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Systèmes radars
III
Cet ouvrage fait par tie de
Technologies radars et applications
(Réf. Internet ti385)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Technologies radars et applications
(Réf. Internet ti385)
François LE CHEVALIER
Directeur scientifique à Thalès systèmes aéroportés, Professeur à l'université de
Delft
Michel KASSER
Ancien directeur de l’ENSG (Ecole Nationale des Sciences géographiques),
Professeur Responsable de la filière Géomatique à l'école d'ingénieurs
d'Yverdon-les-Bains (Suisse), Président de l’IGSO (Ingénieurs Géomètres de
Suisse Occidentale)
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Systèmes radars
(Réf. Internet 42591)
SOMMAIRE
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VII
Mesure de surface équivalente radar (SER). Aspect expérimental TE6714 117
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Systèmes radars
(Réf. Internet 42591)
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1– Antennes et radars Réf. Internet page
4– Hyperfréquences
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des éléments qui la compose. Suit un panorama des différents types de radars :
– panoramique ;
– volumétrique ;
– de poursuite ;
– d’atterrissage ;
– aéroportés.
Pour chacun d’eux sont décrites les organisations types correspondantes
et/ou leurs particularités remarquables.
À la suite de ce parcours rapide, sont définis les critères qui permettent de
caractériser les performances opérationnelles des radars :
– pouvoir discriminateur et précision ;
– notions concernant le « volume de confusion » d’un radar et de son inci-
dence sur la détection des parasites naturels « fouillis » ou « clutter », pouvant
altérer leur vision des objets utiles ;
– notion d’effet Doppler, qui permettra de caractériser les mobiles par leur vitesse.
Sont ensuite abordées les technologies d’émission réception propres aux
radars. Cette description commence par celle de l’organisation générale des
chaînes d’émission réception radar, puis sont examinés les éléments actifs
conduisant à l’émission des signaux :
– tubes hyperfréquences ;
– étages de puissance « état solide » ;
Et les dispositifs particuliers d’alimentation électrique de ces éléments de
haute puissance instantanée : les modulateurs.
La description se poursuit par celles des antennes utilisées en radar. Selon
un schéma classique, sont d’abord établies les notions conduisant à
comprendre le fonctionnement de ces antennes, avant de poursuivre par un
panorama des différents types d’antennes radar :
– à réflecteurs ;
– Cassegrain ;
– pour radar de poursuite ;
– planes ;
– à balayage électroniques ;
– actives.
Avec, pour chacune d’elles leurs principe et performances caractéristiques.
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avions du Coastal Command à partir de septembre 1940.
a radar bistatique
C’est de cette première application qu’ont été ensuite dérivés,
dès 1939, les radars d’interception d’aéronefs, qui équipèrent les
chasseurs de nuit de la RAF à partir de 1940.
1.3 En Allemagne
Antennes ■ En 1934, un premier système Gema, obtient, sur des bateaux, une
Antenne unique émission/réception portée de 12 km, avec un radar à onde continue. Un second système
émission/réception proches Gema, travaillant en impulsions atteint, en 1936, une portée de 40 km
sur bateaux, avant d’être réorienté vers la détection des avions.
b radar monostatique
En parallèle est expérimenté, à l’été 1936, un prototype baptisé
« Darmstadt », doté d’un système original de dipôle tournant au
Figure 1 – Configurations de radars foyer de la parabole (le « Quirl » précurseur du « scanning »
anglo-saxon) pour améliorer la précision angulaire.
1.1 Aux USA ■ Fin 1936, les opérationnels posent les spécifications de deux
systèmes : un radar de veille aérienne (portée 50 km) et un radar
■ En 1933, le NRL expérimente le principe d’un « radar bistatique de DCA (portée > 25 km) :
en onde continue » (figure 1a ) qui permet de déceler les
mouvements d’un avion en vol à une distance de 50 km, puis se – pour la veille : les « Freyas », d’une classe comparable aux
réoriente en 1934 vers une méthode « monostatique à SCR 270 américains, sont déployés en octobre 1939 sur les côtes
impulsions » (figure 1b ). de la mer du Nord, dans les îles de la Frise ;
– pour la conduite de tir : le « Kurfürst » en 1936, puis le
■ En 1939, la société RCA obtient un premier contrat de « Würzburg A ».
production pour 20 exemplaires d’un radar fonctionnant à Par ailleurs, les chasseurs allemands seront équipés de radars
400 MHz, baptisé « CXAM », destiné à équiper diverses unités de la de tir.
Navy. Entre temps, celle-ci s’est également équipée en radars de
conduite de tir, les « FA Mark 1 » produits par Bell Laboratory et ■ Dès 1941, le FuG 212 « Lichtenstein », équipe le Messerchmitt
fonctionnant à 750 MHz. ME 110 G. Ce radar fut produit en plus de 400 exemplaires.
Viennent ensuite les « Lichtenstein SN2 » qui équipèrent les
■ De son côté, le Signal Corps Laboratory, fait la démonstration chasseurs de nuit Heinkel, et les « Neptun V2 » qui équipèrent les
d’un radar de conduite de tir « monostatique à impulsions » qui Messerschmitt 262.
utilise trois antennes :
Cependant, faute de posséder le magnétron, les Allemands ne
– pour l’émission ; prirent que tardivement le virage des ondes centimétriques, après
– pour la réception en gisement ; la découverte en février 1943, et la copie, d’un « H2S » dans un
– pour la réception en site. bombardier anglais abattu à Rotterdam.
Ce radar, industrialisé par la Western Electric Compagny sous
l’appellation de « SCR 268 », sera produit à plus de 3 000 exemplaires
pendant la guerre. 1.4 Russie et les autres pays
Un second système de veille est développé dans le même temps
sous la double forme « SCR-270 » et « SCR-271 ». Au total, près de La Russie disposait en 1938 de divers types de radars à impulsions
800 SCR-270/271 sont construits entre 1939 et 1944. Et, après cinq dont :
ans d’utilisation, ce radar était encore à la fin de la guerre un équi- – le Redut, fonctionnant à une longueur d’ondes de 4 mètres,
pement standard de l’US Army. d’une portée de 50 à 100 km ;
– le Strelets, fonctionnant à une longueur d’ondes de 80 cm
■ En 1941, une dernière innovation significative sera l’adoption du d’une portée de 20 km.
mode de présentation des échos « PPI » (Plan Position Indicator ),
Les travaux étaient bien moins avancés :
inventé à Paris en 1939 dans les laboratoires français de LMT, et
devenu par la suite le standard de tous les radars modernes. – en Italie, malgré le développement des radars métriques EC3
(1,5 m, 200 MHz) et EC3bis (70 cm, 400 MHz) de portée 30 km ;
– en Hollande, où un radar de veille de longueur d’onde 70 cm et
1.2 En Grande Bretagne de portée 30 km existait en 1939 ;
– au Japon où, malgré les travaux du docteur H. Hagi en 1936,
Plus tardivement, les Anglais se tournent vers le radar en 1935, les réalisations ne démarrèrent concrètement qu’à partir de 1942.
après la parution du célèbre mémorandum, de R.A. Watson-Watt
sur la « radio-détection ». Les choix doivent être impérativement
fixés en fonction des moyens immédiatement disponibles. 1.5 En France
■ Fin 1937, une première chaîne de 5 stations de « RDF » (Radio
Direction Finding ), fonctionnant en ondes décamétriques, est mise ■ En 1934
en service. Leur nombre sera ensuite porté à 18 constituant la Pierre David, au Laboratoire National de Radioélectricité, expéri-
célèbre « Chain Home » achevée le 1er avril 1939. menta au Bourget un « dispositif bistatique en onde continue ».
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À la même époque la CSF-SFRA orienté ses travaux sur le Technology), décrivant dans le détail tant les principes que les techno-
« magnétron en ondes centimétriques ce qui conduisit à la réalisation logies et les schémas de réalisation, devint le document de base en la
d’un « détecteur d’obstacles » en ondes continues qui fut expérimenté matière et servir de référence pendant de nombreuses années.
en 1935 sur le Paquebot Normandie pour la détection des icebergs. Il faudra attendre l’ouvrage du Britannique P.M. Woodward, en
Les essais d’un « système à impulsions » sont ensuite conduits au 1950, pour déclencher, tant aux États-Unis qu’en France, des
Havre en juillet 1938. Ce matériel, qui détecte des navires jusqu’à réflexions qui ont amené, à la fin des années 1950, à la conception
10 km, est véritablement le premier radar centimétrique à impul- des « radars modernes » : radars à corrélation et radars à
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sions au monde. Il aurait été installé également sur le Normandie. compression d’impulsions.
Pour leur part, sous la direction de Pierre David sont réalisées À la même époque, sont apparues les applications :
des barrières radioélectriques, à base de radars bistatiques. Les – des techniques de « filtrage doppler » ;
« Barrages David » deviennent les premiers systèmes français opé- – les nouveaux principes de mesure angulaires dits « monopulse » ;
rationnels de détection électromagnétique. – le « balayage électronique ».
■ À l’approche de la guerre Le tout préfigurant les radars d’aujourd’hui.
S’impose alors la solution des radars métriques à impulsions. Il
en résulte, de juin 1939 à mai 1940, la construction de différents
radars pour l’Armée de l’Air. 2. Principes de base
En parallèle la Marine, dote ses principaux bâtiments de moyens
de détection électromagnétique. Le « Cuirassé Richelieu », sta-
tionné à Dakar, reçoit l’un des matériels SADIR, suivent le 2.1 Onde électromagnétique
« Strasbourg » en janvier 1942, puis « l’Algérie » en avril.
À la suite du débarquement des Alliés en Afrique du Nord le 2.1.1 Généralités
8 novembre 1942, la Flotte de Toulon se saborde. L’essentiel de
l’équipement radar français disparaît dans ce désastre. L’onde électromagnétique est le vecteur porteur du signal radar.
Elle se caractérise par la présence simultanée d’un champ
électrique : E et d’un champ magnétique : H, perpendiculaires entre
eux, variables sinusoïdales du temps, de même pulsation : ω = 2πf
1.6 Histoire du magnétron et de même phase, la propagation de l’onde se faisant dans le sens :
Au centre de cette histoire du radar, l’histoire du magnétron Π = E∧H
revêt une importance particulière. Son début se situe à partir de
1924 aux USA et au Japon. Mais, les deux progrès décisifs eurent Π, vecteur de Poynting de l’onde, est le flux de puissance de
lieu en 1939/1940 en Angleterre et en France, en 1940 : l’onde, laquelle se propage dans le vide à la vitesse de la lumière
C = 3 × 108 m/s.
– la structure du magnétron à cavités couplées, en Angleterre ;
– la cathode à oxyde en France. Une onde est caractérisée en outre par les paramètres repris
dans la figure 2.
La technologie de la cathode à oxyde est transférée en
Angleterre, le 8 mai 1940, à quelques jours de la rupture du front
par l’armée allemande. En associant les deux principes, un premier 2.1.2 Notion de polarisation
prototype du magnétron E-1189 délivre, 10 kW crête, puis trois La polarisation d’une onde est définie par l’orientation de son
mois plus tard, une centaine de kilowatts. champ électrique :
■ En Angleterre – une onde, dont le champ électrique est contenu dans un plan
L’application la plus spectaculaire concerne en Angleterre les horizontal, est dite de « polarisation horizontale » ;
radars aéroportés, avec la mise en service, en janvier 1943, d’un – une onde, dont le champ électrique est contenu dans un plan
radar de veille centimétrique pour bombardier, le « H2S ». À la vertical, est dite de « polarisation verticale » ;
même époque, les avions du Coastal Command sont équipés de – la combinaison de deux ondes en phase, l’une de polarisation
radars centimétriques de détection des sous-marins, « ASV ». horizontale, l’autre de polarisation verticale, engendre une onde de
« polarisation oblique » ;
Enfin, pour les avions de chasse, sont successivement dévelop-
pés trois modèles de radars centimétriques : les « AI », auxquels
sera bientôt préféré le radar américain « SCR 720 ».
α=2πft
■ Aux États-Unis
Aux États-Unis, le « SCR 584 » est le premier radar hyperfré- Caractéristiques propres au signal :
A – amplitude : A
quences de conduite de tir. Au total 2 000 exemplaires de ce radar
furent réalisés par General Electric et Westinghouse. – phase : α = 2 π f t
C – fréquence : f
Dans le domaine des radars d’interception aéroportés, le « SCR
– période : T = 1/f
720 », également en bande centimétrique, répond aux besoins du
combat aérien de nuit. Il fut opérationnel début 1943 et produit à
plusieurs centaines d’exemplaires par Western Electric.
Pour une onde se déplaçant à la vitesse C : sa
longueur d’onde : λ = C/f, déplacement de
l’onde pendant une période du signal
1.7 État de l’art en 1945 λ
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Dans les radars classiques, le signal émis est une suite d’impul- T = 2D /C
sions électromagnétiques. Chaque impulsion de durée très brève
« τ », de l’ordre de quelques microsecondes, se propage dans Le procédé le plus simple pour mesurer ce temps de trajet (et le
l’atmosphère à la vitesse de la lumière : C = 3 × 108 m/s. premier employé) consiste dans l’utilisation d’un oscilloscope,
appelé « SCOPE A », dans lequel un faisceau d’électrons, contrôlé
en position par des plaques de déviation, vient éclairer un tube
Une partie de ce signal est réfléchie par la cible. cathodique (figure 4).
On dit quelquefois que la cible est « illuminée » et Sur les plaques de déviation horizontale, on applique un signal en
« rerayonne » une partie de l’énergie émise sous la forme « dent de scie », dont le début est synchronisé avec l’impulsion
d’une onde de faible amplitude et de caractéristiques tempo- d’émission. Le signal perçu par le récepteur, convenablement ampli-
relles identiques à celle du signal émis (figure 3). fié, est appliqué sur les plaques de déviation verticale. Ainsi, la posi-
tion horizontale du spot sur le scope est proportionnelle au temps
écoulé après l’émission, et une déviation verticale est le signe de la
Différents paramètres peuvent ainsi être analysés. présence d’une cible.
La distance entre le radar et la cible étant une fonction linéaire
2.2.2 Mesure de la distance du temps de trajet de l’onde, la position du signal sur l’axe hori-
zontal du scope est bien proportionnelle à la distance entre le
Elle s’effectue par l’intermédiaire de celle du temps de trajet radar et la cible. On peut donc graduer directement cet axe avec
aller et retour de l’onde. En effet, si D est la distance du radar à la l’unité de distance convenable.
TR
Scope « A »
Émetteur
τ
Synchro
Générateur
de dents de scie TR
∆T
Récepteur
∆T
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dimension « L », le long de laquelle on répartit l’énergie à émettre
suivant une loi particulière, peut, par le jeu de la recombinaison Lobes secondaires Lobe principal
spatiale des ondes, concentrer l’énergie émise (ou du moins la (10–2 à 10–4 G)
majeure partie de cette énergie) dans un angle limité : « θ ».
■ Nous retiendrons la relation pratique :
Figure 5 – Schéma de directivité d’un aérien
θ ∼ 65 λ /L
avec θ ouverture en degrés à mi-puissance,
λ (en m) longueur d’onde émise, θg
L (en m) dimension de l’antenne.
θs
θ ouverture de l’angle dans lequel se concentre l’énergie est θs ∼ 65 λ/H ; θg ∼ 65 λ/L
également appelée ouverture du faisceau, du lobe ou du dia- (en degrés)
gramme de l’antenne. H
ANTENNE DE VEILLE
G ∼ 0,3 (4πS/λ2) ∼ 15 000/θs θg
Une telle antenne n’éclaire (ou n’envoie de l’énergie), de
ANTENNE DE POURSUITE
manière significative, que dans le secteur +/– θ/2. Les autres sec- L G ∼ 0,6 (4πS/λ2) ∼ 30 000/θs θg
teurs sont également éclairés, mais avec des niveaux 10–2 à
10–4 fois plus faibles dans les lobes secondaires proches, 10–4 à G gain de l’antenne,
10–6 dans les lobes diffus (figure 5). H hauteur de l’antenne,
L largeur,
■ Le phénomène de propagation de l’onde étant réciproque, il en
résulte que les niveaux d’énergie des signaux perçus par le radar, θg ouverture de son diagramme dans le plan
en dehors de l’angle solide d’ouverture θ, seront 104 fois à de gisement, à mi-puissance,
1012 fois plus faibles que ceux perçus dans cet angle solide. θs ouverture de son diagramme dans le plan
de site à mi-puissance.
Ainsi donc, en associant une antenne directive à un émet-
teur/récepteur traitant des signaux impulsionnels, on peut mesurer
simultanément la direction et la distance d’une cible, et cela Figure 6 – Caractéristiques générales des antennes
uniquement parce que cette cible réfléchit une partie de l’énergie
dirigée vers elle.
Le même phénomène peut être reproduit dans le plan horizontal
(ou plan de gisement) et dans le plan vertical (ou plan de site) en
disposant d’antennes de dimensions horizontales et verticales adé-
quates. La figure 6 résume les propriétés de telles antennes.
ÉMETTEUR RÉCEPTEUR
Le gain de l’antenne est lié au fait qu’une part importante
de l’énergie émise se trouve concentrée dans l’angle solide :
g s . Tube Réception
Duplexeur
C’est le rapport entre l’énergie émise à l’intérieur de cet d'émission et filtrage
angle solide et celle qui serait émise par une antenne omnidi-
rectionnelle qui, par principe, répartit également cette énergie
dans toutes les directions. Traitement
Modulateur Synchronisation
de l'information
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L’antenne peut être double afin de permettre indépendamment La qualité des signaux délivrés par le modulateur doit être
les fonctions d’émission et de réception. Dans ce cas, il est néces- contrôlée pour permettre d’éviter des effets parasites sur le signal
saire que les deux aériens élémentaires soient orientés à chaque émis.
instant dans la même direction. Ils doivent donc être solidaires
entre eux, ou synchronisés. En outre, leur interférence radio-
électrique doit être la plus faible possible afin qu’au moment de 2.3.4 Récepteur
l’émission, le signal émis (qui est de très grande puissance) ne C’est l’élément le plus délicat, et souvent le plus complexe du
vienne pas perturber le fonctionnement du récepteur.
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radar. Il assure l’amplification, le filtrage et le traitement du signal
L’ensemble des raisons qui précèdent viennent augmenter le radar.
prix de l’antenne double. Aussi chaque fois que cela est techni-
Sa sensibilité doit être très grande (jusqu’à 10–15 Watts).
quement possible, on lui préfère la solution de l’aérien unique, uti-
lisé à l’émission et à la réception, associé à un duplexeur. Il amplifie les signaux dans de très grandes proportions (1010
à
1014) et doit le faire sans déformation du signal. Le récepteur doit,
en outre, effectuer le filtrage du signal et tous autres traitements
2.3.2 Duplexeur adaptés à l’information à obtenir (par exemple vitesse, position
angulaire...).
C’est un aiguilleur électronique qui permet, d’une part au signal
émis d’être dirigé vers l’antenne avec une perte minimale tout en Sa réalisation doit être particulièrement soignée pour réduire au
isolant convenablement le récepteur, d’autre part au signal reçu minimum toute distorsion involontaire du signal traité et réduire
d’être dirigé en totalité vers le récepteur, sans dérivation vers les perturbations dues au bruit qui accompagne le signal radar.
l’émetteur et toujours avec une perte minimale. Après traitement, le signal est amplifié par un amplificateur
La complexité des duplexeurs dépend du niveau de puissance vidéofréquence (en abrégé ampli-vidéo) qui l’amène au niveau
du signal émis (de quelques kW à 20 MW). Elle est liée à la limi- désiré pour son exploitation (quelques volts).
tation des fuites vers le récepteur (qui ne peut supporter sans dété-
rioration des signaux supérieurs à 100 mW environ).
2.3.5 Traitement et exploitation
des informations
2.3.3 Émetteur
Le traitement des informations radar est fait à partir des
L’émetteur se compose de deux parties principales : éléments suivants :
– l’étage de puissance dans lequel est engendré, ou amplifié, le – signal vidéo délivré par le récepteur ;
signal émis ; – signaux de synchronisation ;
– le modulateur qui fournit à l’étage de puissance l’énergie élec- – information de position angulaire du faisceau d’antenne ;
trique et les signaux de commande. – autres informations en provenance d’un traitement spécial ou
de sources extérieures éventuellement.
■ Étage de puissance
Il permet de délivrer les « plots » radar qui seront pris en compte
Sa partie active est le tube d’émission dans lequel est engendrée
par le système d’exploitation. Les informations sont présentées à
l’impulsion hyperfréquence à la fréquence et à la puissance désirées.
un opérateur sous la forme d’une image radar adaptée à la
Il peut être du type oscillateur de puissance, le tube utilisé est situation à analyser. L’opérateur a alors à sa charge d’interpréter
alors un magnétron, une triode oscillatrice ou tout autre tube les informations ainsi visualisées et d’effectuer les opérations
oscillateur. C’est avec le magnétron que les plus hauts niveaux de nécessaires (identification, guidage, anticollision...).
puissance sont obtenus.
Les moyens de visualisation les plus courants sont :
La chaîne d’amplification est un autre type d’étage de puissance, – l’oscilloscope cathodique dit « à balayage cavalier » ;
dans lequel le signal est amplifié par étapes successives, d’un
– les écrans de télévision haute définition, souvent en couleur,
niveau de l’ordre du watt à la puissance finale de sortie qui varie
qui présentent la situation générale.
selon le tube utilisé et la longueur d’onde.
Ils peuvent être complétés par des visualisations auxiliaires sur
Les tubes d’amplification radar sont :
écran de télévision et des projections sur grand écran.
– les klystrons ;
Le travail de l’opérateur est facilité par l’emploi d’une
– les tubes à ondes progressives (TOP) ;
« exploitation automatique » assurée par des moyens numériques,
– les tubes à champs croisés ;
l’information étant délivrée à l’opérateur par l’intermédiaire de
(Pour les niveaux de puissance élevés.) consoles de visualisation. Celles-ci, qui utilisent au maximum les
– amplificateurs à état solide (diodes, transistors) aux basses possibilités de la visualisation, sont de véritables systèmes visuali-
puissances, ou pour la fourniture de « modules » de puissance. sant les informations « synthétiques » issues de l’exploitation.
Elles permettent, en outre, un dialogue entre les opérateurs et le
Cet étage comprend, en outre, des dispositifs annexes : calculateur chargé de l’élaboration de l’information synthétique.
– refroidissement d’alimentation ;
– circuits de mise en route et de contrôle...
2.3.6 Synchronisation
Son rendement global est de l’ordre de 10 à 30 %.
Le « synchronisateur » est le cœur du système radar. Il délivre
■ Modulateur les signaux de base qui définissent les instants d’émission et
Le modulateur fournit la puissance nécessaire à la partie active divers signaux annexes nécessaires à des opérations en temps
de l’émetteur. Il permet de stocker l’énergie pendant les périodes réel. Son élément de base est une horloge de très grande stabilité
séparant deux émissions successives, et de la restituer pendant le (10–4 à 10–6) à partir de laquelle sont engendrés les signaux de
temps (très bref) de l’émission radar. synchronisation.
Les puissances crête délivrées par le modulateur sont très impor- Ces signaux sont distribués aux différents éléments à piloter.
tantes (3 MW par exemple, pour une puissance crête émise de Leur distribution doit être assurée avec une très grande reproduc-
1 MW). Il y correspond des courants de plusieurs dizaines d’ampè- tibilité sur chaque voie, de manière à ne pas fausser les mesures
res sous des tensions de plusieurs dizaines de milliers de Volts. effectuées.
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Pour ce qui concerne le bruit, sont abordées les notions de :
– gain et bande passante d’un récepteur ;
– température additionnelle de bruit ;
– température de bruit et facteur de bruit d’une chaine de réception ;
– caractéristiques fréquentielles et filtrage.
Pour ce qui concerne le signal utile, sont abordées les notions de :
– expression mathématique du signal ;
– expression temporelle des puissances et énergie ;
– représentation vectorielle et complexe du signal ;
– notion de signal complexe équivalent ;
– spectre et filtrage, à partir d’une approche physique de la transformée de
Fourier ;
– examen de spectres typiques de signaux avec et sans porteuse ;
– calcul spectral des puissances et énergie des signaux.
Ces notions simples constituent les bases théoriques strictement nécessaires
à l’étude des performances des récepteurs radar, telle qu’elle sera abordée
dans les articles « Détection des mobiles dans le clutter » et « Traitements
avancés du signal radar », qui prendront la suite du présent article.
Ici, elles sont directement appliquées à l’étude du filtrage optimal d’un récep-
teur radar qui aborde successivement :
– la problématique de la réception radar en présence de bruit ;
– la recherche d’un filtre résolvant cette problématique et ses performances
en terme de rapport signal sur bruit après filtrage.
Cela conduira à l’expression de « l’équation du radar » en étapes successives :
– établissement de l’équation de propagation du signal entre le radar et
l’objet à détecter ;
– application de la notion de filtrage adapté à la détection en présence de
bruit ;
– équation du radar sur une cible silencieuse et brouilleuse ;
– équation du radar en milieu brouilleur.
Est ensuite abordé l’aspect probabiliste de la détection radar, ce qui conduira
à établir : des relations entre le rapport signal sur bruit à la sortie du récepteur,
la probabilité de fausse alarme due au bruit résiduel et la probabilité de détec-
tion de la cible. Cela en exposant :
– un rappel des notions de probabilité nécessaires à cette étude ;
– l’étude du comportement aléatoire du bruit, conduisant à la fausse alarme ;
– l’étude de divers comportements du signal et des traitements associés,
conduisant à sa détection.
Ces études, centrées sur la présentation des phénomènes physiques, sont
illustrées par de nombreux graphiques illustrant les phénomènes eux-mêmes,
et les résultats obtenus. Elles sont complétées par un exposé pratique
concernant le comportement des ondes dans le milieu naturel.
Enfin, est abordé le domaine particulier des radars de poursuite, qui permettent
une localisation très précise des cibles radar grâce à des procédés particuliers :
– de poursuite distance ;
– de poursuite angulaire par « scanning » ;
– de poursuite angulaire par « monopulse » ;
en examinant dans chaque cas :
• le principe de base du procédé,
• le détail de la génération du signal d’erreur, conduisant à chiffrer la préci-
sion obtenue.
Des schémas synoptiques des radars de poursuite à « scanning » et
« monopulse » illustrent l’organisation générale de ces radars.
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Les sources de bruit dans un récepteur sont : Z0
– les résistances qui sont productrices de bruit thermique ;
– les éléments actifs qui produisent leurs bruits propres.
Z1
Toutes ces sources de bruit s’additionnent en puissance dans le Courant
récepteur pour former le bruit global de réception. En pratique,
dans la bande utile d’un radar, le bruit d’origine naturelle est uni-
formément réparti à toutes les fréquences. La puissance moyenne
de bruit à la sortie d’un récepteur sera donc, toutes choses égales
≈
par ailleurs, proportionnelle à sa bande passante.
WB = B = VB2 / 4 ⋅ R Ce qui se justifie car, avec cette définition, une ligne adaptée
sans perte a un gain de transmission égal à un.
soit :
Le gain en puissance d’un récepteur est généralement fonction
B = k ⋅T ⋅ ∆F de la fréquence du signal. On l’écrira donc, en faisant apparaître la
■ Densité spectrale de bruit thermique transmittance F (f) du récepteur, rapport des amplitudes du signal
à chaque fréquence entre la sortie et l’entrée (§ 2.4) :
Par définition, c’est la puissance du signal par hertz de bande.
Ici :
b = B /∆F = k ⋅T G (f ) = G ⋅ [F (f )]2
RQ
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVUU
Te TA1 TA2 Ts
TA
Ampli réel Ts > G.Te Ampli parfait Ts = G.(Te+TA)
Te
Te G1 G2
G G
Q
G
D’où la formulation de « ∆F » : bande passante équivalente d’un
récepteur, respectant la relation : B = b ∆F, en posant G = 1 et
b (f) = b · G (f) = b [F (f)]2 : Figure 3 – Schéma de mise en cascade d’amplificateurs
∞ ∞
B = b ∆F = ∫ b (f ) ⋅ df = ∫ b [F (f )]2 ⋅ df
0 0
Enceinte : T0
∞ TAL Ts = T0
∆F = ∫ [F (f )]2 ⋅ df R
Ligne
Te = T0
Ampli parfait
adaptée G = 1/L
0
Cette relation peut se généraliser à un nombre quelconque ■ Cas d’une chaîne superhétérodyne complète
d’étages, soit :
Soit une chaîne (figure 6) comportant en cascade : un amplifica-
TA 2 T teur hyperfréquence (G0 , TA0), un mélangeur (Gc = 1/Lc , TAC), un
TA = TA1 + + A 3 .......
G1 G1 ⋅G 2 amplificateur moyenne fréquence (G1, TA1).
RR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVUU
Q
Et de température additionnelle :
1.4 Facteur de bruit
T ⋅ (τ ⋅LC − 1) TA1 ⋅LC
TA = TA0 + 0 +
G0 G0 1.4.1 Facteur de bruit d’un amplificateur
Si on considère un amplificateur pris isolément, soumis à une
■ Exemple numérique
source de bruit de température Te = T0 = 290 oK, le facteur de bruit
Soit : TA1 = 200 oK ; G1 = 16 dB (rapport 40) ; LC = 6 dB (rapport de l’amplificateur est défini par la relation :
4) ; τ = 1,5 ; TA2 = 200 oK :
TS T +T
F0 = = 0 A
G ⋅T0 T0
290 × (1, 5 × 4 − 1) 200 × 4
TA = 200 + +
40 40 Cette définition normalisée du facteur de bruit, est celle utilisée
TA ≈ 200 + 36 + 20 = 256 o K pour toutes les mesures en laboratoire.
T 0 + T A 290 + 256
F0 = = ≈ 1, 9 ⇒ 2, 8 dB
Figure 7 – Bruit recueilli par une antenne radar
T0 290
RS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVUU
Q f f
2. Signal radar
2.3 Représentation vectorielle.
Notion de signal vidéo complexe
2.1 Expression générale
2.3.1 Définition
Un signal vidéofréquence a pour expression A (t).
Soit un signal sous porteuse à bande étroite défini par la
Tout signal sous porteuse à bande étroite peut être entièrement
relation :
défini par la relation :
A1 (t ) = A (t ) ⋅ cos [ω ⋅ t + ϕ (t )] = X (t ) ⋅ cos (ω ⋅ t ) + Y (t ) ⋅ cos (ω ⋅ t + π / 2)
A1 (t ) = A (t ) cos [ω ⋅ t + ϕ (t )] = X (t ) cos (ω ⋅ t ) + Y (t ) cos (ω ⋅ t + π / 2)
La représentation de Fresnel d’un tel signal est donnée à la
La figure 10 illustre un exemple simple de tels signaux. figure 11.
RT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVUU
jY(t)
Z(t) 2.4.1 Transformée de Fourier d’un signal
Q
ϕ(t) périodique
ωt Axe des réels : x
Comme illustré à la figure 13, une somme de « cosinus » de
périodes sous multiples de « T » (prise égales à 1 sur la figure 13)
engendre un signal périodique symétrique de période T et une
A(t) somme analogue de « sinus » engendre un signal périodique anti-
symétrique.
Figure 11 – Représentation de Fresnel du signal A (t) En conclusion, tout signal périodique peut être engendré à l’aide
d’une somme de cosinus et de sinus. Ce qui amène la relation sui-
vante (dans laquelle : fT = 1/T et T période du signal) :
A · cosϕ a0 x
2 ∑
A (t ) = + an ⋅ cos (2π ⋅ nf T ⋅ t ) + bn ⋅ sin (2π ⋅ n f T ⋅ t )
1
Figure 12 – Restitution de signal vidéo complexe an ⋅ cos (n ⋅ ωt ) + bn ⋅ sin (n ⋅ ωt ) = λn e jn⋅ωt + λ−n e− jn⋅ωt
X (t ) = A (t ) ⋅ cos ϕ (t )
n=+∞
Y (t ) = A (t ) ⋅ sin ϕ (t )
A (t ) = ∑ λn ⋅ e jn⋅2 π ⋅fT ⋅t
n=−∞
De même qu’au § 2.1, on pouvait dire que A (t) et ϕ (t) 1
comportaient toute l’information utile du signal A1 (t), on pourra λn = H T (n ⋅ f T ) =
T
∫ ∆=T A (t ) ⋅ e− jn⋅2π ⋅f ⋅t ⋅ dt
T
RU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVUU
1 f = n ⋅ fT
δf = f T = 1/ T
0,5
H T (n ⋅ f T ) = H T (f )
0
-2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2
0,5
Dans le domaine d’observation ␦f , on ne trouve, lorsque T est
fini, qu’une seule raie du spectre du signal. Par ailleurs, lorsque
-1 T → ∞, HT (f) → 0, mais T · HT (f), reste fini. Cela amène à poser :
-1,5
H (f ) = T ⋅ H T (f )
H T (f ) = H (f ) ⋅ δf
A(t)
2,50 +∞
2,00
A (t ) = ∑H (f ) ⋅ e j2 πft ⋅ δf
−∞
1,50 +T /2
1,00 H (f ) = ∫ A (t ) ⋅ e− j2 πft ⋅ dt
0,50 −T / 2
-0,00
-2 -1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2 À la limite, la série A (t) devient une intégrale et nous pouvons
-0,50
écrire :
-1,00
-1,50
+∞
Composantes du signal A(t) A (t ) = ∫ H (f ) ⋅ e j2 πft ⋅ df
1,5 −∞
+∞
1 H (f ) = ∫ A (t ) ⋅ e− j2 πfft ⋅ df
−∞
0,5
RV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVVP
ans cet article, l’accent est mis sur les traitements du signal radar permet-
D tant la détection des mobiles dans le clutter, leurs principes, les
techniques de réception qui en résultent et leurs critères de performances.
Les performances de ces dispositifs sont liées à la nature des échos parasites
dits « clutter » (échos de réflexion des ondes sur le sol, la mer, les nuages) ou
« fouillis » qui les entoure. Une analyse des propriétés caractéristiques du
clutter (pouvoir réflecteur, intensité des échos parasites, comportement spec-
tral), et de leurs conséquences sur la visibilité des cibles, est donc proposée,
avec une loupe sur le cas du clutter vu par les radars pulse doppler aéroportés.
La Visualisation des Cibles Mobiles (VCM), qui a pour objectif de permettre
de déceler la présence de cibles mobiles dans un milieu d’échos fixes ou lents,
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQS
RW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVVP
est abordée par l’examen de l’effet du doppler des cibles sur un train d’impul-
sions. Les chaînes d’émission/réception utilisées pour obtenir ces signaux sont
présentées. Les différents types de traitement du signal :
– filtres simple et double annulation ;
– filtres linéaires ;
– filtrage de vitesse ;
Q
– réalisation type pulse doppler ;
sont décrits et leurs performances analysées.
Le cas particulier des échos vus par les radars pulse doppler aéroportés est
analysé et conduit à examiner les différentes solutions :
– radars sans ambiguïté de distance (ou BFR) ;
– radar sans ambiguïté de vitesse (ou HFR) ;
– radar avec ambiguïté de distance et de vitesse (ou MFR) ;
et leurs degrés de performances.
Sont ensuite décrits, dans leur principe et leurs modes de fonctionnement,
les radars continus, solution la plus simple de mesure de la fréquence doppler
des cibles, si on ne s’intéresse qu’à leur vitesse.
Leurs particularités, notamment :
– l’influence du découplage émission réception sur la portée radar ;
– le comportement des radars continus devant les échos fixes.
sont examinées.
Enfin, un exposé des principes des radars transhorizon participant à la détection
lointaine des cibles à basse altitude :
– radar transhorizon a ondes de surface (Grounds-waves or surface-waves
radars) ;
– radars transhorizon à rétrodiffusion ionosphérique (Skywave radars or
OTH (over the horizon) radars).
ainsi que la description de leurs éléments caractéristiques
RX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVVP
Tout se passe donc comme si le radar émettait et recevait de Et le rapport puissance cible sur puissance clutter, dans le
l’énergie avec le gain maximum dans l’angle solide équivalent : cas d’une cible de surface équivalente « » visée par
l’antenne, compte tenu de la perte moyenne de dépointage
θ 0 sθ 0g sur le signal utile, (voisine de 1/2) :
Ωe =
2
Pu σ 2σ 1
= = ·
Pc σ c η ·θ0s ·θ0g ·C · τ D 2
■ Dans le cas d’un problème plan, on définira de la même
manière, une ouverture angulaire équivalente :
■ Clutter atmosphérique intercepté par un radar de veille
Q
θ0 Les radars de veille ont un lobe d’antenne d’ouverture en site
θe = étendue, c’est alors l’altitude maximale de clutter « Z » qui fixe la
2 hauteur de clutter interceptée.
• Le volume de précipitation intercepté par le radar devient
alors :
1.2 Clutter atmosphérique
θ0g C ·τ
V =D · ·Z ·
2 2
1.2.1 Puissance de clutter atmosphérique
intercepté par un radar
Par ailleurs, le clutter est vu sous un gain moyen « Gmoy »,
■ Clutter atmosphérique intercepté par un radar à faisceau étroit différent du gain de l’antenne dans la direction de la cible
« G (θ) », et la cible, du fait de la rotation de l’antenne, est
Considérons le cas schématisé figure 1.
soumise à la modulation de lobe (perte d’environ 1/√2).
L’aérien est très directif et la cellule élémentaire radar est suppo- D’où une expression différente du rapport signal sur clutter :
sée totalement incluse dans la précipitation.
Pu σ G 2 (θ ) 2
• Le radar est un radar à impulsions de durée τ, le volume équi- = · ·
valent de précipitation intercepté est limité par :
Pc η ·θ0g ·D ·Z Gmoy
2 C ·τ
C ·τ θ0s ·θ0g C ·τ I2
V = D 2 ·Ωe · = D2 · η = 2,5 × 10−6
2 2 2 λ4
avec (pour les deux relations) :
avec η (m2/m3) pouvoir réflecteur de la précipitation.
η (m2/m3) pouvoir réflecteur,
D’où la surface équivalente du clutter : I intensité de la précipitation en mm d’eau par heure,
λ (cm) longueur d’onde.
θ0s · θ0g C ·τ On remarque que les deux pouvoirs réflecteurs sont assez
σ c = η ·D 2 ·
2 2 voisins.
RY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVVP
Q
sant rarement 30 mn) ;
– 1 h : des pluies de 40 mm/h (par périodes consécutives dépas- L’analyse du phénomène est assez complexe. En conséquence,
sant rarement 20 mn). les modèles proposés ne pourront être qu’approximatifs.
h 3
1 ==> Zone sous le vent
Ψ C · τ/2
2 ==> Zone de vent de travers
Vent W 2 2 3 ==> Zone au vent
σ01 > σ02 > σ03
C · τ/2cosΨ 1
Figure 2 – Surface interceptée par un radar à faisceau étroit Figure 3 – Effet du vent sur la réflexion des échos de mer
SP
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teVVVP
■ Distance de transition D –7
Les expérimentations faites avec des radars de surface à
impulsion, ont montré que σ0 reste sensiblement constant jusqu’à
une distance de transition DT , puis varie ensuite en (DT/D)4,
Log(D)
Zone optimale
Q
lorsque des phénomènes d’interférence se produisent entre rayon- Contraste (en dB) de détection
nement direct et rayonnement réfléchi.
• La distance de transition est donnée par la relation : Log(D)
500 · h ∆H
H 1,3 DT ≈
σ 0m ≅ 10−3 λ
λ
avec ∆H ondulation moyenne de sol comme applicable en zone
■ Comportement relatif, cible utile – clutter proche aux radars de surface.
L’équation du radar montre que, toutes choses égales par
ailleurs, la puissance reçue par la cible varie comme 1/D4, après la ■ Estimation du paramètre 0 moyen
distance de transition, elle variera donc en 1/D8. Pour ce qui Il semble que dans la gamme des longueurs d’ondes radar, σ0
concerne le clutter, la surface interceptée varie comme D, la varie approximativement comme 1/λ. L’influence de l’ondulation
puissance de clutter intercepté variera donc en 1/D3 avant la du relief est plus difficile à établir car la nature du terrain, la végé-
distance de transition et en 1/D7 après (figure 4). tation, les conditions météorologiques ont une influence.
SQ
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teVVVP
Q 10–2
2 × 10–3
Intérieur des forêts, vignes, taillis, désert, dunes
Champs, prairies, marais, plages
3,5
1,0
2× 10–4 Plans d’eau, routes, pistes 0,2
Néanmoins :
– la loi en 1/λ semble rester une approximation raisonnable ;
f0 σf
– la rugosité du sol joue pour environ 10 dB ;
– la nature du relief observé a une action prépondérante. Sol 0 5
Nous proposerons donc un modèle théorique, valable au niveau Mer 25 15
de l’avant-projet :
Nuage 200 50
K ∆H 1,3
σ 0s = = 2 × 10−3
λ λ
1,0
Au stade de l’avant-projet, on pourra retenir des valeurs de K
comprises entre 2 × 10–3 (campagne) et 5 × 10–2 (petits reliefs,
agglomérations) (tableau 2). Sol
Mer
Nuage
1.6 Comportement spectral des échos 0,5
de clutter
Un autre paramètre caractéristique du clutter est son spectre,
pour lequel des modèles théoriques sont proposés ci-après.
1.6.2 Données pratiques Des résultats publiés, on peut en déduire les lois pratiques
suivantes :
Le tableau 3 donne les valeurs caractéristiques de σv d’après des
résultats de mesure, notamment publiés par Barton [1]. σ ϑmer ≅ 0,105 W
SR
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVVP
<5 2 × 10–2 4
5 4× 10–2 8
Terrain boisé
10
20
22 ×
32 ×
10–2
10–2
44
64
Q
4 45 × 10–2 90
Mer
10 105 × 10–2 210
194 × 10–2 388
Nuages
et d’après Goldstein Barlow 400 × 10–2 800
pluie
200 × 10–2 400
0 38 × 10–2 76
5 90 × 10–2 180
Chaff
12,5 126 × 10–2 250
■ Clutter atmosphérique
La dispersion des échos atmosphériques est liée à différents
paramètres.
• Gradient du vent en fonction de l’altitude W2
σg ≅ 2,1 · 10−2 D · θ s
• Turbulences du vent
avec σg (en m/s),
D (en km) distance observée, Au gradient de vent cité précédemment se superposent des
turbulences. Celles-ci ont pour effet d’ajouter un terme de dis-
θs (en degré) ouverture à 3 dB en site de l’aérien. persion de vitesse d’écart-type :
σ t ≅ 1 m/s
W • Effet de la largeur de lobe en azimut
β
Du fait de la largeur azimutale du lobe d’antenne, l’ensemble du
clutter intercepté par le radar n’est pas vu sous la même vitesse
radiale (figure 7). D’où la dispersion de vitesse radiale dans le lobe
θg/2
V1 à 3 dB en gisement de l’aérien, en exprimant θg en degrés :
σ az ≅ 5, 3 × 10−3W θ g sin β
avec W (m/s) vitesse du vent,
SS
Q
ST
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teVVVR
ans cet article, l’accent est mis sur les procédés de traitement du signal
D appliqués au radar, leurs principes, les techniques de réception qui en
résultent et leurs critères de performances.
Dans le prolongement de la notion de filtrage optimal présentée dans le
fascicule « Paramètres de la détection », les grand principes du filtrage linéaire
sont décrits à travers l’étude des récepteurs :
– à compression d’impulsion ;
– codés ;
– à corrélation ;
– numériques.
Pour chacun d’eux, on s’attachera à leur principe, à leurs caractéristiques
propres et aux paramètres qu’ils permettent de mesurer.
La généralisation de ces procédés de filtrage conduit ensuite à une définition
des récepteurs optimaux, en introduction aux procédés de réception optimale
en bruit coloré.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQS
SU
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVVR
Puis, une loupe est mise sur le traitement du doppler des cibles pour ce qui
concerne :
– les radars pulse doppler ;
– les radars à haute résolution angulaire en introduction aux radars
antennes synthétiques, dont le RIAS constitue une application.
Enfin, sont étudiés les grands principes d’élimination spatiale des brouilleurs
Q en agissant sur le signal perçu par l’antenne radar, Opposition des lobes secon-
daires (OLS) et antennes adaptatives à formation de faisceau par le calcul.
1. Étude des récepteurs ■ Son spectre est réel, comme pout tout signal réel symétrique, il
a pour expression :
linéaires
sin(π f τ )
H (f ) = A τ
Les récepteurs linéaires, dénommés souvent « radars πf τ
modernes », par opposition aux « radars classiques », font appel à
une modulation du signal émis, et à un filtrage linéaire adapté à ■ Sa bande passante équivalente est :
cette modulation, pour optimiser leurs performances.
Leur étude sera menée en utilisant la notion de signal vidéo ∆F = 1/τ
complexe définie au § 2 de l’article [TE 6 660].
Ce signal et son spectre sont présentés figure 1.
1.1 Filtre optimal. Paramètres Le schéma type d’un tel récepteur est présenté figure 2.
mesurables L’énergie émise pendant la durée de l’impulsion est rayonnée
par l’antenne. Le signal de retour, recueilli par la même antenne,
■ Nous avons défini, au § 3 du [TE 6 655], le filtre optimal par deux est dirigé par le duplexeur « D » vers le récepteur. Il peut éventuel-
propriétés caractéristiques : lement être amplifié par un amplificateur hyperfréquence, puis il
– rendre réel le spectre du signal traité et le « suivre » en ampli- est transposé en moyenne fréquence. Il est à nouveau amplifié en
tude. Il a comme transmittance la quantité conjuguée du spectre du moyenne fréquence, puis filtré et détecté.
signal :
F (f ) = H (f )
– optimiser le rapport signal sur bruit en sortie de récepteur :
H(f)
S E A
B =
max
b
t f
Nous retiendrons que le filtre qui réalise l’une ou l’autre de ces
propriétés est un filtre optimal, et nous vérifierons, dans chaque τ
cas, cette propriété du récepteur étudié.
■ Par ailleurs, les récepteurs radar ont tous la possibilité Figure 1 – Impulsion rectangulaire et son spectre
« a priori » de mesurer deux paramètres :
– le temps de trajet aller et retour de l’onde ;
– la fréquence doppler des cibles.
■ Nous examinerons la qualité de ces mesures en estimant dans
chaque cas :
– un pouvoir séparateur en temps, donc en distance en utilisant Émetteur D
la relation : 150 m par µsec ; Antenne
– un pouvoir séparateur en fréquence, donc en vitesse radiale en
utilisant la relation :
v R = λ fD / 2 OL
SV
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVVR
H(f)
t
f
Q
τ
Hs(f)
t f
τ τ
A(t)
■ La puissance de bruit à la sortie de ce récepteur est :
2
+∞ sin(πf τ ) b t
B = b∫ π f τ df = τ
−∞
dt = t
■ La puissance crête du signal reçu, sous porteuse : 2τ
Pc = A2 / 2
Figure 4 – Radar classique, illustration du pouvoir séparateur temporel
■ Et le rapport signal sur bruit :
S A2 A2 τ 1 Pc τ E
= = = = H(f)
B 2B 2 b b b
On vérifie bien, dans ce cas, le filtrage adapté. Le filtre réalisé en
pratique est généralement un filtre passe bande quasi rectangu- δf = ∆F = 1 / t
laire « presque adapté », de bande voisine de :
∆F = 1, 2 /τ f
SW
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVVVR
Conclusion
A(t)
Cette propriété du radar classique, liée à la relation :
τ ∆F = 1, limite donc les performances du radar pour ce qui
concerne son pouvoir séparateur.
t
On constate, en effet, qu’il est impossible d’avoir simultané-
ment un bon pouvoir séparateur en vitesse et en distance.
2
Conclusion
1
On constate donc que, en choisissant convenablement T et
K, on maîtrise indépendamment la bande émise et la durée du 0
signal émis. −1,5 −1 −0,5 0 0,5 1 1,5
SX
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teVVVR
τ T
∆F γ D
Q
OL
∆F γ*
Fréquence
∆F
Émission
Retard
Fréquence
∆F
Réception
Retard
SY
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teVVVR
Dans les lignes SAW, les transducteurs de réception sont des La ligne dispersive à cellules accordées est obtenue par gravure
lignes interdigitales à cellules accordées, le substrat utilisé étant du substrat, ce qui permet également de grandes précisions de
réalisation. Par contre, ce type de ligne n’est pas réversible par
Q
du quartz. La figure 10a résume le principe de réalisation d’une
telle ligne. Elle montre qu’elle peut être réversible, ce qui est un construction.
avantage de ce type de conception. On peut obtenir des bandes passantes allant jusqu’au gigahertz
La dispersivité est liée au chemin parcouru par l’onde pour des retards de plus de 100 microsecondes (T∆F jusqu’à
acoustique de surface, la précision de réalisation est alors unique- 10 000).
ment liée à celle du dépôt de cette ligne à la surface du quartz et à
■ Génération active
la précision de rectification de cette surface.
Le signal d’émission, à modulation linéaire de fréquence, peut
Les bandes passantes obtenues sont de quelques dizaines de
être obtenu directement en analogique par :
mégahertz, pour des retards pouvant atteindre plusieurs dizaines
de microsecondes (T∆F de 10 à 10 000). – un oscillateur piloté en fréquence ;
– la commutation d’oscillateurs fixes, suivie d’un filtrage ;
– la combinaison des deux procédés.
∆F / 2
2
As (t ) = ∫ H (f ) e j 2πft df
– ∆F / 2
b ligne à onde de surface RAC
sin(π ∆F t )
As (t ) = Amax
Figure 10 – Filtres modernes de compression π ∆F t
cos2π(f0 · t + t2/2K)
Horloge π/2 OL : cos (2π · f0 · t) +
TP
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teVVVR
7 1
0,9
6
0,8
5 0,7
Q
0,6
4
0,5
3
0,4
2 0,3
0,2
1
0,1
0 0
– 1,5 –1 – 0,5 0 0,5 1 1,5 – 30 – 20 – 10 0 10 20 30
Module du spectre émis Amplitude du signal comprimé
1 1
0,9 0,9
0,8 0,8
0,7 0,7
0,6 0,6
0,5 0,5
0,4 0,4
0,3 0,3
0,2 0,2
0,1 0,1
0 0
–6 –4 –2 0 2 4 6 –6 –4 –2 0 2 4 6
Loupe sur l'amplitude du signal Loupe sur l'amplitude du signal
comprimé par une pondération comprimé par une pondération
spectrale en cosinus en loi de Hamming
TQ
Q
TR
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eSRXR
Technologies d’antennes
De l’antenne élémentaire aux grandes
antennes
Q
par Xavier BEGAUD
Professeur
Institut Mines-Télécom, Télécom ParisTech, Paris, France
TS
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
eSRXR
ℓ ℓ
avec − < ℓ ′ < , ℓ très petit devant la longueur d’onde. y
2 2
Alors le rayonnement du doublet de Hertz est donné par la for-
mule suivante :
jk
Ψdoublet (θ ) = − ηI ℓ sin θ θˆ (2)
4π 0 x
TT
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
eSRXR
Q
Rappelons enfin que pour ce tout petit dipôle, sa longueur, et par Pour le cas du dipôle court, la distribution sinusoı̈dale peut être
conséquent son diamètre, sont par définition beaucoup plus petits approximée par une distribution triangulaire (sin u # u), le calcul du
que la longueur d’onde, à la fréquence considérée. rayonnement conduit alors à la même expression que l’équa-
tion (2), ce qui implique la directivité du dipôle court de 1,5, soit
1,76 dB. Pour le dipôle court, il est aussi possible d’exprimer la
1.2 Dipôle court résistance de rayonnement de cette petite antenne sous la forme
suivante :
Le doublet de Hertz est une antenne « théorique » (deux char-
2
ges + q et - q séparées par une distance infinitésimale ℓ et reliées ⎛ ℓ⎞
par un fil) riche d’enseignements et aisément calculable. Cepen- Rray ≈ 20 π 2 ⎜ ⎟
⎝ λ⎠
(Ω) (3)
dant, c’est un modèle, et il faut définir une antenne simple qui per-
mette de calculer à la fois le rayonnement, mais également l’impé-
dance de l’antenne. L’antenne réelle qui s’approche au mieux de ce Remarques
modèle est le dipôle court. Par définition, ce dipôle court est cylin- Pour l = 0,01l Rray = 0,02 W et pour l = 0,1l Rray = 2 W.
drique et de longueur inférieure au dixième de la longueur d’onde. Plus l’antenne est petite (par rapport à la longueur d’onde),
moins elle est capable de rayonner !
Notez enfin que le dipôle court a aussi par nature une forte
dBi réactance (négative # capacité).
z 1,76 La première remarque est importante, car dans certaines appli-
cations comme la RFID ou les objets connectés (IOT, Internet Of
θ 1,21 Things), la fréquence de fonctionnement est relativement
0,88 basse (autour ou inférieure au GHz) et la taille des objets et
0,55 donc des antennes devient très petite par rapport à la longueur
0,22 d’onde. Il est alors nécessaire de porter l’effort sur le dispositif
–2,39 d’adaptation de l’antenne au circuit. Compte tenu des dimen-
–9,56 sions de l’antenne, le diagramme de rayonnement n’est par
–16,7
contre pas (ou peu) maı̂trisé et s’apparente généralement à
celui de la figure 2.
–23,9
ϕ –31,1
x
–38,2 1.3 Dipôle demi-onde
Lorsque la longueur du dipôle n’est plus petite, le courant peut
alors varier en fonction de la position (et du temps) à une fré-
quence donnée. Il faut donc modifier l’équation (1) en supposant
le dipôle orienté comme sur la figure 3, ce qui donne l’équation
de la distribution de courant suivante :
⎡ ⎛ℓ ⎞⎤
sin⎢k ⎜ − z ′ ⎟ ⎥
⎣ ⎝ 2 ⎠⎦ ℓ
J dipôle (z ′ ) = I0 zˆ pour z ′ < (4)
kℓ 2
Figure 2 – Diagramme de rayonnement du doublet de Hertz sin
2
en trois dimensions (directivité)
θ I0
–ℓeq ℓeq
a z
ℓ = ℓeq – a ℓeq
Dans cet exemple, la longueur de l’antenne est voisine d’une demi-longueur d’onde.
TU
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eSRXR
0
100
Amplitude relative (dB)
75
–10 50
R et X (Ω)
25
0
–20
–25
–50
Q
–30 –75
–100
0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6
–40
–90 –60 –30 0 30 60 90 Longueur du dipôle (λ)
θ (º)
Doublet de Hertz Dipôle demi-onde R ruban et cylindre X cylindre a = 0,05 λ
⎛π ⎞ 0
cos ⎜ cos θ⎟
jk ⎝2 ⎠ ˆ (5)
demi-onde (θ ) =
de réflexion (dB)
Ψdipôle ηI θ
2π 0 sin θ Coefficient –10
Le calcul de la directivité donne alors 1,64, soit 2,15 dBi. a = 0,05 λ a = 0,01 λ
L’intérêt d’utiliser un dipôle demi-onde n’est donc pas lié à sa a = 0,02 λ a = 0,005 λ
directivité mais à son impédance d’entrée. En effet, lorsque l’on
suppose de plus que le diamètre du cylindre constituant le
dipôle est très fin (hypothèse habituellement notée « approxima- Figure 6 – Coefficient de réflexion du dipôle connecté à une ligne
tion fils fins »), l’impédance d’entrée du dipôle demi-onde est de de transmission 50 W en fonction de la fréquence pour plusieurs
73 + j 42,5. Cette valeur est très intéressante car la partie réelle valeurs de son diamètre
est proche de 50 W et la partie imaginaire relativement faible per-
met donc sans trop d’effort une adaptation rapide de l’antenne à – lorsque le diamètre ou l’épaisseur devient important, la réso-
un support de propagation d’impédance caractéristique égale à nance se produit pour des longueurs inférieures à la demi-longueur
50 W. d’onde.
Aux basses fréquences (inférieures au GHz), on considère que
l’on est à peu près toujours dans le cadre de l’approximation fils Exemple : lorsque le diamètre est égal à 0,05 l, la résonance se
fins. Lorsque le diamètre du fil ne peut plus être considéré comme produit pour une longueur égale à 0,44 l. De plus, la partie réelle est
fin, il influence la valeur de l’impédance d’entrée de l’antenne sous très proche de 50 W (sur la figure flèche bleue), ce qui rend cette
deux formes : configuration particulièrement intéressante pour les concepteurs.
– le gap nécessaire à l’alimentation de l’antenne apporte un effet Lorsque le diamètre devient plus petit, l’impédance à la résonance
capacitif (deux petits disques métalliques en regard l’un de l’autre) se rapproche de 60 W (flèche orange).
sur l’impédance de l’antenne qui vient compenser la partie réactive
de l’impédance d’entrée et permettre une résonance de l’antenne Lorsque ce dipôle est connecté à un support de propagation
avec un partie réelle plus faible (voire proche de 50 W) ; d’impédance caractéristique égale à 50 W, le coefficient de réflexion
– l’annulation du courant se produit au centre des disques au à l’entrée de l’antenne est alors donné par la figure 6.
sommet de chaque brin du dipôle. Ainsi, lorsque l’on fixe lc à une
demi-longueur d’onde, la longueur totale de l’antenne l n’est pas Cette courbe est un outil particulièrement performant pour
égale à une demi-longueur d’onde. déterminer rapidement les dimensions d’un dipôle filaire pour
une application donnée, et adaptées à une bande de fréquence
L’évolution de l’impédance d’entrée d’un dipôle est donc fonction spécifique.
du diamètre du fil et, pour initier une conception, il est pratique
d’utiliser les courbes suivantes (figures 5 et 6). Si les spécifications requièrent une bande passante particulière
et que l’on choisit une antenne demi-onde, l’axe des abscisses
De cette courbe, on peut extraire les informations suivantes : peut rapidement être converti en fréquence. Il suffit alors de choisir
– la partie réelle de l’impédance d’entrée ne dépend pas du dia- le diamètre du fil (ou la largeur du ruban métallique) requis pour
mètre ou de l’épaisseur du dipôle ; couvrir la bande de fréquence recherchée (on suppose par exemple
– la fréquence de résonance de l’antenne peut être modifiée en que la bande de fréquence est définie lorsque le module du coeffi-
augmentant ou réduisant le diamètre ou l’épaisseur du dipôle ; cient de réflexion est inférieur à - 10 dB).
TV
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eSRXR
1.4 Dipôle en présence d’un réflecteur avec n̂ vecteur unitaire normal à la surface,
métallique r vecteur distance.
Les antennes filaires, les dipôles, sont utilisés dans de nombreu- Les distributions de courants électrique J i et magnétique M i ima-
ses applications et ne sont que très rarement isolés dans l’espace. ges sont calculables à partir des distributions de courants élec-
Autrement dit, il y a presque toujours du métal ou un diélectrique à trique J et magnétique M initiales simplement repositionnées
proximité de l’antenne. Ce qui peut dans un premier temps être dans l’espace pour prendre en compte la hauteur de ces dernières
considéré comme une perturbation pour l’antenne est en fait très par rapport au réflecteur métallique. Attention à l’orientation des
souvent utilisé pour modifier ou améliorer le rayonnement de
Q
courants images (sens des flèches sur la figure 7b) qu’il est impé-
l’antenne. Nous allons décrire les principes physiques mis en ratif de respecter (c’est une conséquence des conditions de conti-
œuvre dans les deux principales configurations. nuité des équations de Maxwell).
La fonction champ rayonné, telle que définie dans [E 3 280] par la
1.4.1 Principe des images contribution de courant électrique de la figure 7, peut alors être cal-
Un grand nombre d’antenne utilise un réflecteur métallique pour culée de la façon suivante :
augmenter leur directivité. Le principe des images permet de pren-
dre en compte ce réflecteur tout en simplifiant les calculs. Il faut Ψ (r̂ ) = ΨJ (r ′ ) + ΨJi (r ′ ) (9)
cependant s’assurer que ce réflecteur est plan, de grandes dimen-
sions et bon conducteur. Nous rappelons ici ce principe. avec :
Considérons des courants électriques et magnétiques situés au- − jk η
ΨJ (rˆ ) = ⎡J − (J ⋅ rˆ ) rˆ ⎤⎦ e jk (r ′⋅rˆ ) (10)
4π ⎣
dessus d’un réflecteur métallique supposé parfait.
Sur la figure 7, le plan réflecteur joue le rôle de miroir et tout se
passe comme s’il y avait de l’autre côté de ce réflecteur une autre
⎡J − (J i ⋅ rˆ ) rˆ ⎤⎦ e jk ( i )
− jk η r ′⋅rˆ
distribution de courants électrique et magnétique respectant les ΨJi (rˆ ) = (11)
conditions suivantes : 4π ⎣ i
r
J M J αI0 z
n h cosθ
R.n
Point R
θ
quelconque
sur le h
réflecteur
0 y
–Ri.n = R.n
Ri
h cosθ
Ji I0
ri Mi
Ji αI0 z
b configuration équivalente à l’aide du principe des images
Figure 8 – Configuration du dipôle court vertical au-dessus d’un plan
Figure 7 – Principe des images métallique
TW
Q
TX
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UP
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R(τ-τ0) S (τ - τ')
F ( sin θ ) = ∫ λ
2πx
f ( x ) exp j ---------- sin θ dx
(1) Remarque fondamentale : cette expression est la même que
celle d’un signal temporel F(τ) dont le spectre de fréquence f(ν)
–D ⁄ 2
est borné à la bande de fréquence (− ν0 ; + ν0). C’est pourquoi les
fréquences ν sont appelées fréquences spatiales. Tous les déve-
Posons : loppements de la théorie des signaux à spectre borné sont donc
applicables aux antennes.
x D C’est ainsi qu’un réseau régulier de sources ponctuelles sépa-
ν = --- ; ν 0 = ------- ; τ = sin θ (2)
λ 2λ a
rées du pas ∆ ν = --- (en fréquences spatiales) peut être assimilé
λ
à un spectre de raies. Le diagramme d’un tel réseau est donc
périodique : des répliques de son lobe principal apparaissent
1
avec une période angulaire ∆ τ = ------- : ce sont les lobes de
∆ν
réseau (figure 2) [E 3 280], réf. [1].
θ
s
na
u
et domaine « imaginaire »
θ ou « invisible »
a
Contrairement à la loi d’illumination – ou spectre – f(ν), le dia-
A0 A1 A2 An AN-1 gramme F(τ) n’est pas à support borné. Le paramètre τ = sinθ ne cor-
respond à des directions « réelles » que pour τ ⭐ 1 , pour les valeurs
supérieures à l’unité, on est conduit à poser :
π
τ0 τ1 τ2 τn τN-1 θ = ± --- + j θ ′
2
On a en effet :
D
τ = ch θ ′ ⭓ 1
C’est pourquoi dans les représentations cartésiennes de F(τ), on
Figure 1 – Réseau linéaire régulier sépare le domaine visible du domaine invisible ( τ ⭓ 1 ) .
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Q
notamment du radar et du sonar actifs. Ils doivent être illuminés par une ou plu-
sieurs antennes d’émission. À l’exemple des antennes synthétiques, traitées en
[E 3 320], le champ rayonné par ces antennes peut faire l’objet d’un codage spa-
tio-temporel (appelé parfois rayonnement coloré) auquel on peut ajouter une
analyse polarimétrique. Une caractéristique propre aux systèmes actifs est que
le champ rayonné à l’émission est cohérent, alors que le champ rétrodiffusé par
le milieu analysé est, lui, généralement au moins partiellement décorellé. Cette
décorrélation s’observe surtout en présence de signaux multiples et de
brouilleurs. Elle peut aussi provenir du milieu de propagation ou encore de la
mobilité des récepteurs.
Un premier exemple simple de méthode d’imagerie de sources incohérentes
sera donné avec les réseaux multiplicatifs qui trouvent des applications très
diverses (radars portuaires, radioastronomie...).
Nous présenterons ensuite l’important théorème de Van Cittert et Zernicke. Il
relie la distribution angulaire (inconnue) des sources externes à la fonction de
cohérence spatiale du champ observable. Les capteurs associés à des corréla-
teurs donnent de cette fonction un échantillonnage spatial : la matrice de cova-
riance qui joue un rôle central dans tous les traitements d’antennes.
Dans tous les cas, la qualité de l’image obtenue est limitée par le pouvoir sépa-
rateur ou limite de résolution de l’instrument utilisé (antennes et traitements
associés).
De façon classique, la résolution angulaire d’une antenne est limitée par ses
dimensions, qui limitent elles-mêmes la finesse du pinceau qu’elle pourrait
rayonner. Les méthodes dites haute résolution montrent comment, dans cer-
tains cas, il est possible de franchir cette limite : nous présenterons la méthode
de BURG, connue sous le nom de Méthode de l’Entropie Maximale (MEM). Cette
méthode est souvent équivalente aux méthodes d’analyses spectrales Autoré-
gressives (AR). D’autres méthodes, basées sur l’analyse des éléments propres
de la matrice de covariance, seront également présentées et illustrées par la plus
connue : la méthode « MUSIC ».
Nous poursuivrons par l’étude des antennes autoadaptives qui assurent une
sorte de filtrage spatial, privilégiant les signaux utiles vis-à-vis des signaux
gênants ou inutiles, souvent qualifiés de brouilleurs. Cette fonction de filtrage
spatial est essentielle dans les radars et dans les réseaux complexes de commu-
nications.
Le dernier sujet traité dans ce dossier sera celui des antennes dites
« intelligentes » par un abus de langage (Smart Antennas). Elles constituent une
synthèse entre les techniques précédentes. Leur essor accompagne le dévelop-
pement actuel, quasi explosif des télécommunications. Il se concrétise dans le
concept MIMO (Multiple Input Multiple Output) qui permet, par multiplexage
spatial, d’augmenter notablement la capacité de transmission d’un système de
communications sans augmenter sa bande de fréquences.
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1. Imagerie de sources Les fonctions z1, z2 sont supposées ergodiques : les espérances
sont donc aussi les moyennes temporelles (surlignage) :
incohérentes t′
1.1 Contexte 0
La technique des sonars distingue sonars passifs et sonars actifs. 1.3 Réseaux multiplicatifs
Les premiers ont pour but d’écouter et de traiter des signaux indé-
pendants, donc non corrélés. Les seconds traitent les échos du
signal émis. Mais ceux-ci sont le plus souvent décorrélés par le La connaissance « a priori » du caractère incohérent des sources
milieu de propagation. externes permet d’améliorer l’image que peut en donner une
antenne. L’emploi de réseaux multiplicatifs [1] en est un premier
Dans le cas des radars actifs, le milieu de propagation est généra- exemple.
lement trop homogène pour décorréler les échos : on a vu [E 3 320,
§ 3.3] comment une réflexion spéculaire peut produire un écho par- Soit une antenne réseau linéaire de longueur L dont la loi d’illumi-
faitement corrélé. Cependant, en ondes centimétriques, il suffit d’un nation est constante (figure 1). On sait que son diagramme de
déplacement relatif des objets, pendant la mesure, de quelques cen- rayonnement est représenté par la fonction :
timètres pour assurer la décorrélation. D’ailleurs les parasites,
brouilleurs naturels ou artificiels, indépendants, sont effectivement F1(τ) = sinc(2πν0τ) (4)
décorrélés. L
avec ν0 = ------- ,
2λ
Dans le présent paragraphe, après avoir précisé la notion d’inco-
hérence et donné, avec les réseaux multiplicatifs un exemple τ = sinθ,
d’application de cette propriété à l’imagerie, nous introduirons la
fonction de cohérence spatiale et la matrice de cohérence qui joue λ longueur d’onde,
un rôle « pivot » dans la plupart des méthodes de traitements sinc fonction sinus cardinal (cf. [E 3 320, § 2.2]).
d’antennes.
Associons à cette antenne un interféromètre simple, formé de
Cette condition d’incohérence des sources est importante car elle deux petites antennes (dipôles, cornets...) placées aux extrémités du
permet de réduire le nombre de capteurs par utilisation de réseaux réseau : elles sont séparées par une distance voisine de L. Alimen-
à faible redondance (§ 1.6). De plus, elle fait partie des informations tées en phase, leur facteur de réseau est de la forme :
a priori dont on peut disposer et qui, combinées avec les mesures,
permettent, soit d’améliorer l’image de la configuration « objet » : F2(τ) = cos(2πν0τ) (5)
méthodes haute-résolution (§ 2), soit d’effectuer un filtrage spatial :
antibrouillage, antennes autoadaptives (§ 3).
L θ
1.2 Condition d’incohérence
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F 1 ( α, β ) = sinc [ 2π ν 0 ( α – α 0 ) ]
s1 = ∑ z n sinc ( 2π ν 0 τ n ) (11)
n F 2 ( α, β ) = sinc [ 2π ν 0 ( β – β 0 ) ]
(7)
s2 = ∑ z m cos ( 2π ν 0 τ m ) Le diagramme produit est pointé dans la direction (α0, β0) :
m
F(α − α0, β − β0) = sinc[2πν0(α − α0)]sinc[2πν0(β − β0)] (12)
Le produit hermitique moyen S de ces signaux est obtenu grâce à
un démodulateur cohérent (ou PAD phase-amplitude demodulator). Pour obtenir un tel diagramme de façon directe, il faudrait réa-
Séparons les termes de mêmes rangs (m = n) des termes de rangs liser un réseau bidimensionnel carré, de côté L. Sa loi d’illumina-
différents : tion serait la transformée de Fourier inverse du diagramme (12).
La croix de Mills permet donc une importante économie en
matériel : si chaque réseau linéaire nécessite M antennes, un
S = s 1 s 2* = ∑ zn2 sinc ( 4π ν 0 τ n ) + ∑ * sinc ( 2π ν τ ) cos ( 2π ν τ ) (8)
zn zm 0 n 0 m réseau complet en nécessiterait M2.
n n≠m
M2 M
L’économie est donc : --------- = ----- .
Par suite de l’hypothèse d’incohérence, la deuxième série de ter- 2M 2
mes est nulle et le signal S apparaît comme la convolution de la dis- Bien entendu, en présence de plusieurs radiosources incohé-
tribution angulaire des sources en intensités par le diagramme rentes, on vérifie que le signal obtenu est bien la convolution du
« produit » (6). On a donc bien doublé la directivité de l’antenne : diagramme produit F ci-dessus par la distribution angulaire de
ces radiosources.
S = ∑ T ( τ n ) sinc ( 4π ν 0 τ n ) (9)
n
En introduisant un balayage électronique du réseau par 1.4 Théorème de Van Cittert et Zernike
déphasages, le signal S donne de la distribution « objet » une image
« filtrée » avec la fréquence spatiale de coupure 2ν0 :
Ce théorème fondamental [2] établit la relation qui existe entre
une distribution angulaire de sources incohérentes et les propriétés
S(τ) = ∑ T ( τ n ) sinc [ 4π ν 0 ( τ – τ n ) ] (10) statistiques du champ observable.
n
■ Fonction de cohérence spatiale
Remarques Soit un espace que pour simplifier, nous supposerons d’abord
1. Peut-on faire le produit de trois diagrammes ou plus ? bidimensionnel, repéré par un système d’axes : x′ox , horizontal et
Généralement non, car l’hypothèse d’incohérence implique des oz, vertical [E 3 320, figure 10]. Soient N sources ponctuelles, lointai-
moyennes du second ordre seulement. nes, incohérentes, d’amplitudes complexes aléatoires stationnaires
2. Si dans le cas précédent, la directivité est doublée, ce n’est z(τn, t) dans les directions τn. Observées sur l’axe x′ox , les ondes
pas le cas du gain. Le rapport signal/bruit est déterminé par qui en sont issues sont pratiquement planes. Le champ total résulte
l’antenne dont le gain est le plus faible : ici l’interféromètre. Ce de leurs interférences sous la forme d’un hologramme [E 3 320,
genre de procédé est donc utilisable dans les applications où le § 3.1]. Mais cet hologramme n’est pas stable, il fluctue constam-
signal utile est fort. C’est le cas de la surveillance portuaire ou ment. En tout point M de l’axe, la moyenne du champ E(M, t)
de celle des pistes d’aéroports où les objets sont à courtes dis- observé est nulle. Par contre, on peut évaluer les moyennes du
tances. second ordre données par la fonction d’autocorrélation spatiale du
3. D’autres combinaisons « antenne + interféromètre » peu- champ (appelé parfois fonction de cohérence).
vent être faites : un réseau de longueur L, associé à un interféro- Si on observe les champs reçus avec des capteurs (petites anten-
mètre de pas L, comportant N antennes élémentaires permet nes de réception) en deux points M et M′ d’abscisses x et x′ , cette
d’obtenir la directivité d’un réseau de longueur NL. Une autre fonction est définie par leur produit hermitique moyen :
combinaison importante est celle de la croix de Mills.
x x′
C ( ν, ν ′ ) = E ( ν, t )E * ( ν ′, t ), avec ν = --- et ν ′ = ----- (13)
La croix de Mills λ λ′
Ce dispositif a été développé pour la radioastronomie. Con-
trairement aux cas précédents les distances, ici, sont ■ Théorème
immenses ! Mais les objets célestes analysés étant relativement La fonction de cohérence est la transformée de Fourier de la dis-
stationnaires, de longues durées d’intégration permettent tribution angulaire des intensités des sources. Nous admettrons ici
d’améliorer le rapport signal/bruit interne. ce résultat dont la démonstration est dans tous les traités d’optique.
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Dans le cas d’une distribution « objet » incohérente quelconque, avec n et n’ entiers quelconques.
d’intensité T(τ), la fonction de cohérence prend la forme de la trans-
Les échantillons de la fonction de cohérence (ou « covariances »
formée de Fourier habituelle :
sont alors :
+∞ +1
ou, en posant : m = n – n′ :
■ Généralisation à un espace tridimensionnel
t + t′
dαdβ
dΩ = ---------------
γ
(18)
C ( n, n′ ) = C ( n – n′ ) = lim t′
t′ → ∞
1
---
∫ E n ( t )E n′
* ( t ) dt (22)
t
Remarques Les signaux reçus étant affectés par les bruits internes des récep-
1. Les intégrales sont formellement étendues à l’infini. En fait, teurs et la durée t′ d’intégration étant nécessairement finie, on ne
la fonction T(α, β) est à support borné au cercle de rayon unité peut mesurer qu’une estimation Ĉ ( n, n′ ) des covariances. Après
car les sources sont supposées au-dessus de l’horizon. changement de fréquence, les signaux reçus sont généralement
2. Dans tout ce qui précède, les notions de zénith ou d’horizon numérisés au moyen d’un convertisseur CAD (Convertisseur Analo-
n’ont qu’une valeur illustrative : le système peut être orienté de gique-Digital). Les composantes réelles et imaginaires des covarian-
façon quelconque sans changer de propriétés. ces (en phase et en quadrature) des covariances sont calculées avec
3. Les transformations (15) et (17) peuvent être inversées, ce un PAD (phase / amplitude demodulator).
qui permet en principe de trouver la répartition angulaire des En radioastronomie, on utilise souvent un capteur (antenne de
sources à partir de leur fonction de cohérence spatiale. Le pro- réception) fixe associé à un autre capteur mobile monté sur un
blème de l’imagerie, comme nous le verrons, réside dans le fait wagonnet roulant sur une file de rails... aboutissant à un butoir.
que les mesures ne peuvent donner de cette fonction qu’une C’est la longueur des rails qui limite les performances du radiointer-
connaissance partielle. féromètre ainsi constitué.
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Antennes actives
Principes de conception
par François GAUTIER
Q
Ingénieur de l’Institut national polytechnique de Grenoble (INPG)
Licencié ès sciences physiques
Ancien directeur technique adjoint de Thales Airborne Systems
ce traité) :
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 3 294 − 1
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Génération Émetteur
de signal
Antenne
réseau
« passive »
Traitement Récepteur
de signal Amplificateur très bas bruit
Génération
de signal
Antenne
réseau
« active »
Traitement Récepteur Figure A – Synoptiques
de signal de systèmes avec
antenne à balayage
b système avec antenne à balayage électronique « active » électronique passive (a )
et active (b )
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(figure Ab). Elle peut aussi incorporer une partie, voire la totalité, de la fonction
réception : sélection fréquentielle du signal, conversion de fréquence, codage
analogique/numérique.
Notons que les fonctions de base d’un système, à l’émission comme à la
réception, n’ont pas pour autant disparu. Elles sont réparties, pour l’antenne
active, dans l’architecture d’antenne réseau, ce qui lui confère : un meilleur ren-
Q
dement énergétique, des fonctionnalités nouvelles et des performances
accrues vis-à-vis du traitement du signal reçu.
■ Cet article constitue la première partie d’un ensemble ayant pour but d’expo-
ser les principes d’ingénierie des antennes actives c’est-à-dire de décrire l’archi-
tecture de base, d’identifier et d’expliciter les fonctionnalités, les modes de
fonctionnement, la nature et les modes de réalisation des sous-fonctions
constituant l’antenne active.
Il concerne les antennes actives destinées à des radars, des systèmes de télé-
communications et de surveillance électronique.
Le présent article décrit d’abord succinctement le schéma synoptique d’une
antenne active. Il montre ensuite son intérêt et les avantages qu’elle procure à
un Système. L’architecture d’une telle antenne, les fonctions et la constitution
des sous-ensembles sont ensuite explicités.
1. Schéma synoptique ■ Le schéma synoptique d’une antenne active est celui d’une
antenne réseau dans laquelle sont insérés un certain nombre de
d’une antenne « active » modules électroniques.
Rappelons d’abord qu’une antenne réseau est caractérisée par :
— un circuit à une entrée et N sorties tel que l’énergie fournie à
■ Selon les systèmes qui l’utilisent et selon les modes de fonction- l’entrée soit répartie, a priori avec le minimum de pertes, entre
nement recherchés, l’antenne active pourra être une antenne les N sorties suivant une certaine répartition en amplitude et en
commutée émission/réception, ou seulement, une antenne d’émis- phase. Réciproquement, si la même répartition d’énergie est four-
sion ou de réception. nie sur les N sorties, la totalité de cette énergie (moins les pertes)
est disponible sur l’entrée. Ce circuit est appelé distributeur ou
Exemples
répartiteur ou sommateur ;
Les radars séquencent les périodes d’émission et de réception et — une collection de N éléments rayonnants connectés aux N
peuvent donc utiliser une antenne commutée. sorties du distributeur. Le plus souvent, les éléments rayonnants
Dans les systèmes de télécommunications, émission et réception sont identiques, régulièrement espacés et disposés sur une maille
sont souvent simultanées et ne sont pas compatibles d’une seule régulière formant le « réseau rayonnant ». Si des éléments sont
antenne active : il faut faire appel à deux antennes séparées. manquants par rapport à la maille, ou si la maille est irrégulière
Il arrive aussi que localement on n’ait besoin que de la fonction émis- avec des éléments tous identiques, le réseau est dit lacunaire. Évi-
sion ou de la fonction réception. demment, le réseau peut être linéaire, circulaire (tous les éléments
sur une seule ligne), plan, cylindrique, sphérique ou conforme à
une surface quelconque. Dans ces deux derniers cas, la maille ne
Les explications données dans cet article concernent généra- peut être régulière et il y a obligatoirement un très léger effet de
lement des antennes actives commutées émission/réception lacunarité.
mais sont directement exploitables dans le cas d’une antenne Par rapport à une antenne réseau, une antenne active se carac-
fonctionnant uniquement en émission ou en réception. térise essentiellement par le fait que des modules actifs, en général
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eSRYT
Q
Distributeur N éléments et
1/N — le contrôle de phase, et le plus souvent le contrôle d’ampli-
MA N modules actifs (MA) tude, en émission et en réception ;
— la protection de l’amplificateur de réception par un limiteur de
puissance.
Nota : l’antenne à balayage électronique passive ne comporte que des déphaseurs en
MA
lieu et place des modules actifs.
● Le principe de fonctionnement est le suivant :
— à l’émission, le signal à émettre est distribué aux N modules
actifs, contrôlé en phase et amplitude dans chaque module,
Figure 1 – Synoptique de base d’une antenne active amplifié et rayonné par les N éléments rayonnants ;
Amplificateur
de puissance
A /ϕ
Déphaseur/ Circulateur
Antenne
Atténuateur ou aiguilleur
réciproque
Amplificateur Limiteur
faible bruit
Circuit de
commande Modulateur
Alimentations
Amplificateur
de puissance
A
Circulateur Antenne
Limiteur
Amplificateur
faible bruit
Circuit de
commande Modulateur
Alimentations
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Atténuateur/ Amplificateur
Déphaseur de puissance
A /ϕ
Amplificateur Circulateur
faible bruit
A /ϕ
Limiteur
Q
Circuit de
commande Modulateur
MA
E E
1/NSR MA
Générateur R R
(émission)
MA
ou FI
oscillateur 1/M
local
(réception)
E émission
R réception
MA module actif
FI traitement du signal à fréquence intermédiaire Figure 4 – Exemple de principe d’architecture
en sous-réseau
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VS
Q
VT
Systèmes radars
(Réf. Internet 42591)
1– Antennes et radars R
2– Traitement des signaux Réf. Internet page
4– Hyperfréquences
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VU
R
VV
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Traitements spatio-temporels
adaptatifs en radar
VW
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teVWQP
VX
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teVWQP
R
déduit, mettant en parallèle ces deux visions duales de la problé-
DPCA Displaced Phase Center Antenna matique STAP.
Dans la pratique, bien sûr, le filtrage STAP ne peut s’envisager
DL Diagonal Loading que de manière adaptative, et non pas déterministe, notamment
EVP Eigen Vector Projection pour les raisons suivantes :
– sous-réseaux non identiques et méconnaissance de leur dia-
FFT Fast Fourier Transform
gramme de rayonnement ;
HFR Haute Fréquence de Récurrence – configuration non parfaitement maîtrisée (mouvement du
porteur, trajectoire...) ;
JDL Joint Domain Localized – défauts de calibrage entre voies de réception ;
MFR Moyenne Fréquence de Récurrence – niveau du signal parasite à supprimer supérieur typiquement
de 2 à 4 ordres de grandeur à celui du signal d’intérêt.
PD Probabilité de Détection
Les architectures de ces traitements adaptifs seront décrites
PFA Probabilité de Fausse Alarme au § 3.
PRI Pulse Repetition Frequency
STAP Space Time Adaptive Processing 1.2 Configuration radar à antenne
SMI Sample Matrix Inversion à implantation latérale
VY
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WP
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tillonnage « spatial » pour les antennes réseaux). À ce titre ces antennes parti-
cipent à la révolution numérique.
L’intelligence des antennes réseaux est contenue non pas dans leur géométrie,
comme peut l’être celle d’une antenne parabolique, mais dans leurs traitements.
Parler de traitement d’antenne est donc inévitable. Nous avons choisi de pré-
senter le traitement des antennes réseaux [TE 5 226] en introduisant d’abord
[TE 5 225] les outils utiles de la théorie statistique de la détection et de
l’estimation ; ce faisant, il nous a semblé intéressant de rester suffisamment géné-
ral dans la présentation. Nous espérons que les lecteurs principalement inté-
ressés par la théorie statistique de la décision pourront alors considérer les
antennes réseaux comme un domaine d’application propre à éclairer le sujet.
Notations Symboles
f Fréquence ε Écart
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WR
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qu’il faut y apporter pour rendre la méthode utilisable. Cette
façon la plus orthodoxe (probabiliste). Le thème des objectifs seconde partie comprendra une introduction générale à la modéli-
contradictoires (décisions multicritères) est également très impor- sation des signaux d’antenne — dans un contexte idéalisé pour des
tant (équilibres économiques, théorie des jeux, recherche opéra- raisons pédagogiques —, et des exemples d’application démon-
tionnelle...) mais ne sera pas du tout abordé ici. trant l’utilisation de la théorie de la détection à quelques questions
Même dans le cadre limité de la théorie statistique de la déci- typiques du traitement d’antenne (performances, robustesse aux
sion, nous n’aborderons que les points qui sont le plus directement erreurs, etc.).
liés à la description du traitement d’antenne. Par exemple, il ne
sera pas question du fondement « philosophique » des critères uti-
lisés pour faire un choix entre hypothèses. Les critères que nous
discuterons nous semblent ceux qui sont le plus fréquemment
cités ; ils fournissent des résultats le plus souvent raisonnables et 2. Critères décisionnels
ils sont simples à utiliser. Notre objectif n’est pas ici de présenter
une vue exhaustive du sujet, mais il est surtout d’en faire
comprendre la démarche et les principales étapes pratiques en
insistant sur le problème bien concret du traitement des signaux La théorie statistique de la décision est classiquement destinée
d’une antenne à réseau de capteurs. à résoudre des problèmes de choix entre plusieurs hypothèses.
Q u a n d l e n o m b r e d ’ h y p o t h è s e s e s t fi n i , o n p a r l e d e
Depuis les discussions de Pascal et Fermat sur les jeux de « détection » ; quand le nombre d’hypothèses est infini, on parle
hasard, nous avons progressivement appris à accepter les appro- d’« estimation ». Nous allons discuter de ces deux points dans
ches probabilistes de l’incertain, telles qu’abouties dans la théorie les paragraphes qui suivent.
axiomatique des probabilités par Kolmogorov, qui constitue
aujourd’hui l’orthodoxie de la modélisation des choses incertaines.
Il ne faut pas oublier cependant qu’il existe d’autres approches tel- Le point de départ est une observation X qui résume les élé-
les celle des ensembles flous de Zadeh, ou celle de la théorie de la ments disponibles pour prendre la décision. Il s’agira donc d’un
croyance et de la plausibilité de Dempster et Shafer (utilisée dans point dans l’espace d’observation Ω. L’observation est supposée
les systèmes experts). distribuée sur Ω selon une densité de probabilité pj (x) dans le cas
Toute la suite sera donc concernée par des problèmes dans de l’hypothèse notée Hj . Le but de la théorie de la décision
lesquels les décisions seront déduites sur la base d’observations (figure 1) est de définir une partition de l’espace d’observation de
modélisées de manière probabiliste (approche qu’il est d’usage de telle sorte que, si l’observation appartient au sous-ensemble Dj , on
qualifier de Bayesienne). Comme il s’agira de problèmes de trai- décidera, à tort ou à raison, que c’est l’hypothèse Hj qui est la plus
tements de signaux d’antenne, l’observation sera l’enregistrement, raisonnable. Du fait de la nature statistique de l’observation, il est
sur une tranche de temps de longueur T, des sorties des capteurs inévitable que des erreurs se produisent. Le but de la théorie de la
de l’antenne. Cette observation constituera un processus aléatoire décision est seulement de minimiser l’impact de ces erreurs, les
vectoriel auquel il faudra nous intéresser pour pouvoir établir les éliminer étant impossible.
critères décisionnels. En particulier nous consacrerons quelque Il s’agit de déterminer, dans l’espace Ω, des ensembles D 0 et D 1
attention à la description de la densité de probabilité de cette pour lesquels :
observation.
Parmi les questions pratiques incontournables pour pouvoir Si X ∈D 0 on choisira l’hypothèse H 0
calculer une telle densité, il faut savoir transformer un processus Si X ∈D 1 on choisira l’hypothèse H 1
aléatoire vectoriel en une approximation par une collection finie de
nombres. Ce problème classique de la représentation d’un pro-
cessus aléatoire continu par un processus discret, et même fini, fait
partie de la question de l’échantillonnage traité par les théorèmes
de Shannon et Karhunen-Loeve. En fait, dans la pratique, nous
utiliserons la représentation spectrale dont on peut montrer l’équi-
valence asymptotique avec la représentation de Karhunen-Loeve. D0
Pour obtenir des résultats concrets et illustrer la démarche d’une
manière aussi complète que possible, nous utiliserons essentiel-
lement des modèles dans lesquels les signaux sont gaussiens et X
stationnaires.
La suite sera organisée en deux parties : D1
Ω
Tout d’abord une introduction générale de la théorie statistique
de la décision selon un découpage classique en « détection »
(§ 2.1) et « estimation » (§ 2.2). En détection, nous insisterons sur-
tout sur les hypothèses binaires (simples et composites), sur Figure 1 – Le récepteur définit une partition
l’introduction du rapport de vraisemblance, le calcul des seuils de de l’espace d’observation
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WT
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e traitement des antennes à réseaux de capteurs est abordé ici dans le cadre
L de la théorie de la décision appliquée aux signaux vectoriels. On y applique
la méthodologie introduite dans la première partie [TE 5 225]. Cependant, pour
ce faire, un travail préliminaire de modélisation est nécessaire, d’abord pour
expliciter les relations entre les paramètres physiques et les mesures, ensuite
pour fournir à la théorie des densités de probabilité de l’observation qui soient
utilisables dans la pratique (technique d’échantillonnage).
La théorie de la décision n’est pas vraiment indispensable pour introduire les
concepts de base du traitement d’antenne (fonction d’ambiguïté et gain
d’antenne par exemple) mais cette théorie offre le cadre approprié pour décrire
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1. Antennes, filtrage spatial Si les M colonnes de la matrice H (K lignes, M colonnes) sont les
vecteurs :
et modèles H = H 1 , H 2 ,..., H M
ces vecteurs constituent les réponses impulsionnelles de M filtres
1.1 Traitement du signal spatiaux. La k e composante de y ( t ) , soit yk (t ), s’écrit :
et traitement d’antenne T
yk ( t ) = H k ( t – u ) ∗ x ( u )
Le traitement conjoint des signaux reçus par un réseau de cap-
teurs est une branche du traitement du signal dont la particularité C’est donc la sortie du k e filtre spatial.
semblerait ne tenir qu’à la nature vectorielle des signaux manipu- L’exemple de base du filtre spatial est la « formation de voie »,
lés. Pourtant, dans le cas de signaux portés par des ondes se pro- constituée de lignes à retard destinées à synchroniser des signaux
pageant dans un milieu, le problème présente des spécificités qui, reçus sur les capteurs de l’antenne en provenance d’une direction
avec le temps et l’usage, ont conduit à une branche technique par- souhaitée, et à les sommer, tel que symbolisé sur la figure 1. Ce
ticulière, avec son vocabulaire spécifique : le traitement d’antenne. traitement, très utilisé, n’est rien d’autre que la traduction dans le
domaine du traitement d’antenne des traitements réalisés de
manière « câblée » dans les lentilles et les miroirs paraboliques
1.2 Filtrage vectoriel et filtrage spatial de l’optique ou des radars.
Avec ce procédé très intuitif, on amplifie aux dépens du bruit le
Nous nous limiterons aux traitements dont la structure fait partie signal provenant de la direction spécifiée. C’est à partir de ce type
des filtres linéaires invariants. Un tel filtre est un système à K de filtre spatial que le traitement d’antenne s’est développé en
entrées (l’antenne étant constituée de K capteurs) et M sorties ; s’affranchissant progressivement de diverses contraintes (phy-
c’est un opérateur transformant un signal vectoriel x ( t ) à K siques, technologiques et intellectuelles...) par introduction d’abord
composantes, en un signal vectoriel y ( t ) à M composantes, selon de l’apodisation (annexe, § 6.1), puis en remplaçant les retards par
la relation générale : des filtres quelconques, pour aboutir aux méthodes de filtrage
y ( t ) = HT ( t – u ) ∗ x ( u ) (1) numérique et aux techniques adaptatives.
La figure 2 symbolise la structure d’un filtre spatial général.
Cette relation décrit la convolution entre H (t ), la matrice de
réponse impulsionnelle du filtre, et le signal x ( t ) ; elle généralise
de manière triviale l’expression connue dans le cas scalaire.
Dans la suite, on s’intéressera surtout aux filtres à K entrées et
1.3 Signaux cohérents, surfaces d’ondes
une seule sortie, pour lesquels la matrice H devient un vecteur H . et variété d’antenne
Ces filtres particuliers sont appelés des « filtres spatiaux » (cf.
figure 2). D’ailleurs on ne perd pas en généralité en se concentrant Le signal vectoriel reçu par l’antenne est un mélange de signaux
sur ces filtres puisque, dans la relation (1), le signal y ( t ) peut utiles et de signaux indésirés. La possibilité de définir un traite-
s’exprimer à partir de la sortie de M filtres spatiaux. ment d’antenne est fondée sur l’existence d’une ressemblance
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d’appliquer le formalisme du filtrage spatial même si les ondes ne
sont pas planes ou sphériques, ou même si les surfaces d’ondes ne
sont pas définies. La variété d’antenne est toujours définie pour un
champ spatialement cohérent, par exemple pour les trajets mul-
tiples stationnaires non fluctuants.
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0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
métrique Ω est assez restrictif. Ce qui pose problème c’est que
l’intégrale ci-dessus porte seulement sur l’espace Ω. La meilleure θ (°)
preuve que cette décomposition est restrictive est qu’un bruit aussi
répandu que le bruit électronique incohérent, qui physiquement Figure 4 – Fonction d’ambiguïté du traitement classique
n’est pas généré par des sources extérieures, n’est pas modélisa- en représentation cartésienne
ble en général par une décomposition du type précédent. Par
contre, on peut le modéliser en supposant que les ondes peuvent
se propager à des vitesses quelconques. Pour préciser un peu les La fonction d’ambiguïté permet de quantifier l’effet du filtre spa-
choses, on introduit le concept d’espace « réel » et d’espace tial sur le signal. Le gain énergétique est donné par le produit
« virtuel ». scalaire :
2
■ Espace virtuel (θ ) = H T D θ
Pour rendre cette notion concrète on considère une antenne
linéaire à capteurs uniformément répartis plongée dans un milieu Le filtre spatial étant fixé, cette fonction permet de mesurer
homogène dont les sources sont supposées à l’infini, les ondes l’énergie du signal de sortie en fonction de la position de la source
sont planes caractérisées par leur angle θ d’incidence sur dans l’espace. Le support de cette fonction scalaire peut être à une,
l’antenne. La position d’une source est donc décrite par le retard deux ou trois dimensions selon la nature du problème traité, bien
que subit l’onde incidente en passant d’un capteur au capteur adja- qu’en toute rigueur, dans l’espace réel, avec une « vraie » antenne,
cent. Ce retard est : il soit nécessairement à trois dimensions (site, gisement, distance).
On simplifie souvent l’étude en excluant une ou deux dimensions
d cos ( θ )
τ = -------------------------- où la source ne peut pas se trouver en pratique.
c
À titre d’exemple, la figure 4 représente la fonction d’ambiguïté
avec d distance entre les deux capteurs, d’un filtre spatial « classique » dont la fonction de transfert est
c célérité de l’onde. donnée par :
Dans cette expression l’angle θ est réel et reste compris entre – π D*
H = -----------------------
-
et π et τ entre + d/c et – d/c. (D ✝ D )
Pourtant il est facile d’imaginer des valeurs de retard bien supé- La fonction d’ambiguïté correspondante est en fait le produit
rieures à d/c : il suffit de considérer des ondes se propageant plus
scalaire normalisé des deux vecteurs D θ et D . Le traitement clas-
lentement que c. Si l’on est dans une situation où coexistent deux
types d’ondes se propageant à deux vitesses différentes, il n’est sique reçoit donc une interprétation algébrique très simple : pour
pas possible d’expliquer les phénomènes observés dans le cadre pointer une antenne dans une direction, il suffit d’aligner le filtre
d’une modélisation avec une seule vitesse de propagation des spatial et le vecteur source correspondant sur la variété.
ondes. On peut malgré tout s’en sortir en introduisant des direc- Les « lobes » qui apparaissent sur la figure 4 sont présents sur
tions « virtuelles » pour lesquelles |cos (θ)| est supérieur à 1 (c’est- les fonctions d’ambiguïté de tous les filtres spatiaux, d’une façon
à-dire des directions imaginaires), mais cela n’est qu’un artifice ou d’une autre. On distingue un lobe « principal » de largeur finie
puisque physiquement il faudrait plutôt considérer des ondes plus (caractérisé par sa largeur à mi-hauteur souvent notée 2Θ3 ) et des
lentes. Notez bien que ces directions virtuelles ne sont pas inacces- lobes secondaires qui rappellent les figures d’interférence des
sibles puisqu’on peut récupérer l’énergie d’une direction lentilles optiques, ancêtres des filtres spatiaux.
« virtuelle » en utilisant les retards correspondant à des ondes plus
Un autre point intéressant qui apparaît sur cette figure d’ambi-
lentes. Ce pointage dans des directions virtuelles s’appelle aussi du
guïté est l’existence de directions de l’espace où la fonction
« surpointage ».
d’ambiguïté est nulle. Les sources ponctuelles éventuellement pré-
Pour donner une vue simplifiée plus générale on peut dire que sentes dans de telles directions sont totalement annulées par le fil-
la variété d’antenne est une variété plongée dans ⺓ K , mais tre spatial. Cette remarque est très utile pour concevoir un filtre
l’espace vectoriel engendré par cette variété n’est pas de dimen- « réjecteur » d’interférence. Algébriquement il suffit de construire
sion K. On a donc idée, avec l’espace virtuel, d’augmenter artificiel- un vecteur orthogonal à la direction spécifiée ; il y a même une infi-
lement la dimension de l’espace « objet » Ω pour engendrer les nité de solutions (plus précisément un espace vectoriel de solu-
vecteurs de ⺓ K qui ne font pas partie de la variété. tions). Parmi ces solutions on choisira celle qui permet à la fois
d’amplifier le signal et de réduire le bruit, point qui sera précisé
dans le paragraphe qui suit.
1.5 Fonction d’ambiguïté
Avec les éléments du paragraphe précédent il devient possible 1.6 Gain d’antenne
de préciser la notion de fonction de directivité (ou d’ambiguïté)
d’un traitement d’antenne et celle de gain d’antenne. La fonction Le gain d’antenne constitue le deuxième critère essentiel
de transfert du filtre spatial considéré étant H , dans la suite on pour évaluer objectivement un filtre spatial. Il mesure l’améliora-
omettra le plus souvent la fréquence des notations. tion du rapport signal à bruit amené par l’utilisation de ce filtre.
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Spécifiquement, ce gain est égal à la division de deux rapports elle peut être assez mal conditionnée). Si l’on considère un filtre
signal à bruit : spatial H de gain unité pour une source de vecteur source D , on
rapport signal à bruit en sortie du filtre spatial peut appliquer l’inégalité de Cauchy-Schwarz et obtenir l’inégalité
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- suivante :
rapport signal à bruit disponible sur un capteur de référence de l′antenne
2
HT D 2 = 1 = H T Q 1 2 Q –1 2 D
Il est facile de voir que ce gain est donné par la formule :
2 2
1 Q12 H * Q –1 2 D
HT
D0
2
G = --------------------------
-
HT Q H * 1 H T Q H * D ✝ Q –1 D
R
spatiale du bruit total. Si le bruit est réduit au bruit ambiant J,
décomposé dans la représentation ci-dessus, on trouve une Ce qui démontre que le volume d’ambiguïté est borné inférieu-
expression classique : rement et qu’il ne peut être annulé (théorème de Woodward). Le
filtre spatial qui minimise le volume d’ambiguïté est donné par la
1
G = ----------------------------------------------- condition d’égalité de Cauchy-Schwarz :
( ω ) p ( ω ) dω Q 1 2 H * = λ Q –1 2 D
Ω
qui fait apparaître le gain d’antenne comme l’inverse du volume de avec λ constante de proportionnalité ajustée de manière à assu-
la fonction d’ambiguïté, volume mesuré selon la mesure de proba- rer le respect de la contrainte de gain unité.
bilité p (ω ). Dans cette expression il a été supposé que le filtre spa- On en déduit :
tial possède un gain unité sur le signal, ce qui est une convention
familière qui sera utilisée souvent par la suite. Q –1 D *
H = ------------------------------
Dans le cas où le bruit résulte d’une superposition d’une inter- D ✝ Q –1 D
férence et d’un bruit ambiant, la matrice Q s’écrit :
Telle est l’expression de la fonction de transfert du filtre spatial
✝ optimum au sens du minimum de volume d’ambiguïté.
σJ + γ D 1 D 1
Q = ---------------------------------------
- En se reportant à l’expression du gain d’antenne donnée dans le
σ+γ
paragraphe 1.6, on voit que maximiser le gain d’antenne et mini-
et le gain devient : miser le volume d’ambiguïté, c’est « presque » la même chose. Il y
a une légère différence qui provient de la façon de définir le
1+s volume dans les deux cas. Dans le cas du gain d’antenne, en effet,
G = -----------------------------------------------------------
-
H TJ H * + s H T D 1 2 la mesure utilisée n’est pas la mesure de Lebesgue, mais une
mesure plus générale de probabilité qui décrit la répartition du
avec s = γ /σ . bruit ; la matrice Q devient la matrice J de cohérence spatiale du
bruit.
Pour améliorer le gain d’antenne en présence d’interférence, on
constate sur la formule précédente qu’il faut trouver un réjecteur
d’interférence qui minimise l’énergie du bruit ambiant. En général
cependant il est possible de faire mieux, comme nous le verrons
par la suite. 2. Modélisation statistique
du problème
1.7 Théorème de Woodward et traitement
La méthodologie présentée dans la première partie [TE 5 225,
optimal § 2] est applicable dès que l’on sait décrire la densité de probabilité
de l’observation. Cela suppose que l’on sait représenter le signal
La première approche de la question relève de considérations par un ensemble fini de nombres (échantillonnage), puis que l’on
géométriques sur la forme de la fonction d’ambiguïté. Au vu de la sait établir une relation entre les paramètres physiques et les para-
figure 4, il est « naturel » de considérer que le filtre idéal devrait mètres statistiques.
avoir un lobe principal infiniment étroit et des lobes secondaires
nuls. On traduit cette propriété en disant qu’il serait souhaitable
d’avoir un volume d’ambiguïté nul. Or il n’est pas possible d’annu-
ler ce volume. Plus précisément, on définira le volume d’ambiguïté 2.1 Représentation du signal d’antenne
par l’intégrale suivante :
L’observation correspond en premier lieu aux signaux reçus par
V H = ( ω ) dω = H TD
ω
2 dω
les capteurs de l’antenne pendant une durée finie [0, T ] :
X = { X (t )}t ∈[0,T ]
Ω Ω
Il est, bien entendu, difficile de parler de la densité de probabilité
✝
= HT DωD ω
dω H * d’une telle quantité sans précisions complémentaires : c’est tout le
Ω problème de la définition des processus aléatoires. La transfor-
mation d’une observation continue en une observation discrète (et
En introduisant la matrice Q = ✝
D ω D ω d ω , V ( H ) est la forme
même finie), et ceci sans perte d’informations, est une opération
pratique importante (elle permet de faire des calculs) qui fait appel
Ω à ce que l’on appelle un théorème « d’échantillonnage » ou « de
quadratique H T Q H * (la matrice Q est non singulière, même si représentation ».
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Trajectographie passive
par mesure d’angle
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navigation du senseur, c’est-à-dire sa position au cours du temps. Enfin, il est
nécessaire de faire une hypothèse sur la cinématique de la source, la plus simple
étant le mouvement rectiligne uniforme (MRU).
Si ces éléments sont réunis, en appliquant une des méthodes de trajectogra-
phie passive par mesure d’angle (TPA), on peut tenter d’estimer la trajectoire de
la source. Mais il reste encore une difficulté importante : pour que l’on obtienne
une solution unique, il faut que le porteur du senseur manœuvre, et pas de
n’importe quelle manière. Ce problème d’unicité de la solution est dit d’observa-
bilité. La trajectoire suivie par l’observateur intervient aussi dans la précision de
la localisation : c’est alors un problème de commande optimale.
Le problème de base de TPA dans un plan n’est donc pas qu’un simple pro-
blème d’estimation [TE 5 225]. C’est en lui-même un domaine complet qui a fait
et fait encore couler beaucoup d’encre. Sur le plan théorique, la TPA appartient à
la fois au domaine de l’automatique (observabilité, commande optimale) et au
domaine de la statistique mathématique, surtout la théorie de l’estimation. Dans
le cadre de cette dernière, nous présentons une notion importante, la borne de
Cramèr-Rao (BCR), qui est la limite inférieure d’incertitude sur l’estimation d’une
grandeur, ici la distance. Autrement dit, sous certaines conditions, aucun algo-
rithme ne peut estimer la distance avec un écart-type inférieur à celui donné par
la borne de Cramèr-Rao.
Reste à établir des algorithmes fournissant des paramètres de la trajectoire de
la source de façon efficace. Différentes méthodes récursives (type filtrage de Kal-
man) ou globales (type maximum de vraisemblance) sont présentées, ainsi que
leur précision et leur robustesse.
L’application pratique de la trajectographie passive n’est pas plus aisée que
l’aspect théorique. Il est nécessaire de connaître différents domaines technologi-
ques comme ceux des senseurs employés, de leur système de navigation, du
milieu et de la propagation, sans oublier la prise en compte de l’opérateur. Nous
présentons des exemples d’application.
Dans le texte suivant [TE 6 707], ce problème de base de TPA est étendu à des
cas où l’observateur obtient des informations supplémentaires sur l’objectif
comme des plages de vitesse possibles, des limitations géographiques ou des
mesures additionnelles de fréquences émises par la source. Le problème de la
trajectographie de sources manœuvrantes est aussi abordé, ainsi que la
manœuvre optimale de l’observateur.
Toujours dans [TE 6 707], nous présentons des méthodes multi-plates-formes,
notamment les tests d’association de pistes angulaires en présence de parallaxe.
Ces algorithmes font intervenir la trajectographie passive de chaque plate-
forme. D’autres mesures comme le retard différentiel ou le doppler différentiel
entre deux plates-formes peuvent aussi être exploitées comme nous le mon-
trons finalement.
Cet exposé ne s’adresse pas uniquement aux ingénieurs confrontés à des pro-
blèmes de localisation et à la trajectographie passive. C’est aussi un exemple
complet de mise en œuvre de la théorie statistique de l’estimation et de l’auto-
matique susceptible d’intéresser un plus large public.
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R
lent en radar est appelé plot. tion d’émetteurs terrestres à partir par exemple d’un avion
Extraction : algorithme d’association temporelle des événe- d’écoute électronique. En sonar passif, depuis les années 1960, le
ments détectés afin de créer des pistes. Il comporte une phase réseau fixe très basse fréquence SOSUS (Sound Surveillance Sys-
d’initialisation, d’entretien des pistes et d’arrêt de celles-ci tem) fixé au fond de l’océan entre le Groenland, l’Islande et le nord
(synonyme : ADT pour automatic detection and tracking). de l’Écosse permet la triangulation des sous-marins situés dans la
Gisement : direction d’une source par rapport à l’avant du mer de Barents au nord de la Scandinavie. Citons un autre exem-
porteur. ple du même type, toujours en sonar : un sous-marin moderne,
Localisation passive : méthode utilisant les mesures d’un ou doté d’une antenne de coque et remorquant une antenne linéaire à
de plusieurs senseurs passifs permettant d’estimer la position quelques centaines de mètres.
géographique d’une source fixe.
Normalisation : algorithme lié au détecteur permettant de
réguler le taux de fausses alarmes face à des conditions de 1.1.2 La trajectographie ou la prise en compte
bruits évolutives. de la cinématique de la source
Pseudo-linéarisation : méthode permettant de mettre sous
forme d’un système linéaire la TPA, la non-linéarité étant trans-
férée dans le terme de bruit de mesure. La principale limitation de la triangulation est qu’il faut soit, simul-
Récurrence : les traitements amont d’un récepteur passif tanément, plusieurs mesures d’angles provenant de senseurs dis-
sont, en général, cadencés par exemple par la durée des tron- persés, soit une source fixe et un senseur unique se déplaçant.
çons de signal temporel sur lesquels sont réalisés l’analyse Les astronomes furent les premiers à être confrontés à ces limita-
harmonique et le traitement d’antenne. tions lorsqu’ils tentèrent d’estimer la distance d’astéroïdes à la Terre.
Résidus : dans une méthode globale, différence entre la Ces objets se déplacent à des vitesses proches de celle de la Terre
mesure et la mesure estimée. portant le télescope. En considérant l’astre fixe, les distances obte-
Trajectographie passive : méthode utilisant les mesures d’un nues étaient incohérentes et, surtout, les prévisions des positions
ou de plusieurs senseurs passifs permettant d’estimer la posi- futures de astre étaient aberrantes.
tion géographique d’une source en mouvement. C’est Carl Friedrich Gauss qui, à 24 ans, résolut le premier pro-
blème de trajectographie passive par mesure d’angle appliqué à un
nouvel astéroïde (Cérès) observé pendant seulement 41 jours par
un astronome italien puis masqué par l’éclat du Soleil. Dix mois plus
1.1 Historique et applications tard, Cérès réapparut exactement dans la direction qu’avait prédite
Gauss, ce qui le rendit définitivement célèbre : ce savant passa le
reste de sa longue et prolifique vie sans souci matériel.
1.1.1 Utilisation de la parallaxe en localisation
À cette occasion, Gauss développa des concepts fondamentaux,
et ambiguïté que nous utilisons d’ailleurs ici :
— la notion de modèle de cinématique de la source ;
La plus courante des méthodes de localisation passive est la trian-
— la méthode d’estimation par les moindres carrés ;
gulation entre lignes de visée. L’exploitation de la parallaxe à des
— la notion d’observabilité car Gauss détermina le nombre mini-
fins de localisation d’un point distant est très ancienne. Les arpen-
mal de mesures permettant de déterminer de façon unique les para-
teurs, depuis l’Antiquité et durant tout le Moyen Âge, appliquèrent la
mètres de la trajectoire képlerienne ;
théorie de la géométrie du triangle pour mesurer de petits terrains.
Grâce à la venue de la boussole de visée, leurs compétences s’éten- — la loi gaussienne « en cloche » chère aux probabilistes et utili-
dirent progressivement aux mesures d’intersections à grande dis- sée partout, y compris ici.
tance. Ainsi, empiriquement, les arpenteurs inventèrent la La seconde grande application de la TPA fut malheureusement à
triangulation. des buts moins pacifiques. Elle s’est développée à la suite de la
Les topographes qui établirent les premières cartes précises du Seconde Guerre mondiale pour les besoins des sous-mariniers. Un
Royaume de France, à la demande de Colbert (1678), travaillèrent sous-marin est doté de plusieurs appareils de mesure passive
par triangulations successives, formant un canevas de points de d’angle. Proche de la surface, il peut utiliser un périscope. En immer-
référence. Tous ces points cartographiés étaient remarquables sion profonde, il exploite son sonar passif pour déterminer l’azimut
(clochers, bornes, rochers...). Le topographe, lors de ces mesures de l’objectif. Or, le marin se doit d’estimer la distance de l’objectif,
successives, visait toujours le même objet fixe et identifiable sans ne serait-ce que pour savoir s’il est à portée de ses armes. Ce pro-
ambiguïté. blème de base est illustré par la figure 1.
Jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale, le levé de Les premières méthodes de TPA furent manuelles (tracé ou calcul
carte n’a pas beaucoup varié dans son principe. Il consistait toujours simple type règle de trois). En 1950, un futur amiral de l’US Navy,
à mesurer la distance entre deux points (par exemple en tendant un John Ekelund, développa une méthode qui porte son nom et qui est
fil d’Invar) et de ces deux lieux, à effectuer des visées à l’aide d’un toujours utilisée. Nous la présentons au paragraphe 4.2.
théodolite. L’estimation de la position recherchée se faisait par tra- Avec l’arrivée des calculateurs embarqués, des algorithmes
cés géométriques. Mentionnons que les topographes ne sont pas d’estimation automatique furent développés. Les premiers étaient
les seuls à exploiter la parallaxe mesurée par des dispositifs récursifs car ces algorithmes sont les moins coûteux en terme de
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Sources réelles
Cap
du but
But
(source,
β = azimut cible)
Source fantôme
Cap ce
tan
Dis
R
Gisement
A B
charge de calcul et de mémoire. Mais se révélant instables, comme a hypothèse H0
nous le montrons (§ 4.3), ils furent remplacés par des approches non
récursives donnant de meilleurs résultats mais demandant des cal-
culateurs plus puissants.
Dans le domaine optique, l’amélioration considérable des camé- S2
ras à rayonnement infrarouge à terre ou embarquées à bord S1
d’aéronefs permit d’appliquer les algorithmes de TPA à d’autres
domaines que le sonar comme, par exemple, la défense antimissile.
La trajectoire de la source chaude qu’est le missile ne suit plus un
simple MRU mais un mouvement d’ordre supérieur proche d’une
parabole. A B
Enfin, dans le domaine du combat air-air, les progrès en intercep- b hypothèse H1
tion électromagnétique et aussi en optique ont relancé le domaine
de la trajectographie passive pour des cas difficiles car tridimen-
sionnels et face à des cibles manœuvrantes. Figure 3 – Ambiguïté d’association en multi-plate-forme
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1.2 Modèles de trajectoires Jusqu’ici, nous avons défini des modèles purement déte-
rministes, entre des instants de manœuvre aléatoires. Mais l’aléa
peut être introduit au niveau même de l’équation d’état qui devient
Dans le domaine maritime, la cinématique des sources est assez alors du type :
peu variée, statistiquement parlant. Les bateaux non militaires, qui
en temps de paix représentent la grande majorité des sources x s ( t ) = x s ( t* ) + v xs ( t – t* ) + η xs (4)
acoustiques, naviguent en mouvement rectiligne uniforme (MRU).
Les bateaux de commerce prennent le plus court chemin pour aller y s ( t ) = y s ( t* ) + v ys ( t – t* ) + η ys (5)
d’un point à un autre, pour des raisons évidentes d’économie.
Néanmoins, les pêcheurs peuvent suivre une trajectoire zigzagante
mais ces bateaux sont rares sur les zones de grands fonds. Les où les bruits d’état η xs et η ys sont des variables aléatoires de carac-
bâtiments de guerre sont eux aussi la plupart du temps en MRU, afin téristiques (loi, moyenne, écart-type) données. Cette extension
R
de rester discrets, à cause de leur mission (convoyage, transit...) ou stochastique du cas de base est en pratique assez peu utilisée en
de la mise en œuvre de matériel (catapultage d’avion, remorquage trajectographie passive et reste actuellement du domaine de la
de sonar...). S’ils manœuvrent, ils le font de façon soudaine et recherche car le problème déterministe est déjà suffisamment
rapide. difficile.
Si le système de surveillance détecte une source ne se déplaçant
pas en MRU dans une plage de vitesses standards, alors il doit aler-
ter le veilleur qui effectue une analyse plus fine sur la cause de ce
comportement atypique.
1.3 Mesures élémentaires fournies
par un système passif
Exemple : un bateau restant fixe au large d’une côte peut être un
trafiquant prêt à débarquer son chargement illégal ou tout bonnement
un bateau en panne de propulsion. Comme nous l’avons mentionné précédemment, la plus courante
Ces considérations succinctes montrent qu’il y a un modèle de des mesures issues d’un senseur passif est l’angle. Dans le plan,
cinématique de base privilégié, le MRU (incluant le cas d’une vitesse l’angle en question est l’azimut, c’est-à-dire la direction de la ligne
nulle). Dans un plan doté d’un repère cartésien orthonormé, les de visée par rapport au nord. Les azimuts sont mesurés dans le sens
coordonnées xs(t) et ys(t) d’une source en MRU à un instant t quel- des aiguilles d’une montre entre 0˚ et 360˚.
conque sont données par les équations d’état : Si la position, supposée connue, de l’observateur est donnée à
l’instant t par xo(t) et yo(t), alors l’azimut vrai (sans bruit) β(t) est
x s ( t ) = x s ( t* ) + v xs ( t – t* ) (1) donné par :
β(t) = arctan [xr(t)/yr(t)] (6)
y s ( t ) = y s ( t* ) + v ys ( t – t* ) (2)
avec xr(t) et yr(t) les coordonnées relatives de la source dans un
avec xs(t*) et ys(t*) les coordonnées de la source à l’instant repère lié à l’observateur :
arbitraire t*, xr(t) = xs(t) − xo(t)
v xs et v ys les composantes de sa vitesse, constantes en
MRU. et de même pour yr(t).
On appelle vecteur d’état les paramètres déterminant la trajec- L’azimut mesuré βm(t) est l’azimut vrai plus un bruit de mesure ε(t)
toire de la source. C’est ici pour le MRU le vecteur quadridimension- de loi connue :
nel suivant : βm(t) = β(t) + ε(t) (7)
T
X s = [ x s ( t* ), y s ( t* ), v xs, v ys ] (3) x s ( t* ) + ( t – t* )v xs ( t ) – x o ( t )
β m ( t ) = arctan ----------------------------------------------------------------------------- + ε ( t ) (8)
Tout le problème de la trajectographie passive est d’estimer ces y s ( t* ) + ( t – t* )v ys ( t ) – y o ( t )
quatre composantes.
Si la cible est zigzagante, son modèle de cinématique peut être Mentionnons que dans l’espace tridimensionnel, le senseur peut
une suite de segments (dite en chaîne d’arpenteur). On néglige alors mesurer, en plus de l’azimut, le site de la cible, appelé aussi l’angle
la durée de la manœuvre vis-à-vis de chaque tronçon rectiligne. d’élévation.
Dans ce cas, on utilise le même modèle que précédemment entre Un senseur passif peut également mesurer la fréquence d’une ou
deux instants de manœuvre tm et tm+1 qu’il s’agit de détecter et de plusieurs sinusoïdes émises par la source. Si la fréquence émise
d’estimer à partir des mesures issues du senseur passif [TE 6 707]. fe est stable, alors le senseur reçoit la fréquence dopplerisée donnée
Ce cas de base peut se généraliser : par :
— en passant à trois dimensions : on ajoute alors la composante f(t) = fe[1 − vr(t)/c] (9)
immersion (ou altitude) z au vecteur d’état ;
— en ayant des mouvements d’ordre supérieur à 1, c’est-à-dire où vr(t) est la vitesse radiale de la source par rapport au senseur, et
avec des composantes accélération et des dérivées plus élevées. c la célérité de l’onde dans le milieu (environ 1 500 m/s pour le son
Cela permet de prendre en compte par exemple des trajectoires dans l’eau et 300 000 km/s pour les ondes radio). Cette fréquence
balistiques. est mesurée par des méthodes d’analyse spectrale (FFT : fast Fou-
Comme pour le cas simple du MRU, cette cinématique peut être rier transform). Cette mesure est souvent effectuée simultanément à
entrecoupée de manœuvres soudaines. Bien sûr, on peut choisir un celle de l’azimut de la source.
modèle de trajectoire particulier, le cercle, la spirale ou pourquoi pas Il existe aussi des senseurs qui mesurent des retards différentiels,
le lemniscate de Bernoulli si la source fait des « huit ». Ce sont là des c’est-à-dire des écarts de temps de propagation entre deux cap-
cas très particuliers mais qui peuvent se mettre sous forme d’équa- teurs. On peut aussi mesurer des écarts de fréquences reçues par
tions d’état comme précédemment et donc être traités par les les deux senseurs car la raie émise n’a pas subi le même doppler du
méthodes générales d’estimation présentées au paragraphe 2. fait de la géométrie [TE 6 707]. C’est le cas par exemple en sonar
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dans les réseaux de bouées acoustiques qui sont larguées d’avions Une piste peut donc être lacunaire. Si ce trou de détection est
dans l’eau. long, plus de 10 min par exemple, alors l’opérateur doit être capable
Nota : il existe bien d’autres variétés de senseurs passifs (gravitationnel, sismique, de de déterminer si la piste avant et après cette perte de contact corres-
champ électrique) mais ils sont trop spécifiques pour cette présentation générale. pond bien à la même source réelle. Il peut le faire en utilisant par
exemple l’analyse audio.
Mais l’extraction peut aussi travailler globalement sur un ensem-
1.4 Obtention des pistes ble de récurrences consécutives. C’est là que sont utilisés les algo-
rithmes de programmation dynamique pour relier les événements
entre eux par le plus court chemin (au sens d’une certaine métrique).
Nous décrivons succinctement les étapes, qui vont des senseurs Nous ne nous appesantissons pas plus sur ces algorithmes de
jusqu’à l’obtention des pistes et qui permettent d’effectuer la TP. pistage qui représentent à eux seuls un domaine à part entière [1]
Nous prenons le cas d’une chaîne de réception passive de sonar [6]. [2]. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’on obtient ainsi des pistes de durée
R
très variable constituées en grande partie de mesures provenant de
la source, contenant aussi quelques fausses alarmes.
1.4.1 Description des traitements en amont
Pour obtenir ces mesures angulaires ou de fréquence, on effectue 1.5 Trajectographie passive et problème
tout d’abord un traitement d’antenne tel que décrit dans [TE 5 225].
En sonar, on parle de formation de voie classique ou adaptative,
d’observabilité
cette dernière améliorant la résolution spatiale et fournissant ainsi
des pistes angulaires de meilleure qualité : elles sont moins biaisées
angulairement, ce qui représente un grand avantage pour la TPA. Abordons maintenant une particularité importante de la trajecto-
graphie passive, l’observabilité. D’une façon générale, l’équation de
Après filtrage-détection-intégration, ce traitement en amont four- mesure d’un senseur passif peut se définir comme :
nit la valeur de l’énergie reçue en fonction de l’angle. Chacun des
maxima locaux en 1D (angle seul) ou 2D (azimut-fréquence) peut Z = s(X) + ε (10)
fournir une mesure mais il peut aussi correspondre à une fausse avec Z la mesure disponible,
alarme. Ces maxima sont soumis à un seuil : ils sont éliminés s’ils
sont au-dessous de ce seuil car ils ont alors une forte probabilité de X le vecteur d’état caractérisant la trajectoire,
correspondre à des fausses alarmes. Une opération de normalisa- ε le bruit de mesure.
tion est effectuée préalablement. Elle permet de placer ce seuil de
prédétection de façon à avoir un taux de fausse alarme constant La plupart du temps en TP, la fonction de mesure s est non linéaire
malgré des conditions changeantes du champ de bruit. Tout ce qui et non bijective vis-à-vis des coordonnées de l’élément mesuré. Il
dépasse ce seuil est appelé « événement », caractérisé par une esti- n’est donc pas toujours possible d’estimer toutes les composantes
mation du rapport signal sur bruit et une mesure de gisement. Ce du vecteur d’état décrivant la trajectoire de la source, même dans le
gisement est ensuite converti en azimut (azimut = gisement + cap). cas déterministe (modèle exact, sans bruit de mesure, ni d’état).
C’est là qu’intervient la notion de complète observabilité déte-
Toutes ces opérations sont cadencées par la fréquence d’échan- rministe. Elle s’énonce de la façon suivante :
tillonnage des signaux temporels issus des capteurs. On obtient
ainsi une série temporelle de mesures d’azimut que l’on note βm(tk)
avec tk = kTe, Te étant la période de sortie des mesures angulaires. Un système sans bruit d’état ni de mesure est dit complète-
ment observable sur un intervalle temporel [t0, tf] si les mesures
Typiquement, la cadence de mesure d’angle d’un sonar passif est
disponibles durant cette période permettent d’obtenir le vecteur
comprise entre 1 et 10 s. Comme le vecteur d’état inconnu a quatre
d’état initial X(t0) de façon unique.
composantes, il faut au moins quatre mesures pour avoir une
chance de résoudre le problème. Mais en pratique, il faut souvent
plus d’une centaine de mesures pour obtenir une estimation consis- La notion d’observabilité a été introduite par Kalman dans le
tante, soit une durée totale de mesure d’au moins 10 à 15 min. Ce ne cadre des systèmes linéaires dans les années 1960. Dans le cas
sont que des ordres de grandeur pour fixer les idées et nous don- linéaire, il existe de nombreux critères d’observabilité que l’on
nons au paragraphe 3.3 des moyens pour évaluer la précision de la trouve dans la littérature [5].
TPA en fonction, entre autres, de la durée de la piste.
En TP, l’observabilité a fait couler beaucoup d’encre (y compris de
la part des auteurs) car on a affaire à un cas non linéaire. Or, les cri-
tères d’observabilité en non linéaire, quand ils existent, ne donnent
1.4.2 Extraction des pistes pas de résultats exploitables.
Par chance, certaines équations de mesure en trajectographie
Les événements sont ensuite associés temporellement entre eux,
peuvent se mettre sous forme linéaire rigoureusement équivalente.
de récurrence en récurrence, pour constituer des pistes. Les événe-
Le cas le plus remarquable, que nous approfondissons au
ments qui n’appartiennent à aucune piste sont considérés comme
paragraphe 3.2 est la TPA où l’équation (6) peut s’écrire aussi :
de fausses alarmes. Cette étape, dite aussi d’extraction, ou automa-
tic detection and tracking (ADT), exploite la cohérence temporelle 0 = cosβ(t) · xr(t) − sinβ(t) · yr(t) (11)
entre récurrences successives [2].
Dans cette équation, les paramètres connus sont les cosinus et
Ces algorithmes de pistage peuvent être récursifs : ils commen-
sinus, l’azimut étant connu. Les inconnues sont les coordonnées
cent par initialiser une piste candidate sur quelques récurrences ;
relatives. Il faut donc trouver les conditions sous lesquelles cette
puis, si cette prépiste est confirmée selon un certain critère d’accep-
équation linéaire a une seule solution.
tation, alors elle passe en mode entretenu à l’aide d’un filtrage en
azimut de type Kalman linéaire. Lorsque la piste n’est plus alimen- Mentionnons pour finir que l’observabilité dans la plupart des
tée par de nouveaux événements, elle est abandonnée selon un cri- problèmes de trajectographie n’a pas actuellement reçu de solution.
tère d’arrêt. En fait, seuls les problèmes pouvant se mettre sous une forme équi-
Nota : ce filtre ne sert qu’à lier les détections cohérentes dans le temps mais ne fournit valente linéaire ont leur observabilité clairement déterminée et,
pas les entrées de la TPA. malheureusement, ils sont peu nombreux.
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Trajectographie passive
à partir d’angles et d’autres mesures
par Claude JAUFFRET
Professeur à l’Université du Sud-Toulon-Var
et Denis PILLON
Ingénieur Thales Underwater Systems R
1. Detection des manœuvres de la source en TPA............................. TE 6 707 - 3
1.1 Détectabilité d’une manœuvre en TPA ...................................................... — 3
1.2 Notion de résidus et de cross résidus ........................................................ — 4
1.3 Tests des résidus.......................................................................................... — 4
1.4 Tests des cross résidus................................................................................ — 6
1.5 Exemple d’application à la TPA .................................................................. — 6
1.6 Utilisation des tests non paramétriques pour la détection
de manœuvre ............................................................................................... — 7
2. Estimation de la trajectoire de la source après la détection
de sa manœuvre........................................................................................ — 7
2.1 Notion et algorithmes de trajectographie passive partielle (TPP) ........... — 7
2.2 Cas où le porteur ne manœuvre jamais ..................................................... — 9
2.3 Cas où le porteur a déjà manœuvré ........................................................... — 10
3. Trajectographie passive par mesures d’azimut
et de fréquence ......................................................................................... — 10
3.1 Position du problème de TPAF ................................................................... — 10
3.2 Mise en équation de la TPAF et rappel sur les estimateurs associés ...... — 11
3.3 Calcul de la matrice d’information de Fisher en TPAF
(cas monofréquence) ................................................................................... — 11
3.4 Apport informationnel du nombre de fréquences émises ....................... — 12
3.5 Exemples de résultats de TPAF et TPANF ................................................. — 13
4. Association multiplate-forme de pistes en présence
de parallaxe ................................................................................................ — 14
4.1 Présentation du problème ........................................................................... — 14
4.2 Présentation du test du rapport de vraisemblance généralisé (RVG) ..... — 15
4.3 Application du RVG au cas d’association multiplate-forme
en angles seuls............................................................................................. — 16
4.4 Exemple simulé d’association multiplate-forme ....................................... — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. TE 6 707
u cours de la première partie [TE 6705], nous avons présenté les principes
A généraux de la trajectographie passive ainsi que les algorithmes permet-
tant de traiter le problème de base dit de TPA (trajectographie passive par
mesure d’angle). Rappelons qu’en TPA, on utilise un seul senseur, mobile,
mesurant la direction angulaire d’une source laquelle est supposée en mouve-
ment rectiligne uniforme (MRU). Nous avons déterminé les limites
fondamentales des techniques de TPA et présenté des résultats typiques selon
des hypothèses canoniques. Au cours de cette seconde partie, nous allons
aborder le problème de l’apport d’informations additionnelles aux mesures
d’angles. Les mesures supplémentaires considérées ici sont :
– soit, celles relatives à la détection d’une éventuelle manœuvre de la source ;
– soit celles de fréquences éventuellement émises par la source ;
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Nous allons montrer que dans ces trois cas, il n’est plus nécessaire à l’obser-
vateur de manœuvrer comme en TPA, ce qui représente un avantage
indubitable.
Le premier paragraphe de ce dossier traite du problème de la détection de
manœuvre de la source. Une particularité de ce problème réside dans le fait
que cette manœuvre n’est pas toujours détectable : nous montrons en effet
qu’il existe toute une famille de cinématique (non-MRU) de la source indétec-
table par l’observateur, même en l’absence de bruit. Pour les autres
géométries oùla détection de manœuvre est potentiellement possible, nous
présentons des tests statistiques, paramétriques ou non qui exploitent les
R
résidus d’estimation, écarts entre les mesures et leurs estimations. Nous
donnons les performances générales de ces tests et nous illustrons ces résul-
tats théoriques par un exemple type.
Lorsqu’une manœuvre est détectée à l’instant tM , plutôt que d’oublier toutes
les mesures antérieures pour refaire une estimation de la nouvelle trajectoire
suivie par la source, on peut prendre en compte, en tant que mesure addition-
nelle, les éléments cinématiques relatifs au but acquis avant qu’il ne
manœuvre. C’est l’objet du second paragraphe qui traite du cas usuel où la
vitesse de la source ne change pas – en module – avant et après la manœuvre.
Nous abordons le cas le plus intéressant en pratique, celui où l’observateur
(porteur) ne manœuvre jamais que ce soit avant ou après la détection de la
manœuvre de la source. Nous montrons qu’alors l’observateur peut estimer
les paramètres cinématiques de la source ayant manœuvré. Nous traitons
ensuite du cas plus simple mais plus contraignant pour l’observateur, où ce
dernier a manœuvré avant que la cible n’ait manœuvré. Mais auparavant, en
début de paragraphe, nous introduisons une notion très utile, celle de trajecto-
graphie passive partielle (TPP), correspondant à une situation d’inobservabilité
où seules 3 composantes du vecteur d’état peuvent être estimées.
Le troisième paragraphe traite du cas d’un capteur mesurant en plus de
l’angle, une ou des fréquences de raies stables rayonnées par la source. Ces
raies bande étroite ou signal sinusoïdal, dont la fréquence émise est inconnue
par l’observateur, subissent un décalage doppler évoluant au cours du temps à
cause de la cinématique. On obtient ainsi des pistes défilant angulairement et
évolutives dans le domaine spectral. Le système est alors observable et donc,
cette méthode dite de TPAF (TP par mesure d’angle et de fréquence) ne néces-
site pas de manœuvre de l’observateur. Nous présentons des résultats
concernant sa précision ultime (borne de Cramèr-Rao) ainsi que les algo-
rithmes permettant d’obtenir une solution, que ce soit dans le cas mono ou
multifréquence (on parle alors de TPANF pour TP par mesures d’angles et de N
fréquences). En ce qui concerne ce dernier cas, nous montrons que, plus le
nombre de raies pris en compte augmente (c’est-à-dire plus la dimension du
vecteur d’état croît), plus la précision de localisation s’améliore, toutes choses
égales par ailleurs.
Enfin, au cours du dernier paragraphe, nous passons du cas monosenseur
(comme la TPA ou la TPAF), au cas de base dans les systèmes multisenseurs
répartis : il s’agit du problème de triangulation à partir de deux senseurs dis-
tants mesurant chacun un angle. Le problème principal n’est pas celui de
l’estimation de la position de la source mais celui de l’association des lignes de
visées en présence de parallaxe (rappelons qu’associer, c’est décider que deux
pistes, l’une détectée par le senseur 1, l’autre par le senseur 2, proviennent
bien de la même et unique source). La comparaison directe des azimuts prove-
nant des deux senseurs n’est pas possible à cause de la parallaxe. Nous
montrons comment les méthodes de trajectographie permettent de s’affranchir
de ces biais angulaires interplates-formes, de résoudre les problèmes d’ambi-
guïtés d’association et ainsi, d’éviter l’apparition de sources fantômes. Mais
avant cela, en début de ce paragraphe, nous introduisons les tests du rapport
de vraisemblance généralisé (RVG), notion très importante en pratique mais
souvent utilisée sous des hypothèses non complètement validées.
XX
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVWPW
R
2t
RVG : rapport de vraisemblance généralisé (test statistique t
paramétrique de décision bi-hypothèses) 0
TPA : trajectographie passive par mesure d’azimut MRU équivalent
TPAF : trajectographie passive par mesure d’angle et d’une fré- 3t
quence (cas monoraie)
TPANF : trajectographie passive par mesure d’angle et de plu-
sieurs fréquences (cas multiraies) t instant 4t
TP2A : trajectographie passive par mesures de deux angles
(c’est-à-dire triangulation dynamique à partir de deux senseurs
distants)
TPP : trajectographie passive partielle (cas de trajectographie Figure 1 – Manœuvres indétectables en TPA
passive pour lesquels on ne peut pas estimer toutes les com-
posantes du vecteur d’état)
Trajectographie Passive (TP) : méthode utilisant les mesures
d’un ou plusieurs senseurs passifs permettant d’estimer la faisable avec des mesures parfaites sans bruit. Il faut que la
position d’une source en mouvement manœuvre de la source soit telle que les azimuts ne soient pas
ceux que l’observateur aurait mesurés si la source avait conservé
son mouvement rectiligne uniforme. Si l’observateur est en MRU,
ce problème est le pendant de celui de l’observabilité présenté au
paragraphe 3.2.2.1 de [TE 6 705] relatif au critère de Nardone et
1. Détection des manœuvres Aidala. Il suffit de reprendre la figure de ce paragraphe et d’inver-
ser les termes « observateur » et « source » pour obtenir la
de la source en TPA figure 1 représentant une situation où les manœuvres de la source
sont indétectables à partir des mesures d’angle seules. Ces ciné-
matiques ont d’ailleurs un intérêt tactique puisqu’elles permettent
1.1 Détectabilité d’une manœuvre de s’approcher ou de s’éloigner d’un adversaire sans que ce der-
nier ne puisse le détecter à partir de ses propres mesures d’angles.
en TPA Par contre, elles nécessitent en général de changer en permanence
de vitesse en direction et en module.
Le problème traité ici est celui de la détection d’une éven- Cette notion de détectabilité a un impact sur la définition des
tuelle manœuvre de la source uniquement à partir des mesures tests de détection de manœuvre. D’une façon générale, afin de
d’azimuts, cette détection pouvant d’ailleurs se faire même si s’assurer de la validité des modèles utilisés, on utilise des tests bi-
l’observateur est en MRU (un terme utilisé aussi par les Anglo- hypothèses. L’hypothèse H0 s’énonce « le modèle ayant servi à
saxons est zig detector ). l’estimation est valide » contre son alternative H1 , « le modèle est
erroné ». Plus précisément, dans le cas de la détection de
Tout d’abord, l’observateur peut avoir d’autres informations que manœuvre et suite à ce que l’on a exposé concernant sa détectabi-
les angles lui indiquant que la source est en train de manœuvrer. lité, les hypothèses à trancher s’énoncent : « la source a suivi une
trajectoire équivalente à un MRU » contre son alternative H1 , « la
Exemples source a manœuvré ».
En guerre sous-marine, un bruit de barre détecté grâce à l’écoute En quelque sorte, si l’hypothèse H0 est rejetée, alors on peut
audio indique que le bateau adverse effectue une giration. Une aug- considérer – avec la probabilité d’erreur correspondant au seuil du
mentation de la vitesse de rotation des hélices signifie que la source test – que la source a manœuvré. Si H0 est retenue, on ne peut rien
accélère à cap constant, ce qui est une possibilité de manœuvre. Les conclure de rigoureux concernant la manœuvre ou non de l’adver-
évolutions de fréquences permettent aussi aisément de détecter la saire, comme le montre l’exemple de la figure 1. Souvent, par faci-
manœuvre en TPAF (cf.§ 3). lité, on parle de « non-manœuvre de la source » sous hypothèse
H0 . Mais, en toute rigueur, c’est un abus de langage.
Dans le domaine aérien, un changement de la signature infrarouge
peut être dû à la manœuvre de l’avion adverse. Un problème supplémentaire est que les erreurs de modèle ne
portent pas nécessairement uniquement sur la cinématique de la
Si l’observateur a la chance d’avoir ce type d’indication externe, source. Il peut y avoir simultanément des aberrations d’antennes
alors il est préférable pour lui de ne pas exploiter les évolutions entraînant aussi des erreurs d’estimations rédhibitoires ou d’autres
des mesures d’angles pour chercher à détecter la manœuvre de types de perturbations. Comment détecter ces diverses anomalies
son adversaire : avec uniquement les mesures d’angle, la détection et les compenser par un algorithme de TPA adéquat ?
est généralement moins efficace et même parfois, pour certaines À ce stade, il faut être réaliste : ce problème n’a pas de solution
cinématiques, complètement impossible. viable. Avec les mesures d’angle seul, si plusieurs hypothèses du
En effet, pour qu’il soit possible de détecter une manœuvre à modèle sont simultanément erronées, il y a en pratique très peu
partir des mesures bruitées d’azimut, il faut au moins que cela soit de chances de trouver un jour un algorithme de TPA robuste à
XY
r←ヲ←イ・ョ」・@iョエ・イョ・エ
teVWPW
avec H = argmin Q (X ) ,
X estimé qui minimise le critère
1 1
Dans la suite de l’exposé, nous considérons uniquement
des manœuvres consistant en un changement instantané de quadratique :
cap à vitesse constante en module (zigzag). Rappelons que ce
type de manœuvre est le plus courant pour les bateaux con- Q1 (X ) = [Z 1 − s 1 (X )]T Σ1−1 [Z 1 − s 1 (X )]
formément aux hypothèses générales de modèle de trajec-
toire présenté au § 1.2 de la première partie [TE 6 705].
YP
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Fusion de données
Théorie et méthodes
par Jean-François GRANDIN
Ingénieur de l’Institut national des télécommunications
R
Expert en traitement d’information
Direction technique - Systèmes de guerre électronique
Thales Systèmes Aéroportés
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YQ
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sWRRT
R rence bayésienne est construite pour ce type d’évaluation et se prête à des pro-
pagations d’hypothèses élaborées (MHT : « multiple hypothesis tracking »,
réseaux bayésiens) intégrant des connaissances de nature et de niveau
hétérogènes.
Le modèle de fusion de données [1] [2] [3], proposé en 1985 par le On distingue trois types de bases [1] :
JDL (U.S. Joint Directors of Laboratories Data Fusion Group) décrit — la fusion de mesures qui combine directement les mesures de
les fonctions liées à la fusion des données. Soit une situation réelle chaque capteur ; elle est encore appelée fusion amont ;
observée par un ensemble de capteurs. La fusion de données col-
— la fusion de primitives qui combine des caractéristiques extrai-
lecte et synthétise ces informations grâce à trois fonctions principa-
tes par chaque capteur ;
les (figure 1).
— la fusion de décisions qui combine l’information après que
■ L’alignement consiste à ramener les informations dans un réfé- chaque capteur a déterminé une localisation, une identité partielle
rentiel où elles peuvent être comparées. Parlant de capteurs physi- des objets présents ; elle est encore appelée fusion aval.
ques, il s’agit de transformer les données pour exprimer les Le passage d’une fusion amont à une fusion aval nécessite d’opé-
mesures dans un repère identique. La normalisation des données rer au niveau de chaque capteur une réduction statistique de l’infor-
est réalisée. mation visant à réduire le débit de transmission (faire au plus tôt des
■ L’association a pour objet d’affecter l’observation d’un senseur à calculs lourds de prétraitement) tout en préservant l’information
un objet souvent appelé « piste ». Cette fonction est accomplie au pertinente pour le problème à résoudre au niveau central. Cette
travers de trois sous-fonctions : réduction implique généralement une perte d’information et il con-
vient de s’interroger finement sur l’information à transmettre.
— la génération d’hypothèse sélectionne les hypothèses d’asso-
ciations potentielles. Chaque hypothèse d’association détermine un Un système complet de fusion de données [1] [2] [3] fait typique-
ensemble d’associations plot-piste ; ment intervenir cinq niveaux fonctionnels :
— l’évaluation d’hypothèse détermine le score (la confiance) de — niveau 0 : prétraitements des capteurs ;
chaque association plot-piste eu égard à un critère métrique sou- — niveau 1 : estimation des attributs, positions et identités des
vent de type probabiliste. Le score des hypothèses en est déduit ; entités ;
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YR
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FUSION DE DONNÉES
Exécution
– Séquencement
Planification
– Génération des plans
Alignement
(Transformation
R
– Contrôle – Évaluation des plans sur une référence
– Sélection du plan commune)
— niveau 2 : établissement de la situation visant à décrire les notion de répartition. Le système peut être réparti et centralisé et
relations entre entités et événements. vice versa.
— niveau 3 : analyse de la situation visant à estimer et prédire les
effets sur la situation de plan et d’actions de la part des participants ;
— niveau 4 : management du procédé visant à piloter l’acquisi-
tion des données et à accomplir les objectifs de mission. 1.5 Bénéfices attendus
Chaque niveau supérieur du procédé de fusion de données traite
l’information à un niveau supérieur d’abstraction. Les niveaux 0 et 1
utilisent principalement des méthodes numériques et statistiques, La performance d’un système d’information tient principalement
alors que les niveaux 2, 3 et 4 utilisent principalement des méthodes à sa capacité à prendre en compte l’ensemble des sources d’infor-
symboliques issues de l’intelligence artificielle [4]. L’essentiel de ce mation disponibles. On entend par source d’information tout sys-
document est consacré aux niveaux 1 et 2. tème, allant du capteur physique à l’informateur humain, observant
la situation réelle ou fournissant des informations a priori sur les
situations réelles possibles, voire la manière de résoudre certains
problèmes inhérents aux situations observées.
1.4 Architectures Les concepts de redondance et de complémentarité de l’informa-
tion sont à l’origine des bénéfices attendus de la fusion de données.
On distingue essentiellement : ■ Deux informations sont complémentaires si l’estimation d’une
— l’architecture centralisée où l’on concentre l’information vers caractéristique d’un objet n’est possible que grâce à l’utilisation des
un unique centre de décision et de contrôle ; deux informations.
— l’architecture distribuée où il existe plusieurs centres de fusion
Exemple : localisation d’un objet au croisement de deux lignes de
coordonnés.
visée, surface = largeur × longueur.
Les objectifs de la décentralisation sont la robustesse en cas de
perte du centre de fusion, la capacité à étendre le système par sim- Les bénéfices apportés par la complémentarité de l’information
ple insertion des nouveaux éléments, approche dite plug and play. sont les améliorations de la couverture spatiale et temporelle du
Cette approche permet de réduire considérablement le délai pour système (les capteurs se partagent l’espace-temps), l’amélioration
munir le système de fusion de nouveaux capteurs et de nouveaux de la résolution spatio-temporelle (meilleure localisation des objets,
procédés. capacité accrue de dénombrement), la réduction des ambiguïtés en
L’estimation, la commande et le contrôle décentralisé constituent identification, l’extension des missions (complémentarité des prin-
des axes de recherche majeurs en fusion de données. Bien que cipes de mesure : par exemple, imagerie radar versus imagerie
séduisante, cette approche s’avère extrêmement difficile ; la diffi- infrarouge ou visible).
culté principale provient de la création et de la propagation dans le ■ Deux informations sont redondantes ou supplémentaires vis-à-
réseau d’informations redondantes qui biaisent gravement les vis du problème à résoudre si la connaissance de l’une d’entre elles
décisions dans les nœuds de fusion. Il faut alors tout à la fois avoir élimine la nécessité de connaître l’autre. Cette redondance d’infor-
un strict contrôle des échanges d’information entre centres et déve- mation est très utile car la confrontation des données redondantes
lopper des algorithmes éliminant cette redondance [5]. permet de détecter les mesures erronées, de pallier les données
Cette difficulté explique que l’approche la plus fréquente soit une manquantes (grâce à la gestion de tests suppléants) et de construire
approche intermédiaire, l’architecture hiérarchique. Il est de plus des indicateurs de confiance sur une information. Les bénéfices
usuel de faire cohabiter dans un système de fusion des fonctions apportés par la redondance de l’information sont la robustesse (en
centralisées et des fonctions distribuées. Pour des besoins de temps particulier tolérance aux pannes), l’amélioration de la détection
de réponse, il est souvent nécessaire d’établir des boucles courtes, (l’intégration de mesures multiples d’un même événement accroît la
contrôlées par des boucles longues de plus haut niveau. Enfin, la certitude de sa détection) et de la confiance (confirmation du même
distribution de la fonction fusion ne doit pas être confondue avec la événement).
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YS
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La théorie des probabilités inférieure et supérieure est présentée — suradditive si : µ ( A ∪ B ) ⭓ µ ( A ) + µ ( B ) pour A et B disjoints.
pour mémoire, car elle assure un lien avec les autres théories non Michel Grabisch présente dans [19] une revue des principales pro-
probabilistes. Son usage est restreint eu égard à la complexité algo- priétés et développe les notions d’indices d’interactions et de mesu-
rithmique de mise en œuvre. res k-additives. Pour résumer grossièrement sans introduire les
La théorie des possibilités-nécessités repose sur des assertions hypothèses qui valident le raisonnement, la relation :
incompatibles avec la théorie des probabilités. On peut facilement µ(A∪B) > µ(A) + µ(B)
construire des exemples où les décisions possibilistes s’avèrent
incohérentes vis-à-vis des critères bayésiens [12]. Nous ne présen- suggère l’écriture suivante :
tons pas ici l’application à la fusion des données de cette théorie.
µ(A∪B) = µ(A) + µ(B) + I(A,B)
La théorie des crédibilités-plausibilités est d’usage courant dans
les applications de fusion de données et fait l’objet de nombreuses où I(A,B) > 0 suggère une interaction positive entre les événements
publications [13] [14]. Cette théorie coïncide (ou se réduit) dans le A et B.
cas de masses bayésiennes à la théorie des probabilités. C’est en se
plaçant dans le cadre de masses de croyance non bayésiennes, donc
définies sur des unions d’événements de base, que l’on peut faire
apparaître des différences de résultats et de comportement entre 2.2 Probabilités
ces deux théories [12] ; décision basée sur les probabilités et déci-
sion basée sur les crédibilités-plausibilités sont en général différen-
tes, voire opposées. 2.2.1 Définitions
Plus récemment, deux nouvelles extensions liées à la théorie des
probabilités ont été décrites dans ce cadre d’application [15] : la 2.2.1.1 Distribution de probabilités
théorie des ensembles aléatoires et les algèbres d’événements con-
ditionnels relationnels. Celles-ci ne sont pas non plus décrites ici. En théorie des probabilités [6], l’assignation de masses consiste
en l’assignation d’une densité de probabilités p sur les éléments de
Pour l’ensemble des théories, la robustesse à une méconnais- Ω telle que :
sance des informations a priori passe par l’introduction dans le pro-
cédé de combinaison d’une information quantifiant le degré de
connaissance de cet a priori : on présente ainsi la prise en compte de p : Ω → [0, 1], ∑ {p(ω) ω ∈ Ω} = 1
la fiabilité en probabilité [16] [17], dont un équivalent est la masse
assignée à l’ignorance dans la théorie des crédibilités-plausibilités. Les degrés de croyance sur les sous-ensembles de Ω sont quanti-
Dans le cadre de la théorie des probabilités, l’utilisation de modèles fiés par une distribution de probabilités P telle que :
contaminés permet de formuler des règles de décisions robustes
[18] et de quantifier la robustesse des différentes règles bayésiennes P : 2 Ω → [0, 1], ∀ω ∈ Ω, P({ω}) = p(ω)
envisagées, pour différents types de contamination.
et
∀A, B ⊆ Ω/A∩B = ∅, P(A∪B) = P(A) + P(B)
2.1 Mesures et propriétés La dernière propriété est celle d’additivité, il s’ensuit que :
P(A) = ∑ {p(ω) ω ∈ A}
2.1.1 Ensemble fondamental
L’ensemble Ω de tous les résultats possibles d’une expérience 2.2.1.2 Probabilité conditionnelle
donnée est appelé ensemble fondamental. Un élément de Ω, noté ω, Soit A un événement arbitraire d’un ensemble fondamental Ω tel
décrit une réalisation particulière de l’expérience en cours et est que P(A) > 0. La probabilité conditionnelle de B sachant que l’événe-
appelé une épreuve. Un événement A est un ensemble de résultats, ment A s’est réalisé, que l’on écrit P(B/A), est donnée par :
ou, en d’autres termes, un sous-ensemble de l’ensemble fondamen-
tal Ω. Ω est un ensemble fini de cardinal |Ω| et on note 2Ω l’ensemble
P(A ∩ B)
de tous les sous-ensembles possibles de Ω (tous les événements P ( B ⁄ A ) = ------------------------
possibles) de cardinal 2|Ω|. P(A)
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L’inversion des probabilités est décrite par le théorème de Bayes : La mesure réalisée x peut résulter de n’importe laquelle des
M causes, l’espérance du risque commis en affectant x à Hj est don-
née par :
P ( E ⁄ H )P ( H )
P ( H ⁄ E ) = ---------------------------------------------------------------------------- M
P ( E ⁄ H )P ( H ) + P ( E ⁄ H )P ( H )
rj ( x ) = ∑ L ij ⋅ p ( H i ⁄ x )
i=1
Pour deux causes équiprobables P(H1) = P(H2), le rapport des pro-
babilités des causes conditionnellement à l’effet E observé est égal qui est appelé risque conditionnel associé à la décision Hj.
au rapport de l’effet conditionnellement aux causes. En effet, on
obtient dans ce cas :
2.2.2.3 Décisionnelle de Bayes
P ( H1 ⁄ E ) P ( E ⁄ H1 )
----------------------- = -----------------------
P ( H2 ⁄ E ) P ( E ⁄ H2 )
La décisionnelle calcule les quantités di (x) = − ri(x) et affecte x à la
décision de risque minimal, soit de di (x) maximal. Si on note d(x)
cette fonction de décision, le risque moyen est :
R
2.2.1.4 Théorème des probabilités totales r =
∫ r [ d ( x ) ⁄ x ]p ( x ) dx
Supposons que les causes H1, H2, ... HN forment une partition La fonction de décision qui minimise le risque en moyenne est la
d’un ensemble fondamental Ω ; les événements Hi s’excluent donc décisionnelle de Bayes. D’un point de vue statistique, le risque de
mutuellement et leur réunion est Ω. Soit E un autre événement, on Bayes représente une mesure de performance optimale. Si pour
suppose que l’on connaît tous les P(Hi), ainsi que les probabilités tout x, r [d (x)/x] est aussi petit que possible, l’intégrale précédente
conditionnelles P(E/Hi), on a alors : est minimale. Donc, on choisit :
r [dBayes(x)/x] = mini {ri (x)}
N
P ( E ) = P ( H 1 ) ⋅ P ( E ⁄ H 1 ) + ... + P ( H N ) ⋅ P ( E ⁄ H N ) = ∑ P ( Hj ) ⋅ P ( E ⁄ Hj ) Il faut noter que si l’on remplace di (x) par f [di (x)] avec f monotone
croissante, la décision résultante est inchangée. En particulier, on
j=1
peut utiliser pour les prises de décision ln[di (x)].
Cela conduit à la forme générale du théorème de Bayes : Il existe d’autres critères que le critère de Bayes, par exemple :
— la décision minimax, qui est celle qui minimise le maximum du
P ( Hi ) ⋅ P ( E ⁄ Hi ) risque possible soit : min (max ⎣rj (x)⎦). On établit un coût de décision
P ( H i ⁄ E ) = ---------------------------------------------------------
- qui porte sur le risque associé au choix d’une hypothèse et de son
N
alternative ;
∑ P ( Hj ) ⋅ P ( E ⁄ Hj ) — le maximum de vraisemblance qui ne considère pas les coûts
j=1 de décision. On accepte l’hypothèse Hi si P(Hi) · P(x/Hi) est maxi-
male suivant i ;
— le maximum a posteriori accepte l’hypothèse Hi si P(Hi /x) est
2.2.1.5 Mise à jour de l’état
maximale suivant i ;
Soit Pk(Hi) la probabilité de Hi à l’instant k, Pk(E) la probabilité de — le test de Neyman-Pearson en détection accepte l’hypothèse
E à l’instant k, et Pk(E/Hi) la probabilité conditionnelle de E sachant Hi L ( x ⁄ H0 )
à l’instant k, la probabilité de Hi à l’instant k +1 est donnée par : H1 si le ratio des vraisemblances ----------------------- est inférieur à une cons-
L ( x ⁄ H1 )
tante. On impose donc de maximiser la marge contre la fausse
Pk ( Hi ) ⋅ Pk ( E ⁄ Hi )
P k + 1 ( H i ) = P k ( H i ⁄ E ) = ---------------------------------------------
- alarme.
Pk ( E )
2.2.2.4 Régions critiques
Toute décisionnelle d(x) partitionne l’espace des attributs mesu-
2.2.2 Théorie de la décision bayésienne rés en plusieurs régions de décision : ᑬ i correspondant à la classe
Hi. Ces régions sont appelées régions critiques et leurs données
caractérisent complètement le test de décision.
2.2.2.1 Notion de coût de décision
Avant de formuler une règle de décision, il est communément 2.2.2.5 Mesures de performances de la décisionnelle
admis de définir un critère d’évaluation. À cette fin, on définit une La performance moyenne de la décisionnelle peut être évaluée
fonction de coût de décision, qui évalue la « pénalité » résultant de par la matrice de risque bayésien comportant les termes :
la décision Hi quand la véritable cause est Hj. Pour donner un exem-
ple, prenons celui de la prévision des avalanches : prévoir un risque
d’avalanche et qu’aucune avalanche ne se produit n’a pas les
mêmes conséquences potentielles qu’assurer qu’il n’y a aucun ris-
r ij = L ij ⋅ P ( H i )
∫ ᑬj
p ( x ⁄ H i )dx = L ij ⋅ ε ij
que d’avalanche et que celle-ci se produit effectivement : dans un
cas, il y a la perte d’une journée de montagne pour tous les Le terme εij correspond aux erreurs commises en décidant j alors
touristes ; dans l’autre, il y a mort d’homme. Il va de soi que la quan- que la mesure est une réalisation de la classe i. On dit que εij est la
tification de tels coûts n’est pas chose facile. On notera donc Lij confusion de i vers j. Ces termes forment une matrice appelée
(loss) le coût d’une erreur de décision d du type « décider Hj alors matrice de confusion. Les termes diagonaux de cette matrice corres-
que la vérité est Hi » : pondent aux décisions correctes, les termes non diagonaux aux
erreurs de décision. La probabilité d’erreur totale est donc donnée
Lij = Perte(d = Hj /Hi) par la somme des termes hors diagonale.
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R
YV
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Filtrage de Kalman
Yves DELIGNON
Professeur à l’institut TELECOM/TELECOM Lille 1
YW
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rQQPW
Kalman proposa, en 1960 [1] [2], une alternative au filtre de Wiener qui s’af-
franchit de la stationnarité du processus observé et de celui caché. Le filtre de
Kalman est basé sur un modèle d’état linéaire qui met en équation l’évolution
du signal utile, et sa relation au signal mesuré ainsi que sur un critère d’optimi-
sation qui exploite toutes les observations, de l’instant initial à l’instant courant.
Le filtre obtenu par Kalman est récursif, sa réponse en chaque instant n’est en
effet fonction que du signal observé en son entrée et de sa réponse à l’itération
précédente (figure 1). Ainsi, le filtre de Kalman ne nécessite pas toutes les don-
nées passées pour produire une estimation à l’instant courant. Il ne nécessite
donc pas de mise en mémoire et de retraitement des données. Cet avantage
rend possible l’implémentation du filtre de Kalman pour des applications en
temps réel.
R Dans cet article, nous commençons par introduire des éléments d’estimation
statistique dans le cas où la variable ou le processus à estimer sont cachés,
nous rappellerons en particulier les critères du maximum a posteriori et de l’er-
reur quadratique moyenne minimale. Dans le paragraphe suivant, le modèle
dynamique d’état est décrit, il est formé de l’équation du processus d’état que
le filtre de Kalman cherche à estimer et du processus de mesure, seules don-
nées observables. Le paragraphe 4 est consacré à l’estimation séquentielle du
processus caché. L’algorithme récursif de calcul de la loi a posteriori est ensuite
dans le cas général puis dans le cas où le modèle dynamique d’état est linéaire
et les bruits d’état et de mesure sont gaussiens. Nous en déduisons ensuite le
filtre de Kalman. L’objectif du paragraphe 5 est l’estimation du processus d’état
pour un modèle dynamique d’état non linéaire. Le filtre de Kalman étendu (EKF)
est développé et illustré par un exemple. Enfin, le paragraphe 6 est consacré à
l’étude des performances des estimateurs par la borne de Cramer Rao a poste-
riori. Une conclusion et des ouvertures sur d’autres familles d’estimateurs ter-
minent cette synthèse sur le filtre de Kalman.
1.1 Estimation d’une variable aléatoire si x est une variable aléatoire continue
cachée
et
Soient x, y0,…, yN, N + 2 variables aléatoires. Les y0,…, yN sont
observables contrairement à x qui est une variable dite cachée. Cha- E ⎡⎢ xˆ − x
⎣
2
⎦
2
(
y 0 ,..., y N ⎤⎥ = ∑ xˆ − x p x y 0 ,..., y n ) (2)
cune des observations yi dépend de x. Pour estimer la variable x
cachée, on crée une fonction qui extrait des N + 1 observations y0,
…, yN la valeur de la variable cachée x. Cet estimateur dépend de la si x est une variable aléatoire discrète.
YX
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rQQPW
Pour obtenir l’estimateur EQMM, il suffit de résoudre l’équation : 1.2 Estimation d’un processus aléatoire
d ⎡ inobservable
E xˆ − x y 0 ,..., y N ⎤⎥ = 0,
2
(3)
dxˆ ⎢⎣ ⎦ Soient x0,…, xn et y0,…, yn deux processus aléatoires. y0,…, yn est
un processus observable contrairement au processus caché x0,…,
l’extremum obtenu étant un minimum puisque xn. On cherche à estimer le processus caché en chaque instant à
partir du processus observé. Suivant les données prises en compte,
E ⎡⎢ x̂ − x y 0 ,..., y N ⎤⎥ est une fonction convexe.
2
⎣ ⎦ on distingue trois problèmes d’estimation :
En intégrant (1) ou (2) suivant x dans (3), en dérivant puis en iso- – le filtrage extrait le processus caché à l’instant n à partir de tou-
tes les données observées passées et courantes, c’est à dire y0,…,
lant x̂ , on montre que l’estimateur n’est autre que l’espérance de x yn. Cette opération est donc causale ;
conditionnelle aux observations y0,…, yN : – la prédiction consiste à prévoir l’état futur du système. L’estima-
tion de l’état en un instant quelconque n s’appuie ainsi sur les
R
x̂ = E ⎡⎣ x y 0 ,..., y N ⎤⎦ (4) observations passées y0,…, yn-k avec k > 0 ;
– le lissage pour lequel l’estimation de l’état en un instant n
Estimateur MAP exploite les données observées passées, courantes et futures, soit
y0,…, yn,…, yN.
L’estimation selon le critère du maximum a posteriori de l’état x
consiste à choisir la valeur maximisant la probabilité de l’état x Tous ces estimateurs sont construits selon des critères d’optimi-
conditionnelle aux observations y0,…, yN. sation comme l’erreur quadratique moyenne minimale (EQMM) et
le maximum a posteriori (MAP) présentés dans le paragraphe
(
xˆ MAP = arg m ax p x y 0 ,..., y N
x
) précédent.
Quel que soit le critère, les estimateurs du processus caché sont
fondés sur sa distribution a posteriori :
(
Quel que soit le critère, l’estimateur x dépend de p x y 0 ,..., y N , )
c’est à dire de la distribution de la variable cachée conditionnelle à
(
– p x n y 0 ,..., y n ) dans le cas d’un filtre ;
l’observation appelée distribution a posteriori. Comme illustré dans – p (x n y 0 ,..., y n−k ) dans le cas d’un prédicteur ;
la figure 2 pour un état scalaire, ces estimateurs se confondent si la
loi a posteriori est unimodale et symétrique et sont différents dans – p (x n )
y 0 ,..., y N dans le cas d’un lissage.
le cas contraire (figure 3). En particulier, pour une loi a posteriori
gaussienne, les estimateurs du maximum a posteriori et de la mini- L’expression analytique de la loi a posteriori est obtenue à partir
misation de l’écart quadratique moyen sont identiques. d’hypothèses sur les relations entre le processus caché et celui
observé. Excepté pour des modèles simples comme des modèles
linéaires, ce calcul est le plus souvent inextricable. De plus dans le
cas d’un filtrage ou d’un prédicteur, l’état en un instant est estimé à
p (x ly0,...,yN)
partir d’observations dont le nombre est croissant, augmentant
ainsi à chaque itération la complexité de son calcul.
L’idée forte de Kalman est de supposer que l’état et la mesure
sont régis par un système d’équations linéaires appelé modèle
dynamique d’état qui sera l’objet du paragraphe 3. On montrera
dans le paragraphe 4 que la loi a posteriori de l’état peut être calcu-
lée par un algorithme récursif de complexité constante à chaque
itération et on en déduira le filtre de Kalman.
x MAP = x EQMM x
2. Modèle dynamique d’état
Figure 2 – Estimateurs EQMM et MAP de l’état x dans le cas
d’une distribution a posteriori symétrique et unimodale
Soient y0,… yn, les observations jusqu’à l’instant n d’un système,
les yn pouvant être des scalaires ou des vecteurs. Chaque observa-
tion yn dépend d’une quantité xn qui définit l’état du système à
p(x ly0,...,yN) l’instant n. xn est de nature scalaire ou vectorielle et est liée à l’ob-
servation yn par une relation du type :
y n = An ( x n , v n ) (5)
x MAP x EQMM x
avec ′ la transposée hermitienne.
Figure 3 – Estimateurs EQMM et MAP de l’état x dans le cas Remarquons qu’une condition nécessaire et non suffisante pour
d’une distribution a posteriori asymétrique que yn soit stationnaire est l’invariance temporelle de la fonction An.
YY
R
QPP
Systèmes radars
(Réf. Internet 42591)
1– Antennes et radars
4– Hyperfréquences
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QPQ
S
QPR
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S
1. Propagation à travers la troposphère ................................................ E 1 163 – 2
1.1 Atténuation................................................................................................... – 2
1.1.1 Atténuation due aux gaz .................................................................... – 2
1.1.2 Atténuation due aux nuages.............................................................. – 3
1.1.3 Atténuation due à la pluie .................................................................. – 3
1.2 Scintillation................................................................................................... – 5
1.3 Dépolarisation .............................................................................................. – 5
1.4 Augmentation de la température de bruit des antennes ......................... – 6
1.5 Conclusion.................................................................................................... – 6
2. Propagation à travers l’ionosphère..................................................... – 7
2.1 Indice de réfraction de l’ionosphère........................................................... – 7
2.2 Retard de groupe ......................................................................................... – 7
2.3 Dispersion fréquentielle .............................................................................. – 8
2.4 Effet Faraday ................................................................................................ – 8
2.5 Scintillations ionosphériques ..................................................................... – 8
2.6 Conclusion.................................................................................................... – 9
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. E 1 163
QPS
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eQQVS
la troposphère 102
S
troposphériques peuvent être classifiés en quatre grandes 10 – 4
catégories : l’atténuation (§ 1.1), la scintillation (§ 1.2), la 10 –1 100 101 102
dépolarisation (§ 1.3) et l’augmentation de la température de bruit Fréquence (GHz)
O2 H2O
des antennes (§ 1.4).
Figure 1 – Variation en fréquence de l’affaiblissement linéique
dû à l’oxygène et à la vapeur d’eau calculé par la recommandation
ITU-R P.676
1.1 Atténuation
L’atténuation est un effet qui se traduit par une perte du signal reçu
en raison d’un phénomène d’absorption dû à la présence de particu-
les gazeuses ou d’hydrométéores le long de la liaison. Aux fréquen-
ces comprises entre 1 et 1 000 GHz, les constituants gazeux qui
interviennent sont l’air sec (essentiellement l’oxygène moléculaire) et
la vapeur d’eau. Les hydrométéores qui atténuent les signaux reçus
sont principalement les nuages et les précipitations (pluie, neige).
30 GHz
n’importe où à la surface du globe grâce à la carte donnée par la 40 GHz
50 GHz
recommandation ITU-R P.1511 (figure 2).
2,0
La recommandation ITU-R P.676 permet de calculer la distribu-
tion cumulative de l’atténuation due à l’oxygène sur le trajet consi-
déré aux différentes fréquences (figure 3) en fonction de la
pression et de la température moyenne annuelle. 1,5
L’atténuation due à la vapeur d’eau se caractérise également par
un spectre de raies d’absorption avec des pics de résonance situés
à 22,23, 183 et 320 GHz (voir figure 1), ainsi qu’à d’autres raies en 1,0
ondes millimétriques et dans l’infrarouge. La forme de ces raies
d’absorption dépend de trois paramètres météorologiques : la
pression, la température et la teneur en vapeur d’eau de l’atmos-
phère. Le contenu intégré en vapeur d’eau peut être obtenu 0,5
n’importe où à la surface du globe grâce aux cartes données par la
recommandation ITU-R P.836 (figure 4).
La recommandation ITU-R P.676 permet de calculer l’atténuation 0
due à la vapeur d’eau sur le trajet considéré aux différentes fré- 10 –3 10 –2 10 –1 100 101 102
quences (figure 5) en fonction de la pression, de la température Temps d'interruption (%)
moyenne annuelle et surtout du contenu intégré en vapeur d’eau Figure 3 – Distribution cumulative d’atténuation due à l’oxygène
(défini comme le contenu intégré en vapeur d’eau dans une prédite par la recommandation ITU-R P.676, ville de Milan, liaison
colonne de 1 m2 de section). à 38˚ d’élévation
QPT
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S
1. La propagation troposphérique............................................................ E 1 162 – 2
1.1 Propagation radioélectrique en espace libre ............................................. – 2
1.2 Propagation radioélectrique en visibilité ................................................... – 3
1.3 Propagation radioélectrique en non-visibilité ........................................... – 8
2. Propagation en milieu rural, suburbain et urbain........................... – 11
2.1 Les bases de données géographiques ....................................................... – 12
2.2 Modèles de propagation ............................................................................. – 12
3. Propagation à l’intérieur des bâtiments ............................................ – 15
3.1 Modèles de pénétration .............................................................................. – 15
3.2 Modèles de propagation à l’intérieur des bâtiments ................................ – 15
4. Propagation large bande ........................................................................ – 19
4.1 Modèles à trajets.......................................................................................... – 19
4.2 Modèles géométriques................................................................................ – 20
5. Propagation ultra-large bande.............................................................. – 20
5.1 Modèle d’affaiblissement ............................................................................ – 20
5.2 Modèle de réponse impulsionnelle ............................................................ – 21
Références bibliographiques.......................................................................... – 23
■L’étude des bilans de telles liaisons nécessite de prendre en compte les diffé-
rents affaiblissements (affaiblissement en espace libre, affaiblissement en
excès qui regroupe l’ensemble des affaiblissements supplémentaires dus aux
différents effets de l’environnement : gaz, hydrométéores, bâtiments, végé-
tation, etc.) et les différents renforcements du signal entre l’émetteur et le
récepteur (gains d’antennes, focalisation, etc.). Différents mécanismes de pro-
pagation entrent en jeu : la réflexion, la réfraction, la transmission, la diffusion,
etc.
L’indice de réfraction joue un rôle important dans la troposphère. Les gra-
dients de l’indice de réfraction dans le profil vertical créent des couches de
guidage du rayonnement électromagnétique. Si l’étendue horizontale de ces
couches de guidage est suffisante, elles provoquent des variations parfois
importantes du niveau du signal direct, des variations d’angles d’arrivée et
l’apparition de trajets multiples qui interfèrent au niveau du récepteur.
QPU
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Cet article touche à la fois la propagation troposphérique, tant en visibilité qu’en non
visibilité, la propagation des ondes radioélectriques en milieu rural, suburbain et urbain, la
propagation des ondes radioélectriques à l’intérieur des bâtiments et la propagation des
ondes radioélectriques en contexte large et ultra-large bande.
1. La propagation négligeable par rapport à la distance qui les sépare. Aucun obsta-
cle ne vient d’autre part perturber la propagation entre l’émetteur
troposphérique et le récepteur.
La relation fondamentale entre la puissance reçue Pr et puis-
sance émise Pt est :
Les phénomènes mis en jeu dans une liaison troposphérique
tant en visibilité qu’en non visibilité ont été développés par Boi- λ2
thias [1]. Le lecteur est invité à s’y rapporter. Seul un résumé des Pr = GeGr Pt
principaux phénomènes est décrit ci-après. (4πd )2
avec Gt et Gr respectivement les gains des antennes
d’émission et de réception,
1.1 Propagation radioélectrique
λ la longueur d’onde (m),
en espace libre
d la distance entre émetteur et récepteur (m).
On désigne sous ce terme la propagation dans un milieu illimité Cette relation, généralement dénommée « équation fondamen-
et homogène où n’existent que l’émetteur et le récepteur associés tale des télécommunications », est à la base des calculs et des
à leur antenne. Ces différents éléments sont de dimension mesures de propagation.
QPV
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λ2
La quantité est souvent appelée affaiblissement en
(4πd )2
espace libre A0. Il vaut en décibels (dB) :
A0 = 32,4 + 20 lg f + 20 lg d M
QPW
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S
0,0001 0,5
0,1 1 10 100
Fréquence (GHz)
0,2
Figure 2 – Affaiblissement linéique (dB/km) dû aux gaz
de l’atmosphère (O2 et H2O) 0,1
QPX
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1 εr = 30 – 3,24 j
0,8
0,6
0,4 Irrégularité
0,2 H
i
0
– 0,2 Figure 6 – Différence de marche créée par une irrégularité
de surface de hauteur H
– 0,4
– 0,6
incidente n’est plus réfléchie dans une direction unique mais diffu-
– 0,8
sée dans de multiples directions. Afin de préciser si une réflexion
–1 est diffuse ou spéculaire, on utilise généralement le critère de Ray-
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'incidence (degrés)
leigh, à savoir la considération de la hauteur des irrégularités de la
S
surface (H ) et l’angle d’inclinaison (i ). L’irrégularité de hauteur H
Rsoft Rhard Tsoft Thard (cf. figure 6) va alors créer, pour deux ondes réfléchies par la sur-
face, au plus une différence de marche :
a parties réelles δ = 2H sin (i )
et donc une différence de phase
Coefficients
1
εr = 30 – 3,24 j ΔΦ = 4πH sin (i )/λ
0,9
0,8 Lorsque la hauteur H est suffisamment petite pour que ces deux
ondes soient en phase, on se trouve dans le cas précédent de
0,7 réflexion spéculaire. Sinon la surface est considérée comme
0,6 rugueuse. En résumé la réflexion est diffuse, selon le critère de
0,5 Rayleigh, lorsque ΔΦ > π/2 c’est-à-dire lorsque H > λ/8 sin (i ). La
rugosité dépend donc de la fréquence, de l’angle d’incidence et de
0,4
la hauteur des irrégularités.
0,3
Il est possible de calculer la puissance réfléchie par une surface
0,2 rugueuse en multipliant le coefficient de réflexion spéculaire pour
0,1 chacune des polarisations horizontale H et verticale V par un coef-
ficient de diffusion ρ :
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Angle d'incidence (degrés) , H = RV , H × ρ
RVmod
Rsoft Rhard Tsoft Thard
⎡ σ
2 ⎤
b modules ρ = exp ⎢ − 8π2 ⎛⎜ h ⎞⎟ cos2 θ ⎥
⎢⎣ ⎝ λ ⎠ ⎥⎦
Figure 5 – Exemple de variation de la partie réelle et du module des
coefficients de réflexion R et de transmission T du sol humide à avec σh écart type de la distribution des hauteurs des
1 GHz en polarisation verticale (hard) et horizontale (soft) irrégularités,
θ l’angle d’incidence par rapport à la normale.
Les figures 5a et b donnent un exemple de la variation des coeffi-
cients (partie réelle et module) de réflexion et de transmission en 1.2.3.3 Modélisation de la réflexion sur le sol (deux rayons)
polarisation verticale (hard) et horizontale (soft) du sol humide à
1 GHz. Dans les systèmes de communication (liaisons fixes ou mobi-
les), la distance séparant l’émetteur du récepteur est généralement
Le sol humide à cette fréquence est caractérisé par une permitti- de l’ordre de quelques dizaines de kilomètres. La Terre est donc
vité relative égale à 30 et une conductivité égale à 0,18 (S/m). supposée plate.
Sur le sol en incidence rasante, c’est-à-dire pour des angles Le modèle de propagation à deux rayons, basé sur l’optique
d’inclinaison très petits (angle d’incidence voisin de 90˚), le facteur géométrique (figure 7) considère la combinaison du rayon direct
de réflexion est toujours voisin de − 1 ; la réflexion se fait avec et du rayon réfléchi sur le sol. Le signal reçu résulte de l’interfé-
inversion de phase quelle que soit la polarisation [1]. En polarisa- rence des deux signaux ayant parcouru des chemins différents.
Suivant la phase relative de ces derniers le champ reçu peut être
tion horizontale, le facteur de réflexion reste voisin de − 1 pour des
maximal ou minimal.
angles d’inclinaison assez grands. En polarisation verticale au
contraire, il décroît jusqu’à un minimum qui est d’autant plus petit Le champ reçu (Etotal) est la somme du rayon direct et du rayon
que la fréquence est élevée (incidence brewstérienne) puis croît réfléchi sur le sol :
au-delà (cf. figure 5b). Lorsque l’angle d’inclinaison atteint 90˚ Etotal(d) = Ed(d) (1 + Re−jΔϕ)
(incidence normale), les deux polarisations sont équivalentes [1].
avec Ed(d) le champ en espace libre au niveau du récepteur,
1.2.3.2 Réflexion diffuse R le coefficient de réflexion,
La réflexion diffuse est due aux réflexions par des surfaces qui Δϕ la différence de phase entre les deux trajets.
ne sont pas planes mais rugueuses ; les surfaces présentant des les antennes d’émission et de réception étant supposées peu
inégalités de hauteur en différents points. Il en résulte qu’une onde directives.
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S
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Furtivité électromagnétique
u début des années 1990, de nouveaux concepts d’avions ont été dévoilés,
A visant à échapper aux radars suffisamment longtemps pour effectuer leur
mission en toute sécurité. Basés sur des travaux remontant aux années 1970,
les avions furtifs (tels le fameux F-117) sont conçus pour défléchir ou absorber
les ondes et renvoyer vers le radar un signal très atténué. La furtivité repose
sur quelques principes de base, appliqués depuis avec succès aux missiles,
drones et navires de guerre. Nous allons passer en revue ces principes et leur
mise en œuvre.
Les figures de ce dossier sont visibles en couleurs dans la version électro-
nique sur le site des Techniques de l’Ingénieur.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQQ
QQQ
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1. Introduction première guerre mondiale, puis des livrées bleues voire roses pour
se confondre avec le ciel. Certains avions étaient bruns ou kakis en
face supérieure et bleus en dessous. Ces teintes peuvent dépendre
1.1 Rappels sur le radar du pays ou de la mission : blanc, si le sol est enneigé, bleu ou gris,
pour des chasseurs à haute et basse altitude.
1.1.1 Historique
1.2.2 Diminution des émissions
À peine plus de dix ans après le premier vol des frères Wright, la et de la condensation
première guerre mondiale a été un formidable tremplin pour
l’aviation. Utilisés d’abord pour des missions de reconnaissance, Les traînées que laissent les avions à haute altitude sont dues à
puis pour du bombardement, les avions ont joué un rôle essentiel la condensation de l’eau issue des gaz d’échappements. Elles
dans ce conflit. Dès 1915, les Allemands avaient acquis la supério- apparaissent au-delà de 8 km d’altitude en moyenne et pour des
rité dans les airs et les efforts de guerre, anglais puis français ont températures inférieures à – 40 oC dans un air humide.
permis aux alliés de reprendre l’avantage dès 1916. L’histoire La fumée des réacteurs peut parfois être très visible et trahir,
retiendra de nombreux noms parmi les as de l’aviation aussi bien comme la condensation, la présence d’un avion, ce qui peut être
allemands que français, qui ont tous contribué à développer rapi- un handicap lors d’un combat aérien. Les réacteurs actuels
dement les technologies aéronautiques. émettent beaucoup moins de fumée qu’autrefois, sauf en cas de
1.2 Historique
1.2.1 Camouflage
Le moyen le plus simple pour rendre un avion moins visible est
le camouflage : l’objectif étant de réduire le contraste entre le fond
et la couleur de l’avion, les constructeurs ont rapidement choisi
des teintes foncées pour les bombardiers de nuit (mates pour ne
pas refléter les faisceaux des projecteurs à terre) vers la fin de la Figure 1 – Lockheed SR71 « B l a c k b ir d »
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2
1.4 Comment la furtivité change-t-elle Es
σ = lim 4 π R 2 2
le champ de bataille ? R →∞ Ei
Un territoire est classiquement défendu par une première ligne où R est la distance à l’objet, Es et Ei les champs électriques diffusé
de radars d’alerte lointaine, censés détecter une menace suf- et incident. Le champ diffusé varie en 1/R ce qui implique un fac-
fisamment tôt pour que les défenses (missiles ou chasseurs) teur R2 au dénominateur qui annule en principe celui de la limite.
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S
On suppose que R est très grand, ce qui permet d’approximer
l’onde radar à une onde plane et ainsi de simplifier les calculs ou v
les mesures. Dans le vide, elle se propage à la vitesse de la λ = vT =
f
lumière, et est composée d’un champ électrique E et d’un champ
magnétique H formant un trièdre avec le vecteur k de propagation. où v est la vitesse de propagation (dans le vide,
Le rapport entre E et H représente l’impédance intrinsèque du v = c = 299 792 458 m/s ~ 3 · 108 m/s).
milieu, qui vaut 377 W dans le vide. Si l’objet est grand par rapport à la longueur d’onde, on est en
L’équation précédente montre que la SER est homogène à une haute fréquence et l’onde interagit de manière locale avec l’objet.
surface, elle s’exprime donc en m2 mais on utilise régulièrement On peut alors le décomposer en parties plus simples (un avion se
l’unité dB · m2, ce qui est plus facile pour une grandeur qui peut divise en un fuselage, des ailes, un empennage, un cockpit, des
varier considérablement. réacteurs, etc.) que l’on pourra étudier séparément, puis
recomposer l’onde renvoyée par l’objet en entier. Dans cette zone
σ db.m2 = 10 ⋅ log10 σ m2 de haute fréquence, on identifie trois principaux phénomènes
Dans ce document, on écrira « j » la racine carrée de – 1. d’interaction : la réflexion spéculaire, la diffraction et l’onde
rampante.
2.2 Équations du radar
2.3.2 Réflexion
2.2.1 Radars de veille (et alerte transhorizon),
radars embarqués La réflexion spéculaire est celle qui obéit aux lois de Snell
Descartes : l’onde se réfléchit sur la surface de l’objet avec un
L’écriture du bilan de puissance d’un radar fait explicitement angle par rapport à la normale opposé à l’angle d’incidence
apparaître la SER de la cible : (figure 5). Si l’objet n’est pas métallique, l’onde peut être atténuée
lors de sa réflexion.
PE GE 1 λ 2 GR Une onde réfléchie peut se propager vers d’autres parties de
PR = σ
2 2 4π l’objet et donner lieu à des interactions multiples.
4 π RE 4 π RR
On se place dans le cas général où le radar d’émission et le 2.3.3 Diffraction et trajets multiples
radar de réception sont distincts. PE et PR sont les puissances
émises et reçues, GE et GR sont les gains d’antennes, RE et RR On appelle ici diffraction l’interaction de l’onde avec un objet
sont les distances à la cible, λ est la longueur d’onde. localement non plan : un demi-plan, un dièdre (une arête), un
trièdre ou une pointe (figure 6). Un rayon incident sur une arête se
L’expression à droite est formée de quatre termes : le premier tra-
réfléchit selon un cône d’angle d’ouverture égal à l’angle
duit le parcours direct de l’onde du radar vers la cible, le second est la
d’incidence de l’onde (cône de Keller).
SER de la cible, le troisième traduit le parcours retour, et le quatrième
la captation d’énergie par l’antenne réceptrice (surface efficace). Cette interaction produit des rayons diffractés multiples qui
peuvent aussi interagir avec d’autres parties de l’objet considéré :
on parle alors de diffraction multiple.
2.2.2 Monostatique et multistatique
L’équation précédente est générale. Si l’on se place dans le cas
monostatique – le radar d’émission est le même que celui de
réception, l’équation se simplifie : Rayon incident Rayon réfléchi
PE G 2 λ 2 θi θr
PR = σ
(4π) 3 R 4
PR G 2 λ 2 σ
R =4
PE (4π) 3
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S
bande Ka (30-40 GHz) et parfois au-delà (figure 7). Les radars
transhorizon peuvent descendre à quelques dizaines de MHz ; les
Figure 6 – Diffraction par un dièdre radars longue portée sont en VHF, UHF, en bandes L ou S ; les
autodirecteurs de missiles en bandes X et K.
Radar Lidar
A B C D E F G H I J K L M
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Onde incidente
10
φ
Creeping Wave Direction
d'observation
·1 φi
S · 001
Region Region Region
Ces résultats ont été étendus par la suite au demi-plan revêtu
(par application d’une condition d’impédance) mais donnent des
formules bien plus complexes.
·1 1 10 100
2πa Le champ diffracté se calcule à partir du coefficient de diffraction
ka =
λ par :
Sphere Circumference in Wavelengths
e − jkr
E ⊥d , = D⊥ ,
kr
Figure 8 – SER d’une sphère en fonction du rapport a /
(tiré de « Radar Cross Section », Knott) D’autres formules similaires existent pour le dièdre métallique
ou revêtu d’une condition d’impédance.
la SER. Le champ réfléchi crée une composante constante de la Ces formes simples, dites canoniques, permettent de prédire le
SER égale à : comportement d’un objet ou de ses parties en présence d’une
onde électromagnétique. Il est possible d’étendre ces résultats
σ = πa 2 avec le principe de Babinet à des géométries dites
complémentaires. Le principe de Babinet indique qu’on peut
alors que le champ issu de l’onde rampante décroît en 1/f 2. déduire l’interaction d’une onde avec un objet à partir de celle de
Le cas du cylindre est similaire, mais si l’on considère le cylindre son « complémentaire » en échangeant les champs E et H (élec-
métallique de longueur infinie, on parle de LER (longueur équiva- trique et magnétique).
lente radar) : elle varie de manière semblable à la figure 8 et tend Ainsi, selon ce principe, un dipôle et une fente sont des objets
vers pa (a étant le rayon du cylindre) à très haute fréquence. complémentaires.
De manière générale, pour des objets de grande extension selon
une direction (aile d’avion, fuselage), on peut se rapprocher d’objet 2.4.3 Équations de Maxwell et leur résolution
canonique infini, dont on calcule non plus la SER mais la LER (lon-
gueur équivalente radar). Connaissant cette LER, il est possible de Les lois décrivant le comportement des ondes électromagné-
revenir à la SER pour cet objet tronqué d’une longueur L, par la tiques ont été établies par des scientifiques de renom, comme
formule : Faraday, Coulomb, Hertz, Ampère, mais c’est à James Clerk
Maxwell que revient le mérite de les avoir rassemblées pour for-
2L2 muler les bases de la théorie électromagnétique.
SER = LER ⋅
λ Loi de Gauss : elle relie la source (densité de charge électrique) à
la divergence du champ E :
Ce calcul permet de donner une idée de la SER d’un fuselage
d’avion ou de missile. ρ
∇ ⋅E =
Un autre objet canonique très étudié est le demi-plan, représen- ε
tatif, par exemple, d’un bord de fuite d’aile. La diffraction d’une
Loi de Faraday : elle exprime le champ électrique créé par la
onde électromagnétique par un demi-plan, dans le plan orthogo-
variation d’un champ magnétique :
nal, est connue depuis les travaux d’Arnold Sommerfeld, qui a
calculé au début du XXe siècle les coefficients de diffraction du
demi-plan métallique parfait : ∂B
∇xE = −
∂t
− jπ Loi d’Ampère : elle décrit le champ magnétique créé par la den-
− exp
4 φ − φi φ + φi sité de courant et la variation du champ électrique :
D⊥ = sec − sec
2 2π 2 2
∂D
∇xH = j +
∂t
− jπ
− exp
4 φ − φi φ + φi La dernière loi de Maxwell : elle exprime qu’il n’y a pas de
D = sec + sec 2 source au champ magnétique, ses lignes de champ se referment
2 2π 2 sur elles-mêmes :
où les angles sont selon la figure 9. ∇ ⋅B = 0
QQV
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teVWQT
QQW
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la difficulté d’avoir une vision précise des techniques actuelles utilisées dans
chaque domaine. De nombreuses publications traitent des divers aspects du
radar : détection de cibles, conception de cibles de faible « réponse » (quanti-
fiée sous la forme d’une surface équivalente radar), appelées cibles furtives,
traitements des signaux radar, imagerie radar. L’aspect expérimental de la
mesure de surface équivalente radar est pourtant rarement abordé dans ces
contributions et constitue l’objectif de ce manuscrit.
Dans cet article, les notions de base concernant la mesure de surface équiva-
lente radar sont introduites ainsi que quelques exemples de dispositifs
expérimentaux français permettant d’effectuer ces mesures sont présentés.
Ensuite, le dimensionnement d’un dispositif de mesure de SER en chambre
anéchoïque est expliqué. La technique de mesure de SER proprement dite et
les traitements associés sont alors détaillés. La dernière partie traite des tech-
niques d’imagerie radar.
S
1. Surface équivalente radar ■ Configuration monostatique
Dans ces équipements, l’antenne réceptrice est confondue avec
(SER) l’antenne émettrice (θ = 0, Φ = 0) (figure 2a). Cette configuration
est complexe à réaliser en pratique pour les bases de taille réduite
(cf. § 3) et elle est souvent approchée par une configuration nom-
Lorsqu’une onde électromagnétique incidente rencontre une mée configuration quasi-monostatique où l’antenne réceptrice et
cible, elle subit un phénomène de diffraction et l’onde issue de l’antenne émettrice sont distinctes, mais proches. Ainsi, l’angle
cette interaction dépend des propriétés de cette cible (forme, entre les deux directions émetteur-cible et récepteur-cible est suf-
caractéristiques électromagnétiques) et bien sûr des caractéris- fisamment faible, typiquement de l’ordre de 4°-5°, pour que l’on
tiques de l’onde incidente (fréquence, polarisation). Cette onde puisse négliger les effets dus à cet angle (figure 2b).
diffractée varie en fonction de la direction d’observation (Φ, θ)
■ Configuration bistatique
avec Φ l’angle d’azimut et θ l’angle d’élévation définis par rapport
à la direction d’incidence (figure 1). Les équipements bistatiques sont conçus pour obtenir des infor-
mations avec des antennes source et réceptrice volontairement
Lors de la mesure de cette onde, deux types de configurations séparées en exploitant l’angle (variable) formé entre la direction
expérimentales peuvent être distinguées (figure 2) : la configura- antenne émettrice-cible et la direction antenne réceptrice-cible
tion monostatique et la configuration bistatique. (figure 2c).
Supposons l’antenne source assimilable à une source ponc-
tuelle, elle génère alors une onde électromagnétique avec des sur-
faces d’onde sphériques. À très grande distance R de cette source,
z les surfaces d’onde sont des sphères de grand rayon, qui peuvent
être localement approximées par leurs plans tangents, on parle
alors d’ondes localement planes (figure 3). La dimension caracté-
Ei ristique D d’une cible est définie comme la dimension la plus
Ed grande de son ombre projetée, elle est donc fonction de l’orienta-
tion de la cible. Une cible de dimension caractéristique D est
considérée illuminée par une onde « suffisamment » plane de lon-
eϕ gueur d’onde λ lorsque le déphasage de l’onde (2πδR/λ) entre le
centre et l’extrémité de l’objet est petite devant π/8, c’est-à-dire
θ eθ lorsque la condition suivante est vérifiée [1] :
O (1)
y
En pratique on considère que, si l’on respecte cette condition, la
cible est éclairée avec une onde satisfaisant des conditions de
Φ
champ lointain (conditions d’onde localement plane) qui per-
mettent alors de considérer que l’on mesure correctement la sur-
face équivalente radar (SER) de la cible.
Il est ensuite possible de définir la SER d’une cible placée à
x l’origine O, illuminée par un champ électrique incident, = ,
assimilé à une onde plane, mesurée dans une direction d’observa-
tion donnée (θ, Φ), par une antenne réceptrice placée en (R, θ, Φ)
(figure 1) comme étant [TE 6 712] :
QQX
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teVWQT
θ
a monostatique
Récepteur
b quasi-monostatique
Émetteur Cible
θ
S
Récepteur
c bistatique
Figure 2 – Configurations de mesure monostatique, quasi-monostatique et bistatique (représentation pour un angle d’élévation nul)
1,4
Déphasage de π/8 pour R = 10 m
1,2
δR 1
R
0,8
D [m]
D 0,6
R
0,4
0,2
0
0 10 20 30 40 50
Fréquences [Ghz]
avec le champ électrique complexe diffracté, mesuré fraction [2], appelée aussi matrice de Jones en convention diffrac-
par un récepteur polarisé selon le vecteur Cette quantité, tion avant (configuration bistatique) [3] ou matrice de Sinclair en
homogène à une surface, est exprimée en mètre carré, et souvent convention diffraction arrière (configuration monostatique) [3]
en décibels mètres carré (dBm2) : selon les communautés. Cette matrice définie dans la base sphé-
rique (figure 1) s’écrit :
(3)
Pour les différents cas de polarisation de l’onde incidente et (4)
de polarisation du récepteur , on peut définir la matrice de dif-
QQY
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teVWQT
102
100
σ [m2]
10–1
10–2
S 10–3
10–4
10–1 100 101 102
a/λ
Les deux sphères illuminées par une onde incidente de longueur d’onde λ, l’une est une sphère métallique
(courbe noire – trait plein) et l’autre est une sphère diélectrique (PMMA, de permittivité relative réelle ε’r = 2,6
et imaginaire ε“r = 0) (courbe rouge – trait pointillé). Les champs diffractés sont calculés grâce à la théorie
de Mie [6].
Figure 4 – Surface équivalente radar en configuration monostatique (θ = 0, Φ = 0) de deux sphères homogènes de rayon a = d/2, illuminées par
une onde incidente de longueur d’onde λ
avec (avec α = θ ou ) et (avec β = θ ou La figure 4 illustre ces trois zones dans le cas où la cible est une
). Ce qui permet de définir la SER pour les différents cas de pola- sphère (métallique ou diélectrique) de diamètre d (D = d), obser-
risation : vée en configuration monostatique. Dans la zone optique, la SER
de la sphère métallique tend vers le résultat bien connu
(5) . Il faut noter que ce résultat n’est vrai que pour une
cible métallique et en configuration monostatique.
La SER peut être reliée à la puissance à l’entrée de l’antenne
d’émission Pi et à la puissance reçue par l’antenne de réception Pr
par l’équation radar [4] :
2. Répartition et utilisation
(6)
des chambres anéchoïques
avec Re la distance antenne source-cible, Rr la distance cible –
en France
antenne réceptrice, Ge le gain de l’antenne source, Gr (θ, Φ) le gain
de l’antenne de réception dans la direction (θ, Φ). Le cas d’une À l’occasion du recensement des chambres anéchoïques fran-
configuration monostatique implique les simplifications sui- çaises qui était basé sur le volontariat et sollicité par l’Institut des
vantes : sciences de l’ingénierie et des systèmes (INSIS) et le GdR Ondes
du CNRS, nous avons pu dénombrer 49 chambres anéchoïques
(7) dont une dizaine seulement étaient exploitées pour des mesures
de SER. Il est bien évident que plusieurs autres structures privées
Cette quantité dépend de la forme de la cible, des matériaux existent, mais que, en partie parce que l’on y travaille couram-
qui la composent et de ses dimensions par rapport à la lon- ment sur des applications industrielles voire confidentielles, nous
gueur d’onde de l’onde incidente. Selon le rapport entre la n’avons pas pu obtenir d’informations les concernant qui puissent
dimension caractéristique D de la cible et la longueur d’onde de être publiées [7]. La carte de la figure 5 présente donc les struc-
l’onde excitatrice λ, trois zones peuvent être classiquement dis- tures académiques (CNRS, universités, écoles) et celles des
tinguées [5] : organismes gouvernementaux (CEA, CNES, DGA, ONERA), pour
– la zone de Rayleigh lorsque la dimension caractéristique de la lesquelles nous avons obtenu des fiches descriptives détaillées
cible est petite devant la longueur d’onde : ; avec l’autorisation de les publier.
– la zone de résonnance lorsque la dimension caractéristique de D’un point de vue pratique ces équipements se subdivisent en
la cible est de l’ordre de la longueur d’onde : ; deux grandes classes (tableau 1). Il y a d’une part des équipe-
– la zone optique où la cible est grande devant la longueur ments monostatiques ou quasi-monostatiques, et d’autre part on
d’onde . trouve des équipements bistatiques.
QRP
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teVWQT
Monostatique ou quasi-
Entité Nom de l’équipement Bistatique Pédagogie/recherche
monostatique
DGA MI CHEOPS x x
ONERA DEMR x
QRQ
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teVWQT
S
Figure 6 – Base compacte CAMELIA du CEA/CESTA
3. Dimensionnement
de l’instrumentation
d’une chambre anéchoïque
pour les mesures de SER
Bien qu’il y ait quelques articles et livres [9] [10] [11] traitant de
la conception des chambres anéchoïques, peu décrivent le calcul
de son instrumentation. Dans cette partie, nous allons essayer,
par l’intermédiaire d’un exemple, d’expliquer le dimensionnement
de l’instrumentation d’une chambre anéchoïque.
Ce travail n’est pas exhaustif et un article entier ne serait pas de
trop pour présenter plus en détail le design d’un moyen de
mesure de SER. Ainsi pour rester concis, nous avons choisi de ne Figure 7 – Grande chambre anéchoïque CCRM/Institut Fresnel
pas présenter les bases compactes, les bases « outdoors » et les (Marseille)
chambres construites à partir de réseau d’antennes ou de lentilles.
Cette partie se concentre sur les chambres rectangulaires de type tée dans ce paragraphe repose sur un bureau d’étude réalisé par
« base longue à éclairement direct » [12]. Nous n’aborderons donc Francis Monnier, à l’IUT de Ville-d’Avray dans le cadre de la for-
pas ici le choix des absorbants ni celui des positionneurs. mation licence professionnelle Mesures Hyperfréquences et
Même si la mesure de SER ne nécessite que la mesure de la Radiocommunication (LP MHR) de l’IUT de Ville-d’Avray. Le
puissance diffractée par la cible (cf. équation (2)), les post-traite- bureau d’étude ainsi que les codes de calculs sont disponibles
ments ainsi que l’étalonnage nécessitent une mesure vectorielle (voir le Pour en savoir plus).
du champ. Généralement, l’instrumentation est construite autour
d’un analyseur de réseau vectoriel qui compare le signal incident
sortant de l’appareil (souvent noté a1) avec le signal qui est reçu 3.1 Éléments de spécification
par l’antenne de réception (b2). Ce paramètre complexe s’appelle
paramètre S (S21 = b2/a1). d’une chambre de mesure de SER
Grâce à trois exemples, nous allons montrer une démarche de Un moyen de mesure de SER est spécifié par plusieurs para-
dimensionnement de l’instrumentation. Bien que la première mètres :
topologie ne soit pas une solution pertinente, elle permet d’illus-
trer d’une façon simple les calculs nécessaires à la détermination – le type de configuration de mesure : monostatique, quasi-
de la dynamique du moyen de mesure. Les deux autres topolo- monostatique ou bistatique. Une chambre peut être construite
gies correspondent elles à des solutions viables. L’étude présen- pour mettre en œuvre plusieurs configurations ;
QRR
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Matériaux composites
en électromagnétisme
Matériaux absorbants radar
par André DE LUSTRAC
Professeur de l’université Paris Nanterre
Centre de Nanosciences et de Nanotechnologies Université Paris Sud, (Orsay, France)
Note de l’éditeur
Cet article est la version actualisée de l’article E1166v1, intitulé « Matériaux composites en élec-
tromagnétisme – Matériaux absorbants radar », rédigé par Alain PIROU et paru en 2009. S
1. Équation du radar et Surface équivalente radar (SER) ................. E 1 166v2 - 2
1.1 Environnement du radar ............................................................................ — 2
1.2 Équation du radar ....................................................................................... — 3
1.3 Surface équivalente radar (SER)................................................................ — 4
1.4 Réduction de la SER.................................................................................... — 5
2. Matériaux absorbants radars ............................................................... — 5
2.1 Principes ...................................................................................................... — 5
2.2 Types généraux d’absorbants radars........................................................ — 6
2.3 Matériaux absorbants large bande............................................................ — 6
2.4 Matériaux résonnants................................................................................. — 12
2.5 Surfaces Sélectives en Fréquence (FSS)................................................... — 17
2.6 Absorbants à métamatériaux et à métasurfaces...................................... — 18
2.7 Applications des matériaux absorbants.................................................... — 22
3. Conclusion................................................................................................. — 23
4. Glossaire .................................................................................................... — 23
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. E 1 166v2
QRS
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QRT
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eQQVV
HF 3-30 MHz 10-100 m Pour High Frequency (haute fréquence). Utilisée par les radars côtiers et les radars
« au-delà de l’horizon ».
VHF 50-330 MHz 0,9-6 m Pour Very High Frequency (très haute fréquence). Utilisée par les radars à très longue
portée et par ceux à pénétration de sol.
UHF 300-1 000 MHz 0,3-1 m Pour Ultra High Frequency (ultra haute fréquence). Radars à très longue portée (ex.
détection de missiles balistiques), pénétration de sol et de feuillage.
L 1-2 GHz 15-30 cm Pour Long. Utilisée pour le contrôle aérien de longue portée et la surveillance
aérienne, le GPS (et donc les radars passifs se basent dessus).
S 2-4 GHz 7,5-15 cm Pour Short (court). Utilisée par les radars de trafic aérien local, les radars
météorologiques et navals.
S
C 4-8 GHz 3,75-7,5 cm Compromis entre les bandes S et X pour les transpondeurs satellitaires et les radars
météorologiques.
X 8-12 GHz 2,5-3,75 cm Pour les radars météorologiques, le contrôle de vitesse routière, les autodirecteurs de
missiles, les radars de navigation, les radars à résolution moyenne de cartographie et
la surveillance au sol des aéroports.
Ku 12-18 GHz 1,67-2,5 cm Fréquence juste sous K (indice « u » pour « under » en anglais) pour les radars de
cartographie à haute résolution et l’altimétrie satellitaire.
K 18-27 GHz 1,11-1,67 cm De l’Allemand Kurz(court). Très absorbées par la vapeur d’eau, Ku et Ka sont utilisées
pour la détection des gouttelettes de nuages en météorologie et dans les radars
routiers (24,150 ± 0,100 GHz) manuels.
Ka 27-40 GHz 0,75-1,11 cm Fréquence juste au-dessus de K (indice « a » pour « above » en anglais) pour la
cartographie, la courte portée, la surveillance au sol des aéroports, les radars routiers
(34,300 ± 0,100 GHz) automatisés, et les radars anti-collision montés sur les voitures
haut de gamme.
W 75-110 GHz 2,7 – 4,0 mm Utilisée comme radar anti-collision automobile et pour l’observation météorologique à
haute résolution et de courte portée.
l’absorption est minimale. Les radars à très longue portée utilisent La densité de puissance à une distance r de l’antenne est égale à :
des fréquences en dessous de 5 GHz, domaine de fréquence où
les pertes sont les plus faibles [2].
(1)
1.2 Équation du radar ■ La cible est représentée par sa surface équivalente radar (SER),
Σ, dont nous donnerons plus loin une définition théorique.
On suppose qu’un émetteur a une puissance Pt (en watts) que En première approximation, on peut voir la cible comme une
délivre une antenne directionnelle. antenne métallique qui va réémettre la puissance reçue.
À la distance r de l’antenne, la densité de puissance est la puis- ■ De la même manière, la densité de puissance au niveau de
sance transmise divisée par l’aire de la sphère sur laquelle cette l’antenne de réception radar produite par la réémission de la cible
puissance s’est répartie. est égale à :
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1.3.1 Définition
2 B
La SER Σ est définie par :
1
S
H2O
5
(6)
2 A
B : atmosphère
de référence avec Er, Ei, Hr et Hi respectivement amplitudes des champs
10-1
électrique et magnétique au niveau du
5 récepteur, et des champs incidents sur la
A : atmosphère sèche cible.
2
Quantitativement, la SER d’un objet mesure sa « taille » vue par
10-2 une onde radar à une certaine fréquence et pour une polarisation
3 5
10 2 5
102 2 35
donnée.
Fréquence (en GHz) La SER d’un objet dépend beaucoup de la forme de cet objet.
Suivant cette forme elle pourra être beaucoup plus grande ou
beaucoup plus petite que la forme géométrique de l’objet. Par ail-
Figure 1 – Affaiblissement des ondes électromagnétiques en fonc- leurs, elle peut aussi dépendre de la polarisation de l’onde.
tion de la fréquence entre 3 et 350 GHz
Pour tenir compte de sa dépendance en fonction de la polarisa-
tion, on doit considérer les relations entre les champs transmis et
L’antenne de réception a un gain Gr et une aire effective Ac : reçus en termes de polarisation verticale (dénotée V) et horizon-
tale (H).
Les champs électromagnétiques (EH et EV) transmis et reçus
(3) peuvent s’exprimer par les relations [3] :
■ La puissance reçue par le récepteur Pr dans l’hypothèse où les Les quantités aij sont, dans le cas général, complexes et indé-
gains d’antenne d’émission et de réception sont égaux à G, est : pendantes de la distance. La matrice A définit la matrice de dif-
fraction de la cible en polarisation linéaire verticale et horizontale.
Une matrice analogue peut être définie pour des polarisations cir-
(4)
culaires.
La relation (4) représente la forme la plus simple de l’équation 1.3.2 Matrice de SER
du radar.
On est amené à considérer une matrice de SER de diffraction
On voit que la puissance reçue par le radar est directement pro- sous la forme de :
portionnelle à la SER de la cible. Ce qui explique pourquoi on va
chercher à réduire cette SER.
(8)
■ Si l’on considère une puissance minimale de réception Pmin au
niveau du récepteur, associée au rapport signal à bruit du récep- Chaque Σij est proportionnel au carré de aij [4].
teur, la distance maximale de détection rmax est fournie par la rela-
tion :
1.3.3 Calcul et mesure de la SER
Actuellement, différentes méthodes de mesure existent pour
(5) estimer la SER d’un objet. Mais, quand il s’agit d’avion ou de
navire entiers ces mesures peuvent s’avérer très coûteuses en ins-
tallations et en appareillage.
À partir de cette relation, on peut voir que cette distance varie La méthode la plus courante consiste à modéliser la SER à
en Σ1/4. Ce qui signifie que si, à Pt et G donnés, on réduit la SER l’aide de codes de calcul. Plusieurs seront cités en annexe. Ces
dans un rapport 16, on réduit la distance maximale de détection simulations permettront également d’optimiser cette SER.
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Ces simulations pourront être associées à des mesures de SER L’utilisation de cette technique d’annulation active se situe plu-
partielles sur des éléments de l’objet et des matériaux absorbants tôt dans le domaine des basses fréquences où l’emploi des absor-
qui sont normalement parfaitement caractérisés. bants et la possibilité de jouer sur les formes deviennent plus
difficiles et où les diagrammes de diffraction deviennent moins
complexes.
1.4 Réduction de la SER
On a vu l’importance de la notion de SER pour la détection des
cibles. L’étude de la SER des cibles permet souvent de définir des 2. Matériaux absorbants
méthodes de réduction de cette SER. On cherche souvent, pour
des cibles sensibles, à réduire cette SER de plusieurs ordres de radars
grandeur.
Il y a quatre techniques générales pour réduire la SER d’une
cible. Plusieurs techniques peuvent être combinées pour obtenir 2.1 Principes
un meilleur résultat.
2.1.1 Principe de l’absorption radar
1.4.1 Optimisation de la géométrie
S
Dans le premier article de cette série [E 1 164] nous avons vu
En jouant sur les surfaces, les bords et les arêtes, on essaie de que la permittivité et la perméabilité d’un matériau électromagné-
renvoyer les ondes diffractées dans des directions différentes des tique étaient une grandeur complexe :
directions d’observation des radars.
Des codes de calcul permettent de déduire les formes les plus (9)
appropriées en fonction des dimensions de l’objet et des fré- Dans ces relations ε0 = 8,85.10–12 et μ0 = 1,26.10–6 en unités SI.
quences.
Les pertes dans le matériau sont représentées par les grandeurs
et .
1.4.2 Utilisation de matériaux absorbants Dans les milieux conducteurs est donné par :
On réduit l’énergie réfléchie par les objets grâce à des tech-
niques d’absorption de l’énergie. (10)
Les paragraphes suivants vont détailler les principes de réalisa-
tion des absorbants. En basses fréquences ω est négligeable devant f, fréquence de
collision des porteurs de charge dans le conducteur, et par consé-
quent la formule peut se simplifier sous la forme :
1.4.3 Annulation passive
Le concept de base est d’introduire un signal parasite dont (11)
l’amplitude et la phase peuvent être ajustées pour annuler le
signal émis par un radar. dépend directement de la conductivité σ du matériau et lui est
Une des formes de cette passivation consiste à employer des directement proportionnelle.
impédances localisées spécialement bien placées sur la cible. Ces On voit donc qu’il faut que cette conductivité soit la plus forte
impédances, lorsqu’elles seront excitées par l’onde radar inci- possible pour maximiser l’absorption.
dente, vont émettre une onde en opposition de phase avec cette
onde radar.
2.1.2 Absorption au cours de la propagation
Il est cependant très difficile de définir un traitement d’annula-
tion passive efficace pour toutes formes de cibles et pour tous les Lorsqu’une onde électromagnétique se propage dans le maté-
types de signaux émis. riau, sa constante de propagation γ peut s’exprimer sous la
forme :
Parfois, les éléments qui s’avèrent utiles pour une polarisation
et une fréquence, augmentent considérablement la SER de l’objet (12)
quand on change la fréquence et l’angle d’observation. Cette tech-
nique est pratiquement abandonnée. Avec :
QRW
S
QRX
Systèmes radars
(Réf. Internet 42591)
1– Antennes et radars
Sur www.techniques-ingenieur.fr
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QRY
T
QSP
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© Techniques de l’Ingénieur E 1 000 − 1
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1. Aperçu historique jusqu’à 20 GHz, bien que ces produits restent majoritairement chers
et volumineux.
● Mais dès les années 1970, on commence sérieusement à envi-
Après une très lente progression tout au long des siècles dans les sager le développement des technologies de miniaturisation : cir-
découvertes de l’électricité et du magnétisme, l’histoire des ondes cuits micro-ruban, composants à l’état solide à la place de tubes, et
électromagnétiques s’accélère au XIXe siècle. Quelques dates en voire plus tard les circuits intégrés hyperfréquences (MMIC : micro-
constituent des repères majeurs [1] [2]. wave monolithic integrated circuit).
● 1820 : Oersted pose les bases de l’électrodynamisme. À sa ● C’est la révolution technologique que verront les années 1980-
suite, Arago et surtout Ampère développent les modèles décrivant 2000 avec progressivement la généralisation de l’emploi des com-
les relations entre champs électrique et magnétique. posants à l’état solide sur circuit micro-ruban et du câblage automa-
● 1832 : Faraday met en évidence l’induction électromagnétique. tique, ce qui conduit à une baisse de coût importante et à une
● 1864 : Maxwell présente sa théorie des ondes électromagné- certaine démocratisation des micro-ondes : radars de navigation
tiques, calcule la vitesse des ondes électromagnétiques et montre pour bateaux, radars météo pour avions, radars de servitude pour
qu’elles se propagent à la même vitesse que la lumière. La lumière l’ouverture de portes par exemple, réception directe de télévision
est donc considérée comme une onde électromagnétique. depuis un satellite, autoroutes « hertziennes » pour les communica-
● 1885 : Hertz débute une série d’expérimentations mettant en
tions, téléphonie cellulaire de première génération... Durant cette
évidence la propagation des ondes électromagnétiques. À cette épo- période, la montée en puissance des moyens informatique, accom-
que, ces ondes ne pouvaient être produites que par des éclateurs et pagnée d’une réduction des coûts de fabrication, permet le dévelop-
ce sont bien des étincelles produites par des éclateurs qui ont per- pement de puissants outils de conception des dispositifs, circuits et
mis les premières transmissions télégraphiques et téléphoniques. antennes hyperfréquences. Il en résulte là aussi un accroissement
de performances et la maîtrise de la miniaturisation accompagnés
À partir du début du XXe siècle, l’histoire s’accélère, en particulier d’une baisse des coûts.
T
avec l’invention des tubes à vide détecteur (Fleming en 1902) et
● Vers la fin des années 1990, le MMIC devient un produit com-
amplificateur (de Forest en 1907) et la découverte du cristal détec-
teur (1906). La technologie peut alors se développer à partir de ces mercialement plus que compétitif puisqu’il permet une nouvelle
inventions et conduire rapidement à des applications des ondes diminution de coût drastique tout en autorisant plus de complexité
électromagnétiques, en télécommunications commerciales et mili- et en procurant des performances accrues : il ouvre la voie à la télé-
taires, depuis les ondes kilométriques jusqu’aux ondes décamé- phonie cellulaire de deuxième et troisième générations, à l’emploi
triques et métriques. de l’optique en hyperfréquences (cf. dossiers [E 3 330] [E 3 331]
[E 3 332] [E 3 333]), aux antennes actives (dossiers [E 3 294]
● La période 1920-1940 voit une montée en fréquence avec en
[E 3 295]), aux liaisons locales (WLAN : wireless local area network,
particulier l’invention du magnétron par Hull en 1920 et du klystron avec différents standards, Bluetooth, WiFi, ultralarge bande…), aux
par les frères Varian en 1937. On entre maintenant dans le domaine radars en ondes millimétriques pour l’automobile, au GPS (global
des hyperfréquences avec le développement des technologies de positioning system), aux badges et étiquettes sans contact (RFID :
lignes de propagation, de circuits passifs, de tubes à vides et radio frequency identification device).
d’antennes. Les théories du bruit, de la réception en présence de
bruit, du récepteur superhétérodyne aboutissent à des modélisa- La montée en fréquence des horloges des microprocesseurs
tions précises. Le nombre d’applications croît tant en télécommuni- contribue à banaliser le domaine des micro-ondes en le faisant
cations qu’en radio– et télédiffusion, même si le matériel reste très s’interpénétrer avec celui de l’électronique numérique et en ouvrant
encombrant du fait de la conception des circuits passifs et de l’usage la voie à la notion de récepteur hyperfréquence numérique. C’est un
de tubes nécessitant de très hautes tensions. nouveau domaine qui s’ouvre : l’électronique numérique hyperfré-
Bien que l’on sache depuis 1903 (Hull en Allemagne) que les quence.
ondes électromagnétiques se réfléchissent et diffractent sur des
obstacles, c’est seulement à partir de 1934 que se mettent en place
les premières expérimentations grandeur nature de radars. À
Sainte-Adresse, à côté du Havre, Ponte et Girardeau de la compa-
gnie de Télegraphie sans Fil (CSF) réalisent la détection de bateaux
2. Terminologie
à une dizaine de milles à des longueurs d’onde de 80 et 16 cm [3] [4].
De cette expérimentation naissent le radar équipant le paquebot Une onde électromagnétique est caractérisée par :
Normandie ainsi que les premiers radars équipant les bateaux de la
Marine nationale. — la description à tout instant de l’amplitude et de l’orientation
des champs électrique E et magnétique H la constituant. Le rapport
La Seconde Guerre mondiale révèle combien les transmissions des composantes transversales à la direction de propagation ET/HT
sans fil et la détection radar sont indispensables pour la mise en est l’impédance d’onde transverse ZT. L’orientation du champ élec-
sécurité des personnes et des biens lors d’attaques ennemies et trique définit la polarisation (le lecteur est invité à se reporter à l’arti-
pour la conduite des opérations militaires. Elle provoque donc le cle [E 1 020] pour des définitions rigoureuses et exhaustives) ;
développement accéléré, voire forcené, des technologies micro-
ondes, l’approfondissement des théories des circuits et des antennes — sa fréquence f exprimée en hertz (Hz) ou ses multiples ;
et la mise en place de moyens industriels. Le débarquement des for- — sa vitesse de propagation v. Dans le vide, elle est égale à celle
ces alliées en Normandie, le 6 juin 1944, a très largement utilisé les de la lumière, soit c = 2,997.108 m/s. Dans un milieu quelconque
ressources radioélectriques pour détecter, localiser et baliser. v = c/n où n est l’indice du milieu. n dépend généralement de la fré-
quence. La longueur d’onde est λ = v/f. Elle est exprimée en mètres,
Après la guerre, ceci se concrétise aussi bien par la publication ses multiples ou sous-multiples ;
d’une véritable encyclopédie des micro-ondes, la fameuse collection
de 27 volumes publiés sous la direction du Radiation Laboratory — sa direction, définie par les cosinus directeurs du vecteur
(Rad Lab) du Massachusetts Institute of Technology [5] et l’enseigne- d’onde, vecteur k de module égal à 2π/λ, perpendiculaire localement
ment de l’électromagnétisme et des technologies afférentes dans à la surface d’onde ;
les universités et les écoles d’ingénieurs que par la création de labo- — le trièdre direct E, H, k.
ratoires et d’industries dans le domaine. Une onde se propageant dans un « espace libre », c’est-à-dire
● De 1940 à 1980, les technologies deviennent matures, les outils suffisamment loin de tout obstacle ou discontinuité des caractéris-
conceptuels se développent et l’industrie maîtrise bien la production tiques du milieu de propagation, est assimilable localement à une
de dispositifs et de systèmes de télécommunications et de radars onde plane où les champs électrique et magnétique sont pure-
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Bruit en hyperfréquences
Origine et modélisation
Par Gérard CACHIER
Ancien élève de l’École Polytechnique, Docteur ès sciences
Consultant (ancien de Thalès)
T
2.1 Bruit thermique ........................................................................................... — 4
2.2 Bruit de diffusion......................................................................................... — 4
2.3 Bruits de scintillation .................................................................................. — 5
2.4 Bruits de grenaille ....................................................................................... — 5
2.5 Limite quantique ......................................................................................... — 5
3. Bruit dans les circuits linéaires........................................................... — 6
3.1 Représentations du bruit ............................................................................ — 6
3.2 Théorie des quadripôles avec bruit ........................................................... — 7
3.3 Modèles de bruit des composants pour la réception .............................. — 7
3.4 Conception d’un amplificateur à faible bruit ............................................ — 9
3.5 Mesure de la puissance de bruit................................................................ — 9
4. Bruit dans les circuits non linéaires .................................................. — 10
4.1 Représentation du bruit dans les oscillateurs .......................................... — 10
4.2 Mélangeurs.................................................................................................. — 11
4.3 Multiplicateurs de fréquence ..................................................................... — 12
4.4 Amplificateurs de puissance ...................................................................... — 12
4.5 Outils de simulation.................................................................................... — 12
4.6 Mesure du bruit d’amplitude et du bruit de phase .................................. — 13
5. Bruit dans les sous-ensembles ............................................................ — 13
5.1 Sources de fréquences ............................................................................... — 13
5.2 Chaînes de réception .................................................................................. — 15
5.3 Chaînes d’émission..................................................................................... — 17
5.4 Antennes...................................................................................................... — 18
6. Applications utilisant les propriétés du bruit ................................. — 19
6.1 Radiométrie ................................................................................................. — 19
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPQS@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ェオゥョ@RPQW
QSS
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T
bibliographiques pour avoir des informations plus complètes sur les sys-
tèmes hyperfréquences concernés). Le dernier paragraphe montre qu’il est
aussi possible d’utiliser le bruit comme un avantage pour réaliser des maté-
riels particuliers.
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en retour à 900 MHz. Une partie de ces bruits est piégée dans le
guide d’onde terre-ionosphère, et donne lieu à basse fréquence
(< 20 MHz) à des bruits atmosphériques dont la valeur est relative-
ment stable.
■ Bruit céleste
Par temps clair, le rayonnement céleste est lié à la diffusion par
l’oxygène et la vapeur d’eau du rayonnement thermique du sol
(inférieur au corps noir). Il augmente avec la fréquence (avec des
pics comme à 60 GHz), mais reste en dessous du bruit thermique à
290 K.
La température de bruit augmente fortement par temps de pluie
pour des fréquences supérieures à 10 GHz, à cause de l’absorption
par l’eau. Ce phénomène concerne surtout les stations terriennes
des satellites. Pour des pluies moyennes, on considère que l’éten-
due de la zone pluviale est quasiment infinie. Pour des forts orages
par contre, le calcul doit être pondéré par la zone de pluie limitée
entrant dans le champ de l’antenne. Dans tous les cas elle est fonc-
tion de l’angle d’élévation du pointage de l’antenne (voir § 5.4.1).
Ce bruit lié aux conditions météorologiques est introduit dans
des statistiques de performances (performances atteintes pour
99,99 % du temps sur une base annuelle par exemple), établies
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T 2. Sources de bruit internes développant à ses bornes une tension, telle que :
(3)
avec V densité spectrale de tension, soit par
2.1 Bruit thermique définition : .
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progresse à la vitesse moyenne du transport électronique) entraîne posant. Comme le bruit en 1/f (dont il est une variante à plus basse
un parcours aléatoire, et la source de courant associée a une den- fréquence), le bruit de génération-recombinaison est dimensionné
sité spectrale uniforme donnée par la formule (1) : par le nombre et la durée de vie des pièges. Cette variation aléa-
toire du nombre de porteurs est à l’origine de bruits dits burst
noise ou pop corn noise.
Ce type de bruit a une densité spectrale proportionnelle au carré
avec D coefficient de diffusion des porteurs à fort champ, du courant :
n densité de porteurs,
4
fonction de Dirac, égale à 1/∆x en x’.
Par conséquent, à chaque position x dans un intervalle spatial avec τ constante de temps équivalente du piège
∆x, les courants microscopiques se produisent sous forme d’impul- considéré.
sions courtes, décorrélées dans le temps. Une impulsion de cou-
rant dans l’intervalle x-x’ crée un déplacement de charges de x Notons que l’on rencontre ce bruit en basse fréquence entre
vers x + ∆x, créant un champ électrique dipolaire associé à la zone 0,1 Hz et quelques MHz.
de charges en x, égal et opposé à la zone de charges en x + ∆x.
Le bruit de diffusion est un bruit blanc proportionnel au coeffi-
cient de diffusion à haut champ et au courant transporté. Il est pré-
2.4 Bruits de grenaille
sent dans les sources de bruit intrinsèque du transistor à effet de
champ (voir § 3.3.2). 2.4.1 Bruit Schottky
Le bruit Schottky, ou shot noise, existe dans les semi-conduc-
2.3 Bruits de scintillation teurs là où les porteurs doivent franchir une barrière de potentiel
comme une jonction Schottky. On suppose que les porteurs sont
transportés sans se recombiner ni subir de collisions.
T
2.3.1 Bruit en 1/f Le modèle est basé sur une densité uniforme de porteurs, la
Aux fréquences f proches de zéro, on observe dans tout compo- suite des évènements suivant une loi de Poisson. Le temps de
sant actif (et parfois passif) une composante de bruit dite flicker transit étant supposé très court, la densité spectrale est un bruit
noise présentant une tension de bruit suivant une loi dite en 1/f, la blanc donné par la formule :
tension variant de façon à peu près proportionnelle à l’inverse de
la fréquence. Ce bruit est généralement attribué aux phénomènes (6)
de c réation-recombinaison de paires électron-trou, les centres où I0 est le courant déterministe traversant la barrière de potentiel
recombinants étant liés aux défauts et à l’inhomogénéité des (figure 5).
matériaux et se situant en surface des semi-conducteurs et aux
interfaces entre les différentes couches.
2.4.2 Bruit d’avalanche
Il est toujours associé à un courant direct et est modélisé empiri-
quement par une densité spectrale : Ce bruit a pour origine des phénomènes d’avalanche dans les
jonctions pn polarisées en inverse où les porteurs peuvent acqué-
rir une énergie suffisante pour créer aléatoirement des paires élec-
(5)
tron-trou par collisions. Ce bruit, caractéristique de l’effet Zener,
est toujours associé à un courant de polarisation. Il est difficile-
avec I0 courant continu traversant le composant, ment prévisible et généralement modélisé par la même expression
α coefficient caractéristique du composant, que le bruit Schottky multiplié par un facteur multiplicatif M com-
pris entre 1 et 100 :
n=2 (loi quadratique), mais peut varier entre 0,5 et 2
suivant la technologie
p = 1, mais peut varier entre 0,8 et 1,3 suivant la
technologie.
La quantité de centres recombinants étant liée aux processus de 2.5 Limite quantique
fabrication, les progrès des technologies permettent de réduire la
valeur du bruit et sa dispersion liée à la fabrication. Le domaine de Pour connaître la limite inférieure infranchissable de la densité
fréquences où cet effet est prédominant par rapport à la compo- spectrale de bruit, si l’on se place dans les conditions où la tempé-
sante de bruit thermique est cependant encore très variable. Il est rature T est très proche du zéro absolu, il faut introduire la notion
plus élevé pour les composants AsGa que pour les composants de bruit quantique [1]. Une transition élémentaire ne peut se pro-
silicium, plus élevé également pour des composants sensibles à duire qu’avec une énergie minimale hf (h = constante de Planck,
l’état de la surface des semi-conducteurs (dans les transistors à voir encadré), qui correspond, pour f = 10 GHz, à une densité spec-
effet de champ en AsGa on peut avoir des effets jusqu’à 100 MHz). trale de bruit de – 202 dBm/Hz. Cette limite est vraiment contrai-
gnante vers les fréquences optiques, 10 000 fois plus élevées.
Cette source de bruit est critique pour les composants utilisés en
oscillateurs, car elle est la principale contribution au bruit d’ampli-
tude et au bruit de phase (voir § 4.1).
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