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ÉNERGIES

Ti302 - Réseaux électriques et applications

Réseaux électriques industriels


et tertiaires

Réf. Internet : 42265 | 3e édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Réseaux électriques et applications
(Réf. Internet ti302)
composé de  :

Généralités sur les réseaux électriques Réf. Internet : 42261

Réseaux électriques de transport et de répartition Réf. Internet : 42263

Réseaux électriques de distribution publique Réf. Internet : 42264

Réseaux électriques industriels et tertiaires Réf. Internet : 42265

Problématiques communes des réseaux électriques : du Réf. Internet : 42266


fonctionnement au comptage

Problématiques communes des réseaux électriques : Réf. Internet : 42267


ingénierie

Applications électromécaniques Réf. Internet : 42268

Électrothermie industrielle Réf. Internet : 42270

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Réseaux électriques et applications
(Réf. Internet ti302)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Alain DOULET
Directeur Prospective à la Direction Réseau et patrimoine d'ERDF, Ancien
Directeur réseau d'ERDF (EDF Réseau Distribution)

Jean-Paul HORSON
Ingénieur de l'Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs Electriciens de
Grenoble, Ancien Attaché auprès du Directeur technique Electricité d'EDF-
Distribution

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Roland AUBER Jean-Michel GUICHON Jean REPÉRANT


Pour les articles : D5160 – Pour les articles : D3073 – Pour les articles : D5020 –
D5165 D3074 D5022

Edith CLAVEL Patrice JOYEUX James ROUDET


Pour les articles : D3073 – Pour les articles : D3073 – Pour les articles : D3073 –
D3074 D3074 D3074

Bernard COLIN Christian LELOUP Jean-Louis SANHET


Pour l’article : D5180 Pour l’article : D5050 Pour l’article : D4317

Jacques COURAULT Henri MABBOUX Dominique SERRE


Pour l’article : D4317 Pour l’article : D5185 Pour les articles :
D5025 – D5026 – D5041 –
Alexis DERBEY Yves MACHEFERT- D5042 – D5043 – D5044 –
Pour l’article : D3074 TASSIN D5045 – D5046 – D5047 –
Pour l’article : D5055 D5048 – D5049 – D5065
Jean-Pierre DUPONT
Pour l’article : D5055 François PARLANGE Jacques VERSCHOORE
Pour l’article : D5050 Pour l’article : D4820
Michel GRACIET
Pour les articles : D5170 – Joseph PINEL Gilles de KERSABIEC
D5171 – D5172 Pour les articles : D5170 – Pour l’article : D5055
D5171 – D5172
Guillaume de PREVILLE
Pour l’article : D4317

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VI
Réseaux électriques industriels et tertiaires
(Réf. Internet 42265)

SOMMAIRE

1– Les grands choix techniques et politiques Réf. Internet page

Réseaux électriques industriels. Introduction D5020 11

2– Le fonctionnement des réseaux, protections et Réf. Internet page

automatismes
Contrôle dynamique de puissance réactive. Dispositifs statiques D4317 15

Protection des installations industrielles et tertiaires D4820 19

Modélisation par circuits électriques équivalents des réseaux de terre D3073 27

Modélisation par circuits électriques équivalents des réseaux de terre. Application D3074 33

Protection contre les perturbations. Origines des perturbations D5170 39

Protection contre les perturbations. Composants de protection D5171 43

Protection contre les perturbations. Composants de protection : utilisation D5172 49

Groupes électrogènes de secours D5180 53

Alimentations statiques sans interruption (ASI) D5185 57

3– Développement des réseaux Réf. Internet page

Installations électriques HTA. Réglementation, structure et protections D5025 63

Installations électriques HTA. Mise en oeuvre et exploitation D5026 67

Installations électriques. Réglementation et structure D5041 71

Installations électriques BT. Caractéristiques générales D5042 75

Installations électriques BT. Protection contre les contacts directs D5043 79

Installations électriques BT. Protection contre les contacts indirects D5044 83

Installations électriques BT. Protections électriques D5045 87

Installations électriques BT. Choix et mise en oeuvre des canalisations D5046 93

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VII
Installations électriques BT. Choix et mise en œuvre des matériels D5047 99

Installations électriques BT. Vérifications et entretien D5048 103

Installations électriques BT. Règles pour le branchement D5049 107

4– Ingénierie des réseaux Réf. Internet page

Réseaux électriques industriels. Ingénierie D5022 113

Tableaux et armoires D5160 119

Jeux de barres à basse tension D5165 125

Installations électriques de chantiers et installations temporaires D5065 129

5– Applications industrielles Réf. Internet page

Tokamak Tore Supra D5050 135

Installations électriques du Tunnel sous la Manche D5055 139

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Réseaux électriques industriels et tertiaires
(Réf. Internet 42265)

1
1– Les grands choix techniques et politiques Réf. Internet page

Réseaux électriques industriels. Introduction D5020 11

2– Le fonctionnement des réseaux, protections et


automatismes

3– Développement des réseaux

4– Ingénierie des réseaux

5– Applications industrielles

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9
1

10
Référence Internet
D5020

Réseaux électriques industriels


Introduction
par Jean Repérant
1
Membre Senior de la Société des Électriciens et Électroniciens (SEE)
Titulaire de la Médaille Ampère

1. Variété des installations ........................................................................ D 5 020 – 2


1.1 Puissances et tensions ................................................................................ — 2
1.2 Machines et équipements........................................................................... — 2
1.2.1 Machines tournantes.......................................................................... — 2
1.2.2 Électronique de puissance ................................................................. — 2
1.2.3 Électrothermie..................................................................................... — 2
1.2.4 Matériel informatique......................................................................... — 2
1.2.5 Éclairage .............................................................................................. — 3
1.3 Continuité de fonctionnement.................................................................... — 3
1.3.1 Sans aucune interruption................................................................... — 3
1.3.2 Avec un arrêt de quelques secondes ................................................ — 3
1.3.3 Avec un arrêt de quelques minutes .................................................. — 3
1.3.4 Avec un arrêt de quelques heures..................................................... — 3
1.3.5 Architecture de base du réseau interne............................................ — 4
2. Conception du réseau............................................................................. — 4
2.1 Besoins du site industriel............................................................................ — 4
2.1.1 Besoin de puissance du processus ................................................... — 4
2.1.2 Besoin créé par l’environnement ...................................................... — 4
2.2 Besoins de qualité ....................................................................................... — 5
2.2.1 Besoin de qualité du système d’alimentation .................................. — 5
2.2.2 Besoin de qualité du produit électricité ............................................ — 5
2.3 Besoins de performances ........................................................................... — 5
2.3.1 Besoin de séparation des circuits...................................................... — 5
2.3.2 Besoin de personnels d’intervention ................................................ — 6
3. Optimisation technico-économique de la conception .................. — 6
3.1 Conception générale ................................................................................... — 6
3.2 Données relatives au processus................................................................. — 6
3.3 Valorisation : solutions du réseau .............................................................. — 6
3.4 Conception : la solution optimale .............................................................. — 7
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 5 020

es réseaux électriques industriels sont le prolongement naturel du réseau du


L Distributeur auquel ils se raccordent, pour assurer l’alimentation en énergie
électrique des sites industriels.
Les moyens utilisés pour chaque processus de fabrication, principalement des
machines et des équipements, assurent en permanence les fonctions particu-
lières de chaque séquence du processus. L’idéal serait que son déroulement ne
soit jamais perturbé par son alimentation électrique ; en effet, une perturbation
de la production est souvent générée par une interruption de l’alimentation élec-
trique, due le plus souvent à des défauts aussi bien internes qu’externes, car il
n’est pratiquement pas possible d’obtenir pour un réseau électrique le niveau de
zéro défaut.
Pour bien cerner les conséquences économiques, entraînées par cette inter-
ruption (avaries de machine, pertes de produit, mévente, etc.) qui sont le souci
Parution : mai 2001

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 5 020 − 1

11
Référence Internet
D5020

RÉSEAUX ÉLECTRIQUES INDUSTRIELS _____________________________________________________________________________________________________

majeur des industriels, il est indispensable d’appliquer, lors de la conception du


réseau interne, des procédures rigoureuses d’ingénierie adaptées à chaque site,
en fonction de la nature de l’industrie et de ses dimensions.
Cela est nécessaire, bien sûr ! Mais le moyen d’y parvenir est loin d’être simple
du fait de l’étendue du domaine et de la variété des processus : cette conception
est un « art » qui doit être appliqué – dans le respect des normes, de la réglemen-
tation et de l’environnement – pour réaliser l’optimisation technico-économique
1 de ce réseau.
Ces processus de fabrication sont, dans chaque cas, la suite continue d’opéra-
tions, d’actions constituant la manière de s’y prendre pour élaborer, pour fabri-
quer en séquences, un produit fini par la transformation des matières premières
jusqu'aux opérations finales de conditionnement et de stockage.
L’article « Réseaux électriques industriels » fait l’objet de deux fascicules :
D 5 020 Introduction
D 5 022 Ingénierie
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres.
Le lecteur devra assez souvent se reporter à l’autre fascicule.

1. Variété des installations ries. À notre avis, le plus représentatif englobe les cinq types de
machines et d’équipements présentés ci-après.

Les domaines industriels concernés sont d’une telle étendue qu’il 1.2.1 Machines tournantes
n’est pas possible d’en établir une liste exhaustive et par consé-
quent de tous les citer. Il reste la possibilité d’apprécier cette variété
en se limitant à leurs critères les plus représentatifs ; nous n’en Les machines tournantes (essentiellement des moteurs) sont inté-
retiendrons que trois. grées dans le fonctionnement d’un très grand nombre d’appareils
industriels.
Exemple : agitateur, bande transporteuse, bobineuse, centrifu-
geuse, compresseur, dérouleuse, laminoir, pompe, ventilateur, etc.
1.1 Puissances et tensions
De plus, pour ces moteurs, la variété des principes et technologies
de motorisation, conséquence de la grande variété de leurs puissan-
Dans les domaines d’application de l’industrie, la connaissance ces et de leurs types d’utilisation, crée un très large domaine
statistique de la puissance électrique de fonctionnement [1] affectée d’application.
à un processus permet d’estimer la taille de chaque site industriel.
Celle-ci varie de quelques centaines à quelques dizaines de milliers
de kilowatts ; les tensions d’alimentation qui en résultent varient de 1.2.2 Électronique de puissance
quelques dizaines à quelques centaines de kilovolts, suivant, en
règle générale, le tableau qui suit. Le besoin de régulation dans les processus industriels [2] est le
(0) plus souvent résolu par des équipements à base d’électronique de
puissance.
Puissance (MW) < 10 de 10 à 40 > 40 Exemple : convertisseur de courant et/ou de fréquence, accéléra-
teur électrostatique, gradateur, redresseur, etc.
Tension (kV) 10 à 30 60 à 110 220 à 400

1.2.3 Électrothermie
Nota : la tension réelle d’un site est fonction des normes du réseau local du distributeur ;
les valeurs indiquées constituent des ordres de grandeur. Les méthodes industrielles de chauffage les plus diverses sont
Dans certains cas particuliers, cette règle peut varier pour des utilisées en électrothermie.
besoins spécifiques liés à l’augmentation de la puissance de court- Exemple : méthodes pour four à arcs, four à induction, four à micro-
circuit au raccordement, afin d’obtenir une chute de tension très ondes, four à résistances, machine à souder, etc.
réduite, d’assurer la dépollution aux perturbations permanentes
(harmoniques, scintillement), etc. Elles sont aussi appliquées à la majorité des processus nécessi-
tant un apport de chaleur.

1.2 Machines et équipements 1.2.4 Matériel informatique

Là encore, compte tenu du très grand nombre d’industries, la Les composants électroniques sont largement répandus dans les
variété des machines et équipements est immense. installations industrielles pour l’utilisation de systèmes numérisés
dédiés, entre autres, à la conduite, à la surveillance, aux mesures...
Pour estimer cette variété, une liste exhaustive n’est pas obliga-
toirement nécessaire ; ce jugement peut se baser sur un classement Exemple : automate, microcalculateur, mini-ordinateur, ordinateur,
limité aux utilisations les plus nombreuses et par grandes catégo- capteur de grandeur physique, etc.

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D 5 020 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

12
Réseaux électriques industriels et tertiaires
(Réf. Internet 42265)

1– Les grands choix techniques et politiques 2


2– Le fonctionnement des réseaux, protections et Réf. Internet page

automatismes
Contrôle dynamique de puissance réactive. Dispositifs statiques D4317 15

Protection des installations industrielles et tertiaires D4820 19

Modélisation par circuits électriques équivalents des réseaux de terre D3073 27

Modélisation par circuits électriques équivalents des réseaux de terre. Application D3074 33

Protection contre les perturbations. Origines des perturbations D5170 39

Protection contre les perturbations. Composants de protection D5171 43

Protection contre les perturbations. Composants de protection : utilisation D5172 49

Groupes électrogènes de secours D5180 53

Alimentations statiques sans interruption (ASI) D5185 57

3– Développement des réseaux

4– Ingénierie des réseaux

5– Applications industrielles

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2

14
Référence Internet
D4317

Contrôle dynamique de puissance


réactive. Dispositifs statiques

par Jacques COURAULT


Directeur des développements en Électronique de Puissance – ALSTOM Power Conversion 2
Guillaume de PREVILLE
Chef de projet de Développement en Électronique de Puissance
ALSTOM Power Conversion
Jean-Louis SANHET
Responsable Normalisation et Réglementation – ALSTOM Power Conversion

1. Compensation au moyen de dispositifs statiques ......................... D 4 317 – 2


1.1 Réseau compensé........................................................................................ — 2
1.2 Principe de compensation .......................................................................... — 3
1.2.1 Chute de tension et méthodes de compensation ............................ — 3
1.2.2 Rééquilibrage d'une charge monophasée........................................ — 5
1.3 Contrôle du compensateur ......................................................................... — 6
1.3.1 Analyse de la boucle rapide............................................................... — 6
1.3.2 Analyse de la boucle lente ................................................................. — 9
2. Performances d’un compensateur statique ..................................... — 10
2.1 Choix fondamentaux ................................................................................... — 10
2.1.1 Mesurage des puissances.................................................................. — 10
2.1.2 Influence du calage de l’allumage..................................................... — 11
2.2 Dynamique ................................................................................................... — 12
2.2.1 Stabilité................................................................................................ — 12
2.2.2 Taux de réduction du flicker............................................................... — 13
2.2.3 Optimisation........................................................................................ — 14
2.3 Exemple de résultats ................................................................................... — 15
3. Avenir et protection des réseaux et des usagers ........................... — 16
Fluctuations de tension et flicker. Évaluation et atténuation :
partie 1................................................................................................. D 4 315
partie 2................................................................................................. D 4 316
Compensateurs statiques de puissance réactive. Pour en savoir plus.. Doc. D 4 318

es dispositifs de compensation de puissance réactive sont aujourd'hui classi-


L quement réalisés avec des thyristors. Ils permettent de répondre avec satis-
faction aux problèmes de la compensation des déséquilibres, du réglage de la
tension des réseaux vis-à-vis des fluctuations de puissance réactive et du
réglage du facteur de puissance. La gamme des absorbeurs de puissance réac-
tive va de quelques mégavars à quelques centaines de mégavars. On peut dire
qu'il existe deux familles de compensateurs statiques d'énergie réactive (CER),
les CER de réseau et les CER de four. Leur efficacité dépend de deux éléments
principaux :
— le dimensionnement ou le rapport entre la puissance de l'équipement per-
turbateur et la puissance réactive de la batterie de condensateur et de l'absor-
beur ;
— le dispositif de commande de l'élément de réglage dont la rapidité est un
Parution : février 2002

élément fondamental.

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15
Référence Internet
D4317

CONTRÔLE DYNAMIQUE DE PUISSANCE RÉACTIVE. DISPOSITIFS STATIQUES ______________________________________________________________________

Cet aspect rapidité est aujourd'hui bridé par les composants qui sont utilisés,
les thyristors. Il est probable, dans les années qui viennent, que des composants
blocables, comme les GTO (Gate-Turn-Off), les IGCT (Insulated-Gate-Commuta-
ted-Thyristor) ou les IGBT (Insulated-Gate-Bipolar-Transistor) de forte puissance,
permettront d'accroître dans de grandes proportions les performances dynami-
ques des Compensateurs d'Énergie Réactive, d'autant que ces actionneurs
modernes pourraient également avoir une fonction de filtre actif...
L'article « Compensateurs statiques de puissance réactive » fait l'objet de quatre fascicules :
D 4 315 Fluctuations de tension et flicker. Évaluation et atténuation (partie 1)
D 4 316 Fluctuations de tension et flicker. Évaluation et atténuation (partie 2)
D 4 317 Contrôle dynamique de puissance réactive. Dispositifs statiques

2 Doc. D 4 318 Compensateurs statiques de puissance réactive. Pour en savoir plus


Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres
Le lecteur devra assez souvent se reporter aux autres fascicules.
Le quatrième fascicule [Doc. D 4 318] replace les fluctuations de tension dans le contexte
général de la compatibilité électromagnétique. Les références normatives pertinentes ainsi que
la bibliographie y sont rassemblées.
Nota : d'autres informations peuvent aider le lecteur à comprendre cet article, ou le compléter. Le lecteur est ainsi invité à se
reporter dans ce traité aux articles suivants :
— Réseaux de distribution - Flicker et harmoniques ;
— Appareillage électrique à basse tension ;
— Condensateur de puissance ;
— Électrothermie - Fours à arcs ;
et à la rubrique Électronique de puissance.
Avertissement : pour les besoins de cet article, et conformément à la spécification technique internationale CEI 61000-3-7,
on désigne par réseau très haute tension (THT) un réseau de tension nominale supérieure à 230 kV. De 230 kV inclus à 35 kV, il
s'agit de réseau haute tension (HT). De 35 kV inclus à 1 kV, on parle de moyenne tension (MT), contrairement à l'usage français
(HTA), tandis qu'à 1 kV ou en dessous on retrouve la classique basse tension (BT).

1. Compensation au moyen Ures


de dispositifs statiques Réseau
Ires

1.1 Réseau compensé Iabs Ich

U
Un réseau de distribution pourvu d'une compensation statique
peut être représenté par le schéma de la figure 1. Cette représenta-
tion simplifiée permet de distinguer l'ensemble des charges pertur-
batrices, dans lesquelles on inclut la batterie de condensateurs et
l'organe de réglage, constitué de l'absorbeur seul.
On obtient ainsi le schéma-bloc de la figure 2, dont les entrées
sont les tensions de commande ucm des allumeurs des thyristors
(en fait, tension analogique ou « mot » numérique avant la conver- Absorbeur Filtres Four à arc
sion en angle ou en temps pour commander les thyristors) et les
sorties des courants de ligne au point de raccordement. Organe de régulation Charge
La charge est disposée en étoile et les filtres sont montés en
étoile.
Le contrôle d'un statocompensateur rapide comporte deux bou- Ures , Ires tension et courant du réseau d'alimentation
cles (§ 1.3) :
U tension du réseau de distribution
— une, dite lente, destinée au contrôle du facteur de puissance ;
— l'autre, dite rapide ou de compensation directe, destinée aux Iabs, Ich courants respectivement dans l'absorbeur
compensations rapides des fluctuations de la charge (réduction de et dans la charge
flicker).
L'absorbeur est constitué de trois inductances réglables par thy- Figure 1 – Exemple de système compensé
ristors, disposées en triangle. L'admittance équivalente par bras est
donnée, en fonction de la durée de conduction 2β du thyristor
La puissance réactive dans un bras est donc :
(cf. [D 4 316], § 2) par :
2 2 [ 2 β – sin ( 2 β ) ] [ 2 β – sin ( 2 β ) ]
[ 2 β – sin ( 2 β ) ] Q = Y eq U = YU ---------------------------------------- = Q max ---------------------------------------- (2)
Y eq = Y ---------------------------------------- (1) π π
π
où Qmax représente la puissance réactive obtenue pour la pleine
où Y représente l'admittance physique. conduction, (β = π/2).

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D 4 317 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

16
Référence Internet
D4317

______________________________________________________________________ CONTRÔLE DYNAMIQUE DE PUISSANCE RÉACTIVE. DISPOSITIFS STATIQUES

R Lω P, Q

Charge
V

Vinf
+ Ich I1
Iabs
Absorbeur
ucm +

Figure 2 – Principe de compensation Figure 3 – Tension et chute de tension


2
1.2 Principe de compensation ∆ Vd
q
Avant d'introduire le contrôle d'un compensateur d'énergie réac- Vinf
tive (CER) ou Static Var Compensateur (SVC), présentons quelques
∆Vq
notions élémentaires de compensation. ∆V
jL ω I
id V
1.2.1 Chute de tension et méthodes
iq d
de compensation i RI
ϕ
Un réseau industriel (figure 3) est caractérisé par sa tension à vide
et son impédance. Cette impédance ZSC, à la fréquence du réseau
dite « fréquence fondamentale », est donnée par la puissance de
court-circuit SSC au point de couplage (point de couplage commun ∆Vq = LωId – RIq
(PCC) sur la partie publique du réseau ou point de couplage interne ∆Vd = LωIq + RId
(IPC) à un réseau industriel :
2
V inf Figure 4 – Calcul des chutes de tension
S sc = ------------
- (3)
Z SC
avec Vinf tension simple à vide (source de tension à puissance Quelques approximations en régime sinusoïdal permanent per-
de court-circuit infinie) mettent une évaluation rapide (cf. [D 4 315], § 2.3.3, et, en particu-
et : lier, les relations (40) et (41)).
● De plus, en régime dynamique, on a, pour la chute de tension,
2 2 la relation (6) :
Z SC = R + (Lω) (4)
di
Au point de couplage, la tension est notée V et la consommation ∆ v = Ri + L ------
est P en puissance active et Q en puissance réactive. La tension est dt
donnée par : Dans le plan complexe, on peut écrire la tension et le courant par
leur module et leur argument dans un repère lié à la tension V (l'axe
di
v = v inf – Ri – L ------ (5) direct coïncidant avec la tension V ), alors :
dt
I θ = –I exp ( jθ ( t )) (9)
d'où la chute de tension :

di dI dθ
∆ v = Ri + L ------ (6) ∆ V = R –I + L -------–- + j L –I ------- (10)
dt dt dt

■ La chute de tension est constituée d'une composante dite avec : ------- = ω
directe (axe « d », en phase avec V ) et d'une composante en qua- dt
drature (axe « q », en quadrature avec V ). ■ Les composantes directes et en quadrature de la chute de tension
sont donc :
On a en régime statique :
d id ( t ) 
∆ V = ∆ V d + j∆ V q  ∆ vd ( t ) = Rid ( t ) + L ω i q ( t ) + L ---------------- 
 dt 
∆ V d = R I d + L ω Iq  (7)  (11)
 d iq ( t ) 
∆ V q = L ω Id – R I q  ∆ v q ( t ) = –R i q ( t ) + L ω id ( t ) – L ---------------- 
dt

La figure 4 rappelle le passage dans les axes « d » actif et « q » La figure 5 donne une représentation, en valeurs efficaces, de ces
réactif. Le courant dans la ligne peut s'écrire sous la forme : composantes en posant :
I = I d – jI q

(8) X = jLω .

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 317 − 3

17
Référence Internet
D4317

CONTRÔLE DYNAMIQUE DE PUISSANCE RÉACTIVE. DISPOSITIFS STATIQUES ______________________________________________________________________

X Id Vinf
Vinf
∆V X Id
∆V
X Iq
Id V R Id R Iq
Iq I = Id V R Id
I

Figure 6 – Chute de tension à composante lg nulle


Figure 5 – Composantes de la chute de tension

2 ● La première chose à faire est de compenser la puissance réac-


tive de la charge, afin d'obtenir, en ligne :
R I
Iq = 0 Iq = – d Vinf
X I R2 Id
X 1+
La chute de tension [relations (11)] devient : ∆V X2

d id  R
∆ v d = + Ri d + L --------  Id
V X –
X
Id
dt  (12) R Id
∆ vq = + L ω id 

Figure 7 – Annulation statique de la composante d'axe « d »
comme représenté sur la figure 6.
de la chute de tension
La chute de tension est largement réduite.
● Du fait de la circulation dans le réseau de la puissance active
restante représentée par I d , la chute de tension résultante n'est pas
nulle. Une compensation plus complète consiste alors à injecter une
puissance réactive capacitive sur le réseau, représentée par :
Vinf
R ∆V
I q = ---- I d , X Id
X
I
fonction de la puissance active, représentée par I d , afin d'annuler la Iq
chute de tension dans l'axe « d ». R Iq
La chute de tension devient : Id R Id
V
d id 
∆ v d = L --------  R 3Vinf
X Iq
dt Iq = – Id – Id2
 X
 (13) 2 SSC
 R 
2
R d id 
∆ v q = X  1 + -------2 i d + ---- -------- 
 X  ω dt
 Figure 8 – Courant Iq à chute de tension nulle
La chute de tension dans l'axe « d » est nulle en statique
(cf. figure 7).
● Il reste cependant toujours une chute de tension dans l'axe
Cela garantit V = Vinf en statique, car :
« q » due à la circulation de la puissance active dans la ligne et 2
donc : 3 V inf 2 2  R 
2 3 V inf 2
V inf = V – R  --------------  Id + X +  1 + -------2 Id + R  --------------  I d
2 2
≈ V (17)
 2S    S SC 
SC X  2
2 R  2
2
2
V = V inf – X  1 + -------2 I d ≠ V inf (14)
 X  Exemple : les figures 9 et 10 montrent une application de calcul de
puissance réactive nécessaire pour la compensation de la chute de ten-
Pour assurer V = Vinf , nous devons ajouter un autre terme et sion totale pour :
injecter sur le réseau un courant capacitif :
R 1
SSC = 250 MVA, SN = 40 MVA, ---- = -------- et Uinf = 11 kV.
R 3 V inf 2 X 20
I q = –  ----  I d –  --------------  I d (15)
X  2S  La courbe I de la figure 9 (quasiment rectiligne) montre le courant
SC
capacitif nécessaire avec
avec SSC puissance de court-circuit du réseau au point de rac-
cordement.
Iq = – R I ;
Les composantes de la chute de tension deviennent alors :  ----
X d
3 V inf 2 d id les courbes II et III montrent respectivement le courant réactif réelle-
∆ v d = –X  --------------  i d + L -------- 
 2S  dt  ment nécessaire pour annuler complètement la chute de tension et le
SC  courant réactif fonction du courant actif selon l'approximation :
2  (16)
 R
2 3 V 2 R d i 3 V d i d
∆ v q = X  1 + -------2 i d + R  --------------  i d + ---- -------- + -------------- L --------  3 V inf  2
inf d inf
 2S  ω d t 2 S SC d t  Iq = –  R  I –  ---------------- I .
 X  SC  ----
X  d  2S  d SC
comme représenté dans la figure 8. Les courants sont exprimés en p.u. (pour un).

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D4820

Protection des installations


industrielles et tertiaires
par Jacques VERSCHOORE
Ingénieur de l’Institut Électrotechnique de Grenoble
Chef du Service Études de Réseaux
Direction Technique Merlin Gerin

1. Nécessité d’une protection ................................................................... D 4 820 - 2


2
1.1 Rôle et constitution des installations ......................................................... — 2
1.2 Conditions anormales de fonctionnement ................................................ — 2
1.3 Exigences de l’utilisateur ............................................................................ — 2
1.4 Qualités requises d’un système de protection.......................................... — 3
2. Élimination des fonctionnements dangereux .................................. — 3
2.1 Généralités ................................................................................................... — 3
2.2 Éléments de détection et de décision : les relais ...................................... — 4
2.3 Réducteurs de mesure ................................................................................ — 5
2.4 Appareillage de coupure............................................................................. — 6
2.5 Plan de protection........................................................................................ — 6
2.6 Ajustement à l’importance du risque......................................................... — 7
3. Détection des courants de défaut....................................................... — 7
3.1 Principes de sélectivité................................................................................ — 7
3.2 Influence de la structure du réseau sur la détection des défauts entre
phases........................................................................................................... — 13
3.3 Détection des défauts entre phase et terre................................................ — 16
4. Protection des personnes contre les contacts indirects.............. — 18
4.1 Effets néfastes du courant électrique sur le corps humain...................... — 18
4.2 Contacts directs ........................................................................................... — 18
4.3 Contacts indirects ........................................................................................ — 18
5. Protection des réseaux industriels MT .............................................. — 19
5.1 Protection des câbles .................................................................................. — 19
5.2 Protection des jeux de barres ..................................................................... — 20
5.3 Protection des transformateurs.................................................................. — 20
5.4 Protection des moteurs asynchrones ........................................................ — 21
5.5 Protection des machines synchrones ........................................................ — 22
5.6 Protection des convertisseurs statiques .................................................... — 24
5.7 Protection des condensateurs en montage shunt .................................... — 24
6. Protection des réseaux BT .................................................................... — 26
6.1 Généralités ................................................................................................... — 26
6.2 Divers types de déclencheurs..................................................................... — 26
6.3 Limitation et filiation ................................................................................... — 26
6.4 Sélectivité ..................................................................................................... — 27
6.5 Protection des personnes en BT................................................................. — 27
6.6 Détermination des caractéristiques du disjoncteur .................................. — 30
7. Intégration de la protection dans le système de contrôle-
commande.................................................................................................. — 30
7.1 Généralités ................................................................................................... — 30
7.2 Hiérarchisation de l’architecture ................................................................ — 31
7.3 Fonctions du niveau 2 ................................................................................. — 31
7.4 Communication des niveaux 1 et 2............................................................ — 31
7.5 Intégration de la protection ........................................................................ — 31
8. Projet de protection d’un réseau industriel ..................................... — 31
Parution : septembre 1991

8.1 Projet en moyenne tension......................................................................... — 31


8.2 Projet en basse tension ............................................................................... — 33
9. Conclusion ................................................................................................. — 34
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 820

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PROTECTION DES INSTALLATIONS INDUSTRIELLES ET TERTIAIRES ______________________________________________________________________________

e lecteur pourra se reporter aux autres articles de la rubrique Protection


L et automatisation des réseaux :
— Généralités [D 4 800] ;
— Protection des réseaux de transport et de répartition [D 4 805] ;
— Protection des réseaux à basse tension de distribution publique [D 4 815] ;
— Protection des réseaux à moyenne tension de distribution publique
[D 4 810].

2 1. Nécessité d’une protection Les courants de court-circuit, souvent de valeur élevée, produisent
des efforts électrodynamiques importants et des échauffements
dangereux s’ils ne sont pas éliminés rapidement (en 2 à 3 s au plus) ;
1.1 Rôle et constitution des installations ils peuvent mettre en péril la stabilité des installations comportant
des machines tournantes de forte puissance. On s’efforce de limiter
leur intensité et leur durée.
L’énergie électrique, par sa facilité d’utilisation, de régulation et
d’automatisation, est devenue indispensable à la vie quotidienne. ■ Des surcharges peuvent se produire lorsque la révision du
réseau électrique n’accompagne pas la croissance des équipements
■ Dans les installations domestiques, les bureaux et le petit alimentés. On en constate également lorsque des moteurs fonc-
tertiaire (commerces, par exemple), elle alimente essentiellement tionnent dans des conditions anormales telles que mauvais aligne-
l’éclairage, des petits moteurs, des équipements électroniques et ment avec la machine entraînée, couple résistant augmenté au
informatiques, le conditionnement d’air (chauffage, réfrigération), niveau de l’utilisation, démarrages fréquents, etc.
les ascenseurs, etc. Les puissances totales nécessaires vont de
quelques kilowatts dans le domestique à plusieurs centaines de kilo- Les surcharges augmentent la température de fonctionnement
watts dans le petit tertiaire. des éléments du réseau d’alimentation, et risquent d’endommager
les isolants ou même de provoquer un incendie. Elles doivent être
La distribution se fait par des réseaux arborescents de câbles interrompues d’autant plus rapidement qu’elles dépassent forte-
presque uniquement en basse tension (BT : 230/400 V), monophasée ment l’intensité du courant nominal d’un élément.
ou triphasée selon la nature et la puissance des utilisations rac-
cordées, exceptionnellement en moyenne tension (MT : 5 kV, par ■ D’autres anomalies peuvent survenir, qui doivent être détectées
exemple). Les sources de remplacement sont limitées aux accumu- et éliminées, telles que des écarts de tension et/ou de fréquence dans
lateurs des éclairages de secours et aux alimentations sans inter- une installation à production autonome d’énergie, ou une inversion
ruption (redresseur, accumulateur et onduleur) des matériels de l’ordre de succession des phases à la suite d’une opération
électroniques et informatiques sensibles. d’entretien ou de dépannage. Il en sera tenu compte pour la protec-
tion des machines tournantes.
■ Dans les installations industrielles et le gros tertiaire
(hôpitaux, hypermarchés...), on retrouve les mêmes utilisations et,
en plus, des équipements forts consommateurs d’énergie : moteurs
en grand nombre, dont les puissances vont couramment de quelques 1.3 Exigences de l’utilisateur
dizaines à quelques milliers de kilowatts et peuvent même atteindre
exceptionnellement plusieurs dizaines de mégawatts, chaudières Pour l’utilisateur, les exigences principales sont la sécurité des
(quelques mégawatts à quelques dizaines de mégawatts), fours à personnes et des biens et la disponibilité permanente d’une énergie
arcs (jusqu’à 100 MW), électrolyse (jusqu’à 100 MW), torches à de qualité.
plasma (quelques centaines à quelques milliers de kilowatts), etc.
Selon les puissances absorbées, l’alimentation par le réseau
public se fait en très haute tension (THT : 225 kV), haute tension 1.3.1 Sécurité
(HT : 110 kV, 90 et 63 kV) ou moyenne tension (30, 20, 15, 10 et 5 kV).
Il y a plusieurs niveaux de tension, distribués par câbles dans La sécurité des personnes fait l’objet d’une normalisation très
l’usine, et, au minimum, un niveau MT (5 kV ou 20 kV, par exemple) complète et d’application obligatoire. Citons, en particulier, les
et un niveau BT (230/400 V). On trouve couramment deux voies dif- normes C 12-061, C 12-100, C 12-101, C 12-200, C 12-201,
férentes d’alimentation pour les niveaux supérieurs et un secours NF C 13-100, NF C 13-200, NF C 15-100 et UTE C 18-510 (fiche docu-
pour les utilisations essentielles. mentaire [Doc. D 4 820]).
■ La protection contre les contacts directs avec des parties sous
tension en service normal est réalisée par mise hors de portée,
1.2 Conditions anormales obtenue soit par éloignement, soit par interposition d’obstacles, soit
par isolation ou, encore, dans des cas très particuliers, par utilisa-
de fonctionnement tion de très basse tension de sécurité.
Les principales anomalies de fonctionnement d’un réseau de dis- ■ Lorsque le danger provient de la montée en potentiel accidentelle
tribution interne sont les courts-circuits et les surcharges. d’une masse par suite d’un défaut de l’installation, on parle de
contact indirect. La protection contre les contacts indirects est
■ Les courts-circuits résultent d’une défaillance de l’isolement obtenue d’abord par la réalisation de liaisons équipotentielles :
entre phases et/ou entre phase et terre dans l’un quelconque des chaque masse est reliée à la terre et aux autres masses simultané-
éléments du réseau ou des utilisations. La défaillance peut être ment accessibles par des conducteurs de protection, d’une section
consécutive à une surtension, une atteinte mécanique, la présence suffisante pour limiter la tension de contact à une valeur non
d’humidité, une surcharge excessive, une dégradation de l’isolant dangereuse.
due au vieillissement, etc.

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______________________________________________________________________________ PROTECTION DES INSTALLATIONS INDUSTRIELLES ET TERTIAIRES

La tension limite conventionnelle est égale à 50 V (valeur efficace) La rapidité d’intervention est donc une qualité essentielle d’un
en courant alternatif et 120 V en courant continu, dans les installa- système de protection.
tions intérieures et abritées, 25 V (valeur efficace) en courant alter-
natif et 60 V en courant continu, dans les installations extérieures.
Cette mesure est complétée par des protections qui éliminent le 1.4.2 Sélectivité
défaut ou par des systèmes de surveillance qui signalent sa présence.
Nota : la protection des personnes sera étudiée plus en détail au paragraphe 4. Du fait de la division du réseau en tronçons, un même défaut est
généralement vu par plusieurs éléments de protection. Seul l’élé-
ment le plus proche en amont du défaut doit provoquer la coupure
1.3.2 Continuité de service (ou les éléments les plus proches si le défaut est alimenté par plu-
sieurs voies).
L’importance croissante de l’énergie électrique dans les installa- La sélectivité est nécessaire pour une bonne continuité de service.

2
tions industrielles et tertiaires entraîne une montée parallèle des
exigences des utilisateurs dans la qualité de sa distribution (article
Qualité de la tension dans les réseaux électriques. Creux de tension, 1.4.3 Sûreté de fonctionnement
flicker et harmoniques [D 4 260] dans ce traité).
Les utilisations sont plus ou moins sensibles à des perturbations En cas de nécessité, la protection doit fonctionner à coup sûr. Sa
telles que harmoniques, flicker (papillotement de l’éclairage dû à fiabilité dépend de la conception du système et de ses éléments et
des variations répétées de tension), déséquilibre de tension, creux de la qualité de leur réalisation.
de tension, coupures. Compte tenu de l’importance de l’élimination rapide des défauts,
Ces perturbations peuvent provenir du réseau du distributeur, il est souvent prévu d’agir à deux niveaux : si l’élément de protection
qui peut lui-même être perturbé par d’autres utilisateurs, et/ou du le plus proche en amont du défaut est défaillant, c’est l’élément
réseau interne de l’utilisateur. Elles font l’objet d’études et de dis- suivant qui agira en secours (back up). Le défaut durera un peu plus
positions particulières : longtemps et la zone coupée sera plus étendue mais ce sera un
— chez le distributeur (dans ce traité, les articles Protection des moindre mal.
réseaux de transport et de répartition [D 4 805] et Protection des Nota : les normes n’imposent pas le moyen d’obtenir une protection sûre. Elles pré-
réseaux MT et BT de distribution publique [D 4 810] [D 4 815]) : cisent simplement qu’une protection doit éliminer les fonctionnements dangereux.
réenclenchement automatique, disjoncteur shunt, limitation de la La protection ne doit pas non plus provoquer la mise hors tension
longueur des départs, auscultation des réseaux, généralisation des d’une partie de réseau en l’absence de défaut. Pour éviter des
parafoudres, règles imposées aux utilisateurs perturbateurs, etc. ; déclenchements intempestifs, ses éléments doivent être insensibles
— dans les réseaux industriels et tertiaires : filtres harmoniques, aux perturbations de toute nature ne correspondant pas au défaut
raccordement à un réseau de tension supérieure, sources de à éliminer : comportement en régime transitoire du réseau surveillé,
remplacement, inverseurs normal/secours, choix du régime de présence d’harmoniques, vibrations, rayonnements électromagné-
neutre, distribution en boucle ou en double dérivation, etc. tiques, surcharges, variations de la tension d’alimentation ou de la
Pour assurer la continuité du service, le réseau interne et son température ambiante dans une plage spécifiée.
système de protection doivent être conçus pour réduire le plus
possible le nombre et l’importance des coupures qui leur sont
imputables. 1.4.4 Évolutivité
Parmi les mesures mises en œuvre figure, bien entendu, le choix
des équipements et composants qui doivent être fiables et faciles Un réseau électrique industriel ou tertiaire est rarement figé.
à entretenir, à réparer ou à échanger. Il suit l’évolution des activités alimentées. Sa configuration
Le système de protection doit aussi réaliser le meilleur compromis change, les puissances transitées augmentent. Le système de pro-
entre la nécessité d’éviter les fonctionnements anormaux (circuits tection doit permettre de suivre cette extension sans qu’il soit besoin
en surcharge, par exemple) et celle de maintenir les utilisations en de le remettre en cause fondamentalement.
fonctionnement. Selon le coût d’une interruption, on acceptera, Les protections numériques actuelles se prêtent bien aux adap-
avant d’intervenir, des dégradations plus ou moins importantes, tations nécessaires.
aussi bien dans le réseau industriel que dans celui de l’alimentation.
En cas de court-circuit, il faut éliminer la partie en défaut. Pour
réduire son étendue, et donc le nombre d’utilisations touchées, on
divise le réseau en tronçons limités par des appareils de coupure 2. Élimination
commandés par des éléments de protection (article Protection des
réseaux. Généralités [D 4 800] dans ce traité). Là encore, un des fonctionnements
compromis devra être trouvé entre le coût des appareils supplé-
mentaires et de leur installation et le nombre des utilisations coupées
dangereux
simultanément.
2.1 Généralités
1.4 Qualités requises Les anomalies de fonctionnement doivent d’abord être détectées,
puis éliminées. Pour les détecter, on utilise des relais de protection
d’un système de protection qui surveillent en permanence l’évolution de différents paramètres
du réseau et des installations alimentées (§ 2.2). Ces relais possèdent
1.4.1 Rapidité un ou plusieurs contacts qui sont actionnés pour signaler l’anomalie
et/ou pour donner l’ordre de l’éliminer.
Sauf dispositions particulières (défaut entre phase et terre en cas
de neutre impédant ou mis à la terre par inductance de compensa- Pour être économiques et plus facilement réalisables, les relais
tion), un défaut franc entraîne des courants de court-circuit impor- fonctionnent sous des tensions faibles, généralement inférieures ou
tants, qu’il faut interrompre au plus tôt pour limiter les dégâts causés égales à 100 V, et avec des courants réduits, le plus souvent 1 ou
par l’arc électrique à l’endroit du défaut et par les courants excessifs 5 A, et parfois même beaucoup moins pour les relais statiques. On
dans les câbles, jeux de barres et appareillages. interpose donc, entre le réseau à surveiller et les relais, des

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réducteurs de mesure (§ 2.3), transformateurs de tension et de 2.2 Éléments de détection et de décision :


courant, qui abaissent les valeurs à surveiller à des niveaux
convenables. Les valeurs réduites doivent être une image fidèle des les relais
valeurs originales.
Lorsqu’une anomalie est détectée, il faut décider s’il y a lieu
2.2.1 Paramètres surveillés
d’intervenir. Le plus souvent, la décision sera prise au niveau du
Tous les paramètres d’un réseau électrique peuvent être utilisés
relais lui-même, par exemple lorsque la valeur d’un critère unique
pour sa surveillance et la détection d’anomalies de fonctionnement.
a dépassé un seuil défini à l’avance.
Dans la pratique, il s’agit le plus souvent de mesures du courant
Les relais statiques et surtout les relais numériques permettent et de la tension du réseau. En les combinant, on obtient des mesures
de tenir compte simultanément de plusieurs critères ou conditions de paramètres plus complexes : déphasage par comparaison des
logiques, à l’aide d’une électronique analogique ou d’un micro- phases, puissance apparente en effectuant le produit du courant par
processeur. la tension, puissances active et réactive à partir de la puissance appa-

2 Si la décision d’intervenir est prise, on fait agir un appareillage


de coupure qui sera, le plus souvent, un (ou plusieurs) disjoncteur(s),
afin de séparer la partie en défaut du reste du réseau (§ 2.4). En basse
rente et du déphasage, impédance en effectuant le quotient de la
tension par le courant, composante homopolaire par addition,
composante inverse par des circuits déphaseurs.
tension, les relais de courant et réducteurs de mesure associés sont Nota : les surcharges et les courts-circuits, qui se traduisent par une augmentation anor-
incorporés au disjoncteur. male du courant, étant les anomalies de loin les plus fréquentes, les relais de courant sont
les plus usités.
Il appartient au concepteur du réseau de décider de l’emplacement
La fréquence n’est surveillée qu’en cas d’alimentation par des
des réducteurs de mesure, des relais et des disjoncteurs. L’associa-
générateurs autonomes, non couplés au réseau public.
tion en chaîne de ces éléments définit des zones de protection (§ 2.5)
qui se recouvrent pour ne laisser aucune partie du réseau en dehors La mesure de température est utilisée pour la surveillance des
du système de protection (figure 1). Le tracé des zones de protection moteurs et des transformateurs, directement ou indirectement par
permet de s’assurer d’un coup d’œil que cette condition est remplie, image thermique.
et aussi que, en cas de défaillance d’un quelconque des éléments D’autres paramètres physiques non électriques, tels que vitesse,
d’une chaîne, la protection reste assurée par l’intermédiaire d’une pression, débit, etc., peuvent être utilisés dans des cas particuliers.
autre chaîne.

2.2.2 Évolution technologique


2.2.2.1 Relais électromécaniques
Pendant longtemps, les relais ont été exclusivement du type
électromécanique. Ceux-ci sont basés sur deux principes simples :
— l’attraction magnétique provoquée par un courant parcourant
un solénoïde à noyau de fer ;
— le couple fourni par la réaction de courants induits dans un
rotor massif.
La force ou le couple sont utilisés par un système mécanique qui
provoque la manœuvre d’un (ou de plusieurs) contacts, éventuel-
lement par l’intermédiaire d’un système d’horlogerie destiné à
introduire un retard ajustable.
Les relais électromécaniques sont simples et robustes. Leur entre-
tien est peu coûteux et ils ont une bonne durée de vie (> 25 ans).
Ils exigent malheureusement une puissance importante pour fonc-
tionner (plusieurs kilovoltampères sur court-circuit violent), ce qui
oblige à dimensionner très largement les transformateurs de
courant. Ils peuvent aussi présenter une grande susceptibilité aux
chocs et vibrations, particulièrement lorsque l’on recherche une
grande sensibilité.

2.2.2.2 Relais électroniques analogiques


La génération suivante (à partir des années soixante) a fait appa-
raître les relais électroniques analogiques. Ceux-ci sont composés
grossièrement de trois blocs :
— un bloc d’adaptation et de filtrage, constitué de petits trans-
formateurs, d’impédances et de filtres passe-bas destinés à éliminer
les composantes rapides des transitoires et les harmoniques
gênants ;
— un bloc de traitement et de détection, composé d’un circuit
analogique adapté, transformant la grandeur surveillée en une
tension ou un courant continu proportionnel, et d’une bascule
servant à détecter le passage d’un seuil ;
— un bloc de sortie, comprenant un temporisateur, par exemple
un circuit RC (résistance-condensateur), et un relais de sortie électro-
mécanique avec ou sans automaintien.

Figure 1 – Système de protection : différentes zones

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______________________________________________________________________________ PROTECTION DES INSTALLATIONS INDUSTRIELLES ET TERTIAIRES

Les principaux avantages des relais électroniques analogiques sur • transfert automatique de sources,
les relais électromécaniques sont leur sensibilité, leur précision, leur • datation d’événements,
rapidité de fonctionnement (quelques périodes) et, surtout, leur • affichage de messages personnalisés ;
faible puissance d’entrée (quelques voltampères), permettant de — la surveillance des équipements électriques :
réduire les dimensions et le coût des transformateurs de courant, • cumul des intensités des courants coupés par un disjoncteur,
et d’être moins sensibles au phénomène de saturation de ceux-ci. • comptage d’événements (nombre de manœuvres sur courant
Par contre, ils nécessitent une alimentation auxiliaire lorsqu’ils ne normal et sur court-circuit du disjoncteur, etc.),
sont pas conçus spécialement pour fonctionner à propre courant • acquisition de contacts de défauts ou d’alarme (pression,
(c’est-à-dire avec la puissance nécessaire au fonctionnement du température, etc.) ;
relais prélevée sur le courant de défaut). — la surveillance de l’équipement de contrôle-commande :
• matériel (détection de défaillance du microprocesseur par
2.2.2.3 Relais électroniques numériques chien de garde),

2
• tension d’alimentation interne,
La dernière génération est constituée de relais électroniques • valeurs de réglage,
numériques bénéficiant des progrès considérables des micro- • logiciel,
processeurs. Ils sont composés : • liaison informatique,
— d’un bloc d’adaptation et de filtrage, comparable à celui des • panne d’un périphérique ;
relais électroniques analogiques, incluant un filtre antirepliement — l’interface de dialogue par clavier, pour la saisie des réglages,
nécessité par la numérisation (article Traitement numérique du et par écran, pour l’affichage des mesures et alarmes.
signal [E 3 087] dans le traité Électronique) ; De plus, grâce à leurs possibilités de communication, les unités
— d’un convertisseur analogique-numérique qui numérise le intégrées numériques peuvent s’insérer dans un système plus
signal par échantillonnage ; vaste de contrôle-commande centralisé (§ 7).
— d’un système de traitement comportant un microprocesseur
et ses annexes et des mémoires conservant les logiciels d’exploi-
tation et de traitement, les données ajustables et les résultats du
traitement ; la puissance du microprocesseur utilisé permet de réa- 2.3 Réducteurs de mesure
liser plusieurs mesures et de tenir compte de conditions logiques ;
— d’un système de sortie et de communication avec un automate Nota : le lecteur pourra utilement se reporter aux articles Transformateurs de mesure
ou un calculateur par un bus spécialisé ; les actionneurs placés dans [D 4 720] [D 4 722] [D 4 724] [D 4 726] dans ce traité.
les disjoncteurs sont commandés directement par le système de Pour des raisons de dimensionnement et de coût, les relais de
sortie ; le bus de communication permet de renvoyer vers un niveau protection sont prévus pour des courants et des tensions de valeur
supérieur le résultat des mesures et du traitement effectué (§ 7.2 réduite (§ 2.1). Cela permet, en outre, d’assurer une standardisa-
et 7.4). tion des valeurs des courants et des tensions à l’entrée des relais.
Les relais électroniques numériques présentent les mêmes avan- De plus, pour assurer la sécurité des opérateurs, il faut interposer
tages que les relais électroniques analogiques : sensibilité, pré- une séparation galvanique entre le réseau surveillé qui se trouve à
cision, fidélité, rapidité de fonctionnement (dépendant toutefois de tension élevée et le circuit de mesure à tension réduite, mis à la
la complexité des fonctions assurées) et faible puissance du signal terre en un point.
d’entrée. On utilise pour cela des transformateurs de courant (TC) et des
Ils peuvent assurer des fonctions multiples parfois très complexes transformateurs de tension (TT). Leurs caractéristiques sont
et ces fonctions peuvent être modifiées par un simple échange de définies par les normes :
la mémoire contenant les instructions. Ils sont également capables • CEI 185 et NF C 42-502, pour les transformateurs de courant ;
de s’autocontrôler. • CEI 186 et NF C 42-501, pour les transformateurs de tension.
Comme tout équipement électronique numérique, ces relais sont ■ Pour assurer la protection contre les défauts dans de bonnes
sensibles à l’environnement, et particulièrement aux perturbations conditions, la caractéristique essentielle d’un réducteur de mesure
électromagnétiques. Leur conception doit impérativement en tenir est sa précision dans la plage utile de variation de la grandeur
compte pour éviter les déconvenues (article Composants spécifiques d’entrée et en fonction de la charge qui lui est connectée.
de protection contre les perturbations [D 5 171] dans le présent
Les classes de précision normales pour la protection sont 5P et
traité).
10P pour les TC et 3P et 6P pour les TT, ce qui signifie, de façon
De même que les relais électroniques analogiques, ils nécessitent très résumée, que l’erreur en amplitude ne dépasse pas respecti-
une alimentation auxiliaire s’ils ne sont pas conçus pour fonctionner vement 5, 10, 3 et 6 % dans tout le domaine normal d’utilisation.
à propre courant. Une erreur limite en déphasage est également imposée par les
normes.
2.2.2.4 Unités intégrées numériques En général, le choix des réducteurs de mesure ne pose pas de
La puissance de mesure et de calcul et la souplesse de modification gros problèmes si l’étendue du domaine d’utilisation dans le
et d’évolution des technologies à microprocesseurs programmés par réseau à protéger est bien connue et respectée.
logiciel permettent d’intégrer, dans un même équipement, toutes les ■ Les transformateurs de mesure sont constitués par des enroule-
fonctions de contrôle-commande associées à un appareillage élec- ments bobinés autour d’un circuit magnétique. Il est essentiel pour
trique, c’est-à-dire : leur bon fonctionnement que l’induction dans le circuit magné-
— la protection, comme dans les relais numériques ; tique n’atteigne pas le niveau de saturation.
— les mesures :
Pour les transformateurs de tension, l’induction dépend du facteur
• courants triphasés et homopolaires, de tension, rapport entre la plus haute tension pour laquelle la classe
• tensions simples et composées, de précision est requise et la tension primaire assignée. Ce rapport
• fréquence, atteint des valeurs maximales qui dépendent du branchement du
• puissances et énergies actives et réactives, TT (entre phases ou entre phase et terre) et des conditions de mise
• facteur de puissance, à la terre du réseau. La norme précise les conditions de choix de
• fonction trace, mémorisant les mesures 2 s avant et 1 s après ce facteur de tension (1,2 ou 1,5 ou 1,9).
un défaut et les restituant sur interrogation manuelle ;
— les automatismes : Pour les transformateurs de courant, l’induction est approxima-
tivement proportionnelle au courant mesuré et à la charge
• réenclenchement, connectée. Il est donc essentiel de bien spécifier la charge de pré-
• exécution d’ordres de délestage, cision et le facteur limite de précision (valeur la plus élevée du

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courant primaire pour laquelle le transformateur doit satisfaire aux 2.4.1 Coupe-circuit à fusibles
prescriptions concernant l’erreur composée, rapportée au courant
primaire assigné). La cartouche fusible comporte un ou plusieurs éléments qui,
Le fonctionnement des TC peut être perturbé en régime transitoire, au-delà d’un seuil de courant dépendant de son calibre, fondent
lorsque le courant à mesurer comporte une composante apério- sous l’action de l’échauffement provoqué par le courant de défaut
dique, ce qui est presque toujours le cas à l’établissement d’un et interrompent le circuit. Les éléments fusibles sont entourés par
courant de court-circuit (figure 2). Il est important d’en tenir compte des matériaux (silice) favorisant l’extinction de l’arc électrique.
à la conception de la protection d’un réseau ; en particulier, lorsque Le principe du fusible est simple. Il assure à la fois la détection
l’on utilise des protections différentielles (§ 3.1.4), les TC devront être et la coupure et, de ce fait, son fonctionnement est considéré
appairés pour que leurs erreurs se compensent, ou surdimensionnés comme sûr pour des courants de défaut élevés (> 3 à 4 In ; In étant
pour limiter leur erreur pendant un temps suffisant. le courant nominal). Il ne comporte pas de réglage et sa plage de
Lorsque le réducteur de courant est intégré dans un équipement fonctionnement est définie par son type et son calibre.

2
de distribution, le constructeur peut faire appel à des transformateurs Il ne sert qu’une fois et doit être remplacé à l’identique après
sans circuit magnétique (tore de Rogowski) qui fournissent une usage : il n’est donc économique que dans les gammes de tensions
tension très faible proportionnelle au courant à mesurer (article et courants où il reste très bon marché et à condition de protéger
Transformateurs spéciaux. Évolution future [D 4 724] dans le présent des circuits où les défauts sont rares. Il reste très utilisé en basse
traité). Ils présentent l’avantage d’une très grande dynamique, mais tension, pour la protection des circuits terminaux, et en moyenne
nécessitent des précautions pour éviter les perturbations électro- tension, pour la protection des transformateurs.
magnétiques. La tension fournie doit être amplifiée par une électro-
nique adaptée, ce qui limite, à cause du coût, leur utilisation à Les fusibles sont des appareils monophasés. Lorsqu’ils sont uti-
l’alimentation de relais électroniques n’exigeant qu’une faible puis- lisés dans un circuit triphasé, il est nécessaire de les associer à un
sance d’entrée. interrupteur qui assurera automatiquement la coupure des phases
saines lors du fonctionnement de l’un d’eux, de façon à éviter la
marche en monophasé, dangereuse pour les moteurs. C’est l’une
des raisons pour lesquelles les disjoncteurs sont de plus en plus
2.4 Appareillage de coupure souvent retenus pour la protection en triphasé BT.
En moyenne tension, les fusibles limiteurs (seuls utilisés en
Lorsqu’un défaut est détecté et que la décision est prise d’inter- France) ont un fonctionnement aléatoire, pouvant même être
venir, on va isoler ce défaut du reste du réseau à l’aide d’appareils dangereux (explosion) dans la zone de surcharge, entre In et 3 à 4 In .
capables d’interrompre les courants de défaut : les coupe-circuit à Ils doivent donc impérativement être combinés avec un interrupteur
fusibles et les disjoncteurs. possédant un pouvoir de coupure suffisant et assurant l’ouverture
Nota : le lecteur pourra utilement se reporter, dans le présent traité, aux articles Appa- automatique dans cette plage de courant, si le circuit protégé est
reillage électrique à basse tension [D 4 860] [D 4 862] [D 4 865] [D 4 867] et, notamment, à
Appareils de distribution [D 4 865] et à l’article Appareillage électrique d’interruption à susceptible de fonctionner dans cette zone.
haute tension [D 4 700].

2.4.2 Disjoncteur

Le disjoncteur permet d’établir ou d’interrompre le courant, par


rapprochement et séparation de contacts, jusqu’aux valeurs les
plus élevées des courants de défaut. L’ordre d’ouverture sur défaut
est fourni par les relais de détection, incorporés au disjoncteur en
BT (lorsqu’il n’y a pas besoin de réducteur de tension), séparés en
moyenne et haute tensions. Les conditions de déclenchement sont
ajustables au niveau des relais.
La caractéristique essentielle qui nous intéresse ici est le pouvoir
de coupure qui définit le courant maximal que le disjoncteur est
capable d’interrompre.
Les disjoncteurs possèdent une bonne endurance mécanique,
largement suffisante pour tous les besoins usuels.
L’endurance électrique dépend beaucoup du courant coupé. Un
appareil est généralement capable de couper plusieurs fois un
courant correspondant à son pouvoir de coupure. Comme, de plus,
le courant de défaut atteint rarement cette valeur, il suffit de refermer
le disjoncteur pour remettre en service après réparation du défaut.

2.5 Plan de protection

Les études de conception d’un réseau électrique de distribution


pour l’industrie ou le tertiaire présentent souvent un caractère ité-
ratif, les résultats d’un calcul pouvant nécessiter la remise en cause
de conclusions précédentes.
On peut cependant distinguer plusieurs étapes qui se succéderont
dans un ordre préférentiel :
— collationnement des données de l’installation à alimenter ;
Figure 2 – Fonctionnement d’un transformateur de courant — regroupement des utilisations par nature, emplacement géo-
en régime transitoire : établissement d’un courant de court-circuit graphique, exigences de qualité et de continuité de service, etc. ;

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— choix d’un schéma provisoire d’alimentation, des régimes de


neutre et du système de conduite ; 3. Détection des courants
— calcul des flux de charge et des courants de court-circuit ;
— définition d’un système de protection contre les défauts
de défaut
d’isolement ;
— études particulières telles que calcul des perturbations har- 3.1 Principes de sélectivité
moniques, choix des protections contre les surtensions, vérifica-
tion éventuelle de la stabilité dynamique, etc. Nous avons déjà dit (§ 1.4.2) que la sélectivité est nécessaire
La définition du système de protection intervient donc à un pour une bonne continuité de service. Différents principes, plus ou
moment où toutes les données de l’installation sont connues ou, moins simples et plus ou moins performants, sont mis en œuvre
au minimum, ont fait l’objet d’une bonne estimation. dans ce but. Nous les passons en revue dans un ordre croissant de
On traite alors séparément la protection contre les défauts à la complexité.

2
terre pour lesquels le régime de neutre est essentiel – ce régime Le tableau 1 récapitule les différents symboles utilisés pour
pouvant ne pas être identique dans les différentes parties du réseau représenter les protections. On peut cumuler les symboles pour
séparées par un transformateur – et la protection contre les défauts définir une protection complexe. (0)
entre phases pour lesquels le régime de neutre est indifférent.
L’installation est découpée en zones correspondant à des fonc-
tions spécifiques : Tableau 1 – Principaux symboles normalisés (1)
— arrivées ; utilisés pour représenter les protections
— jeux de barres ;
— câbles et boucles ; I> Relais à maximum de courant
— transformateurs ; Relais à maximum de courant à action retardée
— alternateurs ;
— moteurs ; Relais à retard de courant à temps inverse
— condensateurs ;
— utilisations. Id Relais à courant différentiel
Ces zones sont examinées séparément et en fonction de Irsd Relais à courant résiduel
l’ensemble. On s’assure qu’elles se recouvrent suffisamment pour
ne laisser aucune partie non protégée (figure 1) et que la défaillance I: Relais directionnel de courant
d’un élément de protection est toujours palliée par un autre (en Ih Relais à courant homopolaire
acceptant généralement un délai d’intervention plus long), tout en
conservant une bonne sélectivité. Relais à courant de défaut à la terre
Le plan de protection comporte : IN Relais à courant dans le conducteur neutre
— la récapitulation des données nécessaires ; I< Relais à minimum de courant
— le calcul des courants minimaux et maximaux de court-
(1) Les mêmes symboles peuvent être utilisés pour la tension avec U.
circuit ;
— la définition :
• des types de protections et de leurs réglages, zone par zone,
• des réducteurs de mesure qui les alimentent, 3.1.1 Sélectivité ampèremétrique
• des disjoncteurs qu’ils commandent ;
— la vérification de la coordination des protections entre elles : 3.1.1.1 Principe
sélectivité et fonctionnement en secours. L’intensité d’un courant de défaut dépend de l’impédance du circuit
qu’il parcourt entre la source d’énergie et l’emplacement du défaut.
On constate donc, d’une façon générale, que les courants de court-
circuit I sont plus intenses lorsqu’on se rapproche de la source
2.6 Ajustement à l’importance du risque (figure 3) :
IA > I B > I C
Le coût de la protection doit être en rapport avec le prix de Il est alors naturel et légitime de régler les seuils de déclenche-
l’élément protégé et avec les exigences de continuité de service. ment (courants de réglage Ir) des protections selon des valeurs
Pour un élément peu coûteux et n’assurant pas de fonction croissantes de l’aval vers l’amont :
essentielle, on se contente de détecter les défauts les plus graves Ir A > I r B > I r C
et/ou les plus fréquents et de protéger le reste de l’installation
contre ces défaillances : un simple relais à maximum de courant Dans ces conditions, une protection suffisamment éloignée du
instantané peut suffire. défaut, par exemple la protection A pour un défaut d sur le
À l’inverse, un gros alternateur par exemple sera doté d’un tronçon CD, peut ne pas être affectée si son réglage Ir A est supérieur
ensemble très complexe de protections pour limiter au strict mini- à la valeur maximale IC max du courant de court-circuit IC au point
mum, d’une part, les risques d’avaries internes et, d’autre part, les de défaut.
risques d’interruption de la fourniture d’énergie. La sélectivité est totale entre les protections A et C si :
Pour un jeu de barres, on peut chercher à déclencher très rapi- Ir A > IC max
dement pour limiter des dégâts éventuels et permettre une reprise
rapide du service, tout en évitant les déclenchements intempestifs, Mais, le plus souvent, les impédances des circuits sont trop
ce qui conduit au choix d’un type de protection plus coûteux. faibles pour que les écarts entre niveaux de courant de court-circuit
soient suffisants. On n’obtient alors qu’une sélectivité partielle,
c’est-à-dire que la sélectivité n’est assurée que jusqu’à une valeur
du courant de défaut inférieure à sa valeur maximale possible
(figure 4). La probabilité de déclencher sur défaut éloigné n’est
plus nulle.

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Figure 3 – Sélectivité ampèremétrique : principe

Figure 4 – Sélectivité ampèremétrique partielle entre les protections A et C (pour le défaut d sur le tronçon CD, se reporter à la figure 3)

De plus, si la protection de secours n’est pas assurée par


d’autres moyens, chaque protection doit avoir les défauts des deux
tronçons immédiatement en aval. La sélectivité ne peut au mieux
être obtenue qu’entre des protections distantes d’au moins deux
niveaux. En fait, pour éviter cet inconvénient, le secours est assuré
par un deuxième seuil temporisé (§ 3.1.2) ou par la protection de
surcharge (§ 3.1.3).
Pour profiter de son évidente simplicité, la sélectivité ampère-
métrique est utilisée dès que les conditions sont favorables.
En moyenne tension, par exemple, la protection A d’un trans-
formateur de puissance T est aisément sélective avec la protection B
située en aval de T, grâce à l’impédance élevée de cet appareil
(figure 5), la fonction secours et la protection du secondaire étant
assurées par d’autres moyens spécifiques au transformateur. On
obtient de cette façon une protection à coût minimal.
En basse tension, l’impédance des câbles et barres joue un rôle
important dans la limitation des courants de court-circuit. Les
intensités des courants de réglage sont suffisamment différentes
d’un niveau au suivant et la sélectivité ampèremétrique partielle
est d’application courante.

3.1.1.2 Amélioration par limitation du courant de défaut


En basse tension, il est relativement aisé de concevoir des dis-
joncteurs limiteurs (§ 6.3). L’ouverture rapide de l’appareil au
temps t 0 empêche le courant de court-circuit d’atteindre la valeur
qu’il aurait en l’absence d’intervention (figure 6).
Dans ces conditions, la sélectivité ampèremétrique est nettement
améliorée : la plage de variation du courant de court-circuit qui,
dans le cas de la figure 4, était :
I C min ; I C max
devient, avec un disjoncteur limiteur en C :
I C min ; I C lim
et peut être située entièrement au-dessous de IrA . Figure 5 – Sélectivité ampèremétrique : cas d’un transformateur
On obtient alors une sélectivité totale (figure 7) entre les protec-
tions A et C.

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Modélisation par circuits électriques


équivalents des réseaux de terre

par James ROUDET

2
Professeur des universités
Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble INP, G2Elab, Grenoble, France
Édith CLAVEL
Maître de conférences HdR
Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble INP, G2Elab, Grenoble, France
Jean-Michel GUICHON
Maître de conférences
Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble INP, G2Elab, Grenoble, France
et Patrice JOYEUX
Ingénieur
Hager Company, Hager Electro, Obernai, France

1. Approche phénoménologique........................................................... D 3 073 - 3


1.1 Bases du phénomène de conduction dans la terre............................... — 3
1.2 Notion de résistances propre et mutuelle.............................................. — 4
2. Approche théorique............................................................................. — 5
2.1 Solution de l’équation de Poisson dans le cas d’une injection
ponctuelle ................................................................................................. — 5
2.2 Cas de n courants et de deux milieux .................................................... — 9
2.3 Généralisation de la solution à un conducteur réel .............................. — 10
2.4 Méthode de résolution numérique......................................................... — 14
2.5 Exploitation et validation......................................................................... — 17
2.6 Prise en compte des caractéristiques des conducteurs........................ — 21
3. Conclusion.............................................................................................. — 24
4. Glossaire ................................................................................................. — 24
5. Annexes................................................................................................... — 26
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. D 3 073

ctuellement l’électrification des bâtiments industriels, tertiaires ou domes-


A tiques à des fins fonctionnelles ou d’efficacité énergétique conduit de plus
en plus couramment à constater des problèmes de compatibilité électroma-
gnétique. Les réseaux de terre sont essentiels pour maintenir l’équipotentialité
du bâtiment quelles que soient les conditions d’exploitation. Ceux-ci inter-
viennent dans la protection des biens et des personnes contre des défauts
d’isolement ou des agressions externes comme la foudre.
En revanche, ils n’ont jamais été dimensionnés vis-à-vis de la propagation
des perturbations conduites dans la bande [10 kHz-30 MHz] générées en
interne au bâtiment par les convertisseurs d’électronique de puissance tou-
jours plus présents dans les nouvelles constructions.
La conception des réseaux de terre fait appel généralement à des dimension-
nements empiriques. Ces dimensionnements restent simplistes ou, au
contraire, sont issus de modélisations numériques lourdes et donc peu utili-
Parution : novembre 2018

sables. Par ailleurs, l’existence de perturbations occupant des bandes de


fréquences de plus en plus étendues réclame des modèles tenant compte de

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MODÉLISATION PAR CIRCUITS ÉLECTRIQUES ÉQUIVALENTS DES RÉSEAUX DE TERRE ____________________________________________________________

ce paramètre. Dans la perspective de nouveaux bâtiments l’équipotentialité


des câblages devra être assurée sur une large plage fréquentielle. Ce dernier
aspect a été peu étudié jusqu’à présent.
L’objectif de cet article est de proposer des modèles sous forme de circuits
électriques équivalents des constituants des réseaux de terre (pieux, grilles,
plaques conductrices, câblages filaires...). Ceux-ci seront introduits dans un
simulateur 0D (simulateur de circuit électrique) qui peut intégrer des sources
de perturbations comme les convertisseurs d’électronique de puissance, la
foudre et les différents composants du réseau de distribution comme les para-
foudres ou autres protections, les transformateurs de distribution, les
charges... pour peu que l’on dispose de leurs modèles « circuits ». Les avan-

2 tages de cette technique de modélisation sont nombreux :


– approche métier aisée grâce à la manipulation de composants discrets et
accès très rapide au calcul des grandeurs globales ;
– compréhension et analyse des phénomènes physiques, maîtrise des para-
mètres prédominants, lien conservé avec la géométrie du réseau de terre et de
distribution ;
– dimensionnement et optimisation facilités grâce à une approche semi-
analytique ;
– proximité de développement avec la méthode PEEC électromagnétique
qui fait autorité aujourd’hui dans le calcul des dispositifs de câblage en électro-
technique et électronique de puissance, etc.
Ce premier article propose une méthode de modélisation originale basée sur
la résolution analytique de l’équation de Poisson dans le but d’obtenir un
modèle sous forme de circuit électrique équivalent d’un ensemble conducteur-
terre. Des formulations analytiques inédites ont été élaborées. D’abord adap-
tées aux géométries de base elles permettent ensuite de s’intéresser à des
systèmes complets. Une méthode numérique est proposée pour étendre la
validité fréquentielle des modèles et accéder à des grandeurs locales et glo-
bales des phénomènes physiques dans le cas de conducteurs enterrés.
Un second article montrera comment traiter des situations impliquant des
conducteurs enterrés de géométrie complexe et une analyse de sensibilité des
paramètres débouchera sur une vision touchant à la conception des réseaux
de terre plus concrète notamment grâce à la formulation de règles simples. Il
s’achèvera par un exemple de simulation globale d’un bâtiment.
Le contexte général de ces travaux est abordé dans l’article [D 1 305].

Symbole Unité Description Symbole Unité Description

ρ Ωm Résistivité d’un matériau T Vecteur induction magnétique

σ S/m Conductivité d’un matériau (σ = 1/ρ ) A/m Vecteur champ magnétique


Tm Potentiel vecteur
ε0 F/m Permittivité diélectrique du vide
V/m Vecteur champ électrique
Permittivité diélectrique relative d’un
εr –
milieu C/m2 Vecteur induction électrique
Permittivité diélectrique absolue d’un A/m2 Vecteur densité de courant
ε F/m
milieu : ε = εr ε0
f Hz Fréquence des signaux
µ0 H/m Perméabilité magnétique du vide
ω rad/s Pulsation des signaux : ω = 2πf
Perméabilité magnétique relative d’un
µr – Q C Charge électrique
matériau
V V Potentiel
Perméabilité magnétique absolue d’un
µ H/m
matériau : µ = µr µ0 I A Courant

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1. Approche I0

phénoménologique
Cette première section a pour objectif de présenter le principe de r1
la méthode développée dans le cas simple d’une injection ponc-
tuelle de courant à la surface de la terre.
r2

1.1 Bases du phénomène Figure 1 – Injection ponctuelle à la surface de la terre


de conduction dans la terre
La terre est un milieu conducteur dont la résistivité équivalente
s’étend de 10 Ωm à plus de 1 000 Ωm pour des terrains très rocail-
leux. Cette propriété physique permet d’utiliser ce milieu comme
1.1.1 Cas simple d’une injection ponctuelle
de courant I à la surface de la terre 2
un élément de conduction naturelle de liaison entre plusieurs On peut aborder la modélisation grâce à une approche phéno-
sources distantes. Malgré sa résistivité qui demeure grande, le ménologique assez simple en calculant l’élévation de potentiel de
volume qui rentre en jeu peut facilement transformer ce conduc- la terre consécutive à une injection ponctuelle de courant
teur de résistivité médiocre en un « bon » conducteur. (figure 1).
Comme tout système physique, ce problème est régi par les Le courant s’écoulant radialement à partir du point d’injection en
équations de Maxwell rappelées ci-après [équations (1), (2), (3) et raison de la symétrie du problème, à la surface d’une demie-
(4)] : sphère de rayon r, la densité de courant sortante s’exprime en
coordonnées sphériques avec comme vecteur radial unitaire :
– loi de Maxwell-Faraday :

(1)
donc
– loi d’Ampère :

(2)
Or, le champ électrique dérive d’un potentiel V :
– loi de Maxwell-Gauss :

(3)
Ainsi la différence de potentiels entre deux lignes équipotentielles
situées en r1 et r2 (figure 1) s’écrit [équation (9)] :
– lois de Gauss :
(4)
(9)
Équations auxquelles on peut rajouter celles liant les grandeurs
tenant compte des caractéristiques du milieu considéré avec l’hypothèse que le potentiel est nul à l’infini, le potentiel à la
[équations (5), (6) et (7)] : distance r par rapport à la terre lointaine est donné par la
– loi d’Ohm : relation (10) :
(5)
(10)
– loi constitutive des matériaux magnétiques :

(6) Cela permet d’en déduire l’expression de l’impédance équivalente


entre le point d’injection et l’infini [relation (11)] qui, mise sous
– loi constitutive des matériaux diélectriques : forme d’une admittance [relation (12)] permet une exploitation
directe sous forme d’un circuit R, C parallèle (figure 2) :
(7)
(11)
La loi d’Ampère traduit la circulation du champ . Cette dernière
est égale à la somme des courants.
En utilisant les équations (5) et (7), on peut alors décrire le cou-
rant total comme étant la somme du courant de conduction et du (12)
courant de déplacement :
Par identification :

Dans le domaine fréquentiel, cette équation devient .


On peut définir ainsi une conductivité complexe du milieu 1.1.2 Cas de deux points d’injection
étudié :
Prenons à présent le cas d’une injection entre deux points (1 et
(8) 2) et exprimons le potentiel en un point M quelconque en suppo-

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I I1 I2
I1 I2

Zp
V R Zp
C V10 V20
Zm V20
V10 Zm

V3
V=0à∞

2
Figure 2 – Schéma électrique équivalent modélisant
une injection de courant ponctuelle et la terre lointaine
Figure 4 – Schéma électrique représentant le couplage
entre les points d’injection

I1 I2
d À partir des expressions de , respectivement l’élévation
de potentiel par rapport à l’infini sur la petite sphère ro autour du
point d’injection 1 due aux courants I1 et I2 et du point d’injection
2 due à ces mêmes courants, on peut définir une impédance
1 r M 2
propre qui donne l’élévation de potentiel au point d’injection
sur lui-même (dans sa proximité immédiate) et une impédance
V1M V2M mutuelle Zm qui donne l’élévation de potentiel due à l’autre point
d’injection (figure 4) [relation (16)] :

V10 V20
∞ (16)

Figure 3 – Courant circulant entre les points 1 et 2, tension en M

avec
sant ce dernier aligné avec les deux autres (figure 3). Le calcul en
un point quelconque de l’espace est plus complexe mais ne remet
pas en cause notre démarche. On pourrait définir un coupleur qui fonctionne de la même façon
que deux inductances couplées, malheureusement ce type de
De la même manière que précédemment on calcule séparément coupleur n’existe pas dans des simulateurs 0D de type Spice. Dans
les contributions des injections de courant I1 en 1 et I2 en 2 sur le ce cas une tension V3 doit être considérée entre les deux branches,
point M [relations (13) et (14)]. car le couplage ne définit que le rapport entre la branche 1 et la
branche 2.
La tension créée par 1 sur le point M :
Il est donc nécessaire de trouver un autre type de représenta-
tion. Plusieurs constats sont nécessaires :
(13) – seule l’impédance vue entre l’extrémité des deux pieux peut
être mesurée. Tout modèle électrique qui fournit la même réponse
sur une large gamme de fréquence (si l’on souhaite s’intéresser au
La tension créée par 2 sur M : comportement en fréquence) est éligible. Il en existe une infinité si
l’on ne rajoute pas de critères supplémentaires ;
– pour résoudre le problème analytiquement, on considère la
(14) tension de la terre profonde ou lointaine nulle et l’on peut prendre
l’hypothèse V3 = 0.
Il reste deux potentiels indépendants soit 2*3/2 soit 3 termes
Cette physique étant linéaire, il est possible d’utiliser le théorème
indépendants, il faut donc 3 impédances au minimum pour repré-
de superposition [relation (15)]. L’élévation de potentiel du point M
senter ce comportement.
est la somme des deux contributions :
Plusieurs schémas électriques peuvent être proposés pour repré-
senter cette situation.
(15) L’un proposé dans [1] est représenté à la figure 5.
Nous préférons un autre schéma qui est beaucoup plus proche
de ceux que l’on peut trouver pour représenter les capacités para-
sites et les résistances de fuite des lignes multiconducteurs. Ce
1.2 Notion de résistances propre choix amène à la notion d’admittance déjà abordée précédemment
et mutuelle [relation (16)]. Avec un schéma en π justifié par la présence de
grandeurs propres et d’une grandeur représentant une
Considérons une petite sphère de rayon r0 autour de chacun des notion de couplage entre les deux points d’injection, on peut aisé-
points d’injection afin d’évaluer le potentiel à proximité de ceux-ci. ment obtenir les équations permettant d’identifier les éléments du
On rappelle que l’expression précédente diverge sur le point schéma (figure 6). Celui présenté ici a l’avantage d’être très facile-
d’injection, ce qui est lié à l’approche ponctuelle. ment généralisable à une multitude de points d’injection, contraire-

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2. Approche théorique
I1 I2
L’approche précédente est rendue possible grâce à la simplicité
du processus d’injection par une source ponctuelle située exacte-
Zp − Zm Zp − Zm ment à l’interface. Dans la réalité l’injection peut se faire dans un
volume de la terre par le biais de pieux ou de grillage. La méthode
de modélisation d’injection ponctuelle n’est pas compatible pour
traiter des injections en volume.

Zm
Les développements théoriques suivants vont permettre de trai-
ter des injections ponctuelles non surfaciques, mais également de

2
prendre en compte de milieux aux propriétés physiques différentes
et enfin d’étendre l’approche développée à des injections non
I1 + I2
ponctuelles. Ainsi celle-ci n’est plus limitative et permet le traite-
ment de dispositifs réalistes et donc complexes.

Figure 5 – Schéma en T

2.1 Solution de l’équation de Poisson


dans le cas d’une injection ponctuelle
y 12
I1 I2
2.1.1 Résolution dans le cas
d’un milieu homogène

Considérons une injection ponctuelle (figure 7) dans un milieu


V10 y1 y2 V20 infini et homogène caractérisé par sa permittivité ε et sa conducti-
vité σ. Les deux équations qui gèrent la distribution de la tension
sont : l’équation de Poisson (19) pour le cas avec distribution de
charge et l’équation de Laplace (20) dans le cas particulier sans
charge :
Figure 6 – Schéma en Π
(19)
ment à d’autres. De ce fait la notion de résistance propre ou
mutuelle reste toute relative. Celle que nous avons adoptée arbi- (20)
trairement permet facilement d’exprimer l’élévation de potentiel de
chaque point par rapport à la « terre lointaine » et d’avoir un
couplage avec chaque autre point envisagé. 2.1.1.1 Résolution de l’équation de Laplace
On a : Dans le cas d’un milieu purement conducteur, on ne considère
que les propriétés de conduction du milieu, le problème traité sera
alors régi par l’équation de Laplace (20).
(17)
Vu la symétrie de révolution de la géométrie traitée, on pourrait
décrire le problème en utilisant les coordonnées sphériques. Néan-
moins dans le cas général et comme cela a été indiqué précédem-
Les éléments « admittances » de ce circuit se définissent en ment, les injections de courant se font dans le volume de la terre
inversant la matrice impédance définie à la relation (16). On par le biais de pieux par exemple. Étant donnée cette particularité
obtient ainsi, par identification, l’expression [relation (18)] des élé- géométrique il semble opportun d’utiliser un jeu de coordonnées
ments du circuit en ∏ (figure 6) : cylindriques afin de simplifier les différentes écritures.

I0 R
(18)

z
Remarque : pour effectuer une simulation sous un logiciel
circuit (simulateur 0D), il sera alors nécessaire de décrire le
même schéma électrique que celui de la figure 6 en remplaçant
les admittances par des impédances constituées d’une résis- M
tance en parallèle avec un condensateur dont les valeurs seront
déterminées à partir des parties réelle et imaginaire des admit-
tances. Figure 7 – Injection ponctuelle – définition des notations
géométriques

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31
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D3073

MODÉLISATION PAR CIRCUITS ÉLECTRIQUES ÉQUIVALENTS DES RÉSEAUX DE TERRE ____________________________________________________________

En coordonnées cylindriques, le Laplacien du potentiel est


donné par l’équation (21) :

Milieu 2
(21) s2, e2
Interface entre
On peut trouver la résolution mathématique de l’équation (21) les deux milieux
dans [2] et une version plus détaillée pour notre application h
I0
dans [3]. L’expression du potentiel est alors donnée par la R
relation (22) :

(22) Milieu 1
z s1, e1

2
r
Par identification avec la loi d’Ohm, on peut déduire de
l’équation (22) l’expression de la résistance du milieu traversé par
le courant [équation (23)] : M

(23) Figure 8 – Injection ponctuelle avec interface – définition


des notations géométriques

2.1.1.2 Résolution de l’équation de Poisson


On note que sont des résistances et condensateurs
La prise en compte de la présence d’une charge ponctuelle Q indépendants de la fréquence.
consiste à résoudre l’équation (19).
La résolution de cette équation est détaillée dans [3] et permet 2.1.2 Résolution en présence de deux milieux
d’aboutir à l’équation (24) :
Dans le cas d’un seul milieu homogène, on a pu établir précé-
demment l’expression du potentiel en un point du milieu M situé à
(24)
la distance r du courant :

L’expression du potentiel créé par une charge Q en un point dis-


tant de r de cette charge permet alors de définir la capacité selon
la relation (25) : Soient maintenant deux milieux, notés 1 et 2, de caractéristiques
(25) physiques différentes. On suppose la présence d’un courant ou
d’une charge dans le milieu 1, positionné au centre du repère, et
on souhaite exprimer le potentiel en n’importe quel point M (R, z ),
2.1.1.3 En présence de charge et de courant en présence d’un milieu 2 (figure 8).
Quand le milieu présente les deux propriétés (une conductivité σ Selon la position du point M (R, z ) dans le milieu 1 (respective-
et une permittivité ε ), on peut alors écrire le courant total comme ment dans le milieu 2), et en utilisant la même démarche que pré-
étant la somme du courant de conduction et du courant de cédemment et les conditions aux limites et de passage d’un milieu
déplacement : à l’autre, on établit l’expression de son potentiel vis-à-vis de l’infini
donnée par les équations (27) et
détaillée dans [3] :

En utilisant les mêmes étapes de calcul que dans la section 1 mais


sur une sphère de rayon r complète, le potentiel par rapport à
l’infini s’écrit alors :
(27)

Cela permet par application de la loi d’Ohm de déduire l’expres-


sion de l’impédance vis-à-vis de l’infini [équation (26)] :

Remarques
(26) 1) Dans le cas d’un milieu homogène, on a . Il est
alors possible de retrouver des résultats physiques connus. La
notion de courant image disparaît et l’on retrouve l’expression
2.1.1.4 Modèle électrique équivalent du potentiel déjà établie précédemment avec bien sûr
L’expression (26) de l’impédance équivalente précédente montre ;
qu’il est possible de déterminer un schéma électrique équivalent 2) Dans le cas où le point M d’observation se situe au niveau
simple en s’intéressant à l’admittance. En effet : de l’interface alors r ’ = r ’’ = r, et on vérifie que .

2.1.2.1 Analyse de l’expression de V1


L’expression de , d’après (27), fait apparaître deux termes
On retrouve la mise en parallèle de déjà présentée
(figure 2). dans un milieu de conductivité complexe .

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Modélisation par circuits électriques


équivalents des réseaux de terre
Application

2
par James ROUDET
Professeur des universités
Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble INP, G2Elab, Grenoble, France
Edith CLAVEL
Maître de conférences HdR
Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble INP, G2Elab, Grenoble, France
Jean-Michel GUICHON
Maître de conférences
Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble INP, G2Elab, Grenoble, France
Alexis DERBEY
Ingénieur CNRS
Université Grenoble Alpes, CNRS, Grenoble INP, G2Elab, Grenoble, France
et Patrice JOYEUX
Ingénieur
Hager Company, Hager Electro, Obernai, France

1. La terre comme conducteur électrique.......................................... D 3 074 - 2


2. Rappels sur la méthode de modélisation ...................................... — 6
3. Validation et analyse de sensibilité ................................................ — 8
4. Conception et dimensionnement d’un réseau de terre ............. — 13
5. Modélisation système ......................................................................... — 17
6. Conclusion.............................................................................................. — 25
7. Glossaire ................................................................................................. — 27
8. Sigles, notations et symboles........................................................... — 27
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. D 3 074

et article a pour ambition de montrer quels sont les modèles utilisables


C dans une simulation de type « circuit ou 0D » de l’écoulement des cou-
rants parasites (foudre, perturbations CEM...) dans un bâtiment qu’il soit
résidentiel ou industriel. De nombreux travaux modélisent les phénomènes
complexes de conduction des courants au sein de la terre sans pour autant
aboutir à un modèle système simple utilisable. À la complexité physique se
rajoute l’hétérogénéité de la terre elle-même ou la présence de matériaux
divers (conduites, remblais...). Cela mène potentiellement à l’impossibilité de
décrire dans son entièreté le milieu. Dans l’objectif du dimensionnement d’une
installation électrique bien d’autres éléments complexes viennent s’ajouter et
l’idée, ici, est de proposer une étude globale mais pertinente du comportement
du bâtiment et non de phénomènes locaux très fins et partiels.
Parution : novembre 2019

Ce second volet fait suite à l’article [D 3 073] dans lequel ont été explicités
des modèles électriques valables sur une large gamme de fréquence de

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conducteurs enterrés de géométrie plus ou moins complexe et représentatifs


de situations réelles. L’utilisation de ces modèles permet d’obtenir les ordres
de grandeur et les paramètres géométriques dimensionnant des prises de terre
élémentaires ou d’autres conducteurs enterrés grâce à des analyses de sensibi-
lité. Dans un second temps l’exemple d’un bâtiment complet incluant les
divers câblages et des matériels connectés est traité montrant l’efficacité des
modèles et de l’approche système.

2 1. La terre comme
conducteur électrique
1.1 Les différentes fonctions de la terre
La terre, notre terre, est relativement conductrice et constitue
une référence absolue de potentiel V = 0 V mais qui n’est en fait
valable qu’à une certaine profondeur, c’est ce que l’on appelle la Figure 1 – Ligne de télégraphe utilisant la terre
terre lointaine prise comme référence. Elle permet d’évacuer des
courants non désirés dont ceux de foudre mais aussi bien d’autres.
Elle a bien d’autres rôles que nous allons rappeler succinctement
dans les paragraphes suivants. Zb

Uréseau
1.1.1 Le retour des courants
L’origine des prises de terre dans le passé est d’assurer un
aspect fonctionnel avec comme principal exemple le retour du
courant par la terre.
Ra Ru
Historiquement le télégraphe n’utilisait qu’un seul fil, mais V
l’inductance de la boucle ainsi constituée avec la terre était telle
que le système avait une portée très limitée (figure 1). On notera
que toutes les autres applications de téléphonie en France ont
cessé d’utiliser la terre depuis les années 1990 environ.
La terre, comme conducteur de retour, est encore utilisée de
façon anecdotique dans le cas du retour de courant pour les câbles Figure 2 – Schéma TT – élévation de potentiel d’un équipement
sous-marin par exemple.

avec Ra résistance de terre au niveau du transformateur,


1.1.2 Protection des personnes
Ru résistance de terre au niveau de l’équipement,
Actuellement le premier rôle d’une prise de terre auquel on
pense est d’assurer la protection des personnes. Ce n’est pas Zb impédance constituée par la résistance des conducteurs
nécessairement la résistance de terre qui rend une installation sûre et l’inductance de la boucle.
mais l’équipotentialité des masses accessibles, elles-mêmes
connectées à la terre. On insiste sur le fait que Ru doit être suffisamment faible. Mais V
est le potentiel aux bornes de Ru donc avec la terre lointaine alors
À ce stade il est peut-être bon de rappeler la limite quelque fois que la personne n’est pas en contact avec celle-ci. À l’endroit de la
ténue entre terre et masse dans un bâtiment. connexion du câble PE (fil vert/jaune) avec la barrette de terre, le
Prise de terre, réseau de terre, terre... signifie que les conduc- courant injecté provoquera une remontée du potentiel de la terre.
teurs sont enterrés et en contact électrique avec la terre. Ils sont La personne se trouve alors au potentiel V, en parallèle avec le
accessibles via une barrette de connexion dans les bâtiments. Ils vert/jaune. Si ce dernier est bien connecté, il n’y a alors aucun
pourront évacuer des courants directement dans la terre et en risque pour elle.
corollaire une terre bonne conductrice doit les maintenir à peu
Nota : à ce titre on rappelle que les tensions de contact supposées permanentes ne
près équipotentiels. doivent pas dépasser 50 V en alternatif et 120 V en continu dans des conditions normales
À ne pas confondre avec la masse qui est un ensemble de et seulement 25 et 60 V respectivement, à l’extérieur, par exemple sur des chantiers, etc.
conducteurs reliés en principe au réseau de terre et ces conduc-
teurs sont censés réaliser l’équipotentialité indispensable au bon En revanche, la situation décrite à la figure 3 peut être très dan-
fonctionnement de divers équipements connectés. gereuse avec la présence de 2 prises de terre séparées. Si une per-
sonne venait à toucher une armature ou un conducteur au
Dans le cas du schéma TT de la figure 2, l’élévation de potentiel potentiel d’une autre prise de terre éloignée le risque d’électrisa-
de l’équipement en défaut s’écrit habituellement : tion serait réel. Des courants de défaut importants circulant dans
l’une et non dans l’autre des prises de terre entraînent une diffé-
rence de potentiel dangereuse entre les 2 terres ou plutôt masses
dans ce cas. En principe cette configuration est interdite par la loi.

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Ph

Réseau Zfuite
Filtre de mode
commun
Neutre Zch

R1 R2

PE

Figure 3 – Conséquence de deux prises de terre différentes


Figure 5 – Régime TT – la terre traversée par les courants de fuite
des équipements
2
1.1.3 La terre comme chemin de propagation
des courants parasites
Ce rôle est important puisqu’il permet l’évacuation des courants
parasites. En revanche, il est nécessaire de distinguer différents
cas selon, la nature des courants parasites, l’installation, la
fréquence :
– cas d’une ligne de distribution d’énergie accidentellement mise
à la terre par exemple. Le retour se fait par plusieurs chemins, les
uns localisés au niveau de la source suivant sa liaison à la terre,
les autres via les capacités parasites réparties de la ligne (figure 4).
Des courants parasites (la foudre peut en faire partie) circulant en
mode commun sur une ligne électrique vont pouvoir se reboucler
Figure 6 – Circulation des courants de mode commun
par la terre ;
– dans une installation domestique : en régime TT, les courants
de défaut reviennent par la terre (figure 5). Plus on multiplie les
appareils, plus ces courants de fuite augmentent et peuvent
conduire à des déclenchements intempestifs du dispositif différen-
tiel à courant résiduel (DDR) qui est indispensable à ce régime ;
– de par sa nature conductrice, la terre va également être res-
ponsable de l’écoulement de courants de mode commun via les
PE PE
capacités parasites avec les équipements et en fournissant ce que
Imc
l’on appelle un chemin de propagation non intentionnel (figure 6). Imc

Dans le cas où l’équipement est à double isolation, les capacités


a vrai mode commun b mode commun filaire
parasites des points à potentiel variable avec la terre sont sollici-
tées et offrent un chemin pour les courants de mode commun. Ces
derniers empruntent des chemins difficiles à cerner et qui Figure 7 – Écoulement du courant de mode commun
engendrent des boucles de rayonnement potentiellement grandes,
propices à des émissions rayonnées importantes.
Si le coffret de l’équipement est métallique, il doit impérative-
ment être connecté à la terre pour des questions de sécurité et des
Capacités de mode
capacités parasites présentes entre les points à potentiel rapide-
commun
ment variable et le coffret créent à nouveau des courants de mode
commun. En cas d’insuffisance du filtre de mode commun de
l’équipement, les courants se reboucleront en partie à la source de
puissance par le conducteur de protection ainsi que par les
diverses capacités parasites des câblages (figure 7a).

Figure 8 – Cheminement des courants de mode commun via la terre

Dans une configuration de régime TN, seule une capacité para-


site subsisterait entre l’équipement et la terre, et le courant de
mode commun pourrait trouver un chemin moins impédant à tra-
vers le câble PE (figure 7b). Cette configuration offre l’avantage
que le courant de mode commun circule à proximité des câbles
d’alimentation et le chemin de retour est, d’une part, bien identifié
et, d’autre part, la boucle de rayonnement ainsi constituée est plu-
tôt de faible surface.

Figure 4 – Évacuation d’un courant de défaut ou de mode commun La figure 8 met en évidence que des courants perturbateurs de
par la terre mode commun externes au système peuvent être mis à la terre

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grâce au filtre d’entrée d’un équipement qui les détourne afin que
ces derniers ne puissent circuler à travers les cartes électroniques 0
supposées sensibles de l’équipement.
Rterre = 0 Ω
–5 Rterre = 15 Ω
1.1.4 La terre comme référentiel statique

20 log(Vinduit)
La terre comme référentiel statique permet à un système chargé
électrostatiquement d’écouler ses charges vers la terre. C’est par – 10
exemple le rôle du bracelet conducteur relié à la terre que portent
les personnes qui assemblent des composants électroniques à
forte impédance d’entrée (figure 9). – 15

2 1.1.5 Effet réducteur d’un blindage dégradé


par la résistivité de la terre – 20
10 100 103 104 105 106
Dans le cas d’installations de petites tailles, la présence de plans w [rad/s]
de masse reliés à la terre, référence de l’équipement va permettre
de jouer le rôle de blindage. Cela peut également être le cas pour Figure 11 – Impact de la résistance de terre sur l’effet réducteur du
les goulottes métalliques servant de chemins de câbles. blindage

Mais dans le cas de longues distances, seule la terre peut jouer


ce rôle. Elle va permettre de relier les extrémités d’un blindage qui Le gain défini par l’équation (1) permet d’apprécier l’efficacité du
protège par exemple un conducteur téléphonique de l’induction blindage :
créée par un perturbateur voisin.
L’effet réducteur du blindage amagnétique est obtenu grâce à la (1)
circulation du courant dans celui-ci, si et seulement si, il est relié à
ses deux extrémités à une masse (par Ra et Rb) afin qu’un courant
puisse circuler et contrer la tension perturbatrice induite. Pour un L’expression de S en présence d’un plan infiniment conducteur à
effet maximum, il est nécessaire que la résistance du blindage (Rs) la place de la terre est donnée par :
soit la plus faible possible. Dans notre cas, à la résistance du blin-
dage s’ajoutent les deux résistances d’accès à la terre lointaine Ra
et Rb (figure 10).

En présence des impédances de terre, celle-ci devient :

où L v représente l’inductance de la victime, Ls et Rs les caractéris-


tiques du blindage, Msv la mutuelle inductance entre le blindage et
la victime, et R terre = Ra + R b.
On vérifie que R terre nulle donne l’expression habituelle et on
peut visualiser sur le graphe de la figure 11 l’impact non négli-
geable de la résistance R terre sur les performances du blindage.
L’atténuation est très affectée avec une valeur R terre modeste de
Figure 9 – Évacuation des décharges partielles par le biais de la 15 Ω !
terre

1.1.6 La terre comme plan image


pour les antennes

Perturbateur C’est le rôle que joue la terre sous l’antenne fouet, situation
Vinduit comparable au rôle que joue le toit d’une voiture vis-à-vis de son
Victime/âme antenne radio. Néanmoins les pertes dans la terre viennent dégra-
Rne Msv Rfe der le fonctionnement de l’antenne et des conducteurs enterrés
Blindage améliorent le système.
Ls, Rs

1.1.7 Conclusion
La terre bien que de caractéristique très variable ni bon, ni mau-
Ra Rb vais conducteur joue plusieurs rôles tout à fait fondamentaux
comme on vient de le voir. Elle apporte cependant une complexité
certaine sur le plan CEM par rapport aux systèmes embarqués
comme les avions ou les voitures ! Encore que l’âge d’or de la car-
Figure 10 – Effet réducteur d’un blindage grâce à sa connexion à la lingue conductrice commence à être révolue avec les avions en
terre matériaux composites.

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1.2 Quelques notions sur le matériau Ainsi, le gel d’une part et la sécheresse d’autre part conduisent
naturellement à une augmentation importante de la résistivité. Par
« terre » ailleurs, à taux d’humidité donné, plus la température augmente
plus la résistivité décroît car la conduction dans la terre est essen-
1.2.1 Caractéristiques du sol tiellement un phénomène électrolytique. Et plus le taux d’humidité
augmente plus la résistivité diminue.
Le sol est caractérisé par sa résistivité et sa permittivité : D’autres phénomènes assez complexes peuvent intervenir dans le
– concernant la permittivité ε, il est assez rare de trouver des cas d’écoulement de courants de foudre extrêmement importants, la
données sur cette caractéristique. Ce paramètre est de toute façon tension provoquée par conduction peut dépasser 200 kV/m et provo-
délicat à identifier. Il est généralement compris entre 1 et 80, 80 quer un claquage dans un milieu argileux !
étant la permittivité de l’eau et représente une terre saturée en À noter qu’après un foudroiement, la résistance de la terre aug-
eau. Sa connaissance n’est nécessaire que lorsqu’on souhaite mente temporairement à cause de l’évaporation de l’eau au voisi-

2
approcher le côté capacitif de la terre. Or la contribution de l’aspect nage des conducteurs. Si le sol se vitrifie alors cette augmentation
capacitif intervient relativement haut en fréquence et il est montré de résistance peut devenir permanente et il sera nécessaire de
dans [D 3 073] que le résultat obtenu est peu sensible à la valeur détruire le dispositif de mise à la terre pour le reconstruire.
de ε. Il s’avère que c’est une donnée moins critique que la
résistivité ; Les phénomènes de conduction dans la terre sont complexes.
Cet article ne prétend pas en faire une approche exhaustive, sur-
– la résistivité du sol dépend essentiellement et grandement du
tout que l’approche proposée dans [D 3 073] qui aboutit à des
type de sol, de l’humidité et de la température. Le tableau 1 donne
modèles théoriques permet d’enrichir ces derniers avec des com-
quelques idées sur les caractéristiques résistives suivant la nature
portements plus fins si nécessaire.
des sols rencontrés.
Pour mémoire, on peut citer de nombreux travaux relatifs à la
La figure 12 illustre la variation saisonnière de la résistivité du connaissance de la terre :
sol [2].
– de la variation de la résistivité et de la permittivité avec la
fréquence [3] ;
– d’un sol non homogène avec un découpage en couches [4],
Tableau 1 – Caractéristiques résistives chacune caractérisée par une résistivité et une permittivité
de différents sols différente ;
– de l’ionisation de la terre [5] ;
Résistivité – de la corrosion des dispositifs : la présence d’eau et de sels
Nature du sol minéraux est responsable d’une importante corrosion ce qui peut
[Ωm]
conduire à des variations de 20 % de la résistance de terre au
Terrains marécageux De 1 à 30 cours d’une année et à la dégradation au cours du temps des sys-
tèmes de mise à la terre. Leur durée de vie est estimée à une ving-
Limons 20 à 100
taine d’années seulement ! Pour éviter l’oxydation du système de
Humus 10 à 150 terre, on peut le porter à un potentiel négatif par rapport à une
électrode dont le rôle sera de s’user. Dans le cas de courants alter-
Marnes 30 à 40 natifs parasites l’usure est plus lente.
Béton 400 Ces différents aspects ne seront pas abordés dans le présent
article.
Sable argileux 50 à 500 Par ailleurs, il ne faut pas oublier que dans la modélisation
Sable siliceux 200 à 3 000 finale, de nombreux paramètres rentrent en jeu, tant géométriques
que physiques, qui peuvent relativiser ces phénomènes com-
Sol pierreux nu 1 500 à 3 000 plexes.

Sol pierreux recouvert de gazon 300 à 500


1.2.2 Comment mesurer simplement la résistivité
Granit et grès en altération 1 500 à 10 000 de la terre ?
Connaître la résistivité (voire la permittivité) de la terre afin de
pouvoir dimensionner un dispositif de mise à la terre est donc une
80 étape cruciale.
Plusieurs méthodes de mesures sont décrites dans la littérature.
60 La principale difficulté est la présence des couplages entre les
diverses électrodes utilisées pour la mesure et l’impossibilité de
référencer la prise de tension à la terre lointaine.
[Ω]

40
Dans leur principe, les différentes méthodes reposent sur des
mesures de tension et courant. La principale différence entre elles
20 concerne le nombre d’électrodes et la configuration géométrique
guidée par la complexité des situations rencontrées (rue goudron-
0 née, béton, structures métalliques proches...).
Jan.

Mars

Mai

Juil.

Sept.

Nov.

Jan.

Mars

Mai

Juil.

■ Hypothèse d’une injection ponctuelle de courant


D’une manière générale, les méthodes reposent sur l’hypothèse
Profondeur électrode 1 m que l’injection de courant par l’électrode est vue comme ponc-
tuelle par les autres électrodes. Cela est valide si la distance entre
Profondeur électrode 3 m
les électrodes est suffisante.
Figure 12 – Variation saisonnière de la résistance du sol selon la Suite à cette injection ponctuelle de courant, il y aura élévation
profondeur des électrodes (d’après [2]) du potentiel dans la terre avec des équipotentielles de forme demi-

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1 2 3 4 Nous ne pensons pas qu’il soit scientifiquement correct


d’exprimer les phénomènes ainsi. Autant la résistivité du milieu
r1 r2 r1 géologique ne doit pas dépendre de la méthode de mesure,
c’est-à-dire de la géométrie des électrodes, autant les électro-
des contribuent à modifier les lignes de courant et l’on est donc
Figure 13 – Méthode 4 points : injection aux points 1 et 4, tension très loin du cas représenté par un conducteur de cuivre dont la
entre les points 2 et 3
section droite est équipotentielle.
En conclusion, ce que l’on caractérise et/ou mesure est donc
sphérique. Avec l’hypothèse que le potentiel est nul à l’infini, le l’ensemble indissociable « électrode-terre ».
courant s’écoule radialement à partir du point d’injection en raison
de la symétrie du problème.
Et comme il a été montré dans [D 3 073], la tension en un point
2. Rappels sur la méthode
2 M à la distance r du point d’injection référencée par rapport à
l’infini s’exprime selon l’équation (2) :
de modélisation
(2) Cette section a pour objectif de rappeler le principe de la
méthode de modélisation d’un dispositif de mise à la terre à l’aide
Cette dernière formulation diverge si l’on veut atteindre le poten- d’un schéma électrique équivalent.
tiel du point d’injection du courant, c’est une situation singulière Cette méthode est largement détaillée dans [D 3 073]. Elle
que l’on rencontre très classiquement en électromagnétisme. repose sur la résolution des équations de Poisson et de Laplace.
■ Méthode de Wenner
C’est la méthode historique datant de 1915 [6]. Elle consiste en
une boucle d’injection (entre les points 1 et 4) et une boucle de
2.1 Configuration de base
mesure (entre les points 2 et 3) comme illustré à la figure 13. Dans le cas réel d’un système de mise à la terre, les injections se
Ainsi le potentiel du point 2 est composé de deux termes, l’un lié font par des électrodes de type conducteur cylindrique (pieu de
au courant injecté au point 1 et l’autre au courant sortant du point terre), voire des grilles de terre en vue d’améliorer les échanges
4 [équation (3)] : avec la terre.
Ci-après les expressions du potentiel d’un point M quelconque
(3) vis-à-vis de la terre lointaine dans le cas d’un pieu de terre vertical
considéré filiforme et équipotentiel, sont rappelées [équation (7) et
(8)]. Elles dépendent des données géométriques du problème, des
Il en est de même pour le potentiel du point 3 [équation (4)], ce qui
caractéristiques physiques des deux milieux (ici l’air et la terre) et
permet alors d’exprimer la différence de potentiel entre les points
de la position du point d’observation M situé dans l’un ou l’autre
2 et 3 qui est la tension mesurée [équation (5)] :
des milieux (figure 14).

(4)

(7)
(5)

Si l’on se place dans le cas particulier où la distance entre les diffé-


rents points est identique (r1 = r2 = r) et connue, alors l’équation (6)
montre que l’on accède simplement à la valeur de la résistivité ρ
recherchée. (8)

(6)

avec .

Remarques : 1) D’autres méthodes de mesures existent Lorsqu’on est en présence de plusieurs conducteurs, il est alors
mais elles sont principalement destinées à mesurer des résis- possible de définir une impédance de couplage, traduisant l’éléva-
tances de terre et non la résistivité du milieu. Selon la configu- tion de potentiel d’un conducteur due au courant circulant dans
ration géométrique traitée, des formules analytiques peuvent l’autre conducteur [équation (9)] (figure 15) :
être déduites et permettre d’accéder à la résistivité à partir de la
mesure de résistance (par exemple la méthode des 62 % [2]).
2) On peut souvent lire que la résistance de la prise de terre
va dépendre des trois phénomènes suivants :
– la résistance du pieu de terre, piquet, grille... qui est géné- (9)
ralement très faible ;
– la résistance de contact entre l’électrode et la terre, qui, en
principe, devrait être également faible mais peut rapidement
s’altérer avec le temps car dépendant de l’évolution de la qua- avec
lité du contact entre le sol et le pieu de terre ;
– enfin de la résistance du milieu géologique.

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D5170

Protection contre les perturbations


Origines des perturbations
par Michel GRACIET
Docteur ès sciences physiques

2
Ingénieur au Laboratoire central de recherches de Thomson-CSF
et Joseph PINEL
Docteur ès sciences physiques
Chef de service des Technologies Avancées Thomson-CSF DCS
Centre électronique Toulouse

1. Généralités................................................................................................. D 5 170 - 2
2. Différents types de perturbations....................................................... — 3
2.1 Décharges électrostatiques (DES) .............................................................. — 3
2.1.1 Origine de la menace triboélectrique................................................ — 3
2.1.2 Caractéristique de la décharge électrostatique................................ — 3
2.1.3 Effets des décharges électrostatiques .............................................. — 5
2.2 Impulsion électromagnétique (IEM)........................................................... — 6
2.2.1 Origines de la menace de l’impulsion électromagnétique ............. — 6
2.2.2 Caractéristiques de l’impulsion électromagnétique ........................ — 6
2.2.3 Effets de l’IEM sur les équipements.................................................. — 7
2.3 Surtensions inductives................................................................................ — 8
2.4 Coup de foudre ............................................................................................ — 9
2.4.1 Origine de la foudre : électricité atmosphérique ............................. — 9
2.4.2 Nature de la foudre : mécanisme du coup de foudre...................... — 10
2.4.3 Effets de la foudre............................................................................... — 11
3. Comparaison des perturbations .......................................................... — 15
3.1 Comparaison des points de vue temporel et spectral.............................. — 15
3.2 Comparaison du point de vue des effets créés dans les équipements... — 15
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 5 173

L a protection des équipements électriques et électroniques vis-à-vis des per-


turbations électriques et électromagnétiques est devenue aujourd’hui un
problème de plus en plus préoccupant par suite, d’une part, de la plus grande
sensibilité des composants électroniques modernes aux surcharges électriques
créées par ces perturbations et, d’autre part, des nombreuses sources de pertur-
bations auxquelles peut être exposé tout équipement.
Il est connu, en effet, qu’il suffit d’une énergie de surcharge électrique de quel-
ques microjoules seulement pour détruire un composant électronique à haut
niveau d’intégration ou, du moins, altérer fortement ses performances, cela mal-
gré les protections intégrées mises en place par les fabricants pour se protéger
des risques associés aux décharges électrostatiques.
La protection des équipements, pour être efficace, nécessite d’être prise en
compte dès le début de leur conception ; cela suppose donc que le concepteur
ait une bonne connaissance :
— des sources de perturbations auxquelles peut être soumis l’équipement
(menace directe ou indirecte) ;
— des modes d’interaction de ces menaces, se traduisant par des perturba-
tions (surcharge électrique ou influence électromagnétique) ;
— des caractéristiques des perturbations créées.
Parution : avril 1998

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D5170

PROTECTION CONTRE LES PERTURBATIONS _________________________________________________________________________________________________

Cet article donne une description détaillée des sources de perturbations les
plus connues (décharges électrostatiques, impulsion électromagnétique d’ori-
gine nucléaire, coups de foudre et commutations inductives).

Les principaux composants de protection utilisés pour assurer la protection en se limitant


aux composants suppresseurs de transitoires tels que les éclateurs, les varistances et les com-
posants semi-conducteurs seront étudiés dans l’article [D 5 171] ; des exemples d’utilisation,
selon les types de menace et de surcharges à considérer, seront donnés dans l’article
[D 5 172].

1. Généralités i

■ On distingue quatre types principaux de perturbations, d’ori-


gine naturelle ou artificielle, pouvant induire dans les équipements
électriques, électroniques et électrotechniques des surcharges
momentanées ; ce sont :
— les perturbations associées aux décharges électrostatiques
(DES) ; 1
— les perturbations associées à l’impulsion électromagnétique 0,9
(IEM) résultant d’une explosion nucléaire ;
— les perturbations associées aux coups de foudre ; 0,5
— les perturbations de source inductive, correspondant à
l’influence directe ou à la commutation de circuits inductifs (relais,
transformateurs, moteurs, etc.). 0,1 A B
O1 t = 1,25 AB t
Ces perturbations ont pour effet l’apparition, sur les circuits, de 1
t2
surtensions ou de surintensités, selon leur nature.
■ Ces surcharges sont en général représentées, dans un circuit a définition de la forme d'onde normalisée du courant
donné, par trois types de caractéristiques :
— les caractéristiques temporelles décrivant leur évolution dans
v
le temps ;
— les valeurs maximales atteintes soit pour la tension, soit pour
le courant ;
— leur énergie.
La tension (ou le courant) maximal(e) atteinte est assez facilement
mesurable (mesures sur oscilloscope ou sur voltmètre crête) ; en
revanche, l’accès aux deux autres types de caractéristiques est plus
complexe.
1
En particulier, l’évolution v (t ) ou i (t ) de la surcharge nécessite au
0,9
moins la connaissance des paramètres temporels suivants :
— le temps de montée t1 à la valeur maximale et la durée jusqu’à 0,5
mi-valeur en retombée t2 de la perturbation ; cette méthode est nor-
malisée pour l’impulsion de foudre (figure 1) ; 0,3
— la vitesse de montée (di /dt ou dv /dt ) et plus rarement la vitesse A B
de descente (donnée en général par la largeur à mi-hauteur de la O1 t = 1,67 AB t
surcharge). 1
t2
La figure 2 donne, de manière schématique, les formes d’ondes
typiques à considérer pour chaque type de surcharge électrique et b définition de la forme d'onde normalisée de la tension
montre que, dans certains cas (par exemple, figure 2b), ces paramè-
tres temporels ne suffisent pas pour décrire complètement la forme O1 origine conventionnelle
d’onde des surcharges créées. AB intervalle de temps séparant les points respectivement à 30 % et
à 90 % de la tension (ou à 10 % et à 90 % du courant)
■ Enfin, l’énergie dissipée dans le circuit est une donnée difficile-
ment mesurable ; elle se déduit, en l’absence de protection, de lois
reliant la tension, le courant et les impédances du circuit. Figure 1 – Paramètres normalisés de l’impulsion de foudre

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2. Différents types
v de perturbations
30 kV
2.1 Décharges électrostatiques (DES)

Le phénomène DES est un transfert de charges électrostatiques


entre deux éléments dont le potentiel électrostatique est différent.
Ce transfert peut être déclenché soit par contact direct des deux élé-

2
ments, soit par influence. L’origine de ce phénomène réside dans la
20 100 t (ns) création de charges électrostatiques portées par ces éléments, créa-
tion qui a lieu par effet triboélectrique.
a décharge électrostatique (DES)

2.1.1 Origine de la menace triboélectrique


i
La menace triboélectrique est la génération d’électricité statique
par frottement puis séparation de deux matériaux ou substances. Il
10 kA se produit alors un processus de répartition de charges tel que l’un
des matériaux arrache des électrons à l’autre, créant à la fois une
charge positive sur le matériau qui a perdu les électrons et une
charge négative sur celui qui a acquis des électrons.
L’importance de l’effet triboélectrique dépend de nombreux para-
103 104 t (ns) mètres comme les conditions de frottement et de séparation
(vitesse) des deux matériaux, l’humidité relative, la température du
milieu et surtout la densité en électrons et la nature des matériaux
frottés.
Le tableau 1 donne, par exemple, le classement habituellement
considéré pour quelques matériaux usuels du point de vue de leur
aptitude à engendrer l’effet triboélectrique, par rapport au coton pris
b impulsion électromagnétique (IEM) comme matériau de référence (coton sec). Les matériaux situés au-
dessus du coton ont tendance à libérer des électrons au cours d’un
processus de friction et se chargent donc positivement ; ceux situés
au-dessous ont tendance, en revanche, à acquérir des électrons et à
i devenir chargés négativement. De façon concrète, lorsque deux
matériaux de cette série sont frottés ensemble, celui situé le plus
près du sommet de la partie positive aura une charge positive lors
102 A
de la séparation, tandis que l’autre matériau sera chargé d’une
quantité égale de charges mais de signe opposé. En outre, plus les
deux matériaux considérés seront éloignés dans cette série, plus
grande sera l’amplitude de la charge triboélectrique créée après
frottement et séparation.
Ce phénomène de création de charges se produit préférentielle-
102 103 t (ms)
ment lorsqu’une personne se déplace sur une moquette. Le
tableau 2 donne quelques ordres de grandeur de la tension élec-
c décharge inductive trostatique développée par une personne se déplaçant autour de
son poste de travail ou manipulant des enveloppes et sachets en
plastique et illustre l’influence de l’humidité relative sur l’impor-
tance de l’effet triboélectrique.
i

10 kA
2.1.2 Caractéristique de la décharge
électrostatique
102 ms
Il existe de nombreux générateurs de décharge électrostatique,
102 ms
compte tenu de la grande diversité des matériaux susceptibles de se
charger par effet triboélectrique. En pratique, cependant, l’homme
0 reste le plus important (puisqu’il transporte cette menace).
102 ms 10 ms 20 ms t
■ Effets électriques
d coup de foudre En modélisation simplifiée, ce générateur principal qu’est
l’homme peut être représenté par un condensateur chargé en série
avec une résistance ; pour une personne, l’ordre de grandeur de la
capacité C du condensateur est compris entre 100 et 500 pF ; la
Figure 2 – Formes d’onde typiques des différentes surcharges valeur de la résistance R du corps humain est comprise entre 1 et
électriques 10 kΩ.

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Tableau 1 – Série triboélectrique


Charge Matériau
R L
Air
Main

,
Verre
Mica C = 100 V = 1 à 40 kV

,
(+) Cheveux humains à 500 pF
Nylon
charge positive ↑ Laine
Fourrure
Plomb

2 Aluminium
Papier a modélisation simplifiée du circuit de décharge (1 à 10 kV)

Référence 0 Coton (sec)


i (A) 40 kV
Acier 30 kV
Bois
Nickel, cuivre 15
Argent
Or, platine
Acrylique 10
charge négative ↓ Polyester i
(–) Polyéthylène
Polypropylène 5 20 kV
Polyuréthane
Polychlorure de vinyle (PVC) R > 1 kV 10 kV
Silicium
Téflon 0
0 50 100 150 200 250 300 t (ns)

b DES créée par contact direct d'un objet avec le doigt

i (A)
Tableau 2 – Influence de l’humidité relative 40 kV
sur l’effet triboélectrique
60
Tension 30 kV
électrostatique i
développée 40
20 kV
Procédure de génération
Humidité Humidité
R < 1 kV 20
relative relative 10 kV
10 à 20 % 65 à 90 %
(V) (V)
0
Marche sur une moquette ............................ 35 000 1 500 0 50 100 t (ns)

c DES créée par contact d'un objet avec un outil pointu


Manipulation de sachets en plastique......... 20 000 1 200

Chaisedetravailrembourréepardupoly-uréthane 18 000 1 500

Marche sur sol PVC ....................................... 12 000 250 Figure 3 – Formes typiques de décharges électrostatiques (DES)
créées par l’homme
Manipulation d’enveloppes en plastique 7 000 600
renfermant des consignes sur papier..........

Travailleur à son poste de travail................. 6 000 100 un outil pointu. Dans le second cas, il en résulte un courant de
décharge à la fois plus important et plus rapide.
Les caractéristiques habituellement considérées de la décharge
électrostatique sont données dans le tableau 3.
Au moment de la décharge, la résistance limite la valeur crête du
La décharge électrostatique est généralement accompagnée par
courant et la constante RC du circuit de décharge agit directement
des effets électromagnétiques (champs électrique et magnétique
sur la durée de l’impulsion ; le temps de montée dépend plutôt du
impulsionnels), induits par le courant de décharge dans les équipe-
rapport L / R où L est l’inductance propre équivalente du circuit asso-
ments.
cié à l’objet soumis à la décharge ; sa valeur est comprise entre 1 nH
et 10 µH. ■ Champ électromagnétique associé à la DES
La figure 3 illustre deux cas types de décharge électrostatique Le courant de décharge devient un phénomène préoccupant, par
engendrée par l’homme soit par contact direct d’un objet (compo- suite des effets électromagnétiques qu’il crée à l’intérieur des équi-
sant électronique sur cette figure) avec le doigt, soit par contact avec pements.

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Protection contre les perturbations


Composants de protection
par Michel GRACIET
Docteur ès sciences physiques

2
Ingénieur au Laboratoire central de recherches de Thomson-CSF
avec la collaboration de
Joseph PINEL
Docteur ès sciences physiques
Chef de service des Technologies Avancées Thomson-CSF DCS
Centre électronique Toulouse

1. Critères de la protection idéale ............................................................ — 2


2. Composants semi-conducteurs ............................................................ — 3
2.1 Diodes polarisées en sens direct................................................................. — 3
2.2 Diodes polarisées en sens inverse.............................................................. — 4
2.3 Dispositifs à effet thyristor........................................................................... — 5
2.4 Comparaison et représentation symbolique.............................................. — 6
3. Varistances ................................................................................................. — 6
3.1 Généralités .................................................................................................... — 6
3.2 Varistances à base de carbure de silicium ................................................. — 7
3.3 Varistances à base d’oxyde de zinc............................................................. — 8
3.4 Conditions générales d’emploi des varistances à base d’oxyde de zinc — 10
4. Thermistances ........................................................................................... — 13
4.1 CTN ................................................................................................................ — 13
4.2 CTP céramiques............................................................................................ — 14
4.3 CTP polymères.............................................................................................. — 14
4.4 Propriétés communes .................................................................................. — 15
5. Éclateurs à gaz .......................................................................................... — 15
5.1 Principe de fonctionnement ........................................................................ — 15
5.2 Principales caractéristiques ......................................................................... — 17
5.3 Critères d’emploi .......................................................................................... — 18
5.4 Durée de vie .................................................................................................. — 18
6. Comparaison et association de composants de protection........ — 18
6.1 Comparaison................................................................................................. — 18
6.2 Association de composants de protection ................................................. — 18
6.3 Exemples de modules de protection .......................................................... — 20
7. Précautions à prendre dans l’emploi de composants
de protection.............................................................................................. — 21

D ans cet article sont présentés les critères de choix des composants de pro-
tection ainsi que les différents types de composants :
— les composants semi-conducteurs [diodes et thyristors qui assurent les pro-
tections dites fines (faibles temps de réponse et tension résiduelle)] ;
— les varistances céramiques, très utilisées en électronique et en électro-
technique ;
— les éclateurs à gaz, protections brutales contre de fortes perturbations et, à
ce titre, rarement employées seules ;
— enfin les thermistances, bien qu’un peu à part dans ce domaine, mais sou-
vent employées en protection contre des perturbations de longue durée et de
Parution : août 1998

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faible niveau, contre lesquelles les composants précédents sont sans effet ; de
plus en association avec un tel composant, elles permettent de fiabiliser la pro-
tection.
Les mécanismes électriques et physiques responsables du comportement non
linéaire de ces composants sont expliqués pour une bonne compréhension de la
protection. Les conditions générales d’emploi de ces composants sont précisées
face aux différentes perturbations données dans la partie théorique.
Les différents moyens et leur durée de vie sont évalués face à ces perturba-
tions, ce qui conduit à un tableau général de comparaison des composants.
Enfin sont indiquées les associations possibles de composants, qui améliorent

2 grandement la protection : dans une telle association, chaque composant pro-


tège contre une gamme d’énergie et (ou) une gamme de temps de montée par-
ticulières.

Nota : Pour de plus amples renseignements, le lecteur se reportera à l’article D 5 170 de ce traité, intitulé
« Protection contre les perturbations. Origine des perturbations », et qui passe en revue les différents types de pertur-
bations rencontrés.

1. Critères de la protection
idéale Filtre

En présence d’une perturbation électrique, l’élément de protec-


tion (ou suppresseur) idéal doit limiter sans délai la tension à un
niveau inférieur à la tension maximale admissible par le circuit pro-
tégé. Par ailleurs, il doit consommer une énergie minimale en Ce filtre dérive de l'énergie vers la terre.
régime permanent et une énergie maximale lors de la perturbation. Il peut être considéré comme une protection.

Les protections de circuit peuvent être placées soit en série, soit Figure 1 – Représentation d’un filtre dérivant de l’énergie
en parallèle avec le circuit considéré. vers la terre

■ Les protections en série regroupent trois classes de dispositifs :


— les fusibles, les interrupteurs et les commutateurs, qui réagis-
Ces composants limitent la tension aux bornes du circuit protégé,
sent de manière lente et peu sensible ;
d’autant mieux que leur non-linéarité est plus forte (figure 24) ;
— les filtres, qui agissent dans un domaine de fréquence donné et
ne peuvent protéger contre des perturbations très variées ; on — les éléments faisant chuter la tension bien au-dessous de la
notera toutefois qu’un filtre, considéré comme un élément série, est tension nominale du circuit ; ce sont principalement les éclateurs et
le plus souvent constitué d’un ensemble de composants simples certains semi-conducteurs fonctionnant en mode thyristor.
dont certains (condensateurs, par exemple) sont en parallèle sur la Pour une protection parallèle, les qualités essentielles sont :
ligne filtrée. — une tension d’amorçage la plus proche possible de la tension
En fait ne seront considérés comme protection que les filtres pou- de fonctionnement du circuit ;
vant dériver de l’énergie vers la terre (référence de terre, masse élec- — un temps de réponse très faible ;
trique du châssis ou de la carte). La représentation en est donnée sur — un pouvoir d’absorption ou de déviation d’énergie important
la figure 23 ; lors de la perturbation ;
— les thermistances protègent contre les surintensités lentes, — une consommation minimale d’énergie en l’absence de pertur-
elles peuvent être considérées comme des fusibles autoréarmables bation ;
et présentent un grand intérêt en association avec des composants — une capacité électrique faible, en cas d’applications à haute fré-
de protection plus rapides dont le mode de défaut est le court- quence.
circuit. À ces propriétés fondamentales s’ajoute l’intérêt d’avoir des
Les deux premiers types de composants ne feront pas l’objet de composants non polarisés, des dimensions réduites et une bonne
cet article, leur action n’étant pas assez efficace contre les perturba- tenue aux agressions chimiques (en particulier atmosphériques) et
tions considérées ; nous présenterons, par contre, de manière suc- thermiques.
cincte, les différents types de thermistances. Enfin, il paraît nécessaire d’indiquer que le niveau maximal de
perturbation n’est, en général, pas connu. Il en résulte que le mode
■ Les protections en parallèle sont plus rapides : elles regrou- de défaut de l’élément protecteur ne doit pas mettre en danger le
pent deux types d’éléments : circuit :
— les éléments non linéaires, dont la caractéristique électrique — si ce mode est le circuit ouvert, l’élément ou le dispositif pro-
I(V ) peut être décrite par la loi empirique : tégé continue de fonctionner sans protection ;
I = KV α (1) — s’il est le court-circuit, le composant consomme inutilement de
l’énergie et l’élément protégé cesse de fonctionner.
avec K constante dépendant de la géométrie de l’élément, Dans les deux cas, une surveillance s’impose pour remplacer
α coefficient de non-linéarité l’élément défectueux.

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Les domaines privilégiés de protection concernent, d’une part, les


protections à basse tension (< 10 V) et à moyenne tension (10 à
I 200 V) et, d’autre part, les surcharges électriques de faible et
moyenne amplitudes, compte tenu du fait que le pouvoir d’absorp-
tion en énergie de ces composants reste limité.
Ist

2.1 Diodes polarisées en sens direct


Vp Vst V
(α = 50)
Vs Vst La fonction protection de la diode en direct repose sur la variation

2
(α = 7) exponentielle du courant dans la diode avec la tension appliquée
(figure 3).

Ist surintensité incidente


Vp tension du circuit protégé 2.1.1 Rappels des caractéristiques courant-tension
Vs tension de seuil du composant de protection d’une diode
Vst surtension aux bornes du circuit protégé
α coefficient de non-linéarité
La loi théorique donnant le courant dans une diode à jonction PN
est :
Figure 2 – Influence de la non-linéarité a d’un composant
eV
de protection parallèle sur le circuit en surtension I = I S exp -------- – 1 (2)
kT

avec e charge élémentaire,


La limitation intrinsèque des éléments non linéaires est la tension
présente à leurs bornes en mode de protection ; cette tension est IS courant de saturation,
d’autant plus élevée que la non-linéarité est faible. La limitation des k constante de Boltzmann,
éléments agissant par abaissement de tension est le courant par-
courant le circuit de protection lors de la perturbation. T température thermodynamique
Nota : il n’existe donc pas de composant universel, c’est-à-dire apte à assurer efficace-
ment tous les cas de protection : chaque suppresseur a ses propres caractéristiques, ses
■ Pour une polarisation directe VF, l’expression (2) devient :
avantages et ses inconvénients de sorte que, utilisés séparément, ils donnent des résultats
de protection nécessairement limités à leurs propres performances. eV
IF ≈ I S exp ---------F- (3)
Pour obtenir une meilleure efficacité de protection, il est souvent envisagé l’association kT
de plusieurs types de suppresseurs de façon à profiter des avantages de chaque type (§ 6).
e
On réalise ainsi des modules de protection. avec --------
kT
≈ 40 V–1 à la température ambiante,
Nous allons présenter les principaux produits disponibles et rap-
peler leurs principales caractéristiques, l’accent étant mis sur les IF courant direct
trois types de composants de protection qui dominent le marché : La diode conduit et la tension résultante aux bornes du dispositif
les diodes au silicium, les varistances à oxyde de zinc et les éclateurs est faible (tension de coude V C ≈ 0,5 à 0,7 V).
à gaz.
■ Pour une polarisation inverse VR, l’expression (2) devient :

IR ≈ – IS (4)

2. Composants
semi-conducteurs
Le lecteur pourra utilement se reporter, dans le présent traité, aux I
références [10] et [11].
Ce sont les composants les plus connus pour la protection des
équipements électriques et électroniques vis-à-vis des surcharges
électriques et les plus utilisés, compte tenu de la facilité de leur mise
en œuvre et de leurs caractéristiques presque parfaites. Direct
La famille des composants de protection semi-conducteurs au sili-
cium comprend principalement quatre types de composants : VBR VR VF
0
— les diodes polarisées en sens direct ; IS VC V
— les diodes polarisées en sens inverse (diodes Zener et diodes à
avalanche) ;
— les dispositifs à effet thyristor ;
— les associations, intégrées au niveau du silicium, de deux ou Inverse
plusieurs types de ces composants ; ce sont souvent des combinai-
sons brevetées par leur fournisseur et dans le nom commercial des-
quelles apparaissent le plus souvent les vocables « surge » et
« suppressor ». Figure 3 – Caractéristique statique d’une diode PN

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La diode est bloquée et reste parcourue par un courant inverse nisme de multiplication des porteurs de conduction (électrons et
très faible, jusqu’à ce que la tension inverse appliquée atteigne la trous) par ionisation par choc des premiers porteurs libres et éner-
valeur de claquage VBR de la jonction. gétiques avec les atomes de silicium [10].
■ Dans une utilisation en direct, la diode supporte donc un courant Dans les deux cas, ce mécanisme ne devient important qu’à partir
important tout en présentant une chute de tension relativement fai- d’un certain champ électrique critique dans la jonction ; ce champ
ble. Pour réaliser un composant de protection du type diode en est fonction des caractéristiques physiques des éléments consti-
direct, on constitue généralement un empilage de plusieurs jonc- tuant la jonction PN et, en particulier, des dopages en impuretés des
tions, de façon à ajuster la tension de coude résultante aux valeurs régions P et N. Il est ainsi possible, en agissant sur le dopage de ces
d’utilisation et de protection souhaitées. On réalise ainsi des structu- régions, d’ajuster la tension de claquage à la valeur désirée.
res à faible tension de protection (de 1,3 à 10 V) avec, autre avan- ■ En pratique, le domaine couvert par les diodes de protection en
tage, une faible capacité résultante. sens inverse est très étendu puisqu’il va de 5 à 200 V environ, ce qui
La plupart des modèles existant sur le marché sont, par ailleurs, explique en partie que ces composants de protection soient très uti-

2 bidirectionnels.
Cependant, ces diodes en direct présentent une caractéristique qui
s’écarte rapidement de celle donnée idéalement par l’expression (3) ;
lisés.
■ Technologiquement, ces diodes sont constituées d’une seule
jonction PN au silicium, à surface et à volume optimisés de façon à
cela est dû à l’influence de la résistance à travers le volume de ces permettre de fortes densités de courant et à supporter sans dom-
composants, qui introduit une chute ohmique importante aux bor- mage des surcharges électriques relativement importantes (par
nes des diodes, de sorte que le coefficient de non-linéarité reste exemple, 1,5 kW pendant 1 ms).
moyen ( α ≈ 20 ), α étant défini par l’expression :
■ Il existe sur le marché des modèles unidirectionnels et bidirec-
lg ( I F2 ) – lg ( I F1 ) tionnels, disponibles selon la tension d’utilisation souhaitée (5 à
α = ----------------------------------------------
- 200 V), avec plusieurs types de boîtiers et plusieurs valeurs de puis-
lg (V F2 ) – lg (V F1 )
sance crête (400 à 1 500 W pour une surcharge de durée 1 ms).
avec IF1 et VF1, IF2 et VF2 respectivement valeurs de courant et de
tension de deux points quelconques 1 et 2 sur la
partie exponentielle de la courbe 2.2.2 Principaux paramètres électriques
des diodes de protection polarisées
en sens inverse
2.1.2 Avantages et inconvénients des diodes
polarisées en sens direct ■ Les paramètres statiques sont ceux indiqués sur la figure 26 ; il
s’agit de :
■ Les avantages principaux de ces composants sont : — VRM tension inverse de crête de fonctionnement en régime
— une faible tension de protection (< 10 V) ; permanent ou tension de veille ;
— une faible capacité (10 à 100 pF) ; — IRM courant inverse de crête associé à VRM (également courant
— un dispositif à faible bruit. de fuite de la diode) ;
— VBR tension inverse de claquage, au-dessus de laquelle le cou-
■ Les inconvénients sont principalement : rant dans la diode augmente fortement pour un faible accroisse-
— un pouvoir d’absorption en énergie relativement faible (< 1 J) ; ment de la tension ;
— un courant de fuite important (1 µA à 1 mA) ; — IBR courant utilisé pour définir VBR.
— une forte sensibilité à la température ; ■ Du point de vue dynamique, en régime de surcharge, certains
— une gamme de tension de protection très limitée (1,3 à 10 V). paramètres sont également indiqués sur la figure 26 ; il s’agit de :
Ces inconvénients sont pénalisants dans de nombreuses applica- — IP valeur crête du courant (à ne pas dépasser) ou courant de
tions, de sorte que les diodes en direct sont aujourd’hui peu surcharge ;
utilisées ; leur utilisation s’impose si l’on souhaite une très faible — VCL tension d’écrêtage ou surtension aux bornes de la diode,
tension de protection ou bien en association en série avec d’autres pour une impulsion de courant crête IP ; l’impulsion est de forme
composants de protection, afin de diminuer la capacité résultante. standardisée (généralement onde 8/20 µs ou 10/1 000 µs) et, parfois,
rectangulaire de 1 ms de durée ; VCL dépend également de la forme
et surtout de la durée de l’impulsion de surcharge électrique, de la
résistance de la diode et de ses caractéristiques thermiques.
2.2 Diodes polarisées en sens inverse
--IR
2.2.1 Description IP

Comme leur nom l’indique, ces composants de protection sont


utilisés en polarisation inverse, la conduction se faisant pour des
tensions supérieures à la tension de claquage VBR.
■ En fait, deux types de claquage peuvent se produire :
— dans le premier cas (claquage par effet Zener), il s’agit d’un
phénomène de conduction inverse par effet tunnel qui n’apparaît IBR
que pour des champs électriques intenses et des jonctions PN très
dopées ; ce phénomène est donc rare et ne se produit qu’à des ten- IRM
sions inverses faibles (VBR compris entre 5 et 10 V) ;
VRM VBR VCL VR
— le second mécanisme (claquage par effet d’avalanche) est, en
revanche, très courant et beaucoup de diodes dites Zener ont en réa-
lité un mécanisme de claquage par avalanche ; il s’agit d’un méca- Figure 4 – Diode polarisée en sens inverse : principaux paramètres

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D 5 171 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

46
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D5171

________________________________________________________________________________________________ PROTECTION CONTRE LES PERTURBATIONS

Il faut citer d’autres caractéristiques importantes. ● En cas de surcharge anormale (cas où la diode à avalanche est
● Le facteur d’écrêtage VCL/VBR est le rapport entre la valeur soumise à une surcharge dépassant nettement les limites admissi-
maximale de la surtension atteinte pour un courant de surcharge bles), la température atteinte localement dans les points chauds
donné et la tension de claquage ; il caractérise la qualité de la peut être suffisamment élevée pour provoquer une fusion localisée
protection ; pour les diodes à avalanche, le facteur d’écrêtage est de sorte que la diode est alors en court-circuit.
généralement compris entre 1,2 et 1,5.
● La puissance crête PP dépend de la durée de la surcharge, selon
une loi de variation en t –1/2 pour des impulsions courtes (jusqu’à
2.2.3 Avantages et inconvénients des diodes
quelques nanosecondes), puis en t –1. La figure 27a illustre cette à avalanche
dépendance. PP est le plus souvent définie pour une surcharge
d’une durée de 1 ms. ■ Les diodes à avalanche (et Zener) sont des composants de protec-
tion très séduisants grâce à leurs nombreux avantages :
Exemple : une diode polarisée en sens inverse qui a une puissance

2
— parfaite stabilité des caractéristiques dans le temps et excel-
crête de 1,5 kW à 1 ms supportera sans dommage une surcharge de
lente fiabilité (technologie éprouvée) ;
10 kW de durée 100 fois plus courte (10 µs).
— très bonne tenue en température d’utilisation (– 65 à + 175 °C) ;
Une correction doit également être faite en fonction de la tempé- — temps de réponse extrêmement court (< 10–10 s) ;
rature initiale de la jonction (figure 27b). — faible impédance dynamique, ce qui conduit à un très bon fac-
● L’énergie W qu’un composant de protection, dont le fonctionne-
teur d’écrêtage ;
ment est adiabatique, peut absorber est donnée par : — tension de protection bien stabilisée, pratiquement indépen-
dante du courant de surcharge et, par voie de conséquence, coeffi-
τ cient de non-linéarité élevé (α > 50) ;
W =
∫v t i t
0
( ) ( ) dt — large plage de tension disponible, en particulier vers les
moyennes et basses tensions ;
— choix de composants unidirectionnels et bidirectionnels.
Pour les diodes à avalanche, l’énergie peut être calculée à partir
■ Les inconvénients sont peu nombreux :
des paramètres VCL et IP (généralement spécifiés pour une impul-
sion ayant la forme d’une onde 10/1 000 µs) : — composant au silicium, donc relativement cher ;
— pouvoir d’absorption en énergie assez faible (< 1J) ;
W = VCL IP τ (5) — capacité relativement importante (plusieurs nanofarads),
avec τ = 1 ms. pénalisante pour certaines applications.

Dans le cas où la surcharge électrique a la même amplitude mais ■ Cela explique que leur utilisation est aujourd’hui généralisée dans
une forme différente, l’énergie dissipée est toujours donnée par la tous les problèmes de protection des équipements électroniques et
relation (5), avec la durée τ affectée d’un coefficient de majoration : électriques professionnels et industriels (microélectronique, infor-
matique, avionique, automobile, systèmes de communication, appli-
1,4 pour une impulsion rectangulaire ou triangulaire,
cations embarquées, distribution d’énergie, instrumentation, etc.).
2,2 pour une demi-arche sinusoïdale.

102 2.3 Dispositifs à effet thyristor


PP (kW)
10 Les dispositifs à effet thyristor constituent aujourd’hui une famille
de composants de protection au silicium utilisés, préférentiellement,
1 pour la protection des lignes de télécommunications et dans un
domaine de tension de protection relativement élevé (74 à 300 V).
0,1
10--7 10--6 10--5 10--4 10--3 10--2
t (s) 2.3.1 Structure et fonctionnement
a variation de la puissance en fonction du temps
La structure est multicouche (quatre couches PNPN au minimum)
et le fonctionnement s’apparente à celui d’un thyristor commandé
PP 125 en courant [10] et [11].
(%)
PP(θ = 25 °C) 100 Le principe de fonctionnement (figure 28a) est le suivant : dès
i que la tension appliquée aux bornes du thyristor dépasse un certain
75 seuil VB0 , il y a commutation de l’état bloqué vers l’état passant : le
50 composant reste alors dans cet état passant tant que le courant qui
le traverse est supérieur au courant de maintien IH. Dans l’état pas-
25 sant, la tension aux bornes du dispositif est due seulement à la
0 chute ohmique produite par le passage du courant de surcharge à
0 50 100 150 200 travers le corps du thyristor. Cette tension est faible (quelques volts),
θi (°C) ce qui permet d’atteindre des pouvoirs d’absorption importants.
Correction en fonction de la température :
la puissance crête est spécifiée à la température de 25 °C de la fonction.
Si la température initiale θi dépasse 25 °C, cette puissance doit être 2.3.2 Principaux paramètres des thyristors
diminuée. Cette courbe de déclassement de la puissance est
généralement la même pour toutes les diodes à avalanche. ■ Les paramètres statiques sont ceux qui sont représentés sur la
b courbe de déclassement de la puissance figure 28b :
— VRM tension de veille, à laquelle correspond le courant de fuite
Figure 5 – Puissance crête d’une diode polarisée en sens inverse à l’état bloqué IRM ;

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2

48
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D5172

Protection contre les perturbations


Composants de protection : utilisation
par Michel GRACIET
Docteur ès sciences physiques

2
Ingénieur au Laboratoire central de recherches de Thomson-CSF
et Joseph PINEL
Docteur ès sciences physiques
Chef de service des Technologies Avancées Thomson-CSF DCS
Centre électronique Toulouse

1. Protection contre les décharges électrostatiques .......................... D 5 172 − 2


1.1 Généralités .................................................................................................... — 2
1.2 Protection classique ..................................................................................... — 2
1.3 Protection répartie........................................................................................ — 2
1.4 Protections intégrées ................................................................................... — 3
2. Protection contre l’impulsion électromagnétique .......................... — 3
2.1 Principe.......................................................................................................... — 3
2.2 Protection d’antenne .................................................................................... — 3
2.3 Protection d’une ligne bifilaire torsadée .................................................... — 4
2.4 Protection d’une ligne d’alimentation ........................................................ — 4
2.5 Association des composants de protection avec des filtres
et des composants passifs........................................................................... — 4
2.6 Protection répartie dans un boîtier ............................................................. — 5
2.7 Protection répartie au niveau d’un système .............................................. — 5
3. Protection contre les surtensions inductives................................... — 5
3.1 Protection contre les surtensions inductives connues.............................. — 5
3.2 Protection contre les surtensions de sources inconnues.......................... — 7
4. Protection contre la foudre ................................................................... — 8
4.1 Niveaux de protection requis ...................................................................... — 8
4.2 Systèmes de protection ............................................................................... — 8
5. Protection contre les surintensités ..................................................... — 10
6. Domaines spéciaux de protection ....................................................... — 11
6.1 Moyens de transport .................................................................................... — 11
6.2 Communications .......................................................................................... — 13
6.3 Informatique professionnelle ...................................................................... — 14
6.4 Communication à haut débit ....................................................................... — 15
7. Conclusion .................................................................................................. — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 5 173

et article traite plus spécialement d’exemples de protection, tant industriels


C qu’électriques et électroniques.
On étudiera d’abord les composants à mettre en œuvre dans les quatre cas de
perturbations électriques considérées précédemment (cf. article Origine des per-
turbations). Dans chaque cas, les principes de protection sont expliqués et les
réponses à la perturbation sont préconisées.
Parution : août 1998

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D5172

PROTECTION CONTRE LES PERTURBATIONS _________________________________________________________________________________________________

Dans une deuxième partie, on verra que les protections contre des perturba-
tions plus lentes que les quatre premiers cas étudiés sont basées sur des ther-
mistances.
Enfin, les domaines spéciaux de protection seront détaillés : moyens de trans-
port (véhicules automobiles, traction électrique ferroviaire, avionique), commu-
nications (téléphonie, réseau hertzien), informatique et communications à haut
débit.
On voit à la lumière des exemples donnés dans cet article qu’une efficacité
optimale demande le plus souvent l’association de moyens variés.

2
1. Protection contre Entrée

les décharges Équipement


électronique
électrostatiques Sortie protégé

1.1 Généralités
Figure 1 – Protection classique contre les DES : principe

Pour de plus amples renseignements, le lecteur se reportera


aux deux premiers articles de cet ensemble sur les perturba-
tions :
D 5 170 Protection contre les perturbations. Origine des per- Sorties vers
les mémoires
turbations.
D 5 171 Protection contre les perturbations. Composants de
protection.
Registre d'entrée

Décodeur
La description des décharges électrostatiques DES (cf. [D 5 170]
Clavier
de ce traité) a mis en évidence, d’une part, que les composants et les
circuits électroniques sont les victimes principales de ces décharges
et, d’autre part, que les caractéristiques essentielles d’une décharge
électrostatique sont :
— un temps de montée très bref (1 à 5 ns) ;
— une durée jusqu’à mi-valeur en retombée également brève (50
à 100 ns) ;
— une énergie relativement peu importante (typiquement 20 mJ). Ordinateur

La protection vis-à-vis des effets destructeurs associés aux DES Figure 2 – Protection d’un clavier d’ordinateur
fera donc appel aux composants de protection de faible ou
moyenne énergie, à temps de réponse rapide et donnant des ten-
sions de protection comparables aux tensions de fonctionnement Pour être efficace, le composant de protection devra être placé de
des composants électroniques, c’est-à-dire de basses tensions de préférence à l’intérieur de l’équipement, près du connecteur
protection (5 à 100 V par exemple). C’est donc le domaine privilégié d’entrée/sortie.
des diodes de protection (diodes en direct, diodes à avalanche) et,
dans certains cas, des varistances. La figure 2 illustre la protection d’un clavier d’ordinateur, souvent
nécessaire lorsque les conditions d’utilisation et d’environnement
font courir le risque de décharges électrostatiques.

1.2 Protection classique


1.3 Protection répartie
La méthode classique de protection des équipements électroni-
ques sensibles aux décharges électrostatiques consiste à doter leurs
points d’entrée, de sortie et tout point de liaison avec l’extérieur de Ce type de protection (répartie ou décentralisée) est à utiliser lors-
l’équipement d’un composant de protection (figure 1), en parallèle que les surcharges électriques et, en particulier, celles associées à
par rapport au point de référence (la masse électrique ou la terre des DES, peuvent se propager et parvenir dans l’équipement sen-
selon les cas). sible par de multiples chemins (couplages capacitifs, inductifs,

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D5172

________________________________________________________________________________________________ PROTECTION CONTRE LES PERTURBATIONS

2. Protection
Protection répartie contre l’impulsion
Capteur
électromagnétique

2.1 Principe

■ Les méthodes usuelles de protections contre l’IEM reposent sur

2
les techniques complémentaires suivantes :
Lampe
— réaliser un blindage radioélectrique poussé de l’équipement
Carte de (concept de la cage de Faraday), afin de se protéger vis-à-vis des
circuits effets rayonnés et éviter une trop importante pénétration de l’onde
intégrés à l’intérieur de l’équipement ;
+ 12V — minimiser les interactions et couplages de l’IEM, c’est-à-dire
Protection diminuer la longueur des câbles et des fils de liaison, surtout pour
de l'alimentation
ceux qui sont situés à l’extérieur de l’équipement et, donc, directe-
générale
ment exposés à la menace principale ;
(centralisée)
— protéger les sous-ensembles circuits et composants électroni-
– 12V
Carte de ques aux points sensibles, c’est-à-dire aux points d’entrée des per-
Alimentation circuits turbations sous forme de surcharge électrique créées par l’IEM
intégrés (effets conduits, c’est-à-dire transférés par un conducteur dans un
lieu différent de celui de la surtension).
■ Contrairement au cas des décharges électrostatiques, il est diffi-
cile de définir un cas typique de surcharge électrique créée par une
IEM : les caractéristiques de la surcharge créées sont étroitement
Potentiomètre Sortie dépendantes du scénario envisagé et des modes de couplage et
d’interaction de l’IEM avec l’équipement et ses liaisons avec l’exté-
rieur. C’est ainsi que :
Figure 3 – Exemple de protection répartie — le temps de montée de la surcharge peut être très bref (5 à
10 ns), lors d’un couplage direct de l’onde sur une antenne, une bou-
cle ou une liaison de petite longueur, ou bien nettement plus lent
masses différentes, etc.), que le concepteur de l’équipement connaît (plusieurs centaines de nanosecondes), lors de l’interaction de l’IEM
mal. avec une liaison de grande longueur comme les lignes du réseau de
distribution d’énergie ou les lignes du téléphone ;
La méthode consiste à équiper les différents points sensibles de — la forme et la durée de la surcharge peuvent être de même très
l’équipement de diodes ou de varistances de protection, en complé- différentes : une seule impulsion très courte (10 ns) ou bien une
ment des protections centralisées disposées aux points d’entrée/ onde sinusoïdale amortie à la fréquence maximale d’une dizaine de
sortie. Cela est illustré sur la figure 3. kilohertz ; entre ces deux cas extrêmes, toutes les formes et durées
de surcharges électriques sont possibles ;
— enfin, le courant aussi peut varier depuis des valeurs relative-
ment faibles (quelques milliampères, par exemple), jusqu’à des
valeurs considérables, comparables à celles d’un coup de foudre
1.4 Protections intégrées (plusieurs dizaines de kiloampères sur un câble).
Dans ces conditions, tous les composants de protection, utilisés
individuellement ou, le plus souvent, en association, trouvent leur
application dans les problèmes posés par la protection contre l’IEM
L’énergie des surcharges électrostatiques étant relativement fai-
d’une installation ou d’un équipement vis-à-vis des effets conduits.
ble, le volume des composants de protection (diode ou varistance)
Les exemples ci-après le démontrent.
peut être limité, ce qui rend possible leur intégration directe.

Il est toujours nécessaire d’appliquer les règles en vigueur concer-


nant la manipulation et l’utilisation des composants sensibles aux 2.2 Protection d’antenne
DES, plus particulièrement pour les composants récents et à haut
niveau d’intégration, et de prévoir en conséquence, au niveau des
équipements électroniques, les protections indispensables. La réponse d’une antenne à une IEM dépend, en particulier, de la
longueur et de la fréquence d’accord de l’antenne. Très souvent,
Un cas type d’intégration directe de composant de protection cette fréquence est dans le spectre d’excitation de l’IEM. Le résultat
concerne l’intégration de diodes de protection et parfois de varis- du couplage, pour une antenne VHF (Very High Frequency) de 30 cm
tances directement dans les connecteurs d’entrée/sortie de l’équipe- par exemple, est une impulsion de tension très élevée (plusieurs
ment. Ce sujet préoccupe la plupart des fabricants de connecteurs ; kilovolts), très rapide et très courte (quelques dizaines de nano-
les recherches en cours, ainsi que les premiers résultats obtenus ont secondes).
montré la faisabilité de ce type de protection jusqu’à des énergies de Pour cette application de protection, où l’on doit veiller à mini-
quelques centaines de millijoules (par point protégé), c’est-à-dire miser la capacité parasite introduite par le composant ou le module
tout à fait compatibles avec les niveaux des DES. de protection, on utilise généralement un éclateur E rapide

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D5172

PROTECTION CONTRE LES PERTURBATIONS _________________________________________________________________________________________________

Antenne
R,L

Côté non Côté


Utilisation protégé E protégé
E
D
R,L

Figure 4 – Protection d’antenne

2
Module de protection

Figure 5 – Protection d’une ligne bifilaire torsadée


(figure 4), ayant une tension d’amorçage caractérisée par une rai-
deur de signal importante (de l’ordre du kilovolt par nanoseconde).
Pour des raisons de commodité d’utilisation et de performances
fonctionnelles, l’éclateur est le plus souvent logé dans un connec-
teur coaxial. Filtrage
Écrêtage
HF - BF

2.3 Protection d’une ligne bifilaire Entrée Sortie


non protégée protégée
torsadée
Module protection-filtre
L’exemple envisagé peut être généralisé au cas de protection
d’une paire torsadée, non blindée, pour laquelle il n’y a pas ou peu Figure 6 – Protection d’une ligne d’alimentation
de restrictions du type capacitif comme dans la protection
d’antenne : la bande passante de la liaison est au maximum de quel-
ques kilohertz et les tensions de fonctionnement sont relativement absorbera les surcharges électriques d’origine IEM que le filtre ne
basses (< 50 V). peut tolérer.
Le problème de protection contre l’IEM peut alors être résolu par Comme dans les paragraphes précédents, le choix des compo-
l’utilisation d’un module de protection de ligne comprenant un ou sants de protection dépend des caractéristiques de la surcharge à
plusieurs étages de protection, selon l’importance de la surcharge considérer.
électrique résultant du couplage, lui-même fonction de la longueur
On peut enfin, dans certaines situations et à peu de frais, se
de ligne exposée et des conditions d’exposition.
contenter d’équiper l’installation d’un module de protection secteur
Il est courant d’avoir à considérer, selon les cas, un résultat de (cf. [D 5 171, § 6.3.2]).
couplage, conduisant à une surcharge de forme sinusoïdale amor-
tie, dont l’énergie peut atteindre plusieurs joules et la tension crête
plusieurs dizaines de kilovolts.
2.5 Association des composants
On peut utiliser le module présenté figure 5, qui comprend un
éclateur E tripolaire associé à deux diodes D bidirectionnelles ; ces de protection avec des filtres
éléments assurent une protection de mode commun par ligne (pro- et des composants passifs
tection à deux étages) (cf. [D 5 171, figure 36]). Il n’est pas nécessaire
dans cet exemple d’ajouter une protection de mode différentiel.
L’éclateur permet d’évacuer efficacement le courant important de la Cette association est fréquente dans le cas de protection contre
surcharge électrique (plusieurs kiloampères selon l’impédance R, L une IEM, compte tenu du fait que les surcharges électriques ont
de la ligne et quelques joules), tandis que les diodes de protection généralement un caractère sinusoïdal, avec une fréquence assez
assurent que la tension protégée reste compatible avec les caracté- élevée (10 kHz à 150 MHz).
ristiques fonctionnelles de la ligne. La figure 7 montre, par exemple, un module de protection de
Nota : on aurait pu utiliser pour la protection de mode commun, par ligne, d’autres ligne (ligne de données à basse fréquence ou réseau d’alimen-
composants de protection que ceux de la figure 5, selon les caractéristiques de la sur-
charge considérée :
tation), réalisé par l’association d’un éclateur tripolaire E, de deux
bobines L à compensation en courant associées sur un même noyau
− association éclateur, varistance et diode (plusieurs kiloampères et kilojoules) ;
et de condensateurs C 1 et C 2. Ce module est apte à réaliser une pro-
− association éclateur et varistance (même ordre de valeurs pour courant et énergie,
mais tension protégée moins bien définie) ; tection efficace en mode commun ; les valeurs de L, C 1 et C 2 sont à
− association varistance et diode (quelques centaines d’ampères et de joules). déterminer en fonction des caractéristiques fréquentielles de la
Dans le cas d’une ligne symétrique et non torsadée, il est nécessaire de prévoir une pro-
ligne et de la surcharge.
tection de mode différentiel (cf. [D 5 171, § 5.2.2]). Il peut être complété par une protection différentielle en sortie
(par diode bidirectionnelle Dd, sur cet exemple).

2.4 Protection d’une ligne d’alimentation


2.6 Protection répartie dans un boîtier
Généralement, les réseaux d’alimentation d’un équipement sont
pourvus à leur arrivée dans l’équipement d’un filtre dit d’alimenta- La protection répartie au niveau d’un équipement consiste à utili-
tion. L’idéal est d’intégrer au niveau de ce filtre, en amont de préfé- ser plusieurs composants de protection distribués selon l’impor-
rence, un étage de protection, du type écrêteur (figure 6), qui tance de la surcharge électrique envisagée et du niveau de

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Groupes électrogènes de secours

par Bernard COLIN


Directeur Ingénierie à SDMO Groupes électrogènes

1. Critères de définition............................................................................... D 5 180 - 3


2
1.1 Classes de puissance ................................................................................... — 3
1.2 Classes d’applications.................................................................................. — 3
1.3 Délais d’intervention .................................................................................... — 3
2. Dimensionnement d’un groupe électrogène..................................... — 5
2.1 Dimensionnement en fonction de l’impact de charge .............................. — 5
2.2 Alimentation de charges non linéaires....................................................... — 6
3. Régime du neutre...................................................................................... — 7
3.1 Régime du neutre en basse tension ........................................................... — 7
3.2 Régime du neutre en haute tension............................................................ — 7
4. Déclassement............................................................................................. — 10
5. Couplage des groupes électrogènes ................................................... — 10
5.1 Méthodes de couplage................................................................................. — 10
6. Le groupe électrogène et l’environnement ....................................... — 12
6.1 Émissions polluantes dans les gaz d’échappement .................................. — 12
6.2 Nuisances acoustiques ................................................................................ — 13
7. Schémas des circuits fluides................................................................. — 13
7.1 Circuits de refroidissement haute température (Hq)
et basse température (Bq)............................................................................ — 13
7.2 Circuit de lubrification.................................................................................. — 15
7.3 Circuit d’alimentation en combustible........................................................ — 15
7.4 Circuit de démarrage.................................................................................... — 16
8. Surveillance du groupe électrogène ................................................... — 16
9. Entretien d’un groupe électrogène...................................................... — 17
10. Conclusion .................................................................................................. — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 5 180

ans la société actuelle, toutes les activités, qu’elles soient professionnelles


D ou privées, sont consommatrices d’énergie électrique. Toute interruption
ou perturbation dans la distribution de cette énergie entraîne des désordres qui
peuvent devenir insupportables par l’usager. L’importance de la continuité et de
la qualité de l’alimentation électrique est fonction de l’activité concernée. Cer-
taines applications exigent une permanence quasi complète de l’alimentation
car une absence met en péril la sécurité des personnes ou des biens. En tête de
ces consommateurs viennent bien évidemment l’activité hospitalière, les sites
recevant du public et les installations de protection contre l’incendie. Le législa-
teur s’est préoccupé de ce problème et tout site de cette nature doit être équipé
de moyens d’alimentation de secours en énergie électrique. D’autres consom-
mateurs, pour lesquels la fiabilité de l’alimentation électrique ne se mesure pas
en terme de risques humains, ne peuvent admettre toutefois de coupure car
celle-ci peut avoir des conséquences extrêmement préjudiciables sur le plan
économique. Les activités mettant en jeu des systèmes informatiques sont un
exemple évident de ce type d’exigence puisqu’elles ne peuvent admettre la
Parution : février 1998

moindre coupure de quelque durée que ce soit.

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53
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D5180

GROUPES ÉLECTROGÈNES DE SECOURS ____________________________________________________________________________________________________

Divers moyens de secours ont donc été envisagés et mis en œuvre ; le choix
de la source de remplacement utilisée est fonction de plusieurs critères :
— le temps de coupure maximal admissible,
— la nature de la charge à réalimenter,
— la puissance de la charge à secourir.
Plusieurs sources de remplacement peuvent être mentionnées.
■ La batterie à courant continu est rarement suffisante par elle-même car la
plupart des applications réclament une alimentation en courant alternatif. Elle
est toutefois utilisée en éclairage de secours par exemple.
■ L’onduleur permet d’obtenir à partir d’une source à courant continu, une ali-

2 mentation en courant alternatif. Cette solution est utilisée quand l’autonomie et


la puissance nécessaire sont relativement limitées (quelques kVA pendant
quelques minutes). Cette source de remplacement est généralement associée à
un autre moyen de secours (un groupe électrogène) permettant d’augmenter la
durée de l’autonomie.
■ Le groupe électrogène permet d’atteindre des puissances et des durées de
fonctionnement importantes.
Outre son application en source de remplacement, le groupe électrogène offre
des possibilités d’utilisation dans différents domaines.
■ Des groupes de base sont destinés à fournir la totalité de la puissance élec-
trique d’une zone non alimentée par un distributeur. Cette application se ren-
contre surtout dans les pays en voie de développement car elle permet d’éviter
des investissements lourds et peut se mettre en œuvre dans des délais très
courts.
■ Des groupes d’écrêtage sont destinés à fournir tout ou partie de la puissance
consommée sur un site pour limiter le montant de la prime fixe ou pour bénéfi-
cier de conditions tarifaires liées à cette fonction ; cette application est générale-
ment couplée à l’application groupe de secours qu’elle permet souvent de
rentabiliser ; ainsi de nombreux hypermarchés, qui doivent s’équiper de
groupes de secours, rentabilisent ceux-ci en faisant de l’écrêtage.
■ Des groupes de cogénération destinés, comme les groupes d’écrêtage, à
fournir tout ou partie de l’énergie électrique consommée sur un site ; toutefois
pour des moteurs fonctionnant au gaz, la fonction groupe de secours n’est pas
toujours acceptable car elle implique dans certains cas, comme l’alimentation
des hôpitaux, de disposer d’une énergie primaire stockable ce qui n’est pas le
cas du gaz.
Dans le présent exposé, nous ne traitons que les groupes électrogènes dans
les applications secours et production. L’application cogénération ne sera donc
pas évoquée.
Un groupe électrogène qui est une machine permettant de transformer en
électricité un combustible primaire comme le fioul ou le gaz est constitué de
deux composants principaux :
— un moteur thermique transformant l’énergie primaire en énergie méca-
nique ;
— un alternateur transformant l’énergie mécanique développée par le moteur
thermique en énergie électrique.
La puissance d’un groupe électrogène équipé d’un moteur Diesel va de moins
de 1 kVA à plusieurs MVA et la vitesse de rotation est également variable suivant
la puissance et l’application (tableau 1).

Tableau 1 – Familles d’application des groupes électrogènes


Vitesse de rotation Type Puissances Applications
3 000 tr/min Rapide Faible Domestiques - Secours
900 , N , 1 800 tr/min Rapide Moyenne , 5 000 kVA Production - Secours
350 , N , 900 tr/min Semi-rapide Forte 4 , P , 20 MVA Production - Secours
N , 350 tr/min Lent Forte Production

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D 5 180 - 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

54
Référence Internet
D5180

____________________________________________________________________________________________________ GROUPES ÉLECTROGÈNES DE SECOURS

1. Critères de définition Exemple : éclairage, pompes, ventilateurs.


■ La classe G3 est définie pour des exigences sévères en tension,
en fréquence et en forme d’onde.
Exemple : charges régulées par thyristors, télécommunications.
1.1 Classes de puissance L’alimentation de ce type de charges peut nécessiter des études parti-
culières en raison de leur influence sur la forme d’onde de tension de
l’alternateur (§ 3.2).
La puissance d’un groupe électrogène est définie comme la puis-
sance disponible aux bornes de l’alternateur, déduction faite de la ■ La classe G4 est définie pour des exigences en tension, en fré-
puissance électrique absorbée par les auxiliaires essentiels. Elle quence et en forme d’onde exceptionnellement sévères.
s’exprime en kW, à la fréquence de définition et sous un facteur de
puissance de 0,8. Exemple : systèmes informatiques.
Les puissances du groupe électrogène doivent être définies en
accord avec les plans et les programmes d’entretien spécifiés par le
constructeur du moteur, de l’alternateur et de l’appareillage de cou- 1.3 Délais d’intervention
2
pure et de commande.
À toutes les puissances garanties, il faut ajouter une puissance
additionnelle nécessaire aux besoins de la régulation (applications Cette notion de délai d’intervention est prise en compte dans le
brusques d’une charge). Cette puissance additionnelle, qui est en cas de groupes électrogènes destinés à fonctionner en secours de la
général égale à 10 % de la puissance assignée du groupe, ne doit source normale d’alimentation.
pas être utilisée pour l’alimentation permanente de la charge. Le temps admissible de coupure peut être plus ou moins long sui-
Trois types de puissance sont définies : vant le site secouru.
— la puissance continue correspond à la puissance que le Dans le cas d’un délai d’intervention non spécifié, la durée de la
groupe est capable de fournir en service continu, pendant un coupure a peu d’importance et il est possible d’utiliser un groupe à
nombre illimité d’heures par an, en respectant les arrêts normaux démarrage manuel. Le temps de reprise dépend du temps mis par
pour maintenance et dans les conditions ambiantes définies ; l’opérateur à intervenir et les montées en vitesse et en charge qui
— la puissance principale correspond à la puissance maximale sont liées à la température de l’huile du moteur, seront fonction de
disponible, sous charge variable, pendant un nombre illimité la température ambiante.
d’heures par an, en respectant les arrêts normaux pour maintenance
Dans le cas d’un délai d’intervention à coupure spécifiée, la durée
et dans les conditions ambiantes définies. La puissance moyenne
maximale de la coupure est définie en fonction des impératifs du
admissible sur une période de 24 heures, ne doit pas être supérieure
site à réalimenter. Les temps de reprise se situent généralement
à une fraction de la puissance principale. Cette puissance moyenne
entre 8 et 15 secondes. Ce délai d’intervention est le plus couram-
P, qui est définie par le constructeur du moteur Diesel, est calculée
ment rencontré notamment dans les hôpitaux, les immeubles de
comme suit :
grande hauteur, les bâtiments recevant du public.
P 1 t 1 + P 2 t 2 + ... + P n t n Pour pouvoir répondre au délai d’intervention, le groupe doit être
P = ----------------------------------------------------------
t 1 + t 2 + ... + t n préparé afin de démarrer dans toutes les conditions de température.
Si le groupe se trouve dans une ambiance froide, il ne peut
avec P1, P2, ... Pn puissances pendant les temps t1, t2, ..., tn
atteindre sa vitesse et prendre la charge dans les délais impartis que
Dans ce calcul, toute puissance inférieure à 30 % de la puissance s’il a été préchauffé. Cet équipement de préchauffage est toujours
principale doit être remplacée par une puissance égale à 30 % de la prévu dans ce cas d’application. Certains constructeurs de moteurs
puissance principale et les temps d’arrêt ne doivent pas être exigent également un système de prégraissage cyclique ou perma-
comptés ; nent des parties tournantes du moteur pour autoriser un démarrage
— la puissance pour utilisation limitée correspond à la puis- sans source auxiliaire.
sance maximale que peut fournir le groupe avec une durée annuelle Il convient de noter que, dans le cas d’une installation de secours
limitée à 500 h et une marche continue maximale de 300 h, en res- assuré par la mise en parallèle de plusieurs groupes, il est néces-
pectant les arrêts normaux pour maintenance et dans les conditions saire d’ajouter au temps de démarrage des groupes la durée néces-
ambiantes définies. Bien entendu, le fonctionnement dans ces saire au couplage de n-1 groupes. Le temps de couplage d’un
conditions peut affecter la durée de vie du groupe. groupe étant généralement de l’ordre de 15 à 20 s, le délai global de
mise à disposition des moyens de secours peut être très long et
incompatible avec les impératifs de sécurité du site secouru.
1.2 Classes d’applications Pour faire face à cette difficulté, il est possible de mettre en œuvre
le procédé du couplage à l’arrêt qui consiste à fermer les disjonc-
teurs des groupes dès réception de l’ordre de démarrage en mainte-
Un groupe électrogène doit être défini en fonction des exigences nant hors service l’excitation des alternateurs jusqu’au passage de
de la charge qu’il doit alimenter. Il existe quatre classes d’applica- tous les groupes à une vitesse très voisine de la vitesse nominale.
tions qui ont été définies pour répondre à ces diverses exigences. Cette disposition permet de disposer de l’ensemble des moyens
de production dans un délai comparable au délai de démarrage d’un
■ La classe G1 est définie pour l’alimentation de charges ne
seul groupe. Elle présente en outre les avantages qui suivent.
nécessitant que des contraintes mineures en tension et en fré-
quence. ■ Dans le cas où les moyens de production sont surabondants par
Exemple : éclairage et charges électriques simples. rapport à la puissance appelée au moment de la perte de l’alimenta-
tion normale, elle permet d’assurer la reprise de la charge dans de
■ La classe G2 est définie pour l’alimentation de charges nécessi- bonnes conditions ; les groupes en excès par rapport aux besoins
tant des caractéristiques proches de celle du réseau public ; sur sont arrêtés par la mise en œuvre d’une gestion wattmétrique qui
application brutale de la charge, des fluctuations temporaires en assure l’adéquation de la puissance tournante à la puissance appe-
tension et en fréquence sont admises. lée.

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Référence Internet
D5180

GROUPES ÉLECTROGÈNES DE SECOURS ____________________________________________________________________________________________________

■ Dans le cas d’une installation secourue en haute tension, la pro- ■ Le type de Diesel dépend du mode d’alimentation en air
cédure de couplage à l’arrêt permet d’assurer la magnétisation pro- comburant. En effet, la puissance maximale que peut fournir un
gressive de la boucle HTA et de transformateurs qu’il ne serait pas moteur Diesel est fonction de la masse de combustible injectée dans
possible de réaliser sans mise en œuvre de séquences de délestage le cylindre et donc de la masse d’air nécessaire pour brûler ce
préjudiciables au délai global de reprise en secours. combustible. En conséquence, il est possible de définir deux catégo-
L’application de la charge au groupe électrogène doit être ries de moteurs Diesel.
conduite dans des conditions de tension et de fréquence accepta- Le moteur à aspiration naturelle où aucun artifice n’est utilisé
bles par le site. pour augmenter la quantité d’air emmagasiné dans les cylindres
permet de reprendre instantanément une puissance égale à sa puis-
Le temps de reprise d’une charge est fonction :
sance nominale.
— de la valeur relative de cette charge par rapport à la puissance
Le moteur suralimenté est tel que la quantité d’air comburant est
nominale du groupe ;
augmentée par l’utilisation d’un turbocompresseur de suralimenta-

2
— de l’inertie des masses tournantes (moteur, alternateur, accou- tion entraîné par les gaz d’échappement du moteur. Pour améliorer
plement) ; encore ce système, certains moteurs sont équipés d’un système de
— de la régulation ; refroidissement de l’air ; ces procédés permettent d’obtenir des aug-
— du système d’alimentation en air comburant. mentations de puissance considérables puisqu’avec une même
Les deux premiers points sont évidents et les problèmes liés au cylindrée, il est possible d’atteindre des puissances trois fois supé-
dimensionnement d’un groupe en fonction de l’impact de charge rieures à la puissance d’un moteur non suralimenté avec des aug-
appliqué sont traités au paragraphe 3.1. mentations de masse et de volume de l’ordre de 10 %.
Toutefois, il convient de noter que des critères de tension et de Dans ce cas, les échelons de puissance applicables instantané-
fréquence ainsi que les capacités du groupe à reprendre des impacts ment au moteur sont fonction de la pme (pression moyenne effec-
de charge imposent fréquemment la mise en œuvre de procédures tive) qui est la pression moyenne du cycle de travail et qui se calcule
de délestage/relestages automatiques pouvant conduire à des étu- comme suit :
des particulières de distribution électrique en fonction des circuits pme = KP ¤ NC
d’utilisation prioritaires.
avec K = 1 222,8 pour un moteur à 4 temps et 611,4 pour un
Les deux points concernant la régulation et le type de diesel se
moteur à 2 temps,
doivent d’être expliqués plus précisément.
P (kW) puissance par cylindre,
■ La régulation de vitesse est destinée à maintenir le groupe à sa N (tr/min) vitesse de rotation,
vitesse nominale pour fournir une fréquence constante. Les régula-
teurs peuvent être de plusieurs types suivant l’application C (L/cylindre) cylindrée
concernée : Pour un moteur non suralimenté, pme est de l’ordre de 7 bar et,
— dans un régulateur proportionnel, une variation de vitesse liée pour un moteur suralimenté avec refroidissement de l’air, pme
à la charge entraîne une variation proportionnelle du signal de dépasse à présent 22 bar.
commande ; La suralimentation en air d’un moteur Diesel est quantifiée par
— dans un régulateur proportionnel intégral, une variation de son taux de suralimentation défini par :
vitesse liée à la charge entraîne une modification proportionnelle du
signal de commande et, de plus, une correction intégrale de la Taux de suralimentation = pme ¤ 8 Ð 1
vitesse. Un moteur suralimenté ne permet pas toutefois de reprendre
Un régulateur proportionnel intégral dérivé est un régulateur pro- d’un seul coup sa puissance nominale. En effet, pour obtenir la puis-
portionnel intégral qui corrige le signal de commande proportion- sance, il faut que le turbocompresseur de suralimentation fournisse
nellement à la variation de la vitesse. l’air nécessaire pour assurer une parfaite combustion du combus-
Un groupe électrogène peut fonctionner suivant deux modes de tible injecté dont la quantité peut varier rapidement et de façon
régulation définissant la chute de vitesse entre un fonctionnement à importante en fonction de la consigne du régulateur de vitesse. Le
vide et un fonctionnement à pleine charge. temps de montée en vitesse du turbocompresseur et donc le temps
de mise à disposition de l’air comburant, dépendent de la puissance
■ Il y a fonctionnement isochrone lorsque la vitesse et donc la fré- disponible dans les gaz d’échappement et de l’inertie du turbocom-
quence restent constantes quelle que soit la charge, en dehors des presseur.
variations transitoires dues aux variations brutales de cette charge. En règle générale, un groupe suralimenté est capable de fournir
Cette disposition est surtout applicable dans le cas d’un groupe brutalement une puissance correspondant à 60 % de sa puissance
fonctionnant en solo. Dans le cas de groupes fonctionnant en paral- assignée avec une chute de vitesse transitoire de l’ordre de 10 à
lèle, il est nécessaire de prévoir un dispositif de répartition de puis- 12 % de sa vitesse nominale.
sance assurant un équilibrage des puissances relatives entre les
groupes. ■ De ce fait, pour assurer la réalimentation d’un site à partir d’un
groupe électrogène de secours, il convient toujours de vérifier que
■ Il y a fonctionnement avec statisme lorsque l’on impose une les conditions de relestage de la charge sont compatibles avec les
baisse de vitesse entre le fonctionnement à vide et le fonctionne- capacités du moteur en conservant les critères définis de tension et
ment en charge. Elle permet d’assurer un fonctionnement stable de fréquence.
plusieurs groupes couplés en parallèle.
■ Un groupe sans coupure dont l’utilisateur ne peut tolérer aucune
Pour assurer une fréquence constante, il est nécessaire de prévoir coupure est un groupe dont l’alternateur tourne en permanence
un dispositif de centrage de fréquence. Le statisme est défini par comme moteur synchrone en garantissant une alimentation com-
rapport à la vitesse nominale et calculé par : plètement ininterrompue dans l’éventualité d’une défaillance de la
source normale d’alimentation (l’alternateur est alors appelé aussi
statisme = 100 ( N 0 Ð N ) ¤ N 0
ondulateur tournant). Un accumulateur d’énergie potentielle qui
peut être d’origine électrique (batteries) ou mécanique (volant
formule dans laquelle N0 et N représentent respectivement la d’inertie) est utilisé pour assurer la puissance pendant une courte
vitesse à vide et la vitesse à pleine charge. période dans le but de permettre le démarrage du moteur Diesel,
Ce statisme a une valeur comprise entre 3 et 5 %. son accouplement à l’alternateur par l’intermédiaire d’un

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D5185

Alimentations statiques
sans interruption (ASI)

par Henri MABBOUX


Service Recherche et Développement MGE UPS SYSTEMS 2
1. Différents types d’ASI............................................................................. D 5 185 – 2
2. Architecture des convertisseurs et modes de pilotage ................ — 3
3. Compatibilité de l’ASI avec sa charge................................................ — 5
4. Compatibilité de l’ASI avec son alimentation.................................. — 6
5. Solutions et systèmes d’ASI pour améliorer la disponibilité
d’énergie.................................................................................................... — 9
6. Choix et dimensionnement de l’ASI.................................................... — 12
7. Installation des ASI.................................................................................. — 13
8. Communication entre l’application et l’ASI ..................................... — 14
9. Surveillance et entretien du système d’alimentation ................... — 15
10. Conclusion ................................................................................................ — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 5 185

es alimentations sans interruption (ASI) sont des interfaces entre le réseau


L électrique et des charges alternatives sensibles.
■ Les ASI statiques, apparues au début des années 1970, ont été le résultat de
l'arrivée d'une technologie, les semi-conducteurs de puissance, et du besoin
d'avoir des alimentations électriques de qualité pour alimenter les grands cen-
tres informatiques de gestion. Les ASI ont suivi depuis d'importantes évolutions,
du fait :
— des technologies, en particulier dans le domaine des semi-conducteurs de
puissance ;
— du développement de la mini-informatique et micro-informatique ; pour
répondre à ces besoins, l’offre en onduleurs s’est élargie pour se situer actuelle-
ment en puissance de quelques centaines de voltampères à plusieurs centaines
de kilovoltampères ;
— de l’extension des réseaux informatiques ; l’ASI est considérée comme un
périphérique de l’application, ce qui lui demande de pouvoir communiquer avec
ces réseaux.
■ Dans cet article, nous parlerons des ASI statiques pour charge alternative,
communément appelées onduleurs. En langue anglaise, l’équivalence de ASI
est le terme UPS « Uninterruptible Power Supply ».
Le terme « onduleur » peut recouvrir plusieurs réalités selon le contexte :
— la première est l’ensemble de l’interface entre le réseau et la charge ;
— la seconde est le convertisseur statique qui élabore du courant alternatif à
partir d'une source continue.
Parution : août 2001

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D5185

ALIMENTATIONS STATIQUES SANS INTERRUPTION (ASI) ______________________________________________________________________________________

Pour assurer la continuité de service, les ASI mettent en œuvre des accumula-
teurs chimiques d’énergie plomb-acide ou cadmium-nickel.
■ Avant de présenter les ASI, voici un bref aperçu des perturbations ren- con-
trées sur les réseaux électriques.
Les coupures de tension correspondent à une absence du réseau pendant plus
d’une minute.
Les coupures brèves de tension et les creux de tension sont des phénomènes
de 10 ms à quelques dizaines de secondes entraînant une baisse de tension pou-
vant évoluer de 10 % à 100 % de la valeur nominale. Par exemple, on peut citer
la permutation de source à la suite d’un défaut sur une arrivée moyenne tension,

2
l’enclenchement de transformateurs ou le démarrage de moteurs.
Les microcoupures sont les perturbations transitoires inférieures à 10 ms.
Les surtensions peuvent être générées par l’enclenchement ou le déclenche-
ment de charge sur le réseau moyenne tension (MT). Elles sont transmises au
réseau basse tension (BT) par les transformateurs MT/BT.
La distorsion en tension provient des charges non linéaires qui génèrent une
distorsion en tension fonction de l’impédance du réseau. Le niveau de distorsion
peut annuler la marge de compatibilité entre la source et la charge alimentée.

1. Différents types d’ASI Lorsque cette fonction de régulation de tension est insérée sur la
voie normale, en tireté sur la figure 1, celle-ci peut être réalisée par
un autotransformateur à commutation de prise automatique per-
Les alimentations sans interruption peuvent être classées en 3 mettant ainsi d’adapter la tension du réseau à la charge par abaisse-
catégories. ment ou élévation de la tension.

1.1 ASI en attente passive 1.2 ASI en interaction avec le réseau


ou passive standby UPS ou line-interactive UPS
Dans le langage courant, ces ASI sont appelées Off-Line. Dans ce
système d’interface, représenté sur la figure 1, l’utilisation est ali- Ce système, schématisé sur la figure 2 se différencie du précédent :
mentée normalement par le réseau. La charge est basculée sur — par l’absence de basculement entre deux sources : l’ensemble
l’ensemble convertisseur courant continu/courant alternatif (DC/AC) convertisseur-stockage d’énergie est relié en permanence et en
de secours-batterie d’accumulateurs lorsque la tension et la fré- parallèle avec le réseau ; le convertisseur DC/AC fournit l’énergie à
quence du réseau sont incompatibles avec la charge. la charge si la tension d’alimentation n’est pas compatible avec les
Le temps de basculement entre les deux voies est de l’ordre de performances requises par l’utilisation ;
10 ms. — par l’absence du convertisseur dédié à la recharge batterie :
Le chargeur assure la recharge et le maintien de charge de la batterie. lorsque le réseau est présent, le convertisseur DC/AC remplit la
fonction de recharge et de maintien de charge de la batterie
Dans ce type d’ASI, un dispositif de régulation de la tension sur la voie d’accumulateurs.
principale permet d’avoir de meilleures performances, c’est-à-dire :
— une précision en tension de ± 5 % en sortie de l’interface ;
— un fonctionnement sur le réseau avec une plage de tension
élargie à ± 20 % voire ± 30 %.
Contacteur statique

Alimentation Utilisation
Alimentation Réseau Charge
Réseau Régulateur
Utilisation
Charge

Convertisseur Convertisseur
Chargeur DC/AC DC/AC
ou Onduleur ou Onduleur

Figure 1 – ASI en attente passive Figure 2 – ASI en interaction avec le réseau

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D 5 185 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

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_____________________________________________________________________________________ ALIMENTATIONS STATIQUES SANS INTERRUPTION (ASI)

Dans cette configuration, le convertisseur DC/AC doit donc être


réversible en puissance. De plus, le pilotage doit se faire avec un 2. Architecture
fonctionnement permanent en parallèle avec l’alimentation. des convertisseurs
Dans ces ASI en interaction avec le réseau, une impédance peut
être mise en série sur le réseau pour assurer la régulation de la ten- et modes de pilotage
sion d’utilisation.
Un contacteur statique isole le système de l’alimentation si celle-
ci est défaillante. Nous allons détailler l’architecture des différents convertisseurs et
donner quelques indications sur leurs pilotages.
La fonction de base dans tous les systèmes onduleurs est de syn-
thétiser la tension alternative à partir d’une source de tension conti-
1.3 ASI à double conversion nue qui est la batterie d’accumulateurs ou le réseau redressé.

2
ou double conversion UPS
2.1 Convertisseur d’entrée
Dans le langage courant, ces onduleurs de secours sont appelés
On-Line parce que le système de secours, situé en série entre le Du côté du réseau d'entrée, les convertisseurs, redresseur et char-
réseau et la charge, est actif en permanence. geur, n'ont pas besoin d'être réversibles en puissance. Ces conver-
Dans la représentation simplifiée de la figure 3, la charge est ali- tisseurs fonctionnent toujours en récepteur d'énergie, mais la
mentée en permanence en alternatif par un onduleur à partir d'une puissance instantanée peut être variable, ce qui conduit à des cou-
source de tension continue, elle-même alimentée par le réseau via rants i non linéaires.
un redresseur. Sur défaillance du réseau, la puissance est fournie Pour le convertisseur d’entrée des ASI à double conversion (§ 1.3),
par les batteries d’accumulateurs. une solution usuelle, appliquée en monophasé et encore aujourd’hui
Ces systèmes à double conversion reconstituent en permanence en triphasé, est le redresseur contrôlé schématisé sur la figure 5. Le
un réseau alternatif et permettent de maîtriser les performances en réglage de l'amplitude de la tension de sortie, filtrée par les compo-
tension et en fréquence. sants L et C, se fait en contrôlant le retard à la commande des thyris-
tors. L’extinction du thyristor est réalisée par le réseau (tensions e1,
■ L’architecture de la figure 3, avec les accumulateurs reliés en per- e2, e3).
manence au réseau continu, a été la réalisation la plus courante et
utilisée à un moment ou à un autre pour toutes les puissances des
ASI.
2.2 Convertisseur onduleur
■ La seconde architecture (figure 4) présente un chargeur indépen-
dant du redresseur. Dans ce cas, la batterie est connectée au Le convertisseur onduleur doit s’interfacer avec la source de
moment de la disparition du réseau. Dans cette réalisation, la batte- secours locale, les batteries d’accumulateurs et avec la source
rie est indépendante du bus continu, ce qui est un avantage pour réseau redressée Udc dans le cas des ASI à double conversion.
gérer le maintien de la charge de la batterie. Ce convertisseur onduleur doit être réversible pour alimenter tout
type de charge, c'est-à-dire qu'il peut être instantanément généra-
teur ou récepteur d’énergie, d’où la présence des interrupteurs sta-
tiques (T1 à T4) permettant la conduction du courant dans les deux
sens sur le schéma de l’onduleur monophasé « en pont » de la
figure 6.
Alimentation Redresseur Onduleur Utilisation
Réseau Charge ■ Sur les ASI en attente passive (§ 1.1), utilisées pour alimenter
Convertisseur AC/DC Convertisseur DC/AC
des charges monophasées de faible puissance, la batterie
d’accumulateurs est généralement dans la gamme de tension de
12 à 96 V, ce qui impose au convertisseur DC/AC d’être, en instan-
tané, élévateur de tension pour fournir en sortie une tension crête
de 230 2 V.

Figure 3 – ASI à double conversion

L
+

Redresseur
i1
Alimentation AC
DC e1
Réseau Liaison continue Utilisation
i2
Charge
DC AC e2 C
Onduleur i3
AC e3

DC

Chargeur
Filtrage

Figure 4 – ASI à double conversion et chargeur indépendant Figure 5 – Redresseur contrôlé

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
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ALIMENTATIONS STATIQUES SANS INTERRUPTION (ASI) ______________________________________________________________________________________

(50 ou 60 Hz), c’est-à-dire à la fréquence du réseau. Cela parce que


la mise en œuvre du thyristor nécessite l’utilisation de circuits auxi-
liaires pour annuler le courant dans le thyristor et ouvrir le circuit au
T1 T3 moment désiré.
+ Cette contrainte limite la fréquence de découpage et conduit à
Udc générer la sinusoïde en basse fréquence par des ondes en créneaux
plus ou moins évoluées :

— sur la figure 8a, l’onde sinus est générée à partir d’une simple
T2 T4 Transformateur onde carrée ; le filtre doit être calculé pour atténuer l’harmonique
et filtre (H3), qui est, dans ce cas, le 1er harmonique ;
— sur les figures 8b et 8c, l’onde est générée avec des signaux
carrés décalés et des transformateurs pour faire les décalages en

2
Figure 6 – Onduleur monophasé avec transformateur temps et en niveau de tension.
Le filtrage des harmoniques basse fréquence conduit à des filtres
complexes et lourds.
Le réglage de l’amplitude est assuré en générant une seconde ten-
sion identique mais avec un déphasage variable de 0 à 180 degrés
par rapport à la première tension. Ces tensions sont ajoutées et
l’amplitude de la tension résultante est ainsi maîtrisée en réglant le
déphasage.
+
Filtre
Udc
– 2.4 Convertisseur à modulation
Convertisseur de largeur d’impulsion
élévateur

L'arrivée des transistors de puissance de technologie bipolaire,


puis de technologie MOS (Métal Oxyde Semiconducteur) et, depuis
Figure 7 – Convertisseur élévateur et onduleur monophasé quelques années, la technologie IGBT (Insulated Gate Bipolar Tran-
sistor) a permis de simplifier le convertisseur onduleur, tout en aug-
mentant ses performances.
Cette fonction élévation de tension peut être assurée côté alterna- L’augmentation des performances est obtenue par la possibilité
tif par un transformateur élévateur (figure 6) ou côté continu par un de découper à des fréquences supérieures à 1 kHz, puis à des fré-
convertisseur DC/DC élévateur (figure 7). quences inaudibles (environ à 20 kHz.). Cela permet de réduire le
■ Sur les ASI à double conversion (§ 1.3), utilisées pour alimenter bruit acoustique et d’installer les ASI dans le bureau ou la salle infor-
des charges triphasées de forte puissance, la tension de la batterie matique.
d’accumulateurs est choisie vers 450 V pour assurer la charge et le De nouveaux principes de commande ont alors été introduits
maintien de charge lorsque le réseau d’alimentation est bas. dans le pilotage des convertisseurs comme le découpage calculé et
Une fonction élévation de tension par transformateur (figure 6) surtout la modulation de largeur d’impulsion (MLI) ou Pulse Width
ou par convertisseur (figure 7) est aussi nécessaire sur le convertis- Modulation (PWM).
seur DC/AC pour fournir en sortie une tension crête de 400 2 V. Exemple : la figure 9 représente la tension avant filtrage pour un
onduleur monophasé en pont. Dans cet exemple, de découpage à 3
niveaux, la largeur de l’impulsion à +E est donnée par une loi en sinus
(ωt ). Cette modulation de la largeur de l’impulsion permet à la fois de
2.3 Convertisseur onduleur générer et de régler l’amplitude d’une onde de forme sinus.
de 1re génération
Du côté de l’entrée, le principe de la MLI permet de maîtriser à
chaque instant le courant d’entrée, et ainsi d’atteindre un facteur de
Dans le convertisseur onduleur de 1re génération, les dispositifs puissance proche de 1 et une distorsion sur le courant inférieure à
semi-conducteurs à thyristors sont commandés en basse fréquence 5 %.

a onde carrée simple b onde sans H3 c onde sans H3, sans H5, sans H7

tension avant filtrage signal fondamental

Figure 8 – Génération sinusoïde sur onduleurs de 1re génération

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 5 185 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

60
Réseaux électriques industriels et tertiaires
(Réf. Internet 42265)

1– Les grands choix techniques et politiques

2– Le fonctionnement des réseaux, protections et


automatismes 3
3– Développement des réseaux Réf. Internet page

Installations électriques HTA. Réglementation, structure et protections D5025 63

Installations électriques HTA. Mise en oeuvre et exploitation D5026 67

Installations électriques. Réglementation et structure D5041 71

Installations électriques BT. Caractéristiques générales D5042 75

Installations électriques BT. Protection contre les contacts directs D5043 79

Installations électriques BT. Protection contre les contacts indirects D5044 83

Installations électriques BT. Protections électriques D5045 87

Installations électriques BT. Choix et mise en oeuvre des canalisations D5046 93

Installations électriques BT. Choix et mise en œuvre des matériels D5047 99

Installations électriques BT. Vérifications et entretien D5048 103

Installations électriques BT. Règles pour le branchement D5049 107

4– Ingénierie des réseaux

5– Applications industrielles

 Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

61
3

62
Référence Internet
D5025

Installations électriques HTA


Réglementation, structure et protections

par Dominique SERRE


Ingénieur
Ancien président de la commission U15 de l’Union technique de l’électricité (UTE)

Cet article est la réédition actualisée de l’article [D 2 025] intitulé « Installations électriques
HTA – Réglementation, structure et protections » paru en 2008, rédigé par Dominique
Serre.
3
1. Réglementation...................................................................................... D 5 025v2 - 2
1.1 Règlements de protection ........................................................................ — 2
1.2 Normes d’installation ............................................................................... — 3
1.3 Mise en application des nouveaux textes............................................... — 4
1.4 Qualification des entreprises ................................................................... — 4
1.5 Prescriptions au personnel....................................................................... — 4
2. Caractéristiques des installations .................................................... — 5
2.1 Architectures de la distribution publique................................................ — 5
2.2 Architecture de la distribution privée...................................................... — 5
2.3 Limites des installations raccordées au réseau public de distribution. — 6
2.4 Tensions..................................................................................................... — 7
2.5 Schéma des liaisons à la terre des réseaux............................................ — 8
2.6 Types de comptage pour les postes de livraison alimentés en HTA.... — 9
2.7 Perturbations électriques ......................................................................... — 9
3. Protections pour assurer la sécurité ............................................... — 10
3.1 Protections contre les chocs électriques................................................. — 10
3.2 Protections contre les surintensités ........................................................ — 11
3.3 Protections contre les risques d’incendie ............................................... — 12
3.4 Protections contre les variations de la tension....................................... — 12
3.5 Sectionnement et verrouillages............................................................... — 13
4. Conclusion............................................................................................... — 15
5. Glossaire .................................................................................................. — 15
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. D 5 025v2

es installations électriques à haute tension comprennent toutes les installa-


L tions dont la tension est supérieure à 1 000 V en courant alternatif et à
1 500 V en courant continu. RTE (Réseau de Transport d’Électricité) utilise des
tensions de 225 et de 400 kV pour le transport de l’énergie sur les grandes dis-
tances mais également des tensions intermédiaires de 63 et 90 kV.
Dans cet article, nous allons traiter plus particulièrement des installations
de tensions 20 kV, tension retenue en France pour le réseau de distribution
publique d’un courant inférieur à 630 A.
Les tensions 3 et 5,5 kV sont consacrées à l’éclairage public. Les tensions 5,5
et 6,6 kV sont consacrées à l’alimentation de moteurs. La tension 11 kV est
consacrée à la distribution, notamment dans le domaine maritime. D’autres
Parution : novembre 2016

tensions du domaine HTA sont aussi exploitées pour la distribution publique :


10 kV, 13,2 kV, 15 kV, 30 kV. Elles sont en voie de disparition en France mais
toujours courantes dans d’autres pays.

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D5025

INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES HTA ____________________________________________________________________________________________________

Les industries grandes consommatrices peuvent être alimentées directement


à partir du réseau de transport sous des tensions allant jusqu’à 225 kV.
Les installations électriques HTA font l’objet de deux articles :
– réglementation, structure et protections [D 5 025] ;
– mise en œuvre et exploitation [D 5 026].

1. Réglementation – à plus de 50 m pour les immeubles à usage d’habitation, tel


qu’ils sont définis par l’article R. 111.1 ;
– à plus de 28 m pour tous les autres immeubles ».
Les IGH (immeubles de grande hauteur) sont classés par l’article
1.1 Règlements de protection R. 122-5 en six catégories :

3 1.1.1 Protection contre les risques d’incendie


dans les établissements recevant du public
– GHA : immeuble à usage d’habitations ;
– GHO : immeuble à usage d’hôtels ;
– GHR : immeuble à usage d’enseignements ;
– GHS : immeuble à usage de dépôt d’archives ;
L’importance considérable des conséquences des incendies, en – GHW : immeuble à usage de bureaux ;
vies humaines et en dégâts matériels, notamment dans les établis- – GHZ : immeuble à usage mixte.
sements où le public a accès, a conduit les pouvoirs publics à
L’arrêté du 18 octobre 1977, modifié par les arrêtés du 22
rendre obligatoires des règles de construction prenant en
octobre 1982 et du 16 juillet 1992, est relatif au règlement de sécu-
compte en particulier les dispositions des circulations, la rapidité
rité pour la construction des immeubles de grande hauteur et leur
d’évacuation, le choix des matériaux, etc. Si tous les corps d’état
protection contre les risques d’incendie et de panique.
sont intéressés par ces règles, l’électricité fait l’objet d’une atten-
tion spéciale, comme étant une cause possible des incendies. Ces
règles contribuent par ailleurs, au moyen des installations dites de 1.1.3 Protection des travailleurs
sécurité (éclairage, alarmes, circuits essentiels), à l’évacuation contre les dangers du courant électrique
rapide du public et à faciliter l’intervention des sapeurs-pompiers.
L’usage de l’électricité, tant pour la force motrice que pour
Les dispositions fondamentales relatives à la protection contre l’éclairage, étant en augmentation constante dans les établisse-
les risques d’incendie et de panique dans les établissements rece- ments employant des travailleurs (ouvriers, employés, ingénieurs,
vant du public (ERP) font actuellement l’objet des articles R. 123-1 etc.), les pouvoirs publics, et notamment le ministère du Travail, se
à R. 123-55 du Code de la construction et de l’habitation sont préoccupés des risques d’électrocution ou d’électrisation et
(anciens articles du décret abrogé du 31 octobre 1973). Ces dispo- de brûlures dont pourraient être victimes les travailleurs.
sitions sont notamment complétées par le règlement de sécurité,
faisant l’objet actuellement de l’arrêté du 25 juin 1998 modifié par Des décrets successifs (1935, 1962, 1988) ont précisé les
de nombreux arrêtés dont celui du 19 novembre 2001 qui modifie mesures de sécurité à respecter, compte tenu de l’état des tech-
les articles EL relatifs aux installations électriques et EC relatifs aux niques de l’époque et de l’avancement des connaissances sur des
installations d’éclairage normal et de sécurité. points particuliers, dues notamment aux travaux de normalisation
internationale.
Les établissements sont classés :
Actuellement la protection des travailleurs fait l’objet de quatre
– selon leur type, article GN 1 du règlement de sécurité contre décrets.
l’incendie relatif aux établissements recevant du public ;
– selon leur catégorie d’après l’effectif du public et du personnel Ces nouvelles dispositions font entrer dans le Code du travail
(Code de la construction, articles R. 123-14 et R. 123-19) : l’ensemble des textes relatifs à la protection des travailleurs contre
les chocs électriques. Contrairement aux précédents décrets,
• 1re catégorie : au-dessus de 1 500 personnes,
ceux-ci ne donnent pas de règles pour la conception des installa-
• 2e catégorie : de 701 à 1 500 personnes, tions électriques, mais des objectifs, en précisant les normes qui,
• 3e catégorie : de 301 à 700 personnes, si elles sont respectées, traduisent le concept et permettent la réa-
• 4e catégorie : au-dessous de 300 personnes, exception faite lisation d’installations conformes.
des établissements de 5e catégorie, Décret n° 2010-1016 du 30 août 2010 relatif aux obligations
• 5e catégorie : établissements faisant l’objet de l’article de l’employeur pour l’utilisation des installations électriques des
R. 123-14 dans lesquels l’effectif du public n’atteint pas le lieux de travail. La mise en application de ce décret fait l’objet de
chiffre minimal fixé par le règlement de sécurité pour chaque six arrêtés (16/12/2011, 19/12/2011, 20/12/2011, 21/12/2011,
type d’exploitation. 22/12/2011 et 26/12/2011). Le décret fixe :
– les règles d’utilisation et de réalisation par l’employeur des ins-
1.1.2 Protection contre les risques d’incendie tallations électriques permanentes et temporaires ;
dans les immeubles de grande hauteur – l’obligation de maintien des installations en conformité avec
les dispositions relatives à la conception applicables à la date de
Le Code de la construction et de l’habitation (édition du 15 mars mise en service ;
1984) article R. 122-2 définit les immeubles de grande hauteur – la nécessité de mise à jour du dossier technique de
comme ci-après. l’installation ;
« Tout corps de bâtiment dont le plancher bas du dernier niveau – l’obligation de prendre des mesures pour toute opération dans
est situé, par rapport au niveau du sol le plus haut utilisable pour des locaux à risque.
les engins des services publics de secours et de lutte contre Décret n° 2010-1017 du 30 août 2010 relatif aux obligations
l’incendie : des maîtres d’ouvrage entreprenant la construction ou l’aménage-

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_____________________________________________________________________________________________________ INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES HTA

ment de bâtiments destinés à recevoir des travailleurs en matière 1.2 Normes d’installation
de conception et de réalisation des installations électriques. La
mise en application de ce décret fait l’objet de trois arrêtés
La norme NF C 13-200 installations électriques à haute
(20/04/2012, 15/12/2001 et 19/04/2012). Le décret fixe des objectifs
tension traite des installations alimentées en courant alternatif
en matière :
sous une tension nominale supérieure à 1 000 V et inférieure ou
– de protection contre les risques de brûlures ; égale à 225 kV, les fréquences préférentielles étant de 50 Hz et de
– de dispositifs de protection ; 60 Hz.
– de dispositifs de sectionnement ; Elle traite des installations de production d’énergie, des installa-
– de dispositifs de coupure d’urgence ; tions industrielles, tertiaires et agricoles, ainsi que de leurs postes
– de câblage en fonction du mode de pose ; de livraison, à l’exclusion des postes visés par la norme
NF C 13-100.
– de repérage des circuits et de l’appareillage ;
– d’adaptation des matériels aux conditions environnementales ; Les établissements recevant du public sont considérés comme
– de conception des installations dans les locaux à risque des installations tertiaires.
d’incendie ou d’explosion ; Les installations peuvent être alimentées :
– de conception des locaux ou emplacements réservés à la pro-
– soit par le réseau public de transport ;

3
duction, la conversion ou la distribution de l’énergie électrique.
– soit par un réseau public de distribution ;
Le décret n° 2010-1017 et son arrêté du 19/04/2012 citent pour les
installations à haute tension les normes NF C 13-100 et – soit par une source de production autonome d’énergie ;
NF C 13-200. – soit à la fois par un réseau public de distribution ou de trans-
port et une source de production autonome d’énergie.
Décret n° 2010-1018 du 30 août 2010 portant diverses disposi-
tions relatives à la prévention des risques électriques dans les La norme NF C 13-200 s’applique aux installations fixes. Elle est
lieux de travail. La mise en application de ce décret fait l’objet de également applicable à des installations temporaires ou mobiles,
deux arrêtés (14/12/2011 et 23/12/2011) : il rend obligatoire la vérifi- pour lesquelles des règles particulières sont décrites en partie 7 de
cation des installations électriques. la norme (figure 1).
Décret n° 2010-1118 du 22 septembre 2010 relatif aux opéra- La partie livraison des postes fait l’objet des normes :
tions sur les installations électriques ou dans leur voisinage. La
mise en application de ce décret fait l’objet de l’arrêté du – NF C 13-100 : postes de livraison Un ≤ 33 kV ou
26/04/2012 : il rend obligatoire l’habilitation électrique. In ≤ 630 A. La norme NF C 13-100 traite des installations élec-
triques qui constituent le poste de livraison de l’énergie électrique
Le lecteur pourra se reporter aux articles : à un utilisateur à partir d’un réseau de distribution publique, sous
– Installations électriques BT. Protection contre les contacts une tension comprise entre 1 et 33 kV en courant alternatif, le cou-
indirects [D 5 044] ; rant assigné de l’équipement à haute tension étant au plus égal à
630 A. Ces postes sont :
– Installations électriques BT. Protections électriques [D 5 045] ;
• préfabriqués,
– sur la prévention des accidents électriques [D 5 101] [D 5 102]
[D 5 103]. • non préfabriqués,
• sur poteau ;
1.1.4 Règlements techniques spéciaux à certaines – NF C 13-200 : postes de livraison Un > 33 kV ou
entreprises In > 630 A. Lorsque la tension nominale du réseau public est
supérieure à 33 kV ou que l’intensité nominale de l’appareillage est
Certaines entreprises ont établi des cahiers des charges spéci- supérieure à 630 A, le poste de livraison ainsi que l’installation
fiques pour leurs équipements électriques. intérieure HTA relèvent de la norme NF C 13-200.

Arrêté technique NF C 13-10 0 NF C 13-200


HT BT
NF C 15-100

_ 630 A
In <

_ 33 kV
Un < Transformateur
Disjoncteur de courant Sectionneur HT/HT

A S D TC S
0
Alimentation
Transformateur
de tension TT NF C 13-200
C

Figure 1 – Domaine d’application de la norme NF C 13-200

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1.3 Mise en application des nouveaux Tableau 1 – Qualification des entreprises


textes
Qualification Classification
Les règlements d’administration publique spécifient leurs moda-
lités de mise en application, tant pour les réalisations futures que Électrotechnique (installation générale)
pour celles existantes. 4 indices : E1, E2, E3, EC 4 classes
2 mentions : automatisme, CH
Pour les normes, il faut bien distinguer leur parution et leur prise
d’effet. Elles entrent en vigueur à dater de leur prise d’effet, sui- Électrothermie (chauffage, récupération)
vant leur caractère propre. 5 indices : Ch1, Ch2, Th1, Th2, Th3 Pas de classe
Cela est notamment le cas de la norme NF C 13-200, parue en Mention : VMS
septembre 2009. Les dispositions de cette édition sont applicables Éclairage public (maintenance et entretien)
aux ouvrages dont la date de dépôt de demande de permis de Pas de classe
4 indices : ME1, ME2, ME3, ME4
construire ou à défaut la date de déclaration préalable de construc-
tion ou à défaut la date de signature du marché ou encore à défaut Éclairage public (travaux neufs)
la date de commande est postérieure au 1er janvier 2010. 4 indices : TN1, TN2, TN3, TN4 Pas de classe
Les modalités de prise en charge des modifications susceptibles 2 mentions : HT, RT

3
de résulter des changements de normes et de réglementation sont Antennes (TV, radio)
spécifiées par la norme NF P 03-001 (cahier des charges type pour Pas de classe
3 indices : T1, T2, T3
les marchés privés de bâtiment) et par le Code des marchés
publics. La norme NF P 03-001 dans l’article 8.1.3 précise l’applica- Courants faibles
tion des normes et DTU. (communication, sûreté-sécurité)
Il convient donc, lors d’un contrôle, de spécifier clairement et à 3 indices : CF1, CF2, CF3 Pas de classe
part, les non-conformités ou modifications à apporter, résultant 4 domaines : TC, ST, AV, GT
d’un changement ou d’un nouveau texte, ainsi que la date de 2 mentions : FO, MA
celui-ci. Cela a pour effet de faciliter la prise en charge, donc l’exé-
cution de cette mise à jour, tout en donnant les éclaircissements
pour la prise en charge financière. sentants des ministères de l’Industrie et de l’Équipement,
CONSUEL, etc. QUALIFELEC délivre aux entreprises des certificats
mentionnant :
1.4 Qualification des entreprises – la qualification, qui vise le niveau de technicité des
réalisations ;
Dans la plupart des pays de la Communauté européenne (CE), – la classification, qui indique l’importance de leurs moyens.
l’exercice de la profession d’installateur électricien est soumis à Suivant les types d’installation, QUALIFELEC a mis au point des
des dispositions réglementaires préalables, eu égard aux risques procédures conduisant aux distinctions du tableau 1.
encourus par les utilisateurs. Dans ces pays, les vérifications des
installations sont effectuées : Il n’existe pas de qualification directement liée aux travaux rela-
tifs aux installations à haute tension. Pour obtenir la qualification
– soit par les distributeurs d’énergie ;
E3, un certain nombre d’installations HT réalisées est demandé.
– soit par des organismes officiels ;
– soit par les installateurs eux-mêmes, qui en certifient la confor- L’entreprise peut, dès lors, présenter copie de ces certificats aux
mité, sous leur responsabilité (l’autorisation d’exercer pouvant être donneurs d’ouvrage, aux administrations, aux clients privés, etc.
retirée en cas de défaillances graves ou répétées). En pratique, et dans la plupart des cas, les donneurs d’ouvrage,
En France, ce n’est pas le cas. Le principe de la liberté du com- et surtout les conditions d’adjudication, font obligation aux instal-
merce ayant toujours été opposé aux organisations profession- lateurs de produire copie de leur certificat de qualification, pour au
nelles, lorsqu’elles ont demandé une loi organique, n’importe qui moins deux raisons :
peut, n’importe où, établir une entreprise artisanale ou commer- – la possibilité de choix préférentiel accordé aux qualifiés (ou de
ciale. Bien qu’il soit spécifié dans les normes que les installations rejet en cas de non-qualification correspondante) ;
électriques doivent être effectuées et entretenues par des per- – l’obligation, faite par les compagnies d’assurance, d’être quali-
sonnes ayant les connaissances leur permettant de concevoir et fiés pour bénéficier de dispositions des contrats d’assurance de la
d’exécuter les travaux correctement et en conformité avec les construction.
règles, rien ne permet de garantir à un client, a priori, qu’il aura
satisfaction. C’est pour pallier cet état de choses que deux disposi-
tions ont été prises : 1.5 Prescriptions au personnel
– la mise en place de la procédure CONSUEL (Comité national
pour la sécurité des usagers de l’électricité) ; Les règles de sécurité pour les travaux et interventions, de
– la qualification des entreprises. même que pour l’exploitation et la conduite des installations, font
Il convient de faire remarquer que CONSUEL, en cas de l’objet d’une norme NF C 18-510 Opérations sur les ouvrages
non-conformité et de la non mise sous tension en découlant, laisse et installations électriques et dans l’environnement élec-
l’utilisateur obligé de procéder par toutes voies de recours pour trique – Prévention du risque électrique.
obtenir satisfaction (lettre recommandée avec accusé de réception, Les prescriptions de sécurité auxquelles les employeurs doivent
mise en demeure par huissier, dépôt de plainte au tribunal d’ins- se conformer lors des travaux d’ordre électrique effectués dans les
tance ou de commerce, etc.). établissements soumis au Code du travail sont actuellement men-
Les qualifications professionnelles se proposent de faire tionnées dans deux textes réglementaires (le décret n° 82-167 du
connaître à un client potentiel les compétences et les moyens des 16 février 1982 pour les ouvrages de transport et de distribution de
entreprises, avant conclusion d’un contrat. L’association QUALI- l’énergie électrique et le décret n° 2010-1118 du 22 septembre 2010
FELEC (association sans but lucratif) a été créée en 1955. À son pour les installations électriques).
conseil siègent, outre les représentants des associations profes- Indépendamment d’une formation adaptée aux fonctions et à la
sionnelles intéressées, EDF, l’ordre des architectes, UTE, les repré- nature de travaux pouvant être confiés aux travailleurs, et basée

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D5026

Installations électriques HTA


Mise en œuvre et exploitation

par Dominique SERRE


Ingénieur
Ancien président de la commission U15 de l’Union technique de l’électricité (UTE)

Cet article est la réédition actualisée de l’article [D 2 026] intitulé « Installations électriques
HTA – Mise en œuvre et exploitation » paru en 2008, rédigé par Dominique Serre. 3
1. Choix et mise en œuvre des matériels ............................................ D 5 026v2 - 2
1.1 Influences externes ................................................................................... — 2
1.2 Identification et repérage ......................................................................... — 6
1.3 Tensions assignées................................................................................... — 6
1.4 Canalisations ............................................................................................. — 7
1.5 Matériels .................................................................................................... — 7
1.6 Prise de terre et conducteurs de protections.......................................... — 9
2. Exploitation, vérification, entretien et maintenance .................. — 9
2.1 Méthodes d’inspection et de vérification................................................ — 9
2.2 Maintenance .............................................................................................. — 11
3. Locaux ou emplacements destinés à abriter
des matériels électriques .................................................................... — 11
3.1 Postes préfabriqués .................................................................................. — 11
3.2 Postes non préfabriqués établis à l’intérieur d’un bâtiment ................. — 11
3.3 Postes sur poteau...................................................................................... — 13
4. Règles particulières pour les postes de livraison HTA
(jusqu’à 33 kV) ....................................................................................... — 13
4.1 Approbation préalable du gestionnaire du réseau public
de distribution ........................................................................................... — 13
4.2 Modes de comptage et limites des installations .................................... — 13
4.3 Tension pour le matériel à haute tension ............................................... — 13
4.4 Tenue aux courants de court-circuit........................................................ — 13
4.5 Protection des transformateurs ............................................................... — 13
4.6 Protection contre les contacts indirects .................................................. — 13
5. Conclusion............................................................................................... — 14
6. Glossaire .................................................................................................. — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. D 5 026v2

ans un premier article, nous avons exposé la réglementation, les caracté-


D ristiques des installations à haute tension et les protections pour assurer
la sécurité.
Dans cet article, il est question du choix et de la mise en œuvre des maté-
riels, des conditions d’exploitation de maintenance et de vérification, des
locaux ou emplacements abritant le matériel à haute tension et des règles par-
ticulières pour les postes de livraison HTA d’une tension inférieure ou égale à
Parution : novembre 2016

33 kV et d’un courant inférieur à 630 A.


Le choix du matériel HTA prend en compte les exigences réglementaires
pour la protection des travailleurs lors des travaux et interventions, de même

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INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES HTA ____________________________________________________________________________________________________

que pour l’exploitation et la conduite des installations. Il prend aussi en


compte les exigences du distributeur pour assurer la continuité d’exploitation.
Ces évolutions ont fait disparaître les installations de type « ouvert » qui ne
sont plus remises sous tension par le gestionnaire de réseau.
Une nouvelle approche normative a permis une approche plus simple du
contenu des normes NF C 13-100 et NF C 13-200, cela a aussi permis d’intégrer
dans la norme NF C 13-100 tous les postes de livraison d’une tension inférieure
ou égale à 33 kV et d’un courant inférieur à 630 A.

1. Choix et mise en œuvre Classes de protection

3 des matériels Les matériels électriques sont soumis à deux classements :


– la protection contre la pénétration des corps solides et
liquides : indice de protection IP défini selon les normes
CEI 60529 et NF EN 60529 (NF C 20-010) ;
1.1 Influences externes – la protection contre les chocs mécaniques : indice de pro-
tection IK défini selon les normes NF EN 62262 (NF C 20-015).

1.1.1 Classification Lorsque seule la protection des personnes est intéressante à


préciser, les deux chiffres caractéristiques de l’IP sont remplacés
Par influence externe en haute tension, on entend toutes les par X.
conditions d’ordre non électrique qui peuvent avoir une influence
sur les installations électriques. Exemple
Les normes distinguent trois catégories d’influences XXC pour les matériels à haute tension.
externes (NF C 13-200, tableau 51A).
Dans la suite ne sont prise en compte que les conditions liées à
– les environnements. Désignés par la première lettre A, ils l’environnement.
caractérisent le milieu dans lequel se trouvent les matériels de
l’installation électrique ; ils déterminent les caractéristiques que
doivent présenter les matériels électriques pour pouvoir conserver Pour certaines natures d’influences externes, la classe 1 n’est
leurs qualités pendant leur durée de vie présumée ; pas mentionnée du fait que cette classe correspond à des situa-
tions dans lesquelles le risque n’existe pas ou est négligeable.
– les utilisations. Désignées par la première lettre B, elles
caractérisent les personnes utilisatrices, les matériels et, d’une
façon générale, l’affectation des locaux ou emplacements dans les- 1.1.2 Environnements (NF C 13-200, article 512)
quels se trouvent les installations électriques ;
– la construction des bâtiments. Désignée par la première 1.1.2.1 Prescriptions dues aux conditions climatiques (AA ;
lettre C, elle caractérise la nature des matériaux et leurs disposi- AB)
tions qui peuvent avoir une influence sur les installations élec- Dans tout local (ou emplacement), la température ambiante de
triques. l’air (AA), l’humidité relative et l’humidité absolue (AB) sont com-
prises entre des limites classifiées.
Dans chacune de ces catégories d’influences externes sont défi-
nies les différentes natures, désignées par une deuxième ■ Prescriptions dues aux conditions de température
lettre. ambiante (AA)
Chaque influence externe comprend différentes classes dési- Elles s’appliquent aux locaux (ou emplacements) dans lesquels
gnées par un chiffre, correspondant généralement à des degrés les conditions climatiques correspondent aux classes définies dans
de sévérité croissants. le tableau 1.
■ Prescriptions dues aux conditions climatiques froides ou
La classification des influences externes tient compte des situa- chaudes (AB)
tions pouvant se rencontrer dans tous les locaux et dans toutes les
Elles s’appliquent aux locaux (ou emplacements) dans lesquels
régions du monde (France métropolitaine, DROM-COM et autres
les conditions climatiques correspondent à l’une des classes défi-
pays du monde), cette classification étant internationale. C’est
nies dans le tableau 2.
pourquoi, elle constitue un inventaire de toutes les conditions aux-
quelles peuvent être soumis les matériels. Pour la classe AB4, un chauffage peut être nécessaire.
Le choix des matériels s’effectue conformément aux normes qui
Les conditions propres à chaque local ou emplacement doivent leur sont applicables, sans précaution particulière.
être estimées pour permettre la détermination des caractéristiques
des matériels électriques, leurs conditions d’installation et les Les canalisations peuvent être utilisées sans restriction d’emploi.
règles particulières d’installation. Elles impliquent parfois l’utilisation de matériels spécialement étu-
diés ou la mise en œuvre de dispositions particulières (lubrification
Une lettre additionnelle (en option) est utilisée seulement si la spéciale, protection antigivre, refroidissement...). Le choix des
protection effective des personnes est supérieure à celle indiquée canalisations s’effectue compte tenu de la classe de conditions cli-
par le premier chiffre de l’IP. matiques.

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_____________________________________________________________________________________________________ INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES HTA

Tableau 1 – Conditions de température ambiante Tableau 3 – Conditions dues à l’altitude


Désignation Caractéristiques Désignation
Code Code
des classes et exemples des classes
Caractéristiques et exemples
Plages de températures
Température ambiante (AA) Altitude (AC)
ambiantes
AA1 Frigorifique – 60 à + 5 °C AC Les tensions assignées et les niveaux
d’isolement spécifiés dans la norme
AA2 Frigorifique – 40 à + 5 °C NF C 13-200 s’appliquent aux matériels
Usage de matériels spécifiques prévus pour une utilisation à des
altitudes au plus égales à 1 000 m
AA3 Froide – 25 à + 5 °C Pour des installations situées à une
Usage de matériels spécifiques altitude plus élevée la norme
AA4 Tempérée – 5 à + 40 °C NF C 13-200 donne des facteurs de
Cas général correction.

AA5
AA6
Chaude
Très chaude
+ 5 à + 40 °C
+ 5 à + 60 °C
Usage de matériels spécifiques Tableau 4 – Prescriptions dues à la présence d’eau
3
AA7 Extérieur abrité – 25 à + 55 °C Désignation
Code
Usage de matériels spécifiques des classes Caractéristiques
IP
et exemples
AA8 Extérieur non protégé – 50 à + 40 °C Présence d’eau (AD)
Usage de matériels spécifiques
AD1 Négligeable X0

AD2 Chute de gouttes d’eau Présence de condensa- X1


Tableau 2 – Conditions climatiques
tion sur les murs ou
X2
Désignation
Code Caractéristiques et exemples
des classes
AD3 Aspersion d’eau Pluie, emplacements X3
extérieurs
Conditions climatiques Plage de tem- Humidité
(AB) pératures relative
AD4 Projection d’eau Armoires de chantier X4
installées à l’extérieur
AB1 Frigorifiques – 60 à + 5 °C 3 à 100 %
AD5 Jets d’eau Aires de lavage X5
AB2 Très froides – 40 à + 5 °C 10 à 100 %
AD6 Paquet d’eau Bords de mer, jetée X6
AB3 Froides – 5 à + 5 °C 10 à 100 %
AD7 Immersion Possibilité de recouvre- X7
AB4 Tempérées – 5 à + 40 °C 5 à 95 %
ment intermittent, par-
tiel ou total, d’eau
AB5 Chaudes + 5 à + 40 °C 5 à 85 %
AD8 Submersion Immersion permanente X8
AB6 Très chaudes + 5 à + 60 °C 10 à 100 %

AB7 Extérieur abrité – 25 à + 55 °C 10 à 100 %


1.1.2.4 Prescriptions dues à la présence de corps solides
Extérieur non (AE)
AB8 – 50 à + 40 °C 15 à 100 %
protégé
Suivant la dimension des corps solides (objets) susceptibles de
se trouver dans les locaux (ou emplacements), ceux-ci corres-
pondent aux classes définies dans le tableau 5.
Pour la détermination des courants admissibles dans les conduc-
teurs, il convient de tenir compte de facteurs de réduction dans les
conditions AB6, AB7 et AB8. Remarques
AE1 : la protection contre les contacts directs impose en
1.1.2.2 Prescriptions dues à l’altitude (AC) haute tension :
Suivant l’altitude à laquelle se trouve le local (ou emplacement), – soit un degré IP3X ;
les conditions correspondent aux classes définies dans le – soit un degré IP0XC.
tableau 3. AE4 : la protection contre les contacts directs impose en
haute tension :
1.1.2.3 Prescriptions dues à la présence d’eau (AD) – IP5X si les poussières peuvent pénétrer sans gêner le fonc-
tionnement du matériel ;
Suivant l’importance de la présence d’eau probable, les locaux
– IP6X si les poussières ne doivent pas pénétrer dans le
(ou emplacements) correspondent aux classes définies dans le
matériel.
tableau 4.

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69
Référence Internet
D5026

INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES HTA ____________________________________________________________________________________________________

Tableau 5 – Prescriptions dues à la présence Tableau 6 – Conditions dues à la présence


de corps solides de substances corrosives ou polluantes
Désignation Code Désignation des classes
Code Caractéristiques
des classes Caractéristiques
IP Présence de substances et exemples
Présence de corps solides et exemples corrosives ou polluantes (AF)
(AE)
AF1 Négligeable
2X ou
AE1 Négligeable AF2 Atmosphérique Bord de mer
XXB
AE2 Petits objets ≤ 2,5 mm Locaux industriels 3X AF3 Intermittente ou accidentelle Locaux où l’on manipule
certains produits
AE3 Petits objets ≤ 1 mm Locaux industriels 4X chimiques
AE4 Poussières Cimenterie 5X ou 6X AF4 Permanente Industrie chimique

3 Les canalisations choisies doivent posséder un degré de protec-


tion contre la pénétration des corps solides au moins égal à celui
prescrit pour les matériels.
Tableau 7 – Prescriptions dues aux risques
de chocs mécaniques
En pratique, tous les câbles isolés possèdent une protection Désignation Caractéristiques
appropriée pour toutes les classes AE1 à AE4. Code IK
des classes et exemples
Dans les conditions AE4, il faut mettre en œuvre des disposi- Contraintes mécaniques
tions empêchant l’accumulation de poussières ou d’autres subs- Chocs
(chocs) (AG)
tances en quantités telles qu’elles pourraient affecter la dissipation
de chaleur des canalisations. AG1 Faibles ≤ 0,2 J IK02

1.1.2.5 Prescriptions dues à la présence de substances AG2 Moyennes ≤2J IK07


corrosives ou polluantes (AF) AG3 Importantes ≤5J IK08
Suivant la quantité et la nature de substances corrosives ou pol-
luantes présentes dans les locaux (ou emplacements), ceux-ci cor- AG4 Très importantes ≤ 20 J IK10
respondent aux classes définies dans le tableau 6.
L’enveloppe des matériels utilisés doit être spécialement étudiée
ou munie d’une protection appropriée, compte tenu de la nature Tableau 8 – Conditions dues aux risques
des produits corrosifs ou polluants. de vibrations
Les canalisations choisies doivent être convenablement proté- Désignation
gées ou fabriquées en un matériau résistant aux substances pré- Code
des classes Caractéristiques et exemples
sentes.
Il convient de mettre en œuvre des dispositions évitant les Vibrations (AH)
conséquences de couples électrolytiques formés par des métaux AH1 Faibles Installations domestiques et analogues
différents placés en contact. Les dispositions mettant en contact
des matériaux pouvant provoquer des détériorations mutuelles ou AH2 Moyennes Vibrations de fréquences comprises
des dégradations dangereuses sont interdites. entre 10 et 50 Hz et d’amplitude au plus
égales à 0,15 mm
1.1.2.6 Prescriptions dues aux risques de chocs Installations industrielles
mécaniques (AG)
AH3 Importantes Vibrations de fréquences comprises
Suivant l’énergie de choc à laquelle peuvent être soumis les entre 10 et 150 Hz et d’amplitude au
matériels électriques, les locaux (ou emplacements) correspondent plus égales à 0,35 mm
aux classes définies dans le tableau 7.
Les matériels utilisés (autres que les câbles) doivent posséder,
par construction ou par installation, le degré de protection minimal Les connexions doivent être réalisées de façon à éviter un des-
contre les chocs mécaniques. serrage sous l’effet des vibrations.
Les canalisations sont choisies, compte tenu de la classe de
risque de chocs mécaniques. 1.1.2.8 Prescriptions dues à la présence de pollution (AJ)

1.1.2.7 Prescriptions dues aux risques de vibrations (AH) Suivant la présence de pollution à laquelle est exposés les
locaux, ceux-ci correspondent aux classes définies dans le
Suivant la fréquence et l’amplitude des vibrations auxquelles les tableau 9.
matériels électriques peuvent être soumis, les locaux (ou emplace-
ments) correspondent aux classes définies dans le tableau 8.
1.1.2.9 Prescriptions dues à la présence de flore
L’utilisation de matériels spécialement étudiés ou la mise en ou de moisissures (AK)
œuvre de dispositions particulières sont prescrites dans les condi-
tions AH3. Les locaux (ou emplacements) où la végétation et où des moisis-
Dans les conditions AH3, des mesures locales peuvent être sures peuvent causer des dommages aux matériels électriques
adoptées, telles que le choix de câbles souples. correspondent aux classes définies dans le tableau 10.

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70
Référence Internet
D5041

Installations électriques
Réglementation et structure
par Dominique SERRE
Ingénieur
Ancien président de la commission U 15 de l’AFNOR
Groupe AFNOR, La Plaine Saint-Denis, France

1.
1.1
Règles communes à toutes les installations............................................
Classification des tensions .........................................................................
D 5 041V3 - 2
— 2
3
1.2 Obligations réglementaires........................................................................ — 2
1.3 Obligations contractuelles.......................................................................... — 3
1.4 Méthodes d’inspection et de vérification.................................................. — 4
1.5 Qualification des entreprises ..................................................................... — 6
1.6 Prescriptions au personnel......................................................................... — 6
2. Installations basse tension. Détermination des caractéristiques .......... — 7
2.1 Tension nominale de l’installation ............................................................ — 7
2.2 Fréquences .................................................................................................. — 7
2.3 Courant d’emploi de chaque circuit .......................................................... — 7
2.4 Longueur de chaque circuit........................................................................ — 8
3. Structure de l’installation .......................................................................... — 8
3.1 Emplacements............................................................................................. — 8
3.2 Puissance et sources d’alimentation ......................................................... — 10
3.3 Schémas des liaisons à la terre ................................................................. — 11
3.4 Schémas de distribution............................................................................. — 11
3.5 Caractéristiques d’alimentation ................................................................. — 13
3.6 Division des installations............................................................................ — 13
3.7 Dispositions à prendre en vue de faciliter l’exploitation et l’entretien ... — 13
4. Conclusion ................................................................................................... — 14
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. D 5 041v3

et article fait partie d’une série traitant de l’ensemble des problèmes cou-
C rants rencontrés lors de la conception et de la réalisation des installations
électriques industrielles et tertiaires. Un article particulier [D5049] traite des ins-
tallations de branchement à basse tension, domaine de la norme NF C 14-100.
Le présent article traite :
– des règles communes à toutes les installations électriques industrielles et
tertiaires sur le plan règlementaire et normatif ;
– des principes de vérification des installations ;
– de la détermination des caractéristiques de l’installation, tension nomi-
nale, fréquence, courant d’emploi des circuits… ;
– de la structure des installations, de l’emplacement des locaux de service
électrique, des sources d’alimentation, des schémas de distribution.
La rédaction initiale avait été réalisée par Monsieur Roland Auber ancien
ingénieur en chef de la FFIE et par Monsieur Claude Remond ancien ingénieur
en chef de l’UTE. Une première mise à jour a été réalisée en 2005.
Parution : novembre 2017

Dans ce premier article, nous abordons la partie réglementaire et structurelle


des installations électriques.

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D 5 041v3 – 1

71
Référence Internet
D5041

INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES ________________________________________________________________________________________________________

Les articles suivants portent sur les caractéristiques générales des installa-
tions électriques, la protection contre les contacts directs et indirects, les
protections électriques, les canalisations, les matériels, les vérifications et
l’entretien et les règles pour le branchement.

1. Règles communes Les dispositions fondamentales, relatives à la protection contre


les risques d’incendie et de panique dans les établissements rece-
à toutes les installations vant du public (ERP), font actuellement l’objet des articles R. 123-1
à R. 123-55 du Code de la construction et de l’habitation (anciens
articles du décret abrogé du 31 octobre 1973). Ces dispositions
Parmi les règlements auxquels sont soumises, en France, les sont notamment complétées par le Règlement de sécurité, faisant
installations électriques, il faut distinguer ceux qui ont un carac- l’objet actuellement de l’arrêté du 25 juin 1980 modifié par de
tère légal, et par conséquent obligatoire (§ 1.2) et ceux qui, en nombreux arrêtés dont celui du 11 décembre 2009 qui modifie
plus des premiers s’il y a lieu, ont un caractère contractuel, c’est- notamment les articles EL relatifs aux installations électriques et

3 à-dire doivent être mentionnés dans le cahier des charges (§ 1.3).


On peut également se reporter à l’article [D1140].
EC relatifs aux installations d’éclairage normal et de sécurité.
Les établissements sont classés :
– selon leur type, article GN 1 du règlement de sécurité contre
l’incendie relatif aux établissements recevant du public ;
1.1 Classification des tensions – selon leur catégorie d’après l’effectif du public et du personnel
Depuis la parution de l’arrêté du 2 avril 1991 (arrêté technique), (Code de la construction articles R. 123-14 et R. 123-19) :
il n’y a plus de différences entre les réglementations et les normes • 1re catégorie : au-dessus de 1 500 personnes,
en ce qui concerne les domaines de tension et leurs appellations. • 2e catégorie : de 701 à 1 500 personnes,
Le tableau 1 résume cette classification.
• 3e catégorie : de 301 à 700 personnes,
• 4e catégorie : au-dessous de 300 personnes, exception faite
La seule différence subsistant entre les normes et les régle- des établissements de 5e catégorie,
mentations est la subdivision de la haute tension en sous-
catégories A et B. • 5e catégorie : établissements faisant l’objet de l’article R. 123-
14 dans lesquels l’effectif du public n’atteint pas le chiffre
minimal fixé par le règlement de sécurité pour chaque type

1.2 Obligations réglementaires


1.2.2 Protection contre les risques d’incendie
dans les immeubles de grande hauteur
1.2.1 Protection contre les risques d’incendie
dans les établissements recevant du public Le Code de la construction et de l’habitation (édition du 15 mars
1984) article R. 122-2 définit les immeubles de grande hauteur
L’importance considérable des conséquences des incendies, en (IGH) : ce sont tous les corps de bâtiment dont le plancher bas du
vies humaines et en dégâts matériels, notamment dans les éta- dernier niveau est situé, par rapport au niveau du sol le plus haut
blissements où le public a accès, a conduit les pouvoirs publics à utilisable pour les engins des services publics de secours et de
rendre obligatoires des règles de construction prenant en compte lutte contre l’incendie :
en particulier les dispositions des circulations, la rapidité d’éva- – à plus de 50 m pour les immeubles à usage d’habitation, tels
cuation, le choix des matériaux, etc. Si tous les corps d’état sont qu’ils sont définis par l’article R. 111.1 ;
intéressés par ces règles, l’électricité fait l’objet d’une attention – à plus de 28 m pour tous les autres immeubles.
spéciale, comme étant une cause possible des incendies. Ces
règles contribuent par ailleurs, au moyen des installations dites de Les IGH sont classés par l’article R. 122-5 en six catégories :
sécurité (éclairage, alarmes, circuits essentiels), à l’évacuation – GHA : immeuble à usage d’habitation ;
rapide du public et à faciliter l’intervention des sapeurs-pompiers. – GHO : immeuble à usage d’hôtels ;

Tableau 1 – Classification des tensions pour les installations et les réseaux électriques
Tension nominale U
Domaines de tension
Courant alternatif Courant continu (1)

Très basse tension TBT

Basse tension BT
Haute tension HTA (haute tension A)
HTB (haute tension B)

(1) Le courant continu lisse est défini comme ayant un taux d’ondulation (variation de tension crête à crête) n’excédant pas 15 % de la
valeur moyenne.

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D 5 041v3 – 2

72
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D5041

________________________________________________________________________________________________________ INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES

– GHR : immeuble à usage d’enseignement ; ■ Décret n° 2010-1018 du 30 août 2010 portant diverses disposi-
– GHS : immeuble à usage de dépôt d’archives ; tions relatives à la prévention des risques électriques dans les
– GHW : immeuble à usage de bureaux ; lieux de travail
– GHZ : immeuble à usage mixte. Ce décret remplace en partie le décret du 14 novembre 1998 et
L’arrêté du 30 décembre 2011 porte sur le règlement de sécurité rend obligatoire la vérification des installations électriques. Il est
entré en vigueur le 1er juillet 2011.
pour la construction des immeubles de grande hauteur et leur
protection contre les risques d’incendie et de panique. Il est mis entre autres en application par l’arrêté du
14 décembre 2011 relatif aux installations d’éclairage de sécurité
en application de l’article R 4227-14.
1.2.3 Protection des travailleurs
■ Décret n° 2010-1118 du 22 septembre 2010 relatif aux opérations
contre les dangers du courant électrique sur les installations électriques ou dans leur voisinage
L’usage de l’électricité, tant pour la force motrice que pour Ce décret est mis en application par l’arrêté du 26 avril 2012
l’éclairage, étant en augmentation constante dans les établisse- relatif aux normes définissant les opérations sur les installations
ments employant des travailleurs (ouvriers, employés, ingé- électriques ou dans leur voisinage, ainsi que les modalités recom-
nieurs, etc.), les pouvoirs publics, et notamment le ministère du mandées pour leur exécution.
Travail, se sont préoccupés des risques d’électrocution ou d’élec-
trisation et de brûlures dont pourraient être victimes les travail-
leurs.
Des décrets successifs (1935, 1962, 1988) ont précisé les
1.2.4 Règles générales de construction
des bâtiments d’habitation
L’arrêté du 3 août 2016 portant réglementation des installations
3
mesures de sécurité à respecter, compte tenu de l’état des tech- des bâtiments d’habitation abroge l’arrêté du 22 octobre 1969 qui
niques de l’époque et de l’avancement des connaissances sur des rendait l’application des normes NF C 14-100 et NF C 15-100
points particuliers, dues, notamment, aux travaux de normalisa- d’application obligatoire.
tion internationale. Aujourd’hui, la réglementation fixe les objec- Le nouvel arrêté définit des règles :
tifs et fait appel aux normes pour leurs réalisations. – de protection contre les contacts directs et indirects ;
– de protection contre les températures trop élevées dues à des
■ Décret n° 2010-1016 du 30 août 2010 relatif aux obligations de surintensités pour limiter les risques d’incendie ;
l’employeur pour l’utilisation des installations électriques des – d’organisation minimum de la distribution électrique.
lieux de travail
Il indique que les installations conçues et réalisées selon les
Ce décret remplace en partie le décret du 14 novembre 1988. prescriptions du titre 10 de la norme NF C 15-100 de 2002 et de ses
Les dispositions du décret fixent les règles relatives à l’utilisation amendements A1 à A5 et de la norme NF C 14-100 de 2008 et ses
des installations électriques permanentes et temporaires. Elles amendements A1 à A3 sont présumés satisfaire aux objectifs du
fixent également les règles relatives à la réalisation, par l’arrêté.
l’employeur, d’installations électriques temporaires ou d’installa- Cette nouvelle approche est la même que celle retenue pour la
tions électriques permanentes nouvelles ou relatives aux adjonc- conception et la réalisation des installations des établissements
tions et modifications apportées par celui-ci aux installations recevant des travailleurs.
électriques existantes. Il est entré en vigueur le 1er juillet 2011. Par ailleurs, les arrêtés du 31 janvier 1986 et du 18 août 1986
■ Décret n° 2010-1017 du 30 août 2010 relatif aux obligations des qui traitent de la sécurité incendie des bâtiments d’habitation sont
maîtres d’ouvrage entreprenant la construction ou l’aménagement également applicables ; ils fixent, en particulier, les règles à suivre
de bâtiments destinés à recevoir des travailleurs en matière de pour l’éclairage de sécurité des parcs de stationnement couverts
dans les ensembles résidentiels.
conception et de réalisation des installations électriques
Ce décret remplace en partie le décret du 14 novembre 1998. Le
décret fait obligation au maître d’ouvrage de s’assurer que les ins- 1.3 Obligations contractuelles
tallations électriques sont réalisées de façon à prévenir les risques
de choc électrique, par contact direct ou indirect, ou de brûlure et 1.3.1 Cahier des charges
les risques d’incendie ou d’explosion d’origine électrique. Il est Les cahiers des charges stipulent d’abord que les règlements
entré en vigueur le 1er septembre 2010. obligatoires (§ 1.2) s’appliquent de toute manière, mais que, en
Ce décret est mis en application par l’arrêté du 20 avril 2012 plus, certaines dispositions particulières doivent aussi être obser-
relatif au dossier technique en application de l’article R. 4215-2, et vées. Ce sont alors des clauses contractuelles qui, en général, font
l’arrêté du 20 avril 2012 indiquant la liste des normes permettant référence à des textes existants, mais non obligatoires. La nature
l’application des articles R. 4215-14 et R. 4215-15. et la portée de ces textes sont exposées ci-après.

Les normes citées par l’arrêté du 20 avril 2012 sont : 1.3.2 Normes d’installation
– NF C 15-100 Installations électriques à basse tension
– NF C 13-200 Installations électriques à haute tension Les normes sont maintenant établies par l’AFNOR, depuis l’inté-
gration de l’Union technique de l’électricité (UTE) dans le groupe de
– NF C 13-100 Postes de livraison alimentés par le réseau de dis-
normalisation AFNOR, les commissions de normalisation
tribution public HTA (jusqu’à 33 kV) et ses normes d’applications regroupent les représentants de l’ensemble de l’industrie électrique
particulières NF C 13-101, NF C 13-102, NF C 13-103 (producteurs et distributeurs d’énergie électrique, constructeurs de
– NF C 15-150-1 Enseignes à basse tension et alimentation en matériel électrique, installateurs électriciens), s’appliquent comme
basse tension des enseignes à haute tension règles d’installation :
– NF EN 50107-1 Installations d’enseignes et de tubes lumineux à – aux branchements sur réseau de distribution publique BT
décharge fonctionnant à une tension de sortie à vide assignée (NF C 14-100) ;
supérieure à 1 kV mais ne dépassant pas 10 kV – aux installations BT, jusqu’à 1 000 V (NF C 15-100) ;
– NF C 15-211 Installations électriques à basse tension – Installa- – aux postes de livraison établis à l’intérieur d’un bâtiment et ali-
tions dans les locaux à usage médical mentés par un réseau de distribution publique de 2e catégorie
– NF C 17-200 Installations d’éclairage extérieur (NF C 13-100) ;

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D 5 041v3 – 3

73
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D5041

INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES ________________________________________________________________________________________________________

– aux installations HT, au-dessus de 1 000 V (NF C 13-200). Aux échelons locaux, sous l’égide des préfets (Direction de la
À ces documents de base, s’ajoutent les guides pratiques UTE sécurité civile) et des maires, les commissions procèdent pour
édités par l’AFNOR et les fascicules de documentation édités par tous les corps d’état à l’examen des dossiers de permis de
l’AFNOR. construire et à la vérification des constructions et des installa-
tions, pour permettre au maire d’accorder l’autorisation de mise
en service. Des contrôles sont ensuite faits en cours d’exploitation
De plus, de nombreux échanges de vues ont lieu et se pour- même inopinément.
suivent sur le plan international – Commission électrotechnique Les contrôles des établissements des quatre premières catégo-
internationale (IEC) et Comité européen de normalisation élec- ries sont réalisés selon les articles GE du Règlement de sécurité
trotechnique (CENELEC) –, afin d’aboutir : contre l’incendie relatif aux établissements recevant du public.
– soit à une harmonisation des règles entre les différents Les rapports de vérifications techniques précisent, dans l’ordre
pays, par introduction du même contenu technique (mais avec des articles du règlement, la conformité ou la non-conformité des
une rédaction pouvant différer) et suppression progressive des installations ou des équipements aux dispositions applicables au
divergences (documents d’harmonisation) ; moment de la construction ou de l’aménagement.
– soit à l’établissement et à l’adoption de normes euro-
Ces rapports sont remis au constructeur ou à l’exploitant, à
péennes, Euronormes (EN), intégralement introduites dans le
charge pour lui de les tenir à la disposition de la commission de
corpus des normes des pays membres.
sécurité et de l’administration.

3 1.3.3 Normes de fabrication 1.4.1.2 Immeubles de grande hauteur (IGH)


Un soin tout spécial est apporté à la vérification des installa-
L’AFNOR élabore aussi les règles de fabrication des matériels tions électriques des immeubles de grande hauteur. Les disposi-
d’installation (fils et câbles, appareillage, conduits, etc.). tions du contrôle, identifiques à celles des locaux recevant du
Les mêmes procédures d’établissement que pour les normes public, sont placées également sous l’égide du ministère de l’Inté-
d’installation sont appliquées, peut-être même avec une rigueur rieur (Direction de la sécurité civile). Une rigueur particulière est
plus grande, puisque ces produits sont maintenant conçus et com- apportée au choix des vérificateurs agréés.
mercialisés à une échelle continentale, voire mondiale.
L’application de ces normes est, pour de nombreux types de 1.4.1.3 Protection des travailleurs contre les dangers
du courant électrique
matériels, surveillée par des comités particuliers de conformité
aux normes (appareillages, fils et câbles, conduits, lumi- Les vérifications des installations électriques dans les usines,
naires, etc.), qui attribuent la marque NF en effectuant régulière- bureaux, établissements recevant du public, établissements agri-
ment, en usine et dans le commerce, des prélèvements soumis coles, chantiers, etc., sont prescrites par le décret 2010-1016 du
aux essais de la norme correspondante. 30 août 2010. Elles comprennent une vérification initiale effectuée
à la mise en service, et des vérifications périodiques.
1.3.4 Documents techniques unifiés L’arrêté du 26 décembre 2011 précise la périodicité, le contenu
et les méthodes de vérification.
Un établissement officiel, le Centre scientifique et technique du Pour effectuer ces vérifications, le décret n° 2010-1017 du
bâtiment (CSTB), étudie les méthodes de travail de tous les corps 30 août 2010 et l’arrêté du 20 avril 2012 précisent le contenu du
d’état du bâtiment, compte tenu des progrès techniques. C’est dossier technique à tenir à la disposition du contrôleur :
ainsi que pour l’électricité, comme pour tous les autres secteurs
d’activités, le CSTB a établi des documents techniques unifiés – les cahiers de prescriptions techniques ayant permis la réalisa-
(DTU) qui sont maintenant intégrés aux normes d’installation ou tion des installations ;
ont fait l’objet de normes spécifiques. – les notes de calcul justifiant le dimensionnement des canalisa-
tions, le choix et le réglage des dispositifs de protection ;
– les schémas unifilaires des installations électriques accompa-
1.3.5 Règlements techniques spéciaux gnés, si nécessaire, d’un synoptique montrant l’articulation des dif-
à certaines entreprises férents tableaux ;
– les plans d’exécution des installations électriques permettant
Certaines entreprises ont établi des cahiers des charges spéci- notamment de localiser l’emplacement des sources et des tableaux
fiques pour leurs équipements électriques. électriques, ainsi que le cheminement des canalisations principales
de distribution ;
– les plans d’implantation des canalisations enterrées ;
1.4 Méthodes d’inspection – les plans d’implantation des prises de terre et des conducteurs
et de vérification principaux de protections ;
– les copies des attestations de conformité établies en applica-
tion du décret n° 72-1120 du 14 décembre 1972 ;
1.4.1 Méthodes liées aux règlements obligatoires – le cas échéant, la déclaration de conformité CE et les notices
d’instructions des matériels installés dans les locaux ou emplace-
En complément au paragraphe 1.2, il faut ajouter que les règle- ments à risques d’explosion.
ments obligatoires sont assortis d’un certain nombre de mesures
de vérifications, également obligatoires.
1.4.1.4 Locaux d’habitation
1.4.1.1 Établissements recevant du public (ERP) Signalons dès maintenant que, pour les locaux d’habitation,
aucune vérification n’est obligatoire en cours d’usage des installa-
Des commissions de sécurité sont créées sous l’égide du minis- tions. Cette lacune souvent déplorée est maintenant en partie
tère de l’Intérieur à différents échelons (ministère, département, comblée : pour les locaux d’habitation de plus de 15 ans, à l’occa-
arrondissement, commune). sion de vente de tout ou partie d’un bien immobilier, l’article
Au plus haut niveau, la Commission centrale établit les règles et L. 134-7 du Code de la construction et de l’habitation prévoit l’éva-
les met à jour suivant l’évolution technique. Elle a aussi à connaître luation de l’état des installations électriques. La norme expérimen-
des litiges, interprétations ou autorisations de dérogation. tale XP C 16-600 définit le contenu, la méthodologie et les

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D 5 041v3 – 4

74
Référence Internet
D5042

Installations électriques BT
Caractéristiques générales
par Dominique SERRE
Ingénieur, membre de la délégation technique de la FFIE,
Président de la commission U 15 de l’Union Technique de l’Électricité (UTE)

3
1. Influences externes ................................................................................. D 5 042 – 2
1.1 Classification................................................................................................ — 2
1.2 Environnements .......................................................................................... — 2
1.3 Utilisations ................................................................................................... — 6
1.4 Construction des bâtiments........................................................................ — 7
2. Compatibilité électromagnétique ....................................................... — 8
3. Effets du courant électrique sur le corps humain.......................... — 9
3.1 Effets physiopathologiques ........................................................................ — 9
3.2 Impédance électrique du corps humain .................................................... — 10
3.3 Situations des personnes ........................................................................... — 10
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 5 042

e texte est à lire à la suite du dossier D 5 041. Il appartient à une série de dos-
C siers qui traite l’ensemble des problèmes courants rencontrés lors de la
conception et de la réalisation des installations électriques industrielles et ter-
tiaires.
Les sujets traités dans les différents dossiers ne sont pas indépendants les uns
des autres. Le lecteur devra assez souvent se reporter aux différents dossiers.
Parution : mai 2006

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D5042

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1. Influences externes 1.2 Environnements

NF C 15-100, Article : 521.2


1.1 Classification
1.2.1 Prescriptions dues aux conditions
climatiques (AA ; AB)
Par influence externe, on entend toutes les conditions d’ordre non
électrique qui peuvent avoir une influence sur les installations Dans tout local (ou emplacement), la température ambiante de
électriques. l’air (AA), l’humidité relative et l’humidité absolue sont comprises
entre des limites classifiées (AB).
Les normes distinguent trois catégories d’influences externes
(NF C 15-100 tableau 51A) : ■ Prescriptions dues aux conditions climatiques tempérées (AA)
— environnements (§ 1.2) : désignés par la première lettre A, ils Elles s’appliquent aux locaux (ou emplacements) dans lesquels
caractérisent le milieu dans lequel se trouvent les matériels de l’ins- les conditions climatiques correspondent aux classes données dans
tallation électrique ; ils déterminent les caractéristiques que doivent le tableau 1.

3 présenter les matériels électriques pour pouvoir conserver leurs


qualités pendant leur durée de vie présumée ;
— utilisations (§ 1.3) : désignées par la première lettre B, elles
■ Prescriptions dues aux conditions climatiques froides ou chaudes
(AB)
Elles s’appliquent aux locaux (ou emplacements) dans lesquels
caractérisent les personnes, les matériels et, d’une façon générale,
les conditions climatiques correspondent à l’une des classes don-
l’affectation des locaux ou emplacements dans lesquels se trouvent
nées dans le tableau 2.
les installations électriques ;
— construction des bâtiments (§ 1.4) : caractérisée par la pre- (0)
mière lettre C : la nature des matériaux et leurs dispositions peuvent
avoir une influence sur les installations électriques. Tableau 1 – Température ambiante (AA)
Dans chacune de ces catégories d’influences externes, sont défi- Limite inférieure et supérieure des
nies les différentes natures, désignées par une deuxième lettre. Cha- Désignation des
Code plages de température ambiante
que influence externe comprend différentes classes, désignées par classes
(°C)
un chiffre, correspondant généralement à des degrés de sévérité
croissants. AA1 Frigorifique – 60 + 5 (chambre de congélation)
AA2 Frigorifique – 40 + 5 (chambre de congélation)
La classification des influences externes tient compte des situa-
tions pouvant se rencontrer dans tous les locaux et dans toutes les AA3 Froide – 25 + 5
régions du monde (France métropolitaine, DOM-TOM et autres pays AA4 Tempérée – 5 + 40 (cas général)
du monde), cette classification étant internationale.
AA5 Chaude + 5 + 40
C’est pourquoi, elle constitue un inventaire de toutes les condi-
tions auxquelles peuvent être soumis les matériels. AA6 Très chaude + 5 + 60
AA7 Extérieur abrité – 25 + 55
Les conditions propres à chaque local ou emplacement doivent
être estimées pour permettre la détermination des caractéristiques AA8 Extérieur non protégé – 50 + 40
des matériels électriques, leurs conditions d’installation et les règles
particulières d’installation.
(0)
Lettre additionnelle (en option) : elle est utilisée seulement si la
protection effective des personnes est supérieure à celle indiquée Tableau 2 – Conditions climatiques (AB)
par le premier chiffre de l’indice de protection (IP).
Humidité
Exemple : IP 2XC Température
Code Désignation des classes relative
(°C)
(%)
Lorsque seule la protection des personnes est intéressante à pré-
ciser, les deux chiffres caractéristiques de l’indice de protection sont AB1 Frigorifique – 60 + 5 3 à 100
remplacés par X. AB2 Très froide – 40 + 5 0 à 100
Exemple : IP XXB AB3 Froide –5+5 0 à 100
AB4 Tempérée – 5 + 40 5 à 95
Les paragraphes 1.2, 1.3 et 1.4 présentent les catégories, natures (1)(3)
et classes de chaque influence externe et les règles correspon- AB5 Chaude + 5 + 40 5 à 85
dantes. (2)
Pour certaines natures d’influences externes, la classe 1 n’est
AB6 Très chaude + 5 + 60 10 à 100
pas mentionnée du fait que cette classe correspond à des situa-
tions dans lesquelles le risque n’existe pas ou est négligeable. AB7 Extérieur abrité – 25 + 55 10 à 100
AB8 Extérieur non protégé – 50 + 40 15 à 100
Ces paragraphes concernent les installations à basse tension. (1) AB4 : emplacements abrités sans contrôle de la température et de
l’humidité.
Des indications particulières pour les installations à haute ten- (2) AB5 : emplacements abrités avec contrôle de la température.
sion sont données dans le dossier [D 5 051]. (3) Pour la classe AB4, un chauffage peut être nécessaire.

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Le choix des matériels s’effectue conformément aux normes qui Pour le choix des canalisations, le lecteur se reportera au dossier
leur sont applicables, sans précaution particulière. [D 5 047].
Les canalisations peuvent être utilisées, sans restriction d’emploi.
Elles impliquent parfois l’utilisation de matériels spécialement 1.2.4 Prescriptions dues à la présence de corps
étudiés ou la mise en œuvre de dispositions particulières (lubrifica- solides (AE)
tion spéciale, protection antigivre, refroidissement…).
Le choix des canalisations [D 5 047] s’effectue, compte tenu de la Suivant la dimension des corps solides (objets) susceptibles de se
classe de conditions climatiques. trouver dans les locaux (ou emplacements), ceux-ci correspondent
Pour la détermination des courants admissibles dans les conduc- aux classes données dans le tableau 5.
teurs, il convient de tenir compte de facteurs de réduction [D 5 047] Les canalisations choisies doivent posséder un degré de protec-
dans les conditions AB6, AB7 et AB8. tion contre la pénétration des corps solides au moins égal à celui
prescrit pour les matériels.
En pratique, tous les câbles isolés possèdent une protection
1.2.2 Prescriptions dues à l’altitude (AC) appropriée pour toutes les classes AE1 à AE4.
Dans les conditions AE4, il faut mettre en œuvre des dispositions

3
Suivant l’altitude à laquelle se trouve le local (ou emplacement), empêchant l’accumulation de poussières ou d’autres substances en
les conditions correspondent aux classes données dans le quantités telles qu’elles pourraient affecter la dissipation de chaleur
tableau 3. des canalisations.
Tous types de canalisations peuvent être utilisés sans restriction
d’emploi.
1.2.5 Prescriptions dues à la présence
de substances corrosives ou polluantes (AF)
1.2.3 Prescriptions dues à la présence d’eau (AD)
Suivant la quantité et la nature de substances corrosives ou pol-
Suivant l’importance de la présence d’eau probable, les locaux luantes présentes dans les locaux (ou emplacements), ceux-ci cor-
(ou emplacements) correspondent aux classes données dans le respondent aux classes données dans le tableau 6.
tableau 4. (0)
(0)
Tableau 5 – Présence de corps solides (AE)
Tableau 3 – Altitude (AC)
Désignation des
Code Exemples IP
Désignation classes
Code Caractéristiques et exemples
des classes
AE1 Négligeable 2X ou
AC1 ⭐ 2 000 m Normal XXB (1)

AC2 > 2 000 m Peut nécessiter des précautions spéciales AE2 Petits objets ⭐ 2,5 mm Locaux industriels 3X
telles que l’application de facteurs AE3 Petits objets ⭐ 1 mm Locaux industriels 4X
de déclassement
AE4 Poussières Cimenterie 5X ou 6X
(2)
(1) AE1 : La protection contre les contacts directs [D 5 043] impose :
(0)
— soit un degré IP2X ;
— soit un degré IPOXB (pour la signification de la lettre B [D 5 043].
(2) AE4 :
Tableau 4 – Présence d’eau (AD) — IP5X si les poussières peuvent pénétrer sans gêner le fonctionne-
ment du matériel ;
Code Désignation des classes Exemples IP — IP6X si les poussières ne doivent pas pénétrer dans le matériel.

AD1 Négligeable X0
AD2 Chute de gouttes d’eau Caves X1 ou
X2 (0)

AD3 Aspersion d’eau Pluie, emplacements X3


extérieurs Tableau 6 – Présence de susbtances corrosives
AD4 Projection d’eau Douches collectives, X4 ou polluantes (AF)
armoires de chantier
installées à l’extérieur Code Désignation des classes Exemples
AD5 Jets d’eau Aires de lavage X5 AF1 Négligeable
AD6 Paquet d’eau Bords de mer, jetée X6 AF2 Atmosphérique Bord de mer
AD7 Immersion Possibilité X7 AF3 Intermittente ou accidentelle Locaux où l’on manipule
de recouvrement certains produits
intermittent, partiel chimiques
ou total, d’eau
AF4 Permanente Industrie chimique,
AD8 Submersion Immersion X8 porcheries, laiteries,
permanente, bassin, locaux techniques des
piscine piscines

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3

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D5043

Installations électriques BT
Protection contre les contacts directs
par Dominique SERRE
Ingénieur, membre de la délégation technique de la FFIE,
Président de la commission U 15 de l’Union Technique de l’Électricité (UTE)

3
1. Généralités sur la protection contre les chocs électriques ......... D 5 043 – 2
1.1 Définitions .................................................................................................... — 2
1.2 Classification des matériels électriques .................................................... — 4
1.3 Schémas des liaisons à la terre .................................................................. — 5
2. Protection contre les contacts directs .............................................. — 6
2.1 Généralités ................................................................................................... — 6
2.2 Isolation des parties actives ....................................................................... — 7
2.3 Interposition de barrières ou d’enveloppes .............................................. — 7
2.4 Disposition d’obstacles ............................................................................... — 8
2.5 Mise hors de portée par éloignement ....................................................... — 8
2.6 Protection complémentaire par dispositifs différentiels à haute
sensibilité ..................................................................................................... — 8
2.7 Limitation de l’énergie de décharge et du courant................................... — 8
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 5 043

e dossier ainsi que le dossier [D 5 044] vont traiter de la protection contre


C les chocs électriques. Dans ce dossier nous traiterons des règles générales
pour la protection contre les chocs électriques et de la protection contre les
chocs directs. Le dossier [D 5 044] sera consacré à la protection contre les
contacts indirects.
La protection contre les contacts directs est aussi appelée protection
principale.
Parution : août 2006

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1. Généralités sur
la protection contre
les chocs électriques C

Id

1.1 Définitions

Les numéros qui suivent le terme à définir sont les références


du Vocabulaire Électrotechnique international.
C objet conducteur
Id courant de défaut

■ Choc électrique (826-03-01)

3
Figure 1 – Exemple de contact direct
Effet physiopathologique résultant du passage du courant élec-
trique à travers le corps humain ou celui d’un animal domestique ou
d’élevage [D 5 042].

L
Cette expression concerne à la fois les contacts directs N
(figure 1) et les contacts indirects. Il n’y a pas de différence Id
d’effet physiopathologique entre les deux types de contacts,
mais les mesures de protection à prendre sont très différentes.
M
■ Partie active (826-03-08) d

Conducteur ou toute partie conductrice destiné à être sous ten-


sion en service normal, ainsi que le conducteur neutre, mais pas, par
convention, le conducteur PEN.
d défaut d´isolement
Cette expression n’implique pas nécessairement un risque de L conducteur de phase
choc électrique. M masse
N neutre
■ Masse (826-03-10) [M (figures 2 et 3)] Id courant de défaut
Partie conductrice accessible.
Partie conductrice d’un matériel, susceptible d’être touchée et qui Figure 2 – Exemple de contact indirect
n’est pas normalement sous tension, mais peut le devenir lorsque
l’isolation principale est défaillante.
■ Défaut [d (figures 2 et 3)]
Exemples : on peut citer, comme masses :
— les parties accessibles des matériels de classe I (§ 1.2) ; Défaillance de l’isolation d’une partie active, produisant une
— les conduits métalliques [D 5 046] ; réduction du niveau d’isolement et pouvant provoquer une liaison
accidentelle entre deux points de potentiels différents.
Ne sont pas considérés comme des masses :
— les parties accessibles des matériels de classe II (§ 1.2) ; Un défaut peut être franc ou présenter une certaine impédance :
— les câbles ne comportant aucun revêtement métallique et utilisés — un défaut franc entre conducteurs actifs est un court-circuit ;
pour des tensions au plus égales à 500 V. — un défaut entre une partie active et un point au potentiel de la
terre est un défaut à la terre.
■ Élément conducteur (étranger à l’installation électrique) (826-03-11)
Partie conductrice ne faisant pas partie de l’installation électrique ■ Contact direct (826-03-03)
et susceptible d’introduire un potentiel électrique, généralement Contact électrique de personnes ou d’animaux domestique ou
celui d’une terre locale. d’élevage avec des parties actives (figure 1).
Exemples : sont considérés comme des éléments conducteurs : ■ Contact indirect (826-03-04)
— les charpentes métalliques ;
Contact électrique de personnes ou d’animaux domestiques ou
— les canalisations métalliques d’eau, de gaz, de chauffage central,
d’élevage avec des masses mises sous tension par suite d’un défaut
etc. ;
d’isolement (figure 2).
— les appareils non électriques reliés à des canalisations
métalliques ; ■ Conducteur de protection [PE (figure 3)]
— les sols et les parois non isolants (béton, carrelages...).
Conducteur prescrit dans certaines mesures de protection contre
Ne sont pas considérés comme des éléments conducteurs :
les chocs électriques et destiné à relier électriquement certaines des
— les fenêtres et les portes ; parties telles que :
— les rampes d’escalier ;
— les sols et les parois isolants (parquets en bois, tapis et — masses ;
moquettes…) ; — éléments conducteurs ;
— tous les objets métalliques de petites dimensions non reliés à un — borne principale de terre ;
élément conducteur (poignées, barres d’appui, etc.). — prise de terre ;

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— point de l’alimentation relié à la terre ou à un point neutre arti-


ficiel.
Un conducteur de protection peut être commun à plusieurs
circuits.
Aᐉ Id Lorsque ce conducteur est confondu avec le conducteur neutre, il
L1 s’appelle conducteur PEN (figure 3).
L2
L3 ■ Conducteur de terre
O N
Id Conducteur de protection reliant la borne principale de terre à la
prise de terre.
M
PE d ■ Borne principale de terre
ZH Uc Borne ou barre prévue pour la connexion aux dispositifs de mise
Sol
Ucp à la terre de conducteurs de protection, y compris les conducteurs
Us
d’équipotentialité et, éventuellement, les conducteurs assurant une
RS Ud
LEP mise à la terre fonctionnelle.
T

3
RB
Id RA ■ Prise de terre [T (figure 3)] (826-04-03)
Id
Partie conductrice, pouvant être incorporée dans le sol ou dans un
E milieu conducteur particulier, par exemple, béton ou coke, en
contact électrique avec la terre.
La tension de contact présumé Ucp est égale à la tension de défaut
en négligeant RA et RB par rapport à ZH. ■ Liaison équipotentielle
La masse M est située à l´intérieur de la zone d´influence de la
liaison équipotentielle principale LEP.
Liaison électrique mettant au même potentiel, ou à des potentiels
voisins, des masses ou des éléments conducteurs.
a schéma TT
On distingue :
— la liaison équipotentielle principale générale [LEP (figure 3)],
Id courant de défaut reliant tous les éléments conducteurs, à leur pénétration dans
LEP liaison équipotentielle principale chaque bâtiment, et la prise de terre ;
PE conducteur de protection
— les liaisons équipotentielles locales réalisées au niveau de cha-
RS résistance du sol (y compris la résistance des chaussures)
T prise de terre du bâtiment
que tableau, jouant un rôle analogue à celui de la liaison équipoten-
Uc tension de contact tielle principale générale ;
Ucp tension de contact présumée — les liaisons équipotentielles supplémentaires reliant des
Ud tension de défaut masses et des éléments conducteurs lorsque certaines conditions
US tension entre le corps humain et LEP de protection ne peuvent être respectées ;
ZH impédance du corps humain — les liaisons équipotentielles locales non reliées à la terre
constituant une mesure de protection dans un emplacement défini
[D 5 044].
■ Tension de défaut [Ud (figure 3)] (826-02-05)
Tension entre un point de défaut donné et la terre de référence,
Id
Aᐉ consécutivement à un défaut de l’isolation.
L1
L2 La tension de défaut peut être mesurée avec un voltmètre ayant
PEN
L3 une résistance interne de l’ordre de 40 kΩ ; cette valeur :
O N
Id
— est le résultat d’un compromis ; si la résistance du voltmètre
Id est trop grande, la résistance d’isolement des appareils agit comme
Id
M un diviseur de tension, et des tensions élevées sont mesurées alors
PE d qu’aucun défaut d’isolement n’existe ; si la résistance est trop faible,
Id ZH les résistances des prises de terre auxiliaires influencent les
Uc
Sol mesures ;
Ucp — a une signification pratique ; elle correspond approximative-
RS Ud ment à la valeur de l’impédance du corps humain pour un trajet du
LEP
T courant entre les deux mains, avec des surfaces de contact de quel-
RB
RA ques millimètres carrés, avant le claquage de la peau, c’est-à-dire
pour des tensions de quelques dizaines de volts.
E
■ Tension de contact (effective) [Uc (figure 3)] (826-02-05)
La tension de contact présumée Ucp est la chute de tension dans Tension entre des parties conductrices quand elles sont touchées
les conducteurs de protection entre la masse M et le point de par une personne ou un animal domestique ou d’élevage.
référence (par exemple, la liaison équipotentielle principale LEP)
due au courant de défaut Id
La tension du défaut Ud est égale à la chute de tension dans les Remarques
conducteurs de protection entre la masse M et le point neutre O • Par convention, ce terme n’est utilisé que dans le cadre de la
de l´alimentation, due au courant de défaut Id protection contre les contacts indirects.
b schéma TN • Dans certains cas, la valeur de la tension de contact peut être
influencée notablement par l’impédance de la personne en
Figure 3 – Différentes tensions suivant le schéma des liaisons contact avec ces parties.
à la terre

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D5044

Installations électriques BT
Protection contre les contacts indirects
par Dominique SERRE
Ingénieur, membre de la délégation technique de la FFIE,
Président de la commission U 15 de l’union Technique de l’Électricité (UTE).

3
1. Protection par coupure automatique de l’alimentation ............... D 5 044 – 2
1.1 Généralités ................................................................................................... — 2
1.2 Cas du schéma TN....................................................................................... — 2
1.3 Cas du schéma TT ....................................................................................... — 5
1.4 Cas du schéma IT......................................................................................... — 6
1.5 Liaison équipotentielle supplémentaire .................................................... — 10
1.6 Comparaison des différents schémas........................................................ — 10
2. Protection sans coupure de l’alimentation ...................................... — 10
2.1 Généralités ................................................................................................... — 10
2.2 Emploi de matériels de la classe II ............................................................ — 10
2.3 Protection par isolation équivalente à la classe II lors de l’installation.. — 10
2.4 Protection par séparation électrique.......................................................... — 12
2.5 Emploi de la très basse tension ................................................................. — 12
3. Prises de terre et conducteurs de protection.................................. — 13
3.1 Prises de terre .............................................................................................. — 13
3.2 Conducteurs et bornes de terre.................................................................. — 14
3.3 Conducteurs de protection ......................................................................... — 14
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 5 044

e dossier [D 5 044] et le dossier [D 5 043] traitent de la protection contre les


C chocs électriques. Dans ce cahier nous traiterons de la protection contre
les chocs indirects.
La protection contre les contacts indirects est aussi appelée protection en cas
de défaut.
Elle est assurée par application de l’une ou plusieurs des mesures de protec-
tion suivantes :
— coupure automatique de l’alimentation (§ 1) ;
— emploi de matériels de classe II (§ 2.2) ou mise en œuvre d’une isolation
équivalente lors de l’installation (§ 2.3) ;
— séparation électrique (§ 2.4) ;
— emploi de la très basse tension TBTS ou TBTP (§ 2.5) ;
— éloignement ou interposition d’obstacles (§ 2.6) ;
— réalisation de liaisons équipotentielles non reliées à la terre (§ 2.7).
Parution : novembre 2006

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1. Protection par coupure 1.2 Cas du schéma TN


automatique
de l’alimentation 1.2.1 Boucle de défaut

Dans le schéma TN, la boucle de défaut (en tireté sur la figure 1)


Dans ce paragraphe, nous traiterons la protection contre les
est constituée par le circuit galvanique formé par le conducteur actif
contacts indirects par coupure automatique de l’alimentation.
sur lequel se produit le défaut d et le conducteur de protection relié
directement au neutre de la source [conducteur PE ou PEN suivant
que le schéma est TN-S ou TN-C].
1.1 Généralités Dans le schéma TN, il n’y a pas lieu de tenir compte de l’existence
d’un défaut non franc présentant donc une certaine résistance ; les
énergies dissipées dans ce défaut, en raison de la grande valeur du
1.1.1 Principe courant de défaut Id, sont telles qu’il est soit transformé en défaut
franc, soit éliminé par destruction dans un temps très court.

3 La mesure de protection par coupure automatique de l’alimenta-


tion est destinée à empêcher que, à la suite d’un défaut d’isolement,
une personne puisse se trouver soumise à une tension de contact
1.2.2 Tension de contact présumée
dangereuse, pendant un temps tel qu’il puisse en résulter des dom-
mages organiques [D 5 042].
Pour respecter cette règle, tout défaut survenant dans un matériel La tension de contact présumée Ucp est celle qui apparaît entre la
électrique provoque la circulation d’un courant qui fait apparaître masse M et le point O. Elle est égale à :
une tension de contact et doit être interrompu dans un temps com-
patible avec la sécurité des personnes. U cp = ⌱ d Z PE (1)
Il en résulte que cette mesure de protection repose sur l’associa-
tion de deux conditions. avec ZPE somme des impédances des conducteurs de protec-
tion entre la masse M et le point O.
■ Réalisation ou existence d’un circuit dénommé boucle de
défaut Dans les installations alimentées directement par un réseau de
Cette boucle de défaut permet la circulation du courant de défaut distribution publique, les conditions de protection du schéma TN
Id ; sa constitution dépend du schéma des liaisons à la terre (TN, TT nécessitent l’accord du distributeur d’énergie électrique. Elles ne
ou IT). sont réalisables que si l’ensemble des masses est interconnecté et
relié à une même prise de terre.
Cette condition implique la mise en œuvre de conducteurs de pro-
tection reliant les masses de tous les matériels électriques alimentés Dans le cas d’un bâtiment comportant le transformateur de distri-
par l’installation, de façon à constituer la boucle de défaut. Les bution publique, si la prise de terre du neutre du transformateur est
conducteurs de protection doivent être réalisés de façon sûre et raccordée à la prise de terre à fond de fouille du bâtiment, le schéma
durable en suivant les prescriptions du paragraphe 3.3. des liaisons à la terre est de type TN même si pour des raisons
■ Coupure du courant de défaut par un dispositif de protection d’exploitation les protections contre les courants de défaut sont réa-
approprié lisées par des dispositifs différentiels.

Le temps de coupure dépend de certains paramètres tels que la Dans les installations alimentées par un poste de transformation
tension de contact à laquelle peut être soumise une personne et la ou par une source autonome, les caractéristiques de la source (impé-
probabilité de défauts et de contacts avec les parties en défaut. La dance homopolaire du transformateur ou réactance subtransitoire
détermination du temps de coupure est basée sur la connaissance de l’alternateur) sont à prendre en considération. Dans certains cas,
des effets du courant électrique sur le corps humain. elles peuvent être incompatibles avec les conditions de protection.
Cette condition implique la présence d’un dispositif de coupure
automatique dont les caractéristiques sont définies suivant le
schéma des liaisons à la terre (TN, TT ou IT).
Id
L1
1.1.2 Liaison équipotentielle principale L2
TN-C
L3
B
La liaison équipotentielle principale LEP évite la propagation de PEN
potentiels par les canalisations métalliques provenant de l’extérieur O Id
PE N
du bâtiment et permet de réduire la tension de contact en cas de
défaut dans l’installation concernée, quel que soit le schéma des
liaisons à la terre.
M
Dans chaque bâtiment, le conducteur principal de protection, la
d
borne principale de terre et les éléments conducteurs suivants doi-
vent être connectés à la liaison équipotentielle principale :
— les canalisations métalliques (eau, gaz, chauffage…) ; TN-S
— les éléments métalliques de la construction ;
— les gaines ou tresses des câbles de communication. Figure 1 – Principe de la protection dans le schéma TN

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84
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1.2.3 Analyse des conditions de protection

En principe, la tension de contact présumée est égale à : PE


LL B
´ ]
[RPE M
C
2 2
R PE + X PE Z PE
U cp = U 0 ------------------------------------------------------------------------------------------------ = U 0 ---------
2 2 Zs
( R i + R a + R PE ) + ( X i + X a × X PE )

avec Ra, Xa somme des résistances et somme des réactances


du conducteur de phase depuis la source jusqu’à MPE
la masse considérée M,
Ri, Xi résistance et réactance internes de la source,
RPE, XPE somme des résistances et somme des réactances
du conducteur de protection depuis la liaison
équipotentielle principale (point O) jusqu’à la
masse,

3
U0 tension nominale entre phase et neutre de
l’installation,
Zs impédance de la boucle de défaut.
Dans cette formule, les réactances Xa et XPE ont été séparées afin C
de montrer la répartition des tensions le long de la boucle de défaut, LEP
bien que ces réactances ne puissent être mesurées séparément. O
La tension de contact présumée est déduite de la formule
simplifiée : B point de référence
C élément conducteur

R PE LL liaison équipotentielle locale
U cp = U 0 ---------- (2) LEP liaison équipotentielle principale
Zs
M masse
avec ′
R PE résistance du conducteur de protection entre la MPE conducteur principal de protection
masse considérée et le point de référence B. PE conducteur de protection
La tension de contact présumée est égale à la chute de tension
■ Le point de référence B (figure 2) est le point le plus proche de la dans le conducteur PE parcouru par le courant de défaut Id :
masse en défaut, dont le potentiel, en cas de défaut, demeure sensi-
U = R´ I
cp PE d
blement égal au potentiel de l’emplacement où est située cette
masse et à celui des éléments conducteurs qui peuvent être touchés
simultanément avec la masse. Figure 2 – Exemple de point de référence
Ce point de référence peut être obtenu par la réalisation d’une
liaison équipotentielle locale LL (réalisée dans des conditions analo-
gues à celles définies pour la liaison équipotentielle principale LEP), Le facteur conventionnel c tient compte de l’impédance de la par-
au niveau du tableau de distribution d’où est issu le circuit terminal tie de la boucle de défaut située en amont du point de référence ; en
alimentant la masse considérée. l’absence d’informations précises, le facteur c peut être pris égal à
Cette liaison équipotentielle locale n’est pas nécessaire si : 0,8, l’expérience ayant montré que cette valeur était valable dans la
majorité des cas.
50
R PE ⭐ Z s ------- (3) La tension de contact présumée Ucp est égale à :
U0

■ Le dispositif de protection doit être choisi de telle manière que le ′ m


courant de défaut : U cp = R PE I d = cU 0 --------------- (6)
1+m
U0
I d = ------- (4) avec ′ /R .
m = R PE
Zs a

Si les conducteurs sont de même matériau, m est égal au rapport


assure son fonctionnement dans un temps t au plus égal à celui des sections du conducteur de phase et du conducteur de protection
prescrit en fonction de la tension de contact présumée. du circuit considéré. Si le conducteur de protection et le conducteur
Ce choix nécessite le calcul de l’impédance Zs de la boucle de de phase ont la même section, on a :
défaut, ce qui n’est possible que si tous les éléments de la boucle, y
compris la source, sont connus ; si les conducteurs actifs et de pro- cU 0
tection sont à proximité immédiate, sans interposition d’éléments m = 1 et U cp = ---------- (7)
ferromagnétiques, Zs peut être calculé ; dans le cas contraire, Zs ne 2
peut être que mesuré.
En pratique, la réactance peut généralement être négligée pour L’expérience a montré qu’il est souvent difficile d’estimer de façon
les conducteurs de section inférieure ou égale à 35 mm2. correcte la tension de contact présumée. La référence à la tension de
défaut serait trop sévère en utilisant des dispositifs de protection
Le courant Id a alors pour valeur : contre les surintensités ; c’est pourquoi il est nécessaire de faire cer-
U0 taines hypothèses sur la tension de contact présumée, permettant
I d = c ----------------------
- (5) de déterminer un temps de coupure unique pour une valeur U0 de la
R a + R PE ′
tension nominale de l’installation.

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85
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D5044

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■ L’influence des variations des différents paramètres sur la valeur


de la tension de contact présumée définie par la formule (7), donc 4
sur le temps de coupure correspondant, a été étudiée : t (ms) 10

— le facteur c peut varier, suivant la situation du circuit considéré,


5
entre 0,6 (circuit très éloigné de la source, par exemple) et 1 (circuit
issu directement de la source) ; b L1 C1
— le rapport m des sections des conducteurs (de même matériau) 2
de protection et de phase du circuit considéré peut varier entre 1 et
3
3 pour les câbles ou les conducteurs isolés ; 10 800
— la tension d’alimentation U0, conformément aux recommanda-
tions de la publication 38 de la CEI, peut varier de + ou – 10 %. 5

Les calculs montrent que, pour une valeur donnée de la tension U0, 220
la tension de contact présumée varie, suivant les valeurs des deux 2
paramètres c et m, entre 0,3 U0 et 0,75 U0.
2
10
Exemple : pour la tension de 230 V, la tension de contact présumée
varie entre 69 et 172 V. Le courant passant à travers le corps humain qui

3
5 2 3 4
en résulte varie entre 42 et 119 mA.

En prenant une valeur moyenne du coefficient c de 0,8 et un rap- 2


port m égal à l’unité, valeurs qui se présentent généralement dans les 42 119
circuits terminaux, la tension de contact présumée est, d’après la 10
formule : 2 3
10 2 5 10 2 5 10
I (mA)
1
U cp = 0,8 × 230 --- = 92 V
2 a variations du temps de coupure suivant la courbe L1
en fonction de la tension de contact
correspondant à un temps de coupure d’environ 0,4 s.

■ En fonction des valeurs réelles du coefficient c et du rapport m, le t (ms)


point courant/temps se déplace sur le segment AB de la figure 3b. C1
En outre, en fonction de la valeur réelle de la tension U0, le point
courant/temps du segment AB peut se déplacer sur une portion de 3 4
courbe qui est la caractéristique de fonctionnement du dispositif de
protection (fusible) ; compte tenu de ses variations : A´ B´
610
— la ligne A’ B’ correspond à la valeur minimale de la tension, soit 400 B
0,9 U0 ; A
273
— la ligne A’’ B’’ correspond à la valeur maximale de la tension, A´´ B´´
soit 1,1 U0.
Le point correspondant au temps de coupure en fonction de la ten-
sion de contact se situe à l’intérieur de la zone grisée. Il apparaît que
les conditions de coupure se trouvent dans tous les cas dans la
zone 3 et au-dessous de la courbe C1.
Une valeur unique du temps de coupure peut ainsi être choisie pour
37,8 130,9 I (mA)
chaque tension nominale, indépendamment des valeurs du facteur c
42 119
et du rapport m. 46,2 107,1
b variations du temps réel de coupure en fonction de la tension
d´alimentation U0 pour une valeur du temps de coupure
1.2.4 Application pratique des conditions
de protection
2 , 3 et 4 zones temps-courant des effets du courant
alternatif sur les personnes
L’utilisation des formules décrites ci-dessus amène à des calculs
complexes et le normalisateur a préféré simplifier en retenant unique- b seuil de non-lâcher
ment des temps de coupure en fonction des tensions U0. C1 courbe limite des zones 3 et 4
L1 temps de coupure en situation normale
La norme NF C 15-100 précise dans son tableau 41A le temps de
coupure maximal (en secondes) pour les circuits terminaux
Figure 3 – Temps de coupure maximal en situation normale : effets
(tableau 1).
(0)
de la variation du coefficient c, du rapport m et de la tension

Tableau 1 – Temps de coupure maximal (en secondes) pour les circuits terminaux : tableau 41A (NF C 15-100)
50 V < U 0 ⭐ 120 V 120 V < U 0 ⭐ 230 V 230 V < U 0 ⭐ 400 V U 0 > 400 V
Schéma
alternatif Continu lisse alternatif Continu lisse alternatif Continu lisse alternatif Continu lisse
Schéma TN ou IT 0,8 5 0,4 5 0,2 0,4 0,1 0,1
Schéma TT 0,3 5 0,2 0,4 0,07 0,2 0,04 0,1

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D5045

Installations électriques BT
Protections électriques
par Dominique SERRE
Ingénieur, membre de la délégation technique de la FFIE,
Président de la commission U 15 de l’Union Technique de l’Électricité (UTE)

3
1. Protection contre les surintensités ................................................... D 5 045 – 2
1.1 Protection contre les surcharges ............................................................... — 2
1.2 Protections contre les courts-circuits ........................................................ — 2
1.3 Conditions d’installation ............................................................................ — 3
2. Protection contre les défauts à la terre par dispositifs
différentiels résiduels (DDR) ............................................................... — 6
2.1 Principe et différents types de dispositifs.................................................. — 6
2.2 Limitation des déclenchements indésirables ........................................... — 7
2.3 Influence des composantes continues ...................................................... — 7
2.4 Caractéristiques des dispositifs différentiels ............................................ — 7
2.5 Sélectivité .................................................................................................... — 7
2.6 Protection complémentaire contre les contacts directs .......................... — 9
2.7 Compatibilité entre dispositifs différentiels et parafoudres..................... — 10
3. Protection contre les perturbations de tension
et électromagnétiques .......................................................................... — 10
3.1 Surtensions à fréquence industrielle ......................................................... — 10
3.2 Surtensions d’origine atmosphérique ...................................................... — 12
3.3 Classification des catégories de surtension des matériels ..................... — 12
3.4 Installation de parafoudres ........................................................................ — 13
3.5 Protection contre les perturbations électromagnétiques ........................ — 15
4. Sectionnement, coupure, commandes ............................................. — 16
4.1 Sectionnement ............................................................................................ — 16
4.2 Coupure ....................................................................................................... — 17
4.3 Commandes fonctionnelles ....................................................................... — 18
4.4 Choix et nature des dispositifs .................................................................. — 18
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 5 045

e dossier traite principalement des protections électriques. Ces protections,


C en limitant les courants, limitent les échauffements, donc les risques
d’incendie et assurent le bon vieillissement des installations. Elles ont aussi pour
fonction la protection des personnes.
Il est également traité de la protection contre les perturbations de la tension et
les perturbations électromagnétiques.
Un dernier paragraphe a pour objet les fonctions de sectionnement de cou-
pure et de commande.
Parution : novembre 2006

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1. Protection contre En pratique, on a :


— pour les fusibles gG, les valeurs de k3 étant les suivantes :
les surintensités I n < 16A, k 3 = 1,31
I n ⭓ 16A, k 3 = 1,10
Les surintensités sont classées en deux groupes :
— surcharges : surintensité se produisant dans un circuit élec- les conditions à respecter pour les fusibles gG sont :
trique, qui n’est pas due à un défaut électrique. Les surcharges sont
faibles et souvent dues à un nombre trop grand d’appareils d’utilisa- IB ⭐ In
tion alimentés ou à des appareils trop puissants ;
In ⭐ Iz 兾 k3
— courts-circuits (Ik) : surintensité produite par un défaut ayant
une impédance négligeable entre conducteurs actifs présentant une — pour les disjoncteurs, k3 pouvant être pris égal à 1, les deux
différence de potentiel en service normal. Les courts-circuits peu- conditions à respecter sont :
vent avoir des valeurs très importantes.
I B ⭐ I n ou I R
I n ou I R ⭐ I z

3
1.1 Protection contre les surcharges
Le courant assigné In du dispositif de protection (fusible ou
1.1.1 Règle générale disjoncteur) est choisi d’après la première règle, I B ⭐ I n, tandis
que la deuxième règle détermine la section S des conducteurs
Des dispositifs de protection doivent être prévus pour interrom- du circuit.
pre tout courant de surcharge dans les conducteurs du circuit avant
qu’il ne puisse provoquer un échauffement nuisible à l’isolation, aux
connexions, aux extrémités ou à l’environnement des canalisa- 1.1.2 Dispense de protection contre les surcharges
tions.
Les règles de protection contre les surcharges sont rappelées ci- Les différents cas énoncés ci-après ne sont pas valables dans les
après et représentées sur la figure 1, avec les symboles suivants : installations situées dans les locaux (ou emplacements) présentant
— IB courant d’emploi du circuit ; des risques d’incendie ou d’explosion (condition BE2 ou BE3) et
— In (ou Ir ) courant assigné (ou de réglage) du dispositif de lorsque les règles particulières à certains locaux spécifient des
protection ; conditions différentes.
— Iz courant admissible dans les conducteurs du circuit ; Il est admis de ne pas prévoir de dispositif de protection contre les
— f facteur de correction tenant compte, s’il y a lieu, de la tempé- surcharges :
rature ambiante, du mode de pose, des groupements de circuits, — sur une canalisation située en aval d’un changement de sec-
etc. ; tion, de nature, de mode de pose ou de constitution, et effective-
— k3 rapport du courant conventionnel I2 de fonctionnement du ment protégée contre les surcharges par un dispositif de protection
dispositif à son courant assigné divisé par 1,45 (k3 = I2/1,45 In) ; placé en amont ;
— sur une canalisation qui n’est pas susceptible d’être parcourue
IB ⭐ In ⭐ Iz par des courants de surcharge, à condition que cette canalisation
soit protégée contre les courts-circuits conformément aux règles
I 2 ⭐ 1,45I z énoncées à l’article 434 de la norme NF C15-100 et qu’elle ne com-
porte ni dérivation ni prise de courant ;
— sur les circuits des installations de communication, com-
mande, signalisation et analogues ;
Valeurs de référence des canalisations
— sur certains circuits de distribution comportant des câbles
enterrés ou des lignes aériennes par lesquels la surcharge des cir-
cuits ne présente aucun danger ;
IB
Courant admissible Iz — sur les canalisations d’alimentation de moteurs électriques de
certaines installations de sécurité.
Courant 1,45 Iz
d’emploi Cette disposition est notamment imposée pour l’alimentation
des moteurs de désenfumage des établissements recevant du
public. Les articles 433.3 et 563.3 de la norme NF C 15-100 préci-
sent les conditions de mise en œuvre de tels circuits.
O I
Courant assigné In Courant conventionnel
ou de réglage Ir de fonctionnement I2
1.2 Protections contre les courts-circuits

Des dispositifs de protection doivent être prévus pour interrom-


pre tout courant de court-circuit avant que celui-ci ne puisse devenir
dangereux du fait des effets thermiques et mécaniques produits
dans les conducteurs et dans les connexions.
Caractéristiques du dispositif de protection
■ Les règles de protection contre les courts-circuits, quelle que soit
Figure 1 – Protections contre les surcharges la nature du dispositif de protection, sont les suivantes.

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● Règle du pouvoir de coupure Cette vérification est, en revanche, nécessaire dans les cas
Le pouvoir de coupure du dispositif de protection doit être au suivants :
moins égal au courant maximal Ik max de court-circuit présumé au — circuits de grande longueur (tunnels, éclairage extérieur…) ;
lieu de son installation : — lorsque le dispositif de protection contre les surcharges n’est
pas placé à l’origine du circuit qu’il protège (figure 2).
I CU ⭓ I k max La vérification des contraintes thermiques est différente suivant
que le dispositif de protection est un fusible ou un disjoncteur :
Dans le cas des disjoncteurs, le pouvoir de coupure (encadré 1) à
— pour les fusibles (figure 3), il suffit de vérifier que Ik min est au
prendre est :
moins égal au courant IF correspondant à l’intersection de la carac-
— ICU pour les disjoncteurs industriels ; téristique F de fusion du fusible et de la courbe C de contrainte ther-
— ICn pour les disjoncteurs domestiques. mique des conducteurs du circuit ;
— pour les disjoncteurs (figure 4), il suffit de vérifier que Ik min
Encadré 1 – Pouvoir de coupure des disjoncteurs doit être au moins égal au seuil de fonctionnement instantané
Im (= µ Ir) du disjoncteur.
• Le pouvoir de coupure des disjoncteurs industriels est défini
par la norme NF EN 60947-2 :

3
ICU pouvoir de coupure ultime (kA eff)
ICS pouvoir assigné de coupure de service (kA eff). La valeur
1.3 Conditions d’installation
de ICS est exprimée en % de ICU ; cette valeur pouvant aller
jusqu’à 100 %. Il est conseillé d’utiliser la valeur ICS du disjoncteur.
• Le pouvoir de coupure des disjoncteurs domestiques est 1.3.1 Généralités
défini par la norme NF EN 60898 :
ICn pouvoir de coupure nominal. Les conditions auxquelles doivent satisfaire les disjoncteurs et les
fusibles dépendent des fonctions qu’ils doivent assurer et, de ce
● Règle du temps de coupure point de vue, deux cas sont à distinguer.
Le temps t de fonctionnement du dispositif de protection doit être
2
tel que la contrainte thermique subie I k ⋅ t ne dépasse pas la
2 DP1 L1 (S1)
contrainte admissible des conducteurs du circuit protégé : I k ⋅ t . 0

Le courant minimal Ik min de court-circuit dans le circuit protégé est Ik min L2 (S2 < S1)
généralement le courant de court-circuit monophasé (courant entre t
phase et neutre) à l’extrémité de la canalisation. DP2
Pour les courts-circuits d’une durée au plus égale à 5 secondes, la
condition précédente s’exprime par la formule suivante dite formule
adiabatique : Le dispositif DP1 protège :
2 2 – le circuit L1 (de section S1) contre les surcharges
k S et contre les courts-circuits,
t ⭐ ------------
2
Ik – le circuit L2 (de section S2) contre les courts-circuits.

La valeur de k peut être calculée par la formule : Le dispositif DP2 protège le circuit L2 contre les surcharges.

Le temps de fonctionnement du dispositif DP1


c ( B + 20 ) θf –θi
k = ------------------------- ln  1 + -----------------  (1) est déterminé d’après la formule :
ρ  α + θi  k S2
t=
Ik min
avec c [J/(K ⋅mm3)] capacité thermique du conducteur,
pour le courant de court-circuit aux bornes amont du dispositif DP2.
B (°C) inverse du coefficient α de température
de la résistivité,
Figure 2 – Protections contre les surcharges et les courts-circuits
θf (°C) température maximale admissible en assurées par deux dispositifs différents
court-circuit (160 °C pour les conducteurs
isolés au polychlorure de vinyle, 250 °C
pour les conducteurs isolés au polyéthy-
lène), t
F
θf (°C) température initiale du conducteur prise
généralement égale à la température de
régime (70 °C pour les conducteurs isolés
C
au polychlorure de vinyle et 90 °C pour
les conducteurs isolés au polyéthylène),
ρ (en 10–6 ⋅ Ωm) résistivité électrique du conducteur, à
C
20 °C.
Pour les canalisations préfabriquées, la contrainte thermique F
admissible est indiquée par le constructeur.
■ Lorsque le dispositif de protection assure la protection contre les
Ik min ⭓ IF IF I
surcharges et a un pouvoir de coupure au moins égal au courant de
court-circuit au point où il est mis en œuvre, la vérification des
contraintes thermiques des conducteurs n’est pas nécessaire. Figure 3 – Vérification des contraintes thermiques pour les fusibles

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t
ICU k 3 max
D
C
In I CU t µ Ir

DP
C

F In B

k3 In
Im I S z f µt

Disjoncteurs
f

Fusibles
Ik min ⭓ Im

(S, Iz)
Figure 4 – Vérification des contraintes thermiques

3
pour les disjoncteurs

■ Lorsque la protection du circuit est assurée contre les surcharges If


et contre les courts-circuits par le même dispositif, celui-ci est placé
à l’origine du circuit (DP sur la figure 5). Pour des raisons pratiques, If courant de défaut
une distance d’au plus trois mètres est admise entre le point de déri- Ik 3 max courant de court-circuit triphasé maximal
vation de la canalisation et le dispositif de protection. Ik min courant de court-circuit minimal
La figure 5 résume les différentes conditions auxquelles les fusi- IB courant d´emploi de la canalisation
ICU pouvoir de coupure ultime pour les disjoncteurs industriels
bles et les disjoncteurs doivent satisfaire.
In ou Ir selon le type de disjoncteur
■ La protection contre les surcharges et la protection contre les
courts-circuits sont assurées par des dispositifs distincts, lorsque le
circuit ne comporte pas de dispositif de protection à son origine. Le Figure 5 – Protection contre les surcharges et protection contre les
dispositif assurant la protection contre les surcharges est placé en courts-circuits assurées par le même dispositif de protection :
aval ou n’existe pas du fait que le circuit n’est pas susceptible d’être conditions d’installation
parcouru par des courants de surcharge. Le circuit est alors protégé
contre les courts-circuits par le dispositif en amont, dispositif qui
protège le circuit alimentant le circuit considéré.
■ La figure 6 résume les différentes conditions auxquelles les fusi- In 1 B n1
bles et les disjoncteurs doivent satisfaire. Les conditions de protec-
tion du circuit peuvent être déterminées par la méthode du triangle k3 In1
S1 z
(figure 7). Cette méthode peut également s’appliquer à la détermi- f1
nation des longueurs de canalisations protégées contre les contacts
indirects dans les schémas TN et IT. Elle peut être extrapolée à trois In1
canalisations en série de sections décroissantes, protégées contre (S1 , Iz1)
les courts-circuits par le même dispositif de protection. DP1

ICU ICU k3 max


En outre, lorsque le disjoncteur assure la protection contre les (S2, Iz2)
contacts indirects (pour les schémas TN et IT), le retard doit être t µ Ir
inférieur au temps t0 prescrit, soit en 230/400 V, 0,4 s en général
ou 5 s pour les circuits de distribution.
In2 B In2
Disjoncteurs

1.3.2 Coordination entre dispositifs de protections f µ It k3 In2


S2
Fusibles

z f2
k min µIt
1.3.2.1 Sélectivité
■ La sélectivité consiste à assurer la coordination entre les caracté- k S 22
2

ristiques de fonctionnement de dispositifs de protection placés en Ik2 min


série de telle manière que, en cas de défaut ou de court-circuit, seul
le dispositif placé immédiatement en amont du siège du défaut ou
du court-circuit fonctionne. Ainsi, la sélectivité permet de limiter les In2
conséquences d’un défaut ou d’un court-circuit à la seule partie Ik min
d’installation affectée par ce défaut ou ce court-circuit.
If DP2
La réalisation d’une sélectivité nécessite la comparaison des
caractéristiques de fonctionnement des dispositifs de protection
concernés. La sélectivité peut être totale ou partielle suivant qu’elle
est valable quelle que soit la valeur du courant de défaut ou de
court-circuit ou seulement pour une plage limitée de courants. Les Figure 6 – Protection contre les surcharges et protection contre
conditions de réalisation d’une sélectivité dépendent de la nature les courts-circuits assurées par deux dispositifs de protection :
des dispositifs de protection concernés (tableau 1). conditions d’installation

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D5045

________________________________________________________________________________________________________ INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES BT

ᏸ1 (S1)
t (s)
O C
A

ᏸ2 (S2)

B
OA = ᏸ1 longeur maximale de canalisation de section S1
protégée contre les courts-circuits par le dispositif
placé en O (amont).
OB = ᏸ1 longueur maximale de canalisation de section S2
protégée contre les courts-circuits par le dispositif placé
en O.
CD = ᐉ1 longueur maximale de canalisation dérivée en C de section
S2 protégée contre les courts-circuits par le dispositif placé

3
Zone Zone
en O : de sélectivité Zone de sélectivité I
ampèremétrique de sélectivité énergétique
chronométrique

Cette méthode permet la détermination de la longueur maximale


d´une dérivation de section S2 inférieure à la section S1 de la Figure 8 – Types de sélectivité
canalisation principale sans dispositif de proctection à l´origine C de
la dérivation.

Figure 7 – Méthode du triangle

t F
■ Sélectivité entre disjoncteurs
D
La sélectivité entre disjoncteurs peut être ampèremétrique, chro-
nométriques ou énergétique (figure 8) :
— sélectivité ampèremétrique : elle repose sur un décalage en F
intensité des courbes de protection temps/courant ;
— sélectivité chronométrique : elle repose sur un décalage tem- D
porel des courbes de protection temps/courant ;
— sélectivité énergétique : elle repose sur la capacité de l’appa-
reil de protection aval à limiter l’énergie le traversant à une valeur
inférieure à celle nécessaire pour provoquer le déclenchement de Im IF I
l’appareil amont.

■ Sélectivité entre fusibles Le disjoncteur D assure la protection pour tout


courant de défaut ou de court-circuit supérieur à
La sélectivité entre deux fusibles du type gG peut être considérée Im et inférieur à IF .
comme assurée si le rapport de leurs courants assignés est au Le fusible F assure la protection pour les
moins égal à 2,5. courants de court-circuit supérieurs à IF .
Exemple : un fusible de 50 A est sélectif par rapport à un fusible de
20 A en aval mais pas avec un fusible de 25 A.

■ Sélectivité entre disjoncteurs et fusibles Figure 9 – Conditions de réalisation d’une sélectivité entre
disjoncteur et fusible
Elle nécessite la comparaison des caractéristiques de fonctionne-
ment des deux dispositifs.

1.3.2.2 Association entre dispositifs de protection contre 1.3.2.3 Association entre disjoncteurs. Filiation
les surintensités (protection d’accompagnement)
■ Association entre fusibles et disjoncteurs L’association entre disjoncteurs est appelée filiation.
Cette association permet d’utiliser des disjoncteurs ne possédant
pas le pouvoir de coupure voulu. Un fusible ayant le pouvoir de
coupure nécessaire est placé en amont du disjoncteur (figure 9). La filiation consiste en une coordination entre deux disjoncteurs
de telle manière que le courant de court-circuit soit éliminé par
■ Quels que soient le mode de sélectivité et la nature des dispositifs l’ouverture des deux disjoncteurs. Cette disposition permet l’utilisa-
de protection concernés, le dispositif placé en amont doit avoir un tion de disjoncteurs ayant des pouvoirs de coupure limités, les
pouvoir de coupure supérieur ou au moins égal à celui placé en aval. tensions d’arc s’ajoutant pendant la coupure du courant de court-
En outre, il doit pouvoir supporter les contraintes thermiques dues circuit.
au courant de court-circuit maximal coupé par le dispositif aval pen-
dant le temps de retard. Cette dernière condition est facilitée, dans La filiation nécessite la vérification des caractéristiques de fonc-
le cas des disjoncteurs, par l’utilisation de disjoncteurs limiteurs en tionnement des deux disjoncteurs. Elle est indiquée par le construc-
aval. teur, après essai en laboratoire.

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91
3

92
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D5046

Installations électriques BT
Choix et mise en œuvre des canalisations

par Dominique SERRE


Ingénieur, membre de la délégation technique de la FFIE,

3
Président de la commission U 15 de l’unionTechnique de l’Électricité (UTE).

1. Canalisations............................................................................................. D 5 046 - 2
1.1 Généralités ................................................................................................... — 2
1.2 Conducteurs isolés et câbles ...................................................................... — 2
1.3 Pose dans des conduits............................................................................... — 8
1.4 Pose à l’air libre ........................................................................................... — 10
1.5 Pose dans des vides de construction......................................................... — 11
1.6 Pose dans des profilés et systèmes de profilés ........................................ — 11
1.7 Pose dans des caniveaux ............................................................................ — 12
1.8 Canalisations enterrées............................................................................... — 12
1.9 Canalisations préfabriquées ....................................................................... — 12
2. Courants admissibles et protection électrique ............................... — 13
2.1 Courants admissibles pour les conducteurs et les câbles ....................... — 13
2.2 Canalisations préfabriquées ....................................................................... — 17
3. Méthodes de calculs ............................................................................... — 18
3.1 Paramètre de calcul ..................................................................................... — 18
3.2 Calcul des courants de court-circuit........................................................... — 18
3.3 Logiciels de calcul........................................................................................ — 22
3.4 Calculs à l’aide du guide pratique UTE C 15-105 ...................................... — 22
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 5 046

e dossier traite du choix et de la mise en œuvre des canalisations : nous y


C analysons les différents modes de pose et leurs dimensionnements. Sont
aussi traitées les règles de repérage des conducteurs.
Une seconde partie est consacrée aux courants admissibles et méthodes de
calcul des sections des conducteurs en fonction de leurs modes de pose et des
influences externes.
Parution : février 2007

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est strictement interdite. − © Editions T.I. D 5 046 − 1

93
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INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES BT _________________________________________________________________________________________________________

1. Canalisations 1.1.2 Modes de pose


Les modes de pose des canalisations sont désignés par deux
1.1 Généralités chiffres dont le premier concerne la famille et le deuxième le type
particulier.

Une canalisation est l’ensemble constitué par un ou plusieurs Cette classification est utilisée, d’une part, pour les conditions
conducteurs électriques, les éléments assurant leur fixation et, d’utilisation (§ 1.3 à 1.9), et, d’autre part, pour la détermination des
le cas échéant, leur protection mécanique. courants admissibles (§ 2).
Le tableau 1 indique, pour chacune des familles, la possibilité
Il ne faut pas confondre canalisation et circuit, le premier terme d’utilisation des conducteurs et des câbles et le tableau 2 donne
se référant aux conditions physiques de fixation et de protection les modes de pose couramment employés.
mécanique, le second aux conditions de protection électrique.
Ainsi, une canalisation peut comporter plusieurs circuits dans des
conditions qui sont précisées. Le tableau 52C de la norme NF C 15-100 donne l’ensemble des
modes de pose autorisés en France ; le tableau 52G donne les
méthodes de référence pour les courants admissibles en
1.1.1 Types fonction des modes de pose.

3 Les canalisations peuvent être de l’un des types suivants :


— des conducteurs isolés (§ 1.2) avec la protection mécanique
nécessaire (pose sous conduit, dans des goulottes ou dans des pro-
filés), les conducteurs isolés ne comportant qu’une enveloppe iso- 1.2 Conducteurs isolés et câbles
lante et nécessitant une protection contre les influences externes ;
— des câbles (§ 1.2), constitués de conducteurs isolés enfermés 1.2.1 Définitions
dans une ou plusieurs gaines, par fabrication en usine, conférant
ainsi la protection mécanique appropriée ; De façon générale, on appelle conducteur tout composant des-
— des canalisations préfabriquées (§ 1.9), constituées de tiné à assurer le passage d’un courant par conduction.
conducteurs (barres) supportés par des isolateurs et enfermés dans
une enveloppe. Dans les installations électriques, un conducteur est un élément
filiforme qui transmet l’énergie électrique d’un point à un autre. On
Si les deux premiers types correspondent sensiblement à des distingue :
conditions d’utilisation analogues du fait qu’ils comportent les — le conducteur nu qui ne possède aucune isolation électrique ;
mêmes éléments constituants, il n’en est pas de même du
troisième qui, du fait de sa nature, nécessite des conditions — le conducteur isolé (figure 1) qui est constitué d’une âme et
d’utilisation particulières. d’une enveloppe isolante :
Pour la détermination des conditions de protection électrique • l’âme est une partie métallique servant à conduire le courant ;
(§ 2), les calculs reposent, pour les conducteurs et câbles, sur elle est constituée soit par un fil massif, soit par plusieurs brins
des valeurs conventionnelles identiques pour tous les types, câblés entre eux ; le métal est soit du cuivre, soit de l’aluminium,
tandis que, pour les canalisations préfabriquées, ces calculs
nécessitent la connaissance des caractéristiques précises de la • l’enveloppe isolante est une couche de matière isolante,
canalisation considérée. Si les canalisations préfabriquées d’épaisseur sensiblement constante, entourant l’âme ;
semblent faire apparaître des difficultés d’application, celles-ci — le câble monoconducteur ou câble unipolaire qui est constitué
sont compensées par une précision et une rigueur dans les d’une âme multibrins de forte section et d’une enveloppe isolante ;
résultats, qu’il n’est pas possible d’obtenir avec les conducteurs — le câble multiconducteur (figure 2) ou câble multipolaire qui
isolés et les câbles. est constitué de plusieurs conducteurs et d’une enveloppe isolante.

(0)
Tableau 1 – Utilisation des conducteurs et des câbles en fonction du mode de pose
Modes de pose
Conducteurs
Conducteurs isolés Câbles
nus
Famille Description [référence]
0 Pose dans des conduits (§ 1.3) : apparents [03, 04] ou encastrés [01, 02, 05] oui oui (2) non
Pose à l’air libre (§ 1.4) :
1 — fixation aux parois [11], sur chemins de câbles, treillis soudés échelles à
câbles ou sur tablettes [12, 13, 14 ou 16] non oui non
— fixation sur isolateurs [18] oui non oui
2 Pose dans des vides de construction (§ 1.5) [21 à 25] oui, dans des conduits oui non
3 Pose dans des goulottes (§ 1.6) [31 à 34] oui (1) oui (2) non
4 Pose dans des caniveaux (§ 1.7) [41 à 43] oui, dans des conduits oui non
6 Enterrés (§ 1.8) [61 à 63] non oui non
7 Pose dans des moulures, plinthes, chambranles, huisseries (§ 1.6) [71 à 74] oui oui (2) non
8 Immergés [81] non oui (3) non
(1) Sous réserve que les goulottes soient à parois pleines et munies d’un couvercle ouvrable seulement à l’aide d’un outil.
(2) Courants admissibles réduits de 10 %.
(3) Câbles spéciaux.

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(0)
Tableau 2 – Modes de pose usuels

Exemple Description Méthode


de référence

03

Conducteurs isolés dans des conduits en B


montage apparent

03A
Câbles mono- ou multiconducteurs dans des B x 0,90

3
conduits en montage apparent

05
Conducteurs isolés dans des conduits encastrés B
dans une paroi

13
- sur des chemins de câbles ou tablettes E
perforés, en parcours horizontal ou vertical (*) ou
F

14

- sur des treillis soudés ou sur des corbeaux E


ou
F

21

Câbles mono- ou multiconducteurs dans des B x 0,95


vides de construction

25

Câbles mono- ou multiconducteurs : B x 0,95

- dans l'espace entre plafond et faux plafond

- posés sur des faux plafonds suspendus non


démontables

* Un chemin de câbles avec couvercle est considéré comme une goulotte (mode de pose 31A)

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Tableau 2 – Modes de pose usuels (suite)

Exemple Description Méthode


de référence

31 31 A

Conducteurs isolés ou câbles mono- ou B


multiconducteurs dans des goulottes fixées aux
parois

- en parcours horizontal B x 0,90

3
32 32 A

- en parcours vertical B
B x 0,90

43
Câbles mono- ou multiconducteurs dans des B
caniveaux ouverts ou ventilés

61
Câbles mono- ou multiconducteurs dans des D
conduits, des fourreaux ou des conduits-profilés
enterrés

63
Câbles mono- ou multiconducteurs enterrés avec D
protection mécanique complémentaire

1.2.2 Normalisation conducteurs et câbles isolés au polychlorure de vinyle et le deuxième


aux conducteurs et câbles isolés au caoutchouc. Ces normes sont
Les conducteurs isolés et les câbles font l’objet d’un ensemble reprises respectivement dans les normes françaises suivantes :
de normes (cf. [Doc. D 5 046]) qui définissent, d’une part, les essais
— NF C 32-201 pour le document d’harmonisation HD 21,
auxquels doivent satisfaire les conducteurs isolés et les câbles et,
comprenant les conducteurs isolés H 07 V, les câbles 05 VV ainsi
d’autre part, leurs dimensions.
que des câbles souples ;
■ Les conducteurs isolés et les câbles de tension nominale — NF C 32-102 pour le document d’harmonisation HD 22,
inférieure à 1 000 V font l’objet des deux documents d’harmonisa- comprenant les câbles de la série H 07 RN-F et un certain nombre de
tion HD 21 et HD 22 du CENELEC, le premier correspondant aux câbles souples destinés au raccordement des appareils d’utilisation.

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Tableau 3 – Désignation des conducteurs isolés


et des câbles utilisés dans les installations
E A Système Système
Systèmes de désignation
UTE CENELEC
A Âme
E Enveloppe isolante Première partie
type harmonisé ............... H
Figure 1 – Conducteur isolé type national reconnu ............... A
Normalisation type national avec désignation ............... FR – N
harmonisée
G B type national U
4100 ............... 00
Âme 100 < U 4300 250 01
Tension nominale 300/300 ............... 03

3
U (V) (1) 300/500 500 05
E 450/750 ............... 07
600/1 000 1 000 1
Deuxième partie
Polychlorure de vinyle V V
B Bourrage Polyéthylène réticulé R X
E Enveloppe isolante en PVC (V)
Caoutchouc vulcanisé C R
G Gaine extérieure en PVC (V)
Caoutchouc de silicone S S
a câble de la série 05 VV Isolant minéral X M
Éthylène-acétate de vinyle ............... G
G Polyoléfine thermoplastique :
— enveloppe ............... G1
Âme — gaine ............... G2
Enveloppe isolante
et gaine non Polyoléfine réticulée :
métallique — enveloppe rigide ............... X1
E
— gaine rigide ............... X2
— enveloppe isolante
...............
de conducteur X3
— enveloppe isolante souple
...............
de conducteur X4
E Enveloppe isolante en PER (R) — gaine souple ............... X5
G Gaine extérieure épaisse (2) en PVC (V)
Éthylène-propylène L B
b câble de la série U 1 000 R2V Polyéthylène E E
Polychloroprène N N
PVC polychlorure de vinyle
Enveloppe 1 ou 2
PER polyéthylène réticulé ou gaine épaisse

Figure 2 – Câbles (les séries sont explicitées tableau 3) Revêtements Feuillard ou fils d’acier F Z4
métalliques Gaine de plomb P L2
Câble méplat, conducteurs
■ Les autres câbles font l’objet de normes nationales, mais il faut Formes spéciales inséparables M H2
souligner que, déjà, leurs caractéristiques correspondent, dans un Bourrage G
certain nombre de cas, à des essais équivalents définis par des Nature de l’âme
normes harmonisées. Aluminium A A
(autre qu’en cuivre)
L’harmonisation des câbles de tension nominale 1 000 V est à Rigide massive ............... U
l’étude. (0) Rigide câblée ............... R
Conformation Souple pour installation fixe ............... K
de l’âme
1.2.3 Désignation Souple classe 5 ............... F
Souple classe 6 (très souple) ............... H
1.2.3.1 Systèmes de désignation Troisième partie

Il existe actuellement deux systèmes de désignation présentés Nombre de conducteurs ............... n


dans le tableau 3 : Présence d’un conducteur
vert-et-jaune ............... G
— un système UTE, établi vers 1970 ; il n’est plus utilisé sauf Section nominale des âmes
pour les câbles ne faisant encore l’objet d’aucune harmonisation, ...............
(mm2) XX
c’est-à-dire, en pratique, les câbles de tension nominale 1 000 V
isolés au polyéthylène réticulé ; (1) Entre phase et neutre/entre phases.

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Installations électriques BT
Choix et mise en œuvre
des matériels
par Dominique SERRE
Ingénieur
Ancien président de la commission U15 de l’AFNOR
Groupe AFNOR, La plaine Saint-Denis, France

1. Appareillage et autres matériels ............................................................... D 5 047v2 -2


3
1.1 Appareillage de connexion ........................................................................ — 2
1.2 Appareillage de coupure (protection, commande, sectionnement) ....... — 2
1.3 Appareillage de protection......................................................................... — 3
1.3.1 Caractéristiques des fusibles ............................................................ — 3
1.3.2 Caractéristiques des disjoncteurs..................................................... — 4
1.3.3 Autres types de protections .............................................................. — 5
1.3.4 Combinaisons..................................................................................... — 6
1.4 Signalisation................................................................................................ — 6
1.5 Ensembles d’appareillage .......................................................................... — 7
1.5.1 Châssis d’appareillage....................................................................... — 7
1.5.2 Tableaux ............................................................................................. — 7
1.5.3 Règles.................................................................................................. — 8
1.6 Autres matériels .......................................................................................... — 9
1.6.1 Générateurs ........................................................................................ — 9
1.6.2 Transformateurs................................................................................. — 9
1.6.3 Matériels statiques de puissance...................................................... — 9
1.6.4 Batteries d’accumulateurs................................................................. — 10
1.6.5 Condensateurs de puissance ............................................................ — 10
1.6.6 Appareils de mesure.......................................................................... — 10
2. Marques et indications............................................................................... — 10
3. Cas particuliers d’installations .................................................................. — 10
3.1 Locaux à risque d’incendie......................................................................... — 10
3.2 Emplacements à risque d’explosion ......................................................... — 11
3.3 Locaux contenant une baignoire ou une douche..................................... — 12
3.4 Locaux d’habitation .................................................................................... — 12
3.4.1 Disposition générale .......................................................................... — 12
3.4.2 Commande, protection, sectionnement........................................... — 12
3.4.3 Canalisations ...................................................................................... — 12
3.5 Locaux de service électrique...................................................................... — 12
3.6 Sources de sécurité..................................................................................... — 13
3.7 Cas se référant à des règles ou à des guides particuliers ....................... — 14
4. Conclusion ................................................................................................... — 14
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. D 5 047v2

et article fait partie d’une série traitant de l’ensemble des problèmes cou-
C rants rencontrés lors de la conception et de la réalisation des installations
électriques industrielles et tertiaires. L’article [D5049] traite en particulier des ins-
tallations de branchement à basse tension, domaine de la norme NF C 14-100.
Parution : novembre 2017

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Le présent article traite du choix et de la mise en œuvre des matériels élec-


triques. Les différents matériels y sont décrits tant pour leur choix que pour
leur mise en œuvre :
– appareillage de connexion, de coupure, de protection contre les
surintensités ;
– les règles relatives aux ensembles d’appareillage et à la signalisation ;
– les autres matériels, transformateurs, matériels statiques de puissance y
sont décrit.
Des cas particuliers d’installation sont aussi traités dans cet article :
– les locaux à risque d’incendie ;
– les locaux ou emplacement contenant une douche ou une baignoire ;
– les locaux d’habitation ;
– les locaux de service électrique.

3
Les sources de sécurité sont également décrites ici.
La rédaction initiale avait été réalisée par Monsieur Roland Auber ancien
ingénieur en chef de la FFIE et par Monsieur Claude Remond ancien ingénieur
en chef de l’UTE. Une première mise à jour a été réalisée en 2005.
Dans ce premier article, nous traitons de la partie réglementaire et structu-
relle des installations électriques.
Les autres articles portent sur les différentes caractéristiques des installa-
tions électriques, la protection contre les contacts directs et indirects, les
protections électriques, les canalisations, les matériels, les vérifications et
l’entretien et les règles pour le branchement.

1. Appareillage et autres Les ensembles montés de bornes, barres, plots, sous coffret ou
en boîtier, pour des sections supérieures à 16 ou 25 mm2,
matériels s’appellent grilles de dérivation, distributeurs, coffrets de réparti-
tion, etc.
Un modèle particulier, pour colonne montante desservant les
Sous la dénomination appareillage, nous rangeons l’ensemble immeubles, dit distributeur d’étage, porte également les coupe-
des matériels permettant d’établir ou d’interrompre et de distri- circuits protégeant les dérivations individuelles des utilisateurs.
buer l’énergie électrique, et d’assurer les fonctions de connexion,
de commande et de protection. Certains types de câbles, ou certaines dispositions, peuvent
nécessiter des modèles particuliers de boîtes ou de coquilles rem-
plies de matière isolante ou de résines synthétiques polyméri-
sables (câbles enterrés, câbles haute tension, connexions
1.1 Appareillage de connexion immergées).
Ce sont des dispositifs établis généralement une fois pour
toutes et ne pouvant être modifiés sans intervention sur leurs élé-
ments, le plus souvent à l’aide d’outils. Il s’agit de :
1.2 Appareillage de coupure (protection,
– jeux de barres et dérivations (soudés, boulonnés, assurés par
commande, sectionnement)
serre-barres) ;
Les définitions sont données en dans [D5045]. Les caractéris-
– bornes de différents modèles (bornes à vis, sans vis, à cages, à tiques particulières sont indiquées ci-après.
plage, à tige, à étrier, à plots, en barrettes…) ; Les interrupteurs sont des appareils dont le pouvoir de coupure
– cosses et raccords (soudés, sertis, à griffes, à brides…) ; est celui correspondant à leur courant assigné et ayant une fonc-
tion simple (ouverture et fermeture). Leur pouvoir de fermeture
– cosses, clips et languettes, pour connexions rapides… ;
correspond à un niveau de courant de court-circuit.
– raccords et connexions à percement d’isolant, utilisés dans des
Les inverseurs sont des interrupteurs à deux ou trois positions.
applications particulières (téléphonie, lignes aériennes et conduc-
teurs isolés en faisceaux…) ; Les commutateurs (de mesures, de commandes, de sélection,
etc.) sont des interrupteurs chargés d’établir des connexions sui-
– boîtes en plastique ou en fonte remplies de paraffine pour les vant un schéma défini.
connexions immergées.
Les contacteurs sont commandés par l’attraction électromagné-
Ces connexions sont effectuées soit sur les bornes des appareil- tique d’une bobine sur une palette solidaire des pôles. Ceux-ci
lages, soit sur des bornes placées dans les enveloppes des appa- sont souvent munis d’une cage et de bobine de soufflage de l’arc.
reillages (coffrets, tableaux…), soit encore dans des boîtes En outre, des contacts auxiliaires solidaires des pôles principaux
affectées à ce seul usage (boîtes de connexion), de façon à rester assument de nombreuses fonctions (signalisation, auto-alimenta-
accessibles pour vérifications ou interventions. tion de maintien, asservissements, etc.).

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D 5 047v2 – 2

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Les contacteurs sont, en principe, utilisés pour la commande à 1.3 Appareillage de protection
distance de circuits, pour les automatismes séquentiels et toutes
les fonctions nécessitant des manœuvres multiples. Ils ne sont La protection est assurée par deux fonctions :
pas destinés à la commande de circuits restant sous tension de – la détection, qui est le fait de matériels tels que les relais (soit
façon permanente. Toutefois, dans ce cas, on peut utiliser des directs, soit indirects), alimentés par transformateurs de courant,
contacteurs dits à accrochage, c’est-à-dire dont le maintien est ou les fusibles (ces derniers assurant également la coupure) ;
assuré mécaniquement, la bobine principale servant à l’attraction – la coupure, effectuée, à la suite d’une détection quelconque,
jusqu’à l’accrochage, le décrochage (déclenchement) étant com- soit par des fusibles, soit par des disjoncteurs ou des contacteurs
mandé par une seconde bobine, cette fonction peut être réalisée (qui, associés à leurs relais, s’appellent alors discontacteurs ou
par des disjoncteurs à commande électrique. interrupteurs à déclenchement libre).

Remarque : en raison du bruit (ronflement des circuits magné- 1.3.1 Caractéristiques des fusibles
tiques), on peut être amené à utiliser des circuits et des élec-
troaimants alimentés en courant redressé ; cette pratique est Les fusibles sont caractérisés par :
généralisée pour les appareils de fort courant assigné. Dans ce – la tension assignée Un, valeur maximale d’emploi du fusible ;
cas, si des dispositifs différentiels sont placés en amont, on – le courant assigné In d’après lequel sont déterminées les condi-
veillera à alimenter les redresseurs de courant par l’intermé- tions d’échauffement et les caractéristiques de fusion ;
diaire de transformateurs à enroulements séparés. En effet, en
cas de défaut à la terre sur le circuit de commande, on risque
de perturber très fortement le fonctionnement des tores de
– le pouvoir de coupure, courant maximal de court-circuit que le
fusible peut couper ;
– les dimensions des cartouches ou des éléments de remplace-
3
détection de courant homopolaire. ment ;
– les caractéristiques de fusion, qui comprennent :
Les disjoncteurs sont des appareils capables de fermer et • le courant conventionnel de non-fusion I1, courant garantis-
d’ouvrir sur un courant de court-circuit. Pour cela, les contacts sant la non-fusion du fusible dans un temps conventionnel,
sont capables d’assurer une fermeture et une ouverture très généralement de 1 h, ou 2 h pour In > 63 A,
rapide afin d’accroître le pouvoir de coupure. Ils peuvent être • le courant conventionnel de fusion I2, courant assurant la
munis de dispositifs de commande à distance, par moteurs, solé- fusion du fusible dans un temps au plus égal au temps
noïdes, etc. conventionnel précédent,
Les disjoncteurs sont essentiellement destinés à la protection • la zone de fonctionnement (figure 1) comprise entre la courbe
des circuits, des transformateurs, des sources d’énergie, des de durée de fonctionnement total (F) et la courbe minimale
couplages entre circuits différents, etc. de préarc (NF).
Les télérupteurs sont des relais d’un type particulier (bistable), Pour la détermination des conditions de protection, seule est
fonctionnant par impulsions successives de courant, la première prise en considération la limite supérieure de la zone de fonctionne-
assurant la fermeture, la suivante l’ouverture, puis la fermeture et ment, correspondant aux conditions les plus défavorables. Cette
ainsi de suite. limite permet ainsi de garantir que la protection est correctement
assurée, quelle que soit la caractéristique réelle de fonctionnement
Leur circuit de commande étant très simplifié, ils sont utilisés du fusible utilisé ; ainsi, si un fusible d’un constructeur est remplacé
pour les circuits d’éclairage commandés de plus de deux points par un fusible de même courant assigné, mais d’un autre construc-
(par simples bouton-poussoir à fermeture, montés en parallèle). teur, les conditions de protection demeurent satisfaites.
Ils peuvent également commander à distance des contacteurs
(puissance de commande faible, en cas de circuits de grande lon-
gueur),. Lorsque leur fonctionnement est à ouverture temporisée
après une impulsion de fermeture, ils s’appellent minuterie. Les t t
prises de courant dont le courant assigné est inférieur ou égal à I 2t
32 A peuvent également servir de dispositif de commande ; au-
delà, il est préférable de les associer à des interrupteurs.
La fonction de sectionnement est assurée par certains des tc
matériels décrits ci-dessus, ils doivent couper effectivement tous
les conducteurs actifs et assurer à l’état neuf, en position ouverte,
entre les bornes de chaque pôle : NF F
– une tension de choc de :
• 5 kV lorsque la tension nominale de l’installation est de 230/
400 V, F
• 8 kV lorsque la tension nominale de l’installation est de 400/ NF
690 V,
• 10 kV lorsque la tension nominale de l’installation est de I1 I2 I I
1 000 V,
a fusible du type g b fusible du type aM
• l’essai correspondant peut ne pas être effectué si la distance
minimale d’ouverture est, pour les appareils à simple cou-
F courbe de durée de fonctionnement total
pure, respectivement de 4, 8 et 11 mm, distance majorée de
NF courbe de durée minimale de préacr
25 % dans le cas d’appareils à double coupure ;
I 2t limite de contrainte thermique
– avoir un courant de fuite à travers les pôles ouverts non supé- tc temps conventionnel
rieur à 0,5 mA par pôle à l’état neuf, en conditions propres et zone de fonctionnement
sèches, et à 6 mA à la fin de la durée de vie conventionnelle, sous
une tension d’essai égale à 110 % de la tension nominale entre
phase et neutre de l’installation. Figure 1 – Caractéristiques de fonctionnement d’un fusible

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D 5 047v2 – 3

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Tableau 1 – Cartouches fusibles cylindriques Tableau 3 – Cartouches fusibles cylindriques


pour usage domestique et à couteaux pour accompagnement
de disjoncteurs de branchement (AGCP :
Sous- Calibre Pouvoir de appareil général de commande et de protection)
Tension
Tailles calibre normal coupure
[V]
[A] [A] [kA] Calibre Calibre Pouvoir de
Tension
Tailles mini maxi coupure
6,3 × 23 2 6 230 6 [V]
[A] [A] [kA]
8,5 × 23 2 10 230 6 22 × 58 30 60 440 32
10,3 × 25,8 6 16 230 6 00 45 90 440 32
8,5 × 31,5 0,5 20 400 20

10,3 × 31,5 16 25 400 20 Les fusibles d’accompagnement pour disjoncteurs de branche-


10,3 × 38 32 32 400 20 ment à puissance limitée (AD) (tableau 3) sont caractérisés par In
(30 à 90 A), Un (440 V), leur pouvoir de coupure (32 kA), la coordi-

3 nation de leurs caractéristiques avec celles des disjoncteurs de


branchement (fusion au-delà du courant maximal susceptible
d’être coupé sans dommage par ces appareils).
Tableau 2 – Cartouches fusibles
pour usage industriel
1.3.2 Caractéristiques des disjoncteurs
Calibre Calibre Pouvoir de
Tension Un disjoncteur peut être caractérisé par plusieurs tensions
Tailles mini maxi coupure
[V] d’emploi assignées pour lesquelles certaines caractéristiques
[A] [A] [kA]
peuvent être différentes, par exemple, le pouvoir de coupure, les
Cartouches fusibles cylindriques tensions normalisées étant : 230, 400, (440), 690, 750 et 1 000 V.
Les valeurs de crête des tensions assignées de tenue aux chocs
10,3 × 38 0,5 25 500 100 des disjoncteurs doivent être au moins égales, pour les tensions
14 × 51 2 50 500 100 d’isolement assignées inférieures à 500 V, à :
• 4 kV pour ceux utilisés dans les installations ;
22 × 58 4 100 500 100
• 6 kV pour ceux utilisés à l’origine des installations et dans les
22 × 58 125 125 400 100 branchements.
Les valeurs du courant assigné sont déterminées pour une tem-
Cartouches fusibles à couteaux pérature ambiante de 30 °C pour les matériels pour installations
00 25 160 500 120 domestiques et analogues, et de 40 °C pour les matériels pour ins-
tallations industrielles.
0 63 200 500 120 Le courant thermique à l’air libre est généralement égal au cou-
rant assigné.
1 125 250 500 120
Le courant thermique conventionnel sous enveloppe est déter-
2 200 400 500 120 miné en fonction du précédent, par application d’un facteur de
déclassement qui dépend de la température qui peut régner à
3 500 630 500 120 l’intérieur de l’enveloppe, à l’endroit où le disjoncteur est installé.
Les constructeurs indiquent les valeurs des facteurs de déclasse-
4 630 1 000 500 120
ment.
Le pouvoir de coupure varie pour les petits disjoncteurs, entre
4 500 et 25 000 A. Pour les disjoncteurs à usage général, il est
Les caractéristiques des fusibles dépendent de leur type. Les supérieur et peut atteindre 36 000 à 150 000 A. Un même disjonc-
caractéristiques des fusibles pour installations domestiques et teur peut présenter différentes valeurs de pouvoir de coupure,
selon la tension. La norme relative aux petits disjoncteurs divi-
analogues sont données dans le tableau 1, en caractères gras sont
sionnaires (NF EN 60898) définit un seul pouvoir de coupure, tan-
indiqués les calibres usuels. Leurs dimensions assurent l’ininter-
dis que la norme relative aux installations industrielles (NF C 63-
changeabilité des éléments de remplacement, empêchent le rem-
120) considère deux pouvoirs de coupure, symbolisés par P1 et
placement d’une cartouche par une autre de courant assigné P2 :
supérieur. Enfin, la protection des circuits par cartouches fusibles
– le pouvoir de coupure ultime : valeur maximale du courant de
n’est plus autorisée dans les installations neuves des locaux
court-circuit que le disjoncteur peut couper sous une tension spéci-
d’habitation depuis 2015.
fiée et dans des conditions spécifiées ;
Les caractéristiques des fusibles pour usages industriels sont – le pouvoir de coupure de service : pourcentage du pouvoir de
données dans le tableau 2. Leur pouvoir de coupure élevé est au coupure ultime qui garantit que le disjoncteur est capable, après
moins égal à 50 000 A pour les fusibles 500 V et à 32 000 A pour coupure du courant de court-circuit correspondant, d’assurer
les fusibles 660 V. encore sa fonction de coupure sur court-circuit.
On distingue, dans ce domaine, deux sortes de fusibles : les élé- En général, les disjoncteurs sont choisis d’après leur pouvoir de
ments de remplacement du type gG (à usage général) qui peuvent coupure ultime. Lorsqu’une seule valeur de pouvoir de coupure
assurer la protection contre les surcharges et la protection contre est indiquée, c’est celle du pouvoir de coupure ultime.
les courts-circuits et ceux du type aM (accompagnement moteur) Le pouvoir de fermeture est, pour les disjoncteurs pour usage
qui assurent seulement la protection contre les courts-circuits. général, de l’ordre de deux fois le pouvoir de coupure.

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D 5 047v2 – 4

102
Référence Internet
D5048

Installations électr ues BT


Vérifications et entretien

par Dominique SERRE


Ingénieur, membre de la délégation technique de la FFIE

3
Président de la commission U 15 de l’UnionTechnique de l’Électricité (UTE).

1. Vérifications .............................................................................................. D 5 048 - 2


1.1 Vérifications lors de la mise en service ..................................................... — 2
1.1.1 Examen visuel..................................................................................... — 2
1.1.2 Essais. Mesures .................................................................................. — 2
1.2 Vérifications périodiques ............................................................................ — 3
2. Entretien ..................................................................................................... — 4
2.1 Choix du matériel en vue de faciliter l’entretien ....................................... — 4
2.2 Dispositions à prendre en vue de faciliter l’entretien
et l’exploitation ............................................................................................ — 4
2.3 Façons de procéder ..................................................................................... — 5
2.4 Schémas et fiches ........................................................................................ — 5
2.5 Appareils de mesure ................................................................................... — 5
3. Annexes ...................................................................................................... — 6
3.1 Vérifications dans les installations de bâtiments d’habitation ................ — 6
3.2 Vérifications dans les installations relevant de la protection
des travailleurs ............................................................................................ — 7
3.2.1 Prises de terre ..................................................................................... — 7
3.2.2 Conditions générales d’installation................................................... — 7
3.2.3 Installations de sécurité ..................................................................... — 7
3.2.4 Protection contre les contacts directs et indirects parTBTS ........... — 7
3.2.5 Protection contre les contacts directs ............................................... — 7
3.2.6 Protection contre les contacts indirects ............................................ — 8
3.2.7 Protection par séparation des circuits............................................... — 8
3.2.8 Protection contre les risques de brûlures,
incendie, explosion............................................................................. — 8
3.3 Vérifications dans les installations des établissements recevant
du public....................................................................................................... — 8
3.3.1 Dispositions applicables à tous les établissements......................... — 8
3.3.2 Éclairage de sécurité .......................................................................... — 9
3.3.3 Dispositions particulières applicables
à chaque établissement...................................................................... — 9
3.4 Liste type des opérations d’entretien......................................................... — 10
3.4.1 Installations à basse tension.............................................................. — 10
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 5 048

e dossier traite des vérifications à la mise en service, des vérifications


C périodiques et de l’entretien des installations électriques basse tension BT.
Les vérifications sont à rapprocher de la vérification initiale des installations
électriques, lors de leur mise en service ou après qu’elles aient subi une modi-
fication de structure, et des vérifications périodiques prévues à l’article 53 du
décret du 14 novembre 1988, faisant l’objet de l’arrêté du 10 octobre 2000. Cet
Parution : août 2007

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est strictement interdite. − © EditionsT.I. D 5 048 − 1

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D5048

INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES BT _________________________________________________________________________________________________________

arrêté définit, notamment, de façon détaillée l’étendue des vérifications et le


contenu de leurs rapports. Les dispositions prises pour satisfaire aux pres-
criptions du décret et des arrêtés sont appréciées par référence aux règles de
l’art correspondantes, notamment à celles relatives à la prévention des risques
de choc électrique, de brûlure, d’incendie ou d’explosion d’origine électrique
contenues dans les normes d’installations en basse tension et notamment dans
la norme NF C 15-100 et ses guides d’application.

1. Vérifications 1.1.1 Examen visuel

3 Il s’agit essentiellement de vérifier l’application des règles de


sécurité ; il est parfois difficile de dire dans quelle mesure certaines
Cet examen est effectué sur l’ensemble de l’installation hors
tension et précède les essais et mesures ; il consiste à :
— s’assurer que les mesures de protection contre les contacts
concernent la sécurité des personnes ou celle des biens. Des règles directs sont correctes ; à cet effet, on vérifie le bon état apparent
dites d’aptitude à la fonction peuvent quelquefois être interprétées des canalisations, leurs fixations, la fermeture des enveloppes
comme faisant partie de la sécurité, si l’on considère que celle-ci d’appareillage, les distances séparant éventuellement les parties
doit rester d’un niveau acceptable jusqu’à la fin de la durée de vie actives nues des grillages, obstacles, barrières, etc. ;
prévisible d’un équipement ou d’une installation, dont la bonne — vérifier la présence et la bonne exécution des barrières et
utilisation ou l’exécution correcte peuvent influer favorablement obturations coupe-feu ;
sur le maintien de la sécurité. Il en est ainsi des règles de l’art qui — vérifier la compatibilité des mesures de protection choisies et
incluent prescriptions écrites et usages non codifiés ; si la sécurité des influences externes aux emplacements des matériels ;
n’est pas mise en cause par le manque d’esthétique ou la régul- — vérifier que rien ne s’oppose à la dissipation normale de la
arité de pose d’une canalisation, il est délicat d’en fixer la frontière chaleur dégagée par certains matériels (résistances de démarrage,
exacte, et la réception des ouvrages peut donner lieu à des inter- transformateurs, projecteurs...) ou à leur écartement convenable
prétations parfois divergentes. de matériaux combustibles, déformables ou décomposables ;
La vérification de la conformité aux spécificités du cahier des — vérifier l’identification des conducteurs de protection et
charges, juridiquement fait partie de la réception, n’est pas traité ici neutre ;
puisqu’elle n’est pas codifiée, étant chaque fois un cas d’espèce. — s’assurer de la présence des schémas, plans, notices
d’appareillages, etc. (par exemple, dans des pochettes placées
dans les contre-portes des tableaux et armoires) ;
— vérifier la concordance des identifications de circuits avec
1.1 Vérifications lors de la mise en celles figurant sur les plans et schémas ;
service — vérifier le choix des conducteurs pour les courants admis-
sibles et la chute de tension (notes de calculs) ;
— vérifier le choix des dispositifs de protections en fonction des
Ces vérifications, dites aussi initiales, consistent en examens courants d’emplois et des courants de courts-circuits (notes de
visuels, en essais et en mesures, afin de s’assurer de la calculs) ;
conformité des installations aux réglementations et aux normes. — vérifier la présence et le bon étiquetage, aux endroits
adéquats, des dispositifs de coupure d’urgence, arrêt d’urgence,
Les informations suivantes doivent être fournies lors de la sectionnement, commande, etc., ainsi que leur accessibilité ;
vérification initiale. — s’assurer que le libellé des étiquettes et plaques signalétiques
des commandes, des protections, correspondent bien à la déno-
Les schémas et/ou diagrammes doivent indiquer notamment : mination réelle des locaux ou utilisations courantes ;
— la nature et la constitution des circuits (points d’utilisations — vérifier le serrage des connexions (barres, distributeurs,
desservis, nombre et section des conducteurs, nature des bornes, etc.) ;
canalisations) ; — vérifier la bonne accessibilité des équipements et notamment
— le type et la section des conducteurs ; le respect des règles de l’article 781 de la norme NF C 15-100 relatif
aux locaux et emplacements de service électriques. Les distances
— la longueur du circuit ; minimales sont données dans le tableau 1. (0)
— la nature et le type des dispositifs de protection ;
— l’emplacement, le type, le courant assigné ou de réglage des
dispositifs de protection ; 1.1.2 Essais. Mesures
— les courants présumés de court-circuit et les pouvoirs de Les essais et mesures ci-après sont effectués (dans la mesure où
coupure des dispositifs ; ils s’appliquent), et, de préférence, dans l’ordre indiqué.
— les caractéristiques et l’emplacement des dispositifs de
sectionnement et de commande. ■ Essai de continuité des conducteurs de protection
(y compris des liaisons équipotentielles)
Ces indications doivent être mentionnées pour chaque circuit de
l’installation. Il est recommandé d’effectuer cette mesure sous une tension à
vide comprise entre 4 et 24 V en courant continu ou alternatif et
Des plans doivent indiquer, le cas échéant, l’emplacement des avec un courant d’au moins 0,2 A. Dans les circuits protégés par un
appareils non visibles. dispositif de protection contre les surcharges de courant assigné

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D5048

________________________________________________________________________________________________________ INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES BT

— la vérification des caractéristiques des dispositifs de coupure


Tableau 1 – Distances minimales autour des tableaux (courant de réglage des disjoncteurs, courant assigné des fusibles,
de distribution courant différentiel assigné des dispositifs différentiels) ;
— la mesure de la résistance globale de la prise de terre.
Puissance du tableau ● Schéma TT [D 5 044] : il s’agit de :
Distance — la mesure de la résistance de la prise de terre des masses ;
>60kVA >2 50kVA > 250 kVA
minimale — la vérification des caractéristiques des dispositifs de coupure
0kVA
46 raccordement raccordement
50kVA
42 (comme pour le schéma TN) ;
avant arrière
— la vérification de la continuité des conducteurs de protection.
Passage ● Schéma IT [D 5 044] : il s’agit de :
avant .......(mm) 700 1 000 1 500 1 500
— la mesure de la résistance de la prise de terre des masses ;
Passage — la mesure ou le calcul du courant de premier défaut ;
arrière .....(mm) 700 — suivant les conditions du second défaut, la même vérification
Hauteur que pour les schémas TN ou TT ;
sous plafond — la vérification du réglage du contrôleur permanent d’iso-
de l’empla- lement et l’essai des signalisations sonores et lumineuses, s’il y a
cement....(mm) 2 000 2 500 2 500 2 500 lieu.
■ Vérification de l’efficacité des protections contre les contacts
indirects sans coupure automatique de l’alimentation
3
Tableau 2 – Valeurs minimales de la résistance d’isolement ● Protection par TBTS et TBTP

Tension nominale Tension d’essai Résistance La séparation des parties actives de celles des autres circuits
du circuit en courant continu d’isolement ainsi que de la terre doit être vérifiée par une mesure de la résis-
tance d’isolement. Les valeurs de résistance d’isolement obtenues
(V) (V) (MΩ)
doivent être conformes à celles du tableau 2.
TBTS et TBTP 250 5 0,25 ● Protection par séparation électrique

U n 4 500 V à l’exception La séparation des parties actives de celles des autres circuits
500 5 0,5
des cas ci-dessus ainsi que de la terre doit être vérifiée par une mesure de la
résistance d’isolement. Les valeurs de résistance d’isolement
U n > 500 V 1 000 5 1,0
obtenues doivent être conformes à celles du tableau 2. La sépa-
TBTS très basse tension de sécurité ration requise entre circuit séparé et tout autre circuit est vérifiée
TBTP très basse tension de protection par examen. Lorsqu’un appareil comporte à la fois un circuit
séparé et un autre circuit, cette séparation est réalisée par la
construction du matériel conformément aux prescriptions de sécu-
ne dépassant pas 32 A, il est possible de mettre en œuvre des rité de la norme le concernant. Dans le cas de sources de sépara-
sources développant une intensité nominale plus faible que 0,2 A. tion fixes, il est vérifié que le circuit secondaire présente une
isolation double ou renforcée par rapport à l’enveloppe. Les sour-
■ Mesure de la résistance d’isolement des circuits ces mobiles doivent être à isolation double ou renforcée.
Elle est effectuée entre chaque conducteur actif et la terre,
appareils d’utilisation déconnectés, au moyen d’une source ■ Essais fonctionnels
débitant au moins 1 mA ; les résultats à atteindre doivent être au Tout appareil d’utilisation, tout circuit de commande d’auto-
moins ceux du tableau 2. matisme, de signalisation, etc. doivent être essayés avant mise en
Pour les câbles chauffants noyés dans le béton, les résistances service, afin de vérifier qu’ils sont en bon état de fonctionnement.
doivent être : Il en est de même des dispositifs de protection, le cas échéant, en
ce qui concerne leur installation et leur réglage.
— pour les câbles alimentés sous 230 V, 5 0,250 MΩ ;
— pour les câbles alimentés sous 400 V, 5 0,400 MΩ .
Pour l’application systématique des vérifications, on pourra
■ Mesure de la résistance des sols
s’inspirer utilement des fiches types données en Annexe (§ 3) ;
Dans le cas où elle est prescrite (blocs opératoires, par exemple), elles doivent être considérées comme des aide-mémoire des
cette mesure est réalisée à l’aide d’une électrode tripode et d’une points à vérifier pour s’assurer de la conformité des installations
source ayant une tension continue minimale à vide de 500 V. Les aux règlements et normes qui les gouvernent, auxquels, bien
mesures sont faites en au moins cinq emplacements différents du entendu, il y a lieu de se reporter.
local, situés au voisinage des quatre angles et du centre. En chacun
de ces emplacements, il est fait cinq mesures dans un cercle de
50 cm de diamètre, dont on prend la valeur moyenne. Si l’on veut
s’assurer d’une résistance minimale, on retient pour résistance du 1.2 Vérifications périodiques
local, la valeur la plus faible des moyennes de mesures effectuées,
les mesures ayant été faites sur un sol humide. Outre les vérifications initiales, il y a lieu de s’assurer pério-
diquement que les installations sont maintenues en bon état, que
■ Vérification de l’efficacité des protections contre les contacts les modifications ou extensions sont établies conformément aux
indirects par coupure automatique de l’alimentation règlements et normes, que les installations provisoires ne sont pas
Elle comporte des opérations qui varient suivant les différents maintenues de façon permanente ; ces vérifications, outre le fait
schémas. Celles-ci doivent permettre, par application des formules qu’elles sont souvent réglementaires [D 5 041], permettent de
du dossier [D 5 044], de vérifier l’adéquation des dispositions diagnostiquer l’état, la fiabilité, le vieillissement des installations,
prises aux règles de sécurité. et de prendre en temps utile les dispositions qui s’imposent.
● Schéma TN [D 5 044] : il s’agit de : ■ Pour les installations des logements, qui font souvent l’objet de
— la mesure de l’impédance de la boucle de défaut ou de la modifications et d’adaptations par les utilisateurs, la norme expéri-
résistance des conducteurs de protection ; mentale C 16-600 a pour objet de définir le contenu, la méthodologie

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3

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D5049

Installations électriques BT
Règles pour le branchement
par Dominique SERRE
Ingénieur, membre de la commission technique de la FFIE
Président de la commission U 15 de l’Union Technique de l’Électricité (UTE)

3
1. Puissance et dimensionnement ........................................................... D 5 049 – 2
2. Branchement ............................................................................................. – 3
3. Protection des personnes ...................................................................... – 6
4. Choix et mise en œuvre des matériels et des canalisations........ – 6
5. Section des canalisations de branchement ...................................... – 7
6. Protection contre les surintensités .................................................... – 7
7. Calcul des chutes de tension................................................................ – 8
8. Génie civil des ouvrages ........................................................................ – 9
9. Définitions.................................................................................................. – 9
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 5 049

es installations de branchement à basse tension, sont régies par la norme


L NF C 14-100 quel que soit le gestionnaire de réseau. Cette norme est
rééditée en 2007 en tenant compte de l’évolution des besoins des utilisateurs
et des évolutions technologiques.
Elle prend aussi en compte la réalisation des postes de distribution publique
intégrés aux bâtiments et précise dans ce cas le schéma des liaisons à la terre.
Les gestionnaires de réseau de distribution sont appelés dans ce texte GRD.
La norme NF C 14-100 précise les conditions de réalisation des installations
de branchement, les principes de base étant ceux définis dans la norme fonda-
mentale NF C 15-100.
Parution : février 2008

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D5049

INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES BT _____________________________________________________________________________________________________

les installations de branchement sont calculées pour le calibre


1. Puissance maximal de ce dispositif.
et dimensionnement ■ Dimensionnement des installations de branchement pour les
locaux d’habitation
L’édition 2007 de la norme NF C 14-100 reprend les puissances Pour les installations domestiques et les locaux annexes, les
retenues par les éditions précédentes pour les locaux d’habitation puissances à retenir sont celles données dans le tableau 1.
et précise les puissances à retenir pour le prédimensionnement Pour le calcul des canalisations collectives un coefficient de
des installations dans les lotissements à caractère d’habitation et pondération est à appliquer (tableau 2).
pour les immeubles à usage de bureaux.
Lors d’installations de branchement avec chauffage électrique,
Contrairement à la norme NF C 15-100, où les calculs sont effec- l’article 5.5.2 de la norme NF C 14-100 précise les modalités du
tués en fonction du courant de réglage du dispositif de protection, calcul.

Tableau 1 – Puissance minimale de dimensionnement à prévoir par local


et courant assigné de l’AGCP (1)

3 Locaux d’habitation et leurs annexes


Puissance
Courant assigné de l’AGCP
(A)
(kVA)
En monophasé En triphasé

Annexe non habitable 3 45 /

Habitation de 1 à 2 pièces principales (2)


ou
de surface ⱕ 35 m2 6 45 30

Habitation de 3 à 5 pièces principales (2)


ou
de surface comprise entre 35 m2 et 100 m2 9 60 30

Habitation de 6 pièces principales et plus (2) 60 en collectif 30


ou
de surface supérieure à 100 m2 12 90 en individuel 30

(1) AGCP : appareil général de commande et de protection


(2) ne sont pas comptées comme pièces principales les cuisines, salles d’eau, WC, dégagements, volumes de rangement.

Tableau 2 – Coefficient de pondération suivant Tableau 3 – Dimensionnement des installations


le nombre d’utilisateurs situés en aval de branchement pour les lotissements à usage
de la section considérée d’habitation

Nombre d’utilisateurs Coefficient Puissance minimale


Surface de la parcelle
(kVA)
2à4 1

5à9 0,78 ⱕ 1 000 m2 12

10 à 14 0,63 1 000 m2 à 2 000 m2 18

15 à 19 0,53 > 2 000 m2 18 (1)

20 à 24 0,49 (1) Étude particulière à faire avec le distributeur afin de déterminer les
puissances des points de livraison
25 à 29 0,46

30 à 34 0,44
■ Dimensionnement des installations de branchement pour les
35 à 39 0,42 lotissements à usage d’habitation
L’article 5.5.4 de la norme NF C 14-100 donne les règles à res-
40 à 49 0,41
pecter par les aménageurs lors de la réalisation de lotissements à
usage d’habitation (tableau 3). Cet article est nouveau, il permet de
50 et au-dessus 0,38
prévoir un bon dimensionnement des ouvrages.

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D5049

______________________________________________________________________________________________________ INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES BT

■ Dimensionnement des installations de branchement pour les


immeubles à usage de bureaux
2. Branchement
Les branchements sont définis en fonction :
Les éditions précédentes de la norme ne donnaient aucune
précision pour le dimensionnement des canalisations à usage – du mode de contrôle de la puissance limitée ou surveillée ;
collectif. Ce vide est comblé par la nouvelle édition ; des – de la position du dispositif de comptage et de protection ;
valeurs minimales sont données afin que les canalisations col- – de l’objet du branchement (consommateur ou producteur).
lectives ne soient pas sous-dimensionnées lors de leur premier ■ Limites du branchement
établissement.
Les figures 1 et 2 précisent les limites des branchements et la
Ces valeurs sont données dans le tableau 4. norme à appliquer (tableau 5) aux installations réalisées.

Tableau 4 – Dimensionnement des branchements Tableau 5 – Normes applicables selon la partie


pour les immeubles à usage de bureaux de l’installation
Partie de l’installation Normes et texte réglementaire
Puissance minimale
Type de locaux de dimensionnement Arrêté technique

Bureaux et locaux associatifs


(VA/m2)

40
Raccordement réseau (document UTE C 11-001)
Norme NF C 11-201 3
Installation
Norme NF C 14-100
de branchement
Petits locaux commerciaux, 75
artisanaux, médicaux Installation privative Norme NF C 15-100

< 30 mètres

Point
Point de livraison
de raccordement
D1
au réseau
C
Wh

Liaison au réseau Dérivation individuelle

Réseau NF C 11-201 Branchement NF C 14-100 Installation


de l'utilisateur
NF C 15-100
C CCPI (coupe-circuit principal individuel)
Wh compteur
D1 AGCP (appareil général de commande et de protection)

Figure 1 – Branchement individuel à puissance limitée « type 1 »

Point
de livraison
Point de raccordement
au réseau D1
C D2
Wh

Liaison au réseau Dérivation individuelle


Réseau
NF C 11-201 Branchement NF C 14-100 Installation de l'utilisateur
NF C 15-100
C CCPI (coupe-circuit principal individuel)
Wh compteur
D1 AGCP (appareil général de commande et de protection)
D2 dispositif assurant notamment la coupure d'urgence

Figure 2 – Branchement individuel à puissance limitée « type 2 »

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109
3

110
Réseaux électriques industriels et tertiaires
(Réf. Internet 42265)

1– Les grands choix techniques et politiques

2– Le fonctionnement des réseaux, protections et


automatismes

3– Développement des réseaux 4


4– Ingénierie des réseaux Réf. Internet page

Réseaux électriques industriels. Ingénierie D5022 113

Tableaux et armoires D5160 119

Jeux de barres à basse tension D5165 125

Installations électriques de chantiers et installations temporaires D5065 129

5– Applications industrielles

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111
4

112
Référence Internet
D5022

Réseaux électriques industriels


Ingénierie
par Jean REPÉRANT
Membre Senior de la Société des Électriciens et Électroniciens (SEE)
Titulaire de la Médaille Ampère

1. Méthodologie ............................................................................................ D 5 022 – 2


1.1 Limites de la méthodologie ........................................................................ — 2
1.2 Présentation de la méthodologie ............................................................... — 2
2. Recueil des données................................................................................ — 2

4
2.1 Caractéristiques des récepteurs ................................................................. — 3
2.2 Base de données des récepteurs................................................................ — 3
2.3 Paramètres d’environnement ..................................................................... — 3
2.4 Réseau du Distributeur................................................................................ — 5
2.5 Contraintes de la réglementation............................................................... — 6
3. Traitement des données ......................................................................... — 6
3.1 Analyse des bilans de puissance................................................................ — 6
3.2 Performances du réseau industriel ............................................................ — 7
4. Choix d’une préstructure....................................................................... — 9
4.1 Mode d’alimentation ................................................................................... — 9
4.2 Dimensionnement des matériels ............................................................... — 12
5. Optimisation technico-économique de l’architecture................... — 16
5.1 Architecture finale du réseau...................................................................... — 16
5.2 Dispositions optionnelles............................................................................ — 16
5.3 Synthèse de l’optimisation ......................................................................... — 18
6. Système de protection ........................................................................... — 18
6.1 But du système ............................................................................................ — 18
6.2 Unités fonctionnelles................................................................................... — 18
6.3 Plans de protection...................................................................................... — 18
6.4 Sélectivité des protections.......................................................................... — 19
7. Contrôle-commande................................................................................ — 20
7.1 Fonctions techniques .................................................................................. — 20
7.2 Fonctions économiques .............................................................................. — 21
7.3 Sources auxiliaires ...................................................................................... — 21
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 5 022

’ingénierie des réseaux électriques internes d’usine : dans quel but ? Satis-
L faire les besoins d’alimentation par une approche technico-économique, afin
de : (0)

 • recenser, dénombrer, mesurer,


— connaître les besoins : 
 • intégrer l’environnement ;
 • définir les sources,
— répondre aux besoins : 
 • concevoir l’architecture du réseau ;
 • sécurité, fiabilité, maintenance,
— définir les performances : 
 • qualité de l’électricité, contrat d’énergie ;
Parution : août 2001

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 5 022 − 1

113
Référence Internet
D5022

RÉSEAUX ÉLECTRIQUES INDUSTRIELS ______________________________________________________________________________________________________

 • concevoir plusieurs schémas, valoriser,


— optimiser la conception : 
 • arbitrer, retenir définitivement ;
 • aspect humain, automatisation,
— exploiter le réseau : 
 • dialogue homme-machine.

L’ingénieur chargé de la conception du réseau d’alimentation électrique doit


intégrer tous les critères et contraintes énumérés ci-dessus. Pour lui permettre
cela, il doit appliquer une méthodologie structurée. Celle-ci, objet de cet article,
doit s’attacher à décrire les principes et informer sur les conséquences éventuel-
les des phénomènes électriques et, dans certains cas, à donner des recomman-
dations et de simples exemples, mais en aucun cas des exemples détaillés
d’applications : elle ne constitue donc pas un guide.
Les installations de puissance de ce réseau interne d’usine commencent après
le comptage du Distributeur et se terminent aux équipements et machines du
processus. Elles sont constituées par des appareillages électriques de coupure et
de sectionnement, des transformateurs de puissance, des liaisons électriques
(en général des câbles) et, au niveau du processus, par des armoires d’alimenta-
tion.

4 L’article « Réseaux électriques industriels » fait l’objet de deux fascicules :


D 5 020 Introduction
D 5 022 Ingénierie
Les sujets ne sont pas indépendants les uns des autres.
Le lecteur devra assez souvent se reporter à l’autre fascicule.
Le présent article se base sur le cas d’un réseau industriel alimenté en MT dont la puissance
appelée est de l’ordre de 1 à 10 MVA. Ses recommandations s’appliquent aussi au-delà de
10 MVA ou si l’alimentation MT ne peut atteindre les performances requises ; dans ces autres
cas, il faut prévoir, en amont, un échelon supplémentaire de transformation HT/MT, raccordé en
HT au réseau du Distributeur.

1. Méthodologie 1.2 Présentation de la méthodologie

Les paramètres à prendre en compte varient d’un cas industriel à La méthodologie de conception doit tenir compte d’un nombre
l’autre, comme il a été montré dans l’article « Introduction » [D 5 020] ; varié d’éléments qui nécessite souvent des itérations et des remises
aussi il n’est pas envisageable d’avoir une approche exhaustive [1]. en cause de choix initiaux [1]. En conséquence, il va de soi que tout
changement d’une des données ou d’une des contraintes au cours
de la conception implique une reprise de certains éléments.
1.1 Limites de la méthodologie Cette méthodologie, qui doit permettre de garantir la « satisfaction
des besoins » [2], comporte les principales phases suivantes :
La méthodologie se limite donc à ce qui doit être commun à tou- — le recueil des données ;
tes les démarches d’ingénierie électrique [1], c’est-à-dire : — le traitement des données ;
— le choix de la préstructure du réseau ;
— examiner un certain nombre de cas typiques, sans entrer dans — l’optimisation technico-économique ;
le détail de toutes les variantes qui peuvent en découler ; — le mode d’exploitation et le contrôle commande.
— ne pas développer tous les aspects théoriques des techniques
mises en jeu (des ouvrages très détaillés existent) : il s’agit principa-
lement de traiter de leur mise en œuvre ;
— ne donner qu’une simple évaluation économique des solu-
tions dont les coûts des éléments évoluent selon le progrès des 2. Recueil des données
techniques et les lois du marché.
Enfin, la méthodologie se limite à la phase de conception et ne
traite pas des autres phases, également importantes dans un projet, Les données de base définissent les caractéristiques de sensibilité
qui sont : aux perturbations de tension et de consommation des récepteurs,
— les études de réalisation ; équipement ou machine par équipement ou machine et processus
— les travaux de construction ; par processus. Elles doivent être complétées par les conditions
— la mise en service industrielle de l’installation ; externes concernant leur installation : implantation, paramètres
— les différentes procédures relatives à ces phases ainsi que cel- d’environnement, caractéristiques du réseau du Distributeur,
les de l’assurance qualité. contraintes de réglementation, etc.

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2.1 Caractéristiques des récepteurs ■ Puissances absorbées


La connaissance des puissances réellement absorbées est indis-
pensable pour estimer les puissances à fournir pour chaque implan-
2.1.1 Implantation des récepteurs tation du processus.
Cela implique la connaissance du taux d’utilisation de chaque
Dès le début de cette première phase, il est indispensable de récepteur à fonctionnement individuel et de chaque groupe de
connaître, pour chaque récepteur à recenser, son implantation géogra- récepteurs en redondance (par exemple, pour 3 pompes installées,
phique dans le site de l’industriel car, à l’achèvement de la phase, c’est 2 travaillent à 80 % de charge, soit un taux de 53 % pour l’ensemble).
la liaison avec sa source d’alimentation qui doit être définie.
Les taux d’utilisation doivent aussi être précisés par plage tarifaire
Ainsi, la connaissance précise du nom de son implantation (par du contrat d’énergie, afin de faciliter sa rédaction (heures pleines et
exemple : unité, atelier, bâtiment, etc.) va permettre, en fonction des heures creuses, cf. § 2.4.3).
puissances à distribuer et de l’éloignement de la source principale,
de définir la branche du réseau interne qui lui sera affectée. C’est le D’une manière générale, pour la réalisation, dans cette phase de
regroupement de toutes ces branches vers les sources qui va per- la méthodologie, de la définition des taux d’utilisation, la concerta-
mettre, d’une part, de construire l’arborescence du réseau interne tion permanente avec les responsables du processus est impérative,
et, d’autre part, de situer le centre de gravité des consommations, faute de quoi il y aura immanquablement de graves erreurs.
déterminant pour localiser les sources dans le site. ■ Pollutions par les équipements perturbateurs
Si les équipements perturbateurs sont relativement nombreux
[1], seul un petit nombre d’entre eux ont une grande influence sur le
2.1.2 Sensibilité du processus réseau interne et assez faible sur celui du Distributeur. Trois phéno-
mènes [1] sont à considérer, à ce titre, dans le cas général :
Comme il a été souligné à plusieurs reprises dans l’article « Intro-

4
● Harmoniques : ils sont générés par les courants harmoniques
duction » ([D 5 020], § 1.3), les conséquences de l’interruption d’ali-
mentation constituent le « souci majeur des industriels ». Pour cette issus de l’utilisation de l’électronique de puissance (à charge non
raison, la sensibilité du processus aux perturbations électriques doit linéaire) dans la construction de certains matériels [2] (par exemple :
être un élément prépondérant à considérer pour le recensement des variateur de vitesse, gradateur, four à arc, lampe à décharge, etc.).
équipements et machines sensibles aux perturbations sur l’alimen- ● Flicker (ou scintillement) : il est généré par les variations rapi-
tation électrique ; il est rappelé que cette sensibilité est définie par des de tension qui peuvent être périodiques ou irrégulières lors de
les exigences de durée maximale d’arrêt [3], qui ont été regroupées l’utilisation de certains matériels [2] (par exemple : machine à sou-
en quatre grandes catégories d’alimentation, correspondant au der, machine à couple pulsatoire, etc.).
niveau de sensibilité des récepteurs, retenus dans la base de don- ● Déséquilibres de tension : ils sont générés par les charges dis-
nées (figure 1 : Sensibilité). symétriques ou monophasées qui sont alimentées par le réseau tri-
D’une manière générale, pour la réalisation, dans cette phase de phasé (par exemple : four à induction, traction électrique, etc.).
la méthodologie, de la sensibilité du processus, la concertation per-
manente avec les responsables du processus est impérative, voire
même avec les constructeurs des équipements et machines. 2.2 Base de données des récepteurs
La base de données (figure 1) doit être établie, comme il a été pré-
2.1.3 Grandeurs électriques cisé dans le paragraphe 2.1, à partir des informations détaillées
recueillies pour l’ensemble des équipements et machines installés,
Les grandeurs électriques à retenir pour chaque récepteur sont aussi bien dans le processus principal que pour répondre aux autres
essentiellement la tension (et sa fréquence si elle est différente de besoins du site industriel.
50 Hz) et les puissances nominales, absorbées et perturbatrices.
Cette base de données informatisée doit permettre tous les traite-
■ Tensions nominales ments destinés à apporter les informations sur les besoins d’alimen-
La tension du récepteur à retenir est, bien entendu, celle du cons- tation électrique. Elle comporte tous les champs précités.
tructeur, figurant dans son catalogue ou sur la plaque de l’appareil. ■ Sa structure unique, et établie pour chaque récepteur, doit être
Dans certains cas, son alimentation par le réseau interne – prolonge- employée pour toutes les sommations concernant l’ensemble du
ment naturel du réseau du Distributeur – peut nécessiter des équipe- projet, c’est-à-dire :
ments d’interface avec ce réseau, souvent importants, par suite de — pour chaque implantation et par tension ;
la différence de tension, de fréquence ou/et de type de courant. — par plage tarifaire et par tension ;
À ce sujet, il faut noter que la tension industrielle de 690 V, peu uti- — par catégorie de sensibilité du processus ;
lisée en France, présente les deux avantages très importants sui- — pour tout autre traitement suivant besoin, aisément réalisable.
vants :
■ Il faut noter que lors du traitement des données, en remontant
— même catégorie que la basse tension (BT < 1000 V), donc des récepteurs vers les sources, les « puissances absorbées » doi-
même habilitation pour les personnels qu’en 400 V et 230 V ; vent être réduites, par application des coefficients de simultanéité,
— alimentation d’équipements de forte puissance, sans recourir pour déterminer les « puissances souscrites » à reporter au contrat
à la moyenne tension (MT). d’énergie (cf. § 2.4.3).
■ Puissances nominales
Comme pour la tension, ce sont les valeurs relevées dans le cata-
logue du constructeur ou sur la plaque de l’appareil qu’il faut enre- 2.3 Paramètres d’environnement
gistrer : puissance active, réactive ou facteur de puissance, intensité
du courant. Certaines grandeurs seront à calculer à partir de celles Pour le respect de l’environnement, il y a lieu de prendre en
retenues, afin de permettre la réalisation de sommations pour cha- compte tout ce qui se rattache au personnel, aux visiteurs, au climat
cune d’elles, par implantation puis globalement pour le site. local, à la pollution interne et externe, sous toutes ses formes.
Dans le cas où la puissance est donnée en « puissance mécani- En effet, les conditions d’environnement sont indispensables
que », il faut obtenir obligatoirement le ou les rendements en fonc- pour définir les dispositions relatives à la sécurité des personnes et
tion de la charge, puis calculer la « puissance électrique » à fournir. des biens, pour déterminer le choix des matériels et des matériaux

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Tableau 1 – Paramètres d’environnement


de chaque implantation et actions à mener
Identification
Environnement Action
de chaque récepteur
PARAMÈTRES HUMAINS

Sensibilité Sans interruption — qualification des utilisateurs — définition du degré d’automa-


— types de travaux de mainte- tisation
ou
nance — conditions de travail, redon-
quelques secondes — présence du public dance
ou — définition des accès, régle-
quelques minutes mentation
ou PARAMÈTRES CLIMATIQUES
quelques heures
— vents dominants — choix d’implantation des
— neige et vents, séismes ouvrages
UBT tension BT (V)
— pluies, air salin — tenue mécanique des ouvrages
Tensions
nominales
— nombre moyen de jours — étanchéité et risques de corro-
d’orage sion
UMT tension MT (V) — altitude, plage des tempéra- — protection contre la foudre
tures — déclassement des matériels

4
— chaleur humide — protection contre les moisis-
Puissances Pn active (kW) = S cos ϕ sures
nominales
PARAMÈTRES DE POLLUTION
Qn réactive (kvar) = √S 2 – P 2 — risques d’explosion et d’in- — étanchéité, produits ininflam-
cendie mables
Sn apparente (kVA) = √P 2 + Q 2 — risques chimiques, poussières — étanchéité, pressurisation
— fluides contaminants — étanchéité, récupération, trai-
facteur de S = cos ϕ = P — vibrations, bactéries tement
S
— perturbations conduites ou — insensibilisation des matériels
In courant de S (A) = S rayonnées — insensibilisation, équipoten-
U √3 tialité

Puissances kHP Charge en PHP = P kHP C’est la qualification et non pas le nombre de personnes qui déter-
absorbées heures pleines (% P) mine le choix à opérer pour le niveau d’automatisation et le mode
d’exploitation du réseau électrique interne. Il ne doit donc être
kHC Charge en PHC = P kHC retenu que l’intervention de personnels qualifiés affectés à la
heures creuses (% P) conduite ou à l’entretien du processus : c’est très suffisant et par
conséquent économique.
Plusieurs niveaux d’intervention sont à retenir (cf. [D 5 020]
Puissances SH Harmoniques (kVA)
perturbatrices
Introduction, figure 3) :
— au niveau BT des sous-tableaux d’alimentation, les manœu-
SFLI Flicker (kVA)
vres, fréquentes, peuvent être effectuées dans l’atelier par l’un des
opérateurs du processus, de par sa compétence dans la commande
SDES Déséquilibre (kVA) des machines : une habilitation supplémentaire est suffisante ;
— au niveau des tableaux principaux de distribution, les manœu-
vres en BT et en MT nécessitent que l’intervenant, opérateur de
Figure 1 – Structure, champs, calculs de la base de données
maintenance, ait les habilitations adéquates, c’est-à-dire celles qu’il
détient normalement pour assurer la maintenance des équipe-
ments ; cette fonction d’exploitation est donc de sa compétence ;
à mettre en œuvre ; cela a aussi une incidence sur le coût des instal- — au niveau des alimentations générales, normale et de secours,
lations et de l’exploitation. l’intervention d’un responsable de bon niveau chargé de la produc-
Les informations correspondantes vont permettre de définir les tion, ou avec délégation éventuelle, est suffisante pour assurer la
actions à mener et/ou les contraintes à retenir, comme il est résumé supervision du système électrique à partir du poste central de
au tableau 1. conduite du processus.
La lecture du tableau 1 conduit à formuler un certain nombre de En résumé, le choix doit être concentré uniquement sur la qualité
commentaires, pour mieux cerner les actions à entreprendre. et les performances du système de conduite du réseau.

2.3.1 Paramètres humains 2.3.2 Paramètres climatiques

Degré d’automatisation : un système informatisé de l’exploita- Protection des matériels : que ce soit du fait de la foudre, du
tion électrique peut être intégré dans la conduite du processus froid ou de la chaleur et des moisissures, les matériels doivent
qui apporte un grand degré de convivialité et de fiabilité. Le faible pouvoir conserver leurs performances dans l’ensemble de ces
nombre des manœuvres d’exploitation ne demande que quel- conditions ; ils doivent être de grande qualité car leur vie dans
ques dizaines de minutes au total par jour (sauf incident grave). l’usine sera très souvent de plusieurs décennies.

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Une économie obtenue au détriment de la qualité coûtera, ulté-


rieurement, très cher à l’industrie. Un (%)
Quant au déclassement du fait de l’altitude, c’est une obligation 100
pour respecter les normes de tenue diélectrique des matériels. Zone dans les tolérances de l'alimentation
90

2.3.3 Paramètres de pollution 60 Limite acceptable pour un creux de tension de 600 ms

Étanchéité ou pressurisation : l’une de ces deux mesures de Zones des coupures


protection doit être appliquée pour éviter les dégradations inter-
nes des tableaux électriques [10] situés aussi bien à l’intérieur
qu’à l’extérieur des ateliers. De plus, ces matériels subissent Les coupures sont totales
1
très rarement des visites de leurs différents compartiments, par-
ticulièrement en MT.
10 ms 1 min 3 min Durée
Creux de Coupure Coupure
Comme pour la protection des matériels, une économie obtenue tension brève longue
au détriment de la qualité coûtera très cher à l’industriel, en particu-
lier s’il est obligé de procéder aux visites des compartiments du
Figure 2 – Graphique de la tension et de la durée des coupures
poste de livraison MT, car il sera quasi impossible de le mettre hors
service.

4
■ Tolérances
Les tolérances du produit « électricité » en Europe continentale
2.4 Réseau du Distributeur sont :
— fréquence : ± 1 % sur 50 Hz ;
— tension MT : ± 7 % de 1 kV à 35 kV ;
La conception d’une installation ne peut pas faire abstraction d’un — tension HT : ± 8 % de 50 kV à 130 kV ;
certain nombre de contraintes imposées par le raccordement au — harmoniques : 8 % au maximum pour le taux global de distorsion ;
réseau électrique d’alimentation du Distributeur. — déséquilibre : 2 % au maximum du taux de tension inverse.
Pour des raisons historiques qui tiennent à la géographie, à l’éco-
nomie ou, simplement, aux lois de l’électricité, les possibilités offer- ■ Puissance de court-circuit
tes par le réseau du Distributeur varient d’un lieu à un autre, La valeur de la puissance de court-circuit Scc, à chacun des points
notamment pour le nombre de niveaux de tension. De plus, dans les de raccordement au réseau industriel, doit permettre son exploita-
régions fortement industrialisées, les réseaux sont plus denses, tion dans les conditions requises pour assurer le fonctionnement
donc plus puissants que dans les régions rurales. correct des récepteurs qu’ils alimentent, aussi bien en marche nor-
Le concepteur du réseau industriel doit donc savoir ce dont il male que perturbée, sans générer des perturbations nuisibles aux
pourra disposer tant au niveau des performances qu’à celui du autres utilisateurs. Parmi ces perturbations, les « à-coups de tension »
contrat de fourniture. Un bref rappel de ces éléments [1] est donné peuvent apparaître lors de fortes surcharges ou du couplage avec un
ci-après. groupe autonome de production.
La valeur de la puissance de court-circuit est également détermi-
nante pour le niveau des autres pollutions électriques internes du
2.4.1 Interruptions de la fourniture site. Pour obtenir une valeur acceptable l’industriel peut être tribu-
taire de l’éloignement de son site par rapport au « poste source » du
Ces interruptions, appelées « coupures », sont effectives lorsque Distributeur (figure 3), car, plus cette distance est grande, plus sa
les trois tensions, du réseau du Distributeur, sont simultanément puissance de court-circuit diminue.
inférieures de 10 % à 99 % de la tension nominale. Elles sont appe-
lées :
2.4.3 Système tarifaire
— creux de tension, lorsque leur profondeur n’excède pas 30 %
de la tension nominale et que leur durée est inférieure à 600 ms ; Le système tarifaire en France, pour la fourniture d’énergie, est
— coupure brève, lorsque leur durée est comprise entre 1 s et défini par les périodes tarifaires, les puissances souscrites, la factu-
3 min ; ration de l’énergie et la tarification.
— coupure longue, lorsque leur durée est supérieure ou égale à
3 min. La présentation qui suit est relative au système tarifaire général
en vigueur au début du XXIe siècle. Il est applicable pour la fourni-
La figure 2 résume la norme EN 50160 qui définit les coupures. ture en MT d’une puissance active souscrite inférieure à 10 MW, et
Ces coupures, qui sont relativement peu nombreuses chaque intitulé « Tarif Émeraude A5 – option de base ».
année, sont aussi définies par leur « nombre par an ».
■ Périodes tarifaires
Le Distributeur les précise dans son contrat de fourniture en fonc-
● Les périodes tarifaires applicables aux 8 760 heures de chaque
tion des zones géographiques de son réseau ; plus les zones sont
urbanisées, plus le nombre des coupures diminue. année (tableau 2) sont modulées, en périodes d’utilisation (deux
saisonnières et trois horaires : contrat dit à « cinq postes »). Cha-
cune d’elles est définie comme suit :
2.4.2 Performances — saisonnières :
• hiver : cinq mois, de novembre à mars ;
Pour la plage de puissance définie dans cet article, la MT ou la HT • été : sept mois, d’avril à octobre.
est la tension employée pour l’alimentation du réseau électrique du — horaires :
site industriel. Les performances principales attendues du réseau du • au cours de la journée : heures pleines – HP : durée de 16 heures ;
Distributeur sont les suivantes. • au cours de la nuit : heures creuses – HC : durée de 8 heures.

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D5160

Tableaux et armoires
par Roland AUBER
Secrétaire général honoraire de l’Association internationale
des entreprises d’équipement électrique (AIE)

1. Prescriptions générales.......................................................................... D 5 160 - 2


1.1 Ensembles de série (ES).............................................................................. — 2
1.2 Équipement électrique des machines........................................................ — 3
1.3 Règles des installations électriques ........................................................... — 3
1.4 Conception des ensembles......................................................................... — 4
1.5 Cas particuliers ............................................................................................ — 4
2. Enveloppes................................................................................................. — 4
2.1 Protection contre les chocs électriques ..................................................... — 4
2.2 Protection contre les influences externes.................................................. — 6
2.3 Fermetures ................................................................................................... — 7
2.4
3.
Marques et plaques signalétiques .............................................................
Choix et disposition de l’appareillage ...............................................


7
7 4
3.1 Choix de l’appareillage................................................................................ — 7
3.2 Disposition de l’appareillage ...................................................................... — 7
3.3 Passages de service ou d’entretien............................................................ — 8
3.4 Prescriptions particulières à certains appareillages ................................. — 8
3.5 Protection contre les contacts indirects..................................................... — 11
4. Câblage ....................................................................................................... — 14
4.1 Schémas ....................................................................................................... — 14
4.2 Courants admissibles .................................................................................. — 14
4.3 Montage ....................................................................................................... — 17
4.4 Repérages..................................................................................................... — 19
5. Échauffements.......................................................................................... — 20
5.1 Limites .......................................................................................................... — 20
5.2 Méthodes d’évaluation................................................................................ — 20
6. Vérifications et essais ............................................................................ — 22
6.1 Ensembles de série (ES).............................................................................. — 23
6.2 Ensembles dérivés de série (EDS).............................................................. — 23
6.3 Machines ...................................................................................................... — 23
6.4 Installations .................................................................................................. — 23
6.5 Documentation ............................................................................................ — 23
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 5 160

u’il s’agisse d’installations électriques ou d’équipements associés à des


Q machines ou à des processus industriels, des plus simples aux plus
complexes, on regroupe en des endroits déterminés tout ou partie de certains
appareillages destinés à des fonctions particulières telles que répartition de
l’énergie, protections de toutes sortes, mesures, mises en marche ou arrêt, auto-
matismes, etc., ne laissant à la disposition des utilisateurs ou des opérateurs
que des dispositifs de commande locale judicieusement disposés.
Ces ensembles d’appareillage, souvent appelés, suivant leur présentation,
tableaux, armoires, coffrets, etc., doivent répondre à un certain nombre de règles
(réglementations, normes, cahiers des charges, etc.), qui répondent, chacune,
à des objectifs précis.
Elles ne peuvent être exhaustives, ni reprendre ce que l’on dénomme les règles
de l’art, formulation imprécise qui recouvre l’ensemble des connaissances
acquises par l’expérience ou tirées de l’application des théories et de la physique.
Parution : août 1997

On a essayé, ici, d’en regrouper l’essentiel, renvoyant, pour plus de détails,


aux textes cités en documentation.

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TABLEAUX ET ARMOIRES ________________________________________________________________________________________________________________

Le concepteur et, parfois, l’installateur ou l’utilisateur doivent répondre à


certaines questions dont découlent les réalisations ; en leur absence, des para-
mètres ne peuvent qu’être fixés a priori, ce qui, à terme, peut devenir gênant ;
il faut préciser notamment :
— la (ou les) réglementation(s) de rattachement ;
— la (ou les) application(s) envisagée(s) ;
— les conditions d’environnement ;
— les conditions d’utilisation (puissance de court-circuit en amont, fréquence
des manœuvres...) ;
— les dispositions à prendre pour la maintenance (accessibilité, débrochages,
repérages, plans et schémas, listing des borniers, notices, libellé des
indications...).
Le secteur électrotechnique est l’un des plus réglementés et fait l’objet de très
nombreuses normes. Les réglementations nationales existantes ne s’effaceront
ou ne seront harmonisées que lentement ; toutefois, les directives européennes,
transposées en droit français, entrent en vigueur dès leur publication et modifient,
complètent ou s’ajoutent aux règlements.
La normalisation se fait essentiellement au niveau international, CEI au plan
mondial, avec reprise par le CENELEC pour l’Europe, les modifications suivant

4 les spécificités européennes ou les dérivations nationales acceptées restant assez


limitées.
À ce jour, on peut penser que, tant pour les directives que pour les normes,
un grand chemin a déjà été fait, sous réserve des mises à jour et des additifs
nécessités par l’évolution technologique, économique ou sociale.
Dans cet article, on s’est limité aux ensembles indépendants, destinés à la
distribution de l’énergie électrique, aux protections électriques des circuits et
des utilisateurs, aux fonctions de coupure, de commande, de contrôle, parfois
de protection des appareils d’utilisation, sans aborder certaines applications
particulières telles que les équipements de machines, les automatismes, etc.,
pour lesquelles certaines prescriptions seront toutefois évoquées, dans la
mesure où elles sont susceptibles de s’appliquer d’une façon générale.
Les règles générales de conception et de réalisation des ensembles d’appa-
reillages électriques à basse tension, c’est-à-dire dont la tension de service
n’excède pas 1 000 V en courant alternatif, 1 500 V en courant continu, et dont
la fréquence ne dépasse pas 200 Hz sont étudiés ici. La désignation abrégée
d’ensemble couvre de nombreuses variantes de présentation et de réalisation.

1. Prescriptions générales Cela n’exclut pas certaines opérations d’assemblage, qui peuvent
être faites en dehors de l’usine du constructeur (par suite de nécessi-
tés telles que transport ou production, par exemple).
En raison de la multiplicité des documents de référence, il importe Les ensembles conformes à un type établi ont subi un certain
grandement, dans le cas d’une fourniture donnée, de bien situer un nombre d’essais permettant d’assurer que les différentes variantes
ensemble, pour éviter toute contestation, demande indue, voire litige possibles restent bien dans le cadre du type, dont les principaux,
ultérieur. dits essais de type, sont répertoriés au paragraphe 6.1.
Les spécifications à appliquer peuvent résulter de l’une des Tous les ensembles subissent des essais individuels, tels que :
normes citées en [Doc. D 5 160] seule ou d’une combinaison de — essai de fonctionnement électrique ;
celles-ci. — essai diélectrique ;
En outre, les principaux termes utilisés dans cet article sont définis — vérification des mesures de protection et de la continuité des
dans la norme NF EN 60439-1 et sont répertoriés en encadré. circuits de protection.
Il faut noter que la norme NF C 63 421 a introduit une variante aux
ES, ce sont les ensembles dérivés de série (EDS) dont certains
1.1 Ensembles de série (ES) éléments seulement répondent à la norme de base (enveloppes, jeux
de barres, distributeurs et plaques à bornes, appareillage enclique-
Antérieurement appelés ensembles montés en usine (EMU), les table sur rails, etc.) et ont subi les essais de type, les autres y étant
ES sont conformes à un type ou à un système établi, sans s’en écarter non soumis, mais dérivés des précédents par le calcul ou l’extra-
d’une manière qui influerait notablement sur les performances, par polation.
rapport à celles d’un ensemble type qui a été vérifié conformément
aux dispositions de la norme citée.

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D 5 160 −2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique

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_______________________________________________________________________________________________________________ TABLEAUX ET ARMOIRES

Pour ces EDS, éventuellement non construits en usine, quelques


essais ne peuvent être effectués et sont remplacés par diverses Terminologie
autres mesures, combinées éventuellement avec les vérifications
dimensionnelles tirées de la norme NF C 15 100 pour les éléments Ensemble de série (ES)(*)
non conformes à un type, ou montés sur chantier ou en atelier : Ensemble conforme à un type ou à un système établi sans s’en
— essais diélectriques par des mesures de résistance écarter d’une manière qui pourrait influer notablement sur les
d’isolement ; performances par rapport à celles d’un ensemble type pour
— essais d’échauffement par des calculs basés sur les pertes par lequel elles ont été vérifiées.
effet Joule ; une méthode est proposée par le rapport CEI 890 (en Ensemble dérivé de série (EDS)(*)
bibliographie) ; Ensemble pouvant contenir des dispositions vérifiées par des
— fiabilité de tenue aux courts-circuits assurée soit par l’emploi essais et d’autres qui ne l’ont pas été, mais dérivent des précé-
de jeux de barres déjà essayés au titre des ES, soit par des calculs dentes, par exemple, par le calcul.
simplifiés, soit encore par la similitude avec des moyens et procédés Unité fonctionnelle(*)
ayant fait leurs preuves. Partie d’un ensemble comprenant tous les éléments méca-
niques et électriques qui concourent à l’exécution d’une fonction.
Platine(*)
Support plan sur lequel sont montés divers constituants ; cette
1.2 Équipement électrique des machines platine peut être incorporée dans l’un des éléments suivants.
Cadre(*)
Antérieurement dénommés machines industrielles, les machines Structure ouverte, généralement constituée par des profilés
ont des équipements conformes à la norme NF C 79 130, qui assemblés, d’épaisseur limitée, supportant divers constituants.
s’applique aux systèmes électriques et électroniques des machines, Châssis(*)
y compris les machines mobiles portables à la main ainsi qu’aux Structure développée dans les 3 dimensions, généralement
groupes de machines fonctionnant ensemble d’une manière coor-
donnée, mais excluant les aspects de niveau plus élevé des systèmes
(par exemple, les communications entre systèmes).
constituée par des profilés, soit placée dans une enveloppe, soit
pour appui au sol, au mur ou les deux, supportant divers
constituants.
4
Des prescriptions complémentaires et spéciales, normatives ou Coffret(*)
réglementaires, doivent également être appliquées pour l’équipe- Enveloppe close, prévue pour être montée sur un plan vertical
ment des machines suivantes : (mur par exemple) ; sa plus grande dimension est, en général,
de l’ordre de un mètre.
— machines utilisées à l’air libre (par exemple, à l’extérieur des
Armoire(*)
bâtiments ou autres structures de protection) ;
Enveloppe close, prévue pour reposer au sol ou être fixée à un
— machines qui utilisent, préparent ou produisent des matières
mur, de dimensions supérieures à celles d’un coffret.
explosives (par exemple, peinture ou sciure) ;
Tableau
— machines utilisées dans les mines ;
Ensemble formé d’un châssis, avec une face avant constituant
— machines qui présentent des dangers particuliers lors de la
une protection continue contre les contacts directs ; des parties
mise en œuvre de certains matériaux (magnésium...) ;
actives peuvent être accessibles par les autres faces, qui peuvent
— machines qui sont des machines, unités ou systèmes de
aussi être fermées à l’origine, constituées par des éléments du
couture (norme particulière).
bâtiment (murs, cloisons...) ou comporter des protections
En sont exclus les circuits de puissance où l’énergie électrique est partielles (barrières) ou totales (écrans) ; il est, en général, de
directement utilisée comme outil de travail (soudage, érosion élec- dimensions égales ou supérieures à celles d’une armoire.
trique, électrochimie, etc.). Pupitre(*)
La norme citée fait certains choix des diverses solutions techno- Ensemble clos, présentant une table horizontale ou inclinée,
logiques, degrés de protection IP recommandés, caractéristiques des ou une combinaison des deux, supportant de l’appareillage de
dispositifs de signalisation, repérages et sections des conducteurs commande, de mesure, de signalisation, etc.
de la filerie intérieure (§ 3 et 4). Équipement
Ensemble fonctionnel destiné à assurer la totalité des
fonctions d’alimentation, de distribution ou de commande ; il
peut être réalisé sous l’une ou plusieurs des présentations précé-
1.3 Règles des installations électriques dentes, éventuellement associées entre elles, ainsi qu’avec les
organes ou machines desservies, y compris les câbles des
L’utilisation des ES et des EDS a tendance à se généraliser pour liaisons.
diverses raisons (techniques, économiques, études, simplification, Machine
etc.) ; toutefois, nombre de cas particuliers n’y trouvent pas Ensemble de pièces ou d’organes liés entre eux, dont au
nécessairement leur solution. moins l’un est mobile, et, le cas échéant, d’actionneurs, de
Par ailleurs, bien des réalisateurs (installateurs notamment) ont circuits de commande et de puissance réunis de façon solidaire
recours à des montages individuels, en atelier ou sur chantier ; dans en vue d’une application définie.
ce cas, les ensembles qui ne seraient pas construits suivant l’une
des normes précédentes peuvent être établis selon les prescriptions (*) Définitions inspirées de la norme NF EN 60 439-1.
énoncées à la section 558 de la norme NF C 15 100.
On reprend, à cet effet, des règles d’installation courantes, Enfin, en ce qui concerne les enveloppes, il est admis que, pour
appliquées à ce cas particulier. les degrés de protection supérieurs à IP 44 x, la protection conférée
ne peut qu’être présumée (en raison des difficultés de vérification
On y fixe notamment les distances à respecter entre les parties
en dehors d’un laboratoire équipé), sauf à utiliser des enveloppes
actives nues de polarités différentes ou entre ces parties et d’autres
spécifiées par un constructeur et qu’aucune modification n’y ait été
parties conductrices.
apportée, par percement, adjonction d’appareillage encastré non
En ce qui concerne les câblages, les règles du chapitre 52 de la également spécifié et monté suivant les indications du constructeur,
même norme s’appliquent. pour le même IP.

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121
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D5160

TABLEAUX ET ARMOIRES ________________________________________________________________________________________________________________

Il faut remarquer également – et cela est valable également pour • unité de départ ;
les ensembles visés aux paragraphes 1.1 et 1.2 – que la protection — EC de distribution générale :
contre les chocs assurée par l’enveloppe ne garantit aucunement la • unité d’arrivée,
tenue des matériels qui y sont inclus (appareils de mesures, relais, • unité de départ ;
dispositions de montage, etc.). — EC de transformation :
• unité d’arrivée,
• unité BT/ TBT (TBT F ou S),
1.4 Conception des ensembles • unité BT/BT ;
— EC terminal d’alimentation :
Lors de la spécification d’un ensemble, comme au moment de sa • unité d’arrivée,
conception, un certain nombre d’éléments doivent être pris en • unité de départ, avec protection différentielle 30 mA et 6 socles
considération, suivant : de prises de courant au maximum ;
— l’emplacement prévu : accessibilité, influences externes, — EC de prises de courant :
corrosion, poussières, etc. ; • unité d’arrivée,
— la forme à prendre : murale, tableau, pupitre, châssis, suivant • unité de départ, BT ou TBT, avec 6 prises de courant au maxi-
emplacement et importance ; mum, protégées par un dispositif différentiel de 30 mA.
— la masse et l’utilisation : matériel fixe, déplaçable ou mobile ;
— la compétence du personnel d’utilisation : accessibilité de ■ Ensembles pour réseaux de distribution (ERD)
diverses parties, telles que parties actives, réglages, réenclenche- Conformes à la norme NF EN 60 439-5 (C 63 425), ils sont
ments, etc. ; particulièrement étudiés pour assurer la sécurité du public et per-
— les nécessités de maintenance ou de remplacement : matériels mettre des opérations d’exploitation sous tension.
ou sous-ensembles débrochables ou non ;

4
Ils peuvent se présenter sous les formes suivantes :
— la nécessité ou non de ventilation, en fonction de la chaleur
— pour fixation au sol ;
dégagée ou de l’environnement : matériel avec ouïes, avec ventila-
— pour montage sur poteau (sur lequel se trouve habituelle-
tion forcée, emplacement des prises d’air (poussières).
ment un transformateur) ;
Les matériels peuvent être endommagés par les accélérations, — pour fixation en saillie sur un mur ;
décélérations, vibrations, etc., lors du transport notamment. Il en est — encastrables dans un mur.
de même de la tenue en service : décollement de contacteurs,
déclenchement de relais de protection électromécaniques, fragilité
de certains composants.
Cette notion doit être parfaitement claire et, le cas échéant, si l’on
désire des garanties dans ce sens, la mention expresse doit en être
2. Enveloppes
faite ; cela nécessite alors soit le choix d’appareillages spécifiés pour
des conditions particulières, soit le montage des appareils fragiles Les enveloppes des ensembles doivent assurer un certain nombre
sur des supports ad hoc. de fonctions de protection :
— protection contre les chocs électriques (contacts directs et
indirects) ;
1.5 Cas particuliers — protection contre certaines influences externes.

Il s’agit ici d’ensembles spécifiques, répondant chacun à une


norme particulière.
2.1 Protection contre les chocs électriques
■ Canalisations préfabriquées
Conformes à la norme NF EN 60 439-2 (C 63 422), ces jeux de
barres sont livrés en longueurs standards, sous enveloppes, avec Pour la protection contre les chocs électriques, et particulièrement
ou sans dispositifs de dérivations à intervalles réguliers, et avec tout contre les contacts directs, il faut distinguer :
un jeu d’accessoires (jonction droite, coudes, tés, etc.). — les ensembles ouverts : sur platine, cadre, châssis ;
— les ensembles fermés : coffrets, armoires, pupitres, tableaux,
■ Tableaux de répartition la fermeture pouvant être totale (par l’enveloppe et, éventuellement,
Conformes à la norme NF EN 60 439-3 (C 63 423), ces tableaux par une ou des parois des locaux) ou partielle, par barrières (dans
destinés à des usagers non qualifiés sont spécifiés pour résister à les locaux réservés aux électriciens ou aux personnes habilitées [1]).
des chocs d’énergie 0,7 J, et subissent quelques essais spécifiques :
■ Protection contre les contacts directs
humidité, tenue mécanique des systèmes de fixation des
enveloppes, etc. Dans le cas d’enveloppes fermées, la protection doit être au moins
du degré IP 2x ou IP xxB [2].
■ Ensembles de chantiers (EC)
La norme NF EN 60 439-1 a fait le choix de degrés IP préférentiels :
Conformes à la norme NF EN 60 439-4 (C 63 424), ils répondent à
— IP00, 2x, 3x, 4x, 5x, pour les ES utilisés à l’intérieur (pas de
des conditions assez sévères telles que tenue à la corrosion, aux
protection contre la pénétration de l’eau) ;
vibrations, aux chocs de 6 J, avec un IP minimal 43, la face de service
— IP 21, 31, 32, 42, 43, 53, 54, 55, 64, 65, pour les ES susceptibles
ouverte étant d’au moins IP 21 ; ils sont munis d’accessoires de
d’y être soumis.
levage et de manutention.
La norme NF EN 60 204-1 laisse à l’appréciation des utilisateurs
Les EC sont subdivisés en unités :
les degrés de protection, mais prescrit le degré minimal IP 54 pour
— EC de raccordement et de comptage : l’appareillage de commande.
• unité d’arrivée, À noter que, dans certains cas d’ensembles ouverts, cette protec-
• unité de comptage, tion peut être conférée par l’emploi de matériels dotés de leur enve-
• unité de départ ; loppe d’origine (capots, cache-bornes...), à condition qu’elle assure
— EC de répartition générale : au moins le degré de protection requis.
• unité d’arrivée,

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D5160

_______________________________________________________________________________________________________________ TABLEAUX ET ARMOIRES

Cette protection contre les contacts directs doit être aussi main- ● Enveloppe conductrice
tenue porte ouverte, lorsque certains organes doivent être acces- Si elle est métallique, il suffit simplement que la continuité élec-
sibles pour manœuvre ou remplacement (boutons-poussoirs, trique entre tous les éléments accessibles (porte fermée ou ouverte
interrupteurs ou commutateurs, minuteries, réarmement de relais sans sectionnement) de l’enveloppe soit assurée par construction,
ou disjoncteurs, remplacement de lampes ou de fusibles, etc.). de façon fiable (soudure, boulonnage ou vissage avec rondelle de
Dans ce cas, on complète habituellement l’enveloppe par un écran blocage type éventail, contacts décapés de la peinture), et réunie à
intérieur pouvant assurer une seconde protection soit totale, soit la borne de terre (matériel de classe I).
partielle, autour des zones habituellement accessibles, ou par un Dans le cas d’une platine, d’un cadre ou d’un châssis, il doit en
dispositif de sectionnement asservissant la porte à son ouverture. être de même pour tous les éléments de la structure supportant un
Les obstacles peuvent être isolants ou conducteurs. matériel électrique qui ne serait pas de la classe II ou III, ou pouvant
S’ils sont isolants, les matériaux doivent être capables de résister entrer en contact avec de la filerie, même isolée.
aux contraintes mécaniques, thermiques, électriques auxquelles ils À noter que certains contacteurs – voire disjoncteurs – n’ont pas
sont soumis ; les peintures, laques et vernis ne sont pas considérés de borne de terre qui permettrait une protection en cas, notamment,
comme assurant une protection suffisante. L’enrubannage par des de défaut entre une bobine et son circuit magnétique ; s’ils ne sont
rubans adhésifs, l’enrobage par des résines polymérisables, etc., pas enfermés dans un boîtier isolant, ils ne devraient pas être acces-
peuvent l’être. sibles sous tension, à moins de s’être assuré de la continuité entre
Si les obstacles (écrans ou portes) sont conducteurs, leurs circuit magnétique et châssis mis à la terre.
distances aux parties actives nues qu’ils protègent doivent au moins ● Enveloppe isolante
être égales à celles du tableau 1. (0)
Dans le cas où l’on réalise un ensemble entièrement de classe II
ou plutôt (cette dénomination étant réservée à des matériels entière-
ment construits et essayés en usine) par isolation totale (selon les

4
Tableau 1 – Distances d’isolement normes NF EN 60 439-1, art. 7.4.3.2.2 ou NF C 15 100 annexe au
(extrait de la norme NF C 15-100) chapitre 41), un certain nombre de prescriptions doivent être
observées :
Distances d’isolement Valeur minimale — aucune partie métallique ne doit traverser l’enveloppe et être
(mm) susceptible de propager un potentiel vers l’extérieur ; l’emploi de
boulons traversants en matériau isolant ne peut être retenu, car ils
Entre parties actives nues de polarités sont susceptibles d’être remplacés par des vis métalliques et de
différentes ..................................................... 10
compromettre ainsi l’isolation totale ;
Entre parties actives nues et autres parties — les accessoires, tels que presse-étoupe d’entrées de câbles,
conductrices (masses, enveloppes voyants de signalisation, boutons-poussoirs, manettes de commuta-
extérieures) .................................................... 20 (1) teurs, pouvant la traverser, doivent également être intégralement de
Entre parties actives nues et conduits non classe II ou équivalents. Dans le cas où l’un de ces éléments ne
isolants ou parois 30 remplirait pas ces conditions, des précautions complémentaires
(Blocs de commande et de répartition) (2) doivent être envisagées pour transformer l’ensemble en équipement
de classe I ou II. Ce peut être le cas de voyants non spécifiés de
(1) Distance portée à 100 mm lorsque l’enveloppe comporte des ouvertures
dont la plus petite dimension est comprise entre 12 et 50 mm. classe II quoique en matériau isolant, dépourvus de borne de terre,
(2) UTE C 61 910. donc pas de classe I, montés sur une porte isolante ; la solution, dans
ce cas, est d’interposer, entre la face intérieure de la porte et le
dispositif de fixation des voyants, une plaque métallique servant à
Les écrans ou protections ne doivent pas pouvoir être retirés la mise à la terre, mais l’ensemble n’est plus alors que de classe I,
sans l’aide d’une clé ou d’un outil (on appelle écran un dispositif et une enveloppe métallique conviendrait (sauf si le choix de l’enve-
assurant une protection complète – au moins IP 2 x – et barrière un loppe isolante a été fait pour une autre raison, telle que la résistance
dispositif n’assurant qu’une protection partielle contre un contact à la corrosion).
fortuit, mais pas contre un contact volontaire, contournement par On peut également alimenter tout le système de signalisation
exemple. et /ou de commande en TBTS (très basse tension de sécurité), en
■ Protection contre les contacts indirects vérifiant, en tous points des circuits, qu’une séparation équivalente
à la classe II existe bien, par rapport à d’autres circuits non de TBTS.
Celle-ci est à envisager différemment, selon que l’enveloppe est
conductrice ou isolante. Le tableau 2 résume les dispositions possibles. (0)

Tableau 2 – Classes des enveloppes et des matériels placés sur ces enveloppes
Classe des matériels placés
Classe de l’ensemble (1) Nature de l’enveloppe Remarques
sur l’enveloppe (2)
I Métallique reliée à la terre I – II – III
Identique aux matériels de
II a Isolante II – III classe II à enveloppe isolante
Identique aux matériels de
II b Métallique non reliée à la terre II – III classe II à enveloppe conductrice
(double isolation à l’intérieur)
(1) Il n’est pas exclu de pouvoir réaliser des ensembles de classe II avec une enveloppe conductrice, mais les contraintes sont, en général, telles que l’utilisation
d’une enveloppe isolante est plus aisée.
(2) La classe III est celle du matériel à très basse tension de sécurité (TBTS) alimenté par un transformateur conforme à la norme NF C 52 742.

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D5165

Jeux de barres à basse tension

par Roland AUBER


Secrétaire général honoraire de l’Association internationale des entreprises
d’équipement électrique (AIE)

1. Dimensionnement des jeux de barres................................................. D 5 165 - 4


1.1 Normes dimensionnelles............................................................................. — 4
1.2 Nature et caractéristiques des métaux ....................................................... — 4
2. Courants admissibles .............................................................................. — 5

4
2.1 Formule ......................................................................................................... — 5
2.2 Valeurs de l’intensité admissible dans les barres...................................... — 5
3. Facteurs influant sur l’intensité admissible...................................... — 6
3.1 Facteurs dépendant de l’environnement des barres................................. — 7
3.2 Facteurs dépendant du métal...................................................................... — 8
3.3 Disposition des barres ................................................................................. — 8
3.4 Nature du courant ........................................................................................ — 9
4. Tenue mécanique des jeux de barres .................................................. — 11
4.1 Tenue aux dilatations ................................................................................... — 11
4.2 Tenue aux efforts électrodynamiques ........................................................ — 11
4.3 Vibrations. Résonance ................................................................................. — 13
5. Connexions ................................................................................................. — 13
5.1 Résistances de connexion ........................................................................... — 14
5.2 Densités de courant...................................................................................... — 14
5.3 Façonnage..................................................................................................... — 14
5.4 Préparation des surfaces ............................................................................. — 15
5.5 Boulonnage................................................................................................... — 15
5.6 Soudage ........................................................................................................ — 15
6. Canalisations préfabriquées .................................................................. — 16
6.1 Généralités .................................................................................................... — 16
6.2 Canalisations pour éclairage ....................................................................... — 16
6.3 Canalisations de distribution....................................................................... — 16
6.4 Canalisations de transport........................................................................... — 16
6.5 Colonnes montantes .................................................................................... — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 5 165

L es jeux de barres à basse tension sont destinés à assurer le transport


d’énergie électrique entre éléments d’une installation la fournissant (généra-
teurs, transformateurs...) et la répartissant (tableaux généraux de distribution dits
TGBT) ; ils peuvent également être une partie de ces derniers ou d’ensembles
d’appareillage à basse tension faisant l’objet de normes particulières. Ils peuvent
être utilisés en tant que canalisations de distribution, mais cette fonction est plus
généralement confiée aux systèmes de canalisations préfabriqués, également
normalisés.
On les utilise, dans le cas de transport, en concurrence avec des câbles isolés,
mais leur intérêt est, avant tout, économique car, à puissance transportée égale,
ils reviennent sensiblement moins cher, le métal (cuivre ou aluminium) étant
Parution : février 1998

mieux utilisé.

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D5165

JEUX DE BARRES À BASSE TENSION _______________________________________________________________________________________________________

Ce dernier avantage est essentiellement dû aux meilleures conditions de re-


froidissement, les températures étant fonction des seules conditions d’environ-
nement et non pas des tenues limitées des isolants des câbles qui, par ailleurs,
constituent un certain obstacle à la transmission vers l’extérieur de leur chaleur
interne.
Par contre, ils ne se prêtent que difficilement aux cheminements complexes,
car leur façonnage (ou leurs accessoires, dans le cas des préfabriqués) aug-
mente leur coût.
Dans certains cas, on peut être amené à étudier, en concurrence, plusieurs
modes de réalisation ; cependant la solution retenue n’est pas nécessairement
dominée par des considérations économiques, d’autres facteurs pouvant inter-
venir (adaptation, sécurité, caractéristiques locales, limites des ensembles nor-
malisés, rapidité d’approvisionnement ou de montage, réemploi...), qui peuvent
être des éléments déterminants.
Les principaux problèmes posés par l’emploi des jeux de barres peuvent se
regrouper en deux catégories :
— les conditions d’équilibre thermique avec leur environnement immédiat,
qui déterminent les courants admissibles, pour une température acceptable du

4
métal ; elles sont soumises à l’influence de nombreux facteurs ;
— les conditions de réalisation mécanique, en fonction des contraintes sus-
ceptibles de leur être appliquées, tant en service normal qu’en cas de défaut
(court-circuit).
Les règles d’installation (NF C 15 100) ne donnent aucune indication sur les
courants admissibles dans les jeux de barres.
De nombreux cahiers des charges d’administrations, de clients industriels, des
documentations techniques de constructeurs de matériels électriques, des
tableaux utilisés par les installateurs depuis des décennies – sans que l’on
connaisse parfois leur origine ! – ont avancé des valeurs qui ne concordent pas
entre elles.
On a pu ainsi relever des écarts allant jusqu’à 50 %, très certainement parce
que les nombreux paramètres intervenant dans les calculs n’étaient pas appré-
ciés ou choisis de la même façon.
Lorsque l’on consulte la littérature technique, à part une norme allemande
DIN, les approches sont différentes selon les origines, spécialement pour le cui-
vre ou l’aluminium ; cela rend difficiles les comparaisons ou la synthèse.
Il existe différents types de profilés : en I, en U, en O, en L.
Les plus fréquemment utilisés, en basse tension, sont les barres méplates,
laminées ou extrudées, parfois à angles arrondis (aluminium extrudé), qui peu-
vent être associées jusqu’à 6 ou 7 par phase ou polarité. Leur avantage tient au
fait que leur façonnage, (par pliage à plat), ou que leur raccordement (par recou-
vrement) ne nécessite pas le recours à des accessoires spéciaux, ni à une main-
d’œuvre particulièrement spécialisée.
Un cas d’espèce est celui des barres coulées en aluminium, utilisées pour les
fours électriques, pour l’électrochimie, notamment pour l’électrolyse ignée de
l’alumine.
Elles peuvent avoir des dimensions qui vont de 50 à 280 mm pour leur épais-
seur et de 120 à 800 mm pour leur hauteur.
L’emploi type des profilés en U ou en L (généralement en aluminium), souvent
associés par paires par phase ou polarité, formant un quasi-tube rectangulaire
ou carré, est celui des jeux de barres pour fortes intensités (plusieurs kA), en
haute tension (6 à 20 kV), sur des distances non négligeables (supérieures à 10 à
15 m), par exemple pour les liaisons alternateur-transformateur des centrales de
production ; ils sont parfois gainés, réalisant des ensembles préfabriqués à
caractéristiques spécifiques pour chaque cas.
Les tubes servent aux jeux de barres des postes d’interconnexion extérieurs,
sous des tensions atteignant les centaines de kilovolts des réseaux. Ils sont, dans
la plupart des cas, en aluminium. Toutefois le cuivre est parfois utilisé, tant pour

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______________________________________________________________________________________________________ JEUX DE BARRES À BASSE TENSION

des conditions d’environnement (au voisinage de certaines industries chimi-


ques), que pour des raisons pratiques (courtes liaisons entre certains appareilla-
ges à haute tension).
Les profilés en U, L ou O, plus particulièrement réservés aux applications en
haute tension, posent des problèmes spécifiques, tant d’ordre mécanique
qu’électrique :
— de grandes longueurs ;
— de dénivelées, pentes, verticalité ;
— de contraintes d’ordre électrique telles que l’importance que prennent les
chutes de tension inductives.
C’est la raison pour laquelle il n’a pas été possible de les traiter dans le cadre
de cet article ; on se reportera avec intérêt à la bibliographie.

Notations et symboles
Symbole Désignation Symbole Désignation

d
df
écartement des barres

force exercée sur un élément de conducteur


L

distance entre supports isolants

hauteur d’une barre


4
dᐉ élément de conducteur ᐉr longueur de recouvrement d’une barre
E module d’élasticité m masse d’un conducteur

e épaisseur des barres n nombre de barres par phase ou polarité


F force exercée sur les barres p périmètre d’une barre
F’ force exercée sur les barres à la première crête de courant Ra résistance en courant alternatif
de court-circuit
f0 fréquence propre de vibration d’un conducteur Rb résistance d’une barre de longueur ᐉ r
f fréquence du courant Rc résistance en courant continu
h champ magnétique Rd résistance de distorsion
Ι courant dans un conducteur Ri résistance de contact proprement dite
Ι 1, Ι 2 courant dans les barres de phases Rj résistance d’une connexion (joint)
Ιa intensité du courant alternatif r facteur de résonance
Ιc intensité du courant continu ta température ambiante
Ιs valeur efficace du courant de court-circuit initial S section d’une barre
transitoire
Ιcc courant de court-circuit α coefficient de température des résistances ou angle entre
champ magnétique et conducteur

Ιeff valeur efficace du courant δ rapport entre résistance de distorsion et résistance d’une
barre

i courant dans un élément de conducteur θ échauffement

J moment d’inertie quadratique de la section d’un ρ résistivité d’un métal


conducteur
K facteur de Dwight ρ1 résistivité du métal utilisé

k1 à k12 coefficients de correction du courant admissible ρ2 résistivité du métal de référence


kc facteur de contrainte ω pulsation du réseau

kf coefficient de mode de fixation d’une barre

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D5165

JEUX DE BARRES À BASSE TENSION _______________________________________________________________________________________________________

1. Dimensionnement Tableau 2 – Sections nominales (en mm2)


des jeux de barres des barres méplates en aluminium (1)

Hauteur ᐉ Épaisseur e
(2) (mm)
Les nécessités relatives à la construction de tableaux, à la disposi- (mm) 3,15 4 5 6,3 8 10 12,5 16 20
tion des appareillages et à leurs plages de raccordement, à des
choix liés à la rationalisation des séries, aux contraintes mécani- 8 40 50
ques, etc., amènent à une grande variété de dimensions possibles, 10 40 50 63
et cela qu’il s’agisse de barres en cuivre ou en aluminium.
12,5 40 50 63 80 100 125
16 50 63 80 100 125 160
1.1 Normes dimensionnelles 20 63 80 100 125 160 200 250
25 80 100 125 160 200 250 315
Il existe deux normes dimensionnelles pour les barres méplates, 31,5 100 125 160 200 250 315 400 500
que résument les tableaux 1 et 2. 40 160 200 250 315 400 500 630 800
50 200 250 315 400 500 630 800 1 000

Tableau 1 – Sections nominales (en mm2) des barres 63 315 400 500 630 800 1 000 1 250

4 Hauteur ᐉ
méplates en cuivre (1)
Épaisseur e
80
100
400
500
500
630
630
800
800
1 000
1 000
1 250
1 250
1 600
1 600
2 000
(mm) 125 1 000 1 250 1 600 2 000 2 500
(2)
mm 2 3,15 4 5 6,3 8 10 12,5 160 1 250 1 600 2 000 2 500 3 200
10 20 200 2 500 3 200 4 000
12,5 25 (1) D’après norme NF C 31-520 (cf. Doc. D 5 165).
(2) Ou largeur, si la barre est disposée à plat.
16 32
20 40 63 80 100
25 50 80 100 125 200 250
Tableau 3 – Principales caractéristiques des métaux utilisés
31,5 63 100 125 160 250 315 400 pour les jeux de barres
40 80 125 160 200 250 315 400 500
Cuivre
50 100 160 200 250 315 400 500 630 Aluminium
Caractéristiques Unités recuit
6101
63 200 250 315 400 500 630 800 1/4 dur

80 315 400 500 630 800 1 000 Masse volumique kg/m3 8 890 2 700
100 500 630 800 1 000 1 250 Résistivité à 20 °C suivant µΩ.cm 1,83 3
norme (maxi)
125 630 1 000 1 250 1 600
Résistivité à 20 °C :
160 1 250 1 600 2 000 calcul (usuel) µΩ.cm 1,75 3

200 2 000 Coefficient de dilatation


linéique °C–1 17 × 10–6 23 × 10–6
(1) D’après norme NF C 31-510 (cf. Doc. D 5 165).
(2) Ou largeur, si la barre est disposée à plat. Résistivité : coefficient °C–1 3,93 × 10–3 3,6 × 10–3
de température
Potentiel électrochimique
Ces tableaux servent d’introduction au choix des barres, ainsi (dans une solution mV + 800 – 830
qu’aux calculs du paragraphe 2 menant aux tableaux 4 et 5 des cou- de référence)
rants admissibles. Toutefois, si ces dimensions sont normalisées, Température de fusion °C 1 083 658
cela ne signifie pas pour autant que les produits correspondants
soient toujours disponibles sur le marché. Capacité thermique J/g/K 0,38 0,90
massique à 25 °C
Conductivité thermique W/cm/K 3,85 2,17

1.2 Nature et caractéristiques des métaux Module d’élasticité MPa/mm2 105 000 70 000
Module de cisaillement MPa/mm2 46 000 28 000

Les barres méplates sont, en général, en cuivre électrolytique du Allongement à la rupture % 15 12


type conforme à la norme NF C 30 010 ; celles en aluminium, légère- Limite élastique MPa/mm2 47 à 320 120
ment allié, filé, sont conformes à la nuance 6101 (cf. § 3.2).
Charge de rupture MPa/mm2 200 à 350 150
Leurs principales caractéristiques physiques sont résumées dans
le tableau 3. Dureté Brinell 80 60

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128
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D5065

Installations électriques de chantiers


et installations temporaires

par Dominique SERRE


Ingénieur, membre de la Commission technique de la FFIE
Président de la Commission U 15 de l’Union technique de l’électricité (UTE)

1. Règles .......................................................................................................... D 5 065 - 2


1.1 Réglementation ............................................................................................ — 2
1.2 Normes applicables ..................................................................................... — 2

4
2. Détermination des besoins .................................................................... — 2
2.1 Évaluation des besoins du chantier............................................................ — 2
2.2 Fiabilité des sources d’alimentation ........................................................... — 3
3. Architecture de distribution ................................................................. — 3
3.1 Sources d’énergie possibles ....................................................................... — 3
3.2 Réseau de distribution publique ................................................................. — 3
3.3 Centrale électrogène et groupe de secours local ...................................... — 4
3.4 Alimentations sans interruption (ASI) ........................................................ — 5
3.5 Schémas de distribution.............................................................................. — 5
4. Caractéristiques générales des installations :
influences externes.................................................................................. — 6
4.1 Classification ................................................................................................ — 6
4.2 Environnements ........................................................................................... — 8
4.3 Utilisations .................................................................................................... — 10
5. Prescription pour assurer la sécurité ................................................. — 10
5.1 Protection contre les chocs électriques...................................................... — 10
5.2 Réalisation des installations........................................................................ — 12
6. Exploitation : vérification, entretien, maintenance........................ — 12
6.1 Vérification lors de la mise en service........................................................ — 12
6.2 Vérifications périodiques............................................................................. — 12
6.3 Entretien des installations ........................................................................... — 12
7. Règles complémentaires pour les installations particulières...... — 13
7.1 Alimentations électriques de remplacement ............................................. — 13
7.2 Stands d’exposition ..................................................................................... — 13
7.3 Implantations foraines ................................................................................. — 13
7.4 Illuminations provisoires ............................................................................. — 13
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 5 065

es installations électriques provisoires peuvent se définir comme étant des


L installations dont la durée de vie, généralement brève, est connue lors de
leur conception.
Entrent, notamment, dans le cadre de cette définition, les installations
propres :
– aux chantiers de bâtiment et travaux publics (BTP) ;
– aux parcs d’exposition ;
– aux implantations foraines ;
– aux illuminations temporaires.
Par rapport aux installations électriques permanentes, les installations provi-
Parution : mai 2010

soires présentent certaines particularités que nous nous proposons d’étudier.

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129
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INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES DE CHANTIERS ET INSTALLATIONS TEMPORAIRES ______________________________________________________________

1. Règles Tableau 1 – Valeurs usuelles de tensions


de récepteurs
Les installations électriques provisoires sont comme les instal- Récepteur Tension
lations définitives soumises à des règlements et normes (cf.
dossier [D 5 041]). Éclairage et outillage portatifs < 50 V (en courant alternatif)
Éclairage à poste fixe 230 V
1.1 Réglementation Éléments chauffants de faible
230 V (en monophasé)
puissance
Ces installations étant destinées à des chantiers de toutes impor-
tances, les décrets sur la protection des travailleurs contre les Éléments chauffants impor-
chocs électriques sont applicables. 400 V (en triphasé)
tants
Ces installations doivent avant leur mise sous tension faire
Chaudières électriques de
l’objet d’un contrôle initial et de contrôles périodiques 20 kV
grande puissance à électrodes
conformément au décret du 10 octobre 2000.
Moteurs asynchrones et syn-
chrones (puissance apparente 400 à 1 000 V
1.2 Normes applicables < 200 kVA)

Les normes applicables à ces installations sont : Moteurs asynchrones et syn-


– la norme NF C 15-100 pour les installations à basse tension et, chrones (puissance apparente HTA

4 plus particulièrement, les parties 7-704 (installations de chantiers) ⭓ 200 kVA)


et 7-711 (installations électriques temporaires) ;
Moteurs à vitesse variable de
– la norme NF C 14-100 pour les branchements à basse tension ; 400 à 1 000 V
toutes puissances
– la norme NF C 13-100 pour les postes de livraison 20 kV ;
– la norme NF C 13-200 pour les installations à haute tension. Moteurs à vitesse variable
(puissance HTA
apparente ⭓ 200 kVA )

2. Détermination des besoins


plusieurs tensions en fonction de la puissance des récepteurs. Le
choix d’une tension triphasée 690 V pour l’alimentation de moteur
2.1 Évaluation des besoins du chantier permet l’emploi du même appareillage que le triphasé 400 V et
pour la même puissance, le coût de l’installation est inférieur de
Pour concevoir d’une façon optimale les infrastructures élec- 40 %. Le tableau 1 indique les tensions usuelles des récepteurs.
triques d’un chantier de BTP, il est indispensable d’étudier avec le
futur responsable du chantier ou le chef du service Méthodes, les
besoins prévisionnels de l’ouvrage. Il s’agit d’une sorte d’audit 2.1.4 Évaluation du coefficient de simultanéité
portant sur les points examinés ci-après. des récepteurs
Cette évaluation doit se faire aux différents stades d’avancement
2.1.1 Recensement des récepteurs du chantier. Toutefois, si les caractéristiques électriques des récep-
teurs sont, en général, connues avec une bonne approximation, les
L’établissement de la liste des récepteurs (éclairage, moteurs,
coefficients de simultanéité sont plus difficiles à estimer.
chauffage, récepteurs de courants faibles) ne pose généralement
pas de problèmes. Il faut, toutefois, ne pas omettre les alimenta- On peut évidemment chercher à établir, pour chaque récepteur,
tions des équipements à courants faibles dont la puissance est un diagramme d’utilisation horaire, journalière, hebdomadaire... Il
négligeable, mais dont les exigences en matière de qualité de est souvent préférable de se reporter à des statistiques établies
l’énergie sont considérables. lors de chantiers analogues.
Certains responsables de grands chantiers tiennent des statis-
2.1.2 Localisation des récepteurs tiques portant sur les puissances installées et sur la consommation
qui peuvent s’avérer très utiles. Si on ne dispose pas de ce genre
Il convient de faire la discrimination entre les récepteurs : d’éléments, on peut se référer aux factures du distributeur qui
– à poste fixe pour la durée du chantier (par exemple, mentionnent les consommations et les pointes de puissance. Elles
plate-forme de fabrication des voûtains d’un tunnel, base de vie) ; fournissent des informations utilisables pour évaluer les coeffi-
– à poste variable suivant les stades d’avancement (par exemple, cients d’utilisation globaux.
centrale à béton pour la construction des puits d’aération et d’éva-
cuation d’un tunnel) ; 2.1.5 Susceptibilités des différents récepteurs
– en déplacement continuel (par exemple, tunnelier). aux coupures de courant
Il convient de répondre aux questions suivantes :
2.1.3 Caractéristiques électriques des récepteurs – telle machine est-elle sensible aux microcoupures ?
Il est nécessaire de connaître la puissance nominale des moteurs – que se passe-t-il en cas de coupure de quelques minutes ?
et celle effective des engins entraînés, pour en déduire la puis- – que se passe-t-il si l’interruption dure plus longtemps ?
sance réactive. On doit, également, noter le courant ou le couple Les réponses permettent de prévoir les conséquences finan-
de démarrage, ainsi que la susceptibilité éventuelle aux perturba- cières des coupures suivant leur durée.
tions électromagnétiques. Ces renseignements permettent de concevoir les schémas les
Il doit aussi être pris en compte la tension d’alimentation des mieux appropriés, ainsi que la nature des sources à mettre en
récepteurs, sur un même site. Il peut être intéressant de retenir œuvre.

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130
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D5065

_______________________________________________________________ INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES DE CHANTIERS ET INSTALLATIONS TEMPORAIRES

2.1.6 Recensement des récepteurs susceptibles Tableau 2 – Tension de raccordement


de générer des perturbations des installations à haute tension
Ces perturbations qui peuvent exister sur le réseau du distribu- de consommations
teur peuvent aussi être générées sur le réseau interne. Il s’agit de
Puissance de raccordement
chutes de tension excessives, de tensions déséquilibrées, du Domaine de tension
de l’installation inférieure à la plus
papillonnement, des taux d’harmoniques trop élevés. de raccordement
petite de ces deux valeurs
1 kV < HTA ⭐ 50 kV 40 MW 100/d
2.2 Fiabilité des sources d’alimentation 50 kV < HTB ⭐ 130 kV 100 MW 1 000/d
Fonction du type de chantier le coût d’une interruption de la 130 kV < HTB ⭐ 350 kV 400 MW 10 000/d
fourniture d’énergie peut prendre des valeurs parfois très impor- d est la distance en kilomètres comptée sur un parcours du réseau, réalisable
tantes. techniquement et administrativement, entre le point de livraison et le point de
transformation vers la tension supérieure le plus proche du réseau public.
Il est donc nécessaire de prendre en compte la fiabilité du
réseau d’alimentation. Si celui-ci ne présente pas le niveau requis,
une (ou des sources) de remplacement doit être mise(s) en œuvre. Le choix de la tension d’alimentation est fonction de la puis-
Dans certains cas, il est plus économique de mettre en œuvre une sance demandée pour l’alimentation de l’installation :
centrale de production par groupes électrogènes que d’être tribu-
taire d’une ligne HT aérienne peu fiable et parfois d’un coût élevé. – en basse tension BT (400/230 V), jusqu’à une puissance de
250 kVA ;
Le gestionnaire du réseau de distribution donne généralement – en haute tension, le domaine de tension est choisi par le ges-
des indications statistiques sur la qualité de son réseau. À défaut, tionnaire de réseau en fonction de la puissance de raccordement

4
on peut tabler sur les valeurs annuelles suivantes : de l’installation et de son éloignement d du poste source le plus
– nombre moyen de creux de tension sur un réseau aérien HTA : proche (tableau 2) conformément aux arrêtés :
100 à 150 ; • du 04 juillet 2003 relatif aux prescriptions techniques de
– durée annuelle des indisponibilités sur un réseau urbain HTA : 1 h ; conception et de fonctionnement pour le raccordement direct
– durée cumulée des indisponibilités sur un réseau aérien HTA : 6 h ; au réseau public de transport d’une installation de
– durée cumulée des indisponibilités sur un réseau urbain BT : 2 h ; consommation d’énergie électrique,
– durée cumulée des indisponibilités sur un réseau aérien BT : 12 h.
• du 17 mars 2003 relatif aux prescriptions techniques de
Il s’agit là de moyennes autour desquelles des variations impor- conception et de fonctionnement pour le raccordement direct
tantes peuvent se rencontrer. à un réseau public de distribution d’une installation de
consommation d’énergie électrique.
Exemple : ainsi, les installations du chantier du tunnel sous la
3. Architecture Manche ont été alimentées en 90 kV pour une puissance souscrite de
72 MW.
de distribution
3.2.2 Discussion du contrat de fourniture
3.1 Sources d’énergie possibles avec le fournisseur
On rencontre, selon les chantiers et, souvent, sur un même En fonction des considérations générales, on prend donc contact
chantier, les trois sources possibles : avec un fournisseur d’énergie qui, une fois le projet établi, prend
contact avec le service approprié, GRD ou RTE.
– alimentation par un réseau de distribution publique ;
– alimentation par une centrale autonome ou par un groupe de Il peut être intéressant d’examiner avec le fournisseur d’énergie
secours local ; les besoins ultérieurs en énergie de l’ouvrage dont la construction
– alimentation sans interruption par des ensembles chargeurs/ va démarrer, car les raccordements des installations de chantier,
batteries d’accumulateurs/onduleurs. puis de l’ouvrage vont être facturés par le gestionnaire de réseau.
Une optimisation peut être recherchée en comparant les dépenses
Nous allons les examiner successivement.
redondantes et les intérêts intercalaires (intérêts qui courent sur
les sommes engagées avant que l’ouvrage ne soit utilisable).
3.2 Réseau de distribution publique
3.2.3 Type de schéma de livraison
3.2.1 Choix de la tension de raccordement
au réseau public Le type de schéma de livraison doit être discuté avec le fournis-
seur d’énergie.
Les caractéristiques et les possibilités des réseaux de distribution
■ En BT, il n’y a guère de choix. Suivant la puissance, la livraison
publique sont très variables d’un pays à l’autre. Il est donc indispen-
se fait par dérivation sur le réseau existant ou par une ligne issue
sable de se renseigner auprès des organismes compétents.
du poste HTA/BT.
Rappelons que, en France, l’énergie est vendue par des fournis-
seurs indépendants des gestionnaires de réseaux de distribution ■ En HTA, il faut prendre en considération la qualité du réseau du
et de transport. distributeur et la continuité de service souhaitée pour le chantier
pour choisir le schéma.
Parmi les principaux fournisseurs d’énergie, nous trouvons EDF,
Electrabel, Gaz de France, Provadis, Powéo, E.ON France, Enel... La puissance de court-circuit doit également être prise en
compte avant de déterminer le schéma de livraison. Elle doit être
suffisamment élevée pour permettre le démarrage des gros
La liste des fournisseurs d’énergie est consultable sur le moteurs sans chute de tension excessive et, d’une façon générale,
site : http://www.energie-info.fr pour que les installations de l’abonné ne nuisent pas à la qualité
du réseau du distributeur.

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131
Référence Internet
D5065

INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES DE CHANTIERS ET INSTALLATIONS TEMPORAIRES ______________________________________________________________

Alimentation en simple dérivation

(1) Protection générale par disjoncteur lorsque


le courant de base est 45 A
(2) Sectionneur de mise à la terre éventuel si les
parties actives qui sortent du compartiment ne
sont pas mises à la terre pour l'ouverture du
sectionneur ou de l'interrupteur-sectionneur
Alimentation en double dérivation (simplifiée)
Les appareils indiqués en tiretés peuvent être
nécessaires pour des raisons de sécurité ou
d’exploitation
(2)

4 Alimentation en coupure d’artère


Comptage

(2)

Alimentation en double dérivation (normale)


(2)

(1)

(2)

Figure 1 – Poste de livraison équipé d’appareillage HTA sous enveloppe métallique à comptage en basse tension (NF C 13-100)

En fonction de ces renseignements, on peut, en HTA, adopter un et des installations cruciales (centrales à béton, pompes d’exhaure,
des schémas retenus par la norme NF C 13-100 pour les postes de ventilation des chantiers souterrains). Il est alors nécessaire de faire
livraison à comptage en basse tension (figure 1). Les comptages à appel, en secours, à des groupes électrogènes de complément.
basse tension sont prescrits pour des courants au plus égal à
2 000 A (1 250 kVA pour une tension 230/400 V). Au-delà, le Il peut, par ailleurs, s’avérer moins onéreux de faire appel à des
comptage de l’énergie est réalisé en haute tension et il en est de sources autonomes que de compliquer les schémas pour amélio-
même pour les installations comportant plusieurs transformateurs rer la disponibilité de la livraison du distributeur. Enfin, il faut aussi
HT/BT (figure 2). pallier les défaillances des réseaux de distributions internes.
D’une façon générale, les responsables de chantier préfèrent
intuitivement implanter les groupes de secours au plus près des
3.3 Centrale électrogène installations à secourir.
et groupe de secours local
Pourtant, ce parti pris peut ne pas toujours être judicieux. Le
Le taux de disponibilité qui résulte du schéma de livraison adopté temps moyen de bon fonctionnement MTBF des groupes électro-
peut ne pas être jugé suffisant pour assurer la sécurité du personnel gènes est médiocre et l’on peut parfois arriver à des taux d’indis-

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132
Réseaux électriques industriels et tertiaires
(Réf. Internet 42265)

1– Les grands choix techniques et politiques

2– Le fonctionnement des réseaux, protections et


automatismes

3– Développement des réseaux

4– Ingénierie des réseaux


5
5– Applications industrielles Réf. Internet page

Tokamak Tore Supra D5050 135

Installations électriques du Tunnel sous la Manche D5055 139

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133
5

134
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D5050

Tokamak Tore Supra

par François PARLANGE


Adjoint au Chef du Service Tokamak
Exploitation et Pilotage au CEA Cadarache
et Christian LELOUP
Ancien Chef du Service de Technologie et d’Ingénierie Fusion au CEA

1. Fusion et tokamak ................................................................................... D 5 050 - 2


1.1 Recherches sur la fusion ............................................................................. — 2
1.2 Tokamak........................................................................................................ — 2
1.3 Électrotechnique dans les installations de recherche sur la fusion ........ — 2
2. Tokamak Tore Supra ............................................................................... — 3
2.1 Objectifs et spécificités................................................................................ — 3
2.2 Composants internes .................................................................................. — 3
2.3 Système de champ poloïdal ....................................................................... — 3
2.4
3.
Moyens de chauffage du plasma ...............................................................
Sources de puissance impulsionnelle ................................................


5
6
5
3.1 Réseau de distribution ................................................................................ — 6
3.1.1 Raccordement au réseau EDF à 400 kV ............................................ — 6
3.1.2 Réseau interne de distribution à 66 kV ............................................. — 6
3.1.3 Réseau hexaphasé à 2,5 kV pour les chauffages ............................. — 6
3.2 Alimentations de champ poloïdal .............................................................. — 6
3.2.1 Description de principe ...................................................................... — 6
3.2.2 Convertisseurs de puissance ............................................................. — 6
3.2.3 Circuit de commutation rapide.......................................................... — 7
3.2.4 Boucle d’asservissement ................................................................... — 7
3.3 Systèmes de chauffage du plasma ............................................................ — 7
3.3.1 Alimentations de puissance............................................................... — 7
3.3.2 Générateurs hyperfréquence............................................................. — 7
3.3.3 Circuits de protection ......................................................................... — 9
3.3.4 Récupération d’énergie dans l’injection de neutres ........................ — 9
3.4 Alimentation du divertor ergodique .......................................................... — 9
4. Puissance électrique permanente ....................................................... — 10
4.1 Champ toroïdal ............................................................................................ — 10
4.1.1 Alimentation électrique...................................................................... — 10
4.1.2 Circuit de décharge de protection de l’aimant ................................. — 10
4.2 Installation cryogénique.............................................................................. — 11
4.3 Boucles de réfrigération-étuvage ............................................................... — 11
5. Perspectives .............................................................................................. — 11
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 5 050

n appareil de recherches sur la fusion thermonucléaire contrôlée par


U confinement magnétique, tel le tokamak Tore Supra implanté dans le centre
d’études du CEA de Cadarache (Bouches-du-Rhône), concentre un grand nombre
d’équipements où l’électrotechnique et l’électronique de puissance jouent un rôle
dominant et sont parfois poussées à leurs limites actuelles. On peut citer :
— de grands aimants supraconducteurs ;
— de grands aimants en cuivre refroidi ;
Parution : mai 1997

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 5 050 −1

135
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D5050

TOKAMAK TORE SUPRA _________________________________________________________________________________________________________________

— des alimentations à thyristors de forte puissance (320 MVA installés) ;


— des sources hyperfréquence de plusieurs mégawatts ;
— des injecteurs d’atomes accélérés de plusieurs mégawatts ;
— des systèmes de cryogénie, d’extraction de chaleur, de pompage ultravide ;
etc.
Les composants développés pour ces applications sont nombreux et souvent
originaux : supraconducteur pour champ magnétique variable, coupe-circuit
statique à fort pouvoir de coupure pour courant continu (0,7 GVA), tétrodes 2 MW,
klystrons 500 kW, gyrotrons 500 kW, pompe électromécanique fonctionnant à
très basse température (3 K), etc. Tore Supra est un bon exemple de la diversité
des applications de l’électricité et un témoignage de la progression constante
des techniques maîtrisées par les électriciens.

1. Fusion et tokamak 1.2 Tokamak


Le tokamak est apparu au début des années 70 comme la
1.1 Recherches sur la fusion configuration produisant les meilleures performances. C’est une
machine torique dont le champ magnétique principal est créé par
La formation de noyaux légers nécessite, proportionnellement, des bobines disposées en éventail. La non-uniformité de ce champ
davantage d’énergie que la formation des noyaux de poids atomique dit toroïdal entraîne une dérive des ions et des électrons qui les

5 moyen. On peut donc récupérer de l’énergie en combinant des


noyaux légers pour fabriquer des noyaux plus lourds. C’est ce
mécanisme de fusion qui est la source d’énergie des étoiles... et de
déconfine. La superposition d’un champ situé dans un plan méridien,
appelé champ poloïdal, transforme les lignes de champ circulaires
en hélices tracées sur des tores emboîtés (figure 1). Le passage des
la bombe H. La répulsion coulombienne des noyaux s’oppose à leur particules tantôt en haut, tantôt en bas permet de compenser leur
rapprochement et à leur fusion qui ne peut avoir lieu que par effet dérive. Dans un tokamak, ce champ poloïdal est créé par un courant
quantique. Les recherches sur la fusion thermonucléaire contrôlée induit dans le plasma. Un tokamak peut ainsi être considéré comme
visent à réunir les conditions pour que la réaction la plus facile, la un transformateur dont le secondaire est constitué par le plasma
fusion entre les deux isotopes de l’hydrogène, deutérium et tritium, lui-même. C’est donc, par essence, une machine fonctionnant en
puisse avoir lieu de façon continue ou semi-continue. Ces conditions impulsions.
portent sur la température T du milieu (au moins 108 oC – soit une
énergie de 10 keV par particule – pour que la section efficace de
fusion soit assez grande), le nombre d’ions par unité de volume n,
ou densité (pour augmenter la probabilité de collisions), et l’isolation 1.3 Électrotechnique
thermique du milieu, ou confinement (pour ne pas dépenser trop dans les installations de recherche
d’énergie à maintenir la température). Aux températures consi- sur la fusion
dérées, le milieu est un plasma complètement ionisé.
Dans les étoiles, le confinement est dû à la gravitation. Sur terre,
deux autres voies sont explorées : Le confinement étant d’autant meilleur que la taille de la machine
— le confinement inertiel où l’on augmente très fortement la et le champ magnétique sont plus élevés, c’est un courant de
densité par compression ; les réactions de fusion peuvent avoir lieu, plusieurs méga-ampères qu’il faut induire dans le plasma, sous une
sous forme de micro-explosions, avant une expansion trop grande tension d’environ 1 V. Il est maintenu pendant une dizaine de
du plasma ; secondes dans les tokamaks actuels.
— le confinement magnétique qui utilise le guidage des ions et L’effet Joule constitue le premier moyen de chauffage du plasma.
des électrons par les lignes de champ magnétique fermées, pour Mais la résistivité du plasma décroissant lorsque sa température
maintenir ces particules dans un volume fini, pendant un temps aussi augmente, on atteint vite une limite vers 3 × 107 oC, insuffisante pour
long que possible. l’ignition du plasma. Il faut donc des moyens de chauffage addi-
On définit un rapport d’amplification Q comme rapport de la puis- tionnels, soit sous forme de particules à grande vitesse, soit sous
sance produite par réaction de fusion à la puissance qu’il faut forme d’ondes électromagnétiques. Dans les deux cas, les puis-
apporter de l’extérieur pour maintenir la température du milieu. Ce sances à mettre en jeu sont de quelques dizaines de mégawatts. Ce
rapport approche de 1 dans les tokamaks actuels. Dans un réacteur, niveau de puissance montre le rôle très important que jouent
l’énergie dégagée par la fusion serait récupérée dans un échangeur l’électrotechnique et l’électronique de puissance dans les instal-
et transmise à un générateur de vapeur pour produire de l’électricité. lations de recherche sur la fusion.
Une fraction de cette énergie (20 %) peut être absorbée par le plasma
et servirait à entretenir gratuitement sa température (Q infinie ou
ignition).

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136
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D5050

________________________________________________________________________________________________________________ TOKAMAK TORE SUPRA

Tableau 1 – Principales caractéristiques


de Tore Supra
Machine
Diamètre hors tout 11,5 m
Hauteur totale 7,2 m
Masse totale 1 100 t
Masse du circuit magnétique 820 t
Variation de flux dans le noyau magnétique de + 9,5 à – 5,5 Wb
Champ magnétique au centre du plasma 4,5 T
Plasma
Grand rayon du tore 2,35 m
Petit rayon 0,75 m
Volume 30 m3
Courant maximal 2 MA
Gaz deutérium (1)
Densité (nombre de particules par unité
de volume) < 1020 m–3
(1) Tore Supra n’a pas été conçu pour utiliser du tritium qui nécessite

5
des précautions particulières.

2.2 Composants internes


L’énergie perdue par le plasma, par rayonnement et par
conduction, est interceptée par une première paroi dans laquelle
circule de l’eau pressurisée à 230 oC. Des limiteurs localisés peuvent,
aussi, être utilisés pour définir la frontière du plasma. Les parties
les plus exposées sont recouvertes de tuiles réfractaires de carbone.
Derrière cette première paroi, on trouve la chambre à vide, puis un
écran maintenu à 80 K pour protéger les bobines de champ toroïdal
refroidies à 1,7 K. L’ensemble est enfermé dans un cryostat (figure 2).

Figure 1 – Principe d’un tokamak


2.3 Système de champ poloïdal
Le système de champ poloïdal a un rôle multiple :
2. Tokamak Tore Supra — induire le courant l p dans le plasma (figure 3) ;
— maintenir le tore de plasma dans la position souhaitée, voire
donner une forme particulière à sa section méridienne. Pour ce faire,
2.1 Objectifs et spécificités il est constitué d’un ensemble de 9 bobines et alimentations dont
la puissance totale est de 320 MVA.
Tore Supra est l’un des cinq grands tokamaks en service Pour coupler le primaire, relié à l’alimentation de puissance, et
aujourd’hui dans le monde. Ses caractéristiques sont données dans le secondaire (plasma), Tore Supra utilise un circuit magnétique
le tableau 1. Son objectif principal est l’expérimentation des impul- saturé (figure 2). D’autres tokamaks ont fait le choix d’un transfor-
sions de longue durée. C’est le premier tokamak de grande taille dont mateur à air, un choix qui se justifie économiquement d’autant plus
le champ toroïdal continu est créé par un bobinage que la machine est plus grosse.
supraconducteur ; de plus, il expérimente des moyens de générer
Le courant qui circule dans ce secondaire un peu particulier
du courant dans le plasma en accélérant des électrons par des ondes
l’échauffe suffisamment pour lui donner une résistance très faible,
électromagnétiques, qui prennent ainsi le relais des bobines induc-
< 10 –6 Ω. La chambre à vide constitue un autre secondaire en paral-
trices. Ces deux particularités permettent à Tore Supra de s’affran-
lèle sur le plasma, mais par construction, sa conductance est infé-
chir, au moins en partie, de la limitation de la durée des impulsions
rieure d’un facteur 10 4. (0)
par l’échauffement de bobines en cuivre. Des impulsions de 2 min
ont ainsi été réalisées en 1996. Cela permet en particulier d’aborder
les problèmes d’interaction entre le plasma et les composants situés
à proximité immédiate (première paroi), avec les densités de puis-
sance qui seront celles d’un réacteur, et cela, en régime presque sta-
tionnaire. (0)

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 5 050 −3

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5

138
Référence Internet
D5055

Installations électriques du Tunnel


sous la Manche

par Gilles de KERSABIEC


Responsable honoraire du Service Énergie électrique UK-FR Maintenance et travaux neufs
à Eurotunnel
Jean-Pierre DUPONT
Responsable du Service Énergie à Eurotunnel
et Yves MACHEFERT-TASSIN
Conseiller Ferroviaire d’Eurotunnel

1. Système de transport du Tunnel sous la Manche ........................... D 5055v2 - 2


1.1 Charges à alimenter..................................................................................... — 4
1.2 Impératifs d’exploitation. Critères fondamentaux .................................... — 4
2.
2.1
Sources extérieures d’alimentation ....................................................
Raccordement au réseau britannique ........................................................


4
5 5
2.2 Raccordement au réseau français .............................................................. — 5
2.3 Valeurs utilisées par les réseaux nationaux .............................................. — 7
3. Critères d’exploitation. Conception en tunnel ................................ — 7
3.1 Exploitation................................................................................................... — 7
3.2 Critères de conception propres aux tunnels ferroviaires et de service ... — 7
4. Descriptif .................................................................................................... — 8
4.1 Stations principales britannique et française ............................................ — 8
4.2 Réseau de traction 25 kV ............................................................................. — 12
4.3 Réseau auxiliaires 21 kV .............................................................................. — 13
4.4 Tunnels ......................................................................................................... — 13
4.5 Éclairage en tunnels ferroviaires ................................................................ — 14
4.6 Alimentation des terminaux........................................................................ — 14
4.7 Éclairage des terminaux .............................................................................. — 14
4.8 Réseau de terre ............................................................................................ — 15
5. Exploitation ................................................................................................ — 16
6. Maintenance et qualité ........................................................................... — 16
7. Conclusion.................................................................................................. — 19
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. D 5 055v2

ormant une véritable usine souterraine, les équipements (ferroviaires et


F auxiliaires) du Tunnel sous la Manche se doivent d’être alimentés élec-
triquement par un réseau fiable, redondant et doivent faire l’objet d’une
maintenance de haute qualité. Il en va de la sécurité des passagers, du per-
sonnel et des biens.
Le Tunnel sous la Manche est devenu en 15 ans un moyen naturel pour deux
cent cinquante millions de passagers qui l’ont déjà emprunté en train ou en
voiture pour traverser la Manche, à 140 km/h au moins, et de 19 à 24 min en
Parution : novembre 2010

tunnel, en toute sécurité. Pour exploiter ce système, on peut alors comprendre

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est strictement interdite. – © Editions T.I. D 5 055v2 – 1

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Référence Internet
D5055

INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES DU TUNNEL SOUS LA MANCHE ______________________________________________________________________________

qu’une véritable usine souterraine a dû être construite et améliorée


constamment, tout en étant alimentée à l’origine par deux stations électriques
de chaque côté, chacune de puissance installée de non moins de 400 MVA au
total, nécessitant près de 5 000 km de câbles, connectant entre elles environ
250 salles électriques souterraines ou sous-marines.
Notre propos est donc de donner les critères de conception des systèmes de
distribution de l’énergie électrique, une description des installations et l’organi-
sation de l’exploitation qui ont contribué à la réussite de ce grand projet et la
suite donnée en cours d’exploitation jusqu’à nos jours. La sécurité a été un
souci constant aussi bien pendant la phase des études que lors des mises en
œuvre. Celle-ci, toujours présente à l’esprit des exploitants après les
constructeurs, reste primordiale pour assurer l’alimentation, 24 heures sur 24,
des installations électriques vitales pour la sécurité des passagers, et celle des
équipements de l’ensemble du système.
Le lecteur consultera utilement les dossiers suivants :
– Traction électrique ferroviaire. Dynamique ferroviaire et sous-
stations [D 5 501] ;
– Traction électrique ferroviaire. Convertisseurs et moteurs [D 5 502] ;
– Revue générale des chemins de fer – Numéros spéciaux de 12/1993 et
02/1994 ;
– Revue générale d’électricité et d’électronique (REE) de 07/1995.

5
– les deux catégories de navettes Eurotunnel, transportant les
Aperçu historique poids lourds ou les véhicules de tourisme.
À l’interface, entre les réseaux routiers ou ferrés nationaux et les
Les descriptions, consacrées à la distribution de l’énergie entrées ou sorties des tunnels, deux très grandes installations
électrique nécessaire à l’alimentation des installations du Tun- terminales sont situées en France et au Royaume-Uni, pour assu-
nel sous la Manche, auraient peut être pu être rédigées vers rer les entrées et sorties des véhicules routiers, et leur contrôle, le
1900, avec le projet de l’ingénieur français Aimé Thomé de chargement des navettes, leur rotation et l’insertion des trains
Gamond. Cependant, elles auraient été ignorées si le projet internationaux. Ils accueillent également les installations de
initial de 1802, par l’ingénieur des mines français Albert contrôle et d’entretien du matériel roulant et des équipements
Mathieu-Favier avait été réalisé. Car à la lecture de ce projet, fixes électromécaniques, ce qui explique l’ampleur des instal-
on découvre que l’énergie de traction était essentiellement lations au jour, également consommatrices d’énergie électrique,
développée par les chevaux tractant les malles-poste à la comme les tunnels.
lueur des torches à huile en guise d’éclairage, les centrales de Le système de transport lui-même est composé de plusieurs
ventilation étaient réduites à des cheminées en bois, forts sous-systèmes en interaction les uns par rapport aux autres. Il
aléatoires, ouvertes placées à intervalles réguliers au-dessus s’agit en particulier (figure 2) :
du niveau de la mer. Quelle économie d’énergie électrique
pour un trajet qui, en revanche, aurait duré 5 h, contre 35 min – du matériel roulant (navettes poids lourds et navettes
aujourd’hui ! Même en 1906, avec les projets plus réalistes tourismes appartenant à Eurotunnel) ;
d’Albert Sartiaux (Compagnie du Nord français), les éléments – des voies ferrées ;
électriques étaient certes viables mais peu fiables, traction – des caténaires ;
comprise. – de très nombreux auxiliaires nécessaires au fonctionnement
de l’ensemble du système de transport, citons :
• drainage et pompage des eaux en tunnel et sur les
terminaux,
1. Système de transport • ventilation des tunnels et des salles auxiliaires,
du Tunnel sous la Manche • usine de refroidissement des tunnels ferroviaires,
• installation de détection et de lutte contre l’incendie,
• équipements de contrôle et communication,
Le système de transport du Tunnel sous la Manche (figure 1) se
compose pour l’essentiel de deux tunnels ferroviaires (nord et • équipements de signalisation ferroviaires et de commandes
sud) à voie unique, d’une longueur de 50 km dont 37 km sous la des aiguillages de voie,
mer, et d’un tunnel de service routier. Celui-ci permet d’accéder • systèmes d’éclairage des tunnels et terminaux.
aux tunnels ferroviaires (pour les opérations de secours et de La commande et le contrôle de l’ensemble du système sont
maintenance), mais aussi d’assurer le passage de l’air ventilé sous assurés par deux centres de contrôles (Railway Control Center –
pression vers les galeries ferroviaires permettant ainsi l’évacuation RCC) implantés l’un sur le site français (FR), l’autre sur le site bri-
des passagers ou du personnel à l’abri des fumées éventuelles. tannique (UK). L’exploitation peut être assurée par l’un ou l’autre
Les tunnels sont empruntés par quatre catégories de trains de ces deux centres de contrôle, selon les nécessités, avec
internationaux : commutation immédiate d’un centre à l’autre, depuis quelques
– Eurostar et Fret ; années avec priorité du RCC, côté France, depuis octobre 2004.

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_______________________________________________________________________________ INSTALLATIONS ÉLECTRIQUES DU TUNNEL SOUS LA MANCHE

Intervalle 2 Intervalle 4 Intervalle 6


Terminal
France
Station Frontière Station Frontière Station
de pompage anglaise de pompage française de pompage
Terminal UK PS 3522N PS 4850N
Tunnel 2 (RTN) PS 2496N
PS 2497S PS 3523S PS 4849S
Tunnel 1 (RTS) Portail France
Shakespeare
Portail UK cliff Sangatte
(Castlehill) Holywell Tunnel 2 (RTN)

Tunnel 1 (RTS) Tunnel 2 (RTN)


10 11 12 13 14 15 16 17 18
19
20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
Tunnel 1 (RTS)
( )

Adit A2 Frontières internationales

Intervalle 1 Intervalle 3 Intervalle 5

a plan du tunnel

Rameau
Eurotunnel de pistonnement EuroStar
∅ 7 600 mm
m

5
∅ 4 800 mm

Salle électrique Rameau


Tunnel de service de communication
Tunnell fferroviaire
T i i (N) STTS (SService
i T Tunnell T
Transport S
System) Tunnell ferroviaire
T f i i (S)
Tunnel de service pour les services d'urgence et la maintenance

b coupe

Figure 1 – Configuration de principe du Tunnel sous la Manche entre France et Grande-Bretagne (Calais – Folkestone)

Contrôle et télécommunications

Sous-systèmes (en interaction)


Mesures Navettes Voies
Terminaux Tunnels Caténaires
(Shuttles) ferrées

Consignes Signal
Centre
d’exploitation de commande Auxiliaires
de
contrôle Drainage – pompage Objectif : faire transiter :
n véhicules de x catégories
Ventilation
N passagers dans un temps t
Contraintes dues à l’environnement : Refroidissement Dans des trains nationaux avec :
– géologie ; – sécurité
– eau ; Prévention – Détection – Suppression incendie
– sûreté
– aérodynamisme ; – confort
– température ; Électricité
– espace limité ;
– risques : incendie, sûreté ;
confinement, collisions.

Figure 2 – Système de la liaison fixe

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– la sécurité des sources d’alimentation extérieures ;


Le système d’alimentation électrique a donc été conçu pour – la redondance des circuits d’alimentation ;
alimenter l’ensemble des installations décrites ci-avant, ce qui – la protection du personnel.
explique la puissance installée, soit au total de 800 MVA
(400 MVA par site, France ou Grande-Bretagne). Comme nous
le verrons plus tard, la répartition des puissances par site peut 1.2.1 Sécurité des sources d’alimentation
être totalement variable, à partir d’une double alimentation. extérieures
L’alimentation du système est réalisée à partir des réseaux
nationaux (à fréquence 50 Hz mais non synchrones) français et bri-
1.1 Charges à alimenter tannique. Chaque réseau, en cas de disparition de l’un est capable
d’alimenter les charges vitales de l’ensemble du système. En cas,
Celles-ci se répartissent principalement de la manière suivante : très improbable, de disparition simultanée des deux réseaux, des
– dans les tunnels : groupes électrogènes (correspondant à une puissance installée de
• éclairage, 6 MVA) situés de part et d’autre de la Manche, permettent d’assu-
rer l’évacuation des passagers en garantissant l’alimentation des
• signalisation ferroviaire (cross passages ), systèmes d’éclairage, de ventilation, de pompage minimal et de
• contrôle et communication, lutte contre l’incendie (système en cours de révision et améliora-
• manœuvre des portes d’accès aux tunnels ferroviaires, tion).
• caténaire en alternatif 50 Hz monophasé, 25 000 V, 2 500 A,
• drainage et pompage des eaux,
1.2.2 Redondance des circuits d’alimentation
• rameaux de pistonnement, La redondance des circuits d’alimentation permet des
• portes des traversées-jonctions (cross over ), reconfigurations rapides (télécommandées ou automatiques) en
cas de pertes accidentelles d’éléments du réseau, ou de
• ventilation des sous-stations électriques ; consignation pour des opérations d’entretien.
– sur les rives françaises et britanniques (puits de Sangatte et En certains cas, tels l’alimentation des caténaires, il est néces-

5
Shakespeare Cliff), des installations situées de part et d’autre de la saire que ces opérations puissent se faire sans interruption du tra-
Manche sont destinées à assurer chacune : fic et le plus vite possible, sans interférences.
• la ventilation normale des tunnels (puissance installée de
2 MVA pour chaque installation UK et FR), la ventilation des
tunnels ferroviaires pour permettre le contrôle des fumées en 1.2.3 Protection du personnel
cas d’incendie (soit une puissance installée égale à 4 MVA
La conception des ouvrages en tunnel a pris en compte les ten-
par installation, évidemment en courant triphasé),
sions de « pas » et de « contact » à ne pas dépasser en milieu
• le refroidissement des tunnels par un réseau de tuyauterie humide.
véhiculant de l’eau glacée, ce qui représente une puissance
Basée sur les recommandations de la norme CEI MR2 60479-1
installée de 2 × 12 MVA par usine,
de 1994 et relative aux conditions des locaux ou zones humides,
• la distribution d’eau pour alimenter les réseaux incendie en cette tension est de 25 V pour des durées supérieures à 5 s, en pre-
tunnel. Cela représente quatre stations capables de débiter nant des valeurs d’impédance corporelle humaine (en ohms) non
chacune 120 m3/h ; dépassées pour 5 % de la population.
– sur les terminaux : Cela se traduit par un réseau de terre équipotentiel extrêmement
• éclairage, chauffage des bâtiments administratifs et ateliers important en maillage et interconnexions au niveau de l’ensemble
de maintenance, de l’installation et en particulier des tunnels ferroviaires, d’autant
• éclairage du réseau routier et voies ferrées, parking, réser- que le système ayant le retour des courants de traction par la voie
voirs..., (sans feeders +/– 25 kV en opposition, utilisés sur les prolon-
gements aériens des lignes LGV vers Paris Nord ou Londres –
• ateliers et zones de maintenance du matériel roulant, Saint-Pancras, rendant les courants des rails normalement négli-
• signalisation ferroviaire, geables, solution difficile à inscrire en tunnel à cause des auto-
• contrôle et communication, transformateurs tous les 10 km, solution plus complexe et
coûteuse et abandonnée en 1992).
• traversées-jonction,
• caténaires,
• stations de pompage de relevage des eaux,
• systèmes de contrôle d’accès,
2. Sources extérieures
• péages, d’alimentation
• bâtiments de contrôles frontaliers,
• bâtiments d’accueil des clients. Le système a été conçu pour alimenter les charges prévues à
l’ouverture du système de transport et pour faire face aux charges
supplémentaires engendrées par l’augmentation du trafic ferro-
1.2 Impératifs d’exploitation. viaire (figure 3).
Critères fondamentaux Vu le niveau élevé des puissances affectées et les déséquilibres
monophasés possibles engendrés par le système de traction, il a
Le système électrique a été conçu de manière à assurer par prio- été nécessaire d’obtenir des niveaux de tension de raccordement
rité la sécurité inconditionnelle des passagers, du personnel et des très élevés. Cela permet de bénéficier de puissances de court cir-
équipements vitaux pour le fonctionnement du système de trans- cuit importantes de façon à assurer un comportement satisfaisant
port. Ce système est régi par trois critères de conception du système, en évitant notamment l’apparition de perturbations
fondamentaux : inacceptables, tant en interne que vis-à-vis des réseaux extérieurs.

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