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Instrumentation de mesures
électriques
III
Cet ouvrage fait par tie de
Mesures et tests électroniques
(Réf. Internet ti674)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Mesures et tests électroniques
(Réf. Internet ti674)
Luc ERARD
Ingénieur ESE, Conseiller scientifique et technique du LNE
Ahmed MAMOUNI
Professeur à Polytech Lille (École polytechnique universitaire de Lille)
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Djamel ALLAL
Pour l’article : R925
Alexandre BOUNOUH
Pour l’article : R925
Bernard DEMOULIN
Pour les articles : R931 – R932 – R935
Pierre-Noël FAVENNEC
Pour les articles : R933 – R934
Chantal GUNTHER
Pour l’article : R928
Bruno MARTIN
Pour l’article : R930
Hervé NDILIMABAKA
Pour l’article : R940
Philippe PENIN
Pour l’article : R927
François PIQUEMAL
Pour les articles : R905 – R908
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VI
Instrumentation de mesures électriques
(Réf. Internet 42413)
SOMMAIRE
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VII
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Instrumentation de mesures électriques
(Réf. Internet 42413)
1
1– Étalons et références Réf. Internet page
2– Instrumentation
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R905
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γ24
Newton Coulomb γ13
N C
1
3
Joule
J
4
Watt
W
Volt
V Figure 3 – Section droite d’une structure à quatre électrodes
de capacités linéiques croisées γ13 et γ24
Farad Ohm
F Ω
Théorème
(unité)n Soit un système cylindrique (figure 3) constitué de quatre
Siemens Henry
(unité)–n S H électrodes isolées (1,2,3,4), infiniment longues, et placées dans
Exemple : Ω m2 · kg · s–3 · A–2 le vide. Les capacités linéiques directes γ13 et γ24 des deux cou-
ples d’électrodes opposées vérifient l’équation :
Figure 1 – Enchaînement des définitions des unités électriques (SI) exp(− πγ13/ε0) + exp(− πγ24/ε0) = 1
avec ε0 la permittivité du vide.
De plus, dans le cas d’une symétrie parfaite où les capacités
linéiques sont identiques :
Unités γ13 = γ24 = γ = [(ε0 ln2)/π] F/m = 1,953 549 043... pF/m
µ0 c 2
mécaniques
Cette valeur découle de la relation ε0 = (µ0 · c2)−1 et de la valeur
exacte de la vitesse de la lumière dans le vide,
Watt W Farad c = 299 792 458 m/s. Ainsi une valeur de capacité électrique
(électrique) F peut-elle être reliée directement à une mesure de longueur.
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Référence Internet
R905
1 γ14 γ13 au condensateur de 1 pF. Par ailleurs, l’écart entre les cinq valeurs
mesurées γi, j renseigne sur la qualité d’ajustement mécanique du
dispositif (électrodes et écran).
4 3
Les difficultés principales rencontrées lors de l’élaboration d’un
condensateur calculable de type Thompson-Lampard résident juste-
ment dans le parallélisme de toutes les électrodes, de l’écran mobile
Figure 4 – Structure symétrique à cinq électrodes et de sa trajectoire. La régularité de la section des cylindres doit être
également la meilleure possible. Néanmoins, les défauts résiduels
Thompson-Lampard. Ainsi, l’étalon calculable de capacité déve- liés aux variations des distances entre électrodes peuvent être
loppé en France est un dispositif à cinq électrodes dont les axes réduits par l’adjonction d’une pointe à l’extrémité de l’écran mobile
constituent un pentagone régulier [19]. Dans le cas de la figure 4 où [18].
les deux électrodes inférieures (3 et 4) sont électriquement connec-
Exemple : condensateur calculable du BNM (figure 5) [20]
tées, la relation de Thompson-Lampard devient :
Le parallélisme des électrodes est ajusté à mieux que 0,3 µm près
exp[− π(γ13 + γ14)/ε0] + exp(− πγ25/ε0) = 1 (1) (estimation à trois écarts-types). La somme des défauts de cylindricité
est estimée à un angle de 3,7 µrad (pour une longueur utile de
Par permutation circulaire des connexions des électrodes, cette 138,25 mm) qui conduirait à une erreur de 63 · 10−8. Une pointe (spike)
structure permet de définir cinq configurations de l’étalon condui- de 21,8 mm de diamètre et 30 mm de long disposée à l’extrémité de
sant à cinq équations qui peuvent s’écrire sous la forme récurrente l’électrode mobile divise par 25 l’erreur liée au défaut de cylindricité, la
[20] [21] : ramenant à une incertitude de mesure de 2,7 · 10−8.
exp[− π(γi, i+2 + γi, i+3)/ε0] + exp(− πγi+1, i+4/ε0) = 1 L’écran en forme d’étoile qui est placé au même endroit permet d’éli-
miner l’effet d’extrémité quand le cylindre mobile est dans la position
avec γi, j (= γj, i) la capacité linéique entre les cylindres i et j. correspondant à la valeur haute de la capacité de l’étalon.
Dans le cas d’une symétrie parfaite, la capacité linéique
(γi, i+2 + γi, i+3) entre une électrode et les deux électrodes opposées Une autre source d’incertitude liée à la réalisation pratique du
interconnectées sera égale à 2γ avec : condensateur calculable provient de l’effet de fréquence qui résulte
en particulier de l’inductance non nulle des électrodes [18]. Celles-ci
γ = ( ε 0 ⁄ π ) ⋅ ln [ 2 ⁄ ( 5 – 1 ) ] F ⁄ m = 1 ,356 235 626... pF ⁄ m
ne peuvent pas être considérées comme des surfaces équipotentiel-
Cet étalon calculable, tel qu’il a été conçu par N. Elnékavé [19] et les parfaites. L’effet de fréquence peut également provenir de la
amélioré depuis par G. Trapon et coll. [20] [21], dispose d’un écran connexion électrique des électrodes [20] [21].
mobile (figure 5) dont le déplacement dans la zone utile est limité à
δL = 138,25 mm, conduisant par conséquent à une variation de capa- Une modélisation du système permet de calculer la correction à
cité de valeur nominale δC = 2γ δL = 3/8 pF. Pour chacune des cinq apporter, qui varie généralement avec le carré de la fréquence. Pour
configurations de l’étalon, la variation de capacité δCi est comparée le condensateur australien, elle s’élève à 3 · 10−8 (en valeur relative)
à une capacité C de 1 pF d’un condensateur de transfert. Il en résulte à la pulsation de travail de 10 000 rad/s (1 592 Hz). Pour celui du
un système de cinq équations de type : BNM, la correction est obtenue expérimentalement par une extrapo-
lation à fréquence nulle des résultats de trois mesures effectuées à
C = ki δCi = ki δL(γi, i+2 + γi, i+3) (2) 1 600, 800 et 400 Hz environ.
Interféromètre
Michelson Vis Câle en silice
micrométrique (2 mm)
1 (ø = 75,5 mm, ᐉ = 450 mm) 1 1
Laser 5 2 5 2
He-Ne Écran
cran mobile ((ø = 50 mm)
4 3 4 3
Moteur
Pointe munie Écran en forme Patin en PTFE fixé Patin PTFE fixé
d'un coin de cube d'étoile sur le socle sur l'écran
Vis
micrométrique
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R908
néanmoins très grande. La valeur de KJ, exprimée dans le système SI, n’est en
effet connue qu’avec une incertitude de 4 · 10−7 en valeur relative. Il est donc
d’un grand intérêt d’améliorer les réalisations SI du volt. C’est un des objectifs
de l’expérience dite de la balance du watt menée par plusieurs laboratoires
nationaux de métrologie (LNM).
Moyennant certaines hypothèses, cette expérience conduit aussi à une
détermination directe de h. Elle permettrait en outre de contrôler le kilogramme,
1 seul artéfact matériel du SI définissant à la fois l’unité et l’étalon. À terme, le SI
pourrait alors évoluer vers un système basé uniquement sur les constantes fon-
damentales, la masse étant redéfinie par exemple à partir de la constante de
Planck.
Dans la pratique, l’ampère est reproduit à partir de l’ohm et du volt. À terme, il
pourrait être lui aussi représenté au moyen d’un phénomène quantique, l’effet
tunnel à un électron, en particulier pour les très faibles intensités de courant
(<1 nA). Cet effet, abordé dans le dernier paragraphe, remettrait l’ampère au pre-
mier plan en permettant la réalisation d’un étalon quantique de courant dont
l’intensité est directement liée à la charge de l’électron. Pour illustrer ce propos,
deux expériences à partir des systèmes à un électron sont traitées. Menées dans
plusieurs LNM, elles visent à terme la fermeture du triangle métrologique quan-
tique en appliquant la loi d’Ohm soit sous la forme U = RI par combinaison
directe des trois effets quantiques, soit sous la forme Q = CU à partir de la
réalisation d’un étalon « naturel » de capacité. L’objectif principal est de vérifier la
cohérence des constantes impliquées dans les trois phénomènes, KJ ou 2e/h, RK
ou h/e2 et e, avec un niveau d’incertitude relative de 10−8.
Le transfert des unités électriques aux utilisateurs, ou en d’autres termes la tra-
çabilité des grandeurs électriques par rapport aux étalons primaires du SI, est
assuré par un étalonnage périodique d’étalons matériels. Ces étalons secondai-
res, de raccordement (ici, les piles étalons Weston 1,018 V ou les références à
diode Zener 1,018 V et 10 V), et les principales techniques utilisées pour leur éta-
lonnage sont également décrits ici.
Les travaux et dispositifs expérimentaux du BNM antérieurs à 2001 qui sont reportés ci-après
ont été réalisés au BNM-LCIE (Laboratoire central des industries électriques) dans le cadre de
ses anciennes activités de laboratoire national de métrologie du BNM. Depuis le 1er juillet 2001,
les activités de métrologie électrique fondamentale et appliquée ont été transférées au BNM-
LNE. Une description détaillée du BNM (organisation en groupement d’intérêt public, missions,
etc.) est donnée dans l’article [R 60].
1. Étalons de tension [1], utilisés comme on l’a vu [R 905], dans les comparateurs cryogé-
niques de courants continus. Ces effets prédits, au nombre de trois,
continue apparaissent lorsque deux électrodes supraconductrices sont sépa-
rées par une fine couche isolante.
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Rayonnement micro-onde
I (mA)
de fréquence f
I
ts
ol
+1
iv
w
ill
1
n=0
m
es
L
qu
–1 U (mV) Couche d'oxyde (2 nm)
el
qu
≈
)fe
/2
(h
=
U
a jonction fortement amortie
Figure 2 – Jonction Josephson à couches minces (par exemple,
niobium, oxyde d’aluminium, niobium)
I (100 µA)
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R908
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puissance d’irradiation. Si ces conditions ne sont pas réunies, la
Id : courant de déplacement jonction a alors un comportement chaotique se traduisant par des
IJ : supracourant Josephson commutations aléatoires de la tension Josephson sur plusieurs
marches.
Figure 3 – Circuit électrique équivalent d’une jonction Josephson
selon le modèle de Stewart-McCumber
1.1.2 Constante de Josephson
Dès les années 1970, la plupart des LNM utilisaient l’effet Joseph-
son alternatif pour conserver le volt. Cependant, du fait des légères
différences obtenues dans les mesures de h/2e et donc de 2e/h effec-
tuées à l’époque (par des réalisations SI du volt ou par des métho-
des indirectes), il n’y eut pas de consensus international. Plusieurs
valeurs du quotient de la fréquence par la tension de la première
marche de l’effet Josephson (2e/h) furent en effet utilisées de par le
θ
monde. Elles étaient exprimées en unités de laboratoire, unités
m
conservées par des groupes de piles Weston saturées (dont la valeur
moyenne était en fait périodiquement ajustée par comparaison à la
tension Josephson). En France, le coefficient de passage entre le
ms volt « LCIE » et la fréquence était évalué à 483 594,64 GHz/VLCIE à
comparer à la valeur suggérée par le Comité consultatif d’électricité
(CCE) en 1972 pour le volt maintenu par le Bureau international des
Figure 4 – Analogie entre une jonction Josephson et un pendule poids et mesures (BIPM) : 483 594,0 GHz/VBI-69. Suite aux dernières
(d’après [16]) déterminations de 2e/h dont les résultats étaient en meilleur accord
(§ 1.5), le Comité international des poids et mesures (CIPM) a recom-
mandé en 1988 à tous les LNM de maintenir le volt à partir de l’effet
En introduisant les grandeurs sans dimension i = I/IC et τ = 2πfPt Josephson en utilisant comme quotient fréquence/tension, la cons-
où fP = (eIC/(πhC))1/2 est la fréquence de plasma, fréquence de réso- tante KJ et en lui assignant une seule et même valeur avec comme
nance naturelle de la jonction qui est définie à partir de la capacité C date d’application le 1er janvier 1990 [5] :
et de l’inductance L = | ⁄ ( 2 e I C ) de la jonction, la relation (6) se KJ-90 = 483 597,9 GHz/V
réécrit sous la forme :
La représentation du volt est alors devenue la même pour tout le
i = d2ϕ/dτ2 + Q−1 dϕ/dτ + sinϕ (7) monde. Exprimée en unités SI, cette valeur de KJ est entachée d’une
avec Q = 2πRCfP, le facteur de qualité de la jonction. Selon la valeur incertitude de 4 · 10−7 en valeur relative.
de C, suffisamment grande telle que Q > 1 ou faible conduisant à L’engouement des métrologues pour appliquer l’effet Josephson
Q << 1, les marches de tension délivrées par la jonction irradiée à un à la conservation du volt résultait en fait de travaux théoriques et
même niveau de puissance couperont ou ne couperont pas l’axe expérimentaux qui tendent à vérifier la validité de la relation tension
des tensions à courant nul comme l’indique la figure 1. – fréquence. De nombreuses expériences ont ainsi montré que la
relation de Josephson ne dépend pas des caractéristiques de la
jonction, nature des matériaux (Pb, Sn, In, Nb), géométrie (tunnel,
Remarque : Q est identique à β C1 / 2 où βC est le paramètre micropont, etc.), ni des conditions expérimentales, température
d’amortissement de Mc Cumber. Lorsque βC > 0,7 (jonction (entre 1,2 K et 4,2 K), champ magnétique, puissance d’irradiation et
sous-amortie de forte capacité), la courbe courant – tension en courant de polarisation. Les comparaisons les plus précises de ten-
régime statique (sans irradiation) décrira un cycle d’hystérésis. sions entre deux jonctions Josephson (de technologies différentes
mais irradiées à la même fréquence) ont d’ailleurs montré un accord
L’analogie d’une jonction Josephson avec un pendule (voir à 2 · 10−16 près en valeur relative. Ces résultats expérimentaux con-
figure 4) permet de comprendre pourquoi des marches de tension firment que le quotient fréquence/tension est bien une constante
stables peuvent être obtenues [16]. fondamentale sans que cela soit la preuve formelle qu’il s’agisse
véritablement de 2e/h.
La différence de phase ϕ correspond en fait à l’angle de rotation θ Nota : c’est la raison pour laquelle une nouvelle constante KJ a été introduite. Notons
du pendule par rapport à la verticale. La capacité C remplace le que cette constante a également été observée à partir de jonctions basées sur des supra-
moment d’inertie. Le courant continu de polarisation I0 joue le rôle conducteurs à haute température critique (YBaCuO).
du couple appliqué par le contrepoids d’une masse suspendue mS.
Il ne doit pas dépasser le courant critique IC qui correspond au cou-
ple exercé par le poids du pendule mg. La conductance 1/R est le 1.1.3 Étalons de tension 1 V et 10 V à base
coefficient d’amortissement. Un faible amortissement signifie ici de réseaux de jonctions Josephson
que le pendule peut effectuer plusieurs rotations dès qu’un couple
lui est appliqué. Les premières références de tension à base de monojonction
La rotation du pendule peut être synchronisée avec la variation Josephson, bien qu’elles soient de bien meilleure reproductibilité
temporelle alternative du poids ajouté à celui de la masse suspen- que les piles Weston saturées, étaient difficiles d’utilisation, la ten-
due (conduisant à un mouvement périodique de montée et des- sion étant de faible niveau, soit au maximum quelques millivolts (la
cente). n tours du pendule correspondent alors à une période du fréquence d’irradiation usuelle étant de 10 GHz tout au plus). La
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comparaison de cette tension à celle de 1,018 V délivrée par les piles — fréquence de plasma fP bien plus faible que la fréquence d’irra-
Weston nécessitait l’emploi d’un diviseur de tension dont la mise en diation (condition indispensable pour éviter un comportement
œuvre et l’étalonnage étaient particulièrement délicats. L’incertitude chaotique), dans la pratique fP < f /3 ;
finale de l’étalonnage d’une pile atteignait alors 100 nV. — courant critique IC aussi grand que possible pour éviter les
Exemple : le BNM-LCIE utilisait un diviseur résistif série parallèle sauts de marche provoqués par du bruit.
(avec un rapport 225) et une source de courant stable (basée sur des Exemple : paramètres de conception d’une jonction de type Nb/
transistors à effet de champ) [20]. Les principales causes d’incertitude Al2O3/Nb (d’après [16])
1
de l’étalonnage d’une pile étaient alors inhérentes au manque de réso- — densité de courant critique J = 20 A/cm2 ;
lution du nanovoltmètre, au rapport du diviseur, à la stabilité de la — longueur L = 18 µm, largeur w = 30 µm ;
source de courant et à la dérive des f.e.m. thermiques générées par les — courant critique IC = 108 µA, capacité C = 20 pF ;
fils de tension reliant la jonction au dispositif de mesure. — fréquence de plasma fP = 20 GHz ;
La réduction des incertitudes sur le raccordement des étalons — fréquence basse de la cavité résonante fFiske = 175 GHz ;
matériels devait passer naturellement par l’augmentation de la ten- — fréquence d’irradiation optimale f = 75 GHz.
sion Josephson en mettant en série un certain nombre de jonctions.
Des premières tentatives ont été menées à partir d’une polarisation Il faut en outre que toutes les jonctions du réseau soient unifor-
individuelle des jonctions. Cela demandait néanmoins la mise en mément irradiées, ce qui nécessite une certaine structure de circuit
œuvre d’une électronique de commande relativement complexe. Il intégré.
fut alors suggéré l’utilisation des jonctions tunnel de forte Exemple : la figure 5 représente le premier réseau 10 V fabriqué
capacité C, donc des jonctions sous-amorties (ou encore par le NIST. Une antenne finline recueille le rayonnement micro-onde
« hystérétiques »), qui présentent l’avantage de délivrer plusieurs (ici f = 72 GHz) et le retransmet dans un circuit strip line. Celui-ci est
marches de tension stables à courant de polarisation nul (figure 1) éclaté en huit branches strip line dont l’électrode supérieure est
lorsque la fréquence d’irradiation est largement supérieure à la fré- composée de 1 773 jonctions (Nb/PbInAu/Nb) mises en série (le plan
quence plasma [21]. Il suffit d’une seule source de courant pour de masse étant en niobium et le diélectrique en SiO2). Chaque branche
polariser un réseau de N jonctions mises en série. Ainsi, les pre- est terminée par une charge adaptée pour empêcher l’apparition
miers réseaux d’environ 2 000 à 3 000 jonctions délivrant des ten- d’ondes stationnaires qui affecteraient l’uniformité du rayonnement sur
sions de 1 V ont pu être élaborés [22]. Ce fut là le fruit d’une les jonctions. Des connecteurs haute impédance entre chacune des
collaboration entre le National Institute of standard and technology huit branches permettent la mise en série des 14 184 jonctions. Des
(NIST) et la Physicalisch-Technische Bundesanstalt (PTB). capacités de couplage évitent que la tension totale ainsi délivrée ne
Aujourd’hui, des réseaux de 1 V et de 10 V, ces derniers étant soit court-circuitée par le circuit micro-onde.
composés d’environ 20 000 jonctions, sont développés par quel-
ques LNM et peuvent être disponibles commercialement. Pour un réseau 10 V tel que celui présenté sur la figure 5, chaque
La conception de tels réseaux pour qu’ils puissent délivrer des jonction délivre environ huit marches de tension avec un intervalle
marches de tension stables repose sur quatre conditions que doi- de 150 µV (f/KJ) pour une fréquence d’irradiation de 72 GHz. En
vent respecter les paramètres des jonctions à une fréquence d’irra- moyenne, ces jonctions sont polarisées sur la quatrième ou cin-
diation f donnée [16] [17] : quième marche pour que le réseau délivre une tension totale de
10 V. Dans le cas des réseaux actuels de 1 V, les jonctions opèrent
— jonctions de faible longueur L (figure 2) de telle sorte que le
sur la deuxième ou troisième marche (avec 70 GHz < f < 85 GHz).
flux induit par le champ magnétique alternatif au travers de leur sur-
face reste bien inférieur au quantum de flux Φ0 ; Le dessin de la figure 6 montre les marches de tension au voisi-
— longueur L et largeur w petites pour que le mode le plus bas de nage de 1 V d’un réseau de 3 020 jonctions irradié à une fréquence
la cavité résonante soit à une fréquence supérieure à f (L et w beau- de 77 GHz. Une marche est sélectionnée en alimentant en courant
coup plus faibles que la moitié de la longueur d’onde d’irradiation) ; continu une résistance variable mise en parallèle sur le réseau.
Capacité de couplage
Antenne finline
Plan de masse
Plot de contact
Figure 5 – Réseau NIST de 14 184 jonctions
Terminaison résistive
Josephson mises en série délivrant une tension
nominale de 10 V
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Instrumentation de mesures électriques
(Réf. Internet 42413)
1– Étalons et références 2
2– Instrumentation Réf. Internet page
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2
22
Référence Internet
R925
et Djamel ALLAL
Docteur de l’université Lille I
Responsable du département métrologie électrique haute fréquence au Laboratoire
national de métrologie et d’essais (LNE)
23
Référence Internet
R925
fabricant en cas de refus ou d’une mise en danger des biens et des consomma-
teurs dans le cas contraire. L’économie mondiale a donc besoin de structures
qui puissent contrôler et organiser les échanges entre pays et continents et per-
mettre une reconnaissance mutuelle des étalons et possibilités de mesure entre
les différents systèmes d’accréditation ou d’évaluation de la conformité. C’est
l’objet du premier chapitre qui brosse un aperçu de l’organisation de la métro-
logie au niveau international et de la chaı̂ne de raccordement au niveau
national.
Le domaine de la métrologie électrique est extrêmement étendu en termes de
grandeurs mesurables et également en termes d’impact. En effet, le développe-
ment très important de l’électronique a fortement contribué au développement
de l’instrumentation dans tous les domaines de la mesure où in fine se sont des
2 grandeurs électriques à mesurer. Il est donc très important pour un laboratoire
de référence en métrologie s’inscrivant dans le domaine de l’électricité-magné-
tisme de bien se positionner pour couvrir toutes les grandeurs incontournables
tout en optimisant le nombre d’étalonnages et de prestations pour que l’activité
économique reste viable. Les investissements matériels et d’infrastructure à
mettre en œuvre seront fonction de l’étendue des grandeurs électriques à cou-
vrir, mais également du niveau d’incertitude recherchée pour les étalonnages.
Ceci est traité dans les chapitres 2 et 3 qui décrivent respectivement les infra-
structures (conditions de l’ambiante et climatisation, immunité électromagné-
tique et vibrations) du laboratoire de métrologie et les instruments de mesure
et étalons indispensables pour l’activité.
Le chapitre 4 traite des principales règles de fonctionnement qui régissent les
activités du laboratoire de métrologie. Les aspects organisationnels sont abor-
dés à travers les exigences de la norme ISO/CEI 17025, tant du point de vue du
système de management que celui des exigences techniques et en terme de
compétence du personnel du laboratoire. Enfin, le chapitre 5 donne un exemple
de laboratoire de métrologie en électricité-magnétisme en détaillant les diffé-
rents équipements et instruments de mesure pour chacun des sous-domaines
avec les incertitudes cibles associées.
24
Référence Internet
R925
Le SI est en constante évolution. Tenant compte des besoins des Les résultats de ces comparaisons aboutissent aux déclarations
utilisateurs, il repose aujourd’hui sur sept unités de base considé- des aptitudes en matière de mesures et d’étalonnages (CMC : « Cali-
rées par convention comme indépendantes du point de vue dimen- bration and Measurement Capabilities ») pour chaque laboratoire,
sionnel : le mètre, le kilogramme, la seconde, l’ampère, le kelvin, la inscrites dans une base de données gérée par le BIPM et accessible
mole et la candela [1]. sur son site Internet. Ainsi, les signataires du MRA s’engagent à
reconnaı̂tre les résultats des comparaisons internationales, inscrits
dans la base de données, et de ce fait à reconnaı̂tre les CMC des
1.2 Arrangement de reconnaissance autres laboratoires participant à l’arrangement, et inscrites dans la
mutuelle base de données.
2
métrologie (RMO) et le BIPM, afin d’améliorer la traçabilité interna- met de disséminer les étalons nationaux ou internationaux pour les
tionale des étalons de mesure. Notons par ailleurs que cette convic- différentes grandeurs. Le Cofrac, Comité français d’accréditation,
tion selon laquelle il est nécessaire d’officialiser la reconnaissance joue dans ce cadre un rôle central en garantissant la traçabilité des
des étalons nationaux de mesure est également en accord avec la mesurages effectués à tous les niveaux, depuis le LNM, jusqu’à l’uti-
position de l’International Accreditation Cooperation (ILAC) déposi- lisateur final. Le Cofrac a ainsi pour mission d’attester que les labo-
taire d’un arrangement équivalent parmi les organismes accrédi- ratoires accrédités sont compétents et impartiaux et d’obtenir au
teurs membres et organisations régionales d’accréditation. niveau international l’acceptation de leurs prestations et la recon-
Le MRA dont l’organigramme est donné dans la figure 1, est naissance de leurs compétences. Cela permet d’établir la confiance
signé par les directeurs des LNM des États membres de la Conven- auprès des diverses parties intéressées que sont les entreprises, les
tion du Mètre et des États et entités économiques associés à la consommateurs ou les pouvoirs publics, en ce qui concerne la qua-
Conférence générale des poids et mesures. Il a concrètement pour lité des prestations offertes par les laboratoires accrédités.
but d’établir le degré d’équivalence entre les étalons nationaux de Enfin, dans une économie de plus en plus ouverte, l’accréditation
mesure conservés par les LNM et de pourvoir à la reconnaissance se révèle un outil précieux qui facilite et accélère les échanges,
mutuelle des certificats d’étalonnage et de mesurage émis par ces notamment grâce aux accords multilatéraux (MLA) dont le Cofrac
derniers, par l’organisation de comparaisons internationales de est signataire, et qui permettent à une accréditation obtenue en
mesurage et l’établissement de systèmes de qualité et de démons- France d’être reconnue en Europe et dans le monde entier. De ce
tration de leurs compétences. fait, un certificat d’étalonnage portant la marque Cofrac Étalonnage
apporte les mêmes garanties de traçabilité qu’un document émis
par un laboratoire d’étalonnage accrédité par l’un des signataires
Laboratoires nationaux de métrologie des accords multilatéraux et portant la marque du signataire
[R 62v2].
Étalons Aptitudes
nationaux en matière de mesures
de mesure et d'étalonnages
1.4 Norme ISO/CEI 17025
La norme principale appliquée dans les laboratoires de métrolo-
Comparaisons Systèmes gie dans le cadre de l’accréditation est la norme ISO/CEI 17025.
clés qualité Celle-ci définit les exigences générales concernant les compétences
des laboratoires d’étalonnage et d’essais et leur permet de se faire
reconnaı̂tre comme compétents et fiables par un organisme d’ac-
Comparaisons créditation tel que le Cofrac en France. Dans le cadre d’un labora-
supplémentaires toire d’étalonnage dont la principale activité est de réaliser des éta-
lonnages, la norme ISO/CEI 17025 énumère notamment les
Clés + supplémentaires nombreux facteurs qui déterminent l’exactitude et la fiabilité de
Comités consultatifs Organisations ces étalonnages. Ces facteurs sont inévitablement nombreux et
Organisations RMO
régionales sont liés par exemple aux étalons qui établissent la traçabilité, à
régionales (RMO) de métrologie (RMO) l’objet étalonné lui-même, aux installations, aux conditions
BIPM
ambiantes, aux méthodes, aux équipements, aux opérateurs, etc.
Ces facteurs doivent être pris en compte dans l’évaluation du
Résultats Soumissions bilan d’incertitude associé à l’étalonnage, sachant que tous ces fac-
teurs contribuent à l’incertitude totale de manière différente et
Comité mixte dépendent de la méthode qui est employée pour réaliser l’étalon-
Comités consultatifs des RMO et du BIPM nage. L’application de la norme ISO/CEI 17025 constitue le support
(JCRB) idéal pour la mise en place d’un laboratoire de métrologie, la sou-
mission d’un dossier d’accréditation et sa validation par l’orga-
Aptitudes nisme accréditeur [SL 2 120].
Degrés
d'équivalence en matière de mesures
et d'étalonnages (CMC)
Annexe B du MRA
Information
Annexe C du MRA 2. Infrastructures
du laboratoire de métrologie
Base de données des comparaisons clés
Nous allons aborder dans cette partie les différentes infrastructu-
res nécessaires pour le fonctionnement d’un laboratoire de métro-
Figure 1 – Organigramme du MRA du CIPM (BIPM) logie dans le domaine électrique. Il s’agira de préciser les critères et
25
Référence Internet
R925
les conditions de référence des installations qui permettent au une seule température de régulation, le laboratoire de métrologie
laboratoire de métrologie de s’assurer qu’il dispose des meilleures électrique devra se garder la possibilité de modifier ultérieurement
conditions compatibles avec ses possibilités d’étalonnage. Dans un la température de consigne de 20 C vers 23 C ou vice versa. Dans
premier temps, des spécifications élevées sur ces infrastructures ce cas, il sera alors nécessaire de caractériser les étalons à la nou-
seront données qui correspondent à la plupart des installations velle température. Par ailleurs, il est fréquent de voir dans le même
des LNM mais qui seront ensuite déclinées pour correspondre à bâtiment de métrologie, certains laboratoires être régulés à 20 C et
un niveau d’exigence suffisant pour un laboratoire de métrologie d’autres à 23 C en fonction des spécificités des expérimentations
avec une accréditation nationale. et appareils de mesure de chaque laboratoire. Cependant et pour
Les caractéristiques et critères des locaux d’un laboratoire de des raisons de confort des utilisateurs, une consigne de régulation
métrologie sont bien évidemment étroitement liés aux grandeurs de la température ambiante à 23 C est souvent préférable ; c’est
mesurées dans ce laboratoire qui définit alors l’environnement d’ailleurs le choix qui est fait actuellement dans la plupart des
dans lequel s’effectuent les mesures et les étalonnages. Cet envi- LNM de par le monde.
ronnement agit directement sur le comportement et les performan-
2
ces métrologiques des étalons et appareils de mesure. De ce fait, 2.1.1.1.2 Stabilité
dans un laboratoire de métrologie on doit être capable de maı̂triser La stabilité de la température ambiante du local de métrologie
et de connaı̂tre les différentes grandeurs d’influence susceptibles est un élément très important qui conditionne la qualité des mesu-
d’affecter les mesures, et ce à un niveau suffisant pour être compa- res effectuées dans ce laboratoire. En effet, nombreux sont les élé-
tible avec les incertitudes de mesure recherchées. On comprendra ments de référence (résistances, piles étalons, références à diode
bien alors que le degré d’exigence requit pour les locaux du labo- Zener…) qui ont une dépendance directe avec la variation de la
ratoire sera différent suivant les incertitudes des étalonnages ; ces température qui peut être de fait la part prédominante dans le
exigences seront par exemple extrêmement pointues pour un labo- bilan d’incertitude pour la mesure. Pour exemple, une résistance
ratoire national de métrologie alors que pour un laboratoire accré- ayant un coefficient thermique de 1 ¥10-6/ C, qui est un excellent
dité le niveau d’exigence sera moindre. CT, a besoin d’une stabilité de la température de ± 0,1 C sur le
Dans un laboratoire de métrologie électrique, les premières temps de la mesure pour assurer une incertitude de mesure de
conditions environnementales à maı̂triser sont la température et 10-7 et cela sans qu’aucune correction de la mesure liée à la
l’humidité relative de l’air ambiant. Ces deux paramètres ont une connaissance de la température ne soit nécessaire. Il en est de
influence prépondérante sur les caractéristiques métrologiques même pour toutes les mesures par substitution où les même
des étalons et appareils de mesure et notamment par rapport à la conditions environnementales doivent être maintenues tout au
pression qui est par ailleurs un paramètre difficile à maı̂triser mais long des mesures. Enfin, on a toujours intérêt à avoir une bonne
qui doit être cependant pris en compte si des mesures précises stabilité de la température ambiante même pour les systèmes de
sont requises (pour certains éléments passifs comme les résistan- référence qui possèdent leurs propres systèmes de régulation ou
ces). Cependant, hormis pour les LNM et uniquement pour certai- dans lesquels sont incorporés des circuits de compensation de l’in-
nes mesures, on pourra s’affranchir de mettre en œuvre des solu- fluence de la température ambiante. En effet, la régulation ther-
tions technologiques compliquées pour maı̂triser la pression mique de ces systèmes est d’autant plus efficace que la tempéra-
atmosphérique dans le local de mesure. D’autres facteurs perturba- ture du milieu extérieur est constante.
teurs de l’environnement sont également à considérer comme les Les meilleures stabilités de la température ambiante sont rencon-
champs électromagnétiques, les vibrations mécaniques et la qua- trées dans les installations qui sont l’apanage des LNM et peuvent
lité de l’alimentation électrique. être de ± 0,1 C pour des locaux ayant jusqu’à 40 m2 de surface. La
majorité des laboratoires des LNM sont régulés à 23 C avec une
2.1 Conditions ambiantes stabilité de ± 0,3 C à ± 0,5 C. Pour un laboratoire de métrologie
de référence, on pourra se contenter d’une régulation de la tempé-
rature ambiante à ± 1 C tout en veillant à traiter de façon spéci-
2.1.1 Température fique les appareils de référence sensibles qui peuvent être disposés
Dans toute régulation thermique, les questions auxquelles il faut dans des enceintes à air plus stables en température (résistances,
rapidement apporter des réponses sont la température de consigne piles et références à diode Zener étalons) ou dans des bains d’huile
de la régulation, la stabilité dans le temps de cette température et pour une régulation très fine à 10-3 C comme pour les résistances
bien évidemment les gradients admissibles dans le local à réguler étalons.
surtout si celui-ci est de grandes dimensions. Enfin, il faudra également faire attention à l’homogénéité de la
température ambiante dans le local de métrologie. En effet, les gra-
2.1.1.1 Conditions de référence dients de température sont le résultat de l’architecture elle-même
de la régulation thermique du local, combinée au volume du local
2.1.1.1.1 Température de consigne et son occupation par les instruments de mesures. Ces gradients
Les coefficients de température (CT) des étalons et appareils de peuvent être à l’origine d’erreurs de mesures engendrées par
mesure ont des minimums dans des plages de température, pour exemple par les forces électromotrices thermoélectriques parasites
lesquelles on a la meilleure stabilité de ces appareils. Pour la tem- pour les mesures de tension ou de résistance en courant continu,
pérature ambiante, il sera donc judicieux d’essayer de se placer pas soit simplement dans des mesures de comparaison de deux élé-
loin de la valeur de température correspondant aux minimums des ments de référence qui sont censés être à la même température et
CT (même si ceux-ci ne sont malheureusement pas les mêmes qui ne sont pas placés au même endroit. Il est d’ailleurs toujours
pour les différents appareils de référence). Les résistances étalons recommandé de disposer d’un moyen de mesure local de la tempé-
courantes sont par exemple conçues pour avoir toujours leur mini- rature au plus près de la mesure pour prévenir ce type de pro-
mum de CT entre 20 C et 25 C. Pour des étalons de résistance qui blème. On veillera dans la mise en place de la régulation de la tem-
ne disposent pas de leur propre système de régulation de la tempé- pérature ambiante du local de métrologie à limiter les possibles
rature, comme les boı̂tes de résistance à décade, il sera avantageux gradients à ± 1 C.
de travailler dans une ambiante entre 20 C et 25 C pour limiter
l’effet de la variation de la température. 2.1.1.2 Architecture de la régulation de température
En fait, il existe deux valeurs de température différentes qui peu- Pour compléter le cahier des charges de la partie climatisation du
vent être choisies pour un laboratoire de référence : 20 C ou 23 C laboratoire pour lequel il a déjà été défini une température de
(norme AFNOR NF X 15-050 ou recommandation ISO 554). Étant consigne et la stabilité associée, il faudra tenir compte aussi de la
donné qu’il n’y a pas encore d’accord au niveau international sur puissance globale dissipée par les appareils de mesure dans le
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Référence Internet
R925
local (en charge maximale), du taux de renouvellement d’air et réduit. On pourra par exemple extraire localement les calories pro-
même du nombre d’opérateurs et du type d’éclairage du labora- duites par les appareils dissipant beaucoup de puissance par un
toire. De plus, la situation géographique où est réalisé le local et réseau de canalisations aspirantes isolées thermiquement et réser-
plus précisément les conditions climatiques extérieures seront ver la régulation fine de la température dans l’environnement
considérées. En effet, le comportement et la qualité de tout sys- immédiat des étalons. Dans ce dernier cas, une zone de 1 m2 ou
tème de régulation de température dépendent fortement des 2 m2 peut être installée dans certains laboratoires. Elle pourra offrir
échanges thermiques entre le milieu à réguler et l’extérieur. Ainsi, également la possibilité de réguler la température entre 15 C et
selon l’exposition du bâtiment abritant le local de métrologie (nord 30 C, avec une stabilité de ± 0,1 C pour caractériser les étalons
ou sud), le milieu extérieur aura des caractéristiques différentes en température. Enfin, en dehors du local dans lequel les étalons
dont il faudra tenir compte pour réaliser le système de climatisa- et les bancs de mesure sont utilisés pour effectuer les étalonnages
tion. Il faudra rajouter à ces considérations l’effet des variations cli- et où les conditions de stabilité de la température sont indispensa-
matiques dues à l’alternance du jour et de la nuit et aux saisons qui bles, les autres locaux nécessaires pour les petits travaux de déve-
peuvent représenter des variations de température du milieu exté- loppements, de réparation et de maintenance des appareils devront
rieur de l’ordre de quelques dizaines de degrés. être traités avec des exigences bien moindres. Dans ce cas, il fau-
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2
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Vérification et maintenance
d’un parc d’appareils de mesure
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©Techniques de l’Ingénieur R 927 − 1
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La première action à mener doit être de dresser la liste complète Prochain étalonnage
des équipements de mesure y compris ceux qui ne servent jamais
et ceux qui ne sont plus en état. Il faut profiter de cet instant pour a modèle 1
nouer les premiers contacts avec les utilisateurs, les connaître et
essayer « d’anticiper » leurs difficultés. Il faut également enre- 06/94
gistrer en même temps les affectations (lieux et/ou personnes), les
détenteurs (dans le cadre réglementaire) des appareils de mesure. b modèle 2
2
Le recensement du matériel est très utile pour les raisons suivantes :
éventuellement de couleur verte pour, par exemple, indiquer la conformité
— il permet de définir la politique à mettre en œuvre par la
fonction métrologie par rapport à l’importance et l’étendue du parc ; Figure 1 – Modèles d’étiquette
— il sert de base de données quand il faut choisir un nouvel
appareil ou pour les prêts d’appareils en interne ;
— il peut éviter l’achat de nouveaux instruments si certains ne
sont pas utilisés ;
— il est obligatoire pour les appareils fournissant des résultats
quant à la qualité et la conformité des produits, dans le cadre de
relations contractuelles (traçabilité) ;
— il est nécessaire pour assurer la gestion économique des Document utilisé par la société Dassault Électronique,
amortissements et des investissements. indiquant le numéro individuel.
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R 927 − 2 ©Techniques de l’Ingénieur
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Référence Internet
R927
Pour éviter ces écueils, il est souhaitable de constituer une systèmes de développement pour microprocesseurs, compte tenu
équipe d’ingénieurs et/ou de techniciens qui ont pour mission de de l’évolution rapide des architectures proposées.
prendre en charge les demandes des utilisateurs et de les aider à Lorsque la décision d’achat a été prise, le choix du matériel doit
faire le choix des matériels en prenant en compte des paramètres prendre en compte, en plus des caractéristiques propres, un cer-
qui ne sont pas liés à leur seul cas particulier. tain nombre de critères (encadré 1).
Cette analyse peut passer par une remise en cause de la
méthode de mesure utilisée, et s’appuie également sur la connais-
sance des moyens disponibles dans le service demandeur. Il est
peut-être possible de répondre aux besoins par une meilleure 3. Logiciels de gestion
exploitation des moyens disponibles dans le service. des moyens de mesure
Exemple : s’il est nécessaire de disposer d’un signal hyper-
fréquence très pur et très stable, le choix se portera sur un synthétiseur.
2
Avec la montée en puissance de l’informatique dans toutes les
Cependant, il est peut-être suffisant d’utiliser un simple générateur que sociétés et les différents logiciels de gestion d’instruments de
l’on verrouillera en phase à l’aide d’un compteur de fréquence. mesure proposés sur le marché aujourd’hui, on est facilement
tenté d’en acquérir un.
Une fois ces questions techniques résolues, la fonction
« métrologie » s’appuie sur sa connaissance du marché pour Il faut être très attentif avant de se décider car tous sont loin de
définir les matériels pouvant convenir. La première démarche est répondre aux besoins des métrologues et leur coût réel ne
alors de chercher s’il n’y a pas dans l’entreprise un équipement s’amortit pas facilement. Nous n’en citerons aucun ici, souhaitant
disponible pour répondre aux besoins. Cela nécessite une bonne seulement apporter quelques points de repère.
connaissance du parc existant, ce qui est rendu possible par la Il faut d’abord être sûr que le choix est économiquement renta-
mise en place d’un système de gestion informatisée pour suivre les ble, donc que la taille du parc le justifie. Un classeur avec des
matériels et leur utilisation. Cette approche est indispensable, en feuilles cartonnées peut paraître archaïque, mais l’ordinateur ne
particulier, dans les sociétés ayant une activité importante dans les fait pas tout alors que l’on compte un peu trop sur lui, sans parler
études ou le développement. des limites des logiciels. Le but essentiel d’une gestion informati-
sée est de :
— pouvoir accéder aisément à toutes les données du fichier ;
Encadré 1 – Critères à prendre en compte — faciliter la mise à jour des documents ;
pour le choix du matériel — éviter que chacun puisse intervenir sur le contenu des
données ;
● Fiabilité du matériel : les informations fournies par les — ne pas oublier d’instruments de mesure dans le suivi pério-
équipes de maintenance permettent d’avoir des éléments de dique (établissement du calendrier des opérations métrologiques) ;
jugement. — pouvoir retrouver facilement tout l’historique de l’instrument
● Qualité du service après-vente : est-il adapté au besoin
de mesure.
défini, dans le cas, par exemple, d’un fonctionnement de sys- Il est très important de s’assurer qu’une formation est fournie,
tèmes de test en horaires décalés ? ainsi qu’un service après-vente en cas de problèmes. Il faut aussi
● Assistance technique par le fournisseur : demander si le format des données sera échangeable facilement
— est-il prévu une mise en route du matériel ? avec d’autres logiciels, ce point est nécessaire lorsque l’on souhaite
— des cours de formation sont-ils organisés ? récupérer des données provenant d’un autre logiciel de gestion. Il
— quelles sont les possibilités d’assistance technique en cas est déconseillé de ne pas faire trop personnaliser ce type d’outil, le
de problèmes d’utilisation ? risque étant de ne plus profiter des évolutions ultérieures du produit.
Toutes ces questions peuvent être importantes pour certains Le choix informatique (tout informatique) implique de mettre en
appareils sophistiqués et influent sur le choix. place une procédure concernant les sauvegardes et l’archivage des
● Homogénéité du parc : éviter de trop se diversifier dans les
données. Il sera nécessaire de vérifier que les systèmes
produits et les constructeurs permet des gains sur plusieurs d’archivage permettent de restituer les données sur les durées
niveaux : d’archivage définies dans le système qualité (vérifier que les
— maintenance moins coûteuse ; supports ne s’altèrent pas et qu’ils peuvent toujours être lus, que
— meilleur amortissement des stocks de pièces détachées ; les évolutions des logiciels permettent toujours la lecture des
— possibilités d’interchangeabilité en cas de panne ; informations).
— formation plus efficace des utilisateurs, en particulier pour Exemple : on peut trouver l’avantage d’avoir accès à des
les appareils programmables. graphiques (figure 3) qui permettent un suivi des moyens de mesure
● Pérennité du fournisseur et du matériel : pendant combien après avoir déterminé les tolérances minimale et maximale.
de temps sera-t-il encore fabriqué ou maintenu ?
Le groupe métrologie FAQ Ouest (Fédération des Associations
● Préservation de l’investissement :
Qualité de l’Ouest) a établi une grille d’évaluation afin d’aider dans
— ce matériel se prête-t-il à des évolutions futures ? leur choix les futurs acheteurs (ou créateurs) d’un logiciel de gestion.
— la compatibilité de ce matériel sera-t-elle assurée avec les
futures générations ?
— fourniture des notices techniques et d’utilisation.
4. Métrologie
En effet, l’évolution technologique étant de plus en plus rapide,
il est indispensable de donner aux études les moyens de suivre 4.1 Fonction métrologie
cette évolution. C’est pourquoi, il peut être intéressant de suivre les
matériels et d’en améliorer le taux d’utilisation par des transferts ■ Quel rôle ?
ou partages entre services utilisateurs.
Le rôle de la fonction métrologie est de maîtriser l’aptitude à
La course à la performance est telle qu’il faut trouver des l’emploi de tous les équipements de mesure utilisés dans l’entre-
solutions pour garder une durée d’exploitation, et donc d’amortis- prise, qui peuvent avoir une influence sur la qualité du produit ou
sement économique, acceptable. C’est le cas, en particulier, des du service.
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1. Introduction. Quantification du flux à travers une boucle
supraconductrice ............................................................................ R 928V2 – 2
2. Effet Josephson ; modèle d’une jonction Josephson .............. — 2
3. Principe de fonctionnement des SQUID..................................... — 3
3.1 SQUID radiofréquence (SQUID rf) ..................................................... — 3
3.2 SQUID continu (SQUID dc) ................................................................ — 4
4. Réalisation de jonctions Josephson et de SQUID : aspects
technologiques ................................................................................ — 6
5. Mise en œuvre d’un SQUID continu ............................................ — 6
5.1 Couplage du SQUID au milieu extérieur ........................................... — 7
5.2 Réduction des bruits excédentaires à basse fréquence .................... — 9
5.3 Couplage du SQUID au système d’amplification .............................. — 10
6. Applications métrologiques des SQUID ..................................... — 10
6.1 Préamplificateurs et picovoltmètres .................................................. — 10
6.2 Magnétométrie locale ........................................................................ — 14
6.3 Magnétométrie en espace libre ......................................................... — 15
7. Conclusion........................................................................................ — 17
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. R 928V2
C et article est la nouvelle édition du texte rédigé par Daniel Bloyet et Chantal
Gunther.
Les SQUID (de l’anglais Superconducting Quantum Interference Devices) sont
des détecteurs supraconducteurs de flux magnétique extrêmement sensibles,
dont les applications sont très variées : principalement mesures de faibles cou-
rants ou tensions, thermométrie, biomagnétisme, mesures de propriétés
magnétiques, contrôle non destructif.
Ce sont des appareils dont la tête de mesure (le SQUID proprement dit)
fonctionne à basse température, dans la plupart des cas à 4,2 K (température
d’ébullition de l’hélium liquide à pression atmosphérique) ou jusqu’à 90 K
grâce aux nouveaux matériaux supraconducteurs haute température décou-
verts en 1986.
Leur principe de fonctionnement repose sur deux phénomènes : la quantifi-
cation du flux magnétique à travers une boucle supraconductrice et l’effet
Josephson. On trouvera dans les références bibliographiques d’excellentes
descriptions du principe de fonctionnement des SQUID et de leurs applications.
Le SQUID continu est actuellement le plus développé, qu’il soit à base de supra-
conducteur à basse ou haute température critique ; une présentation simplifiée
en sera faite ici.
Parution : juin 2008
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R928
2
tique de Bose-Einstein et tendent donc à occuper le même état
quantique. Cet état quantique est décrit par une fonction d’onde L’interruption d’un anneau supraconducteur par une ou deux
macroscopique. jonctions Josephson permet de visualiser respectivement un effet
Considérons un anneau de matériau supraconducteur à une tem- SQUID radiofréquence (cf. § 3.1) ou un SQUID continu (cf. § 3.2)
pérature inférieure à Tc. En une position donnée de l’anneau, la dans des conditions précises de polarisation et d’application de
fonction d’onde macroscopique représentant l’état supraconduc- champ magnétique extérieur (conditions qui seront précisées au
teur est monovaluée, la phase de cette fonction d’onde y est donc paragraphe 3).
définie modulo 2p. On montre que la circulation de cette phase le & L’équation (3) ne représente qu’un aspect du comportement de
long de l’anneau (contour # sur la figure 1) est proportionnelle au
la jonction Josephson. Si le courant appliqué à la jonction est supé-
flux magnétique le traversant qui, en conséquence, est quantifié. rieur à Ic, une tension donnée par (seconde relation de Josephson) :
On obtient ainsi :
Æ Æ V = h dq (4)
Ú
h 4pe dt
F= B :dS = n (1)
s 2e apparaı̂t à ses bornes.
Æ
avec B vecteur induction magnétique, Si, au lieu d’appliquer un courant continu à la jonction, on
n entier, applique une tension continue V0 , la dépendance temporelle de la
phase s’écrit donc :
h constante de Planck,
e module de la charge de l’électron, q = 4pe V0 t + q0 (5)
h
S surface délimitée par le contour #. avec q0 constante,
On pose habituellement : et le courant qui la traverse est donné suivant (3) par :
h
F0 = grandeur appelée quantum de flux I ðt Þ = Ic sin 4pe V0 t + q0
2e (6)
h
ðF0 = 2,07:10 - 15 WbÞ:
Il oscille donc à la fréquence f0 = 2e V0 , (f0 = 483 MHz pour
L’équation (1) s’écrit aussi : h
V0 = 1 mV).
F = nF0
& Une jonction Josephson réelle peut être modélisée sous forme
ou de l’association de trois éléments en parallèle (figure 2). La branche
2pF "Ic sinq " représente le courant de paires de Cooper donné par
= 2np (2) l’équation (3), tandis que les deux autres représentent le courant
F0
des quasi-particules (électrons célibataires) et le courant lié à la
La condition de quantification de flux (1) correspond à la situa- capacité propre de la jonction. À un courant extérieur continu
tion en volume du supraconducteur. En particulier, si le flux traver- imposé I, la tension V développée aux bornes de la jonction répond
sant l’anneau lorsqu’il est dans l’état normal n’est pas un multiple donc à l’équation :
de F0, un courant permanent de surface s’établira le long de sa
V dV
paroi interne, lorsqu’il deviendra supraconducteur, de façon à res- I = Ic sin q + +C (7)
R dt
pecter l’équation (1). De même, lorsque l’anneau supraconducteur
est soumis à des variations de champ magnétique externe, il y a La résolution de l’équation (7) s’effectue de façon numérique.
évolution du courant de surface de façon à maintenir le flux total Elle permet de tracer la dépendance de la valeur moyenne de la
inchangé. tension V, notée V (figure 3), en fonction de I. Deux types de
comportements sont observés suivant la valeur du paramètre bc
(coefficient de Mc Cumber) :
2pIc R 2 C
bc = (8)
F0
Ꮿ
Pour bc > 1 la courbe V = f ðIÞ est hystérétique, pour bc ł 1 elle
est monovaluée. La nature hystérétique ou non hystérétique d’une
jonction dépend de sa technologie de fabrication. On peut toutefois
passer d’un régime à l’autre par simple variation de température,
en raison de la dépendance de Ic en fonction de la température.
Certaines jonctions ont un comportement par nature hystérétique ;
Figure 1 – La zone bleue correspond au matériau qui peut être le dépôt d’un shunt résistif réduisant la valeur de R permet alors
dans l’état normal ou dans l’état supraconducteur d’obtenir bc ł 1.
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Référence Internet
R928
Ic sin θ Φ /Φ 0
I R C 4
1
Courant (I / Ic)
2
–1
1,5 0
t
1 2 3 4 Φa /Φ 0
V
A
1 -1
0
A
βL > 1 βL < 1
0,5
3. Principe
F + LIc sin 2pF = Fa (10)
F0
de fonctionnement Le tracé de l’expression (10) reporté en figure 4 fait apparaı̂tre
des SQUID deux comportements différents suivants la valeur du paramètre
2pLI c
bL = · Pour bL ł 1, la courbe F = f ðFa Þ est monovaluée tandis
F0
que pour bL > 1, elle est multivaluée. On constate sur ce tracé que
3.1 SQUID radiofréquence (SQUID rf) le supraconducteur réagit en tentant de maintenir le flux F à une
valeur multiple F0, réaction contrariée par la présence de la jonction
Considérons un anneau supraconducteur interrompu par une Josephson. De plus, pour bL ø 1, le système a un comportement
jonction Josephson dont l’épaisseur est négligeable comparée à la hystérétique consommateur d’énergie ; cet effet est mis à profit
circonférence de l’anneau. La condition d’invariance modulo 2p de dans les systèmes à SQUID radiofréquence dont le schéma de prin-
la phase de la fonction d’onde macroscopique est maintenue mais cipe est donné en figure 5. L’anneau supraconducteur est couplé
se traduit différemment en termes de flux magnétique en raison de magnétiquement à un circuit bouchon alimenté par un générateur
la première équation de Josephson, on obtient : de courant radiofréquence Irf à la fréquence fp (fréquence de
2pF = 2np - q pompe). Le flux total instantané appliqué au SQUID est donc :
(9)
F0 Fa = Fe + Fp
avec q différence de phase aux bornes de la jonction. avec Fe et Fp flux extérieur et radiofréquence respectivement.
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Référence Internet
R928
Vrf Fe = nF 0 I
1
Fe = (n + —) F0 L /2 L /2
2
vs
Fe R V
R
I1 I2
2
0 IB Irf
36
Référence Internet
R930
Mesures en compatibilité
électromagnétique
par Bruno MARTIN
Directeur général EMITECH
Cette édition est une mise à jour de l’article d’Alain AZOULAY et Michel MARDIGUIAN
intitulé Mesures en compatibilité électromagnétique paru en 1998.
2
1. Définitions .................................................................................................. R 930v2 - 2
2. Nature et classification des perturbations........................................ — 3
2.1 Couplage des perturbations ........................................................................ — 3
2.2 Classification des perturbations par leur type ........................................... — 3
3. Mesure des perturbations produites par un appareil ..................... — 4
3.1 Généralités sur la mesure des perturbations............................................. — 4
3.2 Grandeurs physiques pour la mesure des perturbations produites
par un appareil ............................................................................................. — 4
3.3 Principe des mesures ................................................................................... — 4
3.4 Instrumentation de mesure ......................................................................... — 6
3.5 Capteurs de mesure ..................................................................................... — 9
3.6 Nécessité d’un site de mesure spécifique .................................................. — 13
3.7 Mesure des perturbations conduites aux fréquences
radioélectriques ............................................................................................ — 13
3.8 Mesure des perturbations rayonnées aux fréquences
radioélectriques ............................................................................................ — 15
3.9 Étalonnage du site d’essai pour les mesures de rayonnement
aux fréquences radioélectriques ................................................................. — 15
3.10 Mesure de la puissance perturbatrice aux radiofréquences .................... — 16
3.11 Mesure des perturbations à basse fréquence
(aux fréquences comprises entre 0 et 9 kHz) ............................................. — 17
4. Mesure de l’immunité d’un appareil ................................................... — 17
4.1 Généralités sur les essais d’immunité........................................................ — 17
4.2 Grandeurs et phénomènes physiques associés ........................................ — 17
4.3 Susceptibilité et immunité........................................................................... — 18
4.4 Critère de performance. Réponse de l’équipement sous test .................. — 18
4.5 Immunité aux DES ....................................................................................... — 19
4.6 Immunité aux champs rayonnés radioélectriques .................................... — 20
4.7 Immunité aux impulsions transitoires rapides .......................................... — 21
4.8 Immunité aux surtensions de forte énergie ............................................... — 22
4.9 Immunité aux signaux radioélectriques conduits ..................................... — 22
4.10 Autres essais d’immunité ............................................................................ — 23
5. Autres mesures en CEM ......................................................................... — 23
Pour en savoir plus ............................................................................................ Doc. R 930v2
37
Référence Internet
R930
38
Référence Internet
R930
■ L’immunité est l’aptitude d’un dispositif, d’un appareil ou d’un Les signaux en cause peuvent avoir des caractéristiques
système à fonctionner sans dégradation de qualité en présence spectrales variées. En effet, selon leur fréquence de répétition et
d’une perturbation électromagnétique. leurs variations temporelles, les caractéristiques spectrales seront
fort différentes et, par conséquent, les moyens de mesure associés
■ Une onde continue ou entretenue est une onde électromagné- également.
tique dont les oscillations, sinusoïdales et identiques en régime
permanent, peuvent être interrompues ou modulées pour trans-
porter de l’information.
2.2.2 Phénomènes transitoires ou impulsionnels
■ Une dégradation est une modification non désirée des perfor-
mances opérationnelles d’un appareil en essai sous l’effet de per- Ces phénomènes amènent à traiter des signaux pouvant être
turbations électromagnétiques. Cela ne veut pas forcément dire rapides, principalement dans le domaine temporel. Ils mettent en
mauvais fonctionnement ou défaillance irrémédiable. jeu les signaux issus :
– de la foudre ;
– des décharges d’électricité statique (DES) ;
2
2. Nature et classification – des surtensions induites par les réseaux d’alimentation ou de
des perturbations traction électrique sur les réseaux de télécommunications ;
– de l’impulsion électromagnétique nucléaire (IEMN) ;
2.1 Couplage des perturbations – de phénomènes transitoires rapides de toutes natures et, plus
particulièrement, d’origine industrielle, etc.
Les perturbations produites ou subies par un équipement
peuvent être d’origines multiples et ont des modes de propagation C’est à cette typologie de phénomènes électromagnétiques
complexes : externes que seront souvent soumis les appareils. C’est pourquoi
– par conduction sur les câbles raccordés à l’équipement ; les essais d’immunité visent, dans la plupart des cas, ce type de
– par rayonnement direct des châssis, des cartes ou du câblage signaux, en dehors de l’immunité aux émissions entretenues ou
interne ; pulsées issues d’émetteurs radioélectriques ou de générateurs
– par différents types de couplages des deux modes précédents. radiofréquences (RF) industriels, scientifiques ou médicaux connus
Pour mieux comprendre les couplages possibles, on a défini sous le sigle ISM.
figure 1 les différents types d’accès possibles d’un appareil donné.
Les normes européennes définissent l’accès comme une inter- 2.2.3 Exemple de signaux parasites produits
face particulière de l’appareil concerné avec l’environnement élec-
par des appareils
tromagnétique extérieur.
Elles définissent également l’accès par l’enveloppe ou le boîtier Tout appareil électrique ou électronique engendre naturellement
comme la frontière physique de l’appareil par laquelle les champs des signaux parasites ou perturbations, mesurables ou non. En
électromagnétiques peuvent rayonner ou pénétrer. Pour les éléments effet, il y a toujours des composants actifs induisant des variations
enfichables, cette frontière physique est définie par l’unité hôte. plus ou moins rapides des potentiels électriques à l’intérieur de
L’accès par un câble est défini comme un point par lequel un l’appareil, d’où la création de champs électromagnétiques parasites
conducteur ou un câble est relié à l’appareil. C’est, par exemple, rayonnés autour de l’appareil et de signaux perturbateurs conduits
un accès signal ou un accès d’alimentation. aux accès par des couplages variés à l’intérieur de l’appareil.
Accès d'alimentation Appareil Accès de Lorsque l’on fait un enregistrement du spectre avec un ana-
alternative télécommunication
lyseur à mémoire et un balayage unique, notons qu’un claque-
ment, qui se produit au cours du balayage, se présente sur
l’enregistrement comme un pic de parasite à bande étroite.
Figure 1 – Description des accès
39
Référence Internet
R930
bande étroite De par leur nature, et comme il a été indiqué paragraphe 2.1, les
65
perturbations produites par un appareil seront principalement de
60
deux types :
55
50 – les perturbations conduites vont amener l’expérimentateur à
45 les caractériser par les tensions perturbatrices induites aux diffé-
40
rents accès de l’appareil ou par les courants conduits sur les
câbles d’interconnexion ;
35
30
– les perturbations rayonnées seront caractérisées par le champ
électromagnétique produit à une distance définie de l’appareil,
25
dans des conditions de reproductibilité satisfaisantes.
2
20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Fréquence (MHz) ■ En fonction des catégories d’appareils, le tableau 1 permet
d’identifier les types de perturbations produites à mesurer, suivant
Figure 2 – Exemple de relevé de mesure illustrant les parasites les normes européennes harmonisées.
à large bande et à bande étroite
• Les perturbations à large bande (ou à large spectre) sont
notées LB dans le tableau 1. Ces perturbations s’étendent de façon
continue sur une largeur de bande beaucoup plus importante que
3. Mesure des perturbations la largeur de bande d’analyse du filtre de résolution de l’appareil
produites par un appareil de mesure (récepteur ou voltmètre sélectif, mesureur de champ ou
analyseur de spectre) utilisé pour la mesure.
• Les perturbations à bande étroite ou à spectre de raies
3.1 Généralités sur la mesure (notées BE) sont identifiables « individuellement » à l’aide d’un
récepteur sélectif. Les signaux peuvent être considérés comme des
des perturbations porteuses uniques ou multiples, faiblement modulées ou pas.
L’amplitude de ces perturbations est globalement indépendante de
■ En fonction de leur nature et de leur mode de couplage, les per- la largeur du filtre de résolution de l’appareil de mesure.
turbations produites vont être mesurées de différentes manières.
Elles vont nécessiter des appareillages parfois complexes. Enfin,
une caractérisation poussée et exhaustive de toutes les perturba-
tions produites par un appareil peut être fort longue et fastidieuse
3.2 Grandeurs physiques pour la mesure
si des dispositions préalables n’ont pas été prises pour les limiter. des perturbations produites par
Pour en faciliter et reconnaître l’organisation, on se préoccupera un appareil
des essais en fonction de leur priorité habituelle, à savoir que,
parmi les perturbations par un appareil, ce sont les perturbations Bien que le but final soit de protéger des équipements voisins et
entretenues (voire modulées) affectant le spectre, donc les des récepteurs radioélectriques (et de télévision) en particulier, de
communications radioélectriques, qui doivent être prioritairement par la nature même des perturbations produites, il sera plus
limitées et donc caractérisées. simple de caractériser les perturbations par des grandeurs
physiques correspondant à la réalité de ce que produit la source
de perturbation (l’appareil en essai).
Des mesures de perturbations sont effectuées soit pour véri- C’est pourquoi aux accès, on mesurera des tensions ou des cou-
fier la conformité aux normes d’un équipement, soit pour des rants conduits, généralement des signaux en mode commun
analyses d’un appareil ou d’une installation sur un site et en (mode asymétrique), parfois en mode différentiel (mode
assurer la compatibilité électromagnétique. symétrique) à l’aide de capteurs spécifiques.
Étant donné que les méthodes de mesures applicables dans On se reportera aux articles spécialisés et, notamment, à l’article
le premier cas sont souvent valables pour le second, on se Compatibilité électromagnétique. Introduction [E 3 750] dans le
limitera, dans ce qui suit, à décrire les mesures pour vérifier la traité Génie électrique pour les définitions et représentations des
conformité aux normes. signaux de mode commun et de mode différentiel.
En rayonnement, on mesurera suivant le cas, la composante
magnétique H ou électrique E du champ parasite produit par
Les services radioélectriques définis par l’Union internationale
l’appareil à une distance déterminée par les conditions d’essais
des télécommunications couvrent la bande de fréquences
spécifiées.
comprises entre 9 kHz et 3 000 GHz. Il ne peut être question de
vérifier la compatibilité électromagnétique de tout appareil électro- Le tableau 2 représente les différentes grandeurs physiques à
nique entre ces fréquences extrêmes. Habituellement, on mesure mesurer, leurs unités SI et leurs unités usuelles en fonction des
les perturbations produites par un appareil dans la partie du gammes de fréquence.
spectre radioélectrique où se situe la plus forte densité de services,
généralement entre 150 kHz et 1 GHz.
Cependant, compte tenu du développement de nouveaux 3.3 Principe des mesures
services radio (mobiles terrestres et par satellite, GSM, UMTS,
boucle locale radio, téléphone sans fil numérique, réseaux locaux Les mesures de perturbations produites par des appareils élec-
informatiques par radio, WiFi, Wimax), autour et au-dessus de troniques sont effectuées, en conduction ou en rayonnement, à
1 GHz, et de l’extension vers les hyperfréquences des circuits l’aide d’un capteur relié à un appareil de mesure. Suivant les cas,
logiques et de transmissions numériques, il est nécessaire, de le capteur aura différentes finalités et sera :
savoir caractériser les perturbations à des fréquences supérieures – un réseau fictif ou de stabilisation d’impédance de ligne (RSIL)
à 1 GHz ; cela est déjà réalisé dans la plupart des spécifications pour des mesures de tension parasite conduite ;
40
Référence Internet
R930
30 MHz à au moins 1 GHz Puissance isotrope rayonnée équivalente watt (W) dB(mW) ou dBm
41
Référence Internet
R930
L’appareil de mesure donne généralement une indication en ten- recommande d’effectuer les mesures avec un récepteur à détection
sion v (f ) à l’entrée de l’appareil. La prise en compte de la fonction de valeur quasi-crête ou à détection de valeur moyenne (§ 3.4.1). Un
de transfert du capteur ainsi que des pertes des câbles de liaison même récepteur peut être équipé des deux types de détecteurs et
ℓ(f ) entre l’appareil de mesure et le capteur vont permettre la les mesures peuvent être effectuées en passant alternativement
transformation vers la grandeur recherchée g (f ) selon la relation : d’un détecteur à l’autre. Nous allons étudier au paragraphe suivant
l’instrumentation pour la mesure du pouvoir perturbateur ainsi que
g (f ) = k (f ) ℓ (f ) v (f ) (1) les grands principes des détecteurs utilisés dans les récepteurs de
mesure de perturbations ou en analyse spectrale.
Plus généralement, en CEM, il est d’usage d’exprimer les diffé-
rentes grandeurs en décibels. En transformant ces grandeurs par
application d’une relation :
3.4 Instrumentation de mesure
X (f ) = 20 lg (x (f ))
2
L’instrumentation de mesure de base consiste en un récepteur
pour les grandeurs relatives à des tensions ou des courants, des de mesure muni de caractéristiques particulières, lui permettant
champs magnétiques ou électriques, on obtient une relation : d’identifier la perturbation à mesurer en amplitude, fréquence et
en occupation spectrale. Le CISPR a longuement travaillé sur cette
G (f ) = K (f ) + L (f ) + V (f ) (2) question qui évolue par la nature même des performances des
appareils, mais aussi du fait des évolutions technologiques des
avec V (f ) valeur de la tension RF indiquée par le récepteur de signaux radioélectriques à protéger ainsi que de la nature des
mesure à la fréquence indiquée, exprimée en dB(µV), signaux brouilleurs et de leurs sources.
L (f ) perte du câble de liaison entre le capteur et l’entrée du
Outre le récepteur de mesure accordé et ses dérivés (microvolt-
récepteur, à la fréquence f, exprimée en dB,
mètre sélectif, analyseur de spectre, etc.), il existe d’autres appa-
K (f ) facteur de correction ou de transfert du capteur de reils visant à identifier des perturbations fugitives, des
mesure, exprimé en dB. claquements, ainsi que tout autre perturbation n’ayant pas une
Ce facteur K (f ) doit, pour des raisons d’homogénéité, être périodicité facilement identifiable, soit parce que la période est très
exprimé en dB par rapport à une unité permettant de passer de la longue, soit parce que la perturbation se produit de façon totale-
tension à la grandeur recherchée. ment aléatoire.
Si l’on veut mesurer la composante électrique d’un champ
rayonné par un appareil, cette composante G (f ) s’exprime usuel- 3.4.1 Récepteurs de mesure
lement en dB(µV/m), l’appareil de mesure donnant des indications
en dB(µV), le facteur de correction d’antenne devra alors être 3.4.1.1 Généralités
exprimé en dB(m–1).
Le récepteur de mesure est un récepteur accordable permettant
Exemple de couvrir une large bande de fréquence, essentiellement les
bandes de fréquence où sont préconisées les mesures. Le schéma
Supposons que, à l’aide d’une antenne dipôle accordée, on trouve synoptique d’un tel récepteur est indiqué figure 4. Récepteur supe-
une émission donnant 40 dB(µV) sur le récepteur de mesure à rhétérodyne dans le principe, il est constitué :
200 MHz ; le facteur d’antenne étant égal à 14 dB(m–1) environ et les
pertes du câble reliant l’antenne au récepteur de mesure étant égales – d’un ou plusieurs étages radiofréquence (RF) (présélecteur,
à 3 dB à cette fréquence, le champ mesuré sera alors de : amplificateur, atténuateurs, étages de changement de fréquence) ;
– d’un ou plusieurs étages à fréquence intermédiaire (FI) ;
14 + 3 + 40 = 57 dB(µV /m) – d’une série de filtres d’analyse ou de résolution commutables
en fréquence intermédiaire ;
Pour les mesures aux fréquences comprises entre 9 kHz et 1 GHz, – de détecteurs spécialisés et de filtres post-détection avant trai-
la normalisation internationale basée sur les travaux du Comité tement basse-fréquence ;
international spécial pour les perturbations radioélectriques (CISPR) – d’un dispositif d’affichage des valeurs mesurées.
présélecteur intermédiaire
dB
Oscillateur Oscillateur
local n° 1 local n° 2
Générateur
étalon
Détecteur
de crête Dispositif
Amplificateur à basse d'affichage
Détecteur de
fréquence linéaire
quasi-crête
ou logarithmique
Amplificateur
FI 2 Détecteur de
valeur moyenne
42
Référence Internet
R931
1.
1.1
Concepts de dipôles élémentaires ..............................................
Rayonnement du dipôle électrique élémentaire ...............................
R 931 – 3
— 4
2
1.1.1 Formules générales du dipôle électrique ............................... — 4
1.1.2 Formules des champs proches ................................................ — 5
1.1.3 Formules des champs lointains .............................................. — 5
1.2 Rayonnement du dipôle magnétique élémentaire ............................ — 6
1.3 Calcul de la puissance rayonnée ....................................................... — 6
2. Antennes émettrices ...................................................................... — 8
2.1 Antenne dipôle symétrique ............................................................... — 8
2.1.1 Calcul de la variation du courant I (z) ..................................... — 9
2.1.2 Calcul des champs lointains .................................................... — 9
2.2 Calcul de l’impédance d’entrée des antennes .................................. — 10
2.2.1 Impédance sous la résonance quart d’onde ........................... — 10
2.2.2 Calcul de l’impédance caractéristique de l’antenne ............... — 11
2.3 Antennes symétriques larges bandes ............................................... — 12
2.3.1 Antennes log périodiques ....................................................... — 13
2.3.2 Antennes biconiques ............................................................... — 13
2.3.3 Gain, surface effective et facteur d’antenne ........................... — 15
3. Antennes réceptrices ..................................................................... — 16
3.1 Règles de réciprocité émission réception ......................................... — 16
3.1.1 Entrée du principe de réciprocité ............................................ — 16
3.1.2 Connexion d’une impédance de charge ZL ............................. — 17
3.2 Calcul des tensions collectées sur les charges ................................. — 17
3.2.1 Monopôle électrique accordé en quart d’onde ...................... — 18
3.2.2 Monopôle aux basses fréquences .......................................... — 18
3.2.3 Bilan de puissance des antennes ............................................ — 20
3.3 Directivité des antennes ..................................................................... — 21
4. Conclusion........................................................................................ — 24
5. Glossaire ........................................................................................... — 24
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. R 931
Parution : juin 2016 - Dernière validation : novembre 2021
43
Référence Internet
R931
2
de dimensions L0 accordés en quart d’onde. Nous verrons que ce fonctionne-
ment, très utilisé en métrologie, procure à l’antenne symétrique des propriétés
proches d’une ligne de transmission. L’assimilation aux lignes facilite grande-
ment le calcul de la variation du courant sur les conducteurs, ainsi que la déter-
mination du champ lointain. Il est également montré que le dipôle résonnant en
quart d’onde possède pour autre caractéristique remarquable, une résistance de
rayonnement de 73 W. D’autres paramètres propres à la métrologie CEM et aux
antennes viennent ensuite compléter l’étude du dipôle symétrique, tels que
l’impédance d’entrée, le gain en puissance, la surface effective et le facteur
d’antenne. Il est bon de préciser que, dans cette seconde partie, l’analyse
descriptive et physique des antennes, émettant ou recevant des signaux sur
une large bande de fréquences, est brièvement exposée.
La troisième partie de l’article concerne surtout les antennes réceptrices sou-
mises aux inductions de champs électromagnétiques, assimilés localement à
une onde plane. Le calcul de la fem collectée sur une antenne de type mono-
pôle, constituée d’un conducteur de dimension L0 et perpendiculaire à un plan
métallique, est entrepris. Les développements font appel aux propriétés de réci-
procité électromagnétique ainsi qu’à la théorie des images électriques. Il est
montré que le monopôle ainsi configuré est strictement équivalent au dipôle
symétrique étudié en seconde partie. Le calcul de la tension apparaissant sur
une résistance de charge connectée à la base du monopôle est développé en
étudiant attentivement l’influence de la longueur d’onde. On regarde successi-
vement le monopôle accordé en quart d’onde, puis l’hypothèse basse fré-
quence, où la longueur d’onde dépasse très largement la dimension L0. L’ana-
lyse se poursuit par les calculs du transfert de puissance active, réalisé entre
une antenne réceptrice et une charge, puis étendu à une source de signaux
dotée d’une impédance interne et connectée à une antenne émettrice. Pour
conclure cette troisième partie, la directivité des antennes est examinée sur la
base d’un exemple illustrant la variabilité du rayonnement observée sur le
dipôle symétrique stimulé par des résonances de rang élevé. La répartition de
l’énergie électromagnétique dans l’espace se manifeste par de multiples lobes
bien reflétés dans la fonction analytique relatant la directivité de l’antenne.
Les différentes sections composant chaque partie sont assorties d’exemples
voués à l’exercice des ordres de grandeurs. Le lecteur trouvera également avan-
tage à consulter l’article [E 1 020] consacré aux bases de l’électro-magnétisme,
ainsi qu’à l’article [D 1 322] rapportant les principaux éléments de la théorie des
lignes de transmission.
44
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R931
1. Concepts de dipôles +q
élémentaires
Le premier paragraphe aborde en priorité l’analyse physique du Δl Δl i(t)
rayonnement engendré par le dipôle électrique élémentaire, suivie
de l’étude succincte du dipôle magnétique, qui n’est autre que la
forme duale du précédent. Un dipôle électrique élémentaire peut
être présenté sous deux modèles équivalents. L’un considère deux
-q
charges électriques + q et - q espacées de la distance rigide Dl,
charges auxquelles s’associe le moment électrique p déterminé
par le produit, p = q Dl. Le second modèle suppose que + q et - q Figure 1 – Représentations équivalentes du dipôle électrique
2
évoluent avec la variable temps t suivant la fonction analytique élémentaire
q (t), le dipôle électrique élémentaire est alors assimilable à un
conducteur filiforme de dimension Dl écoulant le courant i (t), résul- & Rayonnement lointain
tat de l’application directe de la loi de Coulomb, Considérons maintenant un accroissement très important de la
pulsation w délivrée par les oscillations entretenues. Dire que l’on
i (t ) = dq /dt se trouve en présence d’un rayonnement lointain signifie que
l’observation ou la mesure des champs magnétiques et champs
Sous l’hypothèse de charges q (t) animées de variations d’ampli- électriques sera entachée de déphasages dus aux phénomènes de
tudes sinusoı̈dales sous la pulsation w, on adopte les notations propagation. Dans ce cas, la longueur d’onde définie par le rapport
complexes définies au § 2.1.2 de [D 1 322], soit pour q (t) de la célérité et de la fréquence des oscillations, soit l = c / f, va
jouer un rôle majeur dans les propriétés des antennes. Il est alors
q (t ) = q e j ωt où j = −1 observé que champ magnétique et champ électrique évoluent tous
deux en raison inverse de l’éloignement r de l’observateur. De plus,
Dans ce cas, q désigne l’amplitude efficace complexe des varia- si l’on substitue au moment électrique la relation p = I Dl / jw, il
bles charges. apparaı̂t que les champs lointains émis par le dipôle électrique élé-
On déduit tout de suite de la relation précédente que i (t) prend mentaire suivent une loi proportionnelle à la pulsation de la source
pour expression : w et au produit combinant l’amplitude du courant I et la dimension
Dl du conducteur filiforme.
dq
i (t ) = = j ω q e j ωt Avant d’approfondir ces divers aspects physiques du rayonne-
dt ment procuré par le dipôle électrique, les deux prochaines rubriques
sont consacrées à sa description matérielle. Nous envisageons suc-
La fonction i (t) pouvant également s’écrire, i (t) = I ej wt, le terme I cessivement, l’exemple d’un monopôle de dimension Dl coiffé d’un
représente l’amplitude efficace du courant attaché au dipôle élec- disque métallique, puis un tronçon de conducteur cylindrique de
trique élémentaire, le dipôle est dans ce cas illustré par le conduc- dimension Dl prélevé par la pensée sur un circuit filiforme.
teur filiforme de la figure 1.
Aux concepts de moment électrique et de dipôle électrique & Monopôle électrique
s’ajoutent les notions de régime statique, de régime quasi statique Prenons le cas d’un conducteur de section cylindrique et de
et de rayonnement lointain dont la signification est brièvement dimension Dl perpendiculaire à un plan métallique, supposé de
résumée ci-après. dimensions infinies, mais répondant localement à la configuration
& Régime statique représentée à la figure 2. Par opposition à l’antenne dipôle élec-
trique symétrique étudiée au § 2, l’antenne ainsi constituée prend
Le régime statique, éloigné du fonctionnement usuel d’une le nom de monopôle électrique.
antenne, n’en demeure pas moins utile à la compréhension ulté-
rieure des formules simplifiées du champ électrique. Considérons Le disque métallique coiffant le sommet du conducteur forme
deux charges répondant à la définition du moment électrique, une capacité Cd rapportée au plan. Le générateur de fem sinusoı̈-
mais invariantes dans le temps. Dans ce contexte, la théorie élec- dale e (t) connecté à la base du dispositif engendre un courant, il
trostatique montre qu’à distance r des charges, grande par rapport sera toutefois supposé que i (t) reste uniforme sur Dl. Sous ces
à leur espacement Dl, se manifeste un vecteur champ électrique hypothèses, le monopôle répond à la définition du dipôle élec-
évoluant en 1/r3 et directement proportionnel au moment électrique trique élémentaire. Il faut cependant rester très vigilant, car la pré-
p. Bien entendu, l’invariabilité des charges électriques entraı̂ne la sence du plan compose l’image électrique de Dl. Ainsi, pour tout
condition dq/dt = 0, éliminant de fait le courant i (t) et a fortiori la observateur situé au-dessus du plan, le monopôle électrique sera
contribution d’un champ magnétique. équivalent à un dipôle électrique de dimension 2Dl. De plus, l’ana-
logie avec la définition du dipôle élémentaire impose à i (t) l’inva-
& Régime quasi statique riabilité sur Dl. Nous verrons que le respect de ce critère suppose
Dès que le moment électrique p est animé d’oscillations sinusoı̈- que la longueur d’onde l soit très supérieure à Dl.
dales entretenues sous la pulsation w, apparaı̂t un champ magné-
& Tronçon Dl de circuit filiforme
tique. Quand w n’est pas trop élevée, les vecteurs champ magné-
tique et champ électrique, produits à distance r du moment, Dans un tout autre contexte, la figure 3 se rapporte à une source
entrent en régime quasi statique. Sous ce mode particulier, un de fem sinusoı̈dale e (t) alimentant une ligne de transmission bifi-
champ magnétique prend naissance, ce champ varie suivant une laire composée de deux conducteurs cylindriques parallèles.
loi proportionnelle à w. Quant au champ électrique, il demeure L’extrémité opposée de la ligne est terminée sur une impédance
indépendant de w et similaire aux équations établies pour le régime quelconque ZL. Le repère Oz prenant origine sur la source de fem,
statique. Nous verrons que le régime quasi statique ainsi défini porte la variable longitudinale z figurant dans la fonction du cou-
répond aux conditions de l’émission du champ proche. Bien que rant i (z, t) formulée sous la notation complexe :
le courant i (t) engendré par la source soit non nul, la continuité
avec le régime statique suggère de maintenir le moment électrique i (z , t ) = I (z )e j ωt
dans les formules des champs proches.
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λ >> Δl
i (t) Δl Δl
i(t)
i(t) Δl
+
2 Plan
métallique
e(t)
- Image
électrique
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R931
2
I
Quand les données géométriques, r, Dl, d et la longueur d’onde
l, sortent des domaines justifiant l’usage des formules générales,
ϕ le recours aux techniques de calcul numérique est impératif.
Plan
équatorial
1.1.2 Formules des champs proches
Sous les conditions de champ proche, le produit γr étant très
inférieur à l’unité, les termes g r et (g r)2 s’effacent devant 1 et la fonc-
tion exponentielle e-g r disparaı̂t des équations, car voisine de l’unité.
Figure 4 – Repère sphérique et structure du champ Ces simplifications mènent aux formules des champs proches de Hj,
électromagnétique rayonné par le dipôle électrique élémentaire Er et Eq présentées sous les expressions allégées (7), (8) et (9) :
I Δl 2 cos θ p sin θ
Er (r , θ, ϕ ) = (1+ γ r )e − γ r (4) Eθ ≅ (9)
4 π j ωε0 r 3 4 πε0 r 3
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R931
I Δl e − γ r (11) Δl
E θ ≅ j ωµ0 sin θ
4π r
I ϕ
Eθ µ0 S
Hϕ ≅ où Zw = (12)
Zw ε0
(
Er ≅ Zw ( I Δl / 2π ) 1/ r 2 ) Transposition des constantes physiques : ε0 → µ0
Bien sûr, Er est indépendante de la pulsation w et il faut bien Les expressions des champs proches et des champs lointains du
constater qu’en s’éloignant de l’axe polaire, Eq rétablit l’hypothèse dipôle magnétique figurent en 5.1.1 de [D 1 325].
initiale Er ≪ E θ , avec une certitude d’autant plus grande que w est Par dualité avec le dipôle électrique, on montre aisément que
élevée. Ej/Hq = Zw.
Inversement, E θ et Hϕ prennent l’amplitude maximale dans le L’usage des relations analytiques est également subordonné au
respect de l’éloignement r de l’observateur rapporté aux dimen-
plan équatorial du repère où q = p/2. Dans ce cas, Er est stricte- sions de la petite boucle simulant le dipôle magnétique élémen-
ment nulle. taire. De plus, l’uniformité de distribution de i (t) suppose que la
Nous verrons au § 1.3 que la puissance active transportée sous le longueur d’onde l soit très supérieure au périmètre de la boucle.
rayonnement lointain reste invariante sur des surfaces sphériques
centrées sur le dipôle élémentaire. Cette remarque vaut d’ailleurs
pour tout type d’antenne. 1.3 Calcul de la puissance rayonnée
Prenons un observateur situé à une distance r d’un dipôle élec-
1.2 Rayonnement du dipôle magnétique trique répondant aux conditions de l’émission des champs loin-
élémentaire tains ainsi qu’au repère géométrique de la figure 4. Sachant que
l’émission est à symétrie de révolution, considérons un anneau
Le dipôle magnétique élémentaire illustre la forme duale du
sphérique centré sur le dipôle et prenant pour surface latérale :
dipôle électrique, aux charges électriques du moment électrique
doivent correspondre les charges magnétiques du moment magné-
ds = 2πr 2 sin θ d θ
tique. Une représentation matérielle du dipôle magnétique peut
être apportée par un petit aimant permanent de dimension Dl
Traversée par la densité de puissance active formée du produit
confondue avec l’axe polaire du repère sphérique. Une représenta-
tion alternative, plus exploitable que la précédente, est celle d’une E θHϕ* , la surface ds reçoit la puissance élémentaire :
boucle de surface DS disposée normalement à l’axe polaire et par-
courue uniformément par le courant i (t). Quand i (t) est formé de dPr = E θHϕ∗ ds
signaux sinusoı̈daux de pulsation w et d’amplitude efficace I, les
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R932
2
Professeur émérite
Université Lille 1, Groupe TELICE de l’IEMN, CNRS, UMR 8520
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R932
La seconde partie contenue dans l’article [R 935] est intitulée « Analyse des
phénomènes », l’objectif vise à expliquer la contribution des différents facteurs
physiques agissant à l’échelle des principaux composants passifs ou actifs
constituant l’appareil sous test.
Revenons sur la première partie pour procéder à un bref descriptif du premier
paragraphe. On cherchera tout d’abord à définir ce que représente un appareil
soumis à une mesure d’émission ou à un essai d’immunité. L’exposé insistera
sur la nature physique des variables entrant dans le contexte de la métrologie
CEM puis sur le partage du spectre en trois gammes de fréquences couvrant
respectivement les basses fréquences situées entre 150 kHz et 30 MHz, les hau-
tes fréquences allant de 100 MHz à 1 GHz et les fréquences intermédiaires com-
blant la lacune 30 MHz à 100 MHz. Nous verrons sur la base d’exemples que
2 cette division du spectre n’est pas arbitraire mais justifiée par les propriétés
des antennes à large bande de fréquences et par la nature des variables pres-
senties pour effectuer les mesures ou accomplir un essai. Les protocoles de
mesures ou d’essais généralement pratiqués en chambres semi-anéchoı̈ques
seront aussi examinés afin de mettre en exergue différentes sources
d’incertitudes.
Le second paragraphe aborde l’analyse du fonctionnement des antennes
réceptrices adoptées lors de certaines mesures d’émission pratiquées entre
150 kHz et 30 MHz. Nous regarderons le lien entre le champ électrique ambiant
et la tension capturée à la base d’un monopole récepteur ainsi que les incerti-
tudes pouvant survenir lors de la mesure du champ magnétique pratiquée avec
une boucle réceptrice.
Le texte fait fréquemment appel à des démonstrations ou à des formules
exposées dans l’article [R 931] consacré aux antennes rencontrées en CEM. En
outre, la consultation des articles [D 1 300], [D 1 305] et [R 930], de portée plus
générale que les sujets élaborés par la suite, complétera efficacement la lecture.
Remarque importante : les valeurs numériques des tolérances d’émission ou
de contraintes d’immunité signalées en exemple ne sont qu’indicatives, le lec-
teur désireux de déterminer avec rigueur ces données est invité à consulter les
normes génériques sur la CEM.
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Référence Internet
R932
Fonctions
Les lignes d’échange de signaux concernent les canaux de com-
électroniques et munication de données entrant ou sortant du périmètre de l’appa-
lignes internes reil. Quand le canal est constitué d’une ligne non blindée, le transit
des signaux s’accompagnera, dans certains cas, de rayonnements
Lien à la référence résiduels ou, dans d’autres cas, par une vulnérabilité accrue aux
globale de potentiel champs environnants. Nous verrons dans l’article [R 935] que
l’usage d’une ligne blindée n’élimine pas totalement ces risques,
car le blindage peut constituer une source de résonances en se
comportant vis-à-vis des champs extérieurs comme une antenne
Référence globale de potentiel déterminée
par la surface du sol, l’infrastructure métallique
d’un bâtiment ou la caisse métallique d’un véhicule
réceptrice.
& Lien à la référence globale de potentiel 2
La référence globale de potentiel désignée par la suite sous
l’abréviation RGP est extérieure au périmètre de l’appareil. Consi-
Figure 1 – Schéma résumant la notion d’équipement électronique
telle que relatée dans le contexte de la métrologie appliquée dérons par exemple un appareil situé dans un aéronef, la RGP
à la CEM sera représentée par le fuselage métallique (et partiellement com-
posite) de l’avion. Quand l’appareil représente une locomotive, la
aussi des signaux analogiques pouvant couvrir une gamme très RGP n’est autre que la surface du sol. Par contre pour les mesures
étendue d’amplitude, allant par exemple pour les tensions de quel- ou essais sur un appareil installé dans une chambre blindée, la RGP
ques mV à un millier de volts. sera constituée par le plan inférieur métallique de la chambre.
La topologie de l’appareil incite à bien dissocier dans le vocabu-
Les signaux transitent ou proviennent de composants électroni-
laire la RGP du réseau de masse, ce dernier appartient aux conduc-
ques pouvant revêtir des configurations très variées comprenant
teurs portés au potentiel commun de zéro volt interne au périmètre
des circuits logiques intégrés, des amplificateurs, ou des compo-
de l’appareil. Le terme « zéro volt » entraı̂nant fréquemment des
sants semi-conducteurs de puissance couramment utilisés dans
confusions, nous préférons le désigner sous la locution de « réfé-
les convertisseurs modernes d’énergie électrique.
rence locale de potentiel » reconnue ci-après par l’abréviation RLP.
L’illustration portée à la figure 1 considère qu’en règle générale
Selon la topologie, la RLP peut être ou non reliée à la RGP, cette
tout appareil peut être décrit sommairement par quatre identifiants
alternative est précisée à la figure 1 par le trait pointillé. La conne-
topologiques énoncés comme suit, le périmètre de l’appareil, la xion physique est en relation étroite avec les questions de sécurité
ligne d’alimentation en énergie, la (ou les) voie(s) d’échange de électrique. Par exemple, suivant la classe d’isolement de l’appareil,
signaux avec l’environnement extérieur au périmètre, puis le lien le périmètre constitué d’un châssis ou d’un container métallique
avec la référence globale de potentiel. (RLP) sera ou non relié à la terre (RGP). Cette fonction peut être réa-
Nous proposons ci-après d’apporter quelques détails sur ces cri- lisée localement par une prise de terre spécifique, ou déportée sur
tères topologiques. Rappelons que le terme « topologie » une prise de terre lointaine par le conducteur de terre entrant dans
s’adresse, dans la présente application, aux dispositions adoptées la ligne d’alimentation. Quand l’appareil est isolé en classe 2, le lien
pour mettre en œuvre différentes connexions électriques internes à la terre n’est pas indispensable, toutefois pour les signaux évo-
ou extérieures au périmètre de l’appareil. luant à de très hautes fréquences, la connexion marquée en pointil-
lés à la figure 1 interviendra par le biais des capacités de fuites ! La
& Périmètre de l’appareil métrologie CEM doit prendre en considération ces détails
Le périmètre de l’appareil est bien souvent confondu avec le topologiques.
container métallique (ou non métallique) abritant les diverses fonc- Il est important de préciser que les phénomènes physiques rela-
tions électroniques. Ces fonctions se concrétisent par des circuits tés dans l’article excluent les perturbations électromagnétiques
imprimés, reliés par des lignes formant la topologie interne de dues aux courants dérivés par les réseaux de terre ou de masse
l’appareil. apparentés à la RGP. Ces phénomènes appelés « couplage par
Le périmètre peut englober un volume extrêmement variable, la impédance commune » font l’objet de descriptions développées
plupart des exemples abordés par la suite seront surtout cantonnés dans les dossiers [D 1 305] et [D 1 321].
aux appareils pouvant prendre place dans une chambre blindée. Ce
contexte circonscrit forcément l’appareil à un volume excédant 1.1.2 Objectifs de la métrologie
rarement un mètre cube. Dans d’autres circonstances, il peut être
bien plus volumineux, tel est le cas des locomotives électriques. Il Comme l’impose le cadre normatif, les mesures et les essais
est bien évident que la métrologie adoptée pour procéder aux sélectionnés pour le descriptif de l’article couvrent une gamme de
mesures d’émission ou aux essais d’immunité doit tenir compte fréquences allant de 150 kHz à 1 GHz, soit à peu près trois décades.
de l’ensemble des facteurs géométriques. Les gammes d’amplitudes sont encore plus vastes, car elles dépas-
sent dans certains cas une dynamique de 100 dB. Dans un tel
& Ligne d’alimentation en énergie contexte, il ne faut pas attendre de la métrologie des performances
Exception faite des équipements possédant une alimentation de précisions, mais plus justement de l’objectivité, utilisée ici
autonome prenant place dans le périmètre défini plus haut, la comme synonyme du terme anglais accuracy. Ainsi, rien ne sert
ligne d’alimentation en énergie réalise un lien physique avec le de déterminer le champ électrique émis par un appareil avec une
milieu extérieur. Pour les appareils usuels répondant aux protoco- précision relative de 1 %, mieux vaut prouver que l’amplitude se
les de métrologie examinés au § 1.3 et confinés dans une chambre situe à 150 mV/m avec une incertitude de 20 % !
blindée, la ligne d’alimentation n’excédera pas un à trois mètres de L’argument a donc orienté la métrologie CEM vers la recherche
long. En revanche, l’alimentation d’une locomotive en énergie, de variables physiques essayant de satisfaire ce critère et de
matérialisée par un contact glissant sur caténaire et un retour du répondre simultanément à l’optimum de reproductibilité des
courant par les rails, couvre selon l’usage des distances pouvant mesures et des essais pratiqués en différents lieux ou sous diffé-
atteindre plusieurs dizaines de kilomètres. L’exemple de ces rentes circonstances.
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Un exemple devrait nous éclairer sur la pertinence du choix des Essayons donc de confronter ces données qualitatives au partage
variables. Les théories électromagnétiques nous apprennent qu’au de la gamme de fréquences 150 kHz – 1 GHz en trois sous-gammes
dessus de 100 MHz la mesure du champ électrique peut être réali- subdivisées selon le vocabulaire de l’introduction générale.
sée par des antennes relativement compactes, n’excédant pas une
– De 100 MHz à 1 GHz, les mesures d’émissions seront circonscri-
envergure d’un mètre cinquante. D’après cet argument, le choix de tes à la détermination de la variable champ électrique, c’est le
la variable champ électrique paraı̂t donc naturel pour mesurer domaine des hautes fréquences où les dimensions de l’antenne
l’émission d’un appareil. Par contre, si on extrapole le raisonne- réceptrice demeurent inférieures à deux mètres.
ment, la mesure du champ électrique pratiquée à une fréquence
dix fois plus faible demanderait en théorie une antenne d’enver- – De 150 kHz à 30 MHz, se situe la zone des basses fréquences,
gure dix fois plus grande ! Nous verrons au second paragraphe où l’on préférera substituer au champ électrique les variables cou-
qu’il est envisageable de réduire ces dimensions par divers artifi- rants ou tensions capturées sur la ligne d’alimentation de l’appa-
ces, l’option est toutefois assortie d’artefacts nuisibles à l’objecti- reil. Bien entendu, et comme va l’illustrer l’exemple cité en réfé-
vité des mesures, donc à leur reproductibilité. La métrologie rence, cela n’exclut pas dans quelques cas particuliers les mesures
de champs.
2
s’oriente alors vers l’usage de variables alternatives. Nous verrons
qu’une alternative au champ électrique consiste à choisir les cou- – De 30 MHz à 100 MHz c’est la zone intermédiaire dans laquelle
rants ou tensions transportés sur la ligne d’alimentation en énergie, entre la fréquence de 75 MHz citée en illustration. Ainsi, de 75 MHz
ou dans d’autres cas, procéder à la mesure du champ magnétique à 100 MHz la mesure du champ électrique reste exploitable.
ou du champ électrique à proximité immédiate de l’appareil ou de Au-dessous de 75 MHz, deux alternatives sont envisageables, on
la ligne. peut adopter une antenne compatible avec cette gamme de fré-
Des facteurs autres que l’encombrement des antennes entrent quence ou opter pour la mesure d’une autre variable que le
aussi en jeu pour optimiser le choix des variables physiques ou champ électrique. Nous pensons par exemple au champ magné-
l’organisation des protocoles de mesures. Pour illustration, reve- tique ou aux courants ou tensions à large spectre de fréquence
nons sur l’exemple de la mesure de l’émission d’un appareil. Il est engendrés par l’appareil sur les voies de communication avec le
aujourd’hui observé que l’espace encombré par une population monde extérieur.
croissante d’utilisateurs des ondes hertziennes incite à pratiquer la Toutes ces règles déduites des propriétés de l’émission d’un
mesure des champs faibles dans une chambre blindée. Si ces appareil sont évidemment transposables pour les essais d’immu-
conditions permettent de protéger les variables mesurées des inter- nité. Néanmoins, la question de la réciprocité évoquée dans l’arti-
férences extérieures, le confinement des champs dans une enceinte cle [R 935] apportera quelques détails sur ce point important, mais
métallique engendre des artefacts générateurs d’incertitudes tribu- combien scabreux de la métrologie CEM !
taires des dimensions de la chambre. Dans ce cas, on améliore
l’objectivité des mesures en essayant de restituer les conditions Les situations illustrées en exemple s’adressent à deux applica-
de propagation en espace libre par la pose d’absorbants électroma- tions diamétralement opposées, où la mesure des émissions pro-
gnétiques contre les parois métalliques de la chambre, hormis bien duites en dessous de 30 MHz exigera selon le cas la mesure du
sûr le plan de sol. L’usage des propriétés semi-anéchoı̈ques n’est courant transporté ou du champ magnétique produit par la ligne
cependant possible qu’aux fréquences supérieures à 100 MHz, car d’alimentations en énergie.
au-dessous, l’épaisseur de l’absorbant est tellement prohibitive
qu’il faut accroı̂tre le volume de la chambre et consécutivement Exemple : mesure des émissions au-dessous de 30 MHz
son prix ! – Émissions produites par un convertisseur statique
La topologie d’un convertisseur d’énergie électrique répond assez
La métrologie se tourne également vers d’autres procédés que la
bien à la configuration de l’appareil présenté en figure 1. La ligne de
chambre semi-anéchoı̈que, tel est le cas des chambres réverbéran- données correspond ici à la voie d’alimentation de la charge (moteur)
tes à brassage de modes. La méthode de mesure utilise les proprié- connectée à l’appareil. Nous admettrons, pour simplifier, que cette
tés des cavités électromagnétiques surdimensionnées par rapport à ligne ne contribue pas à l’émission, par contre nous supposerons
la longueur d’onde. Le protocole de mesure est basé sur le bras- qu’au-dessous de 30 MHz la ligne d’alimentation en énergie reliant
sage des modes de résonances engendrés par la réverbération l’appareil à la source de tension continue (ou alternative sous fré-
des ondes sur les parois métalliques, sous ces conditions les quence de 50 Hz) constitue la source majeure de l’émission.
champs électromagnétiques ainsi que les tensions induites sur les Les rudiments de théorie apportés au paragraphe 1.1 de [D 1 323]
antennes adoptent des propriétés stochastiques. De l’excursion montrent qu’en absence de filtre la ligne véhicule des courants dont
aléatoire de ces variables de part et d’autre de leur amplitude le spectre peut atteindre et même dépasser 30 MHz. Dans de telles
moyenne on extrait un écart type. Ce dernier joue alors le rôle circonstances la mesure du spectre du courant peut suffire à caracté-
d’une variable stationnaire paraissant sous certaines circonstances riser l’émission. En effet, s’il est prouvé que la dimension L0 de la
indépendante des dimensions de la chambre [2]. ligne demeure plus petite que le quart de la longueur d’onde la plus
Malgré tout, nous verrons en prochaines sections qu’au-dessous courte, soit présentement L0 < 2,5 m, les champs électriques ou
de 30 MHz l’élaboration de protocoles de mesures ou d’essais magnétiques émis à distance de la ligne restituent une image spec-
reproductibles demande le concours d’autres variables que les trale proche de celle du courant. Cela ne veut pas dire que les spec-
tres sont rigoureusement homothétiques, car, du point de vue du
champs électromagnétiques.
rayonnement, la ligne entre en régime quasi TEM possède sa propre
fonction de transfert. Le paragraphe 1.4 de [D 1 322] apporte sur ce
1.1.3 Nature physique des variables mesurées sujet quelques explications qualitatives.
La contrainte dimensionnelle imposée à la ligne d’alimentation
Les éléments de théories exposés dans l’article [R 931] incitent à n’est pas le seul facteur pouvant altérer la reproductibilité des mesu-
penser qu’il existe une relation de proportionnalité entre l’intensité res, encore faut-il que l’impédance présentée par la source d’énergie
de l’émission d’un appareil et la dimension des circuits le consti- soit invariante pour les hautes fréquences et pour tout site de
tuant. En effet, pour un appareil dont le volume n’excède pas un mesure, ce qui est manifestement impossible en pratique. Les proto-
mètre cube, les lignes et câbles intérieurs dépassent rarement un coles officiels suggèrent de réduire cette probabilité d’incertitude en
mètre. Leur résonance en quart d’onde devrait donc se manifester interposant un filtre passe-bas entre la source de tension continue
au-dessus de 75 MHz. De plus il était montré dans [R 931] que la (ou alternative) et la ligne d’énergie. Le filtre intitulé dans ce contexte
mesure du champ électrique réalisée avec un dipôle symétrique « réseau stabilisateur d’impédance de ligne » désigné sous l’abrévia-
accordé en quart d’onde demandait, à 75 MHz, une antenne tion RSIL doit toutefois respecter fidèlement les critères d’implanta-
d’envergure proche de deux mètres. tion et de constitution décrits dans les normes.
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de contraintes d’immunité prises en exemple ne sont qu’indicatives, le lecteur
désireux de déterminer avec rigueur ces données est invité à consulter les nor-
mes génériques sur la CEM.
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1.1.1 Émission d’une piste imprimée de [D 1 322] apportent la justification physique de ce raisonnement.
On déduit immédiatement que le courant I engendré par la source
La figure 1 reproduit la coupe longitudinale d’une piste imprimée RF prend pour amplitude :
de dimension L0 déposée sur un substrat diélectrique d’épaisseur Dl
adossé à un plan de masse. L’axe Oz prenant origine sur l’une des I = jCd ω E0 (1)
extrémités de la piste fixe le repère longitudinal. En z = 0, la piste
est reliée à une source radiofréquences (RF), positionnée sous le La variable E0 représente alors la fém délivrée par la source RF.
plan métallique et confinée dans un blindage électromagnétique Il sera admis pour l’instant qu’il s’agit d’une source idéale dépour-
étanche. La piste est ouverte à l’extrémité opposée donc en z = L0. vue d’impédance interne.
S’il est en plus admis que le plan métallique possède des dimen- La formule (11) établie en section 1.1.3 de [R 931] est donc direc-
sions infinies et qu’il est composé d’un matériau hypothétique de tement transposable au calcul du champ électrique lointain produit
conductivité électrique infinie, la théorie des images électriques par Dl, soit :
apporte des symétries remarquables. La participation du contraste I Δl e− jk r (2)
de permittivité électrique imposé par la couche diélectrique posée E θ ≅ 2jωµ0 sin θ
4π r
2
sur le plan de masse intervient surtout sur la vitesse de propaga-
tion du mode quasi TEM et dans une moindre mesure sur le rayon- Le facteur 2 figurant en tête du second membre tient compte
nement de la piste. Pour la vitesse de propagation, une correction de l’émission due à l’image électrique de Dl alors que les varia-
peut être pratiquée par les formules disponibles dans [E 1 427] bles r et q se rapportent au repère sphérique fixé sur le conduc-
et [1]. L’impact du diélectrique sur le rayonnement de la piste ne teur Dl à la figure 1. Dans (2) figurent également la perméabilité
peut être rigoureusement pris en compte qu’à l’aide de simulations magnétique m0 = 4p 10-7 H/m ainsi que le nombre d’onde k lié à la
numériques de l’émission. Toutefois, si l’épaisseur Dl du substrat pulsation w par k = w /c. On adoptera pour la célérité la valeur
reste négligeable devant la longueur d’onde, sa contribution approchée c ffi 3.108 m/s.
demeurera négligeable. Dans les exemples ultérieurs, ces difficul- La fusion des relations (1) et (2) conduit à observer que les
tés seront contournées en faisant abstraction de la couche diélec- champs lointains émis par Dl suivent une loi proportionnelle à w2.
trique. La piste et le plan de masse seront donc représentés par Ce détail de démonstration prouve que le spectre des signaux déli-
une ligne monofilaire comprenant le segment conducteur Dl per- vrés par la source située en extrémité de piste joue un rôle majeur
pendiculaire au plan métallique et le conducteur horizontal de dans la signature spectrale de l’émission produite par Dl.
dimension L0 parallèle au plan. Sachant que le conducteur L0 est
bien plus grand que Dl, ce dernier est donc similaire au monopole & Émission du conducteur horizontal L0
électrique coiffé du disque métallique étudié au début de l’arti- Assimilons le conducteur horizontal L0 à une succession illimitée
cle [R 931], la piste L0 joue le rôle du disque. de dipôles de dimension infinitésimale dz. La fonction I(z) relatant
Nous procéderons au calcul des champs lointains émis simultané- la variation du courant suivant le repère Oz sera calculée par la
ment par le monopole Dl et la piste L0. En effet, dans la gamme de théorie des lignes de transmission ; dans ce cas, il paraı̂t logique
fréquences envisagée 100 MHz - 1 GHz la longueur d’onde sera tou- d’approximer le rayonnement de L0 avec l’émission d’un dipôle
jours plus petite que l’éloignement r de l’observateur estimé à r = 3 m. électrique élémentaire de dimension L0 mais parcouru par un cou-
rant uniforme I . La variable I doit alors correspondre à l’amplitude
De plus, la longueur d’onde demeurant toujours très supérieure moyenne acquise par I(z) sur L0, soit :
à Dl et L0, exception faite de la résonance en quart d’onde où
1 L0
L0 = l/4, on maintient l’esprit des calculs élaborés dans l’arti- I (z )dz
L0 ∫0
I = (3)
cle [R 931] pour le dipôle électrique.
& Émission du segment vertical Dl Après insertion de (3) dans l’équation (11) tirée de [R 931], l’émis-
Sous l’hypothèse préalable de fréquences situées bien en deçà sion produite par L0, mais indépendamment de la présence du plan
de la résonance en quart d’onde de la piste, la capacité prolongeant de masse métallique, s’exprime par la relation :
le sommet du segment Dl prend pour valeur : Cd = CL0 où C repré-
sente la capacité linéique de la ligne monofilaire formée de la piste I L0 e− jk r (4)
E z ≅ jωµ0
parallèle au plan de masse. Les calculs développés en section 5.1.1 4π r
P
Diélectrique
θ
r Piste imprimée
Δl
I (z)
Plan de masse
O z
L0
Source RF blindée
Figure 1 – Coupe longitudinale d’une piste imprimée ouverte en extrémité et connectée à une source RF
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Il est important de préciser que Ez est calculé à la verticale de la La source prend successivement pour fréquence fm = 100 MHz,
piste, donc q = p/2. puis la fréquence f0 établie à la résonance en quart d’onde de la
Faisons maintenant intervenir le plan métallique en tenant ligne. Observons qu’à la fréquence de 100 MHz on trouve l = 3 m,
compte de l’image électrique de L0 distante du conducteur horizon- l’hypothèse des grandes longueurs d’onde est donc satisfaite,
tal de 2Dl. L’image étant parcourue par un courant de polarité oppo- car λ ≫ L0.
sée à I , le champ lointain perçu par l’observateur situé à la verti- Le segment de conducteur vertical reliant la source RF à l’entrée
cale provient cette fois de la somme algébrique : de la ligne a pour dimension Dl = 5 mm.
Après avoir calculé l’émission sous les fréquences fm et f0 définies
E z r = E z − E z e− j2k Δl (5) plus haut, la fém e(t) de la source sera constituée d’impulsions récur-
rentes répondant au profil trapézoı̈dal ainsi qu’aux critères et nota-
Le premier terme correspond au champ provenant de L0 et le tions portés à la figure 2 de l’article [R 932].
second terme au champ dû à l’image de L0. Sachant que la position r On adopte pour valeurs numériques VM = 5 V ; T0 = 100 ns ;
de l’observateur est très éloignée, l’approximation r ≫ 2Δl permet t = 15 ns et t d = 100 ps.
2
de négliger la dispersion d’amplitude occasionnée par 2Dl. Par Les calculs concerneront principalement l’émission produite par le
contre, ce terme doit subsister en exposant car il détermine le segment Dl. En guise de conclusion, nous verrons, exception faite de
déphasage des ondes engendrées par la source et son image. la résonance quart d’onde, que le conducteur horizontal L0 contribue
L’équation (5) peut être néanmoins simplifiée puisque les longueurs peu au champ lointain.
d’onde situées ici au-dessous de 30 cm et que 2Dl demeure inférieur Le calcul du champ électrique est normalisé à une distance r = 3 m
à 1 cm, le produit figurant en exposant vérifie la condition 2k Δl ≪ 1. de la ligne et le diamètre du conducteur fixé à d = 2 mm.
En conséquence, il peut être fait usage du développement limité au — Calcul de l’émission quand fm = 100 MHz
second ordre de la fonction exponentielle, d’où la forme approchée Des éléments de théorie exposés en section 5.1.3 de [D 1 322], on
de (5) portée ci-dessous : trouve que la ligne monofilaire ouverte en extrémité est équivalente à
une capacité Cd déterminée par le produit CL0, où C représente la
4 π Δl E Δl capacité linéique prenant ici pour expression :
E z r ≅ jE z = j 2ω z (6)
λ c
2πε0
C=
Sachant que Ez est proportionnel à la pulsation w de la source RF, ⎛ 4Δl − d ⎞
ln ⎜
Ez r évolue aussi en w2. ⎝ d ⎟⎠
& Émission sur la résonance quart d’onde L0 = l/4 Dans cette formule, entre la permittivité électrique abso-
Sur la résonance en quart d’onde de la ligne monofilaire ainsi lue e0 ffi (1/36p) 10-9 F/m d’où :
constituée, l’impédance rapportée au sommet du monopole de
dimension Dl est théoriquement un court-circuit. La singularité du Cd = CL0 = 2,5 pF
courant I(0) sera éliminée en faisant intervenir l’impédance interne
de la source RF. S’il s’agit d’une résistance de valeur R0 = 50 W, le À 100 MHz, l’impédance d’entrée de la ligne s’exprimant :
courant à l’entrée de la ligne doit donc prendre pour amplitude Ze ffi 1/jCd 2pfm le calcul donne : Ze ffi - j636 W. Le courant en
I(0) = E0 /R0. D’autres facteurs que R0 participent aussi à l’amortisse- entrée peut donc s’écrire : I ffi E0 /(Ze + R0). Sachant qu’à
ment de la ligne monofilaire. Nous pouvons signaler son propre 100 MHz R0 ≪ Z e , l’approximation I ≅ E 0 / Z e = 1,57 mA est bien
rayonnement ainsi que l’impédance vue en extrémité de ligne, cer- justifiée.
tes très grande mais non idéalement infinie ! Bien que la réduction Sous la fréquence de 100 MHz et selon le calcul du champ lointain
du courant I(z) à l’amplitude moyenne I perde un peu de rigueur établi par la relation (2), un observateur situé sur le plan métallique,
sous le fonctionnement résonnant en quart d’onde, l’hypothèse donc en q = p/2, et à une distance de 3 m de la source devrait rece-
simplificatrice sera maintenue. Les calculs développés en sec- voir un champ électrique d’amplitude : E θ m = 340 µV /m.
tion 3.3 de [R 931] apportent quelques détails sur les erreurs impor- L’indice m rappelle que l’estimation de l’émission est effectuée à
tantes que pourrait engendrer cette approximation lors des réso- 100 MHz.
nances de rangs élevés. — Calcul de l’émission à la résonance en quart d’onde
La fréquence de résonance en quart d’onde implique la condition
& Contribution de la dimension non infinie du plan l = 4L0 = 40 cm, ce qui équivaut à la fréquence : f0 = c/l = 750 MHz.
En présence d’un plan de masse échappant au modèle acadé- Si l’on fait abstraction des dissipations d’énergie dans le conduc-
mique du plan infini, l’émission de la ligne monofilaire ne répond teur ainsi que du rayonnement propre de la ligne monofilaire, l’impé-
plus au rayonnement d’une onde hémisphérique stricte. En dance d’entrée de la ligne n’est autre qu’un court-circuit, d’où Ze = 0.
d’autres termes, un observateur localisé derrière le plan devrait L’amplitude du courant sera donc déterminée par la résistance
recevoir un champ non nul dont l’amplitude croı̂t avec l’éloigne- interne de la source RF fixée ici à 50 W, d’où : I = E0 /R0 = 20 mA.
ment du circuit. Une analyse plus approfondie montre que ce La formule (2) du champ lointain mène finalement à :
champ supplémentaire a pour cause un courant de mode commun E θ 0 = 31mV /m. On retrouve en indice le symbole 0 attaché à
dû à la rupture de symétrie du modèle initial, fondé sur l’idéal des f0 = 750 MHz.
images électriques. Dans ce cas, le calcul requiert l’usage de On observe que, par rapport à l’émission calculée à 100 MHz, la
méthodes numériques. Sous ce perfectionnement, on observe un résonance en quart d’onde stimule un saut d’amplitude du champ
champ lointain proche d’une onde sphérique d’amplitude réduite proche de 40 dB !
de 6 dB par rapport aux prévisions du calcul analytique effectué Ajoutons à ce calcul le champ magnétique parallèle au plan métal-
par la théorie des images [2].
lique évalué par le rapport Hϕ = E θ / Zw où intervient l’impédance de
Exemple : rayonnement d’une ligne monofilaire l’onde plane Zw = 377 W, d’où : Hϕ = 0,90 µA /m à 100 MHz et
La ligne monofilaire sera constituée d’un conducteur cylindrique de
diamètre d distant de Dl du plan de dimensions infinies. Les repères 82 mA/m à f0 = 750 MHz.
géométriques de la figure 1 seront maintenus, le substrat isolant éli- — Participation de la signature spectrale de la source de signaux
miné et la dimension du conducteur horizontal fixée à L0 = 10 cm. Les données T0, t et t d fixées dans le préambule procurent pour
L’application numérique s’adresse tout d’abord à une source déli- fréquence fondamentale F0 = 1/T0 = 10 MHz. En conséquence, les
vrant une fém sinusoı̈dale d’amplitude efficace E0 = 1 V et possédant fréquence de 100 MHz et 750 MHz concordent respectivement
pour résistance interne R0 = 50 W. avec les harmoniques de rangs n = 10 et n = 75.
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Référence Internet
R933
2
Docteur es-sciences physiques
ArmorScience, Pleumeur-Bodou, France
Note de l’éditeur :
Cet article est la réédition actualisée de l’article R 933 intitulé « Mesure de l’exposition
humaine aux champs – Partie 1 : environnement radioélectrique » paru en 2009, rédigé
par Pierre-Noël FAVENNEC.
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Référence Internet
R933
2
– l’une concerne les systèmes électroniques ; il s’agit alors de compatibilité
électromagnétique (CEM) ;
– l’autre, l’homme ; il s’agit alors d’exposition humaine aux champs électro-
magnétiques induits par des rayonnements non ionisants (RNI).
Ce dossier dédié à la mesure des champs radioélectriques, dans la gamme de
fréquences relevant des rayonnements non ionisants et excluant les rayonne-
ments optiques, concerne exclusivement ce dernier aspect : l’environnement
humain.
Afin d’apporter des éléments fiables d’appréciation aux responsables sanitai-
res, un premier élément consiste à quantifier, par la mesure, les grandeurs per-
tinentes caractérisant l’exposition de l’homme. L’objet de ce dossier est de
décrire les « bonnes » pratiques de laboratoires.
Deux articles composent ce dossier Mesure de l’exposition humaine aux
champs radioélectriques :
le premier – [R 933v2] « Environnement radioélectrique » – décrit les champs
radioélectriques et en fixe le cadre réglementaire ;
le second, plus technique, – [R 934] « Exposimétrie » – décrit la mesure des
champs et les difficultés dans son interprétation.
Dans cet article, nous allons décrire l’environnement radioélec- & Champs électromagnétiques : cette expression « champs élec-
trique de l’homme dans lequel il est baigné volontairement ou invo- tromagnétiques », utilisée dans cet article, comprend tous les
lontairement. Nous décrirons uniquement l’environnement radio- champs qu’ils soient électriques ou magnétiques qui sont les com-
électrique en excluant ici l’environnement optique qui fait pourtant posantes du champ électromagnétique. Ils concernent toute la
partie intégrante de l’environnement électromagnétique [10]. Les gamme de fréquences y compris les champs statiques. Ces champs
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Référence Internet
R933
sont susceptibles d’interagir, d’une façon ou d’une autre, avec les & Effet thermique : effet biologique se traduisant par une augmen-
organismes vivants, donc avec l’homme, soumis à leur présence. tation de la température.
& Champ lointain (zone de Fraunhofer) : zone éloignée de la struc- & Énergie des photons ou énergie quantique d’une onde : produit
ture rayonnante d’au moins 1,6 fois la longueur d’onde ; dans cette de la constante de Planck h (= 6,626.10-34 J.s) par la fréquence v
zone, les relations entre champ électrique E, champ magnétique H exprimée en hertz. L’énergie quantique hv, exprimée en électron-
et densité de puissance surfacique S sont clairement définies et la volt (eV), est relativement faible dans le domaine spectral concerné ;
simple connaissance d’une grandeur permet de déterminer les c’est pourquoi les champs électromagnétiques de 0 Hz à 300 GHz
deux autres. L’intensité de l’onde varie de façon inversement pro- sont souvent désignés par l’expression « rayonnements non ioni-
portionnelle au carré de la distance et les modules de E et de H sants » ou RNI.
sont reliés entre eux par la relation E / H = 377 W.
& Évaluation des incertitudes des mesures, composante de type A :
& Champ magnétique : vecteur champ dû à la présence d’un cou- évaluation des incertitudes par analyse statistique des séries
rant électrique entraı̂nant, de par le mouvement de particules char- d’observation.
2
gées, des forces magnétiques d’attraction ou de répulsion. Son
intensité s’exprime en ampère par mètre (A/m). & Évaluation des incertitudes des mesures, composante de type B :
évaluation des incertitudes par des moyens autres que l’analyse
& Champ proche (zone de Fresnel) : zone proche de la structure statistique des séries d’observation.
rayonnante où l’onde électromagnétique n’est pas « formée », elle
ne possède pas les caractéristiques d’une onde plane et les champs & Exposimétrie : ensemble des mesures de champ électromagné-
électriques et magnétiques varient fortement d’un point à un autre. tique de l’environnement ambiant.
E et H ne sont pas corrélés et doivent être mesurés & Fréquences et longueurs d’onde : la fréquence est le nombre de
indépendamment.
vibrations ou d’oscillations par unité de temps dans un phénomène
& Compatibilité électromagnétique (CEM) : aptitude d’un disposi- périodique ; la plupart des champs varient sinusoı̈dalement à une
tif, d’un appareil ou d’un système à fonctionner dans son environ- fréquence v, exprimée en Hz, kHz, MHz ou GHz. Dans un milieu
nement électromagnétique de façon satisfaisante et sans produire donné, caractérisé par sa permittivité e et sa perméabilité m, les
lui-même de perturbations électromagnétiques intolérables pour ondes électromagnétiques se propagent à une vitesse qui est
tout ce qui se trouve dans cet environnement. égale à la vitesse de la lumière c dans le vide et aussi pratiquement
dans l’air. La longueur d’onde l est liée à la fréquence par la
& Débit d’absorption spécifique (DAS ou SAR en anglais) : le DAS, relation :
exprimé en watt par kilogramme (W/kg), représente la puissance
radiofréquence (RF) absorbée par unité de masse d’un tissu biolo- λ = c /v
gique exposé à un champ électrique E (en V/m) et caractérisé par sa
conductivité électrique s (en S/m) et sa densité de masse r (en & Incertitude élargie : grandeur définissant un intervalle autour
kg/m3) : d’un résultat de mesure, dont on peut s’attendre à ce qu’il com-
prenne une fraction élevée de la distribution des valeurs qui pour-
σE 2 raient raisonnablement être attribuées à la mesure.
DAS =
ρ
& Intensité de champ électrique : valeur du module du champ élec-
& Densité du courant : courant traversant une unité de surface per- trique E ; elle s’exprime en volt par mètre (V/m).
pendiculaire au flux de courant dans un volume conducteur & Intensité de champ magnétique : valeur du module du champ
comme le corps humain ou une partie de ce dernier. Elle s’exprime magnétique H ; elle s’exprime en ampère par mètre (A/m).
en ampère par mètre carré (A/m2).
& Niveau de fuite (en hyperfréquences) : densité de puissance en
& Densité de flux magnétique ou induction magnétique (B) : c’est
n’importe quel point accessible situé à une distance d’au moins
une grandeur vectorielle équivalente au champ magnétique dans 5 cm (« 2 pouces ») d’une installation à hyperfréquences. Il s’ex-
l’air et dans les milieux biologiques. Elle s’exprime en tesla (T) prime en W/m2 ou plus pratiquement en mW/cm2.
avec la relation d’équivalence suivante : 1 A/m = 4 p.10-7 T.
Le gauss (G), bien qu’unité non légale, peut encore être rencon- & Niveaux de référence : les niveaux de référence sont exprimés
tré (1 mT = 10 mG). sous la forme d’un champ électrique, d’un champ magnétique ou
d’une densité de puissance.
& Densité de puissance surfacique S ou vecteur de Poynting : le
vecteur de Poynting indique la direction de propagation d’une & Polarisation : orientation du plan contenant le vecteur champ
onde électromagnétique. Le flux du vecteur de Poynting à travers électrique E et la direction de propagation de l’onde :
une surface est égal à la puissance véhiculée par l’onde à travers – dans le cas où ce plan est fixe, la polarisation est dite « linéaire »
cette surface. Le module de ce vecteur est donc une puissance par de type vertical si le vecteur E est vertical et de type horizontal si le
unité de surface, c’est-à-dire un flux d’énergie qui s’exprime en vecteur E est horizontal ;
watt par mètre. – si le plan tourne, elle est dite « tournante » de type elliptique ou
Selon les publications, la même grandeur est appelée « densité circulaire selon la courbe décrite par l’extrémité du vecteur champ
de puissance » (recommandation européenne), « densité de puis- électrique en fonction du temps.
sance surfacique » (norme EN 12198-2), « densité du flux de puis-
L’utilisation de capteurs triaxiaux ou à réponse isotrope permet
sance » ou « flux énergétique » (norme EN 61566).
de s’en affranchir en grande partie pour les mesures.
& Dosimétrie : la dosimétrie, par l’intermédiaire du DAS, quantifie
& Principe de précaution : principe tel que l’absence de certitudes
l’exposition aux champs électromagnétiques des personnes, des
(compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du
animaux ou des cellules vivantes.
moment), se joignant à une grande complexité, ne doit pas retarder
& Effet biologique : réaction de l’organisme en réponse à un fac- l’action ; ce principe, par l’adoption de mesures effectives et pro-
teur extérieur et n’ayant pas forcément de conséquence sur la portionnées, vise à prévenir un risque de dommages graves et irré-
santé. versibles, ou à atténuer ou à limiter ses conséquences, à un coût
économiquement acceptable, mais dans la perspective d’un déve-
& Effet sanitaire : effet biologique ayant un effet sur la santé. loppement durable [25].
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R933
& Puissance transportée par une onde : les ondes planes transpor-
tent de l’énergie qui se propage parallèlement au plan d’onde ; la
3. Champs
puissance est l’énergie délivrée par seconde par un système rayon-
nant, elle s’exprime en watt (W).
électromagnétiques
& Rayonnements non ionisants (RNI) : les rayonnements non ioni-
Les champs électromagnétiques font partie de notre environne-
sants sont des rayonnements dont les énergies sont insuffisantes ment physique au même titre que le bruit, la chaleur, la lumière…
pour ioniser un atome, c’est-à-dire incapables d’arracher un élec- Par référence au spectre électromagnétique, le domaine fréquentiel
tron à la matière. considéré s’étend de quelques hertz à environ 300 GHz. Toutefois,
pour des raisons d’exhaustivité, il sera étendu à 0 Hz afin d’englo-
& Restrictions de base : valeurs limites fondamentales d’exposi- ber les champs statiques. On notera que la partie haute du
tion de l’homme mais souvent difficiles à mesurer hors du labora- domaine, relative aux hyperfréquences, côtoie le domaine des
infrarouges présentant ainsi des effets similaires sur les milieux
2
toire. Le débit d’absorption spécifique et la densité de courant
induit dans le corps par les champs sont les restrictions de base biologiques.
les plus couramment utilisées. Le tableau 1 a trait aux champs statiques et, plus particulière-
ment, aux champs magnétostatiques (les champs électrostatiques
& Valeurs efficaces (RMS) : valeurs des champs d’exposition ne semblant pas présenter de risques directs ne seront pas consi-
dérés), ainsi qu’aux champs à extrêmes basses fréquences EBF (> 0
répondant à l’équation :
à 10 kHz) incluant la fréquence du secteur (50 Hz). Dans ce dernier
1 T cas, il ne s’agit pas d’ondes électromagnétiques au sens strict,
v (t ) dt
2
T ∫0
mais, principalement, de champs non rayonnants électriques et
magnétiques (les composantes rayonnées présentent, quant à
elles, des intensités de champ faibles).
avec v (t) variation du champ électrique ou du champ Le tableau 2 concerne les champs et les ondes du domaine
magnétique en fonction du temps, radioélectromagnétique divisé en trois parties :
T période du champ. – les fréquences intermédiaires de 10 kHz à 10 MHz ;
– les radiofréquences de 10 MHz à 300 MHz ;
En RNI, il est usuel, pour les émissions continues, d’afficher les – les hyperfréquences de 300 MHz à 300 GHz.
champs en valeurs RMS. Toutefois, pour les sources pulsées, les
On note que les énergies de ces rayonnements (E (eV) = 1,24 / l
champs sont souvent exprimés en valeurs crête, la valeur RMS
(mm)) restent très faibles puisque à une longueur d’onde de 1 000 m
étant alors bien souvent quasi nulle.
correspond une énergie de 1,24 neV (nano-électron-volt) et pour
En CEM, les valeurs crête, quasi crête et moyenne sont préférées une longueur d’onde de 1 m l’énergie quantique n’est que de
de façon générale. 1,24 meV.
Champs électriques ou
Champs statiques Pas de sens Nulle Nulle
magnétiques
Champs à fréquences
Champs RF et RNI 3.104 à 30 10 kHz à 10 MHz De 40 peV à 40 neV
intermédiaires
Champs RF et RNI Champs radiofréquences 30 à 1 10 MHz à 300 MHz De 40 neV à 1,24 meV
De 1,24 meV à
Champs HF et RNI Champs hyperfréquences 1 à 10-3 300 MHz à 300 GHz
1,24 meV
RF : radiofréquences
HF : hyperfréquences
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Nature des
Tableau 4 – Rayonnements ionisants
Longueur Fréquence
900 MHz
1 800 MHz
Téléphones mobiles
Téléphones mobiles
0,33 m
0,166 m
2
Énergie
champs et Désignation d’onde l v
(eV) Fours à hyperfréquences,
rayonnements (m) (Hz) 2 450 MHz 12,2 cm
Wi-Fi…
-7 15
Rayons g 10 3.10 12,4
10 GHz Radars 3 cm
Rayonnements
et à à à
ionisants
Toutefois, en ce qui concerne le cas spécifique des téléphones
rayons X 10-14 3.1022 1,24.107 mobiles fonctionnant à 900 MHz ou 1 800 MHz, en dépit de la faible
longueur d’onde, la proximité de la tête de l’utilisateur est telle que
Les tableaux 3 et 4 se rapportent à des rayonnements hors du l’on n’atteint pas les conditions de champs éloignés (l’oreille est à
domaine du présent article ; ils sont donnés à titre comparatif. Le moins de 5 cm). En conséquence, il faut tenir compte de l’impé-
tableau 3 décrit des RNI relatifs aux rayonnements optiques tels dance présentée par la tête pour caractériser les champs. Cela
que les infrarouges, la lumière visible et les ultraviolets et le nécessite soit le calcul, soit une modélisation. Il va de soi que le
tableau 4 les rayonnements ionisants dont les effets sur les orga- cas particulier de ces interactions tête-terminal mobile n’est pas
nismes vivants peuvent être dévastateurs en raison de l’énergie l’objet de cet article et qu’il est alors nécessaire de se reporter aux
quantique élevée. Pour ce dernier type de rayonnements, elle peut nombreux articles existant sur le sujet et, en particulier, les articles
atteindre des valeurs très supérieures à 12,4 eV alors qu’elle est récents tels que [27] [28] [29].
quasiment nulle pour les rayonnements radioélectromagnétiques.
Entre les fréquences dites « HF » et celles dites « infrarouges », il
est coutume de parler de « fréquences térahertz ». Le domaine THz 4. Environnement
est situé à cheval entre les domaines des hautes fréquences micro-
ondes et celui des plus basses fréquences de l’infrarouge. Les fré- radioélectrique
quences correspondantes vont de 300 GHz à 10 THz, soit de 10 mm
à 3 mm. Les photons THz possèdent des énergies de 1,24 meV à
400 meV. Les énergies des photons sont relativement faibles. C’est Dans notre vie quotidienne, les champs électriques, magnétiques
une énergie faible par rapport aux transitions électroniques des et électromagnétiques actuels peuvent avoir quatre origines : natu-
atomes et molécules, qui sont de l’ordre de 1 eV et de l’ordre de relle, domestique, industrielle, scientifique et médicale. Le rayonne-
grandeur de l’énergie thermique à température ambiante ment environnemental ne résulte pas d’une source simple, il faut
(kBT = 24,5 meV à 25 C). Typiquement, ces ondes dites «THz » peu- généralement considérer les champs radiatifs résultants. Une
vent être abordées par les technologies optiques et micro-ondes. description complète des sources de rayonnement électromagné-
tique est donnée par J.C. Alliot [2] [12] [13].
Quelques fréquences caractéristiques et leur longueur d’onde
associée sont rappelées, à titre d’exemples, dans le tableau 5 pour
des émissions spécifiques. 4.1 Sources de rayonnement d’origine
Il est communément admis que, pour une antenne dipôle, l’onde naturelle
est dite « formée » à une distance supérieure à l/2p. Pour les dis-
Les sources des rayonnements naturels couvrent un spectre à
tances inférieures, on dit « être en champ proche ». La transition
très large bande, du continu à quelques gigahertz, et participent à
entre champs proches et champs lointains est progressive et ce
tout l’environnement électromagnétique dans lequel la population
n’est qu’à 10 fois l/2p, soit 1,6 l que l’on peut considérer être réel-
humaine est immergée. Les sources de rayonnement naturel pro-
lement en champ éloigné. La zone comprise entre l/2p et 1,6 l est
viennent de divers mécanismes physiques produits par la présence
une zone de transition entre les deux systèmes de propagation.
permanente (dans l’ionosphère, par exemple) ou la création des
L’onde sera définitivement formée seulement à 480 m pour particules chargées dans notre environnement (effet triboélectrique
1 MHz, à 18 m pour 27 MHz et à 52 cm pour 900 MHz à condition, en cas de quelques décharges électrostatiques, par exemple).
toutefois, que les dimensions de la source d’émission soient nette-
ment plus petites que la longueur d’onde (inférieures au moins à 4.1.1 Rayonnement électromagnétique du soleil
10 fois la longueur d’onde).
Le soleil rayonne les ondes électromagnétiques dont le spectre
En conséquence, pour toute mesure à faible distance des sources s’étend des ondes décamétriques aux rayons g tout en passant par
d’émission, ce qui est souvent le cas des expositions professionnel- la lumière visible. Les ondes radio émises par le soleil viennent prin-
les, la difficulté s’accroı̂t quand la fréquence diminue. Il est généra- cipalement des plasmas constituant la chromosphère et la corona.
lement plus aisé de caractériser l’exposition à 2 450 MHz qu’à Les ondes centimétriques correspondent aux basses couches de la
27 MHz. chromosphère tandis que la corona émet les ondes décamétriques.
61
2
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5. Conclusion........................................................................................ — 17
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. R 934
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décrire les « bonnes » pratiques de laboratoires.
L’article est séparé en 2 parties. La première décrit les champs radioélectri-
ques et en fixe le cadre réglementaire (partie 1 : environnement radioélec-
trique), tandis que la seconde partie, plus technique, décrit la mesure des
champs et ses difficultés dans son interprétation (partie 2 : exposimétrie).
que cela est nécessaire. Ces mesures, effectuées par des personnes
1. L’environnement compétentes, auront les objectifs suivants :
radioélectrique à mesurer – répondre aux inquiétudes des personnes, en quantifiant par la
mesure, les valeurs réelles d’exposition de leurs lieux de vie (rési-
dence, travail ou autres) et délivrer un rapport donnant une appré-
ciation sur la qualité électromagnétique de l’environnement
1.1 Nécessité de connaı̂tre ambiant ;
l’environnement radioélectrique – effectuer une cartographie en 3D des champs à proximité de
sites, d’appareils ou d’installations pour lesquels on peut craindre
L’homme ne peut échapper à son environnement électromagné- l’existence de champs élevés en termes d’hygiène publique et
tique, qu’il soit naturel ou qu’il soit artificiel. Il est patent que les industrielle. Ces champs locaux seront comparés aux niveaux de
sources d’émission prolifèrent et exposent l’homme moderne à un référence reconnus. Tout dépassement excessif devra alors déclen-
environnement que ses prédécesseurs n’ont pas connu, à l’excep- cher une action de prévention permettant de réduire les intensités
tion, bien sûr, des champs naturels. Face à cette pollution électro- des champs.
magnétique, et au seul niveau sanitaire, il est parfaitement légitime
de se poser des questions sur ces expositions et leur niveau de
puissance. 1.2 Que doit-on mesurer ?
Parallèlement à cette forte croissance des sources radiofréquen-
ces, se développe une interrogation du public s’inquiétant de la 1.2.1 Niveaux de fuite près des matériels
position précautionneuse des scientifiques qui ne peuvent affirmer hyperfréquences
définitivement l’innocuité de l’exposition aux champs d’intensité
modeste rencontrée quotidiennement par l’homme. De plus, cer- Le niveau de fuite est la densité de puissance en n’importe quel
tains effets spectaculaires dus aux champs RF peuvent accroı̂tre la point accessible situé à une distance d’au moins 5 cm (« 2 pouces »)
suspicion à leur encontre : allumage d’un tube fluorescent non d’un matériel fermé dans lequel évoluent des hyperfréquences. Il
connecté au secteur à proximité d’un émetteur, lévitation magné- est toutefois très représentatif de la qualité des blindages dans le
tique de couverts dans une cantine localisée à proximité d’électro- cas d’applicateurs fermés. Sa mesure est fortement recommandée,
lyseurs, instabilité des images de téléviseurs et de moniteurs, dys- mais elle n’a de sens qu’autour des installations à hyperfréquences.
fonctionnements d’ordinateurs à proximité d’un transformateur… Les niveaux de fuite peuvent alors être confondus dans certains cas
Autant d’effets aisément explicables par la compatibilité électroma- avec les niveaux d’exposition. Par exemple, quand on regarde par
gnétique, mais difficilement acceptables pour une grande partie du le hublot de la porte d’un four à micro-ondes ou quand un ouvrier
public, ayant des difficultés à admettre que l’action spectaculaire observe un processus par le hublot d’un tunnel de déshydratation.
sur des systèmes électroniques de grande sensibilité ne soit pas
transférable à l’homme.
1.2.2 Grandeurs physiques à mesurer
N’oublions pas toutefois les effets réels et avérés :
– l’échauffement du corps de l’opérateur exposé à des champs In situ, en milieu industriel ou domestique, si les restrictions de
élevés, en situation industrielle, à proximité de fours à induction base ou valeurs limites fondamentales d’exposition doivent être
ou d’électrodes de presses à haute fréquence ; respectées, ce sont en fait les niveaux de référence dérivés des pre-
– le dysfonctionnement possible d’implants électroniques médi- mières qui serviront à caractériser effectivement l’exposition. En
caux (stimulateurs cardiaques par exemple). effet, la mesure des courants induits et de la densité d’absorption
spécifique (DAS ou SAR en anglais) dans le corps humain nécessite
Toutes ces raisons doivent inciter les responsables de la sécurité un matériel et une méthodologie spécifique de laboratoire et com-
à effectuer ou faire effectuer des mesures de champs chaque fois plètement inadaptés aux mesures sur site. Les grandeurs
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R934
physiques dérivées seront donc mesurées puis comparées aux parties du corps humain à des valeurs d’induction différentes n’est
niveaux de référence. Les grandeurs suivantes seront à mesurer : pas sans conséquences physiologiques).
– la densité de flux magnétique ou induction magnétique (B) ;
– la densité de puissance surfacique (S) ; La connaissance préalable des paramètres décrits est indispen-
– l’intensité de champ électrique (E) ; sable avant toute mesure effective afin d’assurer les meilleures
– l’intensité de champ magnétique (H). conditions possibles de relevés des grandeurs d’exposition. La
mesure électromagnétique est très délicate, la qualité de celle-
On rappelle que pour ces grandeurs, en exposition continue, ce ci requiert des expérimentateurs connaissant bien les bases de
sont les valeurs efficaces qui sont à prendre en compte, tandis que l’électromagnétisme et étant bien formés à cette discipline.
pour les sources pulsées (véhiculant des impulsions d’une durée
inférieure ou égale à 30 ms comme pour les radars) ce sont les
valeurs crête. 1.4 Évaluation a priori des champs
2
Avant de procéder à une mesure sur site, il est utile d’avoir une
1.3 Différents paramètres idée de la valeur des champs à détecter et à mesurer.
et configurations à considérer Certaines manifestations spectaculaires liées à la compatibilité
La mesure électromagnétique à des fins sanitaires est particuliè- électromagnétique telles que des dysfonctionnements de moni-
rement délicate. Pour caractériser l’exposition, il faut d’abord ana- teurs d’ordinateurs ou des bruits induits par une présence proche
lyser soigneusement l’environnement de la machine ou le site. Les d’un terminal mobile et d’un PC sont généralement induits par la
paramètres indiqués ci-dessous sont à considérer. présence de champs très faibles, et pourtant elles sont bien sou-
vent à l’origine d’interrogations et de sollicitations de la part
& Le domaine de fréquences : s’agit-il de champs statiques, à d’observateurs inquiets. Les mesures de ces champs indiquent
extrêmes basses fréquences, à fréquences intermédiaires, à radio- des valeurs faibles et bien au-dessous des niveaux de référence.
fréquences ou à hyperfréquences ?
En revanche, il en va tout autrement des sensations thermiques
& Le type d’émission électromagnétique : s’agit-il principalement désagréables, généralisées ou localisées, que l’on peut ressentir à
d’une exposition définie par une induction magnétique, un champ proximité de certains dispositifs tels que les presses à hautes fré-
électrique, un champ magnétique ou un champ électromagnétique quences, certains radars ou même parfois de fours à micro-ondes.
ou par une association de ces différentes grandeurs ? L’expérience montre que la sensation thermique ressentie dans les
& La nature de l’émission électromagnétique : s’agit-il d’une émis- membres ou à l’abdomen auprès d’un dispositif HF répond à des
valeurs de champs supérieures à 300 V/m. De même, une sensation
sion continue (cas des émetteurs de télévision) ou de nature impul-
de chaleur au niveau des mains, à proximité d’un four à hyperfré-
sionnelle (cas des radars, mais, dans ce cas, la durée et la fré-
quences correspond généralement à des densités de puissance
quence de répétition des impulsions… doivent être connues) ou
supérieures à 10 mW/cm2.
de nature discontinue (cas des presses HF) ? Est-elle modulée
(type de modulation, caractéristiques de la modulation…) ? D’autres éléments peuvent informer et renseigner de façon inté-
ressante sur les champs auxquels on s’intéresse. En effet, la préoc-
& La présence de fréquences harmoniques en plus de la fréquence
cupation électromagnétique étant toujours liée à la présence sus-
fondamentale (niveaux relatifs de ces harmoniques, rang des har- pecte d’une source identifiée (transformateur, antenne, réseau de
moniques à considérer). distribution, machine HF, four à micro-ondes…), il est presque tou-
& La distance entre l’émetteur ou l’antenne ou la fuite et le lieu jours possible d’anticiper sur la mesure et d’avoir une connais-
d’exposition : est-on dans la zone de champ proche (zone de Fres- sance approximative des champs concernés en faisant référence
nel), ou dans la zone de champ lointain (zone de Fraunhofer) ? aux données antérieurement accumulées sur des sites et autour
de machines similaires. Toutefois, cette connaissance a priori ne
& La présence de plusieurs autres sources d’émission que la seule remplace pas la mesure, mais elle la facilite.
émission dont on souhaite connaı̂tre les niveaux de champ : nature
et caractéristiques de ces autres sources. Le calcul permet d’apprécier, avec une précision acceptable, les
valeurs des densités de puissances existant à une distance d’une
& La polarisation de l’onde : l’orientation du champ électrique peut antenne, par exemple de l’antenne parabolique d’un radar, à l’aide
donner des mesures très incomplètes si l’on ne considère qu’une de la formule suivante :
seule de ses composantes. L’utilisation de capteurs isotropes met
à l’abri de ces grossières approximations, on y mesure alors direc- P
S=
tement le module de champ et non une seule de ses composantes. 4 πd 2
& La présence de matériaux absorbants ou réfléchissants dans avec P puissance fournie par l’antenne (en watt),
l’environnement de la zone à mesurer : de tels matériaux ont pour
effet de créer ou de renforcer le régime d’ondes stationnaires avec d distance (en mètre) de l’antenne à l’endroit de
génération de « nœuds » et de « ventres » de champs, rendant la mesure,
donc obligatoire des mesures de champ très localisées en fonction S densité de puissance (en W/m2) à la distance d.
de la distance.
& La dérive en fréquences des émetteurs : dans le cas des presses Ainsi pour une puissance de 1 000 W et à une distance de 1 m, la
à hautes fréquences, par exemple, l’oscillateur peut dériver de plu- densité de puissance sera de :
sieurs kilohertz, voire plusieurs mégahertz, par rapport à la fré-
quence initiale de 27 MHz. La solution palliative consiste soit à (
S = 79,6 W / m2 ou 7,96 mW / cm2 )
faire une poursuite de fréquences pour suivre la dérive, soit à tra-
vailler à bande large afin d’intégrer cette dérive dans la mesure. ce qui correspond dans l’hypothèse d’une onde plane à :
& L’importance du gradient de champ : si le gradient de champ est E = 173 V / m pour le champ électrique
important, c’est-à-dire si le champ varie fortement en fonction de la et H = 0,5 A / m pour le champ magnétique.
distance (supérieure à son doublement sur 1 m), il devra être pro-
cédé à son relevé, car c’est une donnée intéressante surtout en ce Bien entendu, ce type de calcul possède ses limites de validité et
qui concerne l’induction magnétique (l’exposition des différentes doit être utilisé avec circonspection.
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R934
De même, dans le cas d’une ligne d’alimentation à 50 Hz, de la appliqués comme l’effet Hall utilisé pour la mesure de champ et
bobine d’un four d’induction parcourue par un courant EBF ou des d’induction magnétiques, ou différents effets électro-optiques (Poc-
électrodes d’une presse HF alimentée par une tension HF, les lois et kels et Kerr). Ces deux derniers ne sont utilisés qu’en laboratoire et
formules de l’électromagnétisme s’appliquent et permettent de cal- non pour des appareils de terrain. Il en est de même pour une
culer les valeurs de champs à une distance donnée. sonde non interférente utilisant trois phototransistors modulés
optiquement. Ces sondes présentent un grand intérêt quand il
Exemple : un conducteur parcouru par un courant I, connu ou s’agit de bien connaı̂tre les valeurs exactes de champs transmis à
mesuré, à la fréquence du secteur, entraı̂ne une valeur d’induction un milieu donné (pour le traitement thermique de produits ou en
magnétique, à une distance d du conducteur, calculable à l’aide de électrothérapie), mais ne sont pas adaptées pour des mesures sur
la formule de Biot-Savart : site.
µ0 l Une sonde plongée dans un environnement électromagnétique
B= délivre un signal thermique ou un signal électrique (une tension,
2πd
un courant, une résistance) représentative de l’intensité des
2
avec m0 = 4p x 10–7 H/m, champs rencontrés à une fréquence identique. Une détection de
perméabilité du vide. ce signal est nécessaire afin de délivrer un signal électrique continu
à champ constant, exploitable par l’appareil de mesure. La fonction
À 6 cm du conducteur, la valeur de l’induction sera de 16 mT. de détection, assurée par diodes ou par thermocouples, est locali-
Avec deux conducteurs parcourus par le même courant mais en sée dans l’unité sensible avec le capteur ou avec l’unité de traite-
sens inverse, l’induction aura pour valeur 235 mT, inférieure à celle ment (c’est le cas quand est utilisé un mesureur de champ).
calculée ci-dessus.
Dans le cas où le capteur est uni-axial (une boucle ou une
antenne), la valeur mesurée est dépendante de la direction de pro-
Convenons qu’il s’agit de configurations théoriques, simples et
pagation et de la polarisation du champ, ce qui est un handicap
que dans la réalité, il faudra utiliser un modèle plus élaboré afin
sérieux dans la mesure où une seule composante du champ est
de tenir compte d’autres conducteurs avec des géométries diverses
mesurée. Deux solutions sont envisageables :
ou de la présence de transformateurs tout cela rendant les calculs
parfois laborieux. – la première solution consiste à orienter la sonde de façon à
déceler le champ maximal (il s’agit en fait de rechercher « le pire
En définitive, la mesure sur site quand c’est possible est la cas » correspondant à l’exposition réelle en ce point). Cela n’est
meilleure solution pour caractériser une exposition réelle. pas toujours aisé, et peut très vite être une source d’erreurs impor-
tantes dans l’évaluation des champs ;
– il est préférable d’adopter une seconde solution qui est de tra-
vailler avec des sondes isotropes dispensant ainsi l’opérateur de
2. Matériels pour les mesures l’orientation du capteur. Une sonde isotrope, qu’elle soit électrique
ou magnétique, est réalisée par l’association de trois sondes uni-
des rayonnements non axiales disposées pour relever les trois composantes du champ
selon les axes x, y et z. Un traitement approprié permettra par la
ionisants suite de calculer la valeur effective du champ. Toutefois, l’isotropie
parfaite n’existe pas, ce qui entraı̂ne toujours une incertitude dans
les mesures.
2.1 Chaı̂ne de mesure Un autre phénomène peut s’avérer gênant en situation réelle : il
s’agit de la sensibilité d’une boucle magnétique, destinée à mesu-
Toute mesure implique la mise en œuvre d’une chaı̂ne de mesure rer le champ magnétique, aux effets du champ électrique associé.
comportant, de façon séparée ou intégrée, deux éléments Cela se traduit par l’apparition aux bornes de la boucle d’une ten-
(figure 1) : sion parasite faussant la mesure du champ magnétique. Dans ce
– une unité sensible à la grandeur physique à mesurer ; cas, il faut compenser ce phénomène par la construction de deux
– une unité de traitement et un système d’affichage. boucles imbriquées, compliquant un peu plus la réalisation et
posant le problème de compensation satisfaisante sur toute la
2.1.1 Unité sensible à la grandeur physique gamme des fréquences. La détermination du champ électrique
à mesurer doit faire l’objet d’une mesure séparée à l’aide d’un appareillage
approprié.
Cette unité délivre en sortie un signal proportionnel à la grandeur
physique. Cette dernière est un des niveaux de référence défini
2.1.2 Unité de traitement du signal et système
dans le tableau 7 de [R 933v2]. Elle peut être le champ électrique E
le champ magnétique H, l’induction magnétique B ou la densité de
d’affichage
puissance équivalente en onde plane S. Elle permet de délivrer à l’utilisateur l’information concernant les
L’unité sensible est composée principalement d’un capteur valeurs mesurées. Elle peut être accomplie par un mesureur de
appelé communément sonde. Le capteur est généralement une champ (qui est en fait un récepteur HF), un analyseur de spectre,
antenne pour le champ électrique, un cadre ou une boucle pour le un oscilloscope ou plus communément, en mesure RNI, par un
champ magnétique. Mais d’autres effets physiques peuvent être appareil spécifique à large bande, dédié expressément à cette
application.
L’unité de traitement reçoit un signal en provenance de l’unité
sensible par l’intermédiaire d’une liaison filaire, optique ou her-
Grandeurs Unité tzienne afin de présenter à l’afficheur un signal approprié. Le traite-
physiques Unité sensible de traitement ment contient éventuellement un détecteur (dans le cas où il n’a
à mesurer à la grandeur Liaisons du signal pas été traité au niveau de la sonde), une fonction d’adaptation
(E,H,B ou S) physique et affichage automatique à la sonde utilisée (dans le cas où différents types de
sondes peuvent être mis en œuvre), une fonction d’amplification et
éventuellement de filtrage (pour réduire le bruit électronique) et
une fonction de calcul afin de présenter les valeurs de champs en
Figure 1 – Synoptique d’une chaı̂ne de mesure RNI unités électriques efficaces vraies. Certains appareils comportent,
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2
Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE)
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2
gie d’origine fossile et le dérèglement climatique ont généré une variété de
défis avec l’intégration des énergies renouvelables dans le bilan énergétique
global. Ces différents aspects y sont également évoqués. De la même manière,
les perspectives d’une nouvelle économie engendrée par les programmes d’in-
vestissements massifs entrepris de par le monde sont explorées.
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Toutefois, avec environ 159 gigawatts (GW) de générateurs Le smart grid se situe ainsi à la convergence de deux mondes :
éoliens disséminés de par le monde fin 2009, les petits parcs celui des télécommunications et celui des réseaux électriques tradi-
éoliens disposaient tout de même d’une capacité collective de tionnels dont il fait converger les attributs et capacités dans le but
340 térawattheure (TWh) d’énergie produite annuellement, soit de les transformer en réseaux Internet de l’énergie.
2 % de la consommation globale d’énergie électrique. Dans cette Les prochaines sections discutent les différences entre les
répartition, le Danemark (20 %), l’Espagne et le Portugal (14 % cha- réseaux électriques conventionnels et les réseaux électriques intel-
cun) et l’Allemagne et l’Irlande (7 % chacun) figurent parmi les pays ligents. Un accent particulier est notamment porté sur l’importance
ayant réussi une intégration relativement importante des parcs de ces derniers quant à l’efficacité énergétique et les défis techno-
éoliens dans leurs réseaux électriques. À titre de comparaison, logiques soulevés par l’intégration des EnR dans le bilan énergé-
aux États-Unis, les objectifs en termes de part d’EnR dans le bilan tique global.
énergétique global sont chiffrés à 20 % d’ici 2030 [4].
L’énergie solaire connaı̂t également une intégration relativement
élevée dans les réseaux électriques. On estime à environ 50 % la
1.2 Topologie des réseaux électriques
traditionnels et intelligents
2
quantité de rayonnement solaire qui atteint la surface émergée de
la Terre. Soit environ 86 000 TW disponibles chaque jour et suscep-
& Le modèle traditionnel de production et de distribution d’électri-
tibles d’être convertis en énergie solaire (thermique et photovol-
cité consiste en un schéma centralisé, incorporant une part non
taı̈que). Recouvrir environ 0,22 % de la surface des continents par
négligeable de centrales à combustible fossile (centrales de pro-
des collecteurs de cette énergie (panneaux solaires, panneaux pho-
duction dont EDF est le garant). Ces réseaux électriques conven-
tovoltaı̈ques) avec un rendement de 8 % permettrait de satisfaire la
tionnels sont des systèmes de production-consommation macro-
consommation globale d’énergie au rythme actuel [4].
scopiques passifs et unidirectionnels. En France (et dans la grande
Pour incorporer de manière accrue les EnR, le paysage énergé- majorité des cas à travers le monde), le réseau électrique est divisé
tique doit donc évoluer vers une production diversifiée et en trois niveaux :
décentralisée. Des modèles économiques ont été développés pour – le réseau de transport (transport et interconnexions) utilisé
évaluer l’efficacité énergétique des EnR en fonction de leur pour acheminer de grandes quantités d’énergie depuis les installa-
emplacement, de l’influence des mécanismes réglementaires et de tions de production (centrales) vers les centres de consommation.
tarification [2], [5], [6]. Ce transport s’effectue sur de grandes distances par des lignes
En électricité, le caractère intermittent des productions d’EnR, aériennes ou des câblages souterrains en haute tension (HTB,
associé au fait que l’énergie électrique ne se stocke pas, impose 400 kV ou 225 kV en France). La configuration de ce réseau peut
de recourir à une structure de gestion capable d’aider à maintenir être soit radiale, ou maillée en fonction des régions (figure 1). RTE
l’équilibre du réseau. Les gestionnaires du réseau doivent être en est le garant de ce réseau en France ;
mesure de connaı̂tre en « temps réel » le profil de production/ – le réseau de répartition (HTA, 225 kV, 90 kV et 63 kV en France)
consommation ainsi que la stabilité du réseau et la qualité de pour le transport de l’énergie électrique à l’échelle régionale. Les
l’énergie fournie. Ceci passe par la mise en place d’un smart grid consommateurs industriels ainsi que les réseaux de distribution
pour surveiller et contrôler le réseau grâce à la gestion de flux sont raccordés à ce niveau (figure 1). La connaissance de la charge
importants de données. du réseau et de la disposition des infrastructures de production
Réseau de transmission
Jusqu’à
Réseau de distribution ~ 150 MW
Centrale de
Sous-stations Réseau production urbaine
Réseau rural ~ 5 MW urbain
HTA ~ 2 MW
(63 kV)
Consommateurs
Ferme industriels
~ 400 kW
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connectées permet de mieux répartir l’énergie disponible et contrô- sont caractérisées par de multiples programmes à petite échelle
ler le réseau. Ce réseau dépend également de RTE ; intégrant des EnR.
– le réseau de distribution, utilisé pour acheminer l’énergie élec- & Les smart grids sont ainsi des systèmes actifs consistant en de
trique des postes de transformation (HTB/HTA) vers les utilisateurs
multiples réseaux d’énergie bidirectionnels autonomes, intercon-
particuliers et les PME et PMI. Ce réseau est à la fois exploité en nectés et fonctionnant en parallèle. Ce qui implique des mécanis-
haute tension (HTA, entre 15 kV et 20 kV en France) et basse tension mes de surveillance, de stockage d’énergie, de contrôle et d’autoci-
(BTB à 400 V en régime triphasé et BTA à 230 V en régime mono- catrisation de chacun de ces sous-réseaux.
phasé). C’est à ce niveau que sont généralement introduites les
EnR. La figure 2 présente un exemple de topologie d’un sous-réseau
de distribution intelligent [7] [8] [9]. Les fonctionnalités de stockage
Cependant la topologie des réseaux basse tension est plutôt d’énergie et d’intégration d’EnR sont implémentées de manière à
arborescente et mal connue, du fait de l’évolution perpétuelle à la rendre le réseau électrique bidirectionnel. De plus, les réseaux
fois du nombre et du type d’équipements présents. L’autre raison sont ici utilisés aussi bien en courant continu qu’en courant alterna-
est liée à l’absence de dispositifs de surveillance et de contrôle de tif. Suivant les conditions climatiques notamment, ces sous-
2
l’état du réseau. En France, le réseau de distribution appartient, réseaux pourront soit être perçus comme des centres de consom-
dans la grande majorité des cas, aux collectivités locales qui en mation, ou comme des centres de production.
confient la gestion à ERDF. Enfin le réseau est surveillé et contrôlé en temps réel grâce à des
Des changements radicaux doivent donc être appliqués aux données récoltées en divers endroits par des instruments de
réseaux électriques traditionnels pour garantir la sécurité de mesure. La connaissance de la topologie du réseau fournit des
l’approvisionnement, l’intégration accrue des EnR et par consé- informations indispensables pour l’optimisation de la répartition
quent la réduction du rejet dans l’atmosphère des gaz à effet de de l’énergie électrique.
serre.
En outre, de nouveaux usages de l’électricité tels que le véhicule 1.3 Efficacité des réseaux électriques
électrique (VE) doivent être pris en considération comme charge intelligents
supplémentaire sur le réseau et comme moyen de stockage de
l’électricité. Ce qui conduit à envisager une nouvelle topologie des Par opposition aux moyens de production traditionnels de l’éner-
réseaux électriques dans laquelle les sources d’approvisionnement gie électrique (centralisés et pilotables), les EnR sont à la fois
Infrastructure
réseau
Compteur
intelligent
Réseau de (Smart Meter)
VE
distribution : EnR
230 V - 400 V
St
Figure 2 – Topologie d’un réseau de distribution intelligent : cette approche montre l’évolution d’un réseau traditionnel vers un smart grid
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intermittentes et réparties de manière diffuse sur l’ensemble d’une nouvelles normes doivent être rédigées, et de nouveaux cadres
région. Ces caractéristiques impactent considérablement la gestion réglementaires fixés pour faciliter l’interopérabilité à tous les
des réseaux électriques. niveaux.
En effet, du fait que l’énergie électrique ne peut être stockée sous Le but n’est pas de complètement remplacer le réseau électrique
sa forme utile (le stockage est plutôt réalisé sous forme chimique traditionnel, mais de le faire évoluer graduellement vers un réseau
avec les batteries, cinétique avec les volants d’inertie, hydraulique intelligent en incorporant des outils tels que les compteurs intelli-
avec les barrages hydroélectriques…), il est primordial qu’elle soit gents, des capteurs et autres synchrophaseurs (voir sec-
injectée sur le réseau sitôt produite afin de minimiser les coûts dus tion § 2.1.1.2). Ces dispositifs fournissent une information sur l’état
à sa transformation sous une forme facilement stockable. du réseau en quasi-temps réel à des fréquences élevées (de l’ordre
Par ailleurs, la gestion des pics de consommation implique de de, voire supérieures à trente fois par seconde), alors que les dispo-
recourir à des réserves de puissance en partie constituées de cen- sitifs classiques ne renvoient des informations pertinentes qu’une
trales thermiques dont le combustible provient des énergies fossi- fois toutes les deux à quatre secondes.
les. Ce qui va à l’encontre de la politique de réduction des rejets D’autre part, dans un schéma d’interconnexion de systèmes
dans l’atmosphère de gaz à effet de serre. De plus, du fait d’une
utilisation ponctuelle, ces centrales ont un coût marginal de fonc-
tionnement élevé. Ce qui les rend moins rentables.
complexes et asynchrones, la construction de lignes à haute ten-
sion en courant continu (HVDC, High Voltage Direct Courant) appa-
raı̂t comme la solution pour à la fois limiter les pertes en lignes et
2
L’intégration massive d’EnR sur le réseau électrique permet de transporter une puissance plus importante et de manière plus effi-
s’affranchir de ce recours. Les EnR sont en effet en grande majorité cace. En effet, environ deux tiers de la puissance utile disponible en
introduites sur les réseaux de distribution, au plus près des lieux de sortie des centrales de production sont perdus suite à des proces-
consommation. Ce qui requiert la restructuration d’un réseau au sus de conversion de puissance et des pertes en ligne.
départ unidirectionnel pour fonctionner en réseau bidirectionnel. Par ailleurs, dans le schéma traditionnel de production et de dis-
Le smart grid – grâce à une architecture plus complexe et maillée tribution de l’énergie électrique, les centres de production sont
plus localement – est un réseau capable d’intégrer les actions de généralement éloignés des lieux de consommation. Un autre défi
tous ses utilisateurs (producteurs et consommateurs). technologique adressé par le smart grid consiste donc à réduire
Grâce à un réseau de capteurs disséminés sur son ensemble, le considérablement la distance séparant ces deux groupes d’acteurs.
smart grid permet de mieux gérer l’afflux important d’EnR, localiser Ce faisant, les pertes en lignes dues au transport sur de grandes
plus efficacement les défauts et suivre la propagation de phénomè- distances seront également réduites.
nes perturbateurs [10] [11]. En effet, dans leur configuration actuelle, les réseaux électriques
Du point de vue du consommateur, une directive européenne de traditionnels sont peu enclins à intégrer de manière accrue les EnR,
septembre 2010 impose le déploiement de compteurs « communi- du fait du caractère intermittent de ces dernières. Poursuivre leur
cants » (voir section § 4.4). Il s’agit de dispositifs permettant des intégration requiert de redessiner l’architecture de contrôle des
opérations à distance telles que la lecture de la consommation réseaux électriques, de mettre en place de nouveaux scénarii de
réelle ou encore un changement de puissance entre autres. planification et de stockage pour mieux adresser la demande en
énergie.
La mesure des flux d’énergie au moyen de ces compteurs donne
un aperçu de la demande. Le prototype français de compteur intel- Enfin, l’autre défi majeur concerne la question de la sécurité
ligent (Linky) a ainsi été expérimenté entre 2010 et 2012 dans d’accès aux données personnelles prélevées. En effet, il n’est pas
l’agglomération lyonnaise (environnement urbain) et en Indre-et- inenvisageable qu’un individu quelconque puisse reconstituer
Loire (environnement rural). l’emploi du temps (au jour le jour) d’une tierce personne en se réfé-
rant à son profil de consommation. Implémenter le smart grid
Le déploiement des compteurs incite les consommateurs à limi-
exige donc également de disposer d’outils efficaces en matière de
ter leur consommation pendant les périodes pleines (où le prix de
cybersécurité.
l’électricité est élevé). Ce qui permet de lisser la courbe de charge
(effacement) par recours aux EnR. Le smart grid prévient les pertes
d’énergie et offre une meilleure efficacité globale et durable en
décentralisant certaines fonctions de gestion du réseau électrique.
2. Réseaux électriques
1.4 Défis technologiques intelligents (smart grids)
La consommation mondiale d’énergie est prévue connaı̂tre une
augmentation de 44 % entre son niveau de 2006 et celui attendu
pour 2030 [12]. Et, du fait d’une grande dépendance de nos sociétés Le smart grid est une évolution des réseaux d’électricité tradi-
vis-à-vis des technologies électroniques, une rupture de la fourni- tionnels vers une plus grande dépendance à l’égard des technolo-
ture en électricité revêt aujourd’hui un caractère dramatique. gies de communication, de calcul et de contrôle à distance afin
d’exploiter efficacement les EnR. Cela conduit à réduire de manière
Le réseau électrique doit faire face à la fois à une demande gran-
significative l’impact de notre consommation d’énergie sur
dissante de la fourniture en énergie électrique et à la nécessité de
l’environnement.
révolutionner le schéma production-transport-distribution de l’élec-
tricité. D’une approche au départ unidirectionnelle et centralisée, le Le smart grid intègre un réseau de capteurs (compteurs intelli-
réseau électrique de distribution se voit proposer de nouveaux gents et synchrophaseurs ou PMU (voir section § 2.1.1)) disséminés
défis, avec l’intégration accrue des EnR et l’incorporation des VE à la fois sur les réseaux de transport et de distribution. Ces disposi-
dans le paysage énergétique. La réponse à ces défis passe par un tifs renseignent en quasi-temps réel sur l’état du réseau selon le
schéma de distribution bidirectionnel dans lequel les consomma- schéma représenté sur la figure 3. De fait, ils permettent d’amélio-
teurs d’antan deviennent également fournisseurs d’énergie. rer la fiabilité des systèmes de fourniture de l’énergie électrique
ainsi que la qualité et la sécurité de l’approvisionnement en
Le succès du smart grid dépend par ailleurs grandement du
énergie.
développement d’outils (instruments de mesure, méthodes d’ana-
lyse et de traitement des données…) de surveillance et de contrôle Ce type de réseau permet également aux consommateurs d’avoir
permettant d’assurer à tout moment la qualité de la fourniture de une meilleure compréhension et un meilleur contrôle de leur profil
l’énergie électrique, la stabilité et la sécurité du réseau. De de consommation et des coûts de l’énergie.
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Gestionnaires
Service public
de l’énergie
PMU PMU
PMU
2
PMU
Énergies
renouvelables (EnR) PMU
Figure 3 – Représentation schématique d’un smart grid incorporant les différents acteurs majeurs
2.1 Systèmes de surveillance À ces paramètres sont associées, d’un point de vue métrolo-
gique, les erreurs (définies dans la norme IEEE C37.118 [13], [14])
et de contrôle correspondant aux processus de leur mesure. Ces erreurs sont :
L’atteinte des objectifs affichés par le smart grid est fortement – l’erreur sur la mesure de phaseur (Total Vector Error, TVE) ;
conditionnée par les systèmes de surveillance et de contrôle implé- – l’erreur associée à la mesure de fréquence (Frequency Error,
mentés. Ces systèmes consistent, dans la majorité des cas, en des FE) ;
réseaux de PMU judicieusement positionnés (figure 3) sur le – l’erreur associée à la vitesse de variation de la fréquence
réseau électrique, de manière à fournir des informations sur la qua- (ROCOF Error, RFE).
lité et la stabilité de ce dernier (voir section 2.1.1).
Les PMU sont les outils de prédilection des opérateurs de
Cependant, la configuration actuelle des réseaux électriques ne réseaux pour la surveillance, la protection et le contrôle de réseaux
permet pas un déploiement rapide de ces dispositifs pour plusieurs électriques intelligents étendus [15], [16]. Il existe de nombreux
raisons : modèles actuellement disponibles sur le marché. Cependant, du
– la nécessité d’accommoder les instruments de mesure actuelle- fait du retard pris en termes de normalisation sur les fonctions rem-
ment en phase de développement aux services implémentés sur plies par un PMU, différentes technologies de mesure (impliquant
les smart grids. De nouvelles normes sont en cours de rédaction différents degrés de précision et incertitudes de mesure) leur sont
pour répondre à ce besoin ; associées. Une infrastructure métrologique est actuellement déve-
– l’absence d’interopérabilité entre les différents modèles déve- loppée autour de ces questions (technologies de mesure et outils
loppés par différents fabricants ; d’analyse de données) [17] à [21].
– l’incapacité de l’infrastructure centralisée à accueillir un flux Les PMU peuvent soit être des dispositifs indépendants ou
important de données en temps réel. consister en de fonctions PMU implémentées à l’intérieur de dispo-
sitifs dits « intelligents ». Les données fournies par les PMU sont
2.1.1 Mesures référencées par rapport au temps collectées et répertoriées au niveau de concentrateurs de phaseurs
GPS (vecteur-mètre) (PDC, Phasor Data Concentrator). Les PDC comparent les informa-
Connaı̂tre en temps réel l’état du réseau électrique est une étape tions issues de plusieurs PMU pour connaı̂tre l’état du réseau en
cruciale pour l’intégration réussie d’EnR dans le réseau électrique. temps réel.
Pour réaliser cette fonctionnalité, le vecteur-mètre réseau ou syn-
chrophaseur (ou encore PMU, Phasor Measurement Unit) mesure 2.1.1.1 Fondamentaux sur les mesures de phaseurs
de manière synchrone avec le temps UTC (voir section 2.1.1.2), Les réseaux de transport sont en général peu sujets à des pertur-
dont le GPS (Global Positioning System, il est actuellement le meil- bations de grande ampleur. Il n’est donc pas nécessairement utile
leur moyen de dissémination du temps UTC), les signaux de cou- de sonder en permanence l’état des réseaux de transmission. Un
rant et/ou de tension sur le réseau (aux points de connexion, recours toutes les deux à trois secondes aux données fournies par
figure 4), afin d’en déduire les paramètres pertinents suivants des systèmes de type SCADA (Supervisory Control And Data
quant à la gestion du réseau : Acquisition) est souvent suffisant pour connaı̂tre l’état du réseau
– la fréquence (f) ; de transport et maı̂triser les transits importants de puissance sur
– la vitesse de variation de la fréquence par rapport au temps des réseaux étendus.
(Rate of Change of Frequency, ROCOF) ; Cependant, le déploiement de plus en plus marqué des solutions
– les phaseurs du courant ( X I ) et de la tension ( X V ) (sous- smart grids (EnR distribuées, VE…) implique de connaı̂tre en per-
section 2.1.1.1) ; manence l’état du réseau. Ce qui est possible avec l’utilisation des
– les phases du courant (fI (t)) et de la tension (fV (t)). PMU. L’une des différences majeures entre PMU et systèmes
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