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Composants actifs
en électronique de puissance
III
Cet ouvrage fait par tie de
Conversion de l'énergie électrique
(Réf. Internet ti301)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Conversion de l'énergie électrique
(Réf. Internet ti301)
Bruno ALLARD
Professeur des universités, département de Génie électrique de l'INSA de Lyon,
chercheur au laboratoire Ampère (CNRS UMR 5005)
François COSTA
Agrégé en Génie électrique, Docteur ès Sciences Physiques, Professeur des
universités à l'IUFM de Créteil, Chercheur au SATIE/ENS-Cachan
Éric LABOURÉ
Professeur des Universités (Université Paris Sud - IUT de Cachan)
Thierry LUBIN
Maître de conférences - HDR à l'Université de Lorraine. Chercheur au
laboratoire GREEN de Nancy
Frédéric MAZALEYRAT
Professeur à l'ENS de Cachan, chercheur au SATIE-ENS Cachan (Systèmes et
applications des technologies de l'information et de l'énergie-École normale
supérieure de Cachan)
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Composants actifs en électronique de puissance
(Réf. Internet 42245)
SOMMAIRE
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VII
Caractéristiques des composants à semi-conducteur de puissance en vue de leur D3231 109
commande
Composants bipolaires thyristors,triacs, GTO, GCT et BJT) : circuits de commande D3232 117
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Composants actifs en électronique de puissance
(Réf. Internet 42245)
1
1– Composants actifs Réf. Internet page
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1
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Référence Internet
D3060
Cet article est la réédition actualisée de l’article [D 3 060] intitulé « L’électronique de puis-
sance – Bases, perspectives, guide de lecture » paru en 2006, rédigé par Bruno Allard.
11
Référence Internet
D3060
1
grosses installations. Ces installations électriques n’évoquent pas de prime
abord de hautes technologies et pourtant la transition énergétique fait émerger
un renouveau technique et scientifique fort des solutions dites de réseaux
intelligents (smart grids). Le déploiement dans un futur proche d’un réseau
maillé en régime continu mais à haute tension (HVDC) implique la mise au
point de composants et de convertisseurs adaptés. Sans électronique de puis-
sance en termes de techniques et de concepts, les produits nomades
(ordinateurs, lecteurs...) ne connaîtraient pas le développement que l’on sait. À
toute petite échelle, l’électronique de puissance s’appelle la « gestion de
l’énergie » ou « power management ». C’est finalement le but premier de tout
convertisseur. C’est l’électronique basse tension qui s’est emparée des
concepts de découpage de l’énergie électrique, ou bien l’électronique de puis-
sance, en tant que discipline, qui s’intéresse à des produits de toute petite
puissance (moins du watt) comme à ceux mettant en jeu des puissances colos-
sales (plusieurs mégawatts). Mise à part la technologie, l’alimentation d’un
processeur (~ 100 W) ou le convertisseur connecté à une génératrice
d’éolienne (400 kW) partage un très grand nombre d’aspects, et les ingénieurs
qui les ont respectivement conçus se sont battus avec les mêmes phénomènes
physiques et ont tenté de trouver la meilleure réponse aux mêmes compromis
(masse, rendement, stabilité, qualité de service, refroidissement, fiabilité,
susceptibilité électromagnétique...).
La rubrique Électronique de puissance présente une discipline, dédiée à la
conversion de l’énergie électrique, c’est-à-dire le moyen de fournir précisé-
ment à une charge l’énergie électrique dont elle a besoin, – en courant, en
tension et en contenu spectrale et cela de manière dynamique – quand elle en
a besoin, et ce à partir d’une ou plusieurs sources primaires d’énergie élec-
trique. La rubrique a l’ambition de consigner les connaissances nécessaires à
la compréhension des phénomènes mis en jeux. La conversion d’énergie pri-
maire non électrique en électricité couvre des aspects de plus en plus abordés
en terme de « récupération d’énergie » (energy harvesting). Les principes phy-
siques de la transformation de l’énergie primaire en électricité ne sont pas
traités dans la présente rubrique. Par contre la gestion de cette transformation,
notamment pour la rendre la plus efficace possible, – notamment le fameux
point de puissance maximale (MPP, maximal power point) – incombe à un
convertisseur électrique, objets couverts dans la présente rubrique.
L’électronique de puissance évolue très vite, et par sauts technologiques.
Aussi, le rôle de la rubrique est également d’offrir un exposé concis des appli-
cations technologiques les plus pertinentes pour tous les aspects d’un
système de puissance. Enfin, les Techniques de l’Ingénieur ont la mission de
faire évoluer l’édition de la rubrique pour refléter l’électronique de puissance
de demain : des structures nouvelles de conversion sont mises au point, la
course à l’intégration pour les petites ou moyennes puissances, ou bien le pré-
lèvement direct de l’énergie sur un réseau, pour les sources de très haute
tension, par exemple.
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Référence Internet
D3060
1. Découpage de l’énergie
électrique Ie
Is
10 A
Ve R Vs
La rubrique Électronique de puissance est construite autour d’un Convertisseur 5Ω
100 V 50 V
périmètre réduit de notions techniques et scientifiques, autour de la
conversion électrique proprement dite. Il est entendu qu’une éner-
gie électrique amont est déjà disponible et que la conversion a pour
but de fournir une énergie électrique aval. La conversion est mise en
œuvre par des convertisseurs dits de puissance, même dans le cas Figure 1 – Synoptique d’un convertisseur de tension continue 1
où cette puissance est très petite. Il est expliqué ici que pour des
questions de rendement, ces convertisseurs utilisent un principe de
découpage de l’énergie. Le lecteur ne trouvera pas dans la rubrique
les notions relatives à la conversion d’une énergie primaire en éner- Is
gie électrique, comme par exemple les principes photovoltaïques. Ie 10 A
Pour autant ces principes sont intimement liés très souvent à un
convertisseur tel que traité dans la présente rubrique. Ve Rpot 5 Ω R Vs
Un convertisseur de tension ou de courant ne peut plus utiliser 100 V 5Ω 50 V
une structure linéaire pour une question de rendement. Consi-
Vpot 50 V
dérons le cas simple de la production d’énergie sous une tension
continue de 50 V à partir d’une source de tension continue de
100 V, pour alimenter une charge résistive de 5 Ω (figure 1). a diviseur potentiométrique
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Référence Internet
D3100
Composants semi-conducteurs
de puissance : caractères propres
1
par Philippe LETURCQ
Professeur à l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse
Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS (LAAS)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 100 − 1
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Référence Internet
D3100
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permet plus au concepteur de composants d’ignorer les spécificités et les con-
traintes de leur mise en œuvre, de même que l’électronicien de puissance ne
peut mettre pleinement à profit les possibilités des composants de puissance
modernes sans comprendre leur fonctionnement interne.
Ce fascicule constitue donc l’introduction générale à une série d’articles trai-
tant successivement des propriétés électroniques du silicium, principal matériau
semi-conducteur utilisé, des structures semi-conductrices élémentaires et des
effets fondamentaux que celles-ci font naître, de la tenue en tension des compo-
sants de puissance, sujet générique, avant d’aborder de manière plus spécifique
les principes de fonctionnement et l’étude des caractéristiques statiques et
dynamiques des principaux composants de puissance actuellement utilisés. Un
article complémentaire donne un aperçu des développements dans le domaine
de l’intégration de puissance.
Dans ce chapitre introductif même, dont la conception doit beaucoup aux
échanges de vues entre l’auteur et le Professeur Henri Foch, on présente les
semi-conducteurs de puissance sous les différents aspects de leurs fonction, de
leurs spécificités vis-à-vis des autres composants semi-conducteurs, et de leurs
performances actuelles.
■ Dans les systèmes de contrôle ou de conversion de l’énergie élec- exigences fonctionnelles de connexion de sources ou d’aiguillage
trique, les composants actifs fonctionnent généralement en com- du courant au sein des cellules de conversion, mais aussi à la néces-
mutation entre deux états, ouvert (ou bloqué) et fermé (ou sité de minimiser les pertes d’énergie, pour d’évidentes raisons de
conducteur, ou encore passant), à la manière d’interrupteurs. rendement et de dissipation.
La fermeture ou mise en conduction désigne le basculement de
l’état bloqué à l’état passant, et l’ouverture ou blocage, le bascule- ■ Les règles d’interconnexion des sources (générateur ou récep-
ment inverse. Ce mode d’utilisation en commutation répond à des teur de tension ou de courant, unidirectionnel ou bidirectionnel) et
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D 3 100 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
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D3100
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a b
commutation entre états se situent, avec les conventions de signe
habituelles, dans le premier et le troisième quadrants du plan cou-
I I I
rant-tension I,V.
Les basculements « commandés » sont indiqués par des flèches,
les autres modes de commutation étant implicitement GTO Thyristor
« spontanés » ou « naturels », par passage d’un quadrant à l’autre V V V
du point de fonctionnement instantané. Le lecteur pourra se repor-
ter utilement, pour les détails, aux articles exposant les principes c d e
fondamentaux de l’électronique de puissance.
I I I
f g h
La réalisation de ces fonctions d’interrupteur par des éléments
semi-conducteurs est plus ou moins complexe ; si les propriétés
physiques qu’on peut mettre en jeu sont fondamentalement les I I I
mêmes que celles qui sont exploitées dans les composants de trai-
tement du signal analogique ou numérique, celles-ci ne permettent
pas toujours de manière directe l’obtention des états et modes de Triac
basculement souhaités. Ces propriétés sont essentiellement la V V V
conduction unidirectionnelle des jonctions PN et des contacts
« Schottky » métal/semi-conducteur, et les trois effets permettant le i j k
contrôle et l’interruption du passage d’un courant dans un semi-
conducteur :
Figure 1 – Différents types d’interrupteurs et exemples
— effet transistor bipolaire ;
de réalisation par des éléments semi-conducteurs [d’après H. Foch]
— effet de champ MOS métal/oxyde/semi-conducteur ;
— effet de champ de jonction.
■ Les composants semi-conducteurs de puissance proprement élé- — nécessité ou non de maintenir la commande dans chacun des
mentaires se réduisent ainsi aux deux catégories suivantes : états après basculement (commande continue ou impulsionnelle) ;
— les diodes, diode à jonction de structure PIN et diode Schottky, — commande « isolée » (puissance de commande nulle dans un
qui remplissent la fonction a schématisée dans la figure 1 : état état statique) ou non.
passant sous polarisation directe (I > 0), état bloqué sous polarisa- Ainsi le thyristor, dont la commande d’amorçage est impulsion-
tion inverse (V < 0), fermeture et ouverture spontanées ; nelle, peut aussi, dans une version technologique particulière dite
— les transistors, mettant en jeu l’un ou l’autre des effets men- Gate-Turn-Off (GTO), s’ouvrir sans changement de polarité et rem-
tionnés ci-dessus, qui remplissent la fonction b : ouverture et fer- plir donc, aussi bien ou mieux que l’association série transistor/
meture commandées entre états passant et bloqué de même diode, la fonction c . Par abandon, ou non-utilisation, de la réversi-
polarité ; dans la figure 1, le symbole utilisé est celui du transistor bilité en tension, on peut aussi faire jouer au GTO le rôle de transis-
bipolaire (NPN), sans préjudice de généralité vis-à-vis du transistor tor à commande impulsionnelle (fonction b ).
MOS et du transistor à effet de champ de jonction.
● Le thyristor peut, à son tour, être associé à d’autres compo-
■ La synthèse des autres fonctions d’interrupteurs nécessite de sants. Par exemple, muni d’une diode antiparallèle, il remplit la
recourir à des associations des composants précédents, associa- fonction g bidirectionnelle en courant; les réalisations monolithi-
tions qui peuvent être discrètes ou, préférablement, intégrées de ques sont désignées comme thyristors à conduction inverse.
manière hybride ou monolithique. La mise en parallèle tête-bêche de deux GTO réversibles en ten-
● Ainsi la connexion en série ou en parallèle d’une diode et d’un sion permet d’obtenir la fonction bidirectionnelle commandée à
transistor, avec les polarités convenables, réalise les fonctions c et l’ouverture et à la fermeture i . De même, la mise en parallèle de
f bidirectionnelles respectivement en tension et en courant. De deux thyristors permet de remplir la fonction j ; l’intégration
même, la fonction d de la figure 1 (réversible en tension, à ferme- monolithique de cette disposition, avec le raffinement d’une élec-
ture commandée sous polarisation directe, à ouverture spontanée trode de commande commune conduit au triac (triode-ac-switch).
par inversion de polarité) peut être remplie par l’arrangement con-
venable de deux transistors bipolaires complémentaires ou, mieux, ■ Thyristor et triac sont historiquement les premiers exemples
par un dispositif monolithique, le thyristor, qui représente la version d’intégration « fonctionnelle » dans le domaine des composants de
intégrée de cet agencement. puissance. Dans ce mode d’intégration, on tire parti de la conjugai-
son dans un même cristal des effets semi-conducteurs fondamen-
● Plusieurs solutions peuvent être définies pour chaque cas, en taux, sans qu’il y ait nécessairement individualisation des
réponse notamment à des spécifications portant sur la commande : composants correspondants. On peut ainsi réaliser, par des disposi-
— état normalement passant ou normalement bloqué en tifs monolithiques, aussi bien ou mieux que par des associations de
l’absence de commande ; composants discrets, les interrupteurs manquants dans le rapide
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D3102
1. Propriétés électroniques
du silicium (–)
a
g – d (–)
1.1 Notions élémentaires
(+)
1
(+)
b =
1.1.1 Porteurs mobiles et charges fixes
– h
■ Les propriétés électroniques des matériaux semi-conducteurs
résultent de la mobilité, dans le réseau cristallin, de deux types de
porteurs de charge électrique :
+ f
(+)
(–) e
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D3102
(cf. figure 2). Les niveaux donneurs sont « vides » (ionisation posi-
tive de l’atome d’impureté par perte d’un électron) et les niveaux ni (cm– 3) T (K)
accepteurs sont occupés (ionisation négative par gain d’un élec- 800 600 500 400 350 300 250
1018
tron).
Bien d’autres impuretés et défauts de cristal, moins faciles à ioni-
ser que les impuretés dopantes, peuvent néanmoins interagir avec 1016
les populations d’électrons et de trous. Leur état de charge est alors
1
essentiellement variable selon les densités de porteurs présents et
1014
la température du cristal. On préfère parler à leur propos de
« centres profonds ».
1012
■ Du point de vue des propriétés électriques macroscopiques,
on considère le cristal comme un milieu continu ; porteurs mobiles
et charges fixes interviennent par leurs densités (ou concentra- 1010
tions). Celles-ci seront désignées, dans ce qui suit, par n, p, ND, NA
respectivement pour les électrons libres, les trous, les centres don-
neurs, les centres accepteurs. L’unité d’usage pour ces concentra- 108
tions est le cm−3.
Les ordres de grandeur pour les concentrations de dopants vont 106
de 1013 à 1020 cm−3, à comparer à une densité d’atomes de 0,001 0,0015 0,002 0,0025 0,003 0,0035 0,004
5 · 1022 cm−3 pour le silicium, par exemple. Cependant, dans les 1/T (K–1)
zones réellement actives des composants de puissance, les densités
de porteurs et d’impuretés ionisées ne dépassent pas ordinairement Figure 3 – Variation de la concentration intrinsèque du silicium avec
1018 cm−3 et restent donc faibles devant la densité d’atomes. la température
Dans ces conditions, il n’y a pas « dégénérescence » du semi-
conducteur et on peut décrire son comportement électrique avec un
formalisme allégé et un vocabulaire simple. Dans tout ce qui suit, 1,2·1010 cm−3 à 300 K ;
sauf indication contraire, on se placera dans cette hypothèse.
6,3·1012 cm−3 à 400 K
et 2,9·1014 cm−3 à 500 K.
1.1.2 Concentration intrinsèque D’une manière générale, la concentration intrinsèque est
d’autant plus faible, à température donnée, et sa variation avec
Dans les conditions d’équilibre thermodynamique, c’est-à-dire la température d’autant plus raide, que l’énergie d’ionisation
dans un état statique du cristal sans échange d’énergie avec l’envi- est plus élevée. Pour l’arséniure de gallium, par exemple,
ronnement, les densités de porteurs mobiles sont fixes. En corol- avec Eg = 1,43 eV, la concentration intrinsèque n’est que
laire, on peut affirmer que les taux de génération et de 1,8 · 106 cm−3 à 300 K ; elle se trouve augmentée dans un
recombinaison des paires électron-trou sont strictement égaux. rapport supérieur à 105 à 500 K (≈ 8 · 1011 cm−3).
De simples considérations cinétiques sur ce principe de balance
montrent alors que la loi d’action de masse s’applique à l’équili-
bre génération-recombinaison tout comme à un équilibre chimique. 1.1.3 Cristaux N et P
En d’autres termes, le produit des densités d’équilibre p de trous et
n d’électrons libres est une constante, à température de cristal don- D’un point de vue macroscopique, la neutralité électrique d’un
née. L’usage est de noter n i2 cette constante, par référence à la cristal se traduit par l’égalité des densités de charges élémentaires
valeur commune intrinsèque n i que présenteraient nécessairement positives ou négatives, qu’elles soient mobiles ou fixes :
les concentrations de porteurs dans un cristal idéalement pur et
strictement neutre électriquement : p + ND = n + NA (3)
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D3102
Aux températures usuelles de fonctionnement des composants, De cette densité de charge résultent des répartitions de potentiel
la concentration intrinsèque est généralement très faible devant la
concentration nette de dopant (ni <<N). On peut alors utiliser les macroscopique Ψ et de champ électrique E suivant les lois de
approximations suivantes, dans un cristal, respectivement de type l’électrostatique :
N (N ≈ ND) et de type P (N ≈ − NA) :
ρ
n i2 ∇ 2 Ψ = Ð ---
ε (8)
n ≈ ND p ≈ --------
1
ND
(5) E = Ð grad Ψ
n i2
p ≈ NA n ≈ --------
NA où ε désigne la permittivité du matériau (ε = 1,04 · 10−12 F/cm pour le
silicium).
À température croissante cependant, lorsque la concentration Dans les problèmes « unidimensionnels » où ne joue qu’une
intrinsèque devient nettement supérieure à la concentration du
dopant, on finit par pouvoir poser : variable de position x le gradient grad et le Laplacien ∇ 2 se ramè-
nent respectivement aux dérivées première ∂/∂x et seconde ∂2/∂x2.
n ≈ p ≈ ni
■ L’action de la répartition de champ sur les porteurs mobiles ten-
comme dans un cristal intrinsèque. drait, en l’absence de toute contrainte, à restaurer la neutralité. C’est
Pour le silicium, les températures pour lesquelles s’effectue pourquoi, en valeur relative, c’est-à-dire par rapport aux densités de
ce changement de relation sont de l’ordre de charge positive e(p + ND) et négative e (n + NA) constituant le bilan
(7), la densité nette de charge ne représente souvent qu’un faible
500 K pour N = 1014 cm−3 et 700 K pour N = 1016 cm−3. écart, et ce, dans des régions étendues du cristal. On parle alors de
quasi-neutralité et on peut toujours écrire en ce cas :
■ Il convient toutefois de remarquer que les perturbations de la
structure de bande du semi-conducteur pur liées à l’introduction n + NA ≈ p + ND (9)
des dopants, négligeables jusqu’à des niveaux de concentration NA
ou ND de l’ordre de 1018 cm−3, deviennent notables au-delà, lorsque expression qui se réduit en pratique à n ≈ ND + p pour un cristal de
l’état du cristal tend vers celui d’alliage. Globalement, on peut inter- type N et à p ≈ NA + n pour un cristal de type P.
préter ces modifications comme un rétrécissement de la largeur de On voit que, dans cet état de quasi-neutralité, tant que les
bande interdite avec augmentation corrélative de la concentration concentrations de porteurs minoritaires restent petites devant les
intrinsèque et de son coefficient de variation avec la température. concentrations de dopant (p < < ND ou n < < NA selon le cas), les
La réduction ∆ E g* de l’énergie d’ionisation effective E g* à appli- concentrations de porteurs majoritaires conservent approximative-
ment leurs valeurs d’équilibre dans le cristal neutre (respectivement
quer dans l’expression (2) pour le calcul de ni dans le silicium peut n ≈ ND ou p ≈ NA) : on parle, dans ce cas, de faible niveau d’injection.
être reliée à la concentration de dopant suivant une loi approxima-
tive du type : Au contraire, si les concentrations de porteurs minoritaires
deviennent grandes devant les concentrations d’impuretés, on a
N A ou N D αi p ≈ n dans les deux cas, situation qu’on décrit comme étant celle de
∆ E g* ≈ 2 kT In 1 + -------------------------------------- (6) forte injection.
N ( T ⁄ 300 ) 3
ref
Que le niveau d’injection soit faible ou fort, la quasi-neutralité
avec αi ≈ 0,6 n’implique aucunement que le potentiel soit constant et le champ
électrique nul, ce qu’on n’observerait jamais qu’en cas de stricte
Nref ≈ 4 · 1018 cm−3 pour un cristal de type P neutralité.
Nref ≈ 7 · 1018 cm−3 pour un cristal de type N.
■ Par contre, au voisinage de perturbations majeures de l’homogé-
Ces valeurs sont données à titre indicatif, la littérature restant con- néité du cristal, telles que la surface limitante ou une jonction entre
tradictoire à ce sujet. Le paramètre Nref représente la concentration régions très différemment dopées ou encore un contact métal/semi-
de dopant impliquant, à 300 K, un doublement de ni. conducteur, des charges d’espace peuvent se développer, suffi-
samment accentuées dans de nombreux cas pour que l’un des ter-
mes entre crochets dans l’expression (7) domine les autres. On peut
1.1.4 Neutralité, quasi-neutralité, alors distinguer :
charges d’espace
— des régions dépeuplées, où les concentrations de porteurs
libres sont négligeables devant celle des impuretés fixes ; on a
■ Les expressions (4) des concentrations de porteurs ne s’appli- alors :
quent strictement qu’à un cristal homogène, électriquement neutre
et en équilibre thermodynamique avec son environnement. La neu- ρ ≈ eND (cristal N) ou ρ ≈ − eNA (cristal P) ;
tralité électrique, même si elle est maintenue globalement pour
l’ensemble du cristal, n’est généralement pas assurée localement. Il — des régions accumulées, où dominent les porteurs
en est ainsi, par exemple, lorsque la distribution des impuretés majoritaires :
dopantes n’est pas uniforme, même dans les conditions d’équilibre
thermodynamique. Hors équilibre, par ailleurs, la loi (1) n’est plus ρ ≈ − en (cristal N) ou ρ ≈ ep (cristal P) ;
valable et les concentrations d’électrons libres et de trous devien-
nent indépendantes. — des régions inversées, où dominent les porteurs normalement
minoritaires :
Aussi observe-t-on dans le cristal une densité de charge ρ non
nulle, fonction, dans le cas général, des coordonnées de position et ρ ≈ ep (cristal N) ou ρ ≈ − en (cristal P).
du temps :
Une analyse plus approfondie de ces charges d’espace montre
ρ = e [p − n + (ND − NA)] (7) que la transition entre une région quasi neutre et une région de
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D 3 102 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
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D3102
1⁄2 108
L D = --------------
kTε
(10) 5
e2 N
T = 300 K
avec N= ND ou NA selon le cas. 2
107
1
Cette quantité, dite longueur de Debye extrinsèque, est, dans le
silicium à 300 K : 5 Électrons
Trous
— de 0,4 µm pour N= 1014 cm−3 ; 2
— de 4 nm seulement pour N= 1018 cm−3. 106
5
105
5
Tout gradient d’une grandeur intensive engendre dans le cristal
des flux de porteurs mobiles, c’est-à-dire un courant électrique. Il en 2
est ainsi pour le potentiel électrique, les concentrations de porteurs, 104
la température. On se limitera ici au cas le plus important en 102 2 5 103 2 5 104 2 5 105 2 5 106
pratique où on considère les seuls effets des gradients de potentiel E (V/cm)
(conduction) et de concentration (diffusion).
Figure 4 – Variations des vitesses moyennes de dérive des porteurs
en fonction du champ électrique, dans le cas du silicium
1.2.1 Conduction
En présence d’un champ électrique, au mouvement désordonné selon le cas. C’est dans ces conditions que les fabricants de maté-
d’agitation thermique des porteurs mobiles se superpose un mou- riaux semi-conducteurs spécifient la résistivité 1/σ de leurs produits.
vement de dérive dans le sens du champ pour les trous, dans le sens
contraire pour les électrons. À cette dérive des porteurs correspon- ■ La figure 4 indique, pour le cas du silicium, les variations de la
dent des courants de conduction dont les densités s’expriment vitesse de dérive en fonction de l’intensité du champ électrique, à
simplement par : 300 K, dans un cristal peu dopé (< 1014 cm−3). Cette vitesse de
dérive, qui n’est pas la même pour les deux types de porteurs, est
proportionnelle au champ jusqu’à des valeurs de l’ordre de 104 V/cm
J p = epv p et les mobilités sont, dans ces conditions, indépendantes du champ
électrique. À fort champ, la vitesse de dérive tend vers une valeur
J n = Ð env n limite de l’ordre de 107 cm/s pour les électrons, un peu inférieure
pour les trous, et la notion de mobilité perd alors de son intérêt.
On appelle mobilité (µn pour les électrons, µp pour les trous) la
valeur absolue du rapport de la vitesse de dérive (respectivement ■ Dans les matériaux faiblement dopés, la mobilité des porteurs est
vn et vp) à l’intensité E du champ électrique, ce qui permet d’écrire essentiellement limitée par leurs interactions avec le réseau cristal-
encore : lin et varie avec la température suivant une loi simple du type :
T Ðαµ
J p = epµ p E µ = µ 0 ------- (12)
(11) T 0
J n = enµ n E
µ0 représentant la valeur de mobilité à la température de référence
T0. Dans le cas du silicium, avec T0 = 300 K, on a :
(le signe est le même pour les deux équations : la charge de l’élec-
tron est négative, mais sa vitesse de dérive est de sens opposé à — pour les électrons : µn0 = 1 430 cm2/(V · s) ;
celui du champ électrique).
— pour les trous : µp0 = 495 cm2/(V · s) ;
La densité totale de courant de conduction des porteurs est donc :
et αµ = 2,2 dans les deux cas.
J cond = σE Les interactions avec les impuretés ionisées impliquent une
réduction de mobilité d’autant plus importante que le matériau est
où σ représente la conductivité électrique du cristal : plus dopé et une modification de la loi de variation avec la tempéra-
σ = e (µpp + µnn) ture, comme l’indique la figure 5 pour les électrons d’une part, les
trous d’autre part, toujours dans le cas du silicium. La formule (12)
Les concentrations de porteurs étant essentiellement variables, la n’est alors plus représentative que sur des plages limitées de varia-
conductivité électrique n’est pas, en principe, une caractéristique du tion de température, avec des valeurs de paramètres µ0 et αµ adap-
cristal. Toutefois, dans un matériau neutre ou quasi neutre, au repos tées.
ou en situation de faible injection, on a :
Les interactions avec les impuretés neutres ne jouent de manière
p <<ND et n ≈ ND dans un cristal N, significative qu’aux basses températures (< 100 K) et peuvent donc
être ignorées dans l’étude des composants de puissance. Par contre,
n <<NA et p ≈ NA dans un cristal P, lorsque les électrons et les trous ont des densités comparables, les
interactions des porteurs influencent la mobilité dans le même sens
et donc : σ ≈ eµnND ou σ ≈ eµpNA que les concentrations d’impuretés ionisées (figure 6).
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D3102
1
1 000
5 1017 cm–3
1018 cm–3
2
500
102
1019 cm–3
Trous
5
2
0
2 5 2 5 2 5 2 5
1014 1015 1016 1017 1018
10 p ou n (cm–3)
200 250 300 350 400 450 500 550 600
T (K) Figure 6 – Réduction de mobilité par interactions porteurs-porteurs
µ p(cm2.V –1.s –1) dans l’hypothèse de concentrations de trous et d’électrons égales
(p ≈ n), dans le cas du silicium
5
2 Trous
Dans la mesure où le semi-conducteur n’est pas dégénéré et tant
que la vitesse de dérive reste proportionnelle au champ électrique,
103 N = 1014 cm–3 la constante de diffusion et la mobilité, pour chaque type de por-
5
teurs, sont liées (relation d’Einstein) :
1016 cm–3
Dn D kT
2
1017 cm–3 ------- = ------p- = ------- = U T (14)
µn µp e
102
1018 cm–3
La quantité UT = kT/e, proportionnelle à la température absolue T,
5
est souvent appelée « unité thermodynamique » ; elle vaut 25,9 mV
1019 cm–3 à 300 K.
2
Dans du silicium faiblement dopé, à cette température de 300 K,
10 les constantes de diffusion sont ainsi 37 cm2/s et 12,8 cm2/s, respec-
200 250 300 350 400 450 500 550 600 tivement pour les électrons et les trous.
T (K)
Figure 5 – Variations des mobilités des électrons (µn) et des trous (µp) 1.2.3 Densités de courant
en fonction de la concentration d’impuretés dopantes (N )
et de la température (T ), dans le cas du silicium
Les gradients de potentiel et de concentration ajoutent leurs effets
dans le cristal et on a, plus généralement, pour expressions des den-
1.2.2 Diffusion sités de courant de porteurs [relations (11) et (13)] :
La différence de signe entre les deux équations (13) est liée à celle
des charges véhiculées : à un gradient de concentration négatif cor- La divergence du courant total est bien entendue nulle ( ∇ J = 0 ) .
respond un flux de porteurs positif, soit un courant positif pour les Il n’en est pas forcément de même pour les différentes composan-
trous, négatif pour les électrons. tes, courants de porteurs et courant de déplacement.
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D3102
1
teurs dévient de leurs valeurs d’équilibre et l’un des deux processus, a
génération ou recombinaison, l’emporte sur l’autre. De nombreux c
mécanismes physiques peuvent intervenir dans ces processus, Eg /2
selon la nature du cristal, ses imperfections, la température… On se Et
limitera au cas du silicium, dans la plage de température intéressant ∆E
le fonctionnement des composants.
d
b
1.3.1 Taux de génération et de recombinaison
U = B ( pn Ð n i2 ) (18)
■ Dans le cas le plus simple :
où B est une fonction plus ou moins complexe des concentrations — la génération d’une paire électron-trou est le résultat de la cap-
de porteurs, selon les mécanismes physiques mis en jeu dans les ture d’un électron de valence par le centre (émission d’un trou), pré-
processus de génération et de recombinaison. cédée ou suivie par l’émission d’un électron libre (b + c, figure 7) ;
L’expression (18) montre, comme on pouvait s’y attendre, que à
— la recombinaison correspond aux transitions inverses de cap-
un excès de concentration de porteurs ( pn > n i2 ), correspond une ture d’un électron libre suivie ou précédée de la réinsertion d’un
situation de recombinaison nette (U > 0) et que, en cas de défaut de électron de valence (capture d’un trou) (a + d, figure 7).
concentration par rapport à l’équilibre ( pn < n i2 ) , le taux net U est
L’énergie mise en jeu dans ces transitions (de l’ordre de Eg au total
négatif et représente donc en fait un taux net de génération. pour une paire électron-trou) est échangée avec le réseau cristallin
Le facteur B dans l’expression (18) de U serait une constante sous forme de chaleur.
caractéristique du matériau semi-conducteur si le seul mécanisme
de génération-recombinaison en jeu était celui que suggère l’image On voit que les centres de recombinaison sont temporairement
trop idéalisée de la figure 2, c’est-à-dire le passage direct d’électrons chargés au cours d’une transition et peuvent donc jouer, s’ils sont en
de l’état lié à l’état libre ou inversement. Ce processus direct bande concentration suffisante, un rôle « donneur » ou « accepteur » simi-
à bande, qui se déroule effectivement dans tous les matériaux semi- laire à celui des atomes dopants. Entre autres conséquences, si, en
conducteurs, est en réalité presque complètement masqué, dans le régime statique, les taux nets de génération-recombinaison pour
silicium, par d’autres processus plus intenses et plus complexes : les trous et les électrons restent nécessairement égaux, il peut ne
processus Shockley-Hall-Read, recombinaison Auger. pas en être de même en régime dynamique lorsque les constantes
de temps de « piégeage » et de « dépiégeage » des porteurs par les
centres ne sont pas négligeables. Sous réserve de cette éventualité,
1.3.2 Recombinaison Shockley-Hall-Read une expression type du taux net de recombinaison peut facilement
être établie en supposant les centres présents tous identiques et le
Dans un cristal réel, de nombreux types de défauts et d’impuretés niveau d’énergie associé unique :
vraies (autres que les dopants), dont la présence, souvent non maî-
trisée, peut aussi être voulue par la technologie des composants, pn Ð n i2
constituent des centres actifs de génération et recombinaison indi- U SHR = ------------------------------------------------------------------
- (19)
rectes. τ p0 ( n + n * ) + τ n0 ( p + p * )
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D3104
Tenue en tension
des semi-conducteurs de puissance
1
par Philippe LETURCQ
Professeur à l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse
Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS (LAAS)
1. Généralités................................................................................................. D 3 104 – 2
2. Tenue en tension des dispositifs plans.............................................. — 2
2.1 Zone de transition de la jonction bloquante ............................................. — 2
2.2 Multiplication par avalanche ...................................................................... — 4
2.3 Claquage par avalanche.............................................................................. — 5
2.4 Tension de maintien de structures bipolaires NPN ou PNP..................... — 6
2.5 Effet de la charge d’espace des porteurs en transit.................................. — 8
2.6 Effet de la température. Courant inverse................................................... — 8
3. Terminaisons de jonction ...................................................................... — 9
3.1 Effets de bord............................................................................................... — 9
3.1.1 Contournement, claquage superficiel............................................... — 9
3.1.2 Courbures de jonction........................................................................ — 10
3.1.3 Limitation des effets de bord............................................................. — 12
3.2 Terminaisons de type « mésa » .................................................................. — 12
3.2.1 Terminaisons en biseau ..................................................................... — 12
3.2.2 Sillons creusés chimiquement .......................................................... — 13
3.3 Terminaisons de type « planar » ................................................................ — 13
3.3.1 Plaque de champ ................................................................................ — 14
3.3.2 Plaque de champ résistive ................................................................. — 14
3.3.3 Autoprotection des dispositifs multicellulaires................................ — 14
3.3.4 Anneau de garde diffusé.................................................................... — 15
3.3.5 « Extension de jonction » implantée................................................. — 15
3.3.6 Terminaison « Resurf »....................................................................... — 16
3.3.7 Anneaux diviseurs de champ ............................................................ — 16
4. Conclusions ............................................................................................... — 17
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D3104
1
est la « base », constitue le cœur des dispositifs de puissance. La – – – – – – + + + + +
« base » est souvent homogène, de type N de préférence au type P
pour des raisons qui tiennent à la plus forte mobilité des électrons – – – – – – + + + + +
ou aux impératifs de la technologie. Elle constitue la région centrale
– – – – – – + + + + +
des diodes et redresseurs, la base N des thyristors et des transistors
IGBT, la région de collecteur des transistors bipolaires (mais, à l'ori- – – – – – – + + + + +
gine, elle correspondait bien à la base des transistors « alliés »), la
région de drain des transistors MOS de puissance. Selon les struc-
tures propres à chacun de ces dispositifs, la base est limitée, à Jonction
l'opposé de la jonction bloquante, par une région plus fortement métallurgique
dopée de même type ou de type opposé. Les profils types à consi-
dérer dans l'étude de la tenue en tension des composants de puis- électrons + donneurs
sance sont donc des successions P+NN+ et P+NP+ (ou les – accepteurs
trous
successions complémentaires N+PP+ et N+PN+).
La tension blocable théorique est limitée essentiellement par le
Figure 1 – Zone de transition dépeuplée d’une jonction PN sous
mécanisme d'avalanche , éventuellement couplé à d'autres mécanis-
polarisation inverse
mes comme l'injection bipolaire. Les paramètres principaux per-
mettant de définir cette tension sont le dopage et l'épaisseur de la
base et, en cas d'injection bipolaire, le gain en courant correspon- Pour une répartition donnée N (x) de la concentration des impure-
dant. Le gradient de concentration d'impuretés à la jonction métal- tés dopantes, les répartitions du champ électrique E et du potentiel V
lurgique est également un paramètre déterminant dans le cas de dans la zone de transition ainsi constituée, sont déterminées par
jonctions très « graduelles ». intégration des équations de l'électrostatique (cf. article [D 3 102],
§ 1.1.4 et § 2.1.4.2) :
L'obtention d'une capacité de blocage effective proche de la
valeur théorique dépend par ailleurs de la maîtrise d'un certain dE eN ( x )
------- = ----------------
ε - (1)
nombre d'autres facteurs : courant inverse , dont l'origine principale dx
est la génération thermique dans la charge d'espace, contourne- dV
ment de la jonction par claquage prématuré intervenant sur les -------- = – E (2)
bords, courants de fuite superficiels… Le contrôle de la nature et de dx
la concentration des centres de génération-recombinaison, la con- avec x abscisse de position par rapport à la jonction métallurgique,
ception de terminaisons de jonction adaptées, la passivation de la e charge électronique (e = 1,602.10–19 C),
surface du cristal, sont ainsi des compléments indispensables à la
ε permittivité du matériau semi-conducteur (ε = 1,04.10–12 F/cm
réalisation de la tenue en tension. Enfin, il faut prévoir que la tenue
pour le silicium).
en tension définie en régime statique peut être altérée en régime
transitoire par l'effet de la charge d'espace des porteurs en transit, Pour conditions aux limites, on postule simplement que le champ
avec, en certains cas, des conséquences destructives. électrique est négligeable en dehors de la zone de transition et que
la variation de potentiel à la traversée de cette dernière égale la dif-
férence de potentiel imposée, soit Φ + V R où VR est la tension exté-
rieure appliquée en inverse (VR > 0). La tension de diffusion Φ peut
être négligée le plus souvent. Les principaux exemples de référence
2. Tenue en tension intéressant les composants semi-conducteurs de puissance sont
des dispositifs plans donnés ci-après.
■ Jonction PN abrupte. C’est le cas le plus simple : les concentra-
tions d’impuretés sont constantes des deux côtés de la jonction.
Dans l'étude des structures de puissance, il est commode de défi- Avec N = – NA du côté P et N = ND du côté N (NA et ND étant respec-
nir la tenue en tension de manière unidimensionnelle, en faisant, tivement les concentrations des atomes accepteurs et donneurs),
dans un premier temps, abstraction des effets de bord qu'on s'atta- les résultats sont immédiats : le champ électrique est maximal (en
che ensuite à préciser. En d'autres termes, nous abordons le sujet en valeur absolue) à la jonction métallurgique et varie linéairement
supposant que la jonction bloquante des dispositifs analysés est avec la distance, de part et d’autre ; la répartition du potentiel est
idéalement plane. parabolique par morceaux (cf. [D 3 102], figure 14).
Pour une jonction fortement dissymétrique, la zone de charge
d'espace s'étend essentiellement du côté le moins dopé, et les résul-
tats généraux concernant l'épaisseur WT de la zone de transition et
2.1 Zone de transition la valeur maximale |EM| du champ (cf. [D 3 102], expressions (71) et
de la jonction bloquante (72) respectivement) s'appliquent alors sous la forme (cas d'une
jonction P+N) :
2 ε ( Φ + VR )
Lorsqu'une jonction PN est polarisée en inverse, seuls les por- WT = ----------------------------- (3)
teurs minoritaires de chacune des régions P et N peuvent franchir la eN D
jonction métallurgique. Les porteurs majoritaires, au contraire, en
désertent le voisinage et une charge d'espace essentiellement 2 eN D ( Φ + V R )
EM = ---------------------------------------
- (4)
dépeuplée s'établit donc de part et d'autre (figure 1). ε
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D3104
1
– 10
avec ND concentration d’impuretés du substrat,
L décrément logarithmique de la répartition des atomes
accepteurs.
– 20
Pour une telle jonction, la répartition du champ électrique est don-
née par l’expression : charge des atomes dopants
charge découverte
eN D L x x – 30
E ( x ) = E M + --------------
ε - --L- + exp – --L- – 1
avec, pour valeur maximale du champ, en module :
– 40
WT WT – 20 0 20 40 60
eN D L -------- --------
L L Abscisse de position x (µm)
EM = --------------- 1 – -------------------------------------- – ln -------------------------------------- (6)
ε W W
1 – exp – -------- T T
L 1 – exp – -------- L 150 500
par la relation :
eN D LW T WT W
-------- coth --------T – 1 – Φ
90 300
V R = ------------------------- 2L
(7)
ε 2L champ
potentiel
mais, à l’inverse, la détermination de WT en fonction de VR est impli- 60 200
cite.
La profondeur de pénétration de la charge d’espace dans la
région faiblement dopée est par ailleurs : 30 100
exp W --------T – 1
+ L
W = L ln ----------------------------------- 0 0
WT – 20 0 20 40 60
--------
L Abscisse de position x (µm)
Il est facile de voir que, pour des tensions appliquées en inverse
assez élevées pour que WT >> L, on retrouve les résultats relatifs à Figure 2 – Exemple de répartitions de charge, de champ électrique
une jonction P+N abrupte. (en module) et de potentiel dans la zone de transition d’une jonction
P+N graduelle polarisée en inverse
Exemple : la figure 2 présente une application numérique de ces
résultats avec les valeurs suivantes des paramètres : ND = 3 x1014 cm–3 ;
L = 6,6 µm ; VR = 400 V ; la tension de diffusion est négligée.
eN
L'analyse des zones de transition de jonctions pour des profils
d'impuretés gradués plus complexes – ou plus réalistes – nécessite
le recours au calcul numérique ; on retrouve généralement assez
bien les tendances qu'expriment les relations (6) et (7). a x
WN
■ Structure P+NN+. Lorsque la charge d'espace d'une jonction
dissymétrique, abrupte ou graduelle, envahit totalement la région
faiblement dopée et vient « buter » sur une région fortement dopée,
les résultats précédemment obtenus doivent être modifiés. Le cas
type est celui d'une structure P+NN+, qui correspond, dans de nom-
breux composants de puissance, à la région de base et aux régions E (x )
limitantes (figure 3). b x
Dans l'hypothèse d'une répartition d'impuretés abrupte, et en
négligeant les profondeurs de pénétration de la charge d'espace
dans les régions fortement dopées, la tension de « perçage » VP,
pour laquelle la charge d'espace de la jonction P+N atteint la région
N opposée, est donnée, à partir du résultat (3), par la relation :
2 EM
eN D W N
V P = ---------------------
- (8)
2ε Figure 3 – Répartitions approximatives de la densité de charge (a) et
où ND et WN représentent respectivement le dopage et la profondeur du champ électrique (b) dans une structure P+NN+ abrupte, pour une
de la région centrale ; on a négligé la tension de diffusion Φ. tension supportée supérieure à la tension de perçage
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D3104
Pour une tension appliquée en inverse supérieure à la tension de En prenant pour conditions aux limites les valeurs des densités de
perçage, la répartition de champ n'est plus de forme triangulaire courant d’électrons Jn (x1) et de trous Jp(x2) abordant la charge
mais devient trapézoïdale, comme indiqué sur la figure 3 b : l'exten- d’espace, l’intégration des équations (10) et (11) conduit à la relation :
sion de charge d'espace est pratiquement bloquée à la valeur WN de
la profondeur de base et le champ maximal est alors donné, avec les J = M n J n ( x 1 ) + M p J p (x 2 ) + M g J g (12)
mêmes conditions d'approximation, par la relation : où Mn, Mp, Mg représentent les facteurs de multiplication par ava-
VR + VP lanche, respectivement pour les courants incidents d’électrons, de
EM = -------------------
- (9)
1
WN trous, et pour le courant de génération thermique dans la charge
d’espace, de densité Jg en l’absence d’ionisation par choc.
En posant, pour alléger les écritures :
2.2 Multiplication par avalanche x
Lorsque le champ électrique dans la zone de transition est suffi-
samment élevé, l'avalanche (ionisation par choc) doit être prise en
z ( x ) = exp –
∫ x1
( α n – α p ) dx ′
∫
processus.
J = α n z ( x ) dx (13)
À partir des équations de continuité (cf. [D 3 102], § 1.5) et de x1
l'expression du taux de génération par collisions ionisantes
(cf. [D 3 102], § 1.4.2, relation (22)), on peut écrire, en régime statique : les expressions des facteurs de multiplication sont les suivantes :
d Jn 1
---------- = α n J n + α p J p – eg (10) M n = ------------- (14)
dx 1–J
Jn + J p = J (11) z ( x2 )
avec J densité totale de courant de porteurs, M p = -------------
- (15)
1–J
g taux de génération thermique (cf. [D 3 102], § 2.1.4.3),
et, dans l’hypothèse où le taux de génération thermique est cons-
αn et αp coefficients d’ionisation pour les électrons et les tant, indépendant de l’abscisse de position :
trous ; ce sont, à travers le champ électronique, des
fonctions de l’abscisse de position (cf. [D 3 102], z moy
§ 1.4.2, expressions (23)). M g = ------------
- (16)
1–J
Les densités de courant d’électrons Jn, de trous Jp et la densité de
courant totale J sont comptées négativement ; en valeur absolue, |Jn|
zmoy désignant la valeur moyenne de z (x) dans la zone de transition.
est fonction croissante de l’abscisse x de position et |Jp| est, corréla- Le calcul de ces facteurs de multiplication ne peut être poursuivi
tivement, fonction décroissante. que numériquement. Il demande en effet la connaissance de la
répartition du champ électrique dans la zone de transition, réparti-
tion qui n'est connue analytiquement que dans les cas simples pré-
cédemment répertoriés (cf. (§ 2.1)), et, même dans ces cas simples,
Sens de polarisation
on ne peut expliciter les résultats en termes de fonctions élémentai-
P N
res, sauf fortes approximations.
Il est cependant possible d'observer que l'intégrale J [relation
(13)] dite « intégrale d'ionisation » est une fonction croissante du
champ électrique (à travers les coefficients d'ionisation) et de
l'épaisseur de la zone de transition (à travers l'intervalle d'intégra-
tion), donc de la tension supportée. Lorsque l'intégrale d'ionisation
approche la valeur unité, les facteurs de multiplication tendent tous
Jp(x1) Jp(x2) vers l'infini. Cela signifie que le mécanisme d'ionisation par choc est
devenu autonome : c'est le claquage de la jonction par avalanche ,
qui marque une limite absolue VB à la tension que peut supporter
une jonction.
Jn(x1) Jn(x2) Par ailleurs, avec αn > αp pour le silicium, on a toujours :
z (x2) < zmoy < 1.
Les facteurs de multiplication, tous égaux à l'unité pour de faibles
tensions, sont donc tels que :
Mn > Mg > Mp
lorsque l'avalanche se manifeste.
x1 x2 x
Exemple : les variations des facteurs de multiplication avec la ten-
sion supportée sont indiquées pour des jonctions PN+ (figure 5 a) et
électrons collision ionisante P+N (figure 5 b) abruptes de même concentration d'impuretés du côté
le moins dopé : la dissymétrie dans ces variations (particulièrement
marquée pour Mg) vient de ce que les électrons ont un pouvoir ionisant
trous génération thermique très supérieur à celui des trous. On peut aussi expliquer une petite dif-
férence dans les tensions de claquage, à l'avantage de la jonction PN+,
par le fait que le taux de croissance avec le champ électrique du coef-
Figure 4 – Multiplication des porteurs par avalanche ficient d'ionisation pour les trous est supérieur à celui des électrons
dans la zone de transition d’une jonction PN (cf. [D 3 102] § 1.4.2, figure 8).
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D3106
Composants semi-conducteurs
de puissance bipolaires. Partie 1
1
par Philippe LETURCQ
Professeur à l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse
Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS (LAAS)
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31
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D3106
1
Nota : le lecteur se reportera, pour les notions préalables, à l’article [D 3 102] « Physique des semi-conducteurs de
puissance », particulièrement au paragraphe 2.1 (jonction PN), ainsi qu’à l’article [D 3 104] qui traite, de manière générique, de
la « Tenue en tension des semi-conducteurs de puissance ».
Répartition
1.1 Schématisation des structures I Ip1 statique In2
bipolaires In1 Ip2
A p1 K
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D 3 106 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
32
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D3106
● On appelle zone de stockage la région à fort niveau d’injection ■ La même hypothèse p ≈ n appliquée aux équations de continuité
qui, lorsqu’elle est présente, contient de fait la quasi totalité de la (cf. [D 3 102], § 1.5) permet par ailleurs d’écrire, toujours pour une
population des porteurs en transit dans la base. Cette zone de stoc- dimension :
kage, qui est modulée en conductivité par la présence même des
porteurs, peut occuper tout ou partie de la région de base. Elle appa- ∂ Jn ∂ Jp ∂p p
raît, s’étend ou régresse et disparaît dans les commutations entre --------- ≈ Ð --------- ≈ e ------- + --- (2)
les états bloqué et passant, dictant, dans une large mesure, le com- ∂x ∂x ∂t τ
portement électrique du dispositif, vu de ses contacts terminaux.
● Adjacentes à la zone de stockage, une ou deux zones, relative-
ment désertes, peuvent apparaître. Selon le type de la base et le
sens de polarisation, il peut s’agir d’une zone de charge d’espace
où τ représente la durée de vie des porteurs.
d QS QS
1.2 Équation de diffusion ambipolaire J p1 Ð J p2 = J n2 Ð J n1 = ------------ + ------- (5)
dt τ
La répartition des porteurs dans la zone de stockage est régie par où QS représente la charge stockée par la population de trous (ou
une équation simple, dite de diffusion ambipolaire. Introduite dans d’électrons) par unité de surface de jonction :
l’article [D 3 102], § 2.1.3.2, à propos des jonctions P+NN+ ou P+PN+
« longues », cette équation dérive des équations fondamentales du x2
∫p
transport de charges dans les semi-conducteurs par les opérations
et approximations suivantes. QS = e dx (6)
x1
■ Avec des concentrations de trous et d’électrons sensiblement
égales p ≈ n (quasi neutralité, haute injection), l’élimination du
champ électrique entre les expressions des densités de courant Jp et et Jp1, Jn1, Jp2, Jn2 les densités de courant aux frontières x1 et x2 de
Jn de ces porteurs (cf. [D 3 102], § 1.2.3) conduit, en une dimension, la zone de stockage.
à la relation :
Cette équation est différentielle, linéaire du premier ordre. Son
Jn Jp écriture suppose que la durée de vie τ est indépendante de l’abs-
∂p cisse x de position, mais, si tel n’est pas le cas, elle reste valable en
------- Ð ------- ≈ 2 e ------- (1)
Dn Dp ∂x donnant à τ le sens de durée de vie « globale », effective.
dans laquelle les différents symboles conservent leur signification En tenant compte de la continuité du courant total de porteurs :
habituelle : e désigne la charge élémentaire, Dn et Dp les constantes
de diffusion pour les électrons et les trous respectivement. J = Jp1 + Jn1 = Jp2 + Jn2 (7)
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D3106
et en faisant intervenir les « rapports d’injection » aux frontières x1 l’équation (1), les relations de continuité (7) et les définitions (8), on
et x2 de la zone de stockage : a:
J p1 dp(x) 1 J n1 J p1 1 1 Ð α1 α1
f = ---------------- = ------- --------- Ð --------- = ------- --------------- Ð ------- J (15)
α 1 = --------- dx x1 2 e Dn Dp 2e Dn Dp
J (8)
J n2
α 2 = --------- , dp(x) 1 J n2 J p2 1 α2 1 Ð α2
1
J g = ---------------- = ------- --------- Ð --------- = ------- ------- Ð --------------- J (16)
dx x2 2 e Dn Dp 2 e Dn Dp
on peut réécrire l’équation (5) sous la forme :
Les concentrations p1 et p2 sont alors données, à partir de
l’expression (13), par les relations :
d QS QS
------------ + ------- = ( α 1 + α 2 Ð 1 ) J (9)
dt τ Dτ x 2 Ð x 1
p 1 = ------------------------------------------------------- g Ð f ch ------------------ (17)
ce qui met en évidence les paramètres fondamentaux dont dépen- sh [ ( x 2 Ð x 1 ) ⁄ Dτ ] Dτ
dent, pour un courant donné, la statique et la dynamique de la
et :
charge stockée : rapports d’injection et durée de vie des porteurs.
Dτ x 2 Ð x 1
p 2 = ------------------------------------------------------- g ch ------------------ Ð f (18)
sh [ ( x 2 Ð x 1 ) ⁄ Dτ ] Dτ
1.4 Répartition des porteurs dans la zone
de stockage, en régime statique où l’on a désigné les gradients en x1 et x2 par f et g respectivement,
pour alléger les écritures.
■ Il convient toutefois de remarquer que l’obtention, par les
■ En régime statique (d/dt = 0), l’équation (9) se réduit à : expressions (17) et (18), de concentrations négatives n’a pas de
sens. Pour avoir :
QS = τ (α1 + α2 − 1)J (10)
p 1 > 0 et p 2 > 0
Si les rapports d’injection sont fixés, la charge stockée est propor-
tionnelle au courant passant. Dans le cas limite où α1 = α2 = 1 (cou- les gradients de concentration f et g aux frontières et l’épaisseur
rant de trous en x1, courant d’électrons en x2), on a : (x2 − x1) de la zone de stockage doivent respecter les conditions :
QS = τ J (11) x 2 Ð x 1 x 2 Ð x 1
g > f ch ------------------ et g ch ------------------ > f (19)
ce qui met alors l’accent sur l’importance du paramètre « durée de Dτ Dτ
vie ». Suivant les signes et valeurs relatives des gradients f et g, on est
L’équation de diffusion ambipolaire (3) devient, de son côté ainsi conduit à envisager, pour le régime statique, les situations
(∂/∂t = 0) : dépeintes par la figure 2.
● Pour des gradients f négatif et g positif, on a toujours p1 > 0 et
d2 p p p2 > 0, sans restriction sur l’épaisseur de la zone de stockage. Celle-
---------- = ------- (12) ci envahit donc la totalité de la base du dispositif, c’est-à-dire :
d x2 Dτ
x2 − x1 = W (répartition de la figure 2 a).
La solution est immédiate, sous réserve d’admettre que la durée C’est typiquement le cas des diodes (cf. la répartition initiale stati-
de vie des porteurs et la constante de diffusion ambipolaire sont que rapportée sur la figure 1 a) et souvent aussi des thyristors à
indépendantes de l’abscisse x de position : l’état passant.
● Pour des gradients f et g tous deux négatifs avec f > g , on
p 1 sh [ ( x 2 Ð x ) ⁄ Dτ ] + p 2 sh [ ( x Ð x 1 ) ⁄ Dτ ] a bien toujours p1 > 0, mais deux sous-cas peuvent être distingués.
p ( x ) = ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- (13)
sh [ ( x 2 Ð x 1 ) ⁄ Dτ ] f
Si la condition W < Dτ Argch ----- est remplie, la zone de
g
Cette expression décrit explicitement la répartition des porteurs stockage occupe effectivement toute la base, comme dans le cas
pour des concentrations p1 et p2 connues aux frontières x1 et x2 de précédent, mais la concentration des porteurs est continûment
la zone de stockage. décroissante (répartition de la figure 2 b). Ce peut être encore le cas
En fonction de p1 et p2, la charge stockée QS est ainsi donnée, du thyristor (cf. la répartition initiale statique rapportée sur la
selon sa définition (6), par l’expression : figure 1 c), mais aussi du transistor bipolaire en saturation vraie.
Sinon, la zone de stockage a une extension limitée :
ch [ ( x 2 Ð x 1 ) ⁄ Dτ ] Ð 1
QS = e Dτ ( p 1 + p 2 ) ---------------------------------------------------------------- (14) f
sh [ ( x 2 Ð x 1 ) ⁄ Dτ ] x2 Ð x1 = Dτ Argch ----- (20)
g
ce qui permet de faire le lien, par l’intermédiaire de la relation (10) et, appuyée en x1 sur la frontière de la région de base, fait place, au-
avec la densité de courant J. delà de x2 à une zone relativement déserte (répartition de la
figure 2 c) ; c’est le cas, notamment, pour les transistors bipolaires
Le facteur Dτ est la « longueur de diffusion ambipolaire ». en quasi saturation.
Dans la plupart des cas, ce sont les gradients de concentration qui ● Le cas où les gradients aux frontières de la zone de stockage
sont imposés aux limites par les courants de porteurs. D’après sont tous deux positifs avec f < g est simplement dual du précédent
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Composants semi-conducteurs
de puissance bipolaires. Partie 2
1
par Philippe LETURCQ
Professeur à l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse
Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS (LAAS)
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1. Transistors bipolaires tion bloquante et que se trouve stockée, dans l’état passant, la plus
grande part de la charge des porteurs en transit. La région de base
de puissance au sens habituel du terme, ici de type P, est beaucoup plus dopée et
étroite. L’émetteur est toujours très fortement dopé. La durée de vie
des porteurs dans la base et le collecteur est, en règle générale,
Les transistors ont été pendant longtemps les seuls éléments maintenue assez élevée vis-à-vis des temps de transit des porteurs
semi-conducteurs permettant la commutation de puissance entre dans ces régions pour que l’on puisse considérer l’effet des recom-
états passant et bloqué sans changement préalable de polarité. En binaisons comme secondaire.
1020 1020
1018 1018
Région de collecteur Région de collecteur
peu dopée peu dopée
1016 1016
1014 1014
N+ P N– N+ N+ P N– N+
1012 1012
0 20 40 60 80 100 120 140 160 0 20 40 60 80 100 120 140 160
Abscisse de position (µm) Abscisse de position (µm)
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+ N+ +
P
–
N+ N+
P P P
1
N–
–
N
N+
N+
Contact de collecteur
Contact de collecteur
trous électrons
métal (aluminium)
oxyde (silice) métal (aluminium)
oxyde (silice)
Figure 2 – Structure de transistor bipolaire : vue en coupe
Figure 3 – Focalisation périphérique : orientation générale des lignes
de flux de porteurs (courant base de sens normal)
1.2 État passant
Les caractéristiques de sortie, tracées à courant base IB constant, de courant IC contrôlé, la tension de déchet (tension collecteur-
ont typiquement l’allure en « double cassure » indiquée sur la figure émetteur VCE) et l’intensité IB de la commande, et, d’autre part, les
4a dans un cas d’exemple idéalisé. Par rapport aux caractéristiques performances dynamiques, à l’ouverture et à la fermeture.
qui résulteraient d’un pur « effet transistor » (cf. [D 3 102], § 2.3.3), la
différence provient principalement de la chute de tension établie par
le courant collecteur IC dans la résistance RC de la région faiblement 1.2.1 Mécanisme de quasi-saturation
dopée de collecteur. Cette résistance n’est pas fixe : selon le niveau
de concentration et la répartition des porteurs injectés dans le L’exemple choisi pour fixer les idées est celui d’une structure
collecteur, elle est modulée et, lorsque diminue le gain « forcé » N+PN–N+ à collecteur homogène (épaisseur WC = 70 µm, dopage
IC /IB, varie de la valeur RC0 qu’elle présente en régime de fonction- ND = 1,5.1014 cm –3, surface SC = 0,2 cm2, soit une résistance
nement normal jusqu’à devenir presque négligeable. On doit donc RC0 ≈ 1 Ω à 300 K). Pour simplifier, on suppose la base P étroite
distinguer ici, entre le régime normal (non saturé) et le régime (charge stockée négligeable dans cette région), la durée de vie des
saturé vrai, un régime intermédiaire, dit quasi saturé. C’est dans ce porteurs très élevée (recombinaisons négligeables). Les caractéristi-
régime que l’on situe le point de fonctionnement passant, pour ques de sortie théoriques, dont on donne au paragraphe 1.2.2 les
mettre à profit des compromis possibles entre, d’une part, le niveau éléments de justification, sont déployées sur la figure 4a.
IC (A) 20 N+ P N– N+
Saturation IC = VCE /RC0
1,6 1,4 1,2 1 0,8 0,6 0,4 Concentrations de porteurs (en 1016 cm–3)
5
15
4
Quasi-saturation Régime normal IC = 15 A
10
3
IB = 0,2 A
2
5
1
1,6
IB = 0,4 A 0,6 0,8 1 1,2 1,4
0
0 5 10 15 20 0
0 10 20 30 40 50 60 70
VCE (V)
Abscisse x (µm)
Figure 4 – Caractéristiques de sortie idéalisées et évolution des répartitions de porteurs dans le collecteur en quasi-saturation
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x1
p (x ) n (x )
x2 x
V CE WI
I C > ---------- JB
R C0
ou, réciproquement : (1)
B
V CE < R C0 I C
Figure 5 – Schématisation d’un transistor N+PN–N+ : notations et
La figure 4b représente les répartitions de porteurs dans le collec- sens de référence
teur, pour des états de saturation de plus en plus accusée, à niveau
de courant imposé (IC = 15 A) et courant base IB croissant. Il est
important de remarquer que, pour les conditions de fonctionnement peuvent être précisées toutes les grandeurs utiles (cf. expression
envisagées, les concentrations de porteurs dans la zone de stockage (14) de [D 3 106] pour la charge stockée QS, par exemple) :
adjacente à la jonction collecteur-base, sont très supérieures à la
concentration du dopant (ND = 1,5.1014 cm –3), ce qui justifie 2 eDn p 1
l’approximation p ≈ n (quasi-neutralité, haute injection). Par ailleurs, WI = D τ Argsh --------------------- (2)
en régime statique, et dans la mesure où les recombinaisons sont JC D τ
négligeables, le courant collecteur est véhiculé essentiellement par
des électrons (|In | ≈ IC , Ip ≈ 0) ; dans ces conditions, le gradient de Si, comme dans le cas décrit par la figure 4b, la durée de vie τ est
concentration commun aux électrons et aux trous est constant très élevée, on a simplement :
(cf. [D 3 106], équation 1), ce qui explique la linéarité des réparti- 2 eDn p 1
tions figurées. W I = --------------------
- (3)
JC
On voit que, lorsque croît le degré de saturation de la jonction
collecteur-base (c’est-à-dire la concentration des porteurs à la jonc- En régime saturé, la zone de stockage envahit tout le collecteur
tion), à courant collecteur fixé (c’est-à-dire à pente de répartition des (WI = WC) et les relations (16), (17) et (18) de [D 3 106] conduisent
porteurs maintenue constante), la zone de stockage s’étend dans le cette fois à la concentration p2. Les expressions des différentes
collecteur. La chute de tension dans ce collecteur décroît donc en grandeurs s’en déduisent de manière également explicite.
raison, à la fois, de son envahissement par la zone de stockage et de En régime normal, la zone de stockage est évidemment absente
la modulation de conductivité de cette zone. La saturation vraie (WI = 0).
intervient quand la zone de stockage, parfois appelée « base
induite » dans ce contexte, occupe toute la région faiblement dopée ■ Stockage de porteurs dans la base et effet transistor
de collecteur. À l’opposé, quand le gain forcé IC /IB tend vers le gain En fonction des produits de concentrations de porteurs (pn)e et
normal, la jonction collecteur-base se polarise en inverse, avec (pn)c aux jonctions encadrant la base, le courant d’électrons collecté
développement d’une charge d’espace dépeuplée : le fonctionne- Jn1 s’exprime sous la forme (effet transistor, cf. [D 3 102], § 2.3.2,
ment redevient alors conforme au schéma classique (cf. [D 3 102], résultats transcrits ici pour un transistor NPN) :
§ 2.3.3 « régime normal »).
eD nB
J n1 = ---------------------- [ ( pn ) e – ( pn ) c ] (4)
1.2.2 Éléments de modélisation
Base
∫ p dx
∫p ∫N ∫n
paragraphe 1.4 de [D 3 106] s’appliquent sans restriction.
e dx ≈ e A dx + e dx = Q B + Q SB (5)
En quasi-saturation, on a simplement p2 ≈ 0 et Jp2 ≈ 0 en x2 (conti-
nuité avec la zone de drift dépeuplée en porteurs minoritaires) ; en Base Base Base
x1, la concentration p1 dépend, à niveau de courant JC donné, de ce qui conduit à réécrire l’expression (4) sous la forme :
l’effet transistor qui joue au niveau de la base P. En supposant
connue cette concentration, il est facile de déterminer, par les rela- e D nB
2
2
tions (16), (17) et (18) de [D 3 106]) l’épaisseur WI = x2 – x1 de la base J n1 ≈ ------------------------- ( pn ) e – p 1 (6)
induite (c’est-à-dire de la zone de stockage), à partir de laquelle Q B + Q SB
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La charge QB des impuretés de base, par unité de surface, est d’un collecteur uniformément dopé, pour lequel une solution analy-
souvent désignée comme le « nombre de Gummel » du transistor. tique peut être établie, l’intégrale doit être calculée numériquement.
La charge QSB est celle des porteurs injectés, en transit dans la Les tensions VBE et VBC* sont liées par l’approximation de Boltz-
région de base. On peut estimer QSB, à fort niveau d’injection, en mann respectivement aux produits (pn)e et (pn)c :
admettant que la répartition des porteurs minoritaires dans la base
est linéaire, prolongeant celle du collecteur, comme indiqué sur la
figure 5 ; on peut alors écrire : ( pn ) e
V BE = U T ln --------------
-
1
2
QSB ≈ τB|Jn1| + eWBp1 (7) ni
(13)
où WB est l’épaisseur de base P et τB le temps de transit à fort niveau ( pn ) c
d’injection, défini pour le régime normal de fonctionnement par V BC∗ = U T ln --------------
2
-
l’expression (cf. [D 3 102], § 2.3.3, relation (99) retranscrite ici pour ni
une base P) :
2 La tension VBC puis la tension collecteur-émetteur VCE = VBE – VBC
WB peuvent être ainsi précisées.
τ B = -------------
- (8)
4 D nB
L’expression (7) représente une bonne approximation lorsque la 1.2.3 Caractéristiques statiques
charge QSB est plus grande que QB. Dans le cas contraire, l’erreur
commise s’estompe dans la somme QSB + QB et n’a plus aucune
conséquence à faible niveau d’injection où QSB << QB. ■ Récapitulation
Les caractéristiques statiques d’un transistor peuvent être décri-
■ Courant base
tes de diverses façons à partir des formulations précédentes. En
La densité de courant base JB est la somme de trois composantes. quasi-saturation par exemple, pour un niveau de courant JC fixé, on
La première est la densité de courant de trous JpE à la jonction peut prendre la concentration p1 comme variable intermédiaire, ce
émettrice et a pour expression : qui conduit explicitement à l’épaisseur de base induite WI (expres-
sion (2)), à la répartition p(x) des porteurs et à la charge stockée QSC
JpE = ehE (pn)e (9) dans le collecteur (expressions (13) et (14) en [D 3 106]), à la densité
de courant de recombinaison Jp1 (expression (11)) et, par suite, à
où le paramètre hE qui caractérise l’émetteur N+ en tant que puits de Jn1 ; par la relation (1) de [D 3 106] avec :
recombinaison a généralement une valeur de l’ordre de 1.10 –14 à
2.10 –14 cm4.s –1 à 300 K. J p (x ) = – J C – J n (x )
La deuxième correspond aux recombinaisons dans la région de
base même (cf. [D 3 102], § 2.3.4) : (cf. sens de référence sur la figure 5), on détermine aussi la réparti-
tion Jn(x) pour le calcul de l’intégrale figurant dans l’expression (12).
Q SB Avec p1 et |Jn1| connus, on peut par ailleurs préciser la charge stoc-
J pB = ----------
- (10) kée QSB dans la base (expression (7)), le produit de concentrations
τ
(pn)e (expression (6)), par suite les densités de courant JpB et JpE
la durée de vie τ pouvant éventuellement différer de celle qui [relations (9) et (10)] et la densité de courant base :
s’applique à la région de collecteur.
JB = JpE + JpB + Jp1.
La troisième, qui n’existe qu’en régime quasi saturé ou saturé,
alimente les recombinaisons dans la région de collecteur : Les valeurs de tensions se déduisent des grandeurs précédentes
(expressions (12) et (13)).
Q SC
J p1 = ----------
- (11) Des cheminements similaires sont faciles à établir pour les condi-
τ tions de régime normal ou de régime saturé.
où la charge stockée QSC dans le collecteur est donnée par l’expres- Exemples :
sion (14) de [D 3 106].
La figure 6a déploie les caractéristiques de « sortie » IC(VCE) à cou-
On doit remarquer que le flux de trous à la jonction collecteur- rant base IB constant calculées pour le transistor « triple diffusé » de
base est de même sens que le flux d’électrons collectés (c’est-à-dire profil d’impuretés représenté sur la figure 1a. Les valeurs de paramè-
que les densités de courant correspondantes se retranchent). tres sont :
■ Tensions aux bornes WC = 70 µm ; ND = 1,5.1014 cm –3 ; QB = 5.10 –6 C/cm2 ;
Les tensions entre contacts s’obtiennent en ajoutant aux tensions hE = 1,6.10 –14 cm4.s –1 ; WB = 13 µm ; τ = 20 µs.
de jonction les chutes de tension dans les régions d’accès. C’est
bien sûr de la résistance du collecteur dont il faut tenir compte en Avec une surface de collecteur SC = 0,2 cm2, ces valeurs définissent
tout premier lieu, et on peut simplement poser, pour la tension une structure qui, à titre indicatif, pourrait être classée 15 A, 500/
base-collecteur « externe » (cf. § 1.6 en [D 3 106]) : 1 000 V dans les feuilles de spécification d’un fabricant. La tempéra-
ture de cristal supposée est 300 K :
Jn
V BC = V BC∗ –
∫
Collecteur
- dx
-------------
e µn n
(12) ni ≈ 1,2.1010 cm –3 ; Dn ≈ 36,5 cm2/s ; Dp ≈ 12,6 cm2/s ;
on a pris DnB ≈ 21,2 cm2/s.
Dans cette expression, VBC* désigne la tension de jonction. L’inté- Les interactions porteurs-porteurs (cf. [D 3 106], § 1.7) ne pouvant être
grale, qui représente la chute de tension dans le collecteur, peut être ignorées à fort niveau de courant, les constantes de diffusion ont été
restreinte, en pratique, à la région faiblement dopée. L’intervalle ajustées, par une procédure simplement itérative, en fonction des con-
d’intégration peut être divisé en deux segments, zone de stockage et centrations moyennes de porteurs dans chacune des régions. Les
zone de « drift » où on peut respectivement poser, pour les concen- caractéristiques ainsi obtenues ne diffèrent pas sensiblement de celles
trations d’électrons : n ≈ p + ND et n ≈ ND. Sauf dans le cas simple que l’on observe expérimentalement.
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D3107
IC (A) 20 IC (A) 20
4A
4A 3 2 1,4 1 3 2 1,4
0,8
0,6 1
15 15 0,8
1
0,6
0,4
0,4
10 10
IB = 0,2 A IB = 0,2 A
5 5
0 0
0 5 10 15 20 0 5 10 15 20
T = 300 K
Figure 6 – Caractéristiques statiques de transistors différant principalement par le profil d’impuretés dans la région de collecteur (cf. figure 1)
La figure 6b montre, selon les mêmes formulations, les caracté- stockage (modulée en résistivité) étant comparativement faible. On
ristiques du transistor multiépitaxié dont le profil d’impuretés est a ainsi, pour un collecteur homogène :
représentés sur la figure 1b. Les paramètres sont les mêmes que
V CE
dans le cas précédent, à l’exception des paramètres de profil, de la W I ≈ W C – eµ n N D ---------- (15)
profondeur de base (WB = 9 µm) et de la constante de diffusion JC
DnB (≈ 18,7 cm2/s pour une base plus dopée). On voit que le profil
À très fort niveau de courant collecteur, quelle que soit la tension
d’impuretés multiépitaxié offre la possibilité de modeler différem-
VCE imposée, WI tend vers WC, c’est-à-dire que la zone de stockage
ment les caractéristiques et de contrôler en quasi-saturation, au
envahit la presque totalité de la région de collecteur. Aussi, avec
moins dans un certain domaine (approximativement : VCE < 5 V ;
τCJC >> QB dans ces conditions, le comportement asymptotique du
IB > 1 A), des niveaux de courant collecteur plus élevés (IC de 10 à
gain en fonction du niveau de courant est du type :
plus de 20 A).
2
4 eD n
■ « Compromis » courant-tension h FE ≈ ----------------------
- (16)
2
Lorsque l’on ignore les recombinaisons (τ → ∞, répartition p (x) h E W C JC
linéaire, WI donné par l’expression (3) et |Jn1| = JC, Jp1 = 0,
JB = JpE) et le stockage de charges dans la base P (base étroite, Cette expression, encore que très approximative, éclaire le
QSB << QB), et que l’on considère le collecteur comme homogène, la « compromis » entre la tension blocable par le transistor et le
description des caractéristiques est beaucoup plus simple, analyti- courant admissible dans l’état passant. Elle indique en effet que,
que de bout en bout. Les caractéristiques de la figure 4a ont été pour un gain fixé hFEF (gain « forcé »), le courant maximal ICmax qu’il
ainsi « idéalisées » en conservant les valeurs des paramètres princi- est possible de faire transiter est de l’ordre de :
paux (WC , ND , QB , hE , SC) du transistor « triple diffusé » que
2
l’on vient d’examiner. Par comparaison avec la figure 6a, on voit 4 eD n S C
que ces simplifications ne nuisent pas à l’essentiel. I Cmax ≈ ----------------------------
2
- (17)
h E W C h FEF
On peut établir, dans ces conditions simplifiées, que le gain en
courant hFE = JC /JB a pour expression :
Or, il existe une relation du type WC ∝ V 7/6 entre l’épaisseur de la
région faiblement dopée de collecteur et la tension blocable (cf.
eD n
h FE = ----------------------------------------------------
- (14) [D 3 104], § 2.3). Par ailleurs, le paramètre hE est peu dépendant de
Dn
h E ---------- Q B + τ C J C
la structure et des conditions de réalisation des émetteurs fortement
D nB dopés (valeur minimale de l’ordre de 10 –14 cm4.s –1 à 300 K). La
capacité en courant des transistors bipolaires est donc limitée par
2 une loi asymptotique du type :
WI
où τ C = ----------
- représente le temps de transit des porteurs dans la
4 Dn – 7⁄ 3
V
zone de stockage du collecteur. Ce gain, déterminé par le produit I C max ∝ S C -------------
hEQB en régime normal (WI = 0), décroît donc lorsque le point de h FEF
fonctionnement entre dans la région de quasi-saturation. et ce, indépendamment des considérations de dissipation thermi-
L’épaisseur WI peut être évaluée en considérant que la tension que. Cette loi restreint l’emploi des transistors bipolaires en haute
collecteur-émetteur VCE, en quasi-saturation, est principalement tension (> 1 000 V), imposant, pour des conditions de commande
supportée par la zone de drift, la chute de tension dans la zone de acceptables (hFEF de quelques unités), un accroissement de surface
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D 3 107 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
40
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D3108
Semi-conducteurs de puissance
unipolaires et mixtes (partie 1)
1
par Philippe LETURCQ
Professeur à l’Institut National des Sciences Appliquées deToulouse
Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS (LAAS)
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D 3 108 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
42
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D3108
Contact ohmique P+ N+ P+ N+ N+
P+ P P P+
N+ (substrat)
N–
N– N–
1
N+ N+
Contact Schottky
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43
Référence Internet
D3108
P+ N P+ N N+ -1 -1 -2
R (Ω · cm )
E (x ) E (x) 5 d
10
uEMu
uEMu
4
10
1
3
10
0 WT x 0 W x
a dans le cas d'extension libre b situation de perçage 2
10
de la charge d'espace
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D 3 108 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
44
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D3109
Semi-conducteurs de puissance
unipolaires et mixtes (partie 2)
1
par Philippe LETURCQ
Professeur à l’Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse
Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS (LAAS)
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composants MOS de la microélectronique (cf. article [D 3 102],
fusions qui définissent les régions de source et les caissons P, sont
§ 2.4). La structure est toutefois différente, pour répondre aux exi-
imposées, pour la région N− de drain (couche généralement épi-
gences de capacité en courant et de tenue en tension propres aux
taxiée), par les exigences de tenue en tension (cf. [D 3 104], § 2.3 et
applications de puissance, avec pour aménagements principaux :
[D 3 108], § 1.1.2).
— l’intégration en parallèle, dans un cristal unique, d’un nombre
suffisant de cellules élémentaires toutes identiques, connectées aux ■ Par rapport aux transistors bipolaires, les transistors MOS pré-
mêmes contacts terminaux de source, de grille et de drain (capacité sentent, pour les applications de puissance, un certain nombre
en courant) ; d’avantages.
— l’incorporation dans la jonction de drain d’une région large et
● Le courant de commande est quasi nul dans les régimes de
peu dopée dans laquelle peut se développer la charge d’espace en
fonctionnement statiques ou lentement variables (la commande est
situation de blocage (tenue en tension).
« isolée », mais cet attribut n’est plus justifié en haute fréquence ou
commutation rapide).
● En l’absence d’effets de stockage de porteurs, propres aux
1.1 Principales structures MOS composants bipolaires, les performances dynamiques des transis-
de puissance tors MOS sont généralement bien supérieures.
● Les composants MOS sont thermiquement stables, car le coef-
ficient de température du courant drain, à tensions grille et drain
■ La disposition générale est verticale (V-MOS : Vertical MOS) ou imposées, est négatif, lié à celui de la mobilité des porteurs ; cette
horizontale (L-MOS : Lateral MOS) ; les variantes sont nombreuses. propriété est précisément celle qui permet de réaliser des compo-
La figure 1 schématise les principales : « VDMOS » (D pour sants de fort calibre en courant par intégration parallèle du nombre
« diffused »), la plus classique, et « Trench V-MOS » (structure « à suffisant de cellules MOS élémentaires dans un même cristal, sans
tranchées ») ; la structure latérale « LDMOS » est plutôt réservée à préjudice pour l’homogénéité de la répartition de courant et sans
des composants de faible capacité en courant dans un contexte risque d’instabilité thermique latérale ; mais les transistors MOS ne
d’intégration de puissance (cf. [D 3 110]). Si la structure LDMOS con- sont pas à l’abri, pour les mêmes raisons, d’un emballement ther-
serve l’organisation de principe des dispositifs MOS microélec- mique global, à courant total imposé.
troniques (cf. [D 3 102], § 2.4.1), les structures « verticales » V-MOS
confient à la région N+ de drain le rôle mécanique du substrat et à un Par contre, la région de drain faiblement dopée, qui détermine la
« caisson » PP+ son rôle électrique. La grille est généralement réa- tenue en tension, n’est pas modulée en conductivité dans l’état pas-
lisée en silicium polycristallin de type N, fortement dopé. sant, contrairement à la région de collecteur des transistors bipolai-
res. Le compromis de performances entre tension blocable et
■ Les formes géométriques des cellules sont diverses. Pour les courant admissible est donc moins favorable que dans le cas des
structures verticales, la figure 2 représente les agencements les dispositifs bipolaires, pour une même surface de cristal, sauf pour
plus courants avec, pour paramètres principaux, le pas de répétition les composants de basse tension (< 300 V) où la contribution de la
d + ᐉ des caissons et leur espacement d. Les dimensions sont région de drain à la résistance apparente totale est plus réduite.
Contact
Oxyde Grille de source
épais Oxyde Grille
Contact Contact Grille Contact
Oxyde épais Oxyde Grille
de source Contact de drain de drain
mince mince
de source
N+ N+ N+ N+ N+ N+ N+ N+ N+ N+ P+ N+ N+
P P N– P P P P P P P P
P+ P+ P+ P+
N– Canaux
Canaux Canaux N– N– N–
Canaux Canaux Oxyde Oxyde +
N– N–
épais mince N
N+
N+ Contact de drain
Contact de drain
métal de contact oxyde (silice) silicium polycristallin orientation générale du flux d'électrons
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V DS * 2
I D = K P ( V GS – V T ) V DS
* – --------------- (2)
Contact Grille 2
de source
KP étant le facteur de pente donné par :
N+ N+ N+ N+ µ nc ZC ox
P P P K P = ----------------------- (3)
L
P– N– P– N– P– où Z et L désignent la largeur développée et la longueur de canal
respectivement, et Cox = εox /Wox représente la capacité de l’oxyde
de grille par unité de surface, εox étant la permittivité de l’oxyde
(εox = 3,41 · 10−13 F/cm pour la silice) et Wox son épaisseur.
N+
■ Une complication provient de ce que la mobilité µnc des électrons
Contact de drain dans le canal n’est pas déterminée de manière aussi simple que
dans le volume semi-conducteur (cf. [D 3 102], § 1.2.1). Il s’agit en
métal de contact effet d’une mobilité « moyenne » dans une couche d’inversion où
oxyde (silice) les concentrations de porteurs varient fortement sur de courtes dis-
tances et où la topographie du champ électrique est complexe, avec
silicium polycristallin
une composante normale à la surface qui dépend étroitement de la
Figure 3 – Structure de principe d’un transistor MOS à superjonction tension grille et une composante longitudinale liée à la tension sup-
portée par le canal. En outre, la rugosité de l’interface (« surface
roughness ») est à l’origine d’une réduction de µnc, en relation avec
les imperfections de la technologie. Aussi, pour limiter la complexité
Cet inconvénient peut cependant être minimisé dans les disposi-
de l’analyse, est-on amené à poser :
tifs à « superjonction » dont la figure 3 donne un aperçu de la struc-
ture. Avec un dopage symétrique, même largeur et un pas de µ nc 0
répétition suffisamment petit, les zones verticales P et N alternées se µ nc = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- (4)
trouvent dépeuplées dans l’état bloqué, permettant d’approcher la [ 1 + ( V DS ⁄ Ψ X ref ) ] [ 1 + ( V GS – V T ) ⁄ Ψ Y ref ]
*
tension blocable théorique d’une jonction PIN (cf. [D 3 104], § 4). La
conduction à l’état passant est assurée par les régions N verticales, où les tensions de référence ΨX ref et ΨY ref, qui permettent de ren-
dont le dopage peut être plus élevé que ce qui est normalement dre compte au premier ordre de l’influence des composantes res-
requis dans les structures classiques. La résistance de drain est ainsi pectivement longitudinale et transversale du champ électrique, et la
sensiblement réduite, pour une tenue en tension fixée, malgré la mobilité µnc0 doivent être considérées comme paramètres caracté-
perte de 50 % de la surface de conduction qu’impose la présence ristiques des composants d’un même type.
des zones P, alors passives. La faisabilité de tels dispositifs est La valeur de µnc0 est habituellement comprise entre 300 et
démontrée, et leur production industrielle débute (1999-2000). 600 cm2/(V · s) à T0 = 300 K. L’influence de la température T est assez
bien traduite par une loi du type :
T – αµ
1.2 Caractéristiques d’état passant µ nc 0 ( T ) = µ nc 0 ( T 0 ) ------ (5)
T
0
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soit quelques volts par micromètre de longueur de canal. La valeur P Racc
Caisson P+ Ri
critique du champ transversal est plus élevée que celle du champ
longitudinal, et le coefficient de proportionnalité approximative de
ΨY ref à l’épaisseur d’oxyde est typiquement de 250 V/µm. R'i
Rd
■ La tension de seuil VT dépend, outre de paramètres de structure Région de drain N–
(épaisseur d’oxyde, dopage en surface des caissons P, nature du
matériau de grille...), de nombreux facteurs plus ou moins bien maî-
trisés, tels que les densités de charges piégées à l’interface silice/sili- Substrat N+
cium et dans l’oxyde même. Aussi doit-on la considérer comme un
paramètre caractéristique de chaque composant, même si les
Contact de drain
valeurs sont, pour un même lot de fabrication, habituellement bien
centrées. En général comprise entre 1,5 et 4 V à 300 K, la tension de Figure 4 – Contributions principales à la résistance de drain
seuil décroît lorsque la température augmente, dépendance bien d’un transistor VDMOS
représentée par une loi du type :
VT = VT (T0) [1 − γ (T − T0)] (6)
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Composants semi-conducteurs
Intégration de puissance monolithique
par Jean-Louis SANCHEZ
1
Directeur de Recherche au CNRS
Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS
et Frédéric MORANCHO
Maître de Conférences à l’Université Paul Sabatier deToulouse
Laboratoire d’Analyse et d’Architecture des Systèmes du CNRS
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JFET Junction Field Effect Transistor
(transistor à effet de champ à jonction) Ainsi, les premiers circuits intégrés de puissance pour des applica-
tions faible tension sont apparus dès 1985, quinze ans après les
Ld Longueur de la région de drift débuts de l’intégration des composants de signal, sous deux formes,
LDMOS Lateral Double-diffused MOS transistor les circuits Smart Power et les circuits HVIC. La différence entre les
(transistor latéral MOS double-diffusé) technologies utilisées pour la conception de ces deux types de circuit
vient essentiellement de l’agencement de l’élément de puissance et
LOCOS LOCal Oxidation in Silicon des gammes en courant et en tension traitées : en Smart Power, le
(oxydation locale du silicium)
composant de puissance, généralement seul, peut être horizontal ou
LPCVD Low-Pressure Chemical Vapor Deposition vertical (DMOS), alors que pour les HVIC, le composant de puissance
(dépôt chimique en phase vapeur basse pression) est latéral et optimisé pour supporter des tensions importantes à
Mc l’état bloqué (LDMOS). Les HVIC sont des circuits multisorties
Transistor MOS de coupure
pouvant supporter des tensions jusqu’à quelques centaines de volts
Md Transistor MOS de délai mais présentant des densités de courant très faibles inhérentes aux
composants latéraux utilisés. Au contraire, les composants Smart
MCT MOS Controlled Thyristor (thyristor commandé
par MOS) Power, plus performants en termes de densités de courant, peuvent
transiter des courants de plusieurs ampères avec néanmoins des
MOS Métal Oxyde Semi-conducteur tensions blocables inférieures à celles des HVIC. Dans ce type de
NA Densité de dopage de la région P fonctions, la partie logique et analogique du circuit, réalisée en tech-
nologie NMOS, CMOS ou bipolaire, doit être parfaitement isolée du
ND Densité de dopage de la région N composant de puissance subissant des contraintes importantes en
NMOS Transistor MOS à canal N terme de courant, tension, di /dt et dv /dt.
Les premières générations de dispositifs intégrés de puissance
PHV Région P soutenant la haute tension
(High Voltage) furent réalisées avec une technologie utilisée pour la conception
des composants de puissance, ne permettant pas, par conséquent,
PZT Céramiques ferroélectriques possédant d’atteindre des densités d’intégration très grandes. Les nouvelles
de bonnes caractéristiques piézoélectriques générations de composants Smart Power sont conçues à partir de
q Charge électrique élémentaire technologies VLSI qui permettent la conception de composants de
puissance capables de supporter des tenues en tension de l’ordre
RAM Random Access Memory (mémoire vive) de 100 V en utilisant des techniques d’isolation (isolation entre les
R CC Résistance de court-circuit éléments de puissance et l’électronique de commande) dévelop-
pées ces dernières années comme l’auto-isolation, l’isolation par
R délai Résistance de délai jonction et l’isolation par diélectrique. Ces différentes techniques
RESURF REduced SURFace electric field (champ ne permettent pas d’assurer des isolations supérieures à quelques
électrique réduit en surface) centaines de volts : ainsi, bien que la technologie Smart Power ait
apporté au composant de puissance une « autonomie intelligente »
RIE Reactive lon Etching (gravure ionique réactive) qu’il ne possédait pas jusqu’alors, elle trouve ces limites dans les
ROM Read Only Memory (mémoire morte) méthodes d’isolation électrique. À l’heure actuelle, les composants
Smart Power ne peuvent donc être utilisés que dans le domaine
RON Résistance à l’état passant des faibles puissances, comme dans l’automobile et les télé-
Sense FET Miroir de courant communications. Les technologies Smart Power permettent d’inté-
grer des circuits digitaux complexes (DSP) et des
S Surface active d’un transistor microcontrôleurs.
SOI Silicon On Insulator (silicium sur isolant) Alors que, dans les premiers circuits Smart Power, la surface du
VAN Vehicle Area Network composant de puissance était souvent supérieure à celle de la par-
tie « circuit intégré », la tendance est inversée dans les nouveaux
Vds Tension drain-source circuits intégrés de puissance qui se caractérisent par une inté-
Vgs Tension grille-source gration poussée de nouvelles fonctionnalités. Cette tendance est
accompagnée par une réduction des règles de dessin et des filières
VDMOS Vertical Double-diffused MOS transistor technologiques évoluées. La figure 1 présente un schéma bloc de
(transistor vertical MOS double-diffusé) ce type de circuit que l’on peut qualifier de « nouveau Smart
VLSI Very Large Scale Integration Power ».
(intégration à très grande échelle) On peut distinguer trois parties : les circuits d’interface, les cir-
WN Épaisseur de la région N cuits de contrôle et de traitement du signal et l’élément de puis-
(ou de la région de drift N–) sance. Au niveau des circuits d’interface, la tendance consiste à
remplacer les circuits bipolaires par des circuits BiCMOS présen-
WP Épaisseur de la région P tant des performances plus intéressantes. Les circuits de traite-
εs Permittivité absolue du silicium ment du signal correspondent à des fonctions CMOS présentant
une faible puissance de consommation et une forte densité d’inté-
µn Mobilité des électrons gration. Dans la perspective d’augmenter la fonctionnalité, des
µp Mobilité des trous mémoires peuvent également être intégrées. L’élément de puis-
sance, en général un ou plusieurs transistors MOS, fait l’objet de
ρ Résistivité ce paragraphe.
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Mémoires
Traitement RAM, EPROM,
Interface
du signal ROM, EEPROM
d'entrée
analogique,
analogique Interface
numérique,
Alimentation bipolaire de sortie Actionneurs
CMOS
de puissance Capteur de puissance
1 Composants de puissance
(souvent des DMOS)
N+ P+ Ra N+ P
+
N+ P+ N+ N+ P+
P Rch P
P
Rch P
Région de drift N–
Ra
RN+ (couche épitaxiée Rd WN RN+ Région de drift N–
dopée N D) (couche épitaxiée Rd
dopée N D)
Id Id
Région de drift N–
(couche épitaxiée dopée N D)
Substrat P–
Figure 2 – Coupes schématiques d’une cellule élémentaire d’un transistor de puissance : paramètres géométriques et localisation des principales
composantes de leur résistance à l’état passant
1.1 Composants de puissance intégrables miques (cf. [D 3 109, § 1.3]) déjà exposées dans ce dossier. Nous
présenterons ici les versions intégrables des transistors VDMOS et
Les dispositifs de puissance sont généralement basés sur des LDMOS.
technologies DMOS, permettant de réaliser des structures verticales
(VDMOS) ou latérales (LDMOS). 1.1.1.1 Transistor VDMOS
La structure VDMOS – Vertical Double diffusé MOS –, stabilisée
1.1.1 Structures MOS de puissance depuis plus de vingt ans et utilisée universellement à quelques
conventionnelles détails près, est représentée sur la figure 2a : il s’agit ici non pas
d’un composant discret mais d’un composant intégrable avec
Les transistors à effet de champ métal/oxyde/semi-conducteur d’autres composants de « signal » analogiques ou logiques. Par
(MOS) de puissance conventionnels ont fait déjà l’objet d’un rapport à la structure VDMOS discrète, le courant de drain est ici
dossier (cf. [D 3 109]). Nous ne reviendrons donc pas ici dans le ramené en surface par des caissons N+ profonds ; c’est une tech-
détail sur les caractéristiques statiques (cf. [D 3 109, § 1.2]) et dyna- nique communément appelée up-drain. Les multiples avantages et
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Semi-conducteurs de puissance
Problèmes thermiques (partie 1)
par Jean-Marie DORKEL
1
Docteur ès sciences
Professeur à l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse
Chercheur au LAAS/CNRS de Toulouse
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∫ ∫
1 1 répété.
P = --- p ( t ) d t = --- v(t)i(t) dt (1)
T 0
T 0 Le substrat métallique isolé (SMI ou IMS Insulated Metallic Subs-
trate) formé d’une embase en aluminium de 1,5 à 3 mm d’épaisseur
avec T durée ou période d’un cycle complet de recouvert d’une fine couche isolante de 50 à 100 µm d’épaisseur
(époxyde, polyamide ou polyimide) elle-même recouverte d’une
commutation.
fine couche de cuivre (de 35 à 100 µm d’épaisseur). Le SMI est géné-
ralement utilisé pour les applications de l’électronique automobile
Nous verrons au paragraphe 3.3.3 qu’il peut être intéressant de
et s’emploie à la manière d’un circuit imprimé monocouche pour
disposer de la puissance instantanée lorsqu’il s’agit d’analyser les
des applications qui dissipent de la puissance.
variations précises que subit la température de jonction lors d’un
cycle de commutation, mais que la détermination de la puissance ■ Pour la plupart des applications, le composant de puissance, qu’il
moyenne P dissipée par le composant est une grandeur fondamen- soit monté sur un substrat ou non, nécessite d’être encapsulé dans
tale pour la prévision de la valeur moyenne autour de laquelle se un boîtier qui a des rôles multiples dont les principaux sont :
stabilisera la température de jonction après un laps de temps qui est — de conférer au composant la rigidité mécanique nécessaire à
caractéris-tique pour un environnement thermique donné. son montage dans un système plus étendu ;
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— de permettre d’assurer de manière fiable les connexions élec- lateur de circuits électriques pour résoudre des problèmes de
triques de la puce avec l’environnement extérieur ; conduction de la chaleur.
— de permettre d’assurer une protection efficace de la puce vis-à-
vis de la poussière et d’éventuels agents de corrosion extérieurs qui ■ La convection est un mécanisme qui intervient couramment
pourraient compromettre le bon fonctionnement du composant ; dans les échanges de chaleur entre une surface chaude et un milieu
— il doit permettre d’assurer le meilleur transfert de chaleur pos- fluide (liquide ou gazeux). Il met en jeu un transfert de matière au
sible entre la puce et le radiateur. sein du milieu fluide [5], [6]. Du fluide froid se réchauffe au contact
de la surface chaude puis est évacué par le courant massique qui
1
■ Lorsque l’on s’intéresse aux problèmes thermiques des compo- remplace le fluide chaud par du fluide froid. La convection est dite
sants de puissance, on ne doit enfin pas mésestimer l’importance naturelle si le mouvement massique qui s’établit dans le fluide n’est
du radiateur dont l’efficacité à évacuer la chaleur dissipée par les dû qu’au transfert de chaleur de la surface chaude vers le fluide et
puces détermine très directement la qualité du refroidissement de aux forces de gravité. La convection est dite forcée lorsque le mou-
ces composants. Les radiateurs des composants de puissance peu- vement massique du fluide est imposé par une cause externe (ven-
vent être de technologies très diverses allant du simple refroidisse- tilateur ou pompe). Bien que l’étude précise des échanges de
ment par air à des refroidissements par circulation de liquide ou par chaleur par convection soit difficile, mettant en jeu des phénomènes
immersion mettant ou non en jeu un changement de phase liquide/ physiques régis par les lois de la mécanique des fluides, on peut
vapeur. pour les besoins du calcul d’ingénieur aborder le problème d’une
Nota : pour plus détails le lecteur pourra se reporter à l’article [D 3 220] réf. [2] qui fait manière plus empirique en définissant un coefficient de convection
une présentation synthétique des substrats, boîtiers et radiateurs pour les composants thermique moyen h (en W · m−2 · K−1) qui lie la densité de flux de
semi-conducteurs de puissance.
chaleur φ (en W · m−2) à l’écart de température ∆T (en K) entre la sur-
face chaude et le fluide par la relation :
φ = h ∆T (4)
2.2 Principaux mécanismes de transfert
de chaleur Le coefficient h dépend beaucoup du mécanisme convectif mis en
jeu, s’échelonnant de 5 W · m−2 · K−1 pour la convection naturelle à
50 kW · m−2 · K−1 pour un refroidissement par circulation d’eau en
Il est bien connu en physique que le transfert de chaleur peut se régime forcé turbulent et des valeurs encore bien supérieures si l’on
faire par conduction (ou diffusion), par convection ou par rayonne- utilise des échangeurs de chaleur à changement de phase.
ment. ■ Le rayonnement direct d’ondes électromagnétiques caractérise
■ La conduction ([3], [4]) est un mécanisme de transfert direct de tout corps porté à une température absolue non nulle. L’étude pré-
la chaleur régi par la loi de Fourier : cise des transferts de chaleur par rayonnement entre deux ou plu-
sieurs surfaces de forme quelconque est en général une tâche assez
φ = − λ∇T (2) complexe, pour un maximum de détails on pourra se reporter à [7].
En pratique, il est rare que la répartition de température des surfa-
avec φ (W · m−2) densité de flux de chaleur,
ces externes du boîtier d’un composant de puissance ou de son
λ (W · m−1 · K−1) conductivité thermique du milieu, radiateur puisse excéder en valeur maximale la température abso-
∇T (K · m−1) gradient de température. lue de 400 K (127 ˚C). Dans ces conditions, le rayonnement de cette
surface extérieure se situe presque tout entier dans l’infrarouge
Ce mécanisme est d’une importance primordiale dans les corps lointain avec une luminance monochromatique maximale qui se
solides qui sont généralement caractérisés par une conductivité situe autour de la longueur d’onde de 7,25 µm (Loi de Planck pour
thermique importante ( 10 λ 400 W ⋅ m – 1 ⋅ K – 1 ) mais son effica- T = 400 K). En supposant que le boîtier à la température uniforme T
cité se réduit dans les corps liquides ( 0 ,1 λ 1 W ⋅ m – 1 ⋅ K – 1 ) et rayonne de la chaleur vers un milieu infini totalement enveloppant
devient pratiquement nulle dans les gaz qui sont caractérisés par et se comportant vis-à-vis du boîtier comme un corps noir à la tem-
des conductivités thermiques très faibles (λ ≈ 0,03 W · m−1 · K−1 pérature T0, la densité du flux de chaleur rayonnée p peut s’écrire :
pour l’air) (cf. [2] page 9 ou [3] page 2).
On peut étendre l’analyse du transfert de chaleur par conduction φ = σ [ ε ( T ) T 4 – ε ( T 0 )T 04 ] (5)
aux régimes non stationnaires en faisant pour un volume élémen-
taire un bilan de puissance portant sur les flux de chaleur entrant et avec σ constante de Stefan-Boltzmann
sortant, la puissance dissipée dans le volume et la puissance absor- (σ = 5,67 × 10−8 W · m−2 · K−4),
bée localement pour l’échauffement de ce volume. On obtient ainsi ε(T) et ε(T0) émissivité hémisphérique totale d’un
l’équation de diffusion de la chaleur dans les milieux solides qui élément de surface du radiateur aux
sous sa forme la plus générale s’écrit : températures absolues T et T0 respec-
tivement.
∂T
∇( λ ∇T ) + p v = ρ C p ------ (3) Cette émissivité est comprise entre 0 (surface parfaitement
∂t
réfléchissante) et 1 (surface parfaitement absorbante).
avec pv (W · m−3) densité volumique de la puissance qui est
Afin d’établir une comparaison entre la densité du flux de chaleur
dissipée localement sous forme de
rayonnée et la densité du flux de chaleur qui peut être évacuée par
chaleur,
convection, nous allons admettre que l’émissivité d’un élément de
ρ (kg · m−3) masse volumique du matériau, surface du radiateur ne varie pas notablement entre les valeurs T et
Cp (J · kg−1 · K−1) capacité thermique massique (à pression T 0 de la température (ε( T ) ≈ ε( T 0) = ε). Le maximum de flux de
constante) du matériau, chaleur rayonné est obtenu pour une surface parfaitement absor-
bante (corps noir, ε = 1) et peut être écrit sous la forme :
t temps.
On notera que les loi de conduction de la chaleur en thermique et φ = σ ( T 3 + T 2T 0 + TT 02 + T 03 ) ( T – T 0 ) = h R ( T, T 0 ) ( T – T 0 ) (6)
les lois de conduction des charges électriques ont la même structure
bien que portant sur des grandeurs différentes. On peut donc, sur la La figure 1 montre l’évolution du coefficient d’échange radiatif hR
base de ces considérations, établir une analogie formelle entre les en fonction de T pour une valeur de T0 égale à 300 K. On voit que ce
grandeurs thermiques et les grandeurs électriques (cf. [2] page 9). dernier est comparable aux valeurs couramment admises pour le
Cette analogie peut, entre autres, permettre de se servir d’un simu- coefficient de convection thermique h qui caractérise la convection
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Évaluation de la température
des composants actifs de puissance
par Laurent DUPONT
1
Chargé de recherche
SATIE (UMR 8029), IFSTTAR, CNRS, ENS Cachan, CNAM, Université Cergy-Pontoise,
Université Paris-Sud, ENS Rennes, Versailles, France
et Yvan AVENAS
Maître de Conférences
Laboratoire de Génie Électrique de Grenoble (UMR 5269), Institut Polytechnique
de Grenoble, Université Grenoble-Alpes, CNRS, Grenoble, France
et Paul Étienne VIDAL
Maître de Conférences
Laboratoire Génie de Production, École Nationale d’Ingénieurs de Tarbes,
Université Fédérale Toulouse Midi Pyrénées – Institut National Polytechnique de Toulouse,
Toulouse, France
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male admissible. Par ailleurs, les composants voient leur température varier au
cours de leur fonctionnement. En dehors des effets induits par les mécanismes
d’endommagement dus au vieillissement, ces variations sont dues à plusieurs
phénomènes d’origines environnementales ou opérationnelles ayant des
échelles de temps distinctes :
– variation de la température ambiante (cycles jour/nuit, été/hiver, altitude
1
basse et haute…) ;
– variation de la puissance dissipée liée au profil de mission (phases d’accé-
lération de décélération par exemple dans le cas du transport) ;
– variation de la puissance dissipée au cours d’une période de fonctionne-
ment électrique. C’est par exemple le cas dans les onduleurs où les
composants intégrés subissent des variations périodiques de leur température
dont l’amplitude dépend du point de fonctionnement du système ;
– variation de la puissance dissipée et de sa distribution dans la structure
interne du composant sur une période de commutation.
Chacune de ces variations génère des contraintes électrothermiques et ther-
momécaniques pouvant se traduire par un vieillissement prématuré de
l’assemblage des matériaux hétérogènes qui composent un module de puis-
sance. La connaissance ou l’estimation des variations de température liées à
une application et aux choix technologiques permet par exemple d’estimer des
indicateurs qui rendent compte de l’intégrité du module à semi-conducteur de
puissance, mais aussi de quantifier ses performances.
Dans cet article, nous définirons dans un premier temps la notion de tempé-
rature de jonction de la partie active puis nous expliquerons pourquoi il est
nécessaire de mettre au point des méthodes expérimentales pour la mesurer.
Dans un deuxième temps, nous présenterons les principales méthodes de
mesure de la température de jonction pour caractériser notamment les perfor-
mances thermiques des modules de puissance. Enfin, nous présenterons les
solutions existantes et en cours de développement pour effectuer des mesures
de température de jonction dans les conditions d’usage d’un convertisseur.
conducteurs de puissance
Cet article propose de discuter des moyens d’accéder à la tem-
pérature des composants de puissance. La notion de composant
de puissance est utilisée ici afin de les distinguer des composants
électroniques tels que les microprocesseurs et autres circuits Cycle thermique environnemental
dédiés à la gestion et au stockage de l’information. Même si cer- (journalier, calendaire…)
tains principes exposés ici pourraient être appliqués à des compo-
sants électroniques, leur usage est bien différent de celui des Temps [s]
composants de puissance qui permettent d’optimiser les trans-
ferts de l’énergie électrique sous des niveaux de tension pouvant Figure 1 – Variations de la température d’un composant imposées
atteindre plusieurs milliers de volts. L’autre spécificité permettant par les conditions environnementales et fonctionnelles
de distinguer les composants de puissance est le niveau des
pertes dissipées qui peut se chiffrer en kilowatt pour un compo-
sant IGBT silicium 3300 V-1200 A et est combiné à une densité de La superposition complexe des conditions environnementales
puissance de l’ordre de la centaine de watts par centimètre carré à et opératives influence l’évolution de la température d’un compo-
l’échelle des parties actives. Par ailleurs, les températures maxi- sant de puissance à des échelles de temps variées comme le sché-
males d’usage définies par les fabricants peuvent atteindre des matise la figure 1. Ces variations de la température induisent
niveaux supérieurs à 175 °C pour les composants de puissance là notamment des contraintes d’origine thermomécanique qui
où un composant électronique sera généralement limité à une dégradent l’intégrité d’un module de puissance et affectent ses
température maximale de service comprise entre 70 °C et 125 °C. performances et sa fiabilité [1] [2] [D3126].
60
Référence Internet
D3114
1.1 Notion de température de jonction généralement représentée par la notion de température virtuelle
de jonction Tjv provenant d’une mesure d’un paramètre élec-
Lorsqu’une puce semi-conductrice de puissance fonctionne, sa trique dépendant de la température. Dans la suite du texte, cette
température n’est pas uniforme. En effet, sa partie active est le grandeur sera appelée Tj pour température de jonction. Selon la
siège de dissipations de puissance plus ou moins localisées dans définition proposée par la norme IEC 60747-15, cet indicateur
son volume. Cette distribution de la puissance dissipée dans la est décrit comme la tension relevée aux bornes d’une jonction
puce semi-conductrice induit des variations de température de PN lors de l’injection d’un très faible courant IM afin de limiter
plusieurs dizaines de degrés dans son volume relativement réduit
1
les phénomènes d’auto-échauffement et la contribution de la
(surface généralement comprise entre quelques millimètres carrés composante ohmique. La tension mesurée, dépendante des
et 2 centimètres carrés, épaisseur variant de quelques dizaines à niveaux de concentration des dopants et de la température, cor-
quelques centaines de micromètres). La figure 2 détaille les gra- respond à la tension de diffusion d’une jonction PN au sein du
dients de température estimés par spectroscopie μ-Raman dans semi-conducteur dans des conditions de forte injection de por-
l’épaisseur d’une diode PiN de puissance fonctionnant en régime teurs [5].
de conduction [3] [RE5]. La distribution des zones de dissipation
dans l’épaisseur de la puce semi-conductrice est principalement
liée au type de technologie du composant (diode PiN, MOSFET,
IGBT…) et au régime de fonctionnement. Plus généralement, l’indicateur image de la température de
De plus, cette puce est reportée sur un substrat par un pro- jonction d’un composant de puissance est un concept permet-
cédé de brasage ou de frittage. Ce substrat constitue un support tant de définir un scalaire représentatif de la distribution tridi-
mécanique et permet généralement d’isoler électriquement les mensionnelle de la température. Cette valeur représente ainsi
parties actives et d’évacuer la chaleur vers le système de refroi- une température « globale » de la puce.
dissement. Cet assemblage conduit à une distribution de la tem-
pérature sur la surface de la puce en forme de « cloche » en
raison des conditions limites imposées à la diffusion du flux de
chaleur vers le système de refroidissement. Pour illustrer cela, Un indicateur de la température d’un composant est généra-
la figure 3 présente un résultat de mesure de la température par lement soit le résultat d’une mesure d’une grandeur physique,
thermographie infrarouge effectuée à la surface d’un composant image de cette température, soit une évaluation calculatoire
IGBT en fonctionnement. Comme illustré sur la figure 3c, le gra- issue d’un modèle numérique ou la combinaison de ces deux
dient de température à la surface d’une puce de puissance peut résultats. Ainsi, suivant la méthodologie employée, la tempé-
rapidement atteindre plusieurs dizaines de degrés Celsius, et la rature de jonction obtenue peut prendre différentes valeurs
présence de défauts dans la liaison entre celle-ci et le substrat pour un champ de température identique dans la puce. Elle
peut notamment provoquer l’apparition d’élévations locales de sera néanmoins utilisée en tant que telle par les électroniciens
la température d’amplitudes plus ou moins importantes [4]. Ces de puissance.
excursions de la température sont ici liées à une brasure impar-
faite contenant des volumes sans alliage appelés cavités ou
« solder voids ». Nous verrons dans les paragraphes suivants quelles sont les
Ainsi, la notion de température d’une puce semi-conductrice principales applications de cette mesure de température des com-
est une grandeur difficile à expliciter à cause de sa non-unifor- posants de puissance puis quelles sont les méthodes envisagées
mité dans le volume du semi-conducteur. De ce fait, elle est pour la réaliser.
20
–20 25
30
Fil aluminium 00 35
40
20 45
50
Y [μm]
40
A 55
60
60
65
70
80
75
Diode PiN Si
80
100
85
Brasure 20 μm 90
– 250 – 200 – 150 – 100 – 50 0 50 100 150 200 250
X [μm]
Figure 2 – Distribution de la température en °C relevée dans l’épaisseur d’une diode PiN de puissance par spectroscopie µ-Raman en régime de
conduction (d’après [3])
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Référence Internet
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Température [°C]
170
Défaut brasure Ligne de mesure
160
1 150
140
Ligne de mesure
130
Profil A-A
170
165
160
Température [°C]
155
150
Défaut brasure
145
IFSTTAR-LTN
LD-10/15
140
0 20 40 60 80 100 120 140 160 180
Position x [pixels]
Figure 3 – Mesure infrarouge de la température en surface d’une puce IGBT corrélée à la présence d’un défaut dans la brasure localisé entre la
puce et le substrat
62
Référence Internet
D3114
P Tj
Tj Résine
P Rth j,c Puce
Semelle
Interface
Dissipateur
Ta Rth s,a
Ta
Figure 4 – Décomposition de la résistance thermique Rth j,a dans le cas où un composant de puissance est monté sur un dissipateur de chaleur
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D3114
1
laser. Dans le cas de l’électronique de puissance, on utilise le plus
ΔTj cycle N souvent des méthodes basées sur la variation du rayonnement
ΔTj cycle 1
électromagnétique dans l’infrarouge (IR) de la puce en fonction de
la température : capteur IR, microscope IR, caméra thermique [16]
[17] [R412][R413] [R6412]. Cette méthode nécessite généralement
l’élimination par voie mécano-chimique d’une partie du boîtier et
du gel de protection pour avoir un accès à la surface du compo-
Nombre cycles sant. Cependant, l’intérêt de la caméra thermique est la possibilité
d’obtenir de manière relativement simple des cartes de tempéra-
ture de la surface des composants. Ainsi, il est possible d’obser-
Figure 5 – Illustration de l’évolution de la variation de la tempéra-
ture de jonction au cours d’un vieillissement accéléré par cyclage ver le gradient de température dû à la structure même du module
actif ou encore aux défauts présents dans l’assemblage (bulles d’air,
dénommées voids, dans les brasures par exemple, figure 3).
résistance thermique Rth j,c augmentait lorsque les éléments de La mesure de la température de la puce peut également être
l’assemblage qui composent le chemin thermique vers le système de réalisée en mettant un matériau thermosensible directement en
refroidissement (brasure, substrat…) se dégradaient. Un suivi de cette contact avec celle-ci. Même si des solutions non conventionnelles
résistance thermique, et donc une mesure de la température de jonc- existent, comme l’usage des cristaux liquides ou encore du phos-
tion, sont donc nécessaires pour évaluer ce mode d’endommage- phore thermographique, les principales solutions de la littérature
ment. Ainsi, comme illustré sur la figure 5, pour une même puissance sont basées sur le report de thermocouples ou de thermistances.
injectée à chaque cycle Pin, une évolution de la résistance thermique La majorité des méthodes présentées ci-dessus nécessite l’ouver-
de l’assemblage entraîne une évolution de la variation de tempéra- ture ou tout au moins la modification de l’intégrité physique du
ture de jonction ΔTj au cours des N cycles appliqués. module. Pour éviter cela, il est possible de recourir à l’utilisation de
De même, il a été montré expérimentalement que la tension méthodes électriques. Dans ce cas, les variations des propriétés
directe à l’état passant et la tension de seuil à une température don- électriques du composant lui-même sont utilisées pour estimer sa
née permettaient de rendre compte respectivement de l’état température. Ces propriétés électriques sont appelées paramètres
d’endommagement de certains éléments en face avant des puces électriques thermosensibles. Ces paramètres permettent ainsi d’esti-
(fils d’interconnexion et métallisation) et de l’intégrité de l’oxyde de mer une température « globale » des composants.
grille [D3126][14] [15]. Ces grandeurs dépendent fortement de la
température. Leur mesure doit donc être corrigée avec l’estimation Le principal défaut de cette méthode est qu’elle ne permet pas
de la température de jonction afin d’assurer le suivi efficace des dif- d’obtenir une carte de température des composants à l’intérieur
férents modes d’endommagement des modules de puissance. du module. C’est par exemple le cas des modules comportant plu-
sieurs puces en parallèle pour lesquelles il n’est ainsi pas possible
d’observer un éventuel déséquilibre en température. Toutefois,
1.2.3 Contrôle actif de la température de jonction cette méthode est aujourd’hui largement utilisée, en particulier
par les fabricants de modules de puissance et, plus généralement,
L’estimation de la température de jonction en temps réel
par tous les spécialistes du domaine pour caractériser les
lorsque le convertisseur fonctionne peut apporter de réels avan-
modules de puissance. La deuxième partie de l’article sera donc
tages en termes d’exploitation des convertisseurs. Ainsi, le dispo-
consacrée à l’utilisation des paramètres électriques thermosen-
sitif de contrôle du convertisseur peut modifier le mode de
fonctionnement afin de limiter la température. En effet, si cette sibles dans ce contexte.
dernière atteint des valeurs trop élevées, elle peut dégrader signi-
ficativement la durée de vie du module de puissance ou entraîner
une défaillance immédiate avec des dommages irréversibles.
Les types d’actions attendues sont : 2. Caractérisation thermique
– un arrêt du fonctionnement du convertisseur ;
– une modification de la loi de commande (par exemple réduc-
des modules de puissance
tion de la fréquence de commutation) ; avec des paramètres
– une reconfiguration du convertisseur dans le cas de structures
redondantes (parallèles, entrelacées ou multicellulaires). thermosensibles
Maintenant que nous avons présenté les principales applications
de la mesure de température des composants semi-conducteurs de
puissance, nous allons voir comment elle peut être réalisée. 2.1 Utilisation des paramètres
électriques thermosensibles (PETS)
1.3 Méthodes de mesure Aujourd’hui, la mesure de température des puces semi-conduc-
de la température des composants trices de puissance par paramètres électriques thermosensibles
à semi-conducteurs (PETS) est principalement utilisée pour mesurer les propriétés
thermiques des modules de puissance et pour évaluer leur taux
Trois principales familles de méthodes sont aujourd’hui de dégradation au cours de leur vieillissement. Ils font donc partie
employées pour évaluer la température des composants semi- des principaux outils permettant d’évaluer expérimentalement les
conducteurs : résistances et impédances thermiques de ces assemblages.
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1
normalement d’une puissance dissipée dans le semi-conducteur de la température Tm en fin d’injection de puissance. En effet, la
impliquant son auto-échauffement qui modifie sa température. À
coupure de la source de puissance s’accompagne en général
partir de cette constatation, il est possible de distinguer deux
d’un transitoire électrique qui empêche une mesure du PETS
familles de paramètres thermosensibles qui conditionnent les
méthodes permettant d’extraire les résistances et impédances pendant quelques dizaines voire quelques centaines de microse-
thermiques : condes [18]. Cela est illustré par la figure 6b qui présente la
mesure de la température d’un IGBT estimée par la tension col-
– les PETS avec un faible auto-échauffement (typiquement une
lecteur-émetteur sous faible courant. L’obtention de la tempéra-
élévation de température inférieure au °C) ;
ture Tm est alors généralement obtenue en effectuant une
– les PETS avec un fort auto-échauffement.
extrapolation linéaire de la température en fonction de la racine
Dans les deux cas, l’utilisation d’un PETS pour caractériser la carrée du temps à partir des résultats mesurés après le transi-
température des composants d’un module de puissance sera toire électrique.
effectuée en deux étapes :
Une autre méthode, plus rarement utilisée, consiste à tracer la
– la caractérisation ou calibration du PETS en fonction de la tem- courbe d’échauffement par injections successives d’impulsions de
pérature ;
puissance dont la durée augmente avec le temps. L’utilisation de
– l’utilisation du PETS pour mesurer la température afin notam-
la courbe de refroidissement après ces injections permet alors de
ment d’évaluer la résistance ou l’impédance thermique.
tracer point par point la courbe d’échauffement (figure 6c). Cette
méthode nécessite la prise en compte de nombreuses hypothèses
2.1.1 Cas des PETS avec faible auto-échauffement qui ne seront pas détaillée dans ce document mais qui sont large-
ment présentée dans [19] [20].
Dans le cas d’un PETS caractérisé par un faible auto-échauffe-
ment, l’étape de calibration est relativement aisée. Elle nécessite
de faire varier la température par un dispositif extérieur et de dis- 2.1.2 Cas des PETS avec fort auto-échauffement
poser un capteur de température à proximité de la partie active.
On peut en effet estimer que, dans ce cas, la température du semi- Lorsque l’auto-échauffement du composant est significatif lors
conducteur est très proche de celle de son environnement. Cela de la mesure du PETS, cela rend la phase de calibration délicate
n’est bien évidemment vrai que si la température du module de car la température du semi-conducteur est rapidement différente
puissance est homogène (utilisation par exemple d’une enceinte de celle de son substrat. Ainsi, la solution la plus utilisée est de
thermostatée). mesurer le PETS en stimulant le composant avec des impulsions
Dans un second temps, pour mesurer les performances ther- de courte durée (typiquement de l’ordre de quelques dizaines à
miques d’un module de puissance, il est nécessaire que les par- quelques centaines de microsecondes). Ces impulsions ne doivent
ties actives dissipent de la puissance (cf. équations (1) et (2)). pas être trop courtes pour ne pas se trouver dans les conditions
Toutefois, si l’auto-échauffement induit par la mesure du PETS est d’un transitoire électrique et ne pas être trop longues pour ne pas
faible, ce dernier ne peut pas être utilisé directement pour pro- trop élever la température du composant lors de la mesure. Il faut
duire une élévation de température suffisante permettant d’effec- toutefois noter que l’élévation de température peut être rapide-
tuer la mesure de Rth ou Zth. Il faut donc disposer d’un circuit ment de quelques degrés pour une impulsion de quelques
auxiliaire d’injection de puissance pour créer une élévation signifi- dizaines de microseconde quand le courant injecté est proche de
cative de la température du composant. Le principal problème son calibre nominal [21].
réside dans le fait que l’injection de puissance modifie la polarisa-
Pour autant, l’utilisation d’un PETS caractérisé par un auto-
tion du composant ne permettant pas la mesure de la température
par le PETS pendant que le composant dissipe. Il n’est ainsi pas échauffement important peut permettre une mesure plus aisée de
possible d’obtenir directement Tj(t). Tj(t) dans les conditions proches de l’usage et donc, dans un
nombre de cas plus réduit, de l’impédance thermique. En effet, la
Pour répondre à ce problème, la méthode la plus utilisée est la figure 7 montre que, si la puissance injectée pour faire chauffer le
mesure du PETS pendant le refroidissement du semi-conducteur. composant est la même que la puissance dissipée pendant la
Son principe est exposé à la figure 6a. Sur cette figure, Pc repré-
mesure du PETS, ce dernier peut être utilisé directement pour
sente la puissance injectée par le circuit annexe dans le compo-
mesurer l’élévation de température pendant la phase d’échauffe-
sant et Pm représente la puissance dissipée par le composant
lorsque la mesure du PETS est effectuée. Ainsi, dans un premier ment.
temps, le circuit annexe injecte de la puissance jusqu’à ce que le La mesure directe de Zth(t) telle qu’elle a été définie dans
composant se retrouve dans des conditions stationnaires de tem- l’équation (2) nécessite, quant à elle, que la puissance dissipée
pérature. Une fois cet état atteint, l’apport de puissance annexe lors de la mesure du PETS soit constante (donc ne dépende pas
est interrompu et le PETS est mesuré pendant que le composant de la température). Dans le cas contraire, des techniques mathé-
refroidit. matiques basées sur le principe de la déconvolution pourront per-
Cette mesure est donc basée sur l’hypothèse que l’évolution mettre de prendre en compte l’éventuelle variation de la
de la température pendant l’échauffement est la fonction conju- puissance dissipée au cours de la caractérisation [20].
guée de celle obtenue pendant le refroidissement. Cette hypo-
thèse suppose donc que les propriétés thermiques des
matériaux et du système de refroidissement varient peu avec la
température. Elle suppose également le fait que la répartition de Le choix de la méthode de mesure de la température d’un
température proche de la partie active a un faible impact sur le composant par un paramètre thermosensible est lié à l’ampli-
régime transitoire. En effet, à l’état initial de l’échauffement, la tude de l’auto-échauffement qu’il induit au cours de la
température du semi-conducteur est homogène ce qui n’est pas mesure.
65
1
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Semi-conducteurs de puissance
Problèmes thermiques (partie 2)
par Jean-Marie DORKEL
1
Docteur ès sciences
Professeur à l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse
Chercheur au LAAS/CNRS de Toulouse
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 3 113 − 1
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1
+ ----- --------- (2)
k=2
k! ∂ T k V, T J SA
Il est très important, lorsque l’on s’intéresse à l’échauffement des
composants électroniques et plus particulièrement à leur auto-
échauffement, de ne pas perdre de vue que la puissance électrique Cette équation montre de manière évidente que si l’on définit la
qu’ils dissipent peut être fortement influencée par la répartition de la température de jonction TJ comme étant la température moyenne
température dans leur zone active. En effet, de nombreux paramè- de la zone active, le terme de premier ordre est nul et le terme
tres électriques fondamentaux de dispositifs à semi-conducteur d’ordre zéro permet de définir le courant en l’assimilant au produit
dépendent plus ou moins fortement de la température. Mention- SAJ (V, TJ) à condition que la somme des termes de rang plus élevé
nons, pour ne citer que les plus prépondérants, la concentration des reste négligeable :
porteurs intrinsèques qui conditionne fortement la densité du cou-
rant passant dans une jonction PN et la mobilité des porteurs qui I(V, TJ) ≈ SAJ (V, TJ)
conditionne la chute de tension ohmique dans les régions ou le cou- ∞
1 ∂k J
rant électrique s’établit sous l’effet de champs électriques de faible
valeur. Les comportements électrique et thermique du composant
si ∑
k =2
----- ---------
k! ∂ T k V, T J ∫∫ SA
[ T ( x, y ) – T J ] k d x d y ⭐ ε E I ( V, T J ) (3)
∫∫JVT
chacun de ces composants. Malgré une apparente simplicité, la
I(V) = ( , ) dxdy (1)
résolution du problème est ardue car la détermination des tempéra-
SA
tures locales Ti ne peut se faire qu’en résolvant l’équation de la cha-
avec I courant traversant la zone active, leur tridimensionnelle en tenant compte du fait que la dissipation de
puissance Pi correspondante est justement conditionnée par la tem-
J densité de courant locale, pérature locale Ti. En régime statique, la recherche de la distribution
V tension appliquée aux bornes de la zone active, de la puissance dissipée et la répartition de la température qui lui
T température locale, correspond peut être faite de manière itérative. Pour illustrer cela,
nous donnons en suivant quelques résultats de calcul réalisés pour
SA surface totale de la zone active. des expressions différentes de la densité de courant dans la zone
La densité de courant J qui est une fonction de la température active en prenant pour modèle d’environnement thermique com-
locale T peut être développée en série de Mac-Laurin autour d’une mun celui de la figure 2.
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puces ? La réponse réside dans la multiplicité des fonctions du packaging. Ici,
peut-être plus qu’ailleurs, le travail de conception consiste à trouver un
compromis entre des impératifs souvent antinomiques : s’il est relativement
aisé de concevoir un boîtier efficace d’un point de vue thermique ou électrique,
ou encore de trouver une solution peu coûteuse, atteindre les trois objectifs à
la fois relève de la quadrature du cercle !
Pour assurer ses différents rôles, un boîtier doit ainsi faire appel à une multi-
tude d’éléments, de matériaux et de techniques divers. C’est ce que nous vous
présentons dans ce dossier.
1. Rôle du packaging
1 000
Si la puce semi-conductrice constitue le « cœur » d’un
composant actif de puissance, celle-ci ne peut fonctionner indé-
pendamment de son boîtier ou, dans un sens plus large, de son
packaging. C’est ce packaging qui la protège et l’isole de son envi-
ronnement, évacue la chaleur qu’elle dissipe et fournit des termi-
naux de connexion avec le reste du circuit.
SOI 80 V
IGBT 1 200 V
1.1 Tenue mécanique IGBT 6 500 V
100
Le rôle premier du boîtier d’un composant de puissance est la 10 100 103 104
protection : les puces semi-conductrices sont en effet très Tenue en tension maximale (V)
sensibles à l’humidité, la poussière, et l’électricité statique Silicium
(notamment dans le cas de composants de type MOSFET et IGBT, Carbure de silicium 4H
à grille isolée). Cette protection est assurée mécaniquement par
une enceinte close (en matière plastique, céramique, ou métal) Les carrés correspondent à des composants existants
empêchant l’entrée de corps étrangers.
Le boîtier fournit également les moyens (vissage, clipsage) de Figure 1 – Évolution théorique de la température de jonction
que peut supporter un composant en fonction de son calibre
solidariser le composant au reste du système, le plus souvent à un en tension, pour les composants en silicium et en carbure
système de refroidissement. de silicium (doc. Laboratoire Ampère)
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300
2. Critères de choix
d’un boîtier
250
Température de jonction ( oC)
1
Lim n’offrent pas des performances identiques. Le choix de son packa-
ite d
u si ging va donc avoir une influence primordiale sur le comportement
150 liciu
m final du composant.
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a vue écorchée
Patte centrale
100 µm
Semelle Brasure
b vue en coupe
Figure 6 – Fissuration de la brasure entre la puce (couche supérieure)
Figure 4 – Boîtier discret TO220 montrant les connexions par fils et la métallisation du substrat (en bas) (doc. Université Nottingham)
de bondings pour les pattes extérieures, et la connexion directe
entre la patte centrale et la semelle
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E3385
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⎧ Métallisation Couvercle
⎪ supérieure
Brasure
Substrat ⎪ Couche supérieure
céramique
métallisé
⎨ diélectrique
⎪
⎪⎩ Métallisation
inférieure
Brasure
inférieure 1
Pâte Semelle
thermique
Dissipateur
thermique
N– Semi-conducteur
Si 150 200 1,1
SiC-3C 450 1 200 2,2
N+
SiC-4H 450 2 000 3,26
Cathode
SiC-6H 450 2 400 3
Métallisation inférieure
GaN-3C 130 1 000 3,27
Figure 2 – Coupe transversale schématique d’une puce de puissance
(diode) [6] GaN-2H 130 3 300 3,29
Diamant 2 000 à 2 200 5 600 5,45
2. Puces semi-conductrices
Température (K)
75
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tor Field Effect Transistor) haute température, sont disponibles époxy (l’isolant allant de 0,2 à 3 mm d’épaisseur) et d’une ou plu-
dans le commerce. Les problèmes rencontrés pour la mise en sieurs couches de cuivre assemblées par laminage (35 à 400 µm). Il
œuvre de wafers en carbure de silicium présentant un taux de est très utilisé en électronique du signal notamment pour les cartes
défauts encore trop important, ainsi que les difficultés de passiva- de commande. En électronique de puissance, ce n’est pas une solu-
tion et de tenue des oxydes, limitent toujours le développement de tion satisfaisante pour des applications de forte puissance. Il a une
composants en carbure de silicium pour le domaine de la forte mauvaise conductivité thermique (< 1 W · m–1 · °C–1), un fort coeffi-
puissance. Toutefois, de nombreux prototypes avec des grands cient de dilatation (≈ 60 ppm/°C), et une température de fonctionne-
calibres en tension et en courant, tels que des diodes PIN (Positive ment limitée (< 200 °C). Néanmoins, pour des raisons de gain de
Intrinsic Negative) haute tension de 4 à 8 kV, sont encore en cours volume et de protection des composants, de nombreux travaux de
de développement dans les laboratoires. De nombreux fournis- recherches portent aujourd’hui sur l’enfouissement de composants
seurs tels que STMicroelectronics commercialisent des modules dans le PCB.
de puissance tout carbure de silicium. Néanmoins, des recherches
sont toujours menées sur ce thème afin de tirer tout le potentiel de
cette solution notamment pour les applications de puissance à 3.2 Substrat métallique isolé
haute température [7].
Du fait des difficultés technologiques (fabrication) qu’il Le substrat métallisé isolé (SMI ou IMS en anglais, figure 4a) est
engendre, le nitrure de gallium, pourtant répandu dans le sec- constitué d’un circuit imprimé simple face collé sur une semelle
teur de la photonique, est encore utilisé marginalement dans les métallique (généralement en aluminium et de 0,5 à 3 mm d’épais-
composants de puissance mais en forte émergence. Sa principale seur). Concernant l’isolant, il a une épaisseur plus faible qu’un cir-
limite est qu’il n’existe pas pour l’instant sous forme de substrat cuit imprimé (≈ 100 µm contre 1,6 mm en moyenne), ce qui
massif permettant de faire des composants verticaux directement. améliore la conductivité thermique, et peut être une résine verre
Quelques composants tels que des diodes Schottky verticales et époxy pour des raisons économiques, une résine époxy chargée
des transistors MOSFET latéraux commencent à arriver sur le mar- ou un polyimide permettant d’atteindre des températures proches
ché des composants de puissance. de 200 °C.
Malgré leurs bonnes propriétés thermiques et électriques, les Malgré un procédé de mise œuvre simple et un coût acceptable,
composants de puissance en diamant actuels [diodes Schottky le SMI est difficilement utilisable dans les environnements où les
2 500 V, transistors MISFET (Metal Insulator Semiconductor FET)...] contraintes thermiques sont importantes. En effet, dans le cas de
sont seulement des prototypes réalisés en laboratoire. la résine époxy, une étude montre que ses propriétés sont dégra-
dées au-delà de 160 °C [9]. Par ailleurs, les solutions polyimides,
dont les températures d’utilisation sont proches de 200 °C, ont des
À retenir propriétés thermiques, électriques et mécaniques qui ne per-
mettent pas de les utiliser dans des environnements sévères.
– Les puces semi-conductrices sont les éléments actifs d’un
module de puissance.
– Elles sont constituées de trois parties principales : un
matériau semi-conducteur, deux métallisations, une couche de Métallisation
passivation.
– Le matériau semi-conducteur généralement utilisé est le Isolant époxy
silicium (Si), mais il est limité pour des applications en haute
température.
– L’utilisation de carbure de silicium (SiC), de nitrure de gal-
lium (GaN) ou de diamant, est nécessaire pour des tensions
supérieures à 200 V et des températures au-delà de 200 °C.
Semelle
a substrat SMI
3. Substrats
Le substrat se situe entre les puces semi-conductrices et la
Isolant céramique
semelle (figure 1). Il intègre des pistes conductrices et assure l’inter-
connexion des composants électroniques du module de puissance,
leur assemblage mécanique, leur isolation électrique et doit favo-
riser l’extraction des calories qu’ils dissipent vers le dissipateur
thermique. Enfin, son rôle d’un point de vue thermomécanique est
d’homogénéiser les coefficients de dilatation thermique
Métallisations
(CTE) entre la semelle et les puces. L’isolation électrique est assurée
par des diélectriques organiques ou des céramiques.
Les différents types de substrats utilisés en électronique de puis- b substrat céramique DBC
sance peuvent être regroupés en trois catégories et sont chacun
décrits ci-après :
Figure 4 – Structure (a) d’un substrat SMI et (b) d’un substrat
– le circuit imprimé (PCB en anglais) ; céramique DBC [8]
76
Référence Internet
E3385
77
1
78
Référence Internet
D3117
79
Référence Internet
D3117
80
Référence Internet
D3117
1. Situation
Bounding Puce Boîtier
plastique
Aperçu historique
Gel isolant
L’évolution constante des semi-conducteurs permet la Connexion
conception de systèmes dont les performances ne cessent de
1
métallique
croître. Il est loin le temps où le tube électronique utilisé en Connexion
diode ou bien le transistor régnaient en maîtres. métallique
À cette époque, presque révolue (certaines applications uti- Isolant
lisent encore des tubes, comme des ballasts haute tension ou Brasures
les amplificateurs audiophiles par exemple), les joules dissipées Semelle
par le tube rayonnaient à travers le verre, dans l’air ambiant. La Graisse
seule solution pour ne pas détériorer les composants était de thermique
contrôler la température ambiante du local industriel. Compte
tenu du nombre de composants employés, des températures
mises en jeu, et du volume des montages, des systèmes réfri- Dissipateur
gérants étaient communément utilisés. Le volume occupé par
l’ensemble montage – refroidissement était conséquent, et une Figure 1 – Vue en coupe d’un module IGBT
mise en défaut du système de ventilation entraînait une dégra-
dation rapide de l’installation.
— contraintes normatives : fonction du domaine d’application du
Les composants de puissance de type semi-conducteur présen- convertisseur (médical, ferroviaire...), fige souvent les diélectriques,
tent l’avantage de ne pas utiliser l’air comme vecteur thermique, les lignes de fuites, le cheminement, l’indice de pollution... ;
mais un substrat qui est lui-même plaqué sur une semelle — contraintes spécifiques liées à l’utilisation : taux de charge,
composée d’un matériau présentant une bonne conduction thermi- enveloppe de courant, surcharges ponctuelles, tenue aux courts-
que. La figure 1 montre en coupe un module IGBT (insulated gate circuits ;
bipolar transistor ). Cette structure permet l’utilisation de dissipa- — contraintes financières : l’estimation du coût de la fonction
teurs, dont le rôle est d’évacuer les joules produites par la puce. De peut être un critère de choix entre deux solutions.
plus, l’évolution des semi-conducteurs autorise la réalisation de
montages de plus en plus performants, donc l’augmentation des
pertes à évacuer par les jonctions. Une grande diversité de dissi- 1.2 Mode de refroidissement
pateurs permet d’obtenir dans chaque cas le compromis optimal. ou transmission de chaleur
Il existe plusieurs manières pour la chaleur d’échanger avec le
1.1 Cahier des charges milieu ambiant : conduction, convection et rayonnement. La
chaleur se déplace du corps le plus chaud vers le corps le plus
Le choix du refroidisseur dépend des éléments fournis dans le
froid, par ces trois modes simultanément.
cahier des charges du convertisseur. Les éléments de base que l’on
doit connaître sont la nature du convertisseur et son environnement. L’énergie W nécessaire pour élever la température d’un corps est
proportionnelle à sa masse m, à la différence de température entre
l’état initial (T 1) et final (T 2) et à une constante c, nommée chaleur
1.1.1 Nature du convertisseur
massique (ou capacité thermique massique, en J · kg–1 · K–1), qui
C’est la fonction électrique que doit assurer le convertisseur. indique la quantité d’énergie utile pour élever la température
Onduleur, redresseur ou hacheur, ces fonctions sont décrites par de 1 kg du composant considéré de 1 K :
un vocable approprié issu de la norme CEI/TR 60971. Le tableau 1
W = mc (T 2 – T 1) (1)
(0)
résume les fonctions simples issues ou adaptées de cette norme.
À la nature du convertisseur sont associées les grandeurs dW dθ
électriques suivantes : P = ---------- = mc -------- (2)
dt dt
— courant d’entrée et de sortie ;
— surcharges en courant en fonction du temps ; C’est cette énergie, issue de la jonction du semi-conducteur, que
— tension d’alimentation, tension de bus ; le refroidisseur doit évacuer.
— surcharges en tension et répétition dans le temps ;
— fréquence de découpage pour les hacheurs ou onduleurs ; 1.2.1 Conduction
— fréquence de sortie pour les onduleurs ;
— valeurs des éléments qui influencent le comportement du La chaleur se transmet par contact direct entre deux pièces ou
montage, tels que les inductances, transformateurs, condensateurs ; bien par propagation à l’intérieur d’un même matériau [BE 8 200].
— éventuellement une indication sur le type de composant à La variation de température est linéaire à l’intérieur d’un matériau
utiliser est fournie ; homogène. La conductibilité d’un matériau est caractérisée par une
— isolation électrique requise. conductivité thermique notée λ (W · K–1 · m–1) (tableau 2).
Le flux thermique (en watts), qui traverse une paroi constituée
(0)
1.1.2 Environnement du convertisseur d’un seul matériau de conductivité thermique λ, d’épaisseur e (en
mètres) et de surface S (en mètres carrés), est donné par la for-
L’environnement est constitué des contraintes suivantes : mule suivante :
— contraintes thermiques : température ambiante, type de S
refroidissement imposé, température du fluide ; φ = λ ⋅ ----- ⋅ ( θ 2 – θ 1 ) (3)
e
— contraintes mécaniques : volume et masse imposés pour le
montage, orientation et intégration du convertisseur dans son θ 2 – θ 1 représente la différence de température entre les deux
environnement ; faces du matériau.
81
Référence Internet
D3117
1.2.2 Convection
Tableau 2 – Conductivité thermique et capacité thermique
massique de matériaux usuels (1) Cet échange de chaleur se produit entre un solide et un gaz ou
un liquide par déplacement de particules [BE 8 205].
Conductivité Capacité thermique
Le cas le plus simple est celui d’une résistance électrique qui
Matériau thermique massique
échange avec l’air ambiant. La convection est dans ce cas naturelle.
(W · K–1 · m–1) (J · K–1 · kg–1) L’air s’échauffe au contact des parois de la résistance et s’élève. Il
est possible d’améliorer l’échange thermique en accélérant la
Aluminium 238 917 vitesse de passage de l’air au contact de la résistance. Dans ce cas,
on dit que la convection est forcée.
Cuivre 397 386
Soit un flux thermique transmis par convection Q (W), à travers
Acier 78,2 456 une paroi de surface S, qui présente une différence de température
de (θ 2 – θ 1). (0)
Argent 425 234 α est le coefficient de convection (W · K–1 · m–2). Il représente le
flux thermique reçu par une surface de 1 m2 pour une différence de
Or 315,5 130 température entre la surface et l’air de 1 K. α varie avec la nature
de la surface et la vitesse du fluide :
AlSiC 150 à 200
Q = ( θ 2 – θ 1 )S α (4)
Silicium 148 700
82
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D3119
83
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D3119
Température (°C)
de silicium (SiC) Pression 1 atm
3 500 V
C’est en 1907 que les propriétés semi-conductrices du SiC se V + graphite
V+L
sont manifestées, alors qu’un cristal de SiC soumis à une tension 3 000
de 10 V par H.J. Round, se met à produire de la lumière jaune,
2 000
V + SiC
L + SiC
1.1 Diagramme binaire Si–C Graphite
1 500 +
La figure 1 montre le diagramme de phase entre silicium et SiC
carbone. Le SiC correspond évidemment à un mélange en égale 1 000
quantité numérique des deux sortes d’atomes. Il ressort alors qu’il Si + SiC
n’existe pas de phase liquide de SiC. En effet, vers 2 700 oC, on
500 SiC
assiste à une décomposition du SiC en graphite et en une phase
vapeur riche en Si. Ainsi, toutes les techniques de croissance de
monocristaux en phase liquide habituellement utilisées pour le sili-
cium (tirage Czochralski, méthode Bridgeman...) sont impossibles. 0 20 40 60 80 100
Malgré tout, la présence d’un domaine biphasé liquide + SiC va Si C (% at) C
permettre de réaliser des croissances de monocristaux en phase
liquide, en partant de silicium liquide (ou d’une solution riche en Figure 1 – Diagramme de phase binaire du Si–C
Si), dans laquelle on amène du carbone [1].
84
Référence Internet
D3119
1
Groupe d’espace P63mc P63mc F43m Fd3m Fd3m
Longueur de liaison (nm) 0,189 0,189 0,189 0,235 0,154
(0)
85
1
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D3120
1
— de développer le matériau de base (les plaquettes de SiC)
équipes de recherche aux États-Unis, en Russie, en Allemagne ayant les propriétés nécessaires pour répondre aux besoins des
et au Japon se lancent alors sur l’étude du SiC. La diminution de applications à venir ;
l’espoir d’accroître la taille des substrats conduit, lors des
— de continuer l’effort porté sur le développement du processus
années suivantes, à une baisse de l’intérêt porté au SiC et à
de fabrication des composants.
l’abandon de l’activité, sauf en Russie. La mise au point de la
technique de Lely modifiée [9] ainsi que de la méthode Sand- Concernant les plaquettes de SiC, des substrats de 2′′ et 3′′ sont
wich, au début des années 1980 permettant d’obtenir des sub- disponibles commercialement [16] et la faisabilité de plaquettes de
strats plus grands, ont relancé les études sur le SiC dans de 100 mm a été démontrée [17] [18]. L’obtention de plaquettes de 3′′
nombreux pays : aux États-Unis, au Japon et en Europe. ayant de très faibles valeurs de densité de défauts (0,75 cm–2) reflète
En 1997, les seuls produits disponibles commercialement était les efforts portés sur l’amélioration de la qualité du matériau de
des plaquettes de SiC-6H de 1′′3/8 ainsi que des diodes électro- base. Cette amélioration se traduit par un rendement de fabrication
luminescentes LED bleues. Ces dernières furent remplacées par élevé et la possibilité de fabrication de composants de puissance
des diodes à base de GaN plus performantes sans que cela ne de large surface (c’est-à-dire de fort calibre en courant). De nom-
conduise à l’arrêt de la technologie du SiC. En effet, l’explosion breuses études ont démontré la corrélation entre le bon fonction-
du marché des diodes à base de GaN eut un impact direct et nement des composants et la présence de micropores. Aussi, un des
bénéfique sur le développement de la technologie de croissance challenges a consisté en la réduction de la densité de défauts du
du SiC. Les propriétés physiques du SiC (l’accord de maille cris- substrat. L’étude des mécanismes d’apparition de ces défauts a
talline entre GaN et SiC ainsi que la conductivité thermique éle- conduit à des améliorations significatives dans les techniques de
vée) font des plaquettes de SiC un support idéal pour la croissance des substrats et à la réduction notable des défauts.
croissance d’épitaxie de GaN et la fabrication de diodes émettri-
ces à base de GaN, ce qui a favorisé le développement d’une
industrie spécifique (matériaux, machines) aux États-Unis (Cree 2.2 Cristallographie
Inc., Epigress [10], en Europe (Norstel [11] et au Japon
(Criepi [12]).
Le terme carbure de silicium (ou carborundum) est un terme
générique qui recouvre toutes les formes stœchiométriques de
Les dimensions d’usage pour les plaquettes de SiC sont les carbone et silicium existant en phase solide. La cellule de base
inches (′′). Rappelons que 1″82,5 cm, 2″85 cm, 3″ = 7,5 cm et est tétraédrique, composée de 4 atomes de silicium pour un
4′′ = 10 cm. atome de carbone (figure 1).
Le développement des composants de puissance à base de car- En pratique, il existe plusieurs dizaines de polytypes que l’on
bure de silicium a changé de façon significative depuis quelques peut décrire en partant d’un empilement de N bicouches élémen-
années, suscitant un intérêt croissant des industriels. Cela s’illustre taires de SiC constituant chacune un plan hexagonal compact. Un
à travers les nombreux projets de recherche sur trois continents. polytype déterminé comprend N bicouches (plans) (figure 2), et ne
États-Unis : projets financés par des organismes tels que la NASA, diffère des autres polytypes que par le détail de la séquence
DARPA, DOD d’empilement des N plans successifs [19].
Japon : Japanese National Program on Hard Electronics, Tous les polytypes connus de SiC présentent des propriétés
comportant de nombreux partenaires industriels (Fuji Electric Co., physiques communes. Elles proviennent de la spécificité de la
Toyota Central R&D Labs., Sanyo Electric Co., Mitsubishi Electric Corp., liaison chimique Si-C qui, à l’échelle microscopique, régit la plupart
Hitachi, Ltd., Kansai Electric Power Co., Denso Corp.) des propriétés mécaniques et thermiques ainsi que la forte résis-
Europe : Alternative SiC, projet JESICA (1999-2002), ESCAPEE tance aux agents corrosifs.
(0)
89
1
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D3122
prétention d’être exhaustif dans le contenu, mais avec l’objectif d’illustrer les
potentialités de cette nouvelle filière technologique.
91
Référence Internet
D3122
tion des pertes dans les système de conversion d’énergie, dans les
Rappel de quelques abréviations installations électriques et les réseaux de distribution. Nous allons
ACCUNOSFET présenter quelques-unes de ces applications afin d’illustrer les dif-
férents débouchés possibles des composants de puissance en SiC :
CRD Current Regulative Diode – la traction électrique ;
GTO Gate Turn Off Thyristor – la correction de facteur de puissance ;
– les applications haute température.
1
IGBT Insulated Gate Bipolar Transistor
Notons que cette liste n’est aucunement restrictive.
JFET Junction Field Effect Transistor
MESFET Metal Semiconductor Field Effect Transistor
2.2 Traction électrique et véhicules
MOSFET Metal Oxide Semiconductor Field Effect hybrides
(ou MOS) Transistor
Dans l’optique de compacité et de meilleur rendement, Toyota et
PFC Power Factor Corrector
Ford ont été précurseurs dans le développement de technologies
SOI Silicon On Insulator de véhicules (figure 1) associant en parallèle des moteurs thermi-
que et électrique « véhicule hybride, ... ». L’utilisation de compo-
VJFET Lateral Vertical JFET sants en SiC dans le système électrique permet une réduction de
masse, de volume ainsi qu’un meilleur rendement pour une plus
WBG Wide Band Gap
grande densité de puissance et une meilleure fiabilité dans des
conditions de fonctionnement sévères.
de l’électronique
de puissance I1 I3 D1
E/2
U
E/2
2.1 Contexte
I2 I4 D2
Plusieurs applications sont des éléments moteurs du développe-
ment de la filière SiC dans sa globalité. Elles s’inscrivent dans les
préoccupations de gestion et de maîtrise de l’énergie par la réduc- Figure 2 – Schéma électrique d’un convertisseur de tension
92
Référence Internet
D3122
Interrupteur
Diode
Si IGBT
Si Diode
Si IGBT
SiC Diode
Si MOSFET
SiC Diode
Dégivrage électrique
1
Freins à commande
électrique
Densité de puissance Convertisseurs
< 10 15 30
(W/cm3) statiques
Moteurs électriques
de puissance
internes
Démarreur/
Les modélisations (cycles de fonctionnement) permettent Générateur
d’estimer :
– la puissance volumique nécessaire en fonction des fréquences
de fonctionnement ;
Périphériques de
– les réductions possible de l’effort de refroidissement ; conversion distants
Vérins électriques
– les domaines d’utilisation pour les composants en SiC. et commande de vol
Générateurs de
Ainsi, l’utilisation du SiC et l’augmentation des fréquences de puissance auxilliaires
commutation des interrupteurs permettent d’augmenter la densité
de puissance de 10 W/cm3 à plus de 30 W/cm3 (tableau 1) [2].
Figure 3 – Concept d’un avion « plus » électrique
Au niveau système, cela se traduit par :
– un gain en compacité et une réduction de masse ;
– une plus grande densité de puissance ;
– une meilleure fiabilité dans des conditions de fonctionnement
sévères ;
– un meilleur rendement.
Se basant sur ce type d’architecture pour leur gamme de nou-
velle génération de véhicules hybrides, Toyota estime un volume
de vente de plus de 300 000 véhicules hybrides par an.
93
1
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D3126
95
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D3126
1
tion de la robustesse des assemblages à semi-conducteurs de puissance à
partir d’une compréhension de la dégradation physique entraînant la
défaillance, avec :
– la présentation des constituants d’un assemblage de puissance
conventionnel et les principaux domaines d’application ;
– en rapport avec les profils de mission imposés, le défaut de l’état de l’art
des principaux modes de dégradations conduisant à des défaillances principa-
lement d’origine thermomécaniques ;
– dans le sens de l’approche de la physique de défaillance, l’exposé des
principaux mécanismes et facteurs d’endommagement et des moyens permet-
tant de les révéler.
Solutions conventionnelles
Énergies renouvelables
Énergie Réseaux
embarquée distribution
+ complexe
Flux d'
d énergie
e ge
Pile à combustible PAC
Gestion Moteur
Batterie de l'énergie Alternateur...
Supercapacit
p p té
é
Actionneurs
Stockage réversibles
d'énergie Convertisseur
+ Logique de commande optimisée
Gestion des flux d'énergie électrique
Brique sécuritaire du système
96
Référence Internet
D3126
1
L’accroissement des ressources disponibles, en termes
d’approche numérique et d’amélioration de la connaissance des
mécanismes de dégradation, permet de proposer une définition de la
fiabilité à travers une approche physique de la défaillance [3] [4] [5].
Tableau 1 – Synthèse des caractéristiques des matériaux d’un assemblage de puissance [7] [8]
Conductivité
CTE Module d’Young Limite élastique
Constituant Matériau thermique
(10–6 · K) (Gpa) (MPa)
(W/m ⋅ K)
Puce Silicium 2,6 150 130 –
AIN 3,1 190 320 270
Céramique
Al2O3 5,5 30 370 –
Cu 16 390 130 98,7
Semelle
AlSiC 6,5 à 12 180 à 220 360 200
CTE (Coefficient of Thermal Expansion) coefficient de dilatation thermique : CTE = ∆œ / (œ ∆T ).
97
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Connecteur Connecteur
de puissance de commande
1
DCB Céramique
Métallisation
Brasure
Semelle
Interface thermique
Refroidisseur
98
Référence Internet
D3126
3 1re gén.
1
2,5
1,5
1
1988 1992 1996 2000 2004 2008 2012
VCEsat : chute de tension à l'état passant
2.1.2.2 MOSFET
Utilisé en faible et moyenne puissance, le transistor MOSFET 4
CoolMOSTM
(Metal Oxide Semiconductor Field Effect Transistor ) est un
composant unipolaire dont seuls les porteurs majoritaires
0
génèrent le courant. De cette manière, le transistor MOSFET est
adapté aux applications hautes fréquences en raison de l’absence 0 200 400 600 800 1 000
de charges stockées permettant des commutations rapides. Par Tension de claquage V(BR)DSS (V)
contre, le courant, résultant d’un seul type de porteurs, conduit à A surface de la puce (en mm2)
une résistance à l’état passant dépendante du dopage et de la
Cette figure montre la relation entre la résistance à l'état passant et la
dimension de la couche conductrice. Pour obtenir une faible résis- tension de claquage. Elle est quasi linéaire pour le transistor CooLMOS
tance, un dopage élevé est nécessaire mais cela réduit d’autant la 2,4 à 2,6 pour le transistor MOS classique.
alors qu'elle est en V(BR)DSS
tenue en tension.
Pour améliorer les caractéristiques à l’état passant, une nouvelle Figure 7 – Résistance à l’état passant du transistor MOS
génération de composants appelés CoolMOS (Infineon) a été déve- classique et du transistor CooIMOS
loppée dès 1998. La tenue en tension est assurée par une super-
jonction (succession de régions P et N, figure 6). Le transistor
V(BR)DSS (de l’ordre de 600 V à 800 V) et un meilleur comportement
CoolMOS présente de nombreux avantages par rapport aux tran-
à haute température de fonctionnement (figure 7).
sistors MOS classiques tels qu’une diminution de la résistance à
l’état passant Ron, une augmentation de la tension de claquage Nota : indice (BR)DSS pour (Breakdown) Drain Source Saturé.
99
1
100
Composants actifs en électronique de puissance
(Réf. Internet 42245)
1– Composants actifs 2
2– Étages de pilotage rapproché Réf. Internet page
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
101
2
102
Référence Internet
D3230
2
Professeur
SATIE, CNRS, Conservatoire national des arts et métiers, Paris, France
Bernard MULTON
Professeur
SATIE, CNRS, École Normale Supérieure de Rennes, Rennes, France
et Nicolas ROUGER
Chargé de recherche
Laplace, CNRS, Toulouse, France
Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article D3230 intitulé « Commande des semi-
conducteurs de puissance : contexte » paru en 2002, rédigé par Stéphane Lefebvre et
Bernard Multon.
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Référence Internet
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Référence Internet
D3230
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D3230
Bus de
tension
CSCP
CSCP
CSCP
CSCP
Contrôle
(0, 1) de l’état et
des transitions
Phase 1 Phase 2 Phase 3 High Side
Vbus Charge / Source Potentiel Vbus
2
de puissance flottant
CSCP
CSCP
CSCP
CSCP
IPh1 Contrôle
IPh1 de l’état et
(0, 1) des transitions
Low Side
Cellule de
Cellule de
commutation
commutation
a pont triphasé faisant apparaître trois cellules de commutation b détail d’une cellule de commutation de tension, avec deux CSCP
de tension permettant de moduler les transferts d’énergie entre une source
de courant et une source de tension
Figure 1 – Exemples de structures de convertisseurs électroniques de puissance, faisant apparaître une ou plusieurs cellules de commutation de
tension
Schéma
transistor D
de puissance
CSCP
G
Alimentation en Puce
Sk Embase
énergie des circuits S Bonding
de commande Capteur
Température
Vss GND Vdd
Circuit de
Autoprotection Puissance
Autoprotection
Sous-alimentation Température
Adaptation et
Contrôle
Commande logique Isolation
S
amplification
protection
en courant
DG
Protection
rapprochée
T– T+ k
S
GND
Mesures
Information d’état Tension
Isolation
diagnostic Courant
Température
Dissipateur thermique
Commande rapprochée – « Gate driver »
Figure 2 – Éléments constitutifs de la fonction interrupteur statique de puissance (avec un seul CSCP)
En lien avec la figure 1b et introduisant l’ensemble des fonctions de commande rapprochée. Les composants à semi-conducteurs de
nécessaires au pilotage des CSCP et la place occupée par la com- puissance du bras d’onduleur peuvent être assemblés dans un
mande rapprochée, la figure 3 présente deux approches possibles module de puissance. Par soucis de clarté, les connexions avec le
selon que chaque CSCP nécessite un circuit de commande ou selon capteur de température et les remontées d’informations de dia-
que chaque cellule de commutation est pilotée par un seul circuit gnostic ne sont pas représentées. De façon plus synthétique, la
de commande. La figure 3a décrit la structure de commande d’un figure 3b est l’illustration de circuits de commande distincts pour le
bras d’onduleur lorsque chaque CSCP possède son propre circuit pilotage d’un bras d’onduleur, nécessitant des convertisseurs isolés
106
Référence Internet
D3230
pour l’alimentation en énergie des circuits de commande rappro- faible car ce type de transistor repose sur un courant de porteurs
chée et l’isolation des informations de commande. La figure 3c, en majoritaires de type trou. Or dans le silicium, les trous ont une
revanche, montre un circuit de commande unique pilotant les deux mobilité environ trois fois inférieure à celle des électrons [D3102],
transistors du bras. Cette solution impose des contraintes spéci- ce qui a pour conséquence de créer une résistance à l’état passant
fiques à la technologie du circuit de commande rapprochée (isola- des MOSFET de type P trois fois plus élevée que celle d’un MOS-
tion électrique, tenue en tension, optimisation des mailles de FET de type N, à surface identique. L’électronique de puissance
commande), et dans ce cas de figure particulier de commande ayant des objectifs élevés de rendement énergétique, les perfor-
unique des transistors High Side et Low Side. Des circuits spéci- mances moindres de composants de type P les écartent. Ceci
fiques tels que des pompes de charge, des montages bootstrap, ou explique leur faible disponibilité et par suite, l’utilisation quasi
encore des circuits de décalage de niveaux, pourront être utilisés exclusive de transistors de type N pour la réalisation de cellules
(cf. [D3233]), avec l’opportunité de maîtriser précisément la syn- de commutation. En revanche, ce choix de se restreindre unique-
chronisation des signaux de commande. ment à des transistors de type N impose des spécificités aux cir-
cuits de commande rapprochée d’une cellule de commutation de
2
Qu’il soit dédié à un seul CSCP ou à une ou plusieurs cellules
de commutation, le circuit de commande rapprochée assure prin- puissance de type bras de pont (voir figure 3).
cipalement la fonction d’interface entre la commande logique Dans le cadre des transistors de puissance à grille (MOSFET,
externe et les grandeurs électriques de commande requises par le IGBT, HEMT), l’état du transistor est contrôlé par une différence
CSCP. Mais cette fonction peut rapidement se compliquer de potentiel entre une électrode (la grille) et une électrode de réfé-
lorsqu’elle assure également l’isolation entre les circuits logiques rence (la source pour les MOSFET et HEMT ou l’émetteur pour les
de commande et la partie puissance ainsi que différentes protec- IGBT). En fonction de l’état du transistor de puissance, le potentiel
tions du CSCP telles que : de source peut être amené à varier, et par suite, le circuit de com-
– une autoprotection contre le risque de sous-tension d’alimen- mande rapprochée devra suivre et s’adapter à une valeur éven-
tation ; tuellement élevée, mais aussi aux perturbations dynamiques
– une protection contre les surtensions et/ou surintensités au rapides de ce potentiel de référence.
niveau du CSCP ; Comme présenté dans les figures 1, 3 et 5, la cellule de com-
– une maîtrise des temps de propagation et de fourniture de mutation de puissance fait ainsi apparaître un potentiel flottant,
l’énergie de changement d’état du CSCP ; selon l’état des CSCP. Dans la figure 5, le potentiel flottant est VS1
– une modification paramétrable et variable du mode de pilotage (identique au potentiel VSk1 si l’on néglige les inductances para-
du CSCP par le circuit de commande ; sites introduites par la connectique). Ainsi, une dissymétrie appa-
– un diagnostic des défauts et un retour d’informations avec iso- raît entre les deux CSCP intervenants dans la cellule de
lation galvanique. commutation, introduisant par suite la notion de CSCP « High
Side » (HS) et CSCP « Low Side » (LS) (cf. figures 1, 3 et 5). La
La figure 4 détaille les figures 2 et 3, et introduit la place de la particularité du CSCP en position « high side » est que son circuit
fonction interrupteur au sein d’un système de conversion d’énergie de commande (driver) doit être référencé par rapport à un poten-
électrique. Cette figure 4 permet de prendre conscience de l’impor- tiel flottant VSk1, subissant de fortes variations instantanées et
tance des interactions entre la commande rapprochée et l’ensemble pouvant atteindre des valeurs élevées, au-delà de la tension Vbus
du système, notamment sur les plans de la compatibilité électroma- de la cellule de commutation pour les applications à faible tension
gnétique et de la thermique. La commande rapprochée impose,
de bus. Quant au CSCP en position « low side », le potentiel de
dans une large part, les vitesses de commutation, donc les pertes
référence de son circuit de commande rapprochée VSk2 peut être
par commutation mais aussi les perturbations conduites et rayon-
référencé à un potentiel fixe (la masse de puissance soit VS2 dans
nées (les perturbations de mode commun sont notamment en partie
la figure 5) ou à une référence flottante proche de la masse de
conduites par les liaisons capacitives entre les boîtiers des compo-
puissance mais ne subissant ni une valeur élevée ni une variation
sants et leur dissipateur relié à la terre). De plus, le circuit de com-
temporelle rapide. Par suite, il existe une différence de potentiel
mande est également vecteur propre de perturbation mais aussi
variable entre la référence du circuit de commande du transistor
parfois victime, les perturbations qui remontent le circuit de com-
High Side VSk1 = VGND_HS et la référence du circuit de commande
mande pouvant être à l’origine de dysfonctionnements. Pour respec-
du transistor Low Side VSk2 = VGND_LS. La différence maximale de
ter les normes CEM (compatibilité électro-magnétique) et limiter le
potentiel entre les deux références flottantes des deux circuits de
volume des filtres CEM généralement placés sur le réseau d’alimen-
commande est de l’ordre de la tension du bus de puissance Vbus.
tation, les concepteurs de dispositifs de conversion d’énergie
doivent prendre en compte ces contraintes dès la phase de concep- La figure 5 présente les formes d’onde clés pour mettre en
tion. Ainsi, les perturbations conduites et rayonnées peuvent être avant la problématique de la commande des transistors de puis-
réduites au détriment des pertes par commutation en ralentissant sance à potentiel de référence flottant. La valeur maximale du
les vitesses de commutation. Cela peut aller, dans quelques cas potentiel de référence flottant (d’une dizaine de volts à quelques
d’applications, jusqu’au contrôle même de la forme du courant lors dizaines de kilovolts) ainsi que la vitesse de variation de ce poten-
des phases de commutation pour réduire significativement les per- tiel (de quelques centaines de volts par microseconde à quelques
turbations de mode différentiel. Une analyse similaire peut être centaines de volts par nanoseconde) vont fixer le choix du CSCP
conduite sur le dimensionnement de l’environnement thermique du mais aussi des circuits de commande rapprochée associés et de
CSCP : une augmentation de la température de fonctionnement du leurs modes d’intégration et d’assemblage, voire des circuits
CSCP peut permettre une réduction du volume du système de snubber qui devront leur être associés (pour les composants de la
refroidissement [D3116], mais au détriment d’une augmentation des famille des thyristors notamment).
pertes du CSCP et aux dépens de la fiabilité. Pour illustrer les aspects CEM évoqués sur la figure 4, deux
À la différence des circuits inverseurs en technologie complé- effets représentatifs de l’impact de la commutation de puissance
mentaire basse tension de la microélectronique (technologie sur le circuit de commande rapprochée et sur le contrôle du CSCP
CMOS [E2432]), le contrôle de l’état d’un CSCP et d’une cellule de sont présentés sur la figure 6 : la variation de courant di/dt va
commutation de puissance nécessite des circuits spécifiques. En créer une tension d’auto-induction aux bornes de tout élément
effet, dans un inverseur CMOS de microélectronique, deux tran- inductif parasite, dans la boucle de puissance mais également
sistors fonctionnant en régime complémentaire sont associés en dans celle de commande. Cela est d’autant plus critique concer-
série, utilisant un transistor MOSFET de type P avec un transistor nant l’inductance LS commune aux boucles de puissance et de
de type N et permettant d’utiliser un même signal de commande commande, qui peut modifier l’état du CSCP, limitant d’une part
pour piloter l’état de ces deux transistors. En électronique de puis- la dynamique de charge du CSCP, et pouvant créer d’autre part
sance, la disponibilité de MOSFET de type P en silicium est très des réouvertures ou remises en conduction parasites du CSCP.
107
2
108
Référence Internet
D3231
ans cet article, nous étudions les spécificités des composants à semi-
D conducteurs de puissance, déjà présentés en [D 3230] :
– les thyristors et les triacs, qui fonctionnent aujourd’hui quasi exclusive-
ment dans des convertisseurs où les blocages sont assistés par le réseau
(redresseurs, gradateurs) ou par la charge (systèmes résonants) ;
– les transistors bipolaires (BJT) et les thyristors GTO et GCT dont les carac-
téristiques sont très proches ;
– les transistors à grille (notamment MOSFET, IGBT et HEMT) auxquels
l’entrée capacitive confère un comportement tout à fait spécifique.
Parution : février 2018
109
Référence Internet
D3231
2 des thyristors et triacs
en vue de leur commande
Les triacs (« Triode for Alternating Current ») [4] offrent, dans un
seul composant à électrode de commande unique, la fonction de
deux thyristors tête-bêche et, à quelques particularités près, que
nous décrirons plus loin, ils se commandent sensiblement de la
même façon que les thyristors et rencontrent les mêmes risques
Les thyristors, composants à commande uniquement à l’amorçage,
d’amorçage parasite par dv/dt et la même limite de di/dt à l’amor-
sont les plus anciens composants à semi-conducteurs de puissance
çage. Les triacs restent cantonnés aux petites puissances essentiel-
commandés (fin des années 1950). Ils sont normalement unidirection-
lement dans des applications grand public en variation de
nels en courant et bidirectionnels en tension mais se déclinent dans
puissance, en mode gradateurs (éclairage y compris à LED,
quelques variantes technologiques, notamment les thyristors asymé- moteurs universels, moteurs asynchrones monophasés, etc.) ou en
triques qui ne supportent que de très faibles tensions inverses mais commutation statique (commande d’électrovannes, de petits
sont plus rapides au blocage (actuellement destinés à des usages moteurs asynchrones, de résistances chauffantes, etc.). Les cou-
impulsionnels et à des onduleurs à résonance). Ils sont parfois inté- rants et tensions commutés n’excèdent pas une dizaine d’ampères
grés à une diode antiparallèle (thyristors à conduction inverse). Il et 1 000 V environ. Les contraintes de coût sont alors prépondé-
existe également des thyristors dits bidirectionnels (sur la même pas- rantes et les circuits de commande sont souvent conçus dans cet
tille, deux thyristors sont intégrés en montage tête-bêche, BCT pour esprit ; l’isolement galvanique est plus rare.
Bidirectionally Controlled Thyristors). Le blocage des thyristors
n’étant pas commandable, il s’effectue à l’annulation du courant et
nécessite un temps minimal d’application de tension inverse noté tq.
Ainsi, les thyristors sont essentiellement utilisés en « commande de
1.1 Spécificités de commande
retard à l’amorçage » ou « commande de phase » (avec des valeurs des thyristors
de tq pouvant s’élever jusqu’à quelques 100 μs) dans les redresseurs
et onduleurs assistés par la source alternative. Mais ces derniers sont 1.1.1 Conditions de mise en conduction
en déclin et se trouvent désormais confinés dans les convertisseurs
de très forte puissance, par exemple pour les liaisons à courant Avant de décrire les caractéristiques requises de commande à
continu haute tension (HVDC) de plusieurs milliers de mégawatts [1]. l’amorçage, nous proposons un bref rappel du principe du thyris-
Les thyristors sont également encore utilisés en montages tête-bêche tor qui permettra de bien comprendre l’origine physique des spé-
dans les gradateurs absorbeurs (sur inductance) pour les compensa- cifications techniques [D3107] [5] [6] [7] [8] [9] [10] [11]. La
teurs statiques de puissance réactive de très forte puissance [2] ainsi figure 1 montre notamment la coupe d’un thyristor classique au
que dans les dispositifs de mise sous tension progressive de charges silicium (structure P+N–PN+) ainsi que le schéma équivalent à
de forte puissance (démarrage de machines asynchrones en moteur deux transistors imbriqués qui permet d’expliquer simplement
ou générateur, transformateurs…) et, d’une façon générale, dans les quelques aspects de son comportement.
interrupteurs statiques en courant alternatif, comme dans les bypass Le thyristor peut en effet être représenté par une association
des alimentations ininterruptibles. Quant aux thyristors rapides (faible de deux transistors bipolaires TA et TK, respectivement d’anode
tq et faible charge recouvrée au blocage, quelques microsecondes à et de cathode, interconnectés pour obtenir une réaction posi-
quelques dizaines de microsecondes), ils sont encore utilisés pour tive. Notons que certains thyristors au carbure de silicium
certains onduleurs à résonance moyenne fréquence comme dans le (GeneSiC) ont adopté des structures N+P–NP+ dont le contrôle
chauffage par induction de forte puissance (dizaines de mégawatts) s’effectue par un courant de gâchette négatif dans une jonction
[3]. Les avantages majeurs des thyristors, comparativement aux gachette-anode. Dans toute la suite, nous continuerons à raison-
autres composants blocables (GTO et IGBT), résident dans leur faible ner avec des structures classiques P+N–PN+ nécessitant un cou-
chute de tension à l’état passant, qui conduit à des rendements de rant de gâchette positif. Si αA et αK sont les rendements
conversion élevés, ainsi que dans leur grande fiabilité, notamment d’émetteur des transistors et Icb0A et Icb0K sont les courants de
liées aux boîtiers pressés (press-pack) employés. fuites de leur jonction collecteur-base, on obtient l’expression
Il existe cependant encore un marché pour les petits thyristors sen- suivante du courant d’anode IA :
sibles car ils permettent de réaliser des fonctions très économiques
dans certaines applications (disjoncteurs différentiels, électroména-
ger). Ainsi les calibres en courant s’étalent sur une plage allant de Alors :
moins de 1 A à plus de 6 000 A pour une seule « puce » ; quant aux
tensions, elles vont de 400 V environ à plus de 10 kV. À ces derniers
niveaux de tension, on rencontre également des commandes
optiques directes (thyristors à amorçage optique ou Light Triggered
Thyristors LTT). La mise en série ou/et en parallèle est couramment À faible courant d’émetteur, le rendement d’émetteur α d’un
pratiquée et permet de contrôler des puissances très élevées que l’on transistor bipolaire est faible. Ainsi, pour le thyristor, à faible cou-
peut considérer illimitées. Les principales contraintes concernant la rant IA d’anode (ce qui n’est pas le fonctionnement normal du thy-
commande sont relatives à l’isolement galvanique nécessaire dans ristor), celui-ci est contrôlé par le courant de gâchette dans un
presque toutes les applications, compte tenu des niveaux de tension mode de fonctionnement linéaire (en amplificateur). Il existe ainsi
et des normes de sécurité. Lors de la mise en série et en parallèle, la une valeur IL du courant d’anode, dite d’accrochage (latching),
110
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D3231
a boîtier press-pack et image d’un wafer b coupe de la structure verticale (épaisseur disproportionnée
2
process (diamètre 6 pouces, 8,5 kV – 5 kA) sur ce dessin) et schéma de principe à deux transistors imbriqués.
(ABB [1]) montrant l’interdigitation Symbole
de jonction gâchette-cathode
Figure 1 – Thyristor
Courant direct moyen nominal VRRM 100 à 400 V 200 à 800 V < 1 kV < 1 kV < 1 kV 1,5 à 8 kV
Tension inverse maximale IFAV 0,8 A 8 A 0,3 A 10 A 25 A > 500 A
telle que la somme des rendements d’émetteur atteint la valeur 1. qu’à 150 °C, il est environ 2 fois plus faible. Enfin, si le courant
Dans ce cas, d’après l’expression précédente, le courant d’anode d’anode redescend en dessous d’une valeur IH (courant de main-
n’est plus contrôlé (dénominateur nul), la réaction positive atten- tien, « holding current »), légèrement différente de IL pour cause
due est enclenchée, le thyristor s’amorce, c’est-à-dire que la ten- d’un phénomène d’hystérésis, le composant se désamorce. Dans
sion à ses bornes s’effondre et que l’évolution du courant d’anode ce contexte, le courant de déclenchement IGT possède un coeffi-
est dictée par l’environnement du composant. cient de température négatif d’environ –5 %/°C.
Il faut cependant que l’amplitude de l’impulsion de courant de Pour toutes ces raisons, afin de garantir la conduction sur la
gâchette ainsi que sa durée soient suffisantes. En effet, pendant la plage désirée, et en dehors des applications impulsionnelles
phase où le courant d’anode est inférieur à IL, on a un fonctionnement (décharges), on préfère généralement envoyer des trains d’impul-
linéaire et au courant IL correspond un courant de gâchette de sions de courant de gâchette sur cette plage.
déclenchement noté IGT (gate triggering). En outre, dynamiquement, Le tableau 1 donne, pour divers calibres de thyristors, des ordres
il faut injecter une quantité de charges suffisante, c’est pourquoi il de grandeur des courants de déclenchement de gâchette IGT.
existe aussi une durée minimale tGT d’injection dans la gâchette. Il
faut ensuite que le circuit environnant permette au courant d’anode Exemple de spécifications du thyristor ABB 5SYA1074-01
de dépasser IL pour obtenir l’amorçage, alors, dans ces conditions, (8 500 V – 3 660 A) [11]
l’injection de courant de gâchette peut être arrêtée. Cette précaution
– courant de gâchette de déclenchement : à TJ = 25 °C, IGT-
est importante en cas de charge très inductive (par exemple, grada-
teur pour compensateur statique) et, dans le cas des redresseurs à max = 400 mA ;
commande de retard à l’amorçage débitant sur charge inductive – tension de gâchette de déclenchement : à TJ = 25 °C,
(compensateurs de puissance réactive par exemple), au démarrage et VGT = 2,6 V ;
en régime de conduction discontinue. En dehors de ces cas, la vitesse – courant de gâchette de non-déclenchement : à TJ = TJmax
de croissance de IA est déterminée par les inductances de commuta- (110 °C) VD = 0,4 VFRM IGDmax = 10 mA ;
tion (phénomène d’empiètement) généralement faibles. – tension de gâchette de non-déclenchement : à TJ = TJmax,
Notons que, comme le rendement d’émetteur α d’un transistor VD = 0,4 VFRM VGDmax = 0,3 V ;
possède un coefficient de température positif, le courant d’accro- – courant de maintien à TJ = 25 °C, IHmax = 300 mA et TJ = 110 °C,
chage IL sera d’autant plus faible (amorçage plus aisé) que la tem- IHmax = 150 mA ;
pérature sera élevé. Le coefficient de température du courant
d’accrochage est donc négatif. Ainsi, c’est à froid que l’amorçage – courant d’accrochage à TJ = 25 °C, ILmax = 2 A et TJ = 110 °C,
est le plus difficile. Bien que son évolution ne soit pas linéaire avec ILmax = 1,5 A.
la température, on peut dire qu’à −40 °C, IL est environ 2 fois plus IGM = 0,6 A, dIG/dt = 0,6 A/μs, tG = 20 μs
élevé qu’à 25 °C (généralement température de spécification) alors
111
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avec IGTmax valeur maximale (compte tenu des dispersions de courant d’anode atteigne la valeur IL d’accrochage. Le faible
caractéristiques) du courant de gâchette temps de montée ainsi que l’amplitude du pic très supérieure à
permettant l’amorçage, IGT sont nécessaires pour assurer un effondrement rapide de la
IGM amplitude du courant de gâchette, tension pendant la montée du courant (vitesse limitée par le cir-
cuit externe). En effet, tout particulièrement lorsque le courant
RA résistance d’anode, d’anode croît rapidement (tout en restant dans les limites impo-
RGK résistance entre grille et cathode, sées par le fabricant : dIA/dt maximal, ici 100 A/μs à 50 Hz, voire
tG durée de l’impulsion de gâchette, 1 000 A/μs à 1 Hz), il est nécessaire que le croisement « tension
anode cathode – courant d’anode » conduise à une dissipation
TJ température de jonction, d’énergie et un échauffement acceptables pour le composant.
VD tension de polarisation pendant l’amorçage (influe D’une façon générale, compte tenu des dispersions de caracté-
sensiblement sur l’amorçage), ristiques, des contraintes de température et d’échauffement tran-
2
VFRM tension directe répétitive maximale. sitoire, les fabricants préconisent une impulsion dont le temps de
montée est inférieur à 1 μs et possédant un pic d’amplitude envi-
ron 3 fois IGTmax. Précisons que cette valeur de IGTmax correspond,
Amorçages indésirables non pas à une valeur à ne pas dépasser, mais à l’amplitude du
courant de gâchette de déclenchement du moins sensible des thy-
Les variations brutales de tension aux bornes d’un thyristor, ristors d’une série, compte tenu des dispersions de caractéris-
lorsqu’il est en polarisation directe, produisent des courants tiques et pour une température donnée, 25 °C en général. À des
capacitifs internes susceptibles de l’amorcer. Le constructeur températures plus basses, la valeur de IGTMax sera encore plus
spécifie ainsi un dVAK/dt critique (dans l’exemple du thyristor élevée.
ABB précédent : 2 000 V/μs à 110 °C). Dans les thyristors sen- La figure 3 décrit un schéma de test d’amorçage : la résistance
sibles (ne nécessitant qu’une faible valeur de IGT), les risques de charge R permet de régler l’amplitude du courant final d’anode
d’amorçages incontrôlés par dV/dt sont plus élevés (plus après amorçage et l’inductance L permet d’ajuster sa pente à la
faible valeur du dVAK/dt critique). Pour immuniser les thyris- croissance (au départ : dIA/dt = U/L). On a représenté sur ce
tors contre ce phénomène, on peut, par construction, les schéma le conducteur de reprise de cathode dédié au circuit de
« désensibiliser », mais en contrepartie les valeurs d’IGT sont commande.
considérablement augmentées. Notons que c’est seulement
pour les petits calibres en courant que l’on rencontre la possi- La figure 4 montre, à l’amorçage, les formes d’onde idéalisées
bilité de choisir le compromis sensibilité à l’amorçage-sensibi- de la tension anode-cathode, du courant d’anode et du courant de
lité aux dV/dt. gâchette, dans trois situations typiques (amorçage réussi, amor-
çage destructif et amorçage manqué). Rappelons qu’avant que le
Rappelons qu’il existe une seconde cause d’amorçage indé-
courant d’anode IA n’atteigne le courant d’accrochage IL, il est par-
sirable provoquée par d’éventuelles surtensions directes
tiellement contrôlé par le courant de gâchette IG, ensuite, lorsque
(dépassement de la tension VFRM). Plus la température est éle-
la tension VAK s’est effondrée, c’est le circuit extérieur qui dicte
vée, plus le risque est important. Ainsi, la tension maximale
complètement son évolution (à la chute de tension du thyristor, à
répétitive directe VFRM que peut supporter un thyristor est
l’état passant, près).
spécifiée à la température maximale (125 °C souvent, voire
110 °C dans l’exemple retenu), valeur relativement basse par Les conditions d’un amorçage réussi sont représentées sur la
rapport aux autres CSCP à cause de ce problème. figure 4a.
La plupart du temps, des circuits « snubber » RC série En cas de dIA/dt supérieur à la valeur critique spécifiée par le
doivent être placés aux bornes des thyristors ou des triacs, fabricant (figure 4b), la puissance dissipée, très localement, est
d’une part, pour limiter les dV/dt (ils agissent alors avec les anormalement élevée car l’amorçage est localisé aux contours de
inductances de commutation) et, d’autre part, pour réduire les la jonction gâchette-cathode et l’expansion du plasma s’effectue à
surtensions de blocage dues au recouvrement inverse. une vitesse limitée à environ 0,1 mm/μs. Il en résulte des points
chauds et un endommagement irréversible voire une destruction
immédiate. Notons que la valeur critique du dIA/dt dépend des
1.1.2 Interprétation et exploitation caractéristiques d’amorçage, notamment du temps de montée de
de la caractéristique VG(IG) l’impulsion et de sa valeur crête IGM. Si les constructeurs préco-
nisent un temps de montée inférieur à 1 μs et une amplitude
Théoriquement, la caractéristique courant-tension de gâchette d’impulsion supérieure à 3 IGT, c’est pour que le thyristor sup-
(vers la cathode) devrait être celle d’une jonction PN. Pratique- porte sans risque le [dIA/dt]crit spécifié. Cette dernière valeur
ment, le procédé technologique de désensibilisation du thyristor dépend également de la technologie du thyristor et peut être amé-
contre les risques d’amorçage par dV/dt conduit à une dégrada- liorée (par le fabricant) grâce à une interdigitation plus poussée de
tion considérable de cette caractéristique. Le schéma équivalent la jonction gâchette-cathode, telle que l’on peut l’observer sur la
résultant est alors plutôt celui d’une faible résistance en parallèle photographie de la « puce » de 6 pouces de la figure 1.
sur une jonction. La technologie de fabrication (réalisation de Enfin, la figure 4c montre une situation d’amorçage manqué car
« courts-circuits de cathode ») conduit, en outre, à une importante le courant d’accrochage n’a pas été atteint à la fin de l’impulsion
dispersion des caractéristiques de gâchette, ce qui explique les de gâchette faute d’une impulsion suffisamment longue eu égard
deux courbes limites (haute et basse) du graphique de la figure 2. à la faible vitesse de montée du courant d’anode (circuit inductif).
Sur la caractéristique de gâchette (figure 2a), on remarque des Dans ce cas, le thyristor retourne à l’état bloqué.
hyperboles de puissance maximale dissipable dans la jonction Pratiquement, le courant de déclenchement IGT des gros thyris-
gâchette-cathode. Comme il s’agit de régime impulsionnel, tors (au-delà de 100 A) est spécifié pour une durée d’impulsion de
notamment du point de vue thermique, ces valeurs de puissance gâchette donnée tG sans que tGT ne soit spécifié en tant que tel.
dépendent de la durée des impulsions. Dans le cas des « petits » thyristors, la situation est sensiblement
Ici (figure 2b), le constructeur préconise (à 25 °C) des impul- différente car leur amorçage peut être relativement rapide (l’envi-
sions avec un pic initial d’environ 5 A à montée rapide (moins ronnement de puissance est souvent tel qu’il n’y a pas besoin de
d’une microseconde) et d’une durée de 10 à 20 μs, puis l’impul- limiter le dI/dt) et le comportement est plus dynamique. Autre-
sion d’amorçage proprement dite (amplitude 1,5 × IGT soit environ ment dit, le raisonnement sur le modèle à deux transistors est
600 mA à 25 °C) dont la durée est liée au temps requis pour que le insuffisant pour décrire un amorçage rapide, l’impulsion de
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Référence Internet
D3231
IG [t] IGM ≈ 5A
VFG [V]
8 IGon ≥ 1.5 IGT
Taux de répétition f = 60 Hz 100 % IGM tr ≤ 1 μs
7 PG(RMS) = 3 W; tp > 10 ms 90 % tp(IGM) ≈ 10...20 μs
PG(RMS) = 7 W; 10 ms > tp > 1 ms
6 PG(RMS) = 20 W; tp < 1 ms
5
P
G(
IFGM
4 RM
S ) =2
PG
0W dIG/dt
2
P G(R
IGon
(R
3 S)
M
=7
M
2 = W
S)
3W 10 %
1
tr t
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 tp(IGM) tp(IGon)
IFG [A]
a caractéristiques d’amorçages b préconisation d’impulsion d’amorçage
Figure 2 – Exemple de caractéristiques d’amorçage d’un thyristor 8 500 V – 3 660 A (ABB 5SYA1074-01) et de préconisation d’impulsion
d’amorçage (d’après [11])
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Référence Internet
D3231
2
amorçage réussi :
Figure 4 – Formes d’onde idéalisées pour mettre en évidence les conditions de bon amorçage d’un thyristor
C
r=0 R n+
p– p
n–
a photographie montrant le boîtier press-pack et la fibre optique de commande b structure interne du composant
En contrepartie, la commande optique directe empêche tout diode BOD (Break Over Diode), intégrée au centre du thyristor
contrôle actif par le circuit de commande, notamment contre les comme cela est indiqué à la figure 6b et qui se charge de
surtensions apparaissant lors des mises en conduction non remettre en conduction le thyristor en cas de surtension. La ten-
simultanées des différents LTT connectés en série. Pour cette sion de claquage de la diode BOD intégrée doit être inférieure à
raison, les LTT peuvent intégrer une protection interne contre celle « théorique » du thyristor. Par exemple, un LTT spécifié
les surtensions qui se charge de mettre en conduction le thyris- pour tenir 7,5 kV intègre une diode BOD de 7,5 kV alors que la
tor lorsque la tension qu’il supporte dépasse une certaine fonction thyristor est dimensionnée pour supporter au moins
valeur. La protection contre les surtensions est réalisée par une 8 kV.
114
Référence Internet
D3231
Exemple
Une comparaison de spécifications de quelques triacs STMicroelec-
tronics, de mêmes calibres 4 A, montre les différents compromis de
conception dans le tableau 2.
La figure 9 montre un exemple de l’influence de la température sur
Figure 7 – Principe de la structure du triac, schéma fonctionnel les caractéristiques d’amorçage d’un triac T435 (snubberless) pour
équivalent et symbole les trois quadrants possibles.
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Référence Internet
D3231
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T435 « snubberless » 35 35 35 – 400 2,5 sans snubber
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Référence Internet
D3232
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Professeur
SATIE, Conservatoire national des arts et métiers, Paris, France
Bernard MULTON
Professeur
SATIE, École Normale Supérieure de Rennes, Rennes, France
et Nicolas ROUGER
Chargé de recherche
Laplace, CNRS, Toulouse, France
Note de l’éditeur
Cet article est la réédition actualisée de l’article D3232 intitulé « Commande des semi-
conducteurs de puissance : Thyristors GTO et GCT » paru en 2003, rédigé par Stéphane
Lefebvre et Bernard Multon.
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Référence Internet
D3232
COMPOSANTS BIPOLAIRES (THYRISTORS, TRIACS, GTO, GCT ET BJT) : CIRCUITS DE COMMANDE __________________________________________________
2 1. Circuits de commande
pour thyristors
Pour les notations, le lecteur se reportera à la section 1 de
l’article [D3231].
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Référence Internet
D3232
___________________________________________________ COMPOSANTS BIPOLAIRES (THYRISTORS, TRIACS, GTO, GCT ET BJT) : CIRCUITS DE COMMANDE
[D3231]. Une diode BOD [1] se comporte comme un thyristor sans meilleure tenue en di/dt possible. Généralement, une amplitude
gâchette dont l’amorçage s’effectue par dépassement de la ten- égale à 3.IGT (IGT étant le courant minimum d’amorçage spécifié
sion d’avalanche directe. dans les documentations constructeur) est recommandée en
n’oubliant pas que ce sont les basses températures qui sont les
Les dispositifs d’auto-alimentation comprennent généralement
plus contraignantes (valeur de IGT plus élevée).
un condensateur de stockage d’énergie qui se charge pendant
l’état bloqué du thyristor, la régulation de tension pouvant être La figure 4 montre le schéma de principe d’un circuit de com-
effectuée par un dispositif à diodes Zener [2]. mande, avec isolation galvanique par transformateur d’impulsion,
permettant de générer un courant de commande voisin de la
Avec une telle architecture, la transmission de l’information forme typique précédente. À la mise en conduction du transistor
peut être indifféremment magnétique ou optique. On utilise alors MOSFET de commande, la tension VCC est appliquée au primaire
souvent des opto-coupleurs avec une entrée par fibre optique. De du transformateur par l’intermédiaire de la capacité C1. Cette ten-
nombreuses architectures sont possibles, chacune d’elles présen- sion se retrouve (au rapport de transformation près) au secon-
tant des avantages et des inconvénients, ainsi que décrit dans [1].
2
daire, la résistance R2 limitant le courant dans la gâchette à la
valeur IGM. La décharge du condensateur entraîne une diminution
du courant de gâchette jusqu’à la valeur IG1 contrôlée par R1 et R2.
1.2 Principes de commande Un fusible F1 peut également être placé en série pour protéger le
circuit secondaire en cas de défaillance du thyristor. La résistance
R3 est utilisée pour améliorer la désensibilisation du thyristor aux
1.2.1 Mise en forme de l’impulsion de commande dVAK/dt ou pour maintenir le circuit de gâchette fermé en cas de
fusion du fusible. Sa valeur ne doit cependant pas être trop faible
De façon générale, l’allure typique d’une impulsion de com-
pour ne pas accroître la consommation du circuit de commande.
mande de thyristor est présentée sur la figure 3. Une montée
La diode Zener DZ assure la démagnétisation du transformateur
rapide de l’impulsion du courant de gâchette est requise ainsi
d’impulsion. On peut remarquer que la résistance R2 pourrait tout
qu’une injection de charge significative afin d’offrir au thyristor la autant se trouver au primaire du transformateur d’impulsion.
Les transformateurs d’isolement pour les commandes dédiées
aux applications « haute tension » sont équipés d’écrans électros-
tatiques au primaire et au secondaire qui permettent de maîtriser
le chemin emprunté par les courants capacitifs de mode commun
qui prennent naissance lors des dV/dt imposés par les commuta-
tions. Les écrans évitent que ces courants ne perturbent les cir-
cuits logiques de commande, ils augmentent ainsi leur immunité
aux perturbations générées par les commutations.
Le temps de montée de l’impulsion de courant est limité par
l’inductance de fuites du transformateur et, éventuellement, par
l’inductance de câblage du circuit de commande. Il est donc
important d’avoir un bon couplage magnétique primaire-secon-
daire. Cependant, les contraintes d’isolement galvanique en haute
tension conduisent à éloigner primaire et secondaire, ce qui
accroît les fuites magnétiques. C’est un des problèmes posés par
ce type de commande dans les applications de très haute tension
et qui conduit au choix des amorçages optiques.
IA
D2 F1
119
Référence Internet
D3232
COMPOSANTS BIPOLAIRES (THYRISTORS, TRIACS, GTO, GCT ET BJT) : CIRCUITS DE COMMANDE __________________________________________________
D2 F1
R3
120
Référence Internet
D3233
MOSFET et IGBT :
circuits de commande
1. Dimensionnement.................................................................................... D 3 233 - 2
2. Protection contre les courts-circuits ................................................. — 3
2.1 Détection par mesure de la désaturation .................................................. — 4
2.2 Détection par mesure du courant............................................................... — 4
2.3 Mise en œuvre d’une protection ................................................................ — 4
3. Transistors low side ................................................................................ — 5
3.1 Principe......................................................................................................... — 5
3.2 Circuits intégrés de commande.................................................................. — 6
4. Transistors high side ............................................................................... — 7
4.1 Problématique.............................................................................................. — 7
4.2 Transmission des impulsions de commande............................................ — 7
4.3 Alimentations............................................................................................... — 10
4.4 Isolation simultanée de la commande et des alimentations
par transformateur d’impulsion ................................................................. — 13
5. IGBT de forte puissance......................................................................... — 14
5.1 Principes de commande.............................................................................. — 14
5.2 Circuits hybrides de commande................................................................. — 15
Références bibliographiques ......................................................................... — 16
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D3233
plusieurs ampères) et de très courtes durées (quelques 10 ns) lors temps de commutation sont inversement proportionnels à IGM. La
des phases de commutation pour assurer la charge et la décharge valeur de courant commuté I0 influe assez peu car le temps de pas-
2
de sa capacité d’entrée. Ainsi, le dimensionnement et le câblage du sage de VT (tension de seuil de commande) à V0 (proche de la ten-
circuit de commande doivent être étudiés et réalisés avec soin. sion de plateau de commande) est généralement très faible (cf.
Exemple : les relevés expérimentaux de la figure 1 sur un transis- [D 3 231, figure 37]. En revanche, la tension commutée joue un rôle
tor MOSFET 600 V, 21 A inséré dans un hacheur série (I0 = 8 A, un peu plus important. Évidemment, la tension maximale de com-
UDC = 400 V) montrent les grandeurs de commande (VGS et IG) et les mande VGS joue un rôle majeur (figure 3).
grandeurs commutées (VDS, ID) lors des phases de mise en conduction
et de blocage. L’énergie WG fournie par le circuit de commande pour assurer la
commutation de mise en conduction s’écrit :
La figure 2 montre un circuit de commande unipolaire élémen-
taire, constitué essentiellement d’un push-pull à deux transistors
∫u i
bipolaires complémentaires, et d’une résistance RG de limitation du WG = d t = V CC Q G
courant maximal de grille. Les formes d’ondes simplifiées sont tra- S G
cées en négligeant l’effet de l’inductance totale de grille. T
1 15 1 20
Courant (A)
Tension (V)
Courant (A)
Tension (V)
0,75 VGS VGS 15
10
IG
0,5 0,5 10
5
0,25 5
0 0 0 0
– 0,25 –5
–5
IG
– 0,5 – 0,5 – 10
– 10
– 0,75 – 15
–1 – 15 –1 – 20
0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2
Temps (µs) Temps (µs)
500 50 10 500
Courant (A)
Tension (V)
Courant (A)
Tension (V)
400 40 8 400
VDS VDS
ID
300 30 6 300
200 20 4 200
100 ID 10 2 100
0 0 0 0
– 100 – 10 –2 – 100
0 0,5 1 1,5 2 0 0,5 1 1,5 2
Temps (µs) Temps (µs)
Figure 1 – Relevés expérimentaux, mise en conduction et blocage d’un transistor MOSFET (APT6030BVR, 600 V, 21 A) avec une tension de grille
bipolaire
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D3233
2
un IGBT de très forte puissance, on peut relever les valeurs suivantes
VGS
dans la notice constructeur de l’IGBT FZ1200R33KF2 (Eupec), 3 300 V,
US 1 200 A :
VCC
CISS = 150 nF (VCE = 25 V, VGE = 0 V)
CRSS = 8 nF (VCE = 25 V, VGE = 0 V)
IG t QG = 22 µC (VGE = − 15 V à 15 V)
6
2. Protection
contre les courts-circuits
4
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Défaut de VCC
court-circuit
T1 T2 T3
D
+
UDC M Tinhibition
–
Vref
T4 T5 T6
&
Inhibition C
G
Entrée
2 IC
ICC
Régime de
court-circuit
VGE = 15 V
Commande
grille
E
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D3234
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D3234
2 sur la mise en œuvre des mécanismes de protection internes aux drivers. Deux
structures électroniques assurant la détection du court-circuit franc dans une
cellule de commutation sont présentées. Cette surveillance de la croissance
rapide et anormale du courant s’appuie sur la mesure de la tension aux bornes
du composant de puissance. La détection d’un état de conduction ou d’une
commutation anormale déclenche différents mécanismes de protection. La
fonction de blocage en douceur du composant de puissance, appelée soft shut
down, est analysée pour les deux structures d’étage de pilotage de la grille
évoquées précédemment. L’implémentation de la variation de la résistance de
grille ou le contrôle de la durée du plateau de Miller par courant constant est
étudié. Enfin, en dernière partie, la protection du composant de puissance par
sa remise en conduction est abordée. L’implémentation de cette fonction,
appelée active clamping, est discutée pour l’étage de pilotage de la grille à
transistors bipolaires seulement.
1. Du driver élémentaire
au driver évolué Collecteur (C)
Drain (D)
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D3234
2
Buffer
pilotage du composant dit « high side » est plus délicat. Des cir-
cuits intégrés dédiés assurent le décalage de niveau ainsi que l’ali-
mentation du secondaire du driver à l’aide d’une structure à
pompe de charge (figure 2b).
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D3234
Isolation
2
galvanique
Primaire Secondaire VP
Q
Vcc
Osc. GND
COM
ref.
Q\
GND
VN
Isolation
galvanique
Figure 3 – Exemples de structures isolées concernant la commande de composants de puissance et son alimentation en énergie
– le troisième bloc, appelé « étage primaire », effectue le lien des composants de puissance mais également l’énergie néces-
entre l’unité de gestion centrale et la commande rapprochée des saire à la commande des grilles.
composants de puissance.
L’isolation galvanique des signaux de commande peut être réa-
lisée par trois technologies distinctes : optocoupleur, transforma-
1.2.2.1 Isolation galvanique
teur d’impulsions ou fibre optique. Les principaux critères de
L’isolation galvanique entre les différents étages doit respecter choix sont la capacité de tenir la tension statique d’isolement, la
les normes relatives à l’application visée. On peut citer, par robustesse aux dv/dt et le coût. Dans la suite de cet article, seule
exemple, les normes EN 50178 et CEI 61800. Pour synthétiser, la solution à base de transformateur d’impulsions est développée.
l’isolation entre les étages primaires et les secondaires concerne Avec cette technologie, la transmission des ordres d’amorçage et
la sécurité des personnes et nécessite une protection dite double de blocage s’effectue classiquement par des impulsions positives
ou renforcée. Cela se traduit par une distance d’isolement solide ou négatives de quelques centaines de nanosecondes (100 à
minimale à respecter entre les étages primaire et secondaires. 500 ns) alors que la transmission d’une erreur driver est réalisée
L’isolation entre les deux étages secondaires est qualifiée d’isola- par une impulsion positive d’une durée plus longue (1 à 2 μs). Cet
tion fonctionnelle. Pour respecter le critère relatif aux lignes de aspect sera traité aux paragraphes 2.1 et 4.1.
fuite, un usinage entre les deux étages secondaires est générale-
ment réalisée dans le circuit imprimé. Cela se traduit par des L’alimentation en énergie permettant de commander le compo-
contraintes fortes de routage et de placement des composants sant de puissance est toujours réalisée à base de transformateurs.
constituant le driver. Côté primaire, un oscillateur fournit une tension alternative de
À titre d’exemple et pour un driver fonctionnant avec une cel- plusieurs centaines de kilohertz au transformateur. Côté secon-
lule de commutation alimentée en 1500V, la norme EN 50178 daire, on retrouve un pont redresseur suivi d’un étage de filtrage
impose : de la tension, avec parfois la mise en œuvre d’un régulateur. Cet
– un isolement solide double d’environ 250 μm de PCB en FR4 ; article ne s’intéresse pas à l’étude des structures d’alimentation.
– une distance d’isolement de 17 mm ;
– une ligne de fuite de 13 mm. 1.2.2.2 Étage primaire
L’isolation galvanique entre les étages primaire et secondaires Outre l’oscillateur intégré au(x) primaire(s) des transformateurs
concerne la transmission des signaux d’amorçage et de blocage permettant de transférer l’énergie nécessaire à l’électronique des
128
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D3234
2
(Single/HB) Alimentation
Pulse COMh Alimentation
voie haute Mesures
Erreur VNh
INb Dead time T
Pulses RAZ
Mode courtes
VPb VDS_b
Gestion
Détection Alimentation Mesures
Erreur des erreurs COMb Alimentation
+ mémo voie basse
VNb T
… Pulse Détection
Erreur Grille
d’erreur
Génération Amplificateur QPb
Pulse Erreur de puissance
Étage
Génération de l’impulsion de
Blocage en
de commande de Tb Mise en forme de l’impulsion logique
Douceur
(écrêtage et mémorisation) (SSD)
Vcc
Isolation
Alim. Oscillateur Étage secondaire bas : commande rapprochée du transistor bas (QPb)
GND galvanique
Étage primaire
a synoptique d’un driver évolué
Drain QPh
INh
Erreur
Grille QPb
Source QPb
Drain QPb
Isolation
Étage primaire Étage secondaire bas
galvanique
b exemple de réalisation
commandes rapprochées, l’étage primaire est constitué de plu- – les temps morts. Pour éviter les courts-circuits dans une cellule
sieurs blocs. Le bloc logique gère plusieurs fonctionnalités : de commutation de type de bras d’onduleur, la commande à
– la sécurité de la logique de commande. L’unité de gestion cen- l’amorçage du composant de puissance est retardée d’une durée
trale fournit les signaux INh et INb correspondant aux ordres appelée « temps mort » par rapport à la commande au blocage de
d’amorçage et de blocage des transistors haut et bas. Dans la l’autre composant de puissance. Selon le type de composant à
configuration indésirable (mais non improbable) où INb = INh = 1, semi-conducteur et l’application visée, le temps mort peut varier
ces deux ordres simultanés d’amorçage sont alors transformés en de quelques centaines de nanosecondes à quelques micro-
deux ordres de blocage afin d’éviter le court-circuit de bras ; secondes. Lorsqu’un seul composant de puissance est commandé
129
Référence Internet
D3234
(exemple de la cellule de commutation type hacheur), cette fonc- puissance est appelé Soft Shut Down (SSD) et sera étudié au para-
tion est inhibée. À titre d’exemple, la note d’application d’Infineon graphe 4.2. Le bloc « Étage de logique » permet, en cas d’erreur,
(AN2007-04) donne l’équation : d’inhiber le signal de commande à l’amorçage du composant de
puissance et d’activer le SSD ;
(1) – la seconde action est l’envoi d’une information d’erreur au pri-
maire du driver. La gestion de ce signal d’erreur sera étudiée au
où Td_off_max est le maximal turn off delay time, Td_on_min est le paragraphe 4.1.
minimal turn off delay time, Tpdd_max est le maximal propagation
delay time of driver et Tpdd_min est le minimal propagation delay
time of driver ; 1.3 Produits industriels
– la suppression des impulsions courtes. Afin d’éviter l’interpré-
tation d’une impulsion parasite comme étant un ordre d’amorçage De nombreux produits industriels intègrent les fonctions évo-
ou de blocage ou pour empêcher de véhiculer des signaux de
2
luées présentées précédemment. Les tableaux 1, 2 et 3 indiquent
commande trop courts susceptibles de ne pas être interprétés par quelques marques répandues dans le domaine des drivers ainsi
l’électronique, un étage de conditionnement filtre les pulses indési- que leurs principales caractéristiques en termes de structure.
rables (cet étage est souvent nommé SPS pour Short Pulse Sup-
pression). Les différentes solutions technologiques de SPS ne
seront pas présentées dans cet article, cette fonction n’étant pas
toujours implémentée selon les fabricants et les modèles ;
– la gestion des impulsions d’erreur : si un problème est détecté
2. Transmission des ordres
par une des deux commandes rapprochées, une impulsion
d’erreur est envoyée d’un étage secondaire vers l’étage primaire.
de commande
Lorsqu’un message d’erreur a été identifié, le bloc « Logique »
envoie un ordre de blocage aux deux transistors haut et bas (mise Comme indiqué précédemment, seule l’isolation galvanique des
en sécurité de la cellule de commutation) ainsi qu’une information signaux de commande des composants à semi-conducteurs par
à l’unité centrale. Il est à noter qu’aucun driver massivement com- transformateurs sera considérée. Cela implique que les signaux
mercialisé ne permet d’indiquer le type d’erreur rencontré (sous- de commande sont à valeur moyenne nulle et que la forme
alimentation, court-circuit de bras…). Lorsque l’origine du pro-
blème a été traitée, un signal remise à zéro (RAZ) émis par le bloc
« Logique » désinhibe la mémorisation de l’erreur. Selon les dri-
vers utilisés la RAZ est soit effectuée par un signal extérieur, soit Tableau 1 – Types de composants pilotés
par un passage par zéro des pulses de commande pendant un et références de drivers
temps donné.
Comme indiqué précédemment, la transmission des ordres Types de composants
Marques Référence
d’amorçage et de blocage du primaire vers les secondaires pilotés
s’effectue à l’aide de pulses de quelques centaines de nanose-
condes. Cette fonction est assurée au primaire par le bloc intitulé SEMIKRON SKHI22 IGBT / MOSFET
« Génération de l’impulsion de commande ». La transmission des
ordres est abordée au paragraphe 2.1. INFINEON 2ED020I12 IGBT / MOSFET
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