
ration d’un courant cathodique à l’UME. La figure 2b illustre
sonde. Le microscope électrochimique doit en effet permettre de
l’allure caractéristique d’un voltampérogramme linéaire obtenu
positionner précisément l’UME à proximité de l’échantillon, puis de le
sur UME : la courbe est une sigmoïde avec l’apparition d’un cou-
balayer latéralement dans un plan (x, y ) défini par l’expérimentateur. rant limite ou quasi stationnaire, noté iT,∞ . Le courant station-
Le positionnement précis de la sonde vis-à-vis de l’échantillon est le naire pour une UME disque plan de rayon r, iT,∞ est donné par :
plus souvent réalisé au moyen d’éléments piézoélectriques, s’inspi-
rant en cela des dispositifs développés pour les microscopies en sol
i T ,∞ = 4 nr F DC Ox (1)
champ proche comme les microscopes STM ou AFM. L’instrumenta-
tion est détaillée à la fin de ce dossier dans le paragraphe 4.1. avec n nombre d’électrons impliqués,
L’ensemble sonde/échantillon est immergé dans une solution r rayon de l’UME,
électrolytique contenant généralement une espèce électroactive, F constante de Faraday,
électro-oxydable ou électro-réductible (qui peut être O2 dissous en D coefficient de diffusion de l’espèce redox,
solution), l’échantillon solide étant placé au fond de la cellule élec-
sol concentration de l’espèce Ox en solution.
C Ox
trochimique. On dispose également, comme pour toute mesure
électrochimique, d’une électrode de référence et/ou une contre- Cette expression du courant est valable à potentiel imposé,
électrode qui permettent de contrôler le potentiel appliqué à la suffisamment négatif pour induire la réduction immédiate de
sonde UME et de mesurer le courant la traversant. Un bipoten- Ox en Red à l’électrode (E – E0 < – 60 mV). L’apparition de ce
tiostat permet de réaliser ces mesures en contrôlant le potentiel de courant stationnaire en un temps très court, alors que l’élec-
l’UME et, au besoin, celui de l’échantillon. Le signal détecté corres- trode est immobile, est lié à un régime de diffusion aux UME
pond au courant mesuré à l’UME pendant que celle-ci balaye différent de celui des électrodes planes conventionnelles milli-
l’échantillon. Le courant mesuré ainsi que ses variations lors du métriques. Dans ce cas, il n’est plus possible de négliger les
déplacement de l’UME au-dessus de l’échantillon vont dépendre effets de bords, ce qui introduit une composante diffusionnelle
de la distance UME/échantillon, de la conductivité de surface de hémisphérique en plus de la diffusion plane [4] [5]. Cette
l’échantillon, de sa réactivité électrochimique et de sa rugosité. composante modifie le flux de diffusion, qui tend très rapide-
ment vers une valeur constante, de l’ordre de DCsol/r, et le cou-
Le mode de fonctionnement le plus classique de la SECM rant, proportionnel au flux, devient stationnaire en un temps
consiste à recueillir le signal électrochimique à l’UME (sonde très court (~ r 2/D ). En utilisant une UME, il est donc possible
ampérométrique) en fonction de la distance entre l’UME et la sur- d’obtenir un régime de diffusion stationnaire sans imposer de
face à analyser. convection. On peut noter que le flux est proportionnel à 1/r ;
aussi, l’apport de matière sera d’autant plus important que la
taille de l’électrode sera faible : dans certains cas, la vitesse de
z
transport de masse peut être si rapide que la réaction de trans-
1 fert de charge devient l’étape limitante, sa cinétique peut alors
2 être déterminée de manière quantitative à partir de la forme et
z y x 3 Bipotentiostat
4 du déplacement des vagues voltampérométriques.
Lorsque l’UME, soumise à un potentiel constant, va être len-
tement approchée à proximité d’un échantillon, la présence de
ce dernier va perturber la diffusion de l’espèce Ox à l’UME et,
y x par conséquent, le courant stationnaire mesuré à l’UME. Dans
Platine mobile ce qui suit, nous allons montrer comment la nature de
y x l’échantillon influence le courant iT mesuré à l’UME.
Nota 1 : la notation iT,∞ de l’équation (1) est utilisée pour indiquer la valeur du courant
Ordinateur stationnaire lorsque que la sonde est infiniment loin du substrat (environ dix fois le rayon
de l’UME), par opposition au courant noté iT mesuré à la sonde lorsque cette dernière est
placée (ou déplacée) à une distance donnée du substrat.
1 : UME Nota 2 : en pratique, les valeurs de iT,∞ peuvent légèrement s’écarter de la valeur
2 : électrode de référence déduite du calcul selon l’équation (1). Le polissage de l’électrode peut en effet conduire à
3 : électrode auxiliaire une déviation par rapport à la géométrie idéale disque plan, géométrie considérée pour
le calcul théorique. Dans le cas d’un écart de quelques pourcents entre courants expéri-
4 : substrat mental et théorique, l’UME peut être considérée comme idéale et tout à fait convenable
pour les manipulations. Il faut noter qu’il existe des équations similaires à l’équation (1)
Figure 1 – Appareillage SECM pour les autres géométries d’UME [4].
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Verre Ru(NH3 )36+ /2+ 0,10 5,5 ⋅ 10–6 (b) 7,7 ⋅ 10–6 (a)
E (V/ref)
Conducteur 1,25 ⋅ 10–5 (c)
Ferrocene-
0,34 1,20 ⋅ 10–5 (c) 7,8 ⋅ 10–6 (d)
a ultramicroélectrode b allure d’un voltampérogramme obtenu méthanol+/0
disque plan sur une UME (électrode immobile) pour 3,7 ⋅ 10–6 (e)
une réaction de transfert de charge
simple contrôlée par la diffusion Ferrocène+/0 0,44 2,31 ⋅ 10–5 (c) 2,43 ⋅ 10–5 (c)
Coefficients de diffusion mesurés dans :
Figure 2 – UME et voltampérogramme correspondant (a) KCl 0,1 M,
(b) tampon phosphate pH 7,
(c) acétonitrile + 0,1 M (CH3CH2)4NClO4 ,
(d) H2O + 0,05 M (CH3)4NClO4 ,
(e) DMSO + 0,05 M (CH3)4NClO4 .
2. Modes d’utilisation
de la SECM l’échantillon sont placés dans un électrolyte contenant une espèce
électroactive, à l’état oxydé ou réduit, jouant le rôle de médiateur
Les principaux modes d’utilisation de la SECM sont [6] : redox, et l’UME est déplacée verticalement (direction z ) au-dessus
– le mode feedback (FB) ; du substrat. Le couple redox correspondant à l’espèce électroac-
– le mode génération/collecte (GC) ; tive doit être électrochimiquement rapide. Le tableau 1 donne
– le mode pénétration ; quelques exemples de médiateurs redox, présentant un
– le mode direct ; comportement rapide, couramment utilisés en SECM. Le potentiel
– le mode à perturbation d’équilibre ; de l’UME est porté à une valeur suffisamment négative (ou posi-
– le mode transfert d’ions à l’interface entre deux solutions élec- tive) pour conduire à la réduction (ou à l’oxydation) du médiateur
trolytiques non miscibles (ITIES) ; redox, pour laquelle le courant mesuré à l’UME est stationnaire et
– le mode potentiométrique. vaut iT,∞ [équation (1)]. L’échantillon, quant à lui, peut aussi être
soumis à un potentiel et servir ainsi de seconde électrode de tra-
Les modes FB, GC et pénétration sont illustrés sur la figure 3. vail. Dans ce cas, les manipulations nécessitent l’utilisation d’un
Nous donnerons ici les principes de base de ces modes de fonc- potentiostat à deux électrodes de travail (bipotentiostat).
tionnement de la SECM, en nous plaçant dans le cas d’ultramicro-
électrodes de géométrie disque plan, la plus répandue dans les L’espèce consommée à l’UME (sonde) est alors régénérée (ou
manipulations SECM. non) à la surface du substrat (échantillon).
Ox Red
Ox Ox Ox Ox Ox Ox
Ox Ox
Ox Red Ox
Ox Solution Solution Solution
Ox Ox Matière molle
Substrat Substrat
Ox Red contenant Ox/Red
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Couplages électrochimie-
microscopies en champ proche
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électrogénérés, non plus globalement mais très localement avec une résolu-
tion nanométrique, voire atomique selon les conditions de travail et la
technique retenues. Les caractérisations ainsi rendues accessibles sont alors
physiques, et plus spécifiquement, morphologiques, mécaniques, électriques
ou encore physico-chimiques (forces de surfaces) selon la technique et son
mode de fonctionnement utilisés.
Ce chapitre introduit précisément les couplages AFM/électrochimie et STM/
électrochimie ainsi que leurs applications les plus développées.
Nota : un tableau des abréviations est présenté en fin d’article.
1. Couplages
La microscopie à force atomique (AFM) et la microscopie à effet Pointe AFM
tunnel (STM) appartiennent à la famille des microscopies en conductrice
champ proche et ne sont pas, par nature, des techniques électro-
chimiques, à l’inverse de la SECM, comme le montre leur principe Ménisque aqueux
de fonctionnement et les aspects instrumentaux qui s’y
rapportent [1]. Dans la suite de ce texte portant sur les couplages
AFM/électrochimie et STM/électrochimie, on distinguera d’une part Film d’eau
les couplages où seul l’échantillon est sous contrôle électro- Échantillon
chimique pendant que la sonde AFM ou STM joue son rôle habi-
tuel (EC-AFM, EC-STM) et, d’autre part, ceux où la sonde elle- Figure 1 – Principe de la nanolithographie par AFM à pointe
même est sous contrôle électrochimique, seule ou en même temps conductrice reposant sur un mécanisme électrochimique
que l’échantillon : CS-AFM (AFM en mode current-sensing, sous
certaines conditions), ECP-AFM (aussi nommée AFM-SECM dans
la littérature), ECP-STM (aussi nommée STM-SECM dans la littéra- de l’AFM [1] avec un dispositif de mesure électrique locale rendue
ture). Notons que les deux appellations ECP-AFM et ECP-STM sont possible grâce à l’utilisation d’une pointe AFM conductrice. Ce
introduites à l’occasion de ce chapitre. Elles ne sont pas utilisées mode est initialement destiné à la caractérisation électrique de sur-
dans la littérature scientifique car elles ne présentent peut-être pas faces conductrices à l’échelle nanométrique, à l’air ou sous vide.
de façon suffisamment explicite la proximité qui existe entre les Cette application du mode CS-AFM ne sera pas plus amplement
deux couplages correspondant et la SECM. Si cette proximité peut détaillée car elle n’entre pas dans le cadre du sujet traité ici.
effectivement être mise en évidence sur le plan communication, il En revanche, il est important de signaler dans le cadre de ce
faut cependant bien admettre que ces deux couplages ECP-AFM et chapitre que ce mode current-sensing de l’AFM constitue égale-
ECP-STM gardent la majorité des potentialités et spécificités tech- ment une technique de nanolithographie notamment par voie élec-
niques propres respectivement à l’AFM et à la STM, malgré le rôle trochimique. Celle-ci utilise le ménisque aqueux se formant
supplémentaire et très enrichissant apporté par la sonde électro- spontanément à l’endroit du contact entre la pointe AFM
chimique par rapport à leur sonde initiale. conductrice et le fin film d’eau présent sur toute surface d’échan-
Nota : il faut noter que le mode current-sensing de l’AFM (CS-AFM) est aussi nommé tillon exposée à l’air humide (voir figure 1). L’épaisseur de ce film
C-AFM (pour conductive AFM en anglais) et plus rarement CP-AFM (pour conductive et les dimensions du ménisque aqueux dépendent du taux d’humi-
probe AFM en anglais) dans la littérature internationale.
dité de l’air ambiant. Des mécanismes de nanolithographie
peuvent s’y produire par polarisation de la pointe AFM conductrice
maintenue à force constante au contact de l’échantillon, soit en un
point fixe soit au cours du balayage d’une ligne ou d’une zone de
2. Nanolithographie l’échantillon. Les dimensions des nanostructures ainsi produites
sont influencées notamment par le taux d’humidité, le bias et la
électrochimique en mode force d’appui appliqués à la pointe ainsi que par la vitesse de
current-sensing de l’AFM déplacement de celle-ci (« vitesse d’écriture »).
(CS-AFM)
2.2 Applications du CS-AFM
à la nanolithographie par voie
2.1 Principe de fonctionnement électrochimique
L’AFM n’est pas par nature une technique électrochimique. Son Des processus localisés d’oxydation anodique de matériaux
principe de fonctionnement repose en effet sur la mesure de forces divers, induits par une pointe AFM conductrice polarisée de façon
échangées entre la pointe AFM et la surface d’un échantillon grâce à adéquate, peuvent être produits dans un ménisque aqueux. Ils se
la détection optique de la déflexion d’un capteur de force [1]. Parmi produisent lorsque la pointe AFM est cathode (d’où la réduction de
les différents modes de fonctionnement « classiques » de l’AFM, il l’eau) et le substrat anode (d’où les nanostructures à base d’oxydes)
en existe un qui la fait tendre vers une technique à balayage de dans un dispositif de microélectrolyse au sein du ménisque aqueux
sonde électrochimique. Il s’agit du mode current-sensing de l’AFM situé entre les deux. Ils ont pour effet de produire des espèces
(CS-AFM) qui résulte très simplement du couplage du mode contact oxydantes qui peuvent alors réagir avec le substrat pour former
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localement des nanostructures à base d’oxydes. Les substrats pou- 2) un asservissement de la position verticale de la pointe sur un
vant accueillir ce type de mécanisme sont des semi-conducteurs, signal choisi judicieusement (courant faradique à la sonde, forces
des métaux, des SAM (Self Assembled Monolayer) ou encore des de cisaillement, autres) ;
films de Langmuir-Blodgett. Lorsqu’ils sont réalisés dans un ménis- 3) un bipotentiostat performant présentant une voie bas-cou-
que organique (issu d’un solvant organique pur), ces mécanismes rants (permettant la mesure de très faibles courants (pA) à la
d’oxydation électrochimique locale peuvent conduire à des structu- nanosonde électrochimique grâce notamment à un bruit électro-
res de composition chimique intéressante et exploitable résultant chimique minimal) en plus d’une voie normale (permettant de
de l’électrogreffage de molécules de solvants. Une autre extension mesurer simultanément des courants plus classiques sur l’échan-
de ce mécanisme consiste à réaliser l’électrodépôt dans un ménis- tillon).
que constitué non plus d’un solvant pur mais d’une solution électro-
lytique de dépôt de composition maîtrisée. C’est dans ce contexte qu’est apparue l’idée de faire du capteur/
applicateur de force qui constitue l’élément central de l’AFM une
Un processus de dépôt par voie électrochimique d’un précurseur nanosonde électrochimique de taille nanométrique. Cette nouvelle
redox qui est initialement immobilisé sur la pointe CS-AFM est configuration a l’avantage de donner accès à l’étude souvent
possible en mode CS-AFM. Il diffère en cela de celui exposé ci-des- incontournable de corrélations topographie-réactivité électro-
sus puisque ce dernier ne faisait intervenir que le substrat et des chimique souvent très instructives avec une très haute résolution
espèces oxydantes résultant de la dissociation du solvant spatiale. Plus généralement, en s’appuyant sur des procédures éla-
constituant le ménisque. Ce mécanisme se rapproche donc plus borées d’imagerie simultanées ou successives dans différents
d’une version électrochimique de la DPN (EDPN). modes de fonctionnement propres à l’AFM et/ou à la SECM, ce
Rappel : le lecteur pourra se reporter au tableau des abréviations situé en fin d’article. couplage AFM/sonde électrochimique permet une caractérisation
non seulement électrochimique mais de surcroît mécanique, élec-
Le mode CS-AFM permet également la modification électrochimi- trique ainsi qu’une mesure des forces de surface in situ à l’échelle
que de monocouches auto-assemblées (SAM). En appliquant une locale, se différenciant en cela de la SECM à haute résolution.
tension adéquate entre la pointe CS-AFM et un tel type d’échan- Cette stratégie offre de surcroît l’avantage de répondre favorable-
tillon, il est possible d’induire une transformation électrochimique ment aux deux premières des trois exigences dictées par la réduc-
locale de SAM fonctionnalisées en surface par des groupements tion de la taille des sondes SECM et listées ci-dessus. Rappelons
redox tout en conservant pleinement l’intégrité structurale de la en effet qu’en AFM, d’une part, le positionnement de la pointe
monocouche globale. En fonction de la nature de la transformation, AFM est assuré par des éléments piézoélectriques qui permettent
la zone modifiée de la monocouche pourra être utilisée pour procé- des résolutions latérales et verticales adaptées à l’observation de
der à l’auto-assemblage d’une grande variété de matériaux (organi- molécules, voire d’atomes [2] et, d’autre part, la coordonnée z de
ques, métalliques, semi-conducteurs, nanoparticules). la sonde AFM est asservie sur la déflexion du cantilever (en mode
contact). Cependant, l’élaboration d’une sonde électrochimique de
taille nanométrique pouvant servir simultanément de capteur/
Les systèmes cantilevers/pointes utilisés en CS-AFM sont
applicateur de force constitue encore aujourd’hui un réel handicap
fabriqués en revêtant des systèmes cantilevers/pointes AFM
au succès et au développement de ce couplage. Néanmoins, diffé-
classiques non-conducteurs de films minces de matériaux
rentes démarches de fabrication de telles sondes sont décrites
conducteurs (Pt, Ti/Pt, Cr/Pt-Ir 5 %, diamant dopé). Ces pointes
dans la littérature, confirmant ainsi sa faisabilité.
sont immobilisées sur le scanner AFM par le biais de « nez »
propres au mode CS de l’AFM. Ceux-ci sont de petits disposi-
tifs en plastique comprenant un suiveur de courant dont le 3.1.2 Différentes stratégies d’élaboration
rôle est de déterminer la gamme de courant accessible lors de sondes électrochimiques intégrables
des mesures. Il faut noter que ce suiveur et sa connexion au dans un AFM : exemples d’application
système diffèrent d’un constructeur d’AFM à un autre.
Afin d’être intégrables dans un AFM, des sondes électro-
chimiques permettant au couplage AFM-sonde électrochimique
d’être productif et performant tout en fonctionnant de façon rigou-
3. Électrochimie reuse doivent en même temps conserver leur fonction de capteur/
applicateur de forces au même titre que les systèmes pointe/canti-
et microscopie à force lever utilisés en AFM classique. Le fonctionnement en
configuration AFM doit donc toujours permettre de cartographier
atomique (AFM) la topographie des substrats avec une résolution verticale nano-
métrique grâce à un asservissement de la coordonnée z de la posi-
tion du cantilever sur sa déflexion, lui permettant ainsi de travailler
à force constante. L’objectif est d’obtenir soit simultanément, soit
3.1 Couplage AFM-sonde grâce à deux balayages successifs des cartographies topogra-
électrochimique phiques et électrochimiques. La taille et la géométrie de la sonde
sont évidemment primordiales puisqu’elles conditionnent cet
aspect en même temps que la validité et la lisibilité des cartogra-
3.1.1 Principe de fonctionnement phies correspondantes. Notons que cette sonde à double rôle
La SECM, dont est inspiré ce couplage, est née puis s’est dévelop- (nanoélectrode et capteur de force) ou mixte peut également
pée en utilisant principalement des sondes électrochimiques de géo- constituer un outil de modification locale, notamment de la topo-
métrie disque présentant des rayons de taille micrométrique au graphie, via, par exemple, un mécanisme de dissolution induit
minimum (voir l’article Microscopie électrochimique [P 2 132]). C’est électrochimiquement ou d’électrocristallisation, ou plus générale-
seulement dans un second temps qu’a été identifiée la nécessité de ment par un mécanisme d’électrodépôt localisé conduisant à la
développer des sondes SECM offrant à cette technique une meilleure formation d’un nanoobjet.
résolution latérale et présentant donc un rayon sous-micrométrique À ce jour, une douzaine d’approches ont été développées pour
voire nanométrique. Cette nécessité de réduire la taille des sondes élaborer des sondes pouvant à la fois remplir le rôle de capteur/
SECM a très vite mis en évidence la nécessité de procéder simultané- applicateur de force et de nanosonde électrochimique. Nous nous
ment à d’autres améliorations des montages de SECM comme : limiterons dans la suite de ce paragraphe à l’introduction de qua-
1) des systèmes de positionnement beaucoup plus précis (élé- tre méthodes qui sont celles ayant conduit à un nombre raisonna-
ments piézoélectriques les plus performants) ; ble de publications. Il faut noter que l’ensemble de ces stratégies
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Sonde AFM
d’origine
Couche de
Si3N4
Couche d’or
Pt électrode
2 µm
Cantilever tip
500 µm 10 µm 1,5 µm
a d’après [3] [4] b d’après [7] [8] c d’après [12] d d’après [13]
Figure 2 – Images MEB de sondes AFM mixtes pouvant fonctionner en tant que capteur/applicateur de force ainsi qu’en sonde électrochimique
de taille sous-micrométrique à nanométrique
(les douze ou les quatre) se divisent en deux groupes. En effet, on 3.1.2.1 Pointes AFM conventionnelles modifiées
doit distinguer les sondes où la détection électrochimique se fait à
l’apex de la pointe AFM de celles où elle se fait sur une partie de D’un point de vue chronologique, la première stratégie proposée
la sonde située en retrait de l’apex (voir figure 2). Dans les deux a été sans doute celle consistant à modifier des pointes AFM
cas, ce sera bien sûr l’apex de la pointe qui assurera le contact conventionnelles et donc commercialisées [3] [4] (voir figure 2a). Il
pointe/échantillon au cours de l’obtention de l’image de topogra- s’agit de sondes AFM dédiées au mode contact et faites de cantile-
phie en mode contact (ou tapping) de l’AFM. Cette situation n’est vers en Si3N4 (longueur : 200 µm ; constante de raideur :
cependant pas compatible avec une mesure électrochimique 0,06 N · m–1) portant une pointe pyramidale (hauteur : 2,86 µm ;
simultanée lorsque l’échantillon est conducteur et que la détection largeur à la base : 4 µm). À l’aide de la technique de pulvérisation,
électrochimique est assurée par l’apex de la pointe. Dans ce cas, l’ensemble support/cantilever/pointe a été tout d’abord recouvert
l’image de topographie et l’image électrochimique doivent être d’une couche de chrome (épaisseur : 100 Å) servant de promoteur
obtenues par le biais de deux balayages consécutifs, soit ligne par d’adhésion, puis d’une couche de platine (épaisseur : 100 Å). Des
ligne (l’information topographique est acquise, par exemple, sur couches métalliques plus épaisses auraient pour conséquence
le balayage aller alors que l’information électrochimique est d’induire une courbure du cantilever fatale pour le réglage du sys-
acquise sur le retour), soit à l’aide de deux images successives sur tème de détection optique de la déflexion du cantilever et aussi de
la même zone. Ce mode particulier s’est vu parfois attribuer produire une augmentation conséquente du rayon de courbure de
l’appellation d’imagerie AFM/SECM en mode lift. Celle-ci indique la pointe AFM, entraînant ainsi une altération encore plus impor-
effectivement qu’après un premier balayage (d’une ligne ou d’une tante de la résolution latérale. Une fois métallisé, l’ensemble a été
aire) destiné à acquérir l’image de topographie en mode contact immobilisé avec précautions dans un support adéquat afin de
de l’AFM, le contact pointe/échantillon est rompu et la pointe est revêtir seulement la face inférieure du support à l’aide d’un pin-
relevée d’une distance connue. Un second balayage destiné à ceau très fin et d’une solution de polystyrène/1,2-dichloroéthane
l’imagerie électrochimique est alors réalisé de façon à suivre à (de composition 1:40 en masse). Cette procédure est destinée à
distance constante le profil topographique obtenu au cours du isoler électriquement le support sur lequel est encastré le cantile-
premier passage. Compte tenu de cette contrainte propre au cas ver afin d’éviter qu’il entre en contact électrique avec la solution
où l’information électrochimique est recueillie à l’apex de la électrolytique. L’ensemble est ensuite abandonné à l’air pour
sonde, il est évident que la stratégie où la nanosonde électrochi- séchage pendant trente à soixante minutes. Le contact électrique
mique est en retrait par rapport à l’apex est avantageuse car elle sur le cantilever est pris à l’aide du dispositif servant à immobiliser
permet d’obtenir les images électrochimique et de topographie le support. Par la suite, un soin tout particulier a été apporté aux
simultanément. conditions du dépôt de platine par pulvérisation dans le but d’opti-
miser sa durabilité grâce notamment à une plus grande densité et
Elle nécessite en revanche un usinage techniquement très exi- aussi son adhérence sur le matériau de pointe (Si ou Si3N4). Les
geant et donc notablement plus coûteux, comme nous le verrons tentatives visaient à remplacer la couche intermédiaire de chrome
ultérieurement dans cette section. par une couche de titane en tant que promoteur d’adhésion.
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P2135
Polarographie
Techniques polarographiques en analyse
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Référence Internet
P2135
POLAROGRAPHIE ___________________________________________________________________________________________________________________
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___________________________________________________________________________________________________________________ POLAROGRAPHIE
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P2135
POLAROGRAPHIE ___________________________________________________________________________________________________________________
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___________________________________________________________________________________________________________________ POLAROGRAPHIE
7 Chute de la goutte à τ = 8 s
0,06
A en cm2, V en 10 –2 cm3
r0 en cm, dA/dt en cm 2 · s–1
Débit du capillaire :
–3
10 g · s–1
6
I I
0,04
II II
III III
0,02
h
IV IV
3 1 2 0
0 4 8 12 16
Temps (s)
5
4
Extrémité du Il est d’usage en polarographie d’utiliser le débit massique
capillaire Q m(g · s–1), défini selon :
2/ 3
3Q m t
Le calcul de la durée de vie de la goutte de mercure issue d’un A = 4 π r 02 = 4 π (5)
4π ρ 1
capillaire immergé dans un liquide peut être fait au moyen de
l’équation de Poiseuille qui conduit à exprimer le débit volumique
Numériquement, il vient pour 0 < t < τ :
Q v (cm3 · s–1) du mercure :
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Référence Internet
P2135
POLAROGRAPHIE ___________________________________________________________________________________________________________________
Réservoir
de mercure
Goutte de mercure
A DME
sous l’effet du marteau (DME, figure 4a ). Pour le mode SMDE 1.2.3 Électrodes à film de mercure
(électrode à goutte de mercure tombante en mode statique), la
goutte de mercure est délivrée rapidement jusqu’à atteindre une ■ L’électrode à film mince de mercure (TFME) est une alternative à
surface donnée et reste ensuite maintenue avec cette surface à l’utilisation d’une HMDE pour l’analyse polarographique ou chro-
l’extrémité du capillaire en stoppant le débit de mercure par obtu- nopotentiométrique par redissolution anodique ou cathodique (cf.
ration. Ce n’est qu’ensuite que la chute de la goutte a lieu par [P 2 136], § 3.2 et 3.3). La TFME est recommandée lorsqu’une sen-
action du marteau (figure 4b ). Ce type de fonctionnement s’appli- sibilité maximale est requise et lorsque les conditions expérimen-
que pour les méthodes à échantillonnage du courant qui opèrent tales (mesures sous agitation, dans les sédiments, sur site...) ne
lorsque la surface de la goutte est constante. Ce mode, du fait de permettent pas l’utilisation d’une électrode à goutte de mercure
la réduction du courant capacitif, permet d’obtenir de meilleures pendante risquant de se détacher du capillaire. La TFME est obte-
sensibilités des méthodes polarographiques utilisées en analyse. nue par électrodépôt d’un film mince de mercure sur une microé-
Pour ces électrodes à goutte tombante, chaque mesure du courant lectrode solide. Le meilleur support pour la TFME est obtenu avec
s’effectue sur une électrode de surface identique renouvelée. Dans une microélectrode de carbone vitreux ou d’irridium. Ces microé-
le cas du mode HMDE, la goutte de mercure est formée à l’extré- lectrodes sont généralement des électrodes disque-plan tournan-
mité du capillaire et maintenue avec une surface constante tes (cf. [P 2 126], § 1.4 et § 2.2). Elles permettent un dépôt plus
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Référence Internet
P2136
Polarographie
Principes d’application et mise en œuvre
des techniques polarographiques
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POLAROGRAPHIE ___________________________________________________________________________________________________________________
Abréviation Abréviation
Définition Traduction Définition Traduction
(1) (1)
AdCSP Adsorptive Cathodic Polarographie par DPP-ASP Anodic Stripping Pola- Polarographie par
ou Stripping Polarogra- redissolution ou rography by Differen- redissolution anodique
AdCSV (2) phy cathodique après DP-ASV (2) tial Pulse Polarography en polarographie
adsorption impulsionnelle
différentielle
AdSP Adsorptive Stripping Polarographie
ou Polarography par redissolution HMDE Hanging Mercury Drop Électrode à goutte
AdSV (2) (ou Voltammetry) après adsorption Electrode de mercure pendante
ASP Anodic Stripping Polarographie par
NPP Normal Pulse Polarographie impul-
ou ASV (2) Polarography redissolution anodique
Polarography sionnelle normale ou
(ou Voltammetry)
polarographie à impul-
CCSA Constant Current Analyse chronopoten- sions croissantes
Stripping Analysis tiométrique par redis-
solution à courant PSA Potentiometric Analyse chronopoten-
constant Stripping Analysis tiométrique par redis-
solution chimique
CSP Cathodic Stripping Polarographie
ou CSV (2) Polarography par redissolution SMDE Static Mercury Drop Électrode à goutte
(ou Voltammetry) cathodique Electrode de mercure tombante
en mode statique
DCP Direct Current Polarographie
Polarography à courant direct SWP Square Wave Pulse Polarographie impul-
Polarography sionnelle à tension
DCTP Direct Current Tast Polarographie directe carrée (encore appelée
Polarography à échantillonnage à onde carrée)
DME Drop Mercury Électrode à goutte
Electrode de mercure (EGM) SWP-ASP Anodic Stripping Pola- Polarographie par
tombante ou rography by Square redissolution anodique
SW-ASV (2) Wave Polarography en polarographie
DPP Differential Pulse Polarographie impul- impulsionnelle à
Polarography sionnelle différentielle tension carrée
ou polarographie diffé-
rentielle à impulsions TFME Thin Film Mercury Électrode à film mince
constantes Electrode de mercure
(1) Les sigles donnés et utilisés correspondent aux termes en anglais car (1) Les sigles donnés et utilisés correspondent aux termes en anglais car
majoritairement employés par les fournisseurs et utilisateurs. majoritairement employés par les fournisseurs et utilisateurs.
(2) Sigles correspondant aux termes anglais utilisés de plus en plus dans (2) Sigles correspondant aux termes anglais utilisés de plus en plus dans
la littérature où voltammetry se substitue à polarography. la littérature où voltammetry se substitue à polarography.
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___________________________________________________________________________________________________________________ POLAROGRAPHIE
Le mode de programmation du potentiel dépend du type Ainsi, le principe et les principales caractéristiques de cette
d’appareillage (figure 1) : méthode seront abordés succinctement dans cette partie sachant
que de nombreux points ont déjà été décrits dans le paragraphe
– dans le cas des appareils analogiques, une rampe linéaire de Théorie de la première partie de cet article ([P 2 135v2], § 3). Les
potentiel est appliquée à partir de Ei , le potentiel variant linéai- performances de la méthode et quelques exemples d’application
rement en fonction du temps à la vitesse de balayage v ; caractéristiques seront présentés.
Eimp
Eimp
Ef Ef
∆Es
Ei Ei
t t
a rampe linéaire de potentiel (appareillages analogiques) b rampe de potentiel en escalier (équipements digitaux à commande numérique)
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P2136
POLAROGRAPHIE ___________________________________________________________________________________________________________________
I
Ilim –1 Ilim1
Ilim/2
Ilim2
II –3
Courant
Ilim3 0,4 µA
Courant
a acide pyruvique 7,4 ⴛ 10–4 M dans le tampon de Britton Robinson b mélange plomb-cadmium-zinc ([Pb2+] = [Cd2+] = [Zn2+] = 6 ⴛ 10–5 M)
à pH = 4,1 (courbe II) ; la courbe I représente le courant résiduel dans KCl 1M
en absence d'acide pyruvique
Temps de vie de goutte : 3 s ; débit de capillaire : 9 × 10–4 g · s–1 ; hauteur de mercure : 55 cm ; v = 5 mV · s–1
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___________________________________________________________________________________________________________________ POLAROGRAPHIE
B
(s)
B
(p)
Ilim Ilim
Ilim
E1/2
(r)
( r) (q)
A A
a b c d
– La première méthode de mesure consiste à tracer des droites extrapolant le courant de pied de vague (r) et le courant du palier de la vague (p) puis à
tracer la droite passant par la partie linéaire de la vague afin de déterminer E1/2 (point sur la courbe équidistant entre les points A et B). La mesure de Ilim
s'effectue alors à la verticale de E1/2 entre les droites (r) et (p).
– La seconde méthode consiste à déterminer A et B comme précédemment puis à tracer horizontalement les droites (q) et (s) passant respectivement par A
et B. La valeur de Ilim est déterminée entre ces deux droites.
Figure 3 – Différentes possibilités de mesure du courant limite et de E1/2 d’une vague polarographique
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P2136
POLAROGRAPHIE ___________________________________________________________________________________________________________________
Surface de la goutte de Hg
Surface de la goutte de Hg
tm
tm
τ τ
Eimp
Eimp
∆Es ∆Es
Ei Ei
ts ts
t t
a DME b SDME
Figure 4 – Représentation schématique de la mesure du courant en DCTP par rapport au potentiel appliqué et à la surface de la goutte de
mercure dans le cas (a) de la DME et (b) de la SMDE
Courant (µA)
ciellement avec un système de frappe du capillaire. C’est ce qui a τ = 1 s ; v = 5 mV · s–1
donné lieu à la technique de polarographie à courant direct échan-
tillonnée (Tast Polarography, DCTP). Entre les échantillonnages, le
courant est maintenu à la dernière valeur mesurée. Le polaro- – 0,6
gramme obtenu se présente sous la forme de courbes sigmoïdes [Pb2+] = [Cd2+] = [Zn2+] = 2 mg · L–1
qui ne présentent plus d’oscillations (figure 5) et dont les caracté-
ristiques sont les mêmes que celles décrites précédemment en Figure 5 – Exemple de polarogrammes obtenus à une EGM en DCTP
pour un mélange plomb-cadmium-zinc dans HCl 0,1 M
DCP (pour Ilim et E1/2).
Le contrôle numérique des appareillages de polarographie a
conduit à remplacer la variation linéaire de potentiel par une
Remarque : bien que les trois métaux dans l’exemple de la
rampe incrémentée de potentiel. Les incréments de potentiel (∆Es)
figure 5 soient à la même concentration massique (2 mg · L–1),
sont imposés tous les temps ts qui coïncident avec le temps de
les courants limites de leur vague de réduction correspon-
goutte (figure 4a ). Le courant est alors échantillonné à la fin de la
dante ne présentent pas la même intensité. Cela est normal
vie de la goutte sur une période très courte (tm) pour considérer la
puisque les courants limites dépendent de leur coefficient de
surface de l’EGM pratiquement constante et réduire ainsi la
diffusion et sont proportionnels à la concentration molaire de
composante capacitive du courant total mesuré.
chaque métal en solution [équation (1)] et non à leurs
Une autre amélioration de la technique de polarographie concentrations massiques qui sont toutefois habituellement
classique permettant d’améliorer le rapport if /ic est l’utilisation de utilisées, notamment au niveau des normes.
l’électrode à goutte tombante de mercure en mode statique
(SMDE) (figure 4b ) grâce à l’utilisation d’électrodes à gouttes de
mercure multimodes (cf. [P 2 135v2], § 1.2.2). Dans ce cas, au bout 2.2 Performance de la méthode
d’un certain temps par rapport au début de la croissance de la
goutte de mercure, le débit de mercure est interrompu et la 2.2.1 Sensibilité
surface de la goutte devient alors constante permettant ainsi
l’échantillonnage du courant en fin de vie de la goutte après une La polarographie classique est généralement appliquée pour
décroissance notable du courant capacitif (la surface de la goutte l’analyse de solutés se situant dans le domaine de concentration
ne variant plus). compris entre 5 × 10–5 et 5 × 10–3 M. C’est l’existence d’un courant
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P2115
Potentiométrie
Définitions et principes généraux
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POTENTIOMÉTRIE __________________________________________________________________________________________________________________
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___________________________________________________________________________________________________________________ POTENTIOMÉTRIE
Exemples
Remarques :
1. La force ionique d’une solution 0,1 M de sulfate de sodium
1. Dans un certain nombre de cas, en particulier pour la Na2SO4 est :
mesure du pH, les deux électrodes, de référence et indicatrice,
sont souvent commercialisées sous la forme d’une seule et 1 1
même électrode appelée électrode combinée. I= ( 0, 2 × 12 ) + ( 0,1 × 22 ) = 0, 3 M
2 2
2. Selon leur fonction, les appareils de mesure du potentiel
portent diverses appellations commerciales (pH-mètre, iono- 2. De même pour un mélange de sels, Na2SO4 0,2 M + NaCl
mètre). 0,1 M, on calcule :
1 1 1
I= ( 0, 5 × 12 ) + ( 0,1 × 12 ) + ( 0, 2 × 22 ) = 0, 7 M
2 2 2
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POTENTIOMÉTRIE __________________________________________________________________________________________________________________
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P2116
Potentiométrie
Mesure du pH ou d’une concentration
l a été rappelé dans la première partie [P 2 115] quels ont été les développe-
I ments de la potentiométrie pour parvenir à ce qu’elle est devenue
aujourd’hui. Le lecteur pourra s’y reporter.
Le précédent article était consacré aux principes généraux de mise en œuvre
de la potentiométrie. Seront décrites ci-après les deux grandes mesures réali-
sables par potentiométrie : celle du pH et celle d’une concentration d’ion ou de
molécule. Présenté ainsi, il pourrait apparaître que le domaine d’application de
la potentiométrie est somme toute limité. Ce n’est évidemment pas le cas.
La mesure du pH, à l’origine du développement de la potentiométrie,
constitue toujours un domaine privilégié d’action (en milieu aqueux et dans les
solvants). Seront d’abord rappelés les principes généraux de la mesure du pH,
outre sa définition même, et les moyens de le mesurer. Si l’électrode de verre
constitue la plupart du temps le moyen de mesure idéal, ce n’est pas toujours
le cas, en particulier pour des milieux complexes ou corrosifs qui n’autorisent
pas l’utilisation du verre. C’est la raison pour laquelle seront citées, outre
Parution : septembre 2010
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Référence Internet
P2116
POTENTIOMÉTRIE __________________________________________________________________________________________________________________
pH = − lg [H+ ] (2)
1.1 Généralités
a été modifiée ultérieurement en (1).
1.1.1 Définitions Les relations (1) et (2) sont reliées par l’intermédiaire du coeffi-
cient d’activité γ H+ de l’ion H+ :
La notion de pH (potentiel hydrogène) introduite pour la pre-
mière fois par Sörensen en 1909 permet de mesurer le niveau aH+ = γ H+ [H+ ]
d’acidité d’une solution, acidité au sens de Brönsted-Lowry,
c’est-à-dire concernant les réactions d’échange de l’ion H+ (appelé Pour obtenir expérimentalement la concentration des ions H+
aussi proton). d’une solution par mesure du pH, il est donc nécessaire de
Le pH est relié à l’activité des ions H+ solvatés par les molécules connaître la valeur du coefficient d’activité du proton (cf. [P 2 115,
de solvant dans lequel ils ont été dissous : § 2]). Ce n’est que pour les solutions diluées qu’on a :
Cette définition est générale ; elle est valable non seulement La mesure expérimentale du pH est réalisée par l’intermédiaire
pour l’eau où elle a été définie initialement mais également pour d’un montage potentiométrique à deux électrodes (cf. [P 2 115,
d’autres solvants (en particulier non aqueux) où l’ion H+ peut § 3]) :
exister [2].
Dans l’eau il a été montré que l’ion H+ hydraté se trouve princi-
Électrode de référence de potentiel Jonction Électrode indicatrice de pH
palement sous la forme de l’ion hydronium, H3O+. Mais, dans un (3)
souci de simplification et par convention, on écrit simplement H+ liquiide
qui représente le proton hydraté. De même, dans les solvants pro- Eréf Ej Eind
tonés HS (alcools, acides, amides non substitués, amines, etc.)
dont la molécule est protophile (accepteur du proton H+), la E cel
solvatation de l’ion H+ conduit préférentiellement à l’ion H2S+ (ana-
logue à H3O+) qu’on écrira simplement H+. Elle correspond à la définition opérationnelle du pH
recommandée par l’IUPAC.
Ainsi la mesure du pH, reliée à la quantité d’ions H+ présents en
solution, permet de caractériser le niveau d’acidité de la solution. Quelle que soit l’électrode indicatrice de pH utilisée (cf. § 1.2), le
La relation (1) indique que plus une solution est acide et plus faible potentiel Eind peut être mis sous la forme suivante :
est la valeur du pH.
RT
E ind = E ind
0 + 2, 3 lg aH+
F
1.1.2 Mesure expérimentale du pH
La ddp mesurée aux bornes de la cellule est alors :
Si l’on excepte les déterminations spectrophotométriques du pH
à l’aide d’indicateurs colorés (qui ne sont plus guère utilisées), la
mesure du pH s’effectue classiquement par potentiométrie. RT
E cel = E ind
0 −E
ref + E j + 2, 3 lg aH+
Comme les potentiels d’électrode sont reliés aux activités des solu- F
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Référence Internet
P2116
___________________________________________________________________________________________________________________ POTENTIOMÉTRIE
2 H+ + 2 e− % H2 ↑
La proportionnalité entre le potentiel et le pH est fonction de la
RT corresponde à un système réversible. Les performances d’une telle
valeur du terme 2, 3 . Par construction, les pH-mètres sont
F électrode ne sont pas immuables. Il est en particulier recommandé
conçus pour fonctionner à une température standard (25 oC par de la conserver dans l’eau distillée, le platine divisé perdant ses
exemple). La plupart des appareils modernes comportent donc propriétés lorsqu’il est conservé trop longtemps à sec. Il faut alors
une sonde de température (thermistance) capable de corriger la replatiner l’électrode après avoir détruit l’ancien platinage par l’eau
valeur du coefficient de proportionnalité si la mesure n’est pas régale diluée (3 vol. HCl 12 M + 1 vol. HNO3 16 M + 4 vol. H2O).
effectuée dans les conditions standards. Mais, en plus, la réponse
de la membrane de verre n’est pas toujours strictement nersns-
tienne et elle finit au cours du temps par s’éloigner de la valeur Remarque : bien que des électrodes de palladium palladié et
d’iridium iridié aient été décrites, l’usage s’est établi de fabri-
RT
2, 3 théorique. Pour cela, il est préférable d’étalonner le quer les électrodes à hydrogène avec du platine platiné. C’est
F en particulier parce que l’activité catalytique du « noir de
pH-mètre avec un second tampon. De ce fait on s’assure qu’entre
platine » (platine divisé) est supérieure à celle du noir de palla-
les deux points d’étalonnage, il y a proportionnalité rigoureuse
dium qu’on procède ainsi.
entre la tension de cellule mesurée et sa traduction en terme de
RT
pH, quand bien même le terme 2, 3 ne serait-il pas égal à sa • En second lieu, il est nécessaire que la pression partielle
F
valeur théorique à température donnée. d’hydrogène soit maintenue constante dans la solution pendant
toute la mesure. Cette condition est aisément respectée lorsque
l’hydrogène est délivré à l’aide d’un débitmètre, à partir d’une bou-
Remarque : dans le cas d’un étalonnage avec deux tampons, teille de gaz comprimé.
et avec une sonde de température, l’appareil affiche, en terme
de pourcentage par rapport à la valeur théorique, la pente Ce n’est que lorsque des mesures très précises de pH doivent
réelle de réponse de l’électrode de verre (écart à la réponse être effectuées (à mieux que 1/100 de pH près) qu’il convient alors
nernstienne). de tenir compte d’une correction barométrique. On calcule alors :
0, 4 h
pH2 = p − pH2O +
13,6
1.2 Électrodes indicatrices de pH
avec p (mm Hg) pression barométrique corrigée,
Il existe essentiellement trois types d’électrodes permettant une
détermination potentiométrique du pH : l’électrode à hydrogène pH2O (mm Hg) pression de vapeur de l’eau à la température
qui est une électrode indicatrice d’ions du premier genre, des élec- de mesure,
trodes du second genre (comme l’électrode à quinhydrone), enfin h (mm) hauteur d’immersion du capillaire d’arrivée de
des électrodes à membrane sensible à l’ion H+ (électrodes de l’hydrogène dans la solution.
verre). • Pour que l’électrode réponde correctement, la solution ne doit
contenir ni oxydant plus puissant que H+ susceptible d’oxyder H2
1.2.1 Électrode à hydrogène (tels que Ag+, Hg 2+
2 , nitrophénols, acide benzoïque et surtout oxy-
Elle peut être utilisée soit comme électrode de référence de gène, etc.) ni réducteur plus fort que H2 susceptible de réduire H+,
potentiel (à pH fixé) (cf. [P 2 115, § 4.1]) soit comme système indi- ni molécules susceptibles de s’adsorber sur le platine (protéines
cateur du pH (cf. [P 2 115, § 5.1.2b]). De ce point de vue elle par exemple).
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P2116
POTENTIOMÉTRIE __________________________________________________________________________________________________________________
D’autre part, si la solution contient des gaz dissous (H3As, H2S, Il suffit d’ajouter de la quinhydrone, produit commercialisé sous
CO2, NH3, etc.), le barbotage d’hydrogène fait varier la cette forme à la solution dont on veut mesurer le pH et d’y plonger
composition de la solution. le couple d’électrodes platine poli (ou or)-référence de potentiel
• Enfin pour éviter que le passage de l’hydrogène ne fasse (calomel par exemple) pour lire sur le pH-mètre préalablement éta-
varier la concentration des solutés par entraînement de solvant, il lonné la valeur de pH cherchée.
faut l’introduire préalablement saturé de solvant.
Si le dispositif expérimental décrit par Hildebrand [1] est le plus Remarque : pour des mesures très précises il convient de
ancien, il n’est pas celui qui permet les déterminations les plus
recristalliser (dans l’eau à 70 oC) la quinhydrone commerciale
précises. D’autres ont été décrits par Hitchcock et Taylor [3],
car la quinone est légèrement volatile. La dissolution d’un pro-
Perley [4] ou Bates et coll. [5]. Ils permettent d’effectuer les mesu-
duit vieilli conduit à un excès d’hydroquinone en solution et
res avec un volume plus restreint de solution (2 mL pour [3]) et
donc à des activités différentes de aQ et aH2Q . La recristallisa-
d’obtenir l’équilibre plus rapidement et avec une meilleure préci-
sion (0,02 pH après 5 min). tion y remédie.
À 25 oC on calcule que 4 g de quinhydrone dissoute dans 1 litre Pour s’affranchir de ce dernier inconvénient, il est possible de
d’eau est dissociée à 93 % en quinone et hydroquinone. dégazer la solution et de la maintenir sous atmosphère de gaz
a) Principe de la mesure inerte (azote, argon, etc.).
Quinone et hydroquinone sont respectivement l’oxydant et le C’est pourquoi l’électrode à quinhydrone ne peut être utilisée
réducteur du couple électrochimique réversible : dans l’eau pour mesurer des pH supérieurs à 8.
De façon plus générale, dans la mesure où l’on ajoute la quinhy-
Q + 2 H+ + 2 e− % H2Q drone au milieu dont on veut mesurer le pH, cela implique que le
rapport Q/H2Q ne soit pas modifié par les solutés présents dans le
Dans ces conditions, une électrode inattaquable (platine ou or) milieu : oxydation de l’hydroquinone (Fe3+, Cl2, etc.), réaction de la
plongée dans une solution contenant quinone, hydroquinone et quinone (ammonium, amines, amino-acides, etc.).
ions hydrogène adopte le potentiel : Un autre inconvénient mineur de cette électrode apparaît
lorsqu’on veut faire des mesures très précises de pH en milieu
RT a (a + )2 salin concentré. La variation différente des coefficients d’activité de
E = E 0 + 2, 3 lg Q H
2F aH2Q la quinone et de l’hydroquinone entraîne un écart de potentiel, non
lié au pH. Mais cet écart est minime : de 0,02 et 0,06 unité de pH
Dans la mesure où les activités de la quinone et de l’hydroqui- pour les sels les plus usuels à la concentration 1 M.
none restent inchangées (solutions diluées), le potentiel de l’élec-
trode plongée dans une solution de quinhydrone (aQ = aH2Q )
Remarque : on peut noter que le système quinone/hydroqui-
devient :
none sert à étalonner des capteurs industriels comprenant une
électrode de référence couplée à une électrode de verre et une
RT électrode de platine afin de mesurer simultanément pH et
E = E 0 + 2, 3 lg aH+
F potentiel.
avec E0 = 0,70 V/ENH (électrode normale à hydrogène).
Ce système fonctionne donc comme une électrode indicatrice 1.2.2.2 Électrode à antimoine
des ions hydrogène.
Elle est constituée par un barreau d’antimoine métallique plon-
b) Réalisation geant directement dans la solution dont on désire mesurer le pH.
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___________________________________________________________________________________________________________________ POTENTIOMÉTRIE
a) Principe de la mesure
L’antimoine n’est pas un métal suffisamment noble pour qu’il ne
soit pas oxydé par l’oxygène présent en solution ; il se recouvre Câble conducteur blindé
superficiellement d’une mince couche d’oxyde Sb2O3. L’ensemble
constitue une électrode indicatrice de pH, car à l’équilibre
électrochimique :
Sb 2O 3 ↓+ 6 H+ + 6 e− % 2 Sb ↓+ 3 H2O
correspond le potentiel d’électrode : Tube de verre isolant
RT
E = E 0 + 2, 3 lg aH+ (5)
F
Blindage
puisque l’activité des espèces solides Sb2O3 et Sb est égale à
l’unité. Associée à une électrode de référence, elle permet de
mesurer le pH des solutions. Électrode de référence interne
b) Réalisation
Solution interne
Bien qu’a priori facile à réaliser, la fabrication d’une électrode à
antimoine dont le potentiel varie selon la relation théorique (5) pré- Mince paroi de verre indicatrice
sente quelques difficultés. Elles sont liées à la nature cristalline du du pH (10–3 à 10–1 mm)
métal (selon qu’il est coulé, déposé électrochimiquement, brut,
poli, etc.) et à la manière dont est produit l’oxyde Sb2O3 (oxyda-
tion chimique par l’oxygène dissous, oxydation électrochimique, Figure 1 – Électrode de verre indicatrice du pH
incorporation initiale avec l’antimoine fondu, etc.). Il en résulte que
le potentiel normal E0 de la relation (5) fluctue et que le système
électrochimique n’est pas totalement réversible (pente de la droite
d’étalonnage).
L’électrode n’est utilisable que dans un domaine restreint de pH.
Électrode de verre Électrode de référence
Elle ne peut être utilisée en milieu très acide (pH < 2) par suite de
la solubilisation de l’oxyde Sb2O3 (en SbO+) et en milieu basique
(pH > 8) par suite de sa redissolution (en SbO −2 ). Électrode Électrolyte Électrolyte
Référence
de référence référence Verre Solution référence
externe
L’électrode ne fonctionne également plus correctement en pré- interne interne externe
sence d’oxydants de l’antimoine ou de réducteurs de l’oxyde. Il en
est de même en présence de tampons de pH dont la base forme E
des complexes avec l’antimoine(III) (tartrate, citrate, oxalate,
borate, etc.). On peut par contre utiliser les tampons phtalate,
phosphate et carbonate.
Ecel
En revanche, l’électrode à antimoine présente un certain nombre
d’avantages : rapidité de réponse (quelques minutes), simplicité de
Eref,e
préparation, utilisation à haute température, bonne réponse dans
des milieux où les électrodes à hydrogène, à quinhydrone et de Eref,i
verre ne conviennent pas (présence de CN–, S2–, milieu fluorhy-
Ej
drique, etc.). Elle est recommandée pour des mesures industrielles EM,e
en continu ne nécessitant pas une extrême précision. EM,i
L’électrode de verre est constituée d’une membrane d’un verre Ej potentiel de jonction ionique entre la solution électrolytique
spécial qui sépare une électrode de référence interne plongeant de l'électrode de référence externe et la solution de pH inconnu
dans une solution de pH fixé, de la solution de pH inconnu dans
laquelle le dispositif est plongé (figure 1). Pour obtenir une indica- EM,i potentiel de membrane entre la solution électrolytique
tion de potentiel qui soit reliée au pH après étalonnage, on couple de l'électrode de référence interne et la face interne
de la membrane de verre
l’électrode de verre avec une électrode de référence de potentiel.
On réalise ainsi une chaîne galvanique telle que représentée EM,e potentiel de membrane entre la solution à mesurer (de pH
figure 2. inconnu) et la face externe de la membrane de verre
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Référence Internet
P2116
POTENTIOMÉTRIE __________________________________________________________________________________________________________________
Il a été observé puis démontré que lorsque deux solutions d’acti- comportent pas de façon rigoureusement identique vis-à-vis d’une
vité aH+ différentes baignent les deux faces d’une fine membrane solution de même activité aH+ (E M,i ≠ E M,e ) .
de verre, il apparaît une différence de potentiel de membrane telle
que : Le potentiel d’asymétrie varie lentement au cours du temps
(aucune incidence sur les mesures classiques) et augmente
lorsque l’électrode vieillit. Il peut être mesuré en utilisant une élec-
RT (a + )
∆E M = 2, 3 lg H 1 (6) trode de référence externe sans jonction ionique, identique à l’élé-
F (aH+ ) 2 ment de référence interne, comme dans la chaîne
potentiométrique suivante :
Lorsqu’on interpose cette fine membrane dans une chaîne
potentiométrique telle que celle représentée figure 2, on a :
Ag, AgCl, H2PO4– / HPO2–
4 (pH = 7) Verre H2PO4– / HPO2– 4 (pH = 7), AgCl, Ag
Électrode de verre Électrode de référence
E cel = E ref ,e + E j + ∆E M + E ref ,i
En pratique, l’utilisation d’une électrode de référence externe
soit : avec jonction ionique rajoute un potentiel de jonction liquide Ej au
potentiel d’asymétrie qu’il devient impossible de mesurer seul.
RT RT RT b) Réponse de l’électrode
E cel = E ref
0
,e − 2 , 3 lg (aCl− ) e + E j + 2, 3 lg (aH+ ) e − 2, 3 lg (aH+ )i
F F F Elle correspond à la relation de proportionnalité linéaire (8) entre
R T le potentiel mesuré et le pH de la solution, à une température don-
+ E ref
0 − 2, 3
,i lg (aCl− )i
F RT
née. Quelques valeurs du coefficient de proportionnalité 2, 3
avec E0 potentiels normaux des éléments de référence interne et F
externe, sont rappelées en [P 2 115, tableau 3]. En réalité, bien que la
réponse soit linéaire dans un large domaine (pH 1 à 10) pour les
aCl− activité des ions chlorure dans chacun de ces éléments. verres au sodium, la pente expérimentale Pe s’éloigne parfois légè-
Ainsi : rement (par défaut) de la valeur théorique Pt dans le cas d’une
électrode neuve (Pe = 0,995 Pt par exemple) mais parfois beaucoup
0 RT (a − ) RT RT plus dans le cas d’une électrode usagée (jusqu’à Pe = 0,75 Pt).
E cel = ∆Eref + E j + 2, 3 lg Cl i + 2,3
3 pHi − 2, 3 pHe (7)
F (aCl− )e F F Pour remédier à cet inconvénient, il suffit d’effectuer un étalon-
nage avec deux tampons d’acidités différentes (dans la gamme de
d’où : linéarité de l’électrode et si possible encadrant le pH de la solution
à mesurer). Les appareils modernes à logiciel intégré calculent la
RT valeur de la pente réelle et l’utilisent pour calculer le pH des solu-
E cel = Ct e − 2, 3 pH (8)
F tions inconnues.
c) Influence de la température
1.2.3.2 Caractéristiques
Lorsqu’on trace les droites d’étalonnage d’une électrode de
Il existe sur le marché plusieurs catégories d’électrodes de verre verre à différentes températures, on obtient un faisceau de
qui se différencient, soit par la nature de l’électrode de référence courbes telles que celles représentées figure 3b qui, toutes
interne, soit par la composition de la solution de remplissage, soit passent par un même point, appelé point isopotentiel, défini par
par celle de la membrane de verre. Ces trois éléments les coordonnées Eiso, pHiso.
conditionnent les caractéristiques propres d’une électrode de Le potentiel de ce point correspond à :
verre.
L’électrode de référence interne est dans la majorité des cas E iso = E cel = ∆E ref
0 +E
j (9)
constituée par le système électrochimique Ag/AgCl (cf. [P 2 115,
§ 4.3]). Le fil d’argent chloruré plonge dans une solution de rem- de la formule (7) pour pHi = pHe et (aCl− )i = (aCl− ) e .
plissage interne comportant une concentration fixée d’ions Cl–.
Cette solution contient en outre un tampon d’acidité afin de fixer Si les systèmes de référence externe et interne de l’électrode de
l’activité des ions H+. Pour la quasi-totalité des électrodes 0 = 0 et E
verre sont identiques, ∆E ref iso est alors égal au potentiel de
commercialisées, le pH de la solution interne est 7.
jonction ionique Ej.
La composition du verre influe de façon déterminante sur les
performances de l’électrode. À côté des verres au sodium qui Comme il a été signalé précédemment, un potentiel d’asymétrie
constituent les électrodes les plus classiques (et ont une se rajoute aux potentiels mesurés. Il est égal à la valeur de
composition voisine du premier verre utilisé pour cette fonction l’expression :
(SiO2 72,3 %, Na2O 21,3 %, CaO 6,4 %), on trouve différentes
compositions de verre destinées à procurer à l’électrode de verre RT (a + )
∆E M = 2, 3 lg H i
des performances acceptables dans certaines conditions extrêmes. F (aH+ ) e
Pour cela, on incorpore au verre, selon les cas, différents éléments
en proportions variables, par exemple Li2O, BaO, La2O3, etc. qui, pour (aH+ )i = (aH+ ) e n’est pas nulle.
a) Potentiel d’asymétrie Pour une électrode de verre à remplissage interne à pH = 7, la
Si les deux parois d’une membrane de verre séparent deux valeur de pHiso est inférieure (ou supérieure) à pH = 7 (cf.
figure 3b).
solutions aqueuses de même activité d’ions H+, la différence de
potentiel de membrane doit être nulle selon la relation (6). En réa- Une électrode de verre idéale répondrait selon les courbes de la
lité, ce n’est bien souvent pas le cas. On appelle potentiel d’asymé- figure 3a.
trie la différence de potentiel qui apparaît lorsque deux solutions La connaissance des coordonnées du point isopotentiel est
de même activité d’ions H+ baignent les deux parois de la mem- nécessaire pour pouvoir étalonner un pH-mètre à une température
brane de verre. Il provient du fait que les deux parois de la mem- et l’utiliser à toute autre température en corrigeant simplement la
brane de verre qui fonctionne comme un échangeur d’ions ne se valeur de la pente de l’électrode. Mais, dans la pratique, on ne
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Potentiométrie
Dosages et titrages.
Caractéristiques analytiques
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POTENTIOMÉTRIE __________________________________________________________________________________________________________________
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___________________________________________________________________________________________________________________ POTENTIOMÉTRIE
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POTENTIOMÉTRIE __________________________________________________________________________________________________________________
L’appareil ayant enregistré les valeurs de potentiel correspon- lorsqu’on utilise certaines électrodes à membrane. Dans les
dant aux solutions étalons, il affiche ensuite la grandeur cherchée conditions du dosage de l’argent cité plus haut, une variation de
pour la solution inconnue (concentration, pH ou pX). Pour les iono- 1 mV de la valeur de S entraîne une erreur de 3,2 % ; malheureuse-
mètres, comme pour les pH-mètres, la réponse est fonction de la ment, il arrive souvent que la pente expérimentale s’écarte beau-
température. Il est donc important de prendre les mêmes précau- coup de la valeur théorique. Dans ces conditions, l’erreur peut
tions pour l’étalonnage et la mesure. L’utilisation d’une sonde de devenir très importante (pour ∆S = 5 mV, erreur de 11 %). Pour
température permet d’effectuer les corrections nécessaires pour remédier partiellement à cet inconvénient, il est possible d’évaluer
l’étalonnage et la mesure. la valeur expérimentale de la pente Sex en mesurant la variation
∆E du potentiel de la solution inconnue par dilutions successives.
On a :
1.2.4 Méthode des ajouts dosés
Cette méthode est utilisée principalement lorsqu’il faut détermi- ∆E
Sex =
ner l’activité d’une espèce dans un milieu complexe, dont la V0 + V1
composition est mal connue, de telle sorte qu’il est impossible de lg
V0
préparer des solutions étalons de même composition.
Les cas de solutions biologiques, voire de certaines solutions avec V0 volume initial,
industrielles relèvent de cette méthode. V1 volume d’eau ajouté.
Une exploitation par régression linéaire des valeurs de ∆E mesu-
1.2.4.1 Méthode du simple ajout
rées peut permettre d’obtenir une assez bonne évaluation de Sex .
Dans ce cas, on effectue deux mesures de potentiel, avant (E1) et
après (E2) addition d’un volume VS d’une solution étalon (de 1.2.4.2 Méthode des ajouts multiples
concentration CS connue de l’espèce à déterminer) au volume ini-
tial V0 de la solution inconnue (de concentration C0). Dans les deux Afin de remédier au double inconvénient d’une incertitude sur la
cas, le potentiel est donné par les expressions suivantes : valeur de la pente et d’un calcul de concentration à partir de deux
points, il est possible de faire plusieurs ajouts à la solution initiale.
RT En opérant tout d’abord par la méthode du double ajout, il est
E 1 = E 0 ± 2, 3 lg γ 1C0 (6)
zF possible de calculer la concentration inconnue sans avoir à
connaître la valeur de la pente de l’électrode.
RT (C V + CSVS) Après avoir mesuré le potentiel initial (E1) donné par
E 2 = E 0 ± 2, 3 lg γ 2 0 0 (7) l’expression (6) et ajouté une quantité connue (CSVS) de la solution
zF V0 + VS
étalon [potentiel E2 , expression (7)], un autre ajout de la même
En admettant que la force ionique ne varie pas lors de l’ajout, quantité CSVS est effectué. Le potentiel E3 correspondant est
donné par la relation :
RT
γ1 = γ2 . En appelant S = 2, 3 la pente de l’électrode, la variation
zF RT (C V + 2 CSVS)
de potentiel provoquée par l’ajout est : E 3 = E 0 ± 2, 3 lg γ 3 0 0 (11)
zF (V0 + 2 VS)
C 0V0 + C SVS
∆E = S lg (8) Si, comme précédemment, il est admis que, à force ionique
(V0 + VS ) C 0
fixée, γ1 = γ2 = γ3, la variation du potentiel ∆E3 = E3 – E1 correspond
à l’expression :
d’où :
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Chronopotentiométrie
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CHRONOPOTENTIOMÉTRIE _______________________________________________________________________________________________________________
Tem
ps t
Courant i
Courant i
n E
Tensio
Vitesse
ion E
Voltamétrie Tens
à balayage linéaire
Voltamétrie i on E
à échantillonnage Tens
du courant Te
m ps
(à temps constant)
t
Chronopotentiométrie
(à temps constant)
Temps de transition
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______________________________________________________________________________________________________________ CHRONOPOTENTIOMÉTRIE
C Ox ( x, 0 ) = C ° Ox C Red ( x, 0 ) = C ° Red
(3)
C Ox ( ∞, t ) = C ° Ox C Red ( ∞, t ) = C ° Red
1.1 Signal d’excitation et réponse
En supposant que le courant capacitif est toujours très inférieur
au courant faradique (cf. § 2.1), la première loi de Fick est vérifiée à
La chronopotentiomé trie s’ est considé rablement dé veloppé e l’interface (x = 0), et le flux de matière est alors relié au courant
depuis que l’ é lectronique et l’ informatique permettent d’ une part imposé par la relation :
d’ obtenir aisé ment des signaux d’ excitation varié s, et d’ autre part
une analyse fi ne de leurs ré ponses. Le tableau 1 rassemble les
signaux d’ excitation les plus couramment utilisé s ainsi que les chro-
nopotentiogrammes correspondants. ∂ C Ox ( x, t ) i(t)
D Ox ----------------------------- = ----------- (4)
∂x x=0
nFS
La chronopotentiomé trie à courant imposé monotone (courant
constant ou programmé ) est largement utilisé e à des fi ns d’ analyses
(§ 2.1 et § 2.2), de caracté risation d’ é lectrode, de dé pô t (§ 2.3 et avec n nombre d’électrons,
§ 2.4) ou de solutions (§ 2.6), et d’ é tude des mé canismes ré ac-
F constante de Faraday (F = 96 487 C).
tionnels (§ 2.7). Les techniques à courant cyclique ou alternatif
(é chelons de courant ou courant sinusoï dal) sont essentiellement Nota : l’interface d’une électrode métallique au contact d’un électrolyte se comporte
appliqué es à l’étude de systèmes complexes et à la caractérisation comme une capacité ; il s’ensuit que l’ensemble de l’électrolyte et de l’interface constitue
un circuit RC (R résistance, C capacité) qui amortit les variations rapides de potentiel.
des étapes électrochimiques – mises en évidence d’intermédiaires
solides ou solubles (§ 2.7). Enfin, les trains d’impulsions avec des D’autre part l’expression d’un flux stationnaire des espèces oxy-
temps de relaxation plus importants que ceux des échelons de cou- dante (Ox) et réductrice (Red) à l’électrode s’écrit :
rant, ont des applications plus ciblées telles que la détermination
des propriétés thermodynamiques et des coefficients d’interdiffu-
sion d’alliages (§ 2.5).
∂ C Ox ( x, t ) ∂ C Red ( x, t )
D Ox --------------------------- + D Red ----------------------------- = 0 (5)
∂x x=0 ∂x x=0
x
2
∫
∂ C Ox ( x, t ) ∂ 2 C Ox ( x, t )
erfc ( x ) = 1 – erf ( x ) = 1 – ----------
2
e –y d y
--------------------------- = D Ox ------------------------------ (1) π1 / 2
∂t ∂ x2 0
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CHRONOPOTENTIOMÉTRIE _______________________________________________________________________________________________________________
(0)
i E
Chronopotentio-
métrie à courant
constant
τ
t t
i E
Chronopotentio-
métrie à courant
programmé
t t
E
i
i1
Chronopotentio-
métrie
à échelon
de courant
t τanodique τcathodique
– i2
t
E
i
i1
Chronopotentio-
métrie cyclique
t
τ1 τ2 τ3 τ4
– i2
t
E
i
Chronopotentio-
métrie à courant
alternatif
t
i E
Chronopotentio-
métrie
répétitive à train
d’impulsions
t t
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______________________________________________________________________________________________________________ CHRONOPOTENTIOMÉTRIE
qu’il se produit un saut de potentiel pour atteindre une valeur telle En combinant les relations (8), (9), (10), (12), (13) et (14) on
qu’une autre réaction électrochimique puisse se produire et puisse obtient :
consommer tout le courant imposé. Cette équation appelée équa-
tion de Sand [5], qui relie le temps de transition, le courant imposé α nF
χ R exp ----------- ( E – E ° )
et la concentration en solution, est à la base d’une grande partie des RT
applications de la chronopotentiométrie, notamment dans le
domaine de l’analyse chimique. t nF t D Ox C ° Red
= 1 – -- – exp -------- ( E – E ° ) -- ------------ + --------------- (15)
τ RT τ D Red C ° Ox
La relation (10) peut également s’écrire :
π D Ox
1/2 1/2
i τ1 / 2 nFSD Ox π avec χ R = ------------------ .
------------- = ----------------------------------- (11) 2k° τ
C ° Ox 2
χR est une constante sans dimension que l’on définit comme étant
définissant ainsi la constante chronopotentiométrique, le cou-
D⁄δ
rant imposé étant généralement constant. le critère de réversibilité analogue au rapport ----------- défini en régime
k°
de diffusion stationnaire (la résolution de l’équation (6) lorsque t
L’ensemble de ces résultats peut être illustré de manière tridimen- tend vers τ et x tend vers l’infini conduit à définir une distance
sionnelle (figure 1) en utilisant les paramètres adimensionnels t/τ,
D Ox τ
C ( x, t ) x
----------------- et λ = -------------- . δ′ = 2 ----------------, analogue à l’épaisseur de la couche de diffusion δ).
π
C° 2 Dt
Toujours par analogie, on dira que le système est rapide si χR est
inférieur à 10−2, lent quand χR est supérieur à 100 et quasi-rapide
La relation de Sand prend une autre forme lorsque le courant
pour les valeurs de χR intermédiaires.
imposé dépend du temps. Par exemple :
— si i(t) = βt, alors τ 3/2 est proportionnel à C ˚Ox [6] (pas d’inté- Dans les cas du système rapide et du système lent, on donne ci-
rêt pratique réel) ; après une relation simplifiée de l’expression (15).
— dans le cas où i(t) = βt1/2, τ est proportionnel à C ˚Ox [7] ■ Cas des systèmes rapide et lent
(générer un tel courant est cependant difficile). −2
● Cas du système rapide : χR < 10
( 1 – α ) nF RT D
k Ox = k °exp ------------------------- ( E – E ° ) (13) E τ ⁄ 4 = E ° – ----------- ln ------------
Ox
(18)
RT 2 nF
D Red
( – α ) nF
k Red = k °exp ------------------- ( E – E ° ) (14) et
RT
avec k˚ constante de vitesse intrinsèque de transfert de D RT
RT 2
charge, E 3τ ⁄ 4 = E ° – ----------- ln ------------
Ox
+ -------- ln ------- – 1 (19)
2 nF nF
α coefficient de transfert de charge qui caractérise D Red 3
la symétrie du système par rapport au complexe
activé, La différence (E3τ/4 − Eτ/4) permet de déterminer le nombre n
E˚ potentiel normal standard du couple redox RT 2
d’électrons E 3τ ⁄ 4 – E τ ⁄ 4 = -------- ln ------- – 1 .
considéré, nF
3
R constante des gaz parfaits, Par ailleurs, si les coefficients de diffusion sont connus, E ˚
T température. peut être déduit de la valeur de Eτ/4.
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1. Principes..................................................................................................... P 2 220 – 3
1.1 Généralités ................................................................................................... — 3
1.2 Principe de fonctionnement........................................................................ — 3
1.3 Paramètres influençant la fréquence de résonance ................................. — 5
1.3.1 Dépôt de matière ................................................................................ — 5
1.3.2 Température ........................................................................................ — 6
1.3.3 Solution ............................................................................................... — 6
1.3.4 Pression et contraintes....................................................................... — 7
1.4 Dispositifs de mesure.................................................................................. — 7
1.4.1 Résonateurs à cristal de quartz ......................................................... — 7
1.4.2 Montages ............................................................................................ — 8
1.4.3 Microbalance à cristal de quartz électrochimique ........................... — 8
2. Applications de la MCQ ......................................................................... — 9
2.1 Mesures de vitesse et de rendement faradique de dépôt........................ — 9
2.2 Étude de mécanismes de dépôt électrochimique..................................... — 10
2.3 Étude de phénomènes de dissolution ....................................................... — 11
2.4 Mesure de la viscosité d’une solution ....................................................... — 11
2.5 Transport de matière dans des films ......................................................... — 12
2.6 Mesure de contraintes dans des films....................................................... — 13
2.7 Mesure d’angle de contact ......................................................................... — 13
2.8 Étude de la formation de bulles ................................................................. — 13
Parution : décembre 2006 - Dernière validation : octobre 2020
a mesure d’une faible prise ou perte de masse sur une surface lorsque les
L phénomènes mis en jeu sont sub-micrométriques nécessite l’utilisation
d’une méthode adaptée. Dans ce cas, les méthodes classiques de pesée ne peu-
vent pas être utilisées du fait de leur faible sensibilité et de la difficulté de les
mettre en œuvre dans des milieux variés, notamment liquides (le lecteur pourra
se reporter au dossier [P 1 380v2] [1]). La microbalance à cristal de quartz (MCQ)
est une méthode basée sur les propriétés piézo-électriques du quartz. Elle est
très sensible, ce qui permet la mesure de très faibles variations de masse
(jusqu’à la fraction d’une monocouche). La MCQ est très simple à mettre en
œuvre et l’équipement nécessaire est d’un coût modéré. Enfin, dans sa variante
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Notations et symboles
Symbole Définition
C0, Cq, Cf capacité diélectrique du quartz, capacités électromécaniques du quartz et du film
ECS électrode au calomel saturé (potentiel égal à +0,2415 V par rapport à l’électrode normale à hydrogène)
Ẽ champ électrique alternatif
eq, ef épaisseurs de la lame de quartz, du film
F constante de Faraday (96 485 C ⋅ mol–1)
f0, ff , f fréquences de résonance du quartz, du film plus quartz
∆f, ∆fm variation de la fréquence de résonance, idem dans le cas d’une prise ou perte de masse
h épaisseur de la couche de modulation (≈ 1/k1)
j densité de courant
Kc constante de couplage électromécanique
k1 constante de propagation
Lq, Lf, Ls inductances équivalentes dues au quartz, au film, à la solution
M masse molaire
∆m variation de masse à la surface du résonateur
N rang de l’harmonique de la fréquence de vibration
n nombre de mole d’électrons échangés au cours d’une réaction électrochimique
Q facteur de qualité acoustique
Qe charge électrique échangée lors d’une réaction électrochimique
rg rayon d’une goutte à la surface d’un quartz
rb rayon d’une bulle à la surface d’un quartz
R, Rth constantes de croissance mesurée, théorique
Rq, Rf, Rs résistances équivalentes dues au quartz, au film, à la solution
S aire de l’électrode du résonateur
t temps
Vg volume d’une goutte de liquide
vq, vf vitesses de l’onde de cisaillement du quartz (3 340 m ⋅ s–1), du film
v0, v (z, t) vitesses de la solution au contact du quartz, à une distance z au temps t
Y admittance électrique
Z impédance électrique
z distance normale à la surface du quartz
ηs viscosité cinématique de la solution
β électrovalence d’adsorption
λ0 longueur d’onde
µq, µf modules de cisaillement élastique du quartz (2,947 × 1011 g ⋅ cm–1 ⋅ s–2), du film
∆γ variation de la contrainte dans un film
ρq, ρf, ρs masses volumiques du quartz (2,648 g ⋅ cm–3), du film, de la solution
θ angle de contact
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N le mode harmonique,
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Z Z Z
Coupe X AT
−θ +θ CT
Coupe Y DT BT ET
FT
O
O Y
Y Coupe Z Y
X
X X
a axes X, Y et Z du b coupes X, Y, Z c coupes à simple Figure 2 – Représentation de différentes
cristal de quartz rotation coupes du cristal de quartz par rapport
aux axes principaux
100
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