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CO N S T R U C T I O N E T T R AVAU X P U B L I C S

Ti254 - Travaux publics et infrastructures

Les travaux souterrains


et les dépollutions

Réf. Internet : 42551 | 2nde édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Travaux publics et infrastructures
(Réf. Internet ti254)
composé de  :

Terrassement et géomembranes Réf. Internet : 42233

Gestion de l'eau Réf. Internet : 42234

Les routes, les ponts et les joints Réf. Internet : 42235

Les aménagements des voies de transport Réf. Internet : 42550

Les travaux souterrains et les dépollutions Réf. Internet : 42551

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Travaux publics et infrastructures
(Réf. Internet ti254)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Williams PAUCHET
Ex Maître d'oeuvre de la Défense Nationale, Conseiller technique en
construction et génie civil

Guy RAOUL
Ancien directeur de GTM Construction, Président de la Commission française
de normalisation "Terrassement", Professeur émérite de Génie des Procédés à
L'INSA de Toulouse

Michel ROUSTAN
Professeur émérite de Génie des procédés à l'INSA de Toulouse

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Martin CAHN David MAZEYRIE


Pour l’article : C5583 Pour l’article : C5570

Pierre DUFFAUT Jean-François MILLERON


Pour les articles : C3061 – C3062 Pour l’article : C9005

Félix FLORIO Michel QUATRE


Pour l’article : C5600 Pour l’article : C5575

Alain GUILLOUX François RENAULT


Pour l’article : C5583 Pour l’article : C5570

Jean-Pierre JANIN Pascal ROUDIER


Pour l’article : C5583 Pour l’article : C5582

Jean LE BISSONNAIS Jean-Pierre SERFASS


Pour l’article : C5583 Pour les articles : C5620 – C5622

Benjamin LEROI Clothilde TERRIBLE


Pour l’article : C5570 Pour l’article : C5600

Françis MAQUENNEHAN Valérie VINCENT


Pour l’article : C5572 Pour l’article : C5600

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VI
Les travaux souterrains et les dépollutions
(Réf. Internet 42551)

SOMMAIRE

1– Les travaux souterrains Réf. Internet page

Creusement des tunnels. Méthodes de construction et géotechnique C5583 11

Mini et microtunneliers C5572 21

Tunneliers C5570 23

Urbanisme souterrain. Panorama historique et géographique C3061 29

Urbanisme souterrain. Demandes, offres, contraintes et avantages C3062 33

Sécurité des tunnels routiers. Dispositions techniques C5575 37

2– Dépollution et recyclage Réf. Internet page

Techniques de réhabilitation des sites et sols pollués. Fiches de synthèse C5582 43

Déchets du Bâtiment et des Travaux Publics C5600 51

Recyclage en centrale des matériaux de chaussées C5620 61

Recyclage et retraitement en place des matériaux de chaussées C5622 65

La démolition. Techniques et métiers connexes C9005 71

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Les travaux souterrains et les dépollutions
(Réf. Internet 42551)

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1– Les travaux souterrains Réf. Internet page

Creusement des tunnels. Méthodes de construction et géotechnique C5583 11

Mini et microtunneliers C5572 21

Tunneliers C5570 23

Urbanisme souterrain. Panorama historique et géographique C3061 29

Urbanisme souterrain. Demandes, offres, contraintes et avantages C3062 33

Sécurité des tunnels routiers. Dispositions techniques C5575 37

2– Dépollution et recyclage

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Référence Internet
C5583

Creusement des tunnels


Méthodes de construction et géotechnique
par Alain GUILLOUX
1
Expert Géotechnicien
Société TERRASOL, Paris, France
Hervé LE BISSONNAIS
Expert Travaux souterrains, Directeur Général Délégué
Société TERRASOL, Paris, France
Martin CAHN
Délégué parisien Cellule « ouvrages souterrains »
Société TERRASOL, Paris, France
et Jean Pierre JANIN
Responsable Cellule « ouvrages souterrains »
Société TERRASOL, Lyon, France

1. Classifications géologiques et géotechniques des terrains ....... C 5 583 - 2


1.1 Préambule.................................................................................................... — 2
1.2 Facteurs géologiques principaux pour le choix des méthodes
de creusement............................................................................................. — 3
1.3 Reconnaissances pour les projets de tunnels .......................................... — 3
1.4 Classifications des sols et roches pour les tunnels.................................. — 4
2. Méthodes de construction des tunnels............................................. — 6
2.1 Deux catégories principales de méthodes de construction .................... — 6
2.2 Techniques d’accompagnement................................................................ — 8
3. Description des méthodes conventionnelles .................................. — 8
3.1 Méthode de base......................................................................................... — 8
3.2 Variante à la méthode de base (hors traitements de terrains) ................ — 14
4. Description des méthodes au tunnelier ............................................ — 16
4.1 Principales catégories de tunneliers.......................................................... — 17
4.2 Tunneliers fermés ....................................................................................... — 17
4.3 Tunneliers ouverts ...................................................................................... — 21
5. Description des techniques de traitements de terrain ................. — 22
5.1 Rabattement de la nappe ........................................................................... — 24
5.2 Injection ....................................................................................................... — 24
5.3 Congélation ................................................................................................. — 24
5.4 Soil-mixing .................................................................................................. — 25
5.5 Jet-grouting ................................................................................................. — 26
6. Considérations sur le choix des méthodes de construction....... — 26
6.1 Critères de choix ......................................................................................... — 26
6.2 Recommandations pour le choix des méthodes...................................... — 27
7. Quelques indications sur les modélisations
et méthodes de calcul............................................................................ — 28
7.1 Choix du milieu et des problèmes à étudier............................................. — 28
7.2 Types d’approches d’étude ........................................................................ — 30
8. Conclusion................................................................................................. — 38
Parution : septembre 2021

9. Glossaire .................................................................................................... — 39
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. C 5 583

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Référence Internet
C5583

CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

e creusement des tunnels fait partie des techniques de construction où les


L interactions entre les différents aspects des métiers du Génie Civil sont
particulièrement nombreuses. Au-delà de la bonne connaissance des maté-
riaux de construction et de leur comportement, des matériels disponibles ou à
« inventer », des impératifs de sécurité, tant que pour le personnel de chantier
que vis-à-vis de l’environnement, de la règlementation, etc… il y a un acteur
essentiel : le terrain !

1 C’est en effet « le terrain » qui va guider le projet, depuis la conception en


adaptant autant que possible les tracés et profils à la recherche d’une géologie
« favorable », jusqu’au chantier en adaptant les méthodes de réalisation au
comportement réel du terrain.
L’objet de cet article est ainsi de présenter les différentes méthodes de
construction des tunnels en relation avec les conditions de nature géologique,
hydrogéologique et géotechnique (qui seront réunies dans la suite de cet
article sous l’appellation de « conditions géologiques »).
Il s’agit bien sûr d’abord de décrire au mieux ces conditions géologiques, et
ce sera l’objet du chapitre 1 où seront présentés les principaux facteurs géolo-
giques pouvant influencer le choix des méthodes de creusement, les méthodes
de reconnaissance spécifiques ou tout au moins essentielles pour les projets
de tunnels, et enfin les classifications usuelles des sols et roches utilisées en
travaux souterrains.
Puis les chapitres 2 à 3 seront consacrés aux descriptions des techniques de
construction elles-mêmes, depuis les méthodes dites « traditionnelles »
jusqu’aux méthodes mécanisées utilisant des tunneliers, ainsi que des tech-
niques de traitement de terrain qui accompagnent souvent les précédentes
dans les projets particulièrement difficiles. Ces descriptions chercheront, au-
delà de la technologie, à intégrer la dimension géologique en expliquant
comment ou pourquoi telles ou telles méthodes ont été développées pour
répondre à des problématiques géologiques spécifiques.
Ensuite, le chapitre 6 s’intéressera plus en détails au choix des techniques de
construction selon les conditions géologiques prévues en phase conception,
ou réellement rencontrées en phase construction. Enfin, le chapitre 7 présen-
tera quelques éléments sur les grandes catégories de méthodes de calcul et de
dimensionnement, et plus globalement de modélisation, couramment utilisées
dans les études de tunnels.

À retenir

– La construction d’un tunnel fait appel à de multiples spécialités : la plu-


ridisciplinarité est essentielle,
– Les interactions entre les conditions géologiques et les méthodes de
construction sont un des enjeux fondamentaux des projets souterrains.

déformations induites par le creusement est également un facteur


1. Classifications clé, souvent dimensionnant vis-à-vis du choix des techniques.
géologiques et La gamme des projets de tunnels et des conditions géologiques
est extrêmement large, mais on peut citer au moins deux catégo-
géotechniques des terrains ries extrêmes.

■ Tunnels au rocher
1.1 Préambule
Y compris à grande profondeur, où l’on a affaire à un milieu natu-
Il convient de souligner que, lors de la construction des tunnels, rel résistant par rapport aux niveaux de contraintes, mais découpé
l’objectif premier est bien entendu d’assurer la stabilité de l’ouvrage, par les discontinuités du massif, c’est-à-dire à un milieu fortement
à court terme comme à long terme, pour le personnel comme pour discontinu : la stabilité générale du tunnel et des terrains environ-
l’environnement. Mais, pour tous les projets en milieu urbanisé ou nants y est le plus souvent assurée – il n’y a pas « rupture générali-
d’une façon générale en environnement sensible, la maîtrise des sée » sauf éventuellement à très grande profondeur –, et le principal

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C5583

__________________________________________________________________________________________________________ CREUSEMENT DES TUNNELS

enjeu est d’éviter les chutes de blocs rocheux, risque que l’on traite ■ Quel est le contexte environnemental du projet ?
par boulonnage du rocher.
Il s’agit de caractériser la sensibilité des constructions exis-
En revanche les failles y jouent un rôle majeur, d’autant plus tantes situées dans la « Zone d’Influence Géotechnique (ZIG) » qui
délicat à traiter que l’on éprouve souvent de grandes difficultés à pourraient être affectées par les déformations et/ou les vibrations
les localiser précisément à grande profondeur, à les qualifier induites par le creusement : bâtiments et leurs fondations, canali-
mécaniquement, et à les traiter depuis la surface. sations, infrastructures de surface ou souterraines …
On peut également inclure sous ce thème environnemental les
■ Tunnels en sols ou roches tendres

1
risques de rencontre de terrains déjà pollués, nécessitant un trai-
Souvent relativement peu profonds, terrains que l’on peut trai- tement spécifique une fois excavés, de gaz et autres éléments
ter comme un milieu continu : la stabilité générale n’y est pas pouvant présenter un danger sanitaire ou explosif, ainsi que « dif-
assurée « naturellement », ce qui impose la mise en œuvre de fusion » dans les terrains des produits polluants ou dangereux
soutènements (provisoires) et revêtements (définitifs) pour garan- introduits du fait de la construction elle-même.
tir cette stabilité et donc la sécurité.
En outre, le rôle majeur des déformations induites par le creu-
sement va nécessiter des études détaillées pour évaluer ces défor- 1.3 Reconnaissances pour les projets
mations, vérifier si elles sont acceptables pour l’environnement, et de tunnels
développer des méthodes de construction permettant de les limi-
ter à des niveaux acceptables. ■ Classement en cinq familles
Il convient de compléter ces sujets d’ordre géologique et géo- Il est d’usage, dans le cas des ouvrages souterrains, de classer
technique par le rôle de l’hydrogéologie : les eaux souterraines les paramètres géotechniques en cinq familles (Recommandation
vont très largement influencer le comportement des terrains lors AFTES GT1R1F1, 2003) :
du creusement, à la fois par les débits qu’elles sont susceptibles
• Contraintes naturelles
de générer et par les pressions hydrauliques qu’elles induisent et
qui vont modifier le comportement géomécanique des terrains. La Il est essentiel de bien caractériser l’état des contraintes initiales
perméabilité des terrains et les charges hydrauliques résultant du puisque c’est cet état qui va être modifié par le creusement et
régime hydrogéologique sont à évaluer au mieux. donc conduire aux contraintes finales sur les ouvrages. L’expé-
rience montre en effet que le comportement du revêtement peut
Ces multiples problématiques doivent guider le choix des infor- être très largement dépendant de l’anisotropie par exemple [8].
mations géologiques, hydrogéologiques et géotechniques que
l’on cherche à connaitre, et donc les reconnaissances qu’il y a lieu Dans un bassin sédimentaire et à profondeur z modérée les
de faire. contraintes principales sont verticales (σv) et horizontales (σh), et
l’état des contraintes est géostatique avec σv = γ.z et σh = Ko.σv où
γ est le poids volumique des terrains et Ko le coefficient de pres-
sion des terres au repos, qui dépend essentiellement de la
1.2 Facteurs géologiques principaux surconsolidation. En revanche, il en va tout autrement dans des
pour le choix des méthodes massifs montagneux où la topographie et surtout l’histoire tecto-
de creusement nique conduisent à des états de contraintes beaucoup plus com-
plexes à la fois dans leurs directions principales et dans leurs
Comme évoqué précédemment, les interrogations géologiques intensités.
particulièrement déterminantes pour le choix des techniques de • Paramètres physiques
construction des tunnels sont les suivantes.
Comme pour toute analyse géotechnique, une bonne connais-
■ Dans quels types de terrains devra être creusé le tunnel  sance des paramètres d’identification des différents horizons géolo-
giques est essentielle pour bien caractériser la nature et l’état des
Il faut distinguer les terrains meubles (sols) et les terrains durs terrains, et donc pour choisir des paramètres de comportement géo-
(roches), et selon les types de terrains caractériser au mieux leur mécanique pertinents. Il s’agit bien sûr des paramètres classiques
nature (lithologie, discontinuités …), leurs propriétés mécaniques (granulométrie, teneur en eau, limites d’Atterberg, poids volu-
(résistance et déformabilité, mais aussi potentiel de gonflement, miques …), mais aussi de la minéralogie dont l’influence sur cer-
altérabilité, aptitude à l’abattage …), ainsi que leurs propriétés tains paramètres de comportement est primordiale (problématiques
hydrauliques (perméabilité notamment). de gonflement et d’abrasivité par exemple).
■ Quelle est la variabilité géologique le long du projet ? Il faut également mentionner les techniques permettant d’avoir
une évaluation globale de la qualité des terrains, telles que les
Il s’agit bien sûr d’identifier les différentes natures de terrains et
diagraphies en forages destructifs ou les mesures de vitesses sis-
leur linéaire prévisible le long du projet, mais aussi de qualifier les
miques, ainsi que certains essais spécifiques permettant d’appré-
zones de contacts entre les différents terrains : contact normal,
cier qualitativement certains paramètres tels que l’altérabilité des
contact par faille, zones de chevauchements tectoniques ….
terrains.
■ Quel est le contexte hydrogéologique dans un environnement Enfin, en milieu rocheux, la caractérisation des discontinuités
assez large autour du projet ? du rocher est d’une importance primordiale : on les classera en
Il convient d’identifier s’il existe avant creusement une nappe « familles » dont on déterminera les orientations dans l’espace, la
phréatique ou plusieurs nappes superposées, et de caractériser densité (par des paramètres tels que le RQD – Rock Quality Desi-
leurs aquifères : perméabilités, zones d’alimentation et exutoires. gnation – ou l’espacement moyen), ainsi que l’état des joints qui
Ces éléments permettront d’établir un modèle hydrogéologique permettra d’évaluer la résistance au cisaillement le long de ces
initial, pour estimer les directions et vitesses d’écoulement des discontinuités.
eaux souterraines, et ainsi déterminer les circulations et charges • Paramètres mécaniques
hydrauliques avant creusement.
Ces paramètres, indispensables pour développer les modélisa-
Ce modèle servira de base pour l’évaluation de l’incidence du tions, sont d’une part les paramètres de résistance (le plus souvent
creusement sur les régimes d’écoulements, et donc des débits et pour les sols la cohésion c et l’angle de frottement φ, à court et
variations de pressions interstitielles. long terme, et pour les roches la résistance en compression σc et la

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Référence Internet
C5583

CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

Sondage dirigé
d‘Étache
Sondage dirigé
d‘Avrieux
Altitude (m)

Vallon

1 MODANE
d‘Étache

2 000
ARC
1 000
Profil du tunnel
Pk
0
25 30 35

Figure 1 – Exemple de forage dirigé à grande profondeur pour la reconnaissance des terrains

résistance en traction σt), et d’autre part les paramètres de défor- – enfin, dans les cas où on met en œuvre des boulons, la mesure
mabilité (module de déformation E et coefficient de Poisson ν). de l’adhérence (frottement latéral terrain / boulon) nécessitera des
Il faut souligner qu’en milieu rocheux les discontinuités jouent essais d’arrachement à un stade plus ou moins avancé du projet.
un rôle majeur sur le comportement, et qu’il faut bien distinguer ■ Méthodes de reconnaissances géotechniques
les paramètres mesurés sur échantillons, représentatifs de la
matrice rocheuse hors discontinuités, et ceux que l’on doit évaluer Les méthodes de reconnaissances géotechniques permettant
à l’échelle du « massif rocheux » en intégrant l’effet des disconti- d’obtenir ces différents paramètres ne sont pas spécifiques aux
nuités sur la résistance et la déformabilité. tunnels, et incluent les différentes techniques de sondages (carot-
tés, destructifs), de géophysique de surface ou en forages,
Enfin, et comme pour tout ouvrage géotechnique complexe, des d’essais in-situ et de laboratoire.
comportements spécifiques doivent également être bien caractéri-
sés par des paramètres adaptés : élasticité non linéaire, gonflement, En revanche, les conditions de réalisation de ces reconnais-
fluage, comportement dynamique (modules « dynamiques », amor- sances sont parfois très difficiles, voire impossibles (cas des tun-
tissement). nels profonds sous des massifs montagneux), ce qui a conduit à
développer ou généraliser des méthodes spécifiques pour com-
• Paramètres hydrogéologiques penser ces lacunes d’investigations.
Ce sont bien sûr en premier lieu la caractérisation de la nappe • Soit en phase études par des techniques de forages dirigés
phréatique, ou des nappes superposées s’il y a lieu, dont on définira sur de grandes longueurs, souvent plurikilométriques, et ins-
les niveaux piézométriques et leurs fluctuations afin de connaitre les pirées des forages pétroliers (Recommandation AFTES
charges hydrauliques agissant sur l’ouvrage (en travaux et en exploi- GT24R0F1, 2004 et figure 1) [9] ; ou encore par des ouvrages
tation), ainsi que les perméabilités des différents horizons pour quan- de reconnaissance en vraie grandeur, tels que puits et gale-
tifier les débits d’exhaure, et aussi dimensionner les éventuels ries d’essais sur le site même du projet permettant d’appré-
rabattements de nappe ou traitements de terrains …. cier le comportement « en grand » des terrains, souvent
L’étude hydrogéologique devra s’attacher à préciser les condi- difficile à apprécier sur échantillons, et avec des auscultations
tions aux limites des écoulements dans le massif, avec les zones pour mesurer les évolutions de contraintes et de déforma-
d’alimentation et les exutoires des nappes. tions lors du creusement [15].
• Paramètres de constructibilité • Soit en phase chantier par un suivi géologique et géotech-
Enfin, il est nécessaire de mentionner certains paramètres nique quasiment systématisé permettant, par des levés géo-
nécessaires à une bonne évaluation de phénomènes dont le rôle logiques et des forages de reconnaissance au front de taille,
est déterminant sur les chantiers de creusement, et qui ont d’apprécier à l’avancement la nature et l’état des terrains et
conduit à développer des essais spécifiques : des conditions hydrauliques réellement rencontrées et ainsi
d’adapter « en temps réel » les méthodes de construction et
– pour l’abattage des terrains rocheux, au-delà des données sur de soutènements, selon les principes de la « méthode obser-
la résistance et les discontinuités, la dureté et l’abrasivité afin de vationnelle ».
pouvoir quantifier l’usure des outils de creusement ;
– pour les tunnels excavés à l’explosif, les risques de nuisances • Enfin l’auscultation des ouvrages et de leur environnement
sur l’environnement par l’étude de la propagation et de l’atténua- est également un outil essentiel de vérification, et donc de
tion des ondes vibratoires vers les ouvrages voisins ; les para- validation des comportements évalués en phase études, c’est
mètres dynamiques ont déjà été évoqués, et dans certains cas on à dire implicitement des paramètres utilisés.
pourra être amenés à faire des « essais de tirs » ;
– pour les tunnels en milieux argileux, les risques de colmatage
et de collage du terrain sur les différents organes des tunneliers 1.4 Classifications des sols et roches
par des essais d’adhérence, les problématiques de traitement de la pour les tunnels
boue dans le cas de marinage hydraulique, en complément des
paramètres déjà cités précédemment et qui jouent sur le phéno- Les multiples moyens et méthodes de reconnaissances présen-
mène (minéralogie, plasticité, teneur en eau …). tés au chapitre précédent ne peuvent être développés que pro-
– pour les tunneliers à pression de terre, les essais de condition- gressivement au fur et à mesure du déroulement des études, et il
nement du marin et de maintien du confinement dans la vis est souvent nécessaire de pouvoir évaluer, même de façon sou-
d’Archimède ; vent qualitative mais la plus objective possible, le comportement

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Référence Internet
C5583

__________________________________________________________________________________________________________ CREUSEMENT DES TUNNELS

global prévisible des terrains et les techniques de construction – l’état des contraintes naturelles (caractérisé par le rapport de la
envisageables. résistance à la contrainte initiale σc / σo), la déformabilité du massif.
C’est pourquoi se sont développées des méthodes de classifica- Ces paramètres, complétés par les données sur les dimensions
tions des terrains vis-à-vis de la construction d’ouvrages souterrains, du tunnel et l’environnement plus ou moins sensible, sont utilisés
qui sont présentées sommairement ci-après. Elles conduisent sou- comme données d’entrée dans des tableaux où les différentes
vent à caractériser un terrain par une seule « note globale », ce qui méthodes de construction sont évaluées par rapport à chacun de
peut apparaitre comme réducteur voire trop simpliste, mais elles ces paramètres (recommandé, neutre, défavorable, interdit), per-

1
présentent l’intérêt d’obliger les concepteurs à une revue des princi- mettant ainsi une analyse multicritère. La figure 2 montre un
paux paramètres déterminants pour le comportement en souterrain, exemple de tels tableaux pour le paramètre « discontinuités ».
et de constituer une sorte de « langage universel » facilitant la com-
munication entre acteurs.
■ Classification de Bieniawski
Apparue dès 1973 (revue en 1989, [5]) : c’est une méthode adap-
Les principales caractéristiques de ces différentes méthodes de
tée aux milieux rocheux, dont le principe est de donner au massif
classification sont présentées ci-après, les détails pouvant être
une note globale, appelée RMR (Rock Mass Rating), calculée
recherchés dans les recommandations de l’AFTES GT1R1F1 (2003)
comme la somme de cinq notes partielles correspondant aux cinq
et GT7R1F2 (1974) ou autres publications dédiées :
familles de paramètres dont le rôle est essentiel vis-à-vis du com-
■ Classification AFTES portement du terrain :
À la différence des suivantes, cette classification ne vise pas à – A1 pour la résistance de la roche (résistance en compression
donner une « note globale » aux terrains mais à caractériser les simple σc ou indice Franklin Is) ;
terrains par différentes classes de paramètres permettant d’orien- – A2 pour la densité de fracturation (valeur du RQD) ;
ter les techniques de construction adaptées. Les 6 classes de para- – A3 pour l’espacement des discontinuités ;
mètres considérées sont : – A4 pour la nature et l’état des joints ;
– les conditions géologiques générales (nature des terrains et – A5 pour les conditions hydrogéologiques.
degré d’altération) ; Ces notes sont ensuite complétées par une note corrective B
– les conditions hydrogéologiques (charge et perméabilité) ; selon l’orientation du tunnel par rapport aux discontinuités.
– les données sur les discontinuités (orientations, nombre de
Chacune de ces notes partielles peut varier entre 0 et 15, 20 ou
familles, densité et état) ;
30, et la note globale, sur 100, est donnée par la formule :
– la résistance (résistance en compression σc, gonflement, altéra-
bilité) ; (1)

Procédés
Boulons Cintres Voussoirs
de souténement

spéciaux

ou pousse tube
Tubes préforés
Discontinuités
plaques métal
Béton projeté

Bouclier
assemblées

congélation
(Cas ou l’excavation est faite à l’explosif

comprimé
coulissants
Pas

à ancrage

à ancrage

Injection
ponctuel

lancées

avec découpage)
Légers
réparti

lourds
barres

béton

Air
1/ Matériaux rocheux (R1 à R4)

Nombre
Orientation Espacement
de familles
(1) (2)

N1

N2 Or 2 ou Or 3 S1 à S3

S1

N2
S2

N3 Quelconque S3
Gr Gr

ou N4 S4
Gr ou Bp Gr ou Bp Bl ou Bp Bl ou Bp

S5
Bp Bl ou Bp Bl ou Bp

N5
Bp Bl ou Bp Bl ou Bp

2/ Sol (R5 à R6)


sans objet

NOTA : 1) Pour la famille la plus dense LÉGENDE : GR : avec grillage continu
2) Scellement au mortier de préférence à la résine Bp : avec béton projeté
lorsque les fissures sont ouvertes Bl : avec blindage bois ou métallique

Figure 2 – Exemple de tableau de critère de choix des méthodes de construction (AFTES GT7R1F2, 1974)

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C5583

CREUSEMENT DES TUNNELS _________________________________________________________________________________________________________

On note que, dans cette note globale, 70 % du total correspond La méthode permet également d’évaluer le module de déforma-
à des données sur les discontinuités, 15 % seulement à la résis- tion Em du massif par la formule :
tance et 15 % également à l’hydrogéologie.
Cette note permet un classement en 5 catégories de rocher (de (4)
très bon pour RMR entre 80 et 100 à très médiocre pour RMR
entre 0 et 20), qui permettent d’évaluer le temps de tenue sans avec σci résistance en compression simple de la roche
soutènement, l’ordre de grandeur des caractéristiques géoméca- « intacte »,

1
niques du massif (tableau 1) [5], ainsi que le type de soutènement
à mettre en place pour chacune de ces catégories (tableau 2) [5]. et D paramètre variant entre 0 et 1 selon l’intensité de
l’endommagement du massif résultant de la
■ Classification de Barton technique d’abattage.
(1974, [3]) elle est également conçue pour les massifs rocheux. Nota : lorsque σci > 100 MPa, le terme est pris égal à 1
Le principe est de donner une note globale Q (Rock Mass Quality)
à partir de notes partielles attribuées à chacune des six familles de ■ La synthèse de l’ensemble de ces données de reconnaissances
paramètres : géologique, géotechnique et hydrogéologique est traduite sous
forme d’une maquette géotechnique, profil en long du projet avec
– RQD pour la fracturation ; identification des différents horizons géologiques, ce qui conduit
– Jn, Jr et Ja respectivement pour le nombre de familles, la rugo- au découpage du projet en « unités géologiques homogènes »,
sité et l’altération des discontinuités ; avec pour chacune d’entre elles les principales caractéristiques
– Jw pour les effets de l’eau ; attendues, présentées sous une forme dépendant du choix de la
– SRF pour le rapport résistance / contraintes naturelles. classification retenue, mais avec l’objectif d’avoir une description
synthétique de l’ensemble des critères (résistance, discontinuités,
Ces notes sont ensuite combinées par la formule : hydrogéologie …). Un exemple de maquette géotechnique est pré-
senté à la figure 6.
(2)
À retenir
La note finale Q peut varier de 0,001 à 1 000, et conduit à un classe-
ment du massif en 9 catégories, de « excellent » (Q > 400) à « excep- Les facteurs « géologiques » et environnementaux néces-
tionnellement mauvais » (Q < 0,01). En outre la note globale, saires pour apprécier le comportement sont bien identifiés,
complétée par chacun des 3 rapports de la formule précédente, per- Les méthodes de classification des terrains sont des outils
met d’orienter le choix et les quantités des soutènements par boulons utiles pour intégrer l’ensemble de ces facteurs.
et béton projeté, à l’aide de tableaux et/ou de la figure 3 [3].

■ Méthode de Hoek & Brown


Depuis 1980, [11] : il s’agit en fait d’une extension de la classifi-
cation de Bienawski ayant pour objectif l’évaluation des para- 2. Méthodes de construction
mètres mécaniques du massif. Elle est également basée sur une
note globale GSI (Geological Strength Index), variant entre 0 et des tunnels
100 et qui peut être évaluée soit à partir du RMR par la formule :

2.1 Deux catégories principales 


de méthodes de construction
( calculé comme le RMR classique mais avec une note 15
pour l’eau, ce qui équivaut à un massif hors d’eau, et une note 0 La construction d’un tunnel peut se résumer en trois étapes :
pour l’ajustement / orientation des joints), soit directement à partir
de tableaux tels que celui de la figure 4 où le GSI est déterminé – creuser le terrain : c’est la fonction d’abattage ;
en fonction de la structure (intensité de la « fracturation ») et des – évacuer les terrains creusés : c’est la fonction de marinage ;
conditions de joints de discontinuités. – soutenir le terrain s’il n’est pas naturellement stable : c’est la
fonction de soutènement (provisoire) et/ou de revêtement (défini-
Ce paramètre GSI est utilisé pour caractériser le comportement
tif).
géomécanique du « massif rocheux » en termes de résistance au
cisaillement et de déformabilité, comportement homogénéisé Dès les premières constructions d’ouvrages souterrains, le prin-
intégrant à la fois les propriétés de la matrice (rocher « intact » cipe a été de creuser sur une longueur limitée pour que l’ouvrage
entre discontinuités) et l’effet de ses discontinuités sur la résis- reste stable à court terme, c’est-à-dire pendant la durée nécessaire
tance et la déformabilité du massif. à la mise en place d’un éventuel soutènement : c’est donc un tra-
vail séquentiel qui suppose que les différentes fonctions soient
Le critère de rupture est une loi d’allure parabolique (figure 5) [11] :
exécutées les unes après les autres, et qui nécessite des interven-
tions humaines au front relativement importantes. C’est que l’on
(3) appelle maintenant les méthodes conventionnelles (ou séquen-
tielles).

avec σci résistance en compression simple de la roche Dans la 2e moitié du XXe siècle se sont développées des tech-
« intacte » (sans discontinuités), niques beaucoup plus mécanisées, permettant d’effectuer ces diffé-
rentes opérations quasiment en même temps et de façon sécurisée.
et mb et s paramètres de comportement directement C’est ce qu’on appelle les techniques mécanisées, impliquant l’utili-
déterminés à partir de GSI. sation de tunneliers.
Ce critère peut être facilement transformé en critère de Mohr- Ces deux catégories de méthode seront développées aux cha-
Coulomb par une linéarisation de la courbe intrinsèque dans le pitres suivants, et nous nous limiterons ici à en donner les grands
domaine de contraintes adapté. principes et domaines d’application.

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16
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Tableau 1 – Classification RMR


A : Paramètres de classification et notations
Paramètres Plages de valeurs
Pour les faibles
Indice Franklin Is > 10 MPa 4 – 10 MPa 2 – 4 MPa 1 – 2 MPa
valeurs utiliser σc

1
Résistance
Résistance
A1 de la roche 5 – 25 1–5 < 1
compression > 250 MPa 100 – 250 MPa 50 – 100 MPa 25 – 50 MPa
(matrice) MPa MPa MPa
uniaxiale σc
NOTATION 15 12 7 4 2 1 0
RQD 90 % – 100 % 75 % – 90 % 50 % – 75 % 25 % – 50 % < 25 %
A2 RQD
NOTATION 20 17 13 8 3
Espacement Espacement > 200 cm 60 cm – 200 cm 20 cm – 60 cm 6 cm – 20 cm < 6 cm
A3 des
discontinuités NOTATION 20 15 10 8 5

Surfaces très Surfaces légère- Surfaces lustrées


Surfaces légère-
rugueuses non ment rugueuses. ou Remplissage Remplissage mou
Nature ment rugueuses.
Nature continues. Epaisseur < 5 mm > 5 mm ou épais-
des Epaisseur
A4 des Epontes en < 1 mm. Epontes ou Epaisseur seur > 5 mm.
discontinuités < 1 mm. Epontes
discontinuités contact. Epontes faiblement de 1 à 5 mm. Joint continu
fortement altérées
non altérées altérées Joint discontinu
NOTATION 30 25 20 10 0
Débit sur 10 m
de longueur de Aucun < 10 l/min 10 à 25 l/min 25 à 125 l/min > 125 l/min
tunnel (l/min)
Rapport
pression eau /
A5 Eau 0 < 0,1 0,1 à 0,2 0,2 à 0,5 > 0,5
contrainte prin-
cipale majeure
Conditions Complètement
Humide Mouillé Suintant Débitant
générales sec
NOTATION 15 10 7 4 0
RMR = sommes des notations 1 à 5

B : Ajustement de la valeur de RMR en fonction de l’orientation des discontinuités


Direction et pendage Très favorable Favorable Moyen Défavorable Très défavorable
NOTATION B (pour tunnels) 0 –2 –5 –10 –12

C : Classe de massif rocheux déterminé par le RMR


Valeur du RMR 100 ← 81 80 ← 61 60 ← 41 40 ← 21 20 ← 0
CLASSE DU MASSIF ROCHEUX I II III IV V
Rocher très
Description Très bon rocher Bon rocher Rocher moyen Rocher médiocre
médiocre

D : Propriétés globales attribuées au massif en fonction des classes


20 ans 1 an 1 semaine 10 heures 30 min
Temps de tenue sans soutènement pour une portée pour une portée pour une portée pour une portée pour une portée
de 15 m de 10 m de 5 m de 2,5 m de 1 m
Cohésion du massif rocheux (kPa) > 400 kPa 300 à 400 kPa 200 à 300 kPa 100 à 200 kPa < 100 kPa
Angle de frottement du massif
> 45° 35° à 45° 25° à 35° 15° à 25° < 15°
rocheux (°)

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Tableau 2 – Classification RMR : choix du type de soutènement


Type de soutènement
Boulons d’ancrage
(Dia 25 mm – Longueur = 1/2 diamètre Béton projeté Cintres métalliques
Classe de du tunnel – Scellement réparti)
la roche

1
Complément
Espacement Complément d’ancrage Voûte Piédroits Type Espacement
de soutènement
I Généralement pas nécessaire
Occasionnellement
II 1,5 à 2,0 m 50 mm Néant Néant Non rentable
treillis soudé en voûte
Treillis soudé + 30 mm Occasionnellement
III 1,0 à 1,5 m de béton projeté 100 mm 50 mm treillis et boulons si Cintres légers 1,5 à 2,0 m
en voûte si nécessaire nécessaire
Treillis soudé + 30
Treillis soudé Cintres moyens +
à 50 mm de béton
IV 0,5 à 1,0 m 150 mm 100 mm et boulons à 1,5 à 3 m 50 mm de béton 0,7 à 1,5 m
projeté en voûte
d’espacement projeté
et en piédroits
Immédiatement
Treillis soudé,
80 mm de béton
V Non recommandé 200 mm 150 mm boulons et cintres 0,7 m
projeté puis cintres
légers
lourds à l’avancement

■ Les méthodes conventionnelles consistent à construire le tunnel – améliorations mécaniques : injections d’imprégnation, jet-
en travail séquentiel : grouting, soil mixing, renforcements par inclusion de barres ou
– excavation (abattage) sur une longueur limitée (volée) pour tubes (métalliques ou en fibre de verre), congélation ;
assurer la stabilité immédiate ; – améliorations hydrauliques : rabattements de nappe (depuis la
surface par puits ou de l’intérieur du tunnel par drains subhorizon-
– évacuation des déblais (marinage) ;
taux), étanchéifications par injection (imprégnation ou rideaux de
– mise en œuvre du soutènement (provisoire) ;
jet-grouting…).
– les phases de revêtement (définitif) et d’équipements sont alors
faites ultérieurement, et de façon indépendante de ces opérations.
Ces méthodes conviennent dans le rocher et dans les terrains À retenir
« suffisamment résistants » sous couverture modérée à faible.
Dans les terrains de plus mauvaise qualité, elles restent utili- – Les méthodes « traditionnelles », séquentielles, sont bien
sables, mais nécessitent alors des techniques d’accompagnement maîtrisées et facilement adaptables aux conditions de terrain,
pour permettre leur mise en œuvre dans de bonnes conditions de mais trouvent leurs limites pour les projets les plus délicats,
sécurité : traitements de terrain avec pour objectifs leur consolida- – Le champ d’application des méthodes traditionnelles peut
tion et/ou leur étanchement, renforcements par inclusions, rabat- être étendu grâce à différentes techniques d’accompagnement
tements de nappe, etc. (injections, drainage, compensation …),
– Les tunneliers permettent d’obtenir de bonnes performances,
■ Les méthodes mécanisées utilisent des tunneliers, machines même en conditions difficiles, mais leur conception doit être soi-
conçues pour assurer toutes ces fonctions d’abattage, de marinage gneusement étudiée en fonction des terrains attendus.
et de soutènement, ainsi que l’avancement, de façon intégrée.
Elles conviennent dans une plus large gamme de terrains, depuis
le rocher dur jusqu’aux sols meubles, y compris sous nappe, mais la
conception des machines est très différente selon le type de terrain. 3. Description des méthodes
■ Les principaux critères de choix entre les deux méthodes, outre
bien sûr la qualité des terrains, sont la section du tunnel (circulaire
conventionnelles
dans le cas des tunneliers, ce qui n’est pas toujours optimal pour
l’exploitation), la longueur du projet (qui doit permettre d’amortir 3.1 Méthode de base
les coûts de fabrication et de mise en œuvre du tunnelier sur un
linéaire suffisant), et les délais de réalisation (en général plus Les techniques de creusement dites en « méthode convention-
rapides avec des tunneliers). nelle » (ou « méthode traditionnelle ») consistent, comme évoqué
au paragraphe précédent, à réaliser le tunnel selon un processus
séquentiel, et se distinguent des méthodes mécanisées, dans
lesquelles le creusement se fait par le biais d’un tunnelier (voir
2.2 Techniques d’accompagnement chapitre 4).
À ces techniques de creusement, on associe parfois des tech- Dans les méthodes conventionnelles, les modes d’abattage et
niques de traitement de terrain pour consolider et drainer/étan- de soutènement du tunnel sont strictement liés aux conditions
cher les terrains avant le creusement proprement dit (surtout en géologiques rencontrées et, en particulier, diffèrent selon que le
méthodes conventionnelles mais parfois aussi ponctuellement en milieu encaissant est une roche compétente, une roche dégradée
méthodes mécanisées pour passer les « points durs » ou per- ou un sol. Le type de massif dicte également la longueur de la
mettre les entrées et sorties en terre) : passe d’excavation et, ainsi, la longueur « non soutenue » entre le

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QUALITÉ DU MASSIF ROCHEUX ET SOUTÈNEMENT

G F E D C B A

1
Exceptionnellement Extrêmement Très Extrêmement Except.
Très mauvais Mauvais Moyen Bon
mauvais mauvais bon bon bon
20
2,3 m 2,5 m
2,1 m
9 ec BP 1,7 m
ns av 1,5 m
50
e boulo 11

Longueur des boulons pour ESR = 1 (en m)


d s
o y en  c
m
nt m 1,3 m cm cm
ceme 12 9  6 

m
Espa 1,2 m 7

5 c
1,0 m m
 cm  c
25 15
Portée ou hauteur (m)

20 8 7 6 5 4 3 2 5
)
 m
à4
1,6
ESR

10 RRS III RRS II RRS I ( de 3


s BP
san
RRS c/c 1,0 m

RRS c/c 1,7 m

RRS c/c 2,3 m

RRS c/c 2,9 m

RRS c/c 4,0 m

ns
5 o ulo
sb
de 1 2,4
en
oy
3 tm
en
em
pac
2 Es 1,5
 J  J
00  J 00
0
70
0 = 7  J
= 1 = 
E  5 00
E E E=
1
0,001 0,004 0,01 0,04 0,1 0,4 1 4 10 40 100 400

RQD Jr Jw
QUALITÉ DU MASSIF Q= × ×
Jn Ja SRF

Catégories de soutènement
Si30/6 : Ø16 – 20 (Portée de 10 m)
RRS I
1 : Pas de soutènement ou boulonnage ponctuel D40/6 + 2 Ø16 (Portée de 20 m)
2 : Boulonnage ponctuel SB
3 : Boulonnage systématique. Béton projeté fibré 5 à 6 cm : B-BPF
4 : Béton projeté fibré 6 à 9 cm et boulonnage : BPF (E500)+B Si35/6 : Ø16 – 20 (Portée de 5 m)
5 : Béton projeté fibré 9 à 12 cm et boulonnage : BPF (E700)+B RRS II D45/6 + 2 Ø16 – 20 (Portée de 10 m)
D55/6 + 4 Ø20 (Portée de 20 m)
6 : Béton projeté fibré 12 à 15 cm + cintres réticulés noyés
et boulonnage : BPF (E700)–RRS I+B
7 : Béton projeté fibré > 15 cm + cintres réticulés noyés D40/6 + 4 Ø16 – 20 (Portée de 5 m)
et boulonnage : BPF (E1000)–RRS I+B RRS III D55/6 + 4 Ø20 (Portée de 10 m)
D70/6 + 6 Ø20 (Portée de 20 m)
8 : Béton coulé en place ou Béton projeté fibré + cintres réticulés
noyés et boulonnage : BCP ou BPF (E1000)–RRS III+B
Légende :
9 : Étude spécifique
Si30/6 : une rangée d’aciers – 30 cm de BP
Nota : D : deux rangées d’aciers
L’espacement des boulons est donné pour des HA20 Ø16 : acier de diamètre 16 mm
Les zones en pointillé n’ont pas de support empirique c/c : entraxe des cintres

Légende :
SB : boulonnage ponctuel ; BPF : béton projeté fibré ; BCP : béton coulé en place
RRS : Reinforced Ribs of Sprayed concrete (cintres réticulés noyés)
E = Énergie absorbée pour le BP ; ESR = « Excavation Support Ratio »

Figure 3 – Classification de Barton (nombre Q) et choix du type de soutènement

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1

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C5572

Mini et microtunneliers

par Françis MAQUENNEHAN


1
Diplômé de l’École des ingénieurs de la Ville de Paris
Service Ingénierie de la SAGEP (Société Anonyme de Gestion des Eaux de Paris)

1. Généralités................................................................................................. C 5 572 - 2
2. Mode de réalisation et de creusement .............................................. — 2
2.1 Principe de réalisation................................................................................. — 3
2.2 Matériel de forage ....................................................................................... — 3
2.3 Matériaux mis en œuvre pour la réalisation de l’ouvrage ....................... — 5
2.4 Réaction sol-tuyau ....................................................................................... — 5
2.5 Marinage ...................................................................................................... — 6
3. Injections de coulis ................................................................................. — 7
3.1 Injections de traitement de sols ................................................................. — 7
3.2 Injections de non-collage ............................................................................ — 7
3.3 Injections de blocage du vide annulaire .................................................... — 7
4. Limites d’utilisation de la technique .................................................. — 7
4.1 Longueurs .................................................................................................... — 7
4.2 Profondeur ................................................................................................... — 8
5. Applications .............................................................................................. — 8
6. Conclusion ................................................................................................. — 8
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 5 572

a mise en place de réseaux enterrés, en sites urbains ou en franchissement


L d’obstacles naturels ou artificiels, sont des problèmes qui se posent de plus
en plus aux ingénieurs. La solution n’est pas toujours très simple compte-tenu
des contraintes environnementales.
La plupart du temps, les réseaux de fluides sont installés en site propre, c’est-
à-dire que chaque réseau est posé de manière isolée en terre ou en aérien pour
ne pas interférer avec les autres réseaux.
Des expériences furent réalisées pour permettre la réduction des coûts de
maintenance, en faisant cohabiter plusieurs réseaux dans un même ouvrage. La
première fut réalisée dans Paris, où le réseau d’égout construit progressivement
depuis 1860 a été dimensionné non seulement pour être visitable afin d’en per-
mettre la maintenance mais encore pour recevoir les conduites d’eau alimentant
les abonnés. Ces égouts ont été aussi utilisés ensuite par d’autres concession-
naires de service public chargés de mettre en place des réseaux de téléphone ou
de transport d’informations par air comprimé (transport des pneumatiques).
Aujourd’hui, à l’exception des services assurant le transport d’eau sous toutes
ses formes (eau potable, non potable, eau réfrigérée), cette cohabitation est
devenue très difficile sous l’effet des contraintes inhérentes au personnel de
maintenance des matériels, conduisant les concessionnaires à chercher une cer-
taine indépendance en installant leurs ouvrages dans un profil indépendant.
Les réseaux enterrés, nécessaires à la desserte des usagers, se sont densifiés
progressivement et ont des emprises souterraines de plus en plus importantes,
Parution : février 2001

jusqu’à saturation du sous-sol sur les premiers mètres de profondeur.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 5 572 − 1

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C5572

MINI ET MICROTUNNELIERS _____________________________________________________________________________________________________________

Parmi les différents procédés de construction récents, l’emploi de mini et de


microtunneliers est une solution permettant de réaliser un ouvrage souterrain
non visitable, sans tranchée, dans tous les types de sol, à des profondeurs allant
de 2 à 20 m, avec une bonne précision d’implantation, en contournant les ouvra-
ges existants. Seuls les puits provisoires d’accès, relativement écartés, révèlent
l’existence du chantier.

1
Par ailleurs, les décideurs politiques attachent de plus en plus d’importance
aux procédés de construction des réseaux souterrains sans tranchées car les ter-
rassements importants génèrent des nuisances de moins en moins tolérées par
le public et la collectivité locale qui en supportent les coûts sociaux. Ces nuisan-
ces difficilement chiffrables ont de nombreux impacts. Il s’agit entre autre :
— de problèmes de circulation des piétons entraînant la déviation des circuits
de surface et l’accroissement de risques d’accidents corporels ;
— de problèmes de circulation des véhicules entraînant des embouteillages et
des dévoiements de la circulation ;
— de problèmes de nuisance sonore qui, pour des mini ou microtunneliers est
localisée aux emprises réduites de chantier ;
— de problèmes de pollution atmosphérique par moteur thermique (le mini-
tunnelier utilise l’énergie électrique).
Cette technique est aussi applicable en dehors des zones urbanisées pour le
franchissement d’obstacles divers, tels que :
— les rivières et voies navigables ;
— les voies ferrées ;
— les autoroutes, voies rapides, pistes d’aéroports ;
— les sites industriels : usines d’incinération, usines EDF et GDF, sites nucléai-
res...

1. Généralités 2. Mode de réalisation


et de creusement
Les tunneliers classiques de grand diamètre, à attaque globale,
progressent dans le terrain sous l’action de vérins de poussée dis-
posés à l’abri du bouclier entre la tête de forage et les anneaux de Le projet d’implantation du tunnel et des puits est réalisé en pre-
soutènement fixées mis en place successivement au fur et à mesure nant en compte les facteurs suivants :
de l’avancement.
— les vérifications géologiques et l’homogénéité des terrains ;
Au contraire, pour les tunneliers de petit diamètre, mini ou micro-
tunneliers (diamètres intérieurs à 1 800 mm), la tête de forage (ou — le type de terrain rencontré qui définit le type de machine à
tête de coupe) et son bouclier sont poussés vers l’avant par le train utiliser ;
de tubes formant un soutènement glissant dont l’avancement est — le type de matériau de l’ouvrage à réaliser ;
obtenu par des vérins installés à poste fixe dans le puits d’attaque
— la détermination du système de marinage ;
(figure 1).
— les types d’injections à réaliser ;
Il existe aujourd’hui une distinction entre le minitunnelier et le
microtunnelier. — les distances possibles entre puits ;
Le minitunnelier permet de réaliser un ouvrage circulaire en exca- — la vérification des niveaux haut et bas de la nappe d’eau ;
vant le terrain par creusement à l’avancement et marinage mécani- — les contraintes environnementales qui sont :
que. Les tunnels ont des diamètres compris entre 1 200 et
1 800 mm. • les ouvrages des services et des concessionnaires déjà
implantés dans le sous-sol,
Le microtunnelier est un minitunnelier utilisant le marinage
hydraulique et ne nécessitant pas d’intervention humaine dans le • les circulations de surface (piétons et véhicules),
tunnel en phase de creusement. Les tunnels ont des diamètres com- • les activités industrielles et commerciales autour du site des
pris entre 400 et 1 600 mm. travaux,
Cette distinction pourrait être supprimée au fil du temps de • la concertation avec les responsables politiques et associatifs,
manière à ne former qu’une seule famille, celle des microtunneliers.
• les autorisations administratives,
Les procédés de construction de petits diamètres (< 400 mm) • la pollution éventuelle des nappes,
par forage horizontal dirigé ne sont pas décrits dans cet article. • la pollution éventuelle des sols.

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22
Référence Internet
C5570

Tunneliers
Machines pour creuser des tunnels
en pleine section 1
par Benjamin LEROI
Directeur du service méthodes travaux souterrains
Vinci Construction Grands Projets, Nanterre, France
David MAZEYRIE
Ingénieur principal méthodes travaux souterrains
Vinci Construction Grands Projets, Nanterre, France
et François RENAULT
Directeur technique tunnel
Vinci Construction Grands Projets, Nanterre, France

1. Développement des tunneliers.......................................................... C 5 570v2 - 2


2. Les différents types de confinement ............................................... — 3
3. Les différents types de tunneliers .................................................... — 7
4. Les organes principaux........................................................................ — 14
5. Le guidage des tunneliers ................................................................... — 22
6. Aspect économique .............................................................................. — 23
7. Aspect programme ............................................................................... — 23
8. Risques principaux et contre-mesures ............................................ — 24
9. Aspects environnementaux................................................................ — 25
10. Conclusion............................................................................................... — 26
11. Glossaire .................................................................................................. — 26
Pour en savoir plus Doc. C 5 570v2

e secteur de la construction des tunnels couvre la réalisation de tunnels rou-


L tiers ou ferroviaires. Il a également pour activité le creusement de galeries
hydrauliques dans le cadre de projets hydro-électriques ou pour transporter des
effluents. Même si des tunneliers, véritables usines mobiles souterraines, sont
utilisés pour la réalisation de ces ouvrages, c’est le développement spectaculaire
des métros à travers le monde qui a permis leur rapide évolution.
Avant l’utilisation des tunneliers, la mécanisation des opérations de creuse-
ment était limitée à l’usage de machines à attaque ponctuelle issues des
pratiques de l’industrie minière ou à l’utilisation de machines de forage pour
les projets ayant recours à des explosifs. Ces techniques sont limitées à la tra-
versée les massifs rocheux. L’un des principaux avantages amenés par la
technologie des tunneliers est qu’ils permettent de franchir des horizons géo-
logiques jusque-là très compliqués et coûteux à traverser. En effet, la possibilité
de confiner le front d’un tunnelier permet d’assurer, d’une part la stabilité de la
Parution : février 2022

face excavée même dans des horizons sableux ou argileux et sous la nappe,

Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés C 5 570v2 – 1

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Référence Internet
C5570

TUNNELIERS ______________________________________________________________________________________________________________________

et d’autre part de maîtriser les tassements en surface. C’est pour cette raison
que le développement de nouvelles lignes de métro en sites urbains, souvent
situés dans des plaines fluviatiles, a été rendue économiquement possible et
que l’industrie du tunnelier a vu son activité croître en même temps.
L’utilisation des tunneliers ne se réduit pas à la construction de métros. Des
ouvrages de franchissement de grande envergure ont été réalisés grâce à ces
machines. On retiendra le creusement du tunnel sous la Manche, les tunnels
1 alpins du Saint Gothard, du Lötschberg et de la ligne ferroviaire Lyon-Turin.
Au-delà du fait que les coûts de réalisation des tunnels creusés au tunnelier
sont inférieurs aux coûts de réalisation de tunnels en méthode traditionnelle
dès que la longueur des ouvrages dépasse 2 ou 3 kilomètres, leur utilisation a
permis de réduire le nombre d’accidents affectant le personnel du chantier.
Bien que la technologie des tunneliers ne soit pas récente, on continue à
constater une évolution rapide et constante de ces machines. Les évolutions
les plus récentes ont pour objectif d’élargir la gamme de terrains qui peuvent
être creusés par un type de tunnelier, de détecter d’éventuels obstacles, ou
bien encore d’augmenter les performances de creusement.

primé en avant de cette cloison. Le but recherché était surtout de


1. Développement pouvoir creuser sous la nappe en repoussant l’eau grâce à cette
des tunneliers pression d’air comprimé.

Dans les années 1950, sous l’impulsion de M.Robbins, des


Si l’on considère qu’un tunnelier désigne une machine permet- machines équipées de roues de coupe dotées de molettes font
tant de creuser un tunnel en pleine section, on peut présenter la leur apparition. L’usage des molettes permet de creuser des
machine de Brunel comme la première ayant répondu à cette défi- roches dures en pleine section. Pour la première fois, au Japon,
nition. Cette machine a creusé un tunnel sous la Tamise entre 1825 en 1964 une machine à pression de boue est utilisée pour creuser
et 1843. Elle prenait appui sur le revêtement du tunnel constitué un tunnel de 7,7 m de diamètre. Cette fois, ce n’est plus de l’air
d’une voûte en briques pour avancer et des volets disposés sur la comprimé qui est utilisé pour contenir l’eau du terrain, mais une
face du tunnel permettaient à des ouvriers d’excaver les matériaux boue. En France, en 1967, une première machine Robbins à front
depuis différents niveaux de plateformes (figure 1a). pressurisé est utilisée pour le creusement d’un lot du RER A entre
l’Etoile et la Défense. Dans les années 1970, les Japonais déve-
Plus tard, vers 1882, les colonels de Beaumont et English utilisent
loppent un tunnelier qui utilise cette fois-ci, non plus de l’air ni de
une machine qui permet de creuser une galerie de 4 km dans le but
la boue, mais le sol excavé. Ce sol, conditionné pour le rendre
de relier l’Angleterre à la France. Cette machine dispose cette fois
pâteux est maintenu sous pression dans la chambre d’abattage.
d’une roue équipée d’outils qui désagrègent le terrain au front en
Chacun de ces différents types de confinement continue à être uti-
tournant autour d’un axe central (figure 1b).
lisé selon la configuration des projets et nécessite des tunneliers
Au cours des années 1920, sont apparus les premiers boucliers de types différents comme nous allons le voir dans la suite de
cloisonnés qui permettaient d’appliquer une pression d’air com- l’article.

a machine de Brunel (1825) b machine de Beaumont (1882)

Figure 1 – Premiers tunneliers

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alors le rôle du confinement car le front d’excavation peut être


2. Les différents types déstabilisé par les forces d’écoulement.
de confinement Les boucliers fermés ont été développés sur la base de trois
modes de confinement principaux : air comprimé, pression de
terre et pression de boue. Ces dernières années, un quatrième
mode de confinement appelé « densité variable » a été développé
2.1 La nécessité du confinement et peut être décrit comme un mode hybride entre la pression de
terre et la pression de boue (voir § 3.5.3).
Le creusement d’un tunnel modifie l’état de contrainte initial qui
règne dans le sol ou la roche le long du tracé de l’ouvrage. L’exca-
vation d’un tunnel crée un front d’excavation qui avance à mesure
Ces modes utilisent un « médium » de confinement qui, mis sous
pression dans la chambre d’excavation du bouclier, va exercer une 1
du creusement du tunnel et une paroi d’excavation périmétrique. réaction active sur le front d’excavation. Le choix du médium à
employer est fonction de la nature du sol ou de la roche dans lesquels
Le front d’excavation et la paroi d’excavation sont des surfaces est creusé le tunnel.
sur lesquelles le creusement du tunnel annule les contraintes nor-
males si aucune disposition n’est prise. Ces conditions aux limites L’estimation de la valeur de la pression de confinement dans la
peuvent amener le sol ou la roche dans un état de rupture autour chambre d’excavation est réalisée par le calcul, en prenant
du tunnel et une action extérieure est alors requise pour ne pas comme données d’entrée les paramètres géomécaniques du ter-
atteindre cet état de rupture. rain à front et en couverture (figure 3).
Les méthodes analytiques les plus simples sont basées sur
Dans le cas d’un tunnel creusé au moyen d’un tunnelier, le bou-
l’étude de la stabilité d’un coin de terrain situé en face du front de
clier qui peut être assimilé à un cylindre du diamètre du tunnel
taille en réalisant un bilan des forces agissant sur ce dernier. Voir
excavé peut opposer a minima une réaction « passive » en s’oppo-
en particulier la référence [1].
sant aux déplacements de la paroi d’excavation. Ce principe est
celui des boucliers ouverts ou fermés, avec pose du revêtement
définitif dans la jupe. Dans le cas des boucliers fermés, il peut être
possible de créer une réaction active en injectant un fluide entre le 2.2 Confinement gazeux
bouclier et la paroi d’excavation. Ce procédé peut être requis pour
contenir les déplacements de la paroi d’excavation et ainsi limiter Le confinement gazeux utilise l’air comprimé pour exercer une
les tassements en surface. Il peut également être requis pour réaction active sur le front d’excavation. La chambre d’excavation
lubrifier le contact. du bouclier est ainsi remplie d’air sous pression. Ce mode de confi-
nement a été le premier utilisé dans le creusement de tunnel, en
L’exception est celle des boucliers à grippers qui ne possèdent particulier en milieu aquifère. La pression de l’air doit tout d’abord
pas de jupe et où le revêtement définitif du tunnel peut être réa- s’opposer à la pression de l’eau en contre-balançant la pression
lisé à l’arrière du tunnelier. Le tunnelier est muni d’équipements hydrostatique, l’objectif est de contenir les forces d’écoulement
permettant la mise en œuvre d’un soutènement temporaire immé- (forces déstabilisatrices) dans la zone du front d’excavation. Le
diatement à l’arrière du bouclier. second objectif est de repousser physiquement l’eau en arrière du
Le front d’excavation peut également nécessiter un confinement front et ainsi réduire la teneur en eau des déblais.
pour ne pas atteindre un état de rupture du sol ou de la roche. La La pression d’air s’exerce de façon uniforme sur la surface du
rupture du front d’excavation amène la déstabilisation d’un volume front d’excavation. Si les forces d’écoulement ne sont pas admis-
plus ou moins important de sol ou de roche vers le tunnel et crée sibles pour la stabilité du front, la pression d’air doit contre-balancer
ainsi un vide qui peut remonter à la surface et provoquer un fontis la pression hydrostatique au point bas de la chambre d’excavation.
(figure 2). En conséquent, l’air est en surpression par rapport à la pression
Le confinement du front d’excavation qui est une réaction active hydrostatique au point haut de la chambre.
a pour rôle de maintenir le sol ou la roche dans un état de stabilité Cette surpression s’accompagne d’une fuite de l’air à travers les
maîtrisé. La présence de l’eau dans le sol ou la roche renforce pores du sol. L’action stabilisatrice de l’air comprimé sur la phase

Cas a. Cas b. Cas c.

Cas a : le front est stable naturellement. Pas besoin de confinement


Cas b : le front se déforme de façon importante induisant des tassements en surface. Nécessité d’un confinement pour limiter les tassements
Cas c : le front n’est pas stable induisant un fontis en surface. Nécessité d’un confinement pour éviter un effondrement

Figure 2 – Différents comportements du front d’excavation

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Le confinement liquide au moyen d’une suspension de bento-


nite a été développé à l’origine pour creuser des tunnels dans des
M formations sableuses et aquifères. En effet la suspension de ben-
tonite développe des propriétés thixotropes et colmatantes per-
N
L
mettant d’assurer la transmission de la pression de confinement à
la face du tunnel. L’abaque de la figure 4 [2] illustre les conditions
d’utilisation d’un tunnelier de type pression de boue selon la
I granulométrie du sol.

1
K
La bentonite est une argile de type montmorillonite dont les
J H propriétés particulières sont dues à une structure moléculaire
caractérisée par un feuillet élémentaire composé de deux couches
tétraédriques (Si+4) appliquées de part et d’autre d’une couche
G octaédrique dont le centre est occupé par un cation Al-Mg-Fe
(figure 5).
F
L’arrangement moléculaire de ce feuillet élémentaire est le siège
C H de migrations de cations (se produisant au cours des réactions
E d’altérations des roches ou des cendres éruptives) qui créent des
substitutions de Si par Al dans les couches tétraédriques et de Al
D par des cations Mg-Fe-Li dans la couche octaédrique. Ces substi-
h0 tutions de cations de valence moindre créent des excès de charge
négative dans le feuillet, ce qui est à l’origine de la capacité
d’échange de cations. Les propriétés de la bentonite sont étroite-
ω ment liées à la nature et au nombre de ces cations échangés. Les
B bentonites naturelles sont ainsi classées en deux catégories selon
Z Y
D la nature des cations échangeables :
A – les bentonites calciques naturelles où les cations échangeables
X
sont constitués principalement par des cations Ca++ et Mg++ en
diverses proportions ;
– les bentonites sodiques naturelles où les cations échangeables
sont principalement des cations Na+ (70 à 80 %) avec 20 à 30 %
environ de cations Ca++ et Mg++.
Figure 3 – Modèle de Horn pour l’estimation de la valeur de la pres-
sion de confinement La rhéologie de la suspension de bentonite est caractérisée par
une loi d’écoulement de type fluide de Bingham et une thixo-
tropie. Un fluide de Bingham présente un caractère plastique et
granulaire (contrainte effective) est étroitement liée à la perméabi- nécessite un effort de cisaillement minimal pour qu’il commence à
lité du sol. Dans les sols à texture grossière et perméable, la migra- s’écouler. Cet effort de cisaillement est appelé usuellement « Yield
tion de l’air dans les pores est plus facile. Les pertes de charges de Value ». La suspension de bentonite a la propriété d’être un fluide
l’air au contact des grains sont faibles et il est difficile de créer un thixotrope, qui se liquéfie sous l’effet d’une agitation et se fige au
gradient de stabilisation suffisant pour stabiliser le front. De plus, repos. Ce phénomène est réversible : avec une agitation, la sus-
les pertes d’air peuvent être telles que les compresseurs du tunne- pension retrouve ses propriétés initiales.
lier ne permettent pas de les compenser et de maintenir la pression Les propriétés colmatantes de la suspension colloïdale se déve-
requise. loppent lorsque cette dernière est mise en contact direct avec le
A contrario, dans les sols à texture fine et peu perméable, la sol. Dans un premier temps, la suspension migre dans les pores
migration de l’air dans les pores est plus difficile, les pertes de du sol. La profondeur de migration est fonction de la porosité et
charge sont plus fortes et il est plus facile de créer un gradient de de la perméabilité du sol, des caractéristiques rhéologiques et col-
stabilisation suffisant pour stabiliser le front. Les pertes d’air sont matantes de la suspension et de la pression différentielle entre la
généralement faibles et compatibles avec les compresseurs du pression hydrostatique de la boue et la pression hydrostatique de
tunnelier. l’eau dans le sol. Les pores sont progressivement colmatés puis
obstrués par les particules solides de la suspension. Lorsque la
suspension est ainsi bloquée dans les pores, le sol prend un rôle
2.3 Confinement liquide de filtre et la suspension est alors un liquide chargé à filtrer. L’eau
de la suspension migre dans le sol et la suspension change de
Le confinement liquide met en œuvre une boue de forage obte- l’état liquide vers l’état plastique en formant un cake de bentonite
nue par un mélange d’eau et d’une argile particulière : la bentonite. dont les caractéristiques recherchées sont la plasticité et l’imper-
méabilité. À l’instar du seuil de cisaillement pour la rhéologie de
La bentonite est mélangée à l’eau pour former une suspension la suspension de bentonite, la propriété de filtration est caractéri-
colloïdale qui va développer des propriétés thixotropes et colma- sée par le filtrat qui est un essai normalisé visant à mesurer la
tantes propices à la stabilisation du front d’excavation. Ce type de capacité de filtration.
boue de forage a été utilisé tout d’abord dans l’industrie du forage
pétrolier, puis par les entreprises de fondations spéciales pour Selon la nature des terrains rencontrés et les propriétés requises
assurer la stabilité des excavations des panneaux de parois mou- pour la boue de forage, il peut être nécessaire d’ajouter des
lées en cours d’excavation. polymères à la bentonite naturelle si celle-ci ne peut pas dévelop-
per seule ces propriétés. Ces polymères sont classés en quatre
Cette suspension de bentonite est mise en pression dans la familles :
chambre d’excavation pour exercer une réaction active sur le front
d’excavation. L’application pour le creusement de tunnel requiert – les polymères d’origine bactérienne (gomme, xanthane, scléro-
des performances de la boue de forage supérieures à celles requises glucane...) ;
pour les parois moulées, mais les principes de stabilisation sont – les polymères d’origine naturelle (amidons, guars) ;
similaires. – les polymères synthétiques (acrylamides, acrylates) ;

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Fluid-Supported

CLAY SILT SAND GRAVEL

fine medium coarse fine medium coarse fine medium coarse

ne
ffo
rt 1

ers
tio
Percent Passing [%]

ra

fill
pa

+
n
se

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ion
igh

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pp
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ti-c

an

ce
An

St

Fa
A
B

0,002 0,006 0,02 0,06 0,2 0,6 2 6 20 60 100

Particle Size [mm]

Figure 4 – Plage d’application du confinement liquide (Crédit Thewes 2009)

– les polymères semi-synthétiques (éthers de cellulose amidons Le gradient généré par la boue est :
et guar modifiés).
La sélection d’une bentonite sur un chantier est basée sur des (2)
essais en laboratoire réalisés avant le début du creusement. Dans
la pratique, plusieurs bentonites sont testées avec l’eau qui sera avec : n : porosité du sol ;
utilisée sur le chantier. Il peut y avoir une grande variabilité des γs : poids spécifique des grains solides (kN/m3) ;
propriétés rhéologiques et colmatantes entre les différents pro- γb : poids spécifique de la boue (kN/m3) ;
duits. De plus, la bentonite est sensible aux caractéristiques phy-
sico chimiques de l’eau. Les essais sont généralement menés avec φ : angle de frottement interne du sol ;
différents dosages en bentonite et visent à mesurer les propriétés K : perméabilité du sol (m/s) ;
rhéologiques en particulier le Yield Value et les propriétés colma- τf : seuil de cisaillement de la boue (Pa) ;
tantes, en particulier le filtrat. Les propriétés rhéologiques et col-
matantes visées sont donc celles de la boue de travail qui sera A : paramètre adimensionnel variant entre 5 et 10.
envoyée à front. On s’assure que fb est supérieur à f en tenant compte d’un coef-
ficient de sécurité.
Les caractéristiques courantes attendues de la boue de forage
sont synthétisées dans le tableau 1.
L’effet de stabilisation de la suspension agit à deux échelles : 2.4 Confinement pâteux
globalement pour la stabilisation du volume de sol entre le front Le confinement pâteux met en œuvre une pâte de marinage
et la surface de rupture potentielle comme vu au § 2.1 mais aussi dont le constituant de base est le terrain excavé par la roue de
localement pour la stabilisation des grains individuels du pare- coupe du tunnelier. Cette pâte de marinage est mise en pression
ment. Plus le gradient de pression crée par le cake est important, dans la chambre d’excavation pour exercer une réaction active sur
plus cette stabilisation est forte (figure 6). le front d’excavation. On recherche une homogénéité de la pâte
Le gradient nécessaire pour assurer la stabilité des grains est : de marinage permettant d’appliquer une pression uniforme sur le
front d’excavation. La pâte de marinage doit se comporter comme
(1) un milieu homogène appliquant une pression en contrainte totale.

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RESEAU DE LA MONTMORILLONITE

1 Si+4

Al+3
Mg+2 Al+3

OH–

Al+5

Eau de liaison Schéma des liaisons


orientée octaédrique
et cations et tétraédrique
échangeables à l’intérieur du réseau

Al+3 Si+4

Figure 5 – Structure moléculaire de la montmorillonite

consistance plastique de la pâte de marinage en présence de ter-


Tableau 1 – Caractéristiques usuelles de la boue rains fins. Dans le cas de terrains plus grossiers, la consistance
de forage en fonction de la perméabilité sera caractérisée par la maniabilité de la pâte de marinage. En lien
avec la consistance ou la maniabilité de la pâte de marinage, il est
Sol semi- également recherché une réduction des forces de friction internes.
Sol très
perméable Comme la pâte de marinage est malaxée par la roue de coupe, le
Paramètres Unités perméable
(k entre 10–7 couple de rotation (et ainsi l’énergie consommée dans la chambre
(k > 10–4 m/s)
et 10–4 m/s) d’excavation) est étroitement lié à ces frictions.
Yield value Pa 5 à 10 2à7 La compressibilité permet d’absorber des variations de débits
entre la chambre d’excavation et la vis d’extraction et ainsi une
Filtrat ml 20 à 50 15 à 30
atténuation des variations de la pression de confinement.
Densité 1,02 à 1,15 1,02 à 1,15 La pâte de marinage doit être suffisamment imperméable afin de
s’opposer à des venues d’eaux non contrôlées dans la chambre
d’excavation qui pourraient avoir un effet déstabilisateur sur le front.
La mise en pression de la pâte de marinage est assurée par
l’extraction contrôlée de cette même pâte de marinage au moyen Si la pâte créée avec le terrain naturel seul ne permet pas
d’une vis de marinage sans fin de type Archimède. La pâte de d’obtenir ces propriétés, alors il est nécessaire de mettre en œuvre
marinage doit également permettre la formation d’un bouchon un conditionnement du terrain qui consiste à introduire dans la
étanche le long de la vis d’extraction permettant ainsi la décrois- chambre d’excavation des agents tels que de l’eau, de la mousse
sance de la pression depuis le point bas de la chambre d’excava- ou des polymères.
tion jusqu’à la trappe de marinage. Les pertes de charges de la L’eau seule va essentiellement agir sur la consistance. Selon la
pâte de marinage le long de la vis d’extraction doivent permettre nature du terrain en place et le besoin en confinement, l’ajout d’eau
une extraction à pression atmosphérique au droit de la trappe. Si peut suffire à conférer à la pâte la consistance requise. À mesure
la pâte de marinage est trop fluide les pertes de charges le long que la nature du terrain en place s’écarte d’une texture fine et plas-
de la vis d’extraction sont insuffisantes pour former le bouchon et tique et se rapproche d’une texture plus grossière et moins plas-
l’extraction n’est plus contrôlée. tique, l’eau perd son efficacité. On introduit de la mousse dans la
Dans la chambre d’excavation, la pâte de marinage doit égale- chambre d’abattage pour obtenir les propriétés requises. La mousse
ment posséder des propriétés particulières pour assurer le confi- est produite à partir d’une solution moussante qui passe dans des
nement du front d’excavation. Ces propriétés sont principalement générateurs de mousse.
la consistance, la compressibilité et la perméabilité de la pâte de
marinage. Le premier paramètre caractérisant cette mousse est la concen-
tration CF du produit actif dans la solution de mousse :
La consistance agit sur l’écoulement de la pâte de marinage
dans la chambre d’excavation et la vis de marinage. Il est visé une (3)

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C3061

Urbanisme souterrain
Panorama historique et géographique
par Pierre DUFFAUT
1
Président d’honneur, Espace souterrain (Association française des tunnels et de l’espace
souterrain)

1. Depuis l’Antiquité .................................................................................... C 3 061 – 2


2. De Londres à Paris, des égouts aux métros, de Belgrand
à Hénard...................................................................................................... — 2
2.1 L’assainissement .......................................................................................... — 2
2.2 Le transport des personnes ........................................................................ — 3
2.2.1 Transports sur rail............................................................................... — 3
2.2.2 Transports routiers ............................................................................. — 4
2.2.3 Autres moyens de transports ............................................................ — 5
2.3 Transport de fret .......................................................................................... — 5
3. Kansas City et la Scandinavie .............................................................. — 5
3.1 Kansas City................................................................................................... — 5
3.2 Scandinavie.................................................................................................. — 7
4. Paris, des Halles à la Défense et au Grand Louvre......................... — 8
4.1 Les Halles ..................................................................................................... — 8
4.2 La Défense.................................................................................................... — 8
4.3 Le Grand Louvre .......................................................................................... — 10
5. Toronto, Montréal, Minneapolis, et l’Earth shelter ........................ — 10
5.1 Toronto ......................................................................................................... — 10
5.2 Montréal, la ville intérieure......................................................................... — 10
5.3 Minneapolis et l’« Earth shelter »............................................................... — 11
6. L’Extrême-Orient : Japon, Singapour et Chine................................. — 11
7. Applications stratégiques et de sécurité .......................................... — 11
8. Projets utopiques ou prémonitoires ?................................................ — 12
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 3 061

’urbanisme souterrain ne se conçoit pas en dehors de l’urbanisme


L « général ». Il est seulement, depuis sa définition par Édouard Utudjian, au
début des années 1930, une part méconnue de l’urbanisme. Si, pour le grand
public, l’urbanisme a d’abord une dimension esthétique, porteuse de majesté et
de puissance, cette dimension disparaît dès lors que les ouvrages sont invisi-
bles. Mais l’urbanisme comprend surtout la satisfaction des fonctions urbaines
majeures (desserte, mobilité, hygiène, convivialité). Hier la sécurité a justifié les
fortifications, les tours de guet, les portes gardées. La première mission de la
ville d’aujourd’hui est toujours de satisfaire les demandes de ses habitants,
ensuite seulement celles des visiteurs. Entre l’architecture et l’urbanisme, il n’y a
pas de frontière nette, c’est plutôt une question d’échelle, du bâtiment à la ville,
en passant par la rue, l’îlot et le quartier.
Plus généralement, le sous-sol apparaît comme la « face cachée » du territoire,
un volume en vérité. Si la plupart des auteurs s’accordent pour réserver la sur-
face à l’homme, un urbanisme durable doit mettre à profit le sous-sol afin de
Parution : février 2007

créer, pour l’homme, le meilleur environnement. Par leur position, le sol et le

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. − © Editions T.I. C 3 061 − 1

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C3061

URBANISME SOUTERRAIN _______________________________________________________________________________________________________________

sous-sol fournissent à la ville une infrastructure naturelle, peu à peu complétée


par des ouvrages construits, voiries et réseaux associés. Or le sous-sol peut faire
bien davantage en accueillant une part significative des fonctions et services
urbains. Encore faut-il planifier les utilisations de l’espace souterrain, considéré
comme partie intégrante de l’espace urbain global, dans l’espace et dans le
temps.

1
Après ce panorama historique et géographique de réalisations souterraines,
insuffisamment connues des ingénieurs (et moins encore des élus et de la
société civile tout entière), parce que moins visibles qu’en surface ou pas du
tout, un second dossier [C 3 062] abordera les conditions de la pratique, le pour-
quoi des usages du sous-sol : les demandes et les offres, et le comment : les
contraintes géologiques et juridiques. Il s’agit en effet d’expliquer pourquoi le
recours au sous-sol permet de résoudre beaucoup de problèmes, puis comment
le faire entrer dans la pratique de l’urbanisme. Au-delà, l’aménagement du terri-
toire peut aussi profiter de ce dossier, car la « campagne » aussi a son sous-sol,
avec ses usages classiques et futurs.
Ce dossier ouvre à l’urbanisme souterrain un champ d’avenir plus large que
celui connu jusqu’ici, un champ qui mobilise et mobilisera de plus en plus
d’innovations techniques, lesquelles en retour élargiront la gamme des usages
possibles du sous-sol au service de l’homme.

1. Depuis l’Antiquité 2. De Londres à Paris,


des égouts aux métros,
Depuis la préhistoire et l’homme « des cavernes », toutes les civi- de Belgrand à Hénard
lisations ont fait plus ou moins usage du sous-sol, soit pour en reti-
rer des ressources (l’eau, le silex pour les outils, les minerais et les
matériaux de construction), soit comme abri et cache, tant pour les
familles que pour leurs biens. 2.1 L’assainissement
Sans remonter aux Étrusques et à la Rome antique (l’égout du
Forum est attribué à Tarquin le Superbe, quatre siècles avant notre
On sait que c’est l’insalubrité et ses répercussions épidémiques (le
ère, et l’essentiel des aqueducs était en souterrain), il faut constater
choléra, ...) qui sont à l’origine des premiers réseaux d’égouts (d’où
que les usages du sous-sol urbain sont restés modestes jusqu’au
le mot assainissement). Les premiers égouts seront déversés dans la
milieu du XIXe siècle (voir tableau 1) ; le XXe voit la croissance
Seine au cours des années 1830. Deux ingénieurs contemporains,
simultanée des villes et de la circulation automobile, celle-ci permet-
Eugène Belgrand à Paris (recruté par le baron Haussmann) et Sir
tant celle-là et celle-là exigeant celle-ci en un cercle éminemment
Joseph Bazalgette à Londres vont concevoir et faire réaliser les
vicieux, ce qui change l’échelle des problèmes à résoudre. L’urba-
ouvrages souterrains de collecte des eaux usées des deux villes (dès
niste a dû recourir de plus en plus à la troisième dimension vers le
1854 à Paris, 1856 à Londres). C’est l’adoption d’un principe selon
bas, d’autant que l’extension vers le haut connaissait peu à peu une
lequel tout ce qui est désagréable aux sens est placé en sous-sol.
désaffection certaine après un bref âge d’or dans les pays occiden-
taux (un stade pas encore atteint, il s’en faut, dans les pays qui se Pour la plupart, ces canalisations seront construites en tranchées
développent, en Amérique latine et surtout en Extrême-Orient). à une profondeur modeste. À Paris les 600 km de galeries sont visi-
tables. À Londres, seulement les axes principaux, sur environ
Si le sous-sol est mis au service de l’urbanisme, il n’en fait partie 150 km. Le grand diamètre des égouts de Paris permet deux innova-
qu’à son humble échelle, sutor ne supra crepidam, a écrit Pline tions majeures :
l’Ancien (« cordonnier, pas plus haut que la cheville ») : sans chaus-
sures et sans égouts, pas de piétons ni de villes. Le rôle des réseaux — le curage par des « bateaux-vannes » spécialisés, toujours en
est capital dans l’organisation de la ville, les réseaux souterrains y service ;
apparaissent comme le germe de l’urbanisme souterrain [1]. — l’hébergement des autres réseaux de service public, en plein
D’après Sabine Barles [2] et [3], cette fonction d’assise technique développement à l’époque, d’abord l’eau potable et les eaux ména-
que peut remplir le sous-sol urbain apparaît déjà dans un texte de gères, puis le gaz de ville, l’électricité, l’air comprimé, le téléphone ;
P. Patte en 1769 et la nécessité de coordonner les réseaux est souli- ainsi l’égout devient multifonctionnel et apporte peu à peu, à cha-
gnée, dès 1836, par Emmery des Sept Fontaines. que immeuble, tous les services alors disponibles (sauf l’évacuation
des eaux-vannes, car l’apparition du tout-à-l’égout attendra une loi
de 1894).
Ce dossier n’a pas prétention à l’exhaustivité, son objet étant Non seulement l’assainissement fait son entrée dans le pro-
surtout de balayer le champ des applications : par exemple, les gramme des grands travaux d’aménagement urbain, mais en outre
antiques villes souterraines de Cappadoce, comme les réalisa- la « ville souterraine » de Belgrand va de pair avec les travaux
tions modernes d’Europe de l’Est seront évoquées seulement d’urbanisme, au-dessus du sol, de Haussmann et de ses deux autres
dans le dossier suivant (cf. [C 3 062]). adjoints : Alphand et Davioud.

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(0)

Tableau 1 – Chronologie simplifiée des ouvrages souterrains


Époques Types d’ouvrages Dimensions
6000 Av. J.-C. « Mines » de silex, pour l’outillage –
5000 Av. J.-C. Premières mines d’or, d’argent, de pierres précieuses –
3000 Av. J.-C.
1300 Av. J.-C.
Premières hypogées (funéraires) en Égypte et en Inde
Mines de sel (Hallstatt, Autriche), temple d’Abou Simbel (Égypte)

– 1
≈ 50 Tunnel « routier » de Naples à Pozzuoli 1 500 m environ
1776 Tunnel du Malpas (canal du Midi) près de Béziers, Hérault 153 m
1813 Tunnel routier des Échelles (Savoie, sur la RN 6) 294 m
1829 Tunnel ferroviaire de Terrenoire, près de Saint-Étienne 1 506 m
1931 Passage souterrain à 4 voies, Paris, Porte-Dauphine 254 m
1945 Tunnel autoroutier de Saint Cloud, 5 voies (doublé en 1976) 813 m
1965 Tunnel routier du Mont Blanc 11,6 km
1994 Tunnel ferroviaire sous la Manche 50,5 km
2005 Tunnel ferroviaire transalpin de base (en cours), Suisse 54 km

Toutefois, plusieurs réseaux vont abandonner l’égout, les uns


après les autres, pour éviter les conditions peu hygiéniques des visi-
tes et interventions. Ils préféreront s’isoler « en pleine terre », cha-
cun dans son domaine ; ce qui constituera une sorte de grille à très
faible profondeur, c’est-à-dire un obstacle compliquant l’utilisation
des volumes plus profonds (figure 1). Avec le câble et l’eau réfrigé-
rée, un mouvement de retour est aujourd’hui perceptible.

Les égouts de Paris (Extrait du Guide Joanne, Paris, 1870)

« ... En 1854, dans un mémoire présenté au conseil municipal sur les


eaux de Paris, l’éminent Puget traça le programme du magnifique réseau
qui se ramifie aujourd’hui sous la cité tout entière, inextricable méandre
dont la longueur, supputée à 152 km en 1855, était en janvier 1870, de
560 km. Cela donne, en quinze ans, une augmentation de 408 km.
Dans les ramifications de ce vaste système, on distingue douze types
depuis celui du grand collecteur de la rive droite jusqu’au branchement
qui conduit à l’égout de la rue les eaux pluviales et ménagères de chaque
maison. De ce dernier type, dont les dimensions sont suffisantes pour la
visite et le nettoyage à bras d’homme, on s’élève à celui du grand collec-
teur, en passant par les types à simple banquette, à double banquette, et
avec rigole centrale. Les types sont calculés surtout en raison du volume
de liquide sale à écouler, mais aussi en vue des conduites de distribution
d’eau propre qui doivent y trouver place. Dans quelques galeries passent
des fils de télégraphie électrique. Mais les conduites de gaz en ont tou-
jours été exclues, eu égard aux risques d’accidents graves qu’elles y
introduiraient.
Là, les conduites d’eau sont à l’abri des accidents, et constamment
exposées à la vue des agents préposés à leur conservation. En outre, on
prévient par là les graves avaries que les infiltrations souterraines peu-
vent causer au sol et aux maisons riveraines quand les tuyaux sont posés
Figure 1 – Image idéale des réseaux enterrés sous les rues d’une ville
en pleine terre. Enfin les travaux de pose et de réparation sont faits sans
ouverture de tranchées et sans apporter d’entraves à la circulation... » (David Macaulay, Sous la Ville, Les deux Coqs d’or (1985))

qui pénètrent les reliefs urbains, pour éviter les rampes, à Liverpool
en 1828, à peine plus tard à Paris sous la butte de l’Europe (pas
2.2 Le transport des personnes encore ouverte d’une large tranchée) et en plusieurs tronçons de la
Petite ceinture (un périphérique ferroviaire pour relier les réseaux et
leurs gares terminales).
2.2.1 Transports sur rail Toujours à Londres, la première ligne de métro au monde, la
Metropolitan, est ouverte en 1863. Elle va donner son nom (sauf à
Le tunnel sous la Tamise construit à Londres par Brunel, de 1825 à Londres d’ailleurs) à ce type de transport urbain sur rail, majoritaire-
1843, pour les piétons et charrettes, ouvre une ère nouvelle pour le ment souterrain. Jusqu’en 1884, cinq lignes sont construites en tran-
franchissement d’un obstacle linéaire en centre ville, là où les ponts chées couvertes sous de larges avenues, puis, à partir de 1898, les
sont incompatibles avec la circulation fluviale ; il sera plus tard inté- suivantes sont construites plus profond, en souterrain vrai, dans la
gré au réseau du métro. Mais ce sont les premiers chemins de fer London clay, l’argile de Londres, avec un gabarit circulaire, d’où le

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Urbanisme souterrain
Demandes, offres, contraintes et avantages
par Pierre DUFFAUT
1
Président d’honneur, Espace souterrain (Association française des tunnels et de l’espace
souterrain)

1. Pourquoi le sous-sol ? Les demandes................................................. C 3 062 – 2


1.1 La demande agricole, du silo à l’entrepôt souterrain............................... — 2
1.2 L’habitat troglodytique ................................................................................ — 2
1.3 La demande industrielle.............................................................................. — 2
1.4 La demande « hydrologique ».................................................................... — 3
1.5 Les demandes liées aux transports et déplacements............................... — 3
1.6 Les réseaux des (autres) services publics ................................................. — 5
1.7 Les déchets urbains ..................................................................................... — 5
1.8 Autres demandes urbaines : commerces, sports, arts, cultes et culture — 6
1.9 Le stockage de chaleur et d’énergie........................................................... — 6
2. Pourquoi le sous-sol ? Les offres......................................................... — 6
2.1 L’offre géologique : morphologie, anatomie et physiologie du terrain... — 6
2.2 L’offre écologique : l’occupation de la surface et de son voisinage ........ — 8
2.3 L’offre « double niveau » par dalle de couverture..................................... — 9
3. Comment le sous-sol ? Les contraintes............................................. — 9
3.1 Contraintes juridiques et réglementaires .................................................. — 9
3.2 Contraintes techniques................................................................................ — 12
4. Comment le sous-sol ? Les avantages ............................................... — 14
4.1 La sécurité .................................................................................................... — 14
4.2 L’économie, le métabolisme urbain et le développement durable ......... — 14
4.3 Le modèle Clé de Sol................................................................................... — 14
4.4 Planification, du plan d’urbanisme à l’aménagement du territoire......... — 15
5. Conclusion ................................................................................................. — 16
Références bibliographiques ......................................................................... — 17

Pourquoi et comment aller eaucoup d’exemples illustrent l’intérêt écologique des aménagements
en souterrain ? B souterrains et leur place, dans la perspective du développement durable.
Tous, de la cave individuelle aux stockages de gaz, économisent de l’espace en
surface et de l’énergie. Construire à l’intérieur d’une grande caverne économise
sur les fondations, les toits et les murs (à l’image de ce qui a été construit sous
la coupole du CNIT à La Défense). Le tunnel de circulation étouffe les vibrations,
il enferme bruits et odeurs. Sous un carrefour, le passage souterrain économise
du temps, du carburant et de la pollution. Outre l’énergie, les entrepôts souter-
rains économisent du gardiennage, de l’entretien et des assurances. Plus géné-
ralement, un recours accru au sous-sol est indispensable aujourd’hui pour lutter
contre l’étalement urbain et revitaliser nombre de centre-villes.

L’offre et la demande En économie libérale, la loi de l’offre et de la demande fait le marché : l’offre
d’espace souterrain est desservie, d’abord par son manque de visibilité (sauf jus-
tement lorsqu’il s’agit de cacher et protéger), ensuite par la méconnaissance des
possibilités tant juridiques que technologiques, mais aussi par la crainte des
Parution : février 2007

mauvaises surprises quant aux coûts et aux délais d’exécution. C’est pourquoi la

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URBANISME SOUTERRAIN _______________________________________________________________________________________________________________

demande reste timide ou, même, ne s’exprime pas. Pour susciter la demande, il
faut faire mieux connaître l’offre en mettant ses attraits en valeur.

L’aménagement d’espaces souterrains est confronté à deux types de Les contraintes


contraintes : les terrains et l’environnement social. D’un côté, des sciences
« dures », comme la géologie, l’hydrogéologie, la géotechnique, sur lesquelles

1
on peut appuyer ses projets, de l’autre, les sciences humaines, souvent dites
« molles », dont le droit. Sans une évolution rapide du droit, toujours en retard
sur les évolutions économiques et sociales, le sous-sol aura du mal à jouer son
rôle pour rendre les villes plus durables.

Parmi les bénéfices des aménagements souterrains, il faut compter la sécurité Les avantages
et l’économie, contrairement aux idées reçues. Le présent dossier n’aborde pas
la conception ni l’exécution qui sont traitées par ailleurs.
le lecteur pourra utilement se reporter au dossier précédent, dans la base documentaire des
Éditions T.I. (cf. [C 3 061]) [18].

ment, tant pour l’ouvrage souterrain que pour le matériau de


1. Pourquoi le sous-sol ? construction. Ainsi les loess de Chine centrale, les faluns de Tou-
Les demandes raine, les tuffeaux du Saumurois et les tufs volcaniques de Cappa-
doce sont des terrains favorables, ces derniers surtout,
naturellement cimentés.
La typologie des troglodytes [1] dépend beaucoup de la morpho-
1.1 La demande agricole, logie superficielle, en plaine ou plateau, les cavités habitables étant
du silo à l’entrepôt souterrain creusées dans les parois d’une fosse initiale formant cour de ferme
(figure 1). En falaise, on distingue des volumes semi-souterrains
dotés d’une porte ou d’une fenêtre ouvrant vers l’extérieur, et des
Toutes les civilisations agricoles ont utilisé des cavités naturelles volumes plus éloignés du jour, ou même aveugles. Les souterrains
ou artificielles pour conserver au frais les denrées périssables. Les refuges ne sont reliés à la surface que par des boyaux faciles à
caves fraîches sont, de tout temps, à l’échelle familiale. Les silos à défendre, car il s’agit d’un habitat temporaire dans les périodes de
grains enterrés sont connus en Chine, depuis des millénaires, la grande insécurité du Moyen Âge. L’ensemble le plus important de
conservation de la glace (de l’hiver ou de la montagne) a été prati- France, les « grottes » de Naours (dans la Somme), est ouvert aux
que courante dans des excavations appelées glacières (puits natu- visites (figure 2). Comme beaucoup de châteaux forts et d’abbayes
rels des montagnes calcaires du Vercors ou carrières de la vallée de fortifiées, les villages fortifiés sont aussi équipés de souterrains
la Bièvre à Paris). Le mûrissement des fromages et des vins utilise pour assurer des liaisons sécurisées avec l’extérieur, en cas de
aussi des cavernes naturelles (à Roquefort, Aveyron) ou des galeries siège.
creusées spécialement (en Champagne, mais aussi en Californie). L’habitat partiellement souterrain n’a pas été réservé aux paysans
L’habitat rural met en œuvre des solutions variées suivant le relief et pauvres. Les exemples abondent parmi les habitats nobles, châ-
la nature des terrains. En terrain plat, la cave est creusée sous la teaux et lieux de culte. L’utilisation moderne en résidence secon-
maison mais, en pied de falaise, elle est creusée de niveau, derrière daire est très prisée dans certaines régions et s’accompagne
la maison. Le passage au cas suivant est alors tout naturel. d’installations hôtelières (du gîte sommaire au quatre étoiles : Hôtel
Une autre demande agricole est la sauvegarde des terres face à des Hautes Roches à Rochecorbon en Indre et Loire). Ainsi s’affirme
leur envahissement par les bâtiments ; on verra qu’ils peuvent sou- une certaine continuité à travers les âges, par exemple au site
vent trouver place sous les reliefs qui bordent beaucoup de vallées périgourdin des Eyzies (Dordogne). Le confort moderne implique le
(il suffit de remettre à jour des exemples anciens). raccordement aux réseaux, l’imposition à la taxe d’habitation, et
l’obligation d’un permis de construire en cas de rénovation ou
d’extension. Quelques réalisations se réclament de l’architecture
bioclimatique [17].
1.2 L’habitat troglodytique

L’histoire du troglodytisme commence dès la sédentarisation néo- 1.3 La demande industrielle


lithique, à partir de l’abri sous roche naturel au flanc de falaises de
roches tendres (la facilité du creusement manuel est une condition
absolue et l’exposition au sud préférée). C’est la porosité des roches Avant l’ère industrielle proprement dite, plusieurs activités artisa-
qui leur confère à la fois facilité de coupe, légèreté, et pouvoir iso- nales ont été exercées dans des ateliers souterrains parce qu’ils
lant. À porosité égale, la présence d’un ciment naturel préserve ces étaient naturellement humides (ainsi le travail des textiles végétaux
trois qualités tout en augmentant fortement la résistance à l’écrase- par les vanniers et cordiers limousins). Si l’exploitation minière

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Tout circuit de distribution nécessite des stocks pour faire face aux
variations prévues ou non de la production, du transport, et de la
demande finale. Les stocks saisonniers de gaz ou de pétrole en
cuves d’acier sont très gourmands en surface au sol, très dangereux
pour le voisinage et très coûteux. Plus volumineux encore, les
stocks stratégiques n’ont été envisageables que grâce aux énormes
volumes que l’on sait creuser par dissolution dans le sel gemme.

1.4 La demande « hydrologique »


1
Dans la plupart des villes, un réseau préexiste, parfois très impor-
tant, c’est le réseau hydrographique, fleuve ou ruisseau, ou ensem-
ble arborescent de cours d’eau, parfois lac ou bras de mer. Sauf
exception rare, ce réseau naturel est en surface et y occupe les
talwegs, lignes d’altitude minimale, à faible pente continue d’amont
en aval. Deux avatars souterrains ont leur place ici :
— la couverture du cours d’eau (la Bièvre à Paris, le Furon à Saint-
Figure 1 – Habitat troglodytique de plaine, à partir d’une cour Étienne, la Vilaine à Rennes, le Var à Nice) pour gagner de l’espace
creusée, à Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) (d’après [1]) en centre ville (dans ce dernier cas, la couverture inclut des voies
routières qui sont fermées lorsque le débit augmente, à l’instar des
voies sur berge à Paris). Dans le cas de la Bièvre, on peut hésiter
entre le statut de cours d’eau et celui d’égout ;
— au contraire, la déviation calibrée pour le passage des débits
de crue : à Tokyo une galerie, établie à 50 mètres sous un boulevard,
doit dériver vers la mer la rivière Kanda et ses nombreux affluents
(plusieurs tronçons sont déjà en service) grâce à un diamètre inté-
rieur de 12,5 m, les pointes de débit étant étalées. Un projet de
court-circuit des boucles de la Seine déchargeant le fleuve à la tra-
versée de Paris avait été étudié, au début du XXe siècle, pour amé-
liorer à la fois la navigation et la protection contre les inondations.
Les voies d’eau artificielles, canaux d’irrigation, de navigation ou
de dérivation pour force motrice posent les mêmes problèmes
(canal Saint Martin couvert à Paris sous la place de la Bastille et le
boulevard Richard Lenoir). En sens inverse, un tunnel routier à
Schaffhouse (Suisse), achemine, sous sa chaussée, les
déversements en cas de crue d’un petit affluent du Rhin.

Figure 2 – Un souterrain-refuge : les « Grottes » de Naours (Somme) 1.5 Les demandes liées aux transports
(doc. Internet) et déplacements
échappe à cette revue, l’expérience des mineurs leur a permis
d’équiper des locaux souterrains pour des activités annexes, liées 1.5.1 Le transport public de personnes sur rail,
ou non fonctionnellement à l’extraction, concassage, stockage, et en tramway, métro, métro express
montagne surtout, divers ateliers et magasins. Le mineur habite
rarement en souterrain, hors celui des mines d’opale de Coober Les réseaux de métro apportent une réponse au transport en com-
Pedy en Australie où le climat l’y invite. mun de personnes lorsque la capacité des autobus et tramways est
Si ces activités ne sont pas strictement urbaines, il convient néan- dépassée. Il exige aujourd’hui un confort d’utilisation et une sécurité
moins de citer les installations de production d’énergie et les stocka- que n’apportaient pas les premières réalisations (la moindre marche
ges de combustibles. La production d’électricité hydraulique place d’escalier dissuade beaucoup de handicapés, le trajet d’une ligne à
souvent ses machines en cavernes, pour diverses raisons dont le l’autre est rebutant pour les personnes encombrées d’enfants ou de
manque de place (dans une vallée étroite), la protection contre les bagages). À la Gare de Lyon, au contraire, les liaisons entre les gran-
bombardements, le coût plus faible de conduites forcées au sein du des lignes, les RER A et D (métro express régional) et la ligne no 14
rocher, la nécessité de faire fonctionner les turbines sous une charge du métro forment un « hub » compact (figure 3). Si les réseaux les
d’eau, etc. Les deux premières valent aussi pour des centrales ther- plus modernes sont adaptés à certaines catégories de handicapés,
miques (exemple à Göteborg, Suède) et dans le cas des centrales beaucoup reste à faire pour « mettre aux normes » les réseaux
nucléaires, il s’y ajoute la sûreté en cas d’accident de fonctionne- anciens.
ment (la seule fusion complète du « cœur », avant Tchernobyl, avait Le métro a pu n’être, à ses débuts, qu’un tramway souterrain (à
eu lieu dans une petite centrale souterraine suisse, sans aucun effet Budapest en 1899, à Bruxelles en 1969). On rappelle que le mot vient
dommageable à l’extérieur). Au lieu de concentrer la production de Londres (metropolitan railway). Il s’appliquait, en 1867, au pro-
d’électricité nucléaire sur quelques sites de grosse puissance, leur longement sous un boulevard d’une voie ferrée « grande lignes », et
implantation en souterrain permettrait de placer des centrales il n’est plus utilisé au Royaume-Uni. Les coûts de construction des
moyennes au plus près des villes, en économisant une fraction dernières lignes de métro et de métro express à Paris (respective-
significative des réseaux à très haute tension et des inévitables ment, M 14 et RER E) ont durablement asséché les ressources et
pertes en ligne. favorisé le retour du tramway en surface, évidemment moins

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C’est que, sauf sous des climats extrêmes, le piéton trouve davan-
tage d’agrément et de confort en surface, alors que voitures et
camions peuvent être souterrains ou sous dalle (cf. 1.5.3). Les passe-
relles de franchissement par dessus, dont l’accès est trop rarement
motorisé, sont très exposées aux intempéries. Plus fréquents à
Paris, les passages inférieurs sont peu appréciés car souvent étroits,
mais aussi sales, malodorants et peu sûrs.

1 Sous les carrefours majeurs, les pays de l’Est ont fréquemment


aménagé des espaces commerciaux qui égaient et sécurisent le pas-
sage des piétons.

Au Japon et en Corée, ils offrent aussi des accès directs aux sta-
tions de métro et aux immeubles riverains.

À Paris, les plus récents aménagements du RER permettent au


piéton un cheminement souterrain complet, de la gare Saint-Lazare
jusqu’à l’Opéra, avec des commerces modernes et des accès aux
« Grands magasins ».

Les voies de banlieue et des RER passent sous un bâtiment du nouveau


ministère des finances ; la ligne M14 se trouve sous la rue de Bercy, à côté 1.5.3 Circulation et stationnement des véhicules
et est éclairée par une serre en sous-sol, depuis le siège de la RATP.
Figure 3 – Coupe à travers la gare de Lyon et la rue de Bercy à Paris
Les croisements dénivelés apportent une solution partielle à la
(doc. RATP)
fluidité de la circulation, même lorsque le passage souterrain est
limité aux véhicules légers. En effet, les poids lourds exigent une
augmentation très sensible du gabarit et aussi de l’encombrement
coûteux, au prix de troubles considérables des usagers pendant la des rampes d’accès, d’où la multiplication des passages à gabarit
durée des travaux. Le tramway ne s’interdit cependant pas tout réduit. La mise en souterrain de voies routières sur de plus grandes
recours au sous-sol : à Strasbourg, il évite quelques croisements par longueurs ne progresse que lentement, malgré l’importance des
un court tunnel au départ de la gare, à Rouen le « Métrobus » (1994) besoins. En pleine ville, Boston a donné l’exemple du remplacement
est souterrain sous la ville ancienne (suivant ainsi l’exemple donné d’un viaduc urbain (exemple suivi, de façon plus modeste, par le
par le chemin de fer dont seule la gare est à l’air libre, entre deux carrefour de la Boule à Nanterre). En bord de mer, une voie rapide a
tunnels sous les reliefs). Ce type de solution mixte, en fonction du été enterrée à Barcelone, une autre est à l’étude à Seattle, dans ce
relief, est assez général. La ligne circulaire du métro de Paris (parta- cas pour remplacer un viaduc vieillissant (État de Washington, États-
gée en lignes no 2 au sud et no 6 au nord) en bénéficie pour franchir Unis, figure 4, [2]).
les zones basses, en viaduc, et le fleuve, sur les ponts existants. La
couverture des lignes, placées initialement en tranchées (comme la Corollaire de toute circulation pour chargement et déchargement,
Petite Ceinture à Paris), s’impose de plus en plus pour limiter les le stationnement a longtemps été négligé avec, pour conséquence,
nuisances et reconquérir une surface constructible ou utilisable en le ralentissement ou le blocage du passage, suivant le nombre de
loisirs. voies disponibles. La multiplication de parcs, publics ou privés, ne
résout pas complètement les problèmes des personnes handica-
pées, ou chargées de bagages et d’enfants, qu’il faut déposer au
1.5.2 Les usagers des rues plus près de leur destination (ou de l’ascenseur qui y mène). Long-
temps réservée aux gares, la dépose de passagers aux hôtels,
grands magasins et autres points d’affluence devrait toujours être
Domaine public par excellence, le réseau viaire accueille toutes assurée, hors voirie, par exemple au premier niveau des garages en
sortes de véhicules, deux-roues, voitures, camions de toutes tailles, sous-sol d’immeuble où un espace d’attente accueillant y est alors
autobus publics ou non. En principe, les trottoirs sont réservés aux nécessaire.
piétons avec leurs « accessoires », de la valise à roulettes à la voi-
ture d’enfant, sans oublier une catégorie intermédiaire de piétons à Les sous-sols des immeubles industriels du quartier Fontvieille à
roulettes. Le partage de la chaussée entre des catégories aussi dis- Monaco acceptent l’accès des poids lourds, pour chargement et
parates a donné lieu à des solutions variées mais, contrairement déchargement, comme l’immeuble Zeus à Paris-Bercy, consacré à la
aux dessins de Hénard (cf. [C 3 061]), le sous-sol est rarement mis à promotion des vins et comestibles. La grande longueur de cet
contribution : immeuble permet de loger les rampes nécessaires, un problème
— à Beijing, une avenue très large permet de spécialiser plu- insoluble à l’échelle de petites parcelles, même pour des véhicules
sieurs couloirs adjacents dont des sites propres pour tramways et légers.
bus, mais elle devient une coupure quasi infranchissable pour le
piéton ; Construit sous le domaine public, le parc de stationnement classi-
— à Paris, les couloirs réservés aux cycles, taxis et autobus ont que présente l’inconvénient majeur de barrer la route à des ouvra-
parfois acquis un statut de site propre, au détriment du reste du ges linéaires ultérieurs, alors que son promoteur ne s’est même pas
trafic. posé la question de fournir aux voisins d’autres services que le
garage. Le parc devrait proposer la voie de desserte des commerces
Quelques artères modernes ont conservé, ou rétabli, les arcades riverains et le passage des petits réseaux, comme en galerie techni-
de la cité moyenâgeuse pour abriter les piétons de la pluie, ainsi à que. Il pourrait fournir un cheminement piétonnier abrité vers la sta-
Berne, Rome, Paris... Des quartiers ont adopté la « dalle » de la tion de métro la plus proche. Il pourrait desservir les ascenseurs des
charte d’Athènes pour cacher les véhicules et réserver la surface au immeubles d’habitation. Il pourrait même permettre, pendant la
piéton. Au Canada, Montréal et Toronto lui offrent, au contraire, des période de sa construction, l’accès à des volumes à creuser sous les
cheminements souterrains attrayants et bien protégés. parcelles voisines, accès difficile depuis leur propre surface.

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Sécurité des tunnels routiers


Dispositions techniques
par Michel QUATRE
Ingénieur général des Ponts et chaussées honoraire
Président de la Commission nationale d’évaluation de la sécurité des ouvrages routiers
1
1. Champ d’application ...................................................................... C 5 575 – 2
1.1 Paramètres du risque ......................................................................... — 2
1.2 Ouvrages concernés ........................................................................... — 2
1.3 Définitions .......................................................................................... — 3
1.4 Équipements ....................................................................................... — 3
2. Dispositions générales de Génie civil......................................... — 4
2.1 Chaussées et trottoirs ........................................................................ — 4
2.2 Tunnels autorisés aux véhicules TMD ............................................... — 4
2.3 Garage ................................................................................................ — 5
2.4 Hélisurfaces ........................................................................................ — 5
2.5 Dispositifs anti-fumées ...................................................................... — 5
3. Détection et alerte.......................................................................... — 5
3.1 Détection d’incendie .......................................................................... — 5
3.2 Niches de sécurité .............................................................................. — 5
3.3 Postes d’appel d’urgence ................................................................... — 5
3.4 Retransmission des radiocommunications ....................................... — 5
3.5 Équipements en cas de surveillance humaine .................................. — 5
3.6 Autres équipements d’alerte .............................................................. — 6
4. Évacuation et protection des usagers ........................................ — 6
4.1 Aménagements divers et accès des secours .................................... — 6
4.2 Éclairage de sécurité .......................................................................... — 7
4.3 Signalisation – Dispositifs de fermeture du tunnel .......................... — 7
4.4 Alimentation électrique ...................................................................... — 7
4.5 Ventilation de désenfumage .............................................................. — 8
4.6 Cas des tunnels autorisés aux TMD .................................................. — 11
5. Intervention des secours ............................................................... — 11
5.1 Aménagements destinés aux véhicules de secours ......................... — 11
5.2 Niches incendie .................................................................................. — 11
5.3 Moyens de lutte contre l’incendie ..................................................... — 12
5.4 Usage des brouillards d’eau .............................................................. — 12
5.5 Anneaux de relevage ......................................................................... — 12
6. Comportement au feu .................................................................... — 13
6.1 Réaction au feu des matériaux .......................................................... — 13
6.2 Résistance au feu ............................................................................... — 13
6.3 Fonctionnement des équipements à la chaleur ................................ — 14
6.4 Suspension des équipements en plafond ......................................... — 14
7. Tunnels urbains de gabarit autorisé inférieur (ou égal)
à 3,50 m ............................................................................................ — 15
7.1 Différences exigeant des dispositions particulières.......................... — 15
7.2 Dispositions particulières................................................................... — 15
8. Signalisation .................................................................................... — 15
8.1 Dispositions ........................................................................................ — 15
8.2 Tunnels autorisés aux TMD ............................................................... — 16
9. Exploitation, analyse de risque et contrôle de la sécurité ..... — 16
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 5 575
Parution : février 2012

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SÉCURITÉ DES TUNNELS ROUTIERS –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

es incendies, provoqués ou non par des accidents, peuvent avoir dans un


D tunnel des conséquences catastrophiques pour les personnes. L’incendie
dans le tunnel franco-italien du Mont Blanc, en mars 1999, puis l’accident en
période de travaux dans le tunnel autrichien des Tauern, en mai 1999, et enfin
l’accident dans le tunnel suisse du Saint-Gothard, en octobre 2001, ont malheu-
reusement mis ce risque en évidence

1
De plus, parmi la multitude d’incidents mineurs survenant en tunnel, certains
peuvent avoir, par un enchaı̂nement de circonstances, des conséquences dra-
matiques. Ils doivent être détectés suffisamment tôt pour ne pas dégénérer en
catastrophes.
Le degré de surveillance du tunnel est extrêmement variable selon les ouvra-
ges, allant de l’absence de surveillance à une supervision très sophistiquée où
l’exploitant, grâce aux informations qui lui sont apportées, entre autres par la
détection automatique d’accident (DAI), est en mesure d’agir très rapidement :
– information de l’usager en l’incitant à adopter le comportement le plus
adapté ;
– alerte des services de secours ;
– action sur les équipements à sa disposition (fermeture du tunnel, lancement
du désenfumage, etc.) ;
– déclenchement de l’intervention sur site des équipes spécialisées d’exploi-
tation et, si nécessaire, des pompiers.
C’est ainsi qu’une véritable chaı̂ne de la sécurité à partir d’un incident doit
être mise en œuvre par l’exploitant d’un tunnel. Elle repose sur un ensemble
d’équipements dont la conception, la réalisation, l’entretien et l’exploitation doi-
vent être faits dans un esprit systémique.
Le présent article traite des dispositions adoptées pour concevoir et réaliser
ces équipements dans le cas de la construction d’un tunnel. L’amélioration d’un
tunnel existant et les mesures d’exploitation et d’intervention seront traitées
dans un article ultérieur.

1. Champ d’application 1.2 Ouvrages concernés


Un tunnel est une voie routière couverte présentant une surface
d’ouverture vers l’extérieur inférieure à 1 m2 par voie de circulation
1.1 Paramètres du risque et par mètre linéaire, quel que soit son mode de construction :
& Les facteurs de risque sont : – ouvrage creusé ou immergé ;
– les véhicules et leur chargement ; – tranchée couverte ou couverture.
– les caractéristiques de l’infrastructure ;
– la capacité de l’exploitant à bien utiliser les équipements mis à Les dispositions abordées ici s’appliquent dès que sa longueur
sa disposition ; est supérieure à 300 m. Dans le cas d’un tunnel à plusieurs tubes,
– le comportement des usagers eux-mêmes. le plus long sera pris en considération.
& Les évènements générateurs de risques, tels que pannes, inci- La directive européenne 2004/54/CE, transposée en droit français
dents, accidents, incendies ont des conséquences aggravées en rai- par la loi 2006-10 et le décret d’application 2006-1354, bien que ne
son du caractère confiné du tunnel. La majorité des incendies est s’appliquant que pour des tunnels de plus de 500 m de longueur, a
causée par une inflammation spontanée des véhicules suite à une retenu quelques dispositions plus contraignantes pour les tunnels
défaillance technique. Mais, tous les rares incendies ayant entraı̂né situés sur le réseau routier transeuropéen. Elles seront indiquées
des décès sont consécutifs à un accident, à l’exception de l’incen- au fur et à mesure des questions traitées.
die de 1999 dans le tunnel du Mont Blanc.
& L’ordre d’apparition des effets de l’incendie est le suivant :
Dans le cas d’un tunnel de 200 à 300 m, deux niches de sécu-
– les fumées, par leur opacité, diminuent la visibilité et gênent rité (§ 3.2) devront toutefois être implantées, de préférence à
l’évacuation des usagers vers les têtes du tunnel ou les abris ; chaque tête. Elles seront dotées d’extincteurs et d’un poste
– les fumées, par leur toxicité, incommodent, voire asphyxient, d’appel d’urgence.
les usagers qui n’ont pu s’évacuer ; Pour un tunnel urbain, un point d’alimentation en eau pour les
– la chaleur dégagée par l’incendie provoque de fortes secours doit être disponible à chaque tête (§ 5.3).
températures.

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C 5 575 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– SÉCURITÉ DES TUNNELS ROUTIERS

1.3 Définitions – risque de congestion fréquente, plus généralement.

Voici quelques termes à retenir dans le lexique professionnel. & Tunnel à trafic non faible et tunnel non urbain

& Tunnel à faible trafic Il s’agit d’un tunnel ne satisfaisant pas, respectivement, à l’une et
à l’autre des conditions précédentes.
Il s’agit d’un tunnel dont le trafic prévisible de chaque sens, 6 ans
après la mise en service, est inférieur à la fois à 2 000 véhicules par & Tunnel bidirectionnel
jour (en moyenne annuelle) et à 400 véhicules à l’heure de pointe
(trentième heure la plus chargée de l’année). Il s’agit d’un tunnel où les deux sens de circulation se trouvent

1
dans un seul tube.
Un poids lourd est compté pour 5 véhicules dans l’évaluation du
trafic. & Tunnel monodirectionnel
& Tunnel urbain Il s’agit d’un tunnel admettant un seul sens de circulation. Dans
Il s’agit d’un tunnel situé à l’intérieur d’une unité urbaine de ce cas, un ouvrage comportant deux sens de circulation se com-
20 000 habitants au moins, selon la définition de l’INSEE (cf. recen- pose, soit de deux tubes, (un pour chaque sens), soit d’un tube et
sement général de la population) et remplissant au moins une des d’une chaussée à l’air libre pour l’autre sens.
conditions suivantes :
– trafic prévisible d’un sens supérieur à 1 000 véhicules par voie
de circulation à l’heure de pointe quotidienne, 10 ans après la mise 1.4 Équipements
en service, avec la même règle pour la prise en compte des PL ;
L’exploitation d’un tunnel en sécurité nécessite des équipements
– risque de remontée de queue en tunnel, par exemple lié à la
utilisés pour réaliser une véritable chaı̂ne de la sécurité, allant des
présence d’un carrefour non dénivelé, ou d’une zone urbaine
dense à la sortie ; usagers aux pompiers, et mise en œuvre par l’exploitant.
– existence en tunnel d’échangeurs ou d’aménagements divers La figure 1 en fournit une liste et une description synthétique,
pour les piétons, les deux roues, les transports en commun, etc… ; avant leur examen précis par la suite.

SUPERVISER
Gestion technique centralisée AGIR
Radio diffusion
Véhicule de secours
en entrée
Panneaux à
messages variables

RECONNAÎTRE

Appareils d’éclairage

ACQUÉRIR
Caméras de vidéo
surveillance

Pollution (opacimètres,
analyseurs de CO,...) Garages

Ventilation
(anémomètres) Ventilation

Niches de sécurité
(extincteurs – postes d’appel d’urgence)

Signalisation de police (limitation


de vitesse et d’inter-distance)

Plots
Poteaux de balisage Barrières automatiques
incendie lumineux de contrôle d’accès en entrée
Trafic (boucles de comptage,
Issues détection automatique d’incidents, ...)
de secours

INCIDENT RÉACTIONS ADÉQUATES


DÉCLENCHEUR DES USAGERS ET POMPIERS

Figure 1 – Chaı̂ne de sécurité et équipements

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SÉCURITÉ DES TUNNELS ROUTIERS –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

2. Dispositions générales & Chaussées et trottoirs


Les pentes transversales des chaussées et des trottoirs devront
de Génie civil assurer une bonne collecte des liquides dangereux pouvant être
répandus en cas d’accident. Une pente minimale de 2 % sera res-
pectée sur la largeur roulable de la chaussée.
2.1 Chaussées et trottoirs Les changements de dévers et les profils transversaux en toit
seront évités, autant que possible, y compris pour les profils en
Pour les tunnels situés sur le réseau routier transeuropéen, les toit, et les tunnels bidirectionnels, avec un caniveau de chaque

1 pentes doivent être inférieures à 5 %, à moins que cela ne soit pas côté (figure 2).
possible du point de vue géographique. & Assainissement
& Trottoirs Un caniveau à fente continue est obligatoire pour diminuer la
surface et la durée de présence d’une flaque de liquides inflamma-
Un trottoir doit être réalisé à droite de chaque sens de circulation bles ou toxiques. Ce caniveau se déversera dans un collecteur
afin de permettre aux usagers en détresse ayant du quitter leur enterré par tronçons indépendants de 50 m. Au droit de chaque rac-
véhicule d’atteindre les équipements de sécurité en restant en cordement, un siphon sera aménagé, entre le collecteur et le cani-
dehors du gabarit latéral de circulation. Ce trottoir, d’une hauteur veau, pour arrêter les flammes. La présence permanente de liquide
maximale de 0,25 m, ne sera pas séparé de la chaussée par une y sera assurée et les dispositifs de fermeture y seront aussi étan-
bordure dépassant cette hauteur, sa largeur minimale, au-delà du ches que possible. Les raccordements seront situés à plus de 10 m
gabarit latéral de circulation, sera de 0,60 m au niveau du sol et d’un appareil de lutte contre l’incendie, d’une niche de sécurité, ou
de 0,75 m à une hauteur de 1,50 m au dessus du sol. d’un accès vers un aménagement pour l’évacuation et la protection
des usagers ou l’accès des secours.
& Chaussées
En cas de profil transversal en toit de la chaussée, un caniveau
La largeur de la chaussée roulable est projetée selon les disposi- sera prévu de chaque côté.
tions de l’article TI, l’article [C 4 310]. Toutefois, si la circulation est
unidirectionnelle, le profil en travers doit être conçu pour permettre & Caniveau
l’accès des véhicules de secours, y compris dans le sens normal de Chaque tronçon de caniveau devra absorber un volume de 5 m3
circulation, lorsqu’il y a des véhicules arrêtés sur le nombre nomi- en une minute. Siphons et collecteurs devront évacuer un débit de
nal de voies de circulation. Si nécessaire, on peut avoir recours à 100 l/s. Tous les liquides récoltés sur la chaussée transiteront par le
une bande d’arrêt d’urgence, ou à une bande dérasée associée à collecteur. À chaque point bas et à la sortie du tunnel, il sera relié à
un trottoir franchissable. Aucune disposition particulière n’est travers un siphon à une fosse de récupération étanche pour ne pas
nécessaire si existent des communications : polluer l’environnement.
– directes avec l’extérieur (§ 4.1) ; Le système devra permettre de récupérer un volume total de
– avec un second tube et accessibles au moins aux piétons 200 m3 évalué pour :
(§ 4.1), à condition que la circulation puisse être facilement inter-
rompue dans ce second tube pour l’accès des secours. – 40 m3 de liquides dangereux transportés dans un véhicule ;
– 160 m3 d’eau utilisée pour lutter contre le sinistre.
Le revêtement des chaussées avec des couches de roulement
drainantes est proscrit à l’intérieur des tunnels à plus de 50 m des Les matériels électriques dans les fosses de récupération, et les
têtes. S’il en existe à l’extérieur, la jonction sera effectuée en zone locaux communiquant avec celles-ci, seront de type « antidéflagrant. »
couverte pour éviter les projections et le changement d’adhérence
en cas de pluie. & Obstacles
On évitera autant que possible tout changement de la section
transversale du tunnel pouvant constituer un obstacle susceptible
2.2 Tunnels autorisés aux véhicules TMD de poinçonner une citerne, ou d’arracher ses équipements, sinon
des dispositifs de protection appropriés seront mis en place. De
La définition de ces TMD, pour Transports de marchandises dan- même, tout équipement du tunnel en saillie sur les piédroits doit
gereuses, est précisée au paragraphe 8.2. pouvoir facilement s’escamoter ou être protégé.

TUBE MONTANT - COUPE ZONE CHANGEMENT DE DEVERS


DEVERS NEGATIF – 1 %
PIEDROID NORD PIEDROID SUD
Z0 + 1,630
Centre cercles
1,830

Z0 + 0,165
4,500 4,500 Z0+0,104
Z0 ± 0,000 Z0-0,044 6 foureaux Ø 50
Z0-0,044
- 1,000 %
0 0
150

5,4 Collecteur drain de chaussée Ø160 00 Z0-0,440


Collecteur drain de chaussée Ø160 5,4
CAMD
CEED Z0-0,350
Ø400 Fo-0,96 Fo-0,96 CEED Ø400
1,310

Ø400 Matériaux
Z0-1,580 Drain Z0-1,590 CI Ø250
Z0 -1,580 drainants de chaussée Z0-1,680 Z0-1,750
10/20 Ø 80 esp. -10.000
3,830 3,610
4,630 4,120
100 799 5,172 5,170 799 100

Figure 2 – Coupe type du tunnel de Bois de Peu

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40
Les travaux souterrains et les dépollutions
(Réf. Internet 42551)

1– Les travaux souterrains 2


2– Dépollution et recyclage Réf. Internet page

Techniques de réhabilitation des sites et sols pollués. Fiches de synthèse C5582 43

Déchets du Bâtiment et des Travaux Publics C5600 51

Recyclage en centrale des matériaux de chaussées C5620 61

Recyclage et retraitement en place des matériaux de chaussées C5622 65

La démolition. Techniques et métiers connexes C9005 71

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41
2

42
Référence Internet
C5582

Techniques de réhabilitation
des sites et sols pollués
Fiches de synthèse
Par Pascal ROUDIER
Directeur Général Adjoint SITA Remediation 2
1. Air sparging .................................................................................................... C 5 582 – 2
2. Atténuation naturelle .................................................................................. — 3
3. Barrières réactives ....................................................................................... — 4
4. Bioaugmentation .......................................................................................... — 5
5. Bioslurry.......................................................................................................... — 7
6. Biostimulation............................................................................................... — 8
7. Biotertre .......................................................................................................... — 9
8. Bioventing ...................................................................................................... — 10
9. Compostage de sols .................................................................................... — 11
10. Désorption thermique ex situ ................................................................. — 13
11. Désorption thermique in situ .................................................................. — 14
12. Electrocinétique ......................................................................................... — 15
13. Electro-oxydation ....................................................................................... — 16
14. Excavation.................................................................................................... — 17
15. Incinération ................................................................................................. — 18
16. Lavage ex situ ............................................................................................. — 19
17. Lavage in situ ............................................................................................... — 19
18. Micro-ondes ................................................................................................. — 20
19. Oxydation in situ ........................................................................................ — 21
20. Photo-oxydation sous ultraviolets ........................................................ — 22
21. Phytoremédiation....................................................................................... — 23
22. Pump and Treat ........................................................................................... — 24
23. Pyrolyse ........................................................................................................ — 25
24. Rabattement-écrémage ............................................................................ — 26
25. Réduction ..................................................................................................... — 27
26. Slurping ........................................................................................................ — 28
27. Solidification/stabilisation ....................................................................... — 30
28. Tensio-actifs/ cotensio-actifs, solvants/cosolvants........................... — 31
29. Traitement biologique aérobie ................................................................ — 32
30. Traitement biologique anaérobie ........................................................... — 34
31. Traitement par champignons ................................................................... — 35
32. Tri granulométrique ................................................................................... — 36
33. Ultrasons ...................................................................................................... — 37
34. Venting .......................................................................................................... — 38
35. Vitrification.................................................................................................. — 39
Parution : février 2005

Références bibliographiques ......................................................................... — 40

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© Techniques de l’Ingénieur C 5 582 − 1

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Référence Internet
C5582

TECHNIQUES DE RÉHABILITATION DES SITES ET SOLS POLLUÉS _________________________________________________________________________________

es fiches présentées ci-après récapitulent les différentes techniques de réha-


L bilitation des sols et eaux de nappes pollués envisageables. Chaque fiche
aborde à la fois l'aspect théorique à travers le principe de base de la technique
de réhabilitation concernée et l'aspect pratique à travers les moyens techniques
mis en œuvre. Elle indique également le type de polluants auxquels cette techni-
que s'applique ainsi que les performances que l'on peut atteindre et la maturité
du procédé. De plus, des exemples concrets de réhabilitation sont présentés et
justifiés pour différents produits polluants.
L'objectif de ces fiches est d'aider le lecteur à identifier une ou des techniques

2
de réhabilitation applicables à son cas particulier. Toutefois, les techniques pré-
sentées ne sont pas exhaustives (d'importants et rapides progrès en recherche et
développement laissant entrevoir de nombreuses autres possibilités dans un
avenir proche [1] [2]). De plus, le choix d'une technique de réhabilitation
nécessite la prise en compte de paramètres nombreux et variés : paramètres liés
à la nature du sol, aux polluants à traiter, contraintes liées au site, contraintes
technico-économiques, et ces fiches ne sauraient en aucun cas remplacer l'exper-
tise des sociétés spécialisées dans la réhabilitation de sites et sols pollués.
Nota : In situ désigne tout procédé de dépollution appliqué à un sol sans excavation, et ex
situ désigne tout procédé de dépollution appliqué à un sol après excavation. Les traitements ex
situ englobent les traitements on site où les sols sont traités sur place et les traitements off site
où les sols sont transportés vers un centre de traitement fixe adapté.

1. Air sparging ■ Moyens techniques


La zone saturée est traitée à partir de points d’injection. Le nom-
bre, l'espacement et la profondeur des points sont dictés par :
Autre mot-clé : barbotage in situ — la définition géométrique du système : extension et type de
L’injection d’un gaz dans l’eau souterraine pour volatiliser les com- contamination, profondeur et variations du niveau statique de la
posés volatils (l’air sparging) est une technique très utilisée depuis nappe, profondeur du substratum ;
une dizaine d’années dans des cas où le sol présente une géologie — les caractéristiques hydrodynamiques de la zone saturée : per-
simple (figure 1). Cette technique est souvent en concurrence avec le méabilité, coefficient d’emmagasinement ;
pompage de la nappe et d’autres traitements in situ de la nappe. L’air — les conditions aux limites appliquées sur le système : limites à
sparging est fréquemment couplé avec le venting (§ 34 ). charge constante, variable.
Ces mêmes paramètres vont influer sur le choix du type de sur-
■ Principe presseur (volumétrique, intermédiaire, centrifuge...) et de sa puis-
L'air sparging est un procédé in situ permettant de traiter locale- sance. Sur les sites en activité, le réseau et la connectique sont
ment la zone saturée (dissoute, adsorbée). Cette technique consiste généralement enterrés.
à injecter un gaz, le plus souvent de l’air, dans la formation par des La concentration en oxygène dissous dans l'eau souterraine est cou-
puits verticaux ou horizontaux. Cette injection a lieu au-dessous du ramment utilisée sur le terrain pour contrôler l’efficacité du système.
niveau de la nappe d'eau souterraine à traiter. Ensuite, l'air se pro- La répartition homogène des canaux d'air est cruciale pour le bon
page à travers la zone saturée en créant des canaux d'air. En instau- fonctionnement de l'air sparging. Cette répartition dépend forte-
rant cette interface air/phases du sol (air/eau, air/sol, air/produit), ment des hétérogénéités du sol dans la zone à décontaminer. Par
l'air sparging favorise la volatilisation des substances chimiques exemple, un sol stratifié ne pourra être traité par air sparging que si
volatilisables présentes dans la zone saturée ainsi que celles présen- la perméabilité à l'air des différentes strates augmente en se rappro-
tes à l'état pur au-dessus de la frange capillaire aqueuse. En paral- chant de la surface du sol. De même, des lentilles de sol peu per-
lèle, la dissolution de l'oxygène de l'air dans la phase aqueuse méables à l'air ne seront pas décontaminées.
permet d'augmenter la biodégradation aérobie de certains contami-
nants (biosparging). Afin d'évaluer si le traitement touche à sa fin, le système de spar-
ging est arrêté et la concentration en contaminant est suivie dans
L'air sparging est souvent couplé à un réseau de récupération des des puits de contrôle. Typiquement, cette dernière est faible lors de
vapeurs installé dans la zone insaturée. Les vapeurs peuvent ensuite l'arrêt du système, puis une augmentation est observée due à une
être traitées en surface (cf. venting § 34) remobilisation du contaminant. Ce phénomène est appelé
■ Type de pollution traitée « rebond ». Plusieurs mois peuvent s'écouler avant d'observer le
rebond. Les phénomènes de rebond doivent être pris en compte
L'air sparging permet de traiter des contaminants volatils : dans l'évaluation du temps de traitement.
constante de Henry supérieure à 0,01 à 20 °C et/ou pression de
vapeur saturante supérieure à 0,5 mm Hg (67 Pa) à 20 °C. L'air spar- ■ Performances
ging est plus couramment utilisé pour traiter des solvants chlorés et Le rendement de ce procédé peut atteindre 99 %.
des hydrocarbures pétroliers volatils (essences, kérosène…). ■ Maturité du procédé
Deux types de pollution peuvent être traitées par air sparging : Le procédé est actuellement commercialisé. En outre, des recher-
— les zones source, ches sont toujours menées afin d’améliorer la technologie et son suivi.
— les contaminations dissoutes en aval de la source. Une ■ Exemple industriel
« barrière » de puits d’injection est alors installée perpendiculaire-
ment à l'écoulement afin de mettre un terme à la migration des Type de site : ancienne usine automobile
contaminants plus en aval. Technique : air sparging couplé à un venting et pompage

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C 5 582 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

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________________________________________________________________________________ TECHNIQUES DE RÉHABILITATION DES SITES ET SOLS POLLUÉS

intervention de l’homme. Ce phénomène est appelé atténuation


Compresseur Décontamination de l'air du sol naturelle.
Réglage de la pression Aspiration de l'air du sol Les mécanismes à l’origine de l’atténuation naturelle sont
Débitmètre Débitmètre nombreux :
— volatilisation,
— dégradation abiotique au contact des matériaux du sol (par
exemple, hydrolyse),
— biodégradation par les micro-organismes indigènes de la zone
Étanchéité Crépine saturée et insaturée,
Sol — advection,
— dispersion,

2
— dilution par les eaux de recharge,
— diffusion gazeuse et aqueuse,
— convection,
— sorption.
Parmi cette liste, les deux types de dégradations (biologique et
abiotique) sont les seuls mécanismes entraînant l’altération du con-
taminant. Il est à noter que lorsque la dégradation n’est pas
Surface de la nappe
complète, la toxicité des produits de dégradation peut parfois être
plus élevée que le contaminant d’origine. Les autres mécanismes
Graviers
consistent en un transfert de phase ou un transport du contaminant
au sein d’une phase.
Zone polluée ■ Type de pollution traitée
L’atténuation naturelle des BTEX (hydrocarbures aromatiques:
benzène, toluène, éthylbenzène, xylène) a ouvert la voie dès 1985 et
est désormais bien acceptée aux USA. Plus de trente sites contami-
nés par hydrocarbures ont eu l’accord des autorités pour appliquer
l’atténuation naturelle en 1995. Les procédures d’évaluation sont en
cours de standardisation.
Les solvants chlorés (PCE (perchloroéthylène), TCE (trichloroé-
thylène), DCE (dichloroéthylène)) font eux aussi l’objet d’évaluations
mais les procédés de dégradation sont bien plus complexes que
Figure 1 – Principe de l’air sparging couplé avec un venting dans le cas des BTEX. Les procédures d’évaluation sont donc plus
longues et plus coûteuses. Ceci explique que peu de sites pollués
par les solvants chlorés ont à l’heure actuelle reçu l’aval des autori-
Contaminant : solvant chloré principalement trichloroéthylène (TCE) tés pour l’application de l’atténuation naturelle. Des guides d’éva-
luation ont été publiés aux USA concernant les solvants chlorés.
Objectif de traitement : 500 µg/l
D’autres composés ne faisant pas encore l’objet de guides offi-
Volume traité : 20 aiguilles de venting et 7 aiguilles de sparging ciels se prêtent à l’atténuation naturelle : les explosifs (TNT (trinitro-
pour une surface de 0,8 ha toluène), RDX (Royal Demolition Explosives)), les phénols et
Type de roche/géologie : craie, nappe à 30 m de profondeur certains composés inorganiques. Du fait de l’absence de documents
officiels, l’évaluation de l’atténuation naturelle pour ces composés
Durée : 18 mois doit être très détaillée pour être acceptée par l’administration.
Moyens techniques : 2 plates-formes de venting 800 m3/h et un
compresseur à vis 300 m3/h ■ Moyens techniques
Les cas d’atténuation naturelle dans la zone insaturée ne sont pas
■ Références bibliographiques inexistants mais ils bien moins nombreux que ceux recensés pour
VOGEL (T.M.).- Bioremédiation des sols, J3982 (6-2001). les eaux souterraines.
BALLERINI (D.).- Traitements biologiques des sols, G2620 (4-1999). L’atténuation naturelle est acceptée de manière croissante en tant
que « procédé » de dépollution lorsque plusieurs campagnes
d’échantillonnage (généralement 3 ou 4 campagnes à 3 ou 6 mois
d’intervalle) ont montré que les conditions suivantes sont toutes
2. Atténuation naturelle réunies :
— la contamination ne présente pas de risques immédiats et n’en
présentera pas durant toute la durée de l’atténuation naturelle,
L’atténuation naturelle est souvent présentée comme la capacité — à un temps donné, les concentrations observées décroissent
naturelle du sol et de la nappe phréatique à dégrader les polluants plus on s’éloigne de la source,
(figure 2). La biodégradation naturelle joue un rôle primordial dans — à une position donnée de la zone polluée, les concentrations
l’atténuation naturelle. Cette technique se perfectionne avec l’évolu- observées sont décroissantes avec le temps.
tion des techniques de modélisation et d’investigation. Aux Etats-Unis comme en France, l’étude de risques est une étape
cruciale dans l’évaluation de l’atténuation naturelle. Toute étude de
■ Principe
risques liée à l’application future de l’atténuation naturelle devrait,
Il arrive que la masse totale et/ou la concentration de contami- dans un cas idéal, être spécifique au site concerné (type de polluant,
nants dans les sols et les eaux souterraines décroisse avec le temps quantité, source présente ou non, toxicité, mobilité, récepteurs
et avec l’éloignement par rapport à la pollution « source » et ce sans potentiels...) et discuter les points suivants :

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TECHNIQUES DE RÉHABILITATION DES SITES ET SOLS POLLUÉS _________________________________________________________________________________

— une solution de « secours » doit être décrite précisément et Les paramètres pouvant être analysés lors du forage des puits et
mise en place sur le site afin d’être appliquée si l’atténuation natu- après leur installation sont nombreux :
relle met en danger les récepteurs potentiels, — concentrations en contaminants dans les sols (zone insaturée
— une durée approximative de remédiation doit être calculée. et saturée) et dans l’eau ;
Ces durées sont généralement de 10 à 50 ans, voire supérieures, — concentration en gaz dissous : oxygène, hydrogène, méthane ;
— l’utilisation du terrain durant la durée de remédiation doit être — concentration en accepteurs d’électrons : nitrate, manganèse,
planifiée et l’arrivée de nouveaux récepteurs étudiée. Des mesures fer(III), sulfate ;
doivent être prises pour éviter toute exposition pouvant survenir — concentration en carbone organique total dans le sol et dans
durant la durée de remédiation. l’eau ;
— dénombrement bactérien (totaux ou anaérobie) dans les sols
Lorsque l’étude de risques n’exclut pas l’application de l’atténua- et dans l’eau ;
tion naturelle, il convient de prouver qu’il y a effectivement atté- — paramètres physico-chimiques: pH, température, conductivité,

2
nuation naturelle : c’est la phase d’évaluation. Le nombre, potentiel redox, etc...
l’emplacement et le design des puits de contrôle doivent faire l’objet
de beaucoup de précautions. La figure 2 montre schématiquement Ces paramètres ne sont pas analysés systématiquement mais ils
l’emplacement des puits et leur rôle. On distingue donc : peuvent venir corroborer le profil des concentrations en contami-
nants.
— un ou plusieurs puits en amont afin de suivre le bruit de fond
du site (puits A) ; ■ Performances
— une série de puits le long de la lentille de pollution afin d’étu- Un nombre croissant de sites utilisent l'atténuation naturelle aux
dier l’évolution des concentrations en partant de la source et en Etats-Unis pour des raisons évidentes de coût. En effet, une fois la
allant vers les zones les moins concentrées en aval (puits B,C,D) ; phase d’évaluation acceptée par l’administration, il ne reste qu’à
effectuer des échantillonnages réguliers afin de s’assurer que le pro-
— un ou plusieurs puits latéraux afin de savoir si la largeur de la cédé suit son cours.
lentille de pollution est stabilisée ou évolue encore (puits F) ;
Historiquement, l'atténuation naturelle a tout d'abord été réalisée
— un ou plusieurs puits « sentinelle » en aval de la lentille de pol-
sur des sites pollués par des hydrocarbures, puis son utilisation
lution qui serviront à donner l’alerte si les contaminants y sont
s'est élargie aux pollutions par des solvants chlorés. Aujourd'hui, les
détectés. Une solution de remédiation alternative devra alors être
deux types de polluants sont concernés par l'atténuation naturelle.
mise en place afin d’éviter que la migration des contaminants se
poursuive. L’emplacement des puits en aval est généralement fixé Une étude réalisée par Todd Wiedemeier (Parsons Engineering
par l’administration ou l’hydrogéologue agréé. Ces puits constituent Science, Inc.) a permis l’évaluation de l’atténuation naturelle sur
la limite au-delà de laquelle la contamination présente des risques 70 sites de l'US Air Force : 20 pollués par solvants chlorés et 50 pol-
immédiats (puits E). lués par hydrocarbures. Même si l’atténuation naturelle a été prou-
vée sur 88 % des sites pollués par solvants chlorés, seuls 20 % de
Une caractérisation très précise de l’hydrogéologie du site et de la ces cas permettent de protéger des récepteurs éventuels. Parallèle-
lentille de pollution au temps zéro est essentielle afin de pouvoir ment, l’atténuation naturelle a été prouvée dans presque 100 % des
placer les puits de manière sensée et déterminer les profondeurs et sites pollués par hydrocarbures et elle garantit des niveaux de ris-
hauteurs des crépines. L’évaluation sera d’autant plus facile et con- ques acceptables pour plus de 80 % de ces sites.
vainquante que le positionnement des puits aura été judicieux. Ces
paramètres deviennent cruciaux lorsque : La différence majeure de comportement entre les solvants chlorés
et les hydrocarbures tient principalement aux longueurs de lentille
— les contaminants sont plus denses que l’eau. Les crépines de pollution. Les lentilles de BTEX dépassent rarement 400 mètres
devront alors tenter de suivre le parcours des contaminants : phase de long alors qu’il n’est pas rare de voir des contaminations supé-
descendante à partir de la source puis phase horizontale au dessus rieures à un kilomètre pour les solvants chlorés.
du substratum ;
■ Maturité du procédé
— il existe des variations saisonnières importantes du niveau de
la nappe ; Aux Etats-Unis, l’atténuation naturelle des hydrocarbures et des
solvants chlorés est désormais bien acceptée. Des guides ont été
— le sens de l’écoulement a des risques de changer à la suite de publiés par l’US EPA (Environmental Protection Agency) à cet effet.
travaux dans la zone d’influence de la nappe : goudronnage des Pour d’autres contaminants, les procédures ont lieu au cas par cas.
zones de recharge, ajout de systèmes de drainage, construction de
fondations nécessitant le pompage d’eau momentané… L'utilisation de l'atténuation naturelle est limitée en France, mais
cette technique est en cours d'évaluation et des expériences sont
actuellement menées.

Contrôle latéral
de la pollution
3. Barrières réactives
Zone source
(polluant pur) F
Cette technique consiste à implanter une barrière perméable
Contrôle aval depuis la surface du sol jusqu’à la base de l’aquifère pour intercep-
de la pollution ter un panache de pollution. La barrière est remplie d'un réactif per-
Bruit de fond mettant la dégradation des polluants dissous dans l'eau. Deux types
du site de barrières existent (figure 3): les barrières perméables classiques
A B C D E
et les barrières « système porte ».
Panache de pollution ■ Principe
Direction du panache (polluant dissous)
Une barrière réactive est une tranchée réalisée entre la surface du
de pollution sol et le substratum, orientée perpendiculairement au sens d'écoule-
ment de la nappe phréatique. Cette tranchée est entièrement remplie
Figure 2 – Principe de l’atténuation naturelle par un principe actif de traitement, adapté au type de pollution traité.

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Le panache de pollution qui passe à travers le principe actif de


traitement est dépollué. Zone Panache Eau traitée
source de pollution
Les dimensions de la barrière sont ajustées de façon à intercepter
la totalité du panache de pollution (longueur de la barrière) et à
assurer un temps de contact suffisant entre l'eau à traiter et le prin-
cipe actif de traitement (largeur de la barrière).
Le gros avantage de ce procédé est qu'il s'agit d'un traitement qui
ne nécessite pas de pompage. De plus, il peut être installé pour de
nombreuses années avec une maintenance réduite.
Sens d'écoulement Barrière
■ Type de pollution traitée de la nappe perméable
Le type de pollution traitée dépend du principe actif de traitement a Barrière perméable classique

2
mis en place dans la barrière.
Les barrières réactives permettent le traitement de nombreux
polluants organiques et de certains métaux. Zone Panache
source de pollution Eau traitée
Toutefois, dans la majorité des cas, les polluants traités sont des
solvants chlorés. En effet, ces polluants, plus denses que l'eau et
peu solubles, s'accumulent sur des lentilles de terrain imperméa-
bles difficiles à localiser, puis se dissolvent très lentement en for-
mant un panache de pollution. Ils sont difficiles à traiter par les
techniques classiques de pompage. En revanche, les barrières réac-
tives permettent l'interception de la totalité du panache de pollution.
Dans le cas des solvants chlorés, le principe actif de traitement
Porte
consiste en une réduction, catalysée ou non, du ou des polluants Sens d'écoulement
chlorés présents (§ 25 Réduction). de la nappe

■ Moyens techniques Paroi étanche


On trouve deux types de barrières réactives: les barrières perméa- b Barrière « système porte »
bles classiques et les barrières « système porte » (figure 3).
Les barrières perméables classiques sont des tranchées allant de Figure 3 – Principe des barrières réactives
la surface du sol jusqu'au substratum, orientées perpendiculaire-
ment au sens d'écoulement de la nappe. Cette tranchée est entière-
ment remplie par le principe actif de traitement. Le principe actif doit
■ Performances
toujours avoir une perméabilité très supérieure à celle du sol. La
longueur de la barrière doit être suffisante pour permettre le traite- Les performances des barrières dépendent du principe actif de
ment de tout le panache de pollution. La largeur de la barrière (géné- traitement. Pour un système correctement dimensionné, les perfor-
ralement de 20 cm à 1 m) et la vitesse d'écoulement de la nappe mances de traitement peuvent dépasser 99,9 %.
fixent le temps de séjour de l'eau dans la barrière. Ce temps de
séjour est un paramètre important pour le procédé de traitement, ■ Maturité du procédé
quel qu'il soit. A faible profondeur, ce type de barrière peut être ins-
Ce procédé, développé il y a une quinzaine d'années aux États-
tallé par des techniques de terrassement classiques (trancheuse,
Unis, est actuellement commercialisé.
pelle mécanique). Les temps de contact généralement longs dans ce
type de barrière permettent l'utilisation de réactifs peu efficaces ■ Exemple industriel
(lents). Toutefois, ce type de barrière est inapplicable à grande pro-
fondeur, il nécessite de très gros volumes de réactif, et donc l'utilisa- Pays : Belgique
tion de réactifs peu chers. De plus, une fois l'installation réalisée,
Type de site : site industriel en activité
l'intervention est très complexe sur le réactif.
Les barrières « système porte » consistent à canaliser la nappe à Contaminant : trichloréthylène (zones sources et panache de pollution)
traiter à l'aide de parois étanches et à la diriger vers une porte de Technique : pompage des zones sources et barrière réactive
traitement. Le principe actif de traitement est placé au niveau de « système porte » avec réactif de réduction catalytique pour le pana-
cette porte. Le gradient hydraulique résultant de l'installation de la che de pollution
paroi étanche permet l'écoulement de l'eau dans la porte de traite-
ment sans pompage. Le principe actif doit toujours avoir une per- Design : parois étanches de 4500 m2, 3 portes comportant cha-
méabilité très supérieure à celle du sol. Les longueurs des parois cune 3 cartouches de traitement en série
étanches de part et d'autre de la porte doivent être suffisantes pour Durée prévisionnelle du traitement : 30 ans
permettre le traitement de tout le panache de pollution. Le volume
de réactif et la vitesse d'écoulement de la nappe fixent le temps de
séjour de l'eau dans la porte. Ce temps de séjour est un paramètre
important pour le procédé de traitement, quel qu'il soit.
La porte consiste en un puits inox (d'un diamètre de l'ordre de 4. Bioaugmentation
1 m) implantée dans la paroi étanche. Le réactif est placé dans une
cartouche inox amovible que l'on descend dans le puits et qui se
connecte de façon étanche au fond de l'ouvrage. Cette cartouche La bioaugmentation est l’adjonction de micro-organismes en vue
amovible permet d'intervenir facilement sur le réactif. Toutefois, la de rendre possible ou d’améliorer la biodégradation d'un polluant
quantité de réactif utilisée est limitée (à quelques m3 maximum) et dans le sol ou dans la nappe phréatique (figure 4). Cette technique
on concentre au niveau de la porte le débit de toute une tranche est parfois nécessaire mais est souvent appliquée sans utilité. La
d'aquifère. Les temps de contact eau / réactif sont donc beaucoup bioaugmentation n'est indispensable que lorsque le milieu pollué
plus faibles que pour une barrière perméable classique et il faut uti- ne contient pas de micro-organismes capables d'effectuer la biodé-
liser des réactifs beaucoup plus performants. gradation.

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Le transport des micro-organismes du puits d’injection jusqu'à la


Fermenteur zone contaminée est influencé par les paramètres du sol (perméabi-
Congélateur
lité, taux d’humidité, température, pH, CEC, taux de matière organi-
que) et par les propriétés des micro-organismes injectés (taille,
sorption). Ainsi, certaines études ont montré que l’injection de cellu-
les dormantes (ultra microbacterial cells, UMB) au lieu de cellules
végétatives permet d’accroître le rayon d’influence d’un puits
d’injection. En effet, les UMB occupent généralement un volume
moindre que les cellules végétatives ; leur capacité de sorption est
réduite et leur activité de division est inexistante. Le colmatage du
puits souvent observé avec des cellules végétatives est beaucoup
Conservation des Production des moins marqué avec des UMB.
micro-organismes micro-organismes Zone

2
polluée Lorsque l’utilisation d’UMB est envisagée, il convient de se poser
les questions suivantes afin de sélectionner les micro-organismes
ajoutés :
Figure 4 – Principe de la bioaugmentation — ont-ils une activité dégradante satisfaisante ?
— peuvent-ils former des UMB de taille réduite ?
— peuvent-ils retrouver leur état végétatif lors de l’injection de
nutriments et de carbone ?
■ Principe
— conservent-ils leur activité dégradante une fois leur état végé-
La bioaugmentation est un procédé pouvant s’appliquer à la fois tatif retrouvé ?
in situ ou ex situ. Il consiste à ajouter des micro-organismes dans la
zone polluée afin d’augmenter la biodégradation des contaminants. Il est prudent, avant d’appliquer la bioaugmentation, de vérifier
Les micro-organismes ajoutés peuvent être étrangers au sol ou que les contaminants sont biodisponibles sans quoi l’ajout de
indigènes. Dans le second cas, ils sont extraits du sol, acclimatés au micro-organismes, même compétents, n’augmentera pas les rende-
contaminant, cultivés ex situ puis réinjectés. Le procédé de bioaug- ments du procédé. Il est en effet probable que les micro-organismes
mentation est envisagé lorsque la biostimulation de la flore ajoutés n’aient pas accès aux contaminants “ historiques ”, peu
indigène ne parvient pas à augmenter les vitesses de biodégrada- accessibles, car les sites d’attachement des micro-organismes les
tion. La biostimulation est mise en échec lorsque, par exemple : plus proches de ces contaminants sont déjà occupés par la popula-
tion indigène.
— les micro-organismes indigènes n’ont pas le patrimoine géné-
tique pour dégrader les contaminants ; L’introduction de micro-organismes étrangers perturbe l’équilibre
— le contaminant est présent à des concentrations toxiques pour écologique du sol. Ces micro-organismes doivent donc être capa-
les micro-organismes indigènes. bles de supporter la compétition qui a lieu entre les divers organis-
mes afin de pouvoir former une population suffisamment
Pour que l’ajout de micro-organismes soit efficace, il faut s’assu- nombreuse et atteindre des vitesses de biodégradation satisfaisan-
rer que les étapes suivantes sont bien réalisées : tes. La compétition a lieu avec d’autres souches pour l'accès aux
— transport jusqu'à la zone contaminée, nutriments et aux substrats. Notons qu’utiliser les dénombrements
— attachement des micro-organismes aux matériaux du sol, bactériens comme critère de suivi de la bioaugmentation peut se
— survie et croissance des micro-organismes, révéler trompeur. En effet, le réel objectif est l’activité de la popula-
— expression satisfaisante de leur activité dégradante. tion plus que le nombre de micro-organismes en lui-même.
Parmi les paramètres devant être pris en compte pour mener à ■ Performances
bien une bioaugmentation, on trouve :
— les propriétés du contaminant, comme par exemple : biodisponi- La majorité des études sur la bioaugmentation se contente de
bilité, concentration, toxicité pour les micro-organismes dégradants ; relater des cas précis sans tenter d’explorer la sensibilité du pro-
cédé. Il est donc difficile d’utiliser ces études pour concevoir, sur
— les propriétés du sol, comme par exemple : taux d’humidité,
d’autres sites, des systèmes de bioaugmentation et prédire leurs
taux de matière organique, pH, capacité d’échange cationique (CEC) ;
performances.
— l’écosystème microbiologique, comme par exemple : présence
de prédateurs, compétition inter-espèces ; Les résultats des études sont partagés. Certains échecs sont à
— la microbiologie, comme par exemple : présence de co-subs- noter quand l'inoculation aboutit à une diminution de l’activité
trats, patrimoine génétique des souches présentes, stabilité des dégradante ou à un colmatage de l’aquifère. Néanmoins, le procédé
enzymes, activité des enzymes. de bioaugmentation est soutenu par d’autres résultats montrant
l’augmentation de la biodégradation lorsque des micro-organismes
■ Type de pollution traitée compétents ont été ajoutés aux micro-organismes indigènes peu
Le procédé de bioaugmentation est a priori applicable pour tout efficaces.
contaminant pouvant être biodégradé par les micro-organismes ■ Maturité du procédé
indigènes et/ou ajoutés.
Le procédé est actuellement commercialisé.
■ Moyens techniques Aux Etats-Unis, des essais sont menés avec des micro-organismes
La bioaugmentation est appliquée in situ par exemple lors des génétiquement modifiés. En revanche, en France, tous les micro-
procédés de pump and treat (§ 22) qui sont suivis d’une réinjection organismes utilisés sont d’origine naturelle puisque l’innocuité des
dans l’aquifère. micro-organismes génétiquement modifiés n’est pas prouvée.
● Si le traitement en surface est effectué par bioréacteur, des
micro-organismes contenus dans le bioréacteur – donc acclimatés – ■ Exemple industriel
se trouvent réinjectés dans la nappe. Type de site : ancien chantier naval
● Si le traitement en surface est physico-chimique, l’eau réinjec- Technique : excavation puis traitement sur site en alvéole
tée est amendée avec des micro-organismes cultivés par ailleurs.
Contaminant : gasoil et ancien fuel partiellement dégradés
La bioaugmentation peut également être appliquée ex situ en
aspergeant les terres excavées avec la solution contenant les micro- Objectif de traitement : 500 mg/kg
organismes ajoutés. Volume traité : 8 000 m3 sol

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Type de roche/géologie : remblais et sables vasards — lavage avec addition éventuelle d’un tensioactif (§ 28).
Durée : 18 mois Il convient de bien définir :
Moyens techniques : alvéole de 2500 m2 étanchée par du PEHD — les caractéristiques physiques du mélange liquide-solide,
(polyéthylène haute densité) 1,5 mm, aération forcée, injection de régies par la distribution des composés organiques dans le
bactéries sélectionnées, injection de nutriments. mélange, ainsi que par la viscosité et la tension superficielle des
contaminants ;
■ Références bibliographiques — l’énergie nécessaire à apporter au système pour homogé-
BALLERINI (D.). – Traitements biologiques des sols, G2620 (4-1999). néiser la suspension ;
— le temps de séjour des boues pour parvenir au résultat sou-
VOGEL (T.M.). – Bioremédiation des sols, J3982 (6-2001).
haité ;
— l’apport minéral (N, P...), la température et la quantité d’oxy-
gène à leurs valeurs optimales ;

2
— les caractéristiques des émissions gazeuses (CO2, produits
5. Bioslurry volatils).
Très souvent, les bioréacteurs sont alimentés en discontinu mais
on peut rencontrer des procédés qui fonctionnent en continu. L’ali-
Autre mot-clé : bioréacteur mentation en continu permet de diluer la pollution entrant dans le
La technique nommée « bioslurry » consiste à traiter le sol en réacteur et d’éviter l’accumulation des composés toxiques issus de
réacteur avec de l’eau en quantité suffisante pour maintenir en sus- la dégradation.
pension les particules du sol (pulpe) (figure 5). L’excavation préala- Le temps de séjour dépend de l’ensemble des paramètres carac-
ble du sol est obligatoire. Cette technique est déjà utilisée sur les térisant les terres polluées. Il varie de quelques jours à quelques
grands chantiers et permet de mieux contrôler les processus de trai- semaines.
tement biologiques. Le bioslurry est la technique la plus coûteuse
parmi les traitements biologiques et reste donc un peu marginale. Le pH, la température, l’apport de nutriments et d’oxygène peu-
vent être optimisés pour obtenir la dégradation maximale. Le pH et
■ Principe la température sont ajustés et maintenus en conditions optimales
Ces deux noms (bioslurry, bioréacteur) correspondent au même pour les micro-organismes, à des valeurs respectivement comprises
procédé ex situ. La première étape consiste à créer une boue entre 4,5 et 8,8 et entre 15 et 35 °C.
épaisse en mettant la partie fine du sol en suspension dans l’eau. L’agitation permet un contact et un transfert de masse maximal
Les pourcentages de solide sont généralement compris entre 10 et entre les polluants et les micro-organismes et améliore les transferts
50 % (poids). Des nutriments sont ajoutés pour stimuler les proces- d’oxygène. Elle peut être fournie grâce à des pales, un système de
sus de biodégradation. Un système d’aération est employé dans le pompage/circulation des boues ou un système d’aérateurs. Lorsque
cas des procédés aérobies. Ce procédé est très intéressant quand le procédé est anaérobie, une source de carbone (exemple : amidon)
l’apport de souches spécialisées est indispensable. En fin de traite- est ajoutée au bioréacteur afin que les micro-organismes aérobies la
ment, les phases solides et liquides sont séparées et le sol est remis dégradent en consommant simultanément l’oxygène dissous pré-
en place. sent dans le réacteur.
La complexité des procédés peut varier d’une simple lagune cons- Les apports de nutriments et d’autres additifs peuvent être très
truite en terre à un réacteur plus sophistiqué. Leur caractéristique variés : sels minéraux (chlorure d’ammonium et phosphate de
commune est d’assurer le mélange intime entre les micro-organis- sodium, oligoéléments...), autres sources de carbone, agents de
mes et les polluants. neutralisation (pour lever les limitations de l’activité microbienne),
solvants (éthanol, acétone), émulsifiants, polymères, anti-mousses.
■ Type de pollution traitée
On peut distinguer plusieurs catégories de micro-organismes :
L’utilisation de réacteurs pour le traitement de sites pollués est indigènes, naturels préadaptés, mélanges de souches (commercia-
généralement admise pour des sols et des boues contaminés par lisés par plusieurs sociétés). Ces micro-organismes peuvent être
des substances peu biodégradables et/ou pour des sols générale- ajoutés au début pour ensemencer le réacteur ou en cours de traite-
ment difficiles à traiter comme ceux fortement argileux. ment pour maintenir la concentration en biomasse souhaitée.
Ce procédé n’est pas destiné à traiter les contaminations inorgani- Il existe trois types d’effluents lors d’un traitement en bioslurry : le
ques. De plus, la présence de métaux lourds ou de chlorures peut solide traité, l’eau de procédé et les émissions gazeuses. En fin
inhiber le métabolisme bactérien et nécessite parfois un prétraite- d’opération, les solides sont séparés de l’eau par décantation, cen-
ment. trifugation ou filtration. L’eau utilisée dans le réacteur peut être trai-
Ce procédé permet de dégrader une large gamme de composés tée avant d’être recyclée dans le réacteur ou rejetée dans le milieu.
organiques tels que les pesticides, les carburants et les huiles, le Si le procédé est appliqué dans une simple lagune, le liquide est
pentachlorophénol, les polychlorobiphényles (PCB), les hydrocarbu- récupéré et les solides sont laissés sur place. Les émissions gazeu-
res aromatiques polycycliques (HAP) et les composés organiques ses doivent être traitées (filtre à charbon actif, biofiltre) lorsqu’elles
halogénés volatils ou semi-volatils. dépassent le seuil de concentration défini par les législations avant
d’être rejetées dans l’atmosphère.
■ Moyens techniques
Les unités commercialisées nécessitent une surface de 0,05 à
Le prétraitement des sols excavés est généralement nécessaire 0,1 ha pour l’implantation d’un réacteur d’une capacité de 1 000 m3.
préalablement à la mise en boue. Cela inclut le tamisage du sol pour
éliminer les plus grosses particules (taille supérieure à 4-5 mm). La ■ Performances
contamination de ces gros éléments représente d’ailleurs un moin- Ce procédé peut être efficace pour des sols contaminés par des
dre danger car les polluants s’adsorbent préférentiellement à la sur- polluants présents à des concentrations comprises entre 2,5 g/kg et
face de particules de faible taille (argiles, hydroxydes métalliques, 250 g/kg.
matière organique décomposée).
Les rendements observés dépendent fortement du type de sol et
D’autres prétraitements ont été développés : de polluant. Avec un sol constitué de 5 % de graviers, 40 % de sables
— récupération, en amont du bioréacteur, des phases hydropho- et 55 % de limons et argiles, on a observé un rendement d’élimina-
bes séparées plus légères que l’eau ; tion des hydrocarbures de 95 % en combinant un traitement en
— préoxydation chimique des composés organiques ; bioslurry avec un prélavage des sols. Pour les composés à trois

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Air rejeté
Nutriments
(bactéries)

Traitement Air pollué


gaz
Sol
souillé

Fabrication boue
Unité de 1 2 3 Séparation Sol traité
préparation eau solide

2
Boue

Air
Compresseur
Eau Eau recyclée

Pompe Pompe

Figure 5 – Principe du bioslurry

noyaux aromatiques (HAP), le taux d’élimination est de 98-99 %. Il Traitement : les sols subissent un prétraitement pour éliminer les
diminue à 85-95 % pour ceux à quatre noyaux et à 55-85 % pour plus grosses particules (>150 µm). Le bioréacteur est équipé de sys-
ceux à plus de 4 noyaux. Ceci est dû à la diminution de la solubilité, tèmes d’agitation et de récupération des gaz. Il est chargé avec des
donc de l’accessibilité des composés lorsque le nombre de noyaux boues à 30 % de matières solides, des nutriments et des bactéries
augmente. spécifiques (Ps. Fluorescens, Ps. Stutzeri et Alcaligenes sp., 108
● Avantages : bact./g sol).
— par rapport à certains traitements non-biologiques, ce traite- Volume traité : 9 000 m3
ment permet de traiter des concentrations importantes de polluants Durée : 9 semaines. Les teneurs en HAP passent de 14 000 ppm à
(jusqu'à 250 g/kg) ; 2 000 ppm en 2 semaines et 1 000 ppm en 9 semaines, celles des
— la structure du sol n’est pas trop altérée et sa réutilisation à des HAP à 2 ou 3 cycles passent de 8 000 à 500 ppm en 2 semaines. Les
fins agricoles est envisageable ; HAP de 4 à 6 cycles passent de 6 000 à 1 000 ppm en 2 semaines.
— les durées de traitement sont plus courtes que les traitements
biologiques classiques et n’excèdent généralement pas 6 à 9 mois ; ■ Référence bibliographique
— ce procédé est très intéressant si l’apport de souches BALLERINI (D.). – Traitements biologiques des sols, G2620 (4-1999).
spécialisées est indispensable ;
— le maintien et le contrôle des conditions favorables aux micro-
organismes cibles sont facilités.
● Inconvénients : 6. Biostimulation
— la présence de polluants difficilement biodégradables peut
ralentir le processus. Il faudra alors inoculer des micro-organismes La biostimulation consiste à stimuler au moyen d’adjuvants chi-
capables de dégrader ces polluants ou augmenter les temps de miques ou biochimiques la dégradation des polluants par les micro-
séjour dans le bioréacteur ; organismes indigènes (figure 6). La biostimulation est à la base de
— une trop grande solubilité des polluants peut rendre l’utilisa- toute technique biologique ne nécessitant pas l’adjonction de micro-
tion de ce procédé impossible en entraînant des phénomènes organismes spécifiques sélectionnés. C'est l’une des techniques les
d’inhibition des processus biologiques dus à des concentrations en plus utilisées du fait du coût très bas de mise en œuvre.
polluants solubilisés trop élevées ;
■ Métabolisme et cométabolisme
— en présence de fortes concentrations en métaux lourds ou de
composés fortement chlorés ou de certains pesticides ou sels miné- Le traitement biologique, qu’il concerne des terres excavées ou
raux, qui peuvent être toxiques ou inhibitrices pour les micro-orga- des sols encore en place, consiste à utiliser des micro-organismes
nismes, on réalise un prétraitement non biologique pour réduire pour transformer des substances chimiques toxiques en substances
leurs teneurs jusqu'à ce qu’elles soient tolérées par les micro-orga- non toxiques. Les micro-organismes sollicités sont souvent des bac-
nismes. téries bien que les champignons jouent un rôle dans certains traite-
ments ex situ.
■ Maturité du procédé ● Métabolisme des substances polluantes
Le procédé est commercialisé mais son utilisation reste margi- Le métabolisme des micro-organismes est constitué du catabo-
nale. Il est surtout utilisé dans les pays dont la géologie s’y prête : lisme et de l’anabolisme. Les réactions composant le catabolisme
le bioslurry n’est pas utilisé en France, mais des traitements par ont pour but de produire de l’énergie. Cette énergie est utilisée par
bioslurry sont réalisés en Belgique et aux Pays Bas. la suite dans l’anabolisme afin de synthétiser les matériaux servant
au maintien et à la reproduction cellulaire.
■ Exemple industriel
Les réactions du catabolisme sont des réactions d’oxydo-réduc-
Technique : bioslurry tion. Elles utilisent donc des transferts d’électrons d’un composé à
Contaminant : HAP un autre, l’énergie libérée étant stockée par les micro-organismes.

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Déchets du Bâtiment et des Travaux


Publics

par Félix FLORIO


Ingénieur conseil en environnement 2
Clotilde TERRIBLE
Juriste Environnement
FNTP Fédération nationale des travaux publics
et Valérie VINCENT
Chef du service Développement Durable
FNTP Fédération nationale des travaux publics

1. Cadre législatif et réglementaire ........................................................ C 5 600 – 2


1.1 Cadre européen ........................................................................................... — 2
1.2 Cadre français .............................................................................................. — 3
2. Quantification des déchets du BTP .................................................... — 5
2.1 Quantification des déchets des Travaux Publics....................................... — 5
2.2 Quantification des déchets du Bâtiment.................................................... — 6
3. Pratiques des chantiers.......................................................................... — 11
3.1 Responsabilité en matière de gestion des déchets de chantier............... — 11
3.2 Prise en charge de l’enlèvement des déchets ........................................... — 11
3.3 Élimination des déchets de chantiers ........................................................ — 12
3.4 Réduction des déchets à la source en construction neuve ...................... — 13
3.5 Tri et collecte des déchets sur le chantier .................................................. — 13
3.6 Brûlage des déchets sur le chantier ........................................................... — 14
3.7 Transport des déchets de chantiers............................................................ — 14
3.8 Formulaires de gestion et de suivi des déchets........................................ — 14
3.9 Recommandation T2-2000 aux maîtres d’ouvrage publics relative à la
gestion des déchets de chantier de bâtiment............................................ — 14
3.10 Schéma d’Organisation et de Suivi de l’Élimination des Déchets de
chantiers – SOSED....................................................................................... — 15
3.11 Audit des bâtiments avant démolition ..................................................... — 15
4. Filières d’élimination .............................................................................. — 15
4.1 Installations d’élimination des déchets ..................................................... — 15
4.2 Structures intermédiaires ........................................................................... — 18
4.3 Filières de valorisation des déchets du bâtiment ..................................... — 20
4.4 Filières de traitement des déchets spéciaux ............................................. — 21
4.5 Valorisation des déchets des Travaux Publics........................................... — 21
5. Enjeux économiques ............................................................................... — 23
5.1 Coûts pour les déchets du Bâtiment .......................................................... — 23
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. C 5 600

a FNTP et la FFB ont souhaité s’associer pour présenter la problématique des


L déchets du BTP, dont le gisement est estimé au niveau national à 310 millions
de tonnes par an.
Les activités du bâtiment liées à la construction, la démolition, la réhabilitation
Parution : août 2006

et à l’entretien génèrent 30 millions de tonnes. Les activités des Travaux Publics

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liées aux différents travaux de terrassement, de voirie et de réseaux de distribu-


tion produisent 280 millions de tonnes d’excédents et de déchets, principale-
ment sous forme de déblais et de remblais.
Si les deux secteurs d’activités se distinguent par la nature et le volume de
leurs déchets, ils font preuve d’un engagement commun en faveur d’une valori-
sation optimale des excédents et déchets de chantiers, au regard des critères
techniques, économiques, environnementaux et sociaux.
Ce dossier situe la gestion des déchets du BTP dans un cadre législatif et régle-
mentaire, rappelle les spécificités des déchets du BTP, présente les pratiques de
chantier avec les responsabilités des intervenants et les différentes filières

2
d’élimination.
Le lecteur trouvera en [Doc. C 5 600] certains textes réglementaires et formu-
laires cités dans ce document.

1. Cadre législatif 1.1.2 Directive 91/689/CEE du 12 décembre 1991


relative aux déchets dangereux
et réglementaire
La directive définit les déchets dangereux : ce sont les déchets
figurant sur une liste établie par la Commission et qui possèdent
1.1 Cadre européen une ou plusieurs caractéristiques énumérées à l’annexe III de la
directive (ex. : explosif, inflammable, irritant, cancérogène,
nocif, corrosif, mutagène, etc.).
1.1.1 Directive cadre 75/442/CEE du 15 juillet 1975
relative aux déchets La directive pose le principe de non mélange des déchets dange-
reux avec d’autres déchets, ainsi qu’une obligation de traçabilité et
La directive affirme le principe du « pollueur-payeur », et définit de suivi des déchets dangereux.
les notions de déchet, d’élimination et de valorisation par un renvoi Enfin, comme pour la directive de 1975, les États membres ont
à une liste de déchets ou d’activités. l’obligation d’élaborer des plans de gestion des déchets dangereux.

Ainsi, est un déchet « toute substance ou tout objet qui relève


1.1.3 Directive 1999/31/CE du 26 avril 1999
des catégories figurant à l’annexe I, dont le détenteur se défait
ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire » concernant la mise en décharge des déchets
(article 1er, a).
La directive a pour objet de prévoir des mesures, procédures
L’annexe I prévoit différentes catégories de déchets, dont notam- et orientations visant à prévenir ou réduire autant que possible
ment les produits périmés, les éléments inutilisables, les résidus les effets négatifs de la mise en décharge des déchets sur l’envi-
d’usinage/façonnage (ex. : copeaux de tournage ou de fraisage) et ronnement.
toute matière, substance ou produit qui n’est pas couvert par les
catégories énumérées par l’annexe 1 mais dont le détenteur se
défait ou a l’intention ou l’obligation de se défaire. Elle définit les déchets inertes. Ce sont ceux qui ne « subissent
aucune modification physique, chimique ou biologique importante.
L’annexe II A de la directive énumère les opérations Les déchets inertes ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne
d’élimination : le dépôt sur ou dans le sol (comme la mise en produisent aucune autre réaction physique ou chimique, ne sont pas
décharge), l’incinération, le stockage permanent, le traitement en biodégradables et ne détériorent pas d’autres matières avec lesquelles
milieu terrestre, … ils entrent en contact, d’une manière susceptible d’entraîner une
L’annexe II B détermine les opérations de valorisation : utilisation pollution de l’environnement ou de nuire à la santé humaine » (arti-
principale comme combustible ou autre moyen de produire de cle 2, e).
l’énergie, recyclage ou récupération des métaux et des composés La directive classe les décharges en trois catégories :
métalliques, … — les décharges pour déchets dangereux ;
La directive donne pour objectifs aux États membres de promou- — les décharges pour déchets non dangereux ;
voir la prévention ou la réduction de la production des déchets, ainsi — les décharges pour déchets inertes.
que leur valorisation.
Pour chaque type de décharge, le texte prévoit quels sont les
De plus, les États membres ont l’obligation d’établir des plans de déchets admissibles, ainsi que les procédures d’admission des
gestion des déchets. déchets, les procédures de contrôle et de surveillance pendant
Enfin, tout établissement ou entreprise qui effectue des opéra- l’exploitation.
tions d’élimination ou de valorisation a l’obligation d’obtenir une Enfin, la directive prévoit une stratégie de réduction de la mise en
autorisation de la part de l’État membre. décharge des déchets biodégradables.

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1.2 Cadre français En Bâtiment, ce sont par exemple :


— les métaux, les bois non traités, les matières plastiques, le plâ-
tre, les textiles, la moquette, le caoutchouc, les déchets en mélange
ne contenant pas de déchets dangereux.
1.2.1 Définition des déchets
Les déchets non dangereux sont tous les déchets qui ne sont
pas couverts par la définition des déchets dangereux. Ils ne
Un déchet est « tout résidu d’un processus de production, de
contiennent donc pas de propriété dangereuse, et ne sont pas
transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, pro-
signalés par un astérisque dans la liste du décret du 18 avril
duit ou plus généralement tout bien meuble abandonné ou que
2002.
son détenteur destine à l’abandon ».
Ils prennent également le nom de déchets industriels banals
☞ article L. 541-1-II du Code de l’environnement
(DIB) lorsqu’ils sont générés par les entreprises ou les indus-

2
triels.
On distingue trois catégories de déchets : les déchets dangereux,
les déchets non dangereux et les déchets inertes. 1.2.1.3 Déchets inertes
On considère comme inertes les déchets suivants :
1.2.1.1 Déchets dangereux — les bétons ;
— les tuiles et céramiques ;
Les déchets dangereux sur les chantiers sont, par exemple : — les briques ;
— les déchets de verres ;
— les déchets de bois traités à la créosote ou aux sels et oxydes — les terres, granulats et déblais non pollués et sans mélange ;
de métaux lourds (Cuivre, Chrome, Arsenic CCA) ; — les déblais de tranchées non pollués, de bordures de trottoirs,
de pavés ;
— les huiles minérales ; — les enrobés bitumineux sans goudron.
— les explosifs ; La liste n’est pas exhaustive.
— les piles et accumulateurs ;
Les déchets inertes sont « les déchets qui ne subissent aucune
— les résidus de stockage de goudron ; modification physique, chimique ou biologique importante. Les
déchets inertes ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne pro-
— les enrobés bitumineux contenant du goudron ; duisent aucune autre réaction physique ou chimique, ne sont
— l’amiante ; pas biodégradables et ne détériorent pas d’autres matières avec
lesquelles ils entrent en contact, d’une manière susceptible
— les peintures (y compris acryliques) ; d’entraîner une pollution de l’environnement ou de nuire à la
santé humaine. »
— le pyralène ;
☞ Directive 1999/31/CE du 26 avril 1999 concernant la mise
— les verres spéciaux ; en décharge des déchets
— les tubes fluorescents ; Nota : la nomenclature sur les principaux déchets des TP et leur destination figurent en
[Doc. C 5 600, § 1]
— les emballages souillés par des déchets dangereux.

Sont considérés comme dangereux les déchets qui présentent 1.2.2 Autre approche pour les déchets des Travaux
une ou plusieurs des propriétés énumérées par le décret du Publics
18 avril 2002, relatif à la classification des déchets. Le décret
énumère 14 propriétés qui rendent les déchets dangereux, telles 1.2.2.1 Déchets de conception
que « explosif », « comburant », « inflammable », « irritant », Ils sont de la responsabilité du concepteur (le maître d’ouvrage ou
« nocif », « toxique », « cancérogène », « corrosif », etc. le maître d’œuvre) et s’apparentent à des excédents de matériaux
Les déchets dangereux sont signalés par un astérisque dans la naturels ou transformés, majoritairement inertes, avec quelques DIB
liste donnée par le décret du 18 avril 2002. et très peu de DIS.
Les déchets industriels spéciaux (DIS) sont des déchets dange- Dans les travaux neufs :
reux autres que les déchets municipaux et les déchets d’embal- — souches et bois ;
lages municipaux. — terres végétales ;
☞ Décret no 2002-540 du 18 avril 2002, relatif à la classification — matériaux naturels : sables, limons, argile, roches, … ;
des déchets — matériaux de démolition d’ouvrages divers, en petites
quantités ;
— boues d’ouvrages enterrés.
1.2.1.2 Déchets non dangereux Dans les travaux d’entretien :
— on retrouve les matériaux ci-dessus mais dans des proportions
En TP, ce sont par exemple : différentes ;
— bétons armés ou non ;
— des résidus de pose de canalisations (fonte, acier, plastique) ; — enrobés ;
— des résidus de câbles ; — matériaux d’assises de chaussées, de voies ferrées.

— des déchets connexes issus des produits et matériels nécessaires 1.2.2.2 Déchets de fonctionnement dus à l’activité
à la conduite des chantiers (déchets de matériels, de signalisation, de l’entreprise pour réaliser l’ouvrage
de protection, d’emballages – palettes, pneumatiques, bois, Ils sont de la responsabilité de l’entreprise pendant l’acte de
caoutchouc), … construire.

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Ils sont constitués majoritairement de déchets non dangereux, Le plan est soumis pour avis au préfet de région, au conseil géné-
mais comportent parfois quelques déchets dangereux : ral, au conseil départemental d’hygiène et aux commissions consul-
— chutes de produits manufacturés : tuyaux béton ou PVC ou tatives pour les plans d’élimination des DIS et des déchets
grès, bordures, … ; ménagers et assimilés.
— résidus d’entretien des différents matériels sur le site (huiles, Le plan est approuvé par le préfet du département et mis à la dis-
batteries, graisses, filtres…) ; position du public. Il est révisé au plus tard dix ans après son appro-
— emballages en carton, film PVC, bois, … ; bation. Un rapport relatif à sa mise en œuvre est présenté une fois
— résidus liés à la présence de personnels sur le chantier et assi- par an à la commission.
milés à des ordures ménagères (papiers gras, nourriture, …).
1.2.3.4 Contenu des plans départementaux
Le plan doit contenir au minimum :
1.2.3 Circulaire du 15 février 2000 relative — la quantification des déchets de chantiers selon leur nature ;

2
à la planification de la gestion des déchets — le recensement des filières de traitement existantes, ainsi que
de chantier du bâtiment et des travaux leurs capacités ;
publics — la détermination des installations nouvelles nécessaires dans
une logique de proximité. Un rayon d’influence des installations doit
Elle prévoit la mise en place de plans départementaux de gestion être déterminé afin d’obtenir une couverture de l’ensemble du terri-
des déchets de chantier du bâtiment et des travaux publics (BTP). toire (il est en règle générale limité à 15 km) ;
— un bilan de la gestion des ressources en matériaux et du
1.2.3.1 Démarche de planification recours aux matériaux recyclés ;
— l’adaptation progressive de la définition du déchet ultime en
Elle vise à l’application des objectifs suivants : fonction du développement des possibilités locales de recyclage et
— assurer le respect de la réglementation en luttant contre les de valorisation.
décharges sauvages et appliquer le principe du « pollueur-payeur » ;
1.2.3.5 Prise en compte de la gestion des déchets
— mettre en place un réseau de traitement et organiser des cir- de chantier dans les marchés
cuits financiers de façon à ce que les coûts soient intégrés et
clairement répartis ; La circulaire incite les maîtres d’ouvrage à donner aux entreprises
du BTP les moyens, non seulement financiers, mais également en
— permettre aux travaux publics de participer au principe de
terme d’organisation et de délai, pour leur permettre de gérer les
réduction à la source des déchets ;
déchets de chantiers en respectant la législation protectrice de
— réduire la mise en décharge et participer à l’effort global de l’environnement. Ces moyens sont mis en œuvre dans le cadre des
valorisation et de recyclage des déchets ; responsabilités contractuelles pour les marchés privés, et par la
— permettre l’utilisation de matériaux recyclés dans les chantiers rédaction des clauses techniques particulières pour les marchés
de BTP ; publics.
— mieux impliquer les maîtres d’ouvrage publics dans l’élimina- Ainsi, la circulaire incite à ce que pour les marchés publics de
tion des déchets qui sont générés par la réalisation de leurs com- l’État, il y ait :
mandes.
— un diagnostic « déchet » établi par les maîtres d’ouvrage du
chantier préalablement à la consultation, en vue de prévoir les
1.2.3.2 Déchets pris en compte dans les plans
modes de traitement des déchets ;
Les déchets générés par les chantiers de BTP sont principalement — la prise en compte, dès l’origine, du coût de la gestion des
des déchets inertes, mais également des déchets industriels banals déchets en introduisant une clause particulière relative à l’élimina-
(DIB) et des déchets assimilables aux déchets ménagers (DMA) et tion des déchets de chantier ;
enfin des déchets industriels spéciaux (DIS) en quantité minime. — une description précise des responsabilités de chacun (maître
Les plans de gestion des déchets du BTP ont vocation à couvrir les d’ouvrage, maîtres d’œuvre et professionnels) en la matière et la
déchets industriels banals (DIB) et les déchets inertes issus de ces répartition de la charge financière de ces responsabilités ;
activités. Les déchets industriels spéciaux (DIS) et les déchets assi- — une limitation au recours à des matériaux naturels non renou-
milables aux déchets ménagers (DMA) sont, quant à eux, couverts velables pour des usages qui ne le justifient pas techniquement, sur-
respectivement par les plans régionaux d’élimination des DIS et les tout si les ressources locales de ces matériaux sont rares.
plans départementaux d’élimination des déchets ménagers et assi- Cet exemple donné par l’État pour la passation de ses marchés
milés (DMA). doit inciter les collectivités territoriales et les maîtres d’ouvrage pri-
vés à s’en inspirer et faire de même.
1.2.3.3 Élaboration des plans Il revient aux professionnels, en liaison avec tous les intervenants
Les plans sont élaborés, sous l’égide des préfets, dans chaque de la chaîne de la construction, de mettre en place les infrastructures
département par une commission formée, suivant les conditions mises en évidence dans le cadre des plans (collectes, centres de
locales, de représentants : transit, regroupement et de tri, centres de recyclage et centres de
— de l’État ; stockage).
— des établissements publics (dont l’ADEME Agence de l’envi- Les collectivités territoriales ont toutefois un intérêt évident à la
ronnement et de la maîtrise de l’énergie) ; bonne gestion des déchets du BTP :
— des professionnels du bâtiment et des professionnels des tra- — en tant que maîtres d’ouvrage, elles sont elles-mêmes produc-
vaux publics ; teurs de déchets de chantier, dont elles doivent assurer la gestion ;
— des carriers et des professionnels du déchet ; — dans le cadre de pouvoir de police général, les maires doivent
— des maîtres d’ouvrage publics et privés et des maîtres lutter contre les dépôts illégaux de matériaux et déchets.
d’œuvre ; Il est donc recommandé aux collectivités territoriales de :
— des collectivités territoriales ; — favoriser l’implantation des installations de tri, de regroupe-
— des associations ; ment, de recyclage et de stockage dans le ressort de leur
— tout autre partenaire local susceptible d’apporter des solutions circonscription ;
d’élimination ou de recyclage complémentaire (négoces, sites — ouvrir les déchetteries municipales aux artisans et entreprises
industriels, …). sous réserve du paiement par ceux-ci du service rendu ;

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— dimensionner leurs projets d’investissements en matière de Ces programmes prévisionnels ont trois objectifs :
déchetteries en tenant compte de ces gisements ; — réduire la production de déchets ainsi que le volume des mises
— de contribuer à la collecte des déchets qui, conformément à la en dépôt ;
loi, ne leur demande pas la mise en œuvre de prescriptions — recycler ou valoriser les déchets subsistant ;
techniques particulières (L. 2224-14 du code des collectivités — réduire la consommation de matériaux nobles « non
territoriales), avec une contrepartie financière. renouvelables » au profit de matériaux locaux de recyclage.
Les déchets visés par la circulaire sont tous les déchets du réseau
1.2.3.6 Recours aux matériaux recyclés routier national et se trouvent en [Doc. C 5 600, § 1] :
Pour aller plus loin que le strict contenu minimum des plans, il est — construction, démolition, gros entretien de chaussée : déblais,
recommandé d’élaborer des « accords-cadres » afin d’une part, végétation, béton, emballages, huiles, goudron, fraisats d’enrobés,
d’inciter à prendre en compte l’intérêt environnemental dans le asphalte, … ;
choix de tel ou tel matériau, et d’autre part d’inciter les décideurs — entretien et exploitation courants des chaussées : produits de
publics (tout en veillant à ce que les surcoûts restent limités) à
recourir à l’utilisation de matériaux recyclés dès que ces procédés
sont conformes aux exigences technologiques, environnementales
décolmatage d’enrobés drainant, sables de balayage des chaussées,
déchets de produits de marquage, boues de curage de bassins, pro-
duits issus des déshuileurs et des séparateurs à hydrocarbures, … ;
2
et de santé publique. — viabilité hivernale : sel, sable, mâchefers ;
— entretien des dépendances : végétation (fauchage, élagage),
Ces initiatives concernent principalement les travaux publics qui
déchets ménagers, produits de curage des fossés, éléments de glis-
offrent de nombreuses possibilités à exploiter.
sières, portiques, restes de produits phytosanitaires ou désher-
On peut citer des mesures déjà expérimentées dans des accords bants, objets abandonnés, cadavres d’animaux, … ;
cadres signés : — entretien des aires de repos : déchets d’emballages, restes de
— optimisation du point de vue environnemental du choix des produits emballés.
matériaux en fonction des usages envisagés ;
— détermination de proportion minimale de recours à des maté-
riaux recyclés dans les marchés de travaux publics ;
— clauses « éco-variantes » et des variantes environnementales 2. Quantification des déchets
par lesquelles les maîtres d’ouvrage pourraient favoriser une offre
de l’entreprise en utilisant des matériaux recyclés.
du BTP
Il peut donc être intéressant pour les entrepreneurs de BTP de
vérifier l’existence de tels outils contractuels dans leur région.
2.1 Quantification des déchets
des Travaux Publics
1.2.4 Gestion des déchets du réseau routier
national : la circulaire no 2001-39
La FNTP, l’ADEME et le Ministère de l’écologie et du développe-
du 18 juin 2001
ment durable ont réalisé une enquête qui a eu pour objectif d’éva-
Cette circulaire est le prolongement de la circulaire du 15 février luer les quantités de déchets des TP produites au niveau national.
2000, et traite des déchets du réseau routier national, dans le cadre Cadre de l’étude
des plans départementaux de gestion des déchets du BTP. — 700 entreprises de TP interrogées par le cabinet Enerpol entre
La circulaire demande aux Directions départementales de fin 2001 et mi 2002.
l’équipement DDE, dans chaque département : — 70 visites d’entreprises, extraites de l’échantillon d’enquête.
— Un taux de réponse de 34 % par rapport à l’échantillon initial.
— d’établir un inventaire des déchets issus du réseau routier
— Un taux d’incertitude de 20 %.
national comportant un état des lieux ainsi qu’une analyse qualita-
tive et quantitative des déchets produits et de leurs réutilisations Méthodologie
possibles ; L’échantillonnage s’appuie sur le fichier de la FNTP élaboré à partir
— de proposer une politique de gestion de ces déchets conforme des résultats de l’enquête annuelle d’activités réalisée en 1999 par la
à la loi, tenant compte de l’ensemble des productions et des FNTP et prend en compte différents critères de tri :
besoins, internes et externes, en matériaux recyclés dans le départe- — la région ;
ment. À cet effet, les DDE doivent établir des programmes prévision- — les activités au sein de la FNTP (11 grands corps de métier) ;
nels de traitement, de recyclage et d’élimination des déchets
— les tailles des entreprises ;
routiers du réseau national, s’inscrivant dans les plans de gestion
— le type de zone ;
départementaux des déchets du BTP.
— le nombre d’entreprises.
Ces programmes prévisionnels sont établis à partir :
Ces critères ont été classés en fonction du chiffre d’affaires 1999
— d’une analyse des déchets produits ou susceptibles d’être pro- connu à partir de l’enquête annuelle d’activité de la FNTP.
duits dans les opérations routières envisagées (nature, volume) ;
— d’une analyse des filières de traitement existants au plan local
et des coûts correspondants ; Les excédents de chantier sont les matériaux issus du proces-
— d’une étude de possibilités de valorisation qui dépendent : sus de construction d’un ouvrage de travaux publics et n’entrant
pas directement dans la réalisation du chantier. Par exemple, la
• des capacités de recyclage des déchets des DDE ou des capa-
terre végétale extraite d’un chantier peut être réutilisée sans
cités d’utilisation des produits issus des déchets du BTP, et des
aucune transformation pour la réalisation de buttes paysagères
potentialités de valorisation de leurs déchets auprès d’autres par-
sur le site d’extraction.
tenaires,
• de la proximité des centres de traitement, de tri, des unités de Les décharges brutes sont les décharges non contrôlées, non
recyclage, des centres d’incinération ou des centres de stockage autorisées par le maire.
des déchets ultimes,
• des coûts correspondants, Les résultats sont donnés dans le tableau suivant et sur la
• des conditions d’acceptation des déchets dans ces centres. figure 1.

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En ce qui concerne les 186 Mt d’excédents et de déchets de chan-


(0)

Nature Quantités (kt) tier valorisés, près de la moitié des déchets sont directement réutili-
sés sur le site d’où ils sont issus et sont de ce fait considérés comme
Déblais de terres propres, pierres 260 500 des excédents de chantiers (87 Mt).
Enrobés 6 000 (source USIRF)
Béton 4 890
Démolition de chaussées et trottoir 2 480 2.2 Quantification des déchets
Sols fins humides, boues de dragage 1 440 du Bâtiment
Démolition ancien ouvrage 473
Déchets verts, souches 397 Face aux problèmes que pose la prise en compte des déchets de
chantiers dans les plans d’élimination en cours d’élaboration et face

2 Terrassement ancienne décharge


Bois traités
384
370
aux difficultés croissantes que rencontrent les entreprises de ce sec-
teur pour les éliminer, la fédération française du bâtiment (FFB) et
l’ADEME se sont associées dès 1993 pour lancer une vaste étude
Pavés 313 visant en particulier à identifier, classifier et quantifier ces déchets.
Tuyaux 208 Cette quantification a été réactualisée en 1999, au niveau national
par type de chantier (Construction, Réhabilitation, Démolition) et par
Sols pollués 183
famille de matériaux et d’emballages.
Métaux 56
Plastiques 26
2.2.1 Quantification des déchets de chantier
Autres 186 de construction

2.2.1.1 Méthodologie de quantification

Ainsi, par leur activité, les professionnels des Travaux Publics La quantification nationale des déchets de Construction a été réa-
génèrent aujourd’hui 280 millions de tonnes d’excédents et de lisée à partir de l’analyse des m2 de surfaces hors œuvre brutes
déchets de chantiers. SHOB recensés dans les permis de construire et ce, pour chaque
classe de bâtiments (ces permis de construire sont regroupés
Les excédents et déchets inertes représentent plus de 97 % des dans les données SIDATEL Nationales du Ministère de l’Équipement
280 Mt. http://www.logement.equipement.gouv.fr).
Ces classes de bâtiments sont celles définies dans la base de don-
Les TP éliminent un tiers des déchets et en valorisent les deux nées « Morphologie des Bâtiments ». Pour chacune d’elles, le
tiers, sur site ou hors site, avec ou sans transformation sur une modèle de quantification utilise la base de données « Morphologie
plate-forme adaptée. des bâtiments » qui permet de calculer par addition des m2 de
SHOB, les quantités d’éléments constitutifs des ouvrages. La quan-
Parmi les 94 Mt de déchets de chantier éliminés, les deux tiers le tification des différents composants de ces éléments est réalisée à
sont par une mise en stockage définitif. partir de la base de données « Matériaux ».

Excédents et
Stockage et
déchets de Valorisation :
incinération :
chantier : 186 Mt
94 Mt
280 Mt
1/3 2/3

Excédents et déchets
Déchets de chantier
de chantiers
⇒ Décharges de classe III : 63 Mt ⇒ Chantiers de TP
(déchets inertes) : 67 % – excédents utilisés sur : sites : 87 Mt
47 %
⇒ Décharges de classe II : 0,7 Mt – déchets hors site : 30 Mt
(déchets non dangereux) : 1 % 16 %

⇒ Décharges de classe I : 0,2 Mt ⇒ Carrières : 49 Mt


(déchets dangereux) : 0,5 % 26,5 %

⇒ Décharges brutes : 29 Mt ⇒ Recyclage : 19 Mt


31 % 10 %

⇒ Brûlage : 0,2 Mt ⇒ Fournisseurs ou maîtres d’ouvrage : 0,5 Mt


0,5 % 0,3 %

⇒ Compostage : 0,06 Mt
0,1 %

⇒ Incinération : 0,03 Mt
0,1 %
Figure 1 – Quantification des déchets
des Travaux Publics

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Le calcul de la production de déchets est ainsi effectué par appli- 2.2.2 Quantification des déchets de chantier
cation des coefficients de pertes de mises en œuvre qui ont été de démolition
déterminés par enquête (Entreprises Bâtiment, Bureaux d’Études,
Centres de Recherches…).
2.2.2.1 Méthodologie de quantification
Les quantités d’emballages sont calculées en faisant appel à la
base de données « Emballages » à partir également des ratios La quantification nationale des déchets de démolition de bâti-
d’emballage par matériau ou produit. ments a été réalisée par extrapolation de données recueillies en
Le modèle informatique mis au point pour la quantification des Région Île-de-France grâce à une importante enquête sur les permis
déchets de chantiers du Bâtiment s’appuie sur la constitution de de démolir.
bases de données qui sont les suivantes :
— morphologie des bâtiments ; 2.2.2.2 Enquête Île-de-France
— matériaux ;

2
L’évaluation des surfaces hors œuvre brutes (SHOB) démolies par
— emballages. catégorie de bâtiments a été effectuée par enquête auprès de
Ces bases de données sont communes aux 3 modèles de calculs l’ensemble des mairies de l’Île-de-France.
spécifiques à la quantification des déchets de Construction, Démoli-
tion, Réhabilitation. Le nombre de communes ayant répondu à cette enquête est de
300, représentant une population d’un peu plus de 4 millions d’habi-
■ Base de données « Morphologie des bâtiments » tants, ville de Paris comprise, soit prés de 40 % de la population
totale de la Région.
Une morphologie a été établie pour les classes de bâtiments
suivantes : Les catégories de bâtiments qui ont été retenues sont les
— logements ; suivantes :
— bureaux :
— enseignement ;
— logements construits avant 1949 ;
— santé ; — logements construits après 1949 ;
— bâtiments agricoles ; — commerces et artisanats ;
— artisanat-Industrie ; — bureaux ;
— commerces ; — bâtiments industriels ;
— cultures et loisirs. — autres.
■ Base de données « Matériaux »
600 éléments constitutifs des ouvrages des bâtiments sont décrits L’analyse des permis de démolir et des surfaces démolies a été
par leurs composants. Exemple : le dallage sur terre-plein est réalisée par zones représentatives d’un type d’urbanisation. Ces
décomposé en mortier, sable pour béton, ciment, tout-venant, film zones sont au nombre de six, telles que définies par l’INSEE :
PE, panneau d’isolation, acier
■ Base de données « Emballages » — zone 1 : Paris ;
Pour chaque matériau et produit, les emballages les plus couram- — zone 2 : unités urbaines de plus de 100 000 habitants
ment utilisés ont été retenus : emballages de transport, emballages (centres) ;
primaires et emballages secondaires. Plus de 700 types d’emballages — zone 3 : unités urbaines de plus de 100 000 habitants
ont été ainsi répertoriés et regroupés ensuite par nature selon la (périphérie) ;
classification suivante : — zone 4 : unités urbaines de moins de 100 000 habitants ;
— zone 5 : communes rurales hors zones d’industrialisation
— bois ; ZPIU ;
— papier ; — zone 6 : communes rurales en zones ZPIU.
— carton ;
— métaux ;
— plâtre ; Nota : ZPIU : zone de peuplement industriel ou urbain.
— PE (Polyéthylène) ; Pour faciliter la quantification des déchets de démolition, les
— PSE (Polystyrène expansé) ; zones 5 et 6 ont été regroupées.
— PP (Polypropylène) ;
L’analyse des permis de démolir des 300 communes ayant
— mixte (papier + PE).
répondu à l’enquête et réparties sur les cinq zones telles que défi-
nies précédemment a permis d’établir des ratios de m2 de SHOB
2.2.1.2 Limites de la méthode de quantification démolies par habitant et par catégorie de bâtiment pour chaque
Les incertitudes sur la quantification des déchets de Construction groupe de communes appartenant à une même zone. Ce sont ces
sont essentiellement liées aux limites de la description des morpho- mêmes ratios qui ont été retenus pour l’ensemble de la zone
logies moyennes des différentes catégories de bâtiments ainsi qu’à considérée.
l’appréciation des pertes de mises en œuvre.
Cette quantification n’est pas en particulier parfaitement repré- 2.2.2.3 Extrapolation nationale des SHOB
sentative de la diversité des matériaux utilisés pour chaque ouvrage L’extrapolation nationale a donc été réalisée par un découpage en
constitutif dans la mesure où, à l’échelle nationale, ne sont prises en cinq zones de la France, sur la base de leur population et ce, pour
considération que les principales spécificités régionales. chaque catégorie de bâtiments.
Cette quantification reste cependant fiable dans la mesure où elle
est issue de données statistiques nationales sur les permis de
2.2.2.4 Quantification nationale des déchets de démolition
construire.
La quantification nationale des déchets de démolition a été réali-
sée sur la base de la constitution moyenne en matériaux de chacune
L’incertitude sur la quantification des déchets de la construc-
des catégories de bâtiments issues de la base de données
tion est ainsi estimée à 10 %. « Morphologie des Bâtiments ».

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DÉCHETS DU BÂTIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS __________________________________________________________________________________________

2.2.2.5 Limites de la méthode de quantification plomberie, etc. et, en 87 types de travaux tels que peinture, enduit,
crépi, ravalement (nettoyage), pose de double vitrage, carrelage,
Les incertitudes sur la quantification des déchets de la démolition
sont liées, d’une part aux limites du modèle lui-même et d’autre part moquette, nouvelle cloison, remplacement de convecteurs, etc.
aux limites de l’extrapolation nationale.
Ces 87 types de travaux ont eux-mêmes été répartis en quatre
tranches de montants correspondant à un niveau de prestation :
2.2.2.6 Limites du modèle
Les incertitudes sur la quantification des déchets sont essentielle-
ment liées à la difficulté d’obtenir des statistiques complètes sur les • 305 € • de 1 500 € à 7 650 €
2
m de SHOB démolies et aux limites descriptives des morphologies • de 305 € à 1 500 € • > 7 650 €
moyennes des différentes catégories de bâtiments.
Par ailleurs, le permis de démolir n’est dans bien des cas que par- Cette répartition représente ainsi 348 types de « chantiers ». Les

2
tiellement renseigné et ne permet pas dans sa structure actuelle de
travaux ont été ensuite répartis en travaux effectués par les
quantifier précisément ces déchets. Le permis de démolir n’est
ménages eux-mêmes et en travaux effectués par les entreprises, ce
même pas obligatoire dans tous les cas.
qui donne finalement 696 types de « chantiers ». En effet, avec la
De plus, il n’existe pas d’informations précises sur la morphologie même somme dépensée, les travaux réalisés et les déchets de chan-
et les configurations de matériaux utilisées pour les bâtiments tiers correspondants sont très différents selon que l’on sollicite une
construits avant les années 1980. entreprise ou que l’on réalise les travaux par soi-même.
L’année 1949 représente cependant une année charnière en terme
de changement de typologie des bâtiments construits (période de la Pour tous ces travaux, un devis estimatif moyen a été établi afin
Reconstruction pour les logements en particulier). de dimensionner le chantier en unité d’ouvrage, en éléments mis en
Ainsi, seules deux périodes ont été retenues : le modèle des œuvre, et en composants de poste pour les 696 types de chantiers.
années 1980 a été repris pour tous les bâtiments construits après Ce dimensionnement permet ensuite de faire appel aux bases de
1949. données « matériaux « et « emballages » afin de quantifier les
Pour la période avant 1949, les morphologies et configurations matériaux déposés, les matériaux mis en œuvre et les emballages
retenues sont une adaptation du modèle précédent (adaptation réa- correspondants.
lisée essentiellement à partir de la littérature existante).
2.2.3.3 Extrapolation nationale
2.2.2.7 Limites de l’extrapolation
Les limites de l’extrapolation sont liées à la taille de l’échantillon La quantification nationale des déchets de réhabilitation a été réa-
(« seulement » 4 millions d’habitants), à sa représentativité (seules lisée par extrapolation des données calculées pour les travaux des
des communes d’Île-de-France ont été analysées) et enfin aux ratios ménages, effectués par les entreprises, aux bâtiments autres que
de m2 SHOB démolies par habitant qui ont été considérés comme logements.
uniques sur chaque zone INSEE en France.
L’indicateur retenu pour cette extrapolation a été le chiffre
d’affaires de la réhabilitation.
L’incertitude sur la quantification des déchets de la démolition
est ainsi estimée à 20 %.
2.2.3.4 Limites de la méthode de quantification

2.2.3 Quantification des déchets de chantier Les incertitudes sur la quantification des déchets de réhabilitation
de réhabilitation sont ainsi essentiellement liées :

— à la relation entre les travaux effectués (et donc la nature et les


2.2.3.1 Méthodologie de quantification quantités de matériaux mis en œuvre ou déposés) et les devis
Il n’existe aucune donnée officielle autre que celles financières moyens établis pour ces travaux ;
permettant de quantifier les travaux de réhabilitation.
— à l’extrapolation elle-même, une répartition unique entre maté-
Après que plusieurs voies de recherche aient été explorées, l’indi- riaux ayant été retenue pour les logements et pour les bâtiments
cateur choisi a donc été le montant des travaux effectués en réhabi- autres que logements.
litation.
La quantification a été réalisée à partir de données recueillies
auprès de l’ANAH (Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habi- L’incertitude sur la quantification des déchets de la réhabilita-
tat) et de la DAEI (Direction des Affaires Économiques et Internatio- tion est ainsi estimée à 15 %.
nales du Ministère du logement) dans le cadre de l’observation des
marchés de l’amélioration de l’habitat.
Les quantités de déchets de chantiers de bâtiment par
2.2.3.2 Enquête de l’ANAH régions, catégorie de chantiers, type et nature de déchets sont
données dans les tableaux 1, 2 et sur la figure 2.
La quantification s’est donc tout particulièrement appuyée sur
une étude réalisée par l’ANAH concernant les travaux de réhabilita-
tion effectués par un échantillon de 3 000 ménages représentatifs de
l’ensemble des ménages français, complétée par une analyse régio- 2.2.4 Quantification des déchets par famille
nale. de matériaux d’emballages
Sur la base de cette enquête, les montants de travaux effectués
par les ménages ont été répartis en seize ouvrages constitutifs tels
que façade, couverture, isolation thermique ou acoustique, pein- Les quantités des déchets d’emballage sont donnés par type de
tures, revêtement de sols et murs, aménagement salle de bains et déchets et de chantier dans le tableau 3 et sur la figure 3.

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(0)
Tableau 1 – Quantités de déchets de chantiers de bâtiments par régions, par catégorie de chantiers
et par type de déchets (1999)
Déchets Déchets
Construction Déchets TOTAL
Démolition Réhabilitation industriels industriels Emballages (tonne
neuve inertes (milliers
(milliers de t (milliers de t Région banals spéciaux (milliers de t par
(milliers de t (milliers de t
par an) par an) (milliers de t (milliers de t par an) habitant)
par an) de t par an) par an)
par an) par an)
716 85 321 ALSACE 736 325 51 10 1 122 0,69
545 101 506 AQUITAINE 753 317 69 13 1 152 0,41

2
546 34 190 AUVERGNE 500 231 32 5 770 0,58
342 51 273 BOURGOGNE 434 186 40 7 666 0,42
1 012 101 457 BRETAGNE 1 026 459 73 13 1 570 0,55
234 80 493 CENTRE 526 207 62 11 807 0,34
264 41 225 CHAMPAGNE- 345 148 31 5 530 0,39
ARDENNE
15 7 48 CORSE 47 18 6 1 70 0,28
357 33 182 FRANCHE-COMTÉ 374 167 29 4 572 0,52
6 176 615 3 024 ÎLE-DE-FRANCE 6 406 2 860 470 79 9 815 0,91
934 71 347 LANGUEDOC- 881 403 58 9 1 352 0,64
ROUSSILLON
94 19 99 LIMOUSIN 138 58 14 2 212 0,29
420 71 385 LORRAINE 572 242 52 9 876 0,38
607 89 428 MIDI-PYRÉNÉES 734 316 62 11 1 124 0,46
809 109 517 NORD-PAS DE 938 408 75 14 1 435 0,36
CALAIS
125 64 272 BASSE NORMANDIE 303 115 35 8 461 0,32
47 70 314 HAUTE NORMANDIE 283 100 37 9 431 0,25
280 129 597 PAYS DE LA LOIRE 661 255 75 16 1 006 0,33
109 72 415 PICARDIE 390 148 50 10 596 0,32
140 51 291 POITOU- 315 124 36 7 482 0,30
CHARENTES
1 399 171 818 PACA 1 560 684 123 22 2 388 0,56
2 115 246 1 178 RHÔNE-ALPES 2 312 1 018 177 31 3 539 0,66
17 286 2 310 11 380 TOTAL 20 234 8 789 1 657 296 30 976 0,54

Autres :
457 267 t PE 3 %
Produits inertes Ciment, mortier :
mélangés : 3 409 565 t
11 456 648 t Métal 24 %

Béton armé :
3 874 072 t Bois 42 % Autres 2 %
Céramique,
terre cuite : PP 7 %
1 450 536 t
Bois :
1 557 613 t
Métaux :
Cartons 22 %
480 835 t
Produits associés Produits associés
avec du plâtre : à des isolants : Figure 3 – Quantification des déchets d’emballages provenant
3 843 514 t 4 152 036 t des chantiers du bâtiment (1999)
Total : 30 679 086 t

Figure 2 – Composition des déchets de chantiers de bâtiment Dans le tableau 4 sont donnés les quantités de déchets de pein-
toutes origines confondues (1999) ture et de leurs emballages associés.

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Recyclage en centrale
des matériaux de chaussée
par Jean-Pierre SERFASS
Ingénieur civil des Mines. Consultant

2
1. Recyclage d’enrobés................................................................................ C 5 620 -2
1.1 Quelques chiffres ......................................................................................... — 2
1.2 Dispositions et études préalables ............................................................... — 2
1.2.1 Grandes opérations ............................................................................ — 2
1.2.2 Recyclage courant............................................................................... — 2
1.3 Recyclage à chaud en centrale.................................................................... — 3
1.3.1 Taux de recyclage ............................................................................... — 3
1.3.2 Études de formulation. Consistance et méthodologie..................... — 3
1.3.3 Fabrication ........................................................................................... — 4
1.3.4 Domaines d’emploi. Performances ................................................... — 6
1.4 Recyclage à froid en centrale ...................................................................... — 7
1.4.1 Description générale........................................................................... — 7
1.4.2 Taux de recyclage ............................................................................... — 8
1.4.3 Études de formulation. Consistance et méthodologie..................... — 8
1.4.4 Fabrication et mise en œuvre ............................................................ — 10
1.4.5 Domaines d’emploi. Performances ................................................... — 11
1.5 Recyclage à tiède ......................................................................................... — 11
1.6 Recyclage au liant hydraulique................................................................... — 11
1.7 Recyclage des enrobés spéciaux ................................................................ — 12
1.8 Rôle du bitume recyclé ................................................................................ — 13
2. Recyclage de matériaux blancs ............................................................ — 13
2.1 Préparation et caractérisation ..................................................................... — 13
2.2 Recyclage dans un matériau non traité...................................................... — 13
2.3 Recyclage dans un matériau hydraulique.................................................. — 13
3. Conclusion.................................................................................................. — 13
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 5 620

e recyclage des matériaux routiers est une impérieuse nécessité vis-à-vis


L de la protection de l’environnement : économie de ressources naturelles
(granulats), d’espaces naturels (décharges), d’énergie, réduction des gaz à effet
de serre.
Tous les matériaux routiers sont recyclables. Ils peuvent être réutilisés, soit
en centrale, soit en place. Le recyclage en place procure des économies de
transport supplémentaires (voir dossier [C 5 622]).
Il existe tout un éventail de techniques de recyclage dont le choix dépendra
de la nature du matériau à réutiliser, de son mode de traitement, et de la
destination finale du produit en résultant. Le degré de pénétration des opéra-
tions de recyclage est très variable d’un pays à l’autre, et même d’une région à
l’autre. Ainsi, en Europe du Nord, le recyclage est quasiment systématique.
Aux États-Unis, la situation est fort différente d’un état à l’autre. Quel que soit
le pays, le recyclage s’est développé plus tôt et plus vite dans les zones forte-
ment urbanisées, confrontées à l’éloignement croissant des carrières et à la
rareté des sites de décharge.
En France, les recyclages et retraitements ont démarré vers la fin des années
1970, à la suite du premier choc pétrolier. Leur développement a ensuite été
Parution : août 2008

plutôt lent, du fait de l’abondance des carrières et des postes d’enrobage.

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RECYCLAGE EN CENTRALE DES MATÉRIAUX DE CHAUSSÉE _________________________________________________________________________________

La situation a toutefois commencé à changer significativement dans les années


1990, avec l’apparition d’une législation plus sévère, interdisant, en particulier,
la mise en décharge de matériaux autres que les déchets « ultimes » (non réu-
tilisables) et imposant de valoriser les matériaux existant dans des chaussées
(loi du 13 juillet 1992). Depuis, l’augmentation du prix de l’énergie et du bitume
a fait le reste, si bien qu’aujourd’hui, le recyclage des matériaux routiers est à
peu près systématique. Par contre, comme on le verra plus loin, leur valorisa-
tion n’est pas encore maximale.
Dans les pays industrialisés, où il y a une forte densité d’installations fixes de
fabrication de matériaux, une large part du recyclage s’effectue en centrale. Le

2
développement du recyclage en centrale a nécessité – et nécessite encore –
d’importants investissements de la part des entreprises pour adapter et
compléter le matériel, aménager des plates-formes de stockage pour les maté-
riaux à recycler, organiser les circuits de collecte, étudier les formulations, et
mettre en place des plans d’assurance-qualité adéquats. Ces efforts ont abouti
à la mise au point d’une large gamme de techniques et de matériaux qui sont
présentés ci-après.

1. Recyclage d’enrobés Une étude en laboratoire est effectuée avant chaque opération,
afin d’évaluer l’état des vieux enrobés, le taux de recyclage, le type
et le dosage du liant d’apport, etc., et de vérifier que les perfor-
mances mécaniques du mélange final sont adéquates. Dans de
1.1 Quelques chiffres telles opérations, le taux de recyclage est généralement fort (voir
plus loin).
En France, la quantité d’enrobés produite annuellement oscille
entre 40 et 45 millions de tonnes. Chaque année, environ 6 millions 1.2.2 Recyclage courant
de tonnes sont enlevées des chaussées, soit par fraisage, soit par
relevage. En 2001, près de 40 % étaient réutilisés sans traitement, Les enrobés à recycler proviennent essentiellement de petits
en accotements, sous-couches, chemins ruraux, pistes de chantier, chantiers, soit après fraisage, soit après relevage de plaques
etc. Seulement 10 % étaient recyclés – et valorisés – dans la fabri- d’enrobés, soit encore des surplus de production du poste.
cation de nouveaux enrobés. Dans un premier temps, ils sont stockés tels quels. Ensuite, la
Depuis, ce recyclage valorisé augmente nettement, en raison de pratique courante est d’utiliser un matériel forain, qui fait la tournée
l’augmentation du prix des produits pétroliers (dont le bitume) et régionale des postes et concasse, ou émiette, les matériaux à
grâce aux investissements réalisés dans des postes d’enrobage. recycler. Il s’agit souvent d’un concasseur mobile, parfois d’un
matériel spécifique appelé « granulateur » (figure 1). Les
L’estimation pour 2007 est que 30 % des anciens enrobés récu- « recyclats » résultant de cette opération sont criblés à une dimen-
pérés sont recyclés dans de nouveaux enrobés. sion maximale allant, selon le produit final prévu, de 10 à 20 mm
(exceptionnellement 25 mm pour recyclage en assise). Les refus
À titre de comparaison, la proportion d’enrobés recyclés en
sont reconcassés.
enrobés est proche de 100 % aux Pays-Bas, pays à peu près totale-
ment dépourvu de granulats naturels, ce grâce à l’obligation légale Il est impératif que les enrobés récupérés, que ce soit avant ou
d’inclure du recyclé dans chaque chantier d’enrobés. Aux États- après fractionnement, soient stockés proprement, sur des aires
Unis, la quantité totale d’enrobés enlevés annuellement des chaus- dédiées et protégées de tout mélange avec d’autres matériaux.
sées est d’environ 90 millions de tonnes. Un tiers, soit 30 millions Avec de tels stocks d’enrobés d’origines diverses, l’échantillon-
de tonnes, est recyclé en enrobé (source : Federal Highway Admi- nage représentatif pour établir une caractérisation et la dispersion
nistration). de leurs caractéristiques est impossible.
Le taux de recyclage à partir de tels stocks d’enrobés constitués
au jour le jour est donc toujours faible (cf. § 1.3).
1.2 Dispositions et études préalables La limitation du taux de recyclage minimise l’impact de l’hétéro-
généité du gisement. Il n’y a alors pas d’étude spécifique de
Deux grands cas de figure peuvent être distingués :
recyclage et l’on se borne a un suivi « basique » des caractéris-
– les recyclages liés à de grandes opérations de fraisage ; tiques des agrégats d’enrobés (voir en particulier § 1.3).
– le recyclage « courant » dans le cadre de la marche normale
d’un poste d’enrobage. Remarque : La terminologie française, en particulier norma-
tive, attribue le nom d’« agrégats d’enrobés » aux enrobés pro-
1.2.1 Grandes opérations venant du fraisage, du concassage de plaques, de surplus ou
déchets de production. Cette appellation est, à notre avis, mal-
Le « gisement » d’enrobés à recycler est, dans ce cas, bien iden- heureuse, car le terme « agrégat » est encore utilisé par certains
tifié et homogène (origine unique, archives, carottages). Il est au lieu de « granulat » et, surtout, en anglais, « granulat » se dit
stocké à part en vue de sa réutilisation programmée. « aggregate ».
Les termes « recyclat » et « recyclés » sont aussi employés et
À noter que les enrobés fraisés restent le plus souvent la pro-
nous semblent préférables.
priété du maître d’ouvrage.

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1.3.2 Études de formulation.


Consistance et méthodologie
Le principe de base est que l’enrobé avec recyclats doit satisfaire
aux mêmes spécifications que l’enrobé neuf qui aurait été préco-
nisé au même endroit.
Les études préalables comprennent toujours les mêmes phases
successives : identification des constituants, détermination de la
formule, épreuve de formulation.

■ Cas général
Comme on vient de le préciser, nous retrouvons ici les 3 phases :
– identification des constituants :
• quantification du gisement de recyclats, 2
a granulateur à rouleaux • caractérisation des granulats naturels,
• caractérisation des recyclats (« agrégats ») : granularité,
teneur et consistance du liant vieilli ;
– mise au point de la formule :
• détermination des % des constituants,
• choix et caractérisation du liant d’apport,
• choix du taux de recyclage ;
– épreuve de formulation :
• évaluation des performances du mélange prévu, afin de véri-
fier qu’elles sont conformes à la norme produit applicable.

■ Cas du recyclage à fort taux (30 à 65 %)


b crible à disques La méthodologie d’étude est la même : l’homogénéité des
enrobés à recycler est vérifiée de manière particulièrement poussée.
Figure 1 – Matériels forains de recyclage courant (crédit Fayat)
La régénération du liant vieilli est un critère essentiel de la
réussite de l’opération. Le choix du liant d’apport (bitume de
viscosité adaptée ou liant spécial régénérant) revêt donc une
1.3 Recyclage à chaud en centrale importance particulière.
1.3.1 Taux de recyclage
La technique consiste à malaxer dans un poste à chaud des ■ Cas du recyclage « au fil de l’eau » c’est-à-dire à partir de divers
enrobés de récupération (« recyclats ») avec des granulats vierges enrobés récupérés mélangés.
et un liant bitumineux anhydre. Le stock de recyclats (« agrégats d’enrobés ») est généralement
hétérogène en termes de nature des granulats, de type et dosage
■ De manière empirique, on distingue :
des bitumes, de granulométries. Il n’est donc pas possible de se
– le recyclage à faible taux (10 à 25 % de recyclé) ; baser sur un échantillon représentatif du stock pour effectuer une
– le recyclage à fort taux (30 à 65 %). étude de recyclage. Ce cas est de loin le plus fréquent ; il
correspond à la majorité des tonnages recyclés.
■ Quelques opérations de recyclage à taux encore plus élevé ont
été réalisées, à titre d’expérience ou d’exploit, allant même jusqu’à Ce type de recyclage est rendu fiable par une double démarche :
100 %. Bien entendu, elles ne sont viables qu’avec un stock – d’une part, on vérifie par des prélèvements réguliers que le
d’enrobés récupérés très homogène et parfaitement identifié. stock de recyclats ne comporte pas d’anomalies par rapport à des
Restant techniquement pointues, elles sont destinées à demeurer caractéristiques moyennes représentatives des approvisionne-
exceptionnelles. ments locaux, assorties évidemment de tolérances réalistes ;
– d’autre part, et surtout, le taux de recyclage est limité à un
■ Le recyclage à fort taux n’est envisageable que si l’on dispose
niveau faible. Les recherches du LCPC et de la profession ont
d’un gisement d’enrobés récupérés homogène et bien identifié. De
démontré qu’il n’est pas nécessaire d’effectuer d’étude préalable
plus, il n’est possible qu’avec les configurations de postes sui-
dès lors que le taux de recyclage n’excède pas 10 % dans les
vantes (voir § 1.3.3) :
enrobés d’assise et de liaison [1].
– postes discontinus :
Cette limite est aussi valable pour les couches de roulement,
• soit équipés d’un sécheur rallongé, avec anneau de recyclage,
jusqu’à certains niveaux de trafic (voir § 1.3.4). La même approche
• soit à tambours parallèles ;
est valable pour les graves-bitume avec un taux de recyclage
– postes continus de type TSE : maximal de 15 % [2].
• soit équipés d’un anneau de recyclage,
• soit comprenant un malaxeur à arbres en aval du tambour. En France, ces dispositions sont officialisées dans deux
documents : la note de la Direction des routes du 03/10/2000 et la
■ En pratique, le recyclage à fort taux concerne essentiellement Circulaire ministérielle du 13/6/2001. Par ailleurs, la norme euro-
des « grands chantiers ». Sur ce type de chantier, bien déterminé, péenne EN 13108-8 (mars 2006) stipule que « ...lorsque l’on ajoute
les recyclats sont de provenance unique (souvent le chantier lui- moins de 10 % pour les couches de roulement ou moins de 20 %
même). Obtenus par fraisage, ils peuvent être réutilisés à bref pour les couches de liaison et d’assise d’agrégats d’enrobé, une
délai, sans besoin de fragmentation supplémentaire (un simple fréquence d’échantillonnage peut être spécifiée par lot de 2 000 t et
criblage suffit). un seul échantillon par lot peut être testé... ».

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2

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C5622

Recyclage et retraitement en place


des matériaux de chaussée
par Jean-Pierre SERFASS
Ingénieur civil des Mines. Consultant

2
1. Avantages spécifiques et perspectives ............................................. C 5 622 - 2
1.1 Avantages spécifiques du recyclage/retraitement en place ..................... — 2
1.2 Perspectives.................................................................................................. — 2
2. Recyclage en place d’enrobés .............................................................. — 2
2.1 Recyclage en place à chaud (techniques « thermo-R ») ........................... — 2
2.2 Recyclage en place à froid d’enrobés......................................................... — 5
3. Retraitement de chaussée ..................................................................... — 6
3.1 Études préalables. Faisabilité. Choix d’une technique ............................. — 6
3.2 Matériels de retraitement ............................................................................ — 8
3.3 Retraitement à l’émulsion ........................................................................... — 11
3.4 Retraitement à la mousse de bitume ......................................................... — 14
3.5 Retraitement au liant hydraulique .............................................................. — 15
3.6 Retraitement mixte (hydraulique + bitumineux) ....................................... — 19
4. Conclusion.................................................................................................. — 20
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 5 622

e recyclage des matériaux routiers est une impérieuse nécessité vis-à-vis


L de la protection de l’environnement : économie de ressources naturelles
(granulats), d’espaces naturels (décharges), d’énergie, réduction des gaz à effet
de serre.
Tous les matériaux routiers sont recyclables. Ils peuvent être réutilisés, soit
en centrale, soit en place. Le recyclage en place procure des économies de
transport supplémentaires.
Il existe tout un éventail de techniques de recyclage, dont le choix dépendra
de la nature du matériau à réutiliser, de son mode de traitement et de la desti-
nation finale du produit en résultant.
Le degré de pénétration des opérations de recyclage est très variable d’un
pays à l’autre, et même d’une région à l’autre. Ainsi, en Europe du Nord, le
recyclage est quasiment systématique. Aux États-Unis, la situation est fort dif-
férente d’un état à l’autre. Quel que soit le pays, le recyclage s’est développé
plus tôt et plus vite dans les zones fortement urbanisées, confrontées à l’éloi-
gnement croissant des carrières et à la rareté des sites de décharge.
En France, les recyclages et retraitements ont démarré vers la fin des années
1970, à la suite du premier choc pétrolier. Leur développement a ensuite été
plutôt lent, du fait de l’abondance des carrières et des postes d’enrobage. La
situation a toutefois commencé à changer significativement dans les années
1990, avec l’apparition d’une législation plus sévère, interdisant, en particulier,
la mise en décharge de matériaux autres que les déchets « ultimes » (non réu-
tilisables) et imposant de valoriser les matériaux existant dans des chaussées
(loi du 13 juillet 1992). Depuis, l’augmentation du prix de l’énergie et du bitume
a fait le reste, si bien qu’aujourd’hui, le recyclage des matériaux routiers est à
Parution : février 2009

peu près systématique. Par contre, comme on le verra plus loin, leur valorisa-
tion n’est pas encore maximale.

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RECYCLAGE ET RETRAITEMENT EN PLACE DES MATÉRIAUX DE CHAUSSÉE _____________________________________________________________________

Le recyclage en place est globalement moins « industriel que le recyclage en


centrale : une certaine hétérogénéité des matériaux peut subsister, la qualité
du malaxage est généralement moindre. Par contre, il est particulièrement
bénéfique en termes de développement durable. Enfin, comme on va le voir, la
palette des machines de traitement en place est très large : elle va de l’engin
rustique à la machine multifonctions très sophistiquée.
Ce dossier complète le [C 5 620] traitant du recyclage en centrale.

2 1. Avantages spécifiques 2.1.1 Thermoreprofilage


Il s’agit de la remise au profil d’une ou plusieurs voies de chaus-
et perspectives sée bitumineuse par chauffage, scarification, mise en forme et
recompactage sans enlèvement de matériau, ni apport d’enrobé
neuf ou d’additif.
1.1 Avantages spécifiques
Ce procédé ne modifie pas la composition de l’enrobé en place,
du recyclage/retraitement en place hormis un léger vieillissement du bitume, consécutif à son chauf-
fage en film mince.
Outre tous les avantages du recyclage (économies de ressources,
d’espaces naturels, d’énergie, réduction des émissions), le fait de Le chauffage est assuré par une suite de préchauffeuses à
réaliser l’opération en place amène des bénéfices supplémentaires : panneaux radiants, réglés de manière à atteindre 120-130 oC dans
l’épaisseur à traiter. Le dernier panneau radiant fait partie d’une
– grandes économies de transport ; machine spéciale, qui scarifie et remet en forme avec une table de
– suppression des opérations intermédiaires de stockage et de type finisseur. Le reconditionnement intéresse une profondeur de
reprise des recyclats ; 3 à 6 cm selon les chantiers.
– réutilisation intégrale du matériau en place. Le thermoreprofilage peut être employé sur chaussée sans défaut
de structure, pour corriger des défauts d’uni ou un léger orniérage
de couche de surface, dû à de l’usure ou du post-compactage.
1.2 Perspectives Ce procédé ne modifiant pas la composition de la couche de sur-
face, il n’est efficace que si l’enrobé à traiter ne présente ni défaut
Les retraitements en place existent depuis longtemps. Au sérieux de formulation, ni vieillissement excessif.
Royaume-Uni, par exemple, le « Retread Process » à l’émulsion,
qui signifie littéralement « rechapage », remonte aux années 1940. 2.1.2 Thermorégénération
Les techniques de retraitement en place ont connu un dévelop- Il s’agit de la régénération de la surface et de la remise au profil
pement inégal, selon les pays et aussi selon les procédés. Ainsi, les d’une chaussée bitumineuse par :
retraitements de chaussée sont longtemps restés considérés – chauffage ;
comme une technique rustique, confinée aux routes secondaires en – scarification sur une profondeur plus importante que l’épais-
zones rurales. Cela se justifiait par les performances limitées des seur enlevée ;
matériels disponibles. Or, les machines de malaxage ont beaucoup – enlèvement d’une partie du matériau décohésionné ;
évolué depuis les années 1990, tant en puissance, qu’en précision – réglage ;
de travail. Les plus performantes d’entre elles peuvent opérer sur – mise en place d’une couche d’enrobé neuf ;
d’importantes épaisseurs et fournir une qualité de malaxage qui
– compactage de l’ensemble.
n’est plus très éloignée de celle des centrales mobiles.
Le chauffage est assuré par une suite de panneaux radiants. Une
Ces évolutions, jointes à l’enchérissement des ressources et à la machine spéciale assure l’ensemble des opérations entre le chauf-
nécessité de préserver l’environnement, donnent aux recyclages/ fage et le compactage. La profondeur scarifiée se situe entre 3 et
retraitements en place un regain d’intérêt. 5 cm, l’épaisseur d’enrobé entre 2 et 3 cm. Ce procédé est – ou
plutôt était – employé pour soit :
– restituer les qualités d’une et d’adhérence à une couche de
roulement usée ;
2. Recyclage en place – reprendre un orniérage d’amplitude limitée ;
– éliminer une interface décollée ;
d’enrobés – encore, remplacer un enrobé de surface défectueux.
En fait, ce procédé n’est plus utilisé en raison de la multiplica-
tion et des performances des fraiseuses à froid, matériels plus sim-
2.1 Recyclage en place à chaud ples et plus sûrs.
(techniques « thermo-R »)
2.1.3 Thermorecyclage
Les techniques présentées ci-après comportent des points
2.1.3.1 Description
communs :
Il s’agit du recyclage en place par chauffage, décohésionnement,
– chauffage progressif par le haut des enrobés à traiter ;
malaxage de l’enrobé ancien avec les correcteurs nécessaires (liant
– scarification ; d’apport, granulats), les additifs éventuels (fibres, polymère, etc.)
– remise en place. et remise en œuvre du mélange [1].

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Sens d’avancement
Préchauffage
Gravillons
pré-laqués
Bitume
Fibres régénérant
Machine de recyclage Compactage

Sens d’avancement

Figure 1 – Atelier-type de thermorecyclage (crédit USIRF)


Chauffage Ajouts
Décohésionneur
Malaxeur Finisseur

Fraise rotative et malaxeur à têtes verticales


2
Figure 3 – Principe du thermorecyclage avec ajouts et malaxeur
à arbres verticaux (crédit USIRF)

Sens d’avancement

Gravillons
pré-laqués Bitume
régénérant
Fibres

Chauffage Ajouts Malaxeur Finisseur


Décohésionneur
Figure 2 – Ensemble de préchauffeuses à panneaux radiants Tambour rotatif et malaxeur à arbres horizontaux
(crédit Wirtgen)

Figure 4 – Principe du thermorecyclage avec ajouts et malaxeur


à arbres horizontaux (crédit USIRF)
Toutes les opérations se déroulent en une seule intervention
d’un atelier spécialisé. L’atelier-type (figure 1) comprend une suite
de préchauffeuses à panneaux radiants et une machine de scarifi-
cation – malaxage – épandage du matériau recyclé. Un atelier de Sens d’avancement
compactage vient ensuite. Apport d’enrobés
Enrobés d’apport avant malaxeur après malaxeur
■ Le chauffage des enrobés en place est effectué par un ensemble
de préchauffeuses à panneaux radiants en infrarouge (figure 2). Le
nombre de préchauffeuses et leur vitesse d’avancement sont
choisis pour assurer une élévation de température jusqu’à
100-150 oC dans la profondeur à traiter (voir plus loin).
La surface de chauffe est au minimum de 200 m2. Elle doit être
portée jusqu’à 300 m2 dans les cas les plus difficiles (profondeur
importante et conditions météorologiques défavorables). La
vitesse d’avancement varie en pratique de 2 à 6 m/min. Figure 5 – Principe du thermorecyclage avec apport d’enrobés
avant ou après malaxage (crédit USIRF)
■ Le décohésionnement de l’enrobé ramolli est assuré par un ou
plusieurs tambours/fraises quelque peu différents d’une machine à
l’autre (voir figures 3 et 4). Divers ajouts solides peuvent être ■ Les rendements journaliers en 4 m de large varient de 6 000 à
incorporés par la machine : 8 000 m2 pour une profondeur de 3 à 4 cm. Ils descendent à
– correcteur granulométrique (gravillons prélaqués, sable) ; 3 000-5 000 m2 pour 7 cm, le maximum admissible.
– enrobé d’apport, avant ou après le malaxeur (figure 5) ;
– additif solide améliorant la tenue du mélange final (fibres, 2.1.3.2 Études préalables
polyéthylène, etc.).
Comme pour toute étude de recyclage en place, la première
Un malaxeur à arbres, soit verticaux, soit horizontaux, dans étape est la reconnaissance préalable du site, qui comprend :
lequel est pulvérisé le liant d’apport, homogénéise l’ensemble. – l’évaluation de l’état structurel de la chaussée ;
Le réglage et le précompactage du mélange recyclé est assuré – la détermination des causes de désordre(s) sur l’enrobé à
par une table de finisseur. La largeur utile peut atteindre 4 m. Avec recycler ;
des matériels à largeur variable, elle peut aller de 2,5 à 4 m. – sa composition, son état, son homogénéité.

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En règle générale, le thermorecyclage produit un enrobé


dont les caractéristiques mécaniques sont équivalentes à
celles d’un enrobé neuf.
Il peut, de plus, éliminer une interface défectueuse.

■ Problèmes et inconvénients
Les ateliers de thermorecyclage sont très encombrants. Selon la
profondeur visée, trois, voire quatre, préchauffeuses sont néces-
saires. La longueur de l’atelier peut alors atteindre 150 m.
Si l’enrobé à recycler est humide, il peut y avoir d’importants
nuages de vapeur mettant en jeu la sécurité des intervenants et,

2 surtout, des usagers.


L’épaisseur recyclable est au maximum de 7 cm. Des thermo-
recyclages jusqu’à 9 cm ont été réalisés, mais on a constaté qu’il
devenait alors très difficile d’atteindre 80 oC à cette profondeur et
que cela conduisait à surchauffer la surface au-delà de 250 oC (on
rappelle que le bitume est un mauvais conducteur de la chaleur),
d’où dégradation, voire inflammation, du bitume superficiel.
D’ailleurs, même pour une épaisseur inférieure à 7 cm, on constate
systématiquement une légère perte de masse du bitume in situ
(0,2 à 0,4 %).
Le procédé est très sensible aux conditions météorologiques
(vent en particulier) et à l’humidité de l’enrobé en place (zones
poreuses, points bas du profil en long, etc.). Le rendement peut en
être très affecté.
Les machines fonctionnent avec un malaxeur « à fond ouvert »,
ce qui crée un peu de ségrégation et d’hétérogénéité. Par ailleurs,
les systèmes de dosage de l’additif (fibres, polyéthylène, etc.) sont
moins précis que ceux des centrales fixes.
Enfin, les zones de démarrage nécessitent une grande attention.

Figure 6 – Thermorecyclage sur autoroute (crédit Colas) 2.1.3.4 Domaines et limites d’emploi

En raison de l’encombrement de l’atelier, le thermorecy-


Si le recyclage est jugé techniquement faisable (voir § 2.1.3.4), clage s’emploie essentiellement sur grands itinéraires à
l’étude déterminera : bonnes caractéristiques géométriques : autoroute, voies
express, etc., ce qui correspond surtout à des trafics élevés.
– la profondeur de retraitement ;
– le type et le dosage des correcteurs et ajouts ; Le thermorecyclage convient particulièrement lorsqu’il
– le type et le dosage du liant d’apport ; s’agit de traiter une seule voie (la voie lente généralement). Il
peut également fournir une solution adéquate à des cas de
sur la base des mêmes essais de laboratoire que pour l’enrobé décollement de la couche de roulement.
neuf « équivalent ».
Il n’y a pas a priori de limitation supérieure du trafic. Le thermo-
Le principe est que le mélange thermorecyclé doit avoir des recyclage peut également être appliqué sur piste aéronautique.
performances au moins équivalentes à celles d’un enrobé neuf
destiné au même usage. À l’inverse, le thermorecyclage ne convient pas en zone urbaine,
du fait de la taille de l’atelier, de la présence d’obstacles dans les
chaussées, et aussi de la présence de citernes de gaz sur les
L’expérience a montré que : machines.
– lorsque la pénétrabilité du vieux bitume est inférieure à
En pratique, le procédé n’est envisageable que pour des
10 dmm à 25 oC, le matériau ne doit pas être recyclé (on est dans
chantiers de taille suffisante (au moins 20 000 m2). Le thermorecy-
le cas d’une couche de surface, sous trafic lourd) ;
clage ne peut convenir que sur chaussée ne présentant pas de
– lorsque la pénétrabilité est supérieure à 30, on peut ajouter un
défaut de structure. Il apporte un complément de durée de vie à la
bitume de classe inférieure ;
(ou aux) couche(s) supérieure(s), soit dans l’attente d’un recharge-
– entre 10 et 30, l’apport d’un produit régénérant est à prévoir.
ment à plus longue échéance, soit en étant directement surmonté
d’une nouvelle couche de roulement (BBM ou BBTM par exemple).
2.1.3.3 Avantages et inconvénients
En raison de la dispersion plus importante dans la composition
■ Avantages du mélange thermorecyclé, sa durée de vie prévisible est toutefois
Comme tous les recyclages en place, le thermorecyclage offre la inférieure à celle de la solution enlèvement par fraisage + rempla-
possibilité de ne traiter qu’une voie (figure 6). Il permet de cement par enrobé neuf sur la même épaisseur.
conserver le niveau fini existant, d’où économie des travaux de
raccordement, de réhaussement des glissières, et conservation du D’une manière générale, les techniques de thermorecyclage
tirant d’air sous les passages supérieurs. se sont vues sévèrement concurrencées et, dans beaucoup
d’endroits, remplacées par la solution fraisage à froid et
Il conduit normalement à une amélioration des profils longitu-
remplacement par un enrobé neuf, solution apportant toutes
dinaux et transversaux. Il peut aboutir à une amélioration de la
garanties et d’un coût très proche.
macrotexture superficielle et de l’adhérence.

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a
2

Figure 7 – Photo et schéma d’un train de recyclage à chaud (crédit Fayat)

2.1.4 Train de recyclage à chaud bitume a commencé à être utilisée vers la fin des années 1990
dans divers pays dont la France. Elle a maintenant pris une place,
Un autre procédé de recyclage en place à chaud existe, qui est certes minoritaire, mais non négligeable.
basé sur l’intervention d’une machine spéciale, dont le cœur n’est
autre qu’un tambour-sécheur-enrobeur (TSE) à équicourant.
L’atelier (figure 7) comprend, dans l’ordre d’avancement :
2.2.1 Faisabilité
– une (ou deux) fraiseuses ; La première démarche consiste évidemment à s’assurer de
– un dispositif de collecte ; l’existence et de l’homogénéité d’une couche d’enrobés pouvant
– transfert et enfournement des fraisats ; donner lieu à recyclage in situ. Trois conditions sont nécessaires :
– le « TSE sur roues » lui-même ; – épaisseur minimale de 5 cm ;
– un releveur de cordon ; – existence de tronçons homogènes assez longs ;
– puis l’ensemble finisseur + compacteurs. – absence d’obstacles dans la couche (regards, bouches à clés,
Plusieurs systèmes d’asservissement et de dosage assurent la etc.).
régularité du mélange final. La machine comporte également une Cela implique la collecte de tous les renseignements disponibles
rampe intégrée pour le répandage de la couche d’accrochage sur et une reconnaissance précise du site, complétée si nécessaire par
la surface fraisée, juste devant le cordon d’enrobé recyclé. La pré- sondages.
cision des dosages est proche de celle obtenue dans un poste
continu TSE classique. L’état de l’enrobé en place et sa recyclabilité seront ensuite
évalués au cours de l’étude de formulation.

En raison de l’encombrement et de la sophistication de ce


matériel, le domaine d’emploi est surtout le recyclage sur 2.2.2 Études de formulation. Consistance
réseau primaire (autoroutes, voies express, routes principales). et méthodologie
Avec l’émulsion, le déroulement de l’étude est tout à fait analo-
gue à celui d’un recyclage à froid en centrale (voir le diagramme
2.2 Recyclage en place à froid d’enrobés de la figure 12 § 1.4.3 du recyclage en centrale [C 5 620]).

Le recyclage en place à froid d’enrobés peut être considéré ■ Avec la mousse de bitume, la démarche intellectuelle est la
comme un cas particulier de retraitement en place de chaussée, où même, mais les paramètres de caractérisation de la mousse sont
on ne retraite que du noir. Les matériaux obtenus sont, à plusieurs bien spécifiques (taux d’expansion et temps de demi-vie). Tous les
égards, analogues à ceux produits par recyclage à froid en commentaires faits § 1.4.3 de l’article [C 5 620] sont valables pour
centrale. le recyclage en place à l’émulsion.
Afin d’éviter des répétitions fastidieuses, la présentation qui suit Les particularités de la mousse de bitume sont décrites plus loin,
renverra largement au § 1.4 de l’article [C 5 620] pour ce qui § 3.3 et 3.5. Peu de résultats validés sont disponibles à ce jour
concerne les matériaux, et aux § 3.2 et § 3.3 pour les matériels et concernant les enrobés recyclés à la mousse de bitume. Les études
ateliers de retraitement. les plus abouties viennent de l’Afrique du Sud et de l’Allemagne.
Le recyclage en place à froid d’enrobés fait majoritairement ■ Pour le recyclage en place à l’émulsion, les résultats de labora-
appel à l’émulsion de bitume, les premiers chantiers remontant toire sont voisins de ceux obtenus avec recyclage en centrale,
aux années 1970 aux États-Unis et 1980 en France. La mousse de l’écart éventuel se produisant sur le terrain, suite à une dispersion

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La démolition
Techniques et métiers connexes
par Jean-François MILLERON
Ingénieur ESTP

1.
1.1
Déconstruction manuelle ou écrêtage .......................................
Méthodologie de déconstruction à la main.......................................
C 9 005 – 2
— 2
2
1.2 Écrêtage .............................................................................................. — 2
1.3 Cas particulier du butonnage............................................................. — 4
2. Démolition mécanique ................................................................... — 4
2.1 Matériel de démolition ....................................................................... — 4
2.1.1 Mini-engins .............................................................................. — 4
2.1.2 Pelles de démolition ................................................................ — 5
2.1.3 Outils propres à la démolition ................................................ — 5
2.2 Organisation d’un chantier de démolition mécanique...................... — 6
3. Dépose d’ouvrages d’art................................................................ — 7
3.1 Déconstruction d’un ouvrage de type « passage supérieur
sur autoroute » ................................................................................... — 7
3.2 Déconstruction d’un ouvrage de type « jetée d’embarquement »
en zone aéroportuaire ........................................................................ — 7
4. Travaux préalables à la démolition.............................................. — 8
4.1 Curage ou démolition non structurelle ............................................. — 8
4.2 Désamiantage ..................................................................................... — 8
4.3 Déplombage ....................................................................................... — 10
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 9 005

a démolition a connu au cours des dix dernières années de nombreuses


L évolutions. Celles-ci sont liées en premier lieu à la modification très sensible
des structures à démolir : les bâtiments en pierres naturelles avec charpentes en
bois, démolis dans les années 1970 à 1980 sont progressivement remplacés par
des structures métalliques et bétons conduisant à envisager des procédés de
démolition différents.
De même, la complexité des ouvrages rencontrés remet en cause les techni-
ques simples d’abattage : un ouvrage en béton précontraint ou à charpente
métallique suspendue nécessite une réflexion technique sur sa tenue en cours
de démolition. La prise en compte de la sécurité et des moyens de prévention
dans les méthodes est un incontestable progrès de ces changements. L’homme
n’est pas au service d’une technique mais c’est la technique qui s’adapte à
l’homme, en intégrant les notions de protections collectives et individuelles et,
au-delà, en définissant la méthode autour de la sécurité.
Plus récemment, l’irruption des préoccupations environnementales conduit
aujourd’hui à parler de « déconstruction » au détriment du terme démolition :
le tri des matériaux de démolition est une réalité dictée autant par l’absence ou
le coût prohibitif des exutoires que par le souci des entreprises de concourir à
une économie des moyens naturels en valorisant les matériaux déconstruits.
Cette voix d’amélioration reste cependant largement à approfondir face à la
multitude des matériaux rencontrés et leur hétérogénéité.
En outre, la profession de déconstructeur a vu progressivement son savoir
expérimental et intuitif complété par la réflexion mêlant ingénierie et méthodes.
Au cœur de métier, il convient d’ajouter de nouvelles branches d’activités,
Parution : mai 2009

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LA DÉMOLITION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

comme le curage lié à la réhabilitation, ainsi que le traitement des pollutions


diverses générées par les matériaux utilisés dans la construction tels l’amiante
et le plomb. Mais, la liste n’est pas exhaustive et les investigations menées à
l’heure actuelle sur la nocivité des matériaux utilisés dans la construction pour-
raient bien s’allonger dans les années à venir.

1. Déconstruction manuelle 1.1 Méthodologie de déconstruction


à la main
ou écrêtage
2
Les différentes étapes de la déconstruction manuelle sont les
suivantes :
– étaiement de l’ensemble des planchers et circulations afin de
Technique la plus ancienne, la « démolition à la main » trouve stabiliser la structure ; cet étaiement trouve sa place dans le cas
aujourd’hui encore son domaine d’application. Elle demeure le de bâtiments fortement dégradés ;
fruit de l’expérience acquise par les hommes de l’art qui possèdent – mise en place des échafaudages et protections pars-gravats
une vraie connaissance empirique des ouvrages à démolir. périphériques : l’ensemble du bâtiment doit être ceinturé par ces
échafaudages de manière à garantir la protection des ouvriers à la
Les principaux bâtiments concernés sont bâtis avec les maté-
chute en hauteur et à protéger les tiers au chantier (figure 2) ;
riaux suivants :
– création de trémies d’évacuation des matériaux démolis sur
– meulières, moellons ou pierres de taille pour les voiles tous les étages ;
verticaux ; – démolition des cloisons intérieures : une attention particulière
– solives en bois, parfois renforcées par des poutres métalliques doit être portée à ces démolitions car, avec le temps, les cloisons
(figure 1) ; concourent très souvent à la stabilité de ce type de bâtiments ;
– augets de remplissage entre solives ; – démolition des murs périphériques de l’extérieur vers l’inté-
– cloisons en plâtre renforcées par des madriers. rieur, étage par étage ;
– démontage progressif de l’échafaudage en suivant la
La tenue des planchers de ce type de bâtiment est largement démolition ;
inférieure à 250 kg/m2. – mise en place simultanée des protections (polyane, enduits…)
des avoisinants conservés (figure 2) ;
Il est à noter que ces bâtiments ont généralement subi plusieurs – chargement et évacuation (généralement mécanique) des
rénovations, parfois lourdes, qui ont singulièrement modifié leur matériaux démolis vers les centres de tri concernés.
structure et condamné leur pérennité : rajout d’étages supplémen-
taires, ouvertures sauvages de cloisons, affaiblissement par défaut
d’isolation et infiltration d’eau dans les étages comme dans les 1.2 Écrêtage
infrastructures. De même, les constructions successives d’immeu-
bles juxtaposés ont conduit à utiliser les murs existants pour les & Lorsque les structures du bâtiment à démolir le permettent, la
constructions neuves. démolition est mécanisée autant que possible. Trois types de
machines sont alors utilisés :
Très généralement, ces bâtiments utilisent des murs mitoyens et
la démolition ponctuelle d’un immeuble au sein d’un enchevêtre- – les mini-pelles de 800 kg à 5 tonnes, suivant la résistance des
ment de bâtiments de même constitution concoure à fragiliser planchers (figure 3) ;
l’ensemble. – les engins télécommandés de type « brokk » ;
– les mini-chargeurs pour l’évacuation des matériaux démolis.

Figure 2 – Échafaudage et pars-gravats (à gauche) – Mise en place


Figure 1 – Structure bois – Paris 18e (crédit Genier-Deforge) de polyane en protection de mitoyen (à droite) (crédit Genier-Deforge)

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C 9 005 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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C9005

–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– LA DÉMOLITION

Figure 3 – Grutage d’une mini-pelle – Aulnay/Bois (93)


(crédit Genier-Deforge)

Figure 5 – Détail de l’étaiement des planchers et illustration en photo


(crédit Genier-Deforge)

& Les différentes étapes de l’écrêtage sont les suivantes :


– étaiement de l’ensemble des planchers et circulations afin de
renforcer la structure. L’analyse des plans de l’existant, lorsqu’ils
existent, et la réalisation de sondages, permettent de définir la
tenue des planchers et de prévoir l’étaiement nécessaire à la circu-
lation de mini-engins (figures 4 et 5) ;
– mise en place des échafaudages et protections pars-gravats
périphériques : l’ensemble du bâtiment doit être ceinturé par ces
échafaudages de manière à garantir la protection des ouvriers à la
chute en hauteur et à protéger les tiers au chantier. Il est à noter
que les protections par échafaudage peuvent être remplacées par
l’utilisation de plateformes élévatrices ceinturant le bâtiment et pla-
cées sur des bi-mâts. Le positionnement des mâts de ces platefor-
mes devra être particulièrement étudié afin d’en assurer la tenue ;
– grutage des machines pour la démolition ;
– démolition des murs intérieurs, puis périphériques de l’exté-
rieur vers l’intérieur, étage par étage. Une attention particulière est
portée sur la conservation des murs périphériques sur une hauteur
de 1,10 mètre, minimum, pour protéger les engins de la chute en
Figure 4 – Démolition des planchers – Aulnay/Bois (93) bord de bâtiment, les échafaudages périphériques protégeant uni-
(crédit Genier-Deforge) quement de la chute les ouvriers à pieds sur les planchers ;

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