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Infrastructure ferroviaire,
exploitation et sécurité
III
Cet ouvrage fait par tie de
Systèmes ferroviaires
(Réf. Internet ti602)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Systèmes ferroviaires
(Réf. Internet ti602)
François LACÔTE
Directeur honoraire à SNCF (Matériel et Recherche et Innovation), ancien
Directeur technique (CTO) d'Alstom Transport
Pierre CHAPAS
Ingénieur DPE, Senior Expert (honoraire), ALSTOM Transport
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
Jean-Louis BOULANGER
Pour les articles : D5560 – TRP3306
Pierre CHAPAS
Pour les articles : D5540 – TRP3000 – TRP3050
Patrick CHARPENTIER
Pour l’article : AG8110
Raymond DEROCHE
Pour l’article : M3070
Chadi EL BOUSTANI
Pour l’article : TRP3064
Anna GIGANTINO
Pour l’article : TRP3314
Alain SAUVANT
Pour l’article : TRP3072
Etienne TRICAUD
Pour l’article : TRP3074
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VI
Infrastructure ferroviaire, exploitation et sécurité
(Réf. Internet 42576)
SOMMAIRE
Paramétrage des logiciels ferroviaires selon la norme CENELEC en 50128 : 2011 TRP3306 21
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VII
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Infrastructure ferroviaire, exploitation et sécurité
(Réf. Internet 42576)
1
1– Exploitation, gestion opérationnelle et sécurité Réf. Internet page
Paramétrage des logiciels ferroviaires selon la norme CENELEC en 50128 : 2011 TRP3306 21
4– Voie
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1
10
Référence Internet
D5540
Traction ferroviaire
Équipements d’exploitation et de sécurité
par Pierre CHAPAS
1
Ingénieur DPE 1977 – EUR ING
Senior Expert ferroviaire
11
Référence Internet
D5540
L’acteur central de la circulation des trains est l’homme, qu’il soit au sol ou aux
commandes du train. Au cœur de l’exploitation réside ce dialogue permanent
entre le « mobile » et le « sol ». Pour permettre ce dialogue, un langage visuel
« codé » a été mis en place sous forme de « signaux » balisant la ligne de chemin
de fer. L’esprit de ce dialogue repose sur une obéissance « passive » et
« absolue », éliminant toute improvisation. Mais l’homme a ses limites, physio-
logiques notamment, de sorte qu’une défaillance est toujours possible. À ce
1 stade, l’automatisme entre en jeu pour aider, contrôler, voire surveiller l’activité
humaine. C’est le formidable développement des systèmes de sécurité qui ont
investi toutes les fonctions liées à la circulation des trains, allant jusqu’au
« pilotage automatique » largement pratiqué en transport urbain du type métro.
Les technologies de la mécanique puis celles de l’électromécanique et de
l’électronique et de nos jours, l’informatique, sont à la base de l’ensemble des
fonctions de sécurité de l’exploitation.
L’objectif du présent dossier est de décrire l’architecture des principaux systè-
mes de sécurité ferroviaire, leurs composantes et leurs applications actuelles.
Bien entendu, il ne peut être question de décrire tous les systèmes en service ;
une encyclopédie n’y suffirait pas. Nous dégageons les caractères essentiels en
décrivant leurs évolutions.
Nous traitons l’aspect particulier de l’exploitation des lignes électrifiées en ter-
mes de régulation de l’alimentation en énergie, aussi vitale que l’exploitation
des lignes classiques.
Le passager d’un train ou d’un métro ne peut réaliser la complexité de la « toile
sécuritaire » qui, en permanence, autorise le bon déroulement de son voyage ou
de son déplacement quotidien. Cette « toile » ne cesse d’évoluer en bénéficiant
des développements du génie électrique ; elle contribue largement à la satisfac-
tion des clients du transport ferroviaire et à sa rentabilité.
L’un des développements majeurs de l’époque actuelle concerne les réseaux
européens. Ils doivent en effet relever le défi de « l’interopérabilité » apte à assu-
rer la continuité des circulations à travers deux ou plusieurs pays. C’est pourquoi
le présent dossier est complété par l’étude spécifique de l’« ERTMS » – European
Railway Trafic Management System – (voir [D 5 545]).
12
Référence Internet
D5540
H
2a 2b 2c
A B 1 C D E F
2d 2e
1
G J
2
2f 2g
Itinéraire 1 : A – B - C – G – J
Itinéraire 2 : J – H – G - A
Chaque liaison est réalisée par un ou plusieurs « itinéraires » 1.2.1.3 Systèmes de sécurité associés
(figure 1). Ceux-ci indiquent donc un chemin parcouru et un sens de
parcours.
Ils comprennent : la signalisation – étudiée (§ 3) – et la
L’architecture du réseau est basée sur différentes configurations : réglementation.
— la voie unique parcourue dans les deux sens de circulation
(figure 2 a) ; Cette dernière explicite les dispositions prises par chacun des
— la double voie ; chaque voie est dédiée à un seul sens acteurs : aiguilleurs, agents de sécurité des terminaux et gares,
(figure 2 b) ; régulateurs, agents de conduite, etc.
— la double voie « banalisée » ; chaque voie est parcourue dans
les deux sens de circulation (figure 2 c) ; 1.2.1.4 Entités de régulation
— la communication permet la liaison entre deux voies
(figure 2 d) ; Les moyens au sol mis en œuvre pour assurer les fonctions de
l’exploitation sont organisés pour réaliser un programme de circula-
— la bifurcation permet la création d’un itinéraire (figure 2 e) ;
tion. À leur tête une instance de commandement – le PC – coor-
— l’évitement ; c’est un segment de double voie permettant le donne et dispose :
croisement de deux circulations (figure 2 f) ;
— des aiguilleurs chargés de l’établissement des itinéraires ;
— le tiroir constitue une voie d’évitement en cul de sac (garage)
— du régulateur « circulations » chargé de leur suivi en temps
(figure 2 g).
réel ;
— du régulateur « sous-station » – ou « énergie » – chargé de
1.2.1.2 Parc du matériel roulant l’alimentation en énergie pour les lignes électrifiées.
Ce poste de commandement est en liaison avec les établisse-
C’est l’ensemble des matériels – remorqués (voitures et ments gérant le matériel et le personnel.
wagons) et moteurs (locomotives, automotrices, rames) – aptes ■ Aiguilleurs : si au début du chemin de fer, chaque branchement –
à satisfaire la demande de transport. ou aiguillage – était manœuvré à « pied-d’œuvre » par un aiguilleur,
très tôt ils ont été groupés en « poste ». Les agents préposés
Ce parc est réparti en établissements (appelés autrefois commandent les itinéraires, c’est-à-dire plusieurs aiguillages asso-
« dépôts »), responsables de leur gestion et de leur maintenance. Il ciés à leur signalisation de protection.
est à disposition de l’exploitant. Un parc est dimensionné en fonc- ■ Régulateur : sa mission est de gérer une ligne, ou portion de
tion du trafic de pointe. ligne. Il dispose du graphique « espace – temps » théorique des cir-
Ces établissements gèrent également le personnel de conduite et culations et est informé en temps réel par les agents de sécurité des
le personnel commercial d’accompagnement. Un établissement a gares, ou par une détection automatique, du passage de chaque
en charge le programme d’emploi des matériels et personnels sous circulation (figure 4). Il trace le graphique réel à partir duquel il est
forme de « roulements » établi sur plusieurs jours. Un exemple de en mesure de résoudre les conflits et incidents, par des garages,
roulement de locomotives est donné en figure 3. doublement sur voie banalisée, etc.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24
Jour
1 Metz Modane
4321 56789
Dijon
Jour
2 Calais
56777 4342 Thionville
Une locomotive part de Dijon en tête du train 4321 pour Metz, arrivée 7h00 ; elle en repart à 8h30 pour remorquer le 56789,
arrivée à Modane à 17h00 ; départ à 21h01 avec le train 56777 pour Calais où elle arrive le jour 2 à 10h04. Elle en repart à 13h00
en tête du 4342. Et ainsi de suite, la journée1 étant assurée par une autre locomotive de l'établissement.
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1
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Référence Internet
D5560
Maîtrise du SIL
et gestion des certificats
Domaine ferroviaire 1
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Référence Internet
D5560
1 – le contexte normatif ;
– le processus d’allocation des niveaux de sécurité en allant de l’impact de
l’événement redouté sur le système aux éléments de plus bas niveaux que
sont le matériel et le logiciel ;
– les aspects évaluation et certification ;
– une présentation de l’utilisation des normes connexes qui sont les normes
CEI/IEC 61508 et la CEI/IEC 61511.
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Référence Internet
D5560
CEI/IEC 61508
Standard général
CEI/IEC 61511
Norme sectorielle
CEI/IEC 61513
Norme sectorielle
CEI/IEC 62061
Norme sectorielle
CENELEC EN 5012x
Ferroviaire
ISO 26262
Domaine
1
Processus industriel Nucléaire Machine automobile
part des secteurs industriels. La norme CEI/IEC 61508 présente une La norme sectorielle « Procédés continus » nommée
approche générique de toutes les activités liées au cycle de vie de CEI/IEC 61511 apporte des précisions en restreignant le champ ini-
sécurité de systèmes électriques/électroniques/électroniques pro- tial d’application de la norme CEI/IEC 61508 au contexte tradition-
grammables (E/E/PES) qui sont utilisés pour réaliser des fonctions nel des procédés continus.
de sécurité.
La norme CEI/IEC 61508 est constituée de sept parties : 1.1.2 Niveaux de sécurité
– CEI/IEC 61508-1. Exigences générales ;
– CEI/IEC 61508-2. Exigences pour les systèmes électriques/ La norme CEI/IEC 61508 définit la notion de SIL (Safety Integrity
électroniques/électroniques programmables concernés par la Level ). Le SIL permet de quantifier le niveau de sécurité d’un sys-
sécurité ; tème. Le niveau d’intégrité de sécurité 1 (SIL 1) est le plus bas
– CEI/IEC 61508-3. Exigences pour le logiciel ; niveau d’intégrité de la sécurité et le niveau d’intégrité de sécurité
– CEI/IEC 61508-4. Définitions et abréviations ; 4 (SIL 4) est le niveau d’intégrité de la sécurité le plus élevé.
– CEI/IEC 61508-5. Exemples de méthodes pour la détermination Les quatre niveaux de SIL pour une fonction de sécurité sont
des niveaux d’intégrité de la sécurité. caractérisés par l’impact des défaillances :
– CEI/IEC 61508-6. Directives pour l’application de la CEI/IEC – SIL 4 : impact catastrophique (niveau le plus haut) ;
61508-2 et de la CEI/IEC 61508-3 ; – SIL 3 : impact sur la communauté ;
– CEI/IEC 61508-7. Vue d’ensemble de mesures et de techniques. – SIL 2 : protection majeure de l’installation et de la production
La norme CEI/IEC 61508 propose une approche globalisée de la ou risque de blessures pour les employés ;
sécurité, au sens sécurité innocuité, que l’on pourrait comparer au – SIL 1 : protection mineure de l’installation et de la production
système ISO 9000 pour la qualité. (le plus bas).
La norme détaille les exigences nécessaires pour atteindre
La norme CEI/IEC 61508 ne couvre pas les aspects confiden- chaque niveau d’intégrité de la sécurité. Ces exigences sont plus
tialité et/ou intégrité qui sont liés à la mise en place de précau- sévères aux niveaux d’intégrité de la sécurité les plus élevés de
tion visant à empêcher des personnes non autorisées à manière à garantir une probabilité de défaillance dangereuse plus
endommager et/ou affecter la sécurité réalisée par le ou les faible.
systèmes E/E/PE concerné par la sécurité. On pense notam- Le SIL, niveau d’intégrité de sécurité (Safety Integrity Level ),
ment à gérer les aspects réseaux afin d’éviter les intrusions. permet de spécifier les prescriptions concernant l’intégrité des
fonctions de sécurité à allouer aux systèmes E/E/PE.
La norme CEI/IEC 61508 est en totale cohérence avec la
convergence que l’on a pu observer entre les différents secteurs
industriels (figure 1) : aéronautique, nucléaire, ferroviaire, automo- 1.2 Aspect ferroviaire
bile, manufacturier, etc.). Le contenu de la norme CEI/IEC 61508 est
tellement complexe, voire inhabituel qu’il est nécessaire d’être Un bilan de la situation concernant la mise en œuvre des nor-
guidé [21] [29]. La figure 1 fait apparaître un lien entre la norme mes ferroviaires a été dressé [10].
CEI/IEC 61508 et la norme CEI/IEC 61513, mais ce lien n’est pas cor- Les projets ferroviaires sont aujourd’hui régis par des textes
rect. En effet, les normes nucléaires existaient bien avant la norme (décrets, arrêtés...) et un référentiel normatif (CENELEC EN 50126,
CEI/IEC 61508 et le lien n’est qu’un lien de nommage. EN 50129 et EN 50128) visant à définir et à atteindre certains objec-
Dans la plupart des cas, la sécurité est obtenue par plusieurs tifs de FMDS (Fiabilité, Maintenabilité, Disponibilité et Sécurité).
systèmes de diverses technologies (mécanique, hydraulique, Les trois normes permettent de couvrir les aspects concernant la
pneumatique, électrique, électronique, électronique program- sécurité-innocuité (SAFETY) du système jusqu’aux éléments maté-
mable). La stratégie de sécurité doit prendre en compte tous les riel et/ou logiciel.
éléments contribuant à la sécurité. Ainsi, la norme CEI/IEC 61508
fournit un cadre d’analyse qui s’applique à des systèmes relatifs à 1.2.1 Présentation
la sécurité basée sur d’autres technologies, puis traite spécifi-
quement des systèmes à base d’électronique. Comme le montre la figure 1, le référentiel ferroviaire CENELEC
Du fait de la grande variété des applications électriques/électro- EN 5012x est une déclinaison de la norme générique CEI/IEC 61508
niques/électroniques programmables et des degrés de complexité qui tient compte des spécificités du domaine ferroviaire et des
très divers, la nature exacte des mesures de sécurité à mettre en expériences réussies (SACEM, TVM, SAET-METEOR, etc.).
œuvre dépend de facteurs propres à l’application ; c’est pourquoi, Le référentiel ferroviaire CENELEC EN 5012x est applicable aussi
dans la norme CEI/IEC 61508, il n’y a pas de règles générales mais bien aux applications ferroviaires de type « urbaines » (métro,
des préconisations concernant les méthodes d’analyse à mettre en RER, etc.) qu’aux applications ferroviaires classiques (ligne grande
œuvre. vitesse, train conventionnel, fret).
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Référence Internet
D5560
1 CENELEC
EN 50159-1 et -2
CENELEC CENELEC
EN 50128 EN 50129
La figure 4 reprend le cycle de vie de la sécurité dans le cadre du
domaine ferroviaire. Le cycle est décomposé en trois étapes :
– analyses préliminaires (étapes 1, 2 et 3) ;
– réalisation du système, sous-système et/ou équipements
Sous-système individuel
(étapes de 4 à 9) ;
– mise en service et utilisation du système (étapes de 10 à 14).
D’après la norme CENELEC EN 50129, les exigences sont sépa-
rées en exigences relatives à la sécurité d’un système et exigences
Partie individuelle non relatives à la sécurité.
de l’équipement
■ La norme CENELEC EN 50128 permet de manager la sécurité des
applications logicielles. Les techniques de mise en sécurité d’une
application logicielle sont présentées dans le dossier [BM 8 071].
Figure 2 – Normes applicables aux systèmes ferroviaires
■ La norme CENELEC EN 50126 propose les étapes suivantes
(nous ne considérons que les aspects réalisation) pour spécifier et
démontrer la sécurité d’un système :
EN 50126 – définition du système et conditions d’application : profil de
mission, description du système, stratégie d’exploitation et de
Système ferroviaire maintenance et identification des contraintes générées par l’exis-
complet tant (autre système ou autre ligne préalablement développés) ;
– analyse de risque ;
EN 50159-1
EN 50159-2 – exigences du système : analyser les exigences, spécifier le sys-
Système de tème et l’environnement, définir les critères de démonstration et
signalisation complet d’acceptation du système ;
Système de – allocation des exigences du système : spécifier les exigences
communication sous-systèmes, équipements et/ou composants et définir les
critères d’acceptation de ces éléments ;
Sous-système – conception et mise en œuvre : réaliser la conception, le déve-
loppement et procéder aux vérifications et aux validations.
EN 50129 EN 50128
1.2.2 Mise en œuvre
Hardware Logiciel
L’objet du référentiel CENELEC est de :
1. fournir un référentiel commun en Europe afin de favoriser
Figure 3 – Organisation des normes CENELEC applicables
l’élargissement des marchés des constituants du ferroviaire et
aux systèmes ferroviaires l’interopérabilité, l’interchangeabilité et la « cross-acceptance » des
constituants ferroviaires ;
2. répondre aux spécificités du domaine ferroviaire.
Une des restrictions sur ce référentiel ferroviaire CENELEC La sécurité, comme élément de la Sûreté de Fonctionnement, est
EN 5012x est liée au domaine d’application des normes CENELEC obtenue par la mise en place de concepts, méthodes, outils, tout
EN 50128 et CENELEC EN 50129 qui sont normalement limitées au long du cycle de vie. Une étude de sécurité nécessite l’analyse
aux sous-systèmes de signalisation (figure 2). Pour les architec- des défaillances du système. Il faut s’attacher à identifier et quanti-
tures matérielles utilisées dans le cadre d’autres sous-systèmes, il fier la gravité des conséquences potentielles et, dans la mesure du
existe d’anciennes normes qui restent applicables (NF F 00-101, possible, la fréquence prévisible de ces défaillances.
etc.). Des travaux sont en cours au sein des groupes de certifi-
cation pour étendre et généraliser ces deux normes au système Parmi les actions de réduction de risque, permettant d’atteindre
ferroviaire dans son ensemble. un niveau de risque acceptable, la norme CENELEC EN 50129
décrit l’allocation d’objectifs de sécurité aux fonctions du système
Dans le domaine ferroviaire, le référentiel normatif CENELEC et de ses sous-systèmes. Le niveau d’intégrité de sécurité (SIL) est
(figure 3) est constitué de : défini comme un des niveaux discrets pour spécifier les exigences
– la norme EN 50126 décrit les méthodes à mettre en œuvre d’intégrité de sécurité des fonctions de sécurité allouées aux systè-
pour spécifier et démontrer la fiabilité, disponibilité, maintenabilité mes de sécurité.
et sécurité (FMDS) ; La norme CENELEC EN 50128 est plus particulièrement dédiée
– la norme EN 50128 décrit les actions à entreprendre pour aux aspects développement des logiciels pour le domaine ferro-
démontrer la sécurité des logiciels ; viaire. Concernant les logiciels, le SSIL (Software SIL ) permet de
– la norme EN 50129 décrit la structure du dossier de sécurité et définir différents niveaux de criticité de 0 (pas de danger) à 4 (criti-
les moyens à mettre en œuvre pour maîtriser la sécurité des que).
éléments matériels (Hardware).
Alors que les exigences de sécurité ont toujours été prises en
■ La norme CENELEC EN 50129 est donc plus orientée sur la maî- compte au sein des systèmes complexes (transport ferroviaire,
trise de la sécurité des architectures matérielles (Hardware ). Les transport aérien, central nucléaire...). Les obligations contractuelles
principes de sécurisation des architectures matérielles sont pré- sur les performances amènent aujourd’hui les industriels du
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Référence Internet
D5560
Conception et réalisation - 6
Installation - 8
(nécessité de reprendre le cycle)
Fabrication - 7
19
Référence Internet
D5560
Logiciels Logiciels
Procédure/instruction d’utilisation
Capteurs
Logiciels
……
Actuateurs
Matériels
Système
Informatique/automatique Contexte
Équipement 3
20
Référence Internet
TRP3306
Paramétrage de logiciels
ferroviaires selon la norme
CENELEC EN 50128:2011
1
par Jean-Louis BOULANGER
Évaluateur-certificateur
Certifer (Anzin, France)
21
Référence Internet
TRP3306
1. Norme SSIL
CENELEC EN 50128:2011
Le SSIL est un objectif d’intégrité de la sécurité qu’il faut
atteindre. Cet objectif n’est pas mesurable, c’est pourquoi la
Les projets ferroviaires sont aujourd’hui régis par des textes norme CENELEC EN 50128 introduit la notion d’évaluation.
(décrets, arrêtés, etc.) et un référentiel normatif (CENELEC 50126, Une personne indépendante de l’équipe en charge de réaliser
50129 et 50128) visant à définir et à atteindre certains objectifs de le logiciel va évaluer l’atteinte de cet objectif. Il faut rappeler
1.1 Référentiel CENELEC Cette norme recommande la mise en place d’un cycle en « V »
qui va de la spécification du logiciel aux tests du logiciel. L’un des
Le référentiel ferroviaire CENELEC 5012x est une déclinaison de points particuliers de la norme CENELEC 50128 réside dans la
la norme générique CEI 61508 qui tient compte des spécificités du nécessité de démontrer la mise en œuvre de moyen. C’est
domaine ferroviaire et des expériences réussies (SACEM, TVM, pourquoi il est dit que c’est une norme de moyen au contraire des
SAET-METEOR, etc.). normes aéronautique qui sont des normes d’objectifs.
La norme CENELEC 50128 introduit explicitement la notion
Dans le domaine ferroviaire, le référentiel normatif est constitué d’évaluation. Comme nous l’avions montré, dans [2] [3] [6], pour
de : les applications logicielles, l’évaluation logicielle consiste à
– la norme CENELEC 50126 qui décrit le cycle de vie de la démontrer que l’application logicielle atteint les objectifs de
sécurité sur l’ensemble d’un projet et les méthodes à mettre en sécurité (au sens « safety ») qui lui ont été attribués. À noter que la
œuvre pour spécifier et démontrer la fiabilité, disponibilité, norme CENELEC EN 50128 ne traite pas les aspects
maintenabilité et sécurité (FMDS) ; sécurité-confidentialité (au sens « security »).
– la norme CENELEC 50128 qui décrit les actions à entreprendre
pour démontrer la sécurité des logiciels ;
– la norme CENELEC 50129 qui décrit la structure du dossier de
1.2 CENELEC EN 50128:2011
sécurité et les moyens à mettre en œuvre pour maitriser la sécurité La version 2011 de la norme CENELEC 50128 introduit la notion
des éléments matériels (hardware ). d’assurance logiciel qui vise à réaliser un logiciel avec un mini-
Le référentiel ferroviaire CENELEC 5012x est applicable aussi mum de défauts et qui se base sur la maîtrise de l’assurance
bien aux applications ferroviaires de type « urbaines » (métro, qualité, la maitrise des compétences, la vérification et la validation
RER, etc.) qu’aux applications ferroviaires classiques (ligne grande et l’évaluation indépendante. Elle introduit une séparation claire
vitesse, train conventionnel, fret). entre les données de l’application et le logiciel qui est alors noté
application générique.
Une des restrictions (voir figure 3 de [TRP 3 305]) sur ce référen-
Un des points importants de la nouvelle norme
tiel ferroviaire CENELEC 5012x est liée au domaine d’application
CENELEC 50128:2011 réside dans l’ajout de la clause 9 qui est
des normes CENELEC 50128 et CENELEC 50129 qui sont normale-
dédiée à la maîtrise de la maintenance et du déploiement du logi-
ment limitées aux sous-systèmes de signalisation. Pour les archi-
ciel. La figure 9 de [TRP 3 305] présente la structure de la version
tectures matérielles utilisées dans le cadre d’autres sous-systèmes,
2011 de la norme CENELEC 50128.
il existe d’anciennes normes qui restent applicables (NF F 00-101,
etc.). Des travaux sont en cours au sein des groupes de certifica- Comme cela a été indiqué, la norme CENELEC 50128:2011
tion pour étendre et généraliser ces deux normes au système fer- introduit une séparation claire entre la notion de logiciel générique
roviaire dans son ensemble. et les données de paramétrages. La section 7 est dédiée à la
réalisation du logiciel générique et la section 8 à la réalisation du
Parmi les actions de réduction de risque, permettant d’atteindre processus de production des données.
un niveau de risque acceptable, la norme CENELEC 50129 décrit
l’allocation d’objectifs de sécurité (voir la section 4) aux fonctions Dans la suite de cet article nous analysons la section 8 de la
du système et de ses sous-systèmes. Le niveau d’intégrité de norme CENELEC 50128:2011 et fournissons les éléments permettant
sécurité (SIL– Safety Integrity Level ) est défini comme un des de comprendre les objectifs et permettant de la mettre en œuvre.
niveaux discrets pour spécifier les exigences d’intégrité de sécurité
des fonctions de sécurité allouées aux systèmes de sécurité.
La norme CENELEC 50128 permet de manager la sécurité des
applications logicielles. Dans le cadre de [BM 8 071] nous avons pré-
2. Données de paramétrage
senté les techniques de mise en sécurité d’une application logicielle.
Cette norme est plus particulièrement dédiée aux aspects dévelop-
pement des applications logicielles pour le domaine ferroviaire. 2.1 Problématique
Concernant les logiciels, le SSIL (Software SIL), permet de définir dif-
férents niveaux de criticité, de 0 (pas de danger) à 4 (critique). Le GPS (Global Positioning System ) est un outil de la vie
courante et l’un des systèmes où les données sont omniprésentes.
La norme CENELEC 50128 s’applique pour des domaines liés à Pour le GPS, on n’imagine pas d’impacts directs sur la sécurité,
la sécurité ou non – c’est pourquoi la norme CENELEC 50128 même s’il peut exister des situations surprenantes (absence de
introduit le SSIL0 qui est lié aux applications logicielles sans route, itinéraire non optimale ou contraire à la signalisation, etc.)
besoin sécuritaire – et exclusivement aux logiciels et à l’interaction mais le conducteur restant le responsable des décisions, il n’est
de l’application logicielle avec le système dans son ensemble. qu’une aide à la conduite. De nouvelle utilisation du GPS, comme
22
Référence Internet
TRP3306
1
spatial sont des domaines où la maîtrise des données peut avoir
un impact sur la sécurité.
Logiciel
À titre d’exemple, dans le domaine du nucléaire la notion de
générique
donnée de paramétrage est essentielle. Ainsi les systèmes SPIN
(séparation et incinération en réacteur) et US (unité de
surveillance) des réacteurs du palier N4 gèrent un nombre
important de données (plus de 10 000). Certaines d’entre elles sont
mises à jour pendant le fonctionnement du réacteur, pour prendre
en compte notamment l’usure du combustible. Au moins deux
incidents en relation avec les données sont identifiés sur le site de
Plateforme :
l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Suite aux incidents du 14
hardware
février 2000 et du 4 avril 2000, l’analyse a montré que des erreurs
+ OS
de paramétrages ont conduit à une sous-estimation de la + firmware
puissance dégagée par le combustible dans une situation donnée, + middleware
ce qui a conduit à des arrêts automatiques du réacteur. À noter
qu’il s’agit des paramètres du SPIN et de l’US. Ces erreurs étaient
dues à une mauvaise qualité de la documentation utilisée pour la
programmation des systèmes.
Nota : le palier N4 correspond aux réacteurs à eau sous pression d’une puissance de
1 450 MWe en exploitation par EDF.
23
Référence Internet
TRP3306
24
Référence Internet
TRP3306
Nous ne décrirons pas plus avant la notion de ligne de produit, à réaliser dans la phase de réalisation du logiciel, mais en l’état, on
même si ça reste un défi pour maîtriser le coût de la réalisation risque de construire un système qui ne fonctionnera pas.
des applications logicielles. La norme CENELEC 50128:2011
n’identifie pas cette problématique. En effet, un système ferroviaire (figure 4) est constitué de
plusieurs équipements (PCC, PA-Ligne, PA-Section, PA-Embarqué
et tapis de transmission) qui peuvent disposer de plusieurs
2.5 Synthèse applications logicielles paramétrées ou non (figure 5).
1
Dans une telle approche, la principale difficulté concerne la
Cette section a permis de mettre en place un vocabulaire adapté
cohérence des données entre les équipements. Il faut que les
aux applications logicielles paramétrées. Dans le cadre du
données (liste non exhaustive, mais qui permet de donner une
domaine ferroviaire, les notions de produit générique,
idée de la problématique) :
d’application générique et d’application spécifique permettent la
réutilisation mais elles sont surtout essentielles pour partitionner – décrivent un même système : source commune en entrée de la
les études de sécurité. production des données, version identique des données,
La norme CENELEC 50126, qui décrit la maîtrise du processus de interprétation identique des caractéristiques des données, etc. ;
sécurité est applicable du système complet au produit générique et – soient cohérentes : précision compatible, même référentiel des
la norme CENELEC 50129, focalisée sur la formalisation de la unités (km, etc.), référentiel similaire pour le repérage (où est le
démonstration de sécurité, introduit la notion de dossier de point de référence ? etc.), compatibilité des référentiels (passage
sécurité, (safety case ) et la possibilité de réaliser des dossiers de d’un repérage en points kilométriques à un repérage sur des repè-
sécurité pour le produit générique, pour l’application générique res de voie, etc., voir la figure 6), bornes identiques (la vitesse
et/ou pour l’application spécifique. maximale du train doit être la même pour tous les équipements,
Au final, le domaine ferroviaire permet la réalisation de système etc.) ;
sur la base de produit générique, d’application générique et/ou – soient correctes : une activité de validation commune doit
d’application spécifique et n’utilise que des données de paramétra- montrer que les données sont correctes et que le fonctionnement
ges de type configuration. du système est conforme à ce qui est demandé pour toutes les
configurations ;
– etc.
3. Du système au logiciel
La figure 6 présente un exemple de topologie et montre qu’il est
possible d’avoir différents référentiels pour le repérage des objets.
3.1 Besoin Initialement le repérage des objets est réalisé au travers d’une
mesure par rapport à des points kilométrique (noté PK voir la
Les applications logicielles paramétrées nécessitent un travail figure 6a ), mais au niveau des équipements on a tendance à
spécifique pour identifier et élaborer les données qui sont manipu- travailler sur des référentiels locaux plus précis comme le segment
lées. Cette activité est pour l’instant identifiée comme une activité (figure6b ) ou le repère de voie.
PA–Ligne PCC
Message
Tapis de transmission
Message
PA–Embarqué
25
1
26
Référence Internet
TRP3314
Interopérabilité ferroviaire
dans l’Union européenne
1
par Anna GIGANTINO
Ingénieur en mécanique
Chef d’Unité
Agence de l’Union européenne pour les chemins de fer, Valenciennes, France
6. Glossaire ................................................................................................. – 24
7. Sigles, notations et symboles........................................................... – 24
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. TRP 3 314
27
Référence Internet
TRP3314
Gouvernance intégrée
juridique
28
Référence Internet
TRP3314
29
Référence Internet
TRP3314
1
Politique d’un espace ferroviaire européen unique.
– Le système ferroviaire de l’UE est caractérisé par un patrimoine ancien d’infrastructures et de véhicules nationaux,
dont l’adaptation ou le renouvellement impliquent des investissements lourds. Compte tenu aussi de la longue durée
des cycles de vie des véhicules et installations ferroviaires, une approche progressive est nécessaire pour réduire
graduellement la disparité des systèmes existants et de préserver la compétitivité du rail par rapport aux autres
modes de transport.
– Compte tenu des longues périodes de transition (approche progressive), il faut préciser les dispositions à
appliquer en cas de renouvellement ou de réaménagement de sous-systèmes existants, éventuellement
accompagnées de propositions de réalisation graduelle du système cible.
– Pour préserver la compétitivité du secteur ferroviaire et éviter les frais inutiles, l’entrée en vigueur de nouvelles
dispositions ne devrait pas entraîner d’adaptation immédiate des véhicules et de l’infrastructure aux nouvelles
spécifications (c’est-à-dire pas d’application rétroactive de la nouvelle législation, sauf exceptions dûment motivées,
par exemple par des raisons de sécurité).
– Toute innovation devrait aller dans le sens d’une amélioration des performances économiques.
Économique
– Les dispositions relatives à l’interopérabilité du système ferroviaire de l’Union ne doivent pas donner lieu à des
frais injustifiés.
– Afin de définir et mettre en œuvre les solutions les plus avantageuses, lors de l’élaboration de nouvelles
spécifications, les coûts et les avantages estimés pour toutes les solutions techniques envisagées doivent être pris en
compte, ainsi que leurs incidences probables sur tous les opérateurs et agents économiques concernés.
– L’harmonisation des spécifications techniques relatives aux systèmes et composants ferroviaires peut permettre
de réaliser des économies d’échelle non négligeables (ouverture à la concurrence, marchés plus importants, plus
grandes quantités produites, réduction des coûts).
– Un transport ferroviaire sûr, respectueux de l’environnement, efficace et accessible est un facteur fondamental
d’intégration sociale par la mobilité (il peut notamment faciliter l’accès au travail, aux études et aux soins).
– Sur la base de la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées, l’accessibilité des
personnes handicapées et des personnes à mobilité réduite constitue une exigence essentielle en ce qui concerne
l’interopérabilité du système ferroviaire de l’UE.
Sociale
– Les spécifications techniques d’interopérabilité ont une incidence directe ou potentielle sur les utilisateurs et le
personnel intervenant dans l’exploitation et l’entretien des sous-systèmes ; pour cette raison, les partenaires sociaux
doivent être consultés, le cas échéant, lors de l’élaboration de ces spécifications.
– L’avis des partenaires sociaux en ce qui concerne les qualifications professionnelles et les conditions de santé et
de sécurité au travail doit aussi être pris en compte.
– Il est nécessaire d’harmoniser les normes techniques pour favoriser l’interconnexion et l’interopérabilité des
réseaux ferroviaires nationaux ainsi que l’accès à ces réseaux.
– Il faut définir un niveau optimal d’harmonisation technique.
– Les dispositions relatives à l’interopérabilité du système ferroviaire de l’UE ne doivent pas nuire au maintien de
l’interopérabilité des réseaux ferroviaires existants.
Technologique
– L’élaboration et l’application des spécifications techniques d’interopérabilité au système ferroviaire de l’UE doivent
tenir compte de l’innovation technologique.
– Il faut tenir compte de la longueur et de la diversité des cycles de vie des différents éléments du système
ferroviaire, qui se situent typiquement autour de 100 ans pour l’infrastructure, jusqu’à 40 ans pour le matériel roulant
et autour de 10 ans pour les éléments de sécurité et gestion de l’exploitation.
– Le rail est considéré comme l’un des moyens de transport les plus respectueux de l’environnement, en particulier
en raison de la possibilité d’utiliser de l’énergie électrique provenant de sources renouvelables.
– Néanmoins, afin d’encourager les économies d’énergie électrique, il y a lieu de promouvoir l’interopérabilité visant
les échanges de données entre sol et bord concernant la consommation d’énergie électrique, et ceci non seulement
Écologique à des fins de facturation.
– Même si aujourd’hui l’interopérabilité ferroviaire aborde essentiellement l’élimination des barrières techniques
concernant l’exercice ferroviaire, dans le cadre du développement durable et de l’économie circulaire, ce concept
d’interopérabilité des produits des systèmes ferroviaires pourrait être étendu à tout le cycle de vie des systèmes et
composants ferroviaires, y compris leur réemploi, réparation et réutilisation des matières premières.
– Il y a un décalage entre la vitesse d’évolution des technologies et l’adaptation des systèmes législatifs pour tenir
compte des technologies émergentes.
Légale – La « Nouvelle Approche » a tenté de mitiger cette tension déjà dans les années 1980 (voir § 2.1.5), mais, aussi face
au défi de la mondialisation et de la compétition accrue qui en résulte, il y a lieu de repenser les modalités de
fonctionnement de l’architecture législative des normes européennes et des spécifications techniques.
30
Référence Internet
TRP3314
Pipelines 212
Rail 928
0 100 000 200 000 300 000 400 000 500 000 600 000
Chiffre d’affaires
Données UE28 -2015
Pipelines 18 032
Rail 74 113
0 100 000 200 000 300 000 400 000 500 000 600 000
31
Référence Internet
TRP3314
1 115
Passager chemin de fer
Passager bus/autocar
0,100
0,225
147
412 Passager transport maritime 0,48
Route Rail
Voies navigables intérieures Pipelines Occupant voiture 2,67
Transport maritime Transport aérien Utilisateur d’un deux-roues motorisé 37,8
Figure 6 – Répartition transport fret Sources : base de données Eurostat, CARE, rapports annuels ERA, EASA
et EMSA
5 508
Route
81,8
Route Rail Tram et métro
Transport aérien Transport maritime
Route Aviation (*) Voies d’eau internes
Figure 7 – Répartition transport voyageurs Rail Autre
(*) y compris le transport international
Quant aux volumes transportés, le transport ferroviaire se situe Figure 8 – Répartition en pourcentage des émissions de CO2 dans
en troisième position respectivement après la route et le transport l’Union européenne (UE-28, 2015) par mode de transport
maritime pour le fret et après la route et le transport aérien pour
les voyageurs, voir les figures 6 et 7 (données Eurostat 2016).
Cependant, l’utilisation des moyens de transport individuels
implique un risque beaucoup plus élevé : sur la base des données
1.3.2 Sécurité relatives à la même période, les occupants d’une voiture ont eu
une probabilité de décès environ 27 fois plus élevée par rapport
Le rapport 2018 de l’ERA sur la sécurité et l’interopérabilité ferro-
aux voyageurs parcourant la même distance en train. Quant aux
viaires dans l’UE (voir la rubrique Sites Internet du Pour en savoir
utilisateurs des deux-roues motorisés, le risque a été environ
plus) fournit des statistiques concernant le risque de décès dans
380 fois plus élevé de celui des voyageurs empruntant le train.
un accident pour un voyageur utilisant différent moyens de trans-
port (indicateur ROI 04). Ce risque est défini sur une moyenne de De plus, tenant compte aussi du temps passé par un voyageur
5 années. dans le moyen de transport emprunté (durée d’exposition au
Il faut aussi souligner que le risque de décès dans un accident risque), le risque de décès est très nettement en faveur du ferro-
aérien ou ferroviaire peut subir des variations très importantes viaire, tous modes confondus.
d’année en année car un seul accident peut provoquer des dizaines
de décès. Par exemple, un seul accident aérien très grave en 2015
a affecté lourdement les statistiques quinquennales. Pour cette rai- 1.3.3 Impact sur l’environnement
son, ces chiffres doivent être pris avec précaution.
La figure 8 détaille la répartition en pourcentage des émissions
Dans la période 2011-2015, le risque de décès dans un accident de CO2 dans l’Union Européenne (UE-28, 2015) par mode de
ferroviaire se situe aux alentours d’un décès par 10 milliards de transport. Le transport aérien inclut le trafic international, par
passagers-kilomètre, faisant du chemin de fer le moyen de trans- contre le transport maritime international n’est pas pris inclus (il
port terrestre le plus sûr pour les voyageurs. génère environ 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans
En fait, dans cette période, le risque de décès d’un voyageur l’UE). Les données statistiques sont basées sur les données de la
dans un accident ferroviaire a été un peu inférieur à la moitié de Commission Européenne (DG ENER, Energy datasheets mises à
celui d’une personne voyageant en autocar, mais presque le jour le 14 février 2018). Il faut toutefois mentionner qu’a priori ces
double de celui d’un voyageur empruntant un vol commercial données ne prennent pas en compte les émissions de CO2 géné-
(tableau 3). rées pour produire l’électricité destinée à la traction électrique.
32
Référence Internet
TRP3074
33
Référence Internet
TRP3074
1. La gare : histoire, bains qui en ont favorisé la croissance économique par l’échange
des biens et la rencontre des personnes, puis l’irruption des trans-
évolution, typologie ports ferrés urbains (train, tram et métro) qui en ont permis
l’extension spatiale – on peut désormais habiter loin de son lieu de
travail – et ont souvent façonné la physionomie de ses nouveaux
quartiers. On peut ainsi considérer que l’histoire récente des villes
1.1 La gare au cœur de l’histoire – depuis le milieu du XIXe siècle en Europe jusqu’en Russie et aux
des villes et des transports États-Unis, puis au cours du XXe siècle dans de nombreux pays à
Figure 1 – Gare Saint-Lazare à Paris dans la courte période où le train était encore le seul transport motorisé
34
Référence Internet
TRP3074
1.2 Évolution des gares : enjeux socio- Le chemin de fer aura été le premier mode de transport méca-
nisé à se développer sur le territoire. Les premières gares, aux-
économiques et urbains quelles on se rendait à pied ou en voiture à cheval, présentent
donc une organisation du bâti relativement simple : une billetterie,
Pour comprendre la situation actuelle de la gare, revenons à ses un hall et des salles d’attente, accompagnés d’un kiosque à jour-
origines, en cernant cet objet à partir des différents termes qui naux et d’un restaurant pour les plus importantes. Entièrement sur
l’ont désigné et des réalités qu’ils recouvrent. Bertrand Lemoine, le même niveau (à part l’accès aux quais par passerelle ou souter-
dans l’excellent ouvrage Une histoire des gares en France [1], qu’il rain pour les gares de passage), le bâtiment assure la mue du cita-
1
s’apprête à publier, décrit ainsi les premiers temps du chemin de din en voyageur à travers un cheminement unique (où les petites
fer : variations ne sont liées qu’aux classes des salles d’attente) et
balisé.
« Dans ces premières lignes de chemin de fer, il n’y a pas de
gare susceptible d’accueillir des voyageurs, mais de simples lieux Quand les autres modes de déplacement tissent leur toile au
de chargement et de déchargement, accompagnés d’un bureau. À cours du XXe siècle, ils desservent les gares par des infrastructures
l’appellation de “gare” on préfère le mot “d’embarcadère” ou plus nouvelles, souterraines – métro puis RER –, à niveau – tram, bus
rarement de “port sec”. Cette terminologie est clairement emprun- ou voiture – ou en viaduc – métro aérien, ponts autoroutiers –.
tée au vocabulaire des canaux. C’est qu’il y a plus d’une analogie Mais les branchements successifs de ces nouveaux réseaux sur la
entre les deux systèmes de transport, tributaires tous les deux de gare ne donnent pratiquement jamais lieu à une recomposition de
réseaux et d’installations spécifiques où doivent se faire les rup- l’espace dévolu au voyageur. Ses multiples parcours possibles,
tures de charges avec le roulage traditionnel. La gare désigne selon son mode d’accès à la gare, deviennent trop souvent de
alors, comme dans les canaux, les lieux où peuvent s’arrêter les vrais labyrinthes résultants de contraintes purement techniques. Il
trains pour qu’ils puissent se croiser lorsque la voie est unique ou faut sans doute en trouver la raison dans le statut de la gare à par-
encore les lieux où ils stationnent en dehors de leur service. Le tir des années 1930. Supplanté par la voiture, plus souple d’utilisa-
terme de station, d’origine anglaise, est en revanche vite adopté tion, puis par l’avion, plus rapide, le train n’est plus le mode de
dès lors que les lignes sont pourvues de plusieurs arrêts pour les transport moderne et prestigieux qu’il a été. Sa déchéance
voyageurs et que ces haltes sont dotées de bâtiments spécifiques. entraîne celle de la gare à laquelle ni la société dans son ensemble,
Bien que l’appellation de gare soit employée dès les débuts du ni les architectes ne s’intéressent alors. Les transformations suc-
chemin de fer, elle ne rentre véritablement dans les mœurs que cessives des gares liées aux évolutions de leur desserte urbaine
dans les années 1860, tandis que disparaît l’appellation d’embarca- sont considérées comme des projets d’infrastructure où la fonc-
dère. La gare conserve cependant de son origine l’idée qu’est tionnalité première à assurer concerne le passage des véhicules
concerné l’ensemble du site et des bâtiments d’un lieu donné (trains, trams, bus ou voitures), au détriment de la qualité des par-
affectés au service des voyageurs – comprenant le bâtiment-voya- cours des voyageurs. Par habitude, les architectes sont sollicités
geurs ou “BV” en jargon ferroviaire –, des marchandises et à pour concevoir l’aménagement du hall d’accueil des voyageurs,
l’exploitation de la ligne. Le terme de station continue à être utilisé sans qu’il leur soit demandé de porter leur regard sur le territoire
de façon plus restrictive pour les gares de moindre importance, où plus vaste de l’intermodalité.
les trains ne font que s’arrêter quelques instants, et qui sont donc
dépourvues d’installations techniques particulières tels que dépôts
ou ateliers. Enfin le terme de halte désigne les lieux d’arrêt précisé- 1.3 Vers un nouvel âge d’or des gares
ment dépourvus de gares et donc des services correspondants, tel
que celui des bagages. » Il faut attendre les années 1990 et le lancement de la seconde
ligne de TGV, le TGV Atlantique, pour qu’un petit groupe d’archi-
Après les années 1830-1870 qui voient se mettre en place tout
tectes, sous la direction de Jean-Marie Duthilleul, prenne
l’arsenal fonctionnel, technique et sémantique de la conception
conscience, au sein de la SNCF, que le train redevenant moderne,
des gares, on peut considérer que les dernières décennies du
futuriste et attractif avec l’arrivée du TGV, la gare pouvait retrouver
XIXe siècle et les premières du XXe siècle constituent l’âge d’or
« droit de cité ». Concevant des projets sur 34 gares desservies,
des gares et du chemin de fer. Le réseau compte en effet près de
dont la restructuration en profondeur de la gare Montparnasse
62 000 km de lignes au début des années 1930, contre 29 000 réel-
(figure 2 ; architectes : SNCF Atelier d’Architecture/J.-M. Duthilleul,
lement exploitées aujourd’hui. Au cœur des villes, les grandes
É. Tricaud, M. Maillard, J.-P. Savarieau, F. Pradillon), tête du
gares – de passage ou tête de ligne – construites à cette époque
réseau, ils développent des principes fondés sur la double apparte-
affichent encore aujourd’hui, quand elles n’ont pas été trop trans-
nance de la gare, à la fois nœud du réseau ferroviaire et espace
formées au cours du temps ou reconstruites après les guerres, la
public de la ville. Leur credo acte également la nécessaire recom-
foi de l’époque en l’avenir promis par les progrès de la technique
position de l’espace autour de la multimodalité et des multiples
et de l’économie tout autant que la puissance des premières com-
façons de pratiquer la gare. La Charte des gares du TGV Atlantique
pagnies ferroviaires. La monumentalité des bâtiments en pierre de
stipule ainsi :
taille, la statuaire et le décor, le gigantisme des halles de fer et de
verre concourent à développer une nouvelle typologie qui s’appuie – des gares qui ressemblent à des gares ;
« côté ville » sur les règles de l’architecture institutionnelle – des gares qui s’inscrivent scrupuleusement dans leur site ;
contemporaine autant qu’elle révèle « côté trains » les principes – des gares dont le fonctionnement se lit par les volumes ;
d’une nouvelle architecture industrielle naissante mais déjà parfai- – des gares qui mettent en scène les nouvelles techniques ;
tement maîtrisée. On distingue plusieurs variantes dans cette – des gares qui font rêver à la destination Atlantique.
expression monumentale : les gares « palais » (Saint-Lazare),
celles qui magnifient la silhouette du pignon de la halle (gare du Ces principes, tellement simples qu’ils peuvent paraître naïfs,
Nord), les gares à campaniles (gare de Lyon). vont en fait jeter les bases d’une renaissance des gares en France,
notamment à l’occasion de la construction des lignes TGV Nord
Partout le territoire se maille de gares de différentes tailles. Les puis Méditerranée, Est et Rhin-Rhône. À l’étranger, on constatera
plus petites sont souvent construites sur un modèle répétitif des évolutions similaires à partir des années 1990 et le développe-
propre à chaque réseau. L’entre-deux-guerres voit naître de nou- ment de projets majeurs de gares, notamment en Europe, en
velles typologies : gares régionalistes (Deauville) ou gares moder- Chine et en Asie du sud-est et plus ponctuellement aux États-Unis,
nistes (Lens, Versailles-Chantiers). Mais c’est à l’après-guerre en Russie, en Amérique du Sud. L’attention est désormais portée
qu’apparaissent les bâtiments rationalistes de grande échelle qui sur la qualité de l’espace offert aux voyageurs, sur sa lisibilité –
accompagnent la reconstruction des infrastructures ferroviaires pour pallier les difficultés d’usage d’un espace complexe –, sur son
bombardées (Amiens, Angers). confort – pour adoucir le stress lié au déplacement – et sur les
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Référence Internet
TRP3074
La gare TGV génère un nouveau quartier à proximité de l’hypercentre lillois. À gauche, la façade de la gare ouverte sur le parc
et le nouveau quartier. À l’intérieur de la gare, le hall est conçu comme un grand balcon sur la ville, qui donne accès aux quais
TGV en contrebas.
Figure 3 – Gare de Lille Europe, France, 1994 (© SNCF Gares & Connexions – AREP/photographe D. Boy de la Tour)
36
Référence Internet
TRP3072
37
Référence Internet
TRP3072
1
tion originales tarifaires et non tarifaires. La présence de forts coûts fixes en fait
également un mode où la viabilité du modèle économique passe par la massi-
fication, rendue plus difficile par l’étalement urbain. Enfin, le renforcement de la
crise environnementale pourrait rebattre les cartes du modèle économique fer-
roviaire en sa faveur, dans un modèle de partenariat public privé innovant, à
condition de gagner en productivité et en qualité.
38
Référence Internet
TRP3072
1
THI = Thalys
EIL = Eurostar Total voyageurs ÉPIC + IDTGV
80
70
50
Voyages SNCF (y c. Ouigo et IDTGV) (5) (6)
40
30
Intercités (6)
0
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
2015
2016
2017
Figure 1 – Évolution du trafic voyageurs SNCF en voyageurs–km de 1991 à 2017 (source : SNCF)
39
Référence Internet
TRP3072
dépassement ou le croisement ne sont possibles que si les infra- Face à une demande dont les caractéristiques peuvent évoluer
structures le permettent (par exemple au moyen d’un évitement ou (par exemple du fait des gains de productivité du transport routier
d’une voie double). De ce fait, si plusieurs trains présentent des ou aérien), ces éléments peuvent réduire l’attractivité du mode
vitesses différentes, la capacité globale de la voie chute de manière ferroviaire.
significative, portant ainsi préjudice à la performance globale du sys- L’autre conséquence est qu’il est souvent difficile de trouver une
tème ferroviaire sauf si des installations spécifiques ont été prévues, solution ferroviaire économiquement pertinente pour des flux de
ce qui est possible mais présente un surcoût. faible volume ; autrement dit un flux minimal (ou masse critique)
C’est la raison pour laquelle l’allocation de capacité (procédure est souvent nécessaire, menant à ce que l’on constate que le trans-
1
qui attribue la capacité : sillons, accès à une gare…) est dans la plu- port ferroviaire est souvent plus adapté à du transport massifié.
part des cas planifiée en amont, et que la gestion des aléas de cir- Évidemment, il existe des solutions techniques contrastées (voie
culation effective implique également à la fois le bord mais aussi le unique, double voie, plusieurs doublets de voie, cantons de signa-
sol. lisation courts ou longs…), et sécurisées, qui diffèrent selon les
Ce qui pose ensuite la délicate question du degré de séparation contextes (par exemple le niveau de trafic), mais ces considérations
(dite verticale) entre la gestion du bord et celle du sol dans le sys- limitent en pratique le domaine de pertinence du mode ferroviaire,
tème ferroviaire, ainsi que celle des interactions entre plusieurs dont la part modale est assez rarement majoritaire, sauf dans les
transporteurs. Ce sont des questions que connaı̂t très peu le mode cas de transport très massifié, situés dans les axes de plus forte
routier (un croisement ou un dépassement est presque partout pos- demande (axes vers le centre dans les très grandes aggloméra-
sible quitte à devoir ralentir un peu pour empiéter sur le bas-côté) tions, axes majeurs interurbains…).
et assez peu le mode aérien, sauf au niveau des pistes aéroportuai- On notera que la qualité de la connexion du mode ferroviaire aux
res et de leur approche. autres modes est souvent déterminante pour créer les conditions
Ainsi, dès 1833 soit moins d’une décennie après son ouverture, de la massification des axes ferroviaires eux-mêmes, dans la
le propriétaire du premier réseau de chemin de fer avec présence mesure où un trajet terminal dans un autre mode est presque sys-
de traction mixte vapeur et hippomobile (Stockton-Darlington) a tématiquement nécessaire.
choisi de racheter les droits des autres transporteurs au vu des inef-
ficacités de gestion liées à la diversité des technologies et des 1.3.3 Un mode globalement respectueux
entreprises de transport ferroviaire : pertes de capacité, exploitation de l’environnement et économe en surface
très difficile des modes dégradés…
Le mode ferroviaire est généralement considéré comme particu-
lièrement respectueux de l’environnement et économe en termes
1.3.2 Un mode lourd et formaté par la sécurité de consommation de surface.
Une autre caractéristique du mode ferroviaire est qu’il s’agit d’un Ces deux éléments font que, malgré ses inconvénients rappelés
mode lourd, largement formaté par les considérations de sécurité. ci-dessus, il garde des domaines de pertinence et fait l’objet d’aides
La lourdeur renvoie à la notion de poids élevé du mobile et par publiques dans de nombreux cas.
voie de conséquence de l’infrastructure qui doit le supporter, mais Le bon respect de l’environnement, notamment en matière de
aussi indirectement à un manque de souplesse. consommation énergétique et donc aussi de réduction d’émissions
Les considérations de sécurité sont par nature présentes dans de gaz à effet de serre (GES) ou de pollution locale de l’air, renvoie
pour partie au degré important de massification, mais aussi à la
tous les modes de transport du fait des risques d’accident. Mais
perte d’énergie par frottement plus faible liée à la faible surface de
leur présence est encore plus forte que dans la plupart des autres
contact entre la roue et le rail par rapport à celle entre le pneu rou-
modes, notamment le routier, du fait d’un faisceau de causes :
tier et la route, ainsi qu’au caractère élastique du contact roue-rail.
– le caractère guidé du mode ferroviaire sépare la fonction de
propulsion et celle de direction, et impose donc des procédures Si les émissions du train régional thermique sont globalement
de coordination entre ces deux fonctions qui sont intrinsèquement plus faibles que celles de la voiture thermique, on constate que le
plus simples dans le mode routier où elles sont réunies dans la bilan est plus contrasté entre TER et autocar. Il dépend aussi beau-
coup du niveau de remplissage (voir figure 3, et notamment les
même main en général ; de plus l’évitement de l’obstacle n’est
fourchettes en rose).
pas possible, ce qui implique un arrêt absolu avant celui-ci ;
– le nombre de voyageurs (ou de tonnes de marchandises poten- Le train interrégional émet également moins de GES par voya-
tiellement dangereuses) présents à bord peut être bien plus impor- geur-km que l’avion et la voiture thermique, ainsi que vis-à-vis de
tant que dans une voiture ou un camion, et même qu’un autocar, l’autocar pour le TGV et la partie la mieux remplie des trains
donnant à un éventuel accident un caractère catastrophique pour conventionnels de grandes lignes (figure 4).
les personnes impliquées à bord et potentiellement au sol.
Le haut niveau de sécurité se traduit par des règles de non 160
régression, souvent dénommées GAME (globalement au moins
140
équivalent), ce qui signifie que le niveau de sécurité global obtenu
après une modification doit être au moins égal à celui de l’état 120
[gCO2 /voy.km]
antérieur. Elles imposent souvent des coûts fixes importants dès 100
la première circulation ferroviaire, particulièrement en voyageurs, 80
liés à des dimensionnements minimaux des installations au sol et
60
du matériel roulant, et à des besoins de surveillance.
40
Du fait de la lourdeur et de l’importance des considérations de
sécurité d’une part, et de la durée de vie importante des compo- 20
sants ferroviaires d’autre part (atteignant plusieurs dizaines 0
d’années en général), l’adaptation du système ferroviaire aux évo- RER Transilien Autocars TER Véhicules Deux-
lutions de la demande est souvent plus lente que celle du mode (RATP) (SNCF) (SNCF) particuliers roues
routier, L’inscription dans le terrain de nouvelles infrastructures
n’est pas facile non plus, au vu de l’importance de la moindre évo- Figure 3 – Émissions globales de GES des modes de transport
lution envisagée, et plus particulièrement pour la grande vitesse du de voyageurs en zone régionale par voyageur–km. Sensibilité au taux
fait des rayons de courbure nécessaires. d’occupation en conditions d’utilisation (source : Ademe)
40
Référence Internet
TRP3072
Ces estimations intègrent les phases amont de production de voyageurs ou de marchandises, et ce même par rapport à des
l’énergie mais pas les émissions liées aux empreintes des véhicules modes collectifs routiers comme l’autobus ou l’autocar. Par exem-
et des infrastructures. En général ces effets liés aux empreintes ne ple, un train Transilien peut comprendre 3 000 voyageurs (dont
sont pas très significatifs, sauf dans les cas de faibles trafics (lignes 1 100 places assises), équivalent à 2 500 voitures, occupant à
ferroviaires à faible trafic, ou bien lignes nouvelles à grande vitesse 80 km/h une file de 80 km. Un train de fret de 500 tonnes représente
à faible trafic, dont les délais de retour carbone peuvent être très l’équivalent de 30 camions.
longs). Il s’agit d’un avantage économique important dans les zones et
La massification peut également contribuer à réduire le bruit uni- axes denses où l’espace est rare, et où l’acheminement d’une quan-
1
taire, sous réserve d’utiliser des équipements efficaces à cet effet, tité comparable de voyageurs ou de marchandises par la route ne
par exemple des semelles de frein peu bruyantes ou le freinage serait pas possible ou occasionnerait soit d’importantes pertes de
« disques seuls ». temps (congestion), soit d’importantes dépenses en infrastructures
de capacité.
L’électrification des grands axes ferroviaires peut également y
contribuer, notamment pour des questions de pollution locale de Cet avantage du mode ferroviaire pèse en revanche assez peu
l’air, voire de gaz à effet de serre dès lors que la production d’élec- dans les zones peu denses, ce qui renforce la prédilection du
tricité en amont est pour l’essentiel décarbonée. mode ferroviaire pour les situations massifiées.
On notera que ces comparaisons sont effectuées par comparai-
Le caractère massifié du mode peut fortement réduire sa
son à des voitures thermiques. À terme, dans la mesure où la voi-
consommation d’espace s’il faut acheminer un flux important de
ture à énergie carbonée ne devrait plus être commercialisée vers
2035 environ en Europe, le diagnostic pourrait évoluer significative-
ment. La décarbonation des avions paraı̂t plus difficile du fait des
325 contraintes pesant sur les densités unitaires massique et volu-
300 mique dans ce mode qui doit soulever son énergie, même s’il pour-
275 rait y avoir des solutions au moyen des agro-carburants et des
250
[gCO2 /voy.km]
14 000
12 000
10 000
Un méme ratio peut traduire des réalités bien différentes
8 000
6 000
4 000
2 000
0
RU
CHINE
KOR
INDE
JPN
CAN
USA
A
B
D
DK
E
FIN
F
TGV
F idF
resteF
EL
IRL
I
NL
P
S
UK
Figure 5 – Remplissage des trains de voyageurs dans le monde en 2005 (m voyageurs-km par caisse ou voiture par an) (source : d’après données
de la banque mondiale, et données françaises pour TGV et IDF et reste de la France)
41
1
42
Infrastructure ferroviaire, exploitation et sécurité
(Réf. Internet 42576)
4– Voie
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43
2
44
Référence Internet
AG8110
2
Au sein du Groupe SNCF, l’auteur a été Directeur de la production du Fret, Directeur
de la Stratégie et du Développement du Fret, puis Directeur Général du Groupe Fret
International
45
Référence Internet
AG8110
2
1. Branche fret de la SNCF Industrie lourde : tonnage transporté
Agriculture et industrie de consommation : tonnage transporté
Activités intermodales : tonnage transporté
Tonnage kilométrique taxé
Le transport ferroviaire de fret en France peut encore être examiné
46
Référence Internet
AG8110
15
1.1.2 Dimensions de la production ferroviaire
10
1.1.2.1 Plan de transport
5
Le plan de transport a pour objet de lier des demandes de prise en
charge de flux de marchandises à la mise en œuvre de ressources
0
Domestique Importation Exportation Transit
ferroviaires.
Comme toute production d’entreprise de réseau, la production
ferroviaire se caractérise en effet :
2
Figure 3 – Trafic domestique et trafic international en 2005 — d’une part par des flux, c’est-à-dire par des couples origine-
destination de plus ou moins grand volume, allant de quelques ton-
nes à quelques millions de tonnes par an ;
— d’autre part par des ressources physiques : les moyens de trac-
tion et l’infrastructure ferroviaire.
1 600
Chiffre d'affaires (M€)
L’Activité Fret de la SNCF est organisée en unités d’affaires, Le groupe SNCF a des compétences dans tous les métiers de ges-
spécialisées par grands secteurs d’activité économique. Les unités tionnaires de flux : selon la prestation qui lui est demandée, il est
d’affaires s’appuient sur des compétences marketing et sur une donc parfois opérateur logistique (rôle des filiales spécialisées du
force de vente dédiée. Elles pilotent depuis Paris un réseau de vente groupe), souvent organisateur de transport, et toujours au moins
implanté dans les grandes métropoles européennes et françaises. transporteur ferroviaire.
Un catalogue de services et de prix est proposé à la clientèle. Bien À l’échelle des trafics traités par la SNCF et son groupe, concevoir
que construit à partir d’une gamme d’acheminement, d’une gamme un plan de transport équivaut à traiter annuellement un million de
de wagons, et éventuellement d’une gamme de produits logisti- flux de marchandises, à les réduire à 100 000 flux de wagons à ache-
ques, le service est adapté selon les besoins exprimés par les miner, puis eux-mêmes à 1 000 flux de convois, et enfin ces derniers
clients. Dans la quasi-totalité des cas, le prix est négocié. à 100 flux d’étapes.
47
2
48
Infrastructure ferroviaire, exploitation et sécurité
(Réf. Internet 42576)
4– Voie
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49
3
50
Référence Internet
TRP3000
51
Référence Internet
TRP3000
3 tunnels, ont-ils, dès l’origine, privilégié l’alimentation par conducteur fixé au sol
(appelé communément « 3e rail », respectant ainsi le gabarit restreint de telles
infrastructures. De même, le redéveloppement, récent, des réseaux de tramways,
engendre des innovations respectant l’environnement des villes, grâce notam-
ment à l’alimentation en énergie par le sol.
Comme il en est pour toute infrastructure de transport, la garantie de bon
fonctionnement dans les conditions les plus sévères en termes de densité
d’exploitation et de performances économiques, est subordonnée à une main-
tenance rigoureuse, dont nous analyserons les principaux aspects.
La traction électrique ferroviaire a bénéficié des progrès et des développe-
ments de l’électrotechnique et de l’électronique dès l’origine. Une telle
dynamique lui a permis de se placer en tête de tous les moyens de transport. En
termes de rentabilité énergétique, soulignons le niveau record du rendement
atteint par l’engin de traction. Par ailleurs, la transformation de l’énergie
électrique distribuée au chemin de fer n’a aucune incidence néfaste sur
l’environnement.
52
Référence Internet
TRP3000
3
importante. solutions sont alors envisageables :
– réduire la distance entre supports en les multipliant, de sorte
que la raideur du fil de contact rende la flèche négligeable. La solu-
1.2 Technologies de base : tion est exclue d’un double point de vue économique et esthétique ;
ligne aérienne – ligne au sol – augmenter la section du fil de contact jusqu’à ce que son
inertie rende la flèche également négligeable entre deux supports.
L’électrification des chemins de fer a débuté dès la fin du Dans certaines configurations, notamment de gabarit réduit en
XIXe siècle au profit des lignes de transport urbain, évitant ainsi les tunnel ou en tranchée, cette solution, appelée « contact rigide »,
pollutions dues aux chevaux ou à la vapeur des locomotives. Les est utilisée ;
États-Unis comptaient 10 000 kilomètres de ligne de tramways en
– introduire des supports intermédiaires, appelés « pendules »,
1900 ! La technique utilisée consiste en un fil de contact aérien
entre le fil de contact et un câble porteur fixé aux supports. La
dans l’axe de la voie sur lequel frotte un appareil porté par le véhi-
longueur des pendules est variable selon la flèche du porteur.
cule. La position élevée de la ligne d’alimentation évite tout risque
Cette association, la plus couramment utilisée, constitue la
d’électrocution du public. Lors de l’extension de ces mêmes
« suspension caténaire » représentée en figure 3.
transports urbains, des lignes souterraines furent construites,
doublant ainsi la capacité des lignes de surface. Par contre, le En théorie, une telle disposition permet, grâce à la tension
gabarit, donc l’espace disponible, de ces tunnels étant réduit, il mécanique du fil de contact et du porteur (figure 4) :
interdit l’emploi d’une alimentation électrique aérienne. Le
conducteur de courant est un « troisième rail », plus exactement – de maintenir constante la hauteur H du fil de contact par
un conducteur latéral, disposé le long de la voie. En « grandes rapport au plan de roulement, pour une pression de contact du
lignes », pour lesquelles aucune contrainte de gabarit ne pantographe donnée, quelle que soit la vitesse du véhicule ;
s’imposait, la ligne aérienne se généralisa [3]. – de compenser l’incidence des variations de température
ambiante sur la longueur du fil de contact et du porteur ;
– d’assurer une tenue suffisante dans le plan vertical, permettant
de résister à l’action du vent latéral.
2. Ligne aérienne de contact En pratique, il convient donc d’obtenir un rapport judicieux entre
l’effort de contact et sa tension mécanique. En statique comme en
Un fil conducteur placé dans l’axe de la voie, permet à un dynamique, un léger soulèvement est inévitable. Les supports de
appareil de prise de courant articulé, appelé « pantographe » placé la ligne doivent permettre une certaine liberté verticale au fil de
en toiture de l’engin de traction, de capter l’énergie pour alimenter contact pour ne pas constituer de points durs, introduisant des
ses équipements de puissance (figure 2). discontinuités et par conséquent des rebondissements du panto-
La ligne de contact assure deux fonctions essentielles : graphe lors de leur franchissement, entraînant des arcs électriques
de rupture.
– électrique : distribution de l’énergie, avec la résistance
ohmique la plus faible possible ; La flexibilité de la caténaire n’est pas constante : elle est maxi-
– mécanique : contact avec le pantographe exerçant une male en milieu de portée et engendre des variations d’effort
pression convenable quelles que soient les incidences du mouve- jusqu’à la limite critique du décollement au droit du support. Le
ment du véhicule ou du fil de contact. tableau 1 donne quelques valeurs mesurées à 160 km/h.
53
Référence Internet
TRP3000
Fil de contact
H
Support
Portée
Vent
latéral
Soulèvement
Dilatation
2.2 Composants
2.2.2 Suspension
∅ 12,24
Le fil de contact est suspendu au câble porteur par des pendules
reliant d’une part, un cavalier sur le câble porteur, d’autre part une
« griffe » en deux parties sur le fil de contact (figure 6). Figure 5 – Section du fil de contact
54
Infrastructure ferroviaire, exploitation et sécurité
(Réf. Internet 42576)
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4
56
Référence Internet
TRP3050
Voie ferrée
Composants, construction et maintenance
4
1.2 Géométrie du roulement – Inscription de l’essieu sur la voie.................. — 3
2. Constitution de la voie ferrée ............................................................... — 4
2.1 Plate-forme ................................................................................................... — 4
2.2 Rails et traverses .......................................................................................... — 4
2.3 Ballast............................................................................................................ — 7
2.4 Voie sur dalle................................................................................................ — 7
2.5 Pose de la voie ............................................................................................. — 8
3. Tracé de la voie ......................................................................................... — 8
3.1 Profil en long ................................................................................................ — 8
3.2 Profil en plan ................................................................................................ — 8
3.3 Dévers – Pendulation ................................................................................... — 9
3.4 Raccordement courbe – alignement........................................................... — 9
4. Appareils de voie ...................................................................................... — 10
4.1 Technologie du branchement ..................................................................... — 10
4.2 Traversée ...................................................................................................... — 11
5. Voies spéciales.......................................................................................... — 12
5.1 Voie de métro sur pneumatiques ............................................................... — 12
5.2 Voie en pays montagneux........................................................................... — 14
6. Environnement et maintenance de la voie........................................ — 14
6.1 Environnement ............................................................................................. — 14
6.2 Maintenance ................................................................................................. — 15
7. Conclusion.................................................................................................. — 16
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. TRP 3 050
’invention de la roue est datée 3 500 ans avant notre ère. Son roulement
L sur le sol, si elle est une avancée considérable de l’activité humaine,
présente néanmoins une contrainte importante du fait de sa très faible surface
de contact. Les Romains pallièrent cet inconvénient en construisant des voies
en matériaux durs et même, en aménageant des ornières pour éviter le déra-
page transversal. Deux notions fondamentales prennent ainsi corps : le
support réparti de la charge et son guidage.
Le XVIe siècle apporte une solution à cette problématique : deux roues asso-
ciées, formant un essieu, roulent sur une voie constituée par deux profils
parallèles en bois ; la charge est ainsi répartie sur le sol pour éviter l’enlise-
Parution : novembre 2012
57
Référence Internet
TRP3050
58
Référence Internet
TRP3050
2e
C
Figure 3 – Inscription de l’essieu
F V
X
Y
Q α α
4
D1 D2
Figure 2 – Composantes du roulement
59
Référence Internet
TRP3050
axe de voie
2ei
b b
j1 2ea j2
plan
2e en alignement de roulement
4
D D1max D D2min
2ei
b b
2ea j2
2e
R
Rext
– diamètre de roulement minimal de la roue 2, D2max ; – la nature géotechnique du sol : granularité, dureté, altérabilité
– pente de génératrice des roues, S ; et contenu organique ;
– jeu entre boudin de roue 1 et rail extérieur à la courbe, j1 = 0 ; – les conditions hydrologiques et hydrogéologiques.
– jeu entre boudin de roue 2 et rail intérieur à la courbe, j2.
Ces critères sont étudiés par des sondages très nombreux,
Il ressort de ces deux figures que : conditionnant en partie le choix du tracé.
– l’écartement de voie est tel qu’il permet un jeu permanent
entre rail et boudin de roue, évitant ainsi l’usure ; La plate-forme nécessite, dans la plupart des cas, des aménage-
– en courbe, l’écartement des rails est plus important qu’en ments tels que remblais et déblais. Dans sa configuration défini-
alignement pour permettre le roulement de l’essieu sans glisse- tive, avant pose de la voie, elle comprend différentes couches
ment des roues. indiquées en figure 7.
En France, l’ensemble des plates-formes de voies ferrées repré-
Nota : la conicité des roues est variable selon les réseaux de chemin de fer. Les deux
valeurs les plus fréquentes sont 1/20 et 1/40 (voir § 2.2.2). sente une superficie d’environ 98 000 hectares.
60
Référence Internet
M3070
4
1.5.1 Mécanique de la Rupture ........................................................ — 6
1.5.2 Limite d’endurance .................................................................. — 8
1.5.3 Vitesse de fissuration en fatigue ............................................. — 8
2. Procédés de fabrication................................................................. — 9
2.1 Filière liquide ...................................................................................... — 9
2.1.1 Procédés des années 1985 et antérieures ............................... — 9
2.1.2 Procédé actuel ......................................................................... — 9
2.1.3 Laminage à chaud ................................................................... — 9
2.2 Suite au laminage .............................................................................. — 11
2.2.1 Refroidissoir ............................................................................. — 11
2.2.2 Dressage des rails ................................................................... — 11
3. Rails modernes ................................................................................ — 12
4. Défectologie .................................................................................... — 12
5. Conclusion........................................................................................ — 12
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 3 070
es rails, dont le but est de porter les essieux des trains et de les guider en
L alignement comme en courbe (parfois serrée avec un rayon inférieur à
200 mètres), constituent un élément majeur de sécurité pour les personnes et
les biens transportés.
Les rails sont supportés par des traverses soit en bois créosoté sur les ancien-
nes voies, soit en béton sur les voies modernes ; les voies européennes
comptent 1 700 traverses par kilomètre (2 000 pour les voies lourdement char-
gées). Les rails reposent sur les traverses, elles-mêmes supportées par une
épaisse couche de ballast de pierres calibrées, par l’intermédiaire de semelles
en caoutchouc, fixées par des attaches en ressort d’acier élastique.
Ils sont soumis à l’usure et à des défauts de fatigue internes et de surface,
susceptibles de dégénérer en ruptures fragiles, pouvant provoquer un déraille-
ment d’autant plus grave que l’accident vient à survenir en courbe.
Il s’agit donc d’un produit extrêmement noble qui doit être réalisé dans un
acier de grande pureté et présenter une microstructure adaptée (perlitique jus-
qu’à nos jours).
Ce produit, outre les contrôles finaux de fabrication, doit être vérifié en voie
par ultrasons et visuellement, à une fréquence adaptée à la voie et à la nature
des circulations ferroviaires.
Parution : juin 2013
61
Référence Internet
M3070
4 dans le monde ce mode de transport exige une sécurité absolue et le rail fait
donc partie des produits les plus nobles.
1.1 Description 72
70,774
Le rail est un produit laminé en acier perlitique (teneur en car-
bone comprise entre 0,5 et 0,85 %) de dureté HB (Hardness Brinell) B
variant de 200 à 440, avec ou sans addition d’éléments d’alliages et A
avec ou sans traitement thermique, présentant une structure lami- Y
née avec un grain d’indice 7 à 9, ce qui correspond à un diamètre
14,3
moyen de grain compris entre 18 et 36 mm. R8 R16
R20 0
R70
51
bande de roulement massive appelée « champignon », de largeur
jusqu’à 75 mm avec un rayon transversal de 300 mm sur la partie R3
1:2
,7 5
majeure centrale, complétée par deux rayons symétriques de
R7
que celles des roues motrices (contraintes de Hertz et traction) [2]. R120 16,5
172
La partie soutenant le champignon de roulement est une âme X X
verticale d’épaisseur moyenne de 16 mm et de hauteur de l’ordre
de 100 mm, destinée à résister aux efforts verticaux de flexion. Ligne médiane du contour
32
R120 16,5
Enfin, la partie basse (patin) est en forme de trapèze très aplati
19,5
de 150 mm de large, assurant la pose et la stabilité latérale sur les R120 28,75
80,67
traverses.
76,25
R35
R7
R40
1:14
11,5
62
Référence Internet
M3070
4
avec S surface de l’ellipse (mm2),
Moment de déformation :
a et b demi-longueurs des axes de l’ellipse (mm).
M = ⎡⎣P / (4β )⎤⎦ .ψ ( βx )
La pression maximale de Hertz s 0 au centre de l’ellipse est don-
née par la relation :
avec y (bx) = - e-bx(sin bx - cos bx)
3 P Effort tranchant :
σ0 = (2)
2 πab
T = − (P / 2) .θ ( βx )
avec s0 contrainte de compression (kgf/mm2), sachant
que 1 kgf/mm2 = 9,81 MPa, avec q = e -bx
cos bx
P charge à la roue (kgf). Des valeurs typiques de I, k et b pour divers types de rails sont
reportées dans les tableaux 1 et 2.
Le cisaillement maximal tmax est atteint à une profondeur variant
Les valeurs les plus couramment rencontrées de I (moment
de 0,24a à 0,47a et
d’inertie) et I/V (module d’inertie) sont présentées dans les plans
de rails figurant à la Norme européenne Rails.
τmax = 0,31σ0 . (3)
Le calcul des valeurs de déflexion, de moment et de contraintes
À noter que P0 varie selon la vitesse d’après une formule du type est donné à travers les figures 2, 3 et 4.
(variable selon l’expérience propre à chaque réseau) : La figure 5 présente les différentes unités utilisées pour l’élasti-
cité k de la voie.
Pdyn = P0 + 60∆MV 2
63
4
64
Référence Internet
TRP3064
4
thermique .................................................................................................... — 3
1.2 Modèle analytique pour le calcul des efforts longitudinaux ................... — 3
1.3 Principes de l’interaction entre les rails et l’ouvrage d’art ...................... — 5
1.4 Modèle analytique simple de l’IRS sous chargement thermique ........... — 5
1.4.1 Modèle analytique général................................................................ — 5
1.4.2 Pont isostatique avec un appui fixe d’un côté................................. — 6
2. Stabilité transversale des LRS................................................................... — 6
2.1 Théorie du flambement des rails............................................................... — 7
2.1.1 Modèle analytique simple ................................................................. — 7
2.1.2 Modèle analytique complet............................................................... — 8
2.1.3 Courbes de flambement thermique ................................................. — 9
2.1.4 Les différents modes de flambement............................................... — 9
2.1.5 Flambement statique et flambement dynamique ........................... — 9
2.2 Le concept de sécurité vis-à-vis du flambement ...................................... — 10
3. Paramètres intrinsèques aux problématiques des LRS et d’IRS............ — 11
3.1 Le module de réaction du sol..................................................................... — 11
3.2 La résistance de la voie .............................................................................. — 11
3.2.1 La résistance longitudinale ............................................................... — 11
3.2.2 La résistance transversale ................................................................. — 12
3.2.3 La résistance des attaches................................................................. — 12
3.3 Les caractéristiques du tracé...................................................................... — 13
3.3.1 Les caractéristiques géométriques................................................... — 13
3.3.2 Les déformées initiales...................................................................... — 13
3.4 Les caractéristiques des ouvrages d’art.................................................... — 13
3.4.1 Les caractéristiques mécaniques...................................................... — 13
Parution : mai 2018 - Dernière validation : novembre 2021
65
Référence Internet
TRP3064
vec la mise au point, depuis les années 1960, des nouvelles techniques de
A soudage performantes sur chantier et des nouvelles attaches garantissant
un serrage efficace, l’utilisation des longs rails soudés (LRS) se généralise, tout
particulièrement dans les lignes à grande vitesse (LGV).
Les longs rails soudés sont constitués d’une multitude de rails de longueur nor-
male, conditionnés par les techniques de fabrication et de transport, soudés entre
eux sur place et formant ainsi une seule unité continue. La distinction entre longs
rails soudés et les rails en barres normales est alors très nette : la longueur des
rails normaux en France ne dépasse pas les 36 mètres tandis que celle des longs
rails soudés peut s’étendre sur plusieurs centaines de mètres, voire des
kilomètres.
Cette technique offre de nombreux avantages, notamment une amélioration de
la qualité de trajet, une usure moins marquée des rails et surtout un coût de main-
tenance extrêmement réduit du fait de l’élimination des appareils de dilatation des
rails qui comptent parmi les plus onéreux. Les longs rails soudés ont également
permis l’augmentation de la vitesse des trains qui ne dépassait pas les 160 km/h
pour les circulations voyageurs au début des années 1960. Les longs rails soudés
permettent également de réduire les discontinuités dans la voie et par conséquent
d’éliminer les chocs au passages des roues. Cela améliore la tenue des organes de
4 roulement du train d’une part et réduit l’inconfort ressenti par les passagers
d’autre part. Les longs rails soudés assurent également une meilleure tenue vis-à-
vis des vibrations et surtout une réduction du bruit au passage du train.
La stabilité de tels systèmes s’étendant sur des longueurs très importantes
constitue le cœur même de leur étude. La résistance au flambement suite aux dila-
tations thermiques et efforts longitudinaux constitue le point principal de l’étude
des longs rails soudés. Une déformation latérale non contrôlée pourrait être la
cause de déraillements catastrophiques comme par exemple l’accident de Velars-
sur-Ouche survenu le 23 juillet 1962. Le train roulait à près de 140 km/h sous une
chaleur torride ce qui aurait provoqué la déformation des rails et par conséquence
le déraillement de cinq voitures dont une finira par s’écraser à cinquante mètres
plus bas, au fond de la combe de Fain. Les effets thermiques dans les longs rails
soudés sont tellement contrariants qu’on parle parfois de flambement thermique
des rails. Les déformations survenues lors de la canicule de 2003 (36 au total)
furent tellement importantes que la SNCF a revu ses marges de sécurité et a
désormais introduit une « marge de sécurité liée à la canicule 2003 ».
La présence d’un ouvrage d’art n’est certainement pas sans impact sur le com-
portement des longs rails soudés. Comme le note bien le paragraphe 6.5.4 de la
norme EN 1992-2/NA décrivant la réponse combinée du système voie-ouvrage aux
actions variables : « Lorsque les rails sont continus au droit de discontinuités de
l’appui de la voie (transition pont-remblai, etc.) la structure du pont et la voie
résistent conjointement aux actions longitudinales dues à l’accélération et au
freinage. Les actions longitudinales sont transmises en partie par les rails au
remblai derrière la culée et en partie à l’ouvrage et donc aux appareils d’appui
et aux appuis jusqu’aux fondations. » C’est ainsi que l’interaction rail-structure
(IRS) constitue un élément essentiel lors de l’étude des tracés ferroviaires.
Les normes EN 1991-2, UIC 774-3R et UIC 720 sont les normes de référence
pour tous ces sujets, et spécifiquement la norme UIC 774-3R qui, elle, est des-
tinée à l’étude de l’interaction rail-structure et liste les recommandations que
devront suivre les ingénieurs afin de trancher vis-à-vis de la sécurité des longs
rails soudés. Cependant, tous ces textes affirment la nécessité de telles études
et énoncent les grandes lignes sans pour autant clairement expliquer les
enjeux et les détails. Les modèles d’études deviennent rapidement très com-
plexes et les paramètres entrant en jeu se démultiplient. Cet article vise à
dresser un panorama général des théories, des pratiques et des méthodes de
résolutions des problèmes liés aux longs rails soudés et l’interaction rail-struc-
ture. Nous essayerons d’éclaircir certains points majeurs stipulés par les
normes précitées notamment liés aux modèles de calcul par éléments finis de
l’interaction rail-structure et de fournir un état de l’art des méthodes et des
théories existantes traitant de ces problématiques.
66
Référence Internet
TRP3064
4
tances de la voie et entrera en jeu à partir de sa loi de compor-
tement. Il sera alors judicieux, dans une ligne à grande vitesse
avec divers modes de fixations, de distinguer une « voie cou- (1)
rante à pose ballastée » et une « voie courante à pose directe »,
en comparaison avec une voie sur ouvrage d’art ou voie avec
aiguillage par exemple. En considérant que la réponse du rail est élastique, le déplace-
ment axial s’exprime à l’aide la loi de Hooke par :
(2)
1.1 Fonctionnement des LRS en voie
courante sous chargement thermique L’équation (1) donne alors l’équation différentielle qui régit les
déplacements longitudinaux du rail :
Dans un LRS en voie courante, toutes les sections ne se com-
portent pas de la même manière sous chargement thermique. On
(3)
observe l’existence de trois zones distinctes comme le montre la
figure 1 :
La résolution de l’équation différentielle (3) donne le déplacement
– une zone dite « neutre » où les déplacements dus à la dilata-
longitudinal en tout point du rail. L’effort normal peut alors être
tion thermique sont complètement contrariés du fait de la résis-
déduit de l’expression suivante :
tance de la connexion entre la voie et son assise. Les contraintes y
sont donc maximales aux températures extrêmes ;
– deux zones dites « de respiration », de part et d’autre de la (4)
zone neutre centrale, où la dilatation est partiellement contrariée.
Ils se produit alors des déplacements qui atteignent leurs maxi- Dans le cas des longs rails soudés, la longueur du rail est telle-
mum aux extrémités des barres alors que la contrainte thermique ment importante qu’un état de déformation plane peut être consi-
dans les rails sera minimale voire nulle. déré dans sa partie centrale, bloquant ainsi tout déplacement
Effort normal
dans les rails
Zone Zone
de respiration de respiration
~150 m Zone neutre Zone neutre ~150 m
Figure 1 – Principe de fonctionnement d’un long rail soudé (LRS) sous effets thermiques
67
Référence Internet
TRP3064
ur ur + dur
N,u
αrΔTr
Nr Rail Nr + dNr
Effort normal
|Nmax| = ErArαrΔTr Déplacement axial
umax = 0,5 αrΔTr la
τdx
x dx
Tableau 1 – Estimation des longueurs des zones Figure 3 – Distribution de l’effort normal et du déplacement longitu-
de respirations dinal dans le rail dans le cas d’un comportement plastique de la
connexion
Voie déconsolidée Voie consolidée
Type de rail
τ0 = 2,5 kN/m τ0 = 6,0 kN/m
4 46 kg U 33 la = 240 m la = 100 m
En remplaçant dans l’équation différentielle (3) on obtient :
(11)
50 kg U 50 la = 260 m la = 108 m
Les conditions aux limites à satisfaire sont les suivantes :
60 kg UIC 60 la = 310 m la = 130 m
– en x = 0, N = 0 ;
– en x → ∞, u = 0.
La résolution de l’équation (11) donne les expressions suivantes
longitudinal. L’effort normal dû à la variation de la température
pour les déplacements et l’effort normal :
sera alors :
(12)
(5)
(7)
(9)
Pseudo-zone
■ Cas 2 : résistance de cisaillement élastique de respiration Pseudo-zone neutre
68
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